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La gestion urbaine dans les pays du sud

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par Rawelguy Ulysse Emmanuel OUEDRAOGO
Université de Ouagadougou - DEA 2010
  

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Chapitre 4 : Gestion environnementale et gestion des déchets urbains

Toute activité humaine, matérielle consomme des matières premières et produit à plus au moins à long terme des déchets. Ces déchets entraînent des problèmes écologiques, environnementaux qui affectent différemment les collectivités locales, les pays et même la planète (Da, 2003). Ainsi, tout déchet produit dans un pays ou exporté et importé, doit être géré de façon écologique pour protéger la santé et l`environnement (Encyclopédie Encarta, 2006). Quels sont les impacts des déchets urbains dans le cadre de vie urbain ? Comment se fait la gestion de ces déchets et quelle doit être la meilleure manière de gérer les déchets dans les pays du Sud ?

4.1. Les problèmes liés aux déchets

Les insuffisances identifiées dans le mode de la gestion des déchets et des eaux usées ont des répercussions sur le cadre de vie et la santé de la population.

4.1. 1. La dégradation du cadre de vie

Il convient de noter que les déchets et les eaux usées mal gérées polluent l'air, le sol, la nappe phréatique et la vie des citadins.

a) pollution de l'air et de l'eau

Les déchets, majoritairement constitués de substances putrescibles dégagent donc des odeurs nauséabondes et pestilentielles dans l'atmosphère quand ils stagnent longtemps en un lieu (Nyassogbo, 2005).Une incinération inadéquate ou celle de matériaux qui ne se prêtent pas à cette forme d'élimination peut entraîner l'émission de polluants dans l'atmosphère. L'incinération de matériaux contenant du chlore peut être à l'origine de dioxines et de furanes, substances potentiellement cancérogènes pour l'homme. L'incinération de métaux ou de matériels à forte teneur en métaux (en particulier de plomb, de mercure et de cadmium) peut conduire aussi au rejet de métaux dans l'environnement (www.who.int). La combustion fait dégager dans l'air des fumées noires et des gaz tels que le gaz chlorhydrique (HCL), le dioxyde de souffre (S02), le sulfure d'hydrogène (H2S) et des gaz délétères qui ont des effets nocifs sur la santé de ceux qui les inhalent (Nyassogbo, 2005).

L'infiltration des déchets est susceptible de provoquer une contamination des nappes phréatiques par le virus de l'hépatite ou de la poliomyélite. Ainsi, une telle infestation des eaux souterraines peut avoir des effets sur la santé à long terme, mis à

part les plus immédiats comme la dysenterie et le cholera (Snigdha et al, 2003). Aussi, les rejets liquides domestiques (latrines familiales, collectives, fosses septiques) par insuffisance d'assainissement collectif ne sont pas évacués ou, quand ils le sont, ils constituent une source potentielle de pollution des nappes phréatiques (Matejka et al, 2004). La présence des déchets toxiques tels que les piles électriques augmente la concentration des ions métalliques et des métaux lourds dont la présence, même à dose infimes peut s'avérer catastrophique pour les sols, l'eau potable et par conséquent pour l'homme. Les produits de droguerie, les peintures et les huiles de vidange rendent toute eau impropre à la consommation (Sotamenou, 2005).

La multitude de déchets solides transportée par les eaux de ruissellement pollue les eaux dans la ville de Ouagadougou. Cette eau très polluée est toutefois utilisée comme eau de boisson après un traitement des services de la nationale des eaux (ONEA).Cette situation peut être source de maladie pour la population urbaine (Da, 2003).

b) pollution de la faune et de la flore

La pollution marine est à la source de la dégradation de la faune et la flore aquatiques. Les produits nocifs contenus dans les déchets qu'on déverse directement dans les mers sont plus ou moins absorbés par les organismes marins. De nombreuses espèces animales et végétales ont déjà disparu et beaucoup d'autres sont en voie de disparition ( www.economiesolidaire.com).

La pollution thermique a pour conséquence la disparition locale de certaines espèces animales ou végétales. Forte consommatrice de produits chimiques, l'agriculture a un impact considérable sur les milieux aquatiques. L'usage de pesticides, produits extrêmement nocifs aux êtres vivants, entraîne une dissémination de ces substances dans des milieux aquatiques, souterrains ou de surface, et provoque la mort de certaines espèces animales ( fr.wikipedia.org).

Dans les pays industrialisés la faune ichthyologique est surtout menacée par la pollution industrielle : les engrais azotés et phosphatés avec les phénomènes d'eutrophisation qu'ils provoquent. Les déchets ménagers, les influents industriels et nombreux toxiques rejetés quotidiennement dans les milieux aquatiques rendent ces derniers inhabitables par les poissons (Khasirikani, 2008).

4.1. 2. Les atteintes à la population

Les déchets urbains entassés et la stagnation des eaux usées attirent les mouches, les moustiques, les cafards et les rongeurs. Ces bestioles envahissent les maisons et troublent le sommeil des populations pendant les nuits à travers leur bruit. Les lieux insalubres favorisent la formation des gîtes de moustiques, agents vecteurs du paludisme (Alla, 2007). Le faible niveau de raccordement au réseau d'eau potable, les mauvaises conditions d'évacuation des déchets et le mode de rejet dans le milieu sans traitement provoquent une précarité de la santé humaine (Honadia M., 1996). Les eaux usées et pluviales qui stagnent dans les caniveaux dégagent également des odeurs insupportables pour les riverains (Nyassogbo, 2005). L'accumulation des ordures et l'exposition des populations riveraines aux ordures créent des désagréments et portent atteinte à la santé de la population. En effet, les déchets solides, liquides et toxiques sont des vecteurs de propagation des maladies. (Adepoju ,1996). Aussi, les rejets des services de santé (hôpitaux, dispensaires, etc.) sont à même de provoquer des nausées, des vomissements, le choléra et des maladies transmissibles (Da, 2003).

Le faible taux de collecte des ordures a des conséquences graves sur la santé des populations et sur l'économie urbaine. En effet, l'insuffisance de la collecte des déchets urbains crée des dépôts sauvages qui ternissent l'esthétique urbaine. Le déversement des ordures aux abords des routes rend aussi la circulation routière difficile et freine l'activité touristique. En plus, le rejet des déchets dans les caniveaux obstrue le milieu récepteur qui génère certaines maladies dues à la propagation des germes (Hebette, 1996). Enfin, les déchets peuvent donner lieu soit à des intoxications, soit à des problèmes d'écotoxicologie ( www.environnement.gouv.fr). Les substances toxiques contenues dans l'eau polluée peuvent être stockées par les plantes cultivées dont la consommation ultérieure peut provoquer des maladies pour les humains ( www.economiesolidaire.com).

Selon le PNUE (1999) la pollution de l'air, les ordures ménagères, les déchets dangereux, le bruit et la contamination de l'eau font des zones urbaines des «points chauds» environnementaux. Les risques sanitaires inévitables touchent alors surtout les enfants qui sont le plus vulnérables.

4.1. 3. Les inondations

Les déchets jonchent ainsi les chaussées, obstruent les caniveaux empêchant l'écoulement des eaux usées pluviales ce qui contribue aux inondations (Adepoju ,1996). Ainsi, lors des pluies, les caniveaux et les zones basses sont inondés. Cette situation est similaire dans beaucoup de villes du Sud. Les eaux de ruissellement créent des rigoles et des crevasses dans les villes qui sont par la suite transformées en dépotoirs sauvages (Diagabate, 2009).

4.2- La gestion environnementale

Les menaces que font peser les agglomérations urbaines sur les écosystèmes planétaires sont multiples : contribution à l'effet de serre, destruction et menace pour la biodiversité, pollution des eaux douces et marines (Dessus, 1994). Ainsi, l'urbanisation engendre des problèmes environnementaux. Il existe alors un double rapport entre la question urbaine et la protection de l'environnement (Gendron, 2004).

La gestion des ressources environnementales est l'un des plus grands enjeux des villes du monde (World Resources Institute, 1997). Elle consiste en une utilisation rationnelle des ressources de l'environnement, de l'espace, en vue de maintenir la qualité du milieu physique et d'harmoniser les équilibres écologiques globaux pour garantir une meilleure qualité de vie pour les générations actuelles et futures (Kifuani, 2008). Elle poursuit des objectifs de transparence, de sincérité, de participation et de contrôle ( www.oree.org).

La gestion environnementale peut prendre la forme d'un système pour aligner les actions des services et orienté vers des stratégies du développement durable. Elle peut aussi prendre la forme d'une politique et d'un programme de développement durable ne s'appliquant qu'à la municipalité comme entité administrative publique et comme acteur ( www.a21l.qc.ca/9590_fr.html).

La gestion environnementale au niveau des collectivités incombe aux administrations locales ( www.glononet.org) et exige des moyens règlementaires (SDAU, POS, Plan Local de Développement) et des moyens humains conséquents ( www.oree.org). Les références réglementaires à la protection de l'environnement n'ont pas seulement pour utilité de réintroduire la nature et sa protection au sein des débats sur la ville ou de renforcer les actions techniques de contrôle des pollutions. Elles visent à améliorer la qualité de la vie des populations, à penser à la ville de demain et à garantir la prise en compte des responsabilités à l'échelle planétaire (Micoud et al, 1996).

La problématique environnementale est donc un enjeu sociopolitique qui oppose non seulement les écologistes aux industriels et les pays du Nord à ceux du Sud (Gendron, 2004).

4.3. La gestion des déchets

La gestion des déchets concerne tous les types de déchets, qu'ils soient solides, liquides ou gazeux, chacun possédant sa filière spécifique ( www.environnement.gouv.fr). En effet, les déchets se diffèrent selon leurs origines ou leurs natures. Ils peuvent ainsi être classés en plusieurs catégories (Diagabate, 2009). La classification des déchets est variable selon le type et le pays, sans qu'il puisse être établi une corrélation stricte (Sotamenou, 2005). Les déchets se distinguent aussi par quatre paramètres essentiels : la densité, le degré d'humidité, le pouvoir calorifique, le rapport des teneurs en carbone et azote (Ngnikam, 1992).

Selon Gouhier ( 2005 et 2000), la gestion des déchets (Rudologie) consiste en la collecte, le transport, le traitement, la réutilisation ou l'élimination des déchets habituellement ceux produits par l'activité humaine, afin de réduire leurs effets sur la santé humaine, l'environnement, l'esthétique ou l'agrément local. Les manières de gérer les déchets diffèrent selon qu'on se trouve dans un pays développé ou dans un pays du Sud, dans une ville ou dans une zone rurale, que l'on ait à faire à un particulier, un industriel ou un commerçant ( www.environnement.gouv.fr).

La gestion des déchets va de la collecte au transport et aux différentes méthodes de gestion actuellement disponibles (Ackermann, 1997) et répond à une logique de 3 principes : Réduire, Réutilise et Recycler ( www.wikipedia.org). Dans les pays du Sud, la gestion des déchets peut se résumer en trois phases : la collecte et le transport des déchets, le tri des déchets et leur traitement (Diagabate, 2009).

4.3.1 La collecte et le transport des déchets

La collecte des déchets

La collecte est la première étape du cycle de la gestion du déchet ( www.pratique.fr). La collecte traditionnelle des déchets urbains est le système de gestion le plus fréquent dans les pays du Sud. Elle fluctue en fonction des dispositions mises en place par les services techniques des villes, du niveau d'organisation des associations de collecte et de l'état des infrastructures routières (Charnay, 2005).

La collecte des déchets se fait en deux étapes complémentaires. La première étape ou collecte primaire consiste à faire le « porte à porte » pour la collecte des ordures et les conduire directement au lieu de traitement (Akouwerabou ,2007 ; Saskatchewan et al, 1997).La collecte en un point de regroupement constitue la seconde étape. Elle s'effectue grâce à des conteneurs, vidés régulièrement ( www.pratique.fr).

Elle doit se faire fréquemment au moins une ou deux fois par semaine et dans chaque habitation au niveau de la ville. La collecte doit concerner aussi l'évacuation des déchets sauvages dans les rues (Kambale, 2003 cité par Shabanthu, 2006). Il existe une grande disparité du taux de couverture en fonction des villes et en fonction des quartiers desservis. La priorité est accordée aux quartiers administratifs et aux quartiers de haut et moyen standing, ayant des facilités pour rémunérer ce service. Les zones les plus démunies sont laissées à l'abandon ou ne bénéficient que d'actions ponctuelles (Charnay, 2005).

La collecte en porte à porte est réalisée soit en bacs, soit en sacs selon les collectivités ( www.caba.fr) et nécessite beaucoup de personnel et des véhicules sophistiqués (équipés de bouclier hydraulique pour compacter les déchets dans la benne). ( www.pratique.fr). La coexistence de plusieurs filières de collecte (officielle et informelle) pour une même ville, suscite la concurrence entre les acteurs et pénalisent les activités de collecte (Acero, 1997).D'une manière générale le taux de collecte est faible et insuffisant dans les villes des pays du Sud (Charnay, 2005).

Le transport des déchets

Il se fait à partir des ménages, des bacs, des dépotoirs ou des sites de transfert vers les décharges (Tandia, 2003). Les différents types de collecte des déchets urbains nécessitent des modes de transport urbain allant des plus rudimentaires (charrettes) aux

plus sophistiqués comme par exemple des camions benne (Zurbrugg, 1996). En ce qui concerne le volet du transport, l'emplacement des centres de regroupement secondaires et le temps nécessaire pour aller du site de collecte aux bacs à ordure et au lieu de traitement sont des paramètres non négligeables. Par conséquent il est nécessaire, par un calcul, de déterminer les zones d'emplacement les plus adéquates. Les centres de collecte secondaires offrent ainsi une possibilité d'organiser le tri des déchets avant de transporter les non recyclables au lieu de remblayage. Cette option permet de réduire les coûts de transport (Akouwerabou ,2007).

Le transport des déchets dangereux (exemple : huiles usagées, solvants usagés...) doit respecter la réglementation sur le transport des matières dangereuses et se faire par le producteur lui-même ou une entreprise autorisée. Le transport doit s'accompagner d'un bordereau de suivi des déchets ( www.developpement-durable.gouv.fr).Le transport des déchets s'effectue de diverses manières :

La charrette est le moyen de collecte le plus commun dans les villes des pays du Sud. La charrette à traction humaine assure aussi une forte part de l'enlèvement des ordures ménagères (Folléa et al, 2001) ;

Le triporteur, motorisé ou à pédales est très courant dans certains pays de l'Afrique du Nord et surtout d'Asie. A Mirpur (Bangladesh), par exemple, une collecte de porte à porte est effectuée par des tricycles jusqu'au point de transit (Pfammater & Schertenleib, 1996) ;

Le camion benne est le véhicule le plus fréquent dans les grandes villes. Des camions évacuent les déchets urbains (Waas, 1996). Certaines collectivités comme celle de Dakar (Sénégal), ont investi dans l'achat d'équipements performants (bennes tasseuses, et camions Roll-On) (Diop, 1989).

4.3.2. Le tri des déchets

Le tri des déchets ou tri sélectif est une méthode de tri qui permet de sélectionner les déchets selon leur nature et de séparer les déchets en fonction de leur composition. Il est effectué par les particuliers et les industriels, puis affiné dans des centres de tri spécialisés. Le tri ménager des déchets est le premier échelon de la chaîne de valorisation des déchets (Blanc, 2010) et permet notamment de séparer les déchets recyclables des autres déchets ( www.environnement.gouv.fr).

Le tri peut ensuite être réalisé soit sur déchets humides (Ademe, 1993) soit sur déchets séchés à 80°C (Norme Afnor NFX 30-466, 2005 ). Les déchets sont ainsi séparés par taille. Le tri de déchets en France permet de distinguer 12 constituants, donc 12 catégories de déchets fermentescibles, papiers, cartons, textiles, textiles sanitaires, plastiques, verres, métaux, inertes, complexes, fines inférieures à 20 mm et autres (Ademe, 1993).

Le tri des déchets revêt plusieurs intérêts écologiques. Il permet en effet : d'économiser de l'énergie en recyclant les déchets. Il permet aussi de préserver les ressources naturelles de la planète, de réduire la quantité de déchets accumulés ou la pollution dégagée par leur incinération. Il permet enfin à tout citadin de prendre conscience de ses actes et de leurs conséquences sur l'environnement ( www.econoecolo.org).

4.3.3. Le traitement des déchets

Dans les pays du Sud, une forte majorité des déchets est mise en décharge (le plus souvent non contrôlée) ou dispersée dans les rues et les champs. Pour réduire les impacts environnementaux, différentes techniques existent comme le stockage dans les centres d'enfouissement technique présentant les meilleures garanties de protection de l'environnement, l'incinération ou la valorisation par la voie du réemploi, du recyclage ou du compostage (Charnay,2005).

Le traitement biologique et mécanique est une technique qui combine un tri mécanique et un traitement biologique de la partie organique des déchets municipaux. ( www.amorce.asso.fr).

La partie « mécanique » est souvent une étape de tri du vrac. Cela permet de retirer les éléments recyclables du flux de déchets (tels les métaux, plastiques et verre) ou de les traiter de manière à produire un carburant à haute valeur calorifique nommée combustible dérivé des déchets qui peuvent être utilisé dans les fours des cimenteries ou les centrales électriques ( www.actuenvironnement.com).

La partie « biologique » réfère quant à elle à une fermentation anaérobique ou au compostage. La fermentation anaérobique détruit les éléments biodégradables des déchets pour produire du biogaz et du terreau. La partie « biologique » peut aussi faire référence à une étape de compostage. Dans ce cas les composants organiques sont traités par des micro-organismes à l'air libre. Ils détruisent les déchets en les transformant en dioxyde de carbone et en compost. Il n'y a aucune énergie produite par le compostage ( www.actuenvironnement.com).

4.3.3.1. L'enfouissement

L'enfouissement est réservé à tout déchet ne pouvant pas faire l'objet d'une valorisation organique ( www.syctom-paris.fr). La mise en décharge ou enfouissement est une méthode de traitement des déchets répandue dans le monde (Charnay, 2005). La décharge est le moyen d'évacuation le plus satisfaisant et le plus économique, mais uniquement si le terrain approprié n'est pas trop éloigné du lieu de production des déchets (Encyclopédie Encarta, 2006). Il existe différentes techniques de mise en décharge (Johannessen & Boyer, 1999). Toutefois, dans les pays du Sud, le stockage dans les décharges ne répond pratiquement pas aux garanties nécessaires pour la préservation de l'environnement (Matejka, 2004). L'enfouissement se pratique en tranchées et peut se faire sur deux types de décharges :

a) La décharge brute qui est un tas de déchets construit clandestinement sans l'assentiment du propriétaire du terrain. Elle est aussi établie et exploitée sans une autorisation administrative (Desachy, 2001).

b) La décharge contrôlée qui n'est utilisée que lorsque l'on dispose d'espace suffisant et de moyens mécanisés ( www.novethic.fr). De nos jours, les décharges deviennent de plus en plus contrôlées et s'accompagnent donc d'une augmentation de la technicité : isolation hydrogéologique partielle ou totale, planification du placement et de la couverture des déchets, réseaux de récupération des biogaz et des lixiviats (Thurgood, 1998). Dans ces décharges, les déchets bruts sont versés en couche de deux mètres carrés environ. Ils sont compactés et nivelés au moyen d`un engin dont les roues sont équipées de lame (Kambale., 2003 cité par Shabantu, 2006).

Des citadins s'opposent à la création des décharges quelque soient les conditions ou le lieu, car pour eux la décharge laissera une planète véritablement polluée et causera de graves problèmes environnementaux (www. Ademe.fr). A titre illustratif, des déchets industriels, toxiques ou dangereux sont souvent enfouis dans certains pays asiatiques comme Bangladesh, l'Inde et le Pakistan causant ainsi de graves problèmes au niveau sanitaire et environnemental ( www.lacaseauxenfants.org). Ces oppositions rendent difficile la gestion des décharges (Zurbrugg & Schertenleib, 1998).

4.3.3.2 L'incinération

L'incinération est le processus de destruction d'un matériau en le brûlant. Elle est connue pour être une méthode pratique pour se débarrasser des déchets contaminés, comme les déchets médicaux biologiques (Sotamenou, 2005). Elle est une option importante pour le traitement des déchets puisqu'il réduit très nettement l'espace requis par les décharges (Rabl, 1997).

Elle est une méthode de traitement très répandue dans les pays industrialisés demandant des investissements mais aussi une surveillance et une maintenance des équipements spécifiques (Charnay, 2005). Elle est soumise à controverse pour plusieurs raisons dans les pays industrialisés et du Nord et ceux du Sud. Les controverses concernent généralement les problèmes environnementaux et sanitaires ( www. ecologie. gouv.fr).

Le choix de l'incinération comme filière de traitement des déchets est peu retenu dans les pays du Sud, à cause de la difficulté de combustion due à la nature même des déchets, de l'investissement de départ et également des frais élevés de fonctionnement (Rand, 2000).

4.3.4. La valorisation des déchets

Le volume des déchets est hausse dans les villes du monde. Cette augmentation nécessite un changement de conception pour la gestion des déchets. Ainsi il devient important de valoriser le déchet ( www.somergie.fr). Valoriser les déchets est avant tout un choix politique et un choix de société. Ainsi la valorisation des déchets est non seulement utile, mais aussi souhaitable ( www.senat.fr).

La valorisation consiste à redonner une valeur marchande aux déchets. Elle s'effectue par divers moyens. Tous les procédés conduisent à des économies de matières premières en même temps qu'ils contribuent de façon directe au respect et à la sauvegarde de l'environnement ( www.siredom.com/siredom_valoriser.htm). La valorisation des déchets passe par des techniques comme le recyclage, le compostage, etc.

De nos jours, les centres municipaux d'enfouissement les plus modernes permettent de produire du biogaz. Aux États-Unis sur les 2 975 décharges, 340 valorisent le biogaz. En Europe la captation du biogaz est obligatoire aujourd'hui. À l'avenir, l'évolution de ces centres de stockage vers des "bioréacteurs" devrait encore améliorer les

performances techniques, environnementales et économiques de la production de biogaz à partir des déchets. ( http://geoconfluences.ens-lsh.fr/)

4.3.4.1. Le recyclage des déchets

Le recyclage est un procédé par lequel les matériaux qui composent un produit en fin de vie (généralement des déchets industriels ou ménagers) sont réutilisés en tout ou en partie. Pour les pays industrialisés, le recyclage regroupe la récupération et la réutilisation des divers déchets ménagers. Ceux-ci sont collectés et triés en différentes catégories pour que les matières premières qui les composent soient réutilisées (recyclées) ( fr.wikipedia.org). Il permet d'abord d'économiser de la matière première et donc de préserver les ressources naturelles de notre planète. Il permet également de réduire le volume et le poids de nos poubelles et donc de limiter les risques de pollution de l'air et des sols ( www.somergie.fr/html). Selon Ta thu thuy (1998), la récupération de matériaux recyclables réduit la quantité de déchets à traiter de 20 à 25%.

Dans les pays industrialisés, les articles de consommation les plus couramment recyclés sont les canettes en aluminium, le fer, les boîtes de conserves, les bombes aérosol, les bouteilles en plastique, les bouteilles et pots en verre, le carton, les journaux, et les magazines. Le recyclage des ordinateurs obsolètes et des équipements électroniques est important mais plus coûteux à cause des problèmes de séparation et d'extraction des composants ( fr.wikipedia.org/wiki/Gestion_des_déchets). En France, on recycle 13 % des déchets ménagers. Cela est très faible par rapport à l'Autriche, où 59 % des déchets ménagers sont recyclés. Ou encore à la région wallonne, en Belgique, où l'on est proche des 70 % (journal le monde du 25 avril 2007).

A Dakar par exemple, certains habitants préfèrent fouiller dans les décharges, afin de récupérer les déchets recyclables et les revendre. Les détritus sont ensuite revendus selon leur nature, à des usines ou au marché, pour être recyclés ( www.lacaseauxenfants.org/dechets-sud.htm).

Dans la ville de Ouagadougou le marché de plastique granulé coûte 1000 francs CFA le kilogramme. Le prix proposé par le service de recyclage de la commune pour la même matière fluctue entre 300 et 500 francs CFA. Ce constat fait des matériaux recyclés au sein de la commune une matière première trop prisée de sorte que la demande a toujours excédé l'offre locale (Akouwerabou ,2007).

Bien qu'apportant une contribution importante à la baisse des quantités de déchets à éliminer (par enfouissement), le recyclage n'est pas suffisant pour contrer l'augmentation de la production des déchets ou y suffit à peine (Akouwerabou, 2007).

4.3.4.2. Le Compostage

Les déchets pouvant être compostés résultent de l'agriculture, de la sylviculture, de l'élevage et de l'industrie alimentaire ou de la restauration, de l'entretien des espaces verts. Il convient aussi d'ajouter l'important volume des déchets verts : feuilles mortes, tontes, tailles de haies et d'arbustes, résidus d'élagage, déchets d'entretien de massifs ( www.ademe.fr/)

Le compostage est une technique permettant le retour de la matière organique dans le sol lorsqu`on l'utilise comme amendement organique des sols agricoles ou urbains. Les éléments dégradés, simplifiés, peuvent alors entrer à nouveau dans le cycle de la matière et notamment être réutilisés par les plantes. Il s'agit alors de la réintégration de la matière organique dans les cycles biogéochimiques de notre environnement (Record, 2002 ; www. Compostage. Info). Pour Raviv (2000), le compostage est la méthode de traitement préférentielle pour beaucoup de déchets organiques, autant du point de vue écologique qu'économique).

Dans les pays du sud le compostage est adapté au du fait de la proportion importante de matière organique contenue dans les déchets urbains et de la volonté de réduire le gisement entrant en décharge (Charnay, 2005). Dans le centre d'enfouissement technique et de valorisation du déchet de la ville de Ouagadougou, il existe depuis 2007, une unité de compostage. Le compostage y est pratiqué sur les déchets fermentescibles (débris de pailles, déchets d'agriculture) après le tri des éléments nuisibles (piles, métaux, verrerie). Le compostage est pratiqué par certaines associations féminines (Tandia, 2003) En 1995, la ville de Yaoundé comptait 15 sites de compostage mis en place avec l'appui de divers bailleurs de fonds dont le PNUD et la Coopération Française, mais actuellement l'activité de compostage dans la ville de Yaoundé est presque inexistante (Sotamenou, 2005).

4.3.4.3. Les autres modes de valorisation

Plusieurs formes de valorisation des déchets existent. Ainsi il y a

- la régénération qui consiste en un procédé physique ou chimique qui redonne à un déchet les caractéristiques permettant de l'utiliser en remplacement d'une matière première neuve. C'est le cas, par exemple, de la régénération des huiles usées ou des solvants, ou du papier qui est à la fois recyclé et régénéré par le désencrage ( http://geoconfluences.ens-lsh.fr/).

- le réemploi, c'est un nouvel emploi d'un déchet pour un usage analogue à celui de sa première utilisation. C'est, en quelque sorte, prolonger la durée de vie du produit avant qu'il ne devienne un déchet. Par exemple, la consigne des bouteilles, à nouveau remplies après leur nettoyage ( http://geoconfluences.ens-lsh.fr/).

- la valorisation énergétique qui consiste à utiliser les calories contenues dans les déchets, en les brûlant et en récupérant l'énergie ainsi produite pour par exemple, chauffer des immeubles ou produire de l'électricité. C'est l'exploitation du gisement d'énergie que contiennent les déchets (ADEME, 1997)

La valorisation des déchets offre beaucoup d'avantages (Kabuanga M., 2004).D'une part l'extraction de nouvelles matières premières des déchets, contribue à réduire l'exploitation des ressources naturelles ; d'autre part la valorisation des matières issues des déchets est moins gourmande en énergie et en eau que le traitement des matières premières vierges (Akouwerabou, 2007). Le traitement des déchets peut donc contribuer aujourd'hui aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le cadre du protocole de Kyoto et de sa déclinaison en Europe ( http://geoconfluences.ens-lsh.fr/).

La valorisation des déchets est également une source de création d'emplois surtout au sein des pays du Sud où une forte proportion de la main d'oeuvre est non qualifiée (Akouwerabou, 2007).Elle permettra aussi d'améliorer les conditions de vie des citadins d'une manière générale mais aussi constituera une source de revenus pour les intervenants dans le secteur (Kabuanga M., 2004).

Les filières de traitement les plus répandues dans les pays du Sud sont le stockage et la valorisation à travers le compostage et le recyclage.

4.4. Les types et modes de gestion des déchets urbains

La gestion des déchets urbains attire toujours l'attention parce qu'elle repose sur une variété de pratiques : proximité du cadre de vie des populations avec les ordures, manipulation de ces dernières, fréquentation des dépôts d'ordures par les enfants qui sont chargés d'y déposer les ordures et/ou qui les utilisent comme aires de jeux et de défécation (Kientega, 1999).

4.4.1 Types de gestion

Le choix du mode de gestion des déchets dépend des options de chaque collectivité et des possibilités qui lui sont offertes ( www.oieau.fr). Ainsi, les municipalités ont la possibilité d'opter pour les types suivants :

- la gestion directe en régie : Dans la majorité des villes des pays du Sud, le secteur public a en charge le service de collecte des déchets urbains, il s'agit le plus souvent des services techniques municipaux de la ville (Charnay, 2005). La participation du secteur public se situe majoritairement au niveau du transport des déchets (Folléa et al, 2001).

- la gestion déléguée. : Le secteur public étant responsable de la gestion des déchets urbains, délègue généralement une partie de ses activités à une ou plusieurs entreprises privées en accordant une licence à toute entreprise participant à la gestion des déchets (Cointreau-Levin, 1996). A titre illustratif, la municipalité de Manila (Philippines), a accepté un contrat avec un groupe étranger (Baud, 2001). Ce fut le cas aussi à Chennai (Inde), où la municipalité a signé un contrat avec un groupe français pour la collecte et le nettoyage des rues (Zurbrugg, 2003).

- la gestion communautaire : Les partenariats entre le secteur privé ou public et le secteur communautaire sont de plus en plus fréquents en raison de l'augmentation des déchets. A Bamako (Mali), les collectifs de quartiers sont les initiateurs de la « journée de salubrité » et du « concours de salubrité », pour sensibiliser les populations aux dangers des dépôts sauvages et les convaincre de s'abonner au système de ramassage des déchets urbains (Diarre, 1997).

Il est difficile d'établir une comparaison entre les types de gestion à cause des moyens humains et matériels dont disposent les municipalités. A cela, il faut ajouter les différents partenariats qu'ils établissent avec les opérateurs privés et communautaires.

4.4.2 Modes de gestion

Dans la ville de Ouagadougou, les services techniques de la municipalité ont érigé 12 zones définies en fonction de la densité de la population, de la capacité financière des résidants, de la mobilisation de la communautaire des quartiers et des problèmes de desserte. Cette subdivision vise à assurer une gestion rationnelle des ordures dans la ville. Au sein de ces divisions, le ramassage des ordures ménagères a été confié à des

acteurs privés, par l'intermédiaire d'appels d'offres et pour une période limitée à 4 ans.8 Les associations collectent les déchets en faisant un porte à porte. Elles utilisent des charrettes tirées par des ânes pour ramasser les ordures, ce qui permet d'accéder à des endroits difficiles d'accès pour les camions. Elles reversent par la suite ces ordures dans les 34 centres de précollecte repartis dans les différents secteurs de la ville de Ouagadougou9.

Le mode d'organisation pour la gestion des déchets dans la ville de Ouagadougou n'est pas très original en comparaison à ceux pratiqués dans les autres villes. Le mode de gestion dans la ville de Ouagadougou était déjà pratiqué dans les années 2000 par Accra Metropolitan Assembly (AMA). Ainsi, 77% des déchets produits étaient mis en décharge. La plus grande partie, 71% étaient collectés gratuitement au moyen de conteneurs public gérés pour un faible pourcentage par les services urbains municipaux et pour 60% par des PME prestataires de service intervenant dans des zones prédéfinies par contrat rémunéré par la ville (AFD,2001). La collecte payante ne concernait que 5% de la population, selon les pratiques au porte à porte organisées par l'AMA qui rétrocédait cependant progressivement l'activité aux PME pratiquant des abonnements avec les ménages.

A la même époque Dakar avait choisi de privatiser l'ensemble de la filière de la collecte sur financement de l'Etat. Une estimation portait à 80% la masse de déchets mis en décharge par une douzaine de PME dans la capitale du Sénégal. La collecte des PME s'appuyait sur une phase de précollecte organisée par une centaine de GIE qui prélevait les déchets essentiellement au porte à porte. La même étude constatait que Conakry était la seule ville où le paiement direct par les usagers du service de collecte au porte à porte avait pu être généralisé (AFD, 2001). Pour les entreprises disposant de camions, les déchets ménagers étaient directement acheminés vers la décharge, tandis qu'une autre partie assurant la collecte par des charrettes à traction humaine transférait les ordures dans des bacs publics évacués par un service public.10

A Bamako, la collecte d'ordures est directement confiée par la Municipalité, là où ses services n'interviennent pas aux GIE, selon des modalités définies par un décret municipal fixant les zones de collecte et les tarifs. Bamako compte 60 GIE dans le seul domaine du nettoyage, dont 50% seulement seraient opérationnels. Ils sont également regroupés dans une fédération pour la défense de leurs intérêts (Bulle S., 1999).

8 (Nikiema A. M mappemonde.mgm.fr/num15/.../art07305.html).

9 Ibidem

10 Ibidem

La gestion des déchets ménagers à Yaoundé se réduit quasiment à la collecte en vrac et à la mise en décharge, le pourcentage des matériaux revalorisés atteignant à peine 5% (Elemva, 2001).Il faut noter que les taux de collecte varient ainsi entre 30% à Lomé ou Cotonou, 50% à Abidjan, 53% à Bamako (G.K. Nyassogbo, 2005).

A Patan City, prés de Katmandou au Népal, suite à l'importante épidémie de choléra en 1994, la Municipalité a recruté 650 balayeurs pour mener une campagne de nettoyage, avec l'aide de fonds gouvernementaux. (Bulle, 1999)

A Columbo au Sri Lanka, la ville fait des efforts importants en matière de collecte et de recyclage des ordures. 38% du Budget Municipal est attribué à la collecte des déchets qui concerne 2000 points de ramassage sur les voies publiques (containers et poubelles). Le ramassage a environ lieu deux fois par semaine. Chacun des six districts de la Ville dispose d'un service de dépôt doté en matériel et supervisé par un ingénieur (Bulle, 1999).

La gestion des déchets dans les pays développés est structurée. En effet, il a été mis en place dans ces pays des structures d'organisation, des équipements performants. En plus de cela une réglementation nécessaire a été adoptée et les structures disposent de moyens financiers (Matejka et al, 2004). En France par exemple, la gestion et l'élimination des déchets ménagers et assimilés sont prises en charge par les communes. Le financement provient des impôts locaux payés par les habitants. Le principe du « pollueur payeur » est y encore peu appliqué. En ce qui concerne les emballages, les industriels contribuent financièrement à la prise en charge des emballages usagés par le biais d'un organisme qui favorise la collecte et la valorisation des emballages ( fr.wikipedia.org).

La diversité des modes de gestion des déchets dans les villes du Sud s'explique par la faiblesse des moyens financiers mis à la disposition des municipalités africaines. Elle s'explique aussi par la faiblesse des moyens techniques et humains. Les modes de gestion dans quelques villes africaines nous sont présentés par le tableau n°3 ci-dessous

Tableau n°3 : Mode de gestion des déchets dans quel ques villes africaines

 

Abidjan

Ibadan

Dar es-Salaam

Johannesburg

Méthodes d'entreposage

Non normalisées ; surtout au moyen de barils et de sacs de plastique (les sacs- poubelle proposés en 1995 ont été impopulaires).

Non normalisées ; seaux, sacs de plastique, barils.

Nombreuses : sacs de papier et de plastique, seaux de plastique, paniers de bambou, etc.

Normalisées dans les secteurs blancs : sacs poubelle (deux par poubelle) ; non normalisées dans les quartiers noirs.

Acheminement des domiciles aux dépotoirs puis aux décharges

Par un entrepreneur dont le conseil municipal a retenu les services ; les résidents recourent également à de

petits entrepreneurs.

Par les résidents et des entreprises auxquelles ils font appel.

Par les résidents ; également par la ville ou les entrepreneurs, selon l'emplacement

Ramassage et acheminement aux points de collecte par la ville ou les entreprises privées.

Gestion des décharges

Postes de transfert situés un peu partout dans la ville. Il est arrivé que

l'entrepreneur, ASH International, les ferme et achemine les ordures ménagères directement aux décharges.

50 bennes déposées à des intersections fréquentées (fournies par l'IUSC).

Utilisation de bennes à quelques endroits ; elles sont peu nombreuses, ce qui favorise l'apparition de dépotoirs non autorisés.

500 000 points de collecte, la plupart dans les anciennes banlieues blanches. Utilisation de conteneurs à roues de 240 litres. Gestion relevant de la ville. Dans les bidonvilles, la ville fournit un conteneur de 5,5 m3 par groupe de 200 baraques.

Acheminement des déchets

Camions compacteurs ; bennes et chariots élévateurs

Chargés mécaniquement dans des camions à ordures. Les déchets renversés sont enlevés

manuellement.

Chargement manuel des camions à benne basculante

(beaucoup de déchets renversés). Quelques camions pour le ramassage des bennes.

Chargement mécanique. Les conteneurs sont vidés dans les compacteurs au moyen d'un dispositif de levage (peu de déchets renversés).

Fréquence de collecte

Censée être hebdomadaire ; parfois toutes les deux ou trois semaines

Censée être hebdomadaire ; parfois mensuelle.

Très irrégulière. Une très faible partie des déchets sont ramassés.

Hebdomadaire dans les secteurs blancs ; toutes les deux ou trois semaines dans les quartiers noirs.

Élimination des déchets

l décharge (plutôt un dépotoir car les déchets ne sont pas traités et des déchets biomédicaux y sont acheminés).

1 décharge (3 autres prévues)

1 décharge (un dépotoir plutôt qu'une décharge contrôlée).

7 décharges contrôlées.

Recyclage

Négligeable ; ni organisé ni reconnu

Négligeable.

Négligeable.

Négligeable.

Degré de privatisation

Généralement privatisé

Certaines activités sont privatisées ; la gestion relève

surtout de l'État.

Privatisation dans quelques secteurs depuis 1994 ; certaines activités relèvent de l'État.

La gestion relève surtout de l'État ; certains services privatisés dans les quartiers noirs ; approche communautaire.

Source : Adepoju G. Onibokun, 1996

Dans le domaine des déchets la priorité est donnée par les pouvoirs publics aux déchets solides parce que c'est ce qui se voit le plus, bien que les nuisances causées par les effluents liquides soient plus dangereux, à la fois pour la santé humaine et pour l'environnement (Diagabate, 2009). La figure n°2 ci -dessous présente la répartition des types d'assainissement par région et dans les plus grandes villes du monde. Il en ressort clairement que l'Afrique est le continent où la proportion des personnes ayant accès seulement à l'assainissement individuel ou à aucun système d'assainissement est la plus importante.

Figure n°2 : Assainissement dans les plus grandes v illes : pourcentage moyen de chaque système employé par région

(Source OMS, 2000)

Les activités de gestion des déchets sont réparties dans le temps et dans l'espace : la production de déchets, le tri et la collecte, la valorisation par le recyclage, le traitement de la fraction non valorisable et l'élimination finale dans un site aménagé d'un résidu écocompatible. La gestion peut être organisée par les structures de la mairie. Dans ce cas on parle de système officiel de gestion. On parle de système informel de gestion quand il n'existe aucune organisation pour gérer les déchets (Kaupp, 2006). La figure n°3 cidessous nous résume la gestion des déchets dans les villes du Sud.

Figure n°3 : schéma de gestion des déchets dans les pays du Sud

Source : (Kaupp, 2006)

.

4.5. Le problème de la gestion des déchets

Les problèmes de gestion des déchets concernent tous les pays du monde entier et touchent d'une manière particulière ceux du Sud. En effet, toutes les municipalités au Sud sont confrontées à des problèmes de gestion et d'organisation dans les domaines de l'assainissement, de la gestion des déchets (Bulle, 1999). Ouagadougou, comme les autres villes du Sud, doit faire face aux difficultés que rencontrent tous les espaces densément peuplés, notamment pour la collecte et l'élimination des déchets solides ménagers (Meunier A.M., 2007). Cette situation désastreuse pour l'environnement est occasionnée par la nature et la durée de vie des produits. C'est ainsi que souligne Jacqueline Morand-Deviller (1996) : « le produit n'est plus conçu pour durer, mais pour être jeté, il n'est plus de « première nécessité » mais s'adapte à « un goût du jour » que les fabricants et les publicitaires s'acharnent à rendre de plus en plus versatile. Se pose alors la question, cruciale du problème des déchets et de leur élimination. »

Ce n'est pas la quantité des déchets qui pose problème, mais plutôt l'incapacité des gouvernements et des sociétés d'élimination des déchets de s'en débarrasser (Adepoju, 1996). Selon les Services Techniques Municipaux de la ville de Ouagadougou, 6.000 à 8.000 tonnes sont enlevées par an. L'évacuation des déchets se présente comme suit : 30% par les services de la DGSTM et 10% par les associations et les sociétés privées. La

collecte et l'évacuation des déchets dans la ville de Ouagadougou sont ainsi largement insuffisantes (Kientega, 1999). Dans la ville de Dar es- Salaam, pas plus de 24 % des déchets produits tous les jours sont enlevés. A Kinshasa, l'enlèvement des déchets ménagers n'est assuré que dans quelques zones résidentielles. Dans le reste de la ville, les déchets sont déposés sur la route ou dans des sites illégaux, ou sont déversés dans les égouts ou enterrés dans des décharges à ciel ouvert (Hardoy et Satterwaite, 1992).

I l suffit de traverser n'importe quelle ville du Sud surtout africaine pour constater les manifestations de ce problème : amoncellements de déchets, détritus le long des routes, ruisseaux bloqués, sites d'enfouissement menaçant la santé dans les secteurs résidentiels, et élimination inadéquate des déchets toxiques (Adepoju ,1996).

La planche p hotographique ni ci - dessous présente des tas d'immondices jonchant les routes des villes d'Abidjan et de Douala. Cette situation se présente résolument comme une menace pour la population.

Photographie n°1 : Tas d'ordures dans les villes d'Abidjan et de Douala

DIM (2009) Abidjan LE PLAIDEUR M.A (2001) Douala

Au Burkina Faso, les villes ne sont pas aussi épargnées par le phénomène « d'entrepôts d'ordures à ciel ouvert ». En l'absence d'espace libre, ce sont les caniveaux qui sont transformés en bacs à ordures. La planche photographique n°2 ci - dessous nous présente l'état d'un caniveau dans la ville de Ouahigouya et d'un dépotoir d'ordures dans le secteur 16 de la ville de Ouagadougou où les riverains sont exposés aux maladies.

BAMA P. (2009) Ouagadougou

OUEDRAOGO J.V. ( 2007) Ouahigouya

La situation de gestion des déchets à Ouagadougou est peu différente en comparaison avec d'autres pays puisque selon le bulletin d'information du Partenariat pour

l'Afrique municipale

le développement municipal (PDM), , seule la moitié des déchets

produits

fait l'objet d'une gestion. Le reste est enfoui ou incinéré, dans ou devant les concessions, jeté dans la rue ou dans les zones de dépression selon les cas.

Aussi, il faut noter que la gestion des déchets dans les villes du Sud fait face à certains obstac

financières (Matejka et al, 2004

les comme

les contraintes politiques, institutionnelles, sociales et ; Hebette, 1996).

La difficulté majeure de la gestion des

la collecte et le

déchets est liée aux coûts économiques et environnementaux en effet,

traitement des déchets

nécessitent un énorme budget

( Akouwerabou, 2007).Selon le

rapport de la Banque Mondiale sur le développement dans le monde (1992), les

souvent entre

municipalités des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire consacrent

1/5 et 1/2 de leurs budgets aux services de la voirie, alors que beaucoup de déchets ne

-es-

sont pas enlevés. C'est le cas à Karachi (Pakistan), Dar salam (Tanzanie) et Djakarta

solides générés ne

qu'une bonne partie (10 à 40%) du budget des communes

(Indonésie) où respectivement 2/3, 4/5 et plus de 30% des déchets sont pas collectés.

Gerlagh et al (1999), estime

urbaines est utilisée pour la résolution des problèmes liés aux déchets solides dans les pays du Sud. Une récente étude commanditée par l'agence française du développement (AFD) montre qu'en terme de dépense collective globale (publique et privée), les estimations vont de 42 millions de francs CFA par an pour Louga, à plus de 4,6 milliards de francs CFA par an pour Dakar (Sénégal). Cette dépense rapportée à l'habitant et au tonnage donne respectivement 460 FCFA/ habitant à Bobo et à Louga, 4590 FCFA/ habitant à Fès

; 2623 FCFA par tonne à Bobo et 23614 FCFA par tonne à Fès (Doukouré

et al, 2003).

Dans la ville de Ouagadougou, la dépense collective globale de gestion des déchets en 2001 était de l'ordre de 616 223 580 francs CFA (soit 940 000€) financée à plus de 57% par la municipalité, consommant ainsi plus de 8 à 10% du budget (Folléa, 2001).

Les obstacles techniques dans le domaine de la gestion des ordures sont nombreux. On peut citer entre autres : l'insuffisance et la sous-utilisation du staff technique au niveau des municipalités, l'absence de données précises sur les ordures ménagères au niveau des municipalités, le manque de communication entre les acteurs, qu'ils soient publics ou privés, et les usagers, la bonne gouvernance (Sotamenou ,2005 ; Attahi K., 1996). En plus, il y a le problème de cohérence des filières car comme le dit Ta Thu Thy" résoudre la question de la collecte sans résoudre celles du transport et de l'élimination et de la valorisation des déchets pose immanquablement le problème de la cohérence des filières (GREA-IAGU-PDM, 1996).

A ces obstacles, il faut ajouter la quasi absence de textes juridiques dans de nombreux pays du Sud qui réglementent la précollecte, la collecte et le transport des ordures aux points de décharge (Yeye, 2002). Sur le plan international, la législation en matière de gestion des déchets concerne la gestion des déchets dangereux (Convention de Bâle sur les déchets dangereux, ratifiée le 5 octobre 2001) et leurs transports (Convention de Bamako sur l'interdiction de transfert des déchets dangereux en Afrique, signée en 1990) ou les polluants organiques persistants (Convention de Stockholm sur les Polluants Organiques Persistants). Ces conventions ont pour objectif de protéger l'environnement et la santé humaine contre les effets des POPS, signée le 23 mai 2001 à Stockholm).

L'absence d'une politique de gestion des déchets, la sensibilisation médiocre aux risques pour la santé, les ressources financières et humaines insuffisantes, la réglementation inadéquate des mesures d'élimination des déchets sont les problèmes les plus fréquents de gestion des déchets (GREA-IAGU-PDM, 1996). La mauvaise gestion des déchets a entraîné un environnement malsain, insalubre et source de nombreuses maladies (Diagabate, 2009). En somme, Il faut ainsi dire que le problème de gestion des déchets solides est particulièrement alarmant dans les pays du Sud ( www.unpei.org).

.

Les municipalités des pays développés rencontrent aussi des difficultés dans la gestion des déchets car le traitement des déchets devient de plus en plus réglementé et est très coûteux ( fr.ekopedia.org). La solution qui est la plus utilisée consiste à se débarrasser de ses déchets en Afrique et certains pays d'Asie. Dans ces continents, le traitement des déchets y coûte beaucoup moins cher (surtout lorsqu'il n'y a aucun

traitement et que les déchets sont tout simplement stockés ou enterrés). Le dernier exemple en date : un bateau appartenant à une multinationale (Trafigura) était rempli de déchets toxiques. Le bateau est allé en Côte d'Ivoire et les déchets ont été déversés miaoût 2006 dans des décharges et dans différents sites de la ville d'Abidjan, à ciel ouvert. Il y eut 15 morts et des milliers de d'hospitalisations (infections, intoxications alimentaires, problèmes sur la peau), sans compter les conséquences à long terme ( fr.ekopedia.org)

De nos jours, la gestion des déchets se fait avec un grand intérêt de protection de l'environnement. Ainsi la résolution des problèmes de gestion des déchets impose nécessairement à tous les acteurs le respect des étapes de gestion afin d'atténuer la dégradation du cadre de vie des populations et de réduire ainsi le risque de maladies liées à l'environnement (Kabuanga, 2004 et Kouame, 2005). L'amélioration de la gestion des déchets dans les villes du Sud nécessite aussi l'adoption d'une loi, la fixation de taxes aux entreprises qui représentent de grands producteurs de déchets (Kabuanga M., 2004) et un important investissement en infrastructure et en matériel de fonctionnement (Matejka, 2004). La gestion des déchets il faut le rappeler permettra d'atteindre un des Objectifs de du millénaire pour le développement à savoir, d'ici 2015, « diminuer de moitié le nombre de personnes n'ayant pas accès à un mode d'assainissement décent ».

4.6. Les stratégies pour une meilleure gestion des déchets

Face aux carences des systèmes de collecte et d'évacuation, des initiatives communautaires ou privées se mettent en place, avec un engouement d'autant plus fort qu'on croit détenir là, à la fois une solution aux problèmes des déchets (GREA-IAGUPDM, 1996). Les progrès en matière de gestion des déchets doivent être fondés sur une responsabilité partagée et sur les éléments clés suivants ( www.developpementdurable.gouv.fr):

4.6.1 Privilégier la gestion participative

La participation communautaire n'est ni automatique ni spontanée. Elle doit être comprise comme un système de comportements collectifs hétérogènes qui renvoie à des perceptions, des représentations et des pratiques différentes ( globenet.org/preceup/page). La participation de la population vise surtout à intéresser tous les habitants en ville surtout les plus vulnérables, à savoir les jeunes et les femmes qui sont souvent les premières victimes (Kasse, 2006). En faisant jouer à chaque intervenant le rôle qui semble être le

plus conforme à son statut, on peut arriver à développer des stratégies cohérentes qui permettent de favoriser l'action concertée. Par exemple, si les enfants doivent s'occuper de la récupération des déchets, comme c'est le cas à Mbeubeuss, un site d'enfouissement dans la région de Dakar, au Sénégal, les femmes peuvent prendre en charge les activités agricoles (maraîchage, aviculture), alors que les hommes travaillent à l'évacuation et à l'aménagement du site (Kasse, 2006).

Les citadins cibles doivent être associés depuis la phase de réflexion jusqu'à l'exécution du projet dans tous les programmes de développement durable (Dobé, 2007). Ainsi Il faut une sensibilisation des citadins pour une production moindre de déchets, pour une préservation de l'environnement urbain en évitant de jeter les ordures dans les égouts ou de créer des dépôts sauvages. Ils doivent être aussi sensibilisés sur les risques liés aux déchets.

En plus, il faut une formation des collecteurs de déchets pour le tri par catégorie afin de permettre leur recyclage et limiter les coûts d'élimination. Les responsables et acteurs municipaux devront éviter :

- de brûler les déchets à l'air libre ou dans une installation non autorisée, - de mélanger les déchets dangereux avec d'autres déchets,

- d'enfouir les déchets dans des sites à proximité des habitations

4.6.2 Appliquer le principe du « Pollueur-Payeur »

Le principe pollueur-payeur est un principe découlant de l'éthique de responsabilité, qui consiste à faire prendre en compte par chaque acteur économique les externalités négatives de son activité. Les mesures découlant du principe pollueur payeur ont pour but de rétablir la « vérité des prix » : si une activité économique entraîne une pollution, le coût de cette pollution (supportée par la collectivité) doit être pris en compte au niveau du pollueur. Le pollueur intègre donc dans son choix économique la totalité des coûts lié à sa production (coûts privés et coûts externes).

Au sein de l'Union Européenne, ce principe figure parmi les principes fondamentaux depuis l'entrée en vigueur de l'Acte unique européen en 1987 fr.wikipedia.org/

Il s'agit d'élaborer des textes juridiques pour une harmonisation de la gestion des déchets au niveau des villes des différents pays du Sud. Aussi il faut mettre en place un système complet de répartition des responsabilités, d'allocation de ressources, de réduction au maximum des risques, de manutention et d'évacuation des déchets Il s'agit là d'une action à long terme et les améliorations seront progressives. Enfin il faut privilégier la sélection d'options sûres et sans danger pour l'environnement en matière de gestion

des déchets afin de protéger ceux qui les récupèrent, touchent, stockent, transportent, traitent ou évacuent les déchets (Diagabate, 2009).

4.6.3 Renforcer la capacité des communes

Le renforcement des capacités de la commune passe par la construction de centres de regroupement des déchets pour servir de plate forme à l'activité de pré collecte. Car audelà de la réduction des coûts de transport des déchets et des emplois qu'elle crée, ces centres de regroupement permettront de rapprocher au mieux les déchets récupérés et recyclés (Sotamenou, 2005). La mise en place de points de regroupements équipés de bacs pour améliorer la collecte et optimiser son coût permettra de réduire à la fois la fréquence de la collecte (économie de personnel, de véhicules, de carburant) et le nombre d'arrêts (diminution des pannes fréquentes d'embrayage des véhicules de collecte) (Meslouhi, 1998).

Il faut aussi adapter les moyens matériels et humains des sociétés gestionnaires (de ramassage) au rythme de croissance de la population. En plus de cela, il faut augmenter le nombre de bacs à ordures ou de centres de pré collecte. (Diagabaté, 2009). Enfin, il faudrait que les communes soient plus autonomes sur le plan financier pour suivre de près les fréquences d'enlèvement des ordures.

Une meilleure gestion des déchets doit être accompagnée de la diffusion d'une série de principes d'action et de « bonnes pratiques ». Le principe du pollueur-payeur, la participation de la population, l'éducation environnementale et la concertation entre usagers et les responsables municipaux sont des de modèles d'action publique légitime applicables dans tous les contextes (Marvin, 1999)

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille