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Syndrome de la guerre : lorsque le psychisme ne cesse de rappeler

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par Shqipe BUJUPI
Institut libre Marie Haps - Assistante en psychologie 2005
  

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a. Clivage et déni

Cependant ces deux facteurs (l'hypermnésie et l'amnésie) nous questionnent. Beaucoup d'auteurs sont bien d'accord qu'un événement potentiellement traumatique, qui n'arrive pas être métabolisé ou symbolisé demeure comme un `corps étranger' dans le psychisme, donc empêche tout refoulement car le refoulement trouve son nid dans le champ de l'inconscient. L'inconscient est structuré comme un langage donc il y a des représentations. Que se passe t-il alors avec l'oubli de certains moments fortement chargés émotionnellement lors d'un vécu traumatique, un rencontre avec la mort? Où trouvent-ils leurs nids? Des auteurs parlent de clivage et de déni. D'après Freud26(*), le clivage dans la névrose est un  mécanisme de défense qui vise à protéger le Moi d'une représentation, d'événement, d'une sensation insupportable qui éveille des affects pénibles. La personne n'arrive pas à résoudre par le travail de pensée la contradiction entre cette représentation inconciliable et son Moi et décide d'oublier. Dans ce cas, il s'agit d'un refoulement à la base d'un conflit névrotique. Or, dans le cas d'une névrose traumatique, quand il s'agit de non-sens (Crocq), d'un trou dans le signifiant (Briole27(*)), etc., le refoulement nous apparaît impossible faute de non-représentation et symbolisation. Pour comprendre l'enjeu de ce `corps étranger' nous nous appuyons sur les références de S. Tisseron. Dans son article « Mémoire et création »28(*) l'auteur fait une distinction entre refoulement et clivage. Pour lui, les refoulements décrits par Freud étaient essentiellement de l'ordre de désirs coupables. Mais dans des situations de honte ou de douleur extrême comme viol, tremblement de terre, naufrage, etc. le psychisme emprunte un autre chemin pour oublier. Ces deux types de mécanismes, l'auteur les explique comme suit : L'oubli des événements vécus dans la honte ou la douleur n'obéit pas au même mécanisme que l'oubli de ceux qui sont vécus dans la culpabilité. Les seconds sont effacés par le refoulement et recouverts par l'amnésie : c'est en particulier le cas des réalisations et des désirs de la sexualité infantile, frappés progressivement d'interdit par la constitution du Surmoi. Au contraire, l'oubli d'un événement vécu avec une souffrance extrême se fait par l'enfermement de cet événement (avec l'ensemble des sentiments qui l'ont accompagné et des images des protagonistes qui y étaient impliqués) dans un lieu totalement isolé du reste de la personnalité et inaccessible au sujet lui-même. (...)29(*).

Donc, le refoulement efface de la mémoire des représentations mentales chargées de désirs coupables, tandis que l'oubli par l'inclusion30(*) concerne des événements qui ont effectivement eu lieu. Le but de ce clivage est de se protéger contre la douleur qui a accompagné l'événement, ou même contre le risque de destruction psychique qu'il a fait courir au sujet.

Les conséquences qui résultent de ces deux types d'oublis sont :

- concernant le refoulement, il s'agit de l'oubli des conflits entre le désir ou ça et l'interdit qui se trouvent conservés dans l'inconscient. Ils réapparaissent dans la conscience ou dans le comportement du sujet par l'intermédiaire de formations dérivées plus ou moins méconnaissables sous forme de lapsus, d'actes manqués, de symptômes, de certains traits de caractère, fantasmes.

- Tandis que en ce qui concerne le clivage ou l'enterrement dans le moi d'une situation indicible c'est en principe réalisé une fois pour toutes.

Il est possible aussi que le clivage et le déni31(*) soient réussis. Ces sujets continuent à vivre comme si de rien n'était. En effet, ceci dépend de la façon dont l'événement traumatique est ressenti par le sujet. Plus est insupportable pour lui, plus a difficile de l'extraire de son champ de la conscience. Pour l'auteur, quand l'enfermement « a été global, le retour à la conscience des éléments clivés l'est aussi. Le souvenir traumatique, quand il revient, s'impose avec la même violence sensorielle que lors de la situation inaugurale elle-même. Ce n'est que progressivement, au fur et à mesure de son élaboration par la psyché, que le travail du refoulement proprement dit peut s'installer. L'un des signes en est que la situation traumatique ne fait plus retour au psychisme du sujet avec ses caractères originaires, mais sous une forme symbolique. Tel sujet traumatisé par une explosion n'est plus réveillé dans son sommeil par le souvenir de cette explosion, mais par exemple par la menace d'un lion qui rugit de façon menaçante »32(*).

Le terme souvenir est discuté par les spécialistes. Certains comme Libegot disent qu'il ne s'agit pas de souvenir mais d'une reviviscence de l'état brut, une mise en acte avec sa charge émotionnelle qui a accompagné le vécu. L'image du réel de la mort qui ne trouve aucune représentation « ne se comportera pas comme un souvenir mais elle restera intacte, au détail près, et lorsqu'elle surgira à la conscience (dans le cauchemar ou la vie éveillé) ce sera toujours au temps présent, comme un événement en train de se produire » 33(*).

Mais, selon l'auteur, le clivage n'est jamais totalement réussi ni totalement échoué. D'après Fischer, dans le traumatisme on trouve un effet paradoxal concernant la mémoire : « d'un coté, il l'empêche de faire son travail d'oubli et, de l'autre, il crée des formes d'amnésie par rapport à l'événement »34(*).

Pour les exilés demandeurs d'asile, ces troubles mnésiques posent des problèmes pour valider la reconnaissance de réfugié par le commissariat. « ...les troubles mnésiques, incohérences, non réponses, seront généralement interprétées par l'OFPRA comme témoignant de mensonges ou d'affabulations de la part du requérant »35(*)

* 26 De Mijolla, A. (2002). Dictionnaire international de la psychanalyse. Paris : Calmann-Lévy.

* 27 Crocq, L. Dépassement et assomption du trauma. www.enm.justice.fr/centre_de_ressources/ dossiers_reflexions/oeuvre_justice2/3_depassement_trauma.htm

* 28 Tisseron, S. (2003). Mémoire et création. 1libertaire.free.fr/tisseron6.html 

* 29 Tisseron, S. (2003). Mémoire et création. 1libertaire.free.fr/tisseron6.html 

* 30 M. Torok et N. Abraham l'appellent ce type de mécanisme « L'inclusion au sein du Moi ». Ibidem.

* 31 Le déni est aussi un mécanisme de défense qui vise à nier la réalité de quelque chose qui est très douloureuse pour la personne.

* 32 Tisseron. S. (2003). Mémoire et création. 1libertaire.free.fr/tisseron6.html 

* 33 De Clercq, M. & Lebigot, F. (2001). Les traumatismes psychiques. Paris : Masson. Page

* 34 Fischer, G-N. (2003). Les blessures psychiques. Paris : Odile Jacob. Page 44.

* 35 Le Journal International De Victimologie. (2004). Traumas psychiques chez les demandeurs d'asile en France. www.jidv.com/BAUBET,T-JIDV2004_%202(2).htm

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