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L'orientation sectorielle de l'APD francaise en Afrique subsaharienne (1990 = 2005): les cas du Cameroun et du Gabon

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par Patrick Roger Mbida
Université de Yaoundé II - DEA 2007
  

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CHAPITRE III :

L'ORIENTATION SECTORIELLE DE L'A.P.D FRANÇAISE ET SON INCIDENCE AU CAMEROUN DEPUIS 1990 

Le présent chapitre va tourner autour de deux axes principaux : dans un premier mouvement il est question d'analyser l'évolution de l'orientation sectorielle de l'APD française au Cameroun (1) et dans un second mouvement d'essayer de dégager l'incidence que celle-ci a pu avoir sur ce pays, dans l'amélioration de ses conditions de vie au sein des secteurs concernés (2).

1. L'orientation sectorielle de l'APD française au Cameroun depuis 1990 : une aide assez modique en volume.

Cette partie s'articule autour de quatre principaux points. Il s'agit en effet d'analyser l'orientation sectorielle de l'APD française au Cameroun dans le secteur de la santé (a), de l'éducation (b), de l'eau (c) et de l'agriculture (d).

a) L'A.P.D française dans le secteur de la santé au Cameroun : Une aide considérablement maigre et disparate.

L'analyse de l'aide française à la santé au Cameroun fait ressortir un certain nombre de traits saillants depuis les années 1990 : C'est la maigreur notable de son volume et son caractère disparate.

Ainsi à travers l'observation évolutive de l'aide française dans ce secteur clé au Cameroun, il se dégage ce qui a déjà été constaté plus haut en ce qui concerne l'aide française à la santé pour tous les pays en développement. L'aide française à la santé au Cameroun, depuis les années 1990 se caractérise par la modicité considérable des fonds qui y sont affectés, comme l'illustre si bien le tableau 08 ci-après représentant le volume de l'aide française affecté à ce secteur, proportionnellement au volume total affecté au Cameroun depuis les années 1990.

Tableau 08 :A.P.D. française Total santé au Cameroun (millions de dollars)

Source : OCDE stats 2007

L'étude de ce tableau laisse transparaître que l'aide française à la santé n'a jamais atteint le Cap des 10 millions de dollars, pis encore, il est des années blanches où pratiquement aucun fond n'a été affecté à ce secteur. C'est le cas notamment des années 1990, de 1992 à 1995, périodes pendant lesquelles le Cameroun n'a bénéficié d'aucun fond bilatéral venant de la France, affecté à la santé. Ainsi, quand on observe ce que la France consacre à la santé au Cameroun, il y a lieu à réfléchir, voire à s'inquiéter. Car au regard du tableau 08 ci-dessus, on constate l'extrême modicité de l'aide française en terme de volume affectée à la santé à ce pays. Ce constat ressort plus clairement, quand il s'agit de mesurer le pourcentage de l'aide française à la santé du volume total d'APD. C'est ce qui se dégage du tableau 09 ci-dessous, représentant l'aide française à la santé au Cameroun en terme de pourcentage du volume total de l'APD depuis 1990.

Tableau 09 : APD française à la santé au Cameroun (%)

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

0

4,33

0

0

0

0

1,32

2,06

2,96

2,16

1,92

4,61

2,84

1,32

3,02

18,37

Source : OCDE stats 2007

Après étude de ce tableau, le constat est plus frappant, car comme on peut observer, l'aide française à la santé représente à peine 5% de son volume total, elle oscille entre zéro et quatre pour cent, la seule fois qu'elle a dépassé le Cap du 10%, c'est en 2005 avec précisément 18,37%. Toutefois, cet exploit réalisé en 2005, ne doit pas oblitérer la réalité, car un observation attentive fait ressortir que, l'année 2005 est une période où l'APD française totale au Cameroun a été la plus faible depuis 1990, c'est une année où on assiste à une chute brutale et vertigineuse de l'APD française au Cameroun, comparativement aux années précédentes. On quitte ainsi de 129.13 millions de dollars en 2004 pour tomber à 21,23 millions de dollars en 2005. C'est dire que les 18,37% enregistrés dans le secteur de la santé en 2005 n'est qu'un leurre, car la réalité est toute autre : c'est l'extrême faiblesse en terme de pourcentage de l'aide française à la santé au Cameroun.

Cette réalité peut ainsi traduire le désintérêt total et manifeste de la France à ce secteur, pourtant clé, car gage de l'épanouissement et du bien-être physique et psychologique des populations locales vivant au Cameroun. On se serait attendu qu'il y'ait une traduction sur les faits du discours de la politique française sur l'orientation de son APD, qui insiste sur l'amélioration des conditions de vie des récipiendaires de son aide, en investissant significativement dans la santé, indicateur stratégique pour mesurer cette amélioration. Mais la réalité est plutôt le contraire pour ce qui est du Cameroun en particulier. Car on constate que ce secteur ne constitue pas une priorité pour la France, au regard des fonds squelettiques affectés à ce dernier. Ce qui relève d'un pur paradoxe.

Le constat est encore plus flagrant, s'il faut entrer dans l'orientation sous sectorielle de l'aide française à la santé au Cameroun. Quatre sous-secteurs peuvent retenir notre attention ici : les sous-secteurs de la lutte contre les maladies infectieuses ; la recherche médicale ; les services médicaux, et la lutte contre les MST et le VIH/SIDA.

Le premier sous-secteur concerne la vaccination ; la prévention et lutte contre le paludisme, rougeole, tuberculose, diarrhées chroniques, les maladies transmises par un vecteur (onchocercose, bilharziose...). C'est dire l'importance vitale que revêt ce sous-secteur aux yeux du Cameroun car, pays situé en zone équatoriale, il est largement touché par ces différents fléaux. Voyons dès à présent ce que la France a alloué à ce sous-secteur depuis 1990 au Cameroun. L'observation du tableau 10 ci après nous fait ressorti en effet un triste constat.

Tableau 10 : Aide française à la lutte contre les maladies infectieuses au Cameroun.

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0,6

0,5

0,1

0,2

0,2

0

Source : OCDE stats 2007

En effet au regard de ce dernier, il se dégage que ce sous-secteur, pourtant vital dans l'épanouissement et le bien-être des Camerounais, est complètement délaissé par la France, au regard du quasi inexistence des fonds alloués à ce dernier. Ceci n'est que la résultante de ce qui a déjà été observé, pour ce qui est de l'APD française totale à la santé. On observe en effet que de 1990 à 1999, ce sous-secteur vital n'a reçu aucune affectation bilatérale de fonds provenant de la France, traduisant ainsi le désintérêt total de cette dernière à résorber un certain nombre de maux lié à ce sous-secteur au Cameroun ; ce n'est qu'à partir des années 2000 qu'on constate un timide effort de la France, à affecter quelques fonds à ce sous-secteur après près de 10 ans d'année blanches !!!

On pourrait se demander si, c'est à partir de cette année que la France s'est rendue compte de la vitalité de ce sous-secteur après 10 ans de « cécité » réelle ou inconsciente.

Le deuxième sous-secteur quant à lui, concerne la recherche médicale à l'exclusion de la recherche sur la santé de Base, ce sous-secteur revêt également une importance certaine, car, il peut être un des indicateurs gage de d'autonomie du Cameroun en matière d'approvisionnements aux médicaments, afin de ne plus trop dépendre des grandes firmes pharmaceutiques internationales (y comprise celles françaises). Mais l'observation du tableau 11 ci après, représentatif de l'aide française à se sous-secteur, suscite quelques interrogations.

Tableau 11 : APD française à la recherche médicale au Cameroun.

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

2,3

2,2

Source : OCDE stats 2007

De l'observation de ce dernier, on se rend compte que, pendant près de 15 ans la France n'a consenti à affecter aucun fond à ce sous-secteur (de 1990 à 2003), ce n'est qu'en 2004 qu'on note un effort timoré de la France à allouer de fonds à ce sous-secteur. Bien que ces sommes représentent à elles seules, plus de 50% de l'aide française totale à la santé au cours de ces périodes, il n'en demeure pas moins vrai que ce sous-secteur, ne constitue pas une priorité pour la France dans sa politique d'allocation sous sectorielle de son aide. La France, au regard de ces sommes, ne semble pas avoir la volonté à encourager la recherche médicale au Cameroun. Ceci traduit ainsi une certaine volonté manifeste de celle-ci, à vouloir maintenir celui-ci sous la dépendance des grandes firmes pharmaceutiques en matière d'approvisionnements en médicaments par exemple. Car, une autonomie du Cameroun dans ce domaine entraînerait une perte des parts de marché de ces grandes industries pharmaceutiques, provoquant par la même occasion une baisse des dividendes engrangés par ces dernières, dans la commercialisation des produits pharmaceutiques au Cameroun. La France n'aurait donc pas intérêt à affecter des fonds considérables à ce sous secteurs afin de booster la recherche médicale au Cameroun, autonomisant par conséquence ce pays dans ce domaine ; ce qui serait une pure gageure de sa part, car des firmes pharmaceutiques françaises ont certainement des parts de marché considérables au Cameroun, en matière d'approvisionnement et de commercialisation de médicaments.

Le troisième sous secteur concerne les laboratoires, les centres de santé et hôpitaux spécialisés (y compris l'équipement en fourniture), ambulances, services dentaires, lutte contre les maladies à l'exclusion des maladies infectieuses... c'est dire aussi que ce sous secteur revêt une importance certaine, car il permet à un meilleur équipement en infrastructures de santé, assurant par la même occasion une meilleure prise en soins des malades. Analysons dès à présent ce que la France à accorder à ce sous-secteur tout aussi important. Mais, de l'observation du tableau 12 ci-dessous, le triste constat déjà fait plus haut se dégage encore une fois ici.

Tableau 12 : APD française aux services médicaux au Cameroun

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

1,3

1,0

0,6

0

0

0

Source : OCDE. stats 2007

A cet effet, à la lecture de ce dernier, on note toujours le même constat déjà établi dans les sous-secteurs précédents, à savoir que, c'est un sous-secteur caractérisé par l'extrême modicité de fonds à lui accorder par la France, et la présence de plusieurs années blanches (1900 à 1999 ; de 2003 à 2005) ; la France n'a consenti à affecter quelques fonds à ce sous-secteur, que pendant trois ans (de 2000 à 2002). Ces sommes sont allées décrescendo avant de disparaître complètement. C'est l'occasion de dire aussi dans ce cas précis, le délaissement total de ce sous-secteur dans la politique d'allocation sous sectorielle de l'aide française, traduisant ainsi son désintérêt total à l'égard de ce dernier. Or, les besoins du Cameroun en matière de services médicaux s'avèrent particulièrement énormes. La France elle, semble faire la soude oreille en n'y affectant que quelques fonds pendant quelques années. On peut ainsi noter une certaine volonté cachée de la France à maintenir le Cameroun en matière de services médicaux dans un état primaire, ce qui aurait pour effet rétroactif dans l'imaginaire collectif, de se tourner toujours vers l'étranger, quand il faut recevoir des soins d'un certain niveau, car, à l'intérieur tout semble pour le moins vétuste.

Le dernier sous-secteur quant à lui, concerne toutes les activités liées au contrôle des maladies sexuellement transmissibles et du VIH/SIDA ; activités d'information, et communication ; dépistage ; prévention ; traitements, soins. L'importance de ce sous secteur n'est plus à démontrer car les M.S.T et particulièrement le VIH/SIDA constituent de nos jours un enjeu majeur de santé mondiale. Véritable calamité pour certains pays, et dont les appels incessants de la communauté internationale à l'éradication de ce fléaux, se font de plus en plus fréquents à travers un investissement (matériel et financier) considérable des pays développés en faveur des pays sous développés, victimes majoritaires de ce mal. La France respecte-elle cet engagement vis-à-vis du Cameroun ? L'observation du tableau 13 ci-après représentatif de l'aide française accordée dans ce sous secteur tend à nous démontrer plutôt le contraire.Tableau 13 : APD française à la lutte contre les MST et VIH/SIDA au Cameroun

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

1,6

0,2

0,1

0,2

0,2

0

Source : OCDE stats 2007

La lecture de ce tableau fait ressortir un constat criard, on constate à cet effet que, ce sous-secteur semble être le dernier des soucis de la France dans la politique d'allocation sous sectorielle de son APD. De 1990 à 1999, la France n'a consenti à verser une quelconque somme à ce sous secteur, marquant ainsi son désintérêt manifeste à l'égard de celui-ci. Ce n'est qu'en 2000 qu'on relève un timide effort de la France, à affecter quelques fonds à ce sous-secteur, cet effort qui va connaître par la suite une tendance baissière, traduisant par conséquence le désengagement manifeste et son manque de volonté à vouloir véritablement aider le Cameroun à lutter de manière efficiente contre les MST et surtout contre VIH/SIDA. Est-ce à dire que la France a un intérêt certain à laisser le Cameroun tombé sous l'empire du VIH/SIDA et les autres MST ? Là se trouve la grande interrogation. Mais sans donner une réponse hâtive et péremptoire, ce que l'on peut seulement dire et qui découle des données statistiques ci-dessus, est que le sous-secteurs de la lutte contre les MST et le VIH/SIDA constitue un champs manifestement abandonné dans la politique d'allocation sous sectorielle de l'aide française à la santé accordée au Cameroun, tout au moins depuis les années 1990. Ce sous-secteur ne constitue pas une priorité aux yeux de la France pour le Cameroun, ce qui relève d'une contradiction notoire, au regard de la mobilisation massive de la communauté internationale à vouloir éradiquer à tout prix ces maux.

Vu de ce qui précède, un constat clair tend à s'établir de lui-même ; de toute évidence, on note que le secteur de la santé est loin de constituer une priorité dans la politique d'allocation sectorielle de l'aide française au Cameroun depuis tout au moins les années 1990, au regard de la modicité des fonds affectés à celle ci. Cela traduit à notre avis un manque d'intérêt total de la France vis-à-vis de ce secteur, pourtant névralgique dans l'amélioration des conditions de vie des populations camerounaises, épicentre de cette aide. Ce désintérêt manifeste se retrouve également dans l'allocation sous sectorielle. Ainsi, des sous-secteurs clé tels que lutte contre les maladies infectieuses, recherche médicale, les services médicaux, la lutte contre les MST et VIH/SIDA constituent des champs compléments délaissés dans l'allocation sous sectorielle de l'aide française. Ce qui peut susciter certaines interrogations à savoir, où vont les quelques maigres fonds que la France accorde à la santé au Cameroun depuis 1990. Du moment où les sous-secteurs suscités, pourtant vitaux dans l'épanouissement et le bien-être des Camerounais, se retrouvent pratiquement sans aucune affectation de fonds pendant plusieurs années durant.

Après l'analyse de l'aide française à la santé, intéressons nous à un tout autre secteur d'affectation de l'APD française au Cameroun dès 1990.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci