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Le projet de la "mini-entreprise" répond t-il aux attentes, en termes d'apprentissage, pour ce type de public

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par Michel IGNASIAK
Université de Nancy 2 - Formation Continue - "TFA" Titre de Formateur d'Adultes "DTSU" Diplôme deTechnicien Supèrieur Universitaire 2009
  

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9.3 L'apprentissage des apprenants 

Alors que l'institution confirme que le projet, dans son contenu, n'est pas vraiment adapté aux stagiaires de l'E2C, que l'alternance pose de réels soucis d'organisation pour l'école et pour les stagiaires, du coup, la mise en oeuvre du projet se fait dans un état d'urgence permanente. A ce stade, je me pose la question essentielle de mon étude : « Le projet collectif de la « mini-

-- entreprise » au sein de l'E2C répond t-il aux attentes, en terme d'apprentissage, pour ce type de public ? »

Les objectifs d'apprentissage de la CCI en terme d'apprentissage sont tout d'abord de travailler sur une pédagogie de projet, or nous l'avons vu, ce projet n'est pas, me semble t-il une pédagogie de projet ni un projet pédagogique. Mais l'objectif pédagogique visé par l'institution est de développer chez les stagiaires, leur coté créatif, leur autonomie, la prise d'initiative et connaître le fonctionnement de l'entreprise. Les savoirs être et faire sont le coeur de ce projet en terme d'apprentissage. Or, la formatrice me dit lors de notre entretien qu'il faut de solides connaissances pour réaliser ce projet.

« Si l'apprentissage est un processus personnel, on admet aujourd'hui qu'il doit être soutenu par un formateur qui facilite les acquisitions et assure la médiation entre le savoir scientifique et le savoir construit par l'apprenant ».34(*)

La formatrice me dit que l'apprentissage n'est pas le même que celui des collèges ou des lycées

Formatrice : « Après,......qu'est-ce qu'on entend derrière apprentissage. L'apprentissage chez nous à l'E2C et ben ce n'est pas le même que celui du collège d'à côté ou de lycée, hein. Moi, je n'entends pas l'apprentissage la même manière, ici, on leur apprend pas les mêmes choses. On travaille beaucoup les savoirs être, on travaille aussi, je vais dire, les sur de la remise à niveau, les acquis on essaie de compléter les acquis scolaires mais au bout du compte le plus gros boulot, c'est quand même l'insertion sociale et donc c'est les savoirs être. Je pense que ça apporte quand même, en même temps, ça apporte aussi ben là, le respect de la hiérarchie par rapport au fonctionnement de l'entreprise, qu'ils comprennent bien que tous les postes sont clés.... ».L142-150

a) Les contradictions relevées chez les uns et les autres.

Formatrice : « Et après, il y a toute la partie administrative, apprentissage qui nécessite des connaissances de base quand même assez solides, beaucoup d'autonomie. Ca c'est des choses que la plupart de nos jeunes n'ont pas hein !, donc le projet de « ....la mini- en lui-même, monter la mini, faire une entreprise » L13-17

Il semblerait que le projet développe, malgré le fait qu'il ne soit pas adapté, le savoir être chez les stagiaires du point de vue de la formatrice ».

Formatrice : « l'apprentissage il est plus au niveau des « savoir être » parce que ça va être construire quelque chose en groupe, tenir compte de l'avis des autres, sans se fâcher, sans critiquer, avoir un regard toujours positif, entendre les autres, statuer, prendre une décision, commune, aller dans le même sens, tous, trouver, trouver un juste milieu, faire des compromis» L109-113

Or, j'observe que la communication entre la formatrice et les apprenants reste difficile car le PDG me dit que certains se sentent « largués ».

PDG : « Et ben XXX elles se sentent larguées.... parce qu'ils s'demandent s'qui font, bien qu'au début ils étaient motivés ou quoi q'ce soit, le fait qui en aient beaucoup, euhhh vu qui en a qui avancent euhh par exemple on est tous dans le même wagon mais le problème c'est qui y en a euhhh, qui changent de wagon qui accélèrent les choses et y en a qui sont encore à l'arrière qui s'disent euhh on est largués euhhh pour nous euhhh qu'est c'qu'on fait là euhh ou quoi q'ce soit. Alors que bien au contraire euhhh on a toujours besoins d'eux euhhh ». L80-85

EPA pensent également que l'apprentissage dans ce projet est plus axé sur le savoir être. Mais ce sont « ses » attentes.

EPA : « Mes attentes pour ce projet, alors c'est de leur apporter des valeurs qu'ils n'ont pas, ou qu'ils n'ont plus, voilà, de leur redonner confiance en eux, euhhh qu'ils prennent un minimum d'initiatives, de les valoriser un maximum, donc on est plus, dans le savoir être que dans le savoir faire, concernant ce public » L78-81

Mais lorsque je pose la question aux stagiaires, ces derniers sont en désaccord, ils n'arrivent pas à s'entendre. Les attentes des institutions ne sont pas les attentes des stagiaires, me semble t-il.

DA : « Parce que là euhh au début c'était euhh, on été tous ensemble après chacun on avait notre truc à faire et après c'était plus du euhh ouais euhh comme par exemple, j'avais tous les trucs à faire euhh par exemple mon assistante me disait ouais toi ta tous les trucs à faire moi je suis là pour rien, les trucs comme ça en fait. En fait chacun fait ses trucs et puis après ça c'est dégradé et puis les assistants ne servaient plus à rien en fait ». L8-13

Il y a derrière ce discours une réalité propre à chacun des apprenants. En effet, lors des séances, j'ai pu observer que des clans se faisaient selon les humeurs de chacun et les rancoeurs des autres. Exemple : Un jour nous étions en séance pour faire le point sur les étapes à accomplir, soudain, une rixe éclata entre trois mini-entrepreneurs. Il s'agissait de remboursement d'essence. Le conducteur avait fait crédit à une stagiaire qui n'avait pas encore selon ses dires reçue son salaire que lui attribue le conseil régional, or il semblait que cette stagiaire mentait, car l'une d'entre elle l'avait rencontrée en ville avec des sacs remplis d'achats et l'avait rapporté au conducteur à qui elle devait de l'argent. Pour le coup, cette situation a provoqué le chaos dans la salle et plus personne ne voulait travailler. Chacun prenait la défense de l'autre, puis cela a dégénéré par des insultes entre eux. La formatrice cria plus fort que les stagiaires pour finalement les calmer, mais le mal était fait. A la pause, certains ne voulaient plus travailler avec un tel ou un tel. Ils disaient que de toute façon, ils y en avaient dans ce projet qui ne « servait à rien ». Ceci est une des anecdotes parmi tant d'autres. Je tiens à préciser que l'ambiance dans ce projet était constamment sur le fil du rasoir. Autant les stagiaires rigolaient entre eux, autant deux minutes plus tard, ils étaient prêts à « se taper » dessus. Il régnait une instabilité permanente entre les stagiaires que l'on peut effectivement et en partie expliquer par l'effet du projet non analysé.

Finalement la DA me dit que beaucoup de stagiaires sont découragés et que certains ne pensent qu'à partir à Paris au concours :

DA : « Et puis c'est qui en a beaucoup qui sont découragés parce que on n'est pas beaucoup qui travaille en fait, on n'est pas tous dans l'même truc. Par exemple, euhh ben, ils n'ont pas la même envie chacun euhh, enfin chacun fait un peu comme il veut. Y en a qui pensent qu'à partir à Paris et en fait euhh y en a beaucoup pour eux c'est une obligation. À force ça démotive quoi...................................Blanc » L40-44

Je comprends que derrière ce discours se cache une sorte de détresse et d'incompréhension pour cette stagiaire qui finalement abandonnera le projet pour des raisons médicales.

Je relève des contradictions permanentes chez la formatrice notamment sur les objectifs :

Formatrice : « Leur objectif, c'est mener leur projet à terme, c'est voir ce qu'ils vont pouvoir fabriquer et sans doute aller au salon régional, déjà, hein ». L119-120

Et tout de suite derrière elle me dit le contraire.

« Je ne suis pas intimement persuadée que c'est ça, que le salon soit l'objectif principal, je pense que pour eux vraiment l'objectif, c'est pouvoir mener ce projet à terme ». L120-123

Dans l'ouvrage du « formateur d'adultes »35(*) les auteurs nous rappellent que : « l'essentiel pour apprendre, n'est pas le produit final de l'activité mais le processus mis en oeuvre pour y parvenir ».

Je dois dire que c'est assez déstabilisant pour moi. J'ai du mal à suivre son raisonnement qui est sans doute dû à un stress et à un manque d'assurance pour ce projet. J'ai ce sentiment fort qu'elle a pris le rôle de chef de groupe dans le projet et veut à tout prix emmener ses stagiaires au bout de ce projet. Elle voudrait qu'ils fassent par eux mêmes, mais d'un autre coté, elle pense, outre le fait que ce projet ne soit pas adapté et ce dans tous les sens du terme, que les apprenants ne sont pas sûrs d'eux :

Formatrice : « parce qu'ils sont frileux quand même, c'est des jeunes qui n'ont pas confiance en eux, ils ne sont pas certains que leur produit euh et que leur manière de travailler va faire la différence hein avec un autre groupe. Ils en sont pas sûrs ça. Par contre, ils sont certainement sûrs de pouvoir mener ce projet à terme. Et pour eux, ça sera déjà une très grande réussite, c'est pour ça que je parle plutôt en « savoir être » L122-126

Mais, la formatrice pense que les apprenants sont sûrs d'emmener le projet à terme or, je remarque lorsque je suis en stage que les apprenants ne se sont pas appropriés le projet, ils sont démotivé et non soudés.

b) Ce que les stagiaires me disent en entretien sur leur apprentissage dans ce projet.

PDG : « Franchement, ben oui le fait d'avoir un projet comme la mini-entreprise ça permet, comme je l'avais déjà expliqué pour l'assemblée générale, ça permet de prendre conscience le fonctionnement d'une entreprise, voir comment se déroule une mini-entreprise, comment on établi un produit, comment on le revend, on s'imagine pas tout le travail qui a à faire quoi. Et euhh, ça permet aussi euh prendre euh enfin nous en tant que stagiaire d'avoir certaines responsabilités, surtout pour les personnes qui ont peu confiance en eux, ou qu'on pas eu de poste à responsabilité, de prendre conscience que en gros euhhh chaque personne est importante dans l'entreprise quoi ». L10-17

Oui mais, lorsqu'il parle de l'assemblée Générale, il oublie de dire que c'est la formatrice qui l'a préparée à sa place. Il a tendance à ne pas vraiment s'intéresser à l'administratif. Il considère que ce n'est pas vraiment son travail. Car il est PDG de la mini-entreprise et occulte tout naturellement ce qui ne l'intéresse pas ou ce qu'il ne peut pas faire.

La directrice administrative (D.A) me dit qu'elle apprend des « trucs » mais éprouve d'énormes difficultés à me les communiquer :

DA : « Et ben j'ai appris des trucs en informatique, des trucs que je savais pas faire et ben comment fonctionne une entreprise euhhh blanc » L19-20 « ........  et ben par exemples des trucs comme qu'on j'dois enregistrer des dossiers, euhhh par exemple des trucs sur la clé USB......... » L22-23

Puis elle me dit que finalement ça ne sert à rien et ne comprend pas vraiment à quoi ça sert tous ces papiers, elle ne trouve pas de sens à tout ça:

DA : « Des papiers en fait qui, en fait qui servent à rien enfin qui servent quand même mais euhhh............... Des trucs pour la mini. Mais bon j'aime bien mais des fois c'est chiant, on comprend pas vraiment pourquoi y a tout ça. Enfin si, on sait qu'on est obligé de faire ça pour comme quand on fait une entreprise. Blanc...................... » L23-26

Mais là aussi, je relève une contradiction lorsque je lui demande ce qu'elle aime dans le projet 

DA : « J'aime bien euhh c'est comme quand on est directrice de l'administrative, on voit un peu de tout, c'est pas comme quand on fait un seul truc euhh, et ben comme Aurore tout c'qui est technique. Sinon euhhh.....................Blanc, ch'sais pas quoi dire de plus ». L34-36

J'ai le sentiment que les stagiaires n'osent pas tout me dire car ils se sentent enregistrés et ne sont vraiment pas à l'aise. Mais de temps en temps, lorsqu'ils oublient l'appareil qui enregistre notre interview, ils se lâchent et disent ce qu'ils ont sur le coeur. La directrice administrative m'avoue la démotivation de certains.

DA : «  Et ben euhh c'est pas euhh y a pas d'entrain ouais euhh on a l'impression que ... Ouais c'est pas concret, ça n'avance pas euhhh en fait c'est du boulot en plus. Y en a pour qui c'est une corvée euhh j'vous dis ça clairement ».L46-48

La responsable EPA me dit que finalement ils vont acquérir des savoirs faire même s'ils ne vont pas jusqu'au bout. Alors que les apprenants eux, éprouvent des difficultés dans la gestion et revendiquent un apprentissage au préalable.

EPA : « Même si le savoir faire finalement, ils vont en acquérir, parce qu'une étude de marché, même s'ils ne vont pas jusqu'au bout, ils auront quand même appris quelque chose. C'est pareil gérer un budget, gérer ses comptes, alors c'est vrai qu'ils n'auront peut-être pas acquis l'ensemble des savoir faire proposés ». L81-85

Oui mais :

PDG : « ...Et ben ouais, ça aurait été pas mal euhh ».......... « Si par exemple à coté de la mini entreprise on avait des cours en parallèle pour euhh par exemple tous c'qui est par exemple gérer un budget » ................. « j'vois par exemple pour la euhh enfin tout c'qui a un rapport avec la finance par exemple »..............., « il aurait fallu un apprentissage à coté et elles l'auraient su quoi ». L50-63

Tandis que la responsable EPA me dit que l'objectif est également l'occasion dans ce projet de tester un métier.

EPA : « l'objectif aussi que j'explique et sur lequel on travaille beaucoup avec les troisièmes et qui fonctionne bien aussi sur les E2C, j'trouve que c'est un moyen de se tester pour eux sur un métier, on croit souvent quand on est jeune avoir des qualités ou des affinités pour le coté financier ou le coté commercial et puis via la mini, on se rend compte finalement que le commerce ça demande d'aller vers les autres et que ça peut être effrayant pour certaines personnes qui l'on choisi dans la mini. Alors je leur explique aussi en début d'année lorsque j'interviens, voilà, n'hésitez pas à vous positionner sur un métier, soit sur lequel vous avez vraiment envie d'y aller pour valider votre choix, ou soit sur lequel vous n'auriez jamais pensé à y aller, et sur lequel vous allez découvrir de nouvelles choses ».L141-160

Oui, l'idée serait intéressante mais dans le cadre de l'E2C, les apprenants n'ont pas à aujourd'hui un projet professionnel orienté vers la finance ou encore vers un poste de direction. Il me semble qu'elle tient un discours en rapport avec les collèges et les lycées.

Mes interviews montrent bien depuis le début qu'il y a un fossé entre le prescrit et le réel. Le projet parle « d'apprendre en faisant » pour les apprenants, mais en aucun cas parle des besoins des apprenants. Cette contradiction permanente est difficile pour moi. Car, je suis sur le terrain, et j'observe ce que veut la formatrice et ce que désirent les stagiaires. D'ailleurs, désirent-ils quelque chose ? Je dois en permanence m'adapter aux uns et aux autres. Il n'y a pas de cohérence dans ce projet mis à part le fait que l'objectif est d'aller au bout. A ce propos je pose la question aux stagiaires sur leurs objectifs concernant le projet.

c) Les objectifs des stagiaires

Lorsque je demande à la directrice administrative de me dire ce qu'elle changerait dans le projet, elle semble déjà ailleurs, car effectivement elle est enceinte et n'est plus dans « le jeu » du projet institué, mais dans la réalité, la sienne...

DA : « Et ben de toute façon on est obligé de faire les papiers avant, c'est ça que j'trouve enfin c'est difficile parce que c'est pas concret. En plus ça sert à rien si on regarde au fond, c'est comme qu'on veut nous faire croire que et ben euhh on pourra faire une entreprise tout seul, c'est pas possible y faut des sous, j'ai déjà du mal pour faire manger, pour mes enfants et puis même, maintenant j'ai plus de voiture, et la banque m'a refusé le crédit pour m'en acheter une autre. C'est pas pour demain que j'vais faire une entreprise (rire). Moi j'men suis toujours sortie toute seule mais bon euhh, j'préfaire quand même travailler pour quelqu'un. Bon maintenant c'est plus pareil, j'suis enceinte, il faut que je pense aux enfants ». L62-69

Elle préfère travailler pour quelqu'un et considère que l'E2C veut leur faire croire à quelque chose, qui finalement ne l'intéresse pas le moins du monde. Ses objectifs sont de s'en sortir toute seule comme elle a l'habitude.

Tandis que pour le PDG lui, se sent en compétition dans ce projet :

PDG : « Et ben moi le truc c'est qu'j'ai déjà un esprit de compétition, donc moi si euhh y a un truc à faire euhh j'ai toujours voulu être le meilleur dans c'que j'voulais faire, mais après ch'sais que dans le groupe enfin en général, c'est plus l'ambition d'aller euhhh de se présenter au concours et d'aller à Paris quoi ». L 75-78

Il me dit que finalement le concours intéresse plus les autres que lui. Or, à l'approche du concours Régional, et après ne plus avoir donné de nouvelles pendant presque deux semaines, il est réapparu se proclamant comme PDG. Les produits étaient fabriqués par les trois stagiaires qui étaient encore là, et devaient être vendus sur le marché d'Epinal. Pour le coup, le PDG a eu l'idée de faire valoir son rôle auprès de « ses employés ». Encore une fois, c'est lui qui devait organiser l'action commerciale avec le directeur commercial. Mais, les deux compères n'étant pas présents, c'est la formatrice qui organisa cette action commerciale. Finalement, partir à Paris serait une récompense pour lui :

PDG : « Et ben si demain on est sélectionné pour le salon c'est une certaines reconnaissance du travail qu'on a fourni euhh quand même. Parce que c'est quand même euhhh on a pas euhh, c'est vrais que quand on est simple consommateur on s'imagine pas justement c'que les entreprises fournissent comme travail, quoi. Et le fait d'euhhh, si on est sélectionnés justement au concours régional voire même à Paris, ça s'rait quand même une certaine reconnaissance pour le travail qu'on a effectués quoi ». L87-92

d) L'autonomie

Le terme d'autonomie provient de « auto-nomos = (se donner) soi-même ses lois ». Selon Alain Rieunier : « Si un individu doit apprendre à sauter, c'est lui qui doit sauter, pas son entraîneur »36(*)

Développer l'autonomie chez les stagiaires est sans doute l'un des points le plus important dans le projet pour l'institution. Or, lorsque je demande à la formatrice jusqu'où peut-on laisser les stagiaires dans leur autonomie d'apprentissage concernant ce projet ? Elle me donne une réponse qui me semble être à l'inverse de ce que le projet doit leur apprendre. Mais encore une fois, elle est dans les étapes, et considère qu'on ne peut pas les laisser en autonomie. Le formateur qui veut développer l'autonomie des stagiaires doit, à mon sens, susciter le questionnement qui est le moteur même de l'autonomie. Un stagiaire autonome est un stagiaire qui se pose et pose des questions à son entourage. Le formateur doit se préoccuper des intérêts des stagiaires.

Formatrice : « : Justement, je pense que ça sa pose problème dans la mini, telle qu'elle est faite aujourd'hui, par rapport à notre public hein, c'est que l'autonomie, ils l'on pour ainsi dire pas ! Ou en tout cas dans un temps très limité.... » L245-247

« ...Alors on peut décider de tout laisser faire en autonomie, sauf que là, on risque de griller les étapes hein ! Ne pas faire tout ce qui est demandé, et à ce moment là quand on va présenter la mini au salon régional... » L254-256

« ...Donc la c'est ce en quoi précisément, la mini n'est pas adaptée au public, c'est que nous nos jeunes, il faut qu'on soit derrière, ils ne sont pas à l'E2C pour rien, ils sont justement à l'E2C, parce que il y besoin pour ces jeunes là, qui est quelqu'un derrière eux, qui les accompagnent, et ça pour tout. Hein. Je dirais qu'à ce moment là, il faudrait démarrer la mini quand les jeunes sont en fin de parcours et que tous est acquis en amont, ce qui est inconcevable et infaisable ». L260-265

La directrice administrative me dit que ce qui est difficile, c'est d'être en autonomie :

DA : « Et ben des fois quand on nous laisse en autonomie euhh et quand on nous dit fais ça, fais ça euuhhh mais des fois on n'est pas censés savoir c'qui faut faire enfin parce que euhh ben ch'sais pas ». L38-39

Le PDG lui considère finalement qu'il apprend une certaine autonomie, même si les formateurs interviennent pour ce qu'il appelle « mettre un grain de sel »

PDG : « Ouè on a quand même une certaine autonomie et euh, enfin même si par la fois certains formateur mettent leur grain de sel ou quoi que ce soit dans notre euhh, dans notre projet on a quand même une certaine autonomie quoi, c'est pas le formateur qui décide justement de s'qu'on va faire et comment faut faire ainsi de suite. Ces qu'on à les démarche à effectuer et c'est à nous, enfin c'est, enfin c'est à nous, enfin on a le gros plan et c'est à nous de finaliser le tout en fait. C'est vraiment euhhh une certaine autonomie la dessus »L26-31

Pour conclure cette partie, je dirais que les objectifs d'apprentissage prescrits par l'institution pour ce projet ne sont pas en accord avec la réalité du terrain. La formatrice subit une pression pour atteindre l'objectif principal, celui d'aller au bout du projet. Les stagiaires eux, suivent sans vraiment comprendre ce qu'ils doivent faire. Le concours est une sorte de terre promise qui validera l'apprentissage des apprenants aux yeux de l'institution. Or, les étapes sont faites le plus souvent à « l'arrache » par la formatrice et moi-même. Par conséquent, il est impossible pour les apprenants de s'approprier ce projet car ils dépendent du formateur et dans ce cas, ils ne peuvent pas apprendre l'autonomie.

* 34 Sciences humaine numéro1996 12 hors série page 6 Thème sur « l'apprenant, le savoir et le formateur »

* 35 Formateur d'adultes. Jean Paul MARTIN, Emile SAVARY. Page 241 Chronique Sociale Lyon 5eme édition 2008 Nombre de page : 363

* 36 RIEUNIER Alain : Préparer un cours, page 12. ESF éditeur, 2e édition, Paris 2004

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote