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Facteurs limitant l'utilisation des services de conseil dépistage volontaire (CDV) du VIH par les populations de 15-49 ans du district sanitaire de Kaya.

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par Siméon SAWADOGO
Ecole Nationale de santé Publique (ENSP) de Ouagadougou/Burkina Faso - Diplôme supérieur des attachés de santé en épidémiologie 2007
  

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INTRODUCTION

Selon KOFFI ANNAN, Le SIDA est « la véritable arme de destruction massive »1(*), car il tue plusieurs millions de personnes dans le monde. En effet, 39,5 millions de personnes vivaient avec le VIH dans le monde en 2006 dont 2,9 millions en sont mortes au cours de la même année. Parmi ces 2,9 millions de décès, 2,1 millions de personnes sont de l'Afrique subsaharienne. Ces décès représentent près de trois quarts de l'ensemble de ceux survenus dans le monde en 20062(*).

Au Burkina Faso, le nombre de disparus liés au VIH est estimé à 120003(*) en 2006 dont 70% ont un âge compris entre 15 et 49 ans.

Face à ce fléau, le Burkina Faso a entrepris des actions de riposte orientées dans un cadre stratégique de lutte contre le SIDA. Une première version a été mise en oeuvre entre 2001 et 2005 et une autre, en cours d'exécution, couvre la période 2006-2010. Ce nouveau cadre stratégique comporte 5 axes dont le renforcement des mesures de prévention de la transmission du VIH/SIDA et des IST, et la promotion du conseil dépistage volontaire du VIH4(*).

La prévention du VIH constitue un élément capital dans la politique nationale de lutte contre le VIH/SIDA. Dans l'approche actuelle de la prévention de l'infection à VIH, l'OMS5(*) préconise d'offrir le conseil dépistage volontaire (CDV) du VIH à toutes les personnes qui pourraient tirer profit de la connaissance de leur statut sérologique VIH et bénéficier notamment des progrès réalisés en matière de prévention et de traitement de l'infection à VIH.

Le CDV permet à l'individu d'adopter ou de maintenir des comportements appropriés pour prévenir l'infection à VIH ou sa transmission à d'autres individus. Il aide la communauté à combattre le déni, la stigmatisation et la discrimination qu'engendre le VIH/SIDA.

Au regard des avantages du CDV, il a été amorcé à partir de 2001 au Burkina Faso, une extension des structures chargées d'offrir des services de CDV.

Cette extension a pour vocation de permettre à la majorité de la population de connaître son statut sérologique vis-à-vis du VIH/SIDA. Celle-ci s'est déroulée en trois phases :

Dans la première phase (2001), les structures chargées d'offrir les services de CDV étaient essentiellement gérées par les associations.

Au cours de la seconde phase (2002), il y a eu l'implication progressive des agents de santé dans la gestion des structures et dans l'offre des services de CDV.

Dans la troisième phase qui est en cours, les efforts des agents de santé, des membres des associations et des ONG ont été conjugués pour offrir des prestations de CDV aux populations.

Pour souscrire à une stratégie de prévention reconnue efficace pour la lutte contre le VIH/SIDA, le district sanitaire de Kaya en collaboration avec ses partenaires sanitaires a mis en place un centre de conseil dépistage volontaire en 2004 et des sites de CDV intégrés.

Au cours de l'année 2005, 792 personnes de 15 à 49 ans ont utilisé les services de conseil dépistage volontaire du VIH au district sanitaire de Kaya6(*). En 2006, elles étaient au nombre de 7767(*). L'utilisation des services de CDV par les populations du district sanitaire de Kaya est donc faible, si nous considérons le nombre de personnes de 15 à 49 ans susceptibles de les utiliser.

Devant cet état de fait, il apparaît nécessaire pour nous de mener une étude afin d'identifier les facteurs de cette sous utilisation.

Le but de l'étude est de contribuer à réduire la propagation du VIH par l'amélioration de l'utilisation des services de conseil dépistage volontaire du VIH par les populations du district sanitaire de Kaya.

L'ossature de la présente étude est la suivante :

ü La Problématique

ü La revue de la littérature et le cadre conceptuel

ü La méthodologie

ü Les résultats de l'étude

ü Les recommandations.

I. LA PROBLEMATIQUE

1. L'énoncé du problème

Les différents pays ont de plus en plus reconnu que le conseil dépistage volontaire du VIH est très important pour combattre la pandémie du SIDA. Sans accès aux services de CDV du VIH, les populations ne peuvent pas connaître leur statut sérologique vis-à-vis du VIH/SIDA. La connaissance du statut sérologique VIH leur permet de se protéger, de protéger les autres mais aussi de pouvoir bénéficier d'une prise en charge adéquate en cas de séropositivité.

En dépit des avantages inhérents à l'utilisation des services de CDV, moins de 10 % de la population connaissaient leur statut sérologique VIH en 2001 en Afrique subsaharienne8(*).

Au Burkina Faso, l'utilisation des services de CDV n'est pas meilleure. En effet, seulement 4% de la population ont pu bénéficier du conseil dépistage volontaire du VIH au cours de l'année 20019(*).

Pour remédier à cette situation, des actions ont été entreprises au plan national afin de décentraliser et de vulgariser les services de CDV. Celles-ci sont notamment :

Ø L'élaboration et la ventilation du document de normes et directives en matière de CDV ;

Ø La création du PAMAC, structure chargée de la coordination des actions du monde associatif et communautaire, de l'organisation des activités de CDV et d'appui aux associations qui oeuvrent dans le domaine de la lutte contre le SIDA ;

Ø Le développement des services de CDV.

Ainsi en 2006, le nombre de structures offrant les services de CDV a atteint 116 dont 83 intégrés aux formations sanitaires10(*).

Toutefois, l'utilisation des services de CDV est restée faible au Burkina Faso. En effet, sur une population susceptible de faire le test de dépistage volontaire du VIH estimée à 4 964 30011(*) en 2006, seulement 5% ont pu le faire1(*)0.

Dans le district sanitaire de Kaya, le pourcentage de la population utilisant les services de CDV reste en deçà des attentes. En 2005, pour une population de 15 à 49 ans estimée à 153454 personnes, environ une personne sur cent (1%) a utilisé les services de CDV6(*).

Pourtant, l'objectif national est d'atteindre un taux de couverture en matière de CDV de 80% de la population d'ici 20104(*).

Au regard de ces résultats non satisfaisants, des mesures ont été prises en collaboration avec les partenaires de la santé du district sanitaire de Kaya pour améliorer la situation. Ces mesures sont entre autres :

· La formation des agents de santé en counseling du VIH et le renforcement du nombre de prestataires au CCDV de Kaya ;

· L'organisation en 2005 et en 2006 des campagnes de dépistage du VIH dans la population générale et en milieu scolaire ;

· L'exécution d'activités de CDV du VIH dans certaines formations sanitaires;

· l'amélioration de l'accès à la prise en charge par les ARV ;

· la prise en charge des infections opportunistes par les agents de santé ;

· La gratuité du test sérologique du VIH.

Nonobstant les efforts consentis, la situation ne s'est pas améliorée en 2006 : la proportion des populations de 15 à 49 ans ayant utilisé les services de CDV était d'environ 1% ; Soit 776 personnes de 15 à 49 ans sur les 155294 personnes susceptibles7(*).

Ces statistiques laissent apparaître le constat suivant : l'utilisation des services de CDV par les populations de 15 à 49 ans du district sanitaire de Kaya est faible.

Cependant, SAWADOGO Jean Noël (2003) dans son étude intitulée : « Dépistage sérologique volontaire du VIH : connaissances et attitudes des jeunes dans la commune de Kaya12(*) » a révélé que 91,8% des jeunes interrogés avaient des informations sur le CDV. De plus, 80% des enquêtés se disaient prêts à faire le test de dépistage du VIH si on le leur proposait.

Pourquoi donc cette réticence des populations du district sanitaire de Kaya vis-à-vis des services de CDV ?

Est-elle liée à une insuffisance de connaissances des prestataires en matière de CDV ou à une insuffisance d'organisation et de fonctionnement des services de CDV ?

Existe-t-il des facteurs liés aux populations de 15 à 49 ans qui expliquent cette réticence ?

Quelles que soient les raisons qui expliquent cette situation, il faut agir afin de pouvoir atteindre l'objectif de couverture de 80% de la population en matière de CDV d'ici l'an 2010 mais aussi d'éviter que les conséquences de la non utilisation des services de CDV ne soient grandes pour les populations.

Celles-ci ont diverses manifestations :

§ Au niveau individuel et communautaire, la non utilisation des services de CDV entraîne une propagation sournoise du VIH, une augmentation de la stigmatisation et une réinfection des individus déjà atteints par le VIH.

§ Au plan sanitaire, les individus seront vus dans les structures de soins au stade SIDA. La prise en charge médicale de ces personnes devient donc difficile à ce stade. La résultante est la charge de travail élevée pour les agents de santé, l'augmentation de la morbidité et de la mortalité liées au VIH dans la population générale et en particulier chez les populations de 15 à 49 ans. De plus, la non utilisation des services de CDV par les populations de 15 à 49 ans occasionnera une absence de statistiques fiables pour la planification d'actions efficaces de lutte contre le VIH/SIDA parce que la prévalence du VIH/SIDA aura été sous estimée.

Il est donc important que les populations utilisent les services de CDV afin d'assurer une protection efficace de leur santé et de bénéficier d'une PEC médicale et psychosociale en cas de séropositivité avérée par le test de dépistage du VIH.

Pour apporter notre contribution à un aspect important de la lutte contre le SIDA qui est la prévention, nous avons entrepris une étude afin d'identifier les facteurs de la faible utilisation des services de CDV par les populations du district sanitaire de Kaya.

2. La justification de l'étude

La promotion du dépistage volontaire du VIH est une des priorités du cadre stratégique 2006-2010 de lutte contre le VIH/SIDA au Burkina Faso. C'est la raison pour laquelle nous voulons à travers cette étude, apporter notre modeste contribution à celle-ci.

De plus, en tant qu'acteur ayant servi au district sanitaire de Kaya pendant 5 ans nous estimons que les facteurs de risque d'infection tels le lévirat, le sororat, le mariage forcé, les cas d'IST existent dans le district sanitaire de Kaya et que les conséquences de la non utilisation des services de CDV seront grandes pour les populations. Il nous paraît opportun de mener cette étude, afin d'aider à promouvoir l'utilisation des services de CDV qui est le point de départ d'une prévention et d'une PEC adéquate.

Nous prenons les personnes de 15 à 49 ans car ce sont des personnes sexuellement actives et donc susceptibles de contracter le VIH/SIDA.

Les normes13(*) en matière de CDV préconisent qu'il faut un âge minimal de 18 ans pour un consentement éclairé. Toutefois, nous ne devons pas perdre de vue le fait que l'âge de 15 à 20 ans est un âge d'initiation à la sexualité et les risques de contamination du VIH ne manquent pas à cette période. En témoigne, le taux de séroprévalence de 1,3% obtenu lors des campagnes de dépistage volontaire du VIH à l'université de Ouagadougou et dans les établissements secondaires de la même ville en 200414(*).

Il est important pour nous de nous intéresser aussi à cette tranche d'âge qui est très susceptible d'être infectée par le VIH/SIDA et les IST.

Enfin, notre étude est la mise en application du cours théorique de recherche opérationnelle qui nous a été dispensé lors de la formation à l'Ecole Nationale de Santé Publique (ENSP).

Ce sont autant de raisons qui nous motivent à vouloir étudier les facteurs limitant l'utilisation des services de conseil de dépistage volontaire du VIH par les populations de 15 à 49 ans du district sanitaire de Kaya.

3. La question de recherche

Quels sont les facteurs limitant l'utilisation des services de conseil dépistage volontaire (CDV) du VIH par les populations de 15 à 49 ans du district sanitaire de Kaya ?

4. Les hypothèses de l'étude

1. Les insuffisances de connaissances des prestataires en matière de CDV limitent l'utilisation des services de CDV par les populations.

2. Les facteurs liés aux populations de 15 à 49 ans entravent l'utilisation des services de CDV par les populations.

3. Les insuffisances d'organisation et de fonctionnement des services de CDV constituent un obstacle à l'utilisation de ces services par les populations.

5. Le but de l'étude

Contribuer à la réduction de la propagation du VIH/SIDA par l'amélioration de l'utilisation des services de conseil de dépistage volontaire du VIH par les populations de 15 à 49 ans du district sanitaire de Kaya.

6. Les objectifs de l'étude

6.1 L'objectif général de l'étude

Etudier les facteurs limitant l'utilisation des services de conseil dépistage volontaire du VIH par les populations de 15 à 49 ans du district sanitaire de Kaya.

6. 2 Les objectifs spécifiques

1. Apprécier les connaissances des prestataires en matière de CDV

2. Identifier les facteurs liés aux populations qui entravent l'utilisation des services de CDV

3. Décrire l'organisation et le fonctionnement des services de CDV au district sanitaire de Kaya

4. Recueillir les suggestions des prestataires des services de CDV et des populations de 15 à 49 ans pour améliorer l'utilisation des services de CDV

5. Faire des recommandations pour améliorer l'utilisation des services de CDV

* 1, Afrique Relance, Interview accordée par KOFFI ANNAN à la radio BBC, Vol.17#4, janvier 2004, page 4.

* 2 ONUSIDA, le point sur l'épidémie du VIH/SIDA en 2006, Génève, Suisse, décembre 2006, 96 pages

* 3 SP/CNLS-IST, Bilan général de la mise en oeuvre du plan national multisectoriel de lutte contre le VIH/SIDA de l'année 2006, Ouagadougou, février 2007, pages 18-9

* 4 SP/CNLS-IST, cadre stratégique de lutte contre le SIDA et les IST 2006-2010, Ouagadougou, 2005, 107 p.

* 5 OMS, élargir l'accès au test et au conseil dépistage du VIH, rapport d'une consultation, Génève, Suisse, 30 pages

* 6 District sanitaire de Kaya, rapport sur les activités de CDV, Kaya, 2005, 15 pages

* 7 District sanitaire de Kaya, rapport sur les activités de CDV, Kaya, 2006, 12 pages

* 8 DFID, community based approches to voluntary testing, report, Durban, South Africa, 12 juillet 2000, 36 p.

* 9 OMS, couverture de certains services de prévention et de soins du VIH/SIDA dans les pays peu développés en 2001, Genève, janvier 2003, 38 pages

* 10 SP/CNLS-IST, rapport sur les activités de dépistage volontaire du VIH, Ouagadougou, déc. 2006, 30 p.

* 11Estimation obtenue à partir de la population résidente totale de 2006 du Burkina Faso multipliée par 35,6 % qui représente la proportion des populations de 15 à 49 ans

* 6 District sanitaire de Kaya, rapport sur les activités de CDV, Kaya, 2005, 15 pages

* 4 SP/CNLS-IST, cadre stratégique de lutte contre le SIDA et les IST 2006-2010, Ouagadougou, 2005, 107pages

* 7 District sanitaire de Kaya, rapport sur les activités de CDV, Kaya, 2006, 12 pages

* 12 SAWADOGO J.N., Dépistage sérologique volontaire du VIH : connaissances et attitudes des jeunes dans la commune de Kaya, mémoire de fin d'études, ENSP, 2003, 105 pages

* 13 SP/CNLS-IST, Normes et directives nationales de conseil dépistage volontaire, Ouagadougou, 2003, 90 pages

* 14 Observateur paalga n°6301 du jeudi 30 décembre 2004, entretien réalisé par SY Aboubacar avec le ministre de l'enseignement secondaire, supérieur et de la recherche scientifique. http://www.loservateur.bf/Oarticlearchive.php3?id_article=2170

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault