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Evolution et incidences de la Technologie sur les pratiques de communication en France des années 1960 à nos jours

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par Quinchy RIYA
Université Paris-Est Marne-La-Vallée - M1 2011
  

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TABLE DES ANNEXES

ANNEXES :

- 1.

- 2.

http://www.ina.fr/video/I10026960/vge-a-propos-des-difficultes-des-francais-et-des-immigres.fr.html

- 3

(Interview B. Thieulin)

Entretien réalisé le Lundi 11 Avril 2011 en compagnie de Benoît Thieulin

Quinchy Riya : Pouvez-vous me donner votre définition du Web 2.0 ?

Benoît Thieulin :

Le Web 2.0, c'est le web social, c'est-à-dire, le web pris sous l'angle des activités que l'on peut faire dans le nouvel espace social, que constitue Internet. Il vient compléter le « web 1.0 », web dans lequel on voyait plus une logique de push et essentiellement informationnelle. Dans le web 2.0, on est dans une déclinaison très riche, foisonnante et qui n'est par ailleurs pas encore finie. Il met en oeuvre des activités sociales au sens large du terme, qui passent par de l'interactivité plus prononcée, des productions de contenus plus importantes et une logique d'échanges à grande échelle. Finalement, des activités qui existent dans le monde réel mais que l'on applique sur le web.

Q.R Selon-vous, dans quelles mesures, le Web 2.0 a-t-il modifié les pratiques d'échanges par rapport à Internet ?

B. Thieulin :

Dans le web 2.0, Internet se reconnecte à la vie réelle. En réalité, on assiste beaucoup plus à une déclinaison des activités analogiques dans le monde numérique. Par ailleurs, il est évident qu'il existe des usages propres au monde numérique et évidemment, il y a de nouveaux usages déclinés du monde analogique. Cependant, ce processus s'est construit en trois temps différents. Il y a d'abord, le fait que l'on décline des choses dans le monde numérique qui proviennent du monde analogique (ex : l'achat de produits sur Internet qui s'effectue différemment, à cette activité s'ajoute une logique de réflexion plus importante) et que l'on fait globalement pareil. Il faut également penser que l'on décline d'abord et que les effets se font ressentir ensuite mais qu'il existe aussi des activités propres au monde numérique.

Q.R : Vous avez fait partie de l'équipe qui s'est chargée de la net -campagne de Ségolène Royale lors de l'élection présidentielle de 2007. Quel a été précisément votre rôle lors de cette campagne ? De votre point de vue, qu'est-ce que le web et les réseaux citoyens ont-ils concrètement apportés à cette campagne ?

Benoît Thieulin :

J'ai dirigé la campagne Internet. Cela signifie que j'étais responsable des sites Internet et des équipes bénévoles ou professionnelles qui travaillaient lors de cette campagne. Je précise, que j'ai été le gérant de la campagne numérique de Ségolène Royal au cours des primaires Socialistes de 2006 et de l'élection présidentielle de 2007. Concrètement, le web et les réseaux sociaux ont essentiellement apportés deux choses. La première, c'est que cela a permis d'organiser des débats à un niveau de popularité et de contribution relativement important, il y a eu environ des dizaines de milliers de contributions et plusieurs centaines de milliers, voir de millions de personnes qui ont participé aux débats. Il y a donc eu un effet très fort. On a outillé le débat et la consultation publique sur Internet, et Je crois que sans Internet, on aurait eu beaucoup de mal à le faire. La deuxième, est très «  Obamienne » dans le sens où un des enjeux était d'utiliser Internet pour organiser la campagne. Certes, la campagne numérique de S. Royal, très embryonnaire, précède celle de Barack Obama mais l'esprit d'une mobilisation à très grande échelle est similaire. En quelques mois, on a réussis à « quadriller » le territoire des représentants des intérêts de Ségolène Royal, c'est-à-dire, les comités locaux. En l'espace d'à peine six mois, on en a eu plus de cinq cent sur tout le territoire de la république. Ce travail de coordination à partir d'Internet a été très important. Au final, nous avons eu à modérer et à maîtriser ce foisonnement de participation ou encore à gérer les conflits. Vraisemblablement, on a eu à organiser une chose qui se gérait de manière complètement décentralisée. Sans le net, toute cette mobilisation n'aurait jamais été possible et S. Royal, n'aurait jamais pu en l'espace de six mois créer un mouvement politique présent dans tous les territoires de la France. Concrètement, avec le coup de téléphone et le fax, il aurait fallu trois ans, alors que nous avons réalisé tout ce travail en à peine six mois. Internet est un vrai accélérateur et la candidature de S. Royal aurait été difficile sans cela.

Internet a été aussi important dans la mesure où il a permis de porter un discours au sein des médias traditionnels, qui permettait de faire venir les gens.

En réalité, il y a une filiation entre la campagne de S. Royal et celle B. Obama. En réalité, je me suis inspiré de ce que j'ai vu aux Etats-Unis mais aussi de ce que j'ai vu en France en 2005 (concernant la mobilisation qui précède le référendum sur la constitution européenne en 2005, ndlr). Dans le web généraliste et dans le web politique, on passe son temps à regarder ce que les autres font. Il y a une sorte de culture du «  mix » et du « remix », tout cela, puisant aux mêmes sources. Je ne pense pas que de la part d'Obama il y ait eu d'inspiration intentionnelle vis-à-vis de ce que nous avons pu faire. Certes, nous avons apporté notre pierre à la construction d'un web politique beaucoup plus porté sur les débats, alors que dans la campagne d'Obama, la dimension de  débat était beaucoup plus absente. D'ailleurs, S. Royal poursuit encore à ce jour, ce travail porté sur le débat public. C'est vrai aussi, nous avons aussi tâté la question «  organisationnelle », même si nous sommes allés beaucoup moins loin qu'Obama, mais il a aussi surtout beaucoup regardé ce qu'avait fait Howard Dean. Clairement, l'expérience de S. Royal raisonne avec celle de B. Obama et il y a un lien évident entre ces deux campagnes, lorsqu'elles sont remises dans le contexte, de ce que l'on pourrait qualifier, de «  l'archéologie du web politique ».

Q.R : Selon vous, comment expliquez-vous aujourd'hui, le fait que les personnalités politiques envahissent de plus en plus la toile ? A partir de quand avez-vous pris conscience que le net pouvait constituer un outil de médiation politique? 

B. Thieulin :

Depuis 2005, on dit du web qu'il est un « outil de médiation politique », et des exemples le prouvent. A titre personnel, je suis convaincu qu'il l'est depuis bien avant cette date. Lors du référendum sur la constitution Européenne de 2005, plusieurs débats (à partir de fin 2003-2004, ndlr) précédent le référendum se sont fait sur Internet. Le débat public s'est joué sur Internet lors de cette période. Cela fait donc déjà 6-7 ans que le web est devenu un véritable outil de médiation politique. On sait, on a pris conscience qu'Internet est devenu un lieu de médiation politique fort. D'ailleurs, c'est beaucoup plus un lieu de médiation du débat public qu'un lieu de médiation des hommes politiques.

Les politiques Français ne sont pas si en retard que cela car les politiques sont très calés sur la demande, en réalité, ils sont régulièrement en campagne et plutôt souvent en contact l'électorat, ils savent donc l'importance de la maîtrise des outils.

Dans le web politique Français, on retient une date, qui a eu un retentissement sans précédent. C'est l'année 2005, qui correspond à celle du référendum sur le traité de la constitution Européenne, à cette époque, beaucoup d'hommes politiques s'aperçoivent très vite qu'il y a un bouleversement qui s'opère avec le net. Contrairement à ce que l'on peut penser sur le soit disant «  retard Français » (Sur les nouvelles technologies, ndlr.), les Français ont eu très tôt cette maturité et cette prise de conscience de l'impact du web sur la vie politique. Pour moi, la première fois dans l'histoire que le web a changé la donne politique dans un pays, c'est en 2005 et c'est en France lors du traité sur la constitution Européenne, et cela bien avant les Etats-Unis. Pour preuve, Howard Dean, qui fût l'un des premiers à user du web dans le cadre d'une campagne électorale, n'a pas remporté les élections primaires de son parti en 2003.

En 2005-2006, il y a deux évènements majeurs dans l'histoire du web politique. Le premier, c'est le T.C.E. (Traité sur le fonctionnement de l'Union Européenne, ndlr), je pense sincèrement que c'est le web qui a contribué à le faire perdre, d'ailleurs on voit avec cet exemple, l'impact que peut avoir le web politique. Le deuxième, c'est en 2006, en France, lorsque S. Royal gagne les primaires socialistes avec Internet. Donc, le Web politique Français est donc très en avance pour plusieurs raisons qui tiennent essentiellement au fait que la France est un pays très équipé, la France a certainement le marché Internet le plus dynamique au monde et le réseau très haut débit est plus présent en France qu'aux Etats-Unis, il y a également une diffusion en France des pratiques qui est très élevée. Autre raison, le poids et la passion politique en France expliquent aussi cette avance. Si l'on combine le dynamisme du marché Français à cette passion pour la vie politique Française, on peut expliquer et comprendre pour quelles les raisons les deux évènements majeurs du web politique se sont passés en France.

En revanche, sur la pratique des hommes politiques, nous sommes un peu en retard, cela tient à des raisons sociologiques bien identifiées, les élites politiques Françaises sont vieillissantes plus que dans les autres pays. La moyenne d'âge des hommes politiques Français et à peu près de 20 ans supérieure à la moyenne d'âge des élites politiques Américaines ou Anglaises. Q.R : D'après une étude menée par le politologue Thierry VEDEL, qui questionne la notion de « fracture civique », étude parue dans le Monde de Juin 2010, T.VEDEL conclue que « les médias traditionnels constituent encore aujourd'hui, le principal terrain d'information sur la vie politique » (en dépit de la place grandissante qu'occupe le web actuellement). Un an après, êtes vous d'accord avec ces conclusions ? Estimez-vous, qu'Internet soit devenu un outil absolument essentiel en démocratie ? Comment mesurez-vous l'impact du net sur la vie politique française ?

B. Thieulin :

Pour commencer, je ne suis pas en total accord avec lui sur le sujet. Pour cette question, le «  oui » ou « non » n'est pas suffisant. Il faut voir le rôle de chacun des médias et c'est là-dessus que je trouve que les conclusions qui émergent de cette étude restent très sommaires. La télévision, tout comme la radio mais dans une bien moindre mesure, reste le média qui impose l'agenda politique, cela est indéniable. Si la télévision évoque un sujet, il y a de fortes chances pour qu'on en parle, en revanche, si la télévision n'en parle pas, il y a moins de chances pour qu'on en parle, c'est un fait. Pour autant, s'il y a des décalages énormes entre les médias traditionnels et ce que l'opinion veut voir inscrit à l'agenda médiatique, il peut y avoir conflit. Par exemple, l'affaire de l'EPAD avec Jean Sarkozy ou encore l'affaire Polanski. En réalité, quand il y a d'énormes décalages entre ce que la société souhaite voir discuter et ce que les médias font, il peut y avoir l'émergence d'un nouvel acteur via Internet. Bien sûr que la télévision reste dominante mais elle peut voir son rôle de prescripteur de l'agenda politique et médiatique être supplanté lorsque les conflits sont trop énormes.

Autre question, Est-ce que le débat public se passe à la télévision, dans la presse traditionnelle ou sur Internet ? Moi, je crois qu'il n'y a pas de réponse univoque. La télévision c'est les J.T, les talk-shows et les émissions politiques. Les reportages font entre 50 secs et 1mn30 et la moyenne des citations des hommes politiques dans ces reportages c'est entre 5 et 10 secs. Autant dire que, pour couvrir un débat public, c'est très court. On peut certes imposer un sujet mais on aura du mal à comprendre les prises de positions générales des acteurs et on aura également du mal à se faire une idée dans un format si réduit. Donc, la télévision reste la prescriptrice de l'agenda politique mais elle frustre le besoin de débattre, c'est donc ailleurs que le débat se structure. Le format des J.T n'est pas calibré pour la parole politique. Pour les talk-shows, c'est pareil, même si vous disposez d'un tout petit peu plus de temps pour vous exprimer. Enfin, les émissions politiques, elles, touchent beaucoup moins de gens et restent finalement que du débat par procuration. Par exemple, quand je regarde «  Ce soir ou Jamais », je ne discute pas mais je me projette dans les discussions des autres, ce n'est pas complètement du débat public, la télévision a donc un rôle.

Aujourd'hui, je crois que le débat public se passe beaucoup sur Internet. D'abord, des études le prouvent, notamment celle de l'IFOP de 2009, qui indique que désormais une majorité de Français s'informe sur la vie politique par le biais d'Internet. Et puis, par ailleurs, Internet est le lieu de l'hyperspécialisation, de la structuration par communauté, etc. C'est donc là que la précision du débat public se porte puisqu'il n'y a pas de limite de volume notamment. En réalité, je ne suis pas contre ce que dis T. VEDEL mais j'appose une réponse un peu plus compliquée. Pour moi, la télévision conserve son rôle de prescripteur de l'agenda politique et médiatique, encore que ce rôle là, est encadré par les nouveaux médias. En revanche, je ne pense pas que ce soit le lieu où on débat le mieux car le débat à lieu sur Internet. Le débat sur Internet est aujourd'hui remédié, contrairement à ce qui pouvait se faire, il y a 4 ou 5 ans. Il est remédié, notamment par les nouveaux médias, venant des anciens médias (lemonde.fr, liberation.fr...). Le débat public a lieu dans un écosystème un peu nouveau et là dedans Internet joue un rôle clé.

Je pense également qu'Internet est devenu un outil essentiel de la démocratie. Une grande partie du débat public à lieu là mais il n'a pas que lieu là et les sujets ce n'est pas sur le web qu'ils les créent, ils prennent bien naissance hors du web. Il y a donc un équilibre mais qui demeure encore en construction. Finalement, Internet est un média d'approfondissement.

En outre, Internet à déjà modifié les formes de la vie politique Française. En réalité, il est très difficile de mesurer et de quantifier précisément l'impact du web sur la vie politique mais on peut dire que, sans le mesurer, il est indéniable qu'il joue un rôle important. A divers titres notamment, sur les pratiques politiques, les hommes politiques sont aujourd'hui obligés à beaucoup plus de transparence d'une part et à plus de cohérence d'autre part et Internet y a contribué mais ça n'est pas qu'Internet qui a provoqué cela. Je pense également qu'Internet a joué aussi un rôle sur les hommes politiques au niveau des valeurs, Internet a porté des valeurs, qui impactent aussi la politique, par exemple, la coopération, la coproduction, l'échange, des valeurs qui finalement, proviennent du projet historique de la création d'un réseau tel qu'Internet. Les citoyens ont également beaucoup plus accès aux informations, ils peuvent plus facilement consulter, se réunir discuter et se rencontrer, il y a également des effets sur la manière dont les politiques s'adressent aux gens, leur façon de gérer leurs propres pouvoirs, sur la manière dont cela conscientise d'avantage les participants des débats. Finalement, Internet a joué sur plein de plans différents.

Q.R : D'après vous, comment aujourd'hui les militants digèrent-ils le discours des personnalités politiques sur le net ? Quelles différences pensez-vous qu'il existe, sur la réception du discours en comparaison avec les médias traditionnels ?

B. Thieulin :

Pour moi, l'expression «  communication politique » ne correspond pas à grand chose. Ayant habité plusieurs années en Asie, seuls les occidentaux séparent le fond et la forme. J'ai du mal avec l'idée de me dire qu'un discours moyen ou des idées franchement mauvaises, mais bien habillées, peuvent, avec une bonne stratégie, inciter à l'adhésion, cela me pose sincèrement un problème d'éthique. Pour toutes ces raisons, je déteste le terme de « communication politique ». Ceci étant dit, se poser la question de savoir comment les personnalités politiques utilisent le net, réduit le net à un outil de marketing. Avant toute chose, Internet est avant tout un lieu de débat public, l'exemple de 2005, nous montre que depuis cette date, les politiques ont investis la plateforme. En réalité, l'évolution du net les oblige à plus de transparence et de cohérence. En effet, aujourd'hui, indéniablement, les hommes politiques doivent être présents sur les réseaux sociaux, ils doivent aussi réfléchir à mieux les utiliser et c'est plutôt une bonne chose. Maintenant, peut-on parler d'une révolution ? Je ne crois pas. C'est vrai, c'est intéressant mais cela reste marginal, c'est un outil de plus dans la communication mais il ne faut pas le magnifier car on perdrait de vue l'essentiel qui est qu'aujourd'hui Internet structure les débats publics comme peu d'autres endroits. Les gens regardent évidemment beaucoup plus la télévision mais les informations qui y sont délivrées sont d'une simplicité très sommaire.

Q.R : Dans l'ouvrage de Thierry CROUZET «  Le Cinquième pouvoir : Comment Internet Bouleverse la politique » (2007), l'auteur analyse l'émergence d'internet comme un nouveau pouvoir et établit le constat qu'on assiste à une « décentralisation de la puissance politique ». Etes-vous d'accord avec ce point de vue et très rapidement comment analysez-vous l'émergence d'internet ?

B. Thieulin :

Je pense en effet qu'Internet octroie plus de pouvoir aux citoyens pour s'organiser. Oui, Internet accompagne ce mouvement «  d'empowerment » de la société plus que ce mouvement de décentralisation. Cela peut aussi permettre, et Obama l'a montré, de pouvoir aussi reconstruire une organisation solide, il y a donc un double mouvement. La décentralisation que permet Internet permet, si j'ose dire, également une recentralisation. Obama a réussit à créer une pyramide très structurée, très hiérarchique composée de plusieurs millions de personnes qui le soutiennent, cela est autant un mouvement de recentralisation que de décentralisation. Ce que je veux dire, c'est que cela redonne du pouvoir à la société mais cela permet également à la politique de pouvoir restructurer des organisations que personnes n'avait réussit à fédérer jusque là. Donc Internet redonne du pouvoir aux gens mais cela permet aussi de donner du pouvoir aux hommes politiques. Par exemple, B. Obama est parvenu à soulever plus de 700 millions de $ rien que sur Internet, on voit avec cet exemple qu'Internet donne donc aussi du pouvoir aux politiques.

Q.R : Concernant les pratiques des Français, Comment analysez-vous, le fait que le web permet, selon certains bloggeurs et auteurs, « de faire de la politique autrement » ?

Tout à fait, j'en suis convaincu.

Q.R Vous avez analysé de près la campagne électorale du candidat Barack Obama en 2008. Le rapport Terra Nova datant de Janvier 2009, souligne l'idée que, cette campagne électorale s'est beaucoup jouée sur le web et que la force de celle-ci aura été de pouvoir passer d'une mobilisation virtuelle à une mobilisation réelle. En quelques mots, selon-vous, quelles ont été les forces et les faiblesses de cette campagne et quelles sont les principaux enseignements que vous en tirez ?

B. Thieulin :

Il n'y a pas eu beaucoup de faiblesses. La campagne d'Obama a su innover sur le plan organisationnel, il a su efficacement utiliser Internet. Il y a eu une campagne tout court mais qui s'est gérée à partir d'Internet mais sur des terrains qui peuvent être liés à Internet ou à l'inverse pas du tout, c'est cela la grande nouveauté. Il a certes dominé les réseaux sociaux mais cela reste en réalité anecdotique. Les faiblesses se trouvent plus dans ce qui a suivi que dans la campagne elle-même. Obama innove en 2008 mais il s'est fait vite rattraper sur le terrain du système de santé, sur ce sujet, Obama, ne parvient pas à dominer les réseaux sociaux. En fait, Obama ne mobilise pas de la même façon en étant au pouvoir.

Q.R : En 2009, vous avez participé à la campagne d'Europe Ecologie, dans le cadre des élections Européenne, lors de cette campagne, quel a été votre rôle ? Qu'est-ce que le web a-t-il permit ? L'influence de la campagne Obama a-t-elle été présente ?

B. Thieulin :

Deux conclusions fortes ont été faites de la mission Terra Nova sur la campagne Obama. La première, c'est les primaires et la deuxième c'est la Coopol. Le rapport fût donc efficace puisque deux ans après la création de ce rapport, les principales recommandations ont été mises en oeuvre. L'influence de la campagne Obama sur la France a été forte.

Q .R : Pensez-vous que la sphère politique accorde autant d'importance aux NTIC qu'elle peut en accorder aux médias traditionnels en termes de communication politique ? Pensez-vous qu'il existe une forme de continuité dans les pratiques ou qu'au contraire il existe une réelle rupture ?

B. Thieulin :

Oui, elle y consacre plus de temps qu'avant mais elle y consacre moins de temps que pour les médias traditionnels et elle a bien raison. Cependant, il faut être précis. Par exemple, D. Strauss-Kahn et S. Royale vont au J.T de 20h mais il est normal qu'ils consacrent plus d'énergie et de temps pour passer au 20h ou d'avoir une Interview dans «  Le Monde » que d'animer leur page Facebook. Il y a près de 500 000 élus en France, combien ont accès au J.T ? Combien ont droit d'avoir une Interview dans «  Le Monde » ? Quand on dit ça, il faut préciser lesquels. Quand on est ministre ou président il est normal de privilégier le 20h plutôt que sa page Facebook mais lorsqu'on est député et qu'on n'a pas accès aux grands médias, il faut en revanche là, être plus attentif aux réseaux sociaux. Là encore, il n'y a pas de réponse univoque, la réponse est complexe. Tout le monde n'est pas logé à la même enseigne, il y a une longue traîne de la politique et pour certains hommes politiques, il est certainement plus utile de penser à Facebook que de penser au 20h où ils n'iront pas.

Q.R : Quelle place accordez-vous aux réseaux sociaux (Facebook et Twitter) aujourd'hui (en termes de médiation politique) ? Selon vous, quels impacts ceux-ci peuvent-ils avoir sur la production du discours de la part des personnalités politiques? Quelles nouvelles formes de pratiques avez-vous observé sur ces plateformes ?

B. Thieulin :

Il est certain que les hommes politiques sont plus vigilants dans la production du discours. La difficulté aujourd'hui, c'est qu'Internet met sur un même plan des niveaux de discours très différents. Internet écrase dans le temps et dans l'espace toutes les choses et donne l'impression que tout se mélange mais ça n'est pas le cas. Les hommes politiques ont eu beaucoup de mal à gérer cet aspect du web. En fait, je crois qu'il s'agit surtout d'un apprentissage.

Q.R : Pensez-vous à des nouvelles formes du marketing politique ? D'après vous, quelles sont les évolutions qu'il pourra connaitre?

B. Thieulin :

Les hommes politiques vont de plus en plus utiliser Internet comme support pédagogique, c'est-à-dire, qu'on utilisera plus Internet pour expliquer la politique qu'on fait ou qu'on souhaite faire. Cela provient du fait que la télévision, une fois de plus, ne se prête pas à ce genre d'exercice. Je pense que les gens vont de plus en plus prendre le temps d'aller sur Internet pour comprendre la politique, donner leur point de vue et l'expliciter.

Q.R : Les blogs tenus par les personnalités politiques deviennent de plus en plus courant, ils témoignent d'une évolution importante et de l'ancrage de nouvelles pratiques, liées au web 2.0. Par ailleurs, ils constituent des espaces d'expressions alternatifs au sein desquels la forme et le fond du discours tranchent avec celui tenu au sein des grands médias traditionnels (télévision et radio). Estimez-vous que ces blogs occupent un rôle central dans une stratégie de communication ?

B. Thieulin :

Il y a eu une bulle des blogs, on est passé par cette bulle. La grande période de la blogosphère, c'est 2005, 2006, 2007, aujourd'hui les blogs comptent moins. Pour autant, disparaissent-ils ? Non, ils se superposent. La blogosphère est en réalité un lieu d'expertise. Je ne pense pas qu'ils utilisent les blogs comme un outil de débat. En réalité, ces blogs sont lus car ils sont relayés par les réseaux sociaux mais ce n'est pas le premier lieu d'échange d'informations.

(Entretien réalisé par Quinchy RIYA le 11/04/2011 dans les locaux de la Netscouade, Paris XIIème.)

4

Réseau social/ Critère

Nb de membres ( en millions ou milliers)

Date de création

Utilisation

Fonctions spécifiques

La Coopol

25 000

2010

Perso/Pro

Site de partage et lieu de débat pour les militants et les sympathisants de gauche.

Les créateurs du possible

10 000

2010

Perso/pro

Lieu de discussions et de propositions des militants et sympathisants de droite.

MySpace

150M

2003

Perso/pro

Espace Web personnalisé pour chaque membre qui permet d'héberger des créations, notamment musicales.

Facebook

500M

2004

Perso/pro

Nombreuses applications et API développées.

Twitter

75M

2006

Perso/pro

Retransmission d'un message. Nombreuses applications développées autour.

Légende : Les chiffres donnés dans ce tableau datent de l'année 2010.

5. Rapport Terra Nova sur la campagne de Barack Obama :

www.blg-associations.com/index.php?2009/01/21/116-rapport-de-lafondation-terra-nova-sur-la-campagne-barack-obama-la-campagne-de-mobilisation

6.

7.

8.

9.

10.

11.

12.

13.

13 bis.

14.

14 bis.

15.

15 bis.

16.

16 bis

17- Tableau.

Site

P.S

U.M.P

Extrême G.

Extrême Droite.

Services proposés

Lettres d'information, abonnement en ligne aux revues pour les adhérents, téléchargement de dossiers, communiqué boutique

Newsletter, e-boutique, téléchargement de dossiers en ligne, communiqués, interviews, vidéos, abonnement aux revues par téléphone

Téléchargement de dossiers et communiqués, de la revue du parti ; modèles de tracts, affiches et autres supports mis à disposition

Lettre de diffusion, abonnement aux revues du parti par courrier, multimédia (audio, vidéo...), boutique

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Coût de l'adhésion

20€

25€ pour l'adhérent simple ; 35€ pour un couple ; 10€ pour les étudiants de moins de 30 ans sans emploi

Non indiqué

50€ pour l'adhésion simple, 80 € pour le couple, 30€ pour les moins de 25€

Autres

 

Possibilité d'adhérer, de devenir partenaire, bénévole ou de faire un don en ligne

Souscription à des dons dans la limite légale de 7662€ par personne et par an

 

Possibilités offertes par les sites des principaux partis politiques Français en 2011. (Tableau emprunté à Cécile Maunier dans « La communication politique en France, un état des lieux », Market Management, n°4, 2006, 82 pp.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus