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De la TICAD III à  la TICAD IV: enjeux et mutations de la politique africaine de coopération du Japon

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par Patrick Roger Mbida
Université de yaoundé II  - Master professionnel 2011
  

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VII -CADRE THEORIQUE D'ANALYSE

Notre étude s'investit dans le champ de l'analyse de la politique étrangère, plus connue sous l'expression anglo-saxonne de Foreign Policy Analysis (FPA). James Rosenau est sans doute avec Charles Kegley et Charles Hermann, l'un de ceux qui ont le plus contribué à lui donner corps dans le champ scientifique. Ces derniers comme Alexander George et Gordon Craig, décryptent la politique étrangère en tant que diplomatie ou art de gouverner (Statecraft)49(*). Pour appréhender globalement la stratégie nippone de conquête de l'espace international et africain en particulier, il nous a semblé judicieux de convoquer comme paradigmes, le réalisme et l'analyse stratégique dont nous évoquerons les postulats, la pertinence des thèses pour justifier notre choix théorique.

S'agissant du réalisme, la littérature courante fait monter ses racines à l'antiquité. Il prend une emphase avec Hobbes au XVIIIème siècle qui s'intéresse à la dimension conflictuelle des phénomènes internationaux et de l'anarchie, caractéristiques de la société internationale. Selon l'école réaliste, dont les hérauts ont pour nom Nicholas Machiavel, Hans Morgenthau et Raymond Aron, les phénomènes internationaux se fondent sur la réalité telle qu'elle existe et non sur un quelconque idéal. Ces auteurs ont toujours préféré la lucidité et développé une vision cynique ou pessimiste des rapports humains. Les Etats sont à la recherche permanente de leurs intérêts qu'ils réalisent en termes de puissance50(*). Ils sont considérés comme les seuls acteurs rationnels et leurs décisions de politique étrangère correspondent au rapport coûts / bénéfices le plus satisfaisant.

S'appuyant sur une tradition bodinienne et hobbesienne, Henry Kissinger observe la scène internationale comme un théâtre de quête de puissance, d'équilibre et de poursuite d'intérêts. « C'est cette puissance comparée à celle des autres, qui permet ou non d'affirmer ses prérogatives dans un monde marqué par l'omniprésence du rapport de force »51(*). En évoquant cette perspective, nous devons garder à l'esprit que l'interprétation réaliste des relations internationales participe en réalité d'un processus commun : celui qui est né avec la paix de Westphalie de 1648 et qui a établi un ordre politique plus tard qualifié d'ordre étatique international. On peut donc convenir à la lumière de ses relations internationales que, le Japon entend à vouloir s'affirmer de plus en plus comme un acteur dont la voix compte parmi les puissances. Son poids économique, sa contribution de premier plan aux projets de développement par le biais de la TICAD, ainsi qu'aux missions de paix onusiennes doivent participer à matérialiser cette volonté d'affirmation. Dans ce sens, « la mesure de la puissance est fondée sur la prise en considération des ressources de divers ordres qui permettent à un Etat d'avoir des chances sérieuses de faire triompher sa volonté ou alors qui lui confèrent une position de suprématie sur l'échiquier géopolitique »52(*).

Quant à la seconde, elle a été développée principalement par Michel Crozier et Erhard Friedberg53(*). C'est un modèle d'analyse organisationnelle qui s'articule autour de la compréhension des relations entre acteurs interdépendants. La conceptualisation de l'action collective se fait à travers l'analyse des systèmes d'action concrète (SAC). Un système d'action concret étant appréhendé ici comme un ensemble de jeux structurés entre des acteurs interdépendants, dont les intérêts peuvent être divergents voire contradictoires. Un système quant à lui sera entendu comme « un ensemble interdépendant », l'interdépendance des parties constituant la définition de base d'un système. Tout acteur s'intégrant dans une action collective entretient des relations privilégiées avec certains interlocuteurs que l'on appelle relais. À l'intérieur d'un système d'action concret les acteurs participent à des jeux dirigés par certains objectifs plus spécifiques. Dans le cadre du SAC, les jeux sont plus ou moins intégrés et articulés les uns aux autres. Cependant, Tous les acteurs ne participent pas forcément aux différents jeux.

Dans le SAC les processus d'interaction sont régulés par des règles du jeu, grâce auxquelles les acteurs «règlent et gèrent leurs dépendances mutuelles». Les règles peuvent être définies à partir de la structure formelle de l'organisation mais aussi par les pratiques informelles des acteurs. Les règles sont une indication de l'existence de relations de pouvoir entre plusieurs acteurs. Les règles constituent pour Crozier et Friedberg autant des contraintes que des zones d'incertitudes d'où les acteurs tirent une marge de manoeuvre. L'utilisation qui est faite des règles fait partie de l'ensemble des stratégies que les différents acteurs utilisent pour atteindre leurs fins. D'après ces deux auteurs, toute structure d'action collective se constitue comme un système de pouvoir. Le pouvoir sera entendu ici selon les termes de Friedberg comme étant «la capacité d'un acteur à structurer des processus d'échange plus ou moins durables en sa faveur, en exploitant les contraintes et opportunités de la situation pour imposer les termes de l'échanges favorables à ses intérêts»

Appliqué à notre objet, à travers les concept de « stratégie » et de « pouvoir », l'étude entend analyser la pro activité de l'Empire du Soleil Levant comme tactique qui consiste à se servir de ses relations avec le continent noir par le biais de la TICAD pour signaler au monde les orientations de sa politique étrangère qui a pour ambition d'être globale. Mais aussi, il s'agira d'appréhender la TICAD comme un processus porteur d'enjeux et façonné par l'imbrication du jeux des acteurs « rationnels » (japonais et africain) dans un environnement international fortement inhibé par des rapports de force. Egalement, dans un contexte dominé par la diversification de partenaires au développement, ces concept nous permettront de mieux articuler l'attitude des pays africains en général et du Cameroun en particulier dans son orientation d'une meilleure captation des opportunités qui lui sont offertes par le Japon à travers la TICAD IV en vue d'en tirer le maximum de dividendes de cette coopération nippone

* 49 George.A. and G. Craig. (1983). Force and statecraft: diplomatic problems of our time. Oxford: University Press.

* 50 Guzzini. S et S. Rynning (2002), "Réalisme et analyse de la politique étrangère" in Charillon (dir.), Politique étrangère. Nouveaux regards. Paris : Presses de Sciences Po. Pp. 33-63.

* 51 Blom. A et F. Charillon (2001), Théories et concepts des relations internationales. Paris : Hachette, p. 14

* 52 L. Sindjoun ( 2002), Sociologie des relations internationales africaines. Paris : Karthala, p.157

* 53 Crozier. M et E .Friedberg. (1977), L'acteur et le système. Les contraintes de l'action collective. Paris : Seuil.

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