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La croissance de la population et le problème alimentaire en Afrique

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par Traore METAHAN
 - DESS Démographie 2010
  

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CHAPITRE 2 : LES SOURCES SOCIALES DU PROBLÈME ALIMENTAIRE

2.1 La famine, Héritage du colonialisme

L'analyste de tel ou tel phénomène social requiert une démarche historique et la mise en lumière de ses sources profondes. Les causes premières de la grave situation alimentaire que l'on trouve aujourd'hui dans les pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique Latine ne peuvent être étudiées hors du contexte de la préhistoire coloniale de ces pays. La diffusion massive de la famine et de la malnutrition dans les pays en développement est une des conséquences les plus tragiques de l'époque coloniale. Le problème alimentaire actuel focalise des retombées du lourd héritage du colonialisme comme une économie arriérée où domine une agriculture primitive et peu productive, un supplément agraire chronique, un taux de chômage partiel et complet énorme, un niveau de vie misérable des larges masses populaire, l'alphabétisme de la majorité de la population, etc. selon certains auteurs, la cause majeure et première de la situation alimentaire désastreuse des pays en développement est l'exploitation à outrance et de longue durée de leurs ressources naturelles et humaine par le capital monopoliste, par des méthodes d'abord coloniales, puis néo-coloniales, définissant la faim comme « un produit du système colonial », le chercheur Brésilien de renom Josué de Castro écrivait : « La faim a été surtout engendrée par l'exploitation inhumaine des colonies et leurs richesses, par le système des latifundia et la monoculture, qui épuisent les ressources des colonies afin que le pays exploiteur puise acquérir à bas prix les matières premières nécessaires à la prospérité de son industrie8(*). »

Les sources du problème de la faim remontent au début de la conquête et de la colonisation des pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine où le capitalisme, qui n'avait pas encore eu le temps d'adapter le régime social des pays asservis aux besoins de la reproduction du capital des métropoles, usait largement de méthodes extra-économiques de pillage : expropriation des domaines de la population autochtone, confiscation d'énormes massifs des meilleures terres pour les plantations, cultures d'exportations « imposées », travail forcé, etc. Après avoir mis en place à la fin du siècle dernier un vaste système colonial, les puissances colonisatrices commencèrent l'exploitation systématique des richesses de ses colonies et sémi-colonies. Cela eut pour résultat une profonde déformation du processus de reproduction dans ces pays qui freina leur progrès économique et social. La colonisation empêcha le développement des forces productives dans la branche majeure de l'économie des pays asservis, l'agriculture, réduisant à la ruine et à la misère des peuples de millions d'individus. C'est ainsi que fut mise en place la prémisse socio-économique de la faim. La famine faisant des millions de victimes devint un phénomène inhérent à l'époque du colonialisme.

Un des chapitres les plus tragiques de l'histoire de la question alimentaire à été écrit par l'Inde qui resta plus de deux siècles sous la domination coloniale britannique. Par les tarifs imposés, l'exploitation concurrentielle de produits industriels bon marché, l'aménagement de plantations la Grande-Bretagne ruina l'économie manufacturière et agricole de cet antique pays qu'elle transforma en appendice agraire producteur de matières premières. Des millions d'ouvriers indiens de l'industrie textile, de la métallurgie, des manufactures de poterie se trouvèrent sans travail. Miséreux et déshérités, ils quittaient les villes pour les campagnes et allaient grossir les rangs du prolétariat agricole. Au long du XIXe siècle le nombre des artisans en Inde tomba de 2% à 10 % de la population, alors que le pourcentage de la population occupée dans l'agriculture passait de 60 à 75%. Une famine qui n'était nullement liée à des fléaux naturels déferla sur le pays; le XIXe siècle en Inde a été un siècle de terribles disettes et de crises démographiques prolongées au cours desquelles l'effet de la forte natalité était réduit à zéro par de brusques poussées de mortalité.

La crise alimentaire et démographique en Inde avait pour origine la longue stagnation de la production agricole indienne durant deux siècles d'administration coloniale. Les rares investissements que les Anglais firent dans l'agriculture de leur « perle » (aménagement de canaux, de barrages, etc.) furent principalement employés à la production de la culture qui augmenta du milieu des années1890 au début des années 1940 de 85%.

L'exemple de l'histoire coloniale de l'Inde montre à l'évidence l'effet funeste de la politique coloniale sur le développement économique et la situation des masses populaires des pays dépendants. Ce ne sont, certes, pas les colonisateurs qui ont « inventé » la famine, qui existait avant eux en tant que surveillance du moyen âge, montrant combien la population et surtout ses couches les plus pauvres étaient désarmées face aux forces de la nature. Mais le colonialisme étendit la base sociale de la faim dont il augmenta l'ampleur en rendant ainsi plus difficile la lutte contre elle sous l'indépendance. Comme l'écrit L. Ramachandran, « Nous avons commencé notre existence en tant que nation indépendante sous le poids d'un lourd héritage de problème dont certains, y compris le plus sérieux, nommément la pénurie chronique d'aliments et la faim et la malnutrition fort rependues, demeurent encore et semblent devoir devenir partie intégrante de notre existence sociale et politique ».

L'histoire de l'Inde montre également que la famine peut éclater aussi sans « explosion démographique ». La misère, fort répandue en Inde et qui commença avec la domination de l'impérialisme britannique, ne résultait pas d'une poussé démographique quelque peu durable. De 1870 à 1910 la population indienne a augmenté de 18,9% contre une augmentation de 45,4% de la population européenne. Comme le fait remarquer le savant progressiste américain G. Parsons, l'effectif de la population indienne actuelle aggrave certainement la misère de l'Inde, mais cette misère était et demeure la conséquence du colonialisme imposé par l'impérialisme britannique. Les conséquences de sa domination en Inde sont loin d'être effacées aujourd'hui encore. N'est ce pas le cas dans les pays comme le Nigeria, le Kenya

* 8 Josué de CASTRO : The Geography of hunger, little, brown & Compagny, Boston, 1952 p. 7

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