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Le projet de la "mini-entreprise" répond t-il aux attentes, en termes d'apprentissage, pour ce type de public

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par Michel IGNASIAK
Université de Nancy 2 - Formation Continue - "TFA" Titre de Formateur d'Adultes "DTSU" Diplôme deTechnicien Supèrieur Universitaire 2009
  

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4.3 Description du projet et son guide pédagogique de mise en oeuvre

La mini-entreprise est un projet pédagogique de création d'entreprise, réalisé par un groupe de volontaires accompagnés par leurs enseignants ou formateurs, un parrain et un référent de l'association EPA. Pour réaliser ce projet, EPA a mis à disposition pour les apprenants et pour les formateurs un guide pédagogique qui est un outil d'aide à la mise en oeuvre du projet. En quelque sorte les règles du jeu de la mini-entreprise. Ce guide reprend toute les étapes obligatoires que les apprenants devront respecter. Il comporte 7 étapes majeures. (Annexe 2)

Résumé des étapes :

- 1 Présentation du projet

- 2 Brainstorming

- 3 Etude de marché

- 4 Montage de la mini-entreprise

- 5 Mini-entreprise en activité

- 6 Préparation des championnats

- 7 Bilan

4.4 Mon rôle et mes premières observations dans ce projet en tant stagiaire en formation à l'E2C d'Epinal

Lorsque je suis arrivé sur le lieu de mon stage, ma tutrice avait organisé une réunion avec la formatrice référente et moi-même, afin de me parler du projet de la mini-entreprise. Elle m'expliqua ce qu'est ce projet et ses objectifs. Il est vrai que j'étais au courant de ce projet car lors de mon entretien avec le responsable de pôle, ce dernier m'avait vaguement informé que les E2C mettaient en place un projet, « une pédagogie de projet »t, basé sur la création d'entreprise. A l'époque, il est vrai aussi que je ne savais pas vraiment ce que voulait dire « pédagogie de projet ». Pour ce faire, ma tutrice et la formatrice m'invitèrent donc à prendre connaissance du guide pédagogique et ceci pour en parler plus longuement lors d'une réunion de travail prévue pour le lendemain matin. Le lendemain donc, après les salutations à toute l'équipe et une tasse de café à la main, la réunion, comme prévue la veille, fut engagée. La première question de la part de ma tutrice fut pour moi ; elle me demanda si le projet me paraissait intéressant, et pourquoi ? Je répondis spontanément: « oui, parce que j'avais une longue expérience dans le domaine ». La formatrice me demanda si le produit, que les stagiaires avaient choisi, et ce avant même d'avoir commencé le projet, était viable ? Il s'agissait de tee-shirts sur lesquels figuraient des slogans tels que : « dites non à l'exclusion ! » ou encore : « participez au développement durable pour protéger notre planète ». C'est alors que je demande à mes interlocutrices : « pourquoi ont-ils choisi ce produit et pourquoi veulent-ils y inscrire des slogans ? » La formatrice me répondit simplement que : « les stagiaires ont été influencés par les exemples cités par la responsable de région « Entreprendre pour Apprendre » lors de la réunion d'information au sein de l'école ». Sur le coup, je ne savais pas quoi penser, je préférais attendre la réunion de travail avec les stagiaires pour vérifier leur choix. La réunion se finit à 12h30. Je ressentis à ce moment là, que ma présence était la bienvenue ; car la formatrice m'avoua entre deux portes, avoir une appréhension quant à la mise en oeuvre de ce projet, plutôt ambitieux aux dires de toute l'équipe. Le timing était effectivement très serré, les étapes devaient être rigoureusement respectées, et pour ce faire, le projet aurait dû démarrer en octobre. Mais par manque de temps, il démarra concrètement en novembre 2009, pour finir fin juin 2010 avec le concours National organisé par EPA. La formatrice me confirma que pour participer à ce concours, il fallait d'abord franchir le cap du régional qui se déroulerait à Metz entre les E2C de Lorraine début mai 2010. » Si les stagiaires le gagnent », me dit-elle, « ils pourront aller à Paris disputer le concours National entre les E2C des régions de France ». L'objectif me dit-elle « c'est de réussir et d'emmener les stagiaires d'EPINAL le plus loin possible dans ce projet ». Je crus comprendre, à ce moment là, que « plus loin » voulait dire : « concours ». Elle me dit également que cela tenait à coeur à la direction de la CCI. A ce moment là, je ne mesurais pas encore les enjeux institutionnels. Ce n'était que plus tard, lors de la séquence de travail avec les stagiaires, que je commençais à me poser quelques questions. Car je ressentis profondément un stress de la part de la formatrice et à la façon dont elle parlait aux stagiaires : « Il va falloir maintenant vous bouger, ce n'est pas en faisant les idiots que l'on va créer une société ». Il était vrai que les stagiaires n'écoutaient guère ce que la formatrice disait. Sur le moment, je me disais que c'était normal, j'étais présenté comme stagiaire formateur et parrain de la mini-entreprise, donc des blagues par ci par là, sortaient de la bouche des stagiaires. Du style : « parrain, vous avez oublié nos cadeaux » Ou encore : « parrain elle est où marraine ? » Bref, pas très méchant mais énervant pour la formatrice. Pour ma part, je découvrais l'ambiance agitée des stagiaires de la mini-entreprise.

Finalement, me disais-je, « cela tombe bien que j'arrive au début de ce projet, de cette façon, je pourrai les accompagner jusqu'à la fin de ce projet ». Malgré tout, il était convenu dès le départ avec l'institution que le projet de la mini-entreprise devait être réalisé, non pas en fonction de ma présence au sein de l'école, mais en fonction de l'emploi du temps de la formatrice et celui des stagiaires. Et tout ceci, en tenant compte également de la contrainte d'alternance des apprenants (3 semaines en Centre et 3 semaines en Entreprise). A ma charge de reprendre les étapes auxquelles je n'aurais pas pu assister et de me les approprier afin d'être en phase avec les acteurs du projet et le projet en lui-même.

Je commençai à comprendre désormais d'où venait ce stress de la part de la formatrice : ces 9 mini-entrepreneurs volontaires n'étaient pas tous en stage en même temps. De plus, ils n'étaient pas non plus, dans la même promo. En effet, certains avaient une formatrice référente autre que la formatrice responsable de projet, d'où la difficulté d'être dans le timing et d'organiser ce projet. C'est au bout de la deuxième rencontre avec les stagiaires que je vérifiais mes observations. En effet, ce jour là il s'agissait de mettre en place la mini-entreprise. Par conséquent, la formatrice m'informa qu'il était important de leur lire le contenu de la première étape qui figurait dans le guide pédagogique et qui s'intitulait : « l'engagement du Mini-Entrepreneur ». C'est-à-dire un contrat didactique et pédagogique entre les stagiaires et EPA. Cette première étape consista à faire prendre connaissance aux stagiaires de leur responsabilité concernant ce projet. A ce moment là, la formatrice me dit : « Bon Michel, tu veux leur lire ? » Je lui suggérais qu'il était préférable que l'un des stagiaires commence à lire la première partie du document à haute voix puis un autre la deuxième partie etc... Ce fut fait, mais avec d'énormes difficultés de la part des stagiaires. Je me rendais compte qu'ils avaient pour la majorité beaucoup de mal à lire, chaque phrase était saccadée. De plus, il fallait en permanence expliquer ce que tel ou tel mot voulait dire. J'observais les stagiaires et je me rendais compte également, qu'ils avaient des difficultés de compréhension. La lecture et les explications des quatre documents prescrits se finissaient en fin de matinée. Après quoi, chaque stagiaire apposa sa signature au bas du document « l'engagement du Mini-Entrepreneur ».

Lors de la pause de midi, la formatrice me demanda ce que je pensais de cette matinée. Pour le coup, je lui répondis que je ne m'attendais pas du tout à cela, car je ne savais pas que les stagiaires avaient autant de difficultés à lire et à se concentrer. Elle me répondit : « bienvenue au club ». Je lui souris en lui demandant naïvement pourquoi elle me disait cela ? Elle me répondit que la majorité des stagiaires de l'E2C avait un niveau très bas et qu'ils y auraient certainement des difficultés pour les emmener au terme du projet. J'étais un peu déstabilisé, car elle me disait auparavant qu'il fallait les emmener le plus loin possible dans ce projet. Le professeur de Français était présent à table, elle confirma les dires de la formatrice en disant : « le projet est super, mais je crois qu'avec un niveau CM2, voir 6eme, ils ne vont pas pouvoir tout comprendre ». Ainsi, je lui demandais si je pouvais assister à son cours de français, pour me rendre compte. Elle accepta avec plaisir. Il s'agissait de travailler la conjugaison des verbes du premier groupe, au présent et au passé composé. Par la suite, j'ai pu accompagner le professeur de maths puis une formatrice référente dans un module intitulé : « Ouverture vers l'entreprise ». Ces premières semaines de stage m'ont permis de me questionner sur les stagiaires. En effet, le niveau était très bas, en mathématiques, certains stagiaires de la mini-entreprise réalisaient des additions, des soustractions et des divisions avec d'énormes difficultés. Concernant « l'ouverture vers l'entreprise », je sentais un manque d'intérêt pour ce module. Un jour en cours, il y avait tellement de brouhaha, que j'intervins gentiment en prenant la parole et en demandant aux stagiaires, s'ils se croyaient encore à l'école ? Tous me répondirent que oui. Je demandais pourquoi ? La réponse était : « parce que ça s'appelle l'école de la deuxième chance ». Alors, je leur posais la question suivante : « Avez-vous de bons souvenirs de l'école ? » La réponse était sans hésitation : « non ». Je leur posais la question : « pourquoi ? » Ils me répondirent que l'école n'était pas faite pour eux. J'en conclus que finalement les stagiaires reproduisaient les mêmes schèmes qu'ils avaient vécus lors de leur scolarité. C'est-à-dire, qu'ils ne trouvaient pas de sens « De toute façon, si on est là, c'est parce que on a besoin de tunes » me dit un stagiaire de la mini-entreprise. Naturellement, je tiens à préciser que tous les stagiaires ne réagissent pas comme ça. Certains ne disent rien et se laisse guider, tellement ils sont désorientés.

Au fur et à mesure des étapes du projet, l'ambiance se fit plus électrique entre les stagiaires, certains même avaient abandonné, tandis que d'autres travaillaient sans motivation et sans intérêt. Seuls deux stagiaires s'accrochaient au projet, mais ils éprouvaient de très grandes difficultés quant au suivi des étapes, notamment au niveau administratif. Finalement, je m'apercevais que le groupe n'était pas soudé, le directeur commercial me dit lors d'une séance, qu'il ne désirait pas être à ce poste et qu'il ne comprenait pas tout ce qu'on lui demandait. La directrice financière éprouvait des difficultés pour la comptabilité, car elle manquait de connaissances théoriques. La directrice administrative était désorganisée. Elle oubliait souvent les choses, elle était ailleurs, elle ne comprenait pas à quoi servaient tous ces papiers, me disait-elle souvent. La directrice technique me répétait à chaque séance, qu'elle en avait « marre », que ça ne servait à rien et qu'elle désirait démissionner. Tandis que le PDG, considéré comme bipolaire par le psychologue de l'E2C, était instable et irrégulier dans ce projet. Il avait été choisi comme PDG par le reste du groupe et jouait un rôle décalé. C'est-à-dire, qu'il considérait que c'était les autres qui devaient travailler et lui devait donner les ordres. En observant son attitude, je me dis que les statuts et les rôles de chacun n'avaient peut-être pas été suffisamment explicités. Je me souviens aussi d'une stagiaire, qui me disait : « De toute façon moi je suis ouvrière dans la mini-entreprise, je ne sais rien faire d'autre ». Je lui demandai pourquoi elle pensait ça ? « Parce que tout ma famille, mon père, ma mère sont ouvriers ». Là aussi, je sentis qu'il y avait de sa part une sorte de fatalisme dans son discours. Je compris petit à petit que les stagiaires éprouvaient une souffrance à réaliser ce projet, car il ne faisait pas sens pour eux. La question du sens dans cette situation repose, me semble t-il, sur le fait que les apprenants ne comprennent pas pourquoi ils font ce projet et quelle est son utilité puisque, l'institution a cru tenir compte de leurs besoins sans faire une analyse de la situation et de certains aspects que je détaille ci-dessous : dans « la pédagogie du projet ». (Paragraphe 5.3)

Dans l'ouvrage de Jean Paul MARTIN et Emile SAVARY6(*), les auteurs nous disent que : « si la formation est un changement, chercher à connaître les apprenants, c'est vouloir identifier le point de départ, l'état initial, la culture de ceux qu'il faudra guider vers l'objectif ». Parmi ces informations à recueillir chez l'apprenant, trois sont essentielles selon les auteurs : « les motivations et attentes, les pratiques et les acquis dans le domaine concerné, les représentations du sujet traité ». Les étapes administratives étaient le calvaire des stagiaires mais aussi de la formatrice. Car cette dernière était obligée, quand ce n'était pas moi, de faire une partie du travail à leur place. Ceci pour plusieurs raisons : la première était que les apprenants ne voulaient pas lire et encore moins écrire. La deuxième raison qui justifiait la première, était que les apprenants n'avaient pas le niveau requis pour remplir certaines étapes, comme la comptabilité par exemple. La troisième raison était que la mini-entreprise devait aller à tout prix jusqu'au bout aux yeux de la formatrice, par conséquent, il n'était pas question de prendre du retard sous prétexte que les apprenants n'y arrivaient pas. Et, je ressentis une certaine fierté, légitime à mon sens, de la part de la formatrice à ne pas abandonner le projet ; car une compétition entre les E2C était en jeu. Après ces premières observations et discussions de ce projet collectif avec les stagiaires et la formatrice, je commençais à m'intéresser sur ce qu'était exactement une pédagogie de projet, un projet pédagogique puis un projet. Car il régnait une ambigüité quant à ce qu'était ce projet et sa pédagogie. Je décidais donc de lire des ouvrages tels que « Education permanente » qui traite de ce sujet par le biais d'auteurs spécialistes, tels que VASSILEFF, J.P. BOUTINET. Finalement, après mes recherches, je me rendis compte que le sujet était vaste et complexe. C'est pourquoi, à présent, je décide de faire le point et de l'éclaircir dans ce mémoire.

* 6 Formateur d'adultes. Jean Paul MARTIN, Emile SAVARY. Page 185 Chronique Sociale Lyon 5eme édition 2008 Nombre de page : 363

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille