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L'orientation sectorielle de l'APD francaise en Afrique subsaharienne (1990 = 2005): les cas du Cameroun et du Gabon

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par Patrick Roger Mbida
Université de Yaoundé II - DEA 2007
  

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d) L'aide française à l'agriculture au Cameroun depuis 1990 : Une aide insignifiante et désarticulée.

Le secteur agricole constitue pour le Cameroun, un domaine névralgique, pour un pays de longue tradition agricole comme lui. C'est un secteur aussi vital à plus d'un titre. Il est en effet garant de son autonomie et de sa sécurité agro alimentaire. Pour un pays situé en zone équatoriale, et donc propice à l'essor de l'agriculture, celle-ci permet ainsi de nourrir la population et soutenir aussi une économie agricole assez forte en développant une politique d'exportation des produits agricoles assez efficiente. Favorisant par la même occasion une entrée massive de devises devant permettre à réaliser un certains nombre de chantiers d'intérêt public et renflouer aussi les caisses de l'Etat camerounais. C'est donc dire que le secteur agricole revêt une importance indéniable aux yeux des autorités camerounaises. Est-ce aussi le cas de la France à travers sa politique d'affectation sectorielle de son aide au développement au Cameroun ?

A l'évidence, la négative constitue la réponse à cette interrogation, car au regard de l'observation de l'affectation sectorielle de l'aide française dans ce domaine, c'est plutôt le contraire qui tend à s'établir. C'est ce qui ressort l'observation attentive des trois sous secteurs agricoles suivants : la recherche agricole, la production agricole des céréales, le développement agricole.

Le premier sous-secteur concerne, toute recherche relative en vue d'améliorer la qualité des semences, la fourniture en équipements et infrastructures adéquates, la sélectivité des espèces plus productives. C'est dire l'utilité pratique dont revêt ce sous-secteur. Mais au regard du tableau 21 suivant, un triste constat tend à s'établir.

Tableau 21 : Aide française à la Recherche agricole au Cameroun (millions dollars USD)

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

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2,1

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0,8

3,6

0,8

Source : OCDE stats 2007

De l'observation ce dernier, représentant l'aide française accordée à ce sous-secteur depuis les années 1990, on note l'insignifiance des fonds à y affecter par la France. On note ainsi de 1990 à 1994 l'inexistence d'aucun fond, ponctuée par 1995 au cours de laquelle quelques subsides y sont affectées, avant de plonger encore une fois à partir de 1996 jusqu'en 2000 dans le néant total. Ce n'est qu'en 2001 qu'on peut observer une reprise molle de l'aide française affectée à ce sous-secteur qui marque presque le pas sur place, excepté en 2004. On pourrait ainsi dire sans fioriture que l'aide française affectée au sous secteur de la recherche agricole est sous l'emprise depuis 2001 du syndrome de la « danse Bafia », traduisant aussi une évolution désarticulée de cette aide. Mais la modicité des fonds affectés à ce dernier traduit aussi cette absence d'intérêt de la France vis-à-vis de la recherche agricole au Cameroun.

Le deuxième sous secteur quand a lui, concerne l'amélioration efficiente de la production agricole notamment des céréales, première composante alimentaire au Cameroun à travers particulièrement par une meilleure sélection des implants, une vulgarisation de l'emploi des engrais, des techniques productives assez performantes ...

C'est dire aussi l'importance certaine que revêt ce sous-secteur aux yeux du Cameroun. Mais c'est plutôt le contraire pour ce qui est de la France, au regard de l'affectation des fonds à ce sous-secteur. L'observation du tableau 22 ci-après peut laisser pantois.

Tableau 22 : Aide française à la production agricole (céréales) au Cameroun (volume)

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

29,2

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Source : OCDE stats 2007

En effet au regard de ce dernier, nul n'est point d'être expert pour constater que l'aide française affectée à ce sous-secteur est quasi inexistante depuis 1990, qui constitue d'ailleurs la seule année au cours de laquelle la France a consenti à verser une quelconque somme à ce sous-secteur. Après, c'est un désert, et celui-ci n'est pas prêt à notre avis de s'achever. A moins qu'on puisse assister à un revirement notoire de la politique d'allocation sectorielle de l'aide française au Cameroun, cette tendance serait plutôt vouée à perdurer encore pour longtemps. Nul besoin de voiler la réalité, aussi cruelle fut-elle : le sous-secteur de la production agricole des céréales est très loin de constituer une priorité dans la politique d'aide française en matière agricole. Cet état de choses traduirait ainsi cette indifférence manifeste et cette volonté persistante de la France qui, a à travers sa politique d'affectation sectorielle de l'aide en matière agricole, notamment dans ce sous-secteur précis, voudrait maintenir le Cameroun dans un état d'insécurité alimentaire permanent. Car plus dépendante de ses importations en céréales que par sa production locale.

Le troisième sous-secteur quant à lui, concerne le développement agricole dans sa globalité (fourniture en équipement agricoles performants, développement agraire, mécanisation croissante du secteur agricole industrialisation progressive des cultures maraîchères...)

Sous-secteur tout aussi vital comme les précédents, le développement agricole s'impose également comme garant de l'autonomie et de la sécurité agro alimentaire au Cameroun. Du côté français, cette vision ne semble pas être partagée, car c'est toute une autre réalité qu'on peut relever dans l'analyse de l'aide française affectée à ce sous-secteur depuis 1990. La lecture du tableau 23 ci-après représentant l'aide française affectée dans le sous-secteur du développement agricole au Cameroun depuis 1990, dévoile cette vision opposée de la France à l'égard de celui-ci.

Tableau 23 : Aide française au développement agricole au Cameroun (volume)

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

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5,6

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6,4

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9,6

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13,1

0

0

0

0

Source : OCDE stats 2007

On note ainsi, de l'étude de celui-ci, une évolution de l'aide française à ce sous-secteur ponctuée par des hoquets, qui constituent ici les quelques années au cours desquelles quelques fonds ont été affectés (notamment 1992, 1994, 1999 et 2001). Le reste des années c'est le désert total qui, depuis 2002, semble perdurer. Et l'heure ne parait donc pas à une reprise significative de l'aide française affectée à ce sous-secteur. Cette évolution ponctuée de hoquets traduit ainsi le désintérêt certain qu'éprouve la France vis-à-vis de ce domaine pourtant clé pour le Cameroun. Cette absence d'intérêt expliquerait ainsi la maigreur significative des fonds alloués à ce champ par la France. Dévoilant cette volonté persistante à demi-cachée de la France à vouloir maintenir le secteur agricole au Cameroun dans un état embryonnaire. Une industrialisation progressive des cultures maraîchères camerounaises pourrait par exemple menacer sérieusement les parts de marché des industriels agricoles français qui exercent dans ce domaine. Car s'il s'avère qu'elles sont non seulement bon marché, mais aussi de haute qualité, elles pourraient ainsi arracher ces parts de marché sur le plan international ou les diminuer considérablement, provoquant par la même occasion une chute des bénéfices de ces paysans et grands industriels français exerçant dans ce domaine. La France n'aurait donc pas intérêt à vouloir booster le développement agricole au Cameroun, car il y va de son équilibre interne dans ce secteur.

Au regard de ce qui précède, force est de constater qu'on observe au Cameroun les répercussions de ce qui à déjà été constaté plus haut, en ce qui concerne l'aide totale française affectée à l'agriculture aux pays en développement depuis 1990. C'est une aide qui est en baisse considérable et qui est relativement récente. L'agriculture s'impose ici comme l'enfant pauvre de la politique sectorielle française en matière d'aide au développement. Cette réalité traduit ainsi un désintérêt manifeste que la France éprouve vis-à-vis de ce secteur, pourtant vital pour le Cameroun.

Pour fermer cette partie, rappelons qu'il était question pour nous ici d'analyser l'aide française affectée dans quatre secteurs clé au Cameroun : santé, éducation, eau et agriculture. Parvenu au terme de notre analyse, il ressort qu'aucun de ces quatre secteurs ne semble être au coeur de la politique d'affectation sectorielle de l'APD française au Cameroun. Et ce, depuis 1990. Cette réalité s'explique ainsi par la modicité notoire des fonds accordés par celle-ci à ces domaines. Cette modicité est aussi bien en terme de volume qu'en terme de pourcentage. En plus il a été constaté que l'aide française affectée à ces secteurs suit une évolution contrastée, voire contingente ; ce qui traduirait par la même occasion, le manque de sérieux que la France puisse accorder à ces secteurs.

Il est donc question dès à présent de s'interroger sur l'incidence quelconque qu'à pu avoir cette aide dans l'amélioration des conditions de vie au Cameroun au sein des domaines d'affectation sectorielle sus évoqués.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe