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Syndrome de la guerre : lorsque le psychisme ne cesse de rappeler

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par Shqipe BUJUPI
Institut libre Marie Haps - Assistante en psychologie 2005
  

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Conclusion de la partie pratique

A travers les 10 axes de recherche, nos rencontres avec les professionnels ont donné des résultats souvent similaires à notre recherche théorique. Voici en synthèse de ce qu'a été mis en évidence par les professionnels :

La notion du traumatisme comprend un événement qui par sa violence a mis en péril l'intégrité physique et/ou psychologique de l'individu ou de ses proches. La victime se trouve sans ressources et répond par l'effroi. Ceci déborde les capacités d'adaptation, fait effraction dans le psychisme, traverse les défenses psychiques de l'individu.

Quant à la rencontre de la mort en situation de guerre, elle confronte brutalement l'être à son propre anéantissement. L'expérience de ce Réel ne supporte pas la représentation.

On peut être traumatisés par l'expérience de différents événements : de différents facteurs : confrontation à la mort, viol, torture, le fait de voir sa maison brûler, de perdre toutes ses biens etc. sans pouvoir porter plainte ou réclamer la réparation du préjudice subi, etc. Il y a également d'autres traumatismes qui peuvent entraîner des blessures profondes et qui ne concernent pas la guerre : un mauvais regard, le manque d'affection, la perte d'êtres chers, la maltraitance dans l'enfance, etc.

Les traumatismes infligés par l'homme laissent des traces plus profondes car des transgressions des lois fondamentales (concrètes et symboliques) sur lesquelles se construit la vie collective et sociale s'imposent brutalement au sujet. Les traumatismes sont aussi d'ordre relationnel. Ils ont pour conséquence une perte de foi en l'humanité (brise les liens avec le monde). Il y a aussi des traumatismes « additionnels » liés à l'exil, à la précarité sociale, au rejet, au racisme, etc.

L'impuissance, les humiliations, la chosification dans les cas de torture, viols, etc. ont des répercussions graves car la victime est en face de son bourreau qui dispose d'elle comme il veut. Cette incapacité de réaction est d' autant plus douloureuse parce qu'elle est réduite à l'impuissance totale. Quelque chose qui se fondre dans sa dignité, dans son être.

Les professionnels ont mis en évidence que le sentiment d'abandon est écrasant car elle est accrochée aux parois du néant. Ces sentiments d'abandon, de rejet persistent chez les réfugiés car ces personnes viennent avec l'espoir de trouver un espace de sécurité mais elles se trouvent de nouveau confrontées à cette agression humaine. Toute attitude à tendance agressive leur rappellent ce qu'elles ont vécu. 

Dans le contexte de guerre, souvent les individus subissent plusieurs traumatismes dans le temps ce qui complexifie le travail de récupération. En ce qui concerne les disparus, il est très difficile presque impossible de mener à son terme un travail de deuil. D'avoir vu un être cher mourir et d'avoir pu l'accompagner dans ses derniers moments, d'accomplir les rituels, sont en cela d'une importance capitale.

Un même événement peut se vivre différemment d'un sujet à l'autre. Pour certains, il devient indépassable, d'autres s'en sortent avec plus de facilité. Les facteurs en cause sont complexes : ça dépend de la vulnérabilité de la victime, du contexte, de la qualité de soutien qu'il a autour de lui, de l'investissement dans un projet de vie, etc. La résilience dépendra donc des facteurs individuels, des facteurs familiaux et des facteurs sociaux (contextuels).

Nous trouvons des symptômes tels qui sont décrits dans le DSM IV et dans le tableau clinique français mais, aucun professionnel n'a parlé du tableau clinique français. Les professionnels mettent en évidence que la mémoire de la victime est bouleversée. Les amnésies, dysmnésies et hypermnésies sont évoquées. Quant aux amnésies, elles seraient des tentatives d'effacer ces événements qui font trop souffrir. Les professionnels mettent en évidence deux éléments essentiels pour les troubles de la mémoire : - les sujets oublient ce qu'ils ne devraient pas oublier (l'événement non traumatique), et n'arrivent pas à oublier ce qu'ils devraient oublier (l'événement traumatique) ; - la mémoire empêche de faire le travail d'oubli (hypermnésie), le psychisme crée également des formes d'amnésie de l'événement. En général, les professionnels mettent en évidence que la victime se plaint de trop se souvenir. 

À propos de la compulsion de répétition, semblablement à la partie théorique, les professionnels nous donnent plusieurs réponses : cette compulsion de répétition est régie par la pulsion de mort. Les réviviscences sont dues à la fascination de la personne par rapport à son propre anéantissement. Elles sont des vaines tentatives d'élaborer l'événement. Concernant le processus psychique de ces troubles mnésiques, aucun professionnel ne nous a parlé de clivage. Un professionnel nous a parlé de dissociation de conscience. C'est un axe qui nous reste à étudier.

Quant à la prise en charge, il est indispensable de reconnaître la souffrance, montrer de l'empathie envers la victime. Un accueil ré-humanisant constitue la prévention des troubles. Les victimes éprouvent souvent des difficultés à parler de ce qu'elles ont vécus, il faut respecter leur rythme. Cependant, ceci n'est pas toujours possible pour certains demandeurs d'asile, parce que, pour que la demande du statut de réfugié soit acceptée, le commissariat leur demande des preuves précises et cohérentes. Pour pouvoir parler ou lever les oublis, le commissariat envoie ces personnes chez les psychologues.

La suspension du travail d'élaboration du vécu traumatique chez les exilés en attente de leur procédure d'asile est mentionnée par les professionnels. Pendant que les personnes se trouvent en danger, ils sont dans la logique de survie et au moment où ils reçoivent leurs avis positif du commissariat ils se relâchent. A ce moment, ils peuvent décompenser et présenter des symptômes liés au vécu traumatique.

Le travail thérapeutique consiste à pouvoir intégrer l'événement, pouvoir faire le deuil de ce qui est perdu, pouvoir penser autrement. Pour ceux qui ont subi la torture, le viol, etc. la psychothérapie consiste à chercher l'intention de bourreau et par là de pouvoir annuler le sentiment de culpabilité, l'autodépréciation. Le soutien social est un autre axe qui peut aider la victime à condition que ce soutien soit adéquat.

Le dernier point concerne à la réparation. Nos sujets sont sceptiques, mais celle-ci est indispensable car elle procure un indéniable effet de soulagement. Néanmoins, il peut avoir une réparation que si la victime la rend possible. Il existe des vécus graves qu'on ne peut réparer. l'Etat et la Communauté Internationale n'investissent pas assez de moyens pour qu'un travail correct de réparation puisse avoir lieu. L'installation d'une culture de paix et sa pérennité inaugure l'idéal humain. Certains s'y attèlent... mais ceci est une autre histoire... !

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore