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Projet urbain et retour du sujet ? la stabilité en question.

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par Soufiane BOUKARTA
Institut d'aménagement régional AIX-Marseille III - Master 2 2009
  

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III.3.2 L'APPROCHE RÉGULATIONNISTE DE J-D REYNAUD :

La théorie de la régulation sociale tient à réunir et à synthétiser les différents courants de la sociologie. A savoir l'école durkheimienne, l'école de la sociologie des organisations de M.Crozier et de son disciple Friedberg, l'habitus de Bourdieu... Cette théorie tente de reformuler la problématique de la cohésion sociale, en essayant de répondre à la question: << Quels sont les mécanismes sociaux qui assurent la stabilité et l'inertie des règles sociales ? » [B.Grassineau : 03 :2004].

Pour répondre à ce questionnement, le cadre théorique, développé par Reynaud, s'articule autour de trois notions clefs: l'acteur, la règle et l'action collective. (i) L'acteur : l'individu capable d'effectuer une action << raisonnable >> qui, selon de R.Boudon, doit être justifiable et communicable. (ii) La règle : Reynaud l'a définie comme un principe organisateur où un modèle qui oriente l'action : << les règles ne sont rien d'autre que leur capacité réelle à régler des interactions sociales. Elle est bien une contrainte et non une habitude >>. [Reynaud : 1997 : 18]. Il est clair que la règle est importante, mais Reynaud précise que ce qui est capital dans sa démarche c'est bien la régulation en tant que processus. Cela n'exclut en aucun cas la règle, mais elle est introduite de telle manière qu'elle soit <<instable>> et << modulable >> par les acteurs le long de la régulation. (iii) L'action collective: élément d'analyse pertinent. Elle se définit comme l'engagement d'un groupe en vue d'orienter les finalités d'un projet à leurs profits. Ce regroupement d'acteurs ne peut se faire que dans le partage d'un ensemble de règles adoptées, voir crées collectivement : << les règles sont propres à la vie sociale, mais elles sont d'origine collectives, elles tirent leur caractère contraignant du fait qu'elles sont les conditions d'une collectivité » [Idem : 96].

Pour le maintien et la cohérence des règles, Reynaud proposes trois mécanismes interdépendants ; la sanction, l'accord et la légitimité. Dans cette optique, l'action doit chercher la légitimation. Il a signalé à maintes reprises que la régulation formelle, dite de droit, se traduit souvent par un décalage avec la régulation effective, qui, quant à elle dépend de l'autonomie dont les acteurs (les habitants) peuvent en disposer. Reynaud appelle cet affaiblissement de la régulation formelle <<anomie>> [Idem : 266]. Elle se traduit par l'absence << objective >> des règles du au relâchement de la régulation légitime, elle peut aussi se lire à travers le degré d'enfermement de l'espace en question. En suivant cette lignée, les acteurs peuvent adhérer à certaines règles selon leurs stratégies pour légitimer leurs conduites, et d'en rejeter d'autres qui s'opposent à leurs intérêts. De ce point de vu, la règle est perçue comme une << ressource >> permettant l'acquisition d'une << capacité d'action >> pouvant conférer aux acteurs qui l'invoque des avantages et limite en même temps les possibilités d'action d'autres acteurs. Elle (la règle) est une sorte de contrôle social. Il s'agit alors de deux efforts de régulation, l'un de contrôle, et l'autre autonome [Reynaud : 1989]. Ils ne s'opposent pas en bloc mais le premier, dit de L'Etat (ou des collectivités locale) cherche à régler son activité par un contrôle de l'extérieur [idem : 5]. La régulation de contrôle apparait facilement à l'observateur, parce qu'elle a une valeur juridique, tandis que la régulation autonome, produite par les groupes ne se révèle qu'après un examen in situ des pratiques. Toutes les deux sont alimentées par un ensemble de valeurs et de croyances. La première invoque une logique externe qui est celle du coût et d'efficacité, et la seconde est <<interne>> liée à l'affectivité et aux sentiments [idem : 6]. La régulation autonome peut s'opposer à la régulation de contrôle en faisant appel au << droit de vivre ensemble >>, à l'équité, à l'ancienneté...etc. Cela ressort l'idée d'une <<construction>>: << c'est une organisation souvent élaborée, qui est enseignée au nouveaux venus et en partie imposée >> [idem : 10]. Aussi Reynaud invoque << l'habitus >> de Bourdieu pour expliquer la relation qui lie l'habitant à son lieu de vie. Réciproquement, La régulation de contrôle n'est pas toujours exprimée d'une façon adéquate dans la réglementation officielle. C'est son orientation stratégique qui fait sens : << peser de l'extérieur sur la régulation d'un groupe sociale >> [Ibidem].

Reynaud, comme Friedberg, prône l'idée qui stipule que le pouvoir est au centre de la relation qui lie la régulation autonome et de contrôle. La stabilité (bien qu'elle soit jamais finie) de cette relation de pouvoir passe par ce que Reynaud appelle <<régulation conjointe >>, qui elle se traduit concrètement par les voies de participation << organisée >>. Cette relation a l'ambition de résoudre les << conflits >> par la << négociation >> qui énonce << l'accord >> et le cristallise sous forme de règle. La règle produite serait <<normative>> parce qu'elle est

<<cognitive>>: << Celui qui l'invoque invite à une action en lui proposant un sens >> [Reynaud : 1997 :68]. La régulation conjointe peut, ajoute Reynaud, renforcer une règle autonome. Et stipule qu'elle est l'expression de la démocratie même. Cela suppose l'établissement d'un << choix conscient >> selon la formule de M.Crozier [1976 :17].

EN GUISE DE SYNTHESE : LA REGULATION SOCIALE COMME HOMEOSTASIE DE PROJET URBAIN ?

Nous avons montré dans cette partie les principes de l'action collective ainsi que les différentes approches qui pourront éclairer le rôle que peut jouer un habitant. Nous avons commencé par les deux approches [A.Bourdin] qui pourront décrire le rapport que noue un habitant avec son espace de vie. Dans l'approche du local cognitif, Bourdin met en exergue le rôle du <<capital culturel >> et <<l'identité individuelle et collective>> dans la construction et la représentation de << l'espace d'appartenance >>. Et à travers la démarche interactionniste, il a voulu attirer notre attention sur l'importance de << l'héritage >> d'un espace par un groupe qui l'approprie sous une forme de << mémoire collective >>, qui, elle, est maintenue par un ensemble de pratiques et de représentations << immuables>>, mais communicables et transmissibles aux nouveau venues comme aux nouvelles générations ce qui assure sa continuité. Ces deux méthodes nous permettent l'appréhension des <<modes d'appropriation >> de l'espace de vie par les habitants, c'est ce que s'appelle dans le langage de Freidberg et J-D Reyanaud <<régulation informelle >> ou << régulation autonome >>.

Figure 4: La régulation globale. Source: Auteur.

Dans un souci fonctionnel, les pouvoirs publics tendent, selon leurs stratégies de territoire,
(global) à lier, par <<régulation de contrôle >>, les différentes localités en modifiant l'ordre
local qui devient << l'objet de la négociation et de marchandage >>.Cette volonté de faire, se lit

dans les rapports, les règlements produits pour cet objectif. Tandis que la <<régulation autonome » qu'on ne peut la cerner que par une exploration in situ. Le local subit alors un concours de régulation, qui pour l'appréhender, Friedberg pose le pouvoir au centre des interactions, en le définissant comme << capacité d'action » visant la négociation des faits en faveur des acteurs qui l'utilisent. Les acteurs qui exercent le pouvoir, entendu comme processus de négociation explicite voire implicite, passent par les << règles » pour figer << l'accord de l'échange ». L'anticipation des acteurs s'appuie sur les << règles » formelles, de droit, << informelle ou autonome, produit de la localité » en grignotant la règle formelle pour pousser les pouvoirs publics à la négociation autour d'une régulation << conjointe » qui peut remplacer ou renforcer des règles autonomes en créant d'autres. Dans cette optique, la règle devient une ressource d'action et de légitimité, et la régulation comme un enjeu social. Voir schéma ci-dessus.

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