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De la TICAD III à  la TICAD IV: enjeux et mutations de la politique africaine de coopération du Japon

( Télécharger le fichier original )
par Patrick Roger Mbida
Université de yaoundé II  - Master professionnel 2011
  

Disponible en mode multipage

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    ÉPÎTRE DÉDICATOIRE1(*)

    Ce modeste effort intellectuel est dédié à toi ma mère bien aimée Esther Beyene Ondoua .Puisse ce travail être le témoignage officiel de ma profonde et mon incommensurable gratitude pour tous les sacrifices que tu as eus à faire à mon endroit, toi qui a toujours cru aux vertus de l'éducation et qui me répétais sans cesse « les racines de l'éducation sont certes amères mais ses fruits sont doux comme du miel. » Sois en éternellement remerciée.

    REMERCIEMENTS

    Au seuil de ce propos, nous voudrions payer tribut à certaines personnes qui, tout au long de notre parcours jusqu'à l'enfantement de ce travail, nous ont assisté, guidé et fourni une aide quelconque.

    Tout d'abord, nous voulons exprimer notre profonde gratitude au Pr Jean-Emmanuel PONDI et au Dr Gabriel EBA EBE, respectivement superviseur et directeur de ce présent mémoire. Nous leur remercions pour tous les conseils reçus et l'esprit de rigueur dont ils ont fait montre et qui nous a guidés tout au long de ce travail.

    Nous remercions également le Dr Jean Joseph ATANGANA, Ministre Conseiller près de l'ambassade du Cameroun à Paris qui a été notre premier guide dans la conception de ce travail et avec qui les échanges fructueux nous ont permis de murir davantage notre analyse sur le sujet.

    Nos remerciements vont aussi aux Messieurs BENGONO de l'ambassade du Japon à Yaoundé ; ESSISSIMA, Pr Narcisse ABE, SOULEYMANOU du Ministère de l'Economie, de la Programmation et de l'Aménagement du Territoire (MINEPAT) ; Serge ONDOUA et Mme ONGOLA ONDOUA du Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP) pour leur grande disponibilité à échanger avec nous et dont les informations pertinentes récoltées ont permis de réaliser ce travail.

    A notre famille, particulièrement notre père Claude Marie ALIMA, dont les paroles encourageantes nous ont donné la force et la volonté suffisante pour aller plus loin et toujours faire mieux. A notre oncle et son épouse, M. et Mme ONDOUA et nos grands frères Valery Hilaire OTTOU et Etienne Romuald ONDOUA pour leur assistance significative et la confiance qu'ils ont eu en ce que nous faisions.

    A tous nos camarades de promotion Diplomatie 2008, particulièrement à Claude JABEA BEKOMBO pour sa disponibilité à lire ce travail à plusieurs reprises et qui nous a permis de corriger de manière substantielle ses erreurs de forme.

    A Marie - Christelle BENGONO, pour tout le soutient affectif et la grande tendresse qu'elle n'a sans cesse manifesté à notre égard et dont l'assistance psychologique permanente même dans les moments les plus difficiles, nous a permis de garder le cap.

    Et à tous ces amis (es), et bienfaiteurs que nous ne pouvons citer de façon exhaustive, afin qu'ils trouvent ici le témoignage de notre estime et de notre profonde reconnaissance.

    LISTE DES ACRONYMES

    AABF : African Asia Business Forum

    AAF: Asia Africa Forum

    AATIC: Asia-Africa Conference on Trade and Investment

    AELE: Association Européenne de Libre-Echange

    AICAD: Institut africain pour le développement de la capacité

    AMISOM : Mission de l'Union Africaine en Somalie

    APD : Aide Publique au Développement

    ARI : Initiative pour le Riz Africain

    BAD : Banque Africaine de Développement

    CMA : Coalition mondiale pour l'Afrique

    COMIFAC : Commission des Forêts de l'Afrique Centrale

    EPA: Economic Planning Agency

    FAAI: Forum Asie Afrique

    IDE : investissements directs étrangers

    IFO : International Financial Operations

    JBIC : Japan Bank for International Cooperation

    JICA : Agence japonaise de coopération internationale

    JOCV : Jeunes Volontaires japonais

    JSDF : Forces japonaises d'autodéfense

    MITI : ministère de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie

    MOFA : ministère japonais des affaires étrangères

    MOF : ministère japonais des Finances

    NEPAD: Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique

    NERICA: New Rice for Africa

    OCDE : Organisation de Coopération et le Développement Economique

    ODA: Overseas Economic Operations

    OIBT : Organisation Internationale des Bois Tropicaux

    OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

    OMP : Opération de Maintien de la Paix

    ONUMOZ : Mission des Nations Unies au Mozambique

    ONUSOM : Mission des Nations Unies en Somalie

    PAY: Plan d'Action de Yokohama

    PLD : Parti Libéral Démocrate

    PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

    RECAMP: Renforcement des Capacités Africaines de Maintien de la Paix

    RPC : République Populaire de Chine

    SSI : institutions somaliennes de sécurité

    TICAD: Tokyo International Conference on African Development 

    UNAVEM : Mission des Nations Unies pour la Vérification des Accords de paix en Angola

    USAID : Agence Américaine pour le Développement international

    LISTE DES ANNEXES

    · Allocution introductive de junichiro KOIZUMI, premier ministre du japon à l'occasion de la TICAD III tenue à Tokyo le 29 septembre 2003.

    · Allocution d'ouverture de la 4eme TICAD du premier ministre du japon monsieur yasuo FUKUDA le 28 mai 2008 à Yokohama.

    · La déclaration commémorative du 10ème anniversaire de la TICAD. 

    · La déclaration de Yokohama du 30mai 2008

    SOMMAIRE

    PROLEGOMENES 1

    PREMIERE PARTIE : LE JAPON DANS LA CONFIGURATION MONDIALE CONTEMPORAINE. 21

    CHAPITRE I : LE JAPON DANS : L'ARCHICTECTURE INTERNATIONALE : UNE PUISSANCE  MOYENNE ? 23

    SECTION I : LA NOTION DE PUISSANCE MOYENNE : A LA RECHERCHE D'UN SENS 23

    SECTION II : L'ENRACINEMENT DU CONCEPT DE PUISSANCE MOYENNE DANS LA POLITIQUE ETRANGERE DU JAPON 30

    CHAPITRE II : LE JAPON EN ASIE : UNE PUISSANCE REGIONALE PARADOXALE ? ....................................................................................................................................................36

    SECTION I : LES FACTEURS GEOSTRATEGIQUES ET HISTORIQUES STRUCTURANTS DE LA POLITIQUE ASIATIQUE DU JAPON 36

    SECTION II : APERCU DE LA POLITIQUE DE COOPERATION ASIATIQUE DU JAPON. 40

    CHAPITRE III : LE JAPON DANS LE PAYSAGE GEOPOLITIQUE AFRICAIN : UNE PUISSANCE D'APPOINT STRATEGIQUE ? 49

    SECTION I : LES CADRES HISTORIQUE ET COGNITIF STRUCTURANTS LES RELATIONS NIPPO-AFRICAINES. 49

    SECTION II : LES AMBITIONS AFRICAINES DU JAPON 56

    DEUXIEME PARTIE : LE JAPON, LA TICAD IV ET L'AFRIQUE 64

    CHAPITRE IV : LA TICAD IV COMME UNE NOUVELLE DOCTRINE DANS LA POLITIQUE AFRICAINE DE COOPERATION DU JAPON 66

    SECTION I : DE « LA BIO COOPERATION » SOUS LA TICAD III... 66

    SECTION II : ... A LA « BUSINESS COOPERATION » SOUS LA TICAD IV 71

    SECTION III : LA REMANENCE DE LA « BIO COOPERATION » SOUS LA TICAD IV 82

    CHAPITRE V : LES ENJEUX LIES A L'ACCELERATION DE LA COOPERATION NIPPO-AFRICAINE PAR LE BIAIS DE LA TICAD IV 88

    SECTION I : LES ENJEUX TRADITIONNELS : LA CAPITALISATION DES SOUTIENTS AFRICAINS EN VUE DE L'OBTENTION DU SIEGE DE MEMBRE PERMANENT AU CONSEIL DE SECURITE DES NATIONS UNIES 88

    SECTION II : LES « NOUVEAUX ENJEUX » : CONTRER L'OFFENSIVE DES « PEER COMPETITORS » ASIATIQUES PRESENTS SUR LE CHAMP AFRICAIN. 92

    CHAPITRE VI : LE JAPON ET LE CAMEROUN : VERS UN PARTENARIAT RENOVE  SOUS LA TICAD IV? 97

    SECTION I : LE RECHAUFFEMENT DES RELATIONS DIPLOMATICO-CULTURELLES 97

    SECTION II : LES AXES DE COOPERATION NIPPO-CAMEROUNAIS TANGIBLES 101

    CONCLUSION GENERALE 106

    REFERENCES 107

    ANNEXES.....................................................................................................................112

    PROLEGOMENES

    I- PRESENTATION DU SUJET

    L'année 1989 constitue une période charnière dans l'élaboration de la politique africaine du Japon. En effet, elle marque la fin de la «diplomatie duale » qui a depuis les années 1960 structuré les rapports entre l'Empire du Soleil - Levant et le continent africain. Diplomatie ayant fait l'objet de critiques acerbes venant des pays d'Afrique noire du fait non seulement de son caractère inéquitable, mais beaucoup plus de son orientation résolument pro apartheid.2(*) C'est pour rompre avec cette politique qui écornait significativement l'image de marque du Japon au sein de la majorité des pays africains que le ministère japonais des affaires étrangères (MOFA), déclarait que cette année constituait « l'inauguration de sa nouvelle politique extérieure vis-à-vis de l'Afrique ».Afin d'assumer pleinement cette annonce, il se réengagea dans un projet d'aide au développement de l'Afrique, parallèlement à l'examen d'aspects politiques tels que les problèmes de l'Afrique australe et à la promotion d'une compréhension mutuelle à travers des échanges personnels et culturels3(*).

    Cependant, dans un contexte international où les questions africaines étaient devenues marginales dans le système politico-économique mondial avec la libéralisation économique et politique de l'après-guerre froide, c'est dans ces circonstances que le gouvernement japonais par la voix son Premier ministre de l'époque Toshiki Kaïfu qui, devant la tribune de la 46ème session de Assemblée Générale des Nations Unies en décembre 1991 déclinait l'intention de son pays, d'organiser une conférence sur le développement de l'Afrique dans la finalité de forger un consensus au niveau des partenaires internationaux sur la nécessité d'agir et de mobiliser des ressources pour ce continent. Cette déclaration arrivait à point nommé au moment où l'Assemblée Générale des Nations Unies avait adopté le Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 1990. L'année 1993 fut ainsi choisie par le Japon pour organiser une plate forme mondiale devant inciter l'Afrique et l'Asie à collaborer en vue d'assurer le développement de l'Afrique. Cette plate forme fut baptisée la Tokyo International Conference on African Development : TICAD.

    Articulé principalement autour du double concept de « l'appropriation » par l'Afrique de son propre programme de développement et de l'édification d'un véritable « partenariat » avec la communauté internationale dans la mise en oeuvre dudit programme, le Processus de la TICAD a également joué le rôle de pont entre l'Asie et l'Afrique tout en servant de mécanisme à travers lequel les aspects pertinents de l'expérience acquise par l'Asie en matière de développement peuvent être appliqués à l'Afrique ; dans le même temps, et à chaque fois que cela a été convenu d'accord parties, le processus a pu tirer le meilleur profit de la coopération triangulaire/trilatérale entre le Japon et des pays africains4(*).

    L'initiative TICAD est décrite par le gouvernement japonais comme le noyau même de la politique africaine du Japon. En effet, le Livre bleu de la diplomatie 2003, qui est le rapport annuel officiel du MOFA consacre plus de 85 % de sa partie sur la politique africaine à la TICAD et indique que, «ces dernières années, le Japon a renforcé les efforts pour les problématiques auxquelles est confronté l'Afrique. Ainsi, le noyau même de ces efforts est le processus TICAD». Ainsi, d'après la formulation officielle, le gouvernement japonais se propose d'organiser un forum international, où les pays africains, les bailleurs de fonds et les organisations internationales discutent des grandes problématiques de l'Afrique, d'où la co-organisation par les agences internationales, telles que le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), les Nations unies (le Bureau du conseiller spécial pour l'Afrique), la Coalition mondiale pour l'Afrique (CMA) ou la Banque mondiale5(*).

    Néanmoins, derrière le visage multilatéral de ce grand forum qui est présenté, il n'en demeure pas moins qu'en réalité, l'on peut s'accorder avec Obayashi que cette conférence est non seulement organisée par le Japon, mais également pour le Japon, du moins si on s'en tient seulement à l'investissement significatif de ce dernier pour la réussite de cette grande messe. C'est ainsi par exemple, tous les frais liés à son organisation, des préparatifs au suivi, et même une grande partie de ceux liés à la participation des pays africains, sont pris en charge par le gouvernement japonais. De même, l'agenda, le contenu, ainsi que les documents et déclarations issus de la conférence sont scrupuleusement étudiés, point par point, par le gouvernement japonais avant d'être proposés à d'autres organisateurs et participants6(*).

    Conférence quinquennale, cette « grand-messe » incarne aussi une conception du développement de l'Afrique qui prend en compte le principe du partenariat mondial fondé sur l'égalité entre tous les partenaires. Elle s'est déjà tenue en quatre sessions connues sous les vocables de TICAD I, TICAD II, TICAD III, et TICAD IV.

    La TICAD I

    La première TICAD s'est tenue en octobre 1993. Près de 1000 participants issus de 48 pays africains, de 13 pays donateurs, de 10 organisations et plus de 45 pays et organismes venus en qualité d'observateur ont assisté à la conférence7(*). La conférence s'est penchée sur des thèmes tels que la réforme politique et économique, le développement du secteur privé, l'intégration et la coopération régionale, l'expérience de l'Asie au service du développement de l'Afrique, ainsi que la coopération internationale. Le Premier ministre japonais, Moriteru Hosokawa a annoncé l'intention du Japon d'offrir son soutien à la démocratisation en Afrique et à l'ajustement structurel, à la coopération en matière de formation en priorité, ainsi qu'à l'exercice d'une aide efficace8(*). Les participants ont adopté la « déclaration de Tokyo sur le développement de l'Afrique », prônant une coopération dynamique qui servirait de base aux nouvelles orientations de l'ONU pour le développement du continent dans les années 1990. Les trois points essentiels de la déclaration de Tokyo ont concerné la critique de la dépendance excessive de l'Afrique par rapport à l'Aide Publique au Développement (APD), un encouragement à l'appropriation par les pays africains de leur démocratisation et de leur bonne gouvernance, ainsi qu'une proposition d'organiser dans le cadre de la coopération Sud -Sud, un séminaire Asie-Afrique9(*). C'est ainsi que le premier forum Asie-Afrique (FAAI) s'est tenu en Indonésie en 1994 et a identifié les secteurs spécifiques où l'expérience asiatique serait utile. Le second a eu lieu en Thaïlande en 1997 dont l'objet a été d'évaluer les progrès effectués depuis le FAAI et de préparer les bases de la TICAD II.

    La TICAD II

    La deuxième TICAD a été organisée du 19 au 21 octobre 1998. Ainsi, ont participé 80 nations y compris 51 pays d'Afrique, 10 pays10(*) d'Asie et 16 pays donateurs ainsi que 40 organisations internationales, 13 chefs d'Etat et de gouvernement y ont assisté ainsi que des représentants du secteur privé et des ONG. Un progrès depuis la TICAD I a été observé, celui du cadre des réformes économiques et politiques destinées à promouvoir les principes démocratiques ainsi que des activités commerciales orientées vers le marché. La conférence a dû également se pencher sur les problèmes de paupérisation croissante ainsi que sur les problèmes de gouvernance qui continuent d'entraver le développement de l'Afrique. Les délibérations de la TICAD II étayées par de vastes consultations lors des réunions préparatoires ont culminé avec le « plan d'action de Tokyo », évoqué supra. Le Premier ministre japonais Keizo Obushi a saisi cette occasion pour annoncer que son gouvernement envisage d'accorder une somme d'environ 90 milliards de yens (près de 450 milliards de FCFA) au cours des cinq années suivantes, répartie entre les domaines de l'éducation, de la santé, de la médecine et de l'eau. L'agenda politique a occupé une place centrale dans la TICAD II que lors de la première. En marge de celle-ci, le Japon a organisé 14 rencontres bilatérales entre le Premier ministre nippon et les chefs d'Etat africains, et 15 autres entre le ministre japonais des affaires étrangères et ses homologues africains11(*).

    La TICAD III

    La troisième TICAD a eu lieu du 29 septembre au 1er octobre 2003. Des délégués de 89 pays, dont 50 pays africains et 47 organismes internationaux, ainsi que des organisations civiles, y ont participé. Elle a eu pour ordre du jour la question d'un soutien unifié au NEPAD, lequel incarne l'appropriation par l'Afrique du processus de développement, et a envisagé l'expansion du partenariat mondial pour le développement de ce continent en encourageant la coopération Asie-Afrique. Une attention particulière a été accordée à la sécurité des personnes et à la consolidation de la paix pour les peuples africains. En dépit de l'annonce faite par le premier ministre japonais Junichori Koïzumi, dans son allocution d'ouverture d'un objectif d'aide japonaise à l'Afrique d'un montant total de 1 milliard de dollars US (sous formes de dons) pour les cinq années à venir dans les domaines de la santé , des soins médicaux et de la fameuse « déclaration commémorative du 10ème anniversaire de la TICAD »12(*), la TICAD III ne « comportera aucune nouveauté de fond, ni même l'annonce d'une augmentation de l'APD en direction de l'Afrique ». En revanche, l'agenda politique a occupé une place toujours aussi centrale. Le Japon a organisé 23 entretiens bilatéraux entre le Premier ministre japonais et les chefs d'Etat africains, qui avaient pour objectifs la consolidation de la paix en Afrique, point crucial du discours du président de la conférence de la TICAD III13(*)

    La TICAD IV

    La quatrième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD IV), s'est tenue quant à elle à Yokohama du 28 au 30 mai 2008 pour marquer le quinzième anniversaire de l'initiative nippone. Sous la présidence du premier ministre japonais Yasuo Fukuda, elle a rassemblé 51 pays africains, 74 organisations internationales et régionales, le secteur privé, des organisations issues de la société civile et des personnalités éminentes, qui ont contribué aux débats14(*). Organisée sous le thème « Vers une Afrique qui gagne : un continent d'espoir et d'opportunités », la TICAD IV s'est fixée les trois priorités suivantes :

    · Encourager la croissance économique ;

    · Assurer la « sécurité humaine », y compris la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), la consolidation de la paix et la démocratisation ; et

    · Traiter des questions de l'environnement et du changement climatique15(*).

    Les résultats de la TICAD IV devaient nourrir les travaux du Sommet du G-8 de Hokkaido Toyako qui s'est déroulé du 7 au 9 juillet 2008. Trois documents piliers ont été adoptés, à l'issue de cette Conférence internationale, à savoir, « La Déclaration de Yokohama », « Le Plan d'action de Yokohama », « Le mécanisme du suivi de la Ticad ». Le premier confirme l'engagement politique du Japon et d'autres partenaires en faveur du développement de l'Afrique. Le deuxième définit les mesures à mettre en oeuvre au cours des cinq prochaines années. Et le 3ème document, pour en surveiller la mise en oeuvre et en évaluer les impacts.

    Cependant, une lecture attentive de l'évaluation critique qui est faite au processus de la Ticad I à III qui, non seulement « manque d'originalité des discussions contrairement à d'autres réunions internationales. En effet, la plupart d'entre elles se limitent à la reprise des débats et des thèmes déjà abordés dans d'autres instances internationales, et sans valeur ajoutée. » Mais bien plus, la Ticad I à III semble se résumer à un simple «  instrument de visibilité pour une meilleure présence diplomatique en Afrique et dans le monde. » N'étant pas dans sons orientation jusqu'ici destiné à renforcer ou concrétiser son engagement au développement africain16(*). S'agissant de la Ticad III, reproche lui est fait d'avoir un manque d'intérêt de la part des autorités japonaises. En effet, sur le site Internet du MOFA, une page est consacrée à «TICAD III - descriptif et évaluation». Elle se limite principalement à énumérer les participants (le nombre de chefs d'Etat, les personnalités) et à résumer l'accueil que la TICAD a reçu de l'ensemble de ces participants ; la substance n'est évoquée que de façon partielle. Ceci est significatif du rôle que le gouvernement japonais accorde à ce processus, qui est avant tout une vitrine diplomatique17(*).

    Mais également, lorsqu'on observe toute la frénésie qui a entouré la préparation de la Ticad IV, aussi bien dans le cadre de la production scientifique18(*) que sur le plan des déclarations des autorités officielles nippones19(*)  De même, de toute l'effervescence mobilisatrice qu'elle a connue20(*). La convergence de tous ces indicateurs laissent entrevoir il nous semble, par le biais de la TICAD IV, qu'une certaine configuration nouvelle de la politique africaine de coopération du Japon tendrait ainsi à prendre forme21(*).

    II- L'INTERET DU SUJET

    Le présent effort intellectuel en gestation présente à nos yeux un double intérêt : un intérêt heuristique (a) et un intérêt pratique (b).

    a) l'intérêt heuristique

    Une lecture attentive de la scène internationale fait ressortir qu'elle est « habitée de stratégies multiples d'Etats qui s'affaiblissent, résistent ou prospèrent en jouant sur des registres variés, mêlant et bricolant des partitions, passant tour à tour dans la force et la faiblesse des compromis puissants ou boiteux »22(*). Longtemps dominée par les puissances occidentales, la sphère de la coopération, particulièrement avec l'Afrique subit aujourd'hui des mutations car elle voit l'irruption en son sein des pays dits « émergents »23(*). Tous ces pays viennent ainsi concurrencer sérieusement les pays occidentaux en matière d'offre de développement à l'Afrique. Face aux multiples critiques qui ont été adressées au modèle occidental de coopération qui est jugé inéquitable, infructueux, vicié...24(*)Le modèle asiatique en revanche, jugé juste et équitable, le continent africain tend à devenir un vaste champ de déploiement des puissances asiatiques qui trouvent un écho favorable à leurs offres de développement. Le Japon n'échappe donc pas à cette tendance. Que le Japon entende élargir sa zone d'influence en prenant appui sur le continent africain, confirme que l'étendue du changement de politique étrangère dépend de l'intensité du changement de la configuration de puissance à l'échelle internationale ; mais aussi que l'orientation de ce changement de politique étrangère dépend du processus interne. Ce revirement d'attitude met en lumière les motivations et indicateurs essentiels qui déterminent les tendances générales de la politique étrangère nippone, en soulignant ce que le Pr Luc Sindjoun appelle «  l'articulation entre l'interne et l'international »25(*).

    Aussi, dans le cadre de notre thématique, les observateurs que nous sommes, au rythme même de l'évolution des sociétés et de l'état du monde, nous sommes contraints de revenir sur des questions inhérentes à la politique étrangère, la coopération, l'interdépendance, la diplomatie ou la puissance, auxquelles sont soumises notre intelligibilité26(*). Ceci est d'autant plus pertinent que pour certains auteurs à l'instar de Zaki Laidi27(*), la temporalité politique de l'Empire du Soleil-Levant « redonne vie à des grilles de lecture classiques du système international ». Le Japon qui apparaît aujourd'hui, dans le paysage géopolitique africain comme « une puissance d'appoint stratégique » suivant la formule consacrée par Joseph Vincent Ntuda Ebode28(*), constitue à notre avis une piste de recherche intéressante.

    b) l'intérêt pratique

    Décrypter la doctrine africaine du Japon par le biais de la TICAD permet d'espérer une prise de conscience stratégique, un véritable sursaut qui inspirerait aux africains en général et aux camerounais en particulier assez d'humilité et beaucoup de détermination pour s'inscrire à l'école japonaise. Tout au moins dans ce qu'elle compte de matières de base : discipline, culte du travail, fierté nationale. Car, « C'est par la métamorphose intellectuelle que l'esprit japonais, contraint à la re-création, s'est trouvé à son tour à l'origine d'une réaction en chaîne de cette matière inépuisable : l'intelligence humaine »29(*). Pour le continent noir, regarder du côté du pacifique devient un impératif s'il est résolu à accomplir le changement d'un pas ferme, sûr et prompt. En plus, de son expérience fort utile, l'Extrême- Orient avec le Japon et la Chine constitue aujourd'hui la zone la plus dynamique de la planète du XXI ième siècle, le plus important pôle de modernité et foyer de la civilisation, réalisant ainsi la prédiction d'Elenga-Ngaporo30(*). Le continent se doit de capter au maximum les opportunités multiples qui lui sont offertes par le Japon à travers la TICAD, en termes d'offre de développement qui, depuis l'organisation de sa quatrième édition, celle-ci semble avoir pris une nouvelle dimension et semble connaître une certaine accélération par rapport aux éditions précédentes.

    III-DEBLAYAGE CONCEPTUEL

    Pour Madeleine Grawitz « le chercheur prudent indiquera la définition adoptée pour les concepts à utiliser 31(*)». Et comme soutenait le précepteur d'Alexandre Legrand, au nom d'Aristote ; « si les hommes prenaient la peine de s'entendre au préalable sur les mots qu'ils allaient utiliser, il y aurait moins de problèmes dans le monde  »32(*). C'est donc dans le souci du respect de ces recommandations cardinales que dans le cadre de notre travail, des concepts clés retiendront notre attention à savoir : la coopération, la politique étrangère, et le développement.

    1) La Coopération

    Le Lexique de politique définit la coopération comme « une politique d'entente, d'échange et de mise en commun des activités culturelles, économiques, politiques et scientifiques entre Etats de niveau de développement comparable...ou politique d'entente et d'aide entre Etats de niveau de développement inégaux »33(*). Une définition qui nous semble peu adaptée au contexte actuel des relations internationales. La présente analyse met bien en évidence plusieurs Etats de niveau de développement inégaux. Mais, est-ce suffisant pour réduire leur coopération à l'aide, à l'assistance, ou à la charité ? Le second pan de la définition suscitée présente la coopération comme « ...une politique d'entente et d'aide entre Etats de niveau de développement inégaux ». Or il est d'usage dans le jargon international que l'on ne parle d'aide que lorsqu'elle circule des pays riches vers les pays pauvres. C'est dire suivant l'esprit de cette définition, qu'entre pays riches et pays pauvres, la coopération se réduit aux actes de bonne volonté, de bienfaisance et de charité. Prendre cette définition telle quelle, c'est assurément infirmer cette pensée de George Washington selon laquelle « aucune nation ne doit être crue au-delà de son intérêt ». Comment comprendre cette conception alors qu' Henry Kissinger déclare sans ambages que : « la coopération n'est pas une faveur qu'un pays concède à un autre ... [Mais qu'elle] sert les intérêts des deux parties »?34(*) Et que dire de cette maxime qui a résumé la politique clintoniènne de coopération : « Trade not aid », ou de cette pensée du Général De Gaulle devenue populaire : entre Etats, il n'y a pas d'ami, mais seulement des intérêts ?

    De plus, on se rend compte que dans le passé, le terme coopération a souvent été utilisé comme euphémisme à la place de celui d'aide, pour des raisons psychologiques ou politiques. De ce fait, les Nations Unies ont recommandé dès 1959, de substituer le mot coopération à celui d'aide en ce qui concerne l'assistance technique ; l'étendue de la réciprocité et la portée synallagmatique des dispositions de celle-ci variant évidemment, en fonction du niveau de développement des Etats souverains en présence35(*).

    2) La politique étrangère

    Deux principales tendances existent dans la conception doctrinale des études portant sur la politique étrangère. Il s'agit de la tendance étatiste et celle dite post- étatiste. La première est portée par des auteurs tels que Charillon, Stein, Rosenau, Zorgbibe...

    En effet, selon Frédéric Charillon36(*), la politique étrangère est l'instrument par lequel l'Etat tente de façonner son environnement politique international. Janice Stein37(*) la définit comme un ensemble de comportements qui traduisent les préoccupations de l'Etat. Plus précis, James Rosenau parle à ce propos, d'une « ligne d'action que les responsables officiels d'une société nationale suivent pour présenter ou modifier une situation dans le système international afin qu'elle soit compatible avec les objectifs définis par eux-mêmes ou leurs prédécesseurs »38(*). Pour d'autres, à l'instar de Charles Zorgbibe, la politique étrangère correspond soit « aux principes qui orientent l'action des gouvernements dans certaines circonstances telles que les doctrines Stimson ou Monroe », soit « aux engagements pris et garantis par les traités » soit encore « à l'ensemble des actions et des décisions exécutées chaque jour par une organisation bureaucratique »39(*). Au même titre qu'une politique énergétique ou une politique sanitaire, la politique étrangère peut être comprise comme une politique publique, c'est-à-dire une politique mise en oeuvre par les services étatiques avec des moyens précis dans le but d'atteindre des objectifs bien définis. Mais il s'agit d'une politique publique très particulière car, son rayon d'action dépasse par définition le territoire national. Elle consiste souvent à réagir ou à s'adapter à des événements externes sur lesquels les décideurs n'ont aucune prise. Souvent considérée comme la gardienne des intérêts à long terme d'un Etat, ladite politique publique subit d'importantes transformations permanentes.

    C'est à ce niveau qu'intervient la seconde tendance, qui soutient que la politique étrangère n'est plus seulement une affaire de relations entre des gouvernements ou encore un instrument administratif docile d'une machine d'Etat à la poursuite d'un intérêt national clair. Ainsi, comme l'indique Dario Battistella40(*); elle « se limite de moins en moins à la seule partie de l'activité étatique dirigée vers le dehors, étant donné l'existence de politiques étrangères privées des entreprises multinationales ou des organisations non gouvernementales, de diplomaties infra-étatiques des collectivités locales, voire de politiques extérieures potentiellement post-souveraines comme la PESC de l'Union Européenne. »41(*) Elle a même aujourd'hui parmi ses priorités grandissantes, deux dimensions. La dimension économique et commerciale d'abord, dont on peut avoir l'impression qu'elle triomphe depuis la fin de la Guerre Froide par le truchement entre autres de l'aide aux exportations ou bien la gestion de la dette. La dimension « règlement de conflit », qui vient ensuite mettre en mouvement les diplomaties les plus importantes et rappeler par là même aux décideurs que la force compte toujours, que la puissance n'est pas seulement « souple », pour reprendre le qualificatif de Joseph Nye.

    En fin de compte, nous retenons avec Marie Claude Smouts42(*) que la politique étrangère se trouve au point d'intersection du système inter- étatique et du monde proliférant et hétéroclite des acteurs privés. Cette nouvelle dimension la rend plus complexe et la banalise, d'autant que la mondialisation conduit à l'internationalisation de la quasi-totalité des questions et renforce les liens entre politique intérieure et extérieure.

    3) Le développement

    Le développement est un concept polysémique qui désigne sommairement « un accroissement dans le revenu total et le revenu moyen par tête diffusé largement parmi les groupes professionnels et sociaux qui dure au moins deux générations et devient cumulatif43(*)». Cette conception qui est sans rappeler la vision d'Adam Smith, et qui déborde largement la dimension économique, se retrouve confirmée sous la plume d'Austruy pour qui, « Le développement est un mouvement qui bouleverse fondamentalement une société pour permettre l'apparition, la poursuite et l'orientation de la croissance économique vers une signification humaine44(*) »

    C'est la même vision soutenue par Valentin Nga Ndongo pour qui, le développement peut se concevoir comme « un processus dynamique de changement de l'environnement, naturel ou sociétal, en vue de la transformation de l'humaine condition »45(*).

    Suivant la catégorisation du sociologue camerounais, trois dimensions principales et entrelacées se rattachent au développement, à savoir : les dimensions quantitative, qualitative et compétitive46(*). La première est la plus visible et se traduit par l'acquisition et l'accumulation d'une certaine quantité de biens ou par la réalisation d'un certain nombre de performances économiques ou sociales statistiquement mesurables (PIB, PNB...).

    La deuxième quant à elle, intègre la dimension culturelle, voire spirituelle du phénomène. En effet, l'homme est ici au centre de tout : il est en quelque sorte l'alpha et l'oméga du développement. Le processus de celui-ci doit viser son plein accomplissement, à son éducation, à l'éclosion de ses potentialités. De ce fait, l'aspect qualitatif n'est pas réalisable si les hommes qui en ont la responsabilité et qui en sont les acteurs et les bénéficiaires ne sont pas animés d'un esprit, d'une mentalité, d'une idéologie, bref d'une culture du développement.

    La dernière dimension, s'illustre de plus en plus dans le nouveau contexte mondialisé et qui est marqué par une compétitivité sans précédent, où la survie est fonction des capacités d'adaptation et d'amélioration constante des performances individuelles et/ou collectives. Etre développé, devient également synonyme d'est être à l'abri d'une domination extérieure. Se développer, c'est agir pour sa libération et son émancipation. Cette dimension est d'autant plus pertinente que comme le fait remarquer opportunément le Pr Maurice Kamto : « Il n'y a pas de dignité pour les Nations Pauvres ; par suite il ne peut y avoir de respect pour elles»47(*).

    IV- REVUE DE LA LITTERATURE

    Sur le plan de la production intellectuelle, le constat a été fait qu'il existe encore peu d'études qui s'intéressent particulièrement au processus de la TICAD. Quelques unes peuvent ainsi recensées. Il s'agit des travaux de Obayashi ; Ohara ; Aicardi de st Paul ; Kita. A coté de ses travaux figurent d'autres pour lesquels la Ticad constitue un aspect de leur réflexion ; parmi lesquels on peut citer ceux de Kamo ; Alima Zoa ; Osagawa.

    D'une analyse systématique de ces travaux se dégagent deux lignes de faille. D'un coté les « hérauts » de la Ticad ; de l'autre coté, se situent les critiques du processus.

    Dans la première catégorie, se situent des auteurs tels que Kita ; Osagawa ; Kamo ; Alima zoa.

    Shozo Kamo en 2004, dans un article intitulé "De l'engagement économique à l'engagement politique africain du Japon " tente de ressortir le glissement de la politique africaine du Japon qui s'est opéré à partir de 2003 avec de la Ticad III. En effet, si selon l'auteur, depuis les années 1980, le Japon était résolument engagé dans le champ économique (à travers une augmentation substantielle et en croissance continue de son APD allouée au continent africain et la mise sur pied d'une plate forme de coopération qu'étaient les Ticad I et II dont les thèmes portent essentiellement sur la réduction de la pauvreté en Afrique), force est de reconnaître qu'avec la récession qui a frappé l'économie japonaise au milieu des années 1990 avec comme incidence une diminution drastique de son APD, le Japon s'est résolu à réorienter sa politique africaine en investissant progressivement le champ politique. C'est dans cette logique que va donc se situer l'organisation de la TICAD III par le Japon au cours de laquelle l'agenda politique occupa une place centrale. En effet la question de la consolidation de la paix fut selon Kamo le point crucial du discours du président de la conférence de la Ticad III. Cette nouvelle orientation de la politique africaine du Japon par le biais de la TICAD III, a contribué selon l'auteur, à lui donner une dimension encore plus réfléchie.

    S'agissant de Minoru Osagawa , dans un article ayant pour titre ; « la coopération japonaise à l'égard de l'Afrique : vers un développement de la coopération Asie-Afrique » paru en 2004, l'auteur soutient que la promotion de la coopération Asie- Afrique constitue aujourd'hui une des spécificités et une composante essentielle de la coopération japonaise en Afrique. C'est dans cette logique que la TICAD va s'imposer selon l'auteur comme le cadre par excellence à travers lequel le Japon va concrétiser cette coopération Asie-Afrique. Celle-ci peut donc se vérifier par une coopération technique relevée à travers la mise sur pied d'un ensemble de projets porteurs en vue de réduire la pauvreté et améliorer les conditions socio économiques en Afrique à l'instar de l'Institut africain pour le développement de la capacité (AICAD) établi au Kenya. Celui-ci a constitué un des fleurons de la TICAD II. Mais également, l'organisation des fora économiques durant les Ticad aura permis au Japon avec ses partenaires asiatiques de promouvoir des échanges et des investissements entre l'Asie et l'Afrique. Les plus emblématiques de celles-ci sont sans doute l'Asia Africa Forum (AAF) et Asia-Africa Conference on Trade and Investment (AATIC) de la TICAD.

    Alima Zoa Serge Christian en 2008, dans son mémoire intitulé « Les clés de l'offensive politico diplomatique du Japon en direction de l'Afrique et du Cameroun depuis 1991 », essaye de décrypter les fondements et de rendre compte des manifestations de l'offensive nippone en Afrique. Il y voit ainsi dans la Ticad « une technologie de consolidation de la Doctrine africaine du Japon ». En effet, selon ce dernier, la Ticad peut être considéré comme un modèle d'« Affectio sociatis » en ceci qu'elle s'est imposée au fil des années comme cette grande messe de la coopération Japonaise avec le continent noir et par des actions opérationnelles qu'elle a déjà mises à son actif.

    Julien Kita dans un article paru en 2008 et intitulé ; « La 4ème TICAD : accélération de la coopération Japon Afrique » essaye dans une approche prospective, à décrypter les nouvelles tendances qu'apporte la 4ème Ticad dans la politique africaine du Japon. Il ressort ici qu'au regard de la forte mobilisation jamais connue en pareille édition et des engagements forts qui y ont été pris par le gouvernement japonais au cours de celle-ci, tout laisse accroire que cette 4ème édition augure un renforcement des liens entre le Japon et l'Afrique et une véritable reprise cette initiative par le gouvernement japonais.

    Pour ce qui est des critiques du processus, des auteurs à l'instar d'Ohara et Obayashi pensent que son emprise effective est beaucoup plus limitée, se bornant à n'être qu'un instrument de visibilité diplomatique plutôt mineur en matière de développement.

    Pour Jenko Ohara en 2003, dans un article ayant pour titre ; "Le rôle de la Ticad pour le développement de l'Afrique » la TICAD n'est pas destinée à renforcer ou à concrétiser son engagement du développement africain, mais constitue, un instrument de visibilité pour une meilleure présence diplomatique en Afrique et dans le monde. Sans doute, l'évolution décroissante de la part de l'Afrique dans l'APD japonaise, est un indicateur non négligeable de l'impact du processus de la TICAD, qui peut permettre de vérifier cette hypothèse. En plus, d'après ce dernier, cette initiative manque de réalisations concrètes.

    C'est quasiment la même thèse défendue par Minoru Obayashi qui en 2004, dans un article ; « Ticad, un processus favorable pour le développement de l'Afrique ? » pense que son influence reste faible, elle n'a contribué ni à l'augmentation du budget de coopération vers l'Afrique, ni à l'adaptation du système de coopération japonaise aux réalités africaines. Mais bien au contraire, la Ticad I à III semble se résumer à un simple «  instrument de visibilité pour une meilleure présence diplomatique en Afrique et dans le monde. » N'étant donc pas dans son orientation jusqu'ici destiné à renforcer ou concrétiser son engagement au développement africain. Elle « manque d'originalité des discussions contrairement à d'autres réunions internationales. La plupart d'entre elles se limitent à la reprise des débats et des thèmes déjà abordés dans d'autres instances internationales, et sans valeur ajoutée ».

    Si l'on peut reconnaître une pertinence indéniable à ces différents travaux dans l'élucidation du processus de la TICAD en ce qu'ils ressortent de manière claire le processus en ses différentes étapes, ses grandes lignes conductrices, des projets qui y ont été menés... Bref, la place centrale que celle-ci occupe dans le dispositif de la politique africaine de coopération du Japon.

    Néanmoins, aucune de ces réflexions, n'examine en aucun cas le volet de la réception locale de l'offre de développement apportée par la Ticad. Leurs analyses sont structurées fondamentalement par une vision du « haut ». Or, la présente réflexion se veut être au carrefour du regard entre le « haut » et le « bas », qui non seulement va décrypter la pensée japonaise dans son offre de développement vis-à-vis de l'Afrique, mais également d'analyser la réception locale qui en est faite.

    V-PROBLEMATIQUE

    L'organisation de la TICAD IV à Yokohama du 28 au 30 Mai 2008, au regard de sa forte capacité mobilisatrice jamais connue antérieurement pour pareille circonstance et au regard des résolutions qui ont été prises nous amène à se poser un certain nombre de questions concernant l'orientation de la politique africaine de coopération du japon. Parmi celles ci on peut se poser les suivantes :

    · la TICADIV augure t-elle une nouvelle orientation de la politique africaine de coopération du Japon,  comparativement à la TICAD III? si oui, dans quelle mesure et pour quelle finalité ?

    VI-HYPOTHESES DE RECHERCHE

    En guise de réponses provisoires et révisables que l'on peut apporter aux questions sus évoquées, nous pouvons dire que la TICAD IV, comparativement à la TICAD III semble augurer une nouvelle ère dans l'offre au développement du Japon à l'égard de l'Afrique. Ceci, dans la mesure où une lecture attentive des résolutions qui ont été prises à l'issue de cette quatrième conférence semble opérer une certaine rupture dans la philosophie même qui a sous-tendu jusqu'alors la politique africaine de coopération du Japon à travers la Ticad. En effet, depuis la TICAD IV, le Japon semble être passé d'une coopération sociale à un business cooperation. En d'autres termes, avec la TICAD IV, l'Afrique cesse de devenir un simple assisté, mais doit aussi devenir un véritable partenaire d'affaire du Japon.

    Cette nouvelle orientation de sa politique de coopération vis-à-vis de l'Afrique, en termes d'offre de développement semble s'inscrire dans cette volonté du Japon à vouloir non seulement capitaliser l'appui de l'Afrique dans son combat à obtenir un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies (CS/NU), mais aussi de contrer la poussée hégémonique de son rival millénaire qu'est la Chine, mais aussi de l'Inde qui sont en train d'investir de manière irrésistible le continent africain à travers des investissements titanesques qu'elles ont entrepris ces dernières années ici. Cette nouvelle orientation de l'offre de développement du Japon en Afrique semble donc, au regard de ce qui précède, rester fidèle à la philosophie de base qui est au fondement de sa politique étrangère qui est généralement qualifiée de « réactive » et « proactive »48(*). Mais aussi, cette mutation de la politique japonaise de coopération au développement vis-à-vis de l'Afrique semble s'inscrire en même temps dans cette intention du Japon de vouloir s'affirmer en tant que partenaire fiable de premier rang de l'Afrique avec qui, il compte capitaliser son soutient massif en vue d'élargir son aura international.

    VII -CADRE THEORIQUE D'ANALYSE

    Notre étude s'investit dans le champ de l'analyse de la politique étrangère, plus connue sous l'expression anglo-saxonne de Foreign Policy Analysis (FPA). James Rosenau est sans doute avec Charles Kegley et Charles Hermann, l'un de ceux qui ont le plus contribué à lui donner corps dans le champ scientifique. Ces derniers comme Alexander George et Gordon Craig, décryptent la politique étrangère en tant que diplomatie ou art de gouverner (Statecraft)49(*). Pour appréhender globalement la stratégie nippone de conquête de l'espace international et africain en particulier, il nous a semblé judicieux de convoquer comme paradigmes, le réalisme et l'analyse stratégique dont nous évoquerons les postulats, la pertinence des thèses pour justifier notre choix théorique.

    S'agissant du réalisme, la littérature courante fait monter ses racines à l'antiquité. Il prend une emphase avec Hobbes au XVIIIème siècle qui s'intéresse à la dimension conflictuelle des phénomènes internationaux et de l'anarchie, caractéristiques de la société internationale. Selon l'école réaliste, dont les hérauts ont pour nom Nicholas Machiavel, Hans Morgenthau et Raymond Aron, les phénomènes internationaux se fondent sur la réalité telle qu'elle existe et non sur un quelconque idéal. Ces auteurs ont toujours préféré la lucidité et développé une vision cynique ou pessimiste des rapports humains. Les Etats sont à la recherche permanente de leurs intérêts qu'ils réalisent en termes de puissance50(*). Ils sont considérés comme les seuls acteurs rationnels et leurs décisions de politique étrangère correspondent au rapport coûts / bénéfices le plus satisfaisant.

    S'appuyant sur une tradition bodinienne et hobbesienne, Henry Kissinger observe la scène internationale comme un théâtre de quête de puissance, d'équilibre et de poursuite d'intérêts. « C'est cette puissance comparée à celle des autres, qui permet ou non d'affirmer ses prérogatives dans un monde marqué par l'omniprésence du rapport de force »51(*). En évoquant cette perspective, nous devons garder à l'esprit que l'interprétation réaliste des relations internationales participe en réalité d'un processus commun : celui qui est né avec la paix de Westphalie de 1648 et qui a établi un ordre politique plus tard qualifié d'ordre étatique international. On peut donc convenir à la lumière de ses relations internationales que, le Japon entend à vouloir s'affirmer de plus en plus comme un acteur dont la voix compte parmi les puissances. Son poids économique, sa contribution de premier plan aux projets de développement par le biais de la TICAD, ainsi qu'aux missions de paix onusiennes doivent participer à matérialiser cette volonté d'affirmation. Dans ce sens, « la mesure de la puissance est fondée sur la prise en considération des ressources de divers ordres qui permettent à un Etat d'avoir des chances sérieuses de faire triompher sa volonté ou alors qui lui confèrent une position de suprématie sur l'échiquier géopolitique »52(*).

    Quant à la seconde, elle a été développée principalement par Michel Crozier et Erhard Friedberg53(*). C'est un modèle d'analyse organisationnelle qui s'articule autour de la compréhension des relations entre acteurs interdépendants. La conceptualisation de l'action collective se fait à travers l'analyse des systèmes d'action concrète (SAC). Un système d'action concret étant appréhendé ici comme un ensemble de jeux structurés entre des acteurs interdépendants, dont les intérêts peuvent être divergents voire contradictoires. Un système quant à lui sera entendu comme « un ensemble interdépendant », l'interdépendance des parties constituant la définition de base d'un système. Tout acteur s'intégrant dans une action collective entretient des relations privilégiées avec certains interlocuteurs que l'on appelle relais. À l'intérieur d'un système d'action concret les acteurs participent à des jeux dirigés par certains objectifs plus spécifiques. Dans le cadre du SAC, les jeux sont plus ou moins intégrés et articulés les uns aux autres. Cependant, Tous les acteurs ne participent pas forcément aux différents jeux.

    Dans le SAC les processus d'interaction sont régulés par des règles du jeu, grâce auxquelles les acteurs «règlent et gèrent leurs dépendances mutuelles». Les règles peuvent être définies à partir de la structure formelle de l'organisation mais aussi par les pratiques informelles des acteurs. Les règles sont une indication de l'existence de relations de pouvoir entre plusieurs acteurs. Les règles constituent pour Crozier et Friedberg autant des contraintes que des zones d'incertitudes d'où les acteurs tirent une marge de manoeuvre. L'utilisation qui est faite des règles fait partie de l'ensemble des stratégies que les différents acteurs utilisent pour atteindre leurs fins. D'après ces deux auteurs, toute structure d'action collective se constitue comme un système de pouvoir. Le pouvoir sera entendu ici selon les termes de Friedberg comme étant «la capacité d'un acteur à structurer des processus d'échange plus ou moins durables en sa faveur, en exploitant les contraintes et opportunités de la situation pour imposer les termes de l'échanges favorables à ses intérêts»

    Appliqué à notre objet, à travers les concept de « stratégie » et de « pouvoir », l'étude entend analyser la pro activité de l'Empire du Soleil Levant comme tactique qui consiste à se servir de ses relations avec le continent noir par le biais de la TICAD pour signaler au monde les orientations de sa politique étrangère qui a pour ambition d'être globale. Mais aussi, il s'agira d'appréhender la TICAD comme un processus porteur d'enjeux et façonné par l'imbrication du jeux des acteurs « rationnels » (japonais et africain) dans un environnement international fortement inhibé par des rapports de force. Egalement, dans un contexte dominé par la diversification de partenaires au développement, ces concept nous permettront de mieux articuler l'attitude des pays africains en général et du Cameroun en particulier dans son orientation d'une meilleure captation des opportunités qui lui sont offertes par le Japon à travers la TICAD IV en vue d'en tirer le maximum de dividendes de cette coopération nippone

    VIII- QUESTION DE METHODE

    Pour aboutir à la vérification de nos hypothèses, nous aurons recours à la démarche comparative Cette méthode, selon Mamadou Gazibo et Jenson54(*), consiste à rendre compte des similarités et de différences observées entre les phénomènes, et dont l'objectif général d'après Przeworski55(*) est de comprendre le phénomène observé.

    Toutefois, pour mener à bien son travail, l'impératif de parcimonie tel que préconisé par Jean Blondel est indispensable au comparatiste. Ce dernier doit, selon l'auteur, se concentrer sur un petit nombre de variables-clé, et qu'il doit chercher constamment à découvrir des charnières, qui lui permettent d'ouvrir et de fermer un certain nombre de grandes portes56(*). La démarche comparative a donc pour ambition, de trouver des régularités et des exceptions en confrontant plusieurs cas entre eux. Dans le cadre de son opérationnalisation, cette démarche nous permettra dans un souci de confrontation entre la TICAD III et la TICAD IV de ressortir les changements radicaux en termes d'offre de développement qui peuvent être observés et qui sont apportés par la TICAD IV dans la politique de coopération du Japon vis-à-vis de l'Afrique.

    Instruments de la recherche

    Comme instrument de recherche, nous aurons recours à une analyse documentaire de type vérificatoire et qualitative qui nous permettra, à partir d'une revue de documents fournis par des organismes institutionnels, officiellement reconnus comme fiables (allocutions des autorités officielles, rapport, notes, presse, documents issus des sites officiels...). Ceci, dans le but de pouvoir dégager des tendances et les lignes directrices de la nouvelle politique de coopération du Japon vis-à-vis du continent africain par l'entremise de la TICAD IV.

    Egalement, nous aurons recours à la technique d'interview qui, selon Madeleine Grawitz se décline comme étant ce « procédé d'investigation scientifique, utilisant un processus de communication verbale, pour recueillir des informations, en relation avec le but fixé »57(*). Par le biais de cette technique, nous allons ainsi nous entretenir avec des autorités officielles et autres acteurs pertinents, nationales et japonaises. Entretiens qui nous permettront de récolter des données indispensables à pouvoir donner corps aux hypothèses sus posées.

    IX/ ANNONCE DU PLAN

    La présente réflexion en gestation va ainsi s'articuler autour de deux grands mouvements qui constituent son ossature. En première partie, il sera question d'analyser le Japon dans configuration mondiale. La deuxième partie quant à elle, aura pour objet d'analyser le japon, la TICAD IV et l'Afrique.

    PREMIERE PARTIE : LE JAPON DANS LA CONFIGURATION MONDIALE CONTEMPORAINE

    La notion de configuration a été particulièrement développée par le sociologue allemand Norbert Elias58(*). C'est un « outil conceptuel » qui évite de penser individu et société comme deux entités distinctes et antagonistes. Une configuration inclut les acteurs, leurs interactions et le cadre qui les entoure. Elias prend l'exemple de la configuration que forment quatre hommes assis autour d'une table pour jouer aux cartes : « Ce qu'il faut entendre par configuration, c'est la figure globale toujours changeante que forment les joueurs ; elle inclut non seulement leur intellect, mais toute leur personne, les actions et les réactions réciproques QS ». Donc les relations sociales doivent être étudiées au travers les relations, c'est la « trame » qui compte. On peut trouver une proximité avec le concept de « champ » chez Bourdieu (d'ailleurs, dans ses premiers textes, avant de forger le concept de configuration, Elias parle de « champ social ».

    Donc pour penser les relations entre individu et société, il faut rompre avec la pensée sous forme de substances isolées et passer à une réflexion sur les rapports et les fonctions, donc à une pensée relationnelle.

    Penser ainsi le japon dans la configuration mondiale, revient à le saisir non de manière isolée, mais plutôt comme un acteur mis en perspective dans un faisceau de relations diversifiées avec les autres composantes de la scène internationale. Comment le japon se perçoit- il dans ses relations avec les autres ? Quelles sont les perceptions que les autres ont du Japon dans leur relation ? Voilà autant d'interrogations auxquelles qu'il sera idoine d'apporter des éléments de réponses ici.

    Cette partie s'articulera ainsi autour de trois points focaux à savoir le Japon dans l'architecture internationale (chapitre 1), le japon dans la zone de co-prospérité Est-asiatique (chapitre 2), le japon dans le paysage africain (chapitre 3).

    CHAPITRE I : LE JAPON DANS : L'ARCHICTECTURE INTERNATIONALE : UNE PUISSANCE  MOYENNE ?

    Ce chapitre s'articulera autour de deux axes principaux : en premier lieu, il sera question de théoriser la notion de puissance moyenne (section I) avant de l'opérationnaliser sur le cas japonais (section II).

    SECTION I : LA NOTION DE PUISSANCE MOYENNE : A LA RECHERCHE D'UN SENS

    Qu'entend- on par puissance moyenne ? Ce concept, malgré qu'il soit fort répandu au cours des dernières années dans la théorie des relations internationales, reste tout de même aux yeux de certains auteurs ambiguë59(*). L'idée même de puissance moyenne selon Bertrand Badie, se profilait déjà lors des négociations de paix à Versailles, les « grandes puissances » se voyant reconnaitre le droit de disposer de cinq délégués, les « petites puissances » de trois, les « Etats nouveaux » de deux, les « Etats en formation d'un seul comme les neutres...60(*)

    Afin de saisir de manière plus ou moins objective le concept de puissance moyenne, il est idoine de retenir certains éléments principiels nécessaires pour l'analyse. Le plus fondamental d'entre eux c'est de concevoir la puissance moyenne comme un Etat. L'adoption d'une telle vision impose une conception stato centrée du système international dans lequel les puissances sont définies comme des entités géographiquement limitées et localisables dans l'espace et dans le temps. Le terme moyen signifiant une position intermédiaire occupée dans un spectre séparé par deux extrêmes, implique l'existence au moins de deux autres types de puissances reconnus traditionnellement comme « grande » et « petite ». La puissance moyenne dans son acception basique va renvoyer à un Etat qui n'est ni une grande, ni une petite puissance. C'est donc par conséquent un concept relatif car, pour le déterminer, il faut au préalable identifier les deux pôles extrêmes.

    Un regard synoptique sur la littérature actuelle sur ce point fait ressortir l'existence de trois approches bien que distinctes mais complémentaires permettant de saisir la notion de puissance moyenne (paragraphe I), ces dernières nous permettrons d'avoir une précision conceptuelle plus ou moins claire sur cette notion (paragraphe II).

    PARAGRAPHE 1 : LES TROIS PRINCIPALES APPROCHES DE LA NOTION DE PUISSANCE MOYENNE

    Trois principales approches de puissance moyenne ont été systématisés par Adam Chapnick qui a suggéré que l'on pouvait appréhender ce concept suivant trois modèles à savoir ; fonctionnel, behavioriste et hiérarchique61(*).

    a) Le modèle fonctionnel

    En 1942, le diplomate canadien Hume Wrong, réfléchissant au sujet de l'engagement du Canada sur la scène internationale, va articuler ce qui va constituer la première philosophie de politique étrangère canadienne. Cette philosophie reposera sur ce qu'il appellera le principe fonctionnel. En effet, discutant sur le rôle du Canada dans le processus décisionnel au sein du camp des alliées en pleine guerre, il soutient ainsi que l'influence canadienne doit s'appuyer sur trois bases fonctionnelles à savoir ; l'extension de son engagement, de son intérêt national et de sa capacité à participer à la situation en question. Plus tard, Granastein62(*) soutiendra que le principe fonctionnel était la première énonciation du concept de puissance moyenne.

    En 1944, en s'appuyant sur le cas canadien, le premier ministre d'alors Mackenzie King soutiendra que le Canada doit se représenter au moins comme une des puissances moyennes, des puissances intermédiaires qui devraient amener la communauté internationale à reconnaitre que la puissance et la responsabilité vont de pair. King pensait que les Etats qui avaient des intérêts fonctionnels dans les affaires internationales étaient d'une grande importance que ceux qui n'en avaient point. Par conséquent, ces Etats particuliers, appelés puissance moyenne étaient considérés différemment par les grandes puissances. De la sorte, le statut de puissance moyenne attribué à un Etat lui desservait par la même occasion une reconnaissance formelle de la part des autres.63(*)

    Le lien entre les capacités fonctionnelles et le statut de puissance moyenne fut développé par Lionel Gelbert qui soutiendra que ; « du moment où les grandes puissances tendent à se différencier des autres du fait de leurs grandes responsabilité qu'elles assument sur la scène internationale, il serait convenable que les puissances moyennes puissent également se différencier des petites puissances par le même critère mobilisé par les puissances majeures. La prise en compte d'une voix dans les décisions majeures doit correspondre à la capacité d'imposition de celui qui l'émet. »64(*)

    En 1988, Bernard Wood fit cette observation selon laquelle « de manière informelle, les puissances moyennes sont souvent enclin à assumer certaines responsabilités spécifique afin de gagner en influence dans certains domaines fonctionnels où leurs intérêts semblent apparaitre fort élevés » 65(*)

    Le mérite de l'approche fonctionnelle de la puissance moyenne réside dans le fait qu'elle nous permet d'identifier les Etats qui sont capables d'exercer une influence certaine sur le cours des affaires internationales dans certains domaines particuliers, ce qui les singularise par conséquent des autres. Vu sous le prisme de ce modèle, les grandes puissances peuvent être appréhendées comme ces Etats qui exercent une réelle influence internationale sur toute problématique peu importe les circonstances qui ont favorisé son émergence tandis que les petites puissances désigneraient ces Etats incapable d'exercer une quelconque influence.

    Par conséquent, les puissances moyennes seront entendues comme ces petites puissances qui vont temporairement s'élever en statut. De ce fait, elles perdront automatiquement leur statut temporaire de moyenne puissance aussitôt que leurs capacités à influer sur le cours des affaires internationales dans certains domaines spécifique déclineront.

    La prise en compte de l'approche fonctionnelle pour cerner le concept de puissance moyenne semble donc être avantageuse aux petits Etats qui apparaissent relativement forts et influents dans certaines situations particulières.

    b) Le modèle behaviouriste

    Ce modèle occupe une place de choix dans la littérature concernant le concept de puissance moyenne.

    Face à l'ambiguïté du concept même de puissance moyenne, Louis Bélanger et Gordon Mace durent conclure en ces termes « nous sommes forcés de déduire que pourront être reconnues comme puissances moyennes seuls les Etats qui auront démontré une réelle capacité de modéliser leur comportement conformément à ce statut »66(*)

    Ce modèle a été systématisé par Andrew Cooper, Richard A. Higgott et Kim Richard Nossal. Ce trio identifie les puissances moyennes par « leur forte tendance à privilégier les solutions multilatérales aux problèmes internationaux, leur désir de rechercher toujours un compromis face aux différends internationaux et leur volonté de s'approprier du principe de citoyenneté internationale exemplaire devant guider leur diplomatie »67(*)

    Le multilatéralisme, la gestion des conflits et la puissance morale, telles sont les notions clé qui résument la littérature majeure concernant l'approche behaviouriste de puissance moyenne.

    Le modèle behaviouriste identifie également les puissances moyennes à travers le désir qu'elles expriment à changer véritablement de statut au sein de l'échiquier international. C'est ainsi que Bernard Wood a caractérisé les puissances moyennes comme des leaders régionaux, des hérauts du multilatéralisme, et des puissances morales68(*). Quant à Cranford Pratt, il soutient que la prégnance de la tendance multilatérale affichée par les puissances moyennes constitue une véritable stratégie mise sur pied par elles afin de promouvoir et préserver leur intérêt national69(*).

    c) Le modèle hiérarchique

    Carsten Holbraad fait remonter ce modèle aux travaux Thomas d'Acquin qui soutient que la notion de « puissance moyenne ou de tout autre synonyme a toujours été un concept relationnel dans la mesure qu'il est défini ou décrit en relation avec les autres composantes du système, notamment les grandes puissances 70(*)»

    Dans cette perspective, le concept de puissance moyenne fut introduit de manière formelle par les travaux de David Mitrany au début des années 1930. En effet, Mitrany soutient que le système international est fondamentalement composé par deux principales catégories d'Etats : les grandes puissances et les petites. Néanmoins, remarque -t-il, certains des petits Etats devenaient de plus en plus puissants et contraignirent progressivement les grandes puissances à reconnaitre la gradation de leur influence et de n'être plus considérés comme de simples petites puissances71(*).

    Plus tard, David B. Dewitt et John J. Kirton expliqueront que la vision hiérarchisée et stratifiée du système international qu'avaient les premiers auteurs à l'instar de Mitrany dans lequel la combinaison des capacités objectives, des positions occupées et du statut reconnu aux divers acteurs internationaux produira ainsi trois classes d'Etats qui sont ; les grandes puissances, les moyenne, et les petites.72(*)

    L'approche hiérarchique satisfait ainsi en grande partie le désir d'une appréhension objective de la notion de puissance moyenne. Elle tend à définir toutes les puissances comme des Etats, opère un distinguo clair entre les grandes et les petites puissances et repère les puissances moyennes qu'en relation avec les deux premiers pôles dans une échelle où les positions sont mouvantes.

    En fin de compte, l'on peut dire que si l'approche fonctionnelle tente de normaliser le statut des Etats à chaque fois que leur puissance se trouve quelque peu surestimée, le raisonnement qui structure l'explication behaviouriste, est quant à lui circulaire car il pense le comportement de puissance moyenne comme le produit des actions menées par des Etats considérés eux -même en tant que tels. Quant à l'interprétation hiérarchique, elle recherche fondamentalement à identifier les Etats selon leurs positions respectives occupées au sein de l'échelle internationale.

    PARAGRAPHE 2 : VERS UNE PRECISION NOTIONELLE DE PUISSANCE MOYENNE

    Au regard de ce qui précède, on peut dire que le concept de moyenne puissance s'est fort répandu au cours des dernières années dans la théorie des relations internationales. Une façon de définir ce concept est d'en énumérer les composantes : une moyenne puissance possède un certain niveau de capacité militaire et économique, et occupe à l'échelle internationale une position intermédiaire73(*)

    En général, les moyennes puissances cherchent à jouer un rôle modérateur, coopératif dans le système mondial, en facilitant ou en déclenchant certaines lignes d'actions souhaitées au niveau international, ou encore en supervisant ou en orientant des régimes ou institutions . Comme on peut s'y attendre, à l'inverse des super (ou grandes) puissances qui tendent à étendre leur influence diplomatique au niveau mondial, les moyennes puissances ne cherchent pas des interventions d'envergure mondiale, mais se focalisent plutôt sur un nombre limité de domaines de crise et sur les politiques portant sur une région géographique précise.74(*)

    En adhérant à l'idée d'un système mondial et au rôle des moyennes puissances dans le maintien de l'ordre mondial (qu'il soit ou non hégémonique), Robert T. Cox affirme que «les éléments clés du rôle de la moyenne puissance sont la possibilité de se distancer quelque peu d'une implication directe dans les grands conflits, un niveau suffisant d'autonomie par rapport aux grandes puissances, un engagement dans le sens de l'ordre et de la sécurité dans les relations interétatiques et la facilitation du changement dans le système mondial75(*)

    Aussi, la notion de puissance moyenne décrit -elle une manière de penser une diplomatie plutôt que de rendre compte d'une position de classement. La sortie de la bipolarité et la mondialisation ayant libéré diverses ressources longtemps comprimées par le chape de plomb bipolaire, certains Etats ont disposé des moyens de se penser moyenne puissance, de faire le choix d'agir comme tel, de déployer une diplomatie qui se séparerait des rigueurs et des rigidités des alignements d'antan. Ainsi, cette catégorie est essentiellement subjective (c'est le principal apport du modèle behaviouriste). Variées sont les postures d'Etats qui de nos jours, permettent aux diplomaties de se distinguer dans ce rôle inédit : présents dès la guerre froide, les « Etas -tampons » comme l'était la Finlande ou les « Etats-barrières » à l'instar de la Turquie, gagnaient déjà une forme d'inédit et d'exceptionnalité qui les forgeait comme puissances à part. Aujourd'hui, les Etats rentiers, les Etats fournisseurs de matières premières, les Etats fortement peuplés, ceux disposant de ressources culturelles ou religieuses inédites rejoignent les Etats qui occupent le haut du tableau des performances économiques, commerciales, financières ou technologiques.76(*)

    Dans un système international fondamentalement souple, flexible et multipolaire, « la puissance moyenne se définira donc comme celle qui entend déployer, face à l'hégémon, une diplomatie d'autonomisation et de mobilisation ou qui, du moins, affiche clairement sa volonté ou sa capacité de le faire »77(*)

    Dans ces conditions, la puissance moyenne peut se stabiliser dans deux postures possibles. La première consiste à se saisir soit d'un vide de puissance propre à une région, soit une occasion stratégique de se rendre incontournable. On est proche alors de ce que l'on appelle « la diplomatie de niche ». Au gré des circonstances, l'Ouzbékistan, ou le Pakistan, servis par la crise afghane, l'Iran ou la Syrie, alimentés par l'instabilité propre au Moyen Orient, l'Ethiopie, confortée par les incertitudes propres à la corne de l'Afrique, purent ou peuvent encore jouer un jeu propre et produire une diplomatie leur offrant une latitude plus ou moins marquée, par rapport aux grandes puissances.

    La seconde posture consiste à mettre ses ressources propres et ses capacités au service d'une diplomatie de rayonnement plus large. Suffisamment forte pour prétendre à un rôle international, mais trop faible pour pouvoir exercer une réelle hégémonie, la puissance moyenne cherchera à optimiser sa capacité en construisant une diplomatie de stabilisation, de médiation et de pacification. Dans la hiérarchie des coûts, la domination pure et simple est souvent inatteignable et dangereuse, car chargée d'incertitudes et d'effets pervers. Faute d'imposer son pouvoir, la puissance moyenne peut ainsi offrir ses vertus médiatrices, composées de savoir- faire diplomatique, de réseaux de toute nature, de prêts, de dons, d'aides conditionnelles, d'appui à la reconstruction. La puissance vient ainsi à se transformer en influence. A une diplomatie dispendieuse de la guerre est ainsi préférée une diplomatie de paix dont le coût, sans être nul, devient beaucoup plus modique.78(*)

    Ainsi conçue, cette diplomatie de paix est bénéfique pour celui qui la promeut. Elle est évidemment valorisante, pourvoyeuse de prestige et d'influence ; elle offre les conditions de visibilité et d'activisme diplomatique sans couter trop cher, tant en moyens qu'en risques. Elle permet ainsi de se distinguer, à peu de frais et à moindre risque, de la puissance hégémonique.79(*)

    En définitive, nous retenons que « les moyennes puissances sont des Etats qui, sur la base de leurs capacités et de leurs intérêts, se conduisent dans le système international comme des éléments catalyseurs sur le plan politique. Ils choisissent un domaine ou une région géographique où ils peuvent aider à produire les résultats désirés et se faire les champions d'interventions ou de politiques internationales qui souvent sont le reflet de leurs propres valeurs de société. De manière spécifique, ils chercheront à être des conciliateurs, des médiateurs ou des passerelles dans la politique mondiale ».80(*)

    Dès lors, il est question de s'interroger sur l'enracinement de ce concept dans la politique étrangère nippone.

    SECTION II : L'ENRACINEMENT DU CONCEPT DE PUISSANCE MOYENNE DANS LA POLITIQUE ETRANGERE DU JAPON

    La situation internationale a subi une profonde mutation ces vingt dernières années avec la fin de la guerre froide. Dans ce cadre, le japon doit redéfinir son rôle sur la scène mondiale en modifiant les orientations de sa politique étrangère81(*). Selon Green82(*), il n'est pas de grand projet international sans signification politique au sens fort du terme. La question théorique de « moyenne puissance » tient compte d'un certain nombre de facteurs, de signes annonciateurs en rapport avec l'extension de l'agenda diplomatique et la combinaison de plus en plus complexe des instruments politiques. Considérer donc le Japon comme une puissance moyenne revient en premier lieu d'envisager sa diplomatie centrée autour de ses données thématiques majeures (paragraphe I) ; en second lieu, rendre compte de la dialectique d'autonomisation et de subordination qui structure fondamentalement sa politique étrangère (paragraphe II).

    PARAGRAPHE 1: LES DONNEES THEMATIQUES DE L'ACTION INTERNATIONALE NIPPONE : LES PARAMETRES D'UN CHAMP DIPLOMATIQUE83(*)

    La politique étrangère du Japon, comme celle de tous les pays se traduit par l'emploi des thèmes clés qui reviennent dans la majorité des déclarations officielles ou autres documents de base. Ces thèmes expriment les préoccupations et problèmes majeurs. Certains acquièrent avec le temps un caractère plutôt rhétorique, d'autres sont l'expression, des orientations de base, d'objectifs permanents ou encore traduisent des visées conjoncturelles ou relèvent de la tactique diplomatique. Toujours est-il que toute politique étrangère s'inspire de tous ces éléments que Pascal Dejoli Mbogning appelle « le référentiel ». En ce qui concerne l'Empire du Soleil-Levant, la paix et la prospérité sont des slogans employés pour encourager le libre échange (a) et la solidarité internationale (b).

    a) La rhétorique de la paix et de la prospérité comme support du libre échange

    Cinq ans après la défaite, la Guerre de Corée ouvre au Japon la voie vers ce que Marlis Steinert observe comme « une nouvelle ascension dans l'arène internationale ». Dans le climat de la Guerre Froide, les Etats-Unis d'Amérique ont besoin de renfort et signent rapidement un traité de paix à San Francisco en 1951 avec les ex-ennemis. L'Empire du Soleil-Levant pour accroître son influence diplomatique, entre dans des organisations internationales comme le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale, l'Organisation des Nations Unies (ONU), l'Organisation de Coopération et le Développement Economique (OCDE) entre autres. La plupart de ses thèmes diplomatiques sont traités dans les « Diplomatic Blue Book » aussi appelés « White Papers ». De la sorte, il y a la publication du Gaimusho qui a résumé la politique étrangère des années 1960. Sont évoqués les concepts de base : la liberté, la sécurité et la prospérité. Le désir de fonder la sécurité du pays, son existence sur la justice et la volonté de paix, avait été exprimé d'une part dans le préambule de la constitution japonaise, renforcé d'autre part dans l'article 9 ; « le leitmotiv de sa politique de défense ». Quel serait l'instrument japonais pour rendre une telle paix possible ? Depuis le début des années 1990, le Japon s'est engagé de plus en plus activement dans les efforts en faveur de la construction de la paix et de la stabilité internationale. Sa participation aux opérations onusiennes de maintient de la paix et au soutient à la solidarité internationale a été remarquable comme l'indique la cartographie ci-dessous.

    Sources : « Le Japon face au dynamisme de l'environnement stratégique », journée d'études Actes du 10 décembre 2007. Fondation pour la Recherche Stratégique, p.34

    Il semblerait que ce soit sa « diplomatie luttant pour la paix » déployée à l'ONU, comprenant thématiquement entre autres le règlement pacifique des conflits, le désarmement, l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire et le dialogue Nord-Sud.

    A côté du thème fondamental de la paix, c'est celui séculaire de la prospérité qui est mis en évidence. La « diplomatie de la prospérité » consiste en l'expansion du commerce par l'abaissement des tarifs, la libéralisation des importations, la coopération financière pour le développement scientifique. C'est une diplomatie en faveur du libre échange et de la coopération internationale basée sur la maintenance de liens très étroits avec les Etats-Unis d'Amérique et ceci dans tous les domaines. Bien qu'il ait atteint une certaine situation de self-reliance, le Japon doit promouvoir une entente avec l'ensemble des nations et multiplier des échanges culturels. La « diplomatie multilatérale » est apparue pour la première fois dans le livre diplomatique de l'année 1974. Elle est la conséquence de ce que les observateurs économiques ont appelé les « Nixon shokku » et de la crise du pétrole. Cette « diplomatie multilatérale » est marquée par les visites du Premier ministre à l'étranger ainsi qu'une présence continue dans les différents continents. Aussi,  dans le cadre de l'ONU, elle mise sur la coopération dans les grandes enceintes internationales comme le FMI, le GATT ou l'OCDE.

    b) La rhétorique de la paix et de la prospérité comme support de la solidarité internationale

    Le gouvernement nippon s'emploie en se donnant officiellement l'ambition d'une politique globale et popularisant l'idée d'une nécessaire « internationalisation » (Kokusaika) à obtenir de l'étranger un jugement plus favorable, tout en portant à un degré supérieur l'expression économique. Depuis la dégénérescence  des régimes communistes et la fin de l'affrontement politico symbolique qu'il signifiait, on a pu parler de l'accroissement de l'indépendance des Etats, de l'émergence d'un monde unipolaire, de l'avènement d'un monde « post international ». Face à ces modifications externes considérables, le Japon est forcé de s'interroger une fois encore sur les buts et moyens de sa politique étrangère et son rôle dans la communauté internationale.

    En Afrique du Sud le 9 janvier 2001 par exemple, le Premier ministre Yoshiro Mori s'est prononcé pour une diplomatie nippone au XXIème siècle en faveur de la paix, introduisant à la même occasion pour la première fois, le concept de « sécurité humaine ». Dans ce sens, a-t-il souligné, le succès ou l'échec de la coopération avec l'Afrique pour y assurer cette « sécurité humaine », constitue un test important pour le fondement même de la diplomatie japonaise. Lors de son discours de politique générale le 26 septembre 2006 à la Diète, le Premier ministre Shinzo Abe a encore abondé sur « les ritournelles »  traditionnelles de la diplomatie nippone. Son gouvernement, a-t-il martelé, sur le plan des affaires étrangères et de la sécurité aura, pour but « de démontrer encore plus clairement l'alliance entre le Japon et les Etats-Unis d'Amérique, au service de l'Asie et du reste du monde, et de contribuer activement à une solidarité internationale ». Dans son intervention84(*) durant le colloque de l'Institut Japonais des Etudes Internationales, le 30 novembre 2006 à, M. Taro Aso alors chef de la diplomatie japonaise, a parlé de « diplomatie vertueuse » et de l' « arc de la liberté et de la prospérité » indiquant à l'occasion que ces deux expressions constituent le nouvel axe de la politique extérieure nippone. « Le rôle de la diplomatie est aussi, (poursuit-il), de donner aux citoyens une certaine fierté réaliste, décente et paisible. En ma qualité de ministre des affaires étrangères, je cherche à mener une diplomatie qui suscite le dynamisme et donne confiance aux Japonais ».

    On peut donc se rendre compte que toute politique est inspirée d'un référentiel. Ce dernier n'est qu'un « ensemble de normes prescriptives qui donne un sens à un programme politique en définissant des critères de choix et des modes de désignation des objectifs85(*) » .Il est dès lors utile d'apprécier l'état d'activité de la politique étrangère de Tokyo à l'aune du modèle de puissance moyenne car la récurrence de la paix et de la prospérité dans la rhétorique diplomatique du japon conjuguée à des actions internationales concrètes en vue de le matérialiser constitue autant d'opportunités qui conduisent le japon à adopter un comportement de « bonne citoyenneté internationale ». Elle lui est donc pourvoyeuse de prestige et d'influence dont le rayon d'action déborde largement son environnement immédiat.

    PARAGRAPHE 2 : LA DIALECTIQUE SUBORDINATION /AUTONOMIE COMME FACTEUR STRUCTURANT DE LA POLITIQUE ETRANGERE NIPPONE.

    Dans cette perspective, toute l'action internationale du Japon doit être comprise comme l'exercice délicat qui vise à maintenir la relation de subordination avec les États-Unis tout en s'autonomisant sur les points où ses objectifs nationaux particuliers ne coïncident pas avec ceux de la puissance tutélaire.

    Le plus fondamental de ces objectifs, celui-là même qui justifie le lien de subordination est d'affirmer son statut de puissance régionale, qui ne va pas de soi aux yeux des autres pays d'Asie. C'est ce qui explique sa rigidité extrême dans les litiges territoriaux qui l'opposent à ses voisins86(*) , et l'obstination du Parti Libéral Démocrate (PLD) à ne jamais reconnaître officiellement la culpabilité du Japon pour les agressions commises pendant la période coloniale. Cette intransigeance a notamment empêché Séoul et Tokyo de signer un traité de paix avant 1965, bien que cela aille à l'encontre des intérêts américains en affaiblissant la solidarité du camp anticommuniste en Asie. Après 1989, Tokyo a invoqué la question des Kouriles pour refuser son aide économique à la Russie, malgré les insistances américaines. En 1996, son attitude provocatrice aux Senkaku a donné lieu à des affrontements avec les Chinois qui étaient la dernière chose que pouvait souhaiter Washington, gendarme des mers asiatiques, au moment où Clinton amorçait un rapprochement avec Pékin.

    Le Japon cesse aussi de suivre la diplomatie américaine quand celle- ci menace ses objectifs vitaux permanents. Alors que tous les alliés asiatiques de Washington ont envoyé à un moment ou un autre des forces combattre en Corée ou au Vietnam, il s'y est toujours dérobé, conformément au principe fondamental qui lui dicte d'éviter la guerre sur le continent. Les années 1972 et 1973 constituent un tournant, quand D'abord en reconnaissant la République Populaire de Chine (RPC) et en rompant abruptement avec Taiwan ; puis en s'autonomisant davantage des États-Unis au Moyen-Orient pour assurer ses approvisionnements pétroliers.87(*)

    Il ne s'agissait encore là que d'ajustements tactiques dans le cadre stratégique de la subordination nécessaire. Mais, plus la catastrophe de 1945 s'estompe et plus sa puissance économique s'affirme, plus le Japon semble tenté de revenir à une stratégie d'affranchissement. Sur fond de bras de fer commercial permanent avec les États-Unis, la «diplomatie tous azimuts » (zenhoi gaishô) des années 1972-1980 en direction de Moscou et Pékin puis le recentrage asiatique amorcé avec la formulation de la « doctrine Fukuda » en 1977 sont sous-tendus par la volonté de relâcher la relation de dépendance en s'appuyant sur de nouveaux partenaires. Après 1980, cette pulsion s'exprime de plus en plus ouvertement au sein du PLD, où une aile néonationaliste très active proclame sa volonté de refaire du Japon un « État normal » (futsu no kuni) en lui rendant la liberté de ses armements et en renégociant le traité de sécurité sur la base de l'égalité, voire en y mettant un terme 88(*)

    Au terme de ce chapitre, on peut retenir qu'en se conduisant en moyenne puissance sur l'échiquier international,  la démarche nippone permet d'avoir un regard neuf sur la dichotomisation réactive/proactive de sa politique extérieure. Elle adhère ainsi à l'idée d'un système mondial et au rôle des moyennes puissances dans le maintien de l'ordre mondial, rôle bien décrit par Robert T. Cox.89(*) Ce qui nous fait dire avec Marc Aicardi de Saint-Paul90(*) que « grâce à la fin de la Guerre Froide, le Japon a accru son autonomie sur la scène internationale »

    CHAPITRE II :

    LE JAPON EN ASIE : UNE PUISSANCE REGIONALE PARADOXALE ?

    Au moment où la montée spectaculaire de la Chine sur la scène internationale mobilise les esprits, on en vient à oublier l'importance du Japon, à la fois globale et régionale : deuxième puissance mondiale, il représente à lui seul plus de la moitié de l'économie de l'Asie orientale91(*). À quoi tient cette éclipse virtuelle du véritable géant asiatique ? Elle s'explique d'abord par le poids historique de la Chine de l'empire du Milieu à la République populaire de Chine, toujours présent dans l'imaginaire collectif. Le produit national brut du Japon représente plus du double de celui de la Chine, et les incertitudes qui pèsent sur le développement futur de cette dernière sont manifestes.

    La relative invisibilité internationale du Japon n'a toutefois rien de nouveau. Depuis plus d'un siècle, celui-ci est un acteur paradoxal du jeu asiatique, à la fois central et marginal, tandis que la Chine, même très affaiblie, voire brisée à la fin du XIXe siècle, reste indiscutablement une référence fondamentale de l'histoire de la région pour les asiatiques comme pour les observateurs extérieurs92(*).

    Analyser le japon sur l'échiquier asiatique reviendra à s'interroger sur l'environnement géostratégique et historique qui influence la politique asiatique du japon (section I) et de l'aperçu de ses domaines de coopérations établis dans cette région (section II)

    SECTION I : LES FACTEURS GEOSTRATEGIQUES ET HISTORIQUES STRUCTURANTS DE LA POLITIQUE ASIATIQUE DU JAPON

    Deux principales idées seront développées ici ; en premier lieu il sera question de s'intéresser aux les contraintes géostratégiques (paragraphe I) et en second lieu, de rendre compte des relations historiques douloureuses avec les Etats voisins (paragraphe II) qui influencent considérablement la politique asiatique du japon.

    PARAGRAHE 1 : LES CONTRAINTES GEOSTRATEGIQUES

    La situation géostratégique du Japon est celle d'un archipel ancré en marge d'un continent massif dominé par une très grande puissance, et qui n'est pas maître des voies maritimes. En ce sens, elle est différente de celle de la Grande-Bretagne, qui pouvait jouer des divisions, entre les puissances européennes, et dont la puissance reposait sur la maîtrise des mers. La position du Japon se caractérise par sa fragilité et lui impose un principe stratégique fondamental : ne pas être « aspiré» dans les affaires d'un continent qu'il ne peut ni diviser ni subjuguer. Cela signifie qu'il doit se garder d'affronter la Chine et de s'engager militairement sur le continent93(*).

    De sa situation géostratégique découlent aussi pour l'archipel deux objectifs vitaux permanents. Le premier est de s'assurer la liberté de circulation dans les « mers orientales » (tôyô)94(*) vers les détroits malais. Historiquement, il était conciliable avec le principe qui interdit d'affronter la Chine, dans la mesure où celle-ci était fondamentalement un empire agraire, dont le domaine d'intérêt n'englobait pas l'espace maritime. Le second objectif est d'empêcher la Corée de tomber sous le contrôle d'une grande puissance, et de l'affaiblir autant que possible, car elle forme le pont par lequel un empire continental peut aisément menacer l'archipel. Cet objectif est si essentiel que, tout au long de l'histoire, les forces japonaises interviennent à intervalles réguliers dans la péninsule ; mais elles se gardent de s'aventurer dans les profondeurs du continent. Formose, verrou des « mers orientales », sera le premier objectif colonial du Japon (1874). La Corée sera le deuxième, et il se risquera à y défier la Chine dans une guerre ouverte (1895). Cet abandon du principe stratégique fondamental sera le premier pas vers la catastrophe de 1945, qui incitera Tokyo à le remettre ensuite au centre de sa politique étrangère.

    Une première manière de déchiffrer celle-ci est donc d'y voir la répétition sans fin d'une figure imposée : accommoder le principe stratégique fondamental avec la poursuite des deux objectifs vitaux permanents. Cet exercice est devenu plus difficile depuis la fin de la guerre froide, qui a poussé Pékin à adopter une nouvelle posture et à prétendre au contrôle des mers95(*).

    PARAGRAPHE 2 : UNE HISTOIRE DOULEUREUSE AVEC LES ETATS VOISINS96(*)

    Le détachement du Japon par rapport à l'Asie, et tout d'abord la Chine, fut un processus long, compliqué, et qui peine à trouver une véritable issue. La première et réelle coupure historique entre l'Archipel et ses voisins fut sans aucun doute la guerre sino-japonaise de 1894-1895. La raison de ce conflit fut la « protection » de la Corée. Les japonais, mais également la plupart des puissances occidentales, Grande-Bretagne et France en tête, reprochaient à l'empire du Milieu de ne plus assurer son rôle de suzerain et d'être incapable de contrôler le chaos politique qui, effectivement, régnait sur la péninsule coréenne. La défaite militaire de la Chine fut lourde de conséquences, matérielles et symboliques. Le Japon obtint la colonisation de Taïwan, l'accès à plusieurs ports chinois, ainsi que de nouveaux droits maritimes et commerciaux. La perte de prestige, voire de simple crédibilité, du système chinois fut immense pour toute une partie de l'élite asiatique dont les Chinois eux-mêmes et particulièrement pour les Japonais. Le fait qu'une guerre déclenchée contre l'empire du Milieu par l'un de ses anciens sujets soit devenue possible constituait déjà le signe d'une détérioration certaine. La victoire de l'ancien sujet poussait la relation nippo-chinoise vers un point de non-retour, une rupture qui, aujourd'hui encore, est ressentie comme telle à Pékin et à Tokyo.

    Quelques années plus tard, en 1902, le Japon signa une alliance militaire avec la Grande- Bretagne, le premier accord de ce genre sur un pied d'égalité entre un pays asiatique et une puissance impériale européenne. Le Japon bascula alors complètement dans le camp occidental et se coupa de l'ensemble de l'Asie. Rappelons en effet que c'est en s'appuyant sur cette alliance nippo-britannique que le Japon entra en conflit avec la Russie (1904-1905) au sujet de la Corée et battit l'armée du tsar. Grâce à cette victoire Tokyo obtint le protectorat du royaume coréen. Puis, s'appuyant également sur un accord avec une autre puissance occidentale les États-Unis il procéda, en 1910, à la colonisation du pays. C'est donc avec une rapidité incroyable, les quelques années du tournant du siècle, que le Japon prit la posture d'une puissance impériale dans sa propre région. Dans ce genre d'évolution, la dynamique politico-militaire prend généralement de vitesse le mouvement des sociétés. La coupure avec l'Asie engendra, pour les Japonais, une interrogation identitaire. Si ces derniers n'étaient plus asiatiques, ils n'étaient pas pour autant devenus européens. Le Japon fit l'amère expérience de son statut de marginal dans le camp occidental lors des négociations qui suivirent la Première Guerre mondiale. Rangé du côté des Alliés contre l'Allemagne, il fit partie des vainqueurs à Versailles. Mais lorsque la délégation japonaise demanda à la future Société des Nations la reconnaissance de l'égalité des races, elle se heurta à une opposition majoritaire des pays européens.

    Durant la Seconde Guerre mondiale, le Japon militariste multiplia les confusions d'identité. Il entra dans l'Axe aux côtés des Allemands et des Italiens mais ne put guère s'identifier aux défenseurs de la « race aryenne ». Il fit la guerre en Asie aux colonisateurs et non aux colonisés, promettant l'indépendance à ces derniers, tout en produisant des affiches de propagande où les « libérateurs » japonais apparaissaient sous les traits physiques d'Occidentaux face à des personnages aux yeux exagérément bridés et à la peau jaune vif, des caricatures qui n'étaient pas sans rappeler les représentations que les Européens faisaient alors des Asiatiques, qu'ils soient Japonais, Chinois ou Indochinois.

    L'acharnement de l'armée impériale nippone contre les populations civiles toucha en large majorité les Chinois. La culture japonaise resta, pendant et après la guerre, structurellement marquée par l'héritage reçu de l'empire du Milieu. Tout, au Japon, dans la vie quotidienne, dans l'art comme dans la culture populaire, portait et porte encore les innombrables traces d'une influence chinoise séculaire. Ni l'occidentalisation ni l'ultranationalisme des années 1930 n'enlevèrent à la société japonaise sa dimension sinisée des idéogrammes au confucianisme qui, de fait, était et reste une partie intégrante de son identité.

    À partir de 1945 et après sept années d'occupation américaine, le Japon reprit profondément ancrage dans le camp occidental. Le développement, dans son voisinage immédiat, de régimes communistes (Chine, Corée du Nord) ou autoritaires (Taïwan, Corée du Sud), renforça son isolement dans la région. Le Japon fit figure d'Occidental perdu en Asie, même si la culture japonaise resta aussi chinoise que la culture française est demeurée latine. Pendant des décennies, les Japonais ne voyagèrent pas dans leur région. Ce n'est que dans les années 1990, lorsque les frontières avec la Chine et la Corée s'ouvrirent à nouveau, que des centaines de milliers, puis des millions de touristes de l'Archipel partirent à la découverte de ces pays si proches et si lointains, si familièrement étrangers.

    On le voit, la relation du Japon avec ses voisins est chargée d'une histoire difficile. Il faut préciser que les voisins en question sont ceux de l'Asie du Nord-Est. La situation du Japon par rapport à l'Asie du Sud-Est est très différente, et ce pour deux raisons principales. Premièrement, la trajectoire historique du Japon a été, depuis au moins le VIII e siècle, intrinsèquement liée à celle de la Chine et de la Corée, et non à celle des nations d'Asie du Sud-Est, géographiquement plus éloignées. Deuxièmement, parce que ces dernières ont toutes été, à l'exception de la Thaïlande, colonisées par des puissances occidentales. Aussi, à partir de l'hiver 1941, le Japon entra-t-il en guerre contre les États-Unis, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas - la France de Vichy, quant à elle, collabora avec Tokyo en Indochine mais non avec les populations locales.

    Il est toutefois significatif de remarquer que les conflits de mémoire qui resurgissent régulièrement entre le Japon et ses voisins immédiats aient pratiquement disparu des relations entre ce premier et l'Asie du Sud-Est, y compris Singapour où la population chinoise est majoritaire et où l'ancien Premier ministre Lee Kuan-Yew s'est longtemps fait le porte-parole des victimes de la guerre dans cette partie de la région. Il a fallu attendre les années 1990 pour voir s'amorcer, laborieusement, un dégel entre le Japon, d'une part, et la Chine et la Corée du Sud d'autre part. En revanche, entre l'Asie du Sud-est et Tokyo, les ponts se sont reconstruits dès les années 1970.

    SECTION II : APERÇU DE LA POLITIQUE DE COOPERATION ASIATIQUE DU JAPON.

    Lié par le Traité de sécurité avec les États-Unis, le Japon n'a pas développé une politique étrangère spécifique pour l'Asie avant 1977 lorsque le Premier Ministre de l'époque Takeo Fukuda présenta au sommet de l'ASEAN à Kuala Lumpur ce qui sera dorénavant connu sous le nom de «Doctrine Fukuda». Cette doctrine présente les trois engagements du Japon envers l'Asie du sud-est:

    · Le Japon rejette le rôle de puissance militaire en Asie.

    · Le Japon fera tout ce qui lui est possible pour consolider cette relation mutuelle de confiance fondée sur une compréhension «coeur-à-coeur» avec les pays de l'ASEAN.

    · Le Japon sera un partenaire normal de l'ASEAN tout en essayant de développer une compréhension mutuelle entre les nations de l'Indochine.97(*)

    Cette doctrine est devenue la formule qui guide les relations du Japon avec l'ASEAN et les autres pays asiatiques. Comme l'indique la doctrine Fukuda, le Japon favorise trois aspects dans ses relations: la coopération économique, les échanges culturels et la stabilité politique. Ils deviendront les paramètres à l'intérieur desquels Tokyo allait articuler et poursuivre ses activités diplomatiques, économiques, culturelles et stratégiques dans la région. Nous allons ainsi aborder ces trois aspect en esquissant la politique économique (paragraphe 1), stratégique (paragraphe 2) et culturelle (paragraphe 3) du japon en Asie

    PARAGRAPHE 1 : LA POLITIQUE ECONOMIQUE DU JAPON POUR L'ASIE

    L'Aide Publique au Développement (APD) est probablement l'aspect le plus visible, et aussi l'un des plus importants, de la politique étrangère japonaise. Associée aux investissements directs étrangers (IDE) de l'entreprise privée, l'aide représente un formidable moyen d'intervention économique et politique. A peu près inexistante jusque dans les années soixante, l'APD a pris, en chiffres absolus, des proportions considérables faisant du Japon le principal contributeur dans le monde avec un montant de $9,3 milliards en 1997 ou 0,22% du PNB, une baisse toutefois considérable en comparaison au montant de $14,4 milliards de 1995 (0,28% du PNB).98(*)

    Jusqu'au début des années soixante-dix, l'APD va principalement (98%) à l'Asie et elle est octroyée sous condition d'acheter en retour des produits et des biens d'équipement japonais. En 1993, la proportion asiatique n'est plus que de 57,3%. Toutefois cette aide japonaise représente pour l'Asie plus de 50% de toute l'aide au développement octroyée par le reste du monde ($9,6 milliards en 1994). Des dix plus importants pays bénéficiaires de l'APD japonaise, cinq sont en Asie. Le Japon était en 1996 le principal pourvoyeur de fonds pour 47 pays (31 pays en 1991 et 56 pays en 1995) dont 9 sont en Asie: Cambodge (28,2% provient du Japon), Chine (51,6%), Indonésie (90,9%), Laos (38,9.%), Myanmar (77,7%), Philippines (55,4%), Thaï lande (82,7%), Vietnam (25,8%) et Mongolie (76,2%). Il arrive en seconde position dans 34 autres pays.99(*)

    Le Japon est donc un acteur central dans le développement économique des pays asiatiques et les sommes colossales investies (comme par exemple plus de $660 millions en Thaï lande contre seulement $20 millions par les États-Unis pour l'année 1995) montrent l'importance qu'il accorde aux relations économiques avec les pays asiatiques en comparaison des pays occidentaux. En outre, les pays asiatiques sont constamment parmi ceux qui reçoivent leur aide en majorité du Japon. Leur nombre diminue essentiellement parce qu'ils sont plusieurs à avoir atteint un niveau de développement qui n'exige plus des sommes importantes, comme par exemple la Corée et Singapour. L'APD véhicule aussi une image positive du Japon en Asie - qu'il cultive d'ailleurs assidûment - mais il reste cependant que les programmes d'aides sont imbriqués de façon durable dans les intérêts économiques de l'archipel.

    PARAGRAPHE 2 : LA POLITIQUE STRATEGIQUE REGIONALE DU JAPON

    Tandis que sur le plan économique les initiatives du Japon en Asie reflètent un consensus au sein du gouvernement, de la bureaucratie et des entreprises privées un consensus qui inspire les instances politiques à exporter ce type de gestion économique en Asie, les questions militaires et stratégiques sont pour leur part beaucoup plus difficiles à gérer, surtout lorsqu'elles sont posées dans le contexte du régionalisme asiatique.

    La période impérialiste a marqué profondément les relations du Japon avec plusieurs pays asiatiques. Mais également, sur le plan interne, elle divise encore aujourd'hui les opinions. En fait, les divergences idéologiques sont si importantes qu'elles empêchent d'atteindre un consensus national sur le rôle militaire du Japon dans cette région du monde.

    Le nord-est asiatique100(*) est pour le gouvernement japonais l'espace géopolitique pris en considération pour élaborer sa politique de sécurité nationale. Dans cette perspective, la région de l'ASEAN ne représente pas un enjeu géopolitique important. La question de la sécurité nationale, sur le plan de la défense et de la protection physique du territoire, ne dépasse pas la géographie du nord-est asiatique. L'organisation militaire des Forces Armées de Défense (FAD) reflète la géographie de la région. Elles déploient peu de moyens pour faire face aux menaces qui pourraient peser sur les intérêts japonais, surtout lorsqu'ils sont éloignés du territoire national (le Japon ne possède pas, par exemple, de porte-avions ou d'équipements de transport pour atteindre des zones éloignées)101(*)

    La fin de la guerre froide n'a pas apporté plus de stabilité politique dans la région. Au contraire, la Corée du nord s'est retrouvée isolée sur le plan économique et militaire; la Russie, malgré le vieillissement de sa puissance militaire, demeure une source d'instabilité: sa politique étrangère est difficile à suivre et à interpréter. La Guerre du Golfe a aussi fait réaliser que la qualité des forces militaires serait dans l'avenir beaucoup plus importante que leur nombre, d'où la modernisation des armées chinoises et sud-coréennes qui a fait augmenter les budgets alloués aux forces militaires de ces pays. Finalement, les tensions entre la RPC et Taiwan ajoutent aussi à l'insécurité dans la région.

    a) La péninsule coréenne

    La Corée du nord représente sûrement la source la plus importante d'inquiétudes. L'incursion en mars 1998 de navires espions nord-coréens dans les eaux japonaises, puis le lancement d'un missile Taepodong-I en août 1998 en direction du Japon ont créé un certain émoi à Tokyo et au sein des FAD qui n'avaient pas l'équipement pour faire face à de telles situations. Le Japon dépend des États-Unis, et dans une certaine mesure de la Corée du sud, pour la surveillance du territoire nord-coréen, pour la recherche d'information et son analyse et pour confirmer, dans ce cas, le lancement ou non d'un missile. Même si ce lancement ne visait pas directement le Japon et qu'il cherchait beaucoup plus à renforcer la position de la Corée du nord dans les négociations quadrilatérales avec les États-Unis, le Japon et la Chine, il a eu pour effet de tendre les relations avec la Corée du nord et a favorisé à la signature d'un accord entre les États-Unis et le Japon sur le développement d'un système de défense anti-balistique102(*).

    Le lancement possible d'un autre missile d'une nouvelle génération (de 3500 à 6000 km de portée) au plus tôt en août 1999 a aussi forcé les dirigeants japonais à remanier leur système de défense pour éviter, selon un officiel des FAD, le même genre de panique que celle que le premier missile avait causé (plusieurs heures avaient été nécessaires avant que les FAD puisse être en mesure de confirmer le lancement)103(*)

    De plus, l'expansion de forces militaires nord-coréennes (entre autres la recherche dans l'armement nucléaire) ne semble pas diminuer, malgré la famine et la crise économique sévère que traverse ce pays: la Corée du nord maintient toujours plus d'un million d'hommes en armes et laisse entendre qu'elle possède des armes chimiques qui pourraient être incorporées, comme les têtes nucléaires, aux missiles Taepodong I et II.

    En retour, les relations avec la Corée du sud se sont grandement améliorées sous le leadership de Kim Dae-Jung. La «Politique du soleil levant» de ce dernier a le soutien complet de Tokyo. Par cette politique, Séoul s'efforce d'augmenter les échanges économiques avec son voisin du nord, mais l'objectif central demeure l'ouverture et la réforme du système politique nord-coréen. Cette politique n'a pas été abandonnée malgré plusieurs incidents durant l'année 1998 (lancement du missile, découverte des corps d'agents nord-coréens, l'incident du sous-marin nord-coréen), ce qui plaît aux Japonais. Les relations triangulaires entre la Corée, le Japon et les États- Unis se sont renforcées avec la tenue des premiers exercices militaires (navals et aériens) entre les FAD et l'armée sud-coréenne le 5 août 1999. Même s'ils ont été présentés comme une mission de recherche et de sauvetage à cause des limites constitutionnelles imposées aux activités des FAD, il reste néanmoins que plusieurs navires militaires ont été impliqués dans la mission en plus d'un important support aérien. Des lignes de communication d'urgence (hot lines) ont aussi été mises en place entre les FAD et le ministère coréen de la Défense nationale104(*). Le Japon semble voir d'un oe il positif la baisse des dépenses militaires en Corée du sud à la suite de la crise financière mais craint que l'instabilité économique se transforme éventuellement en instabilité politique (le même constat a été fait pour plusieurs pays asiatiques durement touchés par la crise)105(*).

    b) La Chine et Taiwan

    La visite au Japon du Président de la RPC, Jiang Zemin, à la fin de l'année 1998, une première dans les relations entre les deux pays, a été considérée comme «historique» et a débouché sur un «Partenariat d'amitié et de coopération pour la paix et le développement». La relation entre ces deux pays n'est rien de moins qu'exceptionnelle et, sauf pour le bilatéralisme nippo-américain, elle n'a pas d'équivalent dans la politique étrangère du Japon. Imprégnée d'une histoire millénaire de rapports commerciaux, diplomatiques, militaires et culturels, cette relation est, selon les mots d'un spécialiste106(*), faite «d'amour et de haine», d'où les nombreuses tribulations entre les deux grandes puissances asiatiques sur une diversité d'enjeux, des échanges commerciaux au contenu des manuels d'histoire japonais en passant par les capacités militaires de chacun107(*).

    S'agissant des capacités militaires, les analystes s'accordent à dire que les forces militaires chinoises ne font pas le poids lorsqu'elles sont évaluées par rapport à leur capacité d'action à l'extérieur de l'environnement immédiat de la RPC. Sauf pour les missiles nucléaires à longue portée, l'équipement militaire de la Chine ne met pas en danger, à court terme du moins, le territoire japonais. Toutefois, la Chine poursuit un programme à long terme de modernisation de ses forces navales et aériennes qui l'éloigne de ses intérêts continentaux traditionnels et la rapproche de ses nouveaux intérêts stratégiques et maritimes en Asie orientale.

    Si certains s'inquiètent d'un rapprochement États-Unis-Chine, d'autres, au Japon (en particulier depuis les événements de la Place Tien An Men), s'inquiètent d'une possible confrontation avec la RPC. Toutefois les inquiétudes japonaises semblent s'amenuiser comme l'indiquent les documents officiels du gouvernement japonais relatifs à la sécurité régionale et c'est beaucoup plus les tensions entre la Chine et Taiwan qui ne semblent rassurer personne à Tokyo, en particulier depuis la crise du détroit de Taiwan en 1996.

    Le président Deng Xiaoping a jadis présenté les cinq conditions qui inciteraient la Chine à attaquer Taiwan: une entente Taiwan-Russie; des troubles civils majeurs; une bombe atomique «made in Taiwan»; une déclaration d'indépendance; et le rejet à long terme de la réunification avec la Chine. Les deux dernières conditions restent valables et même si la Chine ne peut envisager présentement un débarquement sur les côtes de l'île, elle peut reprendre à tout moment sa campagne d'intimidation contre Taiwan. A la suite de la crise du missile nord-coréen, le projet américain d'offrir une couverture défensive antiaérienne à l'Asie de l'est a soulevé l'inquiétude de la Chine qui s'oppose à un tel projet pour Taiwan, et aussi pour le Japon, puisque les îles à l'extrémité méridionale du Japon sont proches de Taiwan et que ce système de défense engloberait inévitablement ce pays. Une aggravation des tensions entre les deux Chine pourrait avoir un effet déstabilisateur important sur l'économie asiatique108(*).

    PARAGRAPHE 3 : LA POLITIQUE CULTURELLE DU JAPON EN ASIE

    Le volet culturel de la politique étrangère du Japon pour l'Asie représente un aspect très important des efforts japonais en vue d'établir des «liens d'amitié» avec ses voisins et de paver la voie à une augmentation des échanges économiques.

    L'objectif premier demeure toutefois de faire reconnaître le Japon comme membre à part entière d'une communauté asiatique, diversifiée certes, mais formant un héritage socioculturel, économique et historique commun. La création d'une identité régionale et le renforcement des liens avec les pays de la région constituent, aujourd'hui, les deux objectifs primordiaux de sa politique «culturelle». Les voies privilégiées sont l'ASEAN et les accords bilatéraux.

    a) Historique de la politique culturelle.

    Ce sont les nombreuses manifestations anti-japonaises au cours des années soixante-dix dans plusieurs pays qui ont forcé le Japon à accorder plus d'attention au volet culturel de sa politique étrangère pour l'Asie. En accord avec la Doctrine Fukuda, les Japonais ont créé, à la fin des années soixante-dix, le ASEAN Cultural Fund, lequel est devenu en somme le modèle pour les échanges culturels avec l'Asie. Le Japon a aussi mis sur pieds le ASEAN Youth Scholarship en 1980, le Regional Studies Promotion Program et le 21st Century Friendship Program en 1984. La Fondation du Japon a aussi ouvert plusieurs bureaux en Asie et établi des programmes d'enseignement de la langue japonaise.

    b) Culture et crise économique

    À l'initiative du Premier Ministre japonais de l'époque, Ryutaro Hashimoto, une «Mission culturelle multinationale ASEAN-Japon» a été créée en novembre 1997. Cette nouvelle initiative n'est pas étrangère à la crise économique qui a secoué la région. Cette «Mission», qui englobait plusieurs aspects de la culture, offrait une nouvelle vision du régionalisme asiatique par le biais d'une «identité asiatique» dans laquelle la culture et l'économie deviennent deux aspects inséparables de la croissance économique.

    A l'intérieur de cette mission, quatre domaines de la culture ont été spécifiés et, contrairement aux programmes antérieurs, ils définissent la culture dans son sens le plus large, c'est-à-dire incluant les arts, la recherche, le patrimoine, l'industrie culturelle et les médias. De plus, ces domaines sont présentés dans le contexte précis de la crise financière, de la régionalisation des échanges commerciaux et du phénomène de la mondialisation économique et financière.

    Le dialogue culturel et intellectuel. Les Japonais proposent dans ce programme des échanges culturels à plusieurs niveaux (artistes, artisans, agriculteurs, étudiants, tourisme) avec l'objectif de développer en Asie un «esprit de communauté» sur une base «non élitiste». Ils proposent aussi des échanges et des discussions entre les intellectuels de la région sur des thèmes comme la mondialisation, l'identité régionale et la crise économique. Des programmes de traduction des ouvrages japonais et asiatiques sont aussi présentés dans le cadre de centre d'études régionales et historiques sur l'Asie (archéologie, anthropologie, linguistique, etc.)

    Le patrimoine asiatique. Préservation et promotion de la culture, des arts et des métiers traditionnels asiatiques; le développement de lois sur la protection de la propriété intellectuelle ainsi que le développement d'une politique culturelle régionale. Protection des sites historiques, développement d'un réseau d'institutions culturelles (musées, bibliothèques, archives).

    Le développement d'une industrie de la culture. Le développement et la formation des ressources humaines dans les divers secteurs de la culture comme la muséologie, l'éducation, etc.; le développement de programmes éducatifs multi-culturels et d'une industrie culturelle asiatique.

    L'industrie des médias. Dans le secteur des médias, le Japon a proposé la mise en place d'un réseau de médias régionaux, d'un centre de publications régionales et l'implantation d'une industrie du multimédias. Est aussi suggérée la promotion par les gouvernements d'événements culturels asiatiques, comme par exemple, des festivals et des spectacles.109(*)

    L'influence culturelle du Japon dans cette région du monde est indéniable: les produits de consommation japonais abondent et la culture locale n'est pas moins influencée par le «style de vie» nippon que par celui des américains. Pour un résident de Tokyo, se retrouver aujourd'hui à Séoul ou à Taipei ne constitue pas en soi un très grand dépaysement tellement la vie urbaine est similaire dans ces trois grandes villes. En d'autres mots, la culture populaire japonaise est devenue la culture populaire asiatique par le biais de la télévision, des «manga», bandes dessinées japonaises, des modes vestimentaires ou des produits de consommation.

    Au terme de ce chapitre on peut retenir que Le Japon entretient avec son environnement régional une relation pour le moins ambiguë : son choix de la modernité de type occidental durant l'ère Meiji s'est accompagné d'une mise à distance du modèle chinois. Puis, la période impérialiste de la première moitié du XXe siècle l'a conduit à mener des guerres aux conséquences douloureuses, toujours perceptibles de nos jours. À l'heure où l'Asie est en pleine recomposition géopolitique autour de la puissance chinoise et où des coopérations multilatérales s'établissent, le Japon confirme une place d'acteur régional tout à fait primordial et spécifique110(*). Car, comme l'on peut le remarquer, depuis le début des années quatre-vingt-dix, les activités officielles du Japon se sont beaucoup intensifiées. L'objectif est clair : intégrer le Japon à l'Asie. Depuis la fin de la guerre froide, il a été appelé à jouer un rôle plus important dans le régionalisme asiatique. Comme l'a indiqué le Premier Ministre Mahathir de Malaisie, le Japon doit se substituer à la puissance américaine dans la région, le seul moyen, selon lui, de «s'opposer à la puissance gigantesque des États-Unis»111(*).

    Toutefois le Japon ne se présente pas comme un substitut à la puissance américaine, et encore moins, comme le chef d'un nouveau bloc économique. Plutôt, il s'active à renforcer les liens économiques, militaires et culturels dans une région marquée par la diversité de ses régimes politiques et leur niveau de développement économique. Ses activités cherchent aussi à façonner une Asie qui sera en synergie avec ses intérêts nationaux pour la région: la stabilité politique, les échanges commerciaux et la croissance économique.

    CHAPITRE III : LE JAPON DANS LE PAYSAGE GEOPOLITIQUE AFRICAIN : UNE PUISSANCE D'APPOINT STRATEGIQUE ?

    Initialement, la politique africaine du Japon a répondu à plusieurs préoccupations et s'est orientée dans deux directions : d'une part, la « diplomatie des ressources », qui est une constante pour un pays qui en est totalement dépourvu, d'autre part, la « diplomatie de l'aide ». Depuis une vingtaine d'années, le Japon tentant d'apparaître sur la scène internationale comme une puissance globale, il développe l'ambition de jouer un rôle d'acteur majeur. C'est ce qui l'a amené à courtiser l'Afrique afin qu'elle lui apporte son soutien dans le combat qu'il mène en vu de l'élargissement de son aura internationale.

    Considérer le Japon dans le paysage géopolitique africain comme une puissance d'appoint stratégique reviendra en premier lieu de rendre compte du cadre historique et mental qui structure les relations nippo africaines (section I) pour aborder en second lieu les ambitions africaines du Japon (section II)

    SECTION I : LES CADRES HISTORIQUE ET COGNITIF STRUCTURANTS LES RELATIONS NIPPO-AFRICAINES.

    Réfléchir sur les cadres historique et cognitif comme des facteurs structurants des relations nippo-africaines nous amène à s'intéresser sur l'historicité des relations nippo africaines (paragraphe 1) et du Japon dans l'univers cognitif des Africains (paragraphe 2).

    PARAGRAPHE 1 : LES RELATIONS JAPON -AFRIQUE : ENTRE ANCIENNETE ET EPISODIE.

    Ces relations peuvent être abordées à l'aune de deux bornes indicatives : pendant la période précoloniale (a) et de la période coloniale à la guerre froide (b)

    a) Pendant la période précoloniale

    D'après les sources disponibles, il semblerait que les premiers contacts entre Asiatiques et Africains remontent au Xe siècle avant notre ère, lorsque a débuté le commerce sino-égyptien. Mais ce sont les expéditions maritimes arabes et européennes qui vont servir d'accélérateur à ces échanges intercontinentaux. À l'occasion de ces déplacements d'hommes et de marchandises, les marchands, surtout arabes et portugais, acheminèrent un nombre significatif d'esclaves noirs dans l'Empire du Milieu entre le IVe et le XIVe siècle. Les navigateurs lusitaniens établirent même un centre de distribution d'esclaves à Canton vers l'an 300. À la faveur de ces expéditions maritimes, l'islam commença à se répandre en Chine au VIIe siècle, sous la dynastie Suy. Aujourd'hui encore, les Ouigours constituent une minorité musulmane importante en Chine continentale. Un millénaire plus tard, dans la première moitié du XVIIe  siècle, nombreux furent les esclaves présents au Japon qui s'établirent à Nagasaki112(*).

    Mis à part ces premiers contacts indirects et relativement limités, la véritable première rencontre entre Japonais et Africains se fit plus récemment, à la fin de la période Ashikaga (1335-1573). À cette époque-là, la soif d'épices, de soie, de sucre, d'esclaves et d'âmes à convertir avait conduit les Portugais en Extrême-Orient. C'est dans cette région du monde qu'ils côtoyèrent les aventuriers nippons qui y sévissaient, et c'est vers 1510 que les Japonais et les esclaves noirs se rencontrèrent pour la première fois à Goa. Pendant la période Azuchi-Momonyama (1573-1673), les Japonais s'accoutumèrent à voir les Portugais accompagnés de gardes du corps et de serviteurs noirs. Ces derniers suscitaient d'ailleurs à la fois curiosité et admiration de la part des Asiatiques. Toutefois, vers la fin du XVIe siècle, les Japonais manifestèrent leur hostilité envers l'esclavage et, dans les premières décennies de l'ère Edo ou Tokugawa (1603-1867), l'archipel se ferma progressivement aux influences étrangères. Néanmoins, des liens continuèrent à se tisser avec les esclaves noirs présents dans le pays.113(*)

    Il fallut attendre la fin du XVIe  siècle pour que les premiers Japonais foulent l'Afrique pour la première fois. Ce fut à l'occasion du voyage en Europe entrepris en 1586 par de jeunes nobles de Kyushu, invités à Rome par de jésuites italiens.

    Dans un premier temps, ils firent une escale au Mozambique pendant six mois, puis s'attardèrent au Cap avant de remonter vers leur destination finale. Mais c'est surtout cette colonie qui tissa véritablement des liens durables entre le Japon et le continent noir. Jan Van Riebeek, qui est considéré comme l'un des fondateurs de l'Afrique du Sud, était initialement basé à Nagasaki pour le compte de la Compagnie des Indes néerlandaises durant les années 1647-1648, avant de s'établir au cap de Bonne-Espérance en 1652. En 1860, une mission japonaise de retour des États-Unis fit escale en Angola et sur l'île de Saint-Vincent. En décembre de la même année, trois officiels japonais et leur suite, envoyés en ambassade en Angleterre, effectuèrent une halte de plusieurs jours à Suez. C'est d'ailleurs à cette occasion que les Japonais découvrirent le chemin de fer. À la faveur de l'ère Meiji, en 1868, le Japon s'ouvrit non seulement à l'Europe et à l'Amérique, mais également à l'Afrique. Celle-ci allait passer du statut d'escale obligée à celui de destination à part entière et, malgré l'ouverture du canal de Suez en 1869, nombreux furent les Japonais qui visitèrent des ports comme Mombassa au Kenya, au Cap et à Luanda. C'est à partir de ces points d'appui que, quelques décennies plus tard, les Japonais commencèrent à prospecter le continent, déjà à la recherche de matières premières et de marchés d'exportation114(*).

    Force est de constater que, pendant la période précoloniale, les relations entre le Japon et l'Afrique, bien qu'anciennes, furent plutôt faibles et décousues. Le Japon, qui ne prit pas part au dépeçage de l'Afrique, s'y infiltra quand même de façon discrète à la faveur de l'irruption et de l'installation des Européens tant pendant la période coloniale que dans les années qui suivirent.

    b) De la colonisation à la guerre froide : entre neutralité et implication

    Alors que la Chine affaiblie fut quasiment absente de la scène africaine entre le congrès de Berlin de 1885 et la division du monde en deux blocs après le second conflit mondial, le Japon réussit à y maintenir un certain nombre de liens. S'il eut un rôle politique assez effacé pendant toutes ces années, il fut assez actif dans le domaine économique. Pourtant, il eut des velléités pour se faire attribuer le mandat du Sud-Ouest africain allemand par la Société des Nations après la guerre de 1914-1918. Surtout soucieux de s'assurer une source de matières premières à bon compte et de trouver de nouveaux débouchés pour ses produits d'exportation, le Japon se fraya un chemin en Afrique, dans le sillage des colonisateurs. C'est ainsi qu'il profita des traités relatifs au bassin du Congo115(*).Mais c'est surtout avec l'Afrique du Sud que les relations bilatérales furent le plus fructueuses. Dès 1908, les Japonais faisaient escale au Cap, alors qu'ils étaient en route vers l'Amérique du Sud. D'ailleurs, avant que la colonie du Cap ne devienne l'Union sud-africaine, un consul honoraire, Julius Jeppe, y représentait le Japon. Dès 1930, les Japonais purent jouir d'un statut particulier, puisqu'ils furent désormais considérés comme des « Blancs d'honneur ». Ce statut dérogatoire à l'Union Immigration Act de 1913 leur permit également d'échapper aux discriminations imposées aux « Non-Blancs  », bien avant que le National Party ne légifère sur l'apartheid en 1948. Enfin, une légation nippone fut ouverte à Pretoria le 25 octobre 1937. Toutefois, la déclaration de guerre de l'Afrique du Sud à l'Empire du soleil levant, le 8 décembre 1941, mit un terme provisoire aux excellentes relations bilatérales entre le Japon et l'Union sud-africaine.116(*)

    La période de l'après-guerre qui s'étendit jusqu'à la fin des années 1950 vit la marge de manoeuvre diplomatique du Japon être limitée, puisque l'archipel passa d'une quasi-administration directe par les États-Unis à une «  liberté surveillée  » jusqu'au début des années 1960. Ce n'est qu'à partir de la vague des indépendances des années 1960 que le Japon commença timidement à intervenir sur le continent pour monter progressivement en puissance.

    L'analyse de cette période qui s'étend de la colonisation à la chute du communisme et à son corollaire la fin de l'Afrique du Sud blanche a conduit à envisager deux théories antagonistes : la thèse de la « politique des mains propres » versus celle de la « collusion avec les colonisateurs ». La première est bien évidemment soutenue par le MOFA, qui publiait dans son rapport annuel de 1961 sa vision des relations avec l'Afrique colonisée : « (...) L'Afrique n'était pour le Japon rien d'autre qu'un marché d'exportation pour des produits de consommation, essentiellement des produits textiles (...).117(*)» Cette version est battue en brèche par des chercheurs qui se situent plutôt dans la mouvance progressiste et anticolonialiste, comme Jun Morikawa118(*). Ainsi, le Japon se serait-il accommodé de la colonisation pour exploiter les richesses africaines et y développer de fructueux échanges commerciaux. La réalité se situe probablement entre ces deux thèses, le Japon se contentant tout simplement de l'ouverture de l'Afrique au monde pour essayer d'en tirer le meilleur parti. Les flux commerciaux entre le Japon et l'Afrique après guerre illustrent bien cette opinion. Entre 1945 et 1960, la progression fut vertigineuse, puisqu'elle passa de 21 à 217 millions de yens. Pendant cette période, l'Afrique de l'Ouest prit le pas sur l'Afrique de l'Est, ce qui s'explique essentiellement par l'importance des navires battant pavillon de complaisance libérien119(*).

    Les liens développés entre le Japon et ses partenaires africains avant les indépendances furent certes modestes. Ils préfiguraient néanmoins ce que seraient les futures relations entre l'archipel et les nouveaux États. Au plan politique, les autorités nippones avaient tendance à considérer le continent noir comme l'arrière-cour des Européens ; et à ce titre, la diplomatie japonaise avait tendance à harmoniser ses positions avec celles des anciens tuteurs. Au plan économique, les entreprises japonaises, qui n'avaient aucune « dette morale » vis-à-vis de l'Afrique, se sentaient libres de commercer et d'investir où bon leur semblait120(*).

    Du début des années 1960 jusqu'à l'effondrement du bloc communisme, qui rendit obsolète la défense de l'Afrique du Sud blanche par les Occidentaux, la diplomatie nippone se fit très discrète en Afrique. D'une part, parce qu'elle ne voulait pas gêner les Occidentaux, d'autre part, son « pré-carré » était traditionnellement l'Asie. En revanche, sur le plan économique, elle adopta le principe des «  pays phare », à l'inverse de la République populaire de Chine qui avait adopté celui des « pays frères». Cette politique duale conduisit le Japon à établir des relations privilégiées avec l'Afrique du Sud et la Rhodésie blanche. Plus longue et plus étroite, la collaboration avec la République sud-africaine évolua cependant en fonction de la condamnation de l'apartheid par la communauté internationale. Jusqu'au milieu des années 1970, des relations économiques, culturelles et sportives fructueuses se développèrent sans aucun complexe entre les deux pays. Même l'interdiction des investissements directs n'affecta pas les relations bilatérales. Si le MOFA était plutôt favorable à une application stricte des sanctions, le ministère de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie (MITI), et le ministère des Finances (MOF) étaient d'un avis contraire. En tout état de cause, quelles que fussent les protestations des partisans d'une ligne dure à l'égard de l'Afrique du Sud, le Japon devint son premier partenaire commercial en 1987121(*).

    En même temps qu'il entretenait des relations avantageuses avec l'Afrique du Sud blanche, le Japon cherchait à améliorer celles qui existaient avec les autres pays africains. Ce fut d'abord l'ère de l'apprentissage de l'Afrique, du début des années 1960 au premier choc pétrolier de 1973. Puis la « diplomatie des ressources » s'imposa et les missions commerciales nippones se multiplièrent sur le continent noir. Enfin, à Manille, la doctrine Fukuda révéla l'importance de l'APD en tant qu'instrument privilégié du rayonnement international du Japon122(*)

    Le Japon sut mener, pendant toute cette période, une habile politique que l'on peut qualifier de funambulesque, mais qui porta ses fruits à la chute du mur de Berlin. Le Japon qui avait su adopter un profil bas était quasiment présent partout sur le continent, qu'il s'agisse de l'ancienne Afrique « blanche » ou de l'Afrique à majorité noire.123(*)

    PARAGRAPHE 2: LE JAPON DANS L'UNIVERS COGNITIF DES AFRICAINS : « UN ERSATZ GEOSTRATEGIQUE ET TECHNOLOGIQUE »124(*)

    Considérant l'Afrique dans sa présentation physique comme une partie émergée d'un titan macrocéphale, dont la face regarde l'Orient et la nuque l'Occident, Hubert Mono Ndjana125(*) s'étonne de constater que l'Afrique tarde à ouvrir ses yeux qui regardent pourtant l'Asie, pour compléter ses connaissances et conquérir le monde. Cette situation, soutient le philosophe camerounais, lui semble regrettable, car occuper une position aussi centrale sur la planète avec l'Europe sur sa tête, les Amériques sur son dos et l'immensité asiatique face à elle, donne inévitablement à l'Afrique, le devoir de pivoter dans tous les sens, en toute liberté. Selon Joseph Vincent Ntuda Ebode deux explications peuvent justifier aisément l'entrée du Japon dans l'univers mental des Africains.

    Premièrement, ce qu'il considère comme « une gestion victorieuse des contraintes » notamment géostratégiques inhérentes à sa situation insulaire et sa mise tutélaire par les Etats-Unis d'Amérique. L'Empire du Soleil-Levant est passé d'une position mineure et subordonnée à celle d'un partenaire majeur et incontournable pour Washington. Un retournement de situation qui ne saurait laisser l'Afrique indifférente, elle qui subit la subordination politique, économique, culturelle et stratégique par rapport à l'Europe. Deuxièmement, le type de développement hybride, alliant harmonieusement modernité et tradition et qui de ce fait semble plus proche du type qui prend corps en Afrique126(*).

    A l'opposé des autres nations tombées sous l'hégémonie occidentale, le Japon127(*) à son éveil à la fin du XIXe siècle s'est coulé avec vivacité et rapidité dans le moule des civilisations étrangères plutôt qu'il n'a été modelé par ces civilisations. C'est ainsi que « les Japonais ont maîtrisé les innovations plutôt qu'ils n'en ont été les victimes. L'influence étrangère a anéanti d'autres pays mais elle a donné souffle au Japon », observe Ezra Vogel.128(*)

    Le Japon est donc perçu «comme une source d'inspiration à laquelle il est important de puiser ». Il est en effet admis d'après Axelle Kabou129(*), que « le Japon et l'Afrique sont probablement plus proches de leurs traditions médiévales que les Occidentaux ne le sont des leurs » et qu'à la fin des années 1950, la situation économique, id est l'état de sous développement de nombreux pays d'Asie du Sud était comparable sinon moins satisfaisante que celle de certains pays d'Afrique subsaharienne. Mais les évolutions ultérieures ont été si divergentes qu'aujourd'hui, alors que l'Asie orientale joue quasiment le rôle de locomotive de l'économie mondiale, le continent noir connaît plutôt une désastreuse dégradation de ses conditions économiques.

    Animé du désir de rattraper le retard technologique sur l'Occident, l'Etat japonais s'est engagé dans une campagne volontariste de propagation de l'idéologie technologique pour imposer des changements à une société où le temps et les unités de mesure étaient encore régis par les phénomènes naturels tels que les saisons ou le soleil. L'enseignement primaire est également devenu obligatoire dès 1871 avec un accent particulier sur le questionnement scientifique de la nature. Le pays s'est doté d'une masse critique d'ingénieurs et de techniciens capables de prendre la relève de l'assistance technique étrangère. Au niveau de ce tissu industriel, l'Etat a favorisé délibérément dans les différents secteurs d'activités, l'émergence de grands groupes capables de faire de la production de masse pour le marché domestique et l'exportation, en déployant avec succès les technologies de la deuxième révolution industrielle. « Pour créer les conditions d'une compétition intense au niveau domestique, le MITI a poussé les entreprises locales à acheter les licences ou à copier des technologies étrangères. Il a investi dans le développement des capacités pour absorber ces technologies et les améliorer »130(*)

    Pour Barthélemy Biao131(*) et Emil Hatcheu Tchawe132(*) le développement en Asie en général et au Japon en particulier, n'a pu être possible sans de profondes mutations de politiques économiques. Elles apparaissent marquées par l'adhésion à des stratégies dites Out-ward looking et Export-puch de l'ouverture des économies au commerce international, un investissement approprié dans le développement des ressources humaines, un approfondissement financier par la libéralisation des taux d'intérêt, la réforme foncière et le développement du secteur agricole. En fait d'après Babissakana et Abissama Onana133(*) , « chaque pays qui veut accroître durablement le niveau de vie de ses citoyens doit faire tout ce qui est possible de faire pour accéder en permanence au grand marché international des capitaux privés. C'est le cas de tous les pays dits avancés et émergents ». Il semble que ces différentes approches théoriques rencontrent peu de « succès » lorsqu'elles sont confrontées aux réalités africaines, où les spécialisations dans le secteur primaire issues de la colonisation sont assez stables. Pourtant, la richesse se crée. Il n'y a pas de fatalité africaine dans des guerres absurdes, des gouvernements incompétents et corrompus, des comportements irresponsables de vie facile et de jouissance débridée. Depuis des siècles, l'Histoire nous enseigne à travers toute l'humanité, que se libérer, briser les chaînes, cela demande toujours une volonté, une décision et parfois... une révolution. C'est pourquoi il convient  d'éviter de faire le fétichisme des facteurs ou des moyens de la puissance. Encore faut-il pouvoir mobiliser lesdits facteurs de manière efficace afin de passer du stade de la potentialité à celui de l'effectivité. En cela, l'intelligence s'avère une matière inépuisable dans la dynamique de la transformation socio économique134(*).

    SECTION II : LES AMBITIONS AFRICAINES DU JAPON

    Elles peuvent se décliner en trois composantes : la sécurité (paragraphe 1), la diplomatie de l'aide (paragraphe 2), et le commerce et l'investissement (paragraphe 3)

    PARAGRAPHE 1 : LA PAIX ET LA SECURITE

    La chute du mur de Berlin et la fin de la division du monde en deux blocs antagonistes ont ouvert la boîte de Pandore des ambitions planétaires de pays comme le Japon. Déjà, à la fin des années 1970, le gouvernement Ohira (1978-1980) avait affirmé le rôle du Japon dans le monde, en se penchant sur le concept de « sécurité globale » qui reflétait une mondialisation des préoccupations japonaises. Celle-ci ne devait pas être envisagée stricto sensu, mais dans un sens plus large. Elle partait du principe selon lequel l'économie japonaise dépendant du reste du monde, tant pour ses approvisionnements en matières premières que pour ses débouchés, le Japon devait prendre une responsabilité plus grande dans sa stabilité et son développement. Il s'agissait donc là d'une mondialisation des préoccupations japonaises. Ainsi, la politique globale avait pour but d'affermir les valeurs traditionnelles des Japonais sur le plan intérieur, tout en ouvrant largement le pays au monde, afin qu'il y joue un rôle à la mesure de sa puissance.135(*)

    Mais ce sont les bouleversements géopolitiques planétaires du début des années 1990 qui ont aiguisé les appétits de puissance du Japon. D'ailleurs, il est indéniable que le débat sur la place du Japon sur l'échiquier mondial évolue en faveur d'une plus grande prise de responsabilités de sa part, malgré les contre-feux allumés par sa grande rivale : la Chine. Toutefois, des hésitations se sont fait jour entre l'évocation permanente de sa politique onusienne et ses actions pratiques sur la scène internationale, notamment à l'occasion de la guerre du Golfe. Aujourd'hui, la contribution du Japon aux efforts de paix et de prospérité dans le reste du monde ne s'envisage plus ni comme un « partage du fardeau », ni comme une alliance inconditionnelle avec les États-Unis, mais comme une prise de responsabilité accrue dans les affaires de la planète. Longtemps accusé de s'être abrité derrière sa Constitution pour ne pas intervenir sur le terrain dans le cadre des opérations de la paix et de privilégier la « politique du chéquier », le Japon a dû faire évoluer son implication lors des crises africaines. C'est ainsi qu'il a accru depuis les années 1990 sa participation aux Opérations de maintien de la paix (OMP) de l'ONU136(*).

    Sa première intervention sur le continent africain s'est déroulée au Sud-Ouest africain/Namibie d'avril 1989 à mars 1990, au sein du Groupe d'assistance à la transition (UNTAG). Puis ce fut la contribution, uniquement financière d'ailleurs, du Japon à la Mission des Nations Unies en Somalie (ONUSOM 2), au début de l'année 1992. Mais la bonne foi des Japonais ne peut être mise en doute dans leur refus d'engager des hommes en Somalie, dans la mesure où deux conditions devaient être réunies : qu'une demande des autorités locales (inexistantes à l'époque) soit effectuée et que la situation ne soit pas trop conflictuelle, car les militaires nippons n'auraient pas été autorisés à faire usage de leurs armes, même dans le cas de légitime défense. Si la participation du Japon à la Mission des Nations Unies pour la Vérification des Accords de paix en Angola (UNAVEM 2) fut quasi symbolique (trois personnes dans le cadre de la surveillance des élections), il en fut autrement au Mozambique. Le Japon s'était déjà mobilisé pour ce pays dans les années 1980, alors qu'il était en proie à une guerre civile qui avait occasionné des centaines de milliers de morts en 1984-1985. Quelques années plus tard, le Japon participait à la Mission des Nations Unies au Mozambique (UNOMOZ) avec un contingent de 53 militaires sur les 354 observateurs internationaux. Dans ce cas d'espèce, c'est le ministère des Affaires étrangères qui emporta la décision, alors que le Premier ministre Miyasawa était plutôt opposé à cet engagement. Le drame rwandais donna indirectement l'occasion au Japon d'affirmer sa présence militaire en Afrique. Il semble incontestable que la nomination de l'universitaire Sadako Ogata à la tête du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés en 1991 ne fut pas étrangère à la décision du Japon d'envoyer un contingent de 260 hommes des Self Defence Forces (SDF), pour la première fois sous commandement japonais, à Goma. Les raisons que nous avons évoquées précédemment dans l'exemple de la Somalie s'appliquant au Rwanda, les militaires nippons furent basés de l'autre côté de la frontière, au Zaïre voisin. Le carcan constitutionnel japonais, et en particulier son article 9, étant trop contraignant, une réflexion sur son abandon ou sa modification a constitué un sujet d'opposition entre le Parti libéral démocrate (droite), au pouvoir jusqu'à il y a quelques mois, et l'opposition de gauche. Un premier pas a été franchi dans la « normalisation » des institutions japonaises le 9 janvier 2007, lorsqu'il s'est doté pour la première fois depuis 1945 d'un ministère de la Défense. Il n'en demeure pas moins que la participation militaire du Japon aux interventions de l'ONU n'est pas systématique. Ainsi, en 2007, le Japon a décliné l'offre qui lui a été faite de transporter les troupes burundaises au Darfour137(*).

    PARAGRAPHE 2 : LA DIPLOMATIE DE L'AIDE

    Parallèlement à son action diplomatique classique, le Japon a mis en oeuvre des actions tendant à renforcer son image de puissance globale au niveau international ; en cela, il a emboîté le pas aux partenaires traditionnels de l'Afrique. La philosophie de l'aide japonaise n'est pas une création ex nihilo, mais elle s'inscrit dans le cadre d'une politique étrangère qui a fortement évolué depuis une soixantaine d'années. La mise en oeuvre de l'APD nippone peut s'expliquer par des motivations diverses, qui tiennent compte à la fois du contexte international et de préoccupations spécifiques. Au fil des années, l'engagement du Japon à l'égard des pays en développement a évolué. Si, avant 1989, sa motivation était plutôt économique, après la disparition de l'Empire soviétique, celle-ci s'est complétée d'un volet diplomatique, dans sa quête de devenir un acteur majeur de la politique internationale. Lors de ce changement de cap, l'approche de la politique d'aide du Japon est devenue plus multilatérale, majoritairement par le biais des Nations unies et de ses agences spécialisées, et l'aide s'est progressivement « déliée ».138(*)

    Pour mettre en oeuvre sa politique d'aide, il s'est doté d'instruments spécifiques, qui ont été chargés de mettre en oeuvre la politique d'aide, essentiellement en Asie et aussi de plus en plus en Afrique. Nous constaterons que, depuis sa mise en oeuvre, elle a connu différentes évolutions et que le Japon a été le premier pays non colonisateur à lancer un cycle de conférences bilatérales avec les pays africains, les TICAD, dont d'autres pays comme la Chine, Taiwan, l'Inde et la Corée du Sud s'inspireront quelques années plus tard.

    Une vingtaine de ministères et d'agences spécialisées participent à des degrés divers à l'élaboration et l'exécution de la politique d'aide nippone aux pays en développement. Chacun d'entre eux ayant des objectifs et des priorités propres, ces intérêts parfois divergents peuvent occasionnellement être source de tensions. Ils compliquent l'élaboration d'une politique cohérente censée être le fruit d'une collaboration permanente entre les principaux acteurs que sont le MOFA, le MITI, le MOF et l'EPA (Economic Planning Agency)139(*).

    L'Agence japonaise de coopération internationale (Japan International Cooperation Agency, (JICA), inspirée de l'International Development Cooperation Agency (IDCA) des États-Unis, qui est l'une des plus importantes agences d'aide bilatérale au monde, constitue le bras armé de la diplomatie de l'aide nippone. Créée en 1971, JICA s'est vu assigner plusieurs tâches : la coopération technique, la promotion des activités des Jeunes Volontaires japonais (JOCV), organisation calquée sur le Peace Corps américain, mise à la disposition d'entreprises privées nippones de fonds nécessaires à la réalisation de projets pilotes, au recrutement et à la formation de personnels d'encadrement technique. Deux lois vinrent compléter les missions de JICA : la première du 28 avril 1978, sur la Grant Capital Assistance (dons), la seconde du 6 septembre 1987, sur le Disaster Relief Team (aide en cas de désastre naturel). En octobre 2003, elle devint administrativement indépendante ; enfin, le 1er octobre 2008, la « nouvelle JICA » est née de la fusion de JICA avec la Banque japonaise de développement international (Japan Bank for International Cooperation, JBIC), dont la mission était d'octroyer des prêts bonifiés aux pays en développement. À cette occasion, la « nouvelle JBIC » a vu ses missions évoluer : promotion à l'étranger du développement des ressources naturelles stratégiques, aide aux efforts de l'industrie japonaise pour le développement de ses affaires internationales, et réponse aux désordres financiers dans l'économie internationale. La JBIC dispose de deux moyens pour attribuer ses prêts : les International Financial Operations (IFO), destinées à la fois aux pays développés et aux pays en développement, et les Overseas Economic Operations (ODA), essentiellement consacrées aux PVD140(*). Depuis sa réorganisation, JICA dispose de 97 bureaux qui élaborent des programmes dans 150 pays, d'un montant d'environ 8,5 milliards de dollars141(*).

    Au plan quantitatif, l'aide au développement du Japon a subi des fluctuations tant dans son montant que dans sa répartition géographique. Le Japon, qui était devenu le premier pourvoyeur d'aide au niveau mondial entre 1993 et 2000, n'était plus que troisième en 2001 après les États-Unis et le Royaume-Uni, pour tomber à la cinquième place en 2007, derrière l'Allemagne et la France. Et si l'on tient compte du ratio aide/PNB, la performance est encore moins honorable, puisque l'aide nippone ne représentait que 0,25 % en 2006 et plaçait l'archipel au 19e rang des pays de l'OCDE. À la décharge des autorités japonaises, il convient de rappeler que la crise qui avait ébranlé l'économie nippone dès le milieu des années 1990 ne permettait plus au Japon d'accroître le volume de son aide. Mais les sinusoïdes de l'aide japonaise ont évolué au gré des décisions prises par les Premiers ministres successifs, qu'il s'agisse de Ryutaro Hashimoto, qui les diminua de 1997 à 2000, ou de ses successeurs, qui annulèrent la réduction du budget pour l'année 2000, ou de Junichiro Koizumi qui à son tour diminua l'aide en 2001 de 3 %, pour la réduire de 10 % supplémentaires l'année suivante (910 millions de yens)142(*).

    PARAGRAPHE 3 : LE COMMERCE ET l'INVESTISSEMENT

    Les TICAD ont sans nul doute contribué à projeter l'image d'un Japon soucieux du devenir du continent africain, grâce à une activité diplomatique soutenue et une aide au développement conséquente. En revanche, les échanges commerciaux entre les deux partenaires et les investissements directs sur le continent n'ont jamais eu aucune commune mesure avec les relations économiques que l'archipel entretient avec les autres parties du monde.

    Ceux-ci sont réduits et concentrés tant géographiquement que par domaines. Les causes de cette relative désaffection des firmes nippones pour l'Afrique sont multiples et diverses. Parmi les obstacles régulièrement avancés par les entrepreneurs japonais opérant sur le continent, figurent : l'instabilité politique croissante qui fait craindre des changements de législation, voire des nationalisations, des guerres civiles et la pauvreté endémique, et leur corollaire, l'insécurité pour les personnes et les biens, des infrastructures inadéquates et obsolètes (mis à part en Afrique du Sud), des risques sanitaires importants et, enfin, la multiplication des unions douanières qui sont au nombre de huit, ainsi que des monnaies aux cours fluctuants, y compris le rand sud-africain, mais à l'exception notable du franc CFA, lié à l'euro143(*)

    Si le second conflit mondial avait porté un coup d'arrêt à l'expansion du commerce japonais en Afrique, les échanges reprirent timidement à partir de 1945. L'accession à l'indépendance des territoires africains sous tutelle va encore accélérer cette tendance. Toutefois, le volume des échanges entre les deux partenaires est demeuré désespérément faible, surtout dans l'Afrique nouvellement indépendante. Les années 1960-1970 ont connu une progression parsemée d'embûches : si étonnant que cela puisse paraître aujourd'hui, entre 1960 et 1964, l'Afrique importait plus de produits japonais que le Marché commun ou l'Association européenne de libre-échange (AELE). Alors que, jusqu'en 1961, il existait un déficit commercial en faveur de l'Afrique, à partir de cette date, la tendance s'inversa : l'Afrique continuait à importer massivement du Japon, alors que l'archipel n'absorbait pas assez de matières premières pour compenser. Entre 1961 et 1970, les exportations japonaises passèrent de 400 millions à 1,4 milliard de dollars ; dans le même temps, les importations firent un bond de 300 à 850 millions. Dans les années 1980 et 1990, un certain rééquilibrage s'est progressivement effectué dans les échanges commerciaux. L'année 1981 établit un record en la matière : les importations atteignirent 4,8 milliards de dollars et les exportations 10 milliards. Mais le renchérissement du yen ainsi que la baisse spectaculaire des cours du pétrole eurent des conséquences néfastes sur les relations commerciales bilatérales dès l'année suivante. La transformation de l'industrie lourde nippone et le fléchissement de la production d'acier japonais eurent pour conséquence une désaffection pour le minerai de fer. Dans les années 1980 et 1990, les principales exportations japonaises étaient majoritairement constituées par le secteur des transports (automobiles, camions, navires), les équipements électriques, les produits métalliques et les machines. Quant aux importations, elles étaient représentées à 50 % par le charbon, le pétrole, le platine, le cuivre, l'acier, l'or, le cobalt et les produits de la mer. Les principaux partenaires du Japon sur le continent - hors Afrique du Sud - étaient : Égypte, Liberia, Nigeria, Zimbabwe, Kenya, Mauritanie, Gabon, Ghana et Tanzanie144(*).

    L'Afrique du Sud, quant à elle, a toujours été un partenaire commercial privilégié du Japon. Dépourvu d'accès privilégié à des sources de matières premières depuis sa défaite de 1945, le Japon ne pouvait s'abstenir de commercer avec l'État le plus avancé, le plus riche et le plus solvable du continent. Tout en se livrant à des déclarations de principes hostiles à l'apartheid, il se contenta d'adopter vis-à-vis de la RSA une attitude qualifiée de « business as usual ». Malgré les sanctions, d'ailleurs adoptées à contrecoeur par le Japon, les échanges économiques ont crû de façon significative, au point que l'archipel devint le premier partenaire commercial de l'Afrique du Sud en 1987. Entre 1962 et 1980, le commerce bilatéral avait été multiplié par deux. Mais cette progression phénoménale des échanges conduisit la communauté internationale à inciter le Japon à réduire ses échanges avec l'État paria ; il quadrupla entre 1973 et 1987, pour atteindre 4 milliards de dollars. Officiellement, le commerce bilatéral déclina rapidement, mais de nombreuses violations des sanctions furent relevées pendant cette période. Cette année-là, six sociétés de commerce japonaises effectuaient la moitié des échanges avec la RSA : Mitsui, Nissho Iwai, Sumitomo, Mitsubishi, Itoh et Marubeni, pour un total cumulé de 18,5 milliards de dollars145(*).

    Le commerce entre le Japon et l'Afrique, qui était au plus bas entre 1999 et 2001, progresse à nouveau, sans atteindre le point culminant de l'année 1981. En 2007, il était en augmentation de 16,3 % par rapport à l'année précédente ; les exportations japonaises en direction de l'Afrique doublèrent entre 2003 et 2007, pour atteindre 11,6 milliards de dollars, alors que les importations atteignaient leur plus haut niveau pendant trois années consécutives, avec un montant de 14,8 milliards de dollars. À la suite de l'augmentation progressive des matières premières, jusqu'à la crise financière de 2008, la balance commerciale traditionnellement favorable au Japon s'est changée en déficit ; en 2007, il était de 3,2 milliards de dollars. En 2006, le brut et le platine étaient les principaux produits d'importation, et ils représentaient respectivement 21 % et 8 % des 13,26 milliards de dollars achetés par l'archipel. La majeure partie du pétrole provenait du Soudan, d'Angola et du Nigeria, alors que les métaux rares provenaient d'Afrique du Sud, d'Ouganda et de Zambie. Comme par le passé, l'Afrique du Sud demeure le partenaire commercial le plus important du Japon sur le continent, avec 50 % des échanges, suivi par le Soudan (11 %), l'Égypte (8 %) et le Nigeria (5 %) . Quant aux exportations japonaises en direction du continent noir, elles sont majoritairement constituées par les véhicules automobiles (24 % du total), les navires (6 %) et les machines-outils (4 %). Bien qu'une cinquantaine de chefs d'entreprise nippons aient accompagné le Premier ministre Shinzo Abe en Égypte et que la TICAD 4 ait souhaité accroître le commerce bilatéral, il ne représente aujourd'hui que 2 % des flux globaux japonais146(*).

    Les investissements japonais en Afrique ont suivi peu ou prou la même tendance que les échanges commerciaux. Pour les mêmes raisons que celles évoquées plus haut, la prudence a été de mise chez les investisseurs japonais. Bien que, entre 1990 et 1994, le retour sur investissement ait été plus élevé en Afrique qu'en Asie (24 % à 30 % contre 16 % à 18 %), l'Afrique a peu attiré les investisseurs étrangers. En 1993, les investissements directs étrangers (IDE) qui y étaient effectués ne représentaient que 2,3 % de ceux réalisés dans le monde. Les Japonais étaient encore plus réservés, puisqu'ils n'y auront investi que 7,351 milliards de dollars en 1994, soit 1,74 % de leurs IDE totaux. Aujourd'hui encore, les IDE japonais en Afrique demeurent faibles et sont même en baisse depuis les années 1990, puisqu'ils ne s'élèvent qu'à 1,5 %, pour des investissements de 1,1 milliard de dollars en 2007147(*).

    Jusqu'en 2005, la majeure partie d'entre eux étaient investis en Afrique du Sud, essentiellement dans le secteur minier et automobile, et en Égypte 85 % de l'IDE nippone sur le continent ainsi qu'à Maurice, au Nigeria, au Kenya et en Angola. Cependant, depuis trois ans les investissements japonais se dirigent un peu plus vers d'autres pays africains. Partenaire le plus ancien de l'Afrique en dehors des anciens colonisateurs et des États-Unis, le Japon a été le premier pays asiatique à s'y intéresser, tant au plan économique qu'à celui de la coopération. Il a fait de son offensive diplomatique en direction des États africains, matérialisée par les conférences de la TICAD, une des lignes de force de sa politique étrangère qui a pour vocation de faire du Japon une puissance globale. Pendant longtemps, le Japon a été l'intervenant asiatique majeur sur le sol africain, exception faite de Taiwan et de quelques opérations ponctuelles de la Chine, comme la construction du TANZAM, chemin de fer reliant la Tanzanie à la Zambie entre 1970 et 1975.148(*).

    Au terme de cette partie il ressort que le Japon occupe une place relativement centrale au coeur de l'échiquier mondial, place que le Japon n'a sans cesse voulu renforcer depuis la fin de la guerre froide. Pour cela, le pays du soleil -levant, a mis sur pied divers instruments aussi politiques, économiques et commerciaux en vue d'élargir son aura internationale, particulièrement dans le continent africain dont la TICAD en est le principal outil.

    DEUXIEME PARTIE : LE JAPON, LA TICAD IV ET L'AFRIQUE

    La présente partie va s'articuler autour de trois grands mouvements qui vont constituer son ossature. En premier lieu, il sera question d'analyser la TICAD 4 comme une nouvelle doctrine dans la politique africaine de coopération du Japon (chapitre 4) ; en deuxième mouvement, nous essayerons de décrypter les enjeux qui entourent cette mutation dans la politique africaine de coopération du Japon par le billet de la TICAD 4 (chapitre 5). Enfin, nous revisiterons la coopération nippo- camerounaise depuis tout au moins 2003, date de lancement de la TICAD 3 jusqu'à nos jours (chapitre 6)

    CHAPITRE IV : LA TICAD IV COMME UNE NOUVELLE DOCTRINE DANS LA POLITIQUE AFRICAINE DE COOPERATION DU JAPON

    L'analyse du processus de la TICAD tel qu'il s'est décliné depuis sa troisième édition en 2003 jusqu'à la quatrième en 2008 a marqué de manière sibylline le passage d'une philosophie traditionnelle du Japon dans sa politique africaine de coopération vers une nouvelle orientation apportée par la TICAD 4. On est ainsi passé d'une bio coopération avec la TICAD III (section 1) à un business cooperation avec la TICAD 4 (section 2), même s'il faut reconnaitre que la rupture n'est pas totale (section III)

    SECTION I : DE « LA BIO COOPERATION » SOUS LA TICAD III...

    La bio coopération ou encore la coopération sociale est une coopération axée sur la sécurité humaine en termes de relèvement des conditions de vie de l'homme, elle valorise ainsi la dimension humaine du développement décrite plus haut.

    Parler de la bio coopération valorisée par le Japon revient à dire que les secteurs prioritaires dans lesquels le pays du soleil-levant s'est investi jusqu'à la TICAD IV étaient essentiellement les secteurs sociaux qui concernent l'amélioration des conditions de vie des populations africaines aussi bien dans les secteurs de la santé, l'éducation, l'accès à l'eau potable...

    Analyser la bio coopération dans la politique africaine de coopération du Japon sous la TICAD III revient à nous intéresser sur les axes de coopération prioritaires émis par le Japon et ses partenaires pendant la TICAD III (paragraphe 1), puis revisiter les réalisations majeures Japon de 2003 à 2008 (paragraphe 2)

    PARAGRAPHE 1 : LES AXES DE COOPERATION PRIORITAIRES DECLINES SOUS LA TICAD III

    Une lecture attentive du discours d'ouverture de la 3ème édition de la TICAD prononcé par le premier ministre japonais de l'époque Son Excellence Junichiro Koizumi le 29 Septembre 2003 à Tokyo fait ressortir un tryptique de domaines stratégiques pour lesquels le Japon appuyé par ses partenaires s'est engagé à s'investir en Afrique durant cinq ans. Ces domaines se déclinent ainsi qu'il suit par ordre d'importance : « un développement centré sur l'homme » (1), « la réduction de la pauvreté par la croissance économique » (2) et « la consolidation de la paix » (3)

    a) Un développement centré sur l'homme

    « Le développement au coeur duquel se situent les hommes » a constitué en effet le premier pilier de la coopération nippo-africaine sous la TICAD III. En effet si le Japon depuis la TICAD II avait investi près de 750 millions de dollars us dans les domaines de base, cette aide ayant permis d'améliorer entre autre la santé de près de 240 millions de personnes, d'approvisionner 4.6 millions de personnes en eau potable et faciliter l'accès à l'éducation à plus 2.6 millions d'enfants par le biais de la construction de bâtiments scolaires149(*)... Force est de reconnaitre qu'avec la TICAD III on va assister à une accentuation de l'investissement du gouvernement japonais dans ces domaines sociaux en Afrique. C'est ainsi que conscient des résultats obtenus dans ces domaines lors de la TICAD II, le premier ministre Koizumi a annoncé un engagement plus accru de son gouvernement dans le domaine de la coopération sociale, il a à cet effet décidé d'augmenter l'aide japonaise sous forme de dons d'un total d'un milliard de dollars us dans les domaines de la santé, des soins médicaux, dans la lutte contre les maladies infectieuses et le VIH/SIDA, l'éducation, l'accès à l'eau, l'aide alimentaire...150(*)

    b) La réduction de la pauvreté par la croissance économique

    Lors de la troisième conférence de la TICAD, le Japon est parti du principe que sans la croissance économique la pauvreté ne saurait être réduite. Le gouvernement japonais par la voix de son premier ministre s'est donc à engagé à mettre davantage l'accent sur la coopération destinée à améliorer la productivité agricole pour réduire la dépendance de l'Afrique à l'égard des importations des produits alimentaires, notamment à travers la diffusion et la vulgarisation du Nouveau Riz pour l'Afrique (NERICA) qui est une hybridation d'un riz asiatique et d'un riz africain.

    Egalement, le Japon s'est engagé à encourager l'investissement privé des entreprises japonaises en Afrique par le biais des prêts d'investissement à l'étranger et d'autres mesures pour un montant total de 300 millions de dollars us pendant cinq ans.

    Le Japon s'est aussi engagé à mettre en oeuvre l'annulation de prêts en yen l'APD d'un total approximatif de 3 milliards de dollars us à l'égard des pays pauvres très endettés et d'autres pays éligibles. Dans cette même perspective, il a entendu intensifier avec ces pays dont la dette sera annulée, à travers des cadres internationaux, des politiques de dialogue afin que ceux-ci puissent s'attaquer au développement socio économique notamment l'éducation.

    c) La consolidation de la paix

    Dernier pilier de la coopération nippo-africaine sous la TICAD III, un consensus s'est dégagé sur le fait que la récurrence des conflits armés entravaient l'utilisation efficace des ressources pour le développement économique et que la prévention et la gestion des conflits étaient indispensables au développement. Les participants ce sont accordés à dire que la consolidation de la paix était importante pour éviter une résurgence des conflits et représentait un pas décisif vers le développement.

    C'est dans cette optique que, fidèle à sa tradition pacifiste, le Japon s'est engagé à s'investir davantage dans la coopération pour la consolidation de la paix dans certains pays africains en proie à de conflits endémiques, notamment en RDC, en Angola, Sierra Leone, au Soudan... Cet engagement pourra se faire à travers une approche extensive privilégiant des concepts tels que la revitalisation des communautés et la garantie de la sécurité humaine dans des activités destinées à consolider la paix à l'instar du Désarmement-Démobilisation-Réinsertion (DDR), du soutient aux réfugiés et aux personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, de la réintégration des enfants soldats, du déminage...

    Après avoir décliné les piliers de la coopération nippo-africaine sous la TICAD III qui sont pour l'essentiel axé sur les secteurs sociaux, il est question dès à présenter de poser un regard synoptique sur les réalisations marquantes du Japon dans le cadre de ses engagements pris pendant la 3ème édition de la TICAD à Tokyo en 2003 jusqu'en 2007.

    PARAGRAPHE 2 : REGARD SYNOPTIQUE SUR LES ACTIONS MARQUANTES DU JAPON DANS LE CADRE DE LA TICAD III EN AFRIQUE

    La modification de la charte de l'APD en août 2003, a montré clairement la détermination du gouvernement nippon à agir, en indiquant que le « Japon va promouvoir la coopération Sud - Sud dans le partenariat avec les pays d'Asie et d'autres régions qui connaissent un développement plus avancé »151(*).  Parmi les initiatives qui retiennent régulièrement l'attention, l'on cite très souvent le nouveau riz pour l'Afrique (1) et les activités liées au secteur privé, aux technologies de l'information et de la communication, et même au programme des volontaires (2) et ses initiatives en matière de paix et sécurité (3)

    a) Le nouveau riz pour l'Afrique ou le NERICA

    Le NERICA (New Rice for Africa) ou nouveau riz pour l'Afrique, constitue un remarquable exemple de coopération entre l'Asie et l'Afrique. Il améliorerait les perspectives de sécurité alimentaire (MOFA, 2003). Cette nouvelle variété de riz associe la hardiesse des espèces de riz d'Afrique occidentale à la grande productivité du riz asiatique. Il a été mis au point par l'Association pour le Développement de la Riziculture en Afrique de l'Ouest (ADRAO) et ses partenaires en Afrique, en Asie, en Europe et en Amérique du Nord et du Sud. Il a également reçu l'appui de nombreux donateurs en commençant par le gouvernement du Japon suivi du PNUD, la Banque Mondiale, la fondation Rockefeller, l'Agence Américaine pour le Développement international (USAID), la BAD, la FAO. Le NERICA a une teneur en protéine beaucoup plus élevée et résiste mieux aux mauvaises herbes, aux maladies et aux insectes nuisibles. Ce riz a un cycle de croissance plus court que les variétés de riz classiques (90 jours comparé à 130 à 150 jours pour les autres) et il offre un rendement supérieur d'au moins 50% sans utilisation d'engrais, et un rendement de 200% avec un faible apport en engrais. L'Initiative pour le Riz Africain (ARI) lancée en mars 2002, vise à accélérer la diffusion du NERICA dans l'ensemble de l'Afrique, en partant de sept pays pilotes d'Afrique de l'Ouest, à savoir le Bénin, la Guinée, le Mali, le Nigeria, le Togo, la Côte d'Ivoire, pour inclure des pays d'Afrique australe et de l'Est : Ethiopie, Madagascar, Malawi, Mozambique, Ouganda, Tanzanie et Zambie. Le cadre du secteur privé, les technologies de l'information et de la communication, le programme des volontaires font également parti des réalisations marquantes de la TICAD.

    b) Le cadre du secteur privé, les technologies de l'information et de la communication, le programme des volontaires

    Les forums d'affaires Asie-Afrique de Kuala Lumpur (Malaisie) en octobre 1999 et de Durban (Afrique du Sud) en juillet 2001, ont instauré des partenariats commerciaux et ont attiré un plus grand flux d'investissements étrangers directs et d'échanges commerciaux entre l'Asie et l'Afrique. Une série d'ateliers destinés à renforcer les compétences s'est tenue notamment à Harare (Zimbabwe) en juillet 1995 et à Abidjan (Côte d'Ivoire) en juillet 1996, axée sur des sujets clés tels que l'administration et le fonctionnement des entreprises. « Une stratégie visant à effacer les perceptions négatives que chaque région peut avoir de l'autre a été élaborée, afin d'instaurer la confiance et de multiplier les possibilités de conclure des affaires » (MOFA, 2003a). Le Conseil Afro Asiatique d'Affaires152(*) (African Business Council), sorte de chambre de commerce Afrique-Asie a vu le jour en mars 2005. C'est un instrument qui vise à faciliter l'accès aux marchés et à améliorer la croissance des petites et moyennes entreprises grâce aux échanges de pratiques commerciales nées de partenariats public-privé.

    Une initiative de la TICAD en vue d'appuyer l'élaboration de politiques et le renforcement des capacités en matière de technologies de l'information et de la communication a été mise en place au Cameroun, au Nigeria, en Tanzanie et en Zambie. Des centres de création de réseaux, en coopération avec Cisco Systems, ont été établis dans plusieurs pays. Un régional visant à promouvoir l'échange d'informations commerciales entre l'Asie et l'Afrique a été crée au Bénin et il est prévu d'en étendre la portée.

    Les volontaires de l'ONU (VNU) TICAD, bénévoles venant de toute l'Asie, travaillent dans de nombreux pays africains aux fins de transférer le savoir-faire technique dans le domaine de la gouvernance, du développement du secteur privé et du développement agricole. Au Kenya, par exemple, le Volontary Nurul Henda Chowdhuy du Bangladesh qui travaille en tant que spécialiste du micro financement soutenu par la TICAD, a aidé plus de 3000 personnes à lancer de modestes activités génératrices de revenus (JICA, 2005). Il reste cependant plausible que la TICAD soit une initiative importante en matière de diplomatie mais mineure en matière de développement.

    c) Initiatives en matière de paix et sécurité

    Dans ce domaine le Japon a entrepris de nombreuses actions. Spécifiquement, en 2004, il a supporté financièrement le processus DDR des ex combattants des milices rebelles et a par la même occasion apporté son assistance aux réfugiés soit de manière directe, soit par le biais des organisations multilatérales. Ceci afin de consolider la paix et d'assurer la sécurité humaine dans des pays conflictuels à l'instar de l'Angola, la Sierre Leone, la RDC, le Liberia. En plus le gouvernement japonais a accru substantiellement son soutient aux OMP des Nations Unies conduites dans différentes régions d'Afrique. Il a supporté à lui seul plus de 20% du cout financier de ces opérations.

    Entre 2005 et 2007, le gouvernement japonais a déboursé près de 6.7 milliards de yen destinés à 14 pays africains post conflits incluant la RDC et le Soudan. Ces fonds étaient destinés à couvrir entre autre ; les charges liées au rapatriement des réfugiés, à la collecte des armes légères et de petits calibres, et à l'assistance électorale153(*)

    Le Fonds du PNUD au Mozambique pour le déminage a bénéficié de l'appui de la TICAD en matière d'action anti-mines et d'aide aux victimes, et une aide semblable a été fournie à l'Angola pour le déminage, la démobilisation des combattants et la réinsertion des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays. 154(*)

    Au terme de cette section il ressort que la doctrine qui sou tendait la politique africaine de coopération du Japon sous la TICAD III était essentiellement animée par des considérations solidaristes et humanitaires. C'est une coopération verticale où le Japon entend apporter son appui financier, logistique et humain en vue de relever l'humaine condition des populations africaines dans les domaines qui relèvent du social pour la plupart. C'est dans ce sens que l'on peut comprendre l'interrogation du premier Koizumi qui, dans sons allocution d'ouverture de la TICAD III, s'est demandé comment les peuples d'Afrique pouvaient-ils vivre sans crainte des menaces que représentent la pauvreté, les conflits et les maladies infectieuses sur leur vie et leur dignité humaine.

    La TICAD IV restera t-elle fidèle à cette tradition humaniste qui semble être au fondement de la politique africaine de coopération du Japon ?

    SECTION II : ... A LA « BUSINESS COOPERATION » SOUS LA TICAD IV

    Considérer la TICAD IV comme augurant une nouvelle doctrine dans la politique africaine de coopération du japon qui se résume à ce que nous appelons le « business cooperation », revient à dire que la 4ème édition de ce forum nippo-africain revu ses axes de coopération prioritaires comparativement à l'édition précédente. Nous nous attèlerons à analyser tour à tour la rupture fondamentale qu'apporte la TICAD IV par rapport à la TICAD III (paragraphe 1), d'analyser les autres innovations qu'apportent la TICAD IV par rapport à l'édition précédente (paragraphe 2) pour enfin interroger l'état d'avancement de tous ces projets (paragraphe 3)

    PARGRAPHE 1 : L'ACCELERATION DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE PROMOTION DU COMMERCE ET L'INVESTISSEMENT COMME L'AXE DE COOPERATION INNOVANT ET PRIORTAIRE DU JAPON SOUS LA TICAD IV

    Une analyse minutieuse de l'allocution d'ouverture de la 4ème édition de la TICAD prononcée par le premier ministre du Japon d'alors Son Excellence Yasuo Fukuda le 28 Mai 2008, mais aussi du Plan d'Action de Yokohama (PAY) qui est la véritable feuille de route adopté par les participants à ce forum, laisse percevoir une rupture qu'apporte la TICAD IV comparativement à la TICAD III. En effet, au regard des engagements forts pris par le premier ministre Fukuda à Yokohama, on remarque que Le processus de la TICAD se propose de promouvoir "Une Afrique qui gagne" ainsi que sa croissance économique et sa diversification, par le biais d'un soutien au développement des infrastructures, au commerce, aux investissements et au tourisme, et à l'agriculture. Cette dernière édition de la TICAD a donc été marquée par une volonté japonaise très forte de renforcer ses liens avec l'Afrique et de reprendre l'initiative. Dans son discours d'ouverture de la conférence, le premier ministre japonais Yasuo Fukuda a annoncé le doublement de l'AP à l'Afrique dans les cinq prochaines années. Il a également annoncé la mise à disposition de 4 milliards de dollars en cinq ans sous forme de prêts destinés à développer les infrastructures et la mise en place par la JBIC d'un fond d'aide aux investissements en Afrique pour porter son soutien financier à 2,5 milliards de dollars en cinq ans. Ce soutien financier doit permettre de doubler les investissements privés japonais en Afrique d'ici 2012. Par ailleurs, la coopération technique dans le domaine agricole et sanitaire va être renforcée.155(*)

    Pour répondre à ces engagements plusieurs actions ont été retenues et consignées dans le PAY par le Japon et ses partenaires. Ces actions concernent les domaines des infrastructures (a), du commerce (b), des investissements étrangers (c) et du domaine de l'agriculture (d)

    a) Dans le domaine des infrastructures

    Dans son discours d'ouverture de la TICAD IV, le premier ministre Yasuo Fukuda a mis l'accent sur la « construction d'infrastructures lourdes (...) routières mais aussi portuaires ». De quoi contribuer au dynamisme du continent, selon son expression, mais surtout favoriser les activités des entreprises privées. «Les investissements directs des entreprises japonaises s'accompagneront du transfert des technologies et des savoir-faire managériaux. », a assuré le premier ministre. Pour cela, le PAY retenu un certain nombre d'actions à réaliser dans les cinq ans à venir.

    Le processus de la TICAD se concentrera à cet effet sur ; Infrastructures de transport régionales, y compris les routes et les ports, Infrastructures électriques régionales, Infrastructures en relation avec l'eau, Engagement renforcé des institutions régionales, Promotion du partenariat public-privé dans les infrastructures.

    Infrastructures de transport régionales

    - Fournir une assistance technique et financière pour la planification, la construction et l'amélioration des couloirs de transports régionaux et des ports internationaux.

    - Renforcer les capacités pour la gestion et la maintenance des infrastructures régionales.

    - Promouvoir la simplification des procédures de traversée des frontières, comme les Postes frontières "One Stop" (OSBP).

    - Soutenir la coopération technique pour le développement global des communautés de pair avec le développement des infrastructures

    Infrastructures électriques régionales

    Renforcer la coopération afin de fournir une alimentation électrique stable dans l'ensemble de la région, et pour créer les capacités de gestion et de maintenance des réseaux électriques régionaux.

    Infrastructures en relation avec l'eau

    - Soutenir les initiatives agricoles de développement des ressources en eau afin d'étendre rapidement le pourcentage des terres irriguées, et d'améliorer les autres infrastructures de contrôle et de gestion des eaux.

    Engagement renforcé des institutions régionales

    - Soutenir le renforcement des capacités des Communautés économiques régionales (CER) et des banques de développement régional pour mieux développer la conception de projets, planifier, financer et exécuter les programmes des infrastructures, et fournir une assistance technique pour la planification des investissements dans les infrastructures régionales.

    Promouvoir les partenariats public-privé dans les infrastructures

    - Promouvoir, soutenir et renforcer les partenariats public-privé dans les infrastructures comme les ports, les voies ferrées et les centrales électriques d'énergie afin d'offrir plus d`opportunités pour le secteur privé par l'utilisation d'autres fonds officiels.156(*)

    b) dans le domaine du commerce

    Dans ce domaine le processus de la TICAD s'est engagé à promouvoir et étendre le commerce. Pour ce faire le Japon et ses partenaires ce sont engagés à :

    - Encourager l'accès au marché avec exonération de taxes et de quotas essentiellement pour tous les produits provenant de la totalité des pays africains les moins développés.

    - Améliorer "L'Aide pour le Commerce", afin d'augmenter globalement la compétitivité des pays africains en accélérant l'assistance, y compris "l'Initiative de Développement pour le Commerce" du Japon et en aidant à la conclusion rapide, juste et équilibrée des négociations de l'OMC lors du Programme de Doha sur le développement.

    - Assister le développement de produits et la promotion des exportations en Afrique par une promotion accrue de l'initiative Un Village, Un produit (UVUP).

    - Augmenter les capacités de gestion des infrastructures par le biais de projets comme les Postes frontières "One Stop" (OSBP)157(*)

    c) l'accélération des investissements étrangers

    Le processus de la TICAD IV a affiché sa ferme volonté à encourager les investissements étrangers, pour cela le gouvernement japonais s'est engagé à :

    - Fournir une assistance pour améliorer l'environnement des investissements, et notamment les cadres juridiques et réglementaires dans les pays africains.

    - Soutenir la mise en place d'une plate-forme d'informations et de consultations sur l'environnement commercial à l'intention des entreprises privées souhaitant pénétrer les marchés africains et promouvoir à l'amélioration des capacités des petites et moyennes entreprises africaines,

    - Utiliser plus efficacement les sources de fonds officiels comme les crédits à l'investissement, les assurances de commerce et d'investissements pour augmenter le partenariat public-privé (PPP) et influencer les flux des capitaux privés vers l'Afrique.

    - Fournir une assistance pour le renforcement des capacités en vue d'améliorer la gouvernance économique et celle des entreprises158(*)

    d) dans le secteur agricole

    Le processus de la TICAD cherchera à s'aligner avec l'agenda du CAADP pour : renforcer les capacités pour augmenter la production alimentaire et la productivité agricole ; améliorer l'accès aux marchés et la compétitivité agricole ; soutenir une gestion durable des ressources en eau et de l'utilisation des terres

    Renforcer les capacités d'augmentation de la production alimentaire et la productivité agricole

    - Fournir une assistance pour étendre la recherche agricole, les services d'extension et de conseil, y compris pour l'adaptation aux changements climatiques, le développement de nouvelles variétés de cultures et l'amélioration de la fertilité des sols et des autres technologies agricoles, et augmentation du nombre de professionnels de l'agriculture par le biais d'un support à l'enseignement et à la formation en relation avec l'agriculture d'une manière sensible au problème des genres.

    - Assister les petits cultivateurs et les organisations de fermiers à adopter les nouvelles technologies, élargir les terrains agricoles et l'utilisation d'intrants et introduire les machines et les équipements appropriés pour augmenter la productivité.

    - Augmenter la production de riz en développant les capacités pour adopter la gestion systématique des cultures et les nouvelles méthodologies, y compris un usage plus généralisé du NERICA, en vue de doubler la production de riz dans les pays africains en dix ans.

    Améliorer l'accès aux marchés et la compétitivité agricole

    - Augmenter les investissements dans les infrastructures physiques, comme les routes, les ports et les installations des marchés afin de réduire les coûts du transport, améliorer le ratio du prix de détail par rapport aux prix sortie ferme, réduire le pourcentage des pertes après les récoltes et améliorer le pourcentage de la production agricole vendue.

    - Fournir une aide technique et financière aux fermiers pour leur permettre de s'élever sur la chaîne des valeurs et de se conformer aux normes des produits agricoles et des exportations. Soutenir une gestion durable des ressources en eau et de l'utilisation des terres

    - Promouvoir le développement, la restauration et la maintenance des infrastructures de gestion des ressources en eau pour contribuer aux efforts conjoints en vue d'étendre les superficies irriguées de 20% en cinq ans.

    - Améliorer les capacités de gestion des ressources en eau par de meilleures méthode de labour, de récolte et de stockage des eaux, l'introduction de nouvelles technologies et renforcement des capacités des administrations locales et des organisations d'agriculteurs.

    - Fournir un financement pour la petite irrigation gérée par les communautés et les programmes de gestion des eaux pour les marchés locaux, et les programmes individuels des petits cultivateurs pour les marchés à haute valeur ajoutée159(*).

    PARAGRAPHE 2 : LES QUESTIONS CLIMATIQUES ET ENVIRONNEMENTALES COMME AUTRE AXE DE COOPERATION INNOVANT ET PRIORITAIRE DE LA TICAD IV PAR RAPPORT A LA TICAD III

    Les problèmes environnementaux et les changements climatiques constituent à coté de l'accélération de la croissance économique par le commerce et l'investissement un autre axe de coopération innovant apporté par la TICAD IV comparativement à l'édition précédente. L'inscription de cette thématique à Yokohama n'est pas fortuite car elle s'inscrit au Temps Mondial qui fait du climat et de l'environnement des préoccupations globales auxquelles des solutions globales doivent être recherchées ; le continent africain ne saurait donc rester en marge de ces « issues ». Raison pour laquelle constat a été établi lors des discussions à Yokohama que les changements climatiques représentaient une menace directe considérable pour le développement de l'Afrique à cause de leur impact sur les ressources en eau, la santé et la sécurité alimentaire et des catastrophes naturelles qu'ils provoquent. Ils affectent la conservation des ressources naturelles et leur utilisation durable et menacent d'annuler des décennies d'initiatives en faveur du développement socioéconomique sur le continent.

    Pour y faire face, le gouvernement japonais par la voix de son premier ministre Fukuda a lancé un ambitieux projet dénommé « Cool Earth Partnership », consistant en une aide dans les cinq ans à compter de cette année au profit des pays en voie de développement, notamment africains, et dont le montant cumulé atteindra 10 milliards de dollars. Elle concernera trois domaines l'adaptation, la réduction et l'accès amélioré aux énergies propres dont la production photovoltaïque et sera basée sur des discussions politiques entre le Japon, d'une part, et les pays à la recherche de la réduction des émissions et de la croissance économique, d'autre part160(*)

    Le PAY a donc retenu un certain nombre d'actions qui seront mises en place par le japon et ses partenaires dans les cinq ans à venir afin de contenir les risques liés aux changements climatiques en Afrique. Ces mesures sont entre autre ;

    Promouvoir l'assistance technique comme l'établissement et l'actualisation des données cartographiques mondiales pour la totalité de l'Afrique, en décrivant l'état de son environnement dans cinq ans. Soutenir la formulation de plans de prévention des désastres naturels et des activités d'urgence sur la base d'une évaluation des risques et de la vulnérabilité de chacune des régions par rapport aux dangers, y compris les sécheresses et les inondations. Aider les efforts pour établir des systèmes d'alerte rapide et renforcer les capacités de réponse aux catastrophes naturelles au niveau des communautés. Assister le développement et la vulgarisation des technologies existantes et nouvelles pour l'utilisation des ressources en eau, la conservation des sols et le reboisement, y compris l'utilisation de plantes résistantes à la sécheresse. Soutenir les efforts de sensibilisation pour combattre la désertification au niveau des communautés et mettre en place des mesures appropriées pour réduire les excès de pâturage et de cultures, et la déforestation. Soutenir le développement de l'accès aux infrastructures de base pour les informations sur les ressources sylvestres et l'utilisation des terrains afin d'encourager la gestion durable des forêts et de promouvoir les projets de préservation et de reforestation en réponse à la Réduction des Emissions résultant de la Déforestation et de la Dégradation des Forêts dans les Pays en Développement (REDD). Promouvoir l'utilisation des énergies propres et l'amélioration de l'accès à l'énergie. Soutenir la formulation de mesures et de plans pour répandre l'usage des énergies renouvelables, et supporter les programmes des énergies renouvelables y compris en facilitant le transfert des technologies de gestion et de maintenance. Promouvoir le transfert des technologies et l'expertise sur la gestion des ressources en eau en tenant dûment compte de la situation spécifique de chaque région. Faciliter l'accès à de l'eau saine et à des installations d'approvisionnement propres Promouvoir le développement d'installations d'approvisionnement en eau et d'hygiène avec des technologies abordables161(*)

    PARAGRAPHE 3 : ETAT D'AVANCEMENT DE LA TICAD IV

    Il n'est pas question ici de faire bilan exhaustif des réalisations de la TICAD IV, mais seulement de rendre compte ce qui a déjà été fait jusqu'ici dans certains domaines particuliers sus évoqués. C'est ainsi que nous évoquerons les avancées dans les secteurs des infrastructures (a), des investissements étrangers (b) du secteur agricole (c) et environnementaux (d)

    a) Dans le domaine des infrastructures

    L'objectif du Japon est de garder un contact étroit avec la communauté internationale et le secteur privé afin de faciliter l'allocation des ressources stratégiques à chaque région. Le Japon a enregistré des progrès considérables dans le secteur des infrastructures, les objectifs chiffrés des dons et de l'assistance technique figurant dans le PAY ayant d'ores et déjà été atteints (117%) et les engagements de prêts en yens concernant des projets d'infrastructures se chiffrant à près de 1,5 milliard de dollars. Toutefois, une aide accrue est nécessaire au niveau de chaque sous-secteur, notamment celui de l'irrigation. Le Japon continuera à contribuer à ce secteur au-delà des cibles du PAY.

    Le Japon va concentrer son appui financier et technique sur des couloirs de transport ciblés dans chaque région, en privilégiant avant tout les routes, mais sans toutefois oublier les ports, les ponts, le transport urbain et les chemins de fer. Eu égard à l'établissement de quatorze « postes uniques de frontière » (OSBP) en vue de faciliter la fluidité et l'efficacité des procédures de passage des frontières, le soutien à huit postes est désormais terminé, tandis que six autres sont actuellement programmés. Des séminaires destinés aux cadres de l'administration des recettes et de l'administration douanière de pays africains ont également été organisés en collaboration avec l'Organisation mondiale des douanes (OMD).

    A titre d'illustration, un accord en vue de l'expansion du Port de Durban a été signé le 26 mars 2009 entre l'Etat sud africain et le gouvernement japonais. Le prêt de 35 milliards de yens a été cofinancé par trois banques commerciales japonaises, la JBIC apportant également une garantie pour la tranche de leur cofinancement. Ce prêt finance les activités qui seront entreprises par Transmet, une société de transport ferré de fret, de ports et d'oléoducs appartenant entièrement à l'État sud-africain, y compris l'élargissement du chenal d'accès et l'approfondissement du Port de Durban.162(*)

    En ce qui concerne les infrastructures régionales d'électricité des études sont en cours pour soutenir plus celles ci en collaboration avec d'autres partenaires, en fonction des circonstances des échanges d'énergie électrique existant dans chaque région. Mais qu'à cela ne tienne, quelques exemples récents illustrant le soutien du Japon : dans le domaine des Lignes de transport international d'électricité à grande échelle pour un échange d'énergie électrique nous avons le Projet d'interconnexion des réseaux électriques des Pays des Lacs Équatoriaux du Nil où un prêt de 5,41 milliards de yens (soit 52,6 millions de dollars) a été octroyé à l'Ouganda en mars 2010 pour l'installation d'un réseau de transport d'électricité entre 5 pays du Bassin du Nil (Ouganda, Kenya, Rwanda, Burundi et RDC) projet cofinancé avec la BAD.

    Dans le domaine d'Électrification locale, nous avons le Projet de rénovation urgente du système d'alimentation en électricité de Freetown où un don de 1,651 milliards de yens (soit 16,1 millions dollars) a été octroyé à la Sierra Leone en mai 2008 pour l'installation d'une centrale électrique de 10 MW dans la capitale qui souffre d'une grave pénurie d'électricité à la suite de troubles internes163(*).

    b) La promotion du commerce et des investissements

    Le total des échanges commerciaux entre le Japon et l'ensemble de l'Afrique a diminué de 46% en 2009 par rapport à 2008. Malgré la baisse du montant de l'investissement direct japonais de janvier à septembre 2009 par rapport à la même période en 2008, des entreprises japonaises ont néanmoins réussi à entreprendre des activités commerciales portant sur des projets de construction et d'installation, notamment en Égypte, en Algérie et en Afrique du Sud. Des progrès ont également été enregistrés dans le domaine des accords d'investissement bilatéraux : des négociations en bonne et due forme avec l'Angola ont débuté, et des préparatifs en vue d'accords avec plusieurs autres pays sont en cours. Il importe que les secteurs privé et public japonais et africains poursuivent de concert leurs efforts, tels que ceux exposés dans les paragraphes ci-après, afin d'obtenir des résultats tangibles en vue d'atteindre l'objectif de doubler l'investissement direct japonais en Afrique d'ici 2012164(*).

    Voici quelques exemples de l'aide japonaise destinée à améliorer l'environnement des affaires en Afrique dans la promotion du commerce :

    ?JICA: Programme «Kaizen»

    «Kaizen» se réfère à une philosophie et à des pratiques visant à rechercher l'amélioration permanente mises en place de manière intégrée dans nombre d'entreprises japonaises. Suite aux deux projets Kaizen menés en Égypte et en Tunisie, la JICA a lancé en 2009 un nouveau projet en Éthiopie, suite à une série de dialogues de haut niveau sur les politiques de développement industriel avec le gouvernement éthiopien sous la direction du Premier ministre, M. Meles Zenawi.

    ?JETRO: ACCÈS JAPON (Mécanisme permettant l'accès des produits africains sur le marché japonais)

    Le JETRO aide les produits africains à avoir accès au marché japonais grâce à l'envoi d'experts, l'organisation de séminaires et expositions en différents endroits. Le Projet « Un village, un produit » mis en place dans les aéroports de Narita et du Kansaï est une autre composante de ce mécanisme. Actuellement, six projets sont en cours pour améliorer des produits africains à haut potentiel tels que cacao, thé, paniers etc., à la suite des quatre premiers produits lancés avec succès dans six pays en 2008.

    ?JBIC/CNUCED: recommandations en matière de politiques au Nigéria

    Le Blue Book 2010 a été préparé conjointement par la JBIC et la CNUCED afin d'encourager l'investissement direct des entreprises japonaises au Nigéria. Il comprend, outre l'amélioration des procédures et une zone économique polyvalente pilote, un plan d'action efficace et réaliste en quinze mesures à court terme165(*).

    c) Dans le secteur agricole

    Bien que la mise en oeuvre des objectifs du PAY en termes de dons et de coopération technique progresse de manière satisfaisante (réalisés à 79%), il convient néanmoins d'encourager les projets d'irrigation dans le cadre de dons et de prêts en yens. Il y a lieu de privilégier davantage l'appui à l'accès au marché et l'amélioration de la compétitivité agricole, notamment par le biais du renforcement des capacités des leaders agricoles. Le Japon a par ailleurs mis 100 millions de dollars à la disposition de la Banque mondiale à travers deux fonds fiduciaires afin de soutenir les organisations de producteurs et l'initiative de la Coalition pour le développement du riz africain (CARD), y compris les travaux de recherche au sein du Groupe consultatif sur la recherche agricole internationale (GCRAI)166(*).

    En ce qui concerne le domaine de la gestion durable des ressources en eau et occupation des sols, dans le cadre des efforts conjoints menés par les partenaires de la TICAD en vue d'accroître de 20% la superficie des terres irriguées au cours des cinq prochaines années, le Japon a l'intention de construire et d'améliorer les installations d'irrigation et de développer les capacités d'irrigation des pays africains sur 100 000 hectares. Des engagements pour des projets couvrant 30 000 hectares ont été pris d'ici à la fin de mars 2010. La JICA, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et d'autres institutions financières collaborent étroitement à la formulation des projets qui seront mis en oeuvre dès que possible.

    Les prêts de l'AID du Groupe Banque mondiale en faveur de l'agriculture ont atteint 1,5 milliard de dollars durant l'exercice 2009, dépassant son objectif de 1 milliard de dollars par an. La SFI a élargi son soutien à l'agrobusiness, moyennant des engagements de 74 millions de dollars en 2009. La Banque mondiale a mis en place un nouveau fonds fiduciaire multi donateurs afin d'appuyer le processus du PPDAA, les accords signés représentant une contribution totale garantie de 32 millions de dollars. Elle gère également quatre nouveaux fonds fiduciaires multi donateurs totalisant 200 millions de dollars destinés à soutenir des approches régionales de la productivité agricole167(*).

    d) Les questions climatiques et environnementales

    Les efforts persistants du Japon en vue de renforcer l'assistance dans ce secteur ont déjà produit des exemples patents de coopération fructueuse. Nous pouvons citer entre autre ;

    ?l'Introduction d'énergies propres grâce au système de production d'électricité solaire

    Un plan de dons de 610 millions de yens (soit 5,94 millions de dollars) a été adopté en faveur de Djibouti en décembre 2009 pour l'installation de panneaux solaires dans l'enceinte du Centre de recherche et d'étude de Djibouti, unique institut public de recherche du pays.

    ? Dans la Conservation des forêts, un plan de dons de 9,9 milliards de yens (soit 96,3 millions de dollars) au total a été approuvé pour 9 pays africains en février 2010 pour permettre une exploitation et une conservation durables des forêts par la mise en oeuvre d'une évaluation des ressources forestières et d'un plan de gestion forestière approprié.

    ? Le Projet de centrale géothermique d'Olkaria I - Unités 4 et 5

    Un prêt en yens de 29,5 milliards de yens (soit 287 millions de dollars) a été octroyé au Kenya en mars 2010 pour l'installation de deux centrales géothermiques de 70 MW dans la centrale géothermique d'Olkaria I située dans la Province de la Vallée du Rift à environ 120 km de Nairobi. Ce projet fait partie d'un projet plus ambitieux en collaboration avec la Banque mondiale et l'Agence Française de Développement (AFD)

    ? Dans la Gestion des inondations axée sur les communautés dans le bassin du fleuve Nyando, un plan de dons de 483 millions de yens (soit 4,7millions de dollars) a été adopté en faveur du Kenya en mai 2009 pour la construction d'aqueducs siphons, d'un déversoir, d'un centre d'évacuation, etc. et pour la promotion de la sensibilisation à la prévention des dangers des inondations dans 24 villages168(*)

    · L'Initiative Hatoyama

    Annoncée lors de la 15e Session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP15) en décembre 2009 à Copenhague, cette initiative a étendu le cadre de l'appui du Japon aux pays en développement, dont les pays africains, et devrait renforcer davantage la contribution du Japon dans ce domaine. Le Japon fournira a cet effet une aide financière d'environ 1 750 milliard de yens (soit 15 milliards de dollars) comprenant des fonds publics et privés, Les fonds publics s'élèvent à 1 300 milliard de yens (soit 11 milliards de dollars) sur trois ans jusqu'en 2012. L'objectif étant d'aider les pays en développement à prendre des mesures d'atténuation et d'aider les populations vulnérables à s'adapter aux effets défavorables du changement climatique tout en contribuant au déblocage des négociations internationales dans ce domaine169(*).

    Ces engagements forts pris par le gouvernement japonais lors de la TICAD IV augurent une réelle volonté du pays du soleil levant à établir un véritable partenariat rénové avec l'Afrique où ce dernier n'est plus en simple position d'assisté mais un véritable partenaire d'affaire. C'est là où se situe la grande innovation de l'édition de Yokohama comparativement à celle de Tokyo. Néanmoins la rupture qu'apporte la TICAD IV par rapport à la TICAD III ne saurait être appréhendée dans l'absolue, car l'ancienne doctrine reste tout de même présente dans l'élaboration et la mise en oeuvre du PAY.

    SECTION III : LA REMANENCE DE LA « BIO COOPERATION » SOUS LA TICAD IV

    Considérer la persistance de la « bio coopération » déclinée par la TICAD IV revient à soutenir que la rupture avec la TICAD III est partielle car dans le PAY, il y demeure de secteurs sociaux liés à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) auxquels le Japon s'est engagé et continue à s'y investir. Il sera donc question d'analyser les engagements pris par le Japon dans ces dits domaines (paragraphe 1) et les réalisations subséquentes observées jusqu'ici (paragraphe 2)

    PARAGRAPHE 1 : LES AXES SOCIAUX DE COOPERATION SOUS LA TICAD IV

    Aux termes du PAY, afin de promouvoir l'accomplissement des OMD en Afrique, le processus de la TICAD se concentrera sur la notion de "sécurité humaine", qui cherche à construire des sociétés dans lesquelles les peuples sont protégés des menaces envers leurs vies, leurs moyens d'existence et leur dignité et sont en mesure de réaliser la totalité de leur potentiel. En tenant dûment compte de l'interaction entre chacun des OMD, le processus de la TICAD se concentrera dynamiquement sur les domaines de la santé (a) et de l'éducation (b), dans lesquels les retards dans l'accomplissement des OMD sont les plus manifestes, et encouragera le développement des communautés, l'égalité des genres et la participation active de la société civile.

    a) La santé

    Le processus de la TICAD, conformément aux engagements et actions prises par les pays africains, s'engagera à :

    Renforcer les systèmes de santé ; améliorer la santé maternelle, des nouveau-nés et des enfants ; prendre des mesures contre les maladies infectieuses

    · Renforcer les systèmes de santé

    - Promouvoir la formation et la préservation des employés de la santé, pour accomplir l'objectif de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) d'au moins 2,3 travailleurs de la santé pour 1,000 personnes en Afrique.

    - Améliorer la fourniture des services de santé, y compris par l'augmentation des infrastructures et installations de santé.

    - Promouvoir la mise en place de systèmes de surveillance et d'évaluation de la santé permettant des décisions politiques sur la base d'informations précises.

    - Encourager et reconnaitre la recherche médicale et les pratiques exemplaires de la médecine en Afrique pour combattre les maladies infectieuses, par le Prix Hideyo Noguchi pour l'Afrique.

    · Améliorer la santé maternelle, des nouveau-nés et des enfants

    - Soutenir les interventions concentrées sur la réduction du taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes.

    - Promouvoir la continuation des soins pour la sécurité des mères et des enfants à travers les périodes prénatale, de la naissance et de l'enfance par des interventions à fort impact comme l'immunisation et la fourniture de substances nutritives aux enfants.

    - Soutenir les efforts internationaux pour accomplir l'accès universel aux services de la santé reproductrice.

    - Contribuer aux efforts internationaux afin d'élever à 75% la proportion des accouchements soutenus par un personnel qualifié en Afrique dans 5 ans, conformément à l'objectif de l'Organisation Mondiale de la Santé.

    · Prendre des mesures contre les maladies infectieuses

    - Soutenir le Fonds Mondial de lutte contre le SIDA et le paludisme (GFATM).

    - Renforcer les institutions du gouvernement central pour le VIH/SIDA et accorder la priorité à la prévention de nouvelles infections.

    - Soutenir les efforts pour atteindre l'objectif d'une réduction de 50% de la tuberculose et des taux de mortalité d'ici 2015, par rapport aux niveaux de 1990, par des activités de prévention, de mise à l'essai et des soins prodigués dans le cadre du Traitement directement observé, courte période (DOTS)

    - Promouvoir une mise en place efficace des activités anti-paludisme en associant des mesures préventives, y compris la distribution de moustiquaires longue durée traitées aux insecticides, la sensibilisation et la fourniture de soins infirmiers.

    - Soutenir les efforts extensifs pour éradiquer la polio de l'Afrique par des campagnes de surveillance et de vaccination.

    - Faire des efforts pour contrôler et éliminer les Maladies Tropicales Négligées grâce à la sensibilisation, aux traitements et à l'accès à une eau saine et aux équipements sanitaires.170(*)

    b) l'éducation

    Le processus de la TICAD, conformément aux engagements et aux actions prises par les pays africains, se concentrera sur les efforts africains comme suit :

    L'éducation élémentaire - élargissement de l'accès et de la qualité ; l'éducation post-élémentaire et éducation/ recherche supérieure ; l'approche multisectorielle

    · Education élémentaire - élargissement de l'accès et de la qualité

    - Soutenir la construction et la rénovation des bâtiments des écoles et des infrastructures en relation.

    - Fournir une assistance pour la formation et le maintien des enseignants des écoles primaires et secondaires et soutenir la mise en place et l'expansion des systèmes et des organisations de formation des enseignants.

    - Promouvoir le développement des capacités de l'administration pédagogique locale et de la gestion scolaire basée sur la communauté par le biais du Programme "L'Ecole pour Tous".

    - Promouvoir les connaissances et le partage des expériences à l'intérieur de l'Afrique et entre l'Asie et l'Afrique sur des thèmes comme des programmes scolaires sensibles aux cultures et aux genres, les matériels pédagogiques et les manuels de formation.

    · L'éducation post-élémentaire et éducation/ recherche supérieure

    - Promouvoir le développement des ressources humaines pour le support des secteurs productifs en élargissant les institutions pour l'enseignement et la formation technique et professionnelle.

    - Soutenir les partenariats entre les universités, les établissements d'enseignement supérieur et les instituts de recherche par le biais de recherches conjointes et d' échanges de chercheurs et d'étudiants pour étendre la recherche et les connaissances acquises en sciences et technologies

    - Promouvoir les dialogues intergouvernementaux à haut niveau pour consolider la coopération en matière de science et de technologie.171(*)

    PARAGRAPHE 2 : L'ETAT D'AVANCEMENT DE LA TICAD IV DANS LES SECTEURS SOCIAUX

    a) Dans la santé

    Conformément aux engagements pris dans le PAY, l'allocation matière de dons et de coopération technique, a atteint progressivement son objectif (56%) : la majeure partie est affectée à la santé de la mère, du nouveau-né et de l'enfant. L'aide aux mesures contre les maladies infectieuses est amplement couvert par la contribution du Fonds mondial de lutte contre le VIH/Sida, la tuberculose et le paludisme.

    En matière du renforcement des systèmes de santé, entre 2008 et 2009, le Japon a contribué à la construction, la rénovation ou la fourniture de matériel pour un total de 1 862 hôpitaux ou centres de santé dans 23 pays.

    En matière d'appui à la formation, afin de contribuer aux efforts conjoints menés pour réaliser l'objectif de l'OMS, à savoir un minimum de 2,3 professionnels de santé pour 1 000 habitants en Afrique, le Japon a apporté un appui à la formation et à la fidélisation des professionnels de santé et médicaux, y compris de sages-femmes compétentes. À la fin de 2008, un total de 41 204 professionnels de santé et médicaux avait bénéficié de ce type de soutien.

    Dans le domaine de l'initiative pour de meilleurs services hospitaliers, la gestion intégrée de la qualité (TQM) pour de meilleurs services hospitaliers a démarré en 2007 afin de répondre aux défis tels que la pénurie chronique de ressources financières, logistiques et humaines auxquels la région de l'Afrique était confrontée en matière de gestion hospitalière. Aujourd'hui, quinze pays au total ont réussi à incorporer la TQM dans leur système de gestion hospitalière et on prévoit de former 30 000 professionnels de santé dans le cadre du projet.

    Dans le domaine de la lutte contre les maladies infectieuses, le Japon contribue à la lutte mondiale contre trois maladies infectieuses dans le cadre du Fonds mondial dont il est l'un des fondateurs. En mai 2008, le Japon a annoncé qu'il y contribuerait à hauteur de 560 millions de dollars dès 2009. En mars 2010, le Japon a décaissé un montant 377 millions de dollars de cette somme dont 55% des fonds vont aux pays de l'Afrique subsaharienne. En ce qui concerne la fourniture de vaccins, entre avril 2008 et février 2010, le Japon a, en coordination avec l'UNICEF, fourni des vaccins contre la polio, la tuberculose, la rougeole, le DTP et le BCG à plus de 80 millions d'enfants au Nigéria, au Soudan et en République démocratique du Congo (RDC). Dans le domaine de la mise sur pied des Centres de recherche sur les maladies infectieuses émergentes et résurgentes, des travaux de recherche conjoints progressent régulièrement dans les centres ci-après: Centre Hokudaï de lutte contre la zoonose en Zambie (HUCZCZ) ouvert en août 2008 et le Centre de recherche en collaboration sur les maladies infectieuses émergentes et résurgentes du Ghana ouvert en août 2009172(*).

    b) Dans le secteur éducatif

    Dans le secteur de l'éducation de base l'un des trois engagements majeurs pris par le Japon, «« Élargissement du modèle de `L'École pour Tous' à 10 000 écoles » a quasiment été atteint, un total de 9 976 écoles au Niger, au Sénégal, au Mali et au Burkina Faso. Les deux autres engagements : « la Construction de 1000 écoles primaires et secondaires (5 500 salles de classe) » et « Extension du projet Renforcement de l'enseignement des mathématiques et des sciences dans le secondaire (SMASE) à 100 000 enseignants » sont en bonne voie d'atteindre leur objectif d'ici à 2012 si le cap actuel est maintenu

    Quant à ce qui concerne l'enseignement secondaire, enseignement supérieur et la recherche, dans le domaine de la coopération en science et technologie, une première Réunion des ministres africains et japonais des sciences et de la technologie s'est tenue à Tokyo en octobre 2008. Dans le cadre du suivi, une Mission de recherche en sciences et technologie dépêchée en février-mars 2009 s'est rendue dans quatre régions d'Afrique ainsi qu'à la Commission de l'UA en vue d'examiner la politique en matière de sciences et technologies ainsi que la situation actuelle des activités de R&D en Afrique. En avril 2009, un colloque a été organisé afin de partager de manière approfondie les conclusions et résultats de la mission avec des scientifiques et chercheurs japonais. En ce qui concerne l'envoi de chercheurs japonais en sciences et technologie, des recherches conjointes avec les universités et établissements de recherche de pays africains sont encouragées afin d'aborder les questions mondiales auxquelles les pays africains sont confrontés dans le cadre de la coordination entre le MAE et la JICA et le MECRST/JSPS173(*). Pour ce qui est de l'octroi des bourses du gouvernement japonais, au regard de l'objectif du PAY qui est d'élargir le quota des boursiers africains du gouvernement japonais à plus de 500 dans les cinq ans un total de 340 étudiants, dont certains sélectionnés sur recommandation de leur université, ont été acceptés à titre de boursiers du gouvernement japonais en 2008 et 2009174(*).

    Au terme de ce chapitre, nous retenons qu'en dépit du fait qu'on assiste à la continuité de la doctrine traditionnelle en termes de bio coopération de la TICAD III à la TICAD IV, il n'en demeure pas moins que cette 4ème édition du forum nippo-africain s'inscrit dans une rupture certaine avec l'édition précédente au regard des engagements forts qui ont été pris par le gouvernement japonais et des actions probantes qui en ont suivi. Ceci augure une accélération significative de la coopération entre le pays du soleil- levant et le continent africain plus que par le passé. L'on pourrait ainsi se poser la question de savoir les forces profondes qui sou tendraient cet investissement massif du Japon par le biais de la TICAD IV en Afrique. Nous essayerons d'apporter des éléments de réponses à cette question dans la suite de cette réflexion.

    CHAPITRE V : LES ENJEUX LIES A L'ACCELERATION DE LA COOPERATION NIPPO-AFRICAINE PAR LE BIAIS DE LA TICAD IV

    Analyser les enjeux liés à l'accélération de la coopération nippo-africaine, telle que la TICAD IV entend rendre compte, revient pour à s'interroger sur le pourquoi ou encore décrypter sur les motivations affichées et latentes qui sou tendent tant l'investissement massif du Japon en Afrique. Quelles seraient ainsi les prétentions de l'Empire du Soleil-Levant quand il s'investit tant sur le continent africain ?

    Répondre à cette question à cette question nous amènera à scruter tour à tour les enjeux traditionnels (section 1) puis les « nouveaux enjeux » (section 2)

    SECTION I : LES ENJEUX TRADITIONNELS : LA CAPITALISATION DES SOUTIENTS AFRICAINS EN VUE DE L'OBTENTION DU SIEGE DE MEMBRE PERMANENT AU CONSEIL DE SECURITE DES NATIONS UNIES 

    C'est l'une des tendances lourdes du comportement international du Japon en Afrique. En effet, l'analyse de l'engagement significatif du Japon envers l'Afrique tend à révéler son désir de jouer un rôle catalyseur sur le plan international. Cet engagement a été généralement intéressé et surtout utilisé comme moyen pour permettre à l'Empire du Soleil-Levant d'avoir voix au chapitre en faisant son entrée dans le sacro-saint club des décideurs mondiaux en tant que membre permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies. En recherchant l'appui des capitales africaines, Tokyo fait de la réforme de ce « sanctuaire de la diplomatie mondiale » un viatique incontournable dans sa quête d'un important rôle sur la scène internationale (paragraphe 1) en employant un puissant plaidoyer discursif (paragraphe 2).

    PARAGRAPHE 1 : LA REFORME DU CONSEIL DE SECURITE : UN POINT FOCAL DE LA DIPLOMATIE NIPONNE

     Lors de la 50ème session de l'ONU en septembre 1995, le ministre japonais des affaires étrangères d'alors Kono Yohei mit en lumière le besoin d'une réforme du CS/NU, en soulignant l'arrivée de nouvelles puissances devant assumer des responsabilités proportionnelles à leurs capacités. Il précisa que si le nombre des membres onusiens étaient passés de 51 à 185, celui du CS/NU n'avait augmenté que de 11à 15 depuis 1965. D'où la déclaration suivant laquelle le Japon supportait la proposition d'établir un CS/NU réformé avec un nombre de sièges se situant dans la basse vingtaine, afin de tenir compte de l'émergence de nouvelles puissances globales et améliorer la représentativité dudit Conseil ; le nombre de sièges non permanents devant être accordé aux régions sous représentées, notamment l'Asie, l'Afrique et l'Amériques du Sud.175(*)

    Néanmoins, la réforme du Conseil de Sécurité ne peut se faire que par une révision de la Charte des Nations Unies, qui doit être acceptée et ratifiée par plus des deux tiers (128 pays) du total des membres (192 pays), dont les cinq membres permanents qui ont le droit de veto. Pour cette raison, le gouvernement japonais continue à intensifier son offensive diplomatique pour que se réalise la réforme du Conseil de Sécurité. En mobilisant son APD en direction du continent noir et en initiant des processus multilatéraux comme la TICAD, dont la 4ème édition est venue resserrer davantage les liens de coopération avec l'Afrique, l'Empire du Soleil-Levant compte sur le soutien des 53 pays africains, qui représentent environ 30% du total des membres des Nations Unies, pour rehausser son profil politique. En effet, compte tenu du fait que l'Afrique compte une cinquantaine d'États, soit un quart des membres de l'Assemblée générale de l'ONU, il était tentant, comme d'autres grandes ou moyennes puissances avant lui, de rechercher leurs bonnes grâces, de manière à obtenir leur soutien tant à l'Assemblée générale qu'au Conseil de sécurité, où les membres non permanents africains ont parfois un rôle déterminant. De leur côté les Africains tiennent également, comme le soutient Ntuda Ebode, le Japon comme une puissance stratégique d'appoint, le pays grâce auquel le continent pourrait entrer au Conseil de Sécurité. Le Japon et l'Afrique se retrouvent donc dans une sorte de partenariat stratégique où la victoire de l'un implique celle de l'autre.176(*)

    On assiste donc, au regard de qui précède, à un passage de ce que Jean Daniel Aba appelle «  la diplomatie mère Theresa » à une diplomatie «  real politik »177(*) intégrale où l'Empire du Soleil - Levant emploie un puissant plaidoyer pro domo.

    PARAGRAPHE 2 : LE PLAIDOYER PRO DOMO COMME FIL D'ARIANE DE LA RHETORIQUE DIPLOMATIQUE NIPPONE.

    Depuis 1992, l'Empire du Soleil-Levant s'est doté d'un argumentaire qui lui permet de conforter sa position de postulant naturel et sérieux,  en vue de l'adjonction de sièges nouveaux de membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU 

    Premièrement, depuis la création des Nations Unies en 1945, la communauté internationale a fait l'objet de mutations considérables avec notamment la Guerre Froide et son issue, la décolonisation, l'intégration régionale et la mondialisation. Le nombre d'Etats membres de l'ONU est passé de 51 à 192. Au cours de ces 60 années, le cadre institutionnel notamment celui du Conseil de Sécurité est en principe resté le même. Pour le gouvernement nippon, la composition de cette instance internationale devrait refléter la réalité du 21ème siècle et non pas celle de 1945. Outre les PED d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine qui doivent être représentés de façon permanente, « des Etats membres qui souhaitent et sont capables d'endosser des responsabilités dans le maintien de la paix internationale et la sécurité doivent jouer un rôle à part entière dans la prise de décision du Conseil de Sécurité ». Tokyo demande depuis longtemps la suppression sur la Charte des Nations Unies, des mentions d' « ennemis » (appliqués à des pays qui furent les vaincus de la Seconde Guerre Mondiale, notamment le Japon et l'Allemagne), les qualifiant d' « anachroniques ».178(*)

    Deuxièmement, la contribution dans le maintien de la paix et de la sécurité internationale. L'Empire du Soleil-Levant supporte un cinquième des coûts des OMP de l'ONU, et cela se vérifie aisément en Afrique. Il a déployé des troupes pour participer à ces opérations et cinq à celles humanitaires, prouvant à l'occasion qu'il accorde une grande importance à la construction de la paix et des nations en phase post-conflit. Il a aussi alloué 2.1 milliards de dollars US entre 2001 et 2003 pour les programmes et les agences spécialisées ; devenant ainsi le deuxième contributeur mondial. Dans le cadre africain sous la TICAD IV, le gouvernement japonais a mené un certain nombre d'initiatives probantes en matière de paix et sécurité conformément aux engagements pris dans le PAY. C'est ainsi que Le gouvernement du Japon a fourni une aide financière au Groupe des sages de l'UA, une composante de l'Architecture africaine de paix et de sécurité, qui aborde les conflits liés aux élections. Il appuie également le renforcement des capacités du Secrétariat de ce Groupe, qui se penche sur la problématique de l'impunité, la justice et la réconciliation nationale. Les aides dans les domaines « Aide humanitaire et à la reconstruction » et « Restauration et maintien de la sécurité » contribuent également à apporter les « Dividendes de la paix niveau des populations et à prévenir tout futur conflit. Dans les enceintes internationales, le Japon est un membre prééminent de la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies et un participant actif aux groupes internationaux de contact sur la Somalie, la Guinée et Madagascar.

    En matière de Rétablissement et maintien de la sécurité, le japon s'est investi dans la valorisation des capacités de maintien de la paix en Afrique. En 2008, le Japon a apporté un appui à cinq centres de formation pour le maintien de la paix (Égypte, Ghana, Kenya, Mali et Rwanda). En 2009, il a étendu son soutien à trois centres supplémentaires (Bénin, Nigéria et Afrique du Sud) par le canal du PNUD avec un financement hors APD de 18,5 millions de dollars couvrant les coûts de formation, la construction ou la réfection des bâtiments et des installations. Treize membres des Forces japonaises d'autodéfense (JSDF) et experts civils ont été envoyés à titre d'instructeurs ou personnes-ressources en Égypte, au Ghana et au Mali. En mars 2010, le nombre de stagiaires ayant reçu des cours de formation financés par le Japon dépasse 670. Le Japon a l'intention de continuer son assistance en la matière pour l'année fiscale 2010.179(*)

    En ce qui concerne l'appui aux institutions somaliennes de sécurité (SSI) et à la Mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM), le Japon apporte un appui au renforcement des capacités de la Force de police somalienne par le biais du PNUD. En 2009, la communauté internationale a convenu de la nécessité d'apporter un soutien accru à l'AMISOM et aux SSI. Le Japon a dirigé les discussions au sein du groupe de contact et a décaissé 9 millions de dollars en 2009 en faveur du Fonds fiduciaire des Nations Unies en soutien à l'AMISOM et 10 millions de dollars au Fonds fiduciaire pour les SSI des Nations Unies en 2010.180(*)

    Cette démarche du Japon corrobore la justesse de l'analyse du Pr Luc Sindjoun, selon laquelle « la mesure de la puissance est fondée sur la prise en considération des ressources de divers ordres qui permettent à un Etat d'avoir de chances sérieuses de faire triompher sa volonté ou alors qui lui confèrent une position de suprématie sur l'échiquier géopolitique »181(*). L'investissement du Japon dans le développement de l'Afrique ne peut ainsi que l'aider à renforcer une image d'acteur responsable à l'écoute des besoins de la communauté internationale à un moment où le pays cherche à normaliser son positionnement stratégique.

    SECTION II : LES « NOUVEAUX ENJEUX » : CONTRER L'OFFENSIVE DES « PEER COMPETITORS » ASIATIQUES PRESENTS SUR LE CHAMP AFRICAIN.

    En réalité, il ne faut pas succomber sur l'illusion du caractère inédit de ces enjeux qui ont toujours été présents, mais ils étaient beaucoup plus en latence. Les considérer donc comme de « nouveaux » enjeux revient simplement à dire qu'ils ont connu une certaine accentuation ces dernières années plus que par le passé, sortant ainsi de leur léthargie pour s'imposer progressivement aujourd'hui comme étant l'une des matrices structurantes des relations entre le pays du Soleil-Levant et d'autres pays issus principalement du giron asiatique qui ont nourri ces dernières années de réelles prétentions hégémoniques et qui ont fait de leur présence en Afrique un des tremplins sur lequel ils pourraient s'appuyer vue de parvenir à leurs fins. Parmi ces rivaux avérés, figurent en bonne lice l'Empire du Milieu (paragraphe 1) et le Pays du Gange (paragraphe 2)

    PARAGRAPHE 1 : L'OFFENSIVE AFRICAINE DE LA CHINE

    La dimension onusienne demeure essentielle dans la rivalité qui existe entre Tokyo et Pékin en terres africaines. Jusqu'au début des années 2000, la question du vote au sein de la commission des droits de l'homme semblait constituer un élément important. Cette importance s'est réduite depuis que les grandes puissances ont renoncé à présenter des résolutions « antichinoises ». Des éléments nouveaux sont apparus, confirmant l'importance de ce vote africain : la réforme des Nations Unies et l'éventuelle entrée du Japon au Conseil de Sécurité. Ils font ressortir « un véritable duel diplomatique entre Pékin et Tokyo dans l'arène africaine »182(*). La Chine tente d'obtenir de son côté, le soutien à l'ONU des pays africains sur la question de la définition des zones économiques exclusives qui l'oppose au Japon en mer de Chine, en leur offrant un « package diplomatique ».

    La puissance montante de la Chine crée un dilemme pour ses voisins. Les pays d'Asie sont manifestement confrontés à des objectifs contradictoires dans leurs relations avec Pékin. Ils entendent bien sûr tous s'inscrire dans la dynamique de croissance, mais ils ne souhaitent pas que cette puissance économique altère significativement la posture diplomatique et stratégique de la Chine. La difficulté est particulièrement claire pour le Japon. Comme Washington, « Tokyo privilégie l'intensité croissante des liens économiques pour renforcer l'intégration de la Chine dans l'économie mondiale et favoriser l'adoption par ce pays de politiques pragmatiques. D'un autre côté, la relation bilatérale Chine-Japon reste marquée par des souvenirs historiques mal assumés et le renforcement de l'axe Washington-Tokyo a toujours été perçu à Pékin comme « un contre-feu préventif » à l'encontre d'une influence chinoise croissante. L'équilibre est tout aussi difficile à redéfinir pour Séoul, Pékin jouant un rôle pivot dans la gestion de la crise Nord coréenne. La Chine est donc dans tous les esprits183(*).

    La dimension politico stratégique de l'intérêt chinois pour l'Afrique se complète dans une synergie particulièrement dynamique, d'un volet économique diversifié et d'importance croissante, notamment dans la prise de marchés dans le domaine clé de l'énergie, mais aussi dans les minéraux, le bâtiment et les travaux publics ou le marché des biens de consommation courante. Pour la Chine, l'Afrique présente le double intérêt d'être un réservoir de ressources et un vaste marché accessible aux produits chinois.184(*)

    Sur le plan des ressources, depuis 2004, la Chine est le second importateur de pétrole africain, derrière les Etats-Unis et devant le Japon185(*).La Chine reçoit 30 % de son approvisionnement de l'Afrique (38 millions de tonnes sur 127 millions de tonnes en 2006). 85% des exportations africaines vers la Chine proviennent de l'Angola, du Congo, de la Guinée équatoriale, du Nigeria et du Soudan. L'importance du marché chinois est par ailleurs vitale pour un pays comme l'Angola puisque 60% de sa production sont exportés vers l'Empire du Milieu186(*). La part des exportations de l'Afrique vers la Chine est passée de 1,3% en 1995 à plus de 15% en 2009. La Chine a élargi de 190 à 4000 les produits africains exonérés de droits de douane. Ses besoins en matières premières (fer, bois, coton, diamant, cuivre, manganèse) sont considérables.187(*)

    En termes de marché l'Afrique est pour la Chine un marché immense, ouvert sans contrainte aux produits chinois de grande consommation dont la faible qualité est souvent compensée par un coût adapté au  pouvoir d'achat des pays africains.  Les échanges sino-africains connaissent donc un nouveau record, ne dépassant pas 10 milliards de dollars en 2000, ils atteignaient 40 milliards de dollars en 2005 puis 55 milliards de dollars en 2006 et l'objectif de 100 milliards de dollars en 2015 pourrait être atteint. Ces échanges sont fortement appréciés par les Etats africains188(*).

    Mais la Chine en Afrique a également pu jouer du relatif retrait de l'Occident qui, après la fin de la guerre froide et la disparition de l'URSS, et alors que l'importance stratégique de l'Afrique diminuait, a progressivement assorti ses programmes d'aide de conditions liées à l'amélioration des règles de gouvernance et de la démocratie. La Chine aujourd'hui, qui dispose de moyens nouveaux, est donc apparue comme un recours face à cette nouvelle exigence occidentale. Le montant de l'aide chinoise à l'Afrique est aujourd'hui significatif. Une promesse d'aide de 3 milliards de dollars a été faite avant le départ de Hu Jintao pour le continent Africain, qui a presque doublé. Cette aide, selon un principe constamment réitéré par Pékin, est accordée « sans conditions » c'est à dire sans « ingérence  dans les affaires intérieures » séduit la plupart des pays africains189(*).

    La TICAD dont la 4ème édition a connu une mobilisation sans précédent et des engagements forts significatifs, est donc l'occasion pour le Japon de rattraper son retard en lançant une "diplomatie des ressources». Le Japon, qui avait été le premier acteur de poids à inaugurer des grands-messes avec l'Afrique, s'était aperçu, au milieu des années 2000, que d'autres, comme la Chine, lui avaient emboîté le pas et lui avaient ravi des positions stratégiques, surtout dans des secteurs clefs comme l'énergie. Il devenait vital pour le Japon de réactiver ses liens avec un continent qui contenait les matières premières qui lui faisaient cruellement défaut.

    A ce titre, si elle les a précédées, la TICAD s'inscrit désormais au côté des dernières initiatives chinoises telles que le Forum de coopération Afrique-Chine de 2006 comme un cadre d'approfondissement de sa coopération avec le continent africain afin de faire face à l'influence grandissante de l'Empire du Milieu ici. Si le gouvernement japonais a semblé avoir réussi son pari en égalant voir en dépassant la performance de Pékin en 2006, il lui reste beaucoup à faire pour rattraper la percée économique chinoise sur le continent. Ainsi alors que les échanges entre l'Afrique et la Chine ont atteint 73 milliards de dollars en 2007, les échanges avec le Japon n'ont été que de 26 milliards de dollars. Pékin se trouve également aujourd'hui au premier rang des donneurs d'aide à l'Afrique tout en insistant sur "l'inconditionnalité" de cette aide. Face à ce nouvel instrument de la stratégie extérieure de la RPC, le Japon comme les Etats européens ne peut être que sur la défensive190(*).

    PARAGRAPHE 2 : LES CONVOITISES PRESSANTES DE L'INDE EN AFRIQUE

    En organisant le premier sommet du Forum Inde-Afrique du 8 au 9 avril 2008, New Delhi a voulu envoyer un signal fort à la communauté internationale : montrer que l'Inde a les moyens, et surtout la volonté, de devenir un acteur économique et commercial majeur sur le continent africain.

    L'ambition indienne repose sur la convergence des intérêts des deux parties. L'offensive diplomatique de New Delhi vise à lui assurer l'accès aux matières premières africaines (essentiellement du pétrole et des ressources minérales) nécessaires pour soutenir sa forte croissance économique. Ce pays importe 70 % de ses besoins pétroliers alors que les prévisions de croissance de sa demande étaient évaluées par les autorités indiennes, avant la crise de 2008-2009, à près de 10 % par an. Huit pays africains (Burkina Faso, Tchad, Côte d'Ivoire, Ghana, Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Mali et Sénégal) sont concernés, depuis mars 2004, par l'Initiative Team 9 lancée par le gouvernement indien. Elle prétend aussi mobiliser les pays de la région en sa faveur pour obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies (ONU).191(*)

    La dimension stratégique de l'Afrique de l'Est est, en particulier, évidente pour New Delhi. Cette région fait partie de son " étranger proche ", où elle se doit d'investir pour ne pas laisser le champ libre à sa rivale chinoise qui y est déjà très présente. Dans ce contexte, elle peut s'appuyer sur une histoire commune aux deux rives de l'océan Indien grâce une forte diaspora indienne présente en Afrique. En effet, les échanges entre l'Inde et la côte orientale de l'Afrique sont anciens, mais il faut attendre la domination britannique sur cette région, au XIXe siècle, pour que la diaspora indienne, souvent originaire du Gujarat ou du Punjab, s'installe en nombre en Afrique de l'Est (Kenya, Tanzanie, Ouganda, etc.) et en Afrique du Sud. Dans ce pays où résident actuellement plus d'un million de citoyens d'origine indienne, le Mahatma Gandhi a d'ailleurs passé une vingtaine d'années cruciales pour l'élaboration de son combat politique.

    L'Inde est une puissance émergente à plus d'un titre : de par sa population, sa forte croissance économique, sa stratégie d'ouverture, ses performances dans les secteurs à haut niveau technologique, son arsenal militaire. Liée aujourd'hui aux Etats-Unis sur le plan des relations internationales, l'Inde entretient avec l'Afrique des relations géopolitiques nettement moins stratégiques que la Chine. Les échanges commerciaux entre l'Inde et l'Afrique ont quintuplé en cinq ans pour atteindre plus de 30 milliards USD en 2007. On observe également des transferts de technologies (par exemple le réseau électronique panafricain pour la télémédecine ou la télé-éducation)192(*)

    En somme, dans un environnement africain marqué fondamentalement par des jeux plus ouverts et concurrentiels entre les différents acteurs de développement qui s'y déploient ; dans un environnement où les alliances sont aussi contingentes qu'éphémères, le pays du Soleil-Levant ne peut que, si il veut avoir voix au chapitre ici, ajuster ses stratégies et remodeler son offre de coopération en tenant compte du comportement des autres acteurs qui, tout comme lui, affichent de réelles prétentions à jouer les premiers rôles sur le continent africain. L'orientation téléologique de la 4ème TICAD semble donc s'inscrire dans cette logique.

    CHAPITRE VI : LE JAPON ET LE CAMEROUN : VERS UN PARTENARIAT RENOVE SOUS LA TICAD IV ?

    Ce dernier chapitre a pour objet central d'illuter les mutations observées dans la politique la politique africaine de coopération du Japon sous la TICAD IV à la lumière du Cameroun. Il sera ainsi question de revisiter la coopération nippo-camerounaise, qui semble se rénover davantage avec l'établissement des axes de coopération prioritaires qui existent entre le pays du Soleil-Levant et « le triangle national » et qui sont appelés à se densifier davantage à moyen et à long terme.

    Nous analyserons tour à tour le réchauffement des relations diplomatico- culturelles établies entre ces deux pays (section 1) et par la suite les axes de coopérations tangibles qui se sont noués et qui sont appelés à s'approfondir (section 2)

    SECTION I : LE RECHAUFFEMENT DES RELATIONS DIPLOMATICO-CULTURELLES

    Il sera question ici de considérer les relations diplomatiques entre le Japon et le Cameroun comme des liens progressivement replètes (paragraphe 1), mais aussi des échanges culturels denses (paragraphe 2)

    PARAGRAPHE 1 : LE JAPON ET LE CAMEROUN : DES RELATIONS DIPLOMATIQUES PROGRESSIVEMENT REPLETES

    Les premiers contacts entre le Japon et le Cameroun sont antérieurs à la Deuxième Guerre Mondiale puisqu'il est signalé la présence nippone parmi les partenaires commerciaux du Cameroun en 1938. En janvier 1960, date d'accession à l'indépendance, le Cameroun devient un acteur des relations internationales en établissant des relations diplomatiques avec des Etats comme le Japon, représenté aux cérémonies par M. Fujieda. Une option fondamentale, « notre politique de non alignement et de coopération nous porte tout naturellement à dépasser le cadre de l'Afrique (...) pour étendre la trame de nos amitiés à d'autres régions du monde, notamment à la lointaine Asie, berceau de toutes les grandes potentialités économiques et humaines » assurait le Président camerounais Ahmadou Ahidjo193(*)

    Malgré la signature de quelques traités, l'officialisation des relations entre le Japon et le Cameroun a revêtu un caractère plus symbolique que pratique car pendant plus de 25 ans, ces deux Etats n'ont pas procédé à des échanges de représentants résidents. Les intérêts du Cameroun dans l'archipel nippon ont été gérés par l'ambassadeur camerounais à Pékin depuis décembre 1972, idem pour celui du Japon à Libreville. Ce qui a amené certains observateurs à noter « la faiblesse des flux politiques » des relations nippo camerounaises194(*). Les nominations des premiers ambassadeurs, avec ouverture d'ambassade à Tokyo et à Yaoundé sont intervenues respectivement en 1987 pour le Cameroun, et 1991 pour l'Empire du Soleil Levant. Avec la fin de la Guerre Froide, le Japon a pris l'initiative d'élargir son rayon d'actions dans le domaine des relations publiques internationales et plus précisément en Afrique. C'est pourquoi « dans un souci d'efficacité, le MOFA a entrepris d'implanter dans les pays amis, des représentations diplomatiques avec un personnel capable de mener des études afin de renseigner le gouvernement japonais sur les besoins réels des populations »195(*).

    Depuis 1991, six diplomates nippons se sont succédé à la tête de l'ambassade à Yaoundé à savoir par ordre d'arrivée, Suzuki Tadashi, Takeru Sassaguchi, Namio Takagi, Masaki Kuneida Kensuke Tsuzuki et Keiji Yamamoto qui est actuellement en poste. Du coté camerounais, trois ambassadeurs se sont déjà succédés à Tokyo196(*).

    Les deux pays sont respectueux du principe de non ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats et se soutiennent mutuellement au sein des institutions internationales. C'est ainsi que le Cameroun a apporté son soutien à la candidature de Koïchiro Matsuura, alors ambassadeur du Japon en France, au poste de directeur général de l'UNESCO. L'Empire du Soleil-Levant qui abrite le siège de l'Organisation Internationale des Bois Tropicaux (OIBT) a soutenu de son côté, l'élection le 12 mai 2007 d'Emmanuel Ze Meka au poste de directeur exécutif de cette instance, avec rang de secrétaire général adjoint de l'ONU. Paul Bamela Engo a aussi eu à bénéficier de l'appui nippon197(*) pour son élection à la fonction de juge au tribunal international du droit de la mer à Hambourg. Le Cameroun a par ailleurs obtenu le soutien du Japon qui siège au conseil d'administration du FMI lors de l'examen du dossier d'atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE198(*). Les 23 et 24 Juin 2003 déjà, le Cameroun a eu à abriter l'une des trois réunions préparatoires de la TICAD III. Une véritable entreprise diplomatique qui a renforcé l'axe Tokyo-Yaounde. Selon Seigi Hinata, ambassadeur chargé de la TICAD III, ce choix n'est pas le fruit du hasard puisque « le Cameroun est devenu un grand pilier de la croissance économique dans la région. Il faut le soutenir en renforçant l'éducation de sa jeunesse, en améliorant ses télécommunications ; notamment l'Internet, en formant des techniciens dans le domaine de l'électronique, de sorte que les investisseurs qui font les affaires via Internet aient des raisons supplémentaires de s'installer au Cameroun ».199(*) Les experts de 25 pays d'Afrique centrale et occidentale, le PNUD, les Nations Unies, la Banque Mondiale, la CMA sont ainsi venus à Yaoundé pour examiner les thèmes relatifs au développement des Etats ainsi que les modalités d'appui du processus de la TICAD à la mise en oeuvre du NEPAD.

    Durant les dernières élections Présidentielles de 2004, le gouvernement nippon a offert des urnes transparentes, formé des observateurs notamment ceux de l'ONG Conscience Africaine- qui a reçu un don de 8 400 000 Fcfa- et affecté une dotation financière à l'Observatoire National des Elections (ONEL) pour le suivi du déroulement des dites opérations. Cette action peut être vue comme un acte de prévention des conflits quand on sait qu'une élection mal organisée et mal gérée peut être l'étincelle qui amène une guerre civile. Dans le cadre de l'appui au cinquième programme de Renforcement des Capacités Africaines de Maintien de la Paix (RECAMP), qui entend donner aux pays africains les capacités à maintenir eux-mêmes la paix en Afrique, le Japon a financé la construction et l'équipement d'un magasin de médicaments à Garoua 200(*)

    PARAGRAPHE 2 : LE JAPON ET LE CAMEROUN : DES RELATIONS SOCIO CULTURELLES EN NETTE PROGRESSION

    La densité de ses relations peut se vérifier tant sur le domaine de la coopération décentralisée que dans les échanges entre les deux peuples.

    En ce qui concerne le premier domaine, il faut dire que les premiers jalons de coopération décentralisée entre le Cameroun et le Japon ont été posés à l'occasion de la 17ème coupe du monde de football, au Japon au courant de l'année 2002. L'équipe de football des « Lions Indomptables » a été accueillie par la ville japonaise de Nakatsue Mura, dans la province d'Oita. Le Ministère des Relations Extérieures (MINREX) et le Fonds Spécial d'Equipement et d'Intervention intercommunale (FEICOM), ont posé les bases de cette coopération lors d'une mission conjointe effectuée au mois de mai et juin 2002. Depuis que Nakatsue Mura, petit village de près de 5 000 habitants a servi de camp de base aux  «Lions Indomptables », le maire de cette commune, Yasumu Sakamoto et sa population entretiennent d'excellentes relations d'amitié et d'accords de jumelage entre Nakatsue et la commune de Meyomessala d'une part, et entre Sangmelima et Oita d'autre part201(*).

    Les couples Sangmelima/Oita et Meyomessala/Nakatsue ont constitué le coup d'envoi et le modèle d'un processus appelé à s'élargir dans le cadre de la Cameroon-Oita Friendship Association. Le maire de la commune de Meyomessala a accueilli une délégation conduite par le maire de Nakatsue Mura, forte d'une quarantaine de membres en février 2003. Une délégation de la préfecture d'Oita, conduite par son gouverneur, s'est également rendue à Sangmelima au cours du mois d'octobre de la même année. C'est dans ce cadre que, « des conventions de jumelage ont été signées entre les deux parties, où celles-ci, s'engageaient à coopérer dans divers domaines, notamment le domaine socioculturel, incluant l'éducation.  Il était en effet question d'encourager les échanges constructifs entre établissements scolaires relèvant de leur circonscription respective. La principale réalisation de la partie japonaise dans le domaine de l'éducation est un projet d'aménagement de l'école des villages Efoulan/Yassaman près de Meyomessala dont le contrat de don a été signé le 07 Janvier 2004202(*).

    En ce qui concerne le renforcement des échanges entre les peuples camerounais et japonais, il a connu une phase décisive le 27 Octobre 2006 avec l'inauguration officielle du bureau de la JICA à Yaoundé203(*). La cérémonie a donné l'occasion de revisiter le chemin parcouru depuis 1965- année au cours de laquelle a commencé la relation entre le Cameroun et la JICA- et de se projeter vers l'avenir. Dans son discours inaugural, le vice Président de la JICA, Kazuhisa Matsuoka a révélé que le nouvel élan permet désormais d'activer les échanges réciproques entre les peuples camerounais et japonais.204(*)  Cette option se concrétise avec l'affectation au Cameroun de six volontaires japonais. Ces pionniers issus du programme JOCV, ont pour mission pendant leur séjour de deux ans, de contribuer au renforcement de la capacité de développement de leur pays d'accueil, le Cameroun, en vivant et en travaillant avec son peuple. Toutes choses qui augurent de nouvelles retombées qui vont certainement booster une relation qui, bien que très chaleureuse et fructueuse n'a pas encore atteint son paroxysme, comme l'a si bien fait remarquer M. Kazuhisa Matsuoka. Dans un milieu mondial d'une prodigieuse vitalité, de telles initiatives fournissent des facilités, des occasions, des lieux de rencontre, des médiations par des conseils entre différents peuples.

    Ainsi, les 26, 27 et 28 Août 2007, une vingtaine de maîtresses du primaire et de la maternelle ont participé à Mfou et à Mbalmayo à un séminaire sur les techniques pédagogiques par le jeu, sous la houlette de ces volontaires japonais. Cette rencontre de sensibilisation et d'informations sur l'éducation de la petite enfance est intervenue dans le cadre des stages effectués par deux directrices d'écoles maternelles, les dames Mengue Mvogo et Lema Marguerite au Japon. Les deux enseignantes ont bénéficié de cette formation grâce à la JICA.205(*) Depuis 1980, c'est plus de 200 Camerounais, hommes et femmes qui ont pu bénéficier de ce programme pour des durées de 6 semaines à 8 mois. Ces stages se font dans des domaines aussi variés que la planification économique, les télécommunications, le développement urbain, l'agriculture, la sécurité alimentaire, l'éducation, la douane, la mécanique.206(*) Pour renforcer les liens entre les deux peuples, une association des anciens stagiaires de la JICA avec comme premier Président Emmanuel Mbarga, a vu le jour et est installée à Yaoundé.

    L'objectivation de ce qui précède peut conduire à la mise en exergue d'un dynamisme politico - diplomatique qui est complété par une densification de partenariat dans des domaines de coopération tangibles pour les deux pays.

    SECTION II : LES AXES DE COOPERATION NIPPO-CAMEROUNAIS TANGIBLES

    Ces axes concernent aussi bien les domaines traditionnels (paragraphe 1) que les nouveaux secteurs (paragraphe 2)

    PARAGRAPHE 1 : DANS LES DOMAINES TRADITIONNELS : PRIORITE A LA « BIO COOPERATION »

    Ces domaines concernent aussi bien l'éducation et la santé (b) et le développement rural (b)

    a) L'éducation et la santé

    Cela ne fait l'ombre d'aucun doute que le domaine où le Japon s'est investi le plus au Cameroun dès les années 2000 est sans conteste le secteur social et particulièrement le domaine de l'éducation. En effet, le Japon a fait de la construction des écoles primaires un des fleurons de sa coopération avec le Cameroun. Lors des différentes TICAD, le Japon a réaffirmé son engagement à l'encadrement des ressources humaines, renforçant ainsi les actions entreprises dans ce cadre, dont le Cameroun bénéficie à travers le projet non remboursable de constructions d'écoles primaires. Il y aura ainsi plusieurs échanges de notes entre les deux pays.

    Les sites de projet de constructions d' « écoles primaires japonaises » ont été choisis dans des zones urbaines populeuses où existaient des écoles vétustes et de faible capacité. Le projet se propose de remplacer ces dernières par des structures modernes et fonctionnelles.

    Le Japon a eu ainsi à débourser « près de 46 milliards de FCFA pour la construction et l'équipement de 96 écoles et 1235 salles de classe au Cameroun couvrant les provinces du centre, littoral, Ouest, Sud, Sud-Ouest, Nord et extrême Nord »207(*). Pour la première phase du premier projet, il s'est agit des écoles publiques de Bepanda, de la Cité berge, de Bonadiwoto, de Nkolbong, de Logbessou, de Nylon, de l'aéroport, de Massoumbou, des écoles publiques bilingues de Ndobo, Bonabéri et Bonamoussadi, des Government Elementary and Primary School (GEPS) de Bépanda et du camp Bertoud. La troisième phase du troisième projet se focalise sur les écoles primaires de Garoua au Nord et de Maroua dans l'Extrême-Nord ; deux provinces qui jusque-là n'avaient pas bénéficié de ces infrastructures scolaires. Dans le cadre de la TICAD IV, cette construction d'école est déjà à sa 5ème phase et deux requêtes ont été adressées par la partie camerounaise à l'endroit de la partie japonaise pour la réalisation de ce 5ème programme de construction d'écoles primaires et pour le premier programme de construction des écoles normales d'instituteurs (ENIEG) afin de répondre à la demande sans cesse croissante de l'offre d'éducation. Une troisième requête va permettre de doter plusieurs établissements scolaires types « dons  japonais » en panneaux solaires.208(*)

    Dans le domaine de la santé, en 1992, le Japon a accordé 1 milliard 98 millions de F CFA pour équiper les hôpitaux centraux de Yaoundé et de Douala (fourniture de gastroscopes, bronchoscopes, échocardiographies, unités dentaires, appareils de radiographie dentaire, tables d'opération gynécologique, bistouris électriques, chariots d'urgence). Toutes les dix provinces du Cameroun ont reçu au moins une fois un don du Japon constitué pour l'essentiel d'équipements sanitaires et/ou de la construction des centres de santé associé à la formation des personnels sanitaires. On peut citer entre autres comme probatio - probatissima, l'hôpital Mary Health of Africa à Fontem, pour 23 970 700 F CFA, le centre de santé de Djinang pour 26 580 000 F CFA, les services d'urgences de la croix rouge camerounaise pour 21 000 000 F CFA ou encore le centre de santé développé de Nkoabang pour 19 900 000 F CFA.209(*)

    b) Le développement rural

    L'hydraulique rurale constitue une première priorité ici. A cet effet, dans cette lutte pour assurer le devenir de l'homme, l'Empire du Soleil-Levant a aussi grimpé sur la dunette pour résoudre les problèmes liés à l'accès des couches sociales à l'eau potable. Entre 1996 et 1998, le Japon a accordé un financement de 6 milliards et un million de F CFA pour l'adduction d'eau en milieu rural dans les provinces du centre (Awae, Ngomedzap), du littoral (Dibombari), de l'Ouest (Bandjoun, Tonga). Le 20 juin 2006, le gouvernement nippon a déboursé 2.5 milliards de FCFA dans le projet d'hydraulique rurale. Le projet est censé réduire les risques de contamination des maladies infectieuses liées à la qualité de l'eau dans les zones rurales et alléger les travaux domestiques aux femmes et aux enfants. Au cours de cette phase, 100 forages ont été construits au total dont 55 dans le centre, 38 dans le littoral, 7 dans l'Adamaoua. La quatrième phase a été officiellement lancée le 10 août 2007. Elle renforce l'appui en matière d'hydraulique rurale. Le gouvernement japonais a une fois de plus accordé un don au Cameroun s'élevant à 1.8 milliard de FCFA pour 85 forages disséminés dans les provinces de l'Adamaoua et du Sud. Plus récemment, le Japon s'est engagé à réaliser d'ici à 2015 500 forages dans les régions du Centre, du Sud, de l'Ouest, du Littoral et du Sud-ouest, il a également engagé une étude en vue de construire 20 adductions d'eau par pompage solaire ou éolien dans les régions septentrionales. Il s'est également engagé avec le gouvernement camerounais le développement de certains sites hydroélectriques prioritaires, notamment ceux de Mandourou, Mbijal, Vogzoum, Fo et Lancrenon210(*)

    Dans le cadre de la valorisation de la pèche, le Japon est disposé à aider le Cameroun dans l'amélioration de la quantité des produits halieutiques. Dans cet optique le Cameroun s'attend à ce que le Japon appuie le Centre Communautaire de pèche de Kribi. En outre pour moderniser le secteur de l'élevage bovin, le Japon a été sollicité pour mettre en place des unités d'abattage et de conditionnement et de stockage au Cameroun.

    PARAGRAPHE 2 : DANS LES DOMAINES NOVATEURS

    Ces domaines concernent prioritairement les infrastructures (a), et l'amélioration de la compétitivité de l'économie camerounaise (b)

    a) Les infrastructures

    Elles concernent aussi bien les infrastructures routières qu'électriques.

    En ce qui concerne les routes, le Japon a financé le corridor Bamenda-Enugu à hauteur de 4,54 milliards de yen, soit environ une vingtaine de milliards de francs cfa. Financement qui a été conclu le 31 Mars 2009 entre l'ambassadeur japonais S.E Keiji Yamamoto et le ministre camerounais Louis Paul Motaze. Financement entré en vigueur le 31 octobre 2009211(*). A coté de ce projet qui est cour de réalisation, d'autres sont en cour de finalisation et connaitront d'ici 2015 si une concrétisation si les engagements sont maintenus. Il s'agit entre autre ;

    · la route Bertoua-Batouri-Kenzou-frontière de la RCA

    · route Batchenga-Ntui-Yoko-Tibati-Ngaoundéré

    · route Sangmelima-Mengong

    · route Ebolowa-Kribi

    · route Kumba-Manfe

    · route Yaoundé-Kribi : tronçon Olama-Kribi212(*)

    En ce qui concerne les infrastructures d'accroissement de l'offre d'énergie électrique, plusieurs projets ambitieux de renforcement des infrastructures électriques sont établis entre le Cameroun et le Japon. Dans le cadre de la TICAD IV, le projet d'hydraulique villageoise soumis au financement de la JICA pour 2010 est estimé à des milliards de francs cfa, en matière d'électrification rurale par l'énergie solaire, le Japon ayant une expertise avérée en la matière, le gouvernement camerounais attend la suite des requêtes y relatives adressées à la partie japonaise. Ces requêtes concernent le financement d'un certain nombre de projets ayant trait parmi lesquels on peut citer entre autre ; le Solar Panel Generating System Bakassi, le projet Hydro Power Generating System Ngambe Tikar, le Solar Panel Generating System Mbe. L'Agence d'Electrification Rurale (AER) a présenté ainsi deux projets qui peuvent augmenter l'offre d'énergie en milieu rural. Il s'agit de l'étude d'un plan énergétique national en vue de l'achèvement de l'électrification rurale et le projet relatif à l'électrification de 100 localités par des kits solaires individuels

    D'autres projets seront d'ici 2015 réalisés, il s'agit notamment :

    · l'interconnexion électrique Tchad -Cameroun et l'électrification des localités traversées à partir du barrage de lagdo et l'aménagement hydroélectrique de75 MW sur la Bini à Warack

    · de la construction de nouvelles lignes de transport de 225 KV sur le réseau interconnecté Sud (RIS) : Songloulou- Yaoundé (220km), Nkongsamba-Bafoussam (95km), Edéa-Douala (60km)213(*)

    b) l'amélioration durable de la compétitivité de l'économie camerounaise

    Afin de rendre l'économie camerounaise plus compétitive qui pourra lui permettre de mieux s'insérer dans le marché mondial, le Japon a entrepris de mettre sur pied un certain nombre de programme d'appui qui doivent accompagner le Cameroun dans cet élan. Ces programmes d'appui financé sous forme de dons et de la coopération technique consistent notamment à :

    · la mise à niveau des entreprises camerounaises afin de mieux s'arrimer aux standards internationaux du marché et attirer les investissements privés étrangers

    · au développement des technologique de la transformation des matières premières agricoles, halieutiques et pastorales

    · la valorisation des inventions et innovations technologiques

    · La mise en place des technopoles

    · L'élaboration du 2ème plan d'industrialisation du Cameroun

    · L'élaboration d'une banque des projets d'investissement privés214(*)

    Quant au Plan de Développement des Petites et Moyennes Entreprises (PME), il faut dire qu'un plan directeur du développements des PME a été élaboré par le gouvernement camerounais car les PME sont considérées comme le moteur de la croissance. C'est l'un des secteurs stratégiques sur lequel le gouvernement ambitionne s'appuyer comme un des leviers de son émergence à l'horizon 2035. Pour ce faire, le Japon entend soutenir le Cameroun dans cette ambition et en accord avec ce dernier, a mis un programme d'appui destiné à :

    · La mise en place d'une institution de financement des PME

    · La création et au développement des PME de transformation et de conservation des produits locaux de masse

    · La facilitation de la migration des acteurs du secteur informel vers le secteur formel215(*).

    En ce qui concerne la lutte contre les changements climatiques, il faut rappeler que le Japon apporte son appui financier dans le cadre de la Commission des Forêts de l'Afrique Centrale (COMIFAC) le volet y relatif. Il apporte par ailleurs son appui à l'élaboration d'une politique nationale d'atténuation et d'adaptation aux changements climatiques. Pour cela, il apporte un appui financier substantiel au programme d'appui à la mise en oeuvre d'approches intégrées et globales de l'adaptation aux changements climatiques. Ce projet national ambitieux qui a été lancé en Septembre 2010 et qui doit s'achever d'ici Aout 2012, poursuit un double objectif à savoir ; améliorer la capacité d'adaptation du Cameroun aux changements climatiques et promouvoir les mesures d'adaptation précoces et établir les fondations pour un investissement à long terme de résistance aux changements climatiques.216(*)

    En somme, au moment où le Cameroun ambitionne d'être un pays émergent à l'horizon 2035, il attend de son partenaire japonais une contribution efficiente dans la formulation des réponses adéquates à toutes préoccupations mentionnées dans le DSCE afin de lui permettre d'exploiter de manière optimale toutes les opportunités des ressources tant financières que technique et/ou technologique que lui offre sa coopération avec ce partenaire.

    CONCLUSION GENERALE

    Au crépuscule de cette réflexion, il serait idoine de rappeler le fil d'Ariane qui nous a guidé tout au long de son développement jusqu'à sa boucle. Tout d'abord il était question tout au long de ce travail de s'interroger sur les mutations et les enjeux que l'on peut relever entre la TICAD III et la TICAD IV dans la politique africaine de coopération du Japon. Raison pour laquelle nous nous sommes posé la question de savoir si la TICADIV augurait-elle une nouvelle orientation de la politique africaine de coopération du Japon,  comparativement à la TICAD III? Si oui, dans quelle mesure et pour quelle finalité ? En guise d'hypothèses, nous avons avancé que la TICAD IV, comparativement à la TICAD III semblait augurer une nouvelle ère dans l'offre au développement du Japon à l'égard de l'Afrique. Ceci, dans la mesure où une lecture attentive des résolutions qui ont été prises à l'issue de cette quatrième conférence révèle une nouvelle doctrine dans la politique africaine de coopération du Japon à travers la Ticad. En effet, depuis la TICAD IV, le Japon semble être passé d'une coopération sociale à un business cooperation. Cette nouvelle orientation de sa politique de coopération vis-à-vis de l'Afrique, en termes d'offre de développement semble s'inscrire dans cette volonté du Japon à vouloir non seulement capitaliser l'appui de l'Afrique dans son combat à obtenir un siège de membre permanent au CS/NU, mais aussi de pouvoir contrer la poussée hégémonique de son rival millénaire qu'est la Chine, mais aussi de l'Inde qui sont en train d'investir de manière irrésistible le continent africain. Le recours simultané à la méthode comparative, à l'analyse stratégique, à l'analyse documentaire et à l'interview nous a permis de procéder à la vérification de nos hypothèses. L'ossature de ce travail fut bâtie en deux parties. Dans la première, il était question de rendre compte de la place du Japon dans la configuration mondiale tandis que la seconde partie s'est focalisée sur l'analyse de l'action du Japon en Afrique par le biais de la TICAD.

    Parvenu au terme de ce développement, on peut dire que nos hypothèses ont été vérifiées dans le sens de leur confirmation car l'observation faite de la coopération nippo- africaine par l'entremise de la TICAD dont la 4ème édition est venue apporter un coup d'accélérateur par rapport à l'édition précédente , non seulement en termes de mobilisation, mais aussi au regard des engagements forts qui ont été pris par le gouvernement japonais, augure une nouvelle ère de coopération dans la toile qui relie l'empire du Soleil -Levant et le continent africain. Même s'il faut reconnaitre que la rupture qu'apporte la TICAD IV n'est pas totale par rapport à la 3ème édition

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    (ESSTIC)

    IV/ RAPPORTS ET AUTRES DOCUMENTS

    Allocution introductive de junichiro koizumi, premier ministre du japon a l'occasion de la TICAD III à Tokyo le 29 septembre 2003

    Allocution d'ouverture de la 4eme TICAD du premier ministre du japon, monsieur yasuo fukuda le 28 mai 2008 à Yokohama

    Le plan d'action de Yokohama (2008)

    Rapport annuel 2008 sur la réalisation du plan d'action de la 4eme TICAD,

    Rapport d'activites annuel de la ticad IV 2009

    V / SITES WEB CONSULTES

    http://www.miti.go.jp/index-e.html

    http://www.mof.go.jp/english/

    http://mofa.go.jp/

    www.jica.go.jp

    www.atimes.com

    http://poldev.revues.org/118

    www.unites.uqam.ca/gric

    http://www.jda.go. jp/info-htm

    www.ticad.net

    ANNEXES

    TABLE DES MATIERES

    EPITRE DEDICATOIRE....................................................................................................I

    REMERCIEMENTS ..........................................................................................................ii

    LISTE DES ACRONYMES ............................................................................................. iii

    LISTE DES ANNEXES.......................................................................................................v

    SOMMAIRE....................................................................................................................vi

    PROLEGOMENES 1

    I- PRESENTATION DU SUJET 2

    II- L'INTERET DU SUJET 7

    a) l'intérêt heuristique 7

    b) l'intérêt pratique 9

    III-DEBLAYAGE CONCEPTUEL 9

    1) La Coopération 10

    2) La politique étrangère 10

    3) Le développement 12

    IV- REVUE DE LA LITTERATURE 13

    V-PROBLEMATIQUE 16

    VI-HYPOTHESES DE RECHERCHE 16

    VII -CADRE THEORIQUE D'ANALYSE 17

    VIII- QUESTION DE METHODE 19

    IX/ ANNONCE DU PLAN 20

    PREMIERE PARTIE : LE JAPON DANS LA CONFIGURATION MONDIALE CONTEMPORAINE 21

    CHAPITRE I : LE JAPON DANS : L'ARCHICTECTURE INTERNATIONALE : UNE PUISSANCE  MOYENNE ? 23

    SECTION I : LA NOTION DE PUISSANCE MOYENNE : A LA RECHERCHE D'UN SENS 23

    PARAGRAPHE 1 : LES TROIS PRINCIPALES APPROCHES DE LA NOTION DE PUISSANCE MOYENNE 24

    a) Le modèle fonctionnel 24

    b) Le modèle behaviouriste 25

    c) le modèle hiérarchique..................................................................................................................................26

    PARAGRAPHE 2 : VERS UNE PRECISION NOTIONELLE DE PUISSANCE MOYENNE 27

    SECTION II : L'ENRACINEMENT DU CONCEPT DE PUISSANCE MOYENNE DANS LA POLITIQUE ETRANGERE DU JAPON 30

    PARAGRAPHE 1: LES DONNEES THEMATIQUES DE L'ACTION INTERNATIONALE NIPPONE : LES PARAMETRES D'UN CHAMP DIPLOMATIQUE 30

    a) La rhétorique de la paix et de la prospérité comme support du libre échange 31

    b) La rhétorique de la paix et de la prospérité comme support de la solidarité internationale 33

    PARAGRAPHE 2 : LA DIALECTIQUE SUBORDINATION /AUTONOMIE COMME FACTEUR STRUCTURANT DE LA POLITIQUE ETRANGERE NIPPONE. 34

    CHAPITRE II : LE JAPON EN ASIE : UNE PUISSANCE REGIONALE PARADOXALE ? 36

    SECTION I : LES FACTEURS GEOSTRATEGIQUES ET HISTORIQUES STRUCTURANTS DE LA POLITIQUE ASIATIQUE DU JAPON 36

    PARAGRAHE 1 : LES CONTRAINTES GEOSTRATEGIQUES 37

    PARAGRAPHE 2 : UNE HISTOIRE DOULEUREUSE AVEC LES ETATS VOISINS 38

    SECTION II : APERCU DE LA POLITIQUE DE COOPERATION ASIATIQUE DU JAPON. 40

    PARAGRAPHE 1 : LA POLITIQUE ECONOMIQUE DU JAPON POUR L'ASIE 41

    PARAGRAPHE 2 : LA POLITIQUE STRATEGIQUE REGIONALE DU JAPON 42

    a) la péninsule coréenne...................................................................................................................................................43

    b) La Chine et Taiwan 44

    PARAGRAPHE 3 : LA POLITIQUE CULTURELLE DU JAPON EN ASIE 45

    a) Historique de la politique culturelle. 46

    b) Culture et crise économique 46

    CHAPITRE III : LE JAPON DANS LE PAYSAGE GEOPOLITIQUE AFRICAIN : UNE PUISSANCE D'APPOINT STRATEGIQUE ? 49

    SECTION I : LES CADRES HISTORIQUE ET COGNITIF STRUCTURANTS LES RELATIONS NIPPO-AFRICAINES. 49

    PARAGRAPHE 1 : LES RELATIONS JAPON -AFRIQUE : ENTRE ANCIENNETE ET EPISODIE. 49

    a) Pendant la période précoloniale 49

    b) De la colonisation à la guerre froide : entre neutralité et implication 51

    PARAGRAPHE 2: LE JAPON DANS L'UNIVERS COGNITIF DES AFRICAINS : « UN ERSATZ GEOSTRATEGIQUE ET TECHNOLOGIQUE » 54

    SECTION II : LES AMBITIONS AFRICAINES DU JAPON 56

    PARAGRAPHE 1 : LA PAIX ET LA SECURITE 56

    PARAGRAPHE 2 : LA DIPLOMATIE DE L'AIDE 58

    PARAGRAPHE 3 : LE COMMERCE ET l'INVESTISSEMENT 60

    DEUXIEME PARTIE : LE JAPON, LA TICAD IV ET L'AFRIQUE 64

    CHAPITRE IV : LA TICAD IV COMME UNE NOUVELLE DOCTRINE DANS LA POLITIQUE AFRICAINE DE COOPERATION DU JAPON 66

    SECTION I : DE « LA BIO COOPERATION » SOUS LA TICAD III... 66

    PARAGRAPHE 1 : LES AXES DE COOPERATION PRIORITAIRES DECLINES SOUS LA TICAD III 66

    a)Un développement centré sur l'homme 66

    b)La réduction de la pauvreté par la croissance économique 67

    c)La consolidation de la paix 67

    PARAGRAPHE 2 : REGARD SYNOPTIQUE SUR LES ACTIONS MARQUANTES DU JAPON DANS LE CADRE DE LA TICAD III EN AFRIQUE 68

    SECTION II : ... A LA « BUSINESS COOPERATION » SOUS LA TICAD IV 71

    PARGRAPHE 1 : L'ACCELERATION DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE PROMOTION DU COMMERCE ET L'INVESTISSEMENT COMME L'AXE DE COOPERATION INNOVANT ET PRIORTAIRE DU JAPON SOUS LA TICAD IV 71

    a)Dans le domaine des infrastructures 72

    b) dans le domaine du commerce 73

    c) l'accélération des investissements étrangers 73

    d) dans le secteur agricole 74

    PARAGRAPHE 2 : LES QUESTIONS CLIMATIQUES ET ENVIRONNEMENTALES COMME AUTRE AXE DE COOPERATION INNOVANT ET PRIORITAIRE DE LA TICAD IV PAR RAPPORT A LA TICAD III 75

    PARAGRAPHE 3 : ETAT D'AVANCEMENT DE LA TICAD IV 77

    SECTION III : LA REMANENCE DE LA « BIO COOPERATION » SOUS LA TICAD IV 82

    PARAGRAPHE 1 : LES AXES SOCIAUX DE COOPERATION SOUS LA TICAD IV 82

    a) la santé.................................................................................................................................................................................82

    b) l'éducation 83

    PARAGRAPHE 2 : L'ETAT D'AVANCEMENT DE LA TICAD IV DANS LES SECTEURS SOCIAUX 84

    CHAPITRE V : LES ENJEUX LIES A L'ACCELERATION DE LA COOPERATION NIPPO-AFRICAINE PAR LE BIAIS DE LA TICAD IV 88

    SECTION I : LES ENJEUX TRADITIONNELS : LA CAPITALISATION DES SOUTIENTS AFRICAINS EN VUE DE L'OBTENTION DU SIEGE DE MEMBRE PERMANENT AU CONSEIL DE SECURITE DES NATIONS UNIES 88

    PARAGRAPHE 1 : LA REFORME DU CONSEIL DE SECURITE : UN POINT FOCAL DE LA DIPLOMATIE NIPONNE 89

    PARAGRAPHE 2 : LE PLAIDOYER PRO DOMO COMME FIL D'ARIANE DE LA RHETORIQUE DIPLOMATIQUE NIPPONE 90

    SECTION II : LES « NOUVEAUX ENJEUX » : CONTRER L'OFFENSIVE DES « PEER COMPETITORS » ASIATIQUES PRESENTS SUR LE CHAMP AFRICAIN. 92

    PARAGRAPHE 1 : L'OFFENSIVE AFRICAINE DE LA CHINE 92

    PARAGRAPHE 2 : LES CONVOITISES PRESSANTES DE L'INDE EN AFRIQUE 95

    CHAPITRE VI : LE JAPON ET LE CAMEROUN : VERS UN PARTENARIAT RENOVE SOUS LA TICAD IV ? 97

    SECTION I : LE RECHAUFFEMENT DES RELATIONS DIPLOMATICO-CULTURELLES 97

    PARAGRAPHE 1 : LE JAPON ET LE CAMEROUN : DES RELATIONS DIPLOMATIQUES PROGRESSIVEMENT REPLETES 97

    PARAGRAPHE 2 : LE JAPON ET LE CAMEROUN : DES RELATIONS SOCIO CULTURELLES EN NETTE PROGRESSION 99

    SECTION II : LES AXES DE COOPERATION NIPPO-CAMEROUNAIS TANGIBLES 101

    PARAGRAPHE 1 : DANS LES DOMAINES TRADITIONNELS : PRIORITE A LA « BIO COOPERATION » 101

    PARAGRAPHE 2 : DANS LES DOMAINES NOVATEURS 104

    CONCLUSION GENERALE 106

    REFERENCES 107

    ANNEXE............................................................................................................................112

    * 1 Nous avons emprunté ce néologisme à T. HOBBES, philosophe Anglais qui a dédicacé son ouvrage séminal Le Léviathan (paru en 1651) à son «  très honorable ami »   Francis GODOLPHIN de Godolphin

    * 2 Pour plus de détails sur cette « diplomatie duale » du Japon à l'égard de l'Afrique, cf. Jun Morikawa (1997), Japan and Africa. Big business and diplomacy. London: Hust and Company.

    * 3 S. Kamo. (2004), "De l'engagement économique à l'engagement politique africain du Japon ". Afrique

    Contemporaine. N° 212. 4e trimestre, P. 58

    * 4 Cf. Rapport annuel 2008 sur la réalisation du Plan d'Action de la 4ème TICAD.P 04

    * 5 M.Obayashi (2004), " Ticad, un processus favorable pour le développement de l'Afrique ? " Afrique Contemporaine, n°212. 4e trimestre. p.78

    * 6 Idem

    * 7 dont notamment cinq pays africains conduits par leurs Présidents à savoir l'Ougandais Yoweri Museveni, le Ghanéen Jerry Rawlings, le Burkinabé Blaise Compaoré, le Botswanais Keith Masire et le Béninois Nicéphore Soglo

    * 8 S. Kamo (2004), op.cit; J. Morikawa (1997), Japan and Africa. Big business and diplomacy. London: Hust and Company.

    * 9 M. Aicardi de Saint-Paul, (1993), " Le Japon et l'Afrique : la Ticad et la déclaration de Tokyo ". Marchés

    Tropicaux. N° 2503. Pp. 2624 - 2625.

    * 10 Brunei, Chine, Inde, Indonésie, Corée du Sud, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande et Vietnam.

    * 11 M. Aicardi de Saint Paul, (1998)." Un donateur atypique : le Japon " in Afrique Contemporaine N° 188. 4eTrimestre, p.159.

    * 12 Cf annexe

    * 13 S. Kamo (2004), op. cit, p.65

    * 14 Participaient également à la conférence des représentants de 34 pays partenaires, y compris le G8 et des pays d'Asie.

    * 15 Résumé par le président de la TICAD IV, Yokohama 30 mai 2008, pp : 1-2 in www.ticad.net

    * 16 Obayashi (2004), op.cit, pp : 79-81.

    * 17 Idem, p.80

    * 18 J. Kita   (a), « Vers un changement politique majeur au Japon ? », La lettre du Centre Asie Ifri, n°22 du 15 Avril 2008.

    J. Kita. (b), « La 4ème TICAD : accélération de la coopération Japon-Afrique », la lettre du Centre Asie Ifri, n° 26 du 10Juin 2008.

    * 19 Le moment est venu pour le Ticad de faire un pas en avant significatif» a déclaré à la veille du sommet le ministre des Affaires étrangères japonais, Masahisko Koumoura, soulignant que la rencontre représentera l'occasion de définir des mécanismes et des stratégies de développement pour l'Afrique à long terme.

    Aussi, le Japon, comme le souligne le Financial Times dans un article publié le 27 Mai 2008, avait regardé le continent africain avec une certaine «distraction» ces dernières années, comme le prouve la récente diminution de 30% des aides au développement allouées par Tokyo à l'Afrique. C'est ainsi qu'à la veille de la conférence, la capitale japonaise s'est empressée d'annoncer une hausse de l'aide au développement qui, entre subventions et lignes de crédits préférentielles, devrait arriver à dépasser, selon l'agence de presse mozambicaine Aim, les cinq milliards d'euros d'ici 2012.

    * 20 Jamais depuis 1993, année de la Ticad I, cette conférence n'a connu une telle audience internationale en termes de participation au sommet, du nombre de réunions préparatoires ou encore d'engagement significatif de la part du Japon.

    * 21 Même si ses contours et ses lignes directrices restent tout de même à préciser.

    * 22 B. Badie (1999), Un monde sans souveraineté. Les Etats entre ruse et responsabilité. Paris: Fayard, p.16

    * 23 Parmi eux, figurent le Brésil, l'Inde, la Chine...

    * 24 A ce titre, il existe une abondante littérature parmi laquelle nous pouvons citer les travaux de Sogge (2003) ; Goulet et Hudson (1970) ; Mende Tibor (1975) ; Hayter (1971) ; Mbida (2007).

    * 25 L. Sindjoun (1999), Sciences politiques réflexives et savoirs sur les pratiques politiques en Afrique

    noire. Dakar : Codesria, p.13

    * 26 S.C Alima Zoa (2008), « Les clés de l'offensive politico-diplomatique du Japon en direction Afrique et du

    Cameroun depuis 1991  » ; Mémoire de DEA/Science Politique, FSJP, Université de Yaoundé II- Soa, p.09

    * 27Z. Laidi (dir.) (1992), L'ordre mondial relâché. Sens et puissance après la guerre froide. Paris : Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, p.62

    * 28J.V Ntuda Ebode (2005), " Le Japon dans le paysage géopolitique africain : Une puissance d'appoint stratégique ". Revue Africaine d'Etudes Politiques et Stratégiques. Université de Yaoundé II, N°04.

    * 29 J.J Servan-Schreiber (1983), "Aimer les Japonais ? " in E.F. VOGEL. Le Japon médaillé d'or. Leçons pour L'Amérique et l'Europe. Paris : Editions Gallimard, p.10

    * 30 Elenga-Ngaporo (2004), Le Japon, L'Asie et l'Afrique. Pour une Afrique performante. Paris : Editions silex /nouvelles du Sud.

    * 31 M. Grawitz (2001), Méthodes des sciences sociales, 11e édition, Dalloz, Paris.

    * 32 L'Ethique à Nicomacque

    * 33 Lexique de politique ,7ème éd, Dalloz, 2001

    * 34 H.Kissinger (2003), La nouvelle puissance américaine. Paris : Fayard, p.63

    * 35 N. Mouelle Kombi (1996). La politique étrangère du Cameroun. Paris : L'Harmattan, p.86

    * 36 F. Charillon (dir.) (2002). Politique étrangère. Nouveaux regards. Paris : Presses de Sciences Po.

    * 37 J.Stein (1992) "L'analyse de la politique étrangère : à la recherche de groupes de variables dépendantes et

    indépendantes". Etudes Internationales. N°4.

    * 38 J.Roseneau (1968), "Moral fervour, systematic analysis and scientific consciousness in foreign policy Research «in A. Ranney, ed. Political Science and Public Policy. Chicago: Markham, p.197

    * 39 C. Zorgbibe (1994), Les relations internationales. Paris : Presses universitaires de France. Collection Thémis, p 55

    * 40D. Battistella (2006), Théories des relations internationales, 2ème édition revue et augmentée, Presse de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, Paris, p.324

    * 41 Pour les tenants de cette tendance cf. les travaux de Marcel Merle (1984) ; B. Hocking (1993) ; J. Rosati et al. (1994)

    * 42 M-C Smouts, "Que reste-t-il de la politique étrangère?", in Pouvoirs, revue française d'études constitutionnelles et politiques, n°88, 1999, p.5-15. Consulté le 25-07-2010. URL : http://www.revue-pouvoirs.fr/Que-reste-t-il-de-la-politique.html

    * 43 Higgins cité par Valentin Nga Ndongo (1998), « Développement, Emancipation et Originalité» in Simo (dir) la politique de développement à la croisée des chemins. Le facteur culturel, Clé, Yaoundé, pp 43-62,

    * 44 Cité par Paul Kuaté (1998), « développement et économie » in Simo (dir) la politique de développement à la croisée des chemins. Le facteur culturel, Clé, Yaoundé, p.79

    * 45 V. Nga Ndongo (1998) op.cit, p.45

    * 46 Idem, pp : 45-47

    * 47 M. Kamto (1993), L'urgence de la pensée. Réflexion sur une précondition du développement en Afrique, Mandara, Yaoundé, p.56

    * 48 Cf. Kent Calder (1988); Potter and Sueo, (2003). Même si certains auteurs à l'instar de Yasutomo(1995), pensent que ce serait injuste de qualifier de réactive la politique étrangère nipponne qui n'a jamais hésité pourtant d'affirmer son indépendance (Cité par Cornelissen,( 2004),op.cit, page 34)  

    * 49 George.A. and G. Craig. (1983). Force and statecraft: diplomatic problems of our time. Oxford: University Press.

    * 50 Guzzini. S et S. Rynning (2002), "Réalisme et analyse de la politique étrangère" in Charillon (dir.), Politique étrangère. Nouveaux regards. Paris : Presses de Sciences Po. Pp. 33-63.

    * 51 Blom. A et F. Charillon (2001), Théories et concepts des relations internationales. Paris : Hachette, p. 14

    * 52 L. Sindjoun ( 2002), Sociologie des relations internationales africaines. Paris : Karthala, p.157

    * 53 Crozier. M et E .Friedberg. (1977), L'acteur et le système. Les contraintes de l'action collective. Paris : Seuil.

    * 54 Gazibo. M et J. Jenson (2004), La politique comparée. Fondements Enjeux et approches théoriques, Presse de l'université de Montréal, Montréal.

    * 55 A. Przeworski (1987), « Method of Cross-national Research 1970-1983, an overview » in comparative polity research learning from experience, Cambridge university press, Cambridge.

    * 56 J. Blondel (1994), « Plaidoyer pour un concept oecuménique de l'analyse comparée » in Revue Internationale de politique comparée, vol I ; n°1, p.12

    * 57 M. Grawitz (2001), op.cit, p.644

    * 58 Dans Qu'est-ce que la sociologie ? , en poche Pocket, 1970

    * 59 A l'instar d'Adam Chapnick dans «the Middle Power» in Canadian Foreign Policy, Vol. 7, No. 2 Winter 1999,p 73

    * 60 B. Badie (2008), Le diplomate et l'intrus, Paris, Fayard, p.218

    * 61 A. Chapnick, op.cit, pp : 73-77. D'autres auteurs à l'instar de Louis Bélanger et Gordon Mace (1997) travaillant sur les « Etats moyens » ont également déterminé trois critères permettant d'identifier les puissances moyennes à savoir relationnel, behavioriste et positionnel (cf. «Middle Powers and Regionalism in the Americas,» in Andrew F. Cooper (ed.) Niche Diplomacy: Middle Powers after the Cold War, Great Britain: Macmillan Press.

    * 62 J.L Granatstein, (ed.) (1970), Canadian Foreign Policy since 1945: Middle Power or Satellite? Toronto: Coop Clark Publishing Company.

    * 63 A. Chapnick, op.cit, p74

    * 64 L. Gelber, (1945). «Canada's New Stature» in Foreign Affairs 24 (October - July), pp:280-281

    * 65 B. Wood, (1988), The Middle Powers and the General Interest ,Ottawa: The North South Institute,p4

    * 66 L. Bélanger et G. Mace (1999). «Building Role and Region: Middle States and Regionalism in the Americas» in Bélanger and Mace The Americas in Transition: the Contours of Regionalism, Boulder, Colorado: Lynne Rienner Publishers,p153

    * 67 R. Cooper, A. Higgott et K. R Nossal (1993), Relocating Middle Powers: Australia and Canada in a Changing World Order ,Vancouver: UBC Press,p.19

    * 68 B. Wood, op.cit, pp : 19-20

    * 69 P. Cranford (1990). «Has Middle Power Internationalism A Future?» in Cranford Pratt (ed.) Middle Power Internationalism: The North South Dimension ,Kingston & Montreal: McGill- Queen's University Press,p.151

    * 70 C. Holbraad (1984), Middle Powers in International Politics ,London: Macmillan, chap 1, p.42

    * 71 D. Mitrany (1933). The Progress of International Government, London: George Allen & Unwin Ltd, p107.

    * 72 D. B Dewitt and J. J Kirton (1983). Canada as a Principal Power ,Toronto: John Wiley & Sons p.22

    * 73 S. Cornelissen (2004), « La politique Japonaise de moyenne puissance et l'Afrique » in Afrique contemporaine Hiver 53, p.38

    * 74 idem

    * 75 R.T Cox (1989), «Middlepowermanship, Japan and future world order», International Journal, vol. 44, n° 4, p825

    * 76 B.Badie, op.cit, p.219

    * 77 Idem, p.220

    * 78 Ibid., p.221

    * 79 Ibid., p222

    * 80 S. Cornelissen (2004), op.cit, pp : 48-49

    * 81 K. Kakizawa (1996), « La nouvelle définition de la politique étrangère du Japon » in Politique Etrangère, Volume 61, Numéro 2, p.293

    * 82 M.Green (2001). Japan's reluctant realism. Foreign policy challenge in an era of uncertain power. New York: Palsgrave.

    * 83 La majeure partie des idées développées dans cette sous partie ont été tirées du Mémoire de DEA d'Alima Zoa (2008), op. Cit, pp : 35-38

    * 84 Voir <www.mofa.go.jp/announce/fm/aso/speech0611.html>

    * 85 P. Mbogning (1999). "L'Asie dans la politique étrangère du Cameroun depuis 1960. Etudes des influences de l'histoire et des mutations internes et internationales sur la hiérarchisation des partenaires étrangers". Thèse de doctorat 3e cycle en Relations internationales, IRIC.

    * 86 Les quatre îles Kouriles avec l'URSS, l'île Tokushima avec la Corée et le minuscule archipel des Senkaku avec la RPC et Taiwan.

    * 87 J-M Bouissou, (1999), « une spécificité japonaise ? » in Pouvoirs, revue française d'études constitutionnelles et politique  n°88 : La politique étrangère aujourd'hui, p.100 Consulté le 10 /08/2010. URL : http://www.revue-pouvoirs.fr/la politique étrangère aujourd'hui.html

    * 88 Idem

    * 89 Op.cit, p.825

    * 90 Op.cit, p.150

    * 91 L'Asie orientale inclut l'ensemble des pays de l'Asie du Sud-est, de l'Indonésie au Vietnam, et ceux du Nord-Est, de Taïwan au Japon

    * 92 K. Postel-Vinay (2008), « Une puissance régionale paradoxale », in Questions internationales n° 30- mars-avril. Dossier le Japon, p.62

    * 93 J-M Bouissou, (1999) ; op.cit, p.96

    * 94 C'est-à-dire « situées à l'est de la Chine » : toute la géographie traditionnelle de l'Asie est sino-centrée

    * 95 J.M Bouissou (1999), op cit, pp : 96-97

    * 96 L'intégralité de cette partie est tirée de l'article de K. Postel-Vinay (2008), op.cit, pp : 64-66

    * 97 Fukuda déclara à cet effet : « Les relations entre le Japon et les pays d'Asie du Sud-Est ne devraient pas se fonder uniquement sur les liens matériels de la dépendance mutuelle. Le Japon doit aussi chercher à établir des liens spirituels solides d'amitié et de coopération dans la région et contribuer à son développement, sa sécurité et sa prospérité. » (Cité par K. Postel-Vinay (2008), op.cit, p.66)

    * 98 M Sadria, et J.M Bouissou (1997), «Le Japon et le monde: Tout est à réinventer», in Bouissou (dir), L'envers du consensus: Les conflits et leur gestion dans le Japon contemporain, Paris, Presses de Sciences Po

    * 99 E. Boulanger (2002), Le statut du Japon en Asie orientale Économie, politique, et sécurité, Groupe de recherche en économie et sécurité, p.17,( www.unites.uqam.ca/gric)

    * 100 Les documents officiels du gouvernement japonais parlent de l'Asie de l'est, une région qui englobe l'est de la Russie, la Chine, les deux Corée et Taiwan

    * 101 E. Boulanger (2002), op.cit, p.29

    * 102idem, p.30

    * 103 T. Maeda, «Japan, South Korea Forces Hold First-Ever Joint Naval Exercise», in The Japan Times International, 1-15 août 1999, p. 6

    * 104 National Institute for Defense Studies, « East Asian Strategic Review» 1997-98 & 1998-99. Agence de défense, Tokyo. [Http://www.jda.go. jp/info-htm]

    * 105 J.M Bouissou «Le Japon et la Chine: amour, haine et géostratégie», in Politique Étrangère, vol. 61, no. 2, été 1996, p. 315.

    * 106 Idem

    * 107 E.Boulanger (2002), op.cit, p.31

    * 108 Idem, pp : 33-35

    * 109 E. Boulanger (2002), op.cit, pp : 26-27

    * 110 K. Postel-Vinay (2008), op.cit, p.01

    * 111 Ministère des Affaires étrangères, « Japan's ODA: Amount and Percentage of GNP», Tokyo, 1998. http://www.mofa.go.jp/policy/oda/ summary/growth. html

    * 112 M. Aicardi de Saint-Paul (2010), « Japon-Afrique : genèse d'une relation pérenne » in Géostratégiques n°26 1er trimestre, p.186

    * 113 Idem

    * 114 Ibid, p187

    * 115 Article III du traité de Berlin de 1885 et de la convention de Saint-Germain-en-Laye de 1919, qui furent ratifiés au Japon.

    * 116M. Aicardi de Saint Paul (2010), op.cit, p.188

    * 117 Jun Morikawa , « The myth and reality of Japan's relations with colonial Africa », Journal of African Studies, publié par l'African Studies Center, UCLA, Los Angeles, printemps 1985.

    * 118 M. Aicardi de Saint-Paul, «  La Chine et l'Afrique entre engagement et désintérêt  », Géopolitique africaine, n° 14, avril 2004, pp. 51-65.

    * 119 M. Aicardi de Saint Paul (2010), op.cit, pp : 188-189

    * 120 Idem, p.189

    * 121 Ibid, p.190

    * 122 Ibid.

    * 123 Ibid

    * 124 La paternité de cette expression revient à Alima Zoa (2008), op.cit, p.155

    * 125 Cité par Ntuda Ebode (2005), op.cit, p.125

    * 126 J.V Ntuda Ebode (2005), op.cit, p.126

    * 127 On constate que ce pays fortement conservateur sur le plan culturel et religieux a réussi un puissant développement industriel qui ne porte pas atteinte à l'essence même de la société japonaise et de sa culture.

    * 128 Cité par S.C Alima Zoa (2008), op.cit, p156

    * 129 A. Kabou, (1991), Et si l'Afrique refusait le développement ? , l'harmattan, Yaoundé, p.177

    * 130 E. Nyambal. (2006). Créer la prospérité en Afrique. Dix clés pour sortir de la pauvreté.

    Paris: L'Harmattan, p.122

    * 131 B.Biao (1998)."Développement et mutations en Asie du Sud-est" in Simo (dir.) La politique de développement à la croisée des chemins. Le facteur culturel, Yaoundé: Editions Clé, p.144

    * 132 E. Hatcheu Tchawe (2004), "Gérer le développement du Cameroun après l'ajustement : et si le modèle venait d'Asie ? " Revue Africaine des Sciences Économiques et de Gestion. Vol. VI. N° 2. P.81

    * 133 Babissakana et Abissama Onana. (2005), Les débats économiques du Cameroun et d'Afriques. Yaoundé: Prescriptor,p.550

    * 134 Alima Zoa (2008), op.cit, p.157

    * 135 M. Aicardi de Saint Paul (2010), op.cit, p.190

    * 136 Idem, pp : 190-191

    * 137 Ibid., pp : 191-192

    * 138 Ibid. p.193

    * 139 M. Aicardi de Saint-Paul, « Un donateur atypique : le Japon », Les aides à l'Afrique en question, Afrique contemporaine, La Documentation française, n° 188, octobre-décembre 1998, pp. 147-159.

    * 140 Japan Bank for International Cooperation, Wikipedia, janvier 2010.

    * 141 M. Aicardi de Saint Paul (2010), op.cit, pp : 193-194

    * 142 S.Kamo (2004), op.cit, pp :63-64

    * 143 M. Aicardi de Saint Paul (2010) op.cit, p.  198

    * 144 Idem, pp : 198-199

    * 145 Ibid, p.199

    * 146 Source : MOFA, 2008

    * 147 M. Aicardi de Saint Paul (2010), op.cit, p.200

    * 148 Idem, p.201

    * 149 Cf. l'allocution d'ouverture de la TICAD III par le premier ministre Koizumi

    * 150 Idem

    * 151 Voir le Site Internet du MOFA <www.mofa.go.jp/policy/oda/reform/revision0308.pdf>.

    * 152 Son tout premier Président est le Camerounais Paul Fokam Kammogne. 

    * 153 Sources : Diplomatic Bluebook 2005,2006

    * 154 Source : www.mofa.go.jp

    * 155 Julien Kita (2007), op.cit

    * 156 PAY, 2008, pp : 2-3

    * 157 Idem p.04

    * 158 ibid

    * 159 Ibid., pp : 5-6

    * 160 Cf. Discours d'ouverture de la TICAD IV de Yasuo Fukuda le 28 Mai 2008

    * 161 Cf. PAY 2008, pp : 14-15

    * 162 Cf. Rapport d'activités annuel de la TICAD IV 2009, pp : 6-8

    * 163 Idem, pp :8-9

    * 164 Ibid p.10

    * 165 ibid

    * 166 Ibid, p.12

    * 167 Ibid, p13

    * 168 Ibid, p.23

    * 169 Ibid,p.24

    * 170 Cf. PAY 2008, pp:10-11

    * 171 Idem, pp : 08-10

    * 172 Rapport d'activités annuel de la TICAD IV 2009, pp : 18-19

    * 173 Ministère de l'Éducation, de la Culture, des Sports, de la Recherche et de la Technologie/Japan Society for the Promotion of Science

    * 174 Rapport d'activités annuel de la TICAD IV 2009, pp : 16-17

    * 175 J.V Ntuda Ebode (2005), op.cit, p.129

    * 176 Idem p.130

    * 177 J.D Aba (2001)." Les modalités d'élaboration de la politique africaine des Etats-Unis depuis la fin de la guerre froide". Thèse de doctorat. Paris : Sorbonne, p.622

    * 178 S.C Alima Zoa (2008), op.cit, p.135

    * 179 Rapport d'activités annuel de la TICAD IV 2009, p 22

    * 180 Idem

    * 181 L.Sindjoun (2002) op.cit, p.157

    * 182 V. Niquet (2006). « La stratégie africaine de la Chine » in. Politique Etrangère. Institut français des relations internationales. P. 362

    * 183 Selon un sondage Ipsos-Reid d'août 2007, 54% des Américains considèrent que « l'émergence de la Chine comme une hyper puissance constituerait une menace pour la paix ».

    * 184 V Niquet (2006), op.cit, p366

    * 185 Lire J.Eisnman et D. Stewart dans « China - Japan oil rivalry spills into Africa ». Cet article est disponible sur <www.atimes.com>, consulté le 04 octobre 2010.

    * 186 S.C Alima Zoa (2008), op.cit, p.146

    * 187 Philippe Hugon, (2010), « Les nouveaux acteurs de la coopération en Afrique », in Revue internationale de politique de développement, mis en ligne le 11 mars 2010, Consulté le 07 septembre 2010. URL : http://poldev.revues.org/118

    * 188 Valérie Niquet, (2007) « L'offensive africaine de la Chine », in La lettre du centre Asie, ifri, n°11

    * 189 Idem

    * 190 Julien Kita «  La 4ème TICAD : accélération de la coopération Japon-Afrique », la lettre du Centre Asie, IFRI, n° 26 du 10Juin 2008.

    * 191 Raphaël Gutmann, « L'Inde et le nouveau partage de l'Afrique : l'affirmation d'une puissance émergente » in

    Lettre du Centre Asie 23, avril 2008

    * 192 Philippe Hugon (2010), op.cit

    * 193 S.C Alima Zoa (2008), op.cit p.100

    * 194 P. Mbogning, (1999), op.cit p. 146

    * 195 R. Kouakam Mbenjo. (2005), "Les relations internationales par le biais du social. La construction des écoles par le Japon". Mémoire en sciences et techniques de l'information et de la communication. ESSTIC, p.35

    * 196Le premier ambassadeur du Cameroun au Japon a pour nom Etienne Ntsama, nommé en 1987 ; il est remplacé en 2002 par Lejeune Mbella Mbella, et l'actuel s'appelle Pierre Ndzengue, il a été nommé le 19 septembre 2008.

    * 197 Cf. « Etat des relations Cameroun/Japon » de la direction des affaires d'Asie, du Pacifique et de L'OCI du MINREX.

    * 198 Cameroon Tribune n°8588/4787, 28 Avril 2006

    * 199 Cameroon Tribune n° 7867/3156, 25 juin 2003

    * 200 Cameroon Tribune n°8635/4834, 06 juillet 2006

    * 201 S.C Alima Zoa (2008), op.cit, p.109

    * 202 Idem

    * 203 Le bureau de la JICA à Yaoundé qui est par ailleurs le tout premier en Afrique centrale, a comme premier représentant résident, Mme Yamamoto Rumiko.

    * 204 Cameroon Tribune n°8714/4913, 30 Octobre 2006

    * 205Cameroon Tribune n°8918/5117, 23 Août 2007

    * 206 S.C Alima Zoa (2008), op.cit, p.111

    * 207 Cameroon Tribune n° 8614/4813, 21 juin 2006

    * 208 Informations glanées suite à des entretiens avec des cadres du MINEPAT

    * 209 S.C Alima Zoa (2008), op.cit pp : 126-127

    * 210 Fruits des entretiens avec des cadres du MINEPAT

    * 211 Sources : Ambassade du Japon à Yaoundé

    * 212 Fruits des entretiens avec des cadres du MINEPAT

    * 213 Idem

    * 214 Ibid.

    * 215 Ibid.

    * 216 Source : informations récoltées suite à des entretiens avec des cadres du MINEP






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