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La politique étrangère du Congo-Brazzaville(1997-2007) : jeux et enjeux d'une realpolitik

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par Sylvie Lembe
Institut des Relations internationales du Cameroun - Master II 0000
  

Disponible en mode multipage

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    INTRODUCTION GENERALE

    I. Présentation du sujet

    L'année 1997, le 5 juin plus précisément, constitue désormais une date charnière de l'histoire du Congo contemporain. Elle a effectivement vu l'irruption sur la scène politique congolaise, pour la troisième fois, de celui que les analystes appellent Sassou Nguesso II1(*). Comment expliquer ce retour inattendu de cet acteur politique qui, d'après ses propres termes, avait pris une « retraite volontaire » en 19922(*) ? Le Général Sassou Nguesso serait-il incontournable pour le Congo ?

    En tout état de cause, il occupe à nouveau, les fonctions de Chef de l'Etat de la République du Congo. Ce retour pour le moins inattendu, a plongé le Congo dans une période de turbulences qui s'inscrit dans la phénoménologie des guerres civiles3(*) qui ont émaillé la vie de la République du Congo de la dernière décennie.

    En effet, le retour et l'installation en 1997, d'un nouveau gouvernement sans légitimité populaire dont le principal acteur s'est autoproclamé chef de l'Etat, a suscité une guerre qui a laissé transparaître des enjeux politiques et économiques notamment, le contrôle et la gestion des ressources stratégiques dont est doté la République du Congo.

    L'on a pu distinguer parmi les belligérants, trois protagonistes nucléaires, traditionnels et emblématiques de l'échiquier politique congolais et ce, depuis près de trente ans. Au premier rang, y figure, le Général Denis Sassou Nguesso. Il est à la fois militaire, et homme politique. Il convient d'ajouter qu'il est un grand chef tribal. Il a dirigé le Congo d'abord, par intérim, de 1977 à 1979 puis, de 1979 à 1992.

    Il est à ce propos, originaire de la zone septentrionale du Congo. Il aurait accumulé plusieurs antécédents vis-à-vis de ses adversaires actuels4(*).

    Le deuxième acteur est Monsieur Pascal Lissouba : Professeur d'Université et ancien Premier Ministre dans les années qui ont suivi l'indépendance du Congo. Il a vécu en exil, une vingtaine d'années durant, avant de rentrer au Congo. Il appartient à l'ethnie Nzabi, localisée dans la zone méridionale du Congo. Il est le président élu démocratiquement en 1992.

    Enfin, Monsieur Bernard Kolelas, originaire du Centre Congo ; il est l'opposant mythique des différents régimes politiques du Congo contemporain. Son comportement politique est assez difficile à cerner, tant il est versatile. Toujours prudent et opportuniste, il fait et défait ses alliances avec l'un ou l'autre des deux acteurs essentiels de la vie politique congolaise en fonction des enjeux du moment5(*).

    Chacun de ces acteurs a été appuyé par des milices internes et à côté desquelles il conviendrait de souligner la présence des acteurs étrangers6(*). L'issue de cette guerre d'environ cinq mois a été la prise effective et finale du pouvoir par le Général Sassou Nguesso.

    Il s'en est suivi une période de non légitimité du nouveau gouvernement, provoquant de ce fait un discrédit, un isolement sans précédent du Général Sassou Nguesso par la Communauté internationale, hormis la France.

    Pendant plus de quatre ans, le nouveau gouvernement est sans légitimité, en rupture avec les valeurs démocratiques « chères » aux sociétés occidentales. La Constitution adoptée en 1992 n'est plus la légitimité de référence qui organise la vie politico-juridique interne du Congo.

    Les acteurs (étatiques) influents de la Communauté internationale dont les Etats-Unis d'Amérique, l'Allemagne, la Grande Bretagne et d'autres partenaires non étatiques au développement du Congo, après une certaine indifférence, marqueront leur désapprobation7(*).

    Un observateur soutient à ce titre « Longtemps Denis Sassou Nguesso est allé à travers le monde à la recherche d'une crédibilité internationale consistante. Pendant des mois en effet, la présidence de l'Union Européenne ainsi que les Américains, lui ont fait comprendre que les Institutions ne lui donneraient aucun sou tant qu'il n'aurait pas réinstauré la démocratie qu'il a guillotinée »8(*).

    Cette réflexion à elle seule, rend compte de l'illégitimité dans laquelle le nouveau gouvernement congolais émerge et justifie de ce fait les nouvelles orientations « réalistes » qui caractérisent dès lors la politique étrangère du Congo post-guerres civiles.

    Depuis la fin des hostilités, on assiste effectivement à une reconfiguration des liens que ce pays entretient avec les autres acteurs du « Vaste monde ». Son agenda de politique étrangère est depuis, des plus actifs et pragmatiques. Les orientations majeures de celui-ci ne sont pas neutres et cachent des motivations politiques profondes. Quelles sont-elles et, à quelles logiques répondent-elles ?

    Étudier les paramètres, les stratégies, les logiques et les forces qui ont présidé à l'élaboration des choix dans l'action politique extérieure d'un État qui a connu le discrédit et dont la principale ambition est, depuis, de s'affirmer durablement dans un système international de plus en plus complexe ne peut dès lors, manquer de pertinence.

    Pour mener à bien une telle étude, il nous semble indiqué de procéder tout d'abord à des clarifications sur les objectifs poursuivis et les intérêts qu'elle présente.

    II. Objet et objectifs de l'étude

    Pour Madeleine Grawitz, définir clairement l'objet de la recherche nous permet de savoir « où l'on va et ce que l'on cherche »9(*). Dans cette perspective, l'objet de notre réflexion porte à titre principal sur la politique étrangère de la République du Congo. Mais le vocable de politique étrangère étant assez dense, il nous faut préciser que nous articulerons notre réflexion sur les enjeux qui motivent les nouvelles orientations de la politique étrangère du Congo et ce, pour la période allant de 1997 à 2007.

    Deux spécialistes de la politique étrangère, en l'occurrence, Philippe Braillard et Mohammed Reza Djalili postulent que l'objet de celle -ci a une double dimension.

    D'une part, on peut chercher à éclairer une décision donnée en matière de politique étrangère. D'autre part, l'objet de l'analyse peut être la politique étrangère prise dans le sens d'un ensemble de décisions manifestant une certaine continuité10(*).

    Mais quelle que soit la perspective adoptée, l'analyse conduit inévitablement à mettre l'accent soit sur les facteurs déterminants de la politique étrangère, soit sur les processus décisionnels au travers desquels s'élabore cette politique.

    La présente étude entend associer les deux perspectives. Il s'agit en fait d'une étude dont la vocation est d'analyser la finalité de l'action diplomatique congolaise sous Sassou Nguesso II ainsi que le décryptage des mécanismes et stratégies déployés pour atteindre les buts fixés.

    Il est question de nous interroger sur les significations des décisions prises par le Congo en matière de politique étrangère pour la période 1997-2007. Aussi, l'approche géopolitique à l'analyse de l'action et du comportement international de l'acteur étatique sera-t-elle privilégiée. Tout notre devoir ici consiste à analyser ce que nous percevons à travers les différents comportements politiques adoptés par le nouveau Chef de l'Etat congolais en matière de politique étrangère après son arrivée au pouvoir.

    En de termes plus simples, notre étude se veut une analyse des motivations politiques qui ont présidé aux orientations de l'action politique extérieure du Congo. Nous voulons soupeser les enjeux sous-jacents de ces choix ; ce qui nous permettra de comprendre les motivations profondes de la realpolitik qui caractérise cette action.

    Enfin, nous évaluerons l'effectivité, l'efficacité de la realpolitik à l'aune de la nouvelle posture internationale du Congo avant d'interroger les horizons futurs de la structuration de ses rapports avec les autres acteurs internationaux.

    III- Justification du sujet

    Le choix du sujet s'explique d'abord par la complexité de l'histoire du Congo, une histoire assez mouvementée. Ce petit Etat d'Afrique centrale, doté de ressources naturelles importantes aussi bien à l'échelle sous-régionale que régionale11(*) a effectivement connu trois guerres civiles particulièrement meurtrières en l'espace d'une dizaine d'années, opposant les acteurs emblématiques de l'échiquier politique congolais12(*). Ces guerres se caractérisaient par une violence jamais égalée dans l'histoire contemporaine de cet État. Elles ont hypothèqué les espoirs de toute la population, particulièrement les jeunes. Mais encore, elles ont assombri l'image, les représentations que les autres peuples se font à son égard.

    Ce choix se justifie ensuite par le fait que ni le retour du Général Sassou Nguesso sur les devants de la scène politique congolaise, incarnant les mêmes dynamiques politiques anciennes, ni cette longévité politique ne nous ont laissée indifférente. Le personnage assez mystérieux du principal acteur de la scène politique congolaise, d'aucuns (les spécialistes, les journalistes, ses conseillers...) le disent très attentif et peu loquace, a suscité bien des interrogations de notre part. Comment expliquer cette longévité politique ? Comment s'est-il toujours imposé  sur la scène politique  congolaise? Comment perçoit-il le Congo ? Et surtout, comment pense- t-il que le Congo le voit ? Ces va-et-vient signifient-ils que Sassou Nguesso est incontournable ?

    Enfin, le dernier élément justifiant le choix de ce sujet est le fait que cet acteur a visiblement réussi en si peu de temps, à se façonner un nouvel environnement international pour un Etat qui a connu le discrédit et l'isolement international quatre années durant. L'habileté de cet homme d'Etat qui a marqué la scène africaine à travers son passage à la tête de l'Union africaine13(*) (janvier 2006-janvier 2007), qui a su changer et transformer une situation contraignante en avantage, permettant le come-back du Congo donne matière à réflexion. Ce repositionnement stratégique a servi de prétexte immédiat au choix de ce thème de réflexion qui, du moins aura défrayé la chronique en Afrique subsaharienne. En effet, il s'agit de s'interroger sur le « pourquoi » mais avant tout, sur le « comment »du regain de la crédibilité du Congo au près de ses partenaires au développement, de ce repositionnement, et de la visibilité du Congo sur la scène internationale.  Comment expliquer cette réhabilitation de Sassou Nguesso par ses pairs africains ? Cette double interrogation semble à elle seule justifier la philosophie qui sous-tend la réflexion que nous entamons ici. Réflexion dont la trame se tisse autour des enjeux géopolitiques et stratégiques sous-jacents aux nouvelles orientations de l'action politique extérieure du Congo post-guerres. Notre travail s'intitule alors : « La politique étrangère de la République du Congo de 1997 à 2007 : Les enjeux géopolitiques et stratégiques d'une realpolitik  ». Mais, pourquoi porter une telle question à l'étude ?

    IV. Intérêt du sujet : une triple actualité scientifique, politique et

    personnelle

    L'intérêt de cette étude se situe d'abord dans le prolongement des précédents développements sur le champ d'étude de la politique étrangère du Congo avec, en toile de fond, l'option de l'analyse des enjeux sous-jacents à la « nouvelle diplomatie congolaise » depuis le retour de Sassou Nguesso comme acteur principal de l'échiquier politique congolais.

    Mais encore, notre étude voudrait montrer que même les Etats dits périphériques ont bel et bien une politique étrangère. Bien plus, le Congo est un acteur de la vie internationale au sens réaliste du terme. Il a donc une politique étrangère.

    D'un point de vue académique, la présente étude tente de répondre aux exigences d'une formation à l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) pour l'acquisition du Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en Diplomatie.

    Au surplus, cette étude nous interpelle personnellement. Désireuse en effet, de participer un jour à la construction d'une image extérieure de marque du Congo, notre pays, la maîtrise des ressorts traditionnels et nouveaux de sa politique extérieure est plus que jamais nécessaire, l'IRIC nous en donne la possibilité. Mais c'est également dans le souci de pouvoir répondre efficacement aux exigences professionnelles qui jalonneront notre parcours.

    L'intérêt politique y est perceptible. Notre étude permet d'apprécier l'efficacité de la machine diplomatique congolaise à un moment très critique de son histoire. Ce faisant, elle donne la possibilité de voir qui est le Général Sassou Nguesso. Surtout, de comprendre comment le principal acteur de la scène politique congolaise voit le Congo à l'heure actuelle, quelles sont ses intensions futures sur le Congo, comment il a agi sur les forces profondes et comment celles-ci ont permis d'accoucher de cette nouvelle posture internationale avantageuse.

    V- Délimitation du sujet

    La délimitation vise à dégager les limites temporelles (A) et spatiales (B) de notre étude.

    A. Limites temporelles.

    Nous limitons notre étude sur la période qui va de l'année 1997 à 2007, soit une décennie. L'explication que nous pouvons donner au choix de ces deux bornes temporelles est que, l'une marque l'irruption de Sassou Nguesso sur l'échiquier politique congolais, comme principal acteur. Un retour non approuvé aussi bien par les Congolais que par bien des acteurs étatiques et non étatiques influents de la Communauté internationale surtout, lorsque le nouveau gouvernement répudie la Constitution adoptée en 1992, qui organise la vie interne du Congo. Aussi, ce nouveau gouvernement prend-t-il conscience qu'il doit repenser ses décisions politiques afin de gagner la confiance des bailleurs de fonds internationaux et de se positionner avantageusement en menant une politique étrangère réaliste qui répond au comportement hostile et aux exigences des autres acteurs de la vie internationale à son égard.

    Mais, cette première borne chronologique n'est pas anodine. Nous avons pu établir un lien étroit entre le retour du Général Sassou Nguesso et la nature du pouvoir en France. De fait, en 1997, la Droite française est au pouvoir, deux années après l'élection de Monsieur Jacques Chirac comme Président de la République française. Or, l'on sait que la Droite a toujours mené une politique africaine des plus « sombres », notamment, avec l'encouragement implicite des régimes africains qui garantissent au mieux leurs intérêts, en renforçant la ?Françafrique?. Le Général Sassou Nguesso a toujours été considéré par la Droite française comme l'un des maillons essentiels de cette boite noire (la françafrique). Son retour au pouvoir à cette date nous paraît de ce fait, loin d'être fortuit.

    Depuis, ce dernier semble avoir pour ambition majeure d'inscrire le Congo sur les devants de la scène internationale et redorer son blason personnel.

    Ce pari diplomatique peut-il être gagné ? En tout état de cause, en confiant la présidence de l'Union africaine au président congolais pour l'exercice 2006, ce dernier se voit reconnaître par la diplomatie africaine et par ses pairs africains, reconnaissance qui, à coup sûr n'est pas fortuite. Serait-ce la juste récompense des efforts d'un stratège ? Toujours est-il qu'en 2007, à l'heure du bilan de la rationalité des choix, des décisions sur la réorientation de la politique étrangère du Congo, tout porte à croire que celui-ci semble avoir réussi son ?come- back? sur les devants de la scène internationale. D'où l'année 2007 comme borne d'arrivée. Mais c'est aussi à ce moment que nous menons notre étude.

    B. Limites spatiales

    Elles peuvent être étudiées suivant deux déclinaisons : la première situe géographiquement le Congo (1) tandis que la seconde s'intéresse aux choix de l'étude de la politique étrangère de cet espace géographique particulier (2).

    1-La situation géographique du Congo

    La République du Congo est un petit Etat de l'Afrique centrale. Petit, car sa superficie est d'à peine 342 000 km², contrairement à ses voisins dont le Cameroun qui dispose d'une superficie de 475 442 km², ou le Tchad : 1 284 000 km².

    Il partage quatre frontières avec la République centrafricaine et le Cameroun au Nord, le Gabon à l'Ouest, la République démocratique du Congo à l'Est. Enfin, une frontière avec l'Angola par l'enclave de Cabinda, et s'ouvre sur l'Océan atlantique par une façade maritime de 120 km. Le Congo est entièrement compris dans la zone équatoriale. La forêt équatoriale dense occupe près de la moitié du territoire.

    Carte n°2 : Les frontières du Congo

    La population du Congo, actuellement estimée à 4 millions d'habitants14(*) est fortement urbanisée. Près de la moitié de celle-ci se trouve concentrée dans les deux plus grandes villes : Brazzaville (siège des institutions politiques : 650.000 habitants) et Pointe Noire, (port économique, province pétrolière majeure du Congo : 450.000 habitants).

    Cette population est composée majoritairement des peuples Kongos, lesquels sont localisés dans la zone méridionale du Congo. Les Tékés et les Mbochis qui occupent les hauts plateaux du Nord Congo. Les Laris quant à eux, sont localisés au Centre Congo. Enfin, les peuples Bembés, eux-mêmes subdivisés en plusieurs composantes. Ils cohabitent avec les Kongos dans toute la zone méridionale du pays. Ces différents peuples se sont toujours affrontés de manière interposée, par leurs représentants politiques, comme en témoignent les guerres de 1992, 1997 et 1999. Les enjeux de ces crises sont toujours les mêmes : gestion et contrôle des ressources énergétiques que regorge le Congo.

    Le sous-sol congolais est effectivement dans son ensemble très riche. Toute la fortune du Congo y provient. Les exportations du gaz naturel et du pétrole représentent près de 80% des recettes du pays. Plus de 13 millions de tonnes de barils produites en 2001, ont fait du Congo, le quatrième producteur de l'or noir au sud du Sahara15(*), derrière le Nigeria, l'Angola ,et la Guinée équatoriale. En outre, le Congo produit des ressources minières telles : le plomb, le zinc, le fer, l'or et les diamants. A cela, il faut ajouter les ressources forestières dont l'exploitation constituait jusqu'à une époque récente, l'essentiel des recettes du pays.

    La situation économique du Congo se présente donc de la manière suivante : sur les vingt dernières années : l'on note trois périodes  majeures: l'une favorable, de 1967 à 1972, au cours de laquelle les ressources nationales ont crû de 4% par an.

     La seconde période forte, mais courte (1973-1974) correspond au boom pétrolier avec un taux de croissance exceptionnel de 15% l'an16(*).

    Enfin, la troisième période qui va de 1975 à 1989 avec une production réduite de pétrole (alors que l'Etat avait accru considérablement ses charges avec le lancement du programme triennal) qui s'est conjuguée avec la crise économique.

    Depuis 1990, l'on constate toutefois un redressement de la situation économique dû à la reprise de la production pétrolière et partiellement, à celle du bois. En 2005, le taux de croissance du Congo était de 4,8%. Le pays est situé parmi les pays en développement si l'on s'en tient au classement opéré par la Banque mondiale17(*). Telles sont là quelques données géographiques et économiques pouvant permettre de comprendre la politique étrangère actuelle du Congo. Mais pourquoi étudier la politique étrangère de la République du Congo particulièrement ?

    2-Les raisons du choix de l'étude de la politique étrangère d'un espace particulier.

    Le choix de l'étude de la politique étrangère du Congo nous a paru intéressant à plus d'un titre : D'abord, à cause de ce qui paraît selon notre logique d'appréciation comme un paradoxe. Le Congo est aujourd'hui le quatrième producteur de l'or noir au sud du Sahara. Cependant, il fait partie des pays dits du Tiers Monde. Or, comme le soutient le Professeur Mouelle Kombi, «  tous les pays du Tiers Monde sont confrontés à une série de défis endogènes et exogènes qui, inhibent leurs facultés d'action et sclérosent, pour ainsi dire, la libre expression de leur souveraineté sur la scène internationale18(*) ».

    La deuxième raison trouve son justificatif dans fait le que le Congo est l'un des premiers pays au sud du Sahara à avoir appliqué les décisions prises par le président français François Mitterrand lors du Discours de la Baule dans les années 1990. Il avait effectivement organisé pour la première fois des élections libres et était passé à l'ère du multipartisme. Aujourd'hui, les pratiques observées laissent penser que ce processus démocratique tend à être escamoté. Ceci a provoqué le malaise international de ce petit pays de l'Afrique centrale.

    Les répercussions se sont, de ce fait, avérées paralysantes pour sa posture internationale. D'où la révision des ressorts de cet instrument, c'est-à-dire la politique étrangère par laquelle le Congo, comme tout Etat, tente toujours de se façonner un nouvel environnement international.

    VI. Définitions conceptuelles

    Les énoncés, les mots ou les groupes de mots tels : politique étrangère (1) ; puissance (2), enjeux géopolitiques (3) et realpolitik (4) ne font pas l'unanimité en terme de contenu. Aussi, est-il nécessaire d'apporter une précision sémantique.

    1. La notion de politique étrangère

    Le sens des relations internationales réside dans l'interaction des différents acteurs étatiques ou non étatiques. Le déploiement international de l'acteur étatique se fait dans le cadre d'une politique assez particulière, la politique étrangère.

    Dans son acception la plus simple, elle désigne l'action extérieure menée par un Etat et coordonnée par le ministère des Affaires étrangères.

    Si tous les analystes de la politique étrangère admettent que l'intérêt national constitue la finalité de cette action, il n'en demeure pas moins vrai que tous ne lui accordent pas le même contenu.

    Ainsi, pour Frédéric Charillon, la politique étrangère est l' « instrument par lequel l'Etat tente de façonner son environnement politique international »19(*).

    De cette définition, l'on perçoit que la politique extérieure d'un Etat n'est pas une activité aussi évidente ni dans son élaboration ni dans son exécution. L'emploi du verbe « tente » nous semble à dessein et, traduit précisément cette difficulté sur l'élaboration, la cohérence et la mise en oeuvre de la politique étrangère.

    En la situant à l'interface entre le « dedans » et le « dehors », Marcel Merle remarque que la politique étrangère est la « partie de l'activité étatique qui est tournée vers le dehors, c'est-à-dire qui traite, par opposition à la politique intérieure, des problèmes qui se posent au- delà des frontières »20(*).

    Marie-Christine Kessler soutient quant à elle que la politique étrangère est « l'activité par laquelle un Etat définit et règle ses rapports avec les gouvernements étrangers »21(*).

    Cette thèse est discutable dans la mesure où, bien que l'Etat conserve encore un rôle central dans la politique internationale, il est toutefois illusoire de réduire cette activité aux seules relations interétatiques, particulièrement aujourd'hui où de nombreux processus économiques et culturels, échappent, en partie au moins, au contrôle des gouvernements. En d'autres termes, la politique internationale n'est plus seulement la prérogative des Etats.

    En effet, James Rosenau22(*) et du reste les autres analystes des nouvelles relations internationales23(*) montrent tout au contraire que celles-ci sont, depuis la fin de la Guerre froide marquées par l'irruption et la confirmation d'acteurs transnationaux, libres « des contraintes liées à la souveraineté », d'acteurs «  sans souveraineté ».

    Comme le souligne Guy Mvelle, cette position n'est d'ailleurs pas éloignée de celles des libéraux (classiques et contemporains) et surtout, des paradigmes de l'interdépendance (Robert Keohane et Joseph Nye) et du transnationalisme qui « relèguent par ailleurs, au second rang le rôle de l'Etat dans les relations internationales».24(*)

    Au regard de ceci, la politique étrangère aujourd'hui, est loin d'être une administration docile d'une machine d'Etat à la poursuite d'un intérêt clair. Comme le soutiennent Amélie Bloom et Frédéric Charillon, « à l'épreuve d'une scène internationale mondiale complexe, les paramètres de son action, tout comme les thèmes qu'elle doit traiter, se multiplient(...) ses interlocuteurs se diversifient et sont souvent des acteurs non étatiques qui développent eux-mêmes de véritables politiques étrangères privées »25(*).

    Dans le cas d'espèce, la politique étrangère de la République du Congo est comme nous le montrerons, la combinaison de toutes les forces formelles étatiques et des autres forces profondes informelles qui, n'agissent que pour un seul but : l'intérêt de l'Etat congolais. Mais cet intérêt n'est pas ici synonyme de puissance au sens de « hard power ».

    2. La Notion de puissance

    Il serait pratiquement impossible de parler de politique étrangère sans évoquer la notion de puissance, tant elle constitue l'un des paradigmes centraux des relations internationales et du réalisme en particulier. D'ailleurs, Bertrand Badie et Marie-Claude Smouts affirment que « tout le discours sur les relations internationales est un discours sur la puissance »26(*). Par puissance, nous entendons, une posture qu'un acteur de la scène internationale peut adopter dans une situation précise et à un moment donné dans son commerce avec les autres acteurs internationaux en raison de l'accumulation d'un certain nombre de facteurs en sa faveur. Ainsi, il peut dissuader, persuader, susciter une attention particulière ou un ralliement à sa cause. Raymond Aron la conçoit comme « la capacité à imposer sa volonté aux autres »27(*).

    Dans le même sillage, Hans Morgenthau y voit « l'emprise d'un acteur sur les esprits et les actions des autres »28(*).

    Les facteurs qui permettent à un Etat d'adopter cette posture sont soit tangibles (les données naturelles : facteurs classiques de la puissance : ressources, situation géographique ...) ; soit intangibles : la qualité de la diplomatie, la cohésion nationale, la liberté de la presse etc.

    3- Enjeux géopolitiques

    Morphologiquement le mot « enjeu » est formé à partir de deux termes : « en » et « jeu ». Le terme doit être compris dans le sens de « pari » ; littéralement, ce qui est mis en jeu. Un enjeu désigne ce que l'on peut gagner ou perdre dans un jeu, ou dans une composition. Plus prosaïquement, c'est la chose pour la possession de laquelle une entreprise est menée29(*).

    La notion de géopolitique

    Selon François THUAL, la géopolitique est une méthode de lecture des situations. Elle permet d « 'identifier les acteurs, analyser leurs motivations, décrire leurs intentions, repérer les alliances en gestation ou, au contraire, les alliances en voie de déconstruction, que ce soit au niveau local, régional, continental ou international»30(*).

    Paul Claval le concédera en soutenant que la géopolitique cherche à « reconstituer l'environnement exact des décisions politiques : elle fournit l'ensemble des informations qui éclairent les décisions prises par des acteurs immergés dans l'événement. Elle apprend à celui qui s'insère dans une évolution politique complexe les intérêts, les ambitions et les représentations en jeu »31(*).

    On sait que chez l'acteur étatique rien de ce qu'il peut entreprendre n'est gratuit. Sa conduite est déterminée en fonction de son objectif et que, tout est calculé en fonction du bénéficie que cela doit lui apporter. Dans cette perspective, il nous semble plus vrai que les orientations de la politique étrangère d'un pays qui a connu l'isolement ne sont pas neutres. Elles sont motivées par des gains politiques que doivent rapporter les stratégies mises en jeu.

    Les résultats ,les enjeux à récolter doivent répondre à des besoins régulateurs précis : donner plus de crédibilité et repositionner le Congo non seulement en tant qu'entité politique aux frontières internationales reconnues mais également, en tant que gouvernement politique légitime, d'où la notion même d'enjeux géopolitiques propres à l'action politique de l'Etat congolais tout en tenant compte non seulement des représentations sociales des autres acteurs à son endroit, mais aussi de sa situation géographique, et des ressources dont il dispose.

    4. La notion de realpolitik

    Le terme de ?Realpolitik? est d'origine allemande, (politique réaliste). Il fut appliqué pour la première fois à Otto Von Bismarck : chancelier Prussien qui suivait la trace de Klemens Von Metternich dans la recherche diplomatique d'un équilibre pacifique entre empires européens. Cependant, au détour des lectures, l'on découvre que les origines de la Realpolitik peuvent être recherchées chez Nicolas Machiavel (auteur classique italien du XVIè siècle, siècle dit de la Renaissance) qui, dans son ouvrage majeur, Le prince en 1532, établit que le seul but d'un prince devrait être la recherche du pouvoir, indépendamment des questions religieuses et morales. Des lectures plus fouillées révèlent aussi que, le terme a en fait été utilisé bien plus tôt lorsque l'on s'intéresse à Thucydide historien grec de l'Antiquité, auteur de l'histoire de la guerre du péloponèse.

    Aujourd'hui, en Allemagne, le terme a un sens bien plus simple de « réaliste » pour distinguer les « politiques modestes, simples, débarrassées des utopies trop zélées »32(*).

    Dans cette étude, la realpolitik doit être comprise comme une stratégie, une démarche politique au service des ambitions de l'homme d'Etat. Elle se confondra alors avec la notion de « l'intérêt national » et de la « raison d'Etat ».

    Dans une acception plus générale, elle désigne une démarche qui s'appuie sur le possible, qui tient compte des réalités, laissant parfois de côté l'idéologie, négligeant les programmes abstraits et les jugements de valeur. Le seul objectif est l'efficacité.

    La realpolitik se caractérise par deux points essentiels : D'abord, la rationalité des choix (les choix de politique étrangère doivent être faits en terme de coût- bénéfice).

    Quelle qu'en soit la situation, le choix du décideur doit être fait en fonction du gain que le choix effectué lui apportera. Ensuite, l'intentionnalité des décisions, dans le sens où l'action menée doit être coûte que coûte une réponse pour atteindre le ou les objectifs fixés.

    En somme, chez l'acteur étatique, la realpolitik est une posture qui rend compte de son comportement rationnel dans ses choix politiques.

    Les choix dans la politique étrangère du Congo post-guerres civiles épousent parfaitement cette philosophie où tout est calculé, stratégiquement pensé en fonction des objectifs précis.

    VII. Revue de la littérature

    La politique étrangère du Congo fût-il une République populaire (1963-1991) alignée idéologiquement derrière l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques  (URSS), est une véritable curiosité. Une question qui se pose avec beaucoup d'intérêt comme en témoignent les travaux qui y ont été produits. Notre étude est donc loin d'être ici un travail de pionnier. A vrai dire, l'héritage bibliographique dans le domaine nous a même incitée à poursuivre la réflexion sur ce sujet dont la pertinence est avérée. Le sujet a déjà suscité l'attention de nos devanciers qui en ont fait l'objet de leur thèse de troisième cycle ou de travaux de réflexion. Néanmoins, seuls ceux qui ont un rapport étroit avec la présente étude seront cités ici.

    Jacques Mavoungou33(*) a focalisé son attention sur la politique étrangère de la République populaire du Congo sur la période allant de l'arrivée au sommet de l'Etat une deuxième fois du Général Sassou Nguesso en 1979, à la chute du Mur de Berlin en 1989. Il en a fait son cadre d'expérimentation. Il repose sa réflexion sur les incohérences qui ont émaillé la diplomatie congolaise empreinte de l'idéologie marxiste. Globalement l'intéressé étudie les raisons du manque de péréquation entre l'idéologie marxiste dans laquelle s'inscrivait théoriquement la République populaire du Congo (R.P.C.) et la réalité des faits. Il montre en outre que les données internes du Congo n'avaient pas présidé véritablement à l'élaboration de la vie internationale de la R.P.C. Mais encore, la R.P.C. ne disposait pas de lignes directrices clairement définies pouvant guider la conduite à tenir. Quant à sa politique étrangère, tout est improvisé « la politique étrangère s'adaptant alors à la conjoncture »34(*).

    Dans le même sillage, Bertin Nzelomona35(*) passe au crible les contradictions politiques internes et leurs incidences paralysantes sur la politique étrangère du pays et ce, pour la même période que la précédente analyse (1979-1989). A la différence que, ce dernier étend sa réflexion jusqu'à la fin du règne de Sassou Nguesso I, en 1991 plus précisément. Il adopte l'approche historique et montre avec un réalisme poussé les conséquences d'un Etat «victime d'une double tutelle idéologique  à la descente dans l'arène infernale de la Françafrique»36(*).

    En effet, de 1979 à 1991, les ressorts de la politique internationale de la R.P.C. sont insaisissables. La R.P.C. fait de Moscou (pays à orientation idéologique socialiste) sa gardienne politico-militaire et diplomatique. Par contre, dans le domaine économique, «Son  attitude tend à faire de la France son principal alliée, son pourvoyeur d'aide financière pour redresser sa situation économique »37(*). Ce manque de cohérence et ces ambiguïtés avaient pour facteur explicatif la nécessité réelle pour la R.P.C de compter sur l'aide multiforme de la France.

    Fatalement, ces paradoxes avaient non seulement mis son indépendance à rude épreuve mais encore, avaient-ils sclérosé « la libre expression de sa souveraineté sur la scène internationale »38(*).

    Adoptant une toute autre démarche, Ganga Tsila39(*) apporte quelques éléments comme réponse aux questions soulevées par les deux précédentes analyses. Il montre que certes, la R.P.C. était d'obédience socialiste, avait une idéologie définie, et que les ressorts de son action politique extérieure se trouvaient bel et bien  fondés et légitimés dans un espace théorique précis : celui du marxisme- léninisme 40(*). Mais, les réalités liées à son récent passé colonial dominé par la France, son passé historique, sa situation géographique, le «  fardeau omniprésent et obsédant de sa dette extérieure, et autres facteurs de sujétion », l'ont obligée d'une part, à faire preuve d'un réalisme poussé et, d'autre part à rechercher le compromis et les réajustements  et comme le dirait Marcel Merle  « Une idéologie n'est jamais aussi pure et dure qu'avant d'avoir subi l'épreuve de la réalité. Dès qu'elle franchit le seuil de l'expérience, elle est obligée d'entrer dans la voie des compromis »41(*).

    La R.P.C. étant un pays sous-développé, économiquement dépendant de l'extérieur ne pouvait être maître de ses décisions de politique étrangère. L'analyste conclut sa réflexion en affirmant que les pays nouvellement indépendants, empreints de leur héritage colonial ne pouvaient véritablement mettre en pratique ce dont ils étaient convaincus. D'où le fossé entre ce que se réclamaient leurs dirigeants et la réalité des faits. D'où la pertinence de la réflexion du Professeur Mouelle kombi insistant à cet effet que « cela tiendrait du miracle si  les déterminants historiques, géopolitiques ou économiques de ces nations prolétaires étaient sans influence sur leurs activités diplomatiques »42(*).

    Dans les trois études, il se dégage une réelle divergence en ce que les deux premières dénoncent le manque de cohérence entre la politique du « dehors » et la politique du « dedans ». La dernière tente de montrer les difficultés pour un Etat sorti de la colonisation, sous développé, se prévalant d'une idéologie mais ayant les mains liées ; ne disposant guère de latitude véritable pour mettre en pratique ses options de politique étrangère. Cependant, toutes reconnaissent que la vie internationale du Congo fut à l'image même pour le moins, assez ambivalente dudit Etat dont dépendent la conception, l'application, l'évaluation et le contrôle de l'action diplomatique.

    Yitzhak Koula 43(*) pour sa part, s'intéresse à la structuration des relations entre le Congo et la France au lendemain de l'installation au pouvoir du Général Sassou Nguesso II.

    Il soutient que la posture du Congo face à l'ancienne puissance coloniale est une posture de « subordination où dominent des arguments géopolitiques avec certains intérêts »44(*). L'ancienne puissance coloniale s'accommode toujours de la situation du Congo en se cloisonnant dans les limites de la « politique de maintenance »45(*). Ce qui lui permettrait d'assouvir ses intérêts fondamentaux.

    Il déplore que ce réalisme de la France conduira à la totale anesthésie de l'initiative diplomatique du pouvoir congolais.

    Aussi conclut-il avec une certaine amertume que  la politique étrangère du Congo ne saurait « indéfiniment se faire par procuration (...) ou être confiée à une puissance ou une entreprise étrangère fussent-elles l'Etat français, Elf ou totalfina »46(*).

    Notre réflexion, dont la philosophie est dans une certaine mesure en phase avec les analyses sues évoquées, ne se cantonne cependant pas sur un cas particulier. Elle se situe à une échelle plus globale de la réflexion sur les enjeux et les visées véritables des orientations de la politique étrangère du Congo post guerres civiles. En mettant l'accent sur les multiples facettes du personnage de Sassou Nguesso, notre but est d'établir un lien entre lui, sa personnalité et les différentes postures diplomatiques congolaises. Le décryptage des paramètres et l'évaluation des stratégies adoptées pour rentrer dans le giron international, constituent notre objectif.

    VIII. Problématique

    La problématique est, selon Michel Beaud « l'ensemble construit autour d'une question principale (...) et des lignes d'analyses qui permettent de traiter le sujet choisi47(*) ». L'école réaliste des relations internationales postule que les Etats sont les principaux acteurs de la politique internationale et, n'agissent sur la scène internationale qu'en vue de défendre et promouvoir leurs intérêts.

    Or, cette scène est une véritable jungle dans laquelle les grandes entités puissantes, considérées comme imperméables, où seules leurs interactions accaparent la scène internationale, imposent leur loi à tout ce qu'ils pourraient appréhender comme écart de conduite, recherchant ainsi « quelque tranquillité dans la connivence tacite des droits acquis et dans la surveillance des comportements d'autrui »48(*).

    Dans ce contexte, le nouveau comportement du gouvernement congolais face à ces « Léviathans », les accélérations parfois brusques de son histoire diplomatique au cours de ces dix dernières années nous situent au coeur de la problématique d'une part, de la cohérence entre sa politique interne et sa politique externe et, des enjeux de ses choix en politique étrangère d'autre part.

    Quelles sont effectivement les motivations et les visées profondes des orientations de la politique étrangère du Congo entre 1997 et 2007? Pourquoi les nouvelles autorités politiques de Brazzaville se plient-elles aux exigences de la communauté internationale quatre ans après le coup d'Etat de juin 1997 ? Quel est le degré d'adhésion du nouveau gouvernement congolais au mot d'ordre de ses partenaires internationaux au développement? Telles sont les questions centrales qui guident cette étude.

    Ces questions principales portant sur les motivations véritables des choix politiques du Congo en matière de politique étrangère nous amèneront à répondre à diverses questions périphériques : Comment concilier la réalité interne et l'aspiration à un repositionnement international avantageux ? Quels sont les gains en jeu ? Comment le nouveau gouvernement congolais gère- t-il sa diplomatie ? Quelles sont les forces véritablement en jeu ?

    S'interroger sur les motivations des choix de l'action politique extérieure du Congo revient aussi à décrypter les paramètres et les stratégies qui y ont été déployées et s'intéresser aux principaux décideurs. Mais encore, à évaluer l'efficacité de ces stratégies à l'aune de la nouvelle posture internationale du Congo. C'est enfin, interroger les horizons futurs de la structuration de ses rapports avec les autres acteurs du  « Vaste monde ».

    IX. Hypothèses

    Une hypothèse est une « proposition de réponse à la question posée »49(*). Celle-ci pouvant être confirmée ou infirmée au terme de l'analyse des faits sur lesquels le chercheur a focalisé toute son attention. Pour Raymond Quivy et Luc Van Campenhoudt, l'organisation d'une recherche autour d'hypothèses de travail constitue « le meilleur moyen de la mener avec ordre et rigueur (...), un travail ne peut être considéré comme une véritable recherche s'il ne se structure autour d'une ou de plusieurs hypothèses50(*) ».

    Gordon Mace et François Petry quant à eux, la conçoivent comme « un pont entre les deux grandes parties de la recherche et forment la pierre angulaire de tout travail de recherche »51(*).

    Les hypothèses qui guident cette étude entendent relever que :

    1. Les orientations majeures de la politique étrangère du Congo post-guerres sont dictées par la realpolitik et ne sont pas neutres. Elles cachent des enjeux géopolitiques et stratégiques.

    2. Elles sont pourvues de motivations profondes qui doivent répondre à des besoins régulateurs : crédibilité, reconnaissance, réhabilitation, visibilité et repositionnement internationaux du Congo.

    3. Cette stratégie de la realpolitik a permis au Congo de se repositionner avantageusement tant sur la scène internationale qu'africaine.

    X. Grilles théoriques

    Il s'agit d'un ensemble de modèles paradigmatiques favorisant le classement des « faits sociaux internationalisés » dans un registre théorique bien précis.

    Ainsi le recours aux grilles théoriques aura pour objectif principal l'identification des éléments déterminant la conduite des acteurs congolais en matière de politique étrangère. Nous ferons appel pour cela à des grilles complémentaires : le réalisme, la géopolitique en tant qu'outil d'analyse, le constructivisme et le linkage politic theory.

    La grille d'analyse réaliste s'impose ici comme point de départ pour tenter de comprendre le comportement ou l'attitude des acteurs majeurs de la scène politique congolaise.

    Inspirée de Thucydide, Machiavel, Hobbes Clausewitz, la théorie réaliste est remise au goût du jour par des penseurs contemporains tels Morgenthau52(*), Aron53(*), Waltz54(*), Kissinger55(*) etc.

    Tous postulent que l'Etat est sinon le seul, tout au moins, l'acteur majeur de la politique internationale. La protection et la promotion de l'intérêt national constituent la finalité première de l'action menée à l'extérieur de leurs frontières.

    Toutefois, et à en croire Marcel Merle «  chaque pays a ses propres préoccupations en politique étrangère, en fonction de sa taille, de sa puissance, de sa position géographique mais aussi, de sa tradition historique »56(*).

    Un autre postulat de la doctrine réaliste est celle de la rationalité de l'acteur étatique : «  Ses décisions de politique étrangère correspondent au rapport coût/bénéfice le plus satisfaisant, compte tenu du champ des possibles ». Aussi, certaines approches telle la théorie des jeux, estiment-elles que l'action des Etats est non seulement explicable, mais également prévisible. Selon John Harsanyi57(*), le jeu ne fait sens que dans un contexte de rationalité mutuelle. L'acteur agit ou réagit en tenant compte de ses objectifs, avec la quasi-certitude que son vis-à-vis agira lui-même compte tenu de ses propres intérêts.

    Notre travail s'appuie largement sur ces postulats réalistes. En effet, l'Etat y occupe une place de choix. Il concerne directement le problème de l'intérêt national, exprimé ici en terme de crédibilité, de visibilité, de légitimité et de repositionnement internationaux pour le Congo post-guerres civiles.

    En nous servant de cette théorie comme principal outil d'analyse, on espère pouvoir comprendre l'attitude des acteurs de la politique étrangère congolaise et à en expliquer les motivations profondes des choix effectués. Et, dans un monde où les regroupements régionaux et sous-régionaux sont définitivement entrés dans le champ politique, il serait opportun d'apprécier la démarche, la contribution congolaise dans les processus d'une Afrique économiquement intégrée.

    Notre travail consistant à étudier la politique étrangère d'un Etat, donc l'action, le comportement destiné pour la partie située en dehors de ses frontières, qui tient compte de sa situation géographique et des ressources dont ils dispose, nous conduit inévitablement à convoquer l'approche géopolitique afin de tenter de comprendre le sens, les significations, la finalité des décisions prises et de l'action menée par les principaux décideurs congolais.

    La théorie constructiviste et celle du Linkage politics s'avèrent ici incontournables. Le constructivisme, parce qu'il est une façon d' « étudier les relations internationales comme des relations sociales »58(*), à partir de l'hypothèse « des êtres humains comme des êtres sociaux »59(*), mettant l'accent sur le « contexte social, l'intersubjectivité60(*) » et la nature constructive des règles et des normes. Le postulat majeur du Constructivisme est que tout est construit par rapport à l'autre, à partir « des perceptions et de l'identité de l'autre »61(*).

    Dans cette perspective, les nouvelles orientations de la politique étrangère du Congo sont des construits sociaux élaborés à partir des perceptions que les autres Etats ont établis à son égard.

    La théorie du Linkage politics a toute sa place dans l'analyse de la politique étrangère du Congo qui n'est autre chose que le reflet de la politique interne.

    Mise au point par James Rosenau, la théorie du Linkage politics postule l'articulation des systèmes nationaux et internationaux, l'interdépendance entre politique intérieure et pratique internationale, la co-pénétration des domaines traditionnellement distincts des « affaires du dehors » et des « affaires du dedans », la confusion, l'insécabilité de l' « externe » et de l' «interne »62(*).

    XI. Méthodologie et plan

    Il est question ici de préciser d'abord la méthode employée pour collecter les données (A). Ensuite, comment nous avons organisé ce travail pour tenter d'apporter des éléments de réponse à nos questions (B).

    A. 1- La collecte des données.

    Deux techniques de collecte de données ont été utilisées pour organiser le présent travail.

    D'abord, la recherche empirique, laquelle a consisté en l'observation du fait social à partir des interactions entre les acteurs congolais impliqués dans l'élaboration, la conception, et la mise en oeuvre de la politique étrangère et les autres acteurs internationaux et ce, notamment au moyen des médias audio-visuels (analyse des discours des acteurs principaux de la politique étrangère du Congo).

    La consultation des documents officiels du Ministère congolais des Affaires étrangères par le biais de la Mission diplomatique du Congo à Yaoundé, nous aura aidée.

    En outre, les notes de conjoncture de la Direction des affaires d'Afrique et de la coopération interafricaine (D1) du Ministère camerounais des Relations extérieures ont été une source non négligeable d'information.

    L'accès à la documentation des centres de recherche accordant un traitement spécial aux problèmes de la sous région Afrique centrale, nous a été précieux, en l'occurrence le Centre de recherche des études géopolitiques et stratégiques (Fondation Paul Ango Ela), qui offre une abondante littérature sur le Congo.

    L'outil Internet nous aura été bénéfique pour l'obtention de certaines données davantage actualisées.

    A. 2 -Les interviews :

    Il s'est agit d'avoir la lecture des personnalités en contact permanent avec les principaux centres congolais de décision en matière de politique extérieure, principalement le nouveau Ministre congolais des Affaires étrangères Monsieur Basile IKOUEBE que nous avons rencontré ici dans le cadre du séminaire sur la Sécurité en Afrique centrale. Ensuite, l'Ambassadeur du Congo à Yaoundé, Monsieur EPENY Eric en tant que représentant direct du chef de l'Etat qui met en oeuvre la politique extérieure du Congo. Les autres personnalités congolaises interviewées sont d'abord, le Professeur Jean Didier BOUKONGOU. Cette dernière rencontre s'est avérée nécessaire car, il est l'instigateur principal du Pacte contre l'agression qui, comme nous le montrerons, a propulsé le Général Sassou Nguesso sur la scène africaine et a réconforté la diplomatie congolaise.

    Nous avons également eu d'intéressantes et enrichissantes conversations sur la politique étrangère du Congo avec deux universitaires congolais, notamment le Professeur François SITA , premier conseiller du Ministre congolais de l'Enseignement supérieur et ,le Docteur Luc OKIO.

    B- La méthode

    Etant donné qu'il sera question de déterminer les visées sous-tendant les stratégies des acteurs politiques congolais en matière de politique étrangère, indispensables pour connaître leurs vrais intérêts et, par extension, les logiques souterraines qui ont présidé à la structuration de tels desseins, nous emploierons une approche hypothéticodéductive63(*).

    Elle partira de nos hypothèses de départ en passant par l'essai d'une critique, d'une comparaison des différentes sources consultées, l'analyse du comportement et des visées profondes des acteurs en question. Cela nous permettra ensuite d'établir des conclusions.

    Plan

    Le présent travail se déploie en deux parties, dont la première subdivisée en deux chapitres, analyse les enjeux qui sous-tendent la realpolitik qui caractérise la politique étrangère du Congo pour la période allant de 1997 à 2007.

    La deuxième partie, comportant aussi deux chapitres tente d'évaluer à partir de la posture internationale actuelle du Congo, le bilan des stratégies déployées pour l'obtention de gains politiques clairs et d'envisager les perspectives des stratégies diplomatiques adoptées par le Congo post-guerres.

    PREMIERE PARTIE :

    Les orientations de la politique étrangère du Congo sous le prisme de la realpolitik

    Introduction à la première partie

    La politique étrangère du Congo depuis le retour du Général Sassou Nguesso comme acteur principal de la scène politique congolaise doit être appréhendée dans le cadre d'une politique internationale contraignante, et dans le contexte interne très mouvant qui est le sien pendant toute la décennie 1990-2000.

    Le Congo a effectivement connu de nombreuses turbulences et dérives qui ont provoqué son discrédit ainsi que son isolement par plusieurs acteurs influents de la scène internationale. Il s'agit notamment des institutions financières internationales, de l'Union européenne, des Etats-Unis d'Amérique, de la Grande Bretagne, de l'Allemagne etc.

    La désapprobation d'un nouveau gouvernement par ces acteurs et partenaires internationaux au développement du Congo les quatre années64(*) qui ont suivi le coup d'Etat du 5 juin 1997, n'est en fait que le reflet d'une situation interne déliquescente : intensification des hostilités dans le conflit, lui-même généré par le coup d'Etat, chasse aux sorcières, confiscation des libertés individuelles, installation d'un nouveau gouvernement sans légitimité interne et externe, vide constitutionnel etc.

    Telles sont, sommairement, les tares qui ont émaillé l'histoire du Congo des années qui ont suivi le coup d'Etat de 1997. Ces nombreuses tares ont eu des répercussions paralysantes sur son image internationale. Aussi, l'action politique extérieure du pays doit-elle répondre à la régulation des besoins précis. C'est ainsi que les nouvelles orientations de sa politique étrangère se lisent sous le prisme de la realpolitik car, il s'agit de prendre en compte la réalité interne catastrophique générée par l'irruption du Général Sassou Nguesso et désormais rendre crédible, repositionner durablement et avantageusement le Congo sur la scène internationale.

    La réelle prise de conscience d'une situation interne fragile (chapitre I), le souci d'une crédibilité et d'une reconnaissance internationales et d'un repositionnement stratégique d'un Etat discrédité pour non conformité aux exigences des normes internationales, l'ambition de jouer un rôle central dans les dynamiques de l'intégration africaine (chapitre II), tels sont les enjeux qui sous-tendent les orientations de la politique étrangère du Congo de 1997 à 2007, et qui font l'objet de la première partie de cette étude.

    Chapitre I : Les motivations profondes des choix dans la politique étrangère du Congo entre 1997 et 2007

    Il serait mal aisé d'étudier la politique étrangère du Congo post-guerres, sous Sassou Nguesso II, sans analyser au préalable la situation interne du Congo qui, en fait constitue le miroir à travers lequel l'on peut lire et comprendre le comportement international de son principal décideur en matière de politique étrangère.

    En 1997, le Congo enregistre un coup d'Etat. Quatre mois plus tard, la guerre engendrée par ce coup d'Etat se transforme en un véritable carnage64(*). Ce nouveau conflit oppose les trois acteurs principaux de l'échiquier politique congolais65(*). Après cinq mois d'hostilités actives entre ces trois belligérants, l'issue est la prise effective du pouvoir par le Général Sassou Nguesso.

    SECTION 1 : l'héritage des guerres civiles

    Quel est l'état du Congo après les guerres civiles de 1997, 1998 et 1999 ? Comment caractériser le nouveau régime ? Quelle est l'attitude des Congolais face à lui et finalement qu'en pensent les autres acteurs de la scène internationale ?

    C'est dans une perspective de restitution que cette section va dresser tour à tour, le bilan socio-économique de l'après guerre (Paragraphe1), la difficile acceptation du nouveau gouvernement par les Congolais (Paragraphe 2), et la réaction des partenaires internationaux au développement du Congo (Paragraphe 3).

    Paragraphe I : une situation socio-économique peu enviable

    Trois aspects seront relevés ici: les pertes en vies humaines (A), le traumatisme moral causé par les guerres (B), et la catastrophe économique(C).

    A. Des pertes humaines

    Au sortir de plus de dix années de guerres civiles, bien que cette série de turbulences ne s'étale pas sur une période continue, le Congo apparaît saigné, tant du point de vue humain que matériel. Ces guerres ont fait plus de victimes que les crises survenues dans les années qui ont suivi l'indépendance du Congo (1963-1977). Les chiffres donnés par le nouveau gouvernement oscillent autour de 3000 et 4000 morts66(*).

    Le Professeur Pascal Lissouba, le Président déchu, parle quant à lui de plus de 250.000 victimes67(*). Mais toujours est -il qu'il y a des pertes en vies considérables. Celles-ci se répartissent entre victimes militaires et, pour la plupart, civiles. L'ampleur de cette dernière catégorie s'explique par les bombardements intenses et des exécutions sommaires, comme le soulignent un rapport conjoint de la Fédération internationale des Droits de l'Homme (FIDH) et l'Observatoire congolais des droits de l'Homme68(*). Un observateur estime que « ces exécutions, ces crises armées ont été soigneusement commanditées »69(*).

    S'ajoutent à ceci, les déplacements des populations. Ils ont effectivement été nombreux, plus de 300.000 déplacés durant les hostilités, fuyant les combats ou l'avancée des forces armées non régulières  c'est-à-dire, celles du Général Sassou Nguesso. Lorsque deux années après la guerre de 1997, Marcel Guitoukoulou dresse un bilan de l'état du Congo post première guerre civile, son constat est amer. Il déplore effectivement qu'« au bout de quatre décennies d'indépendance, le Congo n'est toujours pas un Etat de droit. Depuis le 5 juin 1997, le pays est à feu et à sang. L'Etat s'automutile, la pauvreté explose, les morts et les sinistrés se comptent par milliers »70(*).

    B - Une catastrophe économique

    Le principal théâtre où se sont déroulées généralement les opérations est Brazzaville, siège des institutions politiques de l'Etat. La ville est détruite à plus de 80%. Plus de 15.000 habitations détruites par le seul conflit de 1997, et plus de 350.000 par celui de 1999. Ce qui permet à un observateur stupéfait d'affirmer que l'état de Brazzaville évoque Berlin en 194571(*).

    Les destructions ont été d'une ampleur énorme. Comme illustration : les axes majeurs de communication sont coupés. La ligne du Chemin de fer Congo-océan (CFCO), reliant Brazzaville à Pointe Noire (poumon économique du Congo) a été la cible privilégiée des bombardements. L'économie congolaise est détruite à moitié. Ces guerres ont été très coûteuses.

    L'Etat congolais a essuyé d'importantes pertes. Il en ressort très endetté. Les sommes générées par l'exploitation pétrolière ont servi à l'effort de guerre, ou, elles avaient pris d'autres directions, douteuses ?

    Ces guerres civiles ont inscrit le Congo dans le cycle des conflits civils armés laissant ainsi des populations traumatisées.

    C- Un traumatisme moral sans précédent

    Les deux dernières guerres de 1998 et 1999 peuvent être qualifiées « d'entreprise de destruction ethnique ». En effet, dès la proclamation de Sassou Nguesso comme nouveau chef de l'Etat congolais, une autre guerre est déclenchée entre ce dernier et Pascal Lissouba, président déchu. Elle prendra une dimension nouvelle et différente.

    Ces deux guerres se caractérisent par les bombardements visant les villes du Sud Congo (région sous influence du Président déchu). L'objectif est de « terroriser les populations civiles et briser leur moral »72(*). C'est le cas durant la  Bataille de Dolisie ; principale ville du Sud Congo, avec des victimes inutiles, notamment des enfants et des paysans sans défense. Ces victimes ont marqué à jamais les esprits des Congolais, ont ébranlé les certitudes morales et culturelles des Congolais, créant ainsi « un véritable choc  »73(*).

    Le général Sassou Nguesso, fort de ce qu'il qualifie de « victoire », s'auto-proclame Président de la République du Congo  le 24 octobre 1997. Dès lors, le Congo entre dans une période d'illégitimité, car, en rupture avec les valeurs démocratiques instituées lors de la Conférence nationale souveraine en 1992 au moyen de la Constitution. D'où le mécontentement des Congolais.

    Paragraphe 2 : La difficile acceptation du nouveau gouvernement

    L'arrivée et la prise de pouvoir une troisième fois par Sassou Nguesso semblent avoir sonné le glas de l'espoir de plus de 81% des Congolais qui avaient, par les urnes, signifié leur refus à « ce dirigeant aux  méthodes staliniennes », qui est revenu sur les devants de la scène congolaise par des méthodes non constitutionnelles. D'où sa difficile acceptation par les Congolais qui l'accusent de mener une politique de   « répression et de confiscation des libertés publiques ». Toutefois, la France ne cache pas son soutien à cet acteur. Un observateur note à cet effet : « la classe politique congolaise voulait disputer le pouvoir dans les urnes, tandis que le dictateur chéri des puissances étrangères (notamment la France) se préparait à le reconquérir par les armes »74(*).

    Pareillement, un autre observateur constate : « le régime sanglant déjà rejeté par le vote des Congolais en 1992, n'est pas reconnu dans sa politique par l'ensemble de la communauté internationale, hormis les autorités françaises »75(*). Effectivement, le 16 octobre 1997, contrairement au processus démocratique adopté par le peuple et les dirigeants des partis politiques congolais en 1991, les soldats tchadiens, les mercenaires et autres génocidaires rwandais et leurs éclaireurs du nord du Congo, les cobras, s'emparent du palais présidentiel, du parlement et d'autres symboles de l'Etat aux moyens des armes. Leur leader, autoproclamé Président, conforte son pouvoir. Quelques mois après, il répudie la Constitution congolaise adoptée en 1992 et promulgue l'Acte fondamental : nouvelle base juridique du pays.

    Il s'en suivra une longue période « sombre » pour tous les opposants au nouveau régime. Ceux-ci seront, soit assassinés, soit forcés à l'exil, même ceux qui n'ont pas participé de manière active aux hostilités sont contraints de quitter le Congo76(*). S'ajoute à ceci, le contrôle strict des dissidents. Avec ces « méthodes militaires », le nouveau gouvernement pouvait-il faire l'unanimité des Congolais ?

    Ce gouvernement, avec de telles méthodes, n'est pas seulement honni à l'intérieur. Il suscite peu à peu, des inquiétudes de la part des pays riches industrialisés mais aussi des partenaires internationaux au développement du Congo

    Paragraphe 3 : La désapprobation de la Communauté internationale

    Afin de mieux comprendre l'attitude ambiguë de la communauté internationale face au nouveau gouvernement, nous nous attarderons d'abord sur son silence (A) avant d'analyser les motivations de sa tardive réaction (B).

    A-Du silence de la communauté internationale...

    Le consensus de la communauté internationale (à l'exception de la France) autour de la condamnation du nouveau gouvernement et de ses méthodes jugées non conformes à la gestion des Etats modernes ne s'est pas fait au lendemain de l'auto proclamation de Sassou Nguesso comme Chef de l'Etat congolais.

    La position des Etats-Unis face a lui été bien ambiguë ; d'abord un silence, complice ? La question nous paraît légitime. Ensuite, une réaction, comme nous le montrerons au fur et à mesure dans cette partie.

    Selon François-Xavier Verschave77(*), la vraie raison pour laquelle l'on n'a entendu aucune protestation contre la prise de pouvoir par Denis Sassou Nguesso serait en fait, un « deal » qui fut passé en automne 1996 (soit, un an avant le déclenchement des hostilités), entre les Etats-Unis et la France. « Deal » selon lequel, la France n'interviendrait pas au Zaïre et insisterait pour que les troupes de l'Organisation des Nations Unies (ONU) y arrivent tandis que les Etats-Unis laisseraient la France faire ce qu'elle veut au Congo Brazzaville. Cet observateur ajoute que vers Juillet 1997, un mois après le début des combats, un membre du Conseil National de Sécurité Américaine aurait confié à l'un des conseillers de Pascal Lissouba que Sassou Nguesso ayant beaucoup d'amis au Etats-Unis, l'emporterait sur la guerre du Congo. A la vérité, le Président élu avait été abandonné par ses alliés d'hier, et les Etats-Unis avaient par leur silence, magnifié leur soutien à Sassou Nguesso du moins, durant les deux premières années après son arrivée au pouvoir.

    Quant à l'ONU, sa position reste très floue, et sujette à toutes les interrogations. Pour une structure dont l'une des missions fondamentales est de veiller au respect des droits de l'Homme et les préserver des horreurs de la guerre, son attitude est des plus difficiles à comprendre. Son Secrétaire général en exercice à l'époque, kofi Anan déclare : « il ne peut rien faire pour le Congo, le problème congolais c'est la France, membre permanent du Conseil de Sécurité avec droit de veto »78(*).

    La France officielle, avait pour sa part, montré clairement son approbation au coup d'Etat, et à la prise de pouvoir effective par Sassou Nguesso. Cette déclaration du Président français Jacques Chirac à cet effet est très claire : « je me suis réjoui de l'intervention de l'Angola au Congo Brazzaville, pour la simple raison que ce pays était en train de s'effondrer dans la guerre civile (...) il y avait quelqu'un qui était capable de faire revenir l'ordre, c'était Denis Sassou Nguesso. Il lui fallait un soutien extérieur pour un certain nombre de raisons »79(*).

    Serait-il naïf de croire à ces arguments de surface de la France officielle dans son appui à Sassou Nguesso ? Pour certains, la motivation véritable de ce soutien est que ce dernier est « le garant sûr des intérêts d'ElF au Congo »80(*).

    Selon François-Xavier Verschave81(*), ce serait la compagnie pétrolière ELF qui verserait à Sassou Nguesso de quoi acheter des armes. Mais encore, entretiendrait-elle une situation d'instabilité au Congo qui lui aurait permis de revenir au pouvoir au moyen d'un coup d'Etat. Cette observation n'est pas dénuée de sens au regard de ce qui est justement arrivé au Congo en 1997.

    En somme, l'on est en droit de conclure à une réaction pour le moins des plus timides de la Communauté internationale.  Les partenaires au développement du Congo sur place, principalement, la délégation de l'Union Européenne (U.E.), la représentation du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), se sont « efforcés »82(*) dans cet épais brouillard, de préserver autant et aussi longtemps que possible, l'image internationale du régime de transition de Sassou Nguesso.

    Ainsi comme on peut le noter, la réaction des Etats très influents de la scène internationale et des acteurs non étatiques face au nouveau gouvernement est des plus discrètes. Mais au fil du temps, avec le renforcement de la « dictature et le retour des méthodes staliniennes »83(*) instaurées et imposées par le nouveau gouvernement, l'on assistera à une phase de disgrâces pour le Congo.

    B ...à la tardive désapprobation de la Communauté internationale

    L'Organisation de l'Unité Africaine (O.U.A.) avait été la première institution à désapprouver le coup d'Etat survenu au Congo le 5 juin 1997. Quant au reste des acteurs influents de la communauté internationale et des partenaires au développement du Congo, leur désapprobation face au Président auto-proclamé n'a été manifestée que bien tardivement. Les réactions de mécontentement sont venues de tous les Etats membres de l'U.E à l'exception de la France officielle, des Etats-Unis, des institutions financières internationales, dont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (F.M.I.). Les raisons profondes de ce retournement sont de deux ordres.

    D'abord les Etats-Unis, qui se dressent contre le nouveau gouvernement après deux années d'observation, ils remarquent que les méthodes de Sassou Nguesso s'érigent contre les principes de la démocratie, valeurs chères qui, dans les faits se traduisent entre autres, par la sélection au terme d'élections, périodiques, transparentes honnêtes et justes, des représentants du peuple. Or, les méthodes du nouveau gouvernement congolais sont en totale rupture avec ces valeurs.

    De plus, celui-ci est sans soutien populaire durant toute la période 1997 à 2002. D'où cette mise à l'écart par les Etats-Unis, qui considèrent que le Général a « guillotiné la démocratie congolaise »84(*).

    La conséquence de ce qui apparaît visiblement comme une non reconnaissance désormais est que, les Etats Unis suspendent tout d'abord toutes leurs aides en faveur du Congo, tant que ses nouveaux dirigeants n'auraient pas restauré la démocratie qu'ils avaient « brûlée au pétrole ».

    Dans cette logique de « sanctions », les Etats Unis interviennent auprès des institutions financières internationales et enjoignent formellement celles-ci de ne pas accorder un seul sou au Congo.

    Les violences sont le second facteur explicatif de ce désaveu. En effet, les différentes milices parmi lesquelles, les Cobras du Général Sassou Nguesso se sont rendues coupables des exactions à l'encontre de certaines représentations diplomatiques, en particulier, le pillage des ambassades allemandes et américaines qui avaient largement affecté l'image du nouveau gouvernement. Les deux missions diplomatiques fermeront leurs portes, rompant par cette occasion les relations diplomatiques bilatérales avec le Congo.

    Enfin, la présence des troupes angolaises au Congo, bien que cela ait été « normalisée » dans le cadre d'un accord de coopération militaire, constituait un obstacle à une reprise des relations diplomatiques entre les Etats -Unis et le Congo.

    La Commission de l'U.E quant à elle, a marqué sa désapprobation au fait que la crise politique a été transformée en un conflit armé qui a  apporté un changement de gouvernement sans que le peuple congolais ait pu se prononcer dans des élections libres85(*).

    La matérialisation de ce désaveu est la fin de toute aide financière au Congo durant plus de cinq années successives.

    Ainsi, du silence, les 15 Etats membres de l'U.E. se rendent à l'évidence qu'en croyant coopérer à la restauration d'un Etat, ils travaillent en réalité pour des organisations de « délinquants  sans aveu »86(*).

    Dès lors, le Congo est dans une période assez critique et, désormais, les relations qu'il entretient avec les autres acteurs du « Vaste monde » se gèlent davantage. Les nouvelles autorités congolaises sont face à un dilemme politique : organiser des élections libres et transparentes où la probabilité de perdre le pouvoir est des plus évidentes et ainsi répondre aux exigences des Etats Unis et autres défenseurs des valeurs démocratiques ou se maintenir dans l'illégitimité voire l'illégalité   en étant au banc de la Communauté internationale ?

    Section 2: Du réalisme et du pragmatisme dans la politique étrangère du Congo

    La realpolitik comme définie précédemment, est une stratégie que l'acteur étatique peut faire prévaloir dans une situation donnée, l'efficacité étant son objectif. C'est une posture, qui rend compte du comportement réaliste de l'acteur étatique dans ses choix en matière de politique étrangère. Vu sous cet angle, l'action de l'acteur étatique est supposée être une réponse délibérément calculée, stratégiquement pensée. L'on parle dès lors de rationalité de la décision qui, Elle-même, est le résultat d'une analyse « utilitariste en termes de coût- bénéfices ». Autrement dit, face à une situation désavantageuse, de multiples options s'offrent à l'acteur politique qui doit avoir une capacité d'anticiper les conséquences de la décision à prendre.

    Dans cette logique, le décideur suprême dégage un choix optimal, le plus conforme à l'intérêt national et à la raison d'Etat. A cela, il faut ajouter l'intentionnalité de la décision. En politique étrangère, l'action de l'acteur étatique est supposée être une réponse délibérément choisie en vue de réaliser un objectif précis87(*).

    Le comportement des acteurs de la scène congolaise en matière de politique étrangère peut être appréhendé comme une stratégie relevant de la realpolitik et du pragmatisme.

    En fait, les six premières années qui ont suivi les guerres civiles se révèlent difficiles pour le Congo : le constat est loin d'être réjouissant.

    Le Congo sort d'une guerre aux répercussions énormes, de quoi a-t-il besoin ? Il est désormais isolé, discrédité. Comment faire pour le relever et gagner à nouveau la crédibilité auprès des bailleurs de fonds internationaux ? Comment repositionner avantageusement le Congo ? Comment gérer efficacement ses relations avec les autres acteurs de la vie internationale ?

    Le poids de plus en plus croissant de l'opinion publique interne et internationale88(*) a contraint les acteurs de la scène politique congolaise à une prise de conscience, il y a donc urgence d'adopter des lignes directrices qui tiennent compte de la réalité, et tenter de façonner un nouvel environnement international pour le Congo. Les enjeux y sont multiples. Mais comment y procéder ?

    La présente section sera consacrée à la présentation des besoins vitaux pour la survie internationale du Congo post-guerres civiles (paragraphe1), les stratégies déployées sur le plan interne (paragraphe 2) et voir comment, l'aménagement interne a fait la politique extérieure (paragraphe 3).

    Paragraphe 1 : La recherche d'une légitimité interne et d'une reconnaissance

    internationale

    A partir de 2002, le Congo comprend qu'une normalisation de sa situation internationale passe impérativement par un aggiornamento (aménagement)  de sa politique intérieure. Il est désormais impératif d'améliorer son image auprès de ses partenaires, de paraître « correct » aux yeux de l'opinion internationale, de sortir de l'isolement. Il faut s'efforcer d'être transparent dans ses méthodes de gestion et crédible sur le plan international, notamment à travers la participation du Congo dans les grands forums internationaux. Il s'agit surtout de faire revenir les grands bailleurs de fonds pour gagner en crédibilité. Finalement, Sassou Nguesso est résolument décidé à résoudre les « questions qui fâchent ».

    Pour mener à bien un tel revirement stratégique, le Président Sassou Nguesso est désormais conscient qu'il est fondamental de procéder à des réglages d'abord au plan interne. Mais, cela ne se fera pas de manière improvisée. Comme l'affirme Marie Christine Kessler , les Etats ont généralement un programme d'action (...)exprimé dans les déclarations des autorités officielles avant et après les conférences internationales,dans les discours et interventions devant les parlements lors des visites à l'étranger89(*).

    Ainsi, dans l'obligation d'adhérer au mot d'ordre international, d'accéder à plus d'ouverture et à l'équilibre diplomatique, le Général Sassou Nguesso déclare en 2000 que le Congo est à «  refonder, à rebâtir, à reconstruire, il est tout simplement à développer »90(*). Et c'est ici que le « va » et « vient »91(*) entre l'interne et l'externe énoncé par Marcel Merle prend toute sa valeur, en ce sens que, le Congo doit d'abord aménager sa situation interne qui sera à son tour fonction de sa situation externe. Le nouveau gouvernement prend effectivement conscience de l'impératif de repenser sa politique interne, source de son malaise international.

    Comment Sassou Nguesso envisage-t-il une décontamination de l'environnement externe du Congo ? Car il faut à tout jamais inscrire le pays sur les devants de la scène internationale. Il faut soigner la maladie interne du Congo car comme le précise Marcel Merle, ce sont les « raisons du dedans » qui inspirent le plus souvent les solutions des « questions du dehors », d'où le linkage politic. Ce qui n'est pas sans rappeler la définition de Charles Zorgbibe de la politique étrangère : « l'effort d'une société nationale de contrôler un environnement externe par la préservation des situations défavorables en organisant son environnement interne, en ordonnant les instruments clé : économie, stratégie, culture etc »92(*).

    Le traitement de la question nationale en politique étrangère devient dès lors du point de vue de la Foreign policy analysis, un véritable art du gouvernement « The statecraft », un véritable processus décisionnel est mis en marche. Il faut restaurer l'image internationale du Congo tout en tenant compte de la réalité et des moyens dont il dispose, d'où le pragmatisme et le réalisme politiques.

    Le comportement de l'acteur principal du théâtre congolais en matière de politique étrangère peut être appréhendé dans le sens de la realpolitik pure. De fait, les six premières années qui ont suivi les guerres civiles se révèlent très difficiles pour le Congo. Non seulement, il traverse une situation socio-économique peu envieuse, mais encore, assiste-t-il à une période de turbulences politiques. Tout ce tableau peu brillant, sera assombri davantage par les « sanctions » et l'isolement de la Communauté internationale. Celle-ci est de plus en plus irritée par les actes commis par le gouvernement congolais. Ceux-ci sont contraires aussi bien à la gestion des Etats qu'à la morale internationale. Les pratiques du Congo post crises s'avèrent en rupture avec les valeurs éthiques, violation des droits de l'Homme, massacres des populations civiles, exactions93(*), pillage etc. L'irruption, le renforcement de l'exigence internationale et le poids croissant de l'opinion publique interne et externe94(*) ont contraint les acteurs du marché politique congolais à repenser et à façonner un nouvel environnement international pour le Congo.

    Paragraphe 2 : La realpolitik comme stratégie au service de la régulation de

    l'intérêt national

    S'il existe une notion omniprésente en politique étrangère, c'est bien celle « d'intérêt national ».

    De Morgenthau, affirmant qu'en politique étrangère, il n' y a qu'un « impératif catégorique, un seul critère de raisonnement, un seul principe d'action : l'intérêt national »95(*), à Alexander Wendt reconnaissant que  « personne ne nie que les Etats  agissent sur la base des intérêts nationaux tels qu'ils les perçoivent » 96(*),en passant par Raymond Aron définissant la politique étrangère comme l'« art de gérer le commerce avec d'autres Etats, au mieux de l'intérêt national »97(*), pratiquement, tous les théoriciens utilisent cette notion dans leurs tentatives d'explication de la conduite des Etats sur la scène internationale.

    L'intérêt national est ce qui importe le plus pour un Etat, ce qui en constitue l'enjeu par excellence pour lui. Il guide son action politique extérieure. Celle-ci consiste à exprimer des positions mais aussi, à entreprendre des actions. Ce faisant, la politique étrangère du Congo sous le Général Sassou Nguesso II est, une position réactive.

    Elle est effectivement une réponse face à la posture d'hostilité, de méfiance affichée par la plupart des acteurs du « Vaste monde » à son égard.

    C'est une action entreprise certes, dans les conditions d'urgence, mais semble cohérente et qu'il faut par ailleurs inscrire dans la longue durée. Le principal décideur congolais en matière de politique étrangère, semble avoir pris conscience que sa survie politique dépend de l'amélioration de l'image du Congo sur la scène internationale et qu'il est urgent d'inscrire cet enjeu dans la durée.

    Les spécialistes de l'Analyse décisionnelle affirment volontiers que  la politique étrangère se réduit rarement à la réalisation d'un quelconque grand dessein, celle menée par le Congo semble ne pas s'inscrire en ce sens. Elle semble plutôt cohérente, bien qu'elle ait été improvisée en fonction d'une conjoncture précise. A l'examen, les orientations de l'action politique extérieure sont pourvues d'une vision stratégique d'ensemble répondant à la logique de la défense des intérêts indispensables.

    Dès lors, l'inscription de cette action dans la logique de la realpolitik s'avère légitime pour rendre précisément compte du comportement rationnel du décideur principal du Congo en matière de politique étrangère dans les choix dictés par l'intérêt national exprimé ici par la nécessité de crédibilité, de reconnaissance, de légitimité, de visibilité, de réhabilitation (retour des aides), ainsi que d'un meilleur positionnement au niveau international.

    Paragraphe 3 : L'aménagement interne fait la politique extérieure

    Ce sont les « raisons du dedans qui inspirent le plus souvent les solutions des questions du dehors », déclare Marcel Merle98(*). Ainsi, le Congo dirigé par le Général Sassou Nguesso, après avoir mené une politique interne génératrice de contraintes, contestée par ses partenaires internationaux au développement, décide de faire peau neuve, afin de paraître correct. Le nouveau président entend redorer son blason personnel. Pour ce faire, il rompt avec les «  méthodes staliniennes ». Les signes marquant cette rupture sont perceptibles à plusieurs égards.

    Sur le plan politique : vers un retour à l'Etat de droit ?

    Sassou Nguesso s'est toujours déclaré démocrate99(*). En effet, en tant que premier responsable du pays, il lui incombe de défendre les valeurs inhérentes à cet idéal. Ce faisant, il commence par doter le Congo d'une nouvelle Constitution. Nouvelle car, après s'être autoproclamé Chef de l'Etat en 1997, il a aussitôt répudié celle adoptée en 1992 en la remplaçant par l'Acte fondamental du 24 octobre 1997.

    Tout compte fait, le Congo sera pendant trois années sans Constitution. L'analyste Félix Bankounda soutient que pour Denis Sassou Nguesso, « l'exercice du pouvoir n'est nullement lié à la constitution, il la détermine unilatéralement et s'en délie n'importe comment, quand bon lui semble, démontrant ainsi de façon évidente l'inanité pour l'Afrique, des prétentions d'un Etat de droit sans démocratie, promue par les membres du réseau qu'on appelle aujourd'hui les Françafricains »100(*).

    Il n'empêche, qu'en 2002, avec la pression de la société civile internationale, on assiste au retour à l' « Etat de droit » doté d'une Constitution bien qu'il soit vrai que généralement en Afrique, «  ces textes ne sont pas justifiés par des exigences endogènes, mais par l'application d'une pédagogie internationale très bien présentée »101(*).

    Il s'agit en réalité, comme le fait remarquer Félix Bankounda, de « constitution de l'urgence »102(*) . Mais toujours est-il qu'il était nécessaire pour le nouveau gouvernement de se doter de lois pour réguler l'organisation de la vie du Congo et prétendre faire partie de la société internationale d'aujourd'hui sans constitution, ne serait-il pas un peu comme se présenter à une soirée de gala en costume de bain ?

    La nouvelle constitution est assortie de 192 articles qui régissent officiellement l'organisation de la vie interne et externe du Congo. Elle est aux antipodes de l'ancienne. Pour illustration, l'article 3 de l'ancienne dispose que les « représentants du peuple sont élus au terme d'élections ». Elle avait été approuvée par référendum et consacrait un régime semi-présidentiel. Inversement, l'article 2 de la nouvelle Constitution élargit le mode d'élection du Président du Congo : « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce au moyen du suffrage universel par ses représentants élus ou par voie de referendum», sans doute pour légitimer le pouvoir acquis via ce mode.

    La nouvelle Constitution institue un régime présidentiel qui accorde au président de la République de larges pouvoirs. Elu pour un mandat de sept années, renouvelable une fois, le président de la République est le chef de l'Exécutif. Toujours dans sa dynamique de faire peau neuve, le président va plus loin dans ses intentions d'assainir son action. Aussi peut-on relever des signes marquants y afférents

    B. La mise en place d'un cadre en faveur du « dialogue national »

    En 2001, sous la pression des bailleurs de fonds et des partenaires internationaux au développement qui condamnaient le gouvernement congolais pour non respect des principes démocratiques, celui-ci réagit et organise ce qu'il a appelé  un cadre pour un dialogue sans exclusive. Il vise à « réconcilier » tous les fils du Congo et permettre le retour de la plupart des figures principales de l'opposition ainsi que leur participation au processus électoral, mais aussi à la marche du pays.

    Il faut ajouter que ce cadre est toujours d'actualité, comme l'indique le retour à Brazzaville de l'une des figures de proue du gouvernement de Pascal Lissouba en la personne de Victor Tamba-Tamba.

    Ce dernier a été effectivement reçu le 17 janvier 2007 par le président Sassou Nguesso. Il déclare être rentré au Congo parce que les « conditions s'y prêtent et qu'il est disposé à contribuer à la consolidation de la paix »103(*).

    A cela, il conviendrait d'ajouter le retour le 6 août 2007 de Monsieur Yombi Opango104(*). Comment appréhender le retour de ces anciens responsables congolais ? Constituerait-il un signe de bonne volonté du président Sassou Nguesso résolument décidé à se passer pour pacifiste aux yeux du monde ? Tout paraît stratégiquement calculé, et semble répondre à la logique du Général de maintenir un équilibre des forces internes, de manière à laisser transparaître un jeu politique transparent et démocratique.

    Aurait-il compris que l'opposition est, non pas une force avec pour dessein de nuire à son pouvoir, mais une force de propositions , qui doit lui rappeler les dérives du pouvoir central s'il venait à enfreindre la loi ? Les observations et analyses politiques s'interrogent encore sur les intentions réelles de ce geste.

    Il conviendrait d'ajouter ici un élément important dans la dynamique du retour à la normalité de la vie politique interne du Congo  à savoir la mise en place d'un programme visant la tenue à terme des élections.

    L'établissement d'une commission nationale électorale

    Il est permis de penser que Denis Sassou Nguesso a pris conscience de ce que pour revenir dans les bonnes grâces des pays les plus puissants de la scène internationale, et de ses partenaires au développement, il lui était indispensable de garantir la tenue d'élections  libres : principe sacré de la démocratie. Bernard Russet affirme à ce titre : «  un système politique est dit démocratique dans la mesure où ses hauts décideurs (...) sont sélectionnés au terme d'élections périodiques, honnêtes et justes »105(*).

    Il s'agit pour Sassou Nguesso qui voudrait endosser le manteau de démocrate de montrer que sa responsabilité et son devoir consistent à défendre les intérêts congolais et à promouvoir la démocratie, tentant ainsi de gommer le fait que cette démocratie, il l'a pourtant « brûlée au pétrole » en provoquant la chute de son prédécesseur par son refus d'aller aux urnes.

    Ainsi, après une période dite de transition de près de quatre ans et demi, le gouvernement en place a renoué avec un processus électoral, dont les irrégularités seront cependant dénoncées par l'opposition.

    La mise en route de ce programme répond parfaitement à la philosophie de la nouvelle constitution, qui de ce fait, prévoit l'organisation d'une élection présidentielle tous les sept ans.

    Bien plus, la Constitution en son article 53 garantit l'existence de plusieurs partis politiques tant que ces derniers ont un  « caractère national, et défendent les idéaux de la nation congolaise »106(*). Aujourd'hui, on compte une dizaine de formations politiques au Congo hormis le parti présidentiel : le Parti Congolais du Travail (P.C.T.).

    La Commission nationale électorale née à la suite de revendications des forces de l'opposition permet au Congo d'avoir un programme bien défini avec des objectifs précis pour les différentes formations. Aussi, prévoyait-elle l'organisation des élections législatives de juin 2007 (élections législatives) et la présidentielle de 2009

    C'est autant de signes tangibles dont Sassou NGuesso aura fait montre dans sa recherche d'une crédibilité et d'une reconnaissance auprès des bailleurs de fonds et de ses autres partenaires au développement.

    En définitive, il convient de dire que les guerres civiles congolaises qui commencent en 1997 par l'avènement de Sassou Nguesso comme acteur principal de la scène politique congolaise et qui s'éteignent peu à peu à partir de l'année 2001, ont fragilisé davantage ce petit Etat de l'Afrique centrale en le plongeant dans une phase sombre aux conséquences multiples. Cette nouvelle situation a provoqué le discrédit et l'isolement du nouveau gouvernement, faute de légitimité politique interne et externe.

    Conscient de cette « décote stratégique », le  nouveau président congolais repense ses options et ses méthodes de gestion, infléchit sa position, et adopte une nouvelle posture. Il comprend qu'il lui faut désormais adopter un nouveau comportement où il doit faire des concessions devant l'obligation de résultats exigés par les Etats-Unis, l'U.E. (exceptée la France officielle), les institutions financières internationales, mais aussi face à l' O.U.A devenue l'Union africaine.

    La prise en compte du déficit démocratique, du manque de légitimité, du discrédit, de l'isolement du nouveau président congolaise et de son équipe gouvernementale, du déséquilibre diplomatique dont est victime le pays dont il a pris la charge se manifeste par un aggiornamento de sa politique interne. C'est la condition sine qua non pour parvenir à une réconciliation avec les autres acteurs du « vaste monde » et partenaires au développement et de se faire reconnaître. C'est là le réalisme qui commande que le Congo adopte des choix qui s'imposent en vue de répondre à l'impératif de la préservation de l'intérêt national que l'on peut lire au travers de cette quête de légitimité, de crédibilité, de reconnaissance et de la réintégration du Congo au sein de la communauté internationale.

    Depuis, toute l'action politique extérieure du Congo essaie de réconcilier la réalité interne et l'aspiration à un repositionnement international avantageux.

    Chapitre II : les enjeux sous jacents dans les choix de la politique extérieure du Congo

    L'un des postulats de la théorie de l'insécabilité entre la politique interne et la politique externe développée par Marcel Merle est que « la politique extérieure n'est pas autre chose que la projection sur l'échiquier international des pulsions de la scène politique interne »107(*).

    Cette théorie nous permettra d'expliquer le tournant décisif qu'a connu le Congo dans l'amélioration de la structuration de ses rapports avec les autres acteurs de la scène internationale après l'aménagement de sa politique interne.

    Après avoir aménagé sa situation interne, le président Sassou Nguesso comprend là aussi qu'une normalisation de ses rapports avec ses partenaires internationaux implique aussi un aggiornamento de sa politique étrangère. Celle-ci passera alors à une vitesse supérieure. L'objectif de ce dernier est avant tout de repositionner avantageusement le Congo sur la scène internationale, mais aussi, de se tailler lui-même une  « place au soleil » en redorant son blason personnel en se faisant reconnaître par ses pairs africains ainsi que par ses homologues internationaux.

    Pour mener à bien un tel revirement, le principal décideur de l'Etat du Congo adopte plusieurs stratégies en fonction de ses partenaires occidentaux à la coopération (Section I). Mais, l'Occident n'est pas le seul partenaire qui bénéficie des nouvelles orientations de la diplomatie congolaise. La campagne de séduction s'étend également en Afrique. Et bien que la nouvelle action congolaise connaisse parfois des infortunes, le but est de marquer des points. L'ambition d'une politique africaine de recentrage vise avant tout à placer le Congo comme l'un des acteurs de premier plan dans la dynamique de l'intégration du continent (Section II). Telle est la charpente stratégique et idéologique qui soutient l'action politique extérieure du Congo de 1997 à 2007.

    L'articulation de ce second chapitre se décline en ces termes : que veut le Président Sassou Nguesso ? Quelles sont ses intentions ? Quelles sont les motivations profondes de son action ? Que gagne-t-il à se plier aux exigences de la communauté internationale et de ses partenaires au développement ? Comment veut-il que le Congo soit perçu ? Comment procède-t-il ?

    Section I : La structuration des rapports entre le Congo et l'Occident 

    De la méfiance à la confiance, tel pourrait être résumée la structuration des rapports entre le Congo et les autres acteurs étatiques de la scène internationale hormis la France. D'ailleurs comme l'affirme Marie-Christine Kessler, « les rapports qu'un Etat règle avec les gouvernements étrangers peuvent être d'hostilité, de rivalité ou d'amitié »108(*).

    L'attitude d'hostilité affichée par les Etats-Unis, l'U.E., les bailleurs de fonds et autres partenaires au développement à l'égard des dirigeants congolais trouve son explication dans le comportement politique de ces derniers jugé non conforme aux règles du jeu démocratique exigées par les pays occidentaux par rapport à l'idéal des libertés individuelles et collectives d'une part, et de la dignité humaine d'autre part.

    Pendant près de quatre ans, le nouveau gouvernement congolais fait face à un isolement sans précédent. Puis, ayant fait sa toilette interne, l'environnement occidental, sensible à des signes de bonne volonté lui accorde du crédit.

    Ainsi, toute la stratégie idéologique de l'action politique étrangère du Congo obéira à la logique de normalisation de ses rapports tant sur le plan bilatéral que multilatéral. Avec la France, partenaire « paternaliste » et indéfectible du Congo sous Sassou II, le choix d'une politique étrangère de recentrage est privilégié. Quelles sont les motivations d'un tel choix? (Paragraphe1). Face aux Etats-Unis et l'Allemagne, la réconciliation et la politique de la main tendue sont de mise car des enjeux sont énormes pour le Congo (Paragraphe 2) face à ses autres partenaires non étatiques, le Congo à tout intérêt à normaliser ses rapports (Paragraphe 3).

    Paragraphe I : Le recentrage de la « politique française » du Congo

    De façon immédiate, au lendemain des guerres civiles la politique étrangère du Congo face à la France est une politique de recentrage et en discontinuité avec les orientations prévalues par l'ancien Président (Pascal Lissouba). Que pouvons-nous percevoir à travers ce comportement ou ce choix politique ? Comment se configurent les relations entre ces deux Etats ? Quelles sont les manifestations de la restructuration des rapports franco-congolais sous Sassou Nguesso II ?

    Plusieurs arguments géopolitiques interviendront ici pour expliquer ce recentrage de la « politique française » du Congo.

    La réelle motivation de cette stratégie diplomatique est qu'elle revêt effectivement un enjeu géopolitique indéniable. Le recentrage est nécessaire pour le nouveau gouvernement congolais parce que seule la France (en tant qu'acteur étatique ) lui a conféré une première assise et une légitimité internationales sans lesquelles le Général Sassou Nguesso n'aurait sans doute pas survécu politiquement .Cependant, plusieurs autres lectures pour expliquer ce recentrage sont possibles.

    La première est celle qui consisterait pour le Congo, de maintenir des liens historiques, économiques, culturels et amicaux « privilégiés » entretenus jusqu'alors avec l'ancienne puissance coloniale. De fait, lorsqu'il revient sur la scène politique congolaise comme acteur principal en 1997, le souci de Sassou Nguesso II est de restructurer les rapports entre les deux Etats. Il dénonce l'hostilité qui aura prévalue dans ces rapports.

    Il impute la responsabilité de la détérioration de ces rapports à son prédécesseur le Président Pascal Lissouba qu'il a destitué. Visiblement le nouveau Président Sassou Nguesso accorde plus de crédit à la France.

    Le poids du passé colonial du Congo est ici réconforté. Ce qui légitime davantage les thèses de certains analystes tel que John Okumu qui affirme que le facteur le plus important comme déterminant de la politique étrangère des Etats africains, est celui de leur héritage colonial109(*).

    La politique étrangère du Congo sous Sassou Nguesso II n'échappe pas à cette règle. Pour lui, une restructuration de ces liens est indispensable. Car, la visée véritable  est sa survie politique. Et les signes tangibles de cette restructuration et de cette normalisation des relations entre ces deux pays concrètement passent par un recentrage des intérêts français au Congo. Cela représente aussi d'énormes enjeux pour le Président Sassou Nguesso.

    En effet, ce dernier serait revenu comme acteur principal de la scène congolaise grâce à l'intervention directe et aujourd'hui sans conteste du consortium français d'exploitation pétrolière ELF, Air France et le soutien « indéfectible » d'autres « Messieurs Afrique »110(*). Faut-il voir dans cette stratégie une redevance pour ce soutien que la France officielle apporte au Général Président ?

    Quoi qu'il en soit, et comme le note un observateur111(*), le Président sassou Nguesso serait présenté comme le garant sûr des intérêts français au Congo, ceux d'ELF notamment, premier consortium dont l'un des anciens patrons, Loick Le Flock-Prigent a rappelé les objectifs qui ont présidé à sa création dans les années 1960. ELf, confie ce dernier, est « la propriété de l'Etat français, dont il constitue l'un des bras séculiers. Sa mission est de participer en tout à l'autonomie énergétique de la France112(*). »

    En tout état de cause, en Afrique noire, cette politique est très bien servie par les « rois nègres »113(*). Il apparaît moins étonnant que Sassou Nguesso, une fois, le pouvoir consolidé doit mener une «  politique de remerciement ». D'ailleurs, durant la guerre civile congolaise, la France n'aurait pas caché son souhait de voir revenir à la tête du Congo, celui que François-Xavier Verschave présente comme le « maillon essentiel du réseau françafricain »114(*). Il soutient qu'à Paris (pendant la guerre de 1997) «  c'est plus limpide, rarement un leader africain aura su s'attarder autant de soutien parmi les décideurs français (...) on reste en tout cas stupéfait par l'appui inconditionnel et généralisé qu'a obtenu Sassou Nguesso  »115(*). Aujourd'hui, pratiquement dix années après son retour sur la scène politique congolaise, le Président congolais ne demeure-t-il pas l'un des enfants africains les plus affectionnés de la France ? Ses multiples déplacements dans la capitale française le montrent à suffisance.

    Un an après son installation au pouvoir, il pouvait se rendre dans la capitale française et à l'Elysée alors qu'il était persona non grata dans les autres chancelleries occidentales. C'est ainsi, qu'il reçoit lors du dernier Sommet France-Afrique (Cannes 2007)  «  tour à tour, le directeur général de Total, celui d'Air France et bien d'autres personnalités cherchant des niches pétrolières »116(*). Un autre argument moins stratégique est que les deux Chefs d'Etat français et congolais seraient très liés. Pour certains, Le président français Jacques Chirac a toujours été du côté des dictateurs africains117(*). Sassou Nguesso n'a jamais caché son admiration pour l'ancien président français.

    Aussi soutient-il : « personne ne peut dire que Jacques Chirac n'est pas un ami sincère de l'Afrique (...) c'est un ami personnel, nous nous tutoyons et les relations franco- congolaises seront toujours amies (...). Les intérêts des Etats sont une chose, les relations personnelles en sont une autre »118(*). Un autre argument du recentrage des intérêts français au Congo est que seule la France est à même de faire pression auprès des bailleurs de fonds internationaux en faveur du Congo. Elle aurait par exemple, durant les quatre années qui ont suivi les guerres civiles congolaises négocié régulièrement au près du Fonds européen de développement, pour une reprise de l'aide et des prêts financiers en faveur du Congo.

    Il convient de remarquer tout de même que le Congo appartient institutionnellement à ce que la France désigne, depuis les reformes de sa politique de coopération de 1998, comme étant la zone de solidarité prioritaire (Z.S.P.), laquelle a remplacé l'expression des « pays du champ »119(*). Son intervention auprès des partenaires congolais au développement n'est pas fortuite.

    Sur le plan politique, le renforcement des liens diplomatiques avec la France a été la preuve la plus visible. Le ballet diplomatique marqué par les multiples visites à Brazzaville tour à tour , de Monsieur De villepin ( Ministre des affaires étrangères ) le 29 juillet 2002, de Madame Alliot-Marie ( Ministre français de la défense ) en avril 2002 et auxquelles ,il convient d'ajouter celle de Monsieur Wiltzer ( Ministre délégué à la coopération ) en août 2002 n'est pas fortuit. Les visites du Président Sassou Nguesso à Paris, les deux premières années à la tête de l'Etat, alors qu'il n'est pas reconnu par les autres Etats de l'Occident, sont autant d'arguments qui justifient le recentrage de la politique française du Congo.

    Il importe de noter que la France est pratiquement le seul partenaire étranger dont la mission diplomatique est restée ouverte pendant les troubles politiques congolaises.

    Sur le plan économique, la France est redevenue le premier partenaire commercial, le premier investisseur du Congo. L'attribution et la reconsidération du pacte colonial sur l'exploitation pétrolière par la française ELF aquitaine devenue TotalFinaElf constituent, indéniablement, l'une des manifestations du recentrage des intérêts français au Congo.

    Toutefois, cette orientation ne constitue pas véritablement une profonde mutation dans la structuration des rapports économiques entre le Congo et ses partenaires étatiques au développement. Dans le réseau de ces derniers, la France a toujours conservé une place de choix. Le refroidissement, très court s'est opéré et même jusque-là, en surface lors de la présidence congolaise par le Professeur Lissouba.

    Un dernier élément important et pas des moindres qui marque aussi ce recentrage est la « forte présence de conseillers français de souche au près du général Sassou »120(*).

    La politique étrangère du Congo semble unilinéaire face à ses autres partenaires bilatéraux. Tel est le cas avec l'Allemagne.

    Paragraphe2 : les enjeux d'une politique de « profil bas » face à

    l'Allemagne.

    La politique étrangère du Congo post-guerres face à l'Allemagne doit être appréhendée dans le sens d'une politique de profil bas et de réconciliation. La question qui se pose là aussi est celle de savoir pourquoi une telle stratégie, quels sont les enjeux sous-jacents ?

    Les années qui ont suivi le coup d'Etat du 5 juin 1997 ont vu un net refroidissement des relations diplomatiques, économiques et culturelles entretenues entre les deux Etats. L'on serait tenté de penser que l'Allemagne n'est pas un partenaire de poids pour le Congo. Le Congo n'a jamais été une de ses zones d'influence comme il l'a été pour la France.

    Depuis que l'Allemagne a réconforté sa puissance économique, elle dispose de fondations politiques à l'instar de Friedrich Ebert qui s'attèlent à transmettre dans les pays africains le message de démocratie comme vecteur de développement121(*). L'Allemagne a été effectivement l'un des partenaires européens à désapprouver l'installation d'un nouveau gouvernement dont le principal acteur s'était autoproclamé Président de la République, sans que les « Congolais n'aient pu s'exprimer dans les urnes »122(*).

    Bien plus, les locaux de la Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ) ont été pillés pendant le soulèvement militaire de 1997, et ont subi d'énormes dommages. Mais encore, l'insécurité qui régnait ne pouvait pas jouer en faveur du maintien de ces relations diplomatiques bilatérales. En conséquence, celles-ci se crisperont et s'étioleront complètement pour aboutir à la fermeture des locaux de l'ambassade à Brazzaville à la fin de l'année 1997.

    Plusieurs signes marquant cette rupture se traduisent par le net recul des importations du bois et du gaz congolais par l'Allemagne.

    De même, les échanges commerciaux entre les deux Etats qui avaient atteint un niveau record en 2001 de 190 millions d'euros123(*) se sont réduits considérablement, au détriment de l'Etat congolais. L'aide au développement a été suspendue.

    L'octroi de bourses d'études aux étudiants congolais par la Fondation Hans Siedel dans le cadre de la coopération culturelle a tout simplement pris sa fin. Ce sont autant de signes qui ont témoigné de la rupture des relations bilatérales entre le Congo et la République fédérale.

    Cependant, depuis la fin des années 2002, le Congo a repensé sa stratégie en matière de politique étrangère à l'égard de ce partenaire en jouant le profil bas. Depuis, son action politique face à ce partenaire de poids, vise la réconciliation et le rétablissement de l'amitié germano-congolaise.

    La realpolitik obligeant, le Congo est allé à la recherche du « pardon » estimant avoir soigné ses tares internes ; source de son malaise avec l'Allemagne et pour lui montrer que le temps des incompréhensions était bel et bien révolu.

    La visite de l'ancien ministre congolais des affaires étrangères, Rodolphe Adada considéré comme la cheville ouvrière de la « nouvelle diplomatie » congolaise à Berlin en décembre 2003124(*), après six années de silence, participe justement de cette logique. Nous percevons là aussi le signe d'une nouvelle ère de coopération.

    L'évaluation que l'on peut faire quatre années après le rétablissement du contact diplomatique entre les deux Etats est que le Congo semble avoir gagné son pari diplomatique face à ce partenaire. Les incompréhensions d'hier sont effectivement dissipées, la coopération au développement a été renouée. A titre d'illustration, depuis le retour des institutions au Congo, l'Allemagne a repris ses multiples aides financières, participe à la réinstallation des réfugiés congolais et participera au processus, et à l'organisation de l'élection présidentielle prévue pour 2009.

    De nombreux dons en faveur du Congo témoignent également de la reprise de l'assistance allemande au gouvernement congolais. Ainsi, elle a accordé près de 28 millions d'euros pour la mise en place d'un système congolais qui vise à promouvoir les métiers artisanaux ainsi que la petite entreprise125(*).

    L'on peut retenir au terme de cette analyse que les relations germano congolaises ont connu une période de crispation due au retour au pourvoir par des moyens non démocratiques de Sassou Nguesso.

    Ayant pris conscience des enjeux, ce dernier a pris l'option de renouer ses rapports avec l'Allemagne, un partenaire de poids. C'est dans cette même logique qu'il va normaliser ses rapports avec ses autres partenaires au développement, notamment les bailleurs de fonds internationaux.

    Paragraphe 3 : Les relations entre le Congo et ses autres partenaires au développement : de la discorde à la normalisation

    La normalisation des relations entre le Congo sous la présidence de Sassou Nguesso II et les autres acteurs influents de la scène internationale ou ses partenaires au développement passe par un retour à la coopération et la reprise du dialogue entre l'U.E. (A), les institutions financières (B) et les Etats-Unis d'Amérique(C).

    les rapports entre le Congo et l'U.E.

    Les guerres civiles congolaises à répétition qui ont eues pour issue finale l'installation d'un gouvernement sans légitimité ont détérioré les relations multilatérales entre le Congo et la Commission de l'Union européenne.

    Celle-ci a affiché une méfiance claire à son endroit. L'argument principal avancé à ce climat de méfiance était que la crise politique congolaise s'était, après son éclatement, transformée en un véritable conflit armé qui a apporté un changement de gouvernement à propos duquel, « le peuple congolais n'a pas pu se prononcer par des élections libres »126(*). En conséquence, la Commission de l'U.E. a pris une série de mesures à la décharge du nouveau gouvernement. Concrètement, ce mécontentement s'est traduit entre autres par l'interruption de toute assistance financière en direction du Congo. Ceci s'est avéré, comme,on peut s'en douter, un véritable manque à gagner pour le nouveau gouvernement. Ceci a freiné substantiellement le développement de certaines activités économiques du Congo.

    Il faut noter ici que cette posture de la Commission de l' U.E était davantage encouragée par la mobilisation et les pressions fréquentes des pays du Nord de l'Europe et des partis politiques des Verts qui accusaient Sassou Nguesso d'avoir « renversé un président élu »127(*).

    Le Président autoproclamé s'aperçoit du manque à gagner de son coup d'Etat contre la démocratie.

    Pourquoi se maintiendrait-il dans cette posture désavantageuse et désapprouvée par un partenaire de cette envergure, et qui pourrait lui offrir tant d'opportunités ?

    Il adopte alors une attitude réaliste plutôt que de perdre davantage. L'application de la théorie réaliste en matière de politique étrangère signifie que l'acteur étatique doit s'efforcer à transformer les situations désavantageuses en situations avantageuses.

    Le Congo fera sienne cette stratégie. En effet, résolument décidé à mener une opération de charme et montrer à ce partenaire qu'il a bien compris le message, Sassou Nguesso entreprend la série de reformes que nous avons étudiées plus haut.

    C'est ainsi qu'à partir de l'année 2002, les relations entre les deux partenaires amorcent une nouvelle phase et se dégèlent. La Commission de l'U.E. est sensible aux changements entrepris par le gouvernement congolais, et prend en compte les évolutions de la situation interne128(*).

    Au lendemain de la « victoire » du Général Sassou Nguesso comme Président du Congo, à l'issue des élections présidentielles (premier et second tour) le 10 mars 2002, le président de la Commission de l'U.E marque sa « satisfaction » en déclarant : « l'Union européenne a pris note des résultats de l'élection présidentielle qui s'est tenue le 10 mars en République du Congo (Brazzaville). L'Union européenne considère que cette élection a donné à la population congolaise la possibilité d'exprimer son désir de paix et le refus de la violence »129(*).

    Cet apaisement était aussi exprimé par le Commissaire européen au développement et à l'action humanitaire Paul Nielson, qui s'était alors déclaré « optimiste » sur le processus électoral au Congo.

    Les relations entre les deux partenaires se sont alors peu à peu normalisées, et les signes de cette normalisation sont perceptibles en plusieurs points.

    La Commission de l'U.E. a repris ses aides et son assistance en faveur du Congo comme nous le montrerons dans la seconde partie de ce travail.

    Par ailleurs,Brazzaville a accueilli de nombreuses hautes personnalités de l'U.E., comme en témoignent la présence du nouveau Commissaire européen au développement, le belge Louis Michel le 31 janvier 2006, et six mois plus tard, le 6 juin la visite du chef de la diplomatie Belge, Karel De Gucht. Autant de signes qui témoignent à suffisance de la normalisation des relations entre le Congo et la Commission de l'U.E.

    B- Les relations entre le Congo et les institutions financières internationales

    Créées en 1944, les institutions de Bretton Woods composées du groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (F.M.I), avaient pour objectifs originels d'établir les équilibres économiques, de garantir un nouveau système de stabilité monétaire d'une part et de financer la reconstruction des pays détruits par la Seconde guerre mondiale, d'autre part. Cependant, depuis la fin de la Guerre froide et l'intensification des échanges internationaux, la planétarisation des enjeux tels que la démocratie, le libéralisme , les droits de l'Homme,les institutions de Bretton Woods se sont données pour mission de diffuser à l'échelle mondiale (surtout dans les pays en développement) ces valeurs libérales de démocratisation, de respect des droits de l'Homme, de l'Etat de droit et de la bonne gouvernance, comme vecteurs du développement et conditions sine qua non à toute assistance.

    Membre de la Banque mondiale depuis 1961, le Congo et cette institution entretiennent des relations plus ou moins fluctuantes. Avant l'arrivée du nouveau gouvernement en 1995, par exemple, le F.M.I. et la Banque Mondiale intervenaient au Congo pour essayer de relever une situation économique difficile.

    Les guerres de 1997 et 1998 ont sans doute été la cause de la crispation des relations entre le Congo et ces deux partenaires au développement. La discorde entre ces deux partenaires est marquée par la fin des prêts de la Banque mondiale.

    Selon les rapports sur le développement dans le monde établis sur les années 1993 à 1999, le Congo faisait partie des quarante et un pays très endettés du monde derrière l'Algérie, l'Irak et l'Angola130(*).

    En 1997, cette dette est taxée de « délinquante » par la Banque mondiale131(*). En 1997, elle était estimée à 2780 milliards de Fcfa.

    Cette intervention conjointe du F.M.I. et de la Banque mondiale avant l'installation du nouveau gouvernement montre que la conjoncture économique du Congo n'était pas bonne.

    L'Etat congolais a été accusé par ces deux institutions et puni par la suspension des aides et assistance financières. Celles-ci savaient pertinemment qu'en lui coupant  les « ailes », le Congo serait obligé de respecter leurs exigences, s'arrimerait à leurs idéaux. D'où la normalisation des rapports entre le Congo et ces deux institutions aussitôt que le Congo aura montré qu'il a compris les règles du jeu. Depuis 2002, avec l'encrage graduel de la paix civile, la Banque mondiale a repris ses prêts financiers au Congo132(*).

    La politique américaine du Congo (les nécessités de la realpolitik)

    La politique américaine du Président Sassou Nguesso entre 1997 et 2004 visait trois principaux objectifs.

    Rétablir les relations diplomatiques entre les deux Etats, rompues en 1998 par la fermeture des locaux de la Mission diplomatique des Etats-Unis à Brazzaville qui avaient été endommagés par les bombardements de 1997.

    Bien plus, la première puissance mondiale qualifiait Sassou Nguesso de « dictateur »133(*). N'ayant pas d'affinités politiques avec le nouveau gouvernement congolais et, désapprouvant la façon dont les nouvelles autorités congolaises étaient arrivées au pouvoir, le gouvernement américain s'oppose désormais à toute aide financière internationale en faveur du Congo tant que Sassou Nguesso n'aurait pas restauré la démocratie congolaise qu'il «  venait de brûler au pétrole ». Aussi, ce dernier comprend-t-il qu'il y va même de sa survie politique que d'adapter son comportement aux exigences de l'hyper puissance. Il jouera à fond la carte de l'enfant désormais « discipliné » voire « du bon élève » afin de rentrer dans les bonnes grâces du gouvernement américain.

    Ainsi, après une rupture majeure, les relations diplomatiques entre les deux Etats se renouent graduellement, d'abord, en installant provisoirement les services diplomatiques à Kinshasa, puis à Brazzaville en 2006 avec l'ouverture d'une nouvelle ambassade et l'accréditation d'un nouvel ambassadeur américain.

    Par la suite, le Président congolais a multiplié les manoeuvres et tactiques ; toute son action politique vis-à-vis des Etats-Unis étant de leur montrer qu'il est disposé à s'adapter aux exigences de l'environnement international lui-même dominé par la puissance américaine.

    Dans cet ordre d'idées, le représentant du président congolais auprès du gouvernement américain soutiendra plus tard qu'il « fallait d'abord, après les guerres civiles de 1997, 1998 et 1999 rétablir l'image du Congo sur la scène internationale en expliquant à notre partenaire le plus puissant du monde que le Président Sassou Nguesso était une chance pour le Congo et qu'il fallait l'aider à rétablir la paix, la démocratie et à relever l'économie congolaise »134(*).

    Le deuxième objectif du Président a consisté, après avoir « assaini » la situation interne, à attirer à nouveau les investisseurs américains, signer des accords économiques et autres protocoles en vue de renforcer davantage les liens économiques entre les deux pays, notamment dans le domaine des hydrocarbures.

    C'est ainsi que plusieurs contrats entre l'Etat congolais et des compagnies d'exploitation pétrolière telles Chevron et Texaco sont devenues depuis 2004 opératrices de tout un champ pétrolier au Congo, au même titre que la compagnie TotalfinaElf . Ce qui ne l'était pas auparavant. Il s'agit du champ pétrolier dit de Nkossa135(*). A ceci s'ajoute désormais la présence du géant américain de l'agroalimentaire la Seabord Corporation, localisée dans la ville principale du Sud Congo : Dolisie. La présence de ces firmes, symboles de la puissance américaine, a donné une nouvelle impulsion aux relations économiques bilatérales entre le quatrième pays producteur de l'or noir au sud du Sahara et l'hyper puissance mondiale. Elles ont depuis, créé un climat favorable au développement de ces relations qui bénéficient de la conjoncture actuelle.

    Le dernier objectif découle tout naturellement des deux précédents à savoir : maintenir le dialogue et une confiance basée sur une vision large et partagée avec l'hyper puissance mondiale.

    Section II : Le Congo au coeur des enjeux africains

    La politique africaine du Congo de cette première décennie du XXIè siècle peut être appréhendée comme une action en discontinuité avec celle qu'il a menée durant les années qui ont suivi les indépendances jusqu'à la fin de l'ère Sassou I ( 1979 -1992). Les nouvelles orientations politiques de Sassou Nguesso dans les dynamiques de l'intégration du Continent sont clairement définies. Ce dernier semble accorder plus de place à l'Afrique dans son agenda diplomatique. Le Président congolais affiche désormais un engagement et un enthousiasme à la vaste ambition d'une Afrique unie économiquement et politiquement.

    A quelles logiques répond ce dévouement de plus en plus affiché pour le Continent ? Quels sont les enjeux sous-jacents à cet autre recentrage de la politique étrangère du Congo ? Si l'on s'en tient au fait que chez l'acteur politique aucun acte n'est gratuit, tout porte à croire que Sassou Nguesso souhaite réconforter la place du Congo en Afrique et accroître son influence auprès de ses pairs africains.

    De ce fait, il voudrait se positionner comme l'une des nouvelles figures de proue, l'un des portes flambeau des idéaux panafricanistes résumés par la réflexion de Nkrumah «  Africa must unite »136(*)? Comment expliquer cette nouvelle stratégie ? Nouvelle stratégie car en remontant dans le temps, on s'aperçoit que toute la politique africaine du Congo a toujours été empreinte de signes de sa préférence ainsi que son alignement derrière la France. Cette dernière l'avait fait capitale de ses colonies d'Afrique noire. Aussi, son engagement vis-à-vis de l'Afrique ne pouvait être que partielle. Jouissant effectivement d'une position stratégique avantageuse, le Congo jouait un double jeu pendant les années qui ont suivi les indépendances, dans la mesure où ses dirigeants de cette époque étaient davantage en faveur de regroupements de moindre envergure, car cela représentait des enjeux pour le Congo. Aujourd'hui, une vingtaine d'années après, on assiste à une sorte de revirement stratégique de la diplomatie africaine du Congo.

    Afin de mesurer la portée des nouveaux choix dans la politique africaine du Congo aujourd'hui, nous pensons opportun de remonter dans le temps pour saisir le « comment « et le «  pourquoi » du manque d'enthousiasme dans les actes du Congo en ce qui concerne l'ambition d'unir politiquement les entités africaines nouvellement indépendantes (Paragraphe1)et tenter d'analyser les motivations profondes qui sous- tendent l'option politique d'un recentrage de la politique africaine du Congo en passant par la définition des relations entre le Congo et ses partenaires de la Communauté économique et monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC) (Paragraphe 2).

    Paragraphe 1 : Le manque d'enthousiasme au projet des Etats-Unis d'Afrique

    « L'Afrique ne prendra conscience de son destin, ne réalisera son unité, ne fera entendre sa voix dans le concert des nations que lorsque les Africains penseront eux-mêmes leurs problèmes, élaboreront eux-mêmes leurs propres solutions »137(*).

    Telle est en substance l'argument avancé par l'un des promoteurs et idéologues d'une intégration politique des Etats africains. S'agit t-il là d'une véritable invitation à tout acteur africain, dont l'action peut influencer le cours de l'histoire de ce continent ? Il faut regretter que cette initiative n'avait pas trouvé d'écho favorable sur l'ensemble du continent et encore moins en République Populaire du Congo (R.P.C.) qui, dans ses actes manifesta son opposition et ce, en dépit du fait qu'elle avait pourtant souscrit aux principes et objectifs fondamentaux contenus dans la Charte de l'Organisation de l'unité africaine. Qu'est-ce qui justifie cette position?

    Bien avant les indépendances, le Congo, encore sous colonisation française est considéré, comme « l'enfant affectionné de la France », Sassou Nguesso le soutient encore aujourd'hui : «  Nous savons toujours ce que nous devons à Savorgnan de Brazza, les autres (...) pour tout ce que la France a fait pour le Congo » 138(*) .

    Incontestablement, cela lui confère un atout que ne possède alors ni le Gabon, ni le Tchad, ni la R.C.A, ni le Cameroun. La R.P.C. en fait un véritable atout stratégique en sa faveur. Elle est la capitale des colonies françaises d'Afrique (A.E.F.) dans les années 1940 avec des retombées énormes pour cet Etat.

    Alors que la France et l'Europe sont sous la domination nazie, le Général De gaulle à Londres, choisit Brazzaville (qui est s'est ralliée à la France dite libre) pour abriter le Conseil pour la défense de l'Empire français en février 1944.

    Ce détail est très important pour la R.P.C ; cela lui permet de maintenir l'illusion qu'il a acquis une certaine influence parmi les autres entités de l'A.E.F. ayant effectivement retourné ce facteur en sa faveur et qu'il pouvait à coup sûr brandir à tout moment.

    C'est ainsi qu'il peut à cette époque espérer dissuader, persuader et susciter de l'attention. En outre, il se croit capable d'imposer ses vues aux autres.

    A titre d'illustration, devenue une entité politique indépendante, à l'Assemblée générale de l'ONU, la R.P.C. est à la tête du groupe qui porte le nom de sa capitale politique : le groupe de Brazzaville139(*) composé de 15 Etats tous « indépendants ». La stratégie de la R.P.C. vise peut-être à maintenir son influence en s'unissant à 15 plutôt qu'au sein d'un cadre plus grand.

    A la vérité, l'idée que toutes les entités politiques africaines devraient former un seul bloc homogène constituait à coup sûr une menace pour la R.P.C. qui, à ce moment avait accumulé bien des atouts à sa faveur. En conséquence, elle ne voudrait en aucun cas voir se diluer sa «puissance » dans une grande et seule entité où elle n'aurait certainement plus « d'autorité »140(*) . En plus, ses antécédents avec la France ont fait que l'Afrique n'avait pas une place prioritaire dans son agenda de politique extérieure.

    Une vingtaine d'années plus tard, l'Afrique semble désormais occuper une place de choix dans le nouvel agenda de politique étrangère du Congo. Le Congo de la première moitié du XXIè siècle réconforte sa position et manifeste des signes en faveur d'une Afrique qui doit être « le sujet de sa propre histoire et non plus l'objet des manipulations extérieures »141(*). (Voir l'annexe 3 à la fin de cette étude) De nouveau à la tête du Congo, Sassou Nguesso modifie la trajectoire de la politique du Congo face à l'Afrique. Ceci n'est pas sans susciter des interrogations de notre part. Comment expliquer ce rôle ? Son action à la tête d'un Etat d'à peine quatre millions d'habitants pèse-t-elle vraiment sur le devenir du continent ? Ce recentrage vise-t-il les intérêts du continent entier, ou répond-t-il à des besoins particuliers, quelles sont les significations, sinon la finalité de cette politique ?

    Paragraphe 2 : Une nouvelle politique africaine aux enjeux inavoués

    La conduite humaine peut toujours être traduite en termes de moyens et de buts, pourvu que l'acte ne soit pas un simple réflexe et que l'acteur ne soit pas insensé142(*). Si l'on s'en tient à ce point de vue de Raymond Aron, les nouveaux choix du Congo dans les dynamiques de l'unité « économique et politique » du continent africain s'y prêtent. Cette résolution de Sassou Nguesso de jouer la carte du panafricanisme relève du réalisme et du pragmatisme propre à tout acteur rationnel.

    Elle vise deux choses : redorer son blason auprès de ses pairs africains et à terme, rendre le Congo incontournable dans la diplomatie africaine143(*). D'où le recentrage de son action en faveur du continent. Plusieurs signes de ce regain d'intérêt pour l'Afrique sont perceptibles en bien des points. D'abord au niveau des moyens, la part du Congo dans le budget de l'U.A à été revue à la hausse depuis le retour du Général Sassou sur l'échiquier politique congolais144(*) Elle est de 0.75% à ce jour. Viennent ensuite ses initiatives, pour mettre le continent tout entier à l'abri de tout conflit.

    En effet, le Président Sassou a proposé en 2004, le « Pacte contre l'agression » au niveau de l'U.A., Pacte devenu depuis l'année 2006, une convention de tous les Etats membres de la nouvelle institution panafricaine.

    Il convient de souligner qu'à l'origine, l'initiative d'établir un cadre institutionnel visant une défense commune africaine et la résolution des conflits sur le continent a été lancée par le guide libyen Mouammar kadhafi lors du Sommet de l'U.A. à Maputo, en juillet 2003, bien que la nécessité de la mise en place d'une politique de défense commune avait été exprimée dans la charte de la défunte O.U.A et aujourd'hui inscrite en bonne place dans les principes de l'Acte constitutif de l'U.A.145(*). Cependant, la réactualisation de ce projet « mort né » est attribuée au Président congolais.

    Ce projet semble avoir eu un écho favorable. Il conviendrait même d'ajouter que sa renommée est attribuée à la volonté de Sassou Nguesso de vouloir structurer un système de sécurité collective en Afrique afin que les expériences dramatiques du Rwanda, Somalie, d'Ethiopie-Erythrée ne se reproduisent plus146(*). Son initiateur soutient qu'il entend engager le Continent dans la conquête résolue de la paix147(*).

    Pour mieux appréhender les buts du Président congolais à travers cette politique, il est opportun de comprendre d'abord la signification et la quintessence de cette « initiative » et s'interroger ensuite sur ses enjeux éventuels.

    A- La philosophie du Pacte contre l'agression

    Le texte intégral et officiel du Pacte panafricain contre l'agression et de défense commune (Annexe 4) réactualisé par le Président congolais fut finalement adopté le 31 janvier 2005 au Sommet d'Abuja après d'âpres négociations diplomatiques, comme l'affirme l'un des instigateurs et rédacteurs de cette initiative148(*). Il a été aussi pris en compte et soutenu par le Conseil de Sécurité de l'ONU. Il est ouvert à la signature des Etats membres de l'U.A. depuis le 8 mars 2005 à Addis abéba149(*).

    Il est composé d'un préambule et de vingt et trois articles dont les trois premiers constituent le socle. Le premier article enjoint formellement les Etats membres de l'U.A. de s'engager contre l'agression, tout en explicitant comment ceux-ci renforceront la sécurité du Continent en unissant leurs forces. Aussi, la définition des notions de : agression, sécurité humaine, non agression y est-elle consacrée.

    Le second article, mise sur les principes de prévention des conflits. Il énonce les principes qui devront être adoptés par tous les signataires en matière de rétablissement ou d'imposition de la paix. Enfin, le troisième article dudit Pacte, met l'accent sur les instruments de prévention et de résolution des conflits. Il détaille l'ensemble des moyens prévus par le Pacte pour empêcher toute situation conflictuelle d'atteindre son point critique.

    La philosophie du pacte contre l'agression peut se résumer en ces termes : l'Afrique demeure la proie des conflits civils armés intra pays. Ces conflits constituent de facto, la première cause de la marginalisation économique du continent. Il s'avère urgent de l'engager dans la conquête résolue de la paix. L'objectif politique est d'adopter un cadre institutionnel militaire, constitué d'une armée neutre qui interviendrait dans les conflits frontaliers et autres formes d'agressions inter-Etats.

    Aussi, les Etats africains membres de l'U.A. doivent-ils non seulement promouvoir la coopération économique, source de stabilité, mais aussi, doivent-ils favoriser la coopération en matière de défense commune en Afrique. La promotion de la co-existence pacifique, la prévention des conflits, la résolution de ceux-ci par la voie pacifique, telle est la substance du Pacte contre l'agression.

    L'originalité du Pacte réside sans doute dans le fait qu'il définit un cadre sur la base duquel l'Union pourrait intervenir ou autoriser une intervention en vue de prévenir ou de faire face à des situations d'agression, conformément à l'Acte constitutif de l'Union Africaine, au Protocole du Conseil de sécurité et de paix, et à la Politique africaine commune de « défense et de sécurité »150(*). C'est dire, si l'on s'en tient à ce qui précède que toute agression ou menace d'agression dirigée contre l'un des Etats membres, constituerait une menace ou une agression contre l'ensemble des Etats membres.

    Si tels sont, en substance les objectifs majeurs du Pacte, celui-ci, rappelle la nécessaire intégration des économies africaines, fondement et moteur d'une paix durable.

    A la suite de la présentation des principes du Pacte contre l'agression, on peut s'interroger sur la pertinence de doter l'U.A. de cette « nouvelle institution » alors que, jusqu'à ce jour, la Force africaine semble incapable de résoudre, et même d'empêcher les exactions et autres massacres dans certains chauds points du Continent tels le Darfour, la Somalie, la République démocratique du Congo (R.D.C.). Quel peut être le degré d'effectivité, du respect, de l'applicabilité des principes de ce Pacte  dans la Corne de l'Afrique par exemple ?

    B. La pertinence du Pacte contre l'agression

    Il convient de noter tout d'abord que le Pacte contre l'agression est un vaste projet dont le processus d'évaluation d'efficacité ou d'opérationnalité est à inscrire dans la durée. Il serait bien trop tôt de dresser le bilan alors que tous les Etats membres de l'U.A. n'ont pas jusqu'à ce jour, souscrit au dit Pacte.

    Toutefois, une défense commune revêt une importance inéluctable sans laquelle, tout effort sur le plan sécuritaire ne pourrait que se solder par des résultats que l'on connaît jusqu'à ce jour.

    Le développement de l'Afrique sera tributaire de la capacité des africains à établir la paix sur le Continent.

    Ensuite, les conflits sont loin d'avoir été évacués du continent et que bien que l'Afrique centrale et celle des Grands Lacs ne se trouvent pratiquement plus au bord de l'effondrement général et ne risquent plus de passer demain pour l'épicentre d'une implosion continentale151(*) ,une défense commune est nécessaire.

    Le continent abrite encore d'autres foyers de tensions. Les conflits au niveau de la Corne de l'Afrique, et bien d'autres latents ou ouverts dans d'autres régions du Continent sont loin d'avoir été complètement éteints.

    Mais l'argument en faveur d'une institution pour une défense commune pour l'Afrique est qu'à l'heure actuelle tout comme avant, les intérêts économiques des anciennes métropoles y sont prépondérants. Il s'agit des  « puissances d'argent » qui manifestent de moins en moins d'intérêt vis-à-vis des problèmes sécuritaires du continent.

    Des statistiques montrent que l'effectif global des armes en Afrique se situe à 2,2 millions pour 14 milliards de dollars par an152(*). Or, nul n'ignore que ces armes servent le plus souvent à la déstabilisation du continent. Aussi la défense commune devient-elle indispensable ne serait-ce que pour cette raison.

    La présence d'une  force africaine au Darfour bien que ne disposant pas pour le moment des moyens logistiques, apparaît comme le signe tangible de la marche vers la défense commune en question.

    L'adoption d'un cadre institutionnel, pouvant servir de base juridique d'une armée africaine unique et supranationale qui interviendrait dans les conflits frontaliers et autres formes d'agression inter-Etats, s'avère donc salutaire.

    La dernière question que l'on peut se poser tout naturellement est de savoir quels sont les enjeux du Congo, mieux, les gains recherchés par l'un des initiateurs de ce projet,  le Président Sassou Nguesso? Autrement dit, que gagne le Congo dans ce projet ? Car il nous faut, comme le préconiserait l'analyse géopolitique, chercher les motivations, les visées profondes pour comprendre l'action des acteurs internationaux153(*).

    C. Les enjeux du Congo dans cette initiative

    Incontestablement, l'initiative prise par le président Sassou Nguesso qui, faut-il le rappeler, avait déjà présidé aux destinées du continent entre 1986-1987, de mettre sur pied un cadre juridique et institutionnel indispensable à l'U.A. présente aussi de nombreux enjeux pour cet acteur politique.

    Sa motivation véritable est qu'il voudrait se positionner comme l'une des figures de proue dans les nouvelles dynamiques de l'intégration africaine aux côtés du Guide libyen Mouammar kadhafi. Pour avoir  montré un intérêt particulier pour l'adoption par plus des deux quarts des Etats membres de l'UA et un investissement personnel et financier154(*), le Général traduit assurément en actes son ambition de faire partie d'un ensemble géopolitique plus grand avec peut-être, la prétention d'en être un jour, l'un des éléments clé.

    Cela ne fait aucun doute, car, il y a bel et bien des enjeux géopolitiques dans la politique africaine du président congolais, étant donné que la motivation politique est de placer le Congo au coeur des enjeux africains. La mise en perspective d'un tel comportement est possible et nous permet de postuler que l'objectif du président Sassou Nguesso est clair : rendre le Congo incontournable dans la diplomatie africaine.

    Michel Rocard n'a pas manqué le couvrir d'éloges à ce titre, en comparant le Pacte contre l'agression avec le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD). Pour lui, celui-ci est l'initiative de cinq chefs d'Etats alors que là c'est « un seul homme qui prend sur lui le destin sécuritaire de l'Afrique, c'est courageux de la part du président congolais, on ne pourra plus parler de NEPAD sans parler de la Doctrine Sassou »155(*).

    Au terme de cette analyse l'on peut affirmer que les orientations de la politique africaine du Congo sous Sassou II depuis son retour sur la scène politique congolaise, ne sont pas neutres, mais traduisent des motivations politiques bien précises.

    L'action politique du Congo pour l'Afrique est passée de l'hésitation à une vitesse supérieure. Cet engagement est aussi perceptible à l'endroit des pays voisins, c'est-à-dire face à des pays avec lesquels, il partage les mêmes frontières.

    Paragr La pertinence du Pacte contre l'agression

    Il convient de noter tout d'abord que le Pacte contre l'agression est un vaste projet dont le processus d'évaluation d'efficacité ou d'opérationnalité est à inscrire dans la durée. Il serait bien trop tôt de dresser le bilan alors que tous les Etats membres de l'U.A. n'ont pas jusqu'à ce jour, souscrit au dit Pacte.

    Toutefois, une défense commune revêt une importance inéluctable sans laquelle, tout effort sur le plan sécuritaire ne pourrait que se solder par des résultats que l'on connaît jusqu'à ce jour.

    Le développement de l'Afrique sera tributaire de la capacité des africains à établir la paix sur le Continent.

    Ensuite, les conflits sont loin d'avoir été évacués du continent et que bien que l'Afrique centrale et celle des Grands Lacs ne se trouvent pratiquement plus au bord de l'effondrement général et ne risquent plus de passer demain pour l'épicentre d'une implosion continentale156(*) ,une défense commune est nécessaire.

    Le continent abrite encore d'autres foyers de tensions. Les conflits au niveau de la Corne de l'Afrique, et bien d'autres latents ou ouverts dans d'autres régions du Continent sont loin d'avoir été complètement éteints.

    Mais l'argument en faveur d'une institution pour une défense commune pour l'Afrique est qu'à l'heure actuelle tout comme avant, les intérêts économiques des anciennes métropoles y sont prépondérants. Il s'agit des  « puissances d'argent » qui manifestent de moins en moins d'intérêt vis-à-vis des problèmes sécuritaires du continent.

    Des statistiques montrent que l'effectif global des armes en Afrique se situe à 2,2 millions pour 14 milliards de dollars par an157(*). Or, nul n'ignore que ces armes servent le plus souvent à la déstabilisation du continent. Aussi la défense commune devient-elle indispensable ne serait-ce que pour cette raison.

    La présence d'une  force africaine au Darfour bien que ne disposant pas pour le moment des moyens logistiques, apparaît comme le signe tangible de la marche vers la défense commune en question.

    L'adoption d'un cadre institutionnel, pouvant servir de base juridique d'une armée africaine unique et supranationale qui interviendrait dans les conflits frontaliers et autres formes d'agression inter-Etats, s'avère donc salutaire.

    La dernière question que l'on peut se poser tout naturellement est de savoir quels sont les enjeux du Congo, mieux, les gains recherchés par l'un des initiateurs de ce projet,  le Président Sassou Nguesso? Autrement dit, que gagne le Congo dans ce projet ? Car il nous faut, comme le préconiserait l'analyse géopolitique, chercher les motivations, les visées profondes pour comprendre l'action des acteurs internationaux158(*).

    aphe 3 : La recherche de relations de bon voisinage et d'une coexistence

    pacifique

    La politique étrangère du Congo vis-à-vis de ses voisins sous le président Sassou NGuesso II se situe dans la droite ligne de ce qui a toujours prévalu. Elle trouve ses principes dans la première Constitution de la République populaire du Congo (celle de 1977). Ils sont repris par celle de 2002.

    Traditionnellement, ces principes se structurent autour de la quête de relations de bon voisinage et de coexistence pacifique. Pour Alfredo Varelo159(*), ces notions de bon voisinage et de coexistence pacifique semblent synonymes avec, toutefois des contenus différents. Ainsi, la coexistence pacifique serait plutôt un principe qui régirait les rapports entre les Etats à systèmes socio- politiques différents. Elle aurait pour but principal de favoriser la détente et d'atténuer les conflits.

    Alfredo Varelo ajoute que la coexistence pacifique signifie avant tout que les contradictions antagonistes entre les pays socialistes et capitalistes, la confrontation des deux systèmes dont chacun part de ses propres positions de classe, ne rendent aucunement inévitable un conflit militaire entre eux160(*).

    Appliqué à l'Etat du Congo, les relations de bon voisinage et de coexistence pacifique excluent l'intervention de celui-ci dans les affaires intérieures d'autres Etats, la violation de leur intégrité territoriale et de leur souveraineté161(*).

    Dès lors, il apparaît très clairement que la notion de coexistence pacifique met l'accent sur la sécurité et la paix, la coopération économique, les échanges culturels etc.

    Le bon voisinage par contre, implique non seulement le maintien et le développement de bonnes relations politiques, mais aussi et surtout, le renforcement des alliances, de la coopération. Celle-ci doit être souhaitée, active et recherchée.

    Comment se vérifient ces postulats dans la structuration des rapports entre le Congo et ses voisins de la sous région ?

    A- la recherche d'un voisinage serein avec la R.D.C.

    Les relations entre les deux Congo n'ont pas toujours été d'amitié. Si l'on remonte dans l'histoire, on s'apercevra que celles-ci ont été jalonnées de crises. Mais le Congo Brazzaville semble privilégier depuis, le compromis et les réajustements. C'est ainsi que le Manifeste du 16 juin 1970 sur la réconciliation entre les deux Etats fut adopté, dans lequel les présidents Mobutu et Ngouabi s'engageaient solennellement « à tout mettre en oeuvre pour sauvegarder et consolider la paix et la coopération entre les deux Congo, afin d'assurer la coexistence pacifique entre leurs Etats, pour une meilleure compréhension et pour une amitié indéfectible et permanente des peuples frères »162(*). Trente années plus tard, quel bilan peut-on faire de ce Manifeste ?

    Les relations entre les deux Etats ont connu des périodes de crispation jusqu'en 2001 de sorte que, à s'en tenir aux propos d'un diplomate anonyme : « à cette période, c'est comme si ces deux pays qui se font face, se tournaient le dos »163(*). Brazzaville est effectivement située en face de Kinshasa sur le Fleuve Congo. Cette proximité géographique naturelle devrait pourtant favoriser de facto des relations diplomatiques intenses. A l'examen cependant, l'on dresse un tableau différent à cause du manque d'affinités politiques entre les deux Etats.

    Le président congolais de Brazzaville a toujours soutenu Jean Pierre Mbemba, ancien vice président et leader du Mouvement pour la Libération du Congo démocratique (M.L.C.). Or, ce mouvement a toujours été considéré par les autorités de Kinshasa comme un mouvement rebelle visant à déstabiliser le pouvoir officiel.

    Toutefois, le Général Sassou Nguesso ne s'est pas impliqué dans les activités menées par le M.L.C.

    D'aucuns pensent que le Congo Brazzaville ne met pas assez à profit toutes les possibilités de coopération qui existent avec la R.D.C.

    Aujourd'hui, le Congo (Brazzaville), tente de restructurer ses rapports avec son voisin de l'autre côté du fleuve de manière à ce que ceux-ci lui soient avantageux.

    La realpolitik conduit parfois à des accommodements vis-à-vis des acteurs ou des partenaires dont on n'a pas la même perception des affaires.

    Ainsi, les relations entre les deux Etats semblent renaître bien qu'il nous ait été difficile d'établir des statistiques sur l'évolution des échanges commerciaux entre les deux Etats par exemple164(*). Il est à noter au demeurant que la R.D.C. est le premier fournisseur de produits alimentaires de base au Congo Brazzaville.

    Sur le plan politique, l'on a pu noter des signes d'une reprise de dialogue, avec notamment, la visite officielle du Président Sassou Nguesso à Kinshasa en 2004, au cours de laquelle des entretiens cordiaux ont eu lieu et, ont porté sur la reprise d'une coopération plus pacifique et plus visible entre les deux pays.

    S'ajoute à ceci, la présence du président Sassou Nguesso lors de la prestation de serment du nouveau Président de la R.D.C Kabila Joseph ( Junior) sans oublier, le dernier déplacement de Sassou Nguessu en janvier 2007 où il est allé rendre un hommage au cardinal Frédéric Etsou décédé.

    Nous pourrons fournir davantage d'exemples qui sont des signes d'une nouvelle impulsion des relations diplomatiques bilatérales entre les deux Etats.

    Par ailleurs, nous avons volontairement négligé les périodes de tension aiguë entre les deux Etats pour mettre l'accent sur les efforts déployés par le président Sassou Nguesso en vue de coexister pacifiquement et maintenir un commerce d'amitié avec son voisin, ce d'autant plus que le Congo semble résolument vouloir en finir avec les relations d'hostilités avec ses voisins. Désormais, il est question d'en finir avec les questions qui fâchent.

    Somme toute, les relations entre ces deux Etats se déclinent en termes de tensions, de dégel, et de rapprochement, justifiant ainsi, ce que fait valoir Marie-Christine Kessler des rapports qu'un Etat entretient avec les gouvernements étrangers qui peuvent être de rivalité, d'hostilité ou d'amitié 165(*)

    En outre, cette alternance dans les relations diplomatiques bilatérales entre ces deux Etats est une caractéristique classique des relations internationales car, comme le concède Raymond ARON, celles-ci, ont toujours étés articulées autour de la double option de la guerre et de la paix, incarnée par le diplomate et le soldat166(*).

    Si avec la R.D.C., le Président Sassou Nguesso tente de façonner un nouvel environnement propice à une coexistence pacifique, le commerce avec d'autres pays voisins s'avère plus fluide et plus poussé dans le cadre d'une intégration sous-régionale.

    B. Le renforcement des relations de bon voisinage avec le Cameroun

    La politique extérieure du Congo post-guerres civiles vis-à-vis de ses voisins de l'Afrique centrale est loin d'être unilinéaire. En effet, la proximité géographique entre le Congo et le Cameroun n'a jamais été un facteur prépondérant dans le développement de leurs interactions officielles.

    Les relations diplomatiques entre le Congo et le Cameroun n'ont pas toujours été intenses. Le principal facteur explicatif de cet état de chose est que les conceptions idéologiques et politiques dont chacun se réclamait n'ont jamais convergé. Au lendemain de leurs accessions respectives à la souveraineté politique, le Congo était idéologiquement d'obédience socialiste, allié de Moscou, tandis que le Cameroun, avait choisit la voie du Capitalisme.

    Ces différences d'option idéologiques, longtemps persistantes, n'ont guère favorisé l'intimité entre ces deux Etats167(*). Sur le plan diplomatique, un premier effort sera toutefois accompli par l'accréditation du représentant du Chef de l'Etat camerounais à Brazzaville en 1981, tandis que l'ambassadeur du Congo à Yaoundé ne sera accrédité qu'un an après (janvier 1982).

    Les liens qui prévalent entre les deux pays sont davantage notoires sur le plan commercial et technique. Le Congo demeure le deuxième partenaire commercial du Cameroun en Afrique centrale. Les exportations de l'Etat camerounais vers son voisin n'ont pas cessé d'augmenter en volume depuis de nombreuses années168(*). Toutefois, ces échanges commerciaux sont déséquilibrés et ne profitent véritablement qu'au Cameroun. Aussi, cette question doit-elle constituer une priorité dans l'agenda des priorités congolaises dans les sessions de sa commission mixte avec le Cameroun.

    L'on pourrait dresser le même tableau sur le plan technique et culturel. En effet, depuis la fin des années 1990, on assiste par exemple à un accroissement des effectifs des étudiants congolais dans les universités et grandes écoles de formation au Cameroun169(*). Grâce aux accords de coopération170(*), ces derniers sont soumis au même traitement financier que les étudiants nationaux171(*). Ceci permet, au passage, une mobilité plus visible dans le cadre d'une intégration communautaire. En somme, les relations diplomatiques entre le Congo et le Cameroun sont à la lisière de l'hostilité, de la méfiance et l'amitié.

    C-le renforcement des relations traditionnelles d'amitié avec le Gabon, l'Angola, le Tchad, la R.C.A.

    Avec les autres Etats voisins dont le Gabon, la R.C.A , l'Angola, auxquels il convient d'ajouter le Tchad, liés historiquement, l'action du Congo porte davantage sur le renforcement de ce que l'on pourrait qualifier d'« alliances » traditionnelles qui ont toujours prévalues dans ces rapports bilatéraux.

    Selon le dictionnaire hachette encyclopédie, une alliance est  « un engagement formel ou informel, entre deux Etats (ou entités politiques) où davantage, destiné à assurer leur coopération dans le domaine de la sécurité internationale et de la défense »172(*). Lorsqu'ils s'allient, les dirigeants politiques des Etats concernés, visent le plus souvent trois objectifs :créer ou renforcer une menace dissuasive vis-à-vis des Etats tiers, accroître leur puissance si un conflit armé venait à éclater ,et parfois,empêcher le pays avec lequel ils s'allient ,de rejoindre une autre alliance.

    Toute l'histoire des relations internationales le montre à suffisance, les Etats en quête de puissance, tissent des alliances afin de renforcer celle-ci.

    Mais les alliances se caractérisent par  le fait qu'elles ne sont jamais éternelles, elles se tissent en fonction des enjeux du moment. En effet, les intérêts des Etats sont changeants,et que celui qui est l'ami aujourd'hui, ne le sera peut-être pas demain, la rupture éventuelle plane dès lors qu'une alliance est scellée.

    C'est dans cette logique de renforcer sa « puissance » que le Général Sassou Nguesso entretient des relations privilégiées avec certains dirigeants africains francophones avec lesquels il a des affinités politiques.

    Lors de ses passages antérieurs au pouvoir, il a également tissé un réseau de relations avec des Chefs d'Etat des pays lusophones tel l'Angola et hispanophones telle la Guinée équatoriale.

    Avec le Gabon la coopération est encadrée par une série de conventions bilatérales. Sur le plan politique, Brazzaville et Libreville entretiennent des relations diplomatiques au plus haut niveau. Ceci se manifeste par les multiples visites dans les deux sens qu'effectuent régulièrement les deux Chefs d'Etat, mais aussi celles des leurs ministres respectifs. De plus, les deux Etats sont liés par l'oreiller173(*).

    La coopération entre le Congo et la République centrafricaine existe depuis 1970. Elle est renforcée davantage depuis le retour au pouvoir du président Sassou Nguesso parce que les deux Chefs d'Etat semblent avoir plus d'affinités politiques.

    Sur le plan politique, Bangui et Brazzaville entretiennent des relations diplomatiques certaines. L'on en veut pour preuve les nombreuses les visites et autres échanges entre les deux pays. La coopération porte sur la culture et l'assistance militaire.

    S'agissant de l'assistance militaire, Brazzaville a envoyé des troupes pour soutenir le Général François Bozizé dans sa conquête du pouvoir.

    Les échanges sont moins visibles sur le plan commercial. En effet, l'économie de la R.C.A. et des autres pays enclavés de la sous région est plus dépendante du Cameroun où la majeure partie de leur  commerce transite par le port de Douala.

    L'Angola, pays lusophone de 1 246 000 km², et de 10 millions d'habitants, entretient d'étroites relations diplomatiques et militaires avec le Congo. L'établissement de ces relations remonte loin dans le temps. L'Angola a accédé à l'indépendance bien tard.Or, le Congo sous les présidences de Fulbert Youlou et de Massemba Débat a joué un rôle non négligeable dans le processus qui devrait aboutir à la décolonisation de l'Angola. Très tôt, la R.P.C s'est prononcée en faveur de l'autodétermination de l'Angola et a aidé largement les forces de l'Union Nationale pour l'indépendance Totale de l'Angola (UNITA).

    Ces relations ont cependant connu un certain refroidissement, à cause de la discorde entre Pascal Lissouba et Dos Santos. Ce dernier aspect permet de comprendre les logiques qui ont prévalu à son intervention en faveur du Général Sassou dans la guerre congolaise de 1997.

    Aujourd'hui, les liens entre les deux pays se sont consolidés, les deux Chefs d'Etats sont respectivement représentés par des ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires.

    Conclusion à la première partie

    Cette première partie visait à rendre compte des enjeux sous-jacents aux nouvelles orientations de la politique étrangère du Congo depuis le retour du président Sassou Nguesso comme Chef de l'Etat et acteur principal de l'échiquier politique congolais. Nous sommes partie de l'hypothèse centrale selon laquelle ces orientations répondaient à des besoins régulateurs précis. Il était effectivement impératif pour le Congo d'adapter son comportement interne aux exigences de l'environnement externe, voire international afin de sortir de l'isolement et retrouver la crédibilité aux yeux des institutions financières internationales, des bailleurs de fonds internationaux mais aussi,au près des autres partenaires au développement.

    Pour ce faire, nous avons subdivisé cette première partie en deux chapitres. Il nous a paru nécessaire de brosser dans un premier temps la situation interne du Congo, à l'issue de l'irruption du Général Sassou Nguesso sur la scène politique congolaise, irruption qui a été à l'origine des problèmes que nous avons pu relever.

    Ces problèmes internes ont provoqué un malaise au niveau de la communauté internationale qui a tardé à reconnaître ce pouvoir issu des armes, hormis la France.

    Ce qui a fait en sorte que le nouveau gouvernement congolais repense sa politique interne ainsi que sa politique extérieure ; d'où le réalisme et le pragmatisme politiques.

    Dans un second temps, nous avons mis l'accent sur les enjeux des choix et des décisions prises par le président Sassou Nguesso en matière de politique étrangère du Congo, en analysant leurs motivations profondes, tout en y décelant les tendances durables et celles liées à la conjoncture, car après tout, la politique étrangère n'est qu'une posture. Nous avons essayé de démontrer que ces orientations et ces choix étaient loin d'être neutres, qu'ils cachaient des enjeux géopolitiques et stratégiques.

    Deuxième partie :

    La portée de la realpolitik dans la politique étrangère du Congo entre 1997 et 2007 : bilan et perspectives

    Introduction à la deuxième partie

    L'argument selon lequel à partir des résultats on peut analyser les objectifs, les stratégies et les intentions des décideurs en matière de politique étrangère est porteur d'un sens que l'on retrouve dans l'initiative de la réorientation de l'action politique extérieure du Congo sous Sassou Nguesso II.

    Après un éprouvant isolement et discrédit du président congolais et de son régime par les chancelleries occidentales notamment celles de Washington, de Londres, de Berlin, de Bruxelles sans oublier Addis Abéba qui, par principe condamnent l'installation des gouvernements issus de moyens anticonstitutionnels, le Congo a pris conscience des conséquences que pourrait entraîner cette mise au banc de touche par la communauté internationale.

    Désormais, même le soutien des «  amis » se révélait quelquefois incertain. Dans ce labyrinthe qu'est la scène internationale où les amitiés et les partenariats se font et se défont selon les enjeux du moment, le Congo se trouvait dès lors face à un cas de survie internationale.

    L'articulation de notre travail réside dans le fait qu'elle permet de montrer que la notion d'intérêt national, chère aux grandes puissances, sera très vite comprise par les autorités de Brazzaville et que, même si certains faits ont parfois dépassé le nouveau pouvoir congolais, l'intérêt national sera au coeur de son action extérieure.

    Si le Congo s'accommode des exigences de ses partenaires internationaux au développement pour la plupart des Etats industrialisés, c'est justement dans le but de défendre l'intérêt national menacé, intérêt congolais qui, dans ce contexte précis, est exprimé en termes de reconnaissance,de crédibilité,de fiabilité,de visibilité et de réintégration.

    Et si le nouveau président autoproclamé s'est engagé véritablement dans les dynamiques de l'intégration de l'Afrique, c'est qu'il s'agit pour lui d'une ambition de se positionner avantageusement et être considéré comme l'un des nouveaux promoteurs de l'unité du continent.

    En initiant un Pacte de non agression à l'échelle du continent, le Congo traduit en actes sa volonté de faire partie d'un ensemble géopolitique plus grand et pourquoi pas, en être un jour l'élément clé .

    Quelle évaluation peut-on faire de la realpolitik menée par Sassou Nguesso II  une dizaine d'années après son coup d'Etat du 5 juin 1997 ? Est-il possible de le faire ? Bien plus,  les décisions et les stratégies qui l'ont accompagnée sont-elles rationnelles ? Autrement dit, les objectifs fixés ont- ils été atteints ? Le Congo a-t-il réussi son pari diplomatique ? Telles sont les interrogations auxquelles nous tenterons d'apporter des éléments de réponse dans cette deuxième partie, elle-même subdivisée en deux chapitres.

    Le premier chapitre de cette partie (le troisième de cette étude) tente de mesurer par des exemples précis le degré d'efficacité, d'opérationnalité de la realpolitik dans les choix de l'action politique du Congo après sa mise au banc de touche par les Etats les plus industrialisés de la communauté internationale. Quant au deuxième chapitre (le quatrième et dernier de l'étude), il interroge les horizons futurs de la posture internationale et interne du Congo à partir des tendances actuelles.

    Chapitre III : La realpolitik, stratégie au service de la réhabilitation du Congo ?

    Par la politique étrangère, l'Etat cherche à répondre au comportement des autres acteurs internationaux, et d'une manière générale, d'agir sur son environnement pour le conserver tel quel quand il lui est favorable174(*).

    Ces transformations de situations désavantageuses en situations avantageuses ne sont possibles que par la rationalité des décisions. En d'autres termes, l'acteur étatique doit prendre des décisions qui donnent la meilleure chance d'atteindre l'objectif fixé. Le Congo post-guerres civiles, a fait preuve de réalisme dans sa politique extérieure.

    Cependant, l'action congolaise connaîtra bien des infortunes, mais peu importe, l'objectif premier étant de regagner de la crédibilité, de la reconnaissance et de marquer sa présence dans toutes les instances mondiales. Après des années d'isolement, il fallait que la voix du Congo fût entendue au sein des forums internationaux.

    Mais encore, il fallait relancer la coopération bilatérale et multinationale et bénéficier à nouveau de l'amitié et de la coopération avec les pays les plus riches du monde.

    Le premier chapitre tente d'évaluer les résultats des stratégies diplomatiques qui ont guidé les options de la réorientation de la politique étrangère du Congo (section I), avant de nous interroger sur les forces, les acteurs qui ont déterminé cette réorientation diplomatique (section II).

    Section I : les acquis de la realpolitik

    Il s'agit ici d'évaluer par des exemples concrets, le degré de rationalité dans les décisions prises par le Congo, afin de répondre positivement aux exigences de certains membres très puissants de la communauté internationale.

    En ce qui concerne la rationalité des choix ou des décisions dans l'analyse de la politique étrangère, Samy Cohen affirme que « ceux-ci résulteraient d'une analyse utilitariste en termes de coûts/bénéfices. Des multiples options qui s'offrent à lui (au décideur) et à partir d'une information très complète et d'une capacité d'anticiper sur les conséquences de ces décisions »175(*). Mais encore, « le décideur suprême dégagerait un choix optimal, le plus conforme à l'intérêt national »176(*). Si l'on s'en tient à cette assertion, toutes les décisions de l'acteur étatique en politique étrangère ne sont ni neutres ni fortuites.

    Tout est calculé et ne doit obéir qu'à la défense de l'intérêt national. Corrélativement à la rationalité des choix, se dresse l'intentionnalité des décisions où, l'action est supposée être « une réponse délibérément choisie en vue de réaliser un objectif politique précis »177(*). Les choix dans la réorientation de l'action politique extérieure du Congo s'inscrivent à bien des égards dans ces postulats. Quels seraient donc les instruments susceptibles de le mesurer ?

    Le contexte actuel, la nouvelle posture internationale du Congo amorcée depuis 2004 permet de montrer que certains choix politiques effectués ont été rationnels. Depuis, le Congo a fait un come-back international et semble avoir retrouvé la légitimité internationale (paragraphe I) dont on peut en saisir les multiples signes tangibles (Paragraphe2), la présidence congolaise de l'U.A. étant l'ultime parachèvement (paragraphes 3).

    Paragraphe 1 : La légitimité politique internationale

    La notion de légitimité renvoie à « la qualité d'un pouvoir d'être conforme aux aspirations des gouvernés (notamment sur son origine et sa forme).Ce qui lui vaut l'assentiment général de l'obéissance spontanée »178(*).

    Ainsi, le nouveau régime de Brazzaville (issu du coup d'Etat de 1997) qui était loin d'être conforme aux aspirations des Congolais a su reconquérir ces derniers par l'organisation du référendum qui, lui a conféré de juré cette reconnaissance. Sur le plan international, la légitimité se fait ressentir à partir de l'année 2002.

    En effet, à partir de cette date, on assiste à un véritable renouveau sémantique dans la politique diplomatique internationale à l'égard du Congo. C'est d'abord l'U.E. qui, semble comprendre que « les projets réalistes du nouveau gouvernement sont pleins de bonnes intentions ». Deuxièmement, la France dont le Congo est d'une importance stratégique, a toujours mis de la pression sur les Quinze179(*), pour que l'Union reprenne ses aides financières en faveur du Congo. Mais, il faut noter au passage qu'avant cette date, les quinze Etats membres de l'Union n'avaient pas pu se mettre d'accord avant la régulation de la situation politique au Congo. L'U.E. qui avait sans ambage, affiché une nette rupture avec le nouveau gouvernement présente dès lors un nouveau visage. En sus de cette reconnaissance par l'U.E., les Etats-Unis, les institutions financières internationales desserrent peu à peu leur étau et décident de lever les « sanctions » infligées au gouvernement congolais.

    C'est ainsi que plusieurs programmes d'assistance au Congo reprennent, et de nouveaux contrats en faveur du Congo sont signés. Peu à peu, le Congo regagne en crédibilité, et nombre d'acteurs internationaux comprennent que la transition vaut la peine d'être accompagnée. L'on a pu saisir plusieurs signes tangibles de cette légitimité internationale retrouvée en l'espace de trois ans. Aussi, convenons-nous avec Alain Plantey que « rien dans la conjoncture internationale n'est définitif. Dans ce monde riche en antagonismes et risques, tout est mouvant, incertain. Les rapports entre les Etats ne cessent de changer »180(*).

    Paragraphe 2 : Les signes tangibles d'un gouvernement reconnu à l'international

    Ceux-ci sont de deux ordres. Nous allons les analyser à l'aune de la reprise de l'aide financière internationale en faveur du Congo d'une part (A), et de la désormais présence du Congo dans les tribunes mondiales d'autre part. (B)

    A-La reprise de l'aide internationale en faveur du Congo

    Elle est amorcée dès l'année 2001. En effet, le nouveau régime de Brazzaville après les trois guerres successives a mis en place un programme intérimaire post-conflit, avec pour objectif de bénéficier de l'appui du F.M.I., au titre de la facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (F.R.P.C.). C'est ainsi qu'en novembre 2001, le F.M.I. a finalement donné son feu vert au financement dudit programme.181(*). Ce programme prévoit des engagements financiers de l'ordre de 511 milliards de Fcfa soit (780 millions d'euros) sur trois années (2000-2002)182(*) et définit « clairement les priorités du Congo », commente le Ministre congolais des finances183(*).

    La Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont, ce faisant, ouvert la voie à d'autres bailleurs de fonds pour la reprise de l'aide financière en faveur du Congo Brazzaville. A titre d'illustration, en février 2001, la France accorde au Congo une aide de 200 millions de Fcfa (300.000euros), destinée à la réouverture du Chemin de Fer Congo Océan (C.F.C.O.) reliant la capitale politique Brazzaville au port de Pointe Noire.

    Hormis l'aide française qui ne se limite pas à ce cas, s'ajoute l'assistance de l'U.E.  qui, en 2006, correspond à un financement de 19 milliards de francs Cfa, soit 28,9 millions d'euros pour lui permettre de payer une partie de ses arriérés de dette184(*).

    A cela il faut ajouter qu'en janvier de la même année, la Commission de l'U.E. avait décidé d'accorder 38 millions d'Euros au Congo, pour le quatrième programme de gestion des écosystèmes forestiers d'Afrique Centrale (ECOFAC). L'accord de financement de ce programme avait été signé dans la capitale congolaise par le Commissaire européen au développement et à l'action humanitaire ,Louis Michel, et les représentants des autres pays de la sous région. En outre, en février de la même année, l'Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI) a, pour sa part, accordé une aide au gouvernement congolais, estimée à 3,5 milliards de francs CFA (5,3 millions d'euros). L'objectif ici est de relancer le secteur industriel du pays, qui a subi d'importants dégâts pendant les guerres civiles185(*). Plusieurs autres organismes, notamment ceux à caractère humanitaire, sont davantage présents au Congo, depuis la normalisation de la situation politique.

    L'on pourrait multiplier les cas qui montrent que le Congo est bel et bien revenu sur la scène internationale. L'on peut citer par exemple, le retour de Médecins Sans Frontière, (M.S.F.), du Comité international de la croix rouge (C.I.C.R.), les services du Fonds des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNICEF) auxquels, il convient d'ajouter le Programme Alimentaire Mondial (PAM).

    Aujourd'hui, le Congo est réhabilité. Depuis 2006, il bénéficie de plusieurs programmes d'aides et de dons de la part de ses partenaires et des bailleurs de fonds. Plus récemment, l'atteinte du point de décision a permis au Congo de bénéficier de l'annulation d'une part de sa dette extérieure et de jouir de bien d'autres facilités dans le cadre du programme de l'initiative en faveur des pays pauvres et très endettés (P.P.T.E.).Ce qui a en définitive contribué au renforcement du dialogue ainsi qu'à l'engagement avantageux et tangible de la communauté internationale au Congo, comme en témoigne le graphique ci-dessous :

    Date

    Bailleur

    Montant

    Secteur

    Outil

    financier

    Objet

    17 Oct.2000

    ONU

    Norvège

    3 M

    Réinsertion sociale

    Don

    Réinsertion de 5.000 anciens miliciens

    17 Oct.2000

    Chine

    6.2 M

    Média

    Prêt

    Construction du nouveau siège de la radio et de la télévision congolaise

    19 Nov.2000

    FMI

    511 D

    Reconstruction

    Divers

    Programme triennal `intérimaire post- conflit

    20 février

    2001

    France

    2 MFF

    Transports

    Convention

    Réouverture de cinq centres de formation du CFCO

    21 février

    France

    1,07 MFF

    Santé

    Convention

    Relance des activités de l'école de santé de Dolisie

    17mai 2001

    UE

    41,3 ME

    Divers

    Don

    Lutte contre la pauvreté, démocratie

    Promotion des droits de l'Homme, Etat de droit

    16 juillet 2001

    PAM

    4,6 MFF

    Aide alimentaire

    Don

    Aide d'urgence pour les réfugiés congolais au Gabon

    9 août 2001

    BM

    40 M $

    Economie sociale

    Prêt

    Apurement d'arriérés de paiement et appuis à la réinsertion d'ex-miliciens

    28 oct.2001

    France

    1,5 MFF

    Economie

    Don

    Mise en place d'un club d'excellence économique

    13 nov.2001

    France

    1,1 ME

    Protection civile

    Convention

    Re-équipement de moyens d'intervention d'un corps opérationnel de la protection civile à Brazzaville et à Pointe-Noire

    17 avril 2002

    Aide internationale

    -

    Aide

    humanitaire

    -

    Mise en place de l'aide humanitaire internationale en faveur des déplacés de guerre de la région du Pool, dans le sud du Congo

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Source : fusion des informations obtenues via le site de la Banque mondiale, rubrique, BAD, et de la CEMAC.

    27 oct.2002

    Vietnam

    150.000

    M

    Coopération bilatérale

    Accord de coopération

    bilatérale

    Echanges commerciaux, scientifiques, techniques et professionnels entre les chambres de commerce et les ministres des affaires étrangères des deux pays

    26 juin

    2003

    BM

    7

    Social

    Don

    Conditions de vie des populations particulièrement celles de régions et des petites municipalités

    26 juin

    2003

    BM

    16M

    Social

    Prêt

    Conditions de vie des populations particulièrement celles des régions et des petites municipalités

    11 Sept.

    2003

    BAD

    ONU / SIDA

    8,3 M$

    Santé

    Don

    Lutte contre le sida dans les pays riverains des fleuves Congo, Oubangui et Chari

    Tableau 2(suite) : L'aide financière au Congo186(*) (Montants en Milliards de Francs CFA (équivalents à 10 MFF).

    De ce tableau, il se dégage que la France constitue la principale source d'aide au Congo. Selon des informations obtenues auprès de sources sûres, la Commission de l'U.E., la Banque africaine de développement (BAD) , l'Agence française de développement ( A.F.D.), le Programme des Nations Unies pour le Développement (P.N.U.D.), la Banque mondiale et le F.M.I. compteraient actuellement parmi les principaux donateurs du Congo. Les principaux domaines d'intervention sont : le développement urbain, les transports, la santé, l'éducation, l'environnement et les finances publiques.

    C'est autant de preuves tangibles qui montrent que le Congo a su regagner sa crédibilité internationale. Peut-on penser au retour éventuel de la politique de la « main tendue » ? Néanmoins, comme le montre le graphique, le Congo bénéficie des dons d'autres partenaires au développement à l'instar de la Chine. Cette assistance peut être sous forme de prêts, de dons, ou d'aide. Mais quelle qu'en soit la nature de l'action, cela prouve à suffisance que les relations entre le Congo et les partenaires internationaux au développement sont rentrées dans une phase de normalité et sont là aussi, la preuve que le Congo a réussi son entreprise de « charme » et que désormais il est de « retour sur les devants de la scène internationale », un pari réussi.

    B- Le ?come back? international

    Ce come-back peut être apprécié à l'aune de deux faits. D'abord, par le changement de posture de la première puissance mondiale face au Congo (1), ensuite, par la réintégration du Congo au sein de l'Assemblée Générale des Nations Unies (2).

    1-Le réchauffement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis d'Amérique et le Congo

    Les relations diplomatiques entretenues entre les Etats-Unis d'Amérique et le Congo sont passées de l'hostilité à l'amitié en l'espace de cinq années.

    En fait, pendant près de trois ans, les relations diplomatiques entre les deux pays étaient littéralement gelées. Ce n'est qu'à la fin de l'année 2002 après que le nouveau gouvernement ait aménagé sa politique interne pour se conformer aux exigences des règles démocratiques, que ces relations ont peu à peu été rétablies. L'occident est très sensible aux signes de bonne volonté et de repentance du Congo. D'où ces mots du Président américain George W. Bush à l'adresse du Congo « la République du Congo est dans une période de transition politique. Vous avez commencé le long processus de démocratisation. Nous notons avec satisfaction les progrès que la République du Congo entreprend dans la voix de la réconciliation nationale et de la reconstruction politique (...) Nous sommes disposés à coopérer avec vous tant que vous continuerez à enregistrer des progrès dans la restauration des institutions démocratiques qui sont les seuls garants des droits de l'Homme  »187(*) . Avec la reprise du contact avec les Etats-Unis, le Congo a fait son entrée dans la ?cour des grands?, (Annexe 1) les Etats-Unis étant la seule puissance mondiale capable d'imposer ses vues aux autres pays, notamment aux plus faibles, ces pays, les plus puissants, qui cherchent quelque tranquillité dans la connivence tacite des droits acquis et dans la surveillance des comportements d'autrui188(*). L'on constate généralement que lorsqu'un pays est accepté par les Etats-Unis, il le sera à quelque degré près par tous ceux qui partagent leurs idéaux.

    Ainsi, de 2005 à 2006, Sassou Nguesso a effectué des déplacements et visites officiels à Washington. Le dernier déplacement en date est celui du 5 juin 2006 où il a eu à défendre la relance et la coopération bilatérale et à « travailler sur bien d'autres sujets d'intérêts communs »189(*). Aujourd'hui, les relations entre les deux Etats sont  qualifiées   « d'excellentes »190(*).

    Elles le sont notamment sur le plan économique et témoignent du pragmatisme et de la realpolitik. Celle-ci conduit parfois à des accommodements vis-à-vis des dictateurs191(*).

    Bien d'autres signes marquant ce retour du Congo sur la scène internationale sont perceptibles.

    2- Le retour du Congo dans les forums internationaux

    Dans les tribunes internationales, le Congo marque son ?come back?. Sa voix est désormais entendue. Ainsi, le 30 mai 2006 à New York, le chef de l'Etat congolais a participé aux travaux de l'Assemblée Générale de l'ONU, travaux consacrés à la lutte contre le sida. Le Congo a été entendu (Annexe 2.). Mais le fait majeur de ce ?come back? est que, non seulement le Congo était présent à ce sommet mais aussi et surtout, il a assuré la présidence du Conseil de Sécurité192(*). Les nombreuses rencontres au sommet avec le Secrétaire Général de l'ONU, Kofi Annan, rendent compte du retour international effectif du Congo. S'ajoute à cela sa présence au sommet de la Francophonie (Bulgarie).

    En somme, une reconnaissance internationale sans conteste pour le Congo qui semble avoir réussi à reconquérir les bonnes grâces de la communauté internationale.

    L'acteur étatique congolais avait tout intérêt à se consacrer à transformer la situation désavantageuse en situation meilleure, n'est-ce pas là une application directe de la théorie réaliste en matière de politique étrangère ?

    Paragraphe 3 : la présidence congolaise de l'Union Africaine ou le parachèvement d'une reconnaissance internationale acquise.

    Deux présidences de l'Organisation panafricaine par le Président Denis Sassou Nguesso en l'espace de vingt années alors que l'U.A., la nouvelle institution panafricaine née des cendres de l'O.U.A, compte plus d'une cinquantaine d'Etats membres. Comment expliquer que la présidence de l'U.A pour l'exercice 2006 ait échu au Congo ? Quelles retombées pour le Congo ?

    D'emblée, il y a lieu de penser que c'est le signe d'une reconnaissance du Président congolais par ses pairs africains qui, de facto, l'ont propulsé, lui et le Congo, au devant de la scène africaine. Il s'agit d'un véritable rayonnement international et d'une victoire de sa diplomatie, et d'un Congo au centre des enjeux africains pendant un an.

    Cependant, des interrogations demeurent, comment cet acteur est-il parvenu à s'imposer sur la scène diplomatique africaine après cinq années passées dans l'ombre ? Y aurait-il un effet Sassou Nguesso ? Comment expliquer cette longévité politique africaine ? Comment expliquer « ces succès » ?

    Un premier élément de réponse nous est donné par Rémy Bazenguisa Ganga qui, s'agissant du président Sassou Nguesso, soutient qu'il a acquis un «  parcours de légitimité [...]cumulé les prestiges liés aux diverses positions occupés, acquis à l'extérieur du Congo comme à l'intérieur une notoriété qui en fait un interlocuteur obligé»193(*).

    Le 24 janvier 2006, le Congo a été désigné pour assurer la présidence en exercice de l'Union africaine. Plusieurs facteurs ont milité en faveur de ce choix. Rappelons que suivant le système de la rotation géographique, la présidence en exercice de l'Union africaine revenait au Soudan au lieu même où s'est tenu le Sommet des chefs d'Etat et de gouvernements africains, comme le veut la tradition de la jeune institution bien que la règle ne soit cependant pas inscrite dans les statuts de l'Union africaine194(*). Suivant cette logique, la présidence pour l'exercice 2006 devrait être assurée par le soudanais Omar El Béchir. Mais, ni l'Union européenne, ni les Nations unies et encore moins le F.M.I., ni les puissances titulaires française, britannique ou américaine195(*) ne souhaitaient voir le président El Béchir en exercer la présidence. L'argument politique à cette opposition est la violation des droits de l'Homme au Darfour et d'autres actes imputés aux autorités de Khartoum.

    Le Soudan est effectivement en guerre à la fois interne et externe avec quelques uns de ses voisins notamment le Tchad. De plus, les exactions de ses milices appelées Djanjawid au Darfour ont terni l'image du gouvernement de Khartoum. Enfin, on lui a reproché ses « intensions expansionnistes en soutenant les rebellions Tchadiennes ou Ougandaises »196(*). Autant de points qui ne pouvaient que jouer en défaveur des autorités de Khartoum. C'est dans ce contexte que la présidence de la Conférence des chefs d'Etats et de gouvernements africains pour l'exercice 2006 a échu au Congo une seconde fois suite à d'intenses négociations. Toutefois, il est légitime de faire une lecture de second degré, qui permet de penser que c'est surtout grâce à la logique de petits arrangements entre amis que le Congo a été désigné.

    En effet, le Congo jouit de plusieurs alliances dans toute la sous région de l'Afrique centrale. D'abord allié au Gabon par l'oreiller, où le président congolais est le beau père du président gabonais Omar Bongo Ondimba. Ensuite, viennent les amis tchadien, centrafricain, équato-guinéen, et angolais.

    Ces derniers ont aidé le Général à reconquérir le pouvoir. A cette alliance hétéroclite, il conviendrait d'ajouter le soutien indéfectible de la France. Les Etats-Unis d'Amérique n'ont pas caché leur souhait de voir le président Sassou diriger la Conférence des Chefs d'Etat et de gouvernements africains pour l'exercice 2006.

    Quelles retombées sur le Congo ? A l'évidence, cela est d'abord un succès personnel pour un acteur politique qui a réussi à s'imposer à la tête de la nouvelle institution panafricaine.

    Il ne serait pas exagéré de parler de l'assouvissement de la soif de prestige. En tout cas, il obtient enfin la reconnaissance de ses pairs, lui qui « n'exerçait alors qu'une diplomatie discrète d'à peine à la hauteur de son petit pays »197(*).

    Ensuite, cela constitue indéniablement un « bon point pour l'image du pays puisque, cette élection est comme un hommage rendu au chef de l'Etat congolais par ses pairs »198(*) qui, pendant toute l'année 2006 s'est trouvé « exposé en pleine lumière »199(*).

    Ces succès qui ont permis au Congo d'être sur le coup des projecteurs pendant toute l'année 2006 sont rendus possibles en partie par la supériorité des prérogatives dont jouissent le président en exercice de l'Union africaine, provoquant à bien des égards, un certain déclassement des autres fonctionnaires majeurs de l'organisation, en l'occurrence le président de la Commission200(*).

    En effet comme le montre Etiennette Essono, ce qui caractérise les trente neuf années d'existence de l'OUA c'est, sans conteste « l'irruption au devant de la scène politique du président en exercice qui, bien que non prévue par la Charte, fut amené à jouer un rôle politique et diplomatique de premier plan dans les relations internationales et transcontinentales »201(*).

    Le problème dénoncé par l'analyste est que la mission de présider la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernements africains, la fonction de Président en exercice s'est transformée en une « institution dont le poids est aujourd'hui tel quelle tend à éclipser celle du Président de la Commission qui demeure pourtant (...) la clef de voûte de l'édifice politico- juridique bâtie en juillet 2000 à Lomé »202(*).

    Ceci s'est vérifié avec la présidence congolaise de la Conférence des Chefs d'Etat et de gouvernements africains où le président de la Commission de l'Union africaine a été quelque peu mis à l'écart au profit du président Sassou Nguesso qui s'est illustré comme un véritable chantre de la défense des enjeux africains dans les tribunes internationales.

    Il s'est illustré comme un véritable défenseur d'une Afrique responsable 203(*)(Annexe 2). La personnalité du Président en exercice de l'Union africaine pour l'exercice 2006 semble avoir répondu à ce que préconisait le professeur Maurice Kamto en déclarant à propos du Secrétaire générale de l'O.U.A qu'il : « faut à l'organisation continentale un représentant auréolé du prestige de Chef d'Etat pour lui servir de porte parole dans les enceintes internationales »204(*).

    Mais dans la réalité et dans le cas du Congo, la fonction est allé bien au delà. La présidence du Congo comportait bien des enjeux géopolitiques et stratégiques notamment pour le Général Sassou : cela lui aura permis de jouer un rôle plus visible, plus important, de faire entendre sa voix, d'être consulté et sollicité plus que d'ordinaire. Tous ces succès n'auront toutefois pas été fortuits, tout au contraire ; ils témoignent de la combinaison d'un certain nombre de facteurs tenant relevant tout d'abord de l'habileté d'un homme d'Etat qui, visiblement sait d'où il vient et où il va205(*), ensuite, des autres forces profondes qui en ont été des déterminants non négligeables.

    Section II : Les acteurs de la politique étrangère du Congo

    Une fois évaluées l'efficacité et l'opérationnalité de la realpolitik comme stratégie diplomatique au service de la réhabilitation internationale du Congo, l'on est tout naturellement conduit à s'interroger sur les auteurs ou les acteurs qui ont oeuvré pour cette réintégration du Congo sur la scène internationale. Car, selon Marcel Merle « si l'on veut comprendre le rôle joué par chaque Etat dans les relations internationales, il faut démontrer cas par cas les mécanismes et tous les ressorts qui participent au processus décisionnel206(*).

    Selon le dictionnaire hachette encyclopédique207(*), la notion d'acteur renvoie à « toute personne qui prend une part active ou qui joue un rôle important dans une situation donnée ». La démarche consiste en fait, à identifier d'abord les différentes forces formelles de la politique étrangère du Congo pour arriver à la compréhension des postures diplomatiques étudiées (Paragraphe1). Elle ne serait toutefois que partielle si elle ne prenait pas en compte les autres forces profondes ainsi que leurs logiques dans le processus décisionnel, en cherchant à savoir comment elles ont influencé la vie internationale du Congo sur la période étudiée (paragraphe 2).

    Paragraphe 1 : Le Président de la République

    Politique publique, la politique étrangère est une politique régalienne c'est-à-dire, une politique de souveraineté qui fait intervenir avant tout le chef de l'Etat. Quel que soit le régime politique en face duquel l'on se trouve (parlementaire ou présidentiel), la prépondérance de l'exécutif en matière d'initiative est généralement de règle. D'où l'affirmation d'Alain Plantey selon laquelle il appartient au Chef politique de fixer les objectifs de son action extérieure, qui sont au nombre des finalités supérieures de la collectivité208(*).

    L'intérêt de l'identification du président à travers deux périodes majeures de l'histoire du Congo dans la gestion de l'Etat congolais par cet acteur de premier plan s'avère nécessaire tout au moins, pour tenter d'établir dans un premier temps un lien entre sa personnalité aux multiples facettes et ses options en matière de politique étrangère (A). Ensuite, voir comment il perçoit le Congo, et surtout comment pense-t-il que le Congo le voit. Enfin, comment il a influencé les postures diplomatiques internationales du Congo (B).

    A-1 Les attributions du Président de la République en matière de politique

    étrangère.

    Le Président de la République du Congo est la figure dominante en matière de politique étrangère. En parlant des attributions du chef de l'Etat congolais, la Constitution du 20 janvier 2002 dans son article 56, dispose qu'il détermine et conduit la politique de la nation209(*), il assure la continuité de l'Etat, est le garant de l'unité nationale, de l'intégrité du territoire, de la souveraineté et de l'indépendance nationales210(*). En outre, le Président de la République a la pleine capacité de négocier, de signer, de ratifier et de conclure des traités internationaux211(*). Il accrédite les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires auprès des autres Etats, et organisations internationales. Les ambassadeurs et les envoyés étrangers sont accrédités auprès de lui212(*). Enfin, l'article 84 quant à lui consacre le Président comme le garant de la sécurité interne et externe du pays. Il s'agit là d'une fonction essentielle qui fait finalement du Président, la première personnalité du pays, qui peut prendre des décisions lorsque l'indépendance de la nation est menacée.

    A-2 Coup de projecteur sur Denis SASSOU NGUESSO

    D'ethnie Mbochi213(*), Denis Sassou Nguesso est né en 1943 à Edou dans le nord Congo. Il est le dernier fils d'une famille de trois enfants dont le père aurait été au service des colons français.

    Après une formation à l'école des instituteurs de Dolisie (Ville principale du Sud), il s'engage dans l'armée congolaise en 1961 et suit une formation militaire de réserviste à Cherchell (Algérie). Il intègre les forces armées et le corps des parachutistes en 1964. Il en devient le sous-chef de corps quelques années plus tard214(*).

    En 1970, âgé de 27ans, Sassou Nguesso adhère au Parti congolais du Travail (P.C.T.) et est nommé ministre de la défense, de la sécurité et des milices populaires en 1975. Il assure plus tard l'intérim de la présidence, du 18 mars au 2 avril 1977, après l'assassinat du président Marien Ngouabi. Il est supplanté par Joachim Yhombi-Opango, l'officier le plus gradé à la tête du Comité militaire du parti, qui entend assurer le contrôle du pouvoir politique. Il est ensuite élu président du P.C.T. à l'issue du congrès du 5 février et devient de fait le nouveau président de la République jusqu'à sa défaite en 1992.

    A-3. Sassou Nguesso I. (1977-1979-1992)

    Devenu Président de la République, il lance le pays sur une nouvelle voie. Sur le plan économique, il met en place un plan quinquennal et social de reconstruction du Congo, visant notamment à la construction de routes et de ponts. Ce plan est confronté à la baisse du cours du pétrole, car son financement est assujetti aux avances sur production, c'est-à-dire, des prêts gagés sur le pétrole (principale ressource du pays). Face à ce plan, Sassou Nguesso I est contraint de mener des négociations avec le F.M.I. qui consent à aider le Congo sous réserve de l'adoption de mesures de transparence financière et de démocratisation du pays215(*).

    Sur le plan international, il entretient des relations avec des mouvements de libération nationale africains, et avec le pouvoir marxiste angolais, tout en conservant des liens étroits avec la France. En 1986, il prend ses distances avec le marxisme pour sortir de son isolement diplomatique dans la sous région. En 1988, il réunit à Brazzaville des représentants de l'Angola et d'Afrique du Sud. Cette même année, il est élevé au grade de Général des armées (de sa propre volonté, car, l'armée congolaise n'à aucun général à cette époque).

    Le 25 février 1991, pressé par les travailleurs qui menacent de descendre dans la rue, il se voit obligé de tenir une Conférence nationale au cours de laquelle, sa mauvaise gestion est mise au grand jour. Il est rendu seul responsable du désastre économique, en raison de sa liaison avec des milieux politico-mafieux français. Il est également condamné à une amende de deux milliards de francs C.F.A. A l'issue de cette conférence, un gouvernement de transition est mis en place, et celui-ci fixe la date des élections présidentielles. Candidat à sa propre succession aux élections du 2 juin 1992, Sassou Nguesso arrive en troisième position derrière Pascal Lissouba, à qui il apporte ses voix, du fait de son expérience ministérielle.

    -La traversée du désert

    Après cet échec, Sassou Nguesso se retire dans son village natal et prend une « retraite volontaire »216(*). Cependant, tout porte à croire qu'il préparait en fait sa revanche, en organisant ses milices appelées Cobras. En 1995, il s'installe au Vésinet, près de Paris, pour prendre contact avec ses futurs mentors, ceux qui vont le ramener au pouvoir dans les bagages de l'armée angolaise, et une multinationale de mercenaires217(*). Dans la perspective des élections présidentielles de juin 1997, Sassou Nguesso rentre au Congo.

    Mais, dès le mois d'avril, des assassinats sont perpétrés par ses milices à Owando (son fief) sur son ordre pour provoquer un semblant de crise. Les miliciens Cobras déclenchent le feu contre les forces de police, et le 05 juin 1997, c'est le début d'une nouvelle guerre civile qui fera plus de 10.000 morts. A la mi-octobre de la même année, aidé par une multinationale de mercenaires et génocidaires, Sassou Nguesso reprend le contrôle du pays et s'autoproclame Président. Il suspend la Constitution adoptée après la Conférence nationale et approuvée par plus de 93% des Congolais. Il confisque les libertés individuelles chèrement acquises. Il met en place une transition à durée flexible et des mécanismes de gestion patrimoniale des ressources naturelles comme le pétrole pour mieux piller le pays.

    A-3 Sassou Nguesso II (1997- ?)

    Revenu donc au sommet de l'Etat à la faveur de ce coup d'Etat de juin 1997, Sassou Nguesso a aussitôt fait approuver une nouvelle constitution par référendum. Il est officiellement élu pour un mandat de sept ans le 10 mars 2002. En 2006, la présidence de la Conférence de Chefs d'Etat et de gouvernements africains pour l'exercice 2006 lui est confiée.

    A. Denis Sassou Nguesso : Un homme d'Etat incontournable  pour

    le Congo ?

    Aujourd'hui, à 63 ans, Denis Sassou Nguesso incarne la figure emblématique aussi bien de la R.P.C. (1977-1979), (1979-1992) que de la République du Congo

    (1997- ?).

    Son pragmatisme, sa longévité politique marquée par ces va-et-vient, les controverses suscitées par le mystère218(*), les multiples facettes autour de son personnage , ont fini par croiser son histoire personnelle avec celle du Congo,pays qu'il dirige depuis près de trente années,même après une absence de cinq années.

    Il devient donc important de comprendre l'individu Sassou Nguesso pour mieux appréhender la politique étrangère de l'ancienne capitale de l'A.E.F. L'approche psychologique en théorie des relations internationales édifie sur l'emprise de ce personnage sur le processus décisionnel en matière de politique étrangère du pays.

    Le poids de l'histoire de Sassou Nguesso sur la compréhension qu'il a des choses, et la manière dont il les perçoit est en effet au centre de cette approche. « Il s'agit de la compréhension des événements à partir du référentiel cognitif du responsable qui les provoque »219(*).Aujourd'hui, par exemple, ce qui justifie l'attachement de Sassou Nguesso aux « milieux français » c'est son passé, sa formation et son initiation dans ces milieux. Aussi, veille-t-il à conserver d'étroites relations avec ces milieux. D'où ses liens avec les patrons d'Elf et autres Air France220(*).

    Etudier la politique étrangère d'un Etat, c'est selon T.B Milliar «  sonder la pensée de ceux qui ont pris les décisions, découvrir leur image du monde et de leur propre système politique, déceler les faits qui ont constitué pour eux des facteurs et de comprendre la façon dont ils en ont tenu compte  »221(*). La vision qu'il a du monde et du Congo en particulier et qu'il considère comme une propriété privée, aussi convaincu que les Congolais sont malheureux en son absence222(*), le poids de l'individu Nguessien sur la politique étrangère de son pays s'affirment comme incontournables dans l'action internationale du Congo. Ses succès (le Général a assuré deux fois la présidence en exercice de l'U.A. en l'espace de 20 années, alors que l'Organisation panafricaine compte plus de cinquante Etats membres) son pragmatisme, son habileté à convaincre, ces va-et-vient, on viendrait à penser que le Président Sassou Nguesso est in fine un homme d'Etat incontournable.

    Cependant, de nombreux auteurs attribuent certaines déconvenues internationales du Congo au caractère imprévisible et fougueux, parfois incohérent du président Sassou Nguesso. Remy Bazenguissa-Ganga223(*), présente quant à lui, «l'irrationalité» de Sassou Nguesso comme un obstacle à une coopération véritable entre le Congo et certains partenaires potentiels du monde.

    Toutefois, le Président n'est pas le seul acteur de la politique étrangère du Congo. En tant que membre exécutant, le ministre des affaires étrangères, est l'autre acteur déterminant et une force profonde de l'action internationale du Congo.

    Paragraphe 2 : Le Ministre des affaires étrangères (Cheville ouvrière de la

    nouvelle diplomatie congolaise)

    Se referant au contexte camerounais, Biloa Tang224(*) décrit le ministre des Affaires étrangères comme l'agent chargé de traduire dans les faits les orientations données par la présidence de la République en matière de politique extérieure.

    Cependant, cette haute fonction est désormais battue en brèche sous l'effet de la diversification des acteurs de la politique internationale et de l'intensification des échanges internationaux.

    Marcel Merle soutient à juste titre que tous les ministres ont actuellement des activités qui les mettent en rapport par le truchement des organisations internationales avec leurs homologues étrangers225(*). Mais, si cet aspect semble vérifié, il n'en demeure pas moins vrai que le Ministre des Affaires étrangères a la prééminence sur ses collègues en ce qui concerne la politique extérieure.

    La lecture de certains textes organiques du ministère congolais des Affaires étrangères nous a permis d'identifier une répartition fonctionnelle faisant du chef de l'Etat le concepteur, et du Ministère des affaires étrangères l'instance d'exécution. Mais, il serait insuffisant de n'allouer à celui-ci que ce rôle officiel : d'abord, à cause sa structure (A)  ensuite, à cause des personnalités qui en ont la charge et qui ont influencé la vie internationale du Congo post-guerres civiles (B).

    A-L'organigramme

    La structure du ministère congolais des Affaires étrangères n'a jamais été uniforme. Sous le régime du Professeur Lissouba (1992-1997) l'ossature était dominée par deux grandes structures à savoir : le ministre des Affaires étrangères et le ministère de la coopération. L'appellation était en fait : ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Depuis 1998, cependant, il s'agit du Ministère des affaires étrangères et de la francophonie. Une lourde structure composée de six secrétariats226(*) :

    -Un secrétariat des affaires générales.

    -Un secrétariat de l'Union africaine.

    -Un secrétariat de la coopération bilatérale.

    -Un secrétariat de la coopération multilatérale ou des affaires politiques avec les

    organisations internationales.

    -Un secrétariat pour l'inspection des Missions diplomatiques et consulaires du Congo à l'extérieur (service dans lequel est inclus celui des Congolais de l'étranger).

    -Un secrétariat de la Francophonie.

    En vertu de l'organigramme, les secrétariats sus mentionnés sont de véritables ateliers où se forgent et se façonnent les décisions de la politique étrangère congolaise. Et, où les maîtres forgerons sont souvent triés sur le volet.

    B- Les ressources humaines

    Le discours sur la corrélation entre la fonction et la valeur de l'individu qui l'exerce est aujourd'hui épuisé. La personnalisation d'une fonction est un phénomène que la sociologie des organisations explique magistralement ; plus l'individu est bouillonnant, plus son organisation est mise en relief. Si l'individu est libre penseur, il va de soi que dans un contexte de politique étrangère, il ne se contentera pas du rôle marginal d'exécutant. Il faut d'ailleurs remarquer l'impossibilité matérielle d'une définition complète des articulations de la politique internationale. Tout au plus peut-on définir les lignes de force. C'est la qualité des ressources humaines qui fera alors toute la différence.

    Depuis 1998, c'est-à-dire, quelques mois après son arrivée au pouvoir, le Général Sassou à confié la direction du ministère des Affaires étrangères à des hommes réputés pour leur charisme et sérieux, et surtout, la volonté de s'impliquer corps et âme tant dans le fonctionnement de leur département que dans le rayonnement international du Congo. Qu'il s'agisse de Rodolphe Adada, l'actuel représentant du Secrétaire Général de l'ONU au Darfour qui, pendant près de dix ans, aura beaucoup oeuvré pour la nouvelle diplomatie congolaise. Il en est devenu la cheville ouvrière du fait de son habileté et son tact. Qu'il s'agisse  de henry Lopez (l'actuel ambassadeur du Congo en France, connu surtout pour ses oeuvres littéraires) ou même de l'actuel ministre des Affaires étrangères, Basile Ikouebé, (qui aura su lui aussi, représenter son pays auprès du gouvernement américain pendant près de cinq années), le sérieux et le besoin d'indépendance ne se mesurent qu'à l'aune de la confiance placée en eux par le président de la république. Le cas de Monsieur Rodolphe Adada est parlant.

    C'est en 1979 que le président Sassou Nguesso fait pour la première fois de cet ancien mathématicien, son ministre des Mines et de l'énergie. En 1984, il devient ministre des Mines et Pétroles. Cinq années après, il prendra le portefeuille de l'Enseignement secondaire et supérieur, chargé de la Recherche scientifique.

    En 1998 le président Sassou fait de Rodolphe Adada son ministre des affaires étrangères. Son tact, sa capacité de travail, son habileté, son expérience de diplomate ont en fait la cheville ouvrière de la nouvelle diplomatie congolaise. Il serait à l'origine du rétablissement des relations diplomatiques entre l'Allemagne et son pays.

    En 2006, alors que le Congo assurait la présidence du Conseil de Sécurité, il fit un brillant exposé sur les points chauds du Continent qui fut apprécié par tous les membres présents. Auparavant, il aura représenté son pays auprès des Nations Unies, et depuis avril 2007, il est le représentant du Secrétaire général de l'ONU au Darfour. Mais, son expérience en tant que diplomate n'aura-t-il pas été qu'un moyen de l'outiller davantage, pour porter les nouvelles ambitions de Sassou Nguesso à l'international ?

    Son départ du Ministère des Affaires étrangères du Congo depuis avril 2007 a révélé au grand jour son charisme, sa forte personnalité et son indépendance politique. Comme quoi, le rôle du ministre des affaires étrangères ne peut se réduire à l'exécution servile des directives présidentielles. Celui-ci occupe une place importante dans la conduite de la politique étrangère du Congo. Il serait plus juste de dire qu'il s'agit d'un mélange de formel et de l'équation personnelle. Celle-ci pouvant consister en l'ensemble des initiatives courageuses prises par le ministre sans consulter la hiérarchie, mais dont les conséquences peuvent avoir une influence sur la vie internationale du Congo.

    Bien d'autres acteurs informels, ont aussi contribué au rayonnement actuel du Congo. Car, comme le fait remarquer Frédéric Charillon : « la politique étrangère ne se fait pas en circuit fermé, dans la seule enceinte d'un ministère des Affaires étrangères »227(*). Il faudrait aussi prendre en considération, les acteurs non institutionnels, dont les interactions ont largement influencé la politique étrangère du Congo. Parmi ceux ci, figure le Professeur Jean Didier Boukongou228(*). Son action multiforme vient suppléer ou renforcer celles des acteurs formels.

    Bien qu'ayant choisi la discrétion,le Professeur Boukongou fait partie des instigateurs de la politique étrangère du Congo sous Sassou II. Il est le rédacteur, le concepteur principal du Pacte contre l'agression qu'il aurait ensuite « remis comme une clé en mains »au Président congolais. Or, on sait justement que cette initiative a propulsé ce dernier et le Congo sur la scène africaine et que désormais Sassou Nguesso peut s'en réjouir dans la mesure où il a pu porter ses nouvelles ambitions à l'international.

    En Définitive, le Congo doit son ?come back? international, son désormais repositionnement sur la scène internationale grâce à un certain nombre d'acteurs. Au premier rang desquels, le président, dont la personnalité aux multiples facettes influencent largement les postures diplomatiques congolaises.

    Les autres acteurs institutionnels et non institutionnels sont aussi par leur tact, leur implication personnelle, la source du rayonnement international du Congo et ce, notamment pendant l'année 2006. Le Congo semble avoir gagné son pari diplomatique, passant de l'isolement à la réintégration dans la société internationale.

    Cependant, quels peuvent être les horizons futurs de cette nouvelle image internationale du Congo, alors que le celui-ci semble n'avoir pas soigné définitivement ses tares internes majeures, source de son malaise international ?

    Chapitre IV : Les perspectives des tendances actuelles

    A partir de 2004, le Congo sort pratiquement de son isolement. Deux années plus tard, le président Sassou Nguesso ainsi que son équipe gouvernementale qui avaient été désavoués par leurs partenaires internationaux au développement et les acteurs influents de la communauté internationale sont à nouveau agrées par ces mêmes puissances occidentales.

    A l'heure actuelle, soit une dizaine d'années après le coup de force du 5 juin 1997, le quatrième producteur d'or noir au sud du Sahara a retrouvé sa place dans les tribunes internationales.

    Dans ce quatrième chapitre, nous nous proposons de faire une étude prospective sur la posture internationale du Congo dans les dix années à venir, au regard de sa situation interne actuelle qui, du moins, semble sereine.

    Et s'il ne s'agissait que d'un changement furtif et sans effets sur la durée  ou de simples mouvements de surface ?  Quelles en sont les perspectives pour l'avenir ?

    L'inscription durable du Congo sur les devants de la scène internationale est une hypothèse envisageable à plusieurs égards (Section1). Mais, la réhabilitation internationale du Congo, sa crédibilité auprès des acteurs politiques et économiques de la scène internationale ne pourra guère durer sans une assise interne véritable qui, aujourd'hui, fait largement défaut (Section II).

    Section I : Une possible inscription durable de l'image de marque du Congo la scène internationale

    Tout grand dessein est un dessein à long terme, affirmait le général de Gaulle229(*). Cette réflexion peut s'appliquer aux desseins du Général Sassou Nguesso. Il ne serait pas erroné de dire que son ambition est, depuis qu'il est reconnu par la communauté internationale, d'inscrire durablement le Congo sur la scène internationale , de maintenir sa crédibilité auprès des bailleurs de fonds.

    Il soutient que son objectif est de faire à tout jamais du Congo un pays dynamique, prospère et respecté sur la scène internationale230(*).

    Aujourd'hui, soit une dizaine d'années après le 5 juin 1997, le Congo est réhabilité et se positionne favorablement. La situation interne semble sereine (Annexe 6). Le dehors et le dedans paraissent en harmonie. Mais qu'en sera-t-il de demain ? Quelle pourrait par exemple être la configuration future des rapports diplomatiques ente le Congo et les grandes puissances occidentales, quand on sait que la politique étrangère n'est qu'une posture qu'un Etat façonne en fonction d'une conjoncture ?

    Cette section pose la problématique des horizons futurs de l'image internationale du Congo à partir des tendances actuelles et les enjeux inhérents à cet état de fait.

    Pour cela ; nous montrerons que le retour international du Congo peut être à inscrire dans la durée (paragraphe I) du fait d'un certain nombre d'arguments non négligeables au premier rang desquels le pétrole congolais comme véritable facteur logistique de puissance (Paragraphe 2).

    Paragraphe 1 : un argument stratégique

    La question qui dominera cette partie est celle de savoir si les événements congolais d'aujourd'hui pourront expliquer à eux seuls l'univers international congolais futur ? En effet, aujourd'hui, le Congo a gagné la crédibilité des bailleurs de fond. Qu'est-ce que cette certitude peut réserver comme futur ? De manière immédiate, l'on n'hésiterait pas à postuler aux lendemains identiques à ce que l'on observe aujourd'hui. Plusieurs arguments peuvent être avancés pour étayer cette hypothèse. Néanmoins, un seul sera démontré ici. C'est l'argument pétrolier. Le Congo occupe désormais une place non négligeable dans l'Afrique dite utile231(*).

    La problématique de l'Afrique utile resurgit depuis une dizaine d'années avec le regain d'intérêt que les Etats-Unis d'Amérique manifestent à l'égard de certaines zones du continent, notamment la zone sub-saharienne232(*).

    Ce qui implique que cette zone est d'un apport précieux pour les sociétés industrielles et post industrielles. Or, le Congo est justement situé dans cette zone pétrolifère hautement stratégique pour l'Occident avec en chef de file, les Etats-Unis d'Amérique. Il s'agit du Golfe de Guinée qui, géographiquement, regroupe les pays situés depuis l'Afrique de l'Ouest, en passant de la Côte d' Ivoire à l'Angola.

    Avec une production annuelle de près de 13 millions de tonnes, le brut congolais attise les convoitises des pays de l'occident et de la Chine.Il est pprécié pour sa qualité233(*). Il l'est davantage par la localisation de ses puits, situés aux larges de l'Atlantique.

    Cela constitue un atout indéniable dans l'acheminement des approvisionnements vers les pôles de consommation. Ce qui, au final, fait du Congo une zone privilégiée dans la pétro stratégie mondiale. Depuis 2000, le Congo occupe la quatrième place au sud du Sahara derrière le Nigeria, l'Angola, et la Guinée équatoriale. Mais, quel lien peut-on établir entre le brut congolais et son image de marque future ?

    Paragraphe 2 : Le pétrole comme facteur logistique de puissance

    L'on pourrait établir un lien étroit entre le pétrole congolais et la possible continuation de sa désormais affirmation internationale. D'abord, parce que, étant donné l'importance de cette ressource pour les occidentaux dont les Etats-Unis, il y a va de leur intérêt de sécuriser cette zone stratégique et le Congo dans son ensemble. Bien qu'il soit connu de tous qu'en temps de guerre (les cas de la province pétrolière congolaise de Pointe noire et de l'Irak par exemple),les zones hautement stratégiques sont à l'abri des bombardements, il n'empêche que la sécurité totale du Congo préoccupe les chercheurs d'or noir au sud du Sahara. Or, on sait que la santé internationale du Congo est fonction de sa santé domestique (interne). Ensuite, le président Sassou Nguesso semble avoir compris que l'Occident ne peut se fâcher indéfiniment contre certains pays producteurs de pétrole, du moins, pas ceux situés géographiquement dans le Golfe de Guinée,nouvel eldorado pour les chercheurs de niches pétrolières. Aussi, son ambition de repositionner favorablement et à tout jamais son pays sur la scène internationale semble-t-elle bien amorcée.

    Cependant, l'on se garderait bien de se jeter dans un angélisme total et aveugle car, la politique étrangère n'est avant tout qu'une posture que l'on adopte en fonction d'une conjoncture et que les intérêts des Etats sont mouvants. Surtout, rien dans la conjoncture internationale n'est définitif. L'action politique extérieure du Congo en l'occurrence est liée à sa conjoncture interne, source de son bien être ou de son malaise externe.

    Section II : Avec quelques limites toutefois...

    La finalité poursuivie dans cette section est de dresser les limites des horizons futures en continuité avec les tendances observées actuellement. En effet, il ne serait pas exagéré d'être alarmiste. Car si tout porte à croire que le président congolais s'est définitivement plié aux exigences de la communauté internationale et qu'il jouit depuis 2002 d'une légitimité et d'une reconnaissance internationales, bien des questions se posent. Comment imaginer le Congo dans les dix prochaines années ? Le Général Sassou Nguesso jouira-t-il définitivement du soutien de la France et des réseaux françafricains ? Finira-t-il fini par soigner les tares internes du Congo ?

    Tout porte à croire que sur le plan interne, il existe encore des failles qui pourraient être ravivées à tout moment. C'est dire que la problématique de la cohérence entre le « dedans » congolais et son  son univers extérieur soulevée en partie par cette étude n'est soldée qu'à moitié.

    En d'autres termes, aujourd'hui, en 2007, il y n'a pas de solide et commune toile de fond entre ces deux univers (Paragraphe1),elle n'est qu'apparence, pouvant compromettre de ce fait, une inscription durable du Congo sur la scène internationale sans une assisse interne véritable (paragraphe 2).

    Paragraphe 1 : Les signes d'un manque véritable d'une toile de fond commune et réelle entre le « dedans » et le « dehors »

    Aujourd'hui, le Président congolais dispose d'une légitimité interne et externe. Le Congo, pays dont il a repris la charge depuis 1997, a retrouvé une crédibilité aux yeux des nations industrialisées, notamment ceux qui dictent les règles de conduite à tenir.

    Cependant, l'on déplore le manque d'une toile de fond commune entre cette image extérieure, voire cette embellie externe, entre ce « joli spectacle diplomatique » affiché durant la présidence congolaise de l'U.A. (année 2006) et les réalités internes. Quels sont les signes susceptibles de vérifier cette difficile conciliation entre le « dedans » et le « dehors » ? La permanence de certaines failles internes est révélatrice à plus d'un titre d'une discontinuité entre le champ politique interne congolais et son champ politique externe.

    L'on peut mentionner à cet égard, l'Affaire dite des Disparus du Beach de Brazzaville  qui remonte à 1999 et qui engage la responsabilité des autorités congolaises. Celles-ci sont accusées par les familles des disparus, pour l'essentiel, réfugiées en France d'avoir perpétré délibérément des massacres et des exécutions sommaires contre des Congolais qui, avaient fuit la guerre en se réfugiant à Kinshasa. Ils devaient rentrer à Brazzaville à la fin des hostilités.

    Mais, ces personnes ne sont pas arrivées au Congo, elles ont tout simplement été massacrées.

    En 2002, un jugement a été prononcé reconnaissant la responsabilité des autorités congolaises dans ces actes. Aujourd'hui, l'Affaire n'est pas être close.

    C'est dire que le gouvernement congolais n'est pas réconcilié avec ses compatriotes. Cette Affaire est, depuis 2002, un véritable serpent de mer, une épine dans le pied du gouvernement. A cela ,il faut ajouter le problème de l'insécurité qui caractérise désormais la zone dite du Pool, fief de l'ancien opposant Bernard Kolelas aujourd'hui, allié au Général Sassou, son ennemi d'hier..

    Il n'empêche qu'en dépit de cette alliance, cette région reste contrôlée par les milices de Frédéric Bisangou, dit Pasteur Toumi. Officiellement, il aurait rendu les armes. Mais, plusieurs faits attestent que la réalité est toute autre. A titre d'illustration, le train est régulièrement l'objet des attaques de ces milices qui pillent et/ou tuent les passagers. L'on ne saurait oublier la mort d'une dizaine de partisans de Toumi au début septembre où ils tenaient une manifestation à Brazzaville qui, a tourné en un affrontement avec les forces de l'ordre. C'est toute la problématique de la capacité des autorités congolaises à assurer la sécurité de leurs concitoyens qui se pose ici.

    D'autres tares internes peuvent être relevées. Il s'agit en exemple, du chaos234(*) et des problèmes observés lors du premier tour des législatives du 25 juin 2007 qui, une fois de plus, a montré l'incapacité du gouvernement à mener à bien une action politique interne de cette envergure.

    Bien plus, les frustrations dénoncées par l'opposition congolaise, sa certitude ,ses suspicions que le président Sassou n'entend pas respecter la Constitution notamment, les dispositions relatives au mandat du Président de la République, limité à sept ans renouvelable une fois,et que le Congo est un système où tout est joué à l'avance, où tout se décide aux  Champs-Élysées  et au Quai d'Orsay235(*), sont autant de signes qui ne sont pas de nature à favoriser un climat interne serein. Ces signes sont assez révélateurs d'une situation politique interne qui, à terme peut compromettre l'hypothèse d'un «come back» durable du Congo sur la scène internationale.

    Paragraphe 2 : La compromission éventuelle d'un «  bel avenir congolais »

    L'objectif dans cet ultime paragraphe n'est pas de contester certains acquis du Congo, tel que la crédibilité internationale retrouvée. Mais, de montrer tout au contraire que, ces acquis sont fragiles et sont comparables à un feu de paille. Ce feu peut s'éteindre aisément. L'inscription du Congo sur la scène internationale dans la longue durée ne se fera pas sans une assise interne véritable.

    Il apparaît dès lors évident que le Congo doit consolider ses acquis internes pour se maintenir dans les bonnes grâces des pays développés et autres bailleurs de fonds internationaux. Mais aussi pour le bien du Congo, et du peuple congolais. Car à l'heure actuelle, ses dirigeants n'ont plus droit à la moindre erreur. Car, il est du devoir d'un Président de veiller au bien être de ses concitoyens et au rayonnement international durable de son pays.

    Dans ce sens, il s'agit ici d'une réflexion prospective pour une prise de conscience plus grande par les acteurs congolais chargés de l'élaboration de la politique interne et étrangère du Congo.

    CONCLUSION GENERALE

    La politique étrangère du Congo, à l'image de celle de tout autre Etat moderne, est loin d'être monolithique. Elle est aussi bien plus nuancée que ne le laisse supposer une approche superficielle. La compréhension de sa logique internationale des dix dernières années est rendue aisée grâce à un certain nombre d'éléments.

    Monsieur Sassou Nguesso accède une troisième fois au sommet de l'Etat congolais par des méthodes non constitutionnelles et, non conformes à la gestion des Etats modernes. Or, la fin de la confrontation Est /Ouest a sonné depuis, le glas de l'impunité qui permettait les allégeances aux dictateurs.

    Aussi, le principal décideur politique congolais est-il désormais soumis à une double obligation : recourir au moment de la décision à un revirement stratégique qui tient compte d'abord de la conjoncture internationale et, laisser de côté ses propres principes.

    Face à la toute puissance des Etats-Unis, et aux exigences de la Commission de l'Union européenne, des autres partenaires internationaux au développement du Congo, les nouvelles autorités politiques de Brazzaville ont dû repenser leur comportement politique sous peine de sanctions qui prennent forme en 1999.

    En fait, à la fin de cette année, le nouveau gouvernement est de plus en plus isolé dans le concert des nations, y compris africaines, en vertu des principes des chancelleries de Washington, de Londres, de Bruxelles, voire Addis Abéba (siège de l'U.A) qui condamnent la prise de pouvoir par la force.

    Simple réalisme et pragmatisme pour le Congo que de faire une toilette interne, de changer cette situation contraignante en situation avantageuse.

    Sur le plan politique interne un changement notoire va s'opérer notamment, avec l'adoption d'une nouvelle Constitution et la tenue effective de l'élection présidentielle du 20 mars 2002. Pour prouver ses bonnes intentions, le président congolais multipliera les exemples.

    Sur le plan extérieur et diplomatique, exploitant à fond la carte de la realpolitik, le Congo et, surtout son principal dirigeant, réussissent leur entreprise de charme. Les projets « réalistes » pleins de bonnes intensions convainquent les diplomates occidentaux et les bailleurs de fonds internationaux que la transition congolaise vaut la peine d'être accompagnée.

    Un autre facteur d'élucidation de la politique étrangère du Congo sur la période étudiée provient de la commune toile de fond aux différentes articulations de son action internationale à partir de 1998. De fait, Brazzaville est à la recherche de « puissance » que l'on peut convertir en termes de crédibilité, de légitimité et de reconnaissance internationales.

    Devenir un jour et pourquoi pas,  le porte étendard de l'Afrique ? Pour ce faire, il joue à fond la carte du panafricanisme. Cela doit pouvoir augmenter même si c'est pour un temps soit peu, son prestige en Occident, contribuer à être plus présent dans les forums internationaux et à faire parler davantage de lui et du Congo.

    Brazzaville prétend jouer un rôle important dans les dynamiques de l'intégration politique du Continent. Mais aussi, marquer sa présence dans toutes les instances mondiales. Après des années d'isolement, il faut bien que la voix du quatrième pays producteur de l'or noir au sud du Sahara soit entendue.

    Pari politique gagné partiellement, comme l'atteste la reconsidération de sa diplomatie qui aura été la principale innovation de la politique étrangère du Congo post guerres. Le retour des institutions financières internationales, le rétablissement des relations diplomatiques et économiques avec la première puissance mondiale, la présidence congolaise de la Conférence de Chefs d'Etat et de gouvernements africains pour l'exercice 2006, laissent penser que certains objectifs ont été atteints.

    Mais à côté de ces changements parfois spectaculaires, des permanences  demeurent sur le plan interne. C'est dire que beaucoup d'efforts sont à accomplir et que le Congo doit faire d'avantage ses preuves.

    ANNEXES

    Annexe I

    Annexe 2

    Annexe 5

    MISSION PERMANENTE DE LA REPUBLIQUE DU CONGO

    60ème SESSION ORDINAIRE

    DE L'ASSEMBLEE GENERALE DES NATIONS UNIES

    DEBAT GENERAL

    INTERVENTION DE S.E.M. RODOLPHE ADADA,

    MINISTRE D'ETAT, MINISTRE DES AFFAIRES

    ETRANGERES ÅÒ DE LA FRANCOPHONIE

    NEW YORK, 22 SEPTEMBRE 2005

    Monsieur le Président,

    Je voudrais tout d'abord vous adresser mes sincères félicitations pour votre brillante élection à la Présidence de cette session. Cette élection est une marque de confiance en vos qualités d'homme d'Etat et de reconnaissance à votre pays, la Suède, qui nous rappelle un de ses illustres fils, Dag HAMMARSKJOLD, deuxième Secrétaire général de notre Organisation qui a sacrifié sa vie pour la cause de l'humanité.

    Je voudrais, ensuite, exprimer à votre prédécesseur, Son Excellence Monsieur Jean PING, Ministre d'Etat, Ministre des Affaires étrangères de la République Gabonaise, nos vives félicitations pour la compétence et la sagesse avec lesquelles i1 a su diriger les travaux de la 59ème Session et faire aboutir les difficiles négociations qui ont conduit au document que vient d'adopter le Sommet mondial de 2005.

    Enfin, à Monsieur le Secrétaire général, Kofi ANNAN, nous témoignons notre reconnaissance pour les initiatives courageuses qu'il ne cesse de prendre pour la rénovation et la revitalisation du Système des Nations Unies.

    Monsieur le Président,

    La 60ème Session de l'Assemblée Générale intervient dans une conjoncture internationale marquée, non seulement par les, guerres récurrentes, mais aussi par la recrudescence d'actes terroristes qui n'épargnent aucune région du monde, et des catastrophes naturelles qui ont endeuillé de nombreuses familles.

    Nous souhaitons présenter au gouvernement et au Peuple des Etats-Unis d'Amérique nos plus sincères condoléances. La lutte contre le terrorisme, tout comme la préservation de notre environnement appellent à plus de solidarité. L'Organisation des Nations Unies, dont nous célébrons le 60ème anniversaire, reste l'outil indispensable par lequel nous exprimons cette solidarité. C'est l'ONU, seule, qui nous permettra de faire face aux défis formidables du futur.

    C'est pourquoi, Monsieur le Président,

    Le Congo se félicite de l'adoption du Document final du Débat de haut niveau qui trace les grandes lignes de l'action à mener. Le Document final nous apporte des raisons d'espérer sur la manière de répondre aux défis auxquels notre monde est confronté, mais suscite en même temps quelques interrogations.

    En effet, le Congo est satisfait de la réaffirmation clairement exprimée par tous les Chefs d'Etat et de gouvernement, de leur engagement à poursuivre les débats et la recherche des solutions aux principales préoccupations du monde, à savoir :

    - les questions de développement ;

    - la paix et la sécurité collective;

    - les droits de l'homme et l'état de droit ;

    - lå renforcement de l'Organisation des Nations Unies.

    Nous sommes heureux du consensus sur la nécessité de créer le Conseil de Consolidation de la paix et le Conseil des Droits Humains. Ce dernier organe, viendra, aux côtés de la Cour Pénale Internationale, compléter, pour plus d'efficacité, 1å mécanisme de promotion et de défense des Droits Humains. La réforme institutionnelle des Nations Unies, élargie bien sûr à l'ensemble des Organes (Assemblée Générale, Conseil de Sécurité, Conseil Economique et Social, Secrétariat), tout comme la réforme de la gestion interne de notre Organisation, est un impératif à la fois politique et moral qui permettrait à l'Organisation des Nations Unies de vivre avec son époque et de se préparer plus efficacement à aborder les décennies à venir. Le Congo déplore que la grave question du désarmement n'ait pu trouver la moindre place dans le Document final faute de consensus, alors que les armes nucléaires, les armes de destruction massive, ainsi que le commerce illicite des armes légères et de petit calibre constituent la plus grande menace pour l'Humanité. Le Congo entend confirmer sa pleine et entière adhésion à l'objectif d'un désarmement général et complet et d'une élimination totale des armes de destruction massive.

    Monsieur le Président,

    L'Afrique a toujours été un sujet de préoccupation pour les Nations Unies, 1å Conseil de Sécurité y consacre, à juste raison, la plus grande partie de son temps. Nous devons nous réjouir de quelques évolutions positives observées dans certains pays.

    Au Burundi, nous saluons les efforts de la Communauté internationale qui ont permis l'aboutissement heureux, il y a un mois, du processus électoral dans ce pays.

    Après plusieurs années de crise et d'instabilité, nous nous félicitons du retour de la République Centrafricaine, à l'ordre constitutionnel. Ces pays méritent une aide accrue de la Communauté internationale pour consolider des situations encore fragiles.

    Au Soudan, nous saluons la réconciliation entre le SPLM et le pouvoir central et souhaitons que le processus se consolide en vue de parvenir à la fin d'un conflit qui n'a que trop duré. Mais, que la réconciliation intervenue entre le Nord et le Sud du Soudan ne nous fasse pas oublier le drame que vit depuis 2 ans cette autre partie de la population dans l'Ouest du pays qu'est la région du Darfour. Nous en appelons à une plus grande mobilisation de la Communauté internationale pour soutenir les efforts de l'Union Africaine afin d'obtenir un arrêt sans délai de cette crise politico- humanitaire.

    En Côte d'Ivoire, suite aux divergences des parties en conflit, et malgré les efforts que n'ont cessé de déployer les Nations Unies et l'Union Africaine, la tenue des élections initialement prévues en octobre 2005, est remise en cause. Nous exhortons nos frères ivoiriens à se surpasser et pour l'intérêt supérieur de leur pays, la paix et la stabilité de la Sous -région.

    La paix et la stabilité en République Démocratique du Congo conditionnent la stabilité et le développement de toute l'Afrique centrale et de la région des Grands Lacs. Nous louons les efforts engagés par la communauté internationale qui appuie le processus électoral en vue de l'issue heureuse de la transition en R.D.C.

    Notre Sous- région n'est pas restée en marge de ces efforts. Ainsi, en sa qualité de Président en exercice de la CEEAC, le Président de la République du Congo, Son Excellence Monsieur Denis SASSOU N'GUESSO, s'est vu assigner par ses pairs, à l'issue de la 12ème Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement tenue en juin 2005 à Brazzaville, la mission de s'impliquer dans la réussite de cette transition. C'est dans 1å cadre de ce mandat qu'avec mes collègues de l'Angola, du Gabon et de la RDC, nous avons rencontré les partenaires internationaux de 1a RDC que sont la Belgique, l'Union européenne et bien sûr, les Nations Unies.

    Concernant la région des Grands lacs, le premier Sommet de la Conférence internationale sur les Grands Lacs qui s'est tenue en novembre 2004 à Dar-es-Salaam, a fait naître de grands espoirs quant à un retour de la paix, de la stabilité et du développement dans cette sous région. Dans quelques mois se tiendra à Nairobi le second Sommet de la Conférence qui sera marqué par "adoption d'un Pacte de sécurité, de stabilité et de développement par lequel nos pays entendent mettre en oeuvre des programmes d'action et des protocoles propres à concrétiser cette volonté d'un futur partagé de paix, de sécurité et de développement. Par ailleurs, cette Conférence internationale sur la région des Grands Lacs est une expérience unique de consolidation de la paix au niveau régional. A ce titre, nous souhaitons vivement que cette région soit le premier terrain de mise en oeuvre des réformes proposées par l å Secrétaire Général concernant la consolidation de la paix. Nous saisissons "occasion que nous offre cette tribune pour renouveler l'appel lancé par Son Excellence Monsieur Denis SASSOU-NGUESSO, Président de la République du Congo, à la communauté internationale en général, aux partenaires du développement en particulier, pour que la région des Grands Lacs soit déclarée "Zone spécifique de développement".

    Monsieur le Président,

    Neuf (9) des onze (11) pays qui composent notre sous région d'Afrique centrale sont aujourd'hui en situation de post-conflit. Cette situation a été longuement débattue ã la 23èmå réunion du Comité Consultatif Permanent des Nations Unies sur les questions de sécurité en Afrique Centrale qui s'est tenue du 29 août au 02 septembre 2005 à Brazzaville. Autant nous nous félicitons de l'existence et du travail de ce Comité, dont mon pays assure actuellement la présidence, autant nous demandons aux Nations Unies de donner suite aux conclusions de sa mission multidisciplinaire effectuée en juin 2003 en Afrique Centrale.

    Monsieur le Président,

    Au Moyen-Orient, en dépit de la persistance du conflit israélo-palestinien, nous aimerions saluer et encourager les efforts déployés depuis quelques mois par le Premier Ministre israélien, Monsieur Ariel SHARON et le Président de l'Autorité palestinienne, Monsieur Mahmoud ABBAS, qui traduisent une volonté partagée de parvenir à une solution équitable et durable.

    Monsieur le Président,

    La consolidation de la paix, le rétablissement des équilibres macroéconomiques, la lutte contre les pandémies telles que le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies, constituent entre autres les principaux objectifs du Gouvernement congolais.

    Notre Gouvernement qui entend élargir son champ d'action d'autres fléaux, a organisé, en juin 2005 à Brazzaville, les Etats Généraux de la drépanocytose au cours desquels une résolution déclarant la drépanocytose priorité de santé publique, au même titre que le VIH/Sida et le paludisme, a été adoptée. Nous demandons qu'une attention particulière soit accordée à cette maladie.

    Monsieur le Président,

    Soucieux de préserver l'environnement, le Congo et d'autres pays de la sous région ont conclu, en 2002, un accord de partenariat avec la Communauté internationale dans le cadre de l'Initiative du Bassin du Congo". Le 2ème Sommet des Chefs d'Etat et de Gouvernement, tenu en février 2005 à Brazzaville, sur la conservation et la gestion durable des écosystèmes forestiers d'Afrique Centrale, a adopté une stratégie à long terme pour la préservation de la forêt, de la faune et de la biodiversité du Grand Bassin du Congo. Que l'Union Européenne, les Etats-Unis d'Amérique, la France et l'Allemagne trouvent ici l'expression de nos remerciements renouvelés pour leur soutien à cette Initiative.

    Monsieur le Président,

    Pour terminer, je tiens à remercier lå Groupe africain qui a endossé La candidature du Congo pour un siège de membre non permanent du Conseil de Sécurité pour la période 2006-2007. Je voudrais rassurer de son entière disponibilité à oeuvrer résolument pour la paix, la liberté et la justice dans lå monde.

    Je vous remercie.-

    Annexe 6



    BIBLIOGRAPHIE

    I. Ouvrages méthodologiques

    -BEAUD, Michel ; l'Art de la thèse, La Découverte, Paris, 2001.

    -Collectif ; Le dictionnaire Hachette encyclopédique, Paris, Hachette, 2002

    -Dictionnaire de la Langue française, le Larousse, Paris, 2004.

    -GUILLON, Raymond et, VINCENT, Jean (dir.) ; Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 13è édition, 2001.

    -GRAWITZ, Madeleine ; Méthodes de recherche en Sciences sociales, Paris, 11è édition, Dalloz, 2001.

    -MACE, Gordon et PETRY, François ; Guide d'élaboration d'un projet de recherche en Science sociales, Presses de l'Université Laval, 2002

    -QUIVY, Raymond, et Luc Van, CAMPENHOUDT ; Manuel de recherche en Sciences sociales, Paris, Dunod, 1995.

    -SMOUTS, Marie-Claude, BATTISTELA, Dario et VENESSON, Pascal ; Dictionnaire des relations internationales, Paris, Dalloz, 2003.

    -THUAL, François ; Méthodes de la géopolitique : apprendre à déchiffrer l'actualité, Paris, Ellipses, 1996.

    II. Ouvrages généraux

    -ARON, Raymond ; Paix et guerre entre les nations, Paris, Calman-Lévy, 6è édition, 1969.

    -BLOOM, Amélie et CHARILLON, Frédéric ; Théories et concepts des relations internationales, Paris, Hachette, 2000.

    -BOUTROS-BOUTROS, Ghali ; L'Organisation de l'Unité africaine, Paris, Armand colin, 1969.

    -BRAILLARD, Philippe, et Reza DJALILI ; Les Relations internationales, Paris, Collection « Que sais-je » ? Presses universitaires de France, 6 è édition, 2002.

    -CHAUPRADE, Aymeric ; Géopolitique, constances et changements dans l'histoire, Paris, Ellipses, 2001.

    -CHARILLON, Frédéric (Dir.) ; Politique étrangère. Nouveaux regards, Paris, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, 2002.

    -CLAVAL, Paul ; Géopolitique et Géostratégie, la pensée politique, l'espace et le territoire au XXè siècle, Paris, Nathan, 1994.

    -COLSON, Bruno ; Le tiers monde dans la pensée stratégique américaine, Paris, Economica, Institut de stratégie comparée, 1994.

    - HUGON, Phillippe ; Géopolitique de l'Afrique, Paris, Armand colin, 2006.

    -KISSINGER, Henry; Diplomatie, Paris, fayard, 1996.

    - MERLE, Marcel ; La politique étrangère, Paris, Presses universitaires de France, 1984.

    -MERLE, Marcel ; Sociologie des Relations internationales, Paris, 3è éd., Dalloz, 1982.

    -MOUELLE KOMBI, Narcisse; La politique étrangère du Cameroun, Paris, L'Harmattan, 1996.

    -MORGENTHAU, Hans; Politics among nations. The struggle for power and peace, New York, Alfred A. Knopf, 1948.

    -MVELLE, Guy ; L'Union africaine. Fondements, structure, programmes et actions, Paris, l'Harmattan, 2006.

    - PlANTEY, Alain, Principes de diplomatie, Paris, A.Pedone, 2000.

    -ROSENAU,James ;Turbulences in world politics. A theory of change and continuity,Princeton University press,1990.

    -RUSSET, Bernard; Grasping the democratic peace. Principle for a post Cold war world, Princeton ,University Press, 1993.

    - SMOUTS, Marie-Claude (Dir.) ; Les nouvelles relations internationales. Pratiques et théories, Paris, 3è éd., Presses de Science politique, 1998.

    - SMOUTS, Marie-Claude et, BADIE, Bertrand ; Le retournement du monde. Sociologie de la scène internationale ,3è éd., Paris, Presses des Science politiques, 1999.

    -THUAL, François ; Géopolitique au quotidien. Apprendre à déchiffrer l'actualité, Paris, Dunod, 1993.

    - VERSCHAVE, François-Xavier ; Noir silence. Qui arrêtera la Françafrique ? Paris, Les Arènes, 2000.

    -WALTZ, Kenneth; Theory of international politics, Addison-Wesley, Princeton, 1999.

    -ZORGBIBE, Charles; Les relations internationales, Paris, Presses universitaires de France, 5è édition, 1994.

    III. Ouvrages sur le Congo

    -BAZENGUISSA-GANGA, Remy ; Les voies du politique au Congo. Essai de sociologie historique, Paris, Karthala, 1997.

    -GUITOUKOULOU, Marcel ; La crise congolaise. Quelles solutions ? Collections : Etudes africaines (sans lieu de parution), 1999.

    -KOULA, Yitzhak ; la démocratie congolaise « brûlée » au pétrole, Paris, l'Harmattan, 1999, 306 pages.

    -LISSOUBA, Pascal ; Congo, les fruits de la passion partagée, Paris, Odilon, Média, 1997,252 pages.

    -MAKOUTA-MBOUKOU, Jean-Pierre ; La destruction de Brazzaville ou la démocratie guillotinée, Paris, l'Harmattan, 1999, 316 pages.

    -MENGA, Guy ; Congo, La transition escamotée, Paris, l'Harmattan, 2000.

    -NZELOMONA, Bertin ; La politique étrangère du Congo Brazzaville (1979-1991) : Un tissu de contradictions, Paris, Essai de Science politique, 2003,103 pages

    -PILEMIL, Michel ; Brazzaville aux carnassiers ? Mythes et élites en jeu, Paris, Karthala, 1999, 252 pages.

    -SALIGNON Pierre, LEPAPE, Marc ; La guerre congolaise : une catastrophe sanitaire majeure (Réflexions sur les pratiques humanitaires au Congo Brazzaville), Paris, Karthala, 2001, 245 pages.

    -REPUBLIQUE DU CONGO ; Les guerres civiles du Congo-Brazzaville ; Novembre 1993, janvier1994, 5 juin 1997, Tome I. sans date, sans lieu. Collection, Documents pour l'Histoire.

    -REPUBLIQUE DU CONGO ; Les guerres civiles du Congo-Brazzaville Novembre 1993, janvier1994, 5 juin 1997, Tome II, sans date, sans lieu. Collection, Documents pour l'Histoire.

    -SAMIR, Amin, et GLASER, Antoine ; Ces Monsieurs Afrique, le Paris village du Continent noir, Paris, Calman-Lévy, 1992.

    -SASSOU NGUESSO, Denis : Le manguier, le fleuve et la souris, Paris, Jean-Claude Lattès, 1998.

    IV.Articles

    A. Articles tirés d'ouvrages

    -COHEN, Samy « Décision, Pouvoir et Rationalité dans l'analyse de la politique étrangère », in SMOUTS, Marie-Claude (dir.), Les Nouvelles relations internationales. Pratiques et théories, Paris, Presses des Sciences politiques, 3è édition, 1999.

    -KESSLER, Marie-Christine «  La politique étrangère comme politique publique », in CHARILLON, Frédéric, (dir.), Politique étrangère. Nouveaux regards, Paris, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, 2002.

    B- Articles extraits de périodiques

    -ADADA, Rodolphe ; « Le Pacte contre l'agression, un instrument à la disposition de

    de l'Union africaine », in Géopolitique africaine, trimestriel, n°22, avril, 2006.

    -BANKOUNDA, Félix, « Congo Brazzaville, une septième Constitution pourquoi

    faire ? , in Politique africaine, Paris, n°81, mars, 2001.

    -BASHIR-BASHIR, Sahel, « L'Afrique, pourquoi une défense commune ? », in La

    Nouvelle afrique, Syrte, mars, 2004.

    -BAZENGUISSA-GANGA, Remy, « Le Congo dans la tourmente », in les Etudes

    du CERI, Paris 1996.

    -BOUKONGOU, Jean Didier, « Le projet du Pacte contre l'agression : une

    négociation difficile », in Géopolitique africaine, n°15, été- automne, 2004.

    -BOUKONGOU,Jean Didier, « Sassou Nguesso : Président de l'Afrique », in Géopolitique africaine, n°22, avril, 2006.

    -COLLECTIF ; « Golfe de Guinée : situation et perspectives énergétiques » in GARAUD, Marie-France (dir.), L'Afrique, acteur ou enjeux ? Géopolitique, n°63, Paris, Presses universitaires de France, octobre, 1998.

    -« Congo-Brazzaville : Un avenir plus clément » in, Jeune afrique, « hors série », l'état de l'Afrique, 2006.

    -DABIRA, Robert, « Sassou Nguesso sur le toit de l'Afrique », in Afrique internationale, Média, n°102, octobre, 2006.

    -GASTON, Honoré « L'Afrique a besoin de la France » in, Jeune afrique, n° 2407,25février-3mars, 2007

    -HANDY,Paul-Simon «L'Allemagne et l'Afrique : élément du concept  de politique africaine de la nouvelle république fédérale », in Afrique 2000, revue africaine de politique internationale, trimestriel, n°26, janvier -février -mars, 1997.

    -HARSANYI, John, « Game theory and the analysis of international conflicts », in ROSENAU's International politics and Foreign policy, New York, the free press, 1999.

    -LUGAN, Bertrand, « L'Afrique qui bouge», in GARAUD, Marie-France, (dir.), L'Afrique acteur ou enjeu ? Géopolitique ; n°63, Paris, Presses universitaires de France, octobre, 1998.

    -POURTIER, Roland, « L'Afrique centrale dans la tourmente. Les enjeux de la guerre au Congo et alentour », in Hérodote, n°111, Tragédies africaines, Paris, La Découverte, 4ème trimestre, 2003.

    -REINIER, Sébastien, « Toute honte bue ...ce sera Sassou » in, Afrique éducation, bimensuel international, n° 123 ; février, 2006.

    - Sans auteur « Le Congo- Brazzaville : SASSOU NGUESSO reçoit à Paris »in, Jeune afrique, n° 2407,25février-3mars, 2007.

    -SMITH, Stephen  «France-Afrique : la fin d'une époque », in WAJMAN, Patrick (dir.), politique internationale ; n°67, Paris, Printemps, 1999.

    -TAHERI, Albert « Congo-Brazzaville : Cap sur la démocratie » Entretien avec Denis SASSOU NGUESSO in, WAJMAN, Patrick, Politique internationale, n°66, Paris automne, 1998.

    -TONDA, Jean « La guerre dans le Camp nord au Congo-Brazzaville : ethnicité et ethos, de la consommation/ consumation », in QUANTIN, Patrick, (dir.), «  Les deux Congo dans la guerre », Politique africaine, n°72,1998.

    -VARELO, Alfredo « La coexistence pacifique et la coopération pacifique », in La Nouvelle revue internationale «  Problèmes de la paix et du Socialisme », juillet, 1979.

    C- Interviews et discours extraits de revues, périodiques.

    -« Les relations d'amitié et de coopération entre le Congo et les Etats-Unis d'Amérique  sont aujourd'hui excellents », entretien avec MOMBOULI, Serge, in Les Dépêches de Brazzaville, n° 171,18 septembre, 2006.

    -« De 2006 l'Afrique hérite un tableau mitigé », entretien avec SASSOU NGUESSO, Denis, in Les Dépêches de Brazzaville, n° 187, janvier, 2007.

    -«  L'assistance mutuelle assurée est un pilier de l'avenir africain » entretien entre SASSOU NGUESSO, SOUSSAN, André et ZORGBIBE, Charles, in Géopolitique africaine, revue trimestrielle, n°15, été -automne- octobre, 2004.

    -« Congo- Brazzaville : Cap sur la démocratie » entretien avec SASSOU NGUESSO, in WAJMAN, Patrick, (dir.) Politique internationale, n°81, Paris, Presses universitaires de France, automne, 1998.

    -« Je n'ai pas à me justifier » entretien entre SASSOU NGUESSO et François SOUDAN, in Jeune afrique, n°2402,21-24 janvier, 2007.

    V. Thèses, mémoires et rapports de stage

    -BILOA TANG, Alain ; Le Ministère des Relations extérieures dans la politique étrangère du Cameroun, Mémoire en cycle d'études supérieures spécialisées en Relations internationales, Diplomatie, Iric, Yaoundé, juillet,2000.

    -EBOA, Félix Fils ; La politique étrangère de la Libye : entre Panarabisme, Panafricanisme, et Realpolitik. Mémoire en cycle d'études supérieures spécialisées en Relations internationales, Diplomatie, Iric, Yaoundé, juillet, 2005.

    -ESSONO, Etiennette ; La Commission de l'Union africaine : entre idéalisme et réalisme. Mémoire en cycle d'études supérieures spécialisées en Relations internationales, Diplomatie, Iric, Yaoundé, mars, 2007.

    -GABI, Emery ; La diplomatie congolaise et les opérations de maintien de la paix, rapport de stage, Diplomatie, Iric, Yaoundé, juin, 2006.

    -GANGA STILA, Célestin ; Idéologie et réalisme en politique étrangère : l'exemple de la République populaire du Congo. Mémoire en cycle d'études supérieures spécialisées en Relations internationales, option : Diplomatie, Iric, Yaoundé, 1981.

    KASSAMBE, Clément, Le Congo post guerre et les défis de la reconstruction, rapport de stage, Diplomatie, Iric, Yaoundé, juin, 2006.

    -MAVOUNGOU, Jacques, La Diplomatie congolaise de 1979 à 1989. Thèse de doctorat, Paris, Université Paris I, 1989.

    -MVELLE, Guy, Aide au développement et coopération décentralisée. Esquisse d'une désétatisation de l'aide financière française. Thèse de doctorat de Science politique, Lyon, Université Jean Moulin, Juillet, 2005.

    -NGAKOSSO-OKO, Roméo-Sedard ; Géostratégie des ressources et les conflits de la République du Congo Brazzaville (1990-2002) : rivalité de puissance et contrôle global de l'énergie. Mémoire en cycle d'études supérieures spécialisées en Relations internationales, option : Diplomatie, Iric, Yaoundé, juillet, 2005.

    -NJILA MOUNTON, René job ; L'armée dans la politique étrangère de la République sud africaine. Thèse de doctorat de troisième cycle en Relations internationales, option : Diplomatie, Iric, Yaoundé, 1996.

    -SINOU, David ; Le phénomène des groupes à l'Organisation de l'Unité africaine : Fondements, dynamiques et incidences (1963-1983). Thèse de doctorat de troisième cycle en Relations internationales, option : Diplomatie, Iric, Yaoundé, décembre ,1987.

    -Document officiel : Pacte de non agression et de défense commune de l'UA.

    VI. Les sites Internet

    www.africa-union.org

    -www.afp.fr

    -www.brazzaville-adiac.com

    -www.congopages.cg

    -www.izf.net-www.lexpress.f-www.jeuneafrique.com

    TABLE DES MATIERES

    Sommaire.............................................................................................i

    Dédicace..............................................................................................ii

    Remerciements.............................................................................. .......iii

    Liste des abréviations et sigles utilisés....................................................... ...iv

    Repères chronologiques...........................................................................viii

    Carte détaillée du Congo............................................................................ix

    Introduction générale.................................................................................I

    Première partie :Les orientations de la politique étrangère du Congo sous le prisme de la realpolitik.............................................................................................30

    Introduction à la première partie...............................................................31

    Chapitre I : Les motivations profondes des choix dans la politique étrangère du Congo entre 1997 et 2004........................................................................33

    Section I : L'héritage des guerres............................................................33

    Paragraphe I :Une situation socio-économique peu enviable................................34

    A- Des pertes humaines..........................................................34

    B-Une catastrophe économique.................................................35

    C-Un traumatisme moral sans précédent.......................................35

    Paragraphe II : La difficile acceptation du nouveau gouvernement........................36

    ParagrapheIII : La désapprobation de la Communauté internationale.....................37

    A-Du silence de la Communauté internationale..............................37

    B-A la tardive désapprobation de la Communauté internationale.........39

    Section II : Du réalisme dans la politique étrangère du Congo...........................41

    Paragraphe I : La recherche d'une légitimité interne et d'une reconnaissance internationale........................................................................................42

    Paragraphe II : La realpolitik comme stratégie au service de la régulation de l'intérêt national...............................................................................................44

    Paragraphe III :L'aménagement interne fait la politique extérieure........................46

    A- Sur le plan politique : vers un retour à l'Etat de droit ?.....................46

    B-la mise en place d'un cadre en faveur du dialogue national............47

    C-L'établissement d'une commission nationale électorale.................48

    Chapitre II : Les enjeux sous jacents des choix dans l'action politique extérieure du Congo............................................................................................51

    Section I : La structuration des rapports entre le Congo et l'Occident..............52

    Paragraphe I : Le recentrage de la « politique française » du Congo........................52

    Paragraphe II : Les enjeux d'une politique de « profil bas » face à l'Allemagne..........56

    Paragraphe III : Les relations entre le Congo et les autres acteurs de la scène internationale :de la discorde à la normalisation................................................59

    A- Les rapports entre le Congo et l'U.E........................................59

    B-Les relations entre le Congo et les institutions financières internationales.61

    C- La politique américaine du Congo : les nécessités de la realpolitik.......62

    Section II : Le Congo au coeur des enjeux africains........................................64

    Paragraphe I : Le manque d'enthousiasme au projet des Etats-Unis d'Afrique............65

    Paragraphe II : Une nouvelle politique africaine aux enjeux inavoués.....................67

    A-La philosophie du Pacte contre l'agression.................................68

    B-La pertinence du Pacte contre l'agression....................................70

    C-Les enjeux du Congo dans cette initiative....................................71

    Paragraphe III : La recherche de relations de bon voisinage et de coexistence pacifique.............................................................................................73

    A-La recherche d'un voisinage serein avec la R.D.C..............................74

    B-Le renforcement du bon voisinage avec le Cameroun..........................76

    C-Le renforcement des « alliances » traditionnelles avec le Tchad, l'Angola, le Gabon.et la R.C.A..................................................................................77

    Conclusion à la première partie................................................................80

    Deuxième partie : La portée de la realpolitik dans la politique étrangère du Congo (Bilan et perspectives)....................................................................81

    Introduction à la deuxième partie ......................................................................82

    Chapitre III : La realpolitik, stratégie au service de la réhabilitation du Congo ?.............................................................................................................................84

    Section I : Les acquis de la realpolitik......................................................84

    Paragraphe I : La légitimité politique internationale..........................................85

    Paragraphe II : Les signes tangibles d'un gouvernement reconnu à l'international......86

    A-La reprise de l'aide internationale en faveur du Congo........................86

    B-Le come back international.........................................................90

    1-Le réchauffement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis d'Amérique et le Congo..........................................................................................90

    2-Le retour du Congo dans les forums internationaux..............................91

    Paragraphe III : La présidence congolaise de l'U.A ou le parachèvement d'une reconnaissance internationale acquise...........................................................92

    Section II :Les acteurs de la politique étrangère du Congo..............................96

    Paragraphe I :Le président de la République....................................................96

    A.1-Les attributions du Président en matière de politique étrangère.........97

    A.2-Coup de projecteur sur Denis Sassou Nguesso...........................97

    A.3- Sassou Nguesso II (1997- ?)..............................................100

    B-Sassou Nguesso, un homme d'Etat incontournable ?............................100

    Paragraphe II : Le Ministre des Affaires étrangères (Cheville ouvrière de la nouvelle diplomatie congolaise)............................................................................102

    A-L'organigramme...............................................................102

    B-Les ressources humaines.......................................................103

    Chapitre IV : Les perspectives des tendances actuelles..................................106

    Section I :Une possible inscription durable du Congo sur les devants de la scène internationale.......................................................................................106

    Paragraphe I :Un argument d'ordre stratégique...............................................107

    Paragraphe II : Le pétrole comme facteur logistique de puissance.........................108

    Section II : Avec des limites toutefois.....................................................109

    Paragraphe I : Les signes d'un manque d'une toile de fond commune et réelle entre le dedans et le dehors.................................................................................109

    Paragraphe II : La compromission éventuelle d'un «  bel avenir congolais »............111

    Conclusion générale..............................................................................113

    Annexes.............................................................................................116

    BIBLIOGRAPHIE..........................................................................................142

    TABLE DES MATIERES................................................................................152

    * 1 Il faudrait en réalité, parler de Sassou Nguesso III, car, c'est la troisième fois qu'il accède au sommet de l'Etat. On oublie trop souvent l'intérim qu'il a assuré en 1977 après l'assassinat du président Marien N'gouabi.

    Cependant, nous nous plierons, pour être comprise, au qualificatif de Sassou Nguesso II, communément adopté.

    * 2 En 1992 s'est tenue l'élection présidentielle dans laquelle Sassou Nguesso a été éliminé dès le premier tour.

    Sans aucune contestation, il a accepté le verdict des urnes. Voir à ce propos, Sassou Nguesso ,Le manguier, le Fleuve et la souris, Paris, édition Jean Claude Lattès, 1997, p. 1.

    * 3 La guerre civile congolaise de 1997 est loin d'être la première. Toute l'histoire de ce pays est empreinte de plusieurs tares dues aux changements politiques qui ont toujours procédé d'une action violente : le départ de l'Abbé Fulbert Youlou, Premier Ministre depuis 1959 ; la démission du Président A. Massamba Débat ; 1968, l'assassinat du Président Marien Ngouabi en 1977 ; la démission du Président J.Yombi Opango en 1979. Enfin, la chute du Président Pascal Lissouba en 1997.

    * 4 Parmi ceux-ci Pascal Lissouba, exilé dans la capitale Britannique. Pour plus d'informations à ce sujet, voir J.Tonda, « La guerre dans le camp nord  au Congo-Brazzaville : ethnicité et ethos de la consommation/ consumation », in Patrick Quantin, (dir.), Les deux Congo dans la guerre, Politique africaine, n°72, pp. 8-12.

    * 5Monsieur Bernard Kolelas semble assez futé. Sachant que ses chances d'accéder au sommet de l'Etat sont moindres, il a toujours joué en fonction des enjeux du moment. Ainsi, s'est-il allié au Président Lissouba en 1997 après s'être confronté à ce dernier en 1993. En 2005, après son retour au Congo, il s'est allié à Sassou Nguesso II, satisfaisant ainsi aux impératifs de son réalisme.

    * 6 Les guerres civiles congolaises de 1997,1998 et 1999 n'étaient pas seulement l'oeuvre des acteurs principaux et internes de l'échiquier politique congolais. Elles impliquaient bien d'autres acteurs étatiques (dont, le Gabon, le Tchad, l'Angola etc.), et des acteurs non étatiques, notamment les firmes transnationales pétrolières à l'instar d'ELF, devenue Total.

    * 7 Pendant les quatre années qui ont suivi le coup d'État du 5 juin 1997, les institutions financières internationales,

    l'Union européenne, les États-unis, l'Allemagne et bien d'autres partenaires du Congo avaient suspendu leurs aides et assistance au Congo.

    * 8 Jean-Pierre Makouta-Mboukou, La destruction de Brazzaville ou la démocratie guillotinée, Paris, L'Harmattan, 1999, p.159.

    * 9 Madeleine Grawitz, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 2000, p. 34.

    * 10 Philippe Braillard et Mohammad Reza Djalili, Les Relations internationales, Paris, Coll. « Que sais-je ? »,

    2002, p. 65.

    * 11 En matière de production pétrolière, le Congo occupe la huitième place au niveau continental, la quatrième au sud du Sahara, derrière le Nigeria, l'Angola et la Guinée équatoriale : R. Césaire, « Mythes et réalités du pétrole », in Marie-France Garaud, (dir.), Afrique acteur ou enjeu? Géopolitique, N°63, Paris, Presses universitaires de France, octobre, 2000, p. 118.Voir également : Enjeux, n°28, juillet -septembre 2006 ; Les économies d'Afrique centrale, 2006, Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique, Bureau sous-régional, Afrique centrale, Paris, Maisonneuve et Larose, 2006.

    * 12 Voir supra.

    * 13 Guy Mvelle, L'Union africaine. Fondements, structure, programmes et actions, Paris, L'harmattan, 2006, p.37.

    * 14Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde : Une infrastructure pour le développement, Washington, 1999, Abc des Nations unies, New York, 2004, p.298.

    * 15Pour plus d'informations sur le pétrole congolais et les autres ressources voir le site : hpp : www.izf.net ; rubrique « Congo ».

    * 16 Samir Amin, et Coquery-Vidrovitch Catherine, Histoire économique du Congo 1880-1978. Du Congo français à l'Union douanière et économique d'Afrique centrale, Dakar, IFAN et Paris, Editions Anthropos, 1996.

    * 17Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde : Une infrastructure pour le développement, op.cit.,p. 12.

    * 18 Narcisse Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, Paris, L'Harmattan, 1996, p.8.

    * 19 Frédéric Charillon (dir.), Politique étrangère. Nouveaux regards, Paris, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, 2002, p. 13.

    * 20 Marcel Merle, La politique étrangère, Paris, Presses universitaires de France, 1984, p. 7.

    * 21 Marie-christine Kessler, « La politique étrangère comme politique publique », in Frédéric Charillon (dir.), Politique étrangère. Nouveaux regards, ibid. pp. 163-169.

    * 22 James Rosenau, Turbulences in world Politic. A theory of change and continuity, Princeton University Press, 1990.

    * 23 Expression familière à Marie-Claude Smouts pour indiquer les mutations profondes survenues à la fin de la Guerre froide.Voir à ce titre : Les nouvelles relations internationales. Pratiques et théories, Paris, 3è éd., Presses des Sciences Politiques, 1998.

    * 24 Guy Mvelle, L'Union africaine. Fondements, structures, programmes et actions, op. cit., pp. 102-103.

    * 25 Amélie Bloom et Frédéric Charillon, Théories et concepts des relations internationales, Paris, Hachette, 2000, p. 36.

    * 26 Bertrand Badie et Marie-Claude Smouts, Le retournement du monde. Sociologie de la scène internationale, Paris, 3è éd., Presse des Sciences politiques, 1999, p .1.

    * 27 Raymond Aron, Paix et Guerre entre les Nations, Paris, Calman-Lévy, 1964, p. 43.

    * 28 Hans Morgenthau, cité par Marie-Claude Smouts et al, in Dictionnaire des relations internationales, Paris, Dalloz, 2003, p.280.

    * 29 Dictionnaire de la langue française, le Larousse, Paris, 2004, p. 352.

    * 30 François Thual, Géopolitique au quotidien. Apprendre à déchiffrer l'actualité, Paris, Dunod, 1993, p.4.

    * 31 Paul Claval, Géopolitique et Géostratégie, la pensée politique, l'espace et le territoire au XXè siècle, Paris, Nathan, 1994, p.4.

    * 32 Dictionnaire encyclopédia universalis .

    * 33 Jacques Mavoungou, La diplomatie congolaise de 1979 à 1989, Thèse de doctorat, Sciences politiques, Université Paris I, 1989.

    * 34 Jacques Mavoungou, ibid. p. 307.

    * 35 Bertin Nzelomona, La politique étrangère du Congo Brazzaville (1979-1991) : Un tissu de contradictions, Paris, Essai de Sciences politiques, 2004.

    * 36 Bertin Nzelomona, Bertin Nzelomona, La politique étrangère du Congo Brazzaville (1979-1991) : Un tissu de contradictions, op.cit.,p. 92.

    * 37 Bertin Nzelomona,ibid.,p.157.

    * 38 En parlant du Cameroun, le Professeur Mouelle Kombi dénonce indirectement la face insidieuse de l'aide des pays développés en vers ceux non développés. Celle-ci est un véritable fardeau « omniprésent » car, à l'examen, elle a assujetti les pays pauvres sortis de la colonisation. La dépendance qu'elle entraîne met à rude épreuve leur indépendance. Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, Paris,L'harmattan, p.8.

    * 39 Ganga Tsila, Idéologie et réalisme en politique étrangère : l'exemple de la République Populaire du Congo, Mémoire pour le diplôme de 3è cycle spécialisé en relations internationales, option : Diplomatie, IRIC, Yaoundé, 1981.

    * 40 Ganga Tsila, ibid, p. 62.

    * 41Marcel Merle cité par Ganga Tsila, ibid, p. 6.

    * 42 Narcisse Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, op.cit., p.8.

    * 43 Yitzhak koula, La démocratie congolaise « brûlée » au pétrole, Paris, L'Harmattan, 1999.

    * 44 Yitzhak koula, ibid., p. 21.

    * 45Yitzhak koula, ibid., p. 57.

    * 46 Yitzhak koula, ibid.,op. cit., 74.

    * 47 Michel Beaud, L'art de la thèse, Paris, La Découverte, 1999, p. 32.

    * 48 Alain Plantey, Principes de Diplomatie, Paris, A. Pedone, 2000, p. 31.

    * 49 Madeleine Grawitz, Méthodes des sciences sociales, Paris, 11è éd., Dalloz, 2001, p. 398.

    * 50 Raymond Quivy et Luc Van Campenhoudt, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 1995, p. 118.

    * 51Gordon Mace et François Petry, Guide d'élaboration d'un projet de sciences sociales, Québec, Presses de l'Université de Laval, 2000, p. 47.

    * 52 Hans Morgenthau, Politics among nations. The struggle for power and peace, New York, Knopf, 1978.

    * 53 Raymond Aron Paix et guerre entre les Nations, op.cit.,p. 42.

    * 54 Kenneth Waltz, Theory of international Politics, Addison -Wesley, 1999.

    * 55Henry Kissinger, Diplomatie, Paris, Fayard, 1996.

    * 56 Marcel Merle, La politique étrangère, op.cit., p.24.

    * 57 John Harsanyi, « Game Theory and the analysis of international conflicts », in Rosenau, « International politics and Foreign Policy », New York, the free press, 1969, p. 370.

    * 58 Alex MacLeod, « L'approche constructiviste de la politique étrangère », in Frédéric Charillon (dir.), Politique étrangère. Nouveaux regards, op.cit, p.65-90.

    * 59 Alex Macleod, ibid. p.72.

    * 60 Ibid.

    * 61 Ibid.

    * 62 James Rosenau, Linkage politics. Essays on the convergence of national and international systems, New York, Fress press, 1999.

    * 63 Il s'agit d'une méthode qui part des propositions posées comme hypothèses et en déduit logiquement les conséquences.

    * 1 Voir supra.

    * 64Michel Pilemil, Brazzaville aux carnassiers ? Mythes et élites en jeu, Paris, karthala, 1999, p.46.

    * 65 Il s'agit du Général Denis Sassou Nguesso, du Professeur Pascal Lissouba, et de Monsieur Bernard kolelas.

    * 66Albert Taheri, « Congo Brazzaville : Cap sur la démocratie », Entretien avec Denis Sassou Nguesso in Wajman, Patrick (dir.), Politique internationale, n°2, Paris, automne, 1998, p. 325.

    * 67 Pascal Lissouba, Congo : Les fruits de la passion partagée, Paris, Odilon, Média, 1999, p. 25.

    * 68 François Xavier Verschave, Noir silence. Qui arrêtera la Françafrique ? Paris, Les Arènes, 2000, pp. 61-62.

    * 69 République du Congo,Les Guerres civiles du Congo Brazzaville :Novembre,1993 janvier 1994 ,5 juin,1997,Tome I,sans lieu ,ni date,p. 232.

    * 70 Marcel Guitoukoulou, La crise congolaise, quelles solutions ? Paris, Coll. « Etudes africaines, 1999, p.21.

    * 71 Cité par François-Xavier Verschave in Noir silence. Qui arrêtera la Françafrique ?op.cit., p.65.

    * 72 A partir de 1998, les Angolais, les Tchadiens, les génocidaires rwandais et autres mercenaires accentuent les exactions dans cette partie du Congo dont ils avaient la charge.

    * 73 Pierre Saligon et Marc Lepape, La guerre civile congolaise : une catastrophe humaine majeure, Paris, khartala, 2001, p.23.

    * 74 Remy Bazenguissa-Ganga, « Le Congo dans la tourmente », in Les études du CERI, Paris, Fondation nationale des Sciences politiques, n°30, avril, 1998, p. 13.

    * 75 Yitzhk Koula, La démocratie congolaise « brûlée au pétrole » ,op.cit., p.11.

    * 76 François-Xavier Verschave, Noir silence. Qui arrêtera la Françafrique, op.cit., p.16.

    * 77 François-Xavier Verschave, ibid., p.18.

    * 78 Kofi Anan cité par François-Xavier Verschave, Noir silence .Qui arrêtera la Françafrique, op.cit, p.29.

    * 79Jacques Chirac cité par François-Xavier Verschave, ibid, p. 35.

    * 80 Remy Bazenguissa-ganga, « Le Congo dans la tourmente » op.cit., p.16.

    * 81François-Xavier Verschave, ibid.,p. 54.

    * 82 François-Xavier Verschave, Noir silence. Qui arrêtera la Françafrique ? op.cit., p.54.

    * 83 François-Xavier Verschave, Ibid., p.56.

    * 84 Yitzhak Koula, La démocratie congolaise « brûlée » au pétrole  op. cit., p .42.

    * 85François-Xavier Verschave, Noir silence. Qui arrêtera la Françafrique  op.cit., p.7.

    * 86 François-Xavier Verschave, ibid.

    * 87 Philippe Braillard, Mohammad-Reza Djalili, Les relations internationales, op.cit., p. 16.

    * 88 En France, les Verts, sous la houlette du député Noel Mamere avaient organisé plusieurs manifestations visant à dénoncer les méthodes de gestion de l'Etat par le nouveau gouvernement congolais, accusant par là même, un régime qui avait chassé un président démocratiquement choisi par le peuple.

    * 89 Marie Christine Kessler, « La politique étrangère comme politique publique », in Frédéric Charillon (dir.) Politique étrangère. Nouveaux regards, op.cit, p. 72.

    * 90 Cf l'interview du général Sassou in Jeune afrique l'Intelligent du 20 févier, 2000, p.19.

    * 91 Marcel Merle, La politique étrangère, op.cit., p. 16.

    * 92 Charles Zorgbibe, Les relations internationales, Paris, Presses universitaires de France, 5è éd., 1994, p.45.

    * 93 Pierre Salignon et Marc Le pape, La guerre civile congolaise : une catastrophe humaine majeure, op.cit., p.33.

    * 94 Les verts, sous la houlette de Noël Mamere en France ont organisé plusieurs manifestations pour dénoncer ce qui se passaient au Congo à partir de l'année 1998.

    * 95Hans Morgenthau, Alexander Wendt et Raymond Aron, cités par Marie-Claude Smouts et al, Dictionnaire des relations internationales, Paris, Dalloz, 2003, p.280.

    * 96 Alexander Wendt, cité par Marie-Claude Smouts, et al, Dictionnaire des relations internationales, ibid.

    * 97Raymond Aron, cité par Marie-Claude Smouts, et al, ibid.

    * 98 Marcel Merle, La Politique étrangère, op.cit., p. 45.

    * 99 Sassou Nguesso, Le manguier, le fleuve, et la souris, op.cit., p.47.

    * 100 Félix Bankounda, « Congo-Brazzaville, une septième Constitution pourquoi faire ?», in Politique africaine, Paris, karthala, n° 81, mars, 2001, p.16.

    * 101 Félix Bankounda,  bid, p.19.

    * 102 Félix Bankounda, « Congo-Brazzaville, une septième Constitution pourquoi faire ?» op.cit., p.16.

    * 103Ancien Ministre des transports sous la présidence de Lissouba, aujourd'hui, Président du principal parti de l'opposition au Congo, à savoir, l'Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads) Sources : Les Dépêches de Brazzaville, n°182, 20 janvier, 2007.

    * 104 Yombi Opango ,ancien président du Congo ,a été en exil depuis 1999 à Paris.

    * 105 Bernard Russet, Grasping the democratic peace. Principles for a post Cold war world, Princeton University Press, 1993, p.25.

    * 106 Cf. la nouvelle Constitution de janvier 2002.

    * 107 Marcel Merle, La politique étrangère, op.cit., p. 98.

    * 108 Marie-Christine kessler, « La politique étrangère comme politique publique » in Frédéric Charillon (dir.), Politique étrangère. Nouveaux regards op.cit., p. 70.

    * 109 John Okumu par exemple soutient que les relations extérieures de tout Etat africain sont fonction de son histoire coloniale « The place of Africa in international system », cité par Ganga Stila, op.cit.,p.33.

    * 110 Gaston Honoré, « l'Afrique a besoin de la France », in Jeune afrique, n° 2407, daté du 25 février au 3 mars 2007, p. 110.

    * 111 Il s'agit d'Yitzhak Koula, La démocratie congolaise « brulée au pétrole », op, cit, p.48.

    * 112 Loick Le Flock-Prigent, « La Confession de Loick Le Flock-Prigent » ; http://www.lexpress.fr.

    * 113 Loick Le Flock-Prigent ibid.

    * 114 François-Xavier Verschave, Noir silence. Qui arrêtera la Françafrique , « Tous pour Sassou » op.cit., pp. 39-41.

    * 115Ibid.

    * 116 Stephen Smith, et Antoine Claser, Ces Monsieurs Afrique, Paris, Village du Continent noir, Paris Calman-lévy, 1992.

    Voir également l'article de la rubrique «  Confidentiel », in Jeune afrique, n°2407, février -mars, 2007, « Le Congo Brazzaville : Sassou reçoit à Paris », p. 9.

    * 117 Gaston Honoré, « l'Afrique a besoin de la France », idem, p .10.

    * 118 Cf, interview du Général Sassou Nguesso, in Jeune afrique, n°2402, daté du 21-24 janvier, 2007, p.17.

    * 119 Guy Mvelle, Aide au développement et coopération décentralisée. Esquisse d'une désétatisation de l'aide française, thèse de doctorat de Science Politique, Lyon, Université Jean Moulin, juillet, 2006 p.28.

    * 120 Parmi ceux-ci figurent Charles Zorgbibe, André Soussan avant sa mort, Jean Paul Picasse entre autres.

    * 121 Paul-Simon handy « L'Allemagne et l'Afrique : élément du concept de politique africaine de la nouvelle République fédérale », in Afrique 2000, Revue africaine de politique internationale ; trimestriel, n°26, janvier- février -mars, 1997, p. 65.

    * 122 Remy Bazenguissa-Ganga op.cit, p .19.

    * 123 Sources : Les Dépêches de Brazzaville, février 2002.

    * 124 Monsieur Rodolphe, Adada alors Ministre des Affaires étrangères s'était rendu à Berlin dans le cadre d'une première visite diplomatique symbolisant ainsi la reprise du dialogue diplomatique entre les deux Etats.

    Cette information a pour source l'Agence France Presse, 2004. Disponible sur son site www.afp.fr. Consulté le 10 mars 2007.

    * 125 Il s'agit notamment de promouvoir les oeuvres des artisans et autres métiers du secteur primaire qui, étaient avant les guerres assez développés dans les régions du Sud du Congo et dont les infrastructures avaient été dévastées.

    * 126 Remy Bazenguissa-ganga, op.cit., p.19.

    * 127Parmi les oppositions les plus vives au soutien financier de la Commission européenne au nouveau gouvernement sans légitimité interne ni internationale, il faut noter celles des députés Verts, en particulier Noel Mamere, très tôt sur la brèche avec son assistant Patrick Farbiaz. Ils auraient réussi à organiser le 15 novembre 1999 dans les locaux de l'Assemblée nationale française  une «  Journée dialogue pour la paix au Congo ».

    * 128 Bruno Ezinga, (Premier Conseiller, chargé d'affaires ad. i. de la Mission diplomatique congolaise auprès de l'U.E. à Bruxelles) in Les dépêches de Brazzaville, mensuel daté de mars 2004.

    * 129 Extrait de la Déclaration de la Présidence de la Commission de l'U.E. sur l'élection présidentielle au Congo, rendue publique le 27 mars 2002 à Bruxelles. Sources : Agence France Presse.

    * 130 Rapport de la Banque mondiale, 2004.

    * 131 Dépêche de l'Agence France Presse, 071646 daté du 7 novembre 1997.

    * 132 Voir le graphique de la page 83 de la présente étude.

    * 133 Commentaire tiré de la revue congolaise Makubakuba datée du 4 septembre 2001, d'auteur anonyme, p. 4.

    * 134 Serge Mombouli, Ambassadeur du Congo auprès du gouvernement américain (Washington), in Les Dépêches de Brazzaville, n°171, 18 septembre 2006, p. 6.

    * 135 Nkossa est une première mondiale dans le développement des champs pétroliers et gazeux offshore opéré uniquement jusqu'à très récemment par Total. Aujourd'hui, on distingue deux firmes transnationales sur ce champ (TotalfinaElf pour la France d'une part et, Chevron, Texaco et Murphy oil pour les Etats-Unis, d'autre part).

    * 136 Africa must unite est le maître ouvrage de Kwame Nkrumah publié en 1963, après les indépendances politiques des territoires coloniaux de l'Afrique noire dans lequel il expose ses idéaux en faveur d'une intégration politique du continent africain. Cet ouvrage est considéré comme la bible de l'idéologie du Panafricanisme.

    * 137 Boutros-Boutros, Ghali, L'organisation de l'Unité africaine, Paris, Armand colin, 1969, p.5.

    * 138 Sassou Nguesso, Le manguier, le fleuve et la souris, op.cit, p. 47.

    * 139 Le groupe de Brazzaville s'est constitué lors de la XVè Session de l'AGNU, avec l'admission massive en septembre 1960 de 15 Etats africains dont 11 territoires anciennement sous colonisation française. Il s'agissait du Congo, de la Côte d'Ivoire, du Dahomey (l'actuel Bénin), du Gabon, de la Haute volta (l'actuel Burkina Faso) de Madagascar, du Niger, de la R.C.A, du Sénégal, et du Tchad.

    * 140 David Sinou, Le phénomène des groupes à l'OUA : Fondements, dynamiques et incidences (1963-1983), Thèse de 3è cycle en Relations internationales, option : Diplomatie, IRIC, Yaoundé, décembre, 1987, pp. 46-48.

    * 141 Sassou Nguesso, Le manguier, le fleuve et la souris, op.cit., p.57.

    * 142 Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, op.cit., p.65.

    * 143 Sassou Nguesso, Le manguier, le fleuve et la souris op cit, p. 62.

    * 144 Etiennette Essono, La Commission de l'Union africaine : entre ambition et réalisme, Mémoire en cycle d'études supérieures spécialisées en Relations internationales, option : Diplomatie, IRIC, Yaoundé, 2007, p.75. ; Financer l'intégration régionale en Afrique, Paris, Maisonneuve et Larose, 2005, pp-20-21, Source : Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique, Bureau sous-régional, Afrique centrale.

    * 145 Bashir Sahel Bashir, « L'Afrique, pourquoi une défense commune ? », in La nouvelle afrique, Syrte, mars 2004, p. 9. Voir aussi le Protocole relatif à la création du Conseil de l'Union africaine, adopté le 10 juillet 2002 à Durban (Afrique du Sud) notamment son article 7 (h) relatif à la mise en oeuvre de la politique de défense commune de l'Union.

    * 146 Sassou Nguesso, dans une interview accordée à l'équipe de la revue trimestrielle Géopolitique africaine, n°22, avril, 2006, p.25.

    * 147 Discours prononcé le 24 janvier 2006 au Sommet de Khartoum où il a été consacré  nouveau président de la Conférence des Chefs d'Etat et de gouvernements africains pour l'exercice 2006.

    * 148 Jean Didier Boukongou, « Le projet du Pacte contre l'agression : une négociation difficile », in Géopolitique africaine, n°15, été- automne, 2004, P.23.

    * 149 Ces informations sont tirées du site officiel de l'UA : www. africa-union.org, consulté le 9 juin, 2007.

    * 150 Cf, l'article 2(b) du Pacte contre l'agression.

    * 151 L'expression est de Roland Pourtier, «  L'Afrique centrale dans la tourmente : Les enjeux de la guerre au Congo et alentour », Tragédies africaines, Hérodote, n°11, Paris, la Découverte, 4 è trimestre, 2003, pp. 11-39. Cet auteur soutient qu'étant donné les crises politiques chroniques observées dans la région des Grands Lacs, celles-ci se transformeraient en un véritable embrassement et se répercuteraient sur l'ensemble de l'Afrique centrale. Aujourd'hui,les faits démontent cette thèse car on assiste depuis peu de temps à une accalmie généralisée dans les turbulences dans cette région symbolisée par la fin de la guerre au Congo, en Centrafrique ,au Tchad.

    * 152 Bashir Sahel Bashir « L'Afrique, pourquoi une défense commune ?», op.cit., p. 9.

    * 153 François Thual, Méthodes de la Géopolitique : Apprendre à déchiffrer l'actualité, op.cit., p. 26.

    * 154 Rodolphe Adada (Ministre d'Etat,Ministre des affaires étrangère de la République du Congo), « Un instrument à la disposition de l'Union africaine », in Géopolitique africaine, n° 22, avril, 2006, pp. 24-28.

    * 155 Michel Rocard, « Le Pacte contre l'agression, un système de solidarité entre Etats », in Géopolitique africaine, revue trimestrielle, n°12, automne, octobre, 2003, p. 9.

    * 156 L'expression est de Roland Pourtier, «  L'Afrique centrale dans la tourmente : Les enjeux de la guerre au Congo et alentour », Tragédies africaines, Hérodote, n°11, Paris, la Découverte, 4 è trimestre, 2003, pp. 11-39. Cet auteur soutient qu'étant donné les crises politiques chroniques observées dans la région des Grands Lacs, celles-ci se transformeraient en un véritable embrassement et se répercuteraient sur l'ensemble de l'Afrique centrale. Aujourd'hui,les faits démontent cette thèse car on assiste depuis peu de temps à une accalmie généralisée dans les turbulences dans cette région symbolisée par la fin de la guerre au Congo, en Centrafrique ,au Tchad.

    * 157 Bashir Sahel Bashir « L'Afrique, pourquoi une défense commune ?», op.cit., p. 9.

    * 158 François Thual, Méthodes de la Géopolitique : Apprendre à déchiffrer l'actualité, op.cit., p. 26.

    * 159 Alfredo varela « La coexistence pacifique et coopération pacifique »,in La nouvelle revue internationale (Problème de la paix et du socialisme) n°7,22 année, juillet 1979, p.4.

    * 160 Idem.

    * 161 Article 40 de la Constitution de 1979.

    * 162 Le 16 juin 1970, les deux chefs d'Etat s'étaient rencontrés solennellement à Kinshasa et établissaient le cadre d'une nouvelle coopération. A cette occasion fut signé un document officiel portant le nom de Manifeste du 16 juin 1970.

    * 163 Informations tirée d'un article intitulé « Congo Brazzaville- Kinshasa : Le strict minimum » disponible sur le site  internet : www.congopages.cg, consulté le 7 juin 2007.

    * 164 La réalisation de ce travail a nécessité des interviews avec les représentants de la R.D.C. au Cameroun.

    Nous n'avons pas pu obtenir d'eux des données relatives à l'évolution des échanges commerciaux entre le Congo Brazzaville et la R.D.C.

    * 165 Marie-Christine Kessler, « La politique étrangère comme politique publique », in Frédéric Charillon, (dir.), Politique étrangère. Nouveaux regards, op..cit,p.75.

    * 166 Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, op.cit.,p. 69.

    * 167 Narcisse Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, op.cit., p.100.

    * 168 Narcisse Mouelle Kombi, ibidem.

    * 169 Sylvie Lembe, La responsabilité de la mission diplomatique du Congo dans la gestion des intérêts des étudiants congolais au Cameroun, Rapport de stage de Maîtrise en Relations internationales, option : Diplomatie, IRIC, Yaoundé, Novembre, 2006, p. 33.

    * 170 Le cadre juridique de la coopération camerouno-congolaise comporte effectivement quatre instruments conventionnels : un protocole d'accord en matière de personnel, un accord portant institution de la grande commission mixte,un accord relatif aux transports aériens et un accord de coopération culturelle,scientifique et technique.

    * 171 Parmi celles-ci citons l'Institut des Relations internationales du Cameroun, les universités d'Etats d'enseignement général, l'Ecole Normale Supérieure etc., où les étudiants congolais sont soumis au même traitement financier que les nationaux.

    * 172 Marie-Claude Smouts et al in, Dictionnaire des relations internationales, op.cit., p. 13.

    * 173 Le Président Denis Sassou Nguesso a marié sa fille naturelle au Président gabonais Omar Bongo Ondimba.

    * 174 Marcel Merle, La politique étrangère, op.cit., p.48.

    * 175 Samy Cohen  « Décision, Pouvoir et Rationalité dans l'analyse de la politique étrangère » in Marie Claude Smouts(dir.),Les Nouvelles Relations internationales. Pratiques et théories, op.cit., p75.

    * 176 Samy Cohen  « Décision, Pouvoir et Rationalité dans l'analyse de la politique étrangère » in Marie Claude Smouts(dir.),Les Nouvelles Relations internationales. Pratiques et théories, op cit.,p75.

    * 177 Idem

    * 178 Raymond Guillon et Jean Vincent (dir), Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 13e éd., 2001, p.334.

    * 179 En 2000 ,l'Union Européenne comptait 15 Etats membres.

    * 180 Alain Plantey, Principes de diplomatie, op.cit., p. 29.

    * 181 Ces informations émanent de l'Agence France Presse, disponible sur son site www.afp.fr, consulté le 23/04/2007, également disponibles sur le site : www.congopages.cg

    * 182 Voir le graphique de la page 83 de cette étude.

    * 183 Source : AFP.

    * 184 Sources : http// www.izf.net, site spécialisé sur l'Afrique centrale, consulté le 23 avril, 2007.

    * 185 Serge Mombouli, (ambassadeur du Congo à Washington), in les Dépêches de Brazzaville, 2007.

    * 186 Ce tableau a été réalisé par nous à partir des données collectées à travers différentes sources.

    * 187Extrait du discours du président américain George W. Bush lors de la présentation des lettres des créances de l'ambassadeur du Congo à Washington, le 20 juillet 2004.

    * 188 Alain Plantey, Principes de diplomatie, op.cit., p. 31.

    * 189 Sassou Nguesso, discours du Président congolais du 5 juin 2006. Les dépêches de Brazzaville , n°178, juin,2006.

    * 190 Serge Mombouli, cf. son interview accordée au correspondant du mensuel Les Dépêches de Brazzaville à Washington, octobre, 2006, p.8.

    * 191 Philippe Hugon, Géopolitique de l'Afrique, Paris, Armand Colin, 2006, p.104.

    * 192 Cf. Les Dépêches de Brazzaville du 8juin, ibid., pp. 1-2.

    * 193 Remy Bazenguisa-Ganga, Les voies du politique au Congo. Essai de sociologie historique, Paris, Karthala, 1997, p. 62.

    * 194Sébastien Reinier « Toute honte bue... Ce sera Sassou » in, Afrique éducation (Bimensuel international), daté du 23 février ,2006 p.8.

    * 195 Sébastien Reinier « Toute honte bue... Ce sera Sassou » in, Afrique éducation (Bimensuel international), daté du 23 février ,2006 p.8.

    * 196 Jeune Afrique « Hors série » n°12, L'état de l'Afrique, 2005, « Congo : un avenir plus clément », p.206-207.

    * 197Sébastien Reinier , op.cit., p.8.

    * 198 Mwinda Presse, «  la Françafrique à la tête de l'Union africaine » daté du lundi 30 janvier 2006.

    * 199 Norbert Dabira « Sassou Nguesso : Sur le toit de l'Afrique », in International Afrique Média, n°102, octobre, 2006, pp. 16-18.

    * 200 Etiennette G. Essono, La Commission de l'Union africaine: entre ambition et réalité, op.cit., p. 91.

    * 201 Idem.

    * 202 Ibid.

    * 203 Cf. Interview de Sassou Nguesso, in Géopolitique africaine, juillet - septembre 2006.

    * 204 Maurice Kamto, Jean Emmanuel Pondi et Laurent Zang, le Secrétaire général de l'O.U.A. dans le système international cité par Etiennette Essono in La Commission de l'Union africaine:entre ambition et réalisme.op.cit.p.79.

    * 205 Norbert Dabira, «  Sassou Nguesso : sur le toit de l'Afrique »in, International Media, n°12, octobre, 2006 ; Jean Didier Boukongou, « Sassou Nguesso : Président de l'Afrique », Géopolitique africaine, n°22, avril, 2006, p.11.

    * 206 Marcel Merle, Sociologie des relations internationales, Paris, Dalloz, 2 éd., 1978, p.306.

    * 207 Dictionnaire encyclopédique, Hachette, Paris, 2004.p.45.

    * 208 Alain Plantey, Principes de diplomatie, op.cit, p.33.

    * 209 Article 56 de la Constitution du 20 mars 2002.

    * 210 Articles 102 de la Constitution de 1979, et 55 de celle de 1973.

    * 211Article 77 de la Constitution du 20 mars 2002.

    * 212 Idem.

    * 213 Les Mbochis sont localisés dans la zone septentrionale du Congo. Ils sont minoritaires et représentent 11% de la population du Congo. Pour plus d'informations voir Ngakosso-Oko, Géostratégie des ressources naturelles et les conflits du Congo (1990-2002) : contrôle global de l'énergie, op.cit., p.42.

    * 214 Les informations de cette sous section ont pour sources : Internet : www .Google.fr : «  La République populaire du Congo », consulté le 12 Juin, 2007.

    * 215 Toutes les infos de cette section émanent des sites Internet notamment « congopages ».

    * 216 Sassou Nguesso, Le manguier,le fleuve et la souris, op.cit.,p. 1.

    * 217 NGakosso oko, Géostratégie des ressources naturelles et les conflits du Congo (1990-2002) : contrôle global de l'énergie, op.cit., pp : 70-78.

    * 218 Denis Sassou Nguesso est un fils prodige d'un ordre initiatique étranger au pays et au Continent. Il s'agit de la Confrérie franc-maçonne dite de la Grande Loge nationale Française. Les frères de ce cercle ésotérique l'auraient fortement aidé en 1997,in Ngakosso-oko, Géostratégie des ressources naturelles et les conflits du Congo (1990-2002) : contrôle global de l'énergie, op.cit.75.

    * 219 Job René Njila Mounton, L'armée dans la politique étrangère de la République sud-africaine, thèse de doctorat de 3è cycle en relations internationales, IRIC, Yaoundé, 1996, p.53.

    * 220Gaston Honoré, « L'Afrique a besoin de la France », in Jeune afrique, n° 2407, daté du 25 février au 3 mars 2007, p.110.

    * 221 Cité par felix EBOA, La politique étrangère de la Libye : entre Panarabisme, Panafricanisme, et Realpolitik, Mémoire en cycle d'études supérieures spécialisées en Relations internationales, option : Diplomatie, Iric, Yaoundé, juillet, 2005, p .42.

    * 222 Sassou Nguesso, Le manguier, le Fleuve et la souris, op.cit., 48.

    * 223 Remy Bazenguissa-Ganga, Les voies du politique au Congo, essai de sociologie historique,op.cit.,p. 79.

    * 224 Alain Biloa Tang, Le Ministère des Relations extérieures dans la politique étrangère du Cameroun, Mémoire en cycle d'études supérieures spécialisées en Relations internationales, option :Diplomatie,IRIC,Yaoundé, juillet ,2000.

    * 225 Marcel Merle, Sociologie des relations internationales, op. cit, p.116.

    * 226 Au Cameroun, on parle plutôt de Direction.

    * 227 Frédéric Charillon (dir.), Politique étrangère. Nouveaux regards, op.cit., p.17.

    * 228 Jean Didier Boukongou est juriste, congolais, professeur des universités. IL est l'instigateur du Pacte panafricain contre l'agression.

    * 229 Alain Plantey, Principes de diplomatie, op.cit, p.35.

    * 230 Sassou Nguesso, Le manguier, le fleuve et la souris, op.cit., p.34.

    * 231 Cette expression, nous l'empruntons à Stephen SMITH, « France -Afrique : la fin d'une époque », in Wajman, Patrick (dir.), Politique internationale, n°67, Paris, printemps, 1995, p. 267.

    * 232 Bruno Colson,Le tiers monde dans la pensée stratégique américaine, Paris, Economica,Instritut de stratégie comparée,1994 ; Collectif «  Golfe de Guinée :situation et perspective énergétiques » in Marie-France Garaud (dir), « L'Afrique, acteur ou enjeux ? »,Géopolitique,n°69,Paris, Presses universitaires de France,octobre,1998.

    * 233 Le brut congolais est de bonne qualité. Sa densité se située ente 22° et 33°. Il est peu lourd et contient très peu de souffre. Pour plus d'informations sur le pétrole congolais, voir le mémoire de Dess de Ngakosso-Oko : Géostratégie des ressources naturelles et les conflits de la République du Congo Brazzaville (1990-2002) : rivalité de puissance et contrôle global de l'énergie, op.cit., p. 26.

    * 234 Substantif employé par Catherine Nina, Journaliste, envoyée spécial de Radio France Internationale pour les élections législatives du Congo Brazzaville du 25 juin 2007. Elle dénonce à la suite d'autres analystes, les conditions non adéquates pour l'organisation des élections législatives, pour une action d'au si grande envergure. Beaucoup

    d'électeurs n'ont pas pu voter en journée car les bureaux de vote étaient fermés et certains n'auraient ouvert leurs portes que tard dans l'après midi.

    * 235 Ces termes sont tirés d'un article intitulé « Peut-on empêcher la Françafrique de nous imposer Sassou Nguesso en 2007 et 2009 ? Disponible sur le site : www.Lec.com,également disponible in, L'étudiant congolais, daté du 10 octobre, 2006.






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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon