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Les comportements des élèves du lycée technique de Ouagadougou face au dépistage VIH volontaire

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par Pascal Louis Germain COMPAORE
Université de Ouagadougou - Maà®trise de sociologie 2006
  

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IV-2-1- Croisement de biographie avec un malade du sida

Le contact avec un proche parent malade du sida peut affecter profondément l'élève et en être un déterminant de son comportement. Sylvie (18 ans, catholique, 1ère G1, réticente) a été bouleversée. Elle raconte au sujet de sa tante décédée du sida :

« Elle était chez nous à la maison, puisque quand elle est tombée malade, elle avait des enfants, comme elle ne pouvait pas s'occuper de ses enfants, on a pris une autre personne pour s'occuper de ses enfants ; elle était venue à la maison, il y avait grand-mère puis nous aussi on était là. »

Elle retient de cette expérience vécue avec sa tante malade des images douloureuses des souffrances chroniques :

« C'est grave ! Tu vis avec une maladie, tu sais que coûte que coûte, quel que soit ce que tu vas
faire, tu vas mourir. Et puis, si seulement on meurt ! On sait que tout le monde va mourir un
jour, mais ça dépend de comment tu vas mourir. Si tu mourais simplement sans souffrir ! Tu vas

passer ton temps à traîner, de temps en temps ça va mieux, de temps en temps ça rechute ; tu va maigrir, n'avoir que la peau sur les os comme on aime le dire. C'est trop de souffrances ! »

Mais à côté de ces souffrances, il y a aussi l'expérience de l'impuissance de la médecine face à la mort de sa tante laissant des orphelins. Elle poursuit tristement son discours (au bord des larmes) :

« Les médicaments, elle en prenait beaucoup. Je ne sais pas combien on a dépensé pour ça ? Quand on veut voir les cartons de médicaments qu'on a achetés, c'est trop ! Moi je vois à présent ses enfants, ils sont toujours petits. On les a fait faire le test de dépistage, ils sont séronégatifs mais qu'est-ce qu'ils vont devenir sans la maman à côté. »

Ces mêmes effets du croisement de biographie sont présents chez Amadé (19 ans, musulman, 1ère G2, réticent). En effet, la vision des souffrances et de l'état physique grabataire tout comme la médecine révélée dans son impuissance se relèvent également dans son expérience vécue aux côtés de son oncle malade:

« Il prenait des soins. Il avait vraiment, je peux dire qu'il avait le maximum de soins parce qu'il avait un docteur à sa disposition. Chaque fois il venait. Si c'est les soins,

il a eu les soins. Si c'est les soins qui devaient contribuer au fait qu'il ne mourrait pas, il ne devait pas mourir. Ça je peux le dire ! »

Il tire lui-même la conclusion d'une telle expérience :

« Vraiment, c'est tout ça qui m'a vraiment fait peur ; et puis ça m'a donné comme une leçon aussi. J'ai vu comment la maladie se manifeste. J'ai vu vraiment que c'est une maladie, on sent que tu souffres ; tu es vraiment dans une souffrance, tu traînes, tu ne meures pas vite. Tout ça m'a fait peur. Ça me faisait vraiment peur d'aller faire le test et puis savoir peut-être... »

L'aboutissement donc de l'expérience de tant de souffrances sans issue vitale peut être la peur d'aller au dépistage ou tout simplement aller à la rencontre de ce que l'on connaît par expérience.

Cependant, il peut arriver le contraire. En effet, l'interaction avec un parent malade du sida peut susciter aussi le désir de connaître son statut sérologique. C'est le cas par exemple de Tatiana (17 ans, catholique, terminale G2, adhérente) qui a vécu près de son oncle malade :

« Je vivais avec un oncle qui avait le sida. Il est décédé il n'y a pas longtemps. C'est que, quand quelqu'un a le sida, je l'accepte comme tel. Il était tombé gravement malade, sa femme est décédée, donc il était chez nous à la maison. »

Et comme elle le précise, cela ne l'a pas bouleversée négativement mais l'a emmenée au dépistage :

« Moi ça ne m'a rien dit ! C'est à cause même de tout ça que je suis allée faire mon test. »

Le croisement de biographie entre l'élève et un proche parent malade du sida peut influencer favorablement ou défavorablement son rapport au dépistage.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo