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Déterminants du choix et du dimensionnement des spéculations en production maraà®chère au Sud-Bénin.

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par Babatoundé Roland ASSOGBA
Faculté des Sciences Agronomiques de l' niversité d'Abomey-Calavi, Bénin - Diplome d'Ingenieur Agronome, Option Economie Socio-Anthropologie et Communication pour le developpement 2008
  

Disponible en mode multipage

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Déterminants du choix et du dimensionnement des spéculations en production maraîchère au Sud-Bénin.

Assogba R. B., Adéoti R., Coulibaly O. et Adégbidi A.

Résumé

La culture maraîchère en milieux urbain et péri-urbain joue un rôle important au plan social et économique dans la vie de la population béninoise. Ce secteur est aujourd'hui en pleine extension. Cependant, l'offre en produits maraîchers au Bénin en général, et dans les principales villes en particulier, demeure largement au-dessous de la demande. Pour comprendre les déterminants de l'offre des produits maraîchers au Sud-Bénin, la présente étude se propose d'analyser les décisions des maraîchers en matière de choix et de dimensionnement des spéculations sur les exploitations. L'étude s'est déroulée dans deux zones agro-écologiques du Bénin : la zone soudano-guinéenne sur des terres de barre et la zone sableuse littorale et fluvio-lacustre. Un échantillon de 136 maraîchers choisis de manière raisonnée a été enquêté dans les deux zones. Le modèle de régression Tobit a été utilisé pour l'analyse des données. Les résultats indiquent que le choix des légumes à produire et l'allocation de la terre aux différentes spéculations sont affectées par des facteurs naturels (site écologique etc.), des facteurs structurels (équipements de production, terre, etc.), des facteurs socio-économiques (prix des produits, coût de production, accès au crédit agricole etc.), des facteurs agronomiques (exigences techniques des cultures etc.), des facteurs institutionnels (encadrement technique des maraîchers) et des facteurs liés au maraîcher (sexe, âge et expérience du maraîcher). La prise en compte de ces facteurs dans l'élaboration et la mise en oeuvre des politiques agricoles permettrait à coup sûr d'accroître l'offre des produits maraîchers au Bénin.

Mots clés : Maraîchage, choix, Dimensionnement, Sud-Bénin

Analysis of factors affecting the choice and the farm size in vegetable production in southern Benin.

Abstract

Vegetable production in urban and peri urban aerea plays an important role at the social and economic scheme in Benin. It is a sector in full extensio in urban environment in south Benin. It's appear today among the main dies retained by the government as priority for the country. Vegetables productions remain low and cannot cover the demands of peoples in the urban areas in Benin. To undersand the offer of vegetable, this study has devoted to analyse vegetable producer's decisions-making. The main objective is to analyse the main factors affecting vegetable producers decisions-making in vegetable choice and their farm size in south Benin. The area of the study covered two major agroecological zones in south Benin. A sample of 136 vegetable producers has been selected accross the two agroecological zones. To analyse the factors that affected the choice of the crops and their farm size the regression model of Tobit has been used. The results indicate that there are many factors affecting the vegetable producer's decisions-making regarding the choice of the crops and their farm size. There are natural factors (ecological site), structural factors (equipment and land), socio-economic factors (price, production cost, credit), agronomic factors, institutional factors (training) and personal factors (age, sex and experience). Agricultural policies must take into account those factors to improuve the offer of vegetable in Benin.

Keywords: Vegetables production, choice, farm size, southern Benin

Introduction

Dans le contexte de l'agriculture urbaine, les cultures maraîchères deviennent une activité économique répondant de façon efficace à la demande alimentaire urbaine (Coulibaly et al, 2004). Le maraîchage figure aujourd'hui parmi les douze filières prioritaires identifiées et retenues par le Gouvernement béninois dans le Plan de Relance du Secteur Agricole et Rural (Tokannou et Quenum, 2007). Il joue un rôle sociologiquement et économiquement important au sein de la population béninoise. En effet, la consommation nationale de légumes frais est très élevée et estimée en 2002, à 74.000 tonnes, soit environ 80 kg par personne et par an (PADAP, 2003). Les cultures maraîchères sont produites dans toutes les régions du Bénin surtout au Sud, en zones urbaines et périurbaines et dans la vallée de l'Ouémé (Adorgloh-Hessou, 2006). Cependant, les études réalisées par Mbaye et Renson (1996) et LARES (2001) ont montré que l'offre en produits maraîchers au Bénin en général, et dans les principales villes en particulier, est largement au-dessous de la demande. Par exemple, la demande annuelle du seul marché de Cotonou, représente environ cent vingt- cinq pour cent (125%) de l'offre pour la tomate et cent-vingt pour cent (120%) de l'offre pour l'oignon (LARES, 2001). Face à cette situation de léthargie de la production maraîchère, il s'avère nécessaire de comprendre les déterminants de l'offre des légumes en milieux urbain et péri-urbain au Bénin. A cet effet, la présente étude s'intéresse à l'analyse des décisions des maraîchers en matière de choix et de dimensionnement des spéculations. Le choix des spéculations est au commencement de l'acte agricole ; c'est une oeuvre fondamentale  (Aho et Kossou, 1997). Par ailleurs, les agriculteurs des régions intertropicales doivent placer leur bien-être socio-économique au centre de leurs préoccupations et dimensionner en conséquence leurs exploitations... (Aho et Kossou, op cit).

La préoccupation centrale de cette étude est de déterminer les facteurs qui affectent le choix et l'allocation de la terre aux spéculations sur les exploitations maraîchères au Sud-Bénin.

Matériel et méthode

Zone d'étude

L'étude s'est déroulée dans deux zones agro-écologiques du Bénin. Il s'agit de la zone soudano-guinéenne sur des terres de barre (zone3) et de la zone sableuse littorale et fluvio-lacustre (zone1), toutes situées dans le Sud-Bénin. Cette zone est caractérisée dans son ensemble par un climat de type subéquatorial à 4 saisons (deux saisons de pluies et deux saisons sèches), une pluviométrie annuelle variant de 1.000 à 1.400 mm et une période de croissance végétale d'environ 240 jours/an. Les températures varient peu (25 à 30 °C). Dans la zone soudano-guinéenne sur des terres de barre, la forêt dense semi-décidue a laissé place à une végétation anthropique de palmiers et de graminées. Les sols sont ferrallitiques et appelés « terre de barre ». La zone sableuse littorale et fluvio-lacustre est caractérisée par un relief uniforme et peu marqué. La bande sableuse est une plaine alors que les vallées se présentent sous forme de dépressions ouvertes ou encaissées. On y retrouve des sols hydromorphes, fertiles mais inondables pendant les crues des fleuves, et des sols sableux, peu fertiles. Les principales formations végétales retrouvées dans cette zone sont la savane herbeuse, le fourré arbustif et les prairies.

Au plan démographique, la densité de population rurale par km² de terre cultivable est globalement élevée (185 habitants/km² pour la zone soudano-guinéenne sur des terres de barre, et 174 habitants/km² pour la zone sableuse littorale et fluvio-lacustre) et indique une très forte pression démographique sur les terres.

Echantillonnage

Trois grandes zones de production maraîchère ont été distinguées au Sud-Bénin en se basant sur des caractéristiques écologiques, édaphiques et climatiques mais aussi les caractéristiques socio-économiques du milieu qui intègrent la pression de l'urbanisation, les surfaces cultivées, la disponibilité en eau et les infrastructures etc. (PADAP, 2003 ; Adorgloh-Hessou, 2006 ; Assogba-Komlan et al, 2007). Il s'agit de :

- la zone de bas-fonds qui regroupe la Vallée de l'Ouémé représentée par les communes de Dangbo et d'Adjohoun et la zone rurale de la commune de Grand Popo ;

- la zone côtière qui regroupe les communes de Sèmè-Kpodji, de Ouidah et la partie sableuse de Grand-Popo ;

- la zone intra-urbaine qui regroupe les villes de Cotonou et de Porto-Novo.

Le choix des unités d'enquête a été raisonné de façon à prendre en compte la diversité des situations géographiques et des types d'exploitations. Trois principaux critères ont présidé le choix des villages et sites d'enquête : la zone de production, l'importance du maraîchage au niveau des villages ou des sites, la distance et l'accessibilité des villages ou des sites pendant la période d'étude. Ainsi, les enquêtes ont été menées dans les villages de Agonlin Lowé et Dannou dans la commune d'Adjohoun, à Grand popo, Agoué et Gnito dans la commune de Grand popo, sur le site du village maraîcher de Sèmè-Kpodji, sur le site de Houéyiho à Cotonou et sur les sites de Sokomè et Acron à Porto Novo. Par ailleurs le choix des exploitations maraîchères a été dans un premier temps raisonné de manière à prendre en compte la diversité des systèmes de production. A l'intérieur des catégories identifiées à l'issue de la pré-typologie des systèmes de production réalisée à cet effet, les exploitations sont choisies de façon aléatoire.

Au total, 136 producteurs de légumes ont été enquêtés dans les trois zones de production sus-indiquées à raison de 45 dans la zone intra-urbaine, 45 dans la zone de bas-fonds et 46 dans la zone côtière.

Analyses statistiques

La présente étude vise à identifier les facteurs influençant le choix et le dimensionnement des spéculations sur les exploitations maraîchères. A cet effet, il a d'abord fallu identifier les trois principaux légumes produits dans la zone d'étude grâce au calcul l'indice de rang dont la formule se présente comme suit.

I= [(rang1 x 4) + (rang2 x 3) + (rang3 x 2) + (rang4 x 1)]/4.

Avec I l'indice de rang d'un légume donnée,

et rang 1, rang 2, rang 3 et rang 4, correspondant respectivement au nombre de maraîchers ayant attribué le rang 1, 2, 3 et 4 au légume en question.

Les trois légumes ainsi identifiés ont été retenus comme des cas pour l'étude de la décision des maraîchers.

L'analyse des facteurs qui affectent le choix et le dimensionnement des spéculations a été modélisée à l'aide du modèle de régression Tobit. Il a permis de tester la signification des coefficients, et d'apprécier le sens de l'influence des différents facteurs sur le choix et le dimensionnement des différentes spéculations.

La décision du maraîcher à produire un légume donné (choix et dimension) est représentée par l'équation suivante :

Vh est une variable latente qui permet d'approcher la part de la superficie exploitée allouée par l'individu h à la production d'une spéculation donnée.

Xh représente le vecteur caractéristique de l'individu h, son exploitation et l'environnement dans lequel il évolue.

B représente les paramètres du modèle

eh est le terme d'erreur indépendamment et identiquement distribué selon une loi normale, avec une moyenne nulle et une variance constante ó².

Pour une spéculation donnée, la variable dépendante Yh du modèle correspond à la part de la superficie exploitée allouée par le maraîcher à sa. La relation peut s'écrire comme suit : 

Le modèle Tobit permet d'estimer les paramètres B et ó² à partir des observations de Yh et Xh. La part de la superficie allouée à la production d'une spéculation donnée étant positive ou nulle, la fonction du maximum de vraisemblance peut s'exprimer sous la forme suivante :

Ô et ö représentent respectivement la fonction de répartition et la fonction de densité.

La description des variables explicatives incluses dans le modèle de même que le signe attendu sont présentés dans le tableau 1.

Tableau 1: Variables indépendantes du modèle de régression, modalités et signes attendus

Variables

Codes

Types

Modalités

Signes attendus

Age du maraîcher 

Age

Numérique

Variable continue

+ / -

Sexe du maraîcher 

Sex

Binaire

0= femmes 1= hommes

+ / -

Expérience du maraîcher

Expe

Numérique

Variable continue

+

Equipements d'irrigation disponible 

Eqirrig

Ordinale

1= bassine ou boite trouée ; 2= arrosoir manuel ;

3= motopompe + bassin + arrosoir ; 4= motopompe+ raccord flexible ; 5= pompes électriques ; 6= pompe + asperseurs

+

Equipements de traitement phytosanitaire disponibles 

Eqtrait

Ordinale

0= Aucun ; 1= Bassine + Spathe

2= Arrosoir ; 3= Pulvérisateur

+

Superficie disponible 

Supdispo

Numérique

Variable continue

-

Main-d'oeuvre disponible

Eqhoe

Numérique

Variable continue

+ / -

Site écologique de production

Siteco

Binaire

1= Sol sableux ; 2= Bas-fonds

+ / -

Régime foncier

Regfonc

Ordinale

1= achat ; 2= héritage ; 3= emprunt ; 4= location

-

Zone de production

Zpro

Dichotomique

1= bas-fonds ; 2= cordon littoral ;  3= Zone intra-urbaine

+ / -

Accès au crédit

Credit

Binaire

0= non ; 1= oui

+

Contact avec le CeRPA

Contact

Binaire

0= non ; 1= oui

+

Niveau d'encadrement

Encadr

Ordinale

0= aucune ; 1= Visites occasionnelles ;

2= Visites mensuelles ; 4=Visites bihebdomadaires

+

Source : Enquêtes, Juillet - Septembre 2007

Résultats

Principaux légumes produits au Sud-Bénin

Le tableau 2 présente les résultats du calcul des indices de rang pour les différents légumes selon la perception exprimée par les maraîchers.

Tableau 2: Calcul des indices de rang des cultures

Cultures

Rang1

Rang2

Rang3

Rang4

Indices

Rangs

Amarante (Amaranthus hybridus)

4

11

16

14

187,25

1

Oignon (Allium cepa)

26

4

0

1

136

2

Laitue (Lactuca sativa)

13

14

7

13

133,75

3

Tomate (Solanum lycopersicum)

18

16

22

6

107,5

4

Célosie (Celosia argentea)

20

8

5

3

106,25

5

Chou (Brassica oleracea)

6

0

6

4

51

6

Carotte (Daucus carota)

17

18

9

3

48,5

7

Grande morelle (Solanum macrocarpum)

17

18

17

9

41,25

8

Concombre (Cucumis sativus)

0

4

2

2

21

9

Gombo (Hibiscus esculentus)

14

12

8

1

18

10

Navet (Brassica rapa)

0

0

1

1

1

11

Crincrin (Corchorus olitirius)

0

1

3

1

0,25

12

Pastèques (Citrullus lanatus)

0

0

1

0

0,25

13

Menthe (Mentha arvensis)

0

0

0

1

0,25

14

Poivron (Capsicum annuum)

0

0

0

0

0

15

Piment (Capsicum frutenscens)

0

20

19

18

0

16

Poireau (Allium porrum)

0

0

0

0

0

17

Vernonia (Vernonia amygdalina)

1

2

2

4

0

18

Source : Enquêtes, Juillet - Septembre 2007

L'Amarante vient en tête du classement (I= 187,25) suivi par l'oignon (I= 136), et la laitue (I= 133,75). Selon la perception des maraîchers, l'amarante, l'oignon et la laitue sont les trois légumes les plus produits au Sud-Bénin.

Facteurs affectant le choix et la dimension des spéculations

Cas de l'amarante

Le modèle de régression est hautement significatif. Le pseudo R2 s'élève à 0,67, ce qui signifie que 67 % des variations de la variable dépendante sont expliquées par les variations des variables explicatives du modèle. Le test individuel de signification des variables a révélé quatre (4) coefficients significatifs au seuil de 10 % (Voir tableau 3).

- Le coefficient de la variable «zone de production» est positif et significatif au seuil de 1 %. La zone de production influence donc les décisions (choix et dimensionnement) des maraîchers de produire l'amarante. Le signe positif du coefficient implique que l'amarante occupe des proportions plus importantes de la superficie exploitée en zones intra-urbaines.

- Le coefficient de la variable «accès au crédit agricole» est significatif au seuil de 5 % et positif. L'accès au crédit accroît la superficie allouée à la production de l'amarante.

- L'expérience du maraîcher présente un coefficient positif et significatif au seuil de 5 %. La superficie allouée à la production de l'amarante croît avec l'expérience des maraîchers.

- La variable «équipement de traitement» présente un coefficient négatif et significatif au seuil de 10 %. L'amarante est plus produite sur des exploitations faiblement équipées, ne disposant pas d'un matériel assez performant pour les traitements phytosanitaires.

Tableau 3: Résultats de l'estimation du modèle Tobit pour l'amarante

Variables

Coefficient

Std. Err.

P>|t|

Zone de production

0,657

0,135

0,000

Superficie disponible

0,004

0,084

0,962

Régime foncier

0,011

0,086

0,899

Equipement d'irrigation

0,017

0,063

0,786

Equipement de traitement

-0,230

0,124

0,067

Marché extérieur

0,014

0,129

0,914

Contact avec le CeRPA

0,162

0,184

0,380

Niveau d'encadrement

-0,017

0,061

0,781

Accès au crédit agricole

0,259

0,124

0,039

Age du maraîcher

-0,008

0,006

0,139

Sexe du maraîcher

-0,015

0,115

0,895

Expérience du maraîcher

0,011

0,005

0,036

Constante

-1,243

0,484

0,011

sigma

0,324

0,035

 

Source : Enquêtes, Juillet - Septembre 2007

Cas de l'oignon

Le modèle de régression est hautement significatif. Le pseudo R2 s'élève à 0,71, ce qui signifie que 71% des variations de la variable dépendante sont expliquées par les variations des variables explicatives du modèle. Le test individuel de signification des variables a révélé cinq (5) coefficients significatifs au seuil de 10 % (Voir tableau 4).

- La zone de production côtière présente un coefficient positif  et significatif au seuil de 1 %, ce qui implique que les plus fortes proportions de superficie sont allouées à la production d'oignon en zones côtières.

- Le niveau d'équipement d'irrigation présente un coefficient positif et significatif au seuil de 10 %. Des proportions de plus en plus fortes de la superficie exploitée sont allouées à la production d'oignon selon la performance des équipements d'irrigation disponibles.

- Le contact avec le CeRPA est significatif au seuil de 10 % avec un coefficient positif. La superficie allouée à la production d'oignon est plus importante lorsque les maraîchers ont un contact avec le CeRPA.

- Le coefficient relatif à l'âge des maraîchers est significatif au seuil de 5 % et positif. Donc plus les maraîchers sont âgés, plus ils allouent de superficies à la production d'oignon.

- L'expérience du maraîcher présente un coefficient positif et significatif au seuil de 10 %. Les maraîchers les plus expérimentés allouent plus de superficies à la production d'oignon.

Tableau 4: Résultats de l'estimation du modèle Tobit pour l'oignon

Variables

Coefficients

Std. Err.

P>|t|

Zone côtière

0,794

0,255

0,002

Superficie disponible

-0,009

0,046

0,851

Régime foncier

-0,224

0,050

0,197

Equipement d'irrigation

0,510

0,300

0,092

Equipement de traitement

0,333

0,245

0,176

Marché extérieur

0,176

0,256

0,492

Contact avec le CeRPA

0,321

0,189

0,093

Niveau d'encadrement

-0,045

0,059

0,450

Accès au crédit agricole

0,065

0,111

0,562

Age du maraîcher

0,013

0,006

0,031

Sexe du maraîcher

-0,119

0,120

0,324

Expérience du maraîcher

0,014

0,008

0,063

Constante

-1,454

0,861

0,094

sigma

0,315

0,044

 

Source : Enquêtes, Juillet - Septembre 2007

Cas de la laitue

Le modèle de régression est hautement significatif. Le pseudo R2 s'élève à 0,72, ce qui signifie que 72% des variations de la variable dépendante sont expliquées par les variations des variables explicatives du modèle. Le test individuel de signification des variables a révélé que six (6) coefficients sont significatifs au seuil de 10 % (voir tableau 5).

- Le site écologique présente un coefficient positif et significatif au seuil de 10 %, ce qui signifie que la laitue est surtout produite sur les sols sableux.

- La superficie disponible présente un coefficient négatif et significatif au seuil de 1 %. Les exploitations qui disposent de grandes superficies allouent de faibles proportions de la superficie exploitée à la production de laitue.

- Le contact avec le CeRPA présente un coefficient positif et significatif au seuil de 10%. Les maraîchers qui sont en contact avec la vulgarisation allouent plus de superficie à la production de laitue.

- Le coefficient relatif à l'âge du maraîcher est significatif au seuil de 5 % et négatif. Les jeunes exploitants allouent une plus de superficie à la production de laitue.

- Le coefficient relatif à la variable sexe du maraîcher est significatif au seuil de 5 % et positif. Les hommes allouent plus de superficies à la production de laitue.

- L'expérience du maraîcher présente un coefficient positif et significatif au seuil de 10 %. Les maraîchers les plus expérimentés allouent plus de superficie à la production de laitue.

Tableau 5: Résultats de l'estimation du modèle Tobit pour la laitue

Variables

Coefficients

Std. Err.

P>|t|

Site écologique

0,351

0,198

0,079

Superficie disponible

-0,917

0,250

0,000

Regime foncier

0,259

0,158

0,104

Equipement d'irrigation

0,022

0,056

0,702

Equipement de traitement

0,109

0,124

0,380

Marché extérieur

-0,195

0,161

0,228

Contact avec le CeRPA

0,310

0,172

0,073

Niveau d'encadrement

0,019

0,049

0,701

Accès au crédit agricole

-0,107

0,111

0,336

Age du maraîcher

-0,011

0,005

0,019

Sexe du maraîcher

0,185

0,097

0,059

Expérience du maraîcher

0,008

0,005

0,076

constante

-1,016

0,584

0,084

sigma

0,281

0,031

 

Source : Enquêtes, Juillet - Septembre 2007

Discussions

Les analyses statistiques révèlent que plusieurs facteurs affectent le choix et dimensionnement des spéculations sur les exploitations maraîchères.

La zone de production affecte le choix et le dimensionnement des spéculations sur les exploitations maraîchères. La notion de zone de production utilisée ici inclut les paramètres écologiques et socio-démographiques de l'environnement de production des cultures maraîchères. Alors que l'amarante occupe une place plus importante dans les systèmes de production des zones intra-urbaines, l'intensité de la production d'oignon est plus importante en zone côtière. Quant à la laitue, elle est cultivée au Sud-Bénin plus sur sable qu'en bas-fonds. Ces résultats pourraient être expliqués de diverses manières.

Le contexte socio-démographique en zone intra-urbaine entretient une forte pression sur la terre, ce qui réduit les superficies exploitées (moins de 500 m² en moyenne par maraîcher). Cette situation n'incite guère à la prise de risque et de surcroît, limite les marges de manoeuvre des maraîchers en ce qui concerne la diversification de la production qui est une pratique reconnue de tous les maraîchers comme étant une stratégie d'évitement de risque. Dans ces conditions, les maraîchers se contentent des cultures moins exigeantes et moins risquées telle l'amarante. Par ailleurs, la forte intensité de la production de l'amarante en milieux intra-urbains et celle de la laitue en milieux intra-urbains et périurbains pourraient être imputées à la proximité de la demande potentielle émanant des centres urbains.

Contrairement à l'amarante qui est cultivée aussi bien en bas-fonds (Vallée de l'Ouémé) que sur sable (Cotonou, Sèmè-Kpodji), l'oignon est surtout cultivé en zone côtière. La forte intensité de production de l'oignon en zone côtière pourrait être liée aux exigences écologiques de la culture. En effet, l'oignon est une plante potagère dont le bulbe se développe dans le sol. Contrairement aux sols lourds et peu aérés des bas-fonds, les sols sableux et légers des zones côtières offriraient aux cultures de meilleures conditions de développement. Par ailleurs, l'influence du site écologique sur la production de la laitue ne saurait être liée aux préférences écologiques de la culture car la laitue se développe aussi bien en bas-fonds (Porto Novo) que sur sable (Cotonou, Sèmè-Kpodji). Ce résultat est plutôt imputable à la proximité de la demande des centres urbains.

Dans le cas particulier de l'amarante, la forte intensité de la production en zones intra-urbaines pourrait être expliquée en partie par son utilisation dans la lutte contre les nématodes. Selon les maraîchers, l'amarante de par son système racinaire, permet de contrôler la population des nématodes qui constituent de véritables dangers pour certaines cultures (carotte, chou etc.).

La superficie disponible au niveau des exploitations maraîchères affecte elle aussi le choix et la dimension des spéculations. Son influence s'est révélée pertinente sur la laitue. Plus la superficie de terre disponible au niveau des exploitations maraîchères est grande, plus la proportion de terre allouée à la production de laitue est faible. Ce résultat s'explique aisément lorsqu'on sait que la laitue est surtout cultivée en milieux urbains et péri-urbains où la pression foncière est très accentuée. Dans le même temps, on enregistre au niveau des centres urbains une forte demande en produits maraîchers surtout les légumes exotiques dont la laitue. La forte intensité de la production de laitue sur les exploitations disposant de faibles superficies est donc le résultat de la combinaison des effets de la forte pression foncière et de la proximité de la demande en légumes exotiques dans les milieux urbains et péri-urbains.

Le choix et la dimension des spéculations sur les exploitations maraîchères sont par ailleurs influencés par l'accès des maraîchers au crédit agricole. En effet, le crédit agricole constitue une importante source externe de financement qui renforce la capacité de financement des exploitations. Il encourage donc l'intensification de la production au niveau des exploitations. Cependant, pour le cas spécifique de l'amarante, l'influence du crédit agricole sur l'intensité de la production n'est pas directe. En effet, sur les exploitations des zones urbaines et l'amarante n'est généralement pas cultivé pour son revenu car elle est très peu rémunératrice. Elle est surtout cultivée pour le contrôle des nématodes. Dans les successions culturales, elle est placée en avant des cultures les plus vulnérables aux nématodes (chou, carotte, poivron etc.), ce qui permet au maraîcher de réduire les coûts liés à l'achat des produits phytosanitaires.

Les tests statistiques ont aussi révélé que l'encadrement des maraîchers constitue lui aussi un important facteur qui affecte le choix et la dimension des spéculations. Il affecte positivement l'intensité de production de la laitue et de l'oignon. En effet, l'une des finalités de l'intervention des structures telle le CeRPA est le renforcement des capacités des producteurs. L'encadrement améliore donc le savoir et renforce le savoir-faire au plan technique des maraîchers. Ces derniers, confortés par la maîtrise qu'ils ont dans la conduite technique des cultures, sont désormais plus disposés à intensifier la production des cultures exigeantes et les plus rémunératrices dont la laitue et l'oignon.

Les équipements disponibles au niveau de l'exploitation affectent aussi la décision des maraîchers. Alors que la production de l'oignon nécessite des équipements de plus en plus performants, l'amarante quant à elle est surtout cultivée sur les exploitations faiblement équipées. L'influence des équipements en l'occurrence les équipements d'irrigation sur le choix et la dimension de l'oignon sur les exploitations, est imputable aux exigences de la cultures et aux caractéristiques du site écologique. En effet, l'oignon est une culture plus ou moins exigeante en eau (1 à 3 arrosages par jour selon le niveau de développement). Il pousse plus facilement sur des sols sableux, légers, bien aérés et riches en humus (MDR, 1996). Ainsi, il est cultivé au Sud-Bénin sur les sols sableux du littoral. Les exigences de la plante, combinées aux caractéristiques du site écologiques de production de l'oignon, impliquent des équipements d'irrigation plus ou moins performants pour assurer une meilleure couverture des besoins en eau de la plante. En ce qui concerne l'amarante qui est une culture peu exigeante, se développant aussi bien dans les systèmes extensifs des zones de bas-fonds que dans les systèmes plus ou moins intensifs des zones intra-urbaine et péri-urbaine, sa production n'exige pas d'équipements performants.

L'âge du maraîcher affecte le choix et l'allocation de la terre aux spéculations. Alors que l'âge du maraîcher influence positivement l'intensité de production de l'oignon, son influence est plutôt négative sur l'intensité de la production de la laitue. De façon empirique, le goût du risque baisse avec l'âge des individus. Ceci pourrait expliquée la forte intensité de production de laitue au niveau des exploitations conduites par les jeunes. La laitue étant une culture non seulement exigeante mais aussi risquée en raison de la forte fluctuation du prix (incertitude du marché), les jeunes maraîchers lui allouent plus de superficie. En ce qui concerne l'oignon, ce résultat parait atypique. Cependant, l'analyse de la corrélation entre l'âge du maraîcher et le niveau d'équipement des exploitations révèle un coefficient significatif et positif. Ce résultat indique que l'âge du maraîcher et le niveau d'équipement de son exploitation évoluent dans le même sens. En conséquence, l'influence de l'âge sur l'intensité de la production de l'oignon serait liée aux ressources disponibles qui croissent avec l'âge du maraîcher, permettant ainsi à ce dernier d'intensifier sa production.

L'influence du sexe du maraîcher sur le choix et la dimension des spéculations s'est révélée pertinente pour la laitue. L'intensité de production de la laitue est plus forte sur les exploitations dirigées par les hommes. De façon empirique, les femmes sont généralement moins motivées face au risque. Ainsi, étant données les exigences et le risque que comporte la production de certaines cultures exotiques en l'occurrence la laitue, les femmes sont réticentes face à sa production. Elles préfèrent les légumes qui demandent moins de travail et moins risqués tels les légumes feuilles locaux dont les plus produits sont l'amarante et la Grande morelle.

Selon les tests statistiques, l'expérience du maraîcher affecte positivement l'intensité de la production de l'amarante, de l'oignon et de la laitue. En effet, l'expérience améliore non seulement le savoir et le savoir-faire technique des maraîchers, mais aussi la connaissance du marché des légumes. Elle confère donc au maraîcher une meilleure capacité d'anticipation des périodes favorables et défavorables afin de mieux planifier ses productions. Ainsi, les maraîchers les plus expérimentés sont plus motivés à intensifier la production des cultures les plus exigeantes, les plus risquées et les plus rémunératrices telles que la laitue et l'oignon. En ce qui concerne l'amarante, l'influence de l'expérience du maraîcher sur sa production est plutôt imputable à son utilisation sur les exploitations comme « plante de liaison ». A cause de son aptitude à combattre les nématodes, elle est cultivée pour préparer les parcelles à recevoir des cultures plus rémunératrices (chou, carotte, laitue, poivron etc.).

Conclusion

La présente étude a permis de comprendre la logique des maraîchers à travers les facteurs qui affectent le choix et de dimensionnement c'est-à-dire l'allocation de la terre aux spéculations sur les exploitations maraîchères au Sud-Bénin. Ces facteurs sont non seulement nombreux, mais aussi très variables et interconnectés. Les maraîchers décident des légumes à produire et de la dimension de chaque spéculation sur les exploitations, en se basant sur les facteurs naturels (site écologique), les facteurs structurels (équipements de production, terre), les facteurs socio-économiques (prix des produits, coût de production, accès au crédit agricole accès au crédit agricole etc.), les facteurs agronomiques (exigences techniques des cultures etc.), les facteurs institutionnels (encadrement technique etc.) et les facteurs liés au maraîcher lui-même (sexe, âge et expérience). Pour un accroissement de l'offre des produits maraîchers au Bénin, il est important que ces facteurs soient pris en compte dans l'élaboration et la mises en oeuvre des politiques agricoles initiées à cet effet.

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