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Syndrome de la guerre : lorsque le psychisme ne cesse de rappeler

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par Shqipe BUJUPI
Institut libre Marie Haps - Assistante en psychologie 2005
  

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18. L'intervention post-immédiate

Dans cette phase post-immédiate, plus précisément les 1ers jours ou la 1ère semaine après l'événement, sont les moments le plus propices pour procéder au débriefing163(*). Le debriefing (individuel ou collectif) correspond au bilan (approche) psychologique d'événement un peu plus à distance de l'événement traumatisant. Il est un continuum de defusing.  L'intervenant continue de prodiguer des soins au (x) blessé(s) psychique(s) en invitant à verbaliser leurs expériences de l'événement , afin d'être en mesure de la maîtriser et d'éviter une évolution pathologique: « Les praticiens proposent aux victimes de re-parcourir minutieusement l'événement traumatique et de le mettre en tension avec les émotions qui l'ont suivi et les pensées qu'il a fait naître car, du moment de l'effroi lui-même, les sujets peuvent difficilement dire quelque chose : il a été un moment au cours duquel les mots se sont absentés, un aperçu fugace sur le néant »164(*). Une telle méthode peut se faire uniquement dans cette phase car dans l'immédiat elle sera perçue comme une violence insupportable.

« Il s'agit pour le traumatisé, non seulement de s'affirmer comme sujet parlant face à un autre parlant, mais encore de déchiffrer ce qui vient de lui arriver, d'énoncer dans une parole inaugurale ce qui vient de se passer en lui (...) qui est en lui comme un tourbillon qui a désorganisé son psychisme. En l'énonçant (...), il le réduit en mots et ces mots son porteurs de sens. Ses propres paroles sont plus révélatrices pour lui, oraculaires, qu'elles ne sont informatives pour l'interlocuteur (...). Il s'agit vraiment d'exprimer ce qu'on ressent confusément,... »165(*) (Crocq, 2000).

Parallèlement, un autre but de débriefing consiste à observer l'évolution, c'est-à-dire voir s'il s'agit d'une `queue de stress166(*)' qui va se réduire sans séquelles, ou dépister les sujets à risque, ce qui demande un traitement plus soutenu.

Certains manuels de débriefing disent que pour pouvoir atténuer la souffrance, « il faut dédramatiser » le vécu. Selon Damiani, Lebigot, Mathieu167(*) cette attitude fait taire la victime et le résultat est éphémère, de même pour le sentiment de culpabilité. Au lieu de pouvoir s'interroger à haute voix, la victime va se taire. Pour les auteurs, l'interprétation de la situation vécue par les autres membres du groupe, sera beaucoup plus efficace pour atténuer cette souffrance. « D'être partagée, la faute imaginaire se relativise et amorce son entrée dans le symbolique (Freud, 1915) »168(*).

Nous nous sommes prudent concernant la dédramatisation ou pas du vécu de la victime. Car, il y a des vécus qui suscitent des horreurs absolues, telle que les massacres, etc. Ainsi est l'exemple que Doçi nous fournit dans son livre «l'âme mortifiée: la violence serbe envers la femme albanaise au Kosovo». Les serbes avaient décapité l'enfant devant sa mère et avec la tête de l'enfant ont continué à jouer comme avec une balle. Dans des telles situations, nous pensons qu'il est hors de question de parler d'une dédramatisation et d'un résultat éphémère ou longue duré. Dans des cas pareils, nous pensons qu'une attitude de simple reconnaissance est indispensable.

Quand il s'agit de situation de guerre comme au Kosovo, ces deux types de soins (immédiat et post-immédiat), s'avèrent impossible. La population civile se trouve éparpillée, des milliers d'entre eux étaient réfugies dans les forêts pendant des semaines, voire des mois. « Des 300 000 à 500 000 Kosovars réfugiés dans les montagnes du Kosovo sont dépourvus de toute aide humanitaire »169(*). Puis, pendant que la guerre dure, la menace physique et psychique dure aussi. Le sujet n'a pas dépassé l'épreuve, le danger. Il vit encore grâce à ses mécanismes de survie, il continue à subir le traumatisme. Ainsi, il n'est même pas souhaitable et d'ailleurs il est contre-indiqué d'offrir ces types de soins pour que les sujets ne relâchent pas ces mécanismes de survie. La première aide psychologique se fait quand la victime ne se trouve plus en danger physique et/ou psychologique.

Donc, pour certaines personnes qui avaient déjà vécu des situations dramatiques comme par exemple des massacres de leurs proches, il a fallu attendre des mois et des mois jusqu'à la première intervention. Ces interventions ont eu lieux quand la population a été déportée en Albanie, Macédoine, Monté Négro170(*). Tandis qu'à l'intérieur du pays c'était après que la guerre a pris fin.

Remarque : Nous pensons qu'il est important de mentionner que les réfugiés albanais ne possédaient aucun des besoins élémentaires: c'est-à-dire pas de toit, pas de nourriture, pas de soins médicaux, etc. C'est pourquoi différentes ONG se sont attelée à fournir ces besoins élémentaires aux victimes. Il ne peut donc y avoir une aide psychologique proprement dit si ces personnes n'ont même pas une sécurité de base. De même, au Kosovo dès la fin de la guerre, selon MSF171(*), ils ont initié l'aide à cette population sous divers aspects : aide médicale, matériel de première nécessité, comme produits d'hygiène, nourriture, vêtements, chaussures, ainsi que des abris d'appoint afin de permettre aux plus démunis d'avoir un abris pour l'hiver et enfin le nettoyage de milliers de puits contaminés par la présence de cadavres humains ou animaux, etc. En effet il est utile de préciser que 200.000 maisons ont été brûlées et la plupart des autres ont été vidées de leur contenu par l'ennemi.

Concernant la santé mentale, MSF a organisé aussi des sessions de formation pour des professionnels kosovars afin qu'ils puissent assurer au mieux la prise en charge des PTSD.

* 163Débriefing (bilan psychologique) : C'est une intervention rapide après le traumatisme, une mesure préventive qui vise à traiter et soulager les expériences traumatiques. Le psychiatre et son équipe invitent le sujet à verbaliser son expérience traumatisante, afin d'être en mesure de la maîtriser et d'éviter une évolution pathologique.

* 164 De Clercq, M. & Lebigot, F. (2001). Les traumatismes psychiques. Paris : Masson. Page 165.

* 165 Ibidem. Page 171.

* 166 La queue de stress: c'est un état de un stress normal qui peut durer quelques heures à quelques jours Pendant ce temps, le sujet a des réactions telles que: le sujet a l'impression d'irréalité. Il a difficile à retrouver l'ambiance du monde normal. Cela il le traduit par des épisodes de distraction, de vécu d'étrangeté, d'insecurité et par la résurgence du souvenir de ce qui vient d'être vécu. Parfois le sujet a crises de larmes, il est irritable ou agressif. Ces symptômes s'éteignent progressivement ou réapparaissent sporadiquement.

* 167De Clercq, M. & Lebigot, F. (2001). Les traumatismes psychiques. Paris : Masson. Page 172.

* 168 Ibidem.

* 169 Bernard, Ch. (13 avril 1999). Compte rendu. Nr. 29. www.assemblee-nationale.fr/cr-cdef/98-99/c9899029.asp

* 170 Gresh, A., Pauly, E., Pierrot, P., Rivière, P., Samary, C. Touret, F. & Vidal, D. (Avril 1999). Un cahier spécial sur le Kosovo : histoires d'une déportation. http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/kosovo/

Remarque :

* 171 Les missions de MSF dans le monde. (2001). Les activités de MSF en Yougoslavie : auprès des personnes déplacées du Kosovo. http://www.msf.be/fr/terrain/pays/europe/yougoslavie.shtml

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