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Analyse des facteurs entravant l'accessibilité des pygmées aux soins de santé dans la ZS de Goma et Karisimbi

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par Pierrot BAHATI BISHANGI
ULPGL - Licence 2009
  

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1.2.4. Vie socio-culturelle de pygmées

Le niveau d'études ou d'instruction est très bas chez les pygmées. L'éducation leur permettrait d'apprendre les méthodes pour sauvegarder et développer les ressources déclinantes de leur forêt. Elle leur donnerait les connaissances indispensables pour se prémunir contre les maladies infectieuses ou virales que le monde extérieur leur a apporté, dont la vie dans la forêt leur apporte et dont la forêt ne peut les guérir. Les pygmées n'ont pas accès aux services sociaux de base: ils n'inscrivent pas leurs enfants dans les écoles, et les soins de santé modernes leur sont inconnus. Dans les campements pygmées il n'y a pas d'organisation ethnique. Chaque individu est responsable et solidaire de tous les autres matériellement et moralement.

La majorité des pygmées est animiste. Ils ont une croyance aux esprits surnaturels. Pour eux la forêt est le lieu des esprits de la nature qui veillent sur eux, les protègent ou, au contraire, les punissent. Ils fouillent leur campement en cas de mort de l'un de membre de famille sous peur que ce dernier ne revienne pour les punir.

Chez les pygmées la société égalitaire fondée sur la notion de partage, chacun est libre de faire ce qu'il veut dans le campement. Les pygmées conservent des valeurs communautaires axées sur le principe de nomadisme et de mobilité. Ils reconnaissent le pouvoir de décisions de la femme Pygmée dans la communauté. Ils n'ont pas de loisirs. Ne sachant pas lire et écrire, leur culture est à prédominance orale. Ils ont peur des pratiques modernes et ont une méfiance vis-à-vis d'elles. En cas de maladie le premier recours est aux thérapies traditionnelles. Forte croyance aux valeurs traditionnelles et à la sorcellerie. Chez eux la maladie est considérée dans l'imaginaire comme un mauvais sort.

1.2.5. Vie socio - politiques de pygmées

Les Pygmées ont conscience de faire partie d'une nation et désirent désormais être reconnus comme citoyens à part entière, bénéficier des droits dus à toute personne humaine et recevoir un enseignement sur le monde extérieur, puisque ce dernier viole les limites de leur territoire. Ils veulent qu'ils soient reconnus comme autochtones. Ils ont besoin d'être représentés dans les institutions gouvernementales pour qu'ils participent à la planification de projets liés à la santé, au développement et à leur intégration.

1.2.6. Situation sanitaire de pygmées

L'hygiène n'est pas respectée dans les campements pygmées. Il y règne une grande charge parasitaire en relation avec la promiscuité qui influe sur les anémies. Les maisons rectangulaires mal closes, liée au dénuement vestimentaire rend les pygmées sensibles au froid de changement de saisons dans les huttes traditionnelles. De ce fait, ils sont sujets aux affections broncho-pulmonaires. L'ivrognerie est constatée et est sans frein dans les campements. Les pygmées utilisent souvent leur argent pour l'achat de l'alcool chez les villageois et le chanvre pour ceux qui n'en cultivent pas. L'équilibre nutritionnel se trouve souvent compromis dans les campements.

La morbidité dans les campements pygmées est très élevée. Les maladies fréquentes y sont la malaria, les infections respiratoires aiguës, ...

Les pygmées vivent dans les zones de Santé de Goma et de Karisimbi et certains d'entre eux fréquent les CS Mudja, Mugunga et Lac-vert.

1.3. Problématique

Les peuples pygmées se retrouvent dans tous les continents du monde. En Afrique, on compte actuellement environs trois millions dans les pays suivants : République Démocratique du Congo, Congo - Brazzaville, Rwanda, Burundi, Cameroun, Guinée Equatoriale, Tchad, Gabon, République Centre Africaine et Ouganda. En RDC, ils sont environs 60 000 dont 50 000 dans l'ancien Kivu.7(*) Ils vivent souvent de la chasse et de la cueillette dans la forêt. Ils sont nomades et sont exposés à toutes les intempéries. Ils sont pauvres et très marginalisés de sorte que leurs voisins ne s'intéressent pas à eux.8(*)

L'enquête menée au Cameroun a prouvée que 80% de la population pygmée fréquentent l'hôpital mais se heurtent à plusieurs difficultés comme le manque des frais de paiement de leurs factures, la distance à parcourir, la discrimination des voisins bantous, ...

En Afrique et surtout en RDC, ils sont expulsés de la forêt suite aux créations des parcs nationaux, guerres et tracasseries de l'armée régulière, des milices et forces négatives qui de fois les enrôlent forcement dans leurs rangs.9(*) La persistance de cette situation cause beaucoup de cas de décès dans leurs milieux. Ces cas de mort ne sont même pas dénombrés compte tenu de leur culture de quitter le campement en cas de décès d'un membre de la famille mais aussi du fait qu'ils n'ont pas étudié et le système administratif ne s'occupe pas d'eux. Ils ne sont pas représentés dans les institutions de sorte qu'ils participent à la planification des activités de santé. Leurs droits ne sont non plus respectés. Nombreux sont animistes, n'ont pas connaissance de la médecine moderne et préfèrent alors l'utilisation des plantes médicinales.

Certains pays africains pensent déjà à leur intégration dans leurs institutions politico - administratives et sanitaires. En RDC et particulièrement en Ituri on songe déjà à leur structuration. Au Sud du Nord - Kivu, CIDOPY10(*) en collaboration avec Pygmees Kleinood s'est attelé au volet santé des pygmées moyennant une clinique mobile. Le financement ayant touché à sa fin, les pygmées ont été abandonnés à leur merci. Mais quelle approche utiliser pour les atteindre et répondre à leurs attentes ? Quelles stratégies pour qu'ils soient intégrés et qu'ils accèdent aux soins de santé ?

Bien que la RDC dispose d'un potentiel source économique, elle est comptée parmi les pays les plus pauvres du monde. Le niveau du revenu par habitant et par jour est passé de 1.31 dollar américain en 1973 à 0.91 dollar américain en 1974 et à 0.30 dollar américain en 1998. Il convient de souligner que le revenu des Congolais se situait en dessous du seuil de pauvreté absolu11(*).

Une enquête socio-économique menée en 2005 dans les campements pygmées par PIDP a relevée que le niveau du revenu par ménage pygmée et par jour est de loin inférieur à 0,3 dollar de sorte qu'ils ne parviennent pas à se payer les habits ou à bâtir une maison12(*). Ils subviennent difficilement à leurs besoins alimentaires. C'est ainsi que nombreux d'entre eux souffrent de la mal nutrition. Dans les campements pygmées la vie économique est caractérisée par la misère extrême d'autant plus qu'il y a absence totale d'activités permanentes génératrices de revenus. Le système du troc persiste comme mode d'imposition des prix. Les pygmées se déplacent saisonnièrement pour la chasse, la cueillette, le ramassage des produits de la forêt et la recherche du bois pour la fabrication de la braise. Ils dépendent économiquement de leurs voisins bantous. Ils sont souvent mal payés lorsqu'ils travaillent pour ces derniers.

Les pygmées malades dans les campements Lac-vert, Mugunga et Mudja ne sont pas en mesure de se payer les médicaments. Dans les formations sanitaires rurales, il y a rareté des médicaments. Les campements pygmées sont caractérisés par l'absence totale des structures de santé. Les dispensaires et hôpitaux sont éloignés de ces campements pygmées. Pour se rendre aux dispensaires et/ou hôpitaux, il fallait un moyen de transport et qu'ils soient bien vêtus, surtout avoir la nourriture et bien sûr laisser quelque chose à la famille qui reste au campement.

Tous ces facteurs les rendent vulnérables et accentuent leur culture négative de sorte qu'ils n'accèdent pas aux soins de santé appropriés. Les maladies fréquentes dans leurs campements sont : le paludisme, la malnutrition, les IRA. Selon le rapport de CIDOPY en 2007, ces pathologies affectaient 105 ménages sur les 145 dénombrés soit 72,4% de ménages affectés par des cas de maladies13(*).

Pour tenter de soulager leurs pathologies, ils font recours à la médecine traditionnelle qui souvent n'apporte pas de solutions aux cas nécessitant une intervention chirurgicale.

Bon nombre de gens ne sont pas informés de ce que sont les pygmées ou de leur culture. Les professionnels de santé ne s'intéressent pas aux pygmées croyant qu'ils devraient se comporter comme les autres populations au moment où ils ont des cultures qui leur sont propres et sont menacés par la crise économique. Ils sont incapables de s'adapter aux exigences des autres. Les malades, surtout les vieillards préfèrent mourir dans leurs huttes.

Nous pensons que mener une recherche sur les facteurs entravant leur accessibilité aux soins de santé serait d'une importance capitale.

1.4. Questions de recherche

* 7 Magazine l'ECHO, p.15, 10 décembre 1999.

* 8 Jérôme Lewis, Revue Les Pygmées Batwa de la région des Grands Lacs, in Minority rights group international, Avril 2001, P16.

* 9 John Nelson et Lindsay Hossack, Les peuples autochtones et les aires protégées en Afrique, Royaume - Uni, 2003, P91

* 10 www.cidopy.org

* 11 Système des Nations Unies, RDC-Kin, 2001

* 12 PIDP, Enquête socio-économique dans les ménages pygmées, novembre 2005

* 13 CIDOPY, Rapport d'activités, Décembre 2006

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway