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Projet urbain et retour du sujet ? la stabilité en question.

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par Soufiane BOUKARTA
Institut d'aménagement régional AIX-Marseille III - Master 2 2009
  

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II.1.2 ...A LA LOGIQUE DU LIEU...

Le lieu, selon M.Lussault [GUY DI Méo : 2000], constitue la plus petite unité spatiale complexe. Il se caractérise par sa brève continuité, la contigüité des tissus qui le composent. Le lieu peut être une aire géographique vaste comme le Silicon Valley à San Francisco [Bourdin : 2000 : 57]. Il porte en lui un sens spatial particulier qui lui rend, comme D.Retaillé [GUY DI Méo : 2000] l'a remarqué, un milieu doué d'une <<puissance>> capable de grouper et maintenir ensemble des êtres hétérogènes en cohabitation et corrélation réciproque. Cette capacité de regrouper s'explique par les logiques qui le fondent, à savoir << l'identité locale>>, << l'appropriation>> et << l'appartenance >> [Julien Aldhuy : 2009 : 5].

L'identité est un terme polysémique. Selon les définitions données par le Petit Robert, il
évoque la similitude, << caractère de ce qui est identique >>, l'unité, << caractère de ce qui est
UN >>, la permanence, << caractère de ce qui reste identique à soi-même >>, la reconnaissance

et l'individualisation, << le fait pour une personne d'être tel individu et de pouvoir également être reconnue pour telle sans nulle confusion grâce aux éléments qui l'individualisent » [V.De Gaulejac : 2002 : 1]. L'identité se définit d'une façon objective en s'appuyant sur des critères de nature juridique (diplôme, nationalité...), et sur des critères de nature subjective qui renvoie quant à elle à des <<représentations de soi-même » confronté au regard des autres sur soi.

Le mode d'inscription identitaire ne se fait pas d'une façon linéaire, mais selon et suivant un processus dialectique du rapport sujet/objet. [V.De Gaulejac : 2002 : 2]. Donc, il est question de parler <<processus identitaire » plutôt qu'une entité qui renvoie l'idée de la stabilité et de la permanence. La notion de processus implique l'idée de changement, alors que l'identité est synonyme de ce qui est identique, de similitude et d'une stabilité. C'est paradoxal comme situation. Le développement durable reflète le même cas. Développement synonyme de changement, et durable synonyme de tout ce qui ne change pas. Ou est la durabilité ? Le développement durable est un concept qui fut crée pour << maintenir la biosphère et garantir un développement qui dure dans le temps ». Entre autre c'est l'objectif et la valeur qui sont durables. Et pour l'identité, où se trouve la permanence? Edmond Marc Lipianski, Isable Taboada-Leonetti et Ana Vasquez [cités par De Gaulejac : 2002 : 4] parlent à ce propos << d'unité diachronique d'un processus évolutif ». C'est bien l'épaisseur du temps et la stabilité de l'objectif qui garantissent cette <<permanence identitaire ».

L'identité locale se définit comme un phénomène de représentations [Caterine Reginensi, 2000 : 357]. Cette représentabilité peut être instaurée par l'histoire [Ch.Robin : 2000 : 116] comme elle peut être carrément inventée [Carlini: 2003 : 113]. Et dans les deux cas, le lieu est la ressource qui permet cette re-construction identitaire. Tout d'abord, l'histoire saisie dans le sens institutionnel se veut unifier les mémoires collectives et à leur donner une certaine unité. La mémoire collective, quant à elle, se définie comme une réappropriation du passé accordée aux aspirations du présent. Halbwachs, dans la << La Topographie légendaire », a montré à travers les récits des fables de la mémoire de L. Valensi [cité par Mazzella : 2008], que l'histoire subit une sorte d' << affabulation », de <<variations de mémoires », liée aux aspirations des groupes qui vivent l'instant présent. Son efficacité est jaugée par sa capacité de lier l'espace au temps [Mazzella : 2008]. Tout cela témoigne le caractère, à la fois, << subjectif » et << heuristique » de la mémoire collective. Cette mémoire

collective une fois réappropriée se présente comme un << mythe >> autour duquel gravitent un ensemble de pratiques sociales, ce qui s'exprime en << ordre local >>. Autrement dit, et comme disait Norberg-Shultz, ce théoricien de l'espace [cité par Lefebvre: 1986 : 343], le jalonnement du local n'a pour but que la << mémorisation >> et la <<reconnaissance>> (subjective) des lieux. La mémoire collective se maintient par une intériorisation, puis extériorisation sous forme d'un ensemble de pratiques sociales qui ne sont pas universelles, elles sont structurées selon des « modèles culturels », des habitus dirait Bourdieu, ou le propre et le sale, le montré et le caché, le privé et le public, ne sont pas forcément distribué, voire distingués de façon univoque et universelle [cité par Ch.Robin, 2000 : 113]. La proximité culturelle (mémorielle) crée un sentiment << d'appartenance >> à un groupe et abolit donc les distance. Et c'est dans cette aire d'appartenance et de proximité que nous voyons se former un schéma complexe de <<socialisation urbaine17 >>, qui, elle, transgresse le lieu, propre à un monde constitué anthropologiquement, pour créer soit une continuité ou une frontière socio-spatiale avec d'autres lieux, et cela via le jeu de communication identitaire qui fait et défait les groupes [Bourdieu, 1997 : 283]. L'identité se traduit comme un principe qui tend à organiser << l'architecture sociale >> et les pratiques sociales du local en définissant ce que peuvent être les groupes sociaux locaux [Bourdin : 2000 : 199].

Dans cette optique d'identité et de mémoire locales, Les lieux patrimoniaux sont porteurs de structures immuables et peuvent constituer la référence de l'ici et maintenant [Bourdin : 2000 : 37]. Quand ces lieux se présentent comme contexte d'action, cela permet une <<substantification >> de cette référence. << Le patrimoine fait le territoire, qui fait le local>> [Bourdin : 2000 : 44]. C'est-à-dire, la possibilité de maintenir la population locale ainsi que leurs pratiques sociales ou les développer à leur faveur. In fine, le lieu se présente aussi comme un <<capital symbolique >> pouvant << orienter >> et constituer donc une << utilité pour l'action >> (de type bottom up, par le bas). Et comme exemple d'action bottom up, nous citons le cas des quartiers bolonais qui ont été restaurés grâce à une mobilisation poussées par les Comités d'intérêt de quartier [CIQ], et qui a aboutit à une réhabilitation avec le maintien des habitants. Nous avons présenté le lieu comme un capital symbolique (identité et mémoire collective), lié au temps comme à l'espace, et maintenu par un ensemble de pratiques sociales. Ce qui lui permet, bien évidement, d'être un point d'appuie et de

17 Danilo Martucelli et François De Singly [2009 : 52-80] distinguent quatre modes de socialisation. (i) socialisation adossé aux habitudes (ii) socialisation par les normes (iii) socialisation soutenu par autrui (iv) socialisation construite par les épreuves. Les deux premiers modes insistent sur le coté multiformes d'incorporation du social, les deux derniers accentuent davantage le travail du groupe sur soi. Autrement dit, une socialisation inconsciente et consciente.

résistance pour les habitants du lieu, comme ça peut aider les pouvoir publics à s'infiltrer dans les interstices de la mémoire du lieu et faire passer leur vision d'ordre global et assurer par la suite une continuité des lieux et c'est ce qu'on va essayer de déceler en explorant la reproduction de l'espace selon la logique de territoire.

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