WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

differenciation spatiale et identité sociale en milieu rural

( Télécharger le fichier original )
par krikou amadou DIARRA
 - maà®trise 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE V : LES LOGIQUES ET LES MECANISMES DE

DIFFERENCIATION A KANZRA

I : AU NIVEAU POLITIQUE

Kanzra fonctionne au niveau politique dans un système de chefferie. La chefferie a un regard sur tout ce qui se passe dans le village.

Le pouvoir politique appartient aux autochtones. De fait, la désignation du chef relève exclusivement de la compétence des Kouins.

Les différents chefs des allochtones et des allogènes sont associés à cette gestion du pouvoir que lorsqu'il s'agit d'un règlement de conflit intercommunautaire46(*).

A la question de savoir si un "étranger 47(*)" pouvait être chef, tous ont répondu par la négative y compris les autochtones et dans cette même perceptive, le chef malinké dira que : « la désignation du chef du village est réservée uniquement aux fils du village48(*) car tous ceux qui sont étrangers ne doivent pas parler dans ça. On connaît notre place dans le village. On n'est pas chez nous ici (...) ».

Cette mise à l'écart pour les migrants est liée à l'idéologie de l'autochtonie en ce sens que les migrants eux-mêmes se construisent comme ceux qui sont venus d'ailleurs et les Gouro de Kanzra comme les "fils du village" pour parler des propriétaires de terre.

II : AU NIVEAU SOCIOCULTUREL

Les croyances religieuses sont mobilisées comme moyens de sociabilité qui laissent transparaître idéologiquement un ensemble de conduites partagées par les migrants.

D'abord, on constate que les rapports au cimetière laissent clairement percevoir des différenciations identitaires basées non seulement sur l'appartenance ethnique mais aussi sur l'appartenance religieuse. De fait, il existe deux cimetières à Kanzra : Celui des migrants musulmans, situé à proximité de leur quartier dont l'usage est strictement réservé aux musulmans et celui des autochtones, situé à la sortie du village.

Aussi, à la question de savoir pourquoi les migrants ont leur cimetière différent de celui des autochtones de Kanzra, un "doyen" du village nous dit ceci : « il n'y a pas de moment pour les djoula49(*) pour enterrer leur cadavre. Nous n'aimons pas qu'à chaque fois, à tout moment, on entre dans notre cimetière pour enterrer. Et puis, ils sont loin de notre cimetière et ils prennent leur cadavre pour traverser tout le village. Nous, On aime pas ça, voilà pourquoi on a donné terres derrière eux pour faire pour eux. Là, on ne va pas se mélanger. Et puis pour éviter problèmes ».

A travers ces propos, nous pouvons dire que les différenciations au niveau des cimetières s'expliquent par les coutumes des deux catégories sociales.

Ensuite, au niveau du mariage intercommunautaire, il faut dire qu'à Kanzra, prendre en mariage une fille burkinabé (mossi ou folaga) est un "parcours du combattant", en ce sens que les parents exigent que le prétendant se rende au Burkina Faso pour demander la main de la fille en question à ses oncles restés au pays.

Cette barrière idéologique que les migrants burkinabés développent est plus forte lorsqu'il s'agit d'un individu appartenant à une autre confession religieuse50(*).

Il est plus simple pour un migrant de contracter un mariage avec une autochtone Gouro mais les migrants de Kanzra disent avoir peur de dépenser.

Car selon un jeune migrant mossi (c'est-à-dire l'un des fils du chef de la communauté burkinabé  prénommé Yacouba): « Quand tu épouses une fille Gouro, c'est l'argent tu dépenses. Quand elle meurt encore, on vient te demander pourquoi elle est morte. Et puis, tu dois payer boeuf pour faire funérailles, on dirait fête et puis chaque fois tu donnes l'argent à tes beaux. Nous, on n'est pas venu pour ça. C'est pour ça on reste entre nous ».

* 46 Voir la liste des représentants des différentes communautés dans l'annexe pour le règlement des conflits intercommunautaire. Cette liste a été élaborée par le chef des Gouro de Kanzra Huety Bi Bohou.

* 47 Le terme "étranger" désigne ici les migrants c'est-à-dire non autochtones du village.

* 48 "Fils du village" est ici l'équivalent d'autochtone.

* 49 Djoula désigne le groupe ethnique malinké

* 50 Les burkinabés et les autres migrants du Nord de la Côte d'Ivoire sont majoritairement musulmans. Le mariage intercommunautaire est plus facile quand les acteurs sont musulmans.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand