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Le pardon et la justice post conflits en Afrique. Etude comparative des dynamiques des acteurs et des institutions du dedans et du dehors (Afrique du Sud, Rwanda)

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par Alain-Roger Edou Mvelle
Université de Yaoundé 2 - DEA 2008
  

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Introduction

I. Vue d'ensemble du sujet

Contexte du sujet

Le Rwanda a connu, dès avril 1994, une tragédie humaine qui aura fait des milliers de morts en quelques mois seulement. A l'origine, la catégorisation d'une société par des anthropologues du colon Belge1(*) a créé un mythe sur l'origine divine des tutsi, descendants prétendus de la dynastie des Nyiginyas2(*). Le corollaire de cette instrumentalisation pathologique du différentiel ethnique aura été l'inféodation des hutu ; ce qui provoqua de premières représailles tutsi en 1959, en 1963, en 1964, et en 19733(*). Comme le souligne Bertrand Jordane, « la colonisation Belge a renforcé la radicalité des positions et des clivages, rendant ces mémoires de plus en plus hermétiques et incompatibles »4(*). Il poursuit en disant : « L'histoire falsifiée, figée, récupérée, que ce soit celle des origines de la structuration étatique du Rwanda ou celle des évolutions politiques depuis les années soixante, a donc fait le lit d'un extrémisme identitaire fondé sur la reconnaissance, dans chacune des communautés, d'un passé ethnique particulier. »5(*). Les tutsi, minoritaires (4%) par rapport aux hutu (95%), vont fuir en exil d'où ils développeront une haine viscérale à l'endroit des hutu restés au pays. Dès 1993, la classe politique au pouvoir à Kigali fait de plus en plus face aux rebelles tutsi en exil. Les accords d'Arusha du 04 Août 1993 sont sensés réunir les frères ennemis, notamment par la mise sur pied d'un Comité pour la réconciliation nationale. Le 10 avril 1994, l'avion du Président Habyarimana (un hutu) est abattu6(*). Un mois plus tard, la France lance l'opération Turquoise, pendant que la communauté internationale, médusée, assiste impuissante au carnage tutsi. Dans un premier temps, l'ONU qualifie la situation de « meurtre des membres d'un groupe ethnique avec l'intention de détruire ce groupe en tout ou partie »7(*). Elle se refuse à employer le terme de génocide, même si l'on retrouve les éléments de définition de ce crime8(*) dans l'énoncé précédent. Toutefois, à la mi-mai 1994, l'ONU commence à parler d'actes de génocide9(*). Malheureusement, malgré les avertissements de Roméo Dallaire alors Commandant de la MINUAR10(*), la situation était d'ores et déjà irréversible. Il fallait désormais penser les modalités de réconciliation.

En Afrique du Sud, le système apartheid -dit de développement séparé des races- débute en 1948. La société est alors `'racialisée''.On distingue quatre races : les noirs, les blancs, les métis et les indiens. Ce système est basé sur la dénégation des droits fondamentaux (politiques et sociaux) de la personne humaine aux noirs, et des abus de toute nature, en l'occurrence : la liberté de réunion, l'accès à l'éducation, aux soins de santé, les déménagements forcés, la répression de la contestation, etc. Entre 1960 et 1992, 200000 Sud africains sont arrêtés. Des massacres de grande ampleur sont perpétrés, comme en témoigne celui de Sharpville, dans lequel 59 noirs sont assassinés en 1960. Pour accompagner ce système inédit, une législation est adoptée par la minorité blanche au pouvoir. Elle ira de l'interdiction des mariages entre blancs et noirs, aux questions foncières, à l'éducation, aux transports et emplois publics, à la division administrative de l'Etat. Pour revendiquer leurs droits, des leaders noirs fondent un parti politique, le Congrès National Africain, dont des leaders seront jetés plusieurs fois en prison suite à des manifestations interdites. Nelson Mandela en est une parfaite illustration. Après 27 années passées en prison, il est libéré en 1990. Une nouvelle ère s'ouvre en Afrique du Sud, par des négociations entre le Parti National de Frédéric de Klerk et le Congrès National Africain de Mandela. Celles-ci aboutissent à un accord sur une nouvelle constitution en 1993, dite Constitution de transition. Cette dernière rejette officiellement le système d'apartheid, affirme l'égalité formelle et substantielle entre tous les citoyens et proclame l'unité nationale et la réconciliation. Les premières élections post apartheid ont lieu. Nelson Mandela devient Président Sud africain, suite à la victoire de son Parti, par 61% de suffrages exprimés. Au-delà de la volonté officielle de réconcilier les Sud africains, il faudra compter sur des actes forts, sur le pardon et la justice ; deux concepts qui méritent d'être présentés de manière opérationnelle.

* 1 Le hutu est considéré comme un être humain ayant un nez épaté et une taille moyenne tandis que le tutsi a un nez fin et une grande taille.

* 2 Jean Pierre Chrétien essaye d'étudier ce phénomène sous l'angle comparatiste : « Pluralisme politique et équilibre ethnique au Rwanda et au Burundi », Enjeux nationaux et dynamiques régionales dans l'Afrique des Grands Lacs, Lille, Université des sciences technologiques, 1992.

* 3 Lire Jacques Sémelin, « Du massacre au processus génocidaire », Revue internationale des sciences sociales, décembre 2002. Ben Kiernan et Robert Gellaty, Spectre of genocide: mass murder in a historical perspective, Cambridge, Cambridge University Press, 2003.

* 4 Bertand Jordane, Rwanda. Le piège de l'histoire. L'opposition démocratique avant le génocide (1990-1994), Paris, Karthala, 2000, p.12.

* 5 Bertand Jordane, op.cit ; p13.

* 6 Lire F. Reyntjens, Rwanda, trois jours qui ont fait basculer l'histoire, Paris, Bruxelles, 1995

* 7 Cf. le Rapport S/ PV.3371 du 30 avril 1994, p.2.

* 8 Voir infra.

* 9 S/Res/918 (1994) du 17 mai 1994, 10e considérant.

* 10 Celle-ci fut créée le 05 Octobre 1993 par la résolution 972 du Conseil de Sécurité.

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