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La contribution de la fao à  la politique de la sécurité alimentaire du Togo

( Télécharger le fichier original )
par Tchein NINKABOU
ENA du Togo - Cycle 3 de l'ENA option: Diplomatie 2009
  

Disponible en mode multipage

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PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE REPUBLIQUE TOGOLAISE

Travail-Liberté-Patrie

MINISTERE DE LA FONCTION PUBLIQUE ET DE LA REFORME ADMINISTRATIVE

ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION BP 64 - Lomé (TOGO)

Email : enatogo@ ids.tg

MEMOIRE

POUR L'OBTENTION DU DIPLOME DE L'ENA CYCLE III OPTION : DIPLOMATIE

LA CONTRIBUTION DE L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE (FAO) A LA POLITIQUE DE SECURITE ALIMENTAIRE AU TOGO

Pr6sent6 et so uten u par : Sous la direction de :

M. NINKABOU Tchein M.WOAKE Koffi O uyi Jean

Ministre Pl6nipotentiaire

des Affaires Etrangares de Classe Exceptionnelle, Consultant

en Relations Internationales, Enseignant a l'ENA

SOMMAIRE

Liste des sigles et abréviations iDédicace ..iiRemerciements ..iiiAvertissement .iv

Introduction ...1

Première Partie : La FAO, ses actions en faveur de la sécurité alimentaire

dans le monde et la situation alimentaire au Togo .5
Chapitre1 : La FAO et ses actions en faveur de la sécurité

alimentaire dans le monde

7

Section 1 : L'historique de la FAO et ses objectifs

.7

Paragraphe1 : L'historique de la FAO

.7

Paragraphe 2 : Les objectifs de la FAO .

10

Section 2 : La FAO, face à l'état de l'insécurité alimentaire dans le monde

12

Paragraphe1 :L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde

...13

Paragraphe 2 : Les actions de la FAO pour l'éradication du fléau de la faim.

..17

Chapitre 2 : La situation alimentaire duTogo

22

Section 1 : L'évolution de la production alimentaire et

l'insécurité alimentaire au Togo

22

Paragraphe 1 : Les atouts de la production alimentaire et sa situation au Togo

22

Paragraphe 2 : L'insécurité alimentaire au Togo

...25

Section 2: Les actions relatives à la politique agricole et à

la sécurité alimentaire au Togo

31

Paragraphe 1 : Les politiques, les programmes et le cadre institutionnel des services agricoles

.31

Paragraphe 2 : Le renforcement des capacités des producteurs et

l'aménagement des infrastructures agricoles 34

Deuxième Partie : L'apport de la FAO à la politique

de la sécurité alimentaire au Togo .37

Chapitre 1 : Les efforts de la FAO au développement du secteur agricole au Togo...39

Section 1 : Les modalités d'intervention 39

Paragraphe1 : La demande du gouvernement togolais et l'élaboration

de projets et l'accord de siège ..39

Paragraphe2 : Le financement et l'exécution des projets .40

Section2 : Le développement agricole et l'éducation des populations rurales comme option stratégique de la FAO pour parvenir à

la sécurité alimentaire au Togo .42

Paragraphe 1 : Les activités de la FAO dans les domaines agricole et forestier 42

Paragraphe2 : La formation et l'éducation des populations rurales 47

Chapitre 2 : Le bilan des activités de la FAO et les approches de solutions

pour une sécurité alimentaire durable au Togo .51

Section 1 : Le bilan des activités de la FAO au Togo 51

Paragraphe1 : La contribution de la FAO au développement

socio-économique au Togo ...51

Paragraphe2 : Les facteurs limitatifs aux activités de la FAO au Togo et

la nécessité de sa réforme 55

Section2 : Les nouvelles approches pour une sécurité alimentaire durable au Togo..58 Paragraphe1 : Réduire l'extrême pauvreté et la faim à travers les

Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) 58

Paragraphe 2 : La nécessité pour les acteurs du développement social

de mener une nouvelle politique agricole ..61

4
INTRODUCTION

La sécurité alimentaire est une préoccupation universelle depuis la Conférence Mondiale de l'Alimentation de 19741, qui a eu lieu alors que les disponibilités mondiales en vivres étaient trop justes et que de vastes disettes et famines paraissaient imminentes.

En réponse à cette crise sous-jacente, des organismes tels que le Conseil Mondial de l'Alimentation, le Comité de la FAO sur la sécurité alimentaire mondiale avec son programme d'assistance et le Comité des politiques et programmes d'aide alimentaire ont été créés. Leurs activités visaient à augmenter la production agricole nationale et à créer des réserves internationales de céréales. La situation alimentaire était identifiée en fonction des cours mondiaux des denrées alimentaires et de leur disponibilité, plutôt que selon la demande et la consommation des populations pauvres ou des groupes vulnérables sur le plan nutritionnel.

C'est justement dans ce contexte qu'au séminaire national pour la campagne de la production agricole au Togo, le chef d'Etat d'alors, feu Général Gnassingbé Eyadéma déclarait en mars 1977 : « il est essentiel que dans un avenir proche, tous les Togolais mangent à leur faim. Si nous arrivons à ce résultat dans les cinq prochaines années, nous aurons accompli une oeuvre gigantesque. Nous voulons entendre par là que, dans

cinq ans, tous les Togolais puissent disposer, à tout moment et en tout lieu, en quantitéet qualité, des biens alimentaires par eux-mêmes et pour eux-mêmes2 ».

Dès lors, l'agriculture devint la priorité des priorités dans la politique de développement du pays. Plusieurs raisons justifient ce choix stratégique fondamental.

D'abord l'expérience a montré qu'au cours de ces vingt dernières années le décollage économique d'un pays en développement ne peut avoir lieu sans une agriculture vigoureuse intégrée comme secteur moteur dans une politique de développement global et capable de dégager des surplus pour financer les autres secteurs3.

Ensuite l'agriculture togolaise est sous-productive, elle fait vivre 80 à 85% de la population mais ne participe pas efficacement à la richesse nationale. Les abondantes terres fertiles du pays demeurant largement inexploitées.

Enfin il faut souligner qu'après les phosphates, l'agriculture constituait le second pilier de l'économie togolaise dans les années 1980. Ainsi le développement de l'agriculture considérée comme élément dynamique du développement ne pouvait être que prioritaire pour le gouvernement togolais.

La progression des investissements affectés à ce secteur par les plans de développement4 exprime toute l'importance que revêt, aux yeux du gouvernement, la nouvelle politique agricole. Signalons que la plupart des pays en développement ont

1 - Agriculture, alimentation et nutrition en Afrique ; FAO, Rome, 2002, p. 51.

2 - Déclaration résumant la nouvelle politique agricole du Togo.

3 - ANNUAIRE ECONOMIQUE OFFICIEL : 1982-1983, p. 65.

4 - Plan du développement économique et social, 1981-1985, élaboré par le Ministère du plan et de la réforme Administrative 270 p.

de multiples problèmes notamment économiques et socio-culturels. Ils n'ont pas en général les moyens de leur politique agricole.

Le Togo n'est pas également à l'abri de ces problèmes. Il subit impitoyablement et avec peu de moyens, les hostilités qui lui sont imposées par diverses calamités.

Face à cette situation désolante, le Togo a besoin, pour sa promotion socioéconomique, du soutien des organismes pouvant lui permettre de trouver des solutions à ses problèmes. Il s'agit, outre les efforts du Gouvernement, des apports des Organisations Non Gouvernementales (ONG) et ceux des Institutions Internationales.

En effet, l'une des Organisations Internationales ayant oeuvré pour la politique agricole au Togo est l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO).

Le développement économique étant considéré comme le moyen le plus efficace pour réduire la faim, d'autres Organisations du système des Nations Unies qui combattent la faim disposent d'importants programmes sociaux pour améliorer la sécurité alimentaire des catégories les plus pauvres de la population, en particulier celles des régions rurales1.

Ainsi depuis sa création en 1945, la FAO s'efforce de réduire la pauvreté et la faim en encourageant le développement agricole, l'amélioration de la nutrition et la recherche de la sécurité alimentaire, l'accès de tous et à tout moment à une alimentation suffisante pour mener une vie saine et active.

C'est à travers cette forme d'assistance que la FAO intervient au Togo depuis le 25 juin 19802.

C'est en vue d'apprécier la contribution de cette assistance continue vis-à-vis du Togo que nous avons choisi de mener notre étude autour du thème :

« La contribution de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture(FAO) à la politique de sécurité alimentaire au Togo ».

Ce thème suscite un intérêt particulier du fait des changements climatiques et des problèmes relatifs à l'alimentation observés dans le monde de nos jours remettant ainsi naturellement en cause l'approche proposée par la FAO.

En effet, dans la panoplie des questions majeures qui préoccupent l'humanité en ce début du XXIè siècle, s'inscrit en premier rang le problème alimentaire tel que mentionné par les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Depuis sa création la FAO a toujours évoqué le concept de « sécurité alimentaire ».

Généralement, les débats sur la sécurité alimentaire selon le rapport de la situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture recouvrent quatre dimensions :

1- Les ABC des Nations Unies, New York, 1998, p. 179.

2 -Date à partir de laquelle la FAO a obtenu l'Accord de siège au Togo

La disponibilité alimentaire est déterminée par la production domestique, la capacité d'importation, l'existence de stocks de denrées et l'aide alimentaire.

L'accès à l'alimentation dépend des niveaux de pauvreté, du pouvoir d'achat des ménages, des prix ainsi que de l'existence d'infrastructures de transport et de marché et de système de distribution alimentaire.

La stabilité de l'offre et de l'accès peut être affectée par les conditions météorologiques, les fluctuations de prix, les catastrophes d'origine anthropique et divers facteurs politiques et économiques.

Une utilisation saine et sûre des aliments dépend des soins et des pratiques alimentaires, de la sécurité sanitaire des denrées et de leur qualité, de l'accès à l'eau propre, des conditions sanitaires et d'hygiène1.

Ainsi, selon les termes du plan d'action du Sommet Mondial de l'Alimentation « La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active2 ».

Il faut aussi remarquer que plusieurs variables dépendent de l'alimentation, notamment la famine, l'hygiène et l'insécurité alimentaires.

La « famine » choisie ici comme variable dépendante trouve sa raison dans le fait qu'elle constitue le noyau de notre étude. Absente dans presque tous les ménages à une certaine période de l'année, elle s'installe pendant la période de soudure. Cette situation de déséquilibre intervient momentanément dans les milieux ruraux à forte dominance paysanne et affecte d'une manière ou d'une autre les milieux urbains.

Il faut signaler que « l'hygiène alimentaire » nous permet de vérifier la qualité des repas, étant donné que l'abondance de nourriture n'est pas synonyme de sécurité alimentaire. La sécurité alimentaire n'est pas seulement la quantité mais aussi la qualité et cette dernière commence surtout par l'hygiène alimentaire.

En ce qui concerne « l'insécurité alimentaire », retenons que c'est une situation caractérisée par le fait que la population n'ait pas accès à une quantité suffisante d'aliments sans danger et nutritifs pour avoir une croissance et un développement normaux, être en bonne santé et mener une vie active. L'insécurité alimentaire peut être due à l'insuffisance de la disponibilité alimentaire, à l'insuffisance du pouvoir d'achat, à des problèmes de distribution ou l'inadéquation de la consommation alimentaire à l'échelon des familles.

L'insécurité alimentaire, les mauvaises conditions d'hygiène et d'assainissement et l'inadaptation des pratiques de soins alimentaires sont les principales causes des problèmes nutritionnels. L'insécurité alimentaire peut être chronique, saisonnière ou temporaire.

1- La Situation Mondiale de l'Alimentation et de l'Agriculture 2008, Rome, FAO, p. 84.

2- Sommet Mondial de l'Alimentation, Rome, FAO: 1996.

A travers ce thème nous nous proposons d'examiner les actions menées par la FAO en faveur de la sécurité alimentaire dans le monde en général et au Togo en particulier. Nous visons par cette étude à faire l'état des lieux de la coopération entre la FAO et le Togo et à faire ressortir l'importance des réalisations de cette Institution.

Ce thème s'inscrit également dans le contexte des déséquilibres relatifs à la flambée des prix des produits de base. Cette flambée trouve son explication dans le changement climatique et l'augmentation des prix des produits pétroliers.

Eu égard à ces différentes préoccupations, plusieurs réflexions peuvent être faites à travers cette question.

La FAO contribue-t-elle réellement à la politique de sécurité alimentaire du Togo ? Cette question suscite à son tour plusieurs interrogations qui reviennent à l'esprit chaque fois que l'on mène une réflexion sur les réalisations de la FAO et l'état d'insécurité alimentaire dans lequel se trouve le Togo.

D'abord, quel est l'impact de l'assistance de la FAO sur la situation alimentaire du Togo ?

Ensuite, quelle peut être, dans un monde en mutation la meilleure forme de coopération entre la FAO et le Togo face à la persistance de l'insécurité alimentaire ?

Enfin, quelle serait la politique alimentaire à mettre en oeuvre au Togo afin de le sortir de l'insécurité alimentaire ?

Pour y répondre, il serait judicieux de retracer d'abord les actions de la FAO en faveur de la sécurité alimentaire dans le monde ; ensuite l'évolution de la situation alimentaire au Togo et enfin s'interroger sur les réalisations de cette institution au Togo.

Notre travail consistera à préciser, dans une Première Partie, les objectifs de la FAO face à l'état de l'insécurité alimentaire dans le monde et la situation alimentaire au Togo. Dans une Deuxième Partie, nous analyserons d'une part, l'assistance apportée par la FAO pour la sécurité alimentaire, son bilan et d'autre part, nous insisterons sur la nécessité de propositions d'approches de solutions pour une sécurité alimentaire durable au Togo.

PREMIERE PARTIE

LA FAO, SES ACTIONS EN FAVEUR DE LA SECURITE
ALIMENTAIRE DANS LE MONDE ET LA SITUATION
ALIMENTAIRE AU TOGO.

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture a été créée en 1945 dans le but d'améliorer l'état nutritionnel, le niveau de vie, la productivité agricole et la condition des masses rurales dans le Monde

Elle devient de facto une Organisation ambitieuse qui doit remplir une mission capitale, celle de faire disparaître la faim de la surface du globe en favorisant le développement de l'agriculture.

Elle a également pour vocation de promouvoir l'agriculture, la nutrition, la foresterie, la pêche, le développement rural et de faciliter la réalisation de l'Objectif du Sommet mondial de l'alimentation consistant à éradiquer la faim où qu'elle se trouve.

Elle sert de centre mondial d'informations et de connaissances sur l'alimentation et l'agriculture, ainsi que d'instance vouée à la négociation des politiques et la formulation d'accords entre les nations. Son travail dans ces domaines, sur l'établissement de normes et la fourniture de biens publics mondiaux, vient étayer et compléter les activités visant à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

Dans cette première partie nous essayerons de faire ressortir les actions menées par la FAO en faveur de la sécurité alimentaire dans le monde (Chapitre I) et la situation alimentaire du Togo (Chapitre II).

CHAPITRE I : LA FAO ET SES ACTIONS EN FAVEUR DE LA SECURITE ALIMENTAIRE DANS LE MONDE.

La FAO est héritière de l'ensemble des Institutions Internationales en faveur de l'agriculture, dont la plus importante est l'Institut International d'Agriculture (IIA). Cependant la FAO est loin d'être une simple synthèse de ces mouvements. Elle veut porter au plus haut point la lutte pour l'épanouissement de l'alimentation et de l'agriculture mondiale.

Envisager l'étude des actions menées par la FAO en faveur de la sécurité alimentaire revient d'une part à retracer son histoire et ses objectifs (section 1) et d'autre part, à faire un aperçu de la situation d'insécurité alimentaire et les initiatives de celle-ci à éradiquer la faim (section 2).

Section 1 : L'historique de la FAO et ses objectifs.

Rechercher les origines de la FAO, c'est retrouver sa première esquisse qui est l'Institut International de l'Agriculture. C'est également se replonger dans les circonstances lointaines et immédiates qui ont conduit à l'élaboration d'une telle Organisation. Cette section fera l'objet de l'historique (paragraphe1) et des objectifs (paragraphe 2) de la FAO.

Paragraphe1 : L'historique de la FAO.

La FAO n'est pas une Institution internationale qui est née brusquement après la seconde guerre mondiale. Celle-ci tire ses fondements et une grande partie de son idéal des rêves de David Lubin1, principal promoteur de l'Institut International de l'Agriculture. L'analyse de l'IIA montre combien la FAO lui est redevable et permet de mieux cerner ses origines véritables (A) et son évolution (B) à travers le temps.

A- Les origines de l'Institution.

L'idée d'améliorer le sort de l'agriculture par la coopération internationale n'est pas récente. La mise en place de l'IIA est la première tentative dans ce sens. En effet, le principe de création d'un organisme international chargé de l'alimentation et de l'agriculture tire ses fondements de l'IIA2. Il fallait définir plus précisément les fondements de l'organisation.

Il faut signaler que l'Assemblée Générale de la Société des Nations (SDN) admit officiellement l'existence d'un lien entre la nutrition, la santé et l'agriculture.

Cependant il fallait attendre la Conférence de Hot Springs en Virginie (Etats-Unis d'Amérique) pour que soient posés les jalons de cette Institution s'occupant plus sérieusement des problèmes de l'alimentation et de l'agriculture. La FAO vit le jour le 16 octobre 1945. Cette naissance est le produit d'un long processus.

1- David Lubin : 1849-1919, Hommage, FAO, octobre 1969.

2- L'Institut International d'Agriculture est fondé à Rome le 7 juin 1905 et dissous en 1944 à la suite de la seconde guerre mondiale.

A la première session de la Conférence de la FAO1 il y a été décidé de faire de la FAO une Institution spécialisée des Nations Unies et Washington a été retenu comme son siège temporaire.

Après une seconde conférence en 1950 à New York aux Etats-Unis, la FAO en 1951 apporta une assistance technique à une quarantaine de pays, fit appel à quelques deux cent soixante dix (270) spécialistes venant de trente deux (32) pays. Le siège de l'Organisation est transféré de Washington à Rome. Dès lors, soixante-huit (68) pays en sont membres.

Le 1er juillet 1960 a été lancée la Campagne Mondiale Contre la Faim (C.M.C.F.). Depuis lors, des comités nationaux, avec l'aide des ONG, exécutent des programmes d'éducation et d'information destinés à mobiliser l'opinion publique.

En vue d'aider la FAO dans sa tâche, l'Organisation des Nations Unies (ONU) a créé en 1962 le Programme Alimentaire Mondial (PAM) dont le rôle est d'organiser des enquêtes sur l'alimentation. Du 4 au 8 juin 1963 à Washington, le premier congrès de la C.M.C.F. réunit mille trois cent (1300) délégués venus de cent sept pays et de soixante-cinq (65) ONG. La FAO y est invitée à préparer le «plan indicatif mondial » pour le développement de l'agriculture qui s'efforce d'analyser les grands problèmes que posera l'agriculture mondiale dans les années à venir et d'indiquer dans quelles directions devront porter les efforts nationaux et internationaux pour les résoudre.

Au deuxième congrès mondial de l'alimentation, tenu du 16 au 30 juin 1970 à la Hayes (Pays-Bas), il est demandé aux organismes gouvernementaux d'accroître les ressources destinées au développement des pays pauvres.

La Conférence des Nations Unies sur l'Environnement, tenue du 5 au 16 juin 1972 à Stockholm (Suède), confia à la FAO la mission d'effectuer les études et de lancer une action afin de protéger les ressources agricoles, forestières, halieutiques et autres, de veiller à ce qu'elles soient rationnellement utilisées au profit de l'humanité. Ainsi la FAO va connaître une évolution spectaculaire due au fait que le problème alimentaire devenait une préoccupation de l'humanité.

B- L'évolution de la FAO

Des décombres de l'IIA naquit la FAO qui en héritait les fonctions et les biens. L'objectif qu'elle s'est assignée était d'aller plus loin et d'être plus efficace que son prédécesseur l'IIA2

La crise agricole a été une étape capitale dans le renouvellement du secteur primaire. Elle a obligé les dirigeants à inventer à ce propos d'autres politiques et à se concerter pour une alliance inédite entre les secteurs de la santé et de l'agriculture.

1- Cette Conférence s'est tenue du 16 octobre au 1er novembre 1945 au Québec capitale du Canada.

2- SOUDJAY Soulaimane : 1996, la FAO, Thèse, Ed. L'Harmattan, p.37

La famine et la malnutrition se répandaient à grande vitesse. Des équipes de nutritionnistes recommandèrent vivement aux familles d'utiliser au mieux les quelques denrées alimentaires qu'elles avaient pu se procurer. A leur intention, aux Etats-Unis par exemple, les nutritionnistes proposaient des menus types, avec un coefficient nutritif suffisant afin de lutter contre la malnutrition et ses conséquences néfastes sur le plan sanitaire.

C'est dans cette atmosphère générale que peu à peu s'est imposée l'idée selon laquelle désormais il fallait relier la santé par le biais de la nutrition à l'agriculture.

Le renforcement des notions de santé publique et de nutrition depuis la fin du XIXème siècle a permis au même titre que la crise agricole l'éclosion de l'idée d'une alliance entre la santé et l'agriculture1.

Il était impossible d'ignorer le rôle immense joué par une alimentation suffisante et équilibrée dans le maintien d'une bonne santé des individus.

La proposition « Marier la santé et l'agriculture » était lancée par le Haut Commissaire, S. Bruce et ses conseillers à la suite d'une série d'observations2.

Les enquêtes en matière de nutrition ont révélé un fait indéniable : la majeure partie de la population mondiale a une alimentation déséquilibrée. Cela a pour conséquence de rendre la personne humaine fragile, sujette à des maladies. Il fallait pallier cette carence.

Chaque Etat devait prendre à cet égard ses responsabilités afin d'aboutir à une meilleure consommation alimentaire tant quantitativement que qualitativement. De telles mesures relanceraient et permettraient de résoudre le problème des excédents agricoles.

Ainsi, le paradoxe du surplus agricole d'un côté et de la malnutrition de l'autre disparaîtrait. Par ricochet une amélioration de la situation agricole concourrait au règlement de la crise économique générale.

Pour parvenir à briser le cercle vicieux dans lequel se trouvait l'agriculture, il fallait oser une optique nouvelle : instaurer une politique alimentaire, instituer des crédits agricoles, rechercher l'intérêt du consommateur et du producteur, relancer la demande globale particulièrement celle des produits agricoles.

Seuls les pouvoirs publics pouvaient venir à bout d'un tel chantier. D'où un appel pressant aux Etats et aux Organisations interétatiques.

La passivité de l'IIA, la crise agricole, et la découverte de la primordialité du rôle de l'alimentation dans la santé étaient des facteurs justificatifs pour créer une grande Organisation en charge des affaires agricoles.

1- Doc. N°71, 1935II, Rapport de la deuxième commission à l'assemblée, Résolution n°4

2- Discours prononcé par Stanley Bruce devant l'assemblée de la SDN le 11 Septembre 1935, dans The Mc Dougall memoranda some documents relating to the origins of FAO and the contribution made by FranckL. Mc Dougall, FAO, Rome, 1956, p. 18.

C'est pourquoi l'avènement de la FAO devenait une réalité. Ce fut une conférence internationale qui lança l'IIA. Ce fut également une autre qui imagina les structures de base et définit l'orientation de la nouvelle Organisation internationale spécialisée dans les domaines alimentaire et agricole : la FAO.

En fait, quels pouvaient être les objectifs d'une telle Organisation onusienne ? Paragraphe 2 : Les objectifs de la FAO

L'alimentation a toujours été le talon d'Achille des pays d'où sans doute leur volonté d'adhérer à une organisation mondiale de l'agriculture afin de conserver toute latitude pour agir selon les intérêts du moment, de leur agriculture et de leurs consommateurs. Ainsi les fondateurs de cette institution se sont fixés des finalités (A) à atteindre et des préoccupations à travers le temps (B).

C'est de cette volonté collective que la FAO a pu voir officiellement le jour et s'est consacrée aux buts qui lui ont été assignés.

A- Les finalités de la FAO selon ses fondateurs.

La fin de la deuxième guerre mondiale permit aux élaborateurs de la future Organisation de dresser un bilan global de la situation agricole et alimentaire. Ce fut aussi l'occasion pour eux de formuler les idéaux que défend la FAO.

La réalité alimentaire et agricole de l'immédiat après guerre était désastreuse. La majorité de la population mondiale souffrait d'une sous-alimentation, voire de famine, et ce, même dans les pays industrialisés1.

Sur le plan de la production agricole régnait un véritable marasme. Désorganisée par la crise, l'agriculture était durablement touchée par la deuxième guerre mondiale.

La disette sévissait un peu partout. C'est dans ce contexte que la FAO allait définir et préciser ses idéaux.

Concernant ces idéaux, il faut souligner que dès les travaux préliminaires, les fondateurs de l'Organisation firent le pari de l'imagination. Cet appel à l'imagination collective était relayé par le grand optimisme affiché par la plupart des concepteurs de l'Organisation. Selon leurs prévisions, famines et disettes doivent disparaître au bout d'une génération. La science permettrait en effet à l'agriculture d'accomplir des grands progrès pour qu'à terme, on assiste à un accroissement de la production agricole.

En matière d'alimentation et d'agriculture également, les fondateurs de la FAO ont assigné à l'organisation des objectifs à atteindre.

Sur le plan alimentaire, le préambule de l'acte constitutif affirme avec insistance la volonté d'élever le niveau de nutrition et des conditions de vie des populations. Le

1- SOUDJAY Soulaimane : op. cit, p. 48.

préambule poursuit en soulignant son souhait d'améliorer le rendement de la production et l'efficacité de la répartition de tous les produits alimentaires agricoles.

Il faut également noter que les fondateurs de la FAO avaient une ambition, celle de la construction d'un monde meilleur. Cette généreuse ambition était à son tour au service d'un grand idéal : l'avènement d'une paix durable et d'un monde juste parce que meilleur. Aujourd'hui ce qui frappe l'observateur, c'est l'idéalisme des précurseurs et des fondateurs de la FAO.

Ainsi le premier d'entre eux, David Lubin rêvait de faire de L'IIA, le pivot d'une organisation mondiale de la paix.

Quant à Roosevelt, le promoteur de la conférence de Hot-Springs, il déclarait dans son discours de clôture : « Voici comment nous pouvons préciser simplement notre objectif : bâtir pour nous, pour tous les hommes, un monde où chaque être humain ait une chance de vivre des jours de paix, de travailler utilement, en gagnant au moins assez pour pourvoir à ses besoins et à ceux de sa famille, de s'associer avec les amis de son choix1 ».

Le souci des concepteurs de la FAO déterminait dès lors les préoccupations de celleci à travers le temps.

B- Les préoccupations de la FAO à travers le temps

Le rôle de la FAO est multiple et s'attache à lutter contre les fléaux qui sévissent en matière d'alimentation.

Les activités de la FAO ont évolué avec le temps et ont varié selon la situation alimentaire mondiale.

Dans les années 1945 les activités de la FAO tentaient à :

- élever le niveau de nutrition et les conditions de vie des populations des pays du tiers monde ;

- améliorer le rendement de la production et l'efficacité de la répartition de tous les produits alimentaires et agricoles, y compris les produits de pêches, d'élevages et de forêts ;

- encourager la participation populaire au développement rural ;

- contribuer à l'expansion de l'économie mondiale et à l'élimination de la faim dans le monde.2

La conception primaire du développement de la FAO apparaît de plus en plus inadaptée aux temps nouveaux. Elle est rendue possible par la redistribution des données géopolitiques. Durant les années soixante, la FAO a accueilli de nombreux Etats indépendants qui l'ont obligée à revoir son programme sur le développement.

1- La conférence des Nation -Unies à Hot-Springs sur le ravitaillement et l'agriculture dans le document der la semaine, du 15 mars 1945, les services américains d'information, section de presse, p. 10.

2- LARE BAMA : L'action de l'ONU pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) pour la promotion du développement socioéconomique dans les pays du 1/3 Monde : cas du Togo ; Mémoire, 1983, p. 4.

Jusqu'alors la FAO n'avait été que studieuse et charitable. Or, pour résoudre le problème du développement dont on entrevoyait à peine la complexité, il fallait une politique autrement plus téméraire.

Invité à prononcer un discours lors de la conférence Mc Dougall 1 de 1963, Julius Nyerere, premier magistrat de Tanganyka, actuelle Tanzanie exprimait « la charité lorsqu'elle nous aide à nous tirer d'affaire nous-mêmes, a une valeur estimable, et la conservera quoiqu'il advienne du reste (...), toutefois, nous devons bien admettre que la FAO a été créée avec des buts plus élevés (...). Elle devait améliorer la condition des populations rurales et contribuer ainsi à l'expansion de l'économie mondiale ».

Ces préoccupations proposent, l'instauration d'un tout autre droit qui prendrait en considération les problèmes économiques des pays en développement et qui oeuvrerait à l'élimination du trop grand écart entre ces derniers et les pays industrialisés.

Face à ces bouleversements, la FAO ne pouvait pas réagir si elle voulait garder sa crédibilité et rattraper le temps perdu. Une remise en question s'avérait donc indispensable d'autant plus que les grands déséquilibres alimentaires, soulignaient avec une dramatique acuité les limites de la stratégie de développement agricole qu'elle avait déployée jusque là.

La grande famine qui s'était abattue au Sahel entre 1973 et 1975 s'inscrivait dans une crise agro-alimentaire mondiale qu'elle-même se greffait sur la crise économique générale de l'après premier choc pétrolier. Depuis la fin des années soixante, la situation météorologique internationale se révéla catastrophique du point de vue agricole. Les récoltes furent désastreuses. La production céréalière chuta rapidement tandis que les prix alimentaires ne cessaient de grimper.2

La FAO accueille à Rome en 1973 la conférence mondiale de l'alimentation placée sous le haut patronage de l'ONU. Au cours de cette conférence, une nouvelle orientation a été donnée à la FAO. Ainsi depuis les années 70 jusqu'à nos jours, les efforts de l'institution se réduisent à l'étude des principaux problèmes communs aux pays en développement et qui se posent dans les domaines de la production végétale et animale.

Section 2 : La FAO, face à l'état de l'insécurité alimentaire dans le monde.

Pour atteindre les objectifs qui lui sont assignés dans le domaine de l'alimentation et de la nutrition, la FAO agit dans un cadre bien défini.

Elle étudie et présente l'état de l'insécurité alimentaire dans le monde (paragraphe1) et mène des actions adéquates pour l'éradication du fléau de la faim (paragraphe2).

1- En hommage aux deux mémoires de Franck Mc Dougall en 1935 le 1er un mémorandum sur "les problèmes agricoles et sanitaires" et le deuxième "Draft mémorandum on a united nations program for want and food" et leur impact sur l'avènement et l'évolution de la FAO, cette dernière a institué les conférences Mac Dougall où d'éminents spécialistes et des acteurs du développement viennent apporter leurs contributions intellectuelles et proposer des orientations à l'Organisation.

2- Introduction du directeur général au programme de travail et budget, in Programme et budget pour 1974-1975, FAO, Juillet 1973.

Paragraphe 1 :L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde.

Pour montrer l'imminence des problèmes alimentaires dans le monde, la FAO s'évertue à présenter la situation de la sous-alimentation dans le monde (A) à travers des données statistiques et les facteurs générateurs (B) de cette situation.

A- La sous-alimentation dans le monde.

Le décompte des personnes souffrant de la faim est une tendance à long terme dans les pays en développement.

Selon les estimations des années 2000 de la FAO, on dénombre qu'entre 1997et 1999 à travers le monde, 815 Millions de personnes sont sous-alimentées,dont 777 Millions dans les pays en développement, 27 Millions dans les pays en transition et 11 Millions dans les pays industrialisés1.

Ainsi les dernières estimations de 2008 du PAM évaluent le nombre de personnes souffrant de la faim à 830 millions qui atteindra 1milliard en 2009.

Le Sommet mondial de l'alimentation en 1996 et le Sommet du Millénaire en 2000 ont tous deux fixé comme objectif une réduction de moitié de la faim entre 1990, période de référence, et 2015. Si la date prévue approche, l'objectif, lui demeure élusif.

En dépit des avancées concernant la réalisation de la cible des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), c'est-à-dire la réduction de moitié des victimes de la faim, il faudra intensifier les progrès pour atteindre l'objectif fixé pour 20152.

La réalisation de l'objectif du Sommet Mondial pour l'Alimentation (SMA) a ramené de 800 millions à 400 millions le nombre absolu de personnes souffrant de la faim. La population mondiale devrait augmenter d'environ deux milliards entre la période de référence (1990-1992) et 2015. En conséquence, même, si cette population accrue de personnes sous-alimentées est réduite de moitié, près de 600 millions de personnes continuent de souffrir chroniquement de la faim dans les pays en développement.

Pour atteindre la cible de 400 millions fixée par le SMA, il faudrait réduire la proportion des victimes de la faim non de moitié, mais des deux tiers. Il faut remarquer que la population sous-alimentée se repartit inégalement au niveau régional, de même que des progrès pour la réalisation des OMD.

1- Les estimations de la FAO font l'objet d'une révision annuelle à la mesure que parviennent de nouvelles informations

2- La sous-alimentation dans le monde, FAO, Rome, pp. 6-7

Diagramme n°1 : Population sous-alimentée, par Région 2001-2003 (en millions)dans le Monde.

Asie du Sud-Est 65

Afrique du Sud
300

Asie de l'Est 160

Amérique Latine
et Caraibe 52

Proche-Orient et

Afrique du Nord 38 Afrique

subsaharienne 206

Pays développés à
économie de
marché 9

Economie en
transition 25

Source : FAO

Parmi toutes les régions en développement, seule la région Amérique Latine et Caraïbes est parvenue à réduire la prévalence de la faim assez rapidement depuis 1990 pour atteindre la cible des OMD à condition que la cadence actuelle soit maintenue.

La région Asie Pacifique a elle aussi de bonnes chances d'y parvenir si le rythme des progrès peut être légèrement intensifié dans les années à venir.

Au Proche-Orient et en Afrique du Nord en revanche, la prévalence de la faim est faible, mais elle augmente plutôt que de diminuer. Pour atteindre cet objectif, la région devra inverser la tendance à la hausse enregistrée durant la dernière décennie.

En Afrique Subsaharienne, la prévalence de la sous-alimentation a légèrement fléchie bien que le rythme des progrès se soit accéléré dans les années 90. Pour atteindre la cible des OMD, la région devra considérablement intensifier son action.

Si l'on regroupe les pays sur la base de la prévalence actuelle de la sous-alimentation, on constate que c'est là où la faim est plus répandue que les progrès ont été les plus lents. La prévalence de la sous-alimentation augmente ou reste globalement inchangée dans les pays en développement. Près d'un milliard d'êtres humains souffrent de la faim1 .

L'estimation de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) de la fin de l'année 2008 est de 963 millions d'êtres humains souffrant de la faim. En deux ans, le chiffre a augmenté de 110 millions, dû principalement à l'envolée des prix des matières agricoles.

1- MARIE-BEATRICE Baudet : La pédagogie de la catastrophe ; Bilan du monde, 2008, p. 21.

Après des années de baisse ou de stabilité de la sous-alimentation, les chiffres sont à la hausse, sapant ainsi les efforts accomplis et retardant les chances d'atteindre les OMD qui visent à réduire de moitié la faim dans le monde d'ici à 2015.

Il faut souligner que, si dans ces derniers jours la colère est venue des grandes villes d'Asie et d'Afrique, où les habitants ont manifesté contre la hausse des prix des denrées, c'est surtout dans les zones rurales, voire chez les paysans que la situation est catastrophique. Cette situation peut encore atteindre jusqu'à 90% dans les pays en développement. L'Inde, la Chine, la République Démocratique du Congo, le Bangladesh, le Pakistan, l'Indonésie et l'Ethiopie comptent à eux seuls 65% des personnes souffrant de la sous-alimentation1.

Le problème alimentaire est loin d'être réglé. Si au Sommet de la FAO, à Rome en juin 2008, la Communauté internationale est arrivée à se mettre d'accord sur la nécessité d'investir dans l'agriculture, secteur délaissé depuis vingt ans, les promesses de dons n'ont pas été tenues. La hausse des prix n'a pas été transformée en opportunité pour les agriculteurs des pays pauvres, comme l'aurait souhaitée la FAO.

Désormais, la crise financière et économique risque d'aggraver la situation alimentaire mondiale. Elle pourrait réduire les montants d'aides humanitaires d'urgence, et les possibilités pour les paysans d'emprunter pour acheter les semences et les engrais. Cette situation réduit donc leurs capacités de production aggravant ainsi les risques de déficits alimentaires dans le monde.

B- Quelques zones critiques de la faim : les effets complexes des catastrophes naturelles

Si les causes sont complexes, la tendance est claire les catastrophes naturelles sont plus fréquentes, plus meurtrières et plus coûteuses, comme l'atteste cette simple mesure. Les pertes annuelles moyennes imputables aux ouragans, aux sécheresses, aux séismes et autres catastrophes naturelles pendant les années 90 sont neuf fois plus importantes qu'il y a 30 ans de cela.

L'impact des catastrophes naturelles est bien plus considérable sur les pays pauvres que sur les pays riches, tant en termes absolus que relatifs. Les populations des pays en développement peuvent rarement se réinstaller loin des zones fréquemment touchées par les catastrophes, ou renforcer leurs habitations et leurs exploitations. Leurs infrastructures et leurs économies sont généralement moins diversifiées et plus fragiles, de sorte qu'une catastrophe naturelle peut retarder l'ensemble du processus de développement.

Les catastrophes naturelles peuvent également détériorer la sécurité alimentaire de manière inégale et complexe. Leur impact sur les groupes et les communautés varie en fonction des lieux d'implantation, de la profession, du statut social, des divisions économiques, politiques et culturelles.

1- MARIE-BEATRICE Baudet : 2008, op. cit, p. 23.

On peut en voir des manifestations dans les effets de deux catastrophes, la sécheresse et l'infestation de criquets pèlerins qui ont ravagé l'Afrique du Nord et de l'Ouest en 2003-2004, ainsi que le tremblement de terre et le tsunami qu'à subi l'océan Indien en 2004, notamment en Aceh ( province indonésienne).

A la fin de 2003, les conditions météorologiques ont favorisé le développement des populations de criquets pèlerins dans le Maghreb et une partie du Sahel. La FAO a diffusé des alertes sur la probabilité d'une infestation. Au début de 2004, des essaims de criquets ont déferlé sur l'Afrique du Nord et de l'Ouest et au-delà, puisqu'ils ont été signalé jusqu'à Chypre, en Egypte, en Guinée Conakry et au Yémen. La plupart des essaims sont toutefois restés dans le Nord-Ouest de l'Afrique et le Sahel où ils ont ravagé les cultures et la végétation.

Il faut également souligner que le séisme qui est intervenu au large des côtes de Sumatra en Indonésie le 26 décembre 2004 était le plus violent enregistré en 40 ans. Il a provoqué un tsunami qui a tué 240 000 personnes selon les chiffres officiels et déplacé plus de 1,6 million de personnes1.

De nos jours, le changement climatique est devenu préoccupant et frappe plus durement les centaines de millions de petits agriculteurs et de petits pêcheurs ainsi que les populations dépendant des forêts, déjà vulnérables et victimes d'insécurité alimentaire. En influant sur les disponibilités en terre et en eau, sur la biodiversité ainsi que sur le prix des denrées alimentaires, la demande croissante de biocarburants produits à partir de cultures vivrières a, elle aussi, un impact sur les pays pauvres2 .

La pêche et l'agriculture côtière ont été détruites dans de nombreuses régions, privant les communautés de leur principale source d'alimentation et de revenus. Les effets du tsunami sur l'économie nationale varie considérablement d'un pays à un autre. L'impact sur la sécurité alimentaire a également été très inégal. Le secteur agricole très limité de petits Etats insulaires tels que les Maldives et les Seychelles a été totalement ravagé. La production rizicole nationale de l'Indonésie, du Sri Lanka et de la Thaïlande n'a pas été gravement touchée.

Comme le montrent ces deux situations d'urgence différentes, même lorsque les catastrophes naturelles n'ont pas d'effet majeur sur le volume global des approvisionnements alimentaires, elles peuvent avoir des conséquences désastreuses sur certains groupes de population. Ce sont souvent les plus pauvres et les plus vulnérables qui sont les plus durement frappés, ce qui exacerbe encore la pauvreté et la malnutrition.

Les catastrophes détruisent également les moyens de subsistance précaires à un point tel que les populations sont déplacées et qu'une action de relèvement à long terme s'impose.

C'est l'ampleur de ces dégâts qui a incité la Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes, tenue à Kobé (Japon) en janvier 2005, ayant préconisé l'intégration expresse des mesures de prévention et d'atténuation des catastrophes dans les stratégies

1- Le Monde diplomatique : INONDATIONS-FAIM, 2005 (52è année) N°148, 36 p.

2- Sécurité Alimentaire Mondiale : les défis du changement climatique et des bioénergies, octobre 2008.

nationales de développement. Face à cette situation très critique, la FAO entreprend des actions en vue de venir à bout du problème alimentaire.

Paragraphe 2 : Les actions de la FAO pour l'éradication du fléau de la faim

L'alimentation et l'agriculture représentent les deux domaines privilégiés de la FAO. Du fait de sa dimension symbolique et de ses manifestations spectaculaires lors des pénuries, la question alimentaire est celle qui touche le plus les opinions publiques. A part les conférences qu'elle organise, conférences au cours desquelles des expériences et recommandations sont échangées entre les pays membres, la FAO a adopté un autre moyen de sensibilisation à l'intention des gouvernements en servant de source d'informations (A). Pour les aider à éradiquer le fléau de la faim, elle a mis en place deux instruments que sont le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et la Sécurité Alimentaire Mondiale (SAM) (B).

A- La FAO : source d'informations.

La FAO, depuis ses origines, accorde une place spéciale aux programmes de terrain visant à aider le développement de l'agriculture, de la pêche et de la forêt dans les pays en développement. Elle organise des consultations internationales sur les multiples problèmes qui se posent à l'agriculture dans le monde.

Ainsi la FAO produit un nombre considérable de publications en langues internationales de travail1, présentant un grand intérêt général. Elle a mis en place entre autres, une bibliothèque et des systèmes de documentations dont « AGRIS » et « CARIS ».

En effet, l'AGRIS est un système international d'informations pour les sciences et la technologie agricoles. Il assure la couverture exhaustive des ouvrages nouvellement parus qui intéressent la FAO.

Le CARIS, par contre, est un système d'informations sur les recherches en cours sur l'agriculture. Il rassemble, ordonne et diffuse des données de base sur les recherches dans les domaines de l'agriculture, de la production animale, des forêts, et des pêches.

La FAO à travers les mass médias diffuse des informations relatives à l'état de l'alimentation mondiale.

Les publications faites par la FAO vendues chez ses dépositaires et agents se répartissent en quelques grandes rubriques à savoir :

-« Agriculture questions générales » traitant des sujets relatifs aux recherches agricoles, régimes fonciers et réformes agraires, coopératives, techniques modernes agricoles.

-« Plante et phytologie ; la zootechnique les forêts », dans ces types d'ouvrages, les questions traitées concernent la sélection des semences, les maladies, la protection des plantes, des forêts et la production animale.

1- Depuis les années 1960 les langues de travail retenues au sein de la FAO sont : l'Anglais, le Français, l'Arabe et le Russe.

-« Pêches » : cette rubrique englobe des ouvrages sur des équipements de la pêche, la science et la biologie halieutique, la pollution de la mer et les cours d'eau, le transfert et la commercialisation des produits de pêche.

-« Terres et eaux » : on y rencontre des publications sur la pédologie, la conservation et la mise en valeur des terres, l'utilisation des engrais, les techniques d'irrigation et de drainage.

-« Le développement socio-économique » : dans cette partie sont rangés les documents traitant de la gestion des exploitations et de l'économie de la production, la commercialisation, le développement rural, l'économie familiale, la formation et la vulgarisation.

-« Les statistiques agricoles, l'alimentation et la nutrition » :Ces documents concernent les facteurs de production agricole, la science alimentaire, le contrôle des aliments, les normes alimentaires, l'enquête et la sécurité alimentaire.

C'est à partir de ces publications multiformes que la FAO, tient en haleine le monde entier sur les questions d'urgence notamment la pauvreté et l'insécurité alimentaire.

Il faut souligner que c'est à la fin des années cinquante et le début des années soixante, avec l'indépendance de la plupart des Etats et avec la persistance de la famine que la FAO reconsidère d'une manière prioritaire le problème de la faim et de la pauvreté des populations rurales. En dehors des mesures d'informations, la FAO crée des instruments de lutte contre la faim et d'appui aux couches sociales les plus défavorisées. C'est d'ailleurs le motif principal de la mise en place de ces deux instruments que sont le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et la Sécurité Alimentaire Mondiale (SAM).

B - La mise en place du Programme Alimentaire Mondial (PAM) et de la Sécurité Alimentaire Mondiale (SAM)

Pour résoudre les problèmes alimentaires auxquels le monde est confronté, l'Organisation a mis progressivement en place ces deux instruments dont elle assume avec les Nations Unies, la cogestion et par là insuffler un nouvel élan au concept de sécurité alimentaire1 .

Le Programme Alimentaire Mondial (PAM)

Conçu initialement pour une période temporaire de trois ans, le PAM a su apporter la preuve de son utilité à travers le monde et justifier sa pérennité. Désormais reconnue comme un outil indispensable de la Communauté internationale dans sa lutte contre la faim, le Programme s'interroge aujourd'hui sur la situation alimentaire mondiale. Le PAM demeure actuellement un des organismes les plus en vue lors des opérations d'urgence.

1- BENSALAH-ALAOUI, la sécurité alimentaire mondiale, 1GDJ, Paris, 1989

Concernant les sources du Programme, il faut noter qu'en 1959, la FAO lança sous l'impulsion de son Directeur Général d'alors, la campagne mondiale contre la faim dont les objectifs principaux étaient d'allier agriculture et industrie afin d'augmenter la production et les revenus agricoles. En réponse à ce mouvement, l'Assemblée Générale des Nations Unies adopta, en octobre 1960, une résolution qui pour la première fois donnait aux Nations Unies la responsabilité de faire parvenir les excédents de produits alimentaires aux peuples qui en manquent1

La mise en place de ce Programme a été le fruit d'un long processus. C'est à la suite des initiatives conjuguées qu'on a abouti à l'adoption des résolutions 1/61 de la Conférence de la FAO et 1714 (XVI) de l'Assemblée Générale de l'ONU qui ont établi officiellement le PAM.

Eu égard aux difficultés alimentaires qui ne cessent de surgir de par le monde, le PAM est devenu un instrument d'une nécessité vitale pour les Etats. Face à cette situation, il y a lieu de s'interroger sur la mission du Programme.

La mission du programme peut être répartie dans trois grandes catégories :

- La première regroupe celles qui concernent le long terme c'est-à-dire l'utilisation des produits alimentaires dans un processus global de développement socio-économique avec une prise en compte particulière des populations indigentes. Les projets auxquels prend part le PAM sont relatifs à l'amélioration du rendement de la production agricole, à l'emploi plus efficace des ressources humaines et à la recherche d'un bien-être matériel pour les ruraux.

- La deuxième catégorie réunit l'ensemble des activités essentiellement axées sur le court terme. Il s'agit principalement des projets de secours d'urgence.

- Enfin la troisième catégorie combine les deux premières puisqu'elle allie à la fois le long et le court terme à travers le soutien qu'elle apporte à la sécurité alimentaire mondiale.

Dans ses préoccupations actuelles, le PAM a, à travers sa réserve alimentaire internationale d'urgence, multiplié les interventions pour soulager les populations victimes des catastrophes naturelles ou engendrées par l'espèce humaine2.

Afin de permettre au Programme de répondre encore plus efficacement aux attentes des populations victimes de situations urgentes, le Directeur Exécutif a soumis au Comité des Politiques Alimentaires (CPA) une proposition visant à instituer un fonds spécial. Il s'agirait d'un fonds de roulement destiné à être reconstitué chaque année et qui financerait les premières opérations d'urgence en attendant l'arrivée des secours humanitaires3.

1- Résolution 1496 (XV) d'octobre 1960 de l'Assemblée Générale des Nations Unies.

2- Les situations de guerre nécessitant des interventions urgentes

3- Les Secours humanitaires sont des aides provenant des Etats ou des ONG lors des situations d'urgences.

Après le PAM, la question alimentaire étant restée toujours sans solution, la FAO se voit obliger de mettre en place un nouvel instrument :

La Sécurité Alimentaire Mondiale (SAM).

La Sécurité Alimentaire Mondiale (SAM) est un long mûrissement de travaux théoriques et d'opérations sur le terrain.

La Conférence Mondiale sur l'Alimentation de décembre 1973 a abouti à l'adoption consensuelle de la Déclaration Universelle pour l'Elimination définitive de la Faim et de la Malnutrition (DUEFM) d'une part et de 22 résolutions dont la XVIIème relative à l'engagement international sur la Sécurité Alimentaire Mondiale1, d'autre part.

Dans son préambule, la DUEFM fait explicitement référence à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme en indiquant que le droit à l'alimentation fait partie des principes et des valeurs de caractère fondamental qui sont incarnés dans le droit à la vie et à la dignité humaine. Le Nouvel Ordre Economique International (NOEI) occupe une place de choix dans le préambule de la Déclaration de la Conférence Mondiale de l'Alimentation (CMA).

Ce texte entend donc revendiquer les apports du NOEI pour le compte du droit à l'alimentation de chaque individu. Il faut noter que la Déclaration a insisté sur la gravité de la situation alimentaire mondiale et sur l'urgence à agir ensemble. L'élimination définitive de la faim est un objectif commun de tous les pays de la collectivité internationale.

Dans cette optique, un effort de solidarité est demandé aux pays développés. La Déclaration et les résolutions qui l'accompagnent essaient d'aller au-delà de ces intentions généreuses en précisant les moyens que devrait s'accorder la communauté internationale pour garantir une nutrition adéquate pour tous.

Les objectifs passent par l'amélioration de la production agricole et le développement rural, un accroissement de l'aide alimentaire et la mise en place d'un système mondial d'information et d'alerte rapide2.

Ce plan d'action pour la sécurité alimentaire rappelle la nécessité de mettre en place des politiques de stockages céréalières, de définir des critères de gestion, de déblocage de ces stocks et indiquer les mesures à prendre pour garantir la sécurité alimentaire aux pays en développement. D'où cette nouvelle approche imprimée par le Secrétaire Général de la FAO Monsieur Edouard Saouma, selon laquelle « la finalité de la Sécurité Alimentaire Mondiale est d'assurer à tous et en tout temps l'accès matériel et économique aux aliments de base indispensables, en tenant compte de tous les facteurs

1- Rapport de la Conférence Mondiale de l'Alimentation, document officiel UN/E/Conf. /65/20, Nations Unies, New York, 1975

2- Résolution XVII, paragraphe 4, voir également l'article 11 de la Déclaration Universelle pour l'Elimination définitive de la faim et de la malnutrition (DUEFM).

qui influent sur la capacité des pays ou des individus à produire ou acheter de quoi se nourrir1 ».

Pour ce faire, trois objectifs ont été dégagés :

- la garantie d'une production suffisante ;

- la stabilisation maximale du flux des approvisionnements ;

- l'accès à ces approvisionnements par tous ceux qui en ont besoin.

Le pacte mondial de la sécurité alimentaire adopté lors de la vingt troisième session de la Conférence a permis à la FAO d'affirmer plus encore ces propositions. Dans ses principes généraux, le pacte lie l'éradication définitive de la faim à la disparition de la pauvreté. Cet idéal vise à agir tout de suite en faveur des plus démunis et dresse les actions que devraient mener trois différents groupes d'acteurs notamment les gouvernements, les organisations non gouvernementales et les individus.

Outre, son contrôle indirect sur la Réserve Alimentaire Internationale d'Urgence (RAIU), la FAO possède des instruments indispensables ou utiles comme le Système Mondial d'Information et d'Alerte Régionale sur l'Alimentation et l'Agriculture (SMIAR) pour informer et alerter le Programme d'Assistance à la Sécurité Alimentaire (PASA) pour agir.

Après cette analyse globale des préoccupations des initiateurs de l'Institution FAO et les mesures prises pour désamorcer les problèmes de développement socioéconomique en général et d'insécurité alimentaire en particulier, il importe de présenter le cas spécifique du Togo. En effet, le Togo malgré sa géographie, son climat et l'extrême jeunesse de sa population n'est pas épargné des problèmes socio-économiques et de la faim. Ce qui nous oblige à faire un bref aperçu sur sa situation alimentaire, les atouts et les contraintes afférant au secteur agricole et la politique menée par l'Etat togolais afin de venir à bout de ces déséquilibres alimentaires.

1- Rapport de la Conférence, vingt deuxième sessions, Rome, 22 novembre 1983.

CHAPITRE II : LA SITUATION ALIMENTAIRE DU TOGO

Au Togo, l'agriculture constitue le plus important secteur qui occupe la majorité de la population. Environ 70% de la population active dépend de ce secteur et 90% des agriculteurs cultivent des produits vivriers.

Malgré ces atouts, le secteur ne progresse pas au rythme de l'évolution démographique. La contribution du secteur au Produit Intérieur Brut (PIB) qui était généralement de 33% est passé à 41% depuis les troubles sociopolitiques des années 1990 en raison de la stagnation voire de la régression des autres secteurs de l'économie nationale.

A travers ce chapitre nous allons présenter l'évolution de la production alimentaire et l'insécurité alimentaire (section1) et la politique agricole menée par le Togo en vue de parvenir à sa sécurité alimentaire (section 2).

Section 1 : L'évolution de la production alimentaire et l'insécurité alimentaire au Togo

La production alimentaire est toujours conditionnée par plusieurs facteurs. Ainsi la qualité de la production dépend elle justement de la faveur de ces facteurs. Le Togo dispose d'énormes atouts pour la production alimentaire (paragraphe1) cependant, sa sécurité alimentaire est loin d'être garantie (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les atouts de la production alimentaire et sa situation au Togo

La production alimentaire au Togo est très variée et porte sur les produits issus de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche. Cette production bénéficie néanmoins de certains facteurs notamment naturels et humains (A) ce qui confère au Togo sa situation alimentaire (B) actuelle.

A- Les atouts de la production alimentaire au Togo.

Les atouts de la production alimentaire sont liés à la nature, à la disponibilité de la main d'oeuvre et à la volonté politique des gouvernements successifs togolais.

Il y a lieu de relever que le secteur agricole bénéficie des conditions favorables en ce qui concerne les sols, la pluviométrie et les techniques agricoles.

Les superficies généralement exploitées annuellement au Togo s'élèvent à environ 1,4 million d'hectares, soit 41% des superficies cultivables qui se chiffrent à 3,4 millions d'hectares dont 240.000 hectares de bas-fonds. La taille moyenne des exploitations varie de 1,1 à 3,3 hectares et peut atteindre dans des cas isolés 10 hectares.

Les sols du Togo peuvent ainsi être classés en trois catégories :

- Les sols riches naturellement fertiles occupent 20% de la superficie totale ;

- Les sols relativement riches, 40% plus fragiles, qui nécessitent l'amélioration par l'homme ;

- Les sols pauvres, 40%1.

Cette disponibilité de terres cultivables offre aux agriculteurs togolais une opportunité de pouvoir produire en quantité.

Concernant la pluviométrie, il faut noter qu'au Togo toutes les régions sont arrosées au cours d'une année même si les quantités d'eau ne sont pas les mêmes. L'exemple des relevés météorologiques de l'année 2006 nous montre à suffisance que le Togo bénéficie d'un atout favorable à travers sa pluviométrie.

La pluviométrie moyenne relevée sur dix stations au cours du quatrième trimestre de l'année 2006 par la Direction de la Météorologie Nationale était de 145,4 mm en 12 jours par rapport au quatrième trimestre 2005, enregistrant ainsi une hausse de 25,2% pour la quantité2.

La quantité de pluie était plus abondante et mieux répartie sur tous les mois de l'année 2006. Cette hausse de la pluviométrie avait affecté favorablement la production de la campagne agricole 2006-2007.

Outre ces atouts, la production alimentaire bénéficie également des ressources humaines et d'une volonté politique de la part des gouvernants.

La population agricole est de 3011598 habitants composée de 50,6% de femmes contre 49,4% d'hommes généralement sous employés, dont la faible productivité laisse entrevoir des marges d'amélioration possible. On dénombre près de 4000 Organisations Professionnelles Agricoles (OPA) dont environ 650 groupements féminins.

Il faut aussi signaler que le secteur agricole constitue un axe important de relance économique du Togo. Ainsi, depuis 1975, l'agriculture a été considérée par les autorités comme la priorité des priorités. Cette volonté s'est traduite par l'allocation d'importantes ressources financières à ce secteur. On peut ajouter aussi que les marges de progrès du secteur sont importantes si les orientations futures devaient permettre de passer réellement à une agriculture intensive.

Dans ce secteur, les productions vivrières représentent environ les deux tiers, cette part restant à peu près constante sur les dix dernières années3.

C'est l'ensemble de ces facteurs qui détermine la variété des produits alimentaires au Togo.

1- Annuaire économique officiel, 1982/1983, p. 68.

2- Rapport Economique, Financier et Social du Ministère de l'Economie et des Finances 2008, p. 33.

3- Stratégie intérimaire de réduction de la pauvreté, Mars 2008, p.35.

B- La situation alimentaire du Togo

Les productions ont beaucoup accru au fil des années grâce à l'augmentation des superficies, aux conditions naturelles favorables, à l'application de nouvelles techniques et aux actions de la recherche en matière d'amélioration variétale pour les productions végétales et des espèces pour les productions animales.

De 1963 à 1975, en raison de la taille de sa population et du régime pluviométrique

satisfaisant dont il a bénéficié, le Togo a pu se mettre à l'abri des difficultés alimentaires.

Cet équilibre alimentaire fragile a été rompu en 1977 suite à la grande sécheresse dont a souffert le pays.

Pour remédier à cette situation, la politique de révolution verte a été lancée par le Chef de l'Etat, feu Général Gnassingbé Eyadéma et les résultats qui en ont découlés, ont contribué à faire accroître la production de façon significative.

En matière de production vivrière, il faut remarquer que dans l'ensemble, la production des céréales, de tubercules et de légumineuses a évolué en dents de scie au cours des 40 dernières années ; de bonnes récoltes alternant avec celles de moins bonnes.

En ce qui concerne la production animale et halieutique, il faut retenir que le secteur de la viande et du poisson est demeuré déficitaire jusqu'à ce jour. La production animale en progression constante depuis 1985 pour les ovins, caprins et les volailles permet de couvrir 61% des besoins nationaux en viande. La pêche avec une production de poisson variant de 15000 à 17000 tonnes couvre 30% des besoins nationaux.

Le solde alimentaire du Togo est continuellement négatif et le déficit s'accroît d'année en année, avec l'augmentation de la population.

Le tableau suivant fait état de la situation alimentaire au Togo de 1991 à 2000. Tableau N° 1 Bilan alimentaire de 1991 à 2000

Années

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

production

-

-

29841

-

-37939

15817

53185

-77376

32306

4381

vivrière

93994

77082

 

45100

 
 
 
 
 
 

Production de viande

-

-

11288

11508

11627

12373

12689

12780

13140

13430

Production de poisson

-

-

16420

12380

11900

15040

14290

19513

22920

21000

Sources : Direction des Statistiques Agricoles, de l'informatique et de la Documentation (DSAID) et Direction de l'Elevage et de la Pêche.

Unité : Tonnes.

Par ailleurs, il ressort de l'analyse de la situation alimentaire de 1991 à 2002 faite par la Direction des Statistiques Agricoles, de l'Information et de la Documentation (DSAID) et la Direction de l'Elevage et de la Pêche, que le solde alimentaire du Togo est continuellement négatif et le déficit s'accroît d'année en année, avec l'augmentation de la population.

Cependant, le bilan global paraît satisfaisant. Les céréales ont connu une progression variable mais continue. La viande et le poisson bien qu'ayant augmenté en production, n'ont pas permis d'éponger le déficit persistant.

Ce bilan mitigé nous donne l'ampleur du défi à relever. Il est une preuve de l'état d'insécurité alimentaire du Togo. Plusieurs facteurs expliquent cette insécurité alimentaire au Togo.

Paragraphe 2 : L'insécurité alimentaire au Togo

L'insécurité alimentaire au Togo est liée à plusieurs causes (A). Cette insécurité met le Togo dans une situation triste et alarmante.

Evidemment, pour nous, il ne s'agit pas seulement d'explorer les causes de l'insécurité alimentaire, mais aussi de montrer son ampleur au Togo (B).

A- Les causes de l'insécurité alimentaire

Il faut noter que les causes de l'insécurité alimentaire au Togo sont multiples et se résument en causes démographique, politique, économique et naturelle.

1-Causes démographiques

La population togolaise, loin d'être un atout incontestable pour la production alimentaire, constitue une cause de l'insécurité alimentaire.

. En effet, selon la Direction Générale de la Statistique et de la Comptabilité

Nationale (DGSCN), la population togolaise est estimée entre 5,8 et 6,3 millions d'habitants en 2007, dont environ 51% de femmes et 49% d'hommes, avec un taux annuel de croissance relativement élevé de 2,4%1.

Cependant, la production alimentaire n'est pas proportionnelle à la croissance démographique, ce qui serait à l'origine du déséquilibre alimentaire constaté dans ces derniers jours au Togo

C'est dans cette même logique que J. Berg ROBBERT, dans son ouvrage ; Stratégie pour un nouveau développement en Afrique, relève les difficultés qui se posent aux Africains dans le cadre de leur développement en mettant un accent particulier sur la croissance démographique.

Pour lui, l'explosion démographique liée aux progrès de la médecine a contribué à épuiser les ressources naturelles, car les besoins alimentaires de la population se multiplient infiniment.

1- PROGRAMME NATIONAL DE SECURITE ALIMENTAIRE : Stratégie et plan d'actions à court et moyen termes (2008- 2015), FAO, 2009, p. 12.

Il faut signaler que parmi les causes de l'insécurité alimentaire au Togo, nous avons les causes politiques.

2-Les causes politiques.

Au lendemain des indépendances, les gouvernements successifs togolais ont mis en place des politiques et des programmes agricoles. Cependant, depuis les années 1960 jusqu'à nos jours ces initiatives n'ont pu pleinement satisfaire les attentes des populations. Ces échecs peuvent être justifiés, non seulement par le manque de moyens, mais aussi par le manque d'une bonne politique1 agricole.

Ce manque d'une bonne politique agricole pose des problèmes d'ordre institutionnel et réglementaire.

Concernant les causes politiques de l'insécurité alimentaire, Frantz FANON évoque la bourgeoisie nationale qui consomme plus qu'elle n'investit et dont l'esprit de jouissance l'emporte sur celui de créateur et inventif2.

Les Autorités togolaises n'ont pas sérieusement investit dans l'agriculture, qui est le pilier du développement socio-économique au Togo.

Nous ne devons pas perdre de vue que les difficultés financières constituent une cause de l'insécurité alimentaire au Togo.

3-Les causes économiques.

Au Togo la mobilisation de moyens financiers génère des problèmes tels que : la raréfaction des financiers, des sources externes et la suspension des décaissements pour les projets en exécution et les difficultés de mobilisation effective des fonds en terme de contrepartie et de fonctionnement des institutions par les trésors publics.

On enregistre ainsi un faible taux d'allocation budgétaire par rapport aux besoins exprimés, une baisse relative des crédits consommés par les directions ou services directement engagés dans l'appui à la production, une faiblesse des crédits alloués au développement des organisations coopératives et professionnelles.

Le constat est également que, le niveau d'organisation économique des producteurs est faible au Togo.

Il faut ajouter à ces problèmes, le manque de moyens financiers des agriculteurs, ce qui explique l'usage des instruments rudimentaires et traditionnels. Ces instruments aratoires ne permettent pas aux paysans togolais d'aménager une grande superficie pour les cultures.

Parlant également des causes de l'insécurité alimentaire au Togo, la Banque Mondiale affirmait dans un rapport relatif au Projet PNUD/FASEG sur les OMD qu'«il n'est pas possible de se procurer, avec un petit budget, une alimentation optimale. Même

1-Dans le présent document, le terme « politique » est à prendre au sens large d'« ensemble de mesures interdépendantes concernant la définition d'objectifs et les moyens [tels que stratégies, plans, lois, règlements ou projets relatifs au secteur] de les réaliser en fonction de la situation.

2- FANON Frantz : les damnés de la terre, Maspero, Paris, 1968, p. 116.

si les disponibilités alimentaires semblent couvrir les besoins des populations au Togo, la stabilité, l'accessibilité et la qualité restent problématiques pour des raisons financières».

Dans la rubrique des causes de l'insécurité alimentaire au Togo, nous ne devons pas perdre de vue les causes liées à la nature.

4-Les causes naturelles.

La production alimentaire au Togo, comme partout ailleurs dépend à un certain moment de la clémence de la nature.

Selon le rapport de la Journée Mondiale de l'Alimentation (JMA) du 16 octobre 2008, le changement climatique frappe plus durement les centaines de millions de petits agriculteurs et de petits pêcheurs ainsi que les populations dépendantes des forêts, déjà vulnérables et victimes d'insécurité alimentaire.

Il faut signaler que le Togo a été victime, dans ces derniers jours des catastrophes naturelles, qui ont affecté durement la production alimentaire.

Ainsi, le rapport de la situation sur les inondations au Togo du 13 novembre 2007 précise que sur l'ensemble du territoire, on compte environ 60000 victimes dont 52000 dans les Savanes et 8000 dans la Maritime et les Plateaux. Prenant en compte le fait que les inondations ont touché tout le territoire national à des degrés divers, il faut signaler que les zones les plus affectées sont les préfectures de Kpendjal, de l'Oti (pour les Savanes) et la préfecture des Lacs, la sous-préfecture d'Afagnan dans la région Maritime et les préfectures de Haho et de l'Agou dans les Plateaux.

Les récentes inondations de juillet 2008 et 2009 ont été aussi catastrophiques pour le pays.

Entre autres aléas naturels affectant la production alimentaire au Togo, nous pouvons énumérer une météorologie capricieuse (cycles de sécheresse ou pluies diluviennes, selon les régions), des reliefs inadaptés, des ravageurs et des maladies.

Par ailleurs la déforestation incontrôlée et la culture sur brûlis entraînent un appauvrissement des sols.

Eu égard aux innombrables causes, l'insécurité alimentaire ne peut être qu'imminente au Togo.

B- Les manifestations de l'insécurité alimentaire au Togo.

Au Togo, l'insécurité alimentaire se pose en terme de manque d'accès de la population aux vivres. Ce déficit est plus accentué pour les productions animales et halieutiques. Cette insécurité est très marquée en milieu rural où, au régime alimentaire inadéquat de ces populations pauvres, s'ajoute l'influence des mauvaises conditions d'hygiène, à l'origine du taux de malnutrition relativement élevé.

Environ 25% des enfants de moins de 5 ans ont une insuffisance pondérale, 30% ont des retards de croissance et 5% sont émaciés. D'un autre côté, la proportion et le nombre total de personnes sous-alimentées étaient de 23% et 1 million en 1998-2000, contre respectivement 28% et 1 million en 1990-1992. Sur la base des tendances observées entre 1990 et 2000 (croissance du nombre de sous-alimentés: 0% et de la proportion de

personnes sous- alimentées: -5%), en 2010, on peut estimer que globalement, le nombre de personnes sous-alimentées se situerait autour de 1 million et la proportion de personnes sous-alimentées à 18%1.

L'insécurité alimentaire se manifeste de plusieurs manières au Togo. Elle s'observe à travers :

-L'état nutritionnel et l'indisponibilité alimentaire ;

- L'existence des groupes vulnérables ;

- La méconnaissance en matière alimentaire ;

- l'hygiène alimentaire ;

- la pauvreté.

1-L'état nutritionnel et l'indisponibilité alimentaire.

On constate, naturellement au Togo qu'en période de récolte, les aliments ne font pas défaut. Mais c'est pendant la période dite de soudure c'est-à-dire la fin de chaque campagne agricole, que certains ménages éprouvent la peine de satisfaire leurs besoins alimentaires. A ce moment, il y en a qui ne mangent plus à leur faim et ceux qui n'en trouvent même pas.

Selon la Stratégie Intérimaire de Réduction de la Pauvreté (SIRP) élaborée par le Togo en Mars 2008, la délégation des conditions de vie des ménages est due à la faiblesse du revenu agricole.

Selon également, l'enquête QUIBB 2006, 42,1% de la population togolaise est sous alimenté ; un rapport calorique inférieur à la norme de 2400 Kcal par jour par équivalent adulte fixé par la FAO. Cette sous-alimentation de la population est fortement corrélée avec la pauvreté monétaire dans la mesure où 64,1% de la population pauvre, sur le plan national, est sous-alimenté. En outre, 6,4% des personnes non pauvres sont également sous-alimentées2.

En milieu rural, 47,1% de la population est sous-alimenté contre 32,2% en milieu urbain. Il faut aussi remarquer que la région des plateaux est la moins touchée par la pauvreté alimentaire avec une incidence de 25,3%, suivie de Lomé 30,1%, des régions Maritime 38,6%, de la Kara 48,6%, Centrale 63,9% et des Savanes 72,9%. La corrélation entre la pauvreté et la sous-alimentation est plus forte à Lomé où 85,2% de la population pauvre est sous-alimenté.

Cette corrélation est également très élevée dans la région Centrale et dans la région des Savanes où respectivement 78,9% et 79,5% des populations pauvres sont sousalimentées.

Selon cette enquête, environ 70% de la population togolaise est mal nourri.

1-Programme National d'Investissement à Moyen Terme (PNIMT), dans le cadre du NEPAD-PDDAA-FAO, 2005, p. 7.

2- Stratégie Intérimaire de Réduction de la Pauvreté, mars 2008, p. 18.

2-L'existence des groupes vulnérables.

La vulnérabilité à l'insécurité alimentaire peut se définir comme étant « le risque encouru ou la fragilité à laquelle on s'expose en cas de perte soudaine de revenus ou de non accès à la nourriture1 ». C'est donc tout ce qui peut précipiter une crise alimentaire si aucune action compensatoire n'est entreprise. Cette fragilité se réfère au risque de sous- alimentation.

En effet, on distingue généralement quatre catégories de groupes vulnérables et qui existent également au Togo. Selon ces catégories on distingue :

-Les groupes biologiquement vulnérables, c'est-à-dire des personnes qui, en raison de leur âge ou de leur état physique courent un grand risque de malnutrition.

Cette catégorie concerne les vieillards, les femmes enceintes ou allaitantes et les enfants en période de sevrage. Au Togo plusieurs personnes de ce groupe meurent de la malnutrition.

-Les groupes économiques vulnérables sont des personnes qui sont sujettes à la pauvreté en raison de la médiocrité de leur condition socio-économique. Ces personnes n'ont pas suffisamment accès à la nourriture de qualité telles que les démunis urbains et ruraux.

Toujours dans la liste des groupes vulnérables, nous avons les groupes politiquement vulnérables à l'instar des réfugiés victimes des troubles socio-politiques, qui se retrouvent en état d'insécurité alimentaire et les catégories écologiquement vulnérables. Il s'agit, au Togo des populations qui vivent dans des zones de montagne et des savanes. C'est également le cas des populations de Kara qui ne disposent pas assez de terres cultivables, à cause des montagnes.

3-La méconnaissance en matière alimentaire.

Il faut constater que dans les pays du tiers monde, nombreux sont ceux qui ignorent tout, du rôle des aliments. Pour ceux-ci, il suffit d'avoir un ventre plein pour bien se porter. C'est cette conception erronée et illusoire qui est une manifestation de l'insécurité alimentaire dans la plupart des pays en développement en général et au Togo en particulier. Pour bon nombre de togolais, il est inconcevable qu'une personne qui n'a jamais faim puisse souffrir d'une maladie physique parce que quelque chose manque à son régime alimentaire. C'est d'ailleurs, ce qui s'explique par les cas fréquents de kwashiorkor constatés dans les zones rurales.

Dans certains cas, la malnutrition tient à de mauvaises habitudes et croyances relatives aux tabous et aux interdits qui sont parfois alimentaires.

La plupart de ces tabous s'applique aux aliments comme les oeufs, le lait, la viande de certains animaux et certains poissons. Cette situation ne permet pas aux populations d'avoir une alimentation équilibrée.

4-L'hygiène alimentaire.

1- Insécurité Alimentaire dans les Pays ACP : Des politiques et Programmes d'Intervention aux groupes vulnérables, Universitaire catholique de Louvain, 26.30 octobre 1998, p. 10.

Bien que les conditions générales de santé se soient un peu améliorées en Afrique, les problèmes sanitaires relatifs aux aliments persistent . Les mauvaises conditions d'hygiène favorisent la malnutrition en permettant la transmission des germes responsables des maladies.

Les diverses maladies parasitaires peuvent également avoir une incidence sur l'état nutritionnel des populations. Le plus grand constat au Togo, est que la plupart des maladies dont souffrent les Togolais est souvent liée au manque d'hygiène dans le traitement des aliments. Parmi les maladies alimentaires, nous avons entre autres, le choléra, l'hémorroïde, les maladies causées par les parasites tels que les ascaris et les ankylostomes.

Dans la rubrique des manifestations de l'insécurité alimentaire au Togo l'on peut citer la pauvreté.

5-La Pauvreté.

Il n'existe pas une définition unique de la pauvreté, le phénomène étant multidimensionnel. Aussi, au Togo, la démarche globale retenue pour sa mesure et son étude s'est-elle reposée sur deux approches, l'approche quantitative de la pauvreté et l'approche basée sur la perception de la pauvreté par les populations.

Ainsi, les résultats de l'enquête Questionnaire Unifié des Indicateurs de Base du Bienêtre (QUIBB) de 2006 servent de référence pour la présente analyse de la pauvreté au Togo. Des seuils de pauvreté ont été calculés pour les cinq régions du Togo et pour la capitale Lomé suivant les méthodes fondées sur les besoins alimentaires.

Tableau n°2 : Seuils de pauvreté par région au Togo

 

Lomé Maritime1

Plateaux Centrale Kara

Savanes

National2

Seuil de
pauvreté
par
équivalen
t adulte et
par an en
FCFA

24200

156115

15483

179813

155026

157294

242094

Source : DGSCN, profil de pauvreté 2006 établi à partir de l'enquête QUIBB.

Selon les résultats de l'enquête QUIBB relatifs au profil de la pauvreté monétaire au Togo, l'incidence de la pauvreté est estimée à 61,7% de la population, soit près de 3242257 individus repartis dans 535486 ménages. La pauvreté est essentiellement rurale où l'incidence est de 74,3% représentant 79,9% de pauvres.

1-Région maritime à l'exception de Lomé.

2- Le seuil à Lomé est considéré comme seuil national de pauvreté.

En milieu urbain, l'incidence de la pauvreté est de 36,8% correspondant à 20,1% des pauvres.

Eu égard à cette situation de déséquilibre alimentaire, les gouvernants togolais ont entrepris depuis les indépendances la politique de sécurité alimentaire à travers les programmes agricoles et le renforcement des capacités des producteurs.

Section 2: Les actions relatives à la politique agricole et à la sécurité alimentaire au Togo

Les autorités togolaises ont pris depuis longtemps l'engagement d'assurer l'autonomie alimentaire du Pays. C'est ainsi qu'au lendemain de l'indépendance, les principales actions en matière de développement agricole consistaient en la promotion des cultures vivrières et d'exportation (paragraphe1) et au renforcement des capacités des producteurs et l'aménagement des infrastructures agricoles (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les politiques, les programmes et le cadre institutionnel des services agricoles.

A travers l'élevage, la pêche et la sylviculture1, l'agriculture est le pilier de l'économie togolaise. Elle contribue pour plus d'un tiers au PIB, emploie près de 70% de la population active et assure environ un tiers de l'ensemble des exportations2.

Convaincues que le développement rural est indispensable à la croissance en raison de l'amélioration des niveaux de vie et de la réduction de la pauvreté qu'il favorisera, les autorités togolaises ont mis en place des politiques et des programmes (A) en créant des cadres institutionnels pour les services agricoles (B).

A- Les politiques et les programmes agricoles

Dans le cadre de ces programmes, en dehors de la vulgarisation, de la recherche et de la réalisation des infrastructures socio-économiques, les actions portées sur les plans de développement expriment toute l'importance que revêt, aux yeux des autorités togolaises, la nouvelle politique agricole : 6 milliards de FCFA allaient au secteur agricole dans le 1er plan ; 11,2 dans le II è ; 56,2 dans le IIIè ; 66,6 dans le IVè entré en vigueur en 1981.

En effet, du 1er plan quinquennal 1996-1970 en passant par le IIè 1971-1975 et le IIIè 1976-1980 au IVè 1981-1985, la part des crédits agricoles a été multipliée par plus de onze fois3.

L'objectif à atteindre est triple :

- assurer rapidement au pays son indépendance alimentaire par la promotion des cultures vivrières ;

- procurer des ressources financières plus importantes à l'Etat par le développement des cultures industrielles d'exportation ;

1- Selon le Petit Larousse illustré 2001 : la sylviculture est l'entretien et l'exploitation des forêts.

2- Togo : Sortir de la crise, sortir de la pauvreté, une évaluation de la pauvreté. Banque Mondiale, 1996, p. 60.

3- Annuaire Economique Officiel ; 1982-1983, p. 65.

- créer une véritable industrie agro-alimentaire fondée sur le surplus dégagé du
produit agricole après la satisfaction des besoins de la consommation nationale.

Ce triple objectif est celui assigné à la révolution verte lancée par le gouvernement togolais au cours du séminaire agricole de 1977. Le IVè plan de développement devait dès lors mettre un accent particulier sur le développement agricole par la méthode de la culture intensive, la diversification des productions agricoles vivrières et industrielles.

Il faut également noter que les autorités togolaises ont créé les structures et mobilisé les moyens nécessaires au développement intégré du monde rural. Elles ont pris d'importantes mesures pour y parvenir dont la modernisation des structures agraires.

En 1973-1974, on estimait la superficie des terres cultivables à près de 6 millions d'hectares, dont environ 368 000 étaient cultivés par 784 000 paysans actifs regroupés en 199 700 exploitations. Près de 30% de celles-ci avaient moins de 1 hectare, 43% entre 1 et 3 hectares et 13% seulement dépassaient 5 hectares. Ce morcellement extrême constituait un grand handicap pour le développement agricole, parce qu'il ne permettait ni la mécanisation ni le crédit d'où le rendement médiocre des exploitations et l'exode rural constatés1.

Pour remédier à cette situation, une réforme agro-foncière a été décidée en 1974 et amplifiée en 1978 par l'institution des Zones d'Aménagement Agricole Planifié qui est à la fois un espace géographique à mettre en valeur selon un programme d'action précis et un établissement public doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière.

La réforme vise à regrouper les paysans pour supprimer l'émiettement des exploitations et à recenser puis mettre en valeur les nombreuses terres incultes dont la propriété a été transférée à la nation. Après leur mise en valeur, ces terres doivent être redistribuées aux coopératives ou aux individus pour la réalisation de programmes de développement.

Dans le souci de plus d'efficacité, une déclaration de politique de développement agricole a été adoptée en 1996 et constitue le cadre auquel se réfèrent les programmes triennaux glissant avec ses Programmes d'Investissements Publics (PIP).

Cette politique a pour objectifs généraux :

-l'intensification et la diversification de la production afin de renforcer la sécurité alimentaire et d'améliorer l'équilibre nutritionnel, de promettre des substitutions aux importations et d'accroître les exportations ;

-la lutte contre la pauvreté par l'augmentation des revenus et la création d'emplois agricoles ;

-une croissance de l'agriculture supportable par l'environnement.

1- Marchés nouveaux, Togo cap sur l'an 2000, n°2 janvier 1998, p. 321.

Pour recentrer l'Etat dans son rôle régalien de conception de politique et de réglementation, de coordination, de suivi et de contrôle, une restructuration institutionnelle s'est avérée indispensable.

B- Le cadre institutionnel

Il faut souligner que, le cadre institutionnel des services agricoles a évolué suivant les politiques et programmes. C'est ainsi que le Département en charge de l'Agriculture a connu plusieurs appellations à savoir Ministère de l'Economie Rurale, Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche. Ces différentes mutations fondent le souci de l'Etat togolais à mieux aborder les problèmes agricoles et à mieux perfectionner ce secteur.

Le département en charge de l'agriculture a également eu sous sa tutelle plusieurs structures et sociétés avec des attributions diverses.

Au niveau national on peut citer entre autres :

-la Direction de l'Agriculture ;

-la Direction des Services Vétérinaires divisée plus tard en Direction de la Santé Animale et Direction des Productions Animales ;

- la Direction des Pêches ;

- la Direction de la Recherche Agronomique.

Au niveau régional, on a :

-les inspections régionales de l'agriculture ;

-les inspections vétérinaires régionales ;

-les Sociétés Régionales d'Aménagement et de Développement (SORAD) en 1966 qui ont absorbé par la suite les inspections régionales de l'agriculture ;

-les directions de l'Animation Rurale et l'Action Coopérative (ARAC) et les Offices Régionaux pour la Promotion des Productions Vivrières (ORPV) en 1977 ;

-les Directions Régionales du Développement Rural (DRDR) en 1980.

Parallèlement à cette organisation, des sociétés ont été créées pour encadrer les paysans et encourager la production. Ces Sociétés se résument en :

-la Société Nationale pour la Révolution et le Développement de la Caféière et de la Cacaoyère Togolaise (SRCC) en 1972 ;

-La Société Togolaise de Développement des Productions Fruitières (TOGOFRUIT) en 1972 ;

-la Société Nationale de Développement du Palmier à Huile (SONAPH) en 1972 ; -la Société Togolaise du Coton (SOTOCO) en 1974.

A ces directions et sociétés, il faut mentionner ici des institutions spécifiques comme l'Office des Produits Agricoles du Togo (OPAT) créé en 1964 pour la commercialisation des produits agricoles, la Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCA) en 1967 et TOGOGRAIN en 1971 pour assurer les stocks de sécurité et régulariser les prix des céréales.

On dénombrait également des projets qui évoluaient concomitamment à ces structures. La plupart d'entre eux étaient des projets intégrés cherchant à apporter des réponses à plusieurs programmes à la fois.

Dans le cadre du PNSA, le Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche a été restructuré avec la mise en place des institutions suivantes :

-l'Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA), Société d'Economie Mixte chargée de la recherche agronomique ;

-l'Institut de Conseil et d'Appui Technique (ICAT), également Société d'Economie Mixte qui, comme son nom l'indique est chargée de fournir aux agriculteurs les conseils et l'appui technique c'est-à-dire la vulgarisation ;

-le Secrétariat Général, institution publique du Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche, chargé du rôle régalien de l'Etat.

Après les politiques et programmes, les Autorités togolaises ont pris des mesures incitatives visant au renforcement des capacités des producteurs et à l'aménagement des infrastructures.

Paragraphe 2 : Le renforcement des capacités des producteurs et l'aménagement des infrastructures agricoles

Pour la mise en oeuvre des politiques et programmes, des efforts importants ont été entrepris dans le domaine agricole. De 1970 à 1990, les investissements réalisés dans le secteur agricole étaient de 11 milliards en moyenne par an1.

Ces efforts entrepris ont servi à la formation des cadres (A) et des exploitants et aux aménagements des infrastructures agricoles (B).

A- La formation des cadres et des producteurs

Les réformes entreprises dans le secteur agricole par l'Etat, soulevaient de grandes difficultés d'application tenant entre autres à la pesanteur des traditions, à la faiblesse de l'encadrement technique et des moyens financiers.

Conscient de ces obstacles, le gouvernement prit diverses mesures incitatives en faveur des paysans pour les amener à adhérer et à participer à la mise en oeuvre de la réforme. Ainsi, à partir de mars 1977, une mobilisation générale a été organisée à travers le pays pour expliquer le but et le sens de la Révolution Verte, de la nouvelle politique agricole.

C'est dans cette perspective que, beaucoup de producteurs ont été formés en techniques de production et en principes d'organisation en vue de leur professionnalisation par les différentes structures d'encadrement et de vulgarisation à travers de nombreux projets.

En matière de formation des cadres et du personnel du département de l'agriculture, il faut retenir l'ouverture de l'Ecole Nationale d'Agriculture (ENA) en 1968 au sein du

1- Charles DEBBASCH : L'Etat du Togo, 1967-2004, Mars 2004, p. 415.

Centre de Formation Professionnelle Agricole (CFPA) de Tové, la transformation de ce centre en Institut National de Formation Agricole (INFA) en 1981.

Il est à mentionner aussi l'ouverture de l'Ecole Supérieure d'Agronomie à l'Université de Lomé en 1972, la formation et le recyclage des cadres avec l'aide de certains partenaires, la France, l'Allemagne, les Etats-Unis entre autres.

Afin de répondre au développement agricole dans la sous région, le Togo a participé à la création d'écoles de formation des cadres en collaboration avec d'autres pays de la sous région notamment l'Ecole Inter-Etats des Sciences et de Médecine Vétérinaire (EISMV) à Dakar au Sénégal, l'Ecole des Ingénieurs de l'Equipement Rural à Ouagadougou au Burkina-Faso.

Les efforts du gouvernement togolais ont consisté également à l'aménagement des infrastructures agricoles.

B- Les aménagements des infrastructures agricoles

En ce qui concerne les aménagements des infrastructures agricoles, il faut retenir qu'ils portent sur les pistes rurales, l'aménagement hydro-agricole, les magasins de stockage et les équipements agricoles.

-Les pistes rurales

Dans ce domaine, des efforts importants ont été faits dans leur construction par les différentes structures mises en place par les pouvoirs publics. De 1969 à ce jour, il a été ouvert environ 6600 km de pistes rurales malgré les difficultés de leur entretien.

-Les aménagements hydro agricoles

Les retenues d'eau et barrages construits de 1969 à ce jour ont été d'une importance capitale pour les populations rurales. Il faut signaler que sur 180 000 ha de terres irrigables, 2300 ha ont été aménagés et seulement 1247 ha exploités, dont 900 ha gérés par les chinois du complexe sucrier d'Anié1.

-Les magasins de stockage

En ce qui concerne les magasins de stockage, environ 300 ont été construits à travers tout le pays.

-Les équipements agricoles

La traction animale, embryonnaire au départ, a connu un réel développement à partir de 1980, suite à l'inadéquation de la motorisation introduite en 1975.

C'est ainsi que le nombre d'attelages est passé de 4195 en 1984 à près de 10.000 aujourd'hui dont plus de 8 500 pour la seule région des savanes2.

Le constat est que de nos jours, certaines unités agro-industrielles et certains centres de production ne sont plus opérationnels à l'instar de l'usine de transformation d'anacarde et les centres avicoles ou privatisés comme les centres de productions de matériel végétal de la SRCC, l'huilerie de la SONAPH, les usines d'industrie textile et la sucrerie d'Anié.

1- DSRP, 2008, p. 41

2- LARE Bama : op cit p. 37.

Il faut souligner que, depuis "la révolution verte de 1977", le Togo s'assure une autosuffisance alimentaire précaire, le problème de l'alimentation se posant encore aux plans quantitatif et qualitatif à des périodes de faible pluviométrie au cours desquelles certaines familles, certains groupes sociaux et localités connaissent une insécurité alimentaire structurelle et conjoncturelle. Ce fut le cas, par exemple, lors de la hausse du prix de maïs pendant ces dernières années au Togo.

Il ressort de l'analyse de cette première partie que La FAO, selon ses fondateurs, est «née de l'idée de mettre l'humanité à l'abri du besoin», autrement dit «de vaincre la faim et de satisfaire les besoins ordinaires d'une vie décente et digne».

S'il existe un principe fondamental sur lequel repose la FAO, c'est celui du parfait recoupement en dernière analyse du bien-être des producteurs et de celui des consommateurs. Chaque fois que le contraire semble vrai, c'est parce que tous les facteurs n'ont pas été pris en compte, notamment le risque de soulèvements sociaux et de guerres.

Il existe toujours un cadre plus large dans lequel les intérêts des producteurs et des consommateurs peuvent être considérés comme identiques. Il appartiendra à la FAO de rechercher et de mettre en valeur ce cadre plus large, cette vision d'ensemble, qui permettra de concilier les différences et de mettre l'humanité à l'abri du besoin afin d'assurer à tous des conditions de vie meilleures.

Afin d'apporter des solutions à la précarité agricole du Togo la FAO va tenter de préconiser certaines approches basées sur le développement du secteur agricole.

Globalement, Elle propose comme remède aux problèmes alimentaires du Togo la valorisation des terres incultes, l'exploitation de la diversité climatique, la maîtrise de l'eau, une utilisation rationnelle et optimale des intrants agricoles.

Le désenclavement des zones à fort potentiel agricole, la pratique de l'agroforesterie par la plantation d'espèces pérennes pour le maintien à long terme de la fertilité des sols, l'intensification de la recherche agricole et son expérimentation, la facilitation de l'accès des groupements agricoles, la mécanisation, l'utilisation d'engrais, la réforme agro-foncière permettant une juste répartition des superficies cultivables sont également recommandées, sans oublier la professionnalisation, la syndicalisation du secteur agricole afin de protéger les droits des producteurs et le rôle politique de l'Etat dans ce domaine en termes d'orientations et de réglementations.

DEUXIEME PARTIE

L'APPORT DE LA FAO A LA POLITIQUE DE SECURITE
ALIMENTAIRE AU TOGO

Le Togo est un pays en développement et comme tel, souffre de multiples problèmes dans les domaines social, économique et culturel. Ainsi, le développement de l'agriculture, de l'élevage, de la pêche et la mise au point des infrastructures de développement, l'amélioration des conditions de vie de la population, constituent des priorités du gouvernement togolais entreprises dans divers programmes et projets de développement. Malgré ces divers efforts, les résultats ne sont pas toujours satisfaisants car nombreux sont les fléaux qui défavorisent son développement.

Face à cette situation, le Togo, pour son développement, a besoin de la participation et de l'aide des institutions internationales. Naturellement, la contribution technique de la FAO au Togo a permis la concrétisation de certains projets agricoles.

Il faut retenir ici que, notre démarche n'est pas de faire une étude analytique de la contribution de la FAO aux divers projets du gouvernement togolais. Il s'agira plutôt d'une synthèse, d'une étude globale de l'ensemble de ces projets selon leur domaine d'activité. Il faut ajouter également que cette partie portera sur les résultats atteints par la FAO au Togo et leurs limites, d'une part (Chapitre I) et les recommandations pour garantir une sécurité alimentaire au Togo, d'autre part (Chapitre II).

CHAPITRE I : LES EFFORTS DE LA FAO AU DEVELOPPEMENT DU SECTEUR AGRICOLE AU TOGO.

Le Togo, pour faire face aux problèmes d'agriculture et aux déséquilibres en matière d'alimentation, élabore des projets, des politiques et des programmes de développement. Ces derniers ne sauraient aboutir sans les moyens suffisants et une expertise de qualité. C'est justement dans cette perspective que la contribution de la FAO s'avère nécessaire. Il est important de préciser que l'assistance de l'organisation onusienne n'est pas faite ex-nihilo, elle est toujours conditionnée (section1). Après l'accord de siège, la FAO va faire du développement agricole et de l'éducation des populations rurales son option stratégique pour parvenir à la sécurité alimentaire au Togo (section2).

Section 1 : Les modalités d'intervention

Une institution internationale ne peut jamais opérer dans un Etat sans le consentement de ce dernier. Ainsi, les modalités d'assistance de la FAO au Togo sont précédées par la demande préalable du gouvernement togolais (paragraphe1). Cette demande est suivie par l'élaboration des projets et l'accord de siège ; le financement des projets et leur réalisation (paragraphe2).

Paragraphe 1 : La demande du gouvernement togolais et l'élaboration de projets et l'accord de siège

L'intervention de la FAO au Togo a été marquée par un accord de siège, donnant à ces deux parties des statuts juridiques spécifiques. A travers cet accord les deux parties reconnaissent leurs droits et devoirs l'une envers l'autre. Il faut retenir que l'Etat togolais fut le premier à introduire une requête (A) auprès de l'institution afin d'obtenir cet accord de siège (B).

A- La demande du gouvernement togolais

L'installation officielle de la FAO au Togo est récente et date de 1980. Auparavant, le Togo recevait l'aide de la FAO par le truchement du PNUD.

Cependant, une telle aide doit être généralement subordonnée à l'expression de la volonté de tout Etat nécessiteux. En effet, conformément aux dispositions du Programme des Volontaires des Nations Unies exécuté par le PNUD, les volontaires ne sont envoyés dans un pays qu'à la demande expresse et avec l'approbation de ce pays bénéficiaire1.

Quelques fois, pour concrétiser ses projets de développement établis dans ses plans quinquennaux, le Togo s'adresse soit directement à la FAO elle-même, soit au PNUD, organisme des Nations Unies chargé du recrutement des consultants ou des volontaires1.

En 1972, le Togo comptait deux volontaires FAO/Nations Unies chargés de la sylviculture et onze volontaires ayant fait l'objet d'une demande officielle.

Un certain nombre de projets ont été conjointement mis au point par le gouvernement togolais et le PNUD et exécutés par la FAO. D'autres encore font l'objet de tractations directes entre le gouvernement et la FAO. Ces projets tiennent compte des secteurs de développement marqués par : l'agriculture, l'élevage, la sylviculture, la pêche, l'éducation ou la formation des acteurs.

B- L'élaboration de projets et l'accord de siège

L'exécution des travaux dans le cadre des projets exige du Gouvernement togolais et de la FAO des statuts juridiques. Il importe qu'il soit déterminé entre les deux parties des textes réglementant leurs actions.

Ainsi, l'accord de Représentation signé à Lomé le 25 juin 1980 entre le gouvernement de la République Togolaise et la FAO, comportait neuf (09) articles. Ces articles font mention de la représentation de la FAO, des fonctions de ses représentants, de son assistance technique d'une part, et de la contribution du Gouvernement togolais par rapport aux facilités, aux privilèges et immunités, à la liberté d'accès et de séjour ainsi qu'aux droits de réunion à accorder aux représentants de la FAO d'autre part.

Ce statut juridique encadre les multiples actions de la FAO au Togo parmi lesquelles le projet FAO/Togo intitulé « Amélioration du stockage et du décorticage du riz » visant à prévenir des pertes alimentaires.

Il ressort de ce projet des droits et obligations pour chacune des parties.

S'agissant du gouvernement togolais, il s'occupera de la bonne marche, de l'entretien et de l'assurance du matériel et de l'équipement livrés par la FAO au titre du projet. Il doit délivrer gratuitement des visas de séjour aux personnes physiques ou morales affectées au projet et leur accorder des privilèges et immunités en vue de la bonne marche des activités.

De son côté la FAO se charge de fournir un spécialiste en stockage et de la transformation des produits céréaliers. Elle s'occupe également de la construction des locaux et octroie le matériel.

Paragraphe 2 : Le financement et l'exécution des projets

La FAO travaille en général avec les organismes internationaux oeuvrant pour le développement des pays pauvres. Ces Institutions Internationales participent d'une manière ou d'une autre au financement des divers projets (A) qui relèvent de la compétence de la FAO et permettant ainsi leur exécution (B).

A- Le financement des projets

Les ambitions retrouvées de la FAO ne seraient qu'illusoires si elles n'étaient pas accompagnées par un formidable fonds de moyens financiers et techniques.

Pour mener à bien ses activités et jouer efficacement son rôle combien complexe en matière du développement agricole, la FAO travaille en collaboration avec des organisations ou institutions rattachées ou non au système des Nations Unies. Ces institutions constituent des sources de financement des divers projets qui entrent dans la compétence de la FAO. Elles sont également des réservoirs de consultants et de volontaires de la FAO, des assistants techniques dans les domaines de formation des masses et d'exécution de projets établis par le Togo.

Trop tributaire du PNUD, la FAO a cherché à diversifier ses sources financières, et pour allier viabilité économique et faisabilité technique, plusieurs centres d'investissement ont été lancés.

Avec le financement du PNUD, la FAO consolide sa position de principal bénéficiaire des fonds alloués par le Programme. La part des ressources de ce dernier accordé à l'Organisation a toujours oscillé entre 20 et 30 %, dépassant même les 30% à la fin des années soixante et début des années soixante dix1.

Pour attirer les capitaux dans le domaine agricole, la FAO eut de plus en plus recours à la technique de fonds fiduciaires. Elle se lança également dans la création d'un Fonds International de Développement Agricole (FIDA).

En 1964, la Banque Mondiale confirmant son désir de diversifier les projets qu'elle finançait, s'alliait avec la FAO et ensemble constituaient le programme de coopération technique.

En dehors des institutions précitées, la FAO tire ses fonds des organismes tels que : la Campagne Mondiale Contre la Faim (CMCF) ; le Bureau des Opérations Spéciales de Secours (BOSS) ; la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD).

Par ailleurs, elle essaie d'apporter par l'entremise de la BIRD un minimum de viabilité économique au démarrage de ses projets.

Outre ces sources de financement, il faut ajouter l'apport des gouvernements des pays en développement dont les projets sont à exécuter. Au Togo, les projets sont réalisés sur des fonds de la FAO et de divers autres organismes internationaux et les apports du gouvernement togolais.

B- La réalisation des projets

L'exécution des projets fait l'objet d'efforts conjoints des consultants ou experts de la FAO d'une part, et de leurs homologues ou nationaux d'autre part. D'une manière concrète, la réalisation de tel ou tel projet est illustrée de la façon suivante :

Chaque consultant ou volontaire sur le terrain dénombre les techniques qui entrent dans le domaine de sa compétence. Par exemple, un agronome présente les meilleures méthodes de culture, un zoologiste peut répertorier la faune et un pédagogue participe à un projet d'alphabétisation des adultes.

Il faut souligner que l'exécution des travaux s'inscrit dans un cadre institutionnel définissant d'une part l'organisme national de collaboration et de coordination et d'autre part la hiérarchie à respecter parmi les consultants. Au Togo, la plupart des projets agricoles sont placés du côté national sous la tutelle du Ministère technique de l'Agriculture, de l'élevage et de la pêche.

Il faut également relever que, le problème qui pourrait se poser dans l'exécution des travaux reste celui de l'adaptation des consultants au milieu tropical. Autrement dit, tous les conseils pratiques des experts peuvent-ils être utiles en place ? La solution à ce problème réside dans la nécessité de faire venir des experts ayant une parfaite expérience des problèmes tropicaux en matière d'agriculture.

Une fois remplies les modalités ci-dessus précitées, la FAO intervient au Togo pour aider le pays dans ses efforts de développement. Toutefois, il convient de rappeler que l'assistance de cette institution n'affecte que quelques secteurs économiques.

Section 2 : Le développement agricole et l'éducation des populations rurales comme option stratégique de la FAO pour parvenir à la sécurité alimentaire au Togo

La situation actuelle d'insécurité alimentaire donne un regain d'intérêt à la mission essentielle de la FAO dans les domaines agricole et forestier (paragraphe1).

A cet effet, la FAO met l'accent sur l'éducation des populations surtout rurales (paragraphe2).

Paragraphe 1 : Les activités de la FAO dans le domaine agricole et forestier

L'agriculture et la forêt sont des facteurs du développement économique et social, et constituent à cet effet la principale priorité du gouvernement togolais.

L'objectif de cette politique est de parvenir à l'autosuffisance alimentaire, condition sine qua none pour un développement socio-économique viable. C'est dans cette optique que la FAO va oeuvrer dans les domaines agricole (A) et forestier (B) suscitant ainsi leur promotion au Togo.

La mission capitale de la FAO est de faire disparaître la faim de la surface du globe et favoriser le développement de l'agriculture dans le monde. C'est justement dans cette perspective que, l'assistance de la FAO au Togo sera basée sur le secteur agricole.

L'intervention de la FAO au Togo, se traduit d'abord par des apports financiers et autres afin de faciliter la réalisation des projets ; ensuite par une assistance technique proprement dite où il y a échange d'expérience et de connaissance en matière agricole.

Cette intervention de la FAO a conduit à la signature du projet PNUD/Togo dit projet d'Assistance pour l'établissement et l'exécution de projets et de programmes de développement rural.

Le projet gouvernemental intitulé « Office National de Produits vivriers » qui permit la création de Togograin est un autre cas d'intervention de la FAO. En effet, à la demande du gouvernement togolais, la FAO a mis en place cet Office. A travers l'installation de cet Office National de Produits Vivriers, la FAO visait à :

- promouvoir la production vivrière en général et en particulier des céréales, par des interventions tendant à stabiliser le marché et par la création d'une infrastructure améliorée de stockage et de transformation ;

- offrir aux producteurs des débouchés de manière à favoriser les investissements productifs dans l'agriculture,

- stabiliser les prix et prévenir les fluctuations excessives,

- assurer une redistribution dans le temps et dans l'espace par la constitution de stocks de réserves,

- rechercher des débouchés extérieurs en cas d'abondance et des sources d'approvisionnement en cas pénurie.

La FAO a oeuvré également dans le processus de la mécanisation de l'agriculture togolaise. Le gouvernement togolais, conscient du grand rôle économique de la mécanisation, a envisagé en 1974, la création d'un Centre National d'Essai et d'Expérimentation du machinisme agricole. Ce Centre de formation professionnelle agricole basé à Tové bénéficie de l'expérience de la FAO. Elle a également aidé l'Etat togolais à préciser les besoins et à formuler une éventuelle requête d'assistance technique et financière dans la perspective de la création de ce centre.

Deux grandes sociétés nationales de production agricole à savoir la SONAPH et la SRCC ont bénéficié de l'expérimentation de cette mécanisation.

Dans le cadre de son assistance au gouvernement togolais en matière de développement agricole, la FAO a participé à la mise en valeur de la vallée de l'Oti, en apportant son expertise dans la lutte contre l'onchocercose. L'assistance de la FAO s'est illustrée encore dans le vaste programme intitulé « Programme d'Aménagement du Nord-Togo ». Dans ce programme, les opérations qui concernent exclusivement le paysannat avaient pour but :

-l'augmentation de la production agricole dans les zones pilotes qui sont au nombre de quatre à savoir : Kabou, Kantè, Barkoissi, Toaga.

- la mise en oeuvre des ressources actuellement inexploitées ou sous-exploitées à savoir le défrichage de nouvelles terres, l'aménagement de bas-fonds pour la riziculture, le développement de la production fruitière, la construction de retenues d'eau en vue de l'irrigation et le développement de la pisciculture,

- le développement de l'élevage lié à l'agriculture,

- l'étude et la définition d'un système de promotion du développement technique économique et social du secteur rural dans lequel le paysan ne sera plus « assisté » mais deviendra plutôt un partenaire à part entière.

La perte de denrées constitue l'un des facteurs de la pénurie alimentaire qui fait que le paysan ne parvient pas à bénéficier entièrement des fruits de son effort. Dans le cadre d'un programme d'action pour la prévention des pertes alimentaires, la FAO et le gouvernement ont signé des projets tendant à remédier aux divers fléaux qui conditionnent les pertes de produits alimentaires.

L'un de ces projets, l'amélioration du stockage des ignames visait une comparaison des méthodes traditionnelles de stockage des ignames au Togo afin d'évaluer les aptitudes du stockage des principales variétés existantes.

Le second projet, l'amélioration du stockage et du décorticage du riz prévoit entre autres objectifs le développement de la riziculture en milieu paysan par les organisations et groupements de production.

La FAO a mis à la disposition de ce second projet des matériaux de construction, les unités de décorticage du paddy, les groupes électrogènes nécessaires pour créer trois centres autonomes de collecte, de séchage, de stockage et de décorticage.

Toujours dans le cadre de prévention des pertes alimentaires après récolte, le gouvernement togolais a bénéficié de l'assistance du « Programme d'Action de la FAO pour la prévention des pertes Alimentaire.» C'est à travers ce programme qu'est créé au Togo, l'Observatoire pour la Sécurité Alimentaire du Togo (OSAT), actuelle Agence Nationale pour la Sécurité Alimentaire du Togo (ANSAT).

La FAO apporte toujours sa contribution au développement du secteur agricole au Togo. Elle travaille de nos jours en collaboration avec le Ministère de l'Agriculture de l'Elevage et de la Pêche.

Elle a participé à l'élaboration du Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA) qui vise à assurer la sécurité alimentaire de toutes les couches de la population au plan national et sans aucune discrimination à travers les six axes stratégiques suivants :

1. La promotion du droit à l'alimentation,

2. l'amélioration de la productivité et le développement des productions végétales, animales et halieutiques,

3. la valorisation des productions végétales, animales et halieutiques,

4. la gestion durable des ressources naturelles et de l'environnement,

5. la promotion de la maîtrise de l'eau et de l'hydraulique villageoise à des buts multiples,

6. la promotion de la nutrition et de l'éducation nutritionnelle1.

Dans le cadre de la sécurité alimentaire pour l'année 2009, la FAO a signé deux conventions de financement de projets avec le gouvernement togolais qui s'élèvent pour la première à un million neuf cent quarante mille (1 940 000) Euros soit environ un milliard deux cent soixante treize millions sept cent quatre mille six cent (1273784600) FCFA et la deuxième à seize millions six cent cinquante mille (16 650 000) dollars soit environ huit milliard deux cent quatre vingt huit millions trois cent soixante dix mille (8288370000) FCFA2.

Elle a offert également des outils agricoles aux agriculteurs togolais victimes des inondations. Ce don d'outils et d'intrants agricoles est estimé à près de 300 millions de FCFA. Il est inscrit dans le cadre de l'exécution de trois projets d'urgence financés par la FAO et vise notamment à renforcer les activités agricoles des victimes des inondations survenues au Togo en 2007-2008. Cette assistance continuera l'année prochaine avec un autre volet à l'endroit de 2500 paysans pour renforcer leur production de céréales.

Dans le cadre du projet « renforcement des bases de sécurité alimentaire des ménages agricoles vulnérables au Togo » la Commission Européenne a mis à la disposition de la FAO, 1.640.702.193 FCFA pour son financement3.

Ce projet vise à :

- améliorer la production vivrière au Togo

- améliorer la situation alimentaire des ménages jugés vulnérables pour leur permettre d'accroître la production agricole par le biais de la fourniture des semences améliorées et des intrants.

Parmi les préoccupations de la FAO au Togo, le secteur forestier occupe également une place importante.

B- Dans le domaine forestier

La forêt est un facteur du développement économique et social. Cependant, le constat est que le Togo de par ses conditions climatiques ne possède pas de véritables forêts. Donc il est confronté aux problèmes d'approvisionnement en bois de chauffage et de charbon de bois. Outre ces problèmes, il importe de souligner l'impact des forêts sur l'agriculture.

Eu égard à ces problèmes, le gouvernement a sollicité l'assistance du PNUD/FAO en vue de définir les grandes lignes d'une politique forestière et de préparer un plan de développement des forêts.

1- DSRP-C, Avril 2009, p. 58.

2- Togo Presse n° 8017, du 30 avril 2009, p. 5. 3-Togo Presse n° 8105, du 26 août 2009, p. 4.

Cette demande du gouvernement togolais aboutit à la mise au point des projets notamment le développement des ressources forestières et l'assistance à l'ODEF.

La FAO a travaillé de concert avec le Ministère en charge de l'Economie Rurale pour la concrétisation de ce projet. Ce projet consistait à faire l'inventaire général des forêts naturelles, d'étudier la consommation des produits forestiers, de rechercher des zones aptes à être reboisées, et enfin d'introduire des essences à croissance rapide.

La mise en place de l'Office du Développement et d'Exploitation des ressources Forestières (ODEF) a été un apport important pour le développement forestier au Togo.

Le projet d'Assistance à l'ODEF signé le 26 mars 1974, donnait à l'office le support technique de la FAO en personnel, en matériel et en bourses de formation. Les experts de la FAO conseillèrent le Directeur National de l'ODEF sur le déroulement des travaux.

Afin de contrecarrer l'avancée rapide du désert et de lutter contre l'érosion sous toutes ses formes, le gouvernement sollicita et obtint l'accord du PNUD/FAO pour le projet d'Assistance à l'ODEF en reboisement du Nord-Togo. Les travaux de consultation menés auprès de la FAO obligent le gouvernement togolais à déclarer le 1er juin, en 1977, comme journée nationale de l'arbre.

Conformément à cette politique nationale de reboisement, un projet de reboisement fut signé le 08 décembre 1977 avec comme objectifs :

- la restauration forestière dans la région Nord-Togo,

- la démonstration aux populations locales des avantages du reboisement et des plantations,

- l'approvisionnement de l'économie du Nord-Togo dans la mesure du possible en bois d'usage domestique et de service.

De nos jours, les problèmes relatifs à la déforestation devenant de plus en plus cruciaux, l'assistance de la FAO dans le domaine forestier au Togo devra être renforcée.

C'est justement dans cette logique qu'une convention de financement a été signée le mercredi 12 août 2009 au Ministère de l'Environnement et des Ressources forestières entre le gouvernement togolais et la FAO.

D'un coût total de 401000 dollars Us soit 188 684 564 FCFA1, ce projet intitulé « actualisation du Plan d'Action Forestier National (PAFN) », vise à redynamiser le secteur forestier au Togo.

Cela suppose la mise en place des dispositifs règlementaires du nouveau code forestier accompagné d'activités de sensibilisation et de formation de tous les acteurs visant la promotion d'une gestion participative, rationnelle et durable des ressources forestières du pays.

Afin de préserver la forêt, le gouvernement organise des concours spéciaux pour recruter des forestiers en vue de renforcer les capacités opérationnelles de ce secteur.

1-Togo Presse, n° 8097, vendredi 14 août 2009, p. 4.

Il faut préciser ici que les divers cas d'assistance ci-dessus cités ne sont guère exhaustifs et ne constituent que des exemples parmi d'autres.

Le problème de la faim est toujours d'actualité, c'est pourquoi la priorité est accordée principalement aux secteurs agricole et forestier. Toutefois, dans le souci d'équilibrer la quantité et la qualité en matière de l'alimentation, la FAO a toujours associé les activités agricoles avec celles relatives à l'élevage et à la pêche.

Paragraphe 2 : La formation et l'éducation des populations rurales

C'est à travers la formation (A) et l'éducation que la FAO arrive à collaborer avec les agents agricoles et informer les populations (B) sur les problèmes et les dangers liés à l'insécurité alimentaire.

A- La formation

Pour bien mener ses activités au Togo, la FAO se voit obliger d'étendre son assistance jusqu'à la formation des cadres. Elle s'évertue à former les nationaux soit sur place, soit ailleurs en leur accordant des bourses de formation.

Au niveau des Sociétés Régionales d'Aménagement et de Développement (SORAD), les Experts de la FAO ont apporté leur assistance dans la formation de leurs homologues togolais.

Dans le compte de la réalisation du vaste programme d'aménagement du Nord-Togo, l'Institut de Recherches Agronomiques et des Cultures vivrières (IRAT) a été mis en place. A travers cette structure locale, les nationaux devront acquérir l'expérience en matière agronomique, pédagogique, hydrologique, zoologique, sociologique et économique. Cette formation a permis aux cadres locaux de dégager les données essentielles pour définir les objectifs et actions à mener pour l'aboutissement du programme. Il s'agissait en effet d'inculquer aux paysans des régions bénéficiaires les techniques agricoles telles que :

- l'association des cultures,

- la pratique de l'assolement,

- la traction attelée,

- la sélection des semences adaptées au climat et aux sols,

- la technique de fertilisation des sols par les engrais chimiques et le fumier.

Afin de parvenir aux résultats escomptés dans le Programme d'Aménagement et de Développement Intégré du Nord-Togo, la FAO a organisé à l'intention des encadreurs, des cours de formation pratique et théorique au cours desquels les thèmes suivants ont été développés :

- comparaison coût traction animale et coût tracteur avec pour but de sensibiliser les paysans sur les avantages de la culture attelée,

- importance de l'utilisation des semences sélectionnées,

- densité de semis, date de semis, respect du calendrier cultural,

- utilisation des engrais.

Le projet avait également envisagé la formation des magasiniers des produits agricoles.

Il faut noter qu'à la suite des travaux de formation, nombreux sont les paysans qui sont devenus propriétaires d'attelages équipés et beaucoup ont acquis des techniques culturales.

Afin de stabiliser les prix sur les marchés de céréales et relever ainsi les revenus familiaux des togolais, la FAO en collaboration avec certains services techniques du gouvernement, intervient pour établir les défauts de structures de stockage au niveau du paysan et pour proposer les actions à prendre pour y remédier et lutter contre les prédateurs.

Elle organise à cet effet des entretiens avec les paysans dans les différentes régions économiques du Togo.

B- L'information et l'éducation des populations rurales

Non seulement la FAO favorise le transfert direct de connaissance et de technologies par le biais des projets de terrain, mais en outre elle entretient une variété de services d'information et de soutien.

La FAO est une source par excellence d'information, à travers ses publications comme le montre le Tableau N° 3 sur la situation alimentaire du Togo.

Elle attire également l'attention des populations rurales sur les dangers et les actions à entreprendre pour une sécurité durable en matière de l'alimentation.

Il faut aussi préciser que c'est à partir des renseignements qu'elle recueille que la FAO construit ses propositions.

Depuis les années 1982, les différents rapports concernant l'agriculture au Togo sont l'oeuvre des travaux de recherche de la FAO.

Elle rassemble également toutes les données relatives aux questions agro-alimentaires émises par les institutions mises en place notamment :

- l'Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA),

- l'Institut du Conseil et d'Appui Technique (ICAT),

- le Secrétariat Général, du Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche, chargé du rôle régalien de l'Etat et

- l'Observatoire de la Sécurité Alimentaire du Togo (OSAT) ; actuelle ANSAT.

Elle met parallèlement sur pied des enquêtes qui lui permettent de compléter et de vérifier sur le terrain ses informations. Au Togo, la FAO passe par toutes sortes de publication (de l'ouvrage à la revue en passant par les annuaires ou les bulletins) ou l'utilisation des supports audio-visuels (radio, cinéma, télévision...) pour informer et susciter de la part des populations la prise de conscience sur l'ampleur des problèmes alimentaires. Elle encourage également la vulgarisation et la formation technique et participe à l'éducation agro-alimentaire des populations et au recyclage des cadres.

A travers ses programmes de sensibilisation et d'éducation des populations, la FAO aborde des thèmes entre autres :

- l'état nutritionnel du Togo et ses solutions,

- la disponibilité alimentaire,

- la méconnaissance en matière alimentaire,

- l'hygiène alimentaire et les notions de ration alimentaire équilibrée.

Dans le souci d'éduquer la population sur les comportements à observer afin de parvenir à une sécurité alimentaire durable au Togo, le projet « Formation des agents de la radio rurale locale du Togo en genre (parité homme-femme) » a été mis en oeuvre.

Du 07 décembre au 17 décembre 2004, dans le cadre de la coopération technique entre le Togo et la FAO, a été conduite une mission de formation en genre dans le cadre du Projet CP/TOG/3002 (Renforcement des capacités de Production en Radio rurale au Togo).

Cette séance de formation a regroupé 25 participants dont 12 femmes et 13 hommes issus de trois radios locales, de deux radios publiques (Lama Kara et Lomé), de neufs radios privées, et enfin des ONG et des associations féminines.

De l'ensemble des développements qui précèdent, il ressort que la FAO a apporté une contribution inestimable à la croissance du secteur agricole au Togo. Cette contribution multiforme a-t-elle comblé les attentes des populations ? Que peut on alors retenir de la coopération technique entre le gouvernement togolais et l'institution FAO ?

CHAPITRE II : LE BILAN DES ACTIVITES DE LA FAO ET LES APPROCHES DE SOLUTIONS POUR UNE SECURITE ALIMENTAIRE DURABLE AU TOGO

Après plusieurs années d'activités, la préoccupation est de savoir quel est le bilan de l'intervention de la FAO (section1) par rapport au développement socioéconomique du Togo ?

Si ce bilan s'avérait négatif, quelles seraient les nouvelles approches pour une sécurité alimentaire durable au Togo ? (section2).

Section 1 : Le bilan des activités de la FAO au Togo.

Les résultats atteints par la FAO au Togo s'identifient d'une part, par l'amélioration du bien-être social et d'autre part, par le progrès économique (paragraphe1).

Cependant, il est important de constater que la FAO est limitée dans ses actions par certains facteurs qui vont susciter la nécessité pour sa réforme (paragraphe2).

Paragraphe 1 : La contribution de la FAO au développement socio- économique au Togo

La FAO, à travers ses projets et programmes a contribué énormément à l'amélioration des conditions de vie des populations (A) et au développement socioéconomique au Togo (B).

A- L'amélioration des conditions de vie

La participation de la FAO au développement socio-économique du pays a permis un changement des conditions de vie de la population.

En effet, on note une disparition progressive de certains facteurs négatifs au mieuxêtre des populations, et une émergence d'autres facteurs favorables à celles-ci. Des exemples allant dans les deux sens sont révélés au regard des projets réalisés.

Ainsi, la FAO a inscrit l'eau et la santé en priorité dans ses projets sociaux. C'est donc avec satisfaction qu'il est démontré que l'intervention de la FAO au Togo n'a pas passé outre ces deux éléments.

En effet, le problème de l'eau a été étudié dans le projet dit « Projet d'aménagement du Nord-Togo » et des ébauches de solution adéquate ont été fournies. C'est dans le cadre de ce projet que certaines populations du Nord ont bénéficié des puits leur permettant de se soulager des grandes distances qu'elles parcouraient auparavant pour atteindre des points d'eau quelques fois presque taris ou insalubres.

Outre le problème d'eau, celui de la santé n'a pas été négligé. C'est ainsi qu'en collaboration avec l'OMS, la FAO a libéré des populations du Togo de certaines maladies relatives à l'eau à l'instar de l'onchocercose.

Toujours dans le domaine de la santé, l'intervention de la FAO a permis dans le cadre du projet d'Aménagement et du Développement Intégré du Nord Togo, la création de plusieurs centres de santé dans certains villages.

Il faut signaler également que, les villages pilotes de ce projet notamment LandaPozenda dans la Kozah Hélota dans la Kéran et Assérè de la préfecture de la Binah ont bénéficié de la construction des ponts, de routes et de pistes rurales.

Ceci a permis leur désenclavement. La mise en place également des installations communautaires à savoir : les magasins et des moulins dans les villages a été un soulagement pour la population. Un autre élément relatif à l'amélioration du bien-être social est fourni par le Projet d'Assistance à l'ODEF. Ici l'accent fut mis sur le charbon de bois, produit tendant de plus en plus à se substituer au bois de chauffage comme combustible.

La FAO a fourni le matériel nécessaire pour la construction de dix fosses et onze fours cubiques de type Mark IV en vue d'une carbonisation plus abondante. Celle-ci a été une opération très rentable à la fois pour le consommateur et pour le fournisseur de charbon1.

Dans sa politique d'assistance au gouvernement togolais, la FAO a prévu des moyens de stockage et de conservation des produits vivriers. Par le biais du « programme de prévention des pertes alimentaires » conjointement élaboré par le gouvernement et la FAO, cette dernière entend éviter les pertes de produits tant au moment de la récolte que durant tout le temps du stockage et garantir à la population rurale une quantité suffisante de vivres.

Toujours dans cette perspective d'améliorer les conditions de vie des populations, la FAO a mis en place le projet d'amélioration du stockage des ignames. A cet effet, elle a mis au point un hangar sur la station d'essais de Sotouboua. La station de Sotouboua collectionne une quarantaine de variété d'ignames et de manioc.

Un parc de bois pour le manioc est installé à Adangbé près de Tsévié pour desservir l'atelier de production du gari, une denrée très appréciée au Togo.

A ces projets, il faut ajouter le projet d'amélioration de stockage du riz. Il a mis en place trois centres autonomes de collecte, de séchage, de stockage et de décorticage de riz paddy dans les villages du sud-Togo notamment Badja, Adamé, Azahoun.

Le projet d'amélioration des silos de Togograin a permis une meilleure conservation de
céréales. Cette politique de conservation moderne de produits vivriers est secondée par

1- Rapport sur les objectifs du Projet d'Assistance à l'ODEF, 1974.

celle de l'implantation des agro-industries, un des objectifs prioritaires du troisième plan quinquennal (1976-1980).

La FAO, dans le projet d'Assistance au Programme National d'Alimentation et de Nutrition, a permis au gouvernement de créer un centre de nutrition à Cacavéli (banlieue de la ville de Lomé). Le but est de transformer sur place les produits vivriers locaux, de perfectionner la fabrication locale de produits alimentaires de base afin d'éviter l'importation trop coûteuse de ces mêmes produits.

La FAO a toujours été aux côtés du gouvernement togolais quand il s'agit d'apporter son soutien pour l'amélioration des conditions de vie des populations. Il faut souligner que la FAO, par le biais du Programme Alimentaire Mondial (PAM), a souvent oeuvré pour le bien-être de la population togolaise. En effet, lors des inondations que le Togo a connues en 2007, le PAM a fourni 56 tonnes de vivres pour la région des Savanes et 44 tonnes pour celles de la Maritime et des Plateaux1.

Elle a démarré à cet effet un projet d'appui au maraîchage à 2000 agriculteurs sinistrés dans la région des Savanes. Avec le concours de l'armée, le PAM a démarré la distribution de 75 tonnes de maïs, 9,5 tonnes de pois jaunes/haricots, 9,5 tonnes de farine de soja, 5,7 tonnes d'huile et 450 kilogrammes de sel dans les localités d'origines des déplacés notamment Adamè, Kpondavé et Afagnan. Elle a également entrepris les mêmes actions au cours des inondations de 2008.

Les quelques projets et actions cités ici font l'objet des résultats relatifs à l'amélioration du bien-être social de l'intervention de la FAO au Togo.

Quels sont également les résultats obtenus au plan économique ?

B- Les progrès économiques

Le social ne se démarquant pas de l'économie, il est important de rappeler que les objectifs atteints en matière du bien-être social constituent le soubassement du progrès économique du Togo. En effet, avec la multiplication des puits, l'élimination de l'onchocercose, la création des centres médicaux, la population rurale togolaise est protégée contre beaucoup de maladies et peut dans une large mesure vaquer à ses activités agricoles. Ceci a permis aux agriculteurs de disposer de meilleures conditions de vie et de travail, pour leur épanouissement économique.

Bien d'autres résultats perceptibles peuvent être cités.

Le projet FAO/Togo relatif à la mise en valeur des terres libérées de l'onchocercose
après avoir éliminé des simulies a mis en oeuvre la vallée de l'Oti et du Koumongou, 78%
des terres, soit cinquante trois mille hectares pour l'agriculture. L'exploitation de ces
terres ne fera qu'accroître le potentiel économique du pays. C'est là un autre produit de
l'intervention de la FAO en matière d'amélioration de la santé et de l'économie togolaise.
Au cours du projet d'Aménagement et du Développement Intégré du Nord Togo,
les populations ont bénéficié des semences sélectionnées. Ces semences sélectionnées des

1 -Rapport de situation sur les inondations au Togo ; 13 novembre 2007.

variétés de maïs, du riz, de sorgho, mil et de haricot ont fait leur preuve dans certaines régions. Aussi, le comité d'Evaluation et d'Organisation1 qui était chargé de suivre l'exécution du projet, recommanda la poursuite de la recherche sur les semences sélectionnées et leur vulgarisation. Par ailleurs, l'intervention de la FAO au Togo dans le cadre du projet d'assistance à la création du Centre National d'Essai et d'Expérimentation du Machinisme Agricole (CNEEMA) a conduit dans une certaine mesure, à la réduction du déficit de la mécanisation de l'agriculture. Ainsi les agriculteurs sont désormais équipés d'appareils modernes de traitement phytosanitaire. Egalement, on assiste à un développement de la culture attelée au Togo.

La FAO a entrepris la promotion des engrais à travers le projet du gouvernement tendant à la vulgarisation, promotion et pré-commercialisation des engrais sur les champs de cultures vivrières. Cette action constitue une amorce du processus de transformation de l'agriculture de subsistance en une agriculture d'économie.

La mise en place de l'Office National des Produits Vivriers (Togograin) a permis de stabiliser les prix sur les marchés de céréales et de relever ainsi les revenus familiaux des Togolais.

Pour une meilleure orientation de la politique agricole, la FAO et le gouvernement togolais ont élaboré un projet de soutien à la Direction des Enquêtes et Statistiques Agricoles. Conformément aux objectifs visés par le projet, une centaine de villages de la Préfecture du Haho ont été enquêtés avec succès, ce qui a permis d'envisager l'étude démographique et soci-économique de tous les villages dans le contexte du Recensement Mondial de l'Agriculture 1980.

Jusqu'ici, nous avons démontré que l'intervention de la FAO revêt une grande importance au Togo car sa présence fait avancer un certain nombre de projets inscrits comme priorité des priorités dans les différents plans et programmes nationaux relatifs à la sécurité alimentaire.

Cependant, cet effort de la FAO se trouve confronté à certains facteurs limitatifs au progrès socio économique du pays. Ces facteurs non seulement freinent le développement du pays, mais aussi rendent problématique, voire hypothétique le succès de l'assistance des experts de la FAO.

1- Ce Comité comprenait le directeur de Cabinet du Ministère du plan, le Conseiller Technique du Ministère du Développement Rural, les Préfets de Kara et de Pagouda, le Représentant de M.I.S.E.R.E.O.R, le Représentant de l'UNICEF au Togo, celui de la FAO, celui de la BIRD.

Paragraphe 2 : Les facteurs limitatifs aux activités de la FAO au Togo et la nécessité de sa réforme.

Les efforts de la FAO se heurtent à un certain nombre de facteurs allant des conditions naturelles, à la défaillance de l'Institution, aux relations humaines et à la crise économique mondiale (A).

Eu égard, aux déséquilibres constatés dans le fonctionnement de la FAO, la réforme de cette Institution onusienne devient un impératif (B).

A- Les facteurs limitatifs aux activités de la FAO au Togo

Ces facteurs peuvent être classés en deux à savoir les facteurs internes et les facteurs externes.

Les facteurs internes constituent un certain nombre d'éléments ayant une emprise négative sur la réussite du développement national. On note tout d'abord les impératifs naturels auxquels viennent s'ajouter les problèmes d'ordre techniques et de relations humaines.

Les facteurs externes sont relatifs à la crise économique mondiale et au manque de volonté des pays développés à travers leur réticence à la contribution au budget de la FAO.

S'agissant des facteurs internes, il faut souligner que la réussite ou l'échec des projets et programmes de développement agricole de la FAO au Togo est toujours conditionné par la faveur ou l'hostilité des conditions naturelles. A ces conditions naturelles, il faut ajouter le fait de certains animaux et oiseaux dévastateurs des semences et récoltes.

Il faut également noter qu'une défaillance est à relever dans l'organisation du

travail.

La réussite de l'exécution des projets FAO/Togo est subordonnée à une meilleure organisation du travail tant du côté gouvernemental que celui de la FAO.

La FAO déplore quelquefois le manque de la mise en place d'une structure nationale pour la réalisation des projets. Au Togo, la défaillance constatée dans le projet d'assistance à l'ODEF est liée au manque du cadre institutionnel, empêchant une bonne coordination entre les différentes divisions des services de l'office.

Un autre facteur limitant les activités de la FAO au Togo est que cette Institution très centralisée. Elle n'a pas créé les bureaux régionaux ou de liaison pour faire de véritables centres autonomes. Il est donc indispensable qu'il soit accordé plus de pouvoir aux représentants locaux dans les pays afin que ceux-ci prennent certaines décisions jugées opportunes sans attendre l'autorisation du siège à Rome.

Un autre problème qui mérite d'être mentionné est celui des crédits. Les crédits octroyés sont beaucoup plus utilisés pour les experts étrangers au détriment de l'économie nationale1.

Le problème de la communication est à mentionner dans les relations humaines. Les experts envoyés dans les pays en développement ont toujours éprouvé le problème de langage entre eux et leurs homologues nationaux d'une part, et entre eux et les populations rurales d'autre part.

Au plan national, le problème relationnel s'est posé dans le cas du déplacement des populations des régions pauvres vers les régions riches ou des régions surpeuplées vers celles à faible densité. Il y a le plus souvent une opposition entre ces populations.

Outre ces facteurs internes affectant l'assistance de la FAO au gouvernement togolais, il existe des éléments extérieurs dont l'influence sur la réussite des projets FAO/Togo est également sensible.

L'actuelle crise économique mondiale a un impact sur le développement socio économique des pays en développement dont le Togo. Nous avons signalé que pour une meilleure exécution des différents projets FAO/gouvernement, les retards dans des engagements contractés par les parties doivent être éliminés. Or, il existe un phénomène indissociable. Chaque économie nationale d'un pays donné est tributaire des fluctuations économiques mondiales. Autrement dit, il y a une certaine interférence dans les rapports économiques globaux. Il faut rappeler qu'avec cette crise actuelle, chaque denrée commerciale voit son prix s'augmenter. Les pays en développement comme le Togo importent une grande quantité de produits de l'extérieur.

Tous ces facteurs freinent la capacité d'investissement des pays dans leurs projets nationaux et dans divers projets d'assistance engagés avec les organismes d'intervention. Toujours avec la crise économique, nous avons la détérioration des termes de l'échange et le Togo n'en est épargné et ceci a des conséquences néfastes sur ses efforts de développement.

En ce qui concerne la réticence des pays développés, il faut retenir qu'il y a plusieurs raisons.

Les Etats développés s'abstiennent d'accorder des prêts et des aides aux pays du Tiers monde à cause de la crise économique mondiale. Une autre raison est d'ordre politique. La démocratie est devenue la condition primordiale pour les pays pauvres de bénéficier des aides de la part des pays nantis. L'application de la démocratie dans les pays en développement n'est toujours pas chose aisée, d'où les sanctions de la communauté internationale.

Eu égard aux facteurs limitatifs des actions de la FAO dans le monde en général, et au Togo en particulier, une réforme de l'institution s'avère indispensable.

1 - LARE BAMA :op cit, p. 68.

B- La nécessité de la réforme de la FAO

Le soixantième anniversaire de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture a été l'occasion de réfléchir sur le passé, mais aussi et surtout réformer l'Organisation pour faire face aux défis qui l'attendent1.

Le début du XXIe siècle a été marqué par l'adoption des Objectifs du Millénaire pour le Développement, dont le premier est d'éradiquer la pauvreté extrême et la faim et de réduire de moitié le nombre de leurs victimes avant 2015. Ces objectifs, réaffirmés lors du récent Sommet des Nations Unies, sont, pour ces premières années du XXIe siècle, la force motrice du système des Nations Unies, et donc de la FAO. Ce siècle sera celui où la FAO travaillera à l'éradication durable de la faim et encouragera une utilisation beaucoup plus raisonnable des ressources naturelles, de façon à léguer un patrimoine intact aux générations à venir.

Telles sont les raisons pour lesquelles la FAO doit absolument engager un processus de réforme. Pour promouvoir la réduction de la faim et de la pauvreté et une approche efficace de l'interface agriculture/environnement, la FAO doit renforcer sa capacité à réagir aux problèmes immédiats, tels que les préoccupations des consommateurs concernant la sécurité sanitaire des aliments, la menace que constituent les ravageurs et les maladies transfrontières des animaux et des plantes, la perte et la dégradation des forêts, la surpêche et les catastrophes naturelles ou induites par l'être humain.

Parallèlement, l'Organisation doit maintenir le cap sur les incidences à plus long terme de phénomènes comme le changement climatique, l'érosion de la biodiversité, l'urbanisation et l'évolution des modes de consommation. Ce faisant, elle doit également répondre aux souhaits de ses Membres de la voir s'adapter à leurs nouvelles exigences en matière de services et utiliser de manière encore plus efficace ses ressources limitées.

Convaincu que le changement s'impose, non pas pour ajouter ou retrancher quoi que ce soit, mais plutôt pour réorganiser les programmes et la structure de l'Organisation, le Directeur Général a soumis à la Conférence des Membres de la FAO, qui s'est réunie en novembre 2005, des propositions de réforme qui constituent un tout. Ces propositions ont pour but de donner à l'Organisation les moyens d'aider ses Membres de manière de plus en plus efficace dans ses domaines de compétence et de contribuer à l'effort général déployé par le système des Nations Unies pour atteindre tous les Objectifs du Millénaire pour le Développement.

Les réformes proposées redéfiniront les programmes de l'Organisation en fonction des trois principales orientations de sa mission, à savoir:

1-Systèmes alimentaires et agricoles durables. Mettre l'accent sur les domaines où la FAO doit atteindre l'excellence ou conserver sa capacité d'exceller; il s'agit donc de renforcer les activités prioritaires dans l'immédiat et à plus long terme et de renoncer à

1- La FAO, Une vision pour le XXIe siècle, Rome, octobre 2005.

celles que d'autres peuvent assumer dans de meilleures conditions dans les domaines de l'agriculture, de l'élevage, de la biosécurité, de la nutrition et de la protection des consommateurs, de la foresterie, des pêches et de l'aquaculture et du développement durable des ressources naturelles.

2-Echange de connaissances, de politiques, de promotion et de défense des droits. Mettre fortement l'accent sur ces fonctions, pour lesquelles la FAO dispose d'un avantage comparatif en raison de son universalité, de sa capacité de rassemblement, de son mandat et de son rôle consultatif en matière d'information et de politiques agricoles, ainsi que de commerce international des produits agricoles, et vu son aptitude à mobiliser diverses parties prenantes, gouvernementales et non gouvernementales, et d'interagir avec elles pour promouvoir le développement économique et social.

3-Décentralisation, coopération à l'échelle des Nations Unies et exécution des programmes. Mener son action au niveau, auquel elle peut être la plus efficace et coopérer pleinement avec ses partenaires en privilégiant, notamment au niveau national, la réalisation des OMD et la gestion des situations d'urgence ou de rétablissement après l'urgence; renforcer les liens avec les organisations du système des Nations Unies à tous les niveaux et améliorer la coopération avec les organes régionaux et sous-régionaux.

Quelles doivent être les nouvelles approches pour le Togo, de pouvoir suivre la nouvelle donne souhaitée par les réformistes en matière de sécurité alimentaire.

Section 2 : Les nouvelles approches pour une sécurité alimentaire durable au Togo.

Afin d'éradiquer le fléau de la faim et d'assurer une sécurité alimentaire à ses populations, le Togo a souscrit aux engagements des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) (paragraphe1) dont la réalisation à l'horizon 2015 nécessite la redéfinition d'une nouvelle politique agricole plus volontariste (paragrahe2).

Ce deuxième paragraphe portera sur notre modeste contribution, celle qui consistera à faire une série de propositions qui permettront de remédier à cette situation d'insécurité alimentaire que vit la population togolaise.

Paragraphe 1 : Réduire l'extrême pauvreté et la faim à travers les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)

A l'occasion de leur participation à l'Assemblée Générale des Nations Unies de septembre 2005, consacrée au suivi de la mise en oeuvre des OMD, les Autorités du Togo ont réaffirmé leur engagement à atteindre ces objectifs. La situation des OMD au Togo (A) est une preuve que les défis à relever pour leur réalisation (B) sont nombreux.

A- La situation des OMD au Togo

Les autorités togolaises, afin d'atteindre les OMD, se sont engagées à mettre en oeuvre des politiques publiques nécessaires à la lutte contre la pauvreté et la faim, l'analphabétisme, la discrimination à l'égard des femmes, le Sida et les autres maladies ainsi que la dégradation de l'environnement.

Cet engagement est d'autant nécessaire qu'au regard de la situation socioéconomique actuelle du Togo, les progrès réalisés à ce jour montrent que l'atteinte des OMD à l'horizon 2015 est incertaine.

Les conclusions du second rapport national de suivi des OMD validé en décembre 2008, au rythme d'évolution actuelle des indicateurs, et moyennant des efforts soutenus, seuls les objectifs 2 et 6 des OMD concernant respectivement « Assurer une éducation primaire pour tous » et « combattre le VIH » peuvent être atteints à l'échéance de 20151

Cependant, la probabilité est minime que les objectifs suivants : « éliminer l'extrême pauvreté et la faim », « promouvoir l'égalité des sexes », « réduire la mortalité des enfants », « améliorer la santé maternelle » et « assurer un environnement durable » soient atteints en 2015. Toutefois, l'espoir d'atteindre ces objectifs est permis à un horizon plus lointain.

La situation du premier OMD « Eliminer l'extrême pauvreté et la faim » se présente comme suit : Pour ce premier OMD, les cibles retenues pour l'analyse sont :

1-Réduire de 50%, entre 1990 et 2015, la proportion de la population togolaise vivant en dessous du seuil de pauvreté en faisant passer l'indice de pauvreté à 15% d'ici 2015.

2-D'ici à 2015, réduire de 50% entre 1990 et 2015, le nombre de personnes souffrant de malnutrition.

Les indicateurs retenus à cet effet, sont l'indice de la pauvreté monétaire et la proportion d'enfants souffrant d'une insuffisance pondérale qui ont pour valeur courante pour l'année 2006 respectivement 61,7% et 26,0%.

Les valeurs cibles OMD en 2015 sont respectivement 30 ,9% et 12 ,3%2.

Selon la situation actuelle des OMD au Togo, il est très important de souligner que les défis à relever pour leur réalisation sont énormes.

B- Les défis à relever pour la réalisation des OMD au Togo

1- DSRP-C, 2009-2011, version finale, avril 2009, p. 34.

2- DSRP-C, op cit, p. 35.

L'analyse des OMD et leurs liens avec la réduction de la faim, montre que les défis auxquels fait face l'Etat togolais ne seront pas relevés dans un bref délai.

Malgré les quelques efforts consentis dans les domaines de l'éducation, de la santé maternelle et de la lutte contre le Sida, la réalisation des OMD au Togo dépendra de la capacité des Autorités et des acteurs nationaux du développement, à relever, avec l'appui de l'ensemble des partenaires nationaux et internationaux, les principaux défis suivants :

- la consolidation du dialogue politique et du consensus autour des priorités

nationales de développement,

- la mobilisation des ressources nécessaires à la mise en oeuvre des programmes de développement qui conditionnent la réalisation des OMD,

- l'efficacité de la dépense publique,

- la mise en place rapide des capacités institutionnelles et humaines indispensables pour gérer les fonctions clés de l'administration publique.

La consolidation du dialogue politique et du consensus national constitue une des bases fondamentales de la stabilité politique, condition indispensable pour la réalisation des OMD. Cette démarche est indispensable pour créer un climat politique et social favorable à la mise en oeuvre des politiques de croissance et de réduction de la pauvreté et les progrès vers l'atteinte des OMD.

La mobilisation des ressources internes et externes est un défi important pour atteindre les OMD. Il renvoie tout d'abord à la croissance et à sa répartition. Les analyses montrent qu'un taux de croissance économique moyen de 7% sur une longue période permettrait d'atteindre l'objectif de réduction de la pauvreté figurant dans les OMD en 2015. Une forte hausse de la croissance est donc requise si l'on souhaite atteindre les OMD mais celle-ci devra être une croissance réductrice de pauvreté, c'est-à-dire une croissance créatrice d'emplois, notamment pour les populations les plus défavorisées.

En matière d'efficacité de la dépense, la revue des Dépenses Publiques et de la Gestion Financière de l'Etat 2006 a montré qu'un nombre important d'opérations sont exécutées suivant des procédures exceptionnelles augmentant le risque qu'une part non négligeable des ressources soit allouée à des secteurs non prioritaires. La mise en oeuvre effective du plan d'action pour l'amélioration de la fiabilité du système de gestion des finances publiques devrait permettre, dans un horizon de 2-3 ans, d'opérer les renforcements de capacités indispensables pour disposer d'une gestion des finances publiques fiable et grandissant l'efficacité de la dépense publique.

La relance de la croissance et la réduction de la pauvreté restent contraintes par les faiblesses des ressources humaines et des capacités productives dans les secteurs porteurs.

La première priorité consiste à inverser la tendance constatée dans la détérioration des capacités institutionnelles et l'Administration publique, nourrir à la fois par le non remplacement des fonctionnaires partant à la retraite, la déliquescence du système de formation, le manque d'outils de référence adaptée et l'absence de moyens de fonctionnement.

En outre, un renforcement des capacités du secteur privé constitue l'un des éléments indispensables à une croissance économique soutenue et une bonne absorption des ressources, mais également les aspects économiques et financiers. Egalement, le renforcement des capacités, essentiel pour la consolidation de la démocratie et une exécution efficace des programmes de développement dans nombre de secteurs stratégiques pour les OMD.

Les Objectifs du Millénaire pour le Développement au Togo ne seront pas atteints tant que la croissance économique n'aura pas entraîné une amélioration de la qualité de vie dans les villages ni garanti à tous les pauvres, des zones rurales et urbaines, un accès durable à une alimentation adéquate.

Paragraphe 2 : La nécessité pour les acteurs du développement social de mener une nouvelle politique agricole.

Cette partie sera consacrée aux suggestions, faisant ainsi l'objet de notre modeste contribution aux solutions alimentaires.

Nous entendons ici par acteurs du développement social, l'Etat, les exploitants agricoles et les Organisations Non Gouvernementales (ONG) oeuvrant pour la promotion du secteur agricole. L'Etat togolais doit chercher à connaître quelles sont les interventions qui visent à relever les défis du développement agricole au Togo (A). Quant aux exploitants agricole et aux ONG, ils doivent repenser leurs attributions et leurs modes d'action vis-à-vis aux problèmes relatifs à l'alimentation (B).

A- Interventions visant à relever les défis du développement agricole au Togo

Les défis qui se posent à la transformation agricole au Togo subsistent malgré les nombreux engagements et interventions du gouvernement et de leurs partenaires au développement. Cela s'explique essentiellement par des politiques incohérentes et insuffisantes. Pour relever ces défis, les mesures essentielles suivantes s'avèrent nécessaires :

Régler le problème de la sous-capitalisation chronique de l'agriculture

Dans de nombreux pays, le secteur agricole se trouve dans la situation de « la vache qu'on trait en permanence et qu'on ne nourrit que pour assurer sa survie ». Les gouvernements devraient prendre les mesures suivantes :

-Mettre en oeuvre l'accord de Maputo (Mozambique) prévoyant d'allouer 10% de leurs dépenses publiques à l'agriculture afin de parvenir à l'objectif du NEPAD/PDDAA d'au moins 6% de croissance agricole annuelle d'ici 20151 ;

Dans ce sens, la tenue de la Table Ronde de bailleurs de fonds sur l'élaboration du Programme National d'Investissement Agricole (PDDAA/ECOWAS/NEPAD) à l'Hôtel Sarakawa du 29 au 30 juillet 2009, est une initiative encourageante. A cette occasion plus

1 - COMMISSION ECONOMIQUE POUR L'AFRIQUE et UNION AFRICAINE : Rapport économique sur l'Afrique 2009 ; Développer l'agriculture en Afrique par des chaînes de valeur régionales, Addis-Abeba, Ethiopie,2009, p150.

de 150 experts agricoles, décideurs, Représentants du NEPAD, de la CEDEAO, la plate forme des donateurs et d'autres Organisations Internationales se sont engagés sur la mise au point du document dénommé « pacte » à rassembler les ressources financières suffisantes pour relever l'agriculture togolaise.

-Instaurer un environnement favorable pour fournir un financement suffisant et faciliter des crédits à la fois de la part du secteur public et du secteur privé pour le financement de la production, de la transformation et de la commercialisation agricoles. Cette mesure devrait également être assortie d'une action visant à promouvoir des institutions de microfinance et des programmes d'assurance au bénéfice des agriculteurs.

Promouvoir des systèmes de production agricole durables

La production agricole a consisté, dans une large mesure, à augmenter les superficies cultivées afin de répondre à la demande alimentaire d'une population croissante.

Une telle stratégie est une recette pour la dégradation de l'environnement et l'aggravation de l'insécurité alimentaire. Il est par conséquent impératif de promouvoir une production agricole fondée sur l'accroissement de la productivité, tout en protégeant l'environnement. Les mesures suivantes sont nécessaires à cet effet :

-Examiner les questions de politique foncière, notamment la sécurité du régime d'occupation des terres et la répartition équitable des terres ;

-Examiner les causes fondamentales de la disparition de la biodiversité ;

-Améliorer l'utilisation des terres, en réduisant l'empiètement des cultures sur les écosystèmes fragiles, l'urbanisation galopante et le recours à des pratiques agricoles peu adéquates ;

-Améliorer le stock de capital humain, en assurant l'accès aux services et installation sanitaires, à l'éducation de base et aux services de vulgarisation pour les agriculteurs afin de promouvoir une production agricole durable.

Accroître le financement de la recherche et de la technologie agricoles

Les taux de rendement interne et économique de la recherche agricole atteignent 30-40% pour la plupart des produits et la recherche agricole entraîne également des améliorations du niveau de vie dans le reste de l'économie. Cependant, la recherche agricole est toujours sous-financée. Le gouvernement togolais a besoin de prendre les mesures suivantes :

-Accroître le financement de la recherche agricole en portant de la moyenne actuelle de 0,7% du PIB agricole au taux souhaité de 2% ;

-Mettre continuellement à jour les capacités de recherche dans les nouveaux domaines de la biotechnologie en fournissant un soutien suffisant à la recherche agricole aux niveaux national et régional et aux institutions d'enseignement sur le territoire;

-Instaurer un environnement favorable à la participation du secteur privé et au financement de la recherche aux niveaux national et régional.

Intensifier l'utilisation de pratiques et de technologies améliorant les rendements Le Togo doit en ce sens :

-Accroître l'utilisation comparativement faible des tracteurs ;

-Accroître l'utilisation des semences améliorées et du bétail sélectionné pour augmenter les rendements et la production.

-Faciliter l'accessibilité des intrants tel que l'engrais aux exploitants agricole.

Améliorer l'infrastructure de commercialisation et l'infrastructure rurale

L'amélioration de l'infrastructure rurale et de la commercialisation est essentielle, si le Togo veut rendre ses produits agricoles plus compétitifs. Pour ce faire, le Togo doit :

-Augmenter la densité routière dans les zones rurales,le but étant d'abaisser les tarifs du fret routier qui sont parfois source d'augmentation des prix des produits de base au Togo;

-Accroître la couverture du réseau de distribution d'électricité,et diminuer les tarifs d'électricité afin d'inciter les PME, les agro-industries et les agriculteurs à accroître leur consommation d'électricité.

Améliorer l'accès à l'éducation et la formation de compétences techniques dans la population rurale

Pour accroître la productivité de la main-d'oeuvre et moderniser l'agriculture, le Togo et les donateurs doivent travailler ensemble pour améliorer l'accès à l'éducation dans les régions rurales, conformément aux Objectifs du Millénaire. Les interventions ciblées à cet égard devraient inclure :

-Un soutien aux ménages pauvres par le biais de transferts de revenus, de programme d'alimentation scolaires gratuits et d'autres mesures visant à les encourager à envoyer leurs enfants à l'école ;

-L'adaptation des programmes scolaires et programmes de formation et de perfectionnement pour améliorer les compétences en vue de l'utilisation de pratiques culturales améliorées et de technologies modernes dans l'agricultures et les activités connexes.

Comme lors des années précédentes, la performance économique a considérablement varié d'une région à l'autre et n'est toujours pas suffisante pour permettre au Togo de faire des progrès significatifs vers la réalisation des OMD.

Le Togo doit prendre des mesures à court et à long termes afin de relever les défis en matière alimentaire, de la volatilité de la croissance et du développement social.

Dans le court terme, le gouvernement togolais a besoin de plus de souplesse dans sa politique ainsi que d'un soutien extérieur pour lutter contre les pénuries alimentaires grâce, par exemple à la réduction des droits d'entrée sur les importations de produits alimentaires, à des subventions et à des transferts d'espèces aux ménages pauvres.

Dans le long terme, le gouvernement a besoin d'investir davantage dans l'agriculture comme l'a préconisé le 13ème Sommet de l'Union Africaine1 et l'infrastructure notamment l'énergie, les communications, les routes et la prestation de services publics dans les domaines de l'éducation et la santé.

Ces mesures, couplées à une gestion macroéconomique et à des réformes institutionnelles efficaces, permettront de stimuler le développement du secteur agricole et par ricochet résoudre le problème alimentaire au Togo.

L'Etat a également l'obligation d'assister les populations dans la résolution des problèmes et surtout ceux alimentaires. Comme le préconise le Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire, l'Etat ne doit pas perdre de vue qu'une sécurité alimentaire exige :

- un approvisionnement stable en produits alimentaires adéquats ;

- des marchés fonctionnant efficacement, et

- que tous les ménages soient capables à la fois de produire eux-mêmes des aliments et de générer des revenus en quantité suffisante pour couvrir l'ensemble de leurs besoins élémentaires.

L'assistance des institutions étatiques consistera à la création des conditions favorables de développement social et économique. L'Etat peut créer par exemple une caisse villageoise facile d'accès aux paysans. Celle-ci subventionnera le prix des intrants et octroiera des crédits aux groupements.

Pour parvenir à une amélioration de la sécurité alimentaire, l'Etat togolais, doit mettre les organisations de producteurs au coeur de la dynamique, par le biais de l'accroissement de la production, la professionnalisation et la formation.

Dans un pays en développement comme le Togo, la résolution du problème alimentaire devra passer par une productivité accrue des cultures et une augmentation durable de la production.

Il faut noter que les autorités togolaises doivent aider les producteurs ruraux à se comporter en :

- entrepreneurs de micros entreprises agricoles et artisanales,

- acteurs directs de leur développement, par la promotion de leurs capacités de négociation et de cogestion avec les autres opérateurs économiques, les collectivités locales, l'Etat et les bailleurs de fonds.

La réorganisation de l'encadrement est indispensable pour la mécanisation de l'équipement technique. Celle-ci doit être progressive et devra suivre une démarche donnée car le développement actuel ne doit plus se faire par tâtonnement.

On pourra passer de la houe à la traction animale et non directement au tracteur comme le pensent certains acteurs du développement.

Une telle initiative, tout en permettant d'accroître la production du paysan, règlerait le problème du transport car la charrue est un moyen efficace pour le transport des produits des lieux de productions aux lieux de stockage.

La réouverture des centres pilotes agricoles s'avère indispensable dans la résolution des problèmes alimentaires au Togo. Pour ce faire l'Etat doit remettre en place le projet « Jeunesse Pionnière Agricole ».

Il faut aussi souligner que l'interconnexion entre espace de production et espace de consommation nécessite des infrastructures routières denses et entretenues, ce qui devra être une préoccupation majeure de l'Etat.

Pour faire face aux multiples aspects du problème de la sécurité alimentaire au Togo, la population rurale et certaines ONG doivent être interpellées.

B- La nécessité pour la population rurale et les ONG de repenser leurs attributions et leurs modes d'action

Il y a lieu de constater que le problème de la faim est une difficulté majeure pour les populations du monde en développement. Ainsi, pour éradiquer ce déséquilibre, la responsabilité incombe aux populations rurales et à certaines ONG de repenser leurs attributions et leurs modes d'action.

Quant à la population rurale, il est judicieux qu'elle prenne conscience de son rôle dans l'amélioration de ses propres conditions d'existence et sache qu'elle est la principale actrice de son développement et de son épanouissement. C'est une erreur de la part de la population quant elle s'abandonne et attende une solution providentielle. Toute action extérieure doit être considérée comme un appui dont elle se servira pour son autopromotion.

L'obligation incombe à cette population de s'organiser en groupements afin de maximiser sa production et faciliter dans de délais raisonnables, l'installation des banques de céréales pour la gestion et le stockage des produits pour pallier le manque de nourriture en période de soudure.

Les Comités Villageois de Développement (CVD) et les Comités de Développement de Quartier (CDQ) doivent mieux s'organiser et apporter leur savoir-faire à toute la communauté. Ils doivent travailler en collaboration avec les autorités locales et les groupements de producteurs.

Les autorités locales doivent, dans une moindre mesure, aider les populations à diminuer les gâchis lors des cérémonies funéraires par le biais de certaines harmonisations relatives à la durée et aux manifestations. Ces mesures permettront d'éviter la vente précoce de leur production et de pouvoir conserver un temps soit peu les vivres.

A l'endroit des ONG, le constat général est qu'elles oeuvrent directement avec les populations rurales sur le terrain. Elles doivent orienter leurs actions sur la formation des populations. Celle-ci doit être permanente et portée sur les thèmes tels que :

- comment augmenter la production,

- comment améliorer les techniques de stockage des produits, -comment lutter contre les mauvaises habitudes alimentaires, -comment préparer un repas équilibré,

-comment conduire le sevrage,

-comment améliorer l'hygiène,

-comment se protéger contre les maladies les plus courantes, -comment associer l'élevage à l'agriculture pour un bon rendement, -comment développer le jardinage en milieu urbain et rural.

Cette liste ne peut être exhaustive, car les thèmes sont multiples en matière de sécurité alimentaire.

Les femmes devraient être soumises à une formation spéciale dans le domaine de l'hygiène et la préparation des mets. A la fin de celle-ci, chaque participante devra être en mesure de donner la composition d'un repas équilibré avec les différents produits locaux.

Ainsi, toutes ces propositions suggérées aussi bien à l'Etat qu'à la population rurale, ne pourraient aboutir à un bon résultat que si les ONG s'y impliquaient sérieusement et efficacement. Elles y apporteraient certains moyens financiers et techniques pour dynamiser les activités. Elles pourraient par exemple aider à la création et à la gestion des Activités Génératrices de Revenus (AGR) qui permettraient aux populations d'intensifier les sources de revenus et de satisfaire les différents besoins.

Désormais, l'Etat, les ONG, les Bailleurs de fonds et les populations rurales devront oeuvrer de concert pour décider des actions à entreprendre dans le processus de développement.

La méthode administrative devrait être appuyée par celle dite concertée. Ce qui exige une coordination des objectifs des programmes d'une part et d'autre part l'implication de la population rurale dans l'identification des problèmes, l'exécution et le suivi de ces programmes de développement.

L'intervention de la FAO au Togo a permis d'obtenir quelques résultats salutaires. Ceux-ci vont de l'amélioration des conditions de vie des populations au développement du secteur agricole, source de revenus des togolais. La valeur de ces résultats aurait été plus considérable si certains facteurs internes et externes perturbateurs ne venaient freiner les efforts consentis dans la politique de la sécurité alimentaire.

Cette action de la FAO est donc à encourager et à intensifier davantage pour le plus grand bonheur du peuple, car le Togo seul dans les perspectives économiques actuelles ne saurait progresser davantage sans le secours des Organisations du développement.

Le Togo pour sa part doit accentuer sa politique d'autosuffisance alimentaire, en formant le personnel technique capable de seconder valablement les experts de la FAO et même de se substituer à ceux-ci au terme de chaque projet FAO/Togo.

En effet, le succès de la politique d'autosuffisance alimentaire est fonction de la capacité du personnel local d'encadrement mais également de l'effort de l'agriculteur.

Le Gouvernement togolais devrait continuer à mener une politique d'encouragement, se traduisant soit par la promotion des produits agricoles, soit par des subventions dans l'achat des intrants par les agriculteurs. Afin de faciliter une bonne communication des techniques agricoles, l'organisation des paysans en coopératives de production devrait être poursuivie.

72 CONCLUSION

L'alimentation a été durant des millénaires l'objectif essentiel de l'activité des hommes. Ainsi, de nos jours, l'éradication de la faim dans le monde occupe une place prioritaire dans l'agenda des décideurs. La preuve en est qu'il s'agit bien du premier des OMD

Dans presque tous les pays, il y a des groupes de personnes qui ne peuvent pas réaliser leur potentiel humain, soit parce que leur alimentation est insuffisante, soit parce que, en raison de diverses maladies, leur organisme n'est pas capable d'assimiler toute la nourriture qu'ils consomment.

Dans les pays les plus pauvres, la grande majorité de la population souffre de la faim, ce qui multiplie les dimensions des effets d'autres carences. Et ironie du sort, ces populations pauvres vivent dans des zones très défavorisées par la nature, les zones où le climat, le relief et d'autres conditions naturelles ne sont pas cléments pour une meilleure expansion agricole.

S'agissant du continent africain, on parle déjà d'un « empire de la faim ». Fragilisé par les aléas climatiques, les conflits et les maladies, il dépend de l'étranger pour son alimentation, une dépendance et un désintérêt pour les cultures vivrières. C'est pourquoi à la suite de S.E.M. ABDOULAYE WADE, Président de la République du Sénégal, nous pouvons affirmer que « l'Afrique est aujourd'hui la dernière dans le peloton des continents, alors que, naguère, elle était la mieux lotie en ressources naturelles1 »

A cela s'ajoute l'absence de la maîtrise de l'eau, les difficultés d'accès aux semences et aux engrais, le manque d'infrastructures de stockage et de transport.

Autant de frein au développement et à la modernisation du secteur agricole.

C'est pourquoi, l'avènement de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) revêt une grande importance pour l'humanité.

En effet, la FAO étudie les différents problèmes afférents à l'agriculture et essaie de trouver des solutions à ceux-ci.

Seule Organisation des Nations Unies à oeuvrer dans la lutte contre la faim, la FAO préserve la sécurité alimentaire mondiale. Elle est également le porte-parole, l'intermédiaire, l'organe de liaison entre les pays pauvres et ceux nantis en matière de négociation et de recherche des solutions aux problèmes agricole et alimentaire. Elle a permis l'adoption par les pays membres d'un système de mise en oeuvre des stocks de réserves alimentaires en vue de répondre aux besoins urgents des pays nécessiteux en cas de pénuries alimentaires ou autres catastrophes naturelles.

De nos jours, les pays en développement attendent beaucoup de la FAO. Non seulement elle leur fournit son assistance pour la réalisation des projets nationaux, mais

1- Abdoulaye WADE : Un destin pour l'Afrique, 2005, p. 23.

aussi elle leur apporte un soutien financier pour l'identification et la concrétisation des programmes de développement.

Il faut signaler que c'est à travers ces différentes attributions que la FAO a contribué énormément au développement socio-économique du Togo. L'intervention de la FAO au Togo a permis aux Autorités togolaises de renforcer leur politique d'autosuffisance alimentaire en s'orientant vers une économie de satisfaction des besoins alimentaires des populations.

C'est dans ce sens que le Togo n'a pas hésité à prendre le problème alimentaire à bras le corps. Ainsi, le Gouvernement a fait du secteur agricole le socle du développement durable.

C'est pourquoi, depuis 2005, une politique hardie a été menée dans ce secteur afin de faire de l'autosuffisance alimentaire un levier de développement.

Les actions menées ont été notamment :

- la tenue du Forum National du paysan togolais en 2009 ;

- la poursuite du processus de modernisation de l'agriculture avec l'importation des tracteurs ;

- la subvention des intrants agricoles et leur rapprochement du paysan ;

- le renforcement des capacités des paysans par la mise à leur disposition des techniciens formés dans les grandes écoles du Togo et d'ailleurs, bref la revalorisation de la fonction agricole ;

- l'amélioration des pistes rurales pour faciliter l'écoulement des produits agricoles ; - l'octroi des facilités de prêts au monde paysan.

Cependant, il convient de rappeler le fait que la FAO à elle seule ne saurait conduire les peuples à une indépendance totale vis-à-vis de la faim. L'action de la FAO ne peut aboutir que si certaines perspectives sont envisagées tant au niveau des pays en développement que développés.

Si nul ne peut nier actuellement que la malnutrition, la faim, la famine n'ont pas encore été éradiquées, est-ce à dire que la FAO a échoué ? Que peuvent faire les pays du monde pour renforcer les actions de la FAO ?

A notre première interrogation, il serait erroné d'envisager l'échec de la FAO. C'est d'ailleurs, en vue du renforcement des capacités de cette institution qu'un projet de sa réforme a été lancé en 2005.

A la deuxième, il y a lieu de relever que les Etats doivent tout d'abord prendre conscience du fait que le progrès et le développement tirent leur fondement avant tout dans le sérieux, le travail et le savoir-faire. Ce progrès ne doit pas seulement prendre appui sur les aides et secours en provenance de l'étranger mais sur les efforts internes et la volonté de se développer.

Face à cet état de choses, les gouvernements des pays pauvres à l'instar de l'Afrique doivent tout faire pour lever le défi de la faim en accordant une importance capitale au développement agricole.

Le Togo pour sa part doit redoubler d'effort dans sa politique d'autosuffisance alimentaire. Bien que les estimations officielles indiquent que le Togo parvient à couvrir ses besoins de nourriture, la sécurité alimentaire demeure un objectif encore lointain pour une partie importante de la population, notamment celle rurale.

Les progrès doivent être réalisés sur le plan de la productivité et ce faisant de la sécurité alimentaire. Pour venir à bout des problèmes alimentaires, le Togo doit redoubler d'efforts dans son processus de réalisations des OMD. Ce n'est qu'à cette condition qu'il parviendra à réduire l'extrême pauvreté et la faim sur son territoire, garantissant ainsi un développement socio-économique durable.

BIBLIOGRAPHIE

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-DUMONT Réné : La croissance...de la famine !,une agriculture repensée,

Editions du seuil, 1975 et 1980 ,184p.

-FANON F. : Les damnés de la terre, Maspero, Paris, 1968,247p.

-MAGNAN J.P. : La terre de sara, Terre Tchadienne, L'Harmattan, Paris, 1986.

-TEVOEDJRE A.: La pauvreté, richesse des peuples, Editions Economie et
Humanisme,
Ed. Ouvrières, Paris, 1978.

II- OUVRAGES SPECIALISES

-AGBESSI DOS-SANTOS H. DAMON M. : Manuel de nutrition africaine, ACCT-IPD

Karthala, Paris, 1987,312p.

-BERTHELOT J. RAVIGNAN F. : Les Sillons de la faim, L'Harmattan, Paris, 1980.

-Banque Mondiale : Togo sortir de la crise, sortir de la pauvreté, 1996, 133p. -FAO : Perspectives agricoles de l'OCDE,2008-2017,Paris et Rome, 152p.

-KEITA A.: Guide pratique des banques de céréales au mali, Jamana, Bamako, 1999, 145p.

-MICHEL CEPEDE et MAURICE LENGELLE : L'économie de l'alimentation, PUF, 1970, 126 p.

III- PERIODIQUES ET REVUES - Grand Quotidien National d'Information : Togo Presse.

-FAO : La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture, Enseignements des 50 dernières années, Rome, 2000, 329p.

-FAO : L'insécurité alimentaire : la faim au quotidien et la crainte permanente de la faim ; L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde, 2001, 58p.

-FAO : Agriculture, alimentation et nutrition en Afrique, Un ouvrage de référence à l'usage des Professeurs d'agriculture, Rome, 2002 , 411p.

-FAO : L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde, Eradiquer la faim dans le monde pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le Développement, Rome, 2005, 36p.

-FAO: Un système intégré de recensements et d'enquêtes agricoles, Rome, 2007 ,186p.

-FAO : La situation mondiale de l'Alimentation et de l'Agriculture, Les Biocarburants : perspectives, risques et opportunités, Rome, 2008,144p.

-Le Monde diplomatique : FMI-FAIM, mai 2008(55è année)N°650, 32p IV- THESES ET MEMOIRES

CAHIER (Ph.) : Etude des accords de siège conclus entre les Organisations Internationales et les Etats où elles résident, thèse, université de Genève-institut universitaire des hautes études internationales, 1955,449p.

SOUDJAY Soulaimane: La F.A.O. Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture, Thèse. L'harmattan, 1996, 304p.

DIGBLI A.D.: Facteurs explicatifs de l'insécurité alimentaire en milieu rural : Cas du canton d'AGOE-NYIVE, Mémoire en sociologie. Université de Lomé, 2006 ,102p.

LARE BAMA : L'action de l'ONU pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) pour la promotion du développement socio-économique

dans les pays du 1/3 Monde : cas du Togo ; Mémoire, 1983, p.79.

SIMDJAMA K.: Système de production agricole et de sécurité alimentaire durable

dans le canton de Niamtougou-Koka(Préfecture de Doufelgou), Mémoire en Géographie. Université de Lomé, 2004 ,104p.

V-ARTICLES

FAO : Enquête sur les problèmes relatifs aux mesures de stabilisation des

prix agricole et de soutien de l'agriculture, Rome,1997-1998, 27p.

Afrique Renouveau : l'Afrique affronte les changements climatiques,vol.21, N°2 juillet 2007 Afrique Renouveau : Assurer aux femmes des droits fonciers,vol.22,N°1 avril 2008

Bulletin Spécial du Sommet : 13è Sommet de l'Union Africaine, Syrte,

Libye, 24 juin-3juillet 2009

Ministère de l'Agriculture de l'Elevage et de la Pêche : Actions relatives à

la politique agricole et la sécurité alimentaire au Togo, juin 2009,6p.

VI-DOCUMENTS OFFICIELS

COMMISSION ECONOMIQUE POUR L'AFRIQUE et UNION AFRICAINE :

Rapport économique sur l'Afrique 2009. Développer l'agriculture en Afrique par

des chaînes de valeur régionales,Addis-Abeba, Ethiopie,2009, 217p.

ABDOULAYE WADE : Un destin pour l'Afrique, l'avenir d'un continent,
Ed.Michel Lafon, 2005, 264p.

Document Complet de Stratégie de Réduction de la Pauvreté, 2009-2011,
version finale, avril 2009, 103p.

MARIE-ROSE MERCOIRET: L'appui aux producteurs ruraux, Guide à l'usage des agents de développement et des

responsables de groupements, Karthala, 1994,464p.

Ministère de l'Economie et des Finances :Rapport Economique, Financier et Social,

2008, 105p.

-RENE Lenoir : Le Tiers Monde peut se nourrir, Rapport au Club de Rome, 1984, 210p.

VII-AUTRES DOCUMENTS

IPEK Ilkkaracan et HELEN Appleton : Rôle des femmes dans l'Elaboration

des Technologies du Cycle Alimentaire,

UNIFEM, New York,NY 10017, Etats-Unis, 1995, 97p. Les ABC des Nations Unies : New York, 1998, 382p.

L'ONU en bref :New York, NY 10017,2006, 34p.

PNUD/ FAO:Recherche Agricole Nationale, Rome, 1984, 110p. FAO : Alimentation, Nutrition et Agriculture, N°30, Rome, 2002,67p.

VIII-SITES INTERNET

- http://wwwcommissionforafrica.org - http://www.bourseagricoletogo.com - http://www.fao.org

- http://www.uneca.org ( ecainfo@uneca.org) - http://www.monde-diplomatique.fr - http://www.snu.tg

ANNEXES

Annexe 1 :L'Accord de Représentation entre le Gouvernement de la République Togolaise et la FAO (Lomé, 25 juin 1980).

Annexe 2 : Ciblage des Préfectures vulnérables.

Annexe 3 : Liste de quelques projets et programmes relatifs à la sécurité alimentaire au Togo assistés par la FAO.

Annexe 4 : Caractérisation spatiale de l'insécurité alimentaire au Togo.

LISTE DES DIAGRAMMES ET DES TABLEAUX

Diagramme N° 1 : Population sous-alimentée, par Région 2001-2003 (en millions) dans le Monde

Tableau N° 1 : Bilan alimentaire de 1991 à 2000

Tableau N° 2 : Seuils de pauvreté par région au Togo

Tableau N°3 : Situation d'insécurité alimentaire au Togo présentée par la FAO.

TABLE DES MATIERES

Introduction ...1

Première Partie : La FAO, ses actions en faveur de la sécurité alimentaire

dans le monde et la situation alimentaire au Togo 5

Chapitre1 : La FAO et ses actions en faveur de la sécurité

alimentaire dans le monde 7

Section 1 : L'historique de la FAO et ses objectifs .7

Paragraphe1 : L'historique de la FAO .7

A- Les origines de l'Institution 7

B- L'évolution de la FAO 8

Paragraphe 2 : Les objectifs de la FAO 10

A- Les finalités de la FAO selon ses fondateurs 10

B- Les préoccupations de la FAO à travers le temps .11

Section 2 : La FAO, face à l'état de l'insécurité alimentaire dans le monde ....12

Paragraphe1 :L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde ..13

A- La sous-alimentation dans le monde 13

B- Quelques zones critiques de la faim : les effets complexes

des catastrophes naturelles 15

Paragraphe 2 : Les actions de la FAO pour l'éradication du fléau de la faim. ..17

A- FAO : source d'informations 17

B- La mise en place du Programme Alimentaire Mondial (PAM) et de

la Sécurité Alimentaire Mondiale (SAM) 18

Chapitre 2 : La situation alimentaire du Togo .22

Section 1 : L'évolution de la production alimentaire et

l'insécurité alimentaire au Togo 22

Paragraphe 1 : Les atouts de la production alimentaire et sa situation au Togo .22

A- Les atouts de la production alimentaire au Togo 22

B- La situation alimentaire du Togo 24

Paragraphe 2 : L'insécurité alimentaire au Togo 25

A- Les causes de l'insécurité alimentaire 25

B- Les manifestations de l'insécurité alimentaire au Togo . 27
Section 2: Les actions relatives à la politique agricole et à

la sécurité alimentaire au Togo 31

Paragraphe 1 : Les politiques, les programmes et le cadre institutionnel des

services agricoles 31

A- Les politiques et les programmes agricoles 31

B- Le cadre institutionnel .33

Paragraphe 2 : Le renforcement des capacités des producteurs et

l'aménagement des infrastructures agricoles 34

A- La formation des cadres et des producteurs .34

B- Les aménagements des infrastructures agricoles 35

Deuxième Partie : L'assistance de la FAO a la politique

de la sécurité alimentaire au Togo 37

Chapitre 1 : Les efforts de la FAO au développement du secteur agricole au Togo ....39

Section 1 : Les modalités d'intervention 39

Paragraphe1 : La demande du gouvernement togolais et l'élaboration

de projets et l'accord de siège 39

A- La demande du gouvernement togolais . 39

B- L'élaboration de projets et l'accord de siège 40

Paragraphe2 : Le financement et l'exécution des projets ...40

A- Le financement des projets 41

B- La réalisation des projets 42
Section2 : Le développement agricole et l'éducation des populations rurales

comme option stratégique de la FAO pour parvenir à

la sécurité alimentaire au Togo

Paragraphe 1 : Les activités de la FAO dans les domaines agricole et forestier

42

42

A- Dans le domaine agricole

..43

B- Dans le domaine forestier

.45

 

Paragraphe2 : La formation et l'éducation des populations rurales

.47

A- La formation

47

B- L'information et l'éducation des populations rurales

48

Chapitre 2 : Le bilan des activités de la FAO et les approches de solutions

pour une sécurité alimentaire durable au Togo

51

Section 1 : Le bilan des activités de la FAO au Togo

.....51

Paragraphe1 : La contribution de la FAO au développement

socio-économique au Togo ...51

A- L'amélioration des conditions de vie 51

B- Les progrès économiques 53
Paragraphe2 : Les facteurs limitatifs aux activités de la FAO au Togo et

la nécessité de sa réforme 55

A- Les facteurs limitatifs aux activités de la FAO au Togo 55

B- La nécessité de la réforme de la FAO ...57

Section2 : Les nouvelles approches pour une sécurité alimentaire durable au Togo ..58

Paragraphe1 : Réduire l'extrême pauvreté et la faim à travers les

Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) .. 58

A- La situation des OMD au Togo .. 59

B- Les défis à relever pour la réalisation des OMD au Togo ...60
Paragraphe 2 : La nécessité pour les acteurs du développement social

de mener une nouvelle politique agricole ...61

A- Interventions visant à relever les défis du développement

agricole au Togo . 61

B- La nécessité pour la population rurale et les ONG de repenser leurs attributions et leurs modes d'action .65

Conclusion .68

Bibliographie 71

Annexes 74

Liste des diagrammes et des tableaux ..75

Table des matières 76






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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore