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Impact de l'activité d'éboueur et des risques professionnels sur la santé physique et la vie extra professionnelle, cas des agents de la S.O.V.O.G

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par Leger Parfait MAVIOGA MA ITSOUKIGA
Université Omar Bongo - Maitrise 2010
  

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Résumé

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Cette étude met en lumière l'influence de l'activité d'éboueur et des risques professionnels sur la santé physique et la vie extra professionnelle des éboueurs. Elle a été menée auprès de 25 éboueurs mariés et 25 éboueurs célibataires, en vue de faire une analyse comparative.

En effet, le but de cette étude était de parvenir à évaluer l'impact des conditions de travail sur la santé physique et la vie extra professionnelle des éboueurs.

Pour cela, l'objectif consistait à inventorier l'ensemble de la manutention et les potentiels risques qui découle de l'activité afin, de recueillir auprès des éboueurs leur appréciation des contraintes lié à leur travail.

A cet effet, les résultats obtenus à partir des tests statistiques ont corroboré dans le sens de notre hypothèse générale.

Mots dlés :

Eboueur, risques professionnels, condition de travail

Summary

This essay endeavors to bring to light the impact of the dustmen's activity and its inherent risks on the worker's health and extra-pro fee dustmen's activity and its inherent risks on the worker's health and extra-professional.

It is a comparative study of twenty five (25) married and unmarried refuse

collectors the purpose being to assess the influence of the working conditions on the worker's health and private life.

In actual fact, the study consisted in investigating the garbage collection activity as a hole including all the risks involved so as to assess the dustman's perception of his working condition, the risks linked to the occupation with regard to his extra professional life, be he married or not.

The results of tests and other statistical tables have proved my general assumption: it is true that the special working conditions that this occupation requires as well as the harsh rhythm of lab our it produces on the physical and professional life do also affect the worker' extra professional life.

Keys words:

Garbage, professional risks, working conditions

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Introduction:

Aujourd'hui les villes africaines font partie des espaces dans lesquels la problématique de la gestion de l'environnement est pertinente (Christian Ipemosso, 2008). Les atteintes à l'environnement sont généralisées et croissantes. La collecte et l'évacuation des ordures ménagères constituent l'une des plus grandes difficultés que rencontrent les autorités municipales. Ces difficultés se traduisent par une accumulation de déchets ménagers, l'érection de nombreux dépôts sauvages dans plusieurs quartiers. La faiblesse du taux de couverture de ce service important de collecte a pour conséquence un environnement insalubre, malsain caractérisé par la pollution de l'air, et la dégradation du cadre de vie des populations. C'est notamment le cas des communes de Libreville et d'Owendo qui connaissent un développement spectaculaire dans la production d'ordures de toutes natures.

La production journalière d'ordure dans la capitale gabonaise est de 500 tonnes dont la plus grande majorité provient des activités commerciales et des ménages. De manière générale, les ordures sont abondantes et très souvent abandonnées dans les rues, les carrefours et les bas-fonds des quartiers sous intégrés de la capitale.

Ces derniers temps, la presse a consacré de nombreux reportages sur cette situation, agitant ainsi plusieurs sonnettes d'alarmes, les appels au civisme s'intensifient de la part des municipalités, faisant de la salubrité une préoccupation essentielle et de santé publique. Mais, à aucun moment, ces reportages, parfois bien documentés par ailleurs, n'envisagent ce qu'est le travail d'un éboueur dans un tel contexte. En dépit de cet oubli et de ce silence, les analyses en question sont intéressantes dans la mesure où elles décrivent les enjeux présents et démontrent de façon criarde l'importance des tâches de ces braves gens qui quotidiennement oeuvrent pour la salubrité de nos villes.

Globalement cette étude se propose non pas de faire un état de la situation d'insalubrité dans laquelle se trouve notre capitale mais plutôt, de dresser le portrait

du métier d'éboueur et des risques liés à cette activité modeste et mal connue du publique avant de démontrer l'impact de celle ci sur l'éboueur, sa vie sociale et familiale.

Dans ce cadre d'idées, précisons qu'ici nous nous intéressons à la conciliation vie privée-vie au travail des éboueurs tout en considérant la nature et les conditions dans lesquelles ils exécutent leur travail. Car selon, Boussougou-Moussavou, (1985; 2004), la vie de travail et la vie hors travail entretiennent des relations d'influence réciproque.

Ainsi, nous pensons qu'en saisissant la nature et les caractéristiques de cette activité nous déboucherons sur une meilleure compréhension de l'activité extraprofessionnelle des éboueurs.

Notre hypothèse peut être formuée de la manière suivante: Les exigences du travail d'éboueur, compte tenu des conditions de travail, du rythme de travail qu'elles génèrent ont un impact sur la santé physique et la vie extra professionnelle. Mais cette influence est modulée par la prise en compte des caractéristiques individuelles (statut marital, age, ancienneté, nombre d'enfants à charge).

De cette hypothèse générale, découlent les hypothèses opérationnelles suivantes :

- Hypothèse 1 : Les éboueurs mariés ont une perception plus négative des conditions de travails que les éboueurs célibataires.

- Hypothèse 2 : Les éboueurs mariés ont une perception plus positive de leur vie familiale et de leur vie sociale que les éboueurs célibataires.

- Hypothèse 3 : les exigences liées au travail d'éboueur, affectent négativement l'organisation de la vie extra professionnelle des éboueurs, plus chez les mariés que

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chez les célibataires.

- Hypothèse 4 : les caractéristiques individuelles ont un effet modérateur sur la relation entre les conditions de travail et l'organisation de la vie extra professionnelle, quand on maintient constante leur influence, plus chez les éboueurs mariés que chez ceux qui sont célibataires.

Pour éprouver ces hypothèses, nous avons mené une enquête par questionnaire auprès de 50 éboueurs de la SOVOG.

Aussi, conformément à l'objectif défini au départ, notre recherche s'organise - telle autour de deux grandes parties.

La première partie pose un support conceptuel, dans le souci de définir les problèmes que posent la collecte des ordures ménagères en faisant une analyse critique des caractéristiques de ce travail. Deux chapitres y sont développés. Le premier chapitre fait une analyse ergonomique des tâches, de l'organisation et des conditions de travail des éboueurs tout en mettant en relief les risques inhérents à cette activité. Le second chapitre expose les théories et les travaux antérieurs qui sous tendent notre recherche et servent d'épine dorsale à notre problématique.

La deuxième partie, quant à elle, fait une description de la démarche méthodologique adoptée. Elle est composée de deux chapitres. Le premier chapitre définit le cadre de la recherche, la population d'enquête et l'instrument de collecte de données. Le second, décrit le matériel d'enquête, la présentation, l'interprétation et la discussion des résultats obtenus.

Chapitre I- ACTIVITE D'EBOUEUR, RISQUES PROFESSIONNELS ET IMPACT SUR LA VIE AU TRAVAIL ET HORS TRAVAIL.

De multiples regards peuvent être portés sur les situations de travail. Les vues dont il est question ici sont ceux de la psychologie et de l'ergonomie : ils sont dirigés sur l'activité, car c'est à travers elle que ces disciplines abordent le travail.

S'intéresser à l'activité, ce n'est pas seulement considérer l'agent qui l'exerce, mais aussi la tâche à laquelle elle répond et toutes les conditions techniques, sociales et organisationnelles dans lesquelles elle s'insère. C'est à l'étude de quelques-unes de ces facettes de l'activité notamment celle d'éboueur que s'attachera ce chapitre.

I.1- Définition de l'activité d'éboueur

Le travail est définit comme une activité faisant l'objet d'une rémunération, le travail est traditionnellement considéré dans la théorie économique, comme un facteur de production. Il intervient, comme le capital ou les matières premières, dans le processus de création des biens et des services, et représente une ressource pour l'entreprise (Stammers et Shephard, 1995).

Pourtant, il apparaît trop réducteur d'assimiler l'activité de travail à une quantité vague et indifférenciée d'heures de travail : en effet, les tâches humaines sont très diverses et la façon même de les organiser détermine en grande partie leur efficacité. Les rapports individuels et collectifs que créent le travail entre les hommes, les uns employeurs et propriétaires de l'instrument de travail, les autres travailleurs salariés, subordonnés et exécutants, sont aussi à prendre en compte dans l'analyse du travail perçu comme activité faisant l'objet d'une rémunération. (Stammers et Shephard, 1995).

Ainsi, l'activité met aussi en jeu les fonctions physiologiques et mentales : les muscles, les articulations, le système cardio-pulmonaire, la vision, l'ouïe, le toucher,

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la mémoire. Ces activités dépendent des conditions dans lesquelles la tâche s'effectue: contraintes, prévisibilités, imprévus, anormalités.

L'activité d'éboueur ou encore le travail de collecte d'ordure ménagère, pour sa part ne nécessite pas de qualification particulière. Il faut, en revanche jouir d'une bonne santé et d'une parfaite condition physique du fait que l'activité est principalement tournée autour de la manutention. En outre, la collecte des ordures de toutes natures, au Gabon, s'effectue à l'extérieur et en pleine air. L'éboueur également appelé `' ripeur» travaille seul ou en équipe. Ses horaires de travail sont des plus contraignants; très tôt le matin mais le plus souvent tard dans la nuit.

L'éboueur manutentionne quotidiennement plusieurs tonnes de déchets. Peu de métiers exigent un aussi grand effort physique que la collecte des ordures. Et ce n'est pas qu'un travail physique, l'éboueur doit constamment être vigilant, compte tenu des conditions et de l'environnement dans lesquels s'exécute la collecte des ordures, obligeant ainsi l'éboueur à adopter une attitude préventive, (garder un équilibre précaire sur le marche pied ou encore collecter en plein carrefour etc.).

Le détail de la manutention d'un éboueur pourrait se décrire comme cidessous :

- se rendre au dépôt pour s'équiper ;

- s'installer à sa benne (au volant pour le conducteur et sur le marche pied pour les collecteurs) ;

- monter sur le marchepied ou y descendre selon le cas ;

- prendre et/ou rouler les conteneurs et les aligner devant la trémie ;

- procéder au vidage en actionnant le lève- conteneur ;

- vider et ramener les conteneurs ;

- ramasser les sacs plastiques et les jeter dans la benne ;

- nettoyer à la pèle les déchets rependus au sol ;

- soulever seul ou à deux les poubelles pour les vider dans la benne ;

- contrôler l'adéquation contenant - contenu en cas ramassage collectif ; - indiquer la fin du ramassage au chauffeur ;

- remonter sur le marchepied ou s'installer dans la cabine ou même courir derrière la benne jusqu'à la poubelle suivante pour recommencer...

Voici l'inventaire de la manutention à laquelle font face les éboueurs et les chauffeurs de camions tasseurs ou à charge latérale pendant une nuit de collecte. Toutes ces opérations sont source de danger permanent pour le travailleur.

I.2- Risques professionnels

Le risque est inhérent à l'homme et toutes les entreprises humaines comportent des risques. Dans le monde du travail, les risques que l'on y rencontre sont des situations capables de causer des évènements imprévus pouvant provoquer des lésions corporelles ou des dégâts matériels.

Les risques professionnels sont occasionnés par les conditions dans lesquelles les operateurs accomplissent leur tâche. Pour OHAS (2001,), le risque professionnel peut se définir comme étant la combinaison de la probabilité, de la ou les conséquences de la survenue d'un évènement dangereux spécifique. Il peut être également perçu comme une perte potentielle et inhérente à une situation ou une activité associée à la probabilité d'un évènement ou d'une série d'évènements

Le potentiel risque est une exposition à un danger bien identifié associé en occurrence à une série d'évènements parfaitement descriptibles dont on ne sait pas s'ils se produiront, mais dont on sait qu'ils sont susceptibles de se produire (accidents, facteurs et sensibilisation http// www. Wikepedia. Org).

Les risques professionnels sont des situations imprévues qui s'avèrent dangereuses. Les notions de danger et de risque sont synonymes

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A cet effet, le principal danger qui guette les éboueurs est l'usure prématurée de leur corps. A faire des torsions du tronc et à ne pas garder le dos droit lorsqu'il se penche.

Le risque dans le travail de collecte d'ordures est en fait lié à chacune des opérations décrites ci-dessus et en fait au métier d'éboueur. Les risques d'accident les plus fréquents et par ordre de récurrence sont :

- douleurs au dos ou aux épaules à la suite d'un lancé ou d'une torsion;

- blessures au dos à la suite d'un effort excessif du au soulèvement d'un poids lourd;

- foulures aux pieds, après une chute ou une glissade;

- écrasement des mains, doigts, bras ou genoux, frappés par un objet lourd ou coincés entre le camion et le conteneur;

- coupures aux mains ou aux jambes par des objets pointus contenus dans les sacs;

- risques de stress et autres maladies affectives ;

- risques de perte des organes sensoriels (yeux, mains, ouilles...) ;

- risques d'incompréhension et de non harmonisation (éboueur/ chauffeur) ; - risques d'agression dans les quartiers sous intégrés.

Au regard des observations faites sur le terrain et aux entretiens que nous avons eus avec les gestionnaires et les travailleurs, nous avons identifié sans tous les citer plusieurs sources de risques notamment:

Importance de la Charge de travail

Un travailleur manipule chaque jour, en moyenne 16 000 kg de déchet repartis sur plus de 500 points de collecte, il collecte 2,4 tonnes par heure pendant prés de 6 heures, (Calice Moutsinga, Gabonpage, 2008). Pendant qu'il collecte, il a pour seul

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repos quelques minutes au volant (chauffeur-éboueur) ou en équilibre précaire sur le marchepied arrière pendant que le camion roule. Cette charge de travail déjà pénible en soi est aggravée par divers éléments, tels la fréquence des montées et des descentes du camion, l'effort statique de maintien en position d'équilibre sur le marchepied et la fréquence des postures adoptées (torsion du tronc).

Néanmoins notons que, la collecte par camion tasseur à l'aide de petits conteneurs domestiques à roulettes appelés "bacs", réduit la manutention d'objets lourds ou dangereux, tout en réduisant la fréquence d'apparition des situations à risque d'accidents et d'aggravation de la charge de travail par heure de collecte.

Diversité et nature des objets manipulés

Les objets et contenants de poids et de volume variables interrompent le déroulement normal des opérations et brisent le rythme de travail. En outre, nombreux sont les objets lourds, volumineux ou encombrants, les objets piquants ou coupants, les matières dangereuses, souvent cachées d'ailleurs par les résidents. Il peut s'agir aussi de liquide, de gaz, d'éléments en putréfaction (cadavre de foetus) mêlés à d'autres déchets.

Les déchets organiques ou chimiques fréquemment rencontrés sont : - fer, verre, vitre, néon

- déchets de bois, clous ;

- mobilier, électroménager, monstre domestique,

- conteneur commerciaux,

- résidus de jardin, gazon, roche, terre,

- déchets de construction, plâtre, peinture, poussières, cendres, - seringues, déchet médical,

- déchets pré compacté, bloc de ciment etc.,

- gros végétaux et animaux, commerce et autres restaurant,

- contenant hors- normes (tonneaux, poubelles, casseroles), - sac, cachet, carton, papier gras,

- produit toxique (batterie, solvant, peinture, aérosol, huile etc.).

Contraintes climatiques et objets transportés

Les facteurs climatiques (chaleur, pluie, humidité, vent etc.) ont une incidence certaine sur le travail de l'éboueur dont la tache se complique lors de la survenue notamment des pluies. C'est ainsi que, par exemple, des cartons mouillés ou des poubelles rependent généralement leur contenu sur le trottoir et que les bacs domestiques sont souvent bloqués dans la boue ou les eaux de ruissellement.

De même, le travail de l'éboueur peut se trouver gêné lorsqu'il s'effectue en temps de pluie, de tornade ou sur une voie poussiéreuse. De telles situations, souvent fréquentes, entraînent des risques additionnels pour l'éboueur ; ce dernier se voyant obligé d'inventer des stratégies de régulation pour maintenir un rythme de travail acceptable afin de réaliser sa tâche et de donner ainsi satisfaction à ses chefs. Quelques unes de ses stratégies de régulation souvent observées sont :

- les relais par le coup de pied dans les sacs ou les cartons,

- la traversée de la rue a intermittence pour collecter des deux cotés de la route, - la prise des sacs d'ordures au vol pendant que le camion roule,

- le port des sacs d'ordures sous les bras ou contre le corps

- le ramassage à la main d'ordures rependues au sol,

- l'usage de toute autre partie du corps (bras, cuisse, reins tête...) pour lever les charges.

Ces différentes techniques improvisées, nous l'avons dit sont sources de dangers perpétuels affronté par l'éboueur surtout en temps d'intempéries ou sa marge de manoeuvre est très réduite.

Caractéristiques et organisation du travail

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Rappelons que la caractéristique spéciale de la collecte est d'être un travail à forfait c'est à dire que le territoire doit être vidé de tous ses déchets la nuit de la collecte. La façon d'organiser, de repartir et d'attribuer les parcours, les horaires, la nature des contrats sont autant d'éléments qui ont un impact sur les risques du métier.

En effet, les caractéristiques du travail d'éboueur sont des plus contraignantes. Le travail s'effectue généralement de nuit, ce qui implique un déphasage global par rapport aux rythmes de vie normaux et qui est aggravé par la charge de travail importante, entrainant des effets, d'une part, au niveau de la santé physique de l'éboueur, et d'autre part, de sa vie sociale et familiale. Il est fréquent d'avoir dans le travail de nuit un système consistant à faire travailler les éboueurs pendant un certains nombre de nuit (4nuits/semaines) et de leur permettre de récupérer ces heures pendant une période de 4 jours. Ces périodes de repos qui ne sont pas rémunérer pour les journaliers ne leur laisse pas le choix que de se trouver un autre travail temporaire pour pallier le manque à gagné.

Les éboueurs, notamment ceux de la SOVOG, ne bénéficient pas, pour la

grande majorité, de contrat de travail à durée indéterminée (CDI), ce qui favorise la précarité comme l'affirment Fournier, Bourassa et Béji, (2003) qui portent leur réflexion sur les définitions d'emplois atypiques et la précarité l'«emploi atypique se confond avec la précarité. La précarité occasionne une pauvreté accrue des travailleurs et compromet leur parcours professionnel, tout en ayant un impact négatif sur leur vie familiale, sociale et personnelle. » (Fournier, B., Bourassa et al., 2003 p. 619-622).

Toutes ces caractéristiques, vont affecter les capacités intentionnelles de l'éboueur et vont être peu propices au maintien d'une attention soutenue lors de la collecte de nuit. Augmentant ainsi, les risques d'accident.

Les travailleurs en poste de nuit vont également mettre en oeuvre des stratégies de régulation afin, tout d'abord de faire face aux contraintes inhérentes à ce type d'organisation du travail et aux baisses de leur niveau de vigilance, pour maintenir l'efficience du travail. Ces régulations peuvent se manifester dans l'organisation des

tâches (Andorre & Queinnec, 1996; Barthe, 1998), ainsi qu'à celle de la vie hors travail (Queinnec et al., 1992).

I.3- Relation vie au travail et la vie hors travail

L'activité de travail et les activités hors travail, constituent deux sous systèmes interdépendants; chacune de ces deux sphères d'activité se trouve régie par des déterminations d'ordre différent: l'une est soumise à des exigences ayant leur origine principale dans l'organisation de la production, l'autre est régie par des décisions personnelles s'inscrivant dans des modes de vie largement prédéterminés par l'organisation de la société (Curie, 1987).

Il s'agit bien cependant, de deux sous systèmes interdépendants: l'activité professionnelle prenant son sens par rapport a la vie hors travail dont elle fournit les moyens et délimite les conditions. Ces deux sous systèmes expriment en définitive, selon Clerc (1982), les connexions étroites qui lient entre eux, dans le travail et dans la vie, les éléments d'une réalité qui ne prend son sens que vue globalement.

Dans cette logique, le rapport du sujet avec son travail ne saurait être compris de manière satisfaisante, sans prendre en compte les répercussions de ce travail sur la vie hors travail. Car, la vie de travail et la vie hors travail entretiennent des relations d'influence réciproque (Boussougou- Moussavou, 1985; 2004). Ainsi, les conséquences des exigences professionnelles doivent être considérées comme la résultante du processus par lequel le sujet tente de réguler les contraintes combinées que les différents facteurs de la situation de travail font peser sur les divers plans de son activité hors travail (Prévost et Messing, 2001).

Notons, à ce titre que les contraintes professionnelles peuvent se traduire, d'abord, par des modifications transitoires de l'état de fonctionnement du sujet ; mais, elles ne peuvent manquer d'affecter le déroulement des activités hors travail, et sont

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successibles par la même de contribuer à la formation des caractéristiques psychologiques durables (cf. par exemple, Gadbois et al., 2000).

Donc, la compréhension des conséquences des contraintes professionnelles passe nécessairement par une analyse des activités qui constituent la trame de celle-ci. Les modifications de l'état du sujet induites pendant le temps de travail, qu'elles soient transitoires ou qu'elles tendent à être durables, sont à concevoir comme des perturbations initiales introduites dans la dynamique générale des activités hors travail, lequel se trouve régie par ailleurs par des déterminations qui lui sont propres.

De ce fait, c'est seulement, à travers la mise à jour de la propagation de ces perturbations dans le système, de leur effets intermédiaires et leurs résultats ultimes qu'il sera possible de rendre compte des contraintes professionnelles sur la vie au travail (Boussougou- Moussavou, 1985).

A ce titre, il est sans contesté que les conséquences des contraintes professionnelles débordent bien au-delà du moment où cesse le travail. Elles constituent une série d'éléments défavorables à l'accomplissement des activités de la vie extra- professionnelle, le handicap étant d'autant plus lourd qu'une activités se situe à un moment plus proche du temps de travail (Gadbois, 1981).

C'est dans ce sens que Barrière- Maurisson (1992, p. 116, cité par Barrière- Maurisson, 1998, p. 434) considère « le travail comme un ensemble formé du travail professionnel et du travail domestique ». Une telle définition permet de rendre compte à la fois du travail domestique des hommes mais aussi de l'activité des femmes et non plus seulement de leur rôle familial.

Ainsi, les conséquences des exigences professionnelles doivent être considérées comme la résultante du processus par lequel le sujet tente de réguler les contraintes combinées que les différents facteurs de la situation font peser sur divers plans de son activité hors travail (Prévost et Messing, 2001).

En définitive, il semble que la prise en charge du domestique reste un bon exemple pour étudier les modalités, à la fois sociales, sociétales pour ainsi comprendre l'impact des conditions de travail sur la vie extra-professionnelle.

I.3.1-Impact sur la vie familiale

Pour ce qui est de l'impact sur la vie familiale, il apparaît que les difficultés rencontrées dans la vie familiale sont celles que les travailleurs et leurs familles considèrent comme les plus gênantes (Tilly, 1987 ; Seifer, 1997). La plupart des études (1980, Brunstein et Andlaur, 1988) mettent en évidence les effets négatifs du travail de nuit sur la vie familiale. Ces effets s'exercent sur toute la famille, le travailleur lui-même, son partenaire et ses enfants.

Il convient cependant de noter que les effets du travail de nuit semblent porter sur deux aspects principaux de la vie familiale : d'une part l'aspect pratique de l'organisation domestique et d'autre part, la vie du groupe familial, y compris les relations entre les différents membres.

Concernant l'organisation domestique de la vie quotidienne, soulignons que celleci est perturbée par le décalage des horaires du travailleur de nuit par rapport à ceux de sa famille. Ainsi le travailleur de nuit qui rentre chez lui, doit normalement se reposer pendant le jour, se voit contraint de limiter son sommeil, se soumettre aux exigences de sa famille telle que, prendre le repas à douze heures (12 heures), afin de respecter les rythmes sociaux.

Pour ce qui est de l'organisation familiale, la détermination tient compte à la fois des exigences physiologiques et des habitudes sociales pour un père ou une mère de famille. En effet, assumer la charge des activités traditionnellement associées à une situation requiert une disponibilité totale à certains moments précis de la journée. Or, cette nécessité est difficilement compatible avec le rythme de vie imposé par le travailleur de nuit. Le rapport est rendu difficile par les activités des autres membres et ces difficultés croissent en fonction du nombre d'enfants à charge : plus ces

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derniers sont nombreux et jeunes, plus les possibilités de repos sont moindre et cela même pour un homme. Cette situation entraine la perturbation du climat familial, inconfortable pour le travailleur qui se repose mal, mais aussi pour sa famille gênée dans ses habitudes.

Au niveau des relations familiales surviennent également d'autres difficultés. Le manque d'alternance entre les activités du travailleur et les rythmes de vie a pour effet de réduire son temps de présence à la maison. Les repas pris en famille, que l'on considère comme des moments les plus privilégiés des échanges familiaux, tendent à être moins fréquents.

Dans cet esprit, les travaux de Gadbois (1981) portant sur les conséquences psychologique du travail de nuit, ont montré que plus d'un travailleur a du mal à concilier sa vie professionnelle avec les rôles qu'il doit tenir dans sa vie privée, plus son état psychique s'en ressent : il devient anxieux, il rentre en conflit avec lui-même avec son entourage.

La prochaine section fait état de l'effet du travail de nuit sur la conciliation travail/famille dans le sens de la Dégradation des habitudes de vie, les Problèmes d'adaptation, la Perte de la transmission des valeurs, des cultures ainsi que la qualité des relations avec le conjoint et les enfants.

I.3.2-Impact sur la vie sociale

La vie sociale des travailleurs de nuit parait assez restreinte comme l'ont montré plusieurs enquêtes (Gadbois, 1981 (op. cit.) ; Teiger, 1987) qui ont fait état du sentiment d'isolement et de malaise ressenti par le travailleur de nuit, d'où le terme de « mort sociale ». Cela est dû pour une large part, au décalage des horaires des travailleurs nocturnes par rapport à ceux des autres travailleurs. D'où la désynchronisation des temps de loisirs. Ces horaires décalés cassent ainsi les rythmes sociaux (Butat et al., 1999).

Dans cette optique, l'éboueur doit faire face à un double impact, d'abord une vie sociale entravée par des horaires de travail atypique et l'intensité du travail qui ne lui permet pas de s'adonner à certaines activités, mais aussi une stigmatisation de son emploi qui attire les regards misérabilistes envers sa personne et compromet souvent les relations sociales.

Il apparaît, de ce fait, que le cercle de leur relation devient de plus en plus restreint, traduisant par conséquent des difficultés à se créer des nouvelles amitiés.

Un autre fait encore plus important, est la participation à la vie associative qui se trouve empêchée. Cette situation plus visible dans les activités collectives telles que les activités sportives, syndicales, politiques dans laquelle le travailleur nocturne ne peut s'y adonner de façon régulière et s'en trouve exclus ou s'en exclus lui-même.

En définitive, il semble que les familles et les individus éprouvent de plus en plus de difficultés à trouver et à maintenir un équilibre entre les demandes nombreuses et parfois contradictoires de la vie de travail et de la vie de famille.

Nous venons d'analyser les caractéristiques et les risques qui entourent l'activité de collecte des ordures et leur impact sur la vie au travail et sur la vie hors travail. Au regard de ces considérations théoriques, nous allons maintenant présenter les théories et les travaux qui soutiennent notre recherche.

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Chapitre 2 : PRESENTATION DES THEORIES, REVUE DES TRAVAUX ANTERIEURS, PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE ET OBJECTIFS.

II.1- Présentation des théories explicatives de la vie au travail et hors travail.

Au cours des récentes années, de nombreuses études réalisées au Québec et ailleurs ont mis en lumière l'intensification d'un conflit entre le travail et la famille (Tremblay, 2000)

Selon Tremblay et Amberdt, (2000), le conflit travail- famille s'explique par le manque de temps que vivent les parents pour le maintien du foyer, ce qui se traduit par un conflit entre le temps affecté au travail et celui que l'on affecte ou que l'on souhaite affecté à la famille et à d'autres activités (politiques, sociales, culturelles). Ce sont souvent ces dernières activités qui sont exclues; les parents commencent par les remettre à plus tard et finissent par les exclure complètement de leur vie.

Pour Lipsett et Reesor, (1997) le conflit entre le travail et la famille entraîne de nombreuses conséquences néfastes, non seulement pour les employés, mais aussi pour les employeurs. Pour les employés, les effets peuvent se traduire par des problèmes de relations familiales et affectives, par le manque de satisfaction au travail, ainsi que des problèmes de santé et de stress. Pour les employeurs, les inconvénients peuvent- être, entre autres, le coût économique de l'absentéisme, les pertes liées à une diminution de la motivation et du rendement, la résistance à la mobilité et aux promotions, le roulement élevé du personnel, la difficulté d'attirer et de retenir un personnel qualifié, ainsi que la formation insuffisante de la maind'oeuvre.

Repetti (1987; cité par Muchinski, 2000) a même proposé quatre processus à travers lesquels le travail et la famille sont reliés.

Le premier processus est un transfert direct d'humeur d'une sphère à une autre.

Le second processus est décrit par l'épuisement des ressources physiques, mentales et émotionnelles de l'individu par son investissement trop grand dans un domaine de vie. Ces ressources sont insuffisantes pour affronter d'autre domaine de vie. Le troisième processus est celui de la socialisation par lequel l'habilitée et les valeurs apprises dans une sphère dans laquelle elles ont une fonction adaptative et fonctionnelle, sont aussi applicables dans un autre domaine. Enfin, le quatrième processus est le déroulement de la socialisation. Ici, l'habileté et les valeurs qui assurent le fonctionnement d'une sphère d'activité ne sont pas appropriées ou généralisables à l'autre sphère d'activité.

Dans cet esprit, nous allons nous intéresser à trois modèles théoriques (diffusion, compensation et le modèle de débordement) qui ont fait l'objet de nombreux travaux, notamment dans la littérature anglo-saxonne (cf.par exemple Kabanoff et O'brien, 1980)

II.1.1- Modèle de diffusion

Ce modèle établit que les expériences dans le milieu de travail influencent la sphère de la vie hors travail et affecte les comportements et attitudes dans cette sphère, et réciproquement.

Ainsi, selon ce modèle, les croyances, attitudes et valeurs acquises dans un domaine se généralisent à un autre domaine. Par exemple, lorsque le travail procure à la personne une certaine satisfaction, cela va affecter positivement sa vie privée et, inversement, le bonheur quelle ressent dans sa vie privée a une influence positive sur sa vie au travail. Autrement dit, la frustration ou la satisfaction ressenti dans une des sphères va affecter d'autres sphères (Barnett, 1994; Demerouti et al., 2005).

De ce fait, il semble que le degré d'implication d'un individu dans le travail reste lié à son implication dans les rôles exercés en dehors du travail.

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Notons, dans cet optique qu'en général, les recherches validant le modèle de diffusion établissent une corrélation positive entre les variables dans le travail et dans le hors travail. Ainsi, la satisfaction des salariés au travail améliore la vie hors travail et/ou familiale, bien qu'il soit possible que la diffusion soit négative (Barnett, 1994).

III.1.2- Modèle de compensation

Ce modèle stipule que les travailleurs qui vivent des « privations au travail » les compensent en choisissant des activités hors travail dans lesquelles ils s'impliquent (Champoux, 1978). A l'inverse, les personnes qui sont fortement satisfaites dans leur travail ne cherchent pas des satisfactions supplémentaires dans le hors travail. En termes d'implication au travail, ce modèle suggère que les individus qui ne sont pas impliqués dans leur travail recherchent les implications en dehors du travail. A l'inverse, ceux qui sont hautement impliqués dans le travail sont supposés ne pas rechercher d'implication en dehors du travail.

Le modèle de la compensation se caractérise par une relation négative entre travail et hors travail. Ainsi, par exemple, les personnes occupant des emplois répétitifs qui sont socialement isolés, pauvres en variété et en contenu et qui sont dénués de toute initiative personnelle, auront des activités extra- professionnelles variées et stimulantes, avec un « degré d'interaction élevé » (Staines, 1980, p.111).

En générale, ce modèle est moins vérifié que le modèle précédent; et si les études qui appuient le modèle de la diffusion ont un champ d'emplois qui varient en contenu, celles qui soutiennent le modèle de la compensation sont basées sur des emplois ayant des caractéristiques indésirables, « deshumanisantes », stressantes, telles l'industrie de mine de charbon et l'industrie de la pèche.

II.1.3- Modèle de segmentation

Enfin, le modèle de segmentation postule que les attitudes au travail et hors travail ne sont pas liées entre elle. Chaque domaine d'expérience développe des valeurs et des exigences propres et indépendantes et les comportements dans un domaine de la vie ne sont pas nécessairement reliés aux comportements dans un autre domaine (Kabanoff, O'Brien, 1980). Ce modèle est très critiqué et résiste mal à l'observation de la montée du conflit entre vie professionnel et vie familiale.

En conclusion, il importe de souligner que ses trois modèles ont été dépeints par Boulin et Silvera (2001), à partir des travaux de Parker(1964) : l'approche en terme de généralisation/reproduction/extension qui postule que les salariés reproduisent dans le hors travail les expériences positives et négatives vécues dans le travail ; l'approche en terme de compensation dans laquelle le temps libre a une fonction correctrice par rapport aux contraintes vécues dans le travail ; l'approche en terme de neutralité qui postule que les comportements dans le hors travail sont indépendants de ce qui se joue dans le travail.

Le modèle théorique de notre recherche

Les modèles utilisés pour rendre compte du lien existant entre la vie au travail et la vie hors travail sont nombreux et de niveau de complexité diverse. A l'examen des postulats de ces trois modèles qui viennent d'être exposés et à partir des objectifs de notre étude, le modèle de la diffusion tel que repris par (Barnett, 1994; Demerouti et al., 2005) nous apparaît le plus plausible et le plus approprié. Il suppose que les frustrations vécues au travail se propagent et se colonisent sur la vie extraprofessionnelle. Cette théorie a des apports puissants et importants dans la mesure où elle édite des règles et induit des méthodes de diffusion d'attitudes et de comportements. C'est donc une théorie puissante pour comprendre la relation vie au

22

travail et vie hors travail. Bien qu'elle fait abstraction du sujet entant qu'il accepte ou
non une attitude lorsqu'elle s'impose, fut-ce inconsciemment. Elle véhicule en effet
une conception du sujet passif et manipulé par les exigences de son activité de travail.

II.2-Revue des travaux antérieurs

Nous allons présenté, ici, les travaux de Marine et al., (1981), de Nathalie St-Amour et al.,(2005) et de Gadbois, (1981) qui ont étudiés la relation entre le travail et le non travail, en faisant ressortir l'influence et l'impact du travail sur l'organisation des activités de la vie hors travail.

II.2.1- Travaux de Marine, Escribe et Navarro (1981)

Marine et al.,(1981) ont étudié l'articulation temporelle de la vie de travail et hors travail, en ce centrant sur l'influence d'un facteur particulier (contrainte de temps) sur l'organisation des activité de vie dans les ménages. L'étude porte sur un échantillon de 82 personnes, en comparant les couples dont seul le mari travaille à ceux dont les conjoints exercent tous une activité professionnelle. L'hypothèse retenue pour cette étude est que les modes d'organisation des activités dans le couple sont affectés par le volume de temps disponible pour gérer ce système. Les variables prises en compte sont la structure temporelle des activités (variable dépendante) et le volume de temps pour gérer ce système (selon le couple ou selon que le mari exerce une profession), comme variable indépendante, en ce sens que le temps de travail constitue un pôle dominant par rapport auquel se structurent les activités hors travail.

Ainsi, si les résultats de cette étude confirment l'existence de stratégies différentielles, ils montrent surtout la complexité du réseau de variables qui interviennent dans les modalités de régulation mises en jeu: moyens contraintes, modèle de vie...

La problématique développée ici s'insère dans le cadre d'une étude collective sur la relation vie de travail- vie hors travail menée sous la direction de Curie (1980, cité par Marine et al., 1981, p.25) dont l'un des postulats est que les incidences d'une modification affectant un domaine particulier ne pourront être saisie que si l'on connait les modes d'interaction des différents secteurs d'activité entre eux.

Signalons, cependant, que cette approche peut paraître restrictive pour deux raisons: en premier lieu, les auteurs n'abordent qu'un sens de l'interaction vie au travail- vie hors travail, alors que dans la perspective systémique adoptée, une relation réciproque est tout aussi possible (Curie et Hajjar, 1987). En second lieu, au delà des conséquences temporelles retenues ici, l'activité professionnelle a des effets physiologiques et psychologiques sur l'individu dont l'état actuel de la recherche ne permet pas de rendre compte. Par exemple, selon Boussougou- Moussavou (1996), l'absentéisme peut être analysé non seulement comme une réponse à des mauvaises conditions de travail, mais également comme une forme particulière de régulation du système des activités, c'est à dire une conduite répondant aux perturbations que la vie de travail introduit dans la réalisation d'activités extra- professionnelles.

En dépit de ces limites, l'essentiel de l'étude a porté sur la description des activités de vie en fonction du volume de temps professionnel des couples et a permis ainsi d'appréhender la manière dont les personnes organisent leur emploi du temps, c'est à dire de mettre en évidence des formes de régulations particulières selon les sujets ou les ménages.

II.2.2- Travaux de Nathalie St-Amour, Johanne Laverdure, Annie Devault et Sylvianne Manseau (2005)

Nathalie St- Amour et al., ont menés une étude sur : la conciliation travail-

24

famille: ses impacts sur la santé physique et mentale des familles québécoises. Cette problématique est analysée à la lumière des différents contextes entourant le travail et la famille. Les études retenues sont issues de deux sources d'informations principales : les recherches publiées dans des revues où les textes sont évalués par les pairs, les recherches et les documents publiés par les gouvernements provinciaux et fédéraux. Les stratégies de repérage des études pertinentes et récentes ont consisté, dans un premier temps, à interroger les banques de données suivantes : Medline, PsychINFO, Francis et Érudit, à partir d'une combinaison de mots-clés comme par exemple, conciliation, travail et famille, travail, famille et santé (santé mentale et physique), bien-être, travail, famille et enfant en plus de travail, famille et adolescent.

L'ampleur du conflit révélé par les études confirme ce que l'observateur est en mesure de constater dans le quotidien : les familles et les individus éprouvent de plus en plus de difficultés à trouver et à maintenir un équilibre entre les demandes nombreuses et parfois contradictoires de la vie de travail et de la vie de famille.

Les recherches nous rapportent que cette course contre la montre a des conséquences importantes au plan de la santé physique et mentale des individus et de leurs déterminants ainsi qu'au plan économique.

L'ensemble de ces études ont mis en évidence les résultats suivants :

Au plan de la santé physique, mentale et de leurs déterminants

1. Selon l'enquête sociale générale (ESG) de 1998, les parents et les mères mono parentales âgés de 25 à 44 ans, signalent le plus haut taux de stress relié au manque de temps.

2. Il existe une corrélation élevée entre les situations de conflit travail-famille et la dépression (soulevée dans la méta-analyse d'Allen et coll., 2000).

3. Il existe un lien entre les situations de conflit travail-famille et les troubles

d'anxiété et d'humeur chez les femmes en particulier (Frone, 2000).

4. Il existe un lien entre les situations de conflit travail-famille et les coûts requis pour les consultations médicales des travailleurs (Duxburry et Higgins, 1999).

5. Il existe un lien entre le conflit travail-famille et l'incidence de maladies physiques comme l'hypertension artérielle, l'hypercholestérolémie, les troubles gastro-intestinaux, les allergies et les migraines (Duxbury, Higgens Mills, 1991; Frone, Russe/Barnes, 1996; Thomas et Ganster, 1995).

6. Les difficultés de la conciliation travail-famille ont des répercussions négatives sur les habitudes alimentaires et la pratique de l'activité physique (C. Dubé et coll., 2002, Hitayesu, 2003).

7. Le conflit travail-famille est associé à une augmentation de la dépendance à l'alcool et de la consommation de drogues chez les hommes en particulier (Frone, 2000).

8. Les parents qui se sentent débordés par leurs multiples tâches auraient une attitude moins chaleureuse avec leurs adolescents et seraient plus enclins à développer des interactions conflictuelles avec ces derniers (Galambos, Sears, Akmeida et Klokeric, 1995).

9. Le conflit travail-famille a été relié à l'insatisfaction face à la vie familiale et conjugale (St-Onge et coll., 2002).

10. Les horaires de travail atypiques et le conflit travail-famille ont été associés au manque de temps pour partager les repas en famille. Pourtant, ces moments sont considérés comme des moments privilégiés de socialisation qui ont des répercussions émotionnelles positives sur les relations parent-enfant (US Council of Economic Advisors (2002).

Au plan du travail et au plan économique

1.

26

Selon l'étude de Duxbury et Higgins, les personnes qui vivent un conflit travail-famille sont 27 % à

se dire satisfaites de leur travail alors que les employés qui ne sont pas dans une telle situation le sont à 80 %.

2. La méta-analyse d'Allen et coll., (2000) démontre que les employés qui vivent des problèmes de conciliation travail-famille songent davantage à changer d'emploi et sont plus susceptibles de connaître un épuisement professionnel.

3. La conciliation travail-famille est aussi reliée à un rendement professionnel inférieur, à une augmentation de l'absentéisme, à un roulement élevé du personnel et à une perte de motivation (Duxbury et Higgins, 1998).

4. L'insatisfaction professionnelle des employés entraîne des coüts supplémentaires pour les employeurs et pour le système de santé, car elle est associée à un absentéisme accru, à un roulement du personnel et à des problèmes de santé des travailleurs. Les employés satisfaits de leur emploi vivent plus longtemps et sont moins susceptibles d'être malades (Robbins, 1993 dans Duxbury et Higgins, 1999).

5. Des chercheurs ont estimé que les jours d'absence au travail des employés qui vivent des difficultés de conciliation entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle ont représenté des coûts de 2,7 milliards de dollars pour les entreprises canadiennes en 1997. (Cooper et coll., 1996; Levi et Lunde-Jensen, 1996 dans Duxbury et Higgins, 1999).

6. Cette dernière étude permet d'estimer à plus de 100 millions de dollars par année les coûts en soins de santé associés à la difficulté de concilier travail et famille au Québec.

L'examen des banques de publications et des contacts avec des experts n'a fait ressortir aucune documentation de l'impact sur la santé de mesures gouvernementales particulières dans le domaine de la conciliation travail-famille.

III.2.3- Travaux de Gadbois (1981)

Gadbois (1981) a mené une étude sur le travail de nuit et les modes de gestion des contraintes de ce travail au plan de la vie familiale chez le personnel féminin des hôpitaux. Cette étude met, tout d'abord en évidence , la multiplicité des formules de travail de nuit existantes : pour 61 hôpitaux et 848 personnes, cinq longueurs de nuit de travail ont été relevées (entre 8 heures et 12 heures par nuit), 16 durées mensuelles (de 140 à 200 heures) et quinze modèles différents de formules tournantes pour alterner période de travail et période de repos (d'une nuit de travail par une nuit de repos à 7 nuit de travail par 4 nuit de repos ou 7 nuit de travail par 7 nuit de repos).

La majorité du personnel enquêtée a été affectée à un poste de nuit `'sur demande» (85%). Cela s'explique, sans nul doute pour une large part, par le fait que la décision de travailler de nuit donne la possibilité de faire face aux charges familiales pendant le jour. Ce sont surtout les femmes mariées avec enfants qui demandent leur affectation à un certain temps à des postes de nuit (plus de 90%). De même l'attrait financier du travail de nuit (octroi d'une prime forfaitaire par heure de travaillée) rend ce système attrayant pour les catégories des moins rémunérées : agents hospitaliers et aides- soignantes, plutôt que les infirmières.

L'analyse de ce qui est vécu par ces personnes, en dehors du temps de travail, montre que les exigences sociales des activités extra- professionnelles tendent à prendre partiellement le pas sur les conditions optimales de récupération du déficit du sommeil ; le sommeil diurne qui suit la nuit de travail est comprimé (4 heures 30 en moyenne dans un système de nuit de travail, 6 heure 20 dans un système de 4 nuit de repos). Ce sommeil est quelquefois pris en deux fois, afin de permettre à la femme de

28

faire face à certaine contraintes familiales (repas de midi, par exemple) ; son début est pour les mêmes raisons retardé : la femme rentre à 7 heures 30 chez elle, se couche seulement à 8 heures 30, une fois ses enfants partis à l'école.

L'étude montre également que la vie sociales de ces femmes (vie associative, sorties, invitation familiales ou amicales, loisir, etc.) est plus restreinte si on la compare à celle d'un groupe de référence du personnel de jour. Les effets du travail de nuit se répercutent, par ailleurs, sur les autres membres de la cellule familiale : le père, obligé d'assumer un certains nombre de fonctions classiquement remplies par la mère (repas du soir, coucher des enfants) voit aussi sa `'vie sociale diminuée» (p. 451). Il y a aussi le fait que les travailleurs de nuit tendent à solliciter de leurs enfants un apprentissage plus précoce de l'autonomie, amenés à supporter les effets des contraintes qui empêchent leurs mères de leur fournir certains types d'aide habituellement reçus par les enfants de leur âge.

En définitive, bien que les emplois atypique peuvent constituer une stratégie positive d'intégration du marché du travail, il n'en demeure pas moins elle peut être le résultat d'un processus menant à la marginalisation des travailleurs. Pour une part importante des travailleurs notamment, les travailleurs de nuit.

De ces différents travaux qui viennent d'être présentés, il apparaît que les contraintes professionnelles et les conditions de travail influencent négativement l'organisation des activités extra-professionnelles. En conséquence, les travailleurs ont du mal à concilier les rôles professionnels et les rôles non professionnels. Cela débouche sur le conflit travail-famille.

En nous appuyant sur ces travaux, nous allons élaborer notre problématique, en précisant que la plupart des travaux présentés, ici, ont été réalisés en occident, nous devons donc les interpréter. En effet, nous sommes dans un contexte différent et le conflit travail- famille n'est pas forcement vécu de la même façon et n'a pas donc les

mêmes effets, selon qu'on est au Gabon ou en occident. Nous devons, de ce fait, tenir compte des réalités de l'environnement gabonais. Cela va nous conduire à préciser notre problématique.

III.3- Problématique de la recherche

Un éboueur est un ouvrier qui à pour mission de collecter, traiter et éliminer les ordures ménagères. C'est un métier qui ne requière pas de qualification particulière et qui a pour seule perspectives: chef d'équipe, chauffeur de camion benne. L'activité d'éboueur comporte un certain nombre de caractéristique qui fait de ce travail un métier particulier.

La première caractéristique est que cette activité est mal connue du public. Partout dans le monde la collecte des ordures n'intéresse que très peu de gens. En générale, l'activité est classée dans les métiers modestes qui suscitent un regard condescendant et misérabiliste. S'apparentant au « sale boulot », un métier constitué de tâches « physiquement dégoûtantes » ou symbolisant « quelque chose de dégradant et d'humiliant », ou encore qui vont « à l'encontre de nos conceptions morales les plus héroïques », (Hughes E. C., 1997).

Fournier et al., (2003), parlent de travail atypique et précaire. Selon ces auteurs, la précarité de cette catégorie, se saisit à travers l'instabilité de la relation du temps de travail, l'incertitude liée au revenu et à l'absence de protection syndicale, tandis que, l'atypie conduit à la marginalisation des travailleurs. Aussi l'emploi atypique se confond à la précarité, occasionnant ainsi, une pauvreté accrue des travailleurs tout en ayant des effets négatifs sur leurs vie familiale, sociale et personnelle.

La seconde caractéristique est que la collecte des ordures s'exerce en plein air, avec des horaires plus souvent décalées, soit très tôt le matin, soit tard la nuit avec

30

des conséquences lourdes sur la santé (douleurs musculaires, troubles cardiaques, digestifs etc.) susceptibles d'entraver la qualité de la vie familiale et sociale.

La dernière caractéristique, de loin la plus importante, est que l'activité est hautement dangereuse, l'éboueur est en contact direct et permanent avec les objets, matières et substances hétéroclites et dangereux.

L'effort physique est constamment requis et doit se déployer en fonction des situations auxquelles est confronté l'éboueur, selon le niveau de production à atteindre. Aussi, rentré chez lui, le travailleur se retrouve-t-il dans l'incapacité d'accomplir certaines tâches extra-professionnelles, telle que prendre un repas en famille, se divertir entre ami (e), etc.

Greenhaus et Beutelli, (1985) envisagent le mode de vie qui en résulte sous la forme d'un conflit entre les différents rôles occupés par le travailleur. Ce conflit se présente sous trois formes à savoir:

- le conflit de temps: le temps passé dans un rôle rend l'éboueur peu disponible pour s'investir dans un autre rôle, se distraire ou se détendre.

- le conflit de tension entre les rôles: la fatigue et le stress vécus au travail, ont tendances à se transposer, lorsque le travailleur retrouve sa famille et inversement.

- Le conflit de comportement: un comportement spécifique à un rôle (au travail) est souvent incompatible avec les attentes et les besoins des membres de la famille.

Ces situations créent et s'accompagnent des faits et des comportements qui ont une incidence sur la santé physique et mental, la qualité de la vie et le bien être de l'agent et de ses proches.

Déterminer les répercussions de ces conditions de travail sur l'organisation de

la vie extra professionnelle et la santé physique constitue la problématique de ce travail. Il s'agit là, d'analyser, la perception que se font les éboueurs de leur condition de travail, l'influence de ces conditions sur l'organisation de la vie extra professionnelle et la santé physique tout en prenant en compte la situation marital des éboueurs.

Nous pensons qu'en cernant l'essence et la nature de cette activité on débouche sur une plus grande compréhension de l'activité d'éboueur et par ricochet sur la vie extra professionnelle. Mais à quel risque les éboueurs peuvent-ils être confrontés ? Comment l'organisation de l'activité influence t-elle la vie des travailleur ? Quelles conséquences dérivent de l'activité d'éboueur sur le sujet, sa vie au travail et sa vie extra- professionnelle ?

Ces quelques interrogations nous amènent à identifier la nature de nos variables.

II.3.2. Identification des variables

En considérant la problématique qui vient d'être développée, nous avons identifié les variables suivantes :

- Variable indépendante (V.I.): les conditions de travail (charge physique, charge mentale, horaires de travail) ;

- Variable dépendante (V.D.) : l'organisation des activités liées à la vie extra professionnelle et à la santé physique (vie familiale, vie sociale) ;

- Variable modératrice : les caractéristiques individuelles (statut marital, âge, ancienneté, nombre d'enfants à charge).

32

II.3.3. Hypothèses de travail

Les variables qui viennent d'être identifiées nous conduisent à formuler les hypothèses suivantes :

II.3.3.1. Hypothèse générale.

Les exigences du travail d'éboueur, compte tenu des conditions de travail, du rythme de travail qu'elles génèrent ont un impact sur la vie extra professionnelle. Mais cette influence est modulée par la prise en compte des caractéristiques individuelles (statut marital, age, ancienneté, nombre d'enfants à charge).

II.3.3.1. Hypothèses opérationnelles

De cette hypothèse générale, découlent les hypothèses opérationnelles suivantes :

- Hypothèse 1 : Les éboueurs mariés ont une perception plus négative des conditions de travails que les éboueurs célibataires.

- Hypothèse 2 : Les éboueurs mariés ont une perception plus positive de leur vie familiale et de leur vie sociale que les éboueurs célibataires.

- Hypothèse 3 : les exigences liées au travail d'éboueur, affectent négativement l'organisation de la vie extra professionnelle des éboueurs, plus chez les mariés que chez les célibataires.

- Hypothèse 4 : les caractéristiques individuelles ont un effet modérateur sur la relation entre les conditions de travail et l'organisation de la vie extra

professionnelle, quand on maintient constante leur influence, plus chez les éboueurs mariés que chez ceux qui sont célibataires.

II.4. Objectifs de la recherche

Comme objectifs, nous avons un objectif général et trois objectifs spécifiques.

Objectif général :

L'étude vise donc :

L'exploration en profondeur d'un secteur peu ou mal connu, afin de contribuer à une meilleure connaissance de l'activité d'éboueur et des risques inhérents à la collecte d'ordures ménagères.

Objectifs spécifiques : L'étude vise à :

* Identifier distinctement les conditions d'ambiance physique de l'activitéd'éboueur.

* Décrire les caractéristiques particulières de l'environnement de travail des éboueurs.

* Evaluer les effets de l'activité sur les travailleurs et sur leur vie extraprofessionnelle.

Tels sont les points essentiels qui guideront notre travail. Mais avant d'arriver là, il savère important de définir les concepts mis en jeux dans notre étude.

34

Chapitre III : CADRE DE RECHERCHE, POPULATION D'ENQUETE ET INSTRUMENT DE COLLECTE DE DONNEES.

Dans ce chapitre, nous décrivons, d'abord, le cadre de recherche à partir duquel l'enquête a été réalisée et, ensuite, la population qui a présidé à cette enquête.

III.1. CADRE DE RECHERCHE

Il est très difficile qu'une recherche ou encore une étude psychologique se passe d'une phase d'enquête. Cet état de fait correspond aux exigences d'une étude. Quelle soit de l'ordre de la recherche appliquée ou fondamentale, répondant à des préoccupations diverses, le chercheur éprouve le besoin d'aller sur le terrain pour avoir des informations concrètes.

Ainsi, pour réaliser cette enquête, nous avons ciblé les éboueurs de la société de Valorisation des Ordures du Gabon (SOVOG) basée à Libreville, précisément à Mindoubé.

Il est important de préciser à cet effet, que la SOVOG est une société à vocation publique. Elle a pour mission, en vertu d'une convention signée en 2002 avec l'Etat Gabonais concernant la collecte et le traitement des ordures ménagères. Cependant, la mission de traitement des ordures connaît jusqu'à ce jour des problèmes de lancement. Située au nord de Libreville, la SOVOG emploie aujourd'hui 250 salariés au service de la capitale Libreville.

Après la description du cadre de recherche, nous passons à présent à la définition de la population d'enquête.

III.2. Population d'enquête

III.2.1. Définition

Notre population d'enquête est composée uniquement des hommes éboueurs. Ils sont issus, comme nous l'avons souligné précédemment, du secteur privé : à savoir celui du ramassage et du traitement des ordures ménagères.

III.2.2. Caractéristiques et choix de l'échantillon

Les critères qui ont présidé au choix de notre échantillon sont les suivants : être éboueurs de nuit ou de jour, avoir une ancienneté d'au moins d'un an, avoir des enfants à charge, travailler à temps plein.

Précisons que pour choisir nos sujets, nous n'avons pas utilisé une technique d'échantillonnage particulière. Le choix a été déterminé par la disponibilité des hommes sur leur lieu de travail. C'est, donc, un échantillon du tout venant. Nous avons, par ce mode de choix, réussi à avoir 50 hommes qui ont accepté de répondre à notre questionnaire, en prenant soin d'avoir un nombre équivalent des hommes mariées et célibataires, en vue de faire une étude comparative. Nous avons, donc, 25 éboueurs mariées et 25 éboueurs célibataires.

Les tableaux 1, 2 et 3 ci-après résument les caractéristiques de notre échantillon (age, ancienneté, nombre d'enfants à charge).

36

Tableau n°1 : Table de fréquences : Age des Eboueurs (mariées vs. célibataires).

 

Eboueurs mariées (n= 25)

Eboueurs célibataires (n= 25)

Catégorie

Effectif

Effectif

%

%

Effecti

Effectifs

%

%

 

s

s

 

Cumulé

fs

Cumulés

 

Cumulé

 
 

Cumulé
s

 
 
 
 
 
 

20,00<x<=25,

0

 

0,00

 

0

0

0,00

0,00

 
 

0

 

0,00

 
 
 
 

00

 
 
 
 
 
 
 
 

25,00<x<=30,

 
 
 
 
 

5

20,00

20,00

 

4

4

16,00

16,00

5

 
 
 

00

 
 
 
 
 
 
 
 

30,00<x<=35,

 
 
 
 
 
 

32,00

52,00

 

4

8

16,00

32,00

8

13

 
 

00

 
 
 
 
 
 
 
 

35,00<x<=40,

 
 
 
 
 
 

44,00

96,00

 

5

13

20,00

52,00

11

24

 
 

00

 
 
 
 
 
 
 
 

40,00<x<=45,

 
 
 
 
 
 

4,00

100,00

 

4

17

16,00

68,00

1

25

 
 

00

 
 
 
 
 
 
 
 

45,00<x<=50,

 
 
 
 
 

25

0,00

100,00

 

7

24

28,00

96,00

0

 
 
 

00

 
 
 
 
 
 
 
 

50,00<x<=55,

 
 
 
 

0

25

0,00

100,00

 

1

25

4,00

100,00

 
 
 
 

00

 
 
 
 
 
 
 
 

VM

0

25

0,00

100,00

0

25

0,00

100,00

A la lumière de cette table de fréquences, il apparaît que la tranche d'âge la plus importante, chez les éboueurs mariés est celle de 45-50 ans (7/25, soit 28%), alors que chez les célibataires, c'est celle de 35-40 ans (11/25, soit 44%).

Quant à l'âge moyen, il est de 40,16 ans chez les éboueurs mariés et de 34,60 ans chez les célibataires. A première vue, il semble que les éboueurs célibataires sont relativement moins âgés que les éboueurs mariés.

Tableau n°2 : Table de fréquences : Ancienneté des éboueurs (mariées vs.

 

Eboueurs mariés (n= 25)

Eboueurs célibataires (n= 25)

Catégorie

Effecti
fs

Effectifs
Cumulés

%

%
Cumulé

Effectif
s

Effectifs
Cumulés

%

%
Cumul
é

-5,00<x<=0,00

0

0

0,00

0,00

0

0

0,00

0,00

0,00<x<=5,00

 
 
 
 
 
 

48,0

48,00

 

6

6

24,00

24,00

12

12

 
 
 
 
 
 
 
 
 

0

 

5,00<x<=10,00

 
 
 
 
 
 

40,0

88,00

 

6

12

24,00

48,00

10

22

 
 
 
 
 
 
 
 
 

0

 

10,00<x<=15,0

 
 
 
 
 
 

8,00

96,00

 

6

18

24,00

72,00

2

24

 
 

0

 
 
 
 
 
 
 
 

15,00<x<=20,0

 
 
 
 
 
 

0,00

96,00

 

3

21

12,00

84,00

0

24

 
 

0

 
 
 
 
 
 
 
 

20,00<x<=25,0

 
 
 
 
 
 

4,00

100,00

 

1

22

4,00

88,00

1

25

 
 

0

 
 
 
 
 
 
 
 

25,00<x<=30,0

 
 
 
 
 
 

0,00

100,00

 

2

24

8,00

96,00

0

25

 
 

0

 
 
 
 
 
 
 
 

30,00<x<=35,0

 
 
 
 

0

25

0,00

100,00

 

1

25

4,00

100,00

 
 
 
 

0

 
 
 
 
 
 
 
 

VM

0

25

0,00

100,00

0

25

0,00

100,00

38

De cette table de fréquences, il ressort que chez les éboueurs mariés, l'ancienneté la plus importante va de 5à 15 ans (18/25, soit 72%), alors que chez leurs homologues célibataires, elle se situe entre 0-5ans (12/25, soit 48%).

Pour ce qui est de l'ancienneté moyenne, elle est de 12,80 ans chez les mariés et de 6,92 ans chez les célibataires. Il est donc visible, ici, que les mariés ont, dans leur profession, une expérience plus soutenue que les célibataires.

Tableau n°3 : Table de fréquences : Nombre d'enfants à charge des éboueurs
(mariées vs. célibataires).

 

Eboueurs mariés (n= 25)

Eboueurs célibataires (n= 25)

Catégorie

Effectifs

Effectifs
Cumulés

%

%
Cumulé

Effectif
s

Effectifs
Cumulés

%

%
Cumul
é

1,00<x<=2,0

 
 
 
 
 
 
 
 
 

2

2

8,00

8,00

2

2

8,00

8,00

0

 
 
 
 
 
 
 
 

2,00<x<=3,0

 
 
 
 
 
 
 
 
 

3

5

12,00

20,00

0

2

0,00

8,00

0

 
 
 
 
 
 
 
 

3,00<x<=4,0

 
 
 
 
 
 
 
 
 

6

11

24,00

44,00

10

12

48,00

48,00

0

 
 
 
 
 
 
 
 

4,00<x<=5,0

 
 
 
 
 
 
 
 
 

4

15

16,00

60,00

0

12

0,00

48,00

0

 
 
 
 
 
 
 
 

5,00<x<=6,0

 
 
 
 
 
 
 
 
 

6

21

24,00

84,00

7

19

28,00

76,00

0

 
 
 
 
 
 
 
 

6,00<x<=7,0

 
 
 
 
 
 
 
 
 

3

24

12,00

96,00

0

19

0,00

76,00

0

 
 
 
 
 
 
 
 

7,00<x<=8,0

 
 
 
 
 
 
 
 
 

1

25

4,00

100,00

6

25

24,00

100,00

0

 
 
 
 
 
 
 
 

VM

0

25

0,00

100,00

0

25

0,00

100,00

Ici, on remarque que 6/25 éboueurs mariés (soit 24%) ont entre 3 et 4 enfants à charge et 6/25 également (soit 24%) entre 5 et 6 enfants. Quant aux éboueurs célibataires, on constate que 10/25 d'entre elles (soit 48%) ont entre 3 et 4 enfants à

40

charge et 7/25 (soit 28%) entre 5 et 6.

Concernant le nombre moyen d'enfants à charge, on remarque qu'il est de 4,88, chez les mariés, et de 3,68, chez les célibataires. A ce niveau, il y a peu d'écarts entre les éboueurs mariés et ceux qui sont célibataires.

III.3. Instrument de collecte de données

III.3.1. Définition

Pour collecter les données, nous avons utilisé un questionnaire qui a été élaboré à la suite des résultats de la pré-enquête réalisée en Année de Licence. Cette préenquête a été menée sur la base d'un certain nombre de questions en rapport avec les conditions d'exécutions et la nature du travail des éboueurs et leur impact sur l'éboueur et sa vie extra professionnelle à savoir. Cela nous a permis d'identifier deux facteurs jugés comme essentiels et autour desquels s'organise la vie extra professionnelle chez les éboueurs, à savoir : la vie familiale et la vie sociale.

III.3.2. Caractéristiques

Pour mesurer et évaluer d'une part, l'impact du travail des éboueurs sur leur vie extra professionnelle et d'autre part, sur leur santé physique, nous avons conçu un questionnaire, qui a été adressé à 50 salariés de la société SOVOG de Libreville. Ce questionnaire était à la fois fermé et ouvert, formulé de manière aussi simple que possible. Les salariés étaient invités à cocher une ou plusieurs cases qui correspondaient à leur situation, tout en donnant leur opinion sur des questions ouvertes. Le caractère anonyme a permis aux salariés de répondre aux questions avec franchise et précision.

41

III.3.3. Déroulement de l'enquête

Pour recueillir les opinions des salariés, nous nous sommes rendus à Mindoubé siège social de la société SOVOG qui nous a servi de cadre de recherche. La première démarche a été d'entrer en contact avec les responsables de cette entreprise, en l'occurrence le directeurs de ressources humaines, en lui, présentant la lettre de recommandation délivrée par le chef de département, afin d'obtenir l'autorisation des responsables administratifs pour faire passer nos questionnaires. Une fois l'autorisation acquise, nous avons commencé à distribuer nos questionnaires. Les salariés qui étaient disponibles et qui acceptaient de s'entretenir avec nous, étaient conviés dans une petite salle mise à notre disposition pour la circonstance. Le remplissage des questionnaires était individuel. La passation des questionnaires a duré trois mois.

III.3.4. Difficultés rencontrées

Comme toute recherche de terrain, notre enquête ne s'est pas déroulée sans difficultés. La première difficulté était de rencontrer les Responsables administratifs de la société SOVOG qui nous a servi de cadre de recherche. Ainsi, pour les rencontrer, il nous a fallu user de patience.

La deuxième difficulté et non la moindre a été d'arriver à récupérer les questionnaires distribués, puisque certaines éboueurs, soit les égaraient et il fallait leur en procurer un autre exemplaire, soit les oubliaient chez eux. Cela a eu pour conséquence un retard manifeste au niveau du traitement des données.

Nous allons maintenant, dans le chapitre qui suit, présenter les résultats de notre enquête.

Chapitre IV : PRESENTATION, ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS.

Nous allons, dans ce chapitre, faire la présentation et l'analyse des résultats, ainsi que l'interprétation qui en découle.

IV.1. Présentation des résultats.

IV.1.1. Mode de traitement des données

Pour traiter nos données relatives à d'une part, l'influence du travail des éboueurs sur leur vie extra professionnelle et d'autre part, sur leur santé physique, nous avons eu recours au Logiciel STATISTICA. C'est un logiciel qui permet d'effectuer de très nombreuses~analyses statistiques, pour la description, l'inférence (comme le test du chi2, le test de Student ou l'analyse de la variance...), l'exploration et la modélisation des données. Ce logiciel permet aussi de récupérer des données saisies sous d'autres formats que le sien (fichiers de texte simple, données issues des tableurs habituels ou encore SPSS).

STATISTICA n'est pas seulement "un logiciel statistique avancé". Il offre non seulement une rapidité de traitement, et la possibilité de manipuler des jeux de données/plans de taille quasiment illimitée, mais également une gamme incomparablement complète de procédures avec des graphiques entièrement intégrés d'une qualité exceptionnelle.

Ce logiciel est utilisé pour le traitement des données quantitatives. Ce traitement nous a permis de mettre en évidence les analyses suivantes :

1- Statistique descriptive ;

2- Analyse corrélationnelle ;

3-

43

Régression multiple ;

4- Analyse en composantes principales.

Les comparaisons se feront entre les éboueurs mariés et célibataires, afin de voir s'ils perçoivent différemment l'influence des conditions de travail sur la vie hors travail.

L'objectif de ce travail est d'évaluer l'impact des conditions de travail des éboueurs sur leur vie extra professionnelle et sur leur santé physique

IV.1.2. Statistique descriptive

L'objectif de ce travail étant d'apprécier, faut-il le rappeler, l'influence des conditions de travail des éboueurs sur la vie extra professionnelle des éboueurs travaillant à la société SOVOG, la statistique descriptive nous permettra de comparer les scores moyens des éboueurs mariés et à ceux des éboueurs célibataires. Nous voulons savoir, ici, si cette influence varie avec le statut marital. Le tableau N°4 ciaprès donne un aperçu des résultats obtenus à cet égard.

Tableau n°4 : Moyenne et écart-type ainsi que la valeur du test d'homogénéité pour chaque exigence des conditions de travail et chaque facteur de la vie extra professionnelle chez les éboueurs (mariées vs. célibataires).

Eboueurs mariés Eboueurs (n= 25) célibataires

(n= 25)

Conditions de travail :

Moyenne (Ecart- type)

Moyenne (Ecart-type

Test d'homogénéité

de différence entre
les moyennes en

probabilitébilatérale (p)

1-Victime d'un

accident

23,40 (3,92)

22,24 (4,29)

0,3233*

2-Tomber malade

23,40 (4,26)

21,92 (4,08)

0,2157*

3-Etre victime d'une

agression

21,16 (3,74)

20,60 (4,41)

0,6304*

4- Passants impolis

15.35 (4.01)

16.22 (3.38)

0.22

5-Etre derrière le

camion benne

15.20 (2.54)

14.77 (3.39)

0.52

6-Se blesser pendant la collecte des ordures

13.37 (2.89)

13.75 (3.97

0.02

7- Santé menacée

17.50 (3.21)

17.85 (3.22)

0.62

Matériels utilisés non

fiables

17.50 (2.78)

16.45 (2.72)

0.77

8-Avoir des problèmes respiratoires

15.57 (2.51)

15.20 (3.06)

0.55

9- Tomber du camion benne

14.42 (3.33)

15.40 (3.30)

0.19

Facteurs de la vie

extraprofessionnelle :

20,48 (3,96)

18,68 (5,11)

0,1703*

1-Vie familiale

2-Vie sociale

19,88 (3,95)

18,04 (4,03)

0,1096*

45

*p non significatif.

De ce tableau, il apparaît que les scores moyens des éboueurs, quel que soit le statut marital, ne présentent pas des grands écarts, aussi bien au niveau des conditions de travail qu'en ce qui concerne les facteurs liée à la vie extra professionnelle. En effet, lorsqu'on applique le test d'homogénéité de différence entre les moyennes en probabilité bilatérale, on observe qu'il n y a aucune différence significative entre les éboueurs mariés et leurs homologues célibataires. C'est le cas, par exemple, d'avoir été victime d'un accident au travail: éboueurs mariés (moyenne : 23,40, écart-type= 3,92) et célibataires (moyenne= 22,24, écart-type= 4,29) ; p= 0,3233, non significatif.

L'analyse corrélationnelle qui va suivre, nous permettra d'apprécier, les liens que les différentes conditions de travail entretiennent entre elles, d'une part, et avec les facteurs liés à la vie extra professionnelle et la santé physique d'autre part, en comparant les salariés mariés et célibataires.

IV.1.3. Analyse corrélationnelle

Il s'agit, ici, d'analyser les inters corrélations des exigences du travail des éboueurs : conditions de travail (tableau n°5), d'une part, et des facteurs liés à la vie extra professionnelle et de la santé physique (tableau n°6), d'autre part, chez les personnes interrogées lors de cette enquête. Cela va nous permettre de voir si ces inter corrélations varient en fonction de la situation matrimoniale (éboueurs mariés vs. éboueurs célibataires).

Tableau n°5 : Matrice d'inter corrélations des exigences du travail des éboueurs chez les salariés interrogés et la vie extra professionnelle et la santé physique (éboueurs mariés vs. éboueurs célibataires).

 

Eboueurs mariés
(n=25)
R

Eboueurs célibataires
(n= 25)
R

Conditions de travail :

Vie extra

professionnelle

Santé physique

Vie extra

professionnelle

Santé physique

1-Victime d'un accident

0.07 ns

-0.11 ns

-

0.33 ns

2-Tomber malade

0,30 ns

-

0,22 ns

-

3-Etre victime d'agression

-0,01 ns

-

0,20 ns

0,22 ns

4-Passants impolis

0,02 ns

0,20 ns

0,33 ns

-

5-Etre derrière le camion benne

0,42*

0,25 ns

-0,59*

-0,00 ns

6-Seblesser pendant la
collecte

0,09 ns

0,46*

-0,41*

0,18 ns

7- Santé

menacée

0.7 ns

-0.01 ns

- 0.38 *

0,13 ns

Matériels

utilisés non

fiables

0.20 ns

0.01 ns

- 0.13 ns

0,25 ns

8-Avoir des

problèmes respiratoires

0.21 ns

0.41*

- 0.47*

- 0.06 ns

9- Tomber du camion benne

- 0.07 ns

0.41*

0.12 ns

0.02 ns

ns : corrélations non significatives.

47

Ce synthétise les corrélations entre les conditions de travail des éboueurs d'une part, avec les facteurs de la vie extra professionnelle et de la santé physique de ces travailleurs d'autre part. Ainsi, sur 9 corrélations testées dans chaque groupe, on note chez les éboueurs mariés 1 corrélation qui présente des saturations significatives et positives avec les facteurs de la vie extra professionnelle et 3 autres corrélations qui présentent des saturations significatives et positives avec la santé physique des éboueurs. Il s'agit d'être derrière le camion benne (r=0.42, p<0.05), se blesser pendant la collecte des ordures (r=0.46, p<0.05), avoir des problèmes respiratoires (r=0.41, p<0.05), tomber du camion benne (r=0.41, p<0.05), le même nombre est observé chez les éboueurs célibataires mais à la seule différence que la vie extra professionnelle est corrélée négativement avec, d'une part, être derrière le camion benne (r=-0.59, p<0.05), se blesser pendant la collecte des ordures (r=-0.41, p<0.05) et d'autre part, avec, santé menacée (r=-0.38, p<0.05) et avoir des problèmes respiratoires (r=-0.47, p<0.05). Ce tableau montre que chez les éboueurs mariés derrière le camion benne a une influence sur leur vie extra professionnelle et se blesser pendant la collecte des ordures, avoir des problèmes respiratoires et tomber du camion benne ont une influence sur leur santé physique. Alors que chez les éboueurs célibataires les corrélations obtenues sont négatives et ont une influence sur leur vie extra professionnelle.

Comme, on peut le constater, ces résultats indiquent que certains éléments des conditions de travail des éboueurs que nous avons mesurées, ici, entretiennent des liens significatifs avec les facteurs de la vie extra professionnelle et de la santé physique, dans les deux sous-groupes ; par conséquent, elles nous permettent de distinguer les mariés et célibataires, quant à la manière dont ils perçoivent l'influences de leurs conditions de travail sur leur vie extra professionnelle et leur santé physique. Ce qui ne permet pas de valider notre première hypothèse

opérationnelle.

Autrement dit, chez les éboueurs mariés, plus ces facteurs sont perçus positivement, plus ils atténuent leur vie extra professionnelle et leur santé physique. C'est l'inverse qui se produit, chez les éboueurs célibataires : plus ces facteurs sont perçus négativement, plus ils ressentent une frustration au niveau de leur vie extra professionnelle et sur leur santé physique.

Dans le souci d'approfondir nos analyses, nous avons été amené à apprécier le pouvoir prédictif de ces conditions de travail sur les facteurs de la vie extra professionnelle et de la santé physique, et cela à l'aide de la méthode de la régression multiple.

IV.1.4. Analyse de la régression multiple

L'analyse de la régression multiple va nous permettre de tester, comme nous l'avons énoncé précédemment, l'effet des conditions de travail (en tant que variable indépendante) sur les facteurs de la vie extra professionnelle et de la santé physique (en tant que variable dépendante). Plus précisément, il s'agit d'évaluer le pouvoir prédictif de ces conditions de travail, par rapport à ces deux variables, ou variable à prédire, en comparant les éboueurs mariés et les éboueurs célibataires. Les résultats de cette analyse sont présentés dans le tableau n°6, ci-après.

49

Conditions de travail
(VI)

Eboueurs mariés
(25)

Eboueurs célibataires
(25)

Profil personnel des

facteurs de la vie extra professionnelle et de la santé physique

Profil personnel des

facteurs de la vie extra professionnelle et de la santé physique

Valeur statistique

Valeur statistique

Bêta

F(1.38)

Niveau P<

Bêta

F(1.38)

Niveau P<

1-Victime d'un accident

0,085

0,085

0,007

0,169

0,684

7,371

2-Tomber malade

0,227

0,227

0,051

1,253

0,274

7,204

3-Etre victime d'une

agression

0,112

0,112

0,012

0,293

0,593

7,351

4- Passants impolis

0,380

0,380

0,144

3,894

0,060

8,44

5-Etre derrière le camion benne

0,512

5.12

0,262

-8,192

10.12

7,841

6-Se blesser pendant la collecte des ordures

0,468

4.68

0,219

-6,472

11.18

8,067

7- Santé menacée

0,107

0.20

0.01

0.17

0.10

0.44

Matériels utilisés non

fiables

0,230

2.1

0.10

1.59

0.43

0.48

8-Avoir des problèmes respiratoires

0,185

-0.06

4.1

1.78

7.73

6.33

9- Tomber du camion benne

0.06

0.01

0.45

0.16

10.01

0.66

Les résultats de cette synthèse indiquent, globalement, que chez les éboueurs mariés, les facteurs de la vie extra professionnelle et la santé physique sont saturés de

manière positive et significative avec d'une part, être derrière le camion benne (bêta=5.12 f(1.38)=5.12, p<0.00), se blesser pendant la collecte des ordures (bêta=0.48, f(1.38)=4.68, p<0.00) et d'autre part, avoir des problèmes respiratoires (bêta=0.185, f(1.38)=4.1, p<0.00), matériels utilisés non fiables (bêta= 0.230, f(1.38)=2.1, p<0.00).

Par contre chez les éboueurs célibataires, les facteurs de la vie extra professionnelle et la santé physique sont saturés négativement et significativement non seulement avec : être derrière le camion benne non (bêta=-8.192, f(1.38)=10.12, p<0.00), mais également avec se blesser pendant la collecte des ordures (bêta=-6.472, f(1.38)=11.18, p<0.00).

Dans le souci d'analyser en profondeur nos données, nous allons, à présent, réaliser une analyse en composantes principales, afin de compléter l'information obtenue au niveau de l'analyse de la régression multiple.

IV.1.5. Analyse en composantes principales

L'analyse en composantes principales (A.C.P.) va nous permettre d'apprécier la contribution de chaque variable mesurée au niveau des axes factoriels. Le tableau n°9, ci-après, donne un aperçu des résultats obtenus à ce sujet.

Tableau n°7 : Corrélations entre facteurs et variables : Eboueurs mariés vs. Éboueurs célibataires

51

 

Eboueurs mariés
(n=25)

Eboueurs
célibataires
(n= 25)

Variables

Fact. 1

Fact. 2

Fact. 1

Fact. 2

1-Victime d'un

accident

-0,39*

0,56

-0,52

-0,29

2-Tomber malade

-0,64*

0,50

-0,67*

0,53

3-Etre victime

d'une agression

-0,29

-0,66*

-0,67*

-0,52

4- Passants

impolis

-0,45*

-0,10

-0,69*

-0,47

5-Etre derrière le camion benne

-0,74*

-0,35

-0,84*

0,200

6-Se blesser

pendant la

collecte des

ordures

0.41*

 

-0.7*

-0.10

7- Santé menacée

-0.79*

0.12

0.06*

-0.11

Matériels utilisés

non fiables

0.117

0.35

0.20

-0.13

8-Avoir des

problèmes respiratoires

0.3

0.45

0.21

-0.41

9- Tomber du

camion benne

0.12*

0.9

0.06

-0.12

*p<0,001

De ce tableau, il ressort que le facteur 1 est mieux corrélé significativement

avec les variables mesurées, dans les deux sous-groupes, que le facteur 2. Néanmoins, on note que ces résultats sont nettement plus importants chez les éboueurs mariés (8/9) que chez les éboueurs célibataires (6/9) et confortent, par conséquent, les données du tableau sur la synthèse de la régression multiple.

Soulignons, à cet égard, que la variable la plus saturée avec le premier facteur, chez les éboueurs mariés est : santé menacée » (r= -0,79, p<0,001), alors que chez les éboueurs célibataires, c'est être derrière le camion benne (r= -0,84, p<0,001)

Quant aux résultats des valeurs propres, ils sont résumés dans le tableau n°10, ci-après.

Tableau n°8 : Variables propres : Eboueurs mariés vs. Eboueurs célibataires

 

Eboueurs mariés (n= 25)

Eboueurs célibataires (n= 25)

Valeur
numéro

Valeur
propre

% Total
variance

Cumul
valeur
propre

Cumul
%

Valeur
propre

% Total
variance

Cumul
valeur
propre

Cumul
%

1

1,85

37,11

1,85

37,11

2,37

47,56

2,37

47,56

2

1,15

22,11

3,01

60,22

0,91

18,22

3,28

65,78

3

0,93

18,76

3,94

78,99

0,81

16,35

4,10

82,13

4

0,72

134,56

4,67

93,55

0,54

10,81

4,64

92,95

5

0,32

6,44

5,00

100,00

0,35

7,04

5,00

100,00

6

0.33

5.78

4.98

9.89

0.34

6.98

4.95

98.12

7

0.30

5.60

4.58

9.78

0.33

6.58

4.58

89.258

8

0.29

4.85

4.55

9.52

0.28

5.89

3.99

65.256

9

0.20

4.50

4.30

9.10

0.25

4.79

3.25

78.698

Les résultats de ce tableau indiquent que la première valeur propre présente un

53

pourcentage de variance plus élevé chez les mariés (37,11%). Ces résultats vont dans le même sens que ceux obtenus au niveau l'analyse en composantes principales.

Enfin, toujours dans le souci d'affiner nos résultats, nous voulons savoir si les éboueurs de la compagnie SOVOG se différenciaient significativement en fonction du nombre d'enfants à charge, quant à la perception qu'ils ont du lien entre conditions de travail et les facteurs de la vie extra professionnelle et de la santé physique, en comparant les éboueurs célibataires ayant moins de trois enfants (-3) à leur collègues qui en ont plus de trois (+3).. Le tableau n°9, ci- après, résume les résultats obtenus, à cet égard

Tableau n°9 : Synthèse de la régression multiple des conditions de travail (VI) avec les facteurs de la vie extra professionnelle et de la santé physique (VD) en fonction du nombre d'enfant à charge (variable modératrice) chez les éboueurs : éboueurs mariés versus éboueurs célibataires

 

Eboueurs mariés
(n= 25)

Eboueurs célibataires
(n= 25)

Caractéristiques individuelles

corrélation

Victime
d'un
accident

Etre
derrière
le
camion
benne.

Avoir des
problèmes
respiratoires

Victime
d'un
accident

derrière
le
camion
benne.

Avoir des
problèmes
respiratoires

Age

r simple
(rs)
r partielle
(rp)

0,09
0,08

0,23
0,21

0,11
0,11

0,38
0,38

0,51*
0,52*

0,47*
0,47*

Ancienneté

r simple
(rs)
r partielle
(rp)

0,09
0,09

0,23
0,23

0,12

0,11

0,38
0,38

0,51*
0,51*

0,49*
0,49*

Nombre
d'enfants à
charge

r simple
(rs)
r
partielle
(rp)

0,09
0,07

0,23
0,10

0,11

0,34

0,38
0,49*

0,51*
0,48*

0,47*

*Corrélations significatives marquées en gras à p<.O5

De ce tableau, il ressort que la prise en compte des caractéristiques individuelles, en maintenant constante leur influence, ne modifient pas de manière significative la relation initiale entre indice de satisfaction des facteurs vie extra professionnelles, chez les éboueurs mariés. En revanche, on note que chez les célibataires où l'on trouve des valeurs significatives, cette relation a tendance à augmenter légèrement entre indice de satisfaction de la vie extra professionnelle et de

55

la santé physique, lorsqu'on maintient constante l'influence de l'âge (rs= 0,51 vs. rp= 0,52, p<.05) et à diminuer avec le nombre d'enfants à charge (rs= 51 vs. rp= 0,49, p<.05).

Par contre, en ce qui concerne la relation entre indice de satisfaction des facteurs de la vie extra professionnelle et santé physique et avoir des problèmes respiratoires, on observe qu'elle a tendance à accroître légèrement avec l'ancienneté (rs= 0,47 vs. rp= 0,49, p<.05) et avec le nombre d'enfants à charge (rs= 0,47 vs. rp= 0,48, p<.05).

En définitive, il est sans conteste, au regard de ces résultats, que les caractéristiques individuelles n'influencent nullement la relation entre la satisfaction envers la vie extra professionnelle et la santé physique et les conditions de travail, chez les éboueurs mariés, mais cette influence semble nette, chez leurs homologues célibataires.

IV.2. Analyse des résultats

Nous rappelons ici les hypothèses opérationnelles sur lesquelles est basé ce travail :

- Hypothèse 1 : Les éboueurs mariés ont une perception plus négative des conditions de travail que les éboueurs célibataires.

- Hypothèse 2 : Les éboueurs mariés ont une perception plus positive de leur vie familiale et de leur vie sociale que les éboueurs célibataires.

- Hypothèse 3 : les exigences liées au travail d'éboueur, affectent négativement l'organisation de la vie extra professionnelle des éboueurs, plus chez les mariés que

chez les célibataires.

- Hypothèse 4 : les caractéristiques individuelles ont un effet modérateur sur la relation entre les conditions de travail et l'organisation de la vie extra professionnelle, quand on maintient constante leur influence, plus chez les éboueurs mariés que chez ceux qui sont célibataires.

Ainsi, l'analyse des résultats que nous allons effectuer s'articulera autour des points suivants, conformément à ces hypothèses, puisqu'il s'agit, ici, de les confronter avec les résultats auxquels nous sommes parvenue, à savoir :

- 1/ Perception des conditions de travail des éboueurs (éboueurs mariés versus éboueurs célibataires) ;

- 2/ Perception des facteurs liés à la vie extra professionnelle chez les éboueurs (mariés versus célibataires) ;

- 3/ Influence des conditions de travail des éboueurs sur l'organisation de la vie extra professionnelle et de la santé physique (éboueurs mariés versus éboueurs célibataires) ;

- 4/ Effet modérateur des caractéristiques individuelles sur la relation entre les conditions de travail et la vie extra professionnelle et la santé physique chez les éboueurs (mariés versus célibataires).

IV.2.1. Perception des conditions de travail des éboueurs (éboueurs mariés versus éboueurs célibataires).

Pour apprécier la perception que les éboueurs de la société SOVOG ont des

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conditions de leur travail, nous avons, dans un premier temps, procédé à la statistique
descriptive (cf. tableau n°4). Les résultats auxquels nous avons abouti montrent,
globalement, que les scores moyens des éboueurs, ne varient pas de manière

significative avec le statut marital. En effet, lorsqu'on applique le test d'homogénéitéde différence entre les moyennes en probabilité bilatérale, on observe qu'il n y a

aucune différence significative entre les éboueurs mariés et leurs homologues célibataires. C'est le cas, par exemple, de tomber malade : éboueurs mariés (moyenne : 23,40, écart-type= 3,92) versus célibataires (moyenne= 22,24, écarttype= 4,29) ; p= 0,3233, non significatif.

Ainsi, comme on peut le constater, ces résultats ne vont pas dans le sens de l'orientation de notre hypothèse 1, puisque le fait d'être marié ou célibataire n'influence pas de manière significative la perception que les éboueurs ont des conditions qui entourent l'accomplissement de leur travail.

IV.2.2. Perception des facteurs liés à la vie extra professionnelle chez les éboueurs (mariés versus célibataires).

La perception que les éboueurs ont des facteurs liés à leur vie extra professionnelle et leur santé physique a été appréciée à l'aide de la statistique descriptive (moyenne et écart-type) et de l'analyse corrélationnelle.

Les résultats obtenus au niveau de la statistique descriptive (cf. tableau n°4) montrent que les scores moyens ne présentent aucune différence significative entre les éboueurs mariés et célibataires ; c'est le cas, par exemple, de la perception de la vie sociale : éboueurs mariés (moyenne : 19,88, écart-type= 3,95) versus célibataires (moyenne= 18,04, écart-type= 4,03) ; p= 0,1096, non significatif. Ces résultats ne permettent pas de vérifier notre hypothèse 2.

Ainsi, la manière dont ces éboueurs perçoivent leur vie familiale et sociale reste la même, qu'ils soient mariés ou célibataires. Cela peut se comprendre, puisqu'ils sont imprégnés des mêmes réalités sociales, du moins en ce qui concerne l'organisation de la société gabonaise basée sur l'entraide et la solidarité au sein des cellules familiales.

IV.2.3. Influence des conditions de travail des éboueurs sur l'organisation de la vie extra professionnelle et de leur santé physique (éboueurs mariés versus éboueurs célibataires).

Pour tester l'influence des conditions de travail (V.I.) sur l'organisation de la vie extra professionnelle et de la santé physique (V.D.), telle que perçue par les éboueurs de la société SOVOG, nous avons, d'abord, calculé la matrice de corrélations entre les deux variables (cj tableau n°7). Les résultats auxquels nous sommes parvenus, montrent que, dans l'ensemble, les conditions de travail prédisent mieux les facteurs de la vie extra professionnelle et de la santé physique, chez les éboueurs célibataires que chez les éboueurs mariés. En effet, on a observé qu'il y avait plus de corrélations significatives chez les célibataires (être derrière le camion benne/vie extra professionnelle : r= 0,59, p<.05 ; se blesser pendant la collecte des ordures/santé physique : r= 0,46 ; se blesser pendant la collecte des ordures/santé physique : r= 0,41, p<.05) que chez les mariés (être derrière le camion benne/vie extra professionnelle : r= 0,42, p<.05). La caractéristique de ces corrélations, c'est qu'elles sont toutes significatives.

Au regard donc de ces résultats, il est visible que notre hypothèse 3 se trouve invalidée, puisque les éboueurs, quel que soit leur statut marital, sont satisfaits de la relation entre les conditions de leur travail et l'organisation de leur vie extra professionnelle et leur santé physique. Cette relation est vécue plus positivement par les célibataires que par les mariés.

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Soulignons, par exemple que les conditions de travail des éboueurs n'entraînent aucune tension pouvant entraver l'accomplissement des activités de la vie extra professionnelle et de la santé physique, quel que soit le statut marital.

Pour affiner nos analyses, nous avons, dans le même sens, fait une analyse de la régression multiple des conditions de travail (V.I.) avec les facteurs de la vie extra professionnelle et de la santé physique (V.D.), afin d'apprécier le pouvoir prédictif de ces conditions de travail l'appréciation que ce font ces éboueurs de leur vie extra professionnelle et de leur santé physique. La synthèse de cette analyse (cj tableau n°8) indique globalement, que les conditions de travail des éboueurs constituent les meilleurs prédicteurs de l'appréciation qu'ils se font de leur vie extra professionnelle et leur santé physique chez les éboueurs célibataires que chez ceux qui sont mariés. En effet, on n'a observé aucun bêta significatif entre l'indice de satisfaction de la vie hors travail et les exigences professionnelles mesurées, chez les hôtesses mariées. Par contre, chez les mariés, la être derrière le camion benne (bêta= 0,512, f(1,23)= 8,192, p<0,008, significatif) et les se blesser pendant la collecte des ordures (bêta= 0,468, f(1,23)= 6,472, p<0,018, significatif) présentent des valeurs bêta significatives avec le même indice. Ces résultats confirment donc ceux observés au tableau n°8.

A cet égard, il apparaît que, si l'on veut prédire l'appréciation de la vie extra professionnelle, chez les éboueurs mariés, au regard des conditions du métier d'éboueurs, il faut agir sur le fait qu'ils soient derrière le camion benne à découvert et le fait qu'il peut arriver qu'il se blessent pendant le ramassage des ordures.

Dans le souci d'approfondir l'analyse de nos résultats, nous avons réalisé une analyse en composantes principales, de façon à évaluer la contribution de chaque variable testée, par rapport aux axes factoriels (cj tableau n°9). Les résultats auxquels nous avons abouti indiquent que la contribution des variables au Facteur 1 est meilleure, chez les éboueurs célibataires (6/9) que chez les éboueurs mariés (8/9) et

confortent, par conséquent, les données du tableau 8 sur la synthèse de la régression multiple.

Il est important de faire remarquer ici que toutes les contributions des variables à cet axe factoriel sont négatives et que la variable la plus saturée avec le premier facteur, chez les éboueurs mariés est vie extra professionnelle (r= -0,79, p<0,001), alors que chez les célibataires, c'est la santé physique (r= -0,84, p<0,001)

Cela laisse entendre que, bien que les éboueurs accordent beaucoup d'importance à leur vie extra professionnelle et à leur santé physique familiale, il semble que les contraintes liées à la vie de travail ne favorisent toujours ce sentiment de satisfaction. C'est ce qui explique, sans nul doute, ces valeurs négatives. Ce constat s'inscrit dans l'orientation donnée à notre hypothèse 3.

IV.2.4. Effet modérateur des caractéristiques individuelles sur la relation entre les conditions de travail et la vie extra professionnelle et la santé physique chez les éboueurs (mariés versus célibataires).

Dans le même ordre d'idées, nous avons voulu savoir si les caractéristiques individuelles avaient un effet modérateur sur la relation entre les conditions de travail et la vie extra professionnelle et la santé physique. Les résultats obtenus (cj tableau n°9), à cet égard, indiquent que la prise en compte des caractéristiques individuelles, en maintenant constante leur influence, ne modifient pas de manière significative la relation initiale entre l'appréciation que les éboueurs se font de leur vie extra professionnelle et de leur santé physique et de leurs conditions de travail, chez les éboueurs mariés. Par contre, on observe que chez les célibataires où l'on trouve des valeurs significatives, cette relation a tendance à augmenter légèrement entre vie extra professionnelle et santé physique et être derrière le camion benne, lorsqu'on maintient constante l'influence de l'âge (rs= 0,51 vs. rp= 0,52, p<.05) et à diminuer

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avec le nombre d'enfants à charge (rs= 51 vs. rp= 0,49, p<.05).

En revanche, en ce qui concerne la relation entre la vie extra professionnelle et la santé physique et se blesser pendant la collecte des ordures, on note qu'elle a tendance à accroître légèrement avec l'ancienneté (rs= 0,47 vs. rp= 0,49, p<.05) et avec le nombre d'enfants à charge (rs= 0,47 vs. rp= 0,48, p<.05).

En résumé, ces caractéristiques individuelles influent très peu sur la relation ente les conditions de travail et l'appréciation que les éboueurs se font de leur vie extra professionnelle et de leur santé physique ; mais cela paraît plus net, chez les éboueurs célibataires que chez leurs homologues mariés. Ce qui, en définitive, contredit notre hypothèse 4.

Ainsi, plus les éboueurs célibataires sont âgés, plus ils ne sont pas satisfaits des conditions de leur travail, notamment la charge qu'entraîne l'exécution de leurs tâches, sur le plan nerveux, au regard de l'accomplissement des activités de leur vie extra professionnelle. Il en est de même, à propos de l'ancienneté : plus ils sont anciens dans le poste, plus ils ne trouvent pas leurs conditions de travail compatibles avec l'organisation des activités de leur vie extra professionnelle ; pour ce qui est du nombre d'enfants à charge : il ne constitue pas une entrave à l'accomplissement des activités liées à la vie extra professionnelle, eu égard aux conditions de travail.

IV.3.1. Interprétation et discussion des résultats

Rappelons que le travail d'éboueurs comporte un certain nombre de contraintes représentées sous la forme conditions de travail. Ces conditions de travail sollicitent les capacités des éboueurs, aussi bien sur le plan physique que mental. Il s'agit alors d'étudier comment les répercussions de ces conditions de travail se font ressentir par la suite dans l'organisation de la vie extra professionnelle et la santé physique (cf. par

exemple les travaux de Queinnec et al., 1995 ; Gadbois et al., 2000). Evidemment, notre étude porte spécifiquement sur une population masculine. Ce cas paraît intéressant dans la mesure où certains hommes ont des charges familiales qui pèsent plus que celles des certaines femmes. En d'autres termes, ces charges liées à la gestion de la vie quotidienne continuent à influer sur la vie personnelle (cf. par exemple les travaux Curie, 2000 ; Royer et al., 2000). Dans ce cadre de réflexion, il semble que l'articulation de la vie professionnelle et de la vie familiale ne reste plus prioritairement le problème des femmes.

Ainsi, à la lumière de nos résultats, il ressort, dans l'ensemble, que les éboueurs mariés et célibataires ne se différencient pas de manière significative, quant à la perception qu'ils ont des conditions de travail et de leur vie extra professionnelle, contrairement à notre hypothèse 1.

Pour comprendre l'attitude qui sous-tend ce résultat, il importe de se référer peut être au mode d'organisation de la vie sociale au Gabon qui s'appuie sur la famille, au sens élargi du terme (Boussougou-Moussavou, 2004). En effet, les éboueurs, qu'ils soient mariés ou célibataires, arrivent à tempérer la charge de travail, à la maison, en recourant peut être à des suppléances, à une soeur, à une cousine ou à une copine n'ayant aucune activités professionnelle, ou encore aux enfants les plus âgés, dans l'accomplissement des tâches domestiques.

Par ailleurs, nos résultats ont montré, globalement, que les conditions de travail avaient une influence positive sur l'appréciation de la vie extra professionnelle et la santé physique chez les éboueurs ; cette influence est plus ressentie chez les célibataires que chez les mariés.

Au regard de ces résultats, deux observations s'imposent : d'abord, les éboueurs, quel que soit leur statut marital ne perçoivent pour certains surtout

63

l'accomplissement des activités de leur vie familiale et sociale. On s'inscrit ici dans le modèle de la diffusion, développé par un certain nombre d'auteurs (Barnett et al., 1992 ; Demerouti et al., 2005), qui stipulent que les expériences de la vie professionnelle ont tendance à se généraliser dans la vie hors travail, et réciproquement. Autrement dit, lorsque le travail procure une certaine satisfaction à la personne, cela affecte positivement sa vie privée, et inversement. Ce modèle se trouve donc vérifié ici, puisque la perception positive que les éboueurs ont des exigences de leur travail affecte (de manière positive) la satisfaction qu'ils ressentent dans leur vie familiale et sociale.

Ensuite, la synthèse de l'analyse de la régression multiple réalisée, en vue d'apprécier le pouvoir prédictif des dimensions de leur vie extra professionnelle, de leur santé physique et de leur condition de travail, fait apparaitre que chez les éboueurs mariés, ces trois dimensions sont saturées de manière positive et significative de l'appréciation qu'ils ont des facteurs de la vie extra professionnelle et de la santé physique avec d'une part, être derrière le camion benne (bêta=5.12 f(1.38)=5.12, p<0.00), se blesser pendant la collecte des ordures (bêta=0.48, f(1.38)=4.68, p<0.00) et d'autre part, avoir des problèmes respiratoires (bêta=0.185, f(1.38)=4.1, p<0.00), matériels utilisés non fiables (bêta= 0.230, f(1.38)=2.1, p<0.00). Les conditions de travail influencent donc significativement l'appréciation qu'ont les éboueurs mariés des dimensions de la vie extra professionnelle et la santé physique. Ce qui conforte l'étude de Duxbury, et al., (1995) qui démontrent qu' il existe un lien entre le conflit travail-famille et l'incidence de maladies physiques comme l'hypertension artérielle, l'hypercholestérolémie, les troubles gastrointestinaux, les allergies et les migraines.

En revanche, chez les éboueurs célibataires, les facteurs de la vie extra professionnelle et de la santé physique sont saturés négativement et significativement non seulement avec : être derrière le camion benne non (bêta=-8.192, f (1.38)=10.12, p<0.00), mais également avec se blesser pendant la collecte des ordures (bêta=-6.472,

f(1.38)=11.18, p<0.00). Ainsi, l'appréciation des dimensions vie extra

professionnelle et santé physique chez les éboueurs célibataires ne sont pas de nature à prédire de manière significative l'effet des conditions de travail (VI) sur les facteurs vie extra professionnelle et de la santé physique.

Enfin, l'analyse en composantes principales (A.C.P) qui nous a permis d'apprécier la contribution de chaque variable mesurée au niveau des axes factoriels, donne un aperçu des résultats obtenus à ce sujet a partir de deux facteurs (F1 et F2).

Concernant le facteur F1, il est mieux corrélé significativement avec les variables mesurées, dans les deux sous-groupes, que le facteur 2. Néanmoins, on note que ces résultats sont nettement plus importants chez les éboueurs mariés (8/9) que chez les éboueurs célibataires (6/9) et confortent, par conséquent, les données du tableau sur la synthèse de la régression multiple. Ce qui signifie que les relations que les variables des facteurs les plus corrélés constituent des variables influençant la vie extra professionnelle et la santé physique.

Soulignons, à cet égard, que la variable la plus saturée avec le premier facteur, chez les éboueurs mariés est : santé menacée » (r= -0,79, p<0,001), alors que chez les éboueurs célibataires, c'est être derrière le camion benne (r= -0,84, p<0,001).

CONCLUSION

65

Au terme de cette étude portant sur l'impact de l'activité d'éboueur et des risques professionnels sur la vie au travail et la vie hors travail, chez les éboueurs de la SOVOG, nous sommes parvenues au constat selon lequel les éboueurs quel que soit leur statut marital ne se différencient pas significativement, quant à la perception qu'ils ont des conditions de travail et de leur vie extra professionnelle. On note donc que les dimensions conditions de travail et santé physique, telles qu'elles sont perçues par les éboueurs n'exercent aucune influence significative, quant à la manière dont ils apprécient leurs conditions de travail.

Dans ce cadre d'idées, on note une certaine prévalence manifeste, de l'appréciation des conditions de travail, cette prévalence est plus ressentie chez les éboueurs célibataires que chez les éboueurs mariés. Ce qui laisse à penser que les éboueurs célibataires ont une appréciation plus positive de leurs conditions de travail et de leur vie extra professionnelle. Dans le même esprit, ces résultats indiquent que les conditions de travail influencent donc significativement l'appréciation qu'ont les éboueurs mariés des dimensions de la vie extra professionnelle et de la santé physique.

Par ailleurs, l'analyse corrélationnelle effectuée indique que, sur 9 corrélations testées sur les conditions de travail dans chaque groupe, on note chez les éboueurs mariés 1 corrélation qui présente des saturations significatives et positives avec les facteurs de la vie extra professionnelle et 3 autres corrélations qui présentent des saturations significatives et positives avec la santé physique de cette catégorie d'éboueurs. Alors que chez les éboueurs célibataires les corrélations obtenues sont négatives et ont une influence sur leur vie extra professionnelle uniquement.

Autrement dit, chez les éboueurs mariés, plus ces facteurs sont perçus positivement, plus ils atténuent leur vie extra professionnelle et leur santé physique.

C'est l'inverse qui se produit, chez les éboueurs célibataires : plus ces facteurs sont perçus négativement, plus ils ressentent une frustration au niveau de leur vie extra professionnelle et sur leur santé physique. Du reste, la synthèse de l'analyse de la Régression multiple, réalisée à cet égard, confirme ce résultat.

Enfin, l'analyse en composantes principales (A.C.P.) a révélé que le facteur conditions de travail (F1) est corrélé significativement et positivement chez les deux catégories d'éboueur. En ce sens que les éboueurs quel que soit le statut matrimonial ont une appréciation plus ou moins positive de leurs condition de travail et de leur santé physique et qui par ricocher a une influence positive sur leur vie extra professionnelle, selon le modèle diffusionniste de Barnett, 1994; Demerouti et al., 2005.

Nous sommes cependant conscients des limites de cette recherche : d'abord la faiblesse de l'échantillon, ensuite nous n'avons pas certainement cerné toutes les contraintes liées à la collecte des ordures et à l'organisation du travail, puisqu'ils sont nombreux et leur influence sur la vie extra professionnelle est pluridimensionnelle. Au regard de la complexité des facteurs sociaux pris en compte. Ce qui limite un tant soit peu la portée de nos résultats.

Mais l'originalité de ce travail réside dans le fait qu'elle permet de mieux comprendre l'activité de collecte des ordures ménagère et les risques inhérent à cette activité, elle tente d'évaluer l'influence de cette activité sur la vie extra professionnelle des travailleurs.

Quant aux perspectives de la recherche, nous pensons, par exemple, qu'il serait intéressant de combler les lacunes constatées dans cette étude, en inventoriant de manière précise les contraintes de la collecte d'ordures ménagères et en élargissant la taille de l'échantillon.






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