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Syndrome de la guerre : lorsque le psychisme ne cesse de rappeler

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par Shqipe BUJUPI
Institut libre Marie Haps - Assistante en psychologie 2005
  

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Chapitre II : traumatisme psychique : voyage au bout de l'enfer

Tant que l'homme sera mortel, je ne serai jamais complètement détendu.

Woody Allen

Parler de l'ampleur d'un événement et des troubles psychologiques qu'il engendre n'est pas un fait nouveau. L'histoire humaine n'est pas seulement tracée par la joie, l'évolution, etc. mais aussi par des déceptions, des guerres, des conflits, de maltraitances, ... Ces derniers peuvent laisser des traces chez l'homme et parfois des blessures psychiques profondes et durables.

« Je ne peux pas oublier la guerre. Je le voudrais. Je passe des fois deux jours ou trois sans y penser et brusquement, je la revois, je la sens, je l'entends, je la subis encore. Et j'ai peur. (...). Vingt ans ont passé. Et depuis vingt ans, malgré la vie, les douleurs et les bonheurs, je ne me suis pas lavé de la guerre. L'horreur de ces quatre ans est toujours en moi. Je porte la marque. Tous les survivants portent la marque »8(*).

Malgré les 20 ans passés, cet homme garde la blessure qui en lui demeure toujours présente. Il la subit. C'est « un passé qui ne passe pas » disent les victimes. Ses propos nous renvoient à la notion de traumatisme psychique.

Emprunté à la pathologie chirurgicale9(*) le terme trauma, issu du mot grec, signifie « blessure avec effraction ».

Le dictionnaire international de psychanalyse définit le traumatisme psychique comme un : « événement qui par sa violence et sa soudaineté, entraîne un afflux d'excitation suffisant à mettre en échec les mécanismes de défense habituellement efficaces, le traumatisme produit le plus souvent un état de sidération et entraîne à plus ou moins long terme une désorganisation dans la vie psychique »10(*).

Dans le monde scientifique, l'approfondissement du concept apparaît à la fin de XIX siècle. Oppenheim11(*), psychiatre allemand, opte pour le terme « névrose traumatique » pour désigner un ensemble de troubles névrotiques consécutifs à la frayeur éprouvée lors d'accidents de chemin de fer. « L'effroi qui provoque un ébranlement psychique ou affectif d'où résulte une altération psychique durable » 12(*). Alors que beaucoup de ses contemporains (Duchesne, Erichsen) attribuaient à ces troubles une lésion du cerveau ou de la moelle épinière subie lors de l'accident. Différents types de symptômes sont identifiés comme : des souvenirs répétitifs de l'accident, crises d'anxiété en réponse à tout ce qui rappelle l'accident, cauchemars de reviviscence, une modification profonde au niveau affectif (hypersensibilité à toute stimulation extérieure et des stimulations affectives comme pleurs en réaction à des stimuli qui les laissaient auparavant indifférents). Les guerres qui ont jalonné le monde ont été au centre des études de traumatismes psychiques et particulièrement de guerre. Au niveau psychanalytique Freud a joué un rôle important concernant le concept de traumatisme.

A. La conception de Freud

Dans sa première théorie Freud13(*), emploi le terme « névrose traumatique » pour décrire la psychogenèse de l'hystérie et la névrose phobique où il existe un traumatisme oublié de l'enfance : le traumatisme de séduction sexuelle (la séduction de l'enfant par l'adulte). Plus tard, il abandonne cette théorie pour une théorie fantasmatique (sans séduction réelle).

Quelques années plus tard, la guerre de 14-18 amène Freud14(*) à remettre en question sa théorie classique sur le traumatisme. Il remarque qu'un agent extérieur peut induire un traumatisme ce qui se différencient de ceux des désirs sexuels inconscients coupables. Il conclut que les traumatismes surviennent d'un choc violent surprenant le sujet impréparé  et qui s'accompagnent d'effroi. Le traumatisme fait effraction au travers du psychisme, pénètre les défenses psychiques de l'organisme, où le souvenir de la situation va demeurer comme un corps étranger, provoquant de vains efforts d'assimilation ou d'expulsion. Freud associe à ce traumatisme un modèle économique et relatif.

L'aspect économique repose sur la quantité d'énergie véhiculée par l'agent extérieur, c'est-à-dire l'événement et l'énergie que le psychisme dispose pour repousser cette agression15(*) : « Le terme traumatique n'a pas d'autre sens qu'un sens économique. Nous appelons ainsi un événement vécu qui, en l'espace de peu de temps, apporte dans la vie psychique un tel surcroît d'excitation que sa suppression ou son assimilation par les voies normales devient une tâche impossible, ce qui a pour effet des troubles durables dans l'utilisation de l'énergie (Freud, 1916, p. 298) 16(*).

L'aspect relatif repose sur la force du Moi. Freud souligne que l'intensité de l'excitation venant frapper cette barrière de défense n'est pas le seul facteur pour le déclenchement des névroses traumatiques mais la tolérance relative du Moi joue également un rôle déterminant à cet égard. Un Moi faible a des difficultés à faire face à un afflux soudain d'énergie.

Le terme névrose est utilisé pour désigner une entrée en conflit du moi engendré par cette irruption inattendue. Ceci provoque la mise en oeuvre de mécanismes de défense inadéquats car l'élément pathogène n'est pas symbolisable, ni représentable et ne peut ainsi pas s'intégrer d'emblée dans l'histoire de l'individu.

Donc, « dans l'approche psychanalytique, ce qui fait trauma, c'est moins la violence de la situation, que l'impréparation du psychisme à cette situation »17(*).

Pour Freud, seuls les sujets qui avaient pu décharger immédiatement l'affect par une réponse libératoire telle que l'action, la colère ou les larmes, ou ceux qui avaient pu le décharger ensuite dans une « abréaction » chargée de tout l'affect initial, ou ceux enfin qui avaient pu intégrer plus tard leur souvenir traumatique « dans le grand complexe des associations18(*) », étaient préservés de la névrose traumatique.

* 8 Giono, J. (s.d.). Je ne peux pas oublier. www.chez.com/bacfrancais/oublier.htm

* 9 En pathologie chirurgicale, le mot traumatisme signifie « transmission d'un choc mécanique violent exercé par un agent physique extérieur sur une partie du corps et provoquant une blessure ou une contusion ». L. Crocq. (1999).Les traumatismes psychiques de guerre. Paris : Odile Jacob. Page 214

* 10 De Mijolla, A. (2002). Dictionnaire international de psychanalyse. Paris : Calman-Lévy.

* 11 Crocq, L. (1999). Les traumatismes psychiques de guerre. Paris : Odile Jacob. Page 216.

* 12 De Clerq, M. & Lebigot, M. (2001). Traumatismes psychiques. Paris : MASSON

* 13 Grand dictionnaire de la psychologie (2000). Larousse

* 14 Freud, S. (1920). Essai de psychanalyse : Au de là du principe de plaisir. Paris : Payot, 1968

* 15Pour Freud, cette énergie défensive dont dispose l'organisme pour expulser l'agression est la « libido », ou pulsion de vie et d'amour. Crocq, L. (1999). Les traumatismes psychiques de guerre. Paris : Odile jacob. Page 257.

* 16 Jolly. A. (2002). Stress et traumatisme : Approche psychologique de l'expérience d'enseignants victimes de violence.

http://www.anne-jolly.com/publications/these/these.htm

* 17 Bertrand, M. Restaurer l'humanité dans l'humain. http://www.alliance21.org/2003/IMG/pdf/final_human_fr-2.pdf

* 18 Freud propose de faire revivre l'événement porteur de toute sa charge d'affect - pour évacuer justement cette charge d'affect restée coincée - et d'associer à son sujet, pour « réinscrire l'événement dans le grand complexe des associations », c'est-à-dire faire en sorte qu'il appartienne à l'histoire du patient, au lieu d'être un corps étranger. Crocq, L. (1999). Les traumatismes psychiques de guerre. Paris : Odile jacob. Page 257.

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