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L'etre-là  africain et inculturation: essai d'une relecture théologique de Martin Heidegger pour l'Afrique

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par Roland TECHOU
Grand Séminaire Mgr Louis Parisot Tchanvedji Bénin - Baccalaureat en théologie 2010
  

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3.2.2- Herméneutique et Dogmatique

Pour que le christianisme cesse d'être un ''vernis'' pour l'africain, il doit être soumis à la rude épreuve de révision, de réexamen de sa manière d'être , de penser et d'agir en Afrique. L'africain est un nouvel acteur qui s'interroge sur son avenir, à partir des enjeux sociopolitiques et économiques au sein des mutations actuelles. La révélation est caractérisée par une double réalité, celle de Dieu qui intervient dans l'histoire d'un peuple précis et l'expérience interprétative que ce peuple donne de cette action de Dieu. La foi qui accueille est donc très déterminante pour faire de la révélation une interprétation actualisante. En se sens Claude JEFFRE atteste que la théologie est toujours une herméneutique car non seulement il prend au sérieux l'historicité de toute vérité donc celle de la révélation aussi, et l'historicité de l'homme comme sujet interprétant, mais surtout elle est une interprétation de la signification actuelle de l'événement Jésus -Christ à partir des divers langages de la foi qu'il a suscité sans qu'on puisse en absolutiser aucun69(*). C'est en cette optique que nous sommes en droit de nous demander et de chercher à identifier au sein du peuple africain, le langage de foi qui a été sien dans sa rencontre avec la révélation chrétienne. Nous devons procéder à une remise en cause des prétentions du savoir historique en ayant à l'arrière fond qu'il ne peut avoir de restitution du passé sans une interprétation vivante conditionnée par la situation présente de l'être-là africain. C'est dans l'aujourd'hui qu'il nous faudra faire parler la foi chrétienne de l'africain et pour l'africain. C'est donc toute la théologie dogmatique qui tend à se comprendre comme une herméneutique de la Parole Dieu. En ce sens, au nom de la diversité culturelle et de l'unité dans la diversité, la dogmatique doit cesser d'être vue comme une prétention à la vérité absolue, pour passer du stade de répétition de scrupuleuses traditions à une mise en relation vivante du passé et du présent qui soit la réception de ce qu'il y a comme transmission dans les traditions. En effet le langage normatif de la foi se doit d'être actualisé au quotidien et acclimaté à la réalité socioculturelle de chaque individu. Dans la mesure où se pose aujourd'hui la nécessité pour la théologie de prendre en considération l'historicité de la vérité révélée et celle de l'homme comme sujet interprétant, actualisant ainsi le sens du message chrétien, la dogmatique devient une herméneutique. Elle l'est d'autant plus que l'événement Jésus-Christ suscite une pluralité d'écriture, exige une actualisation créatrice tournée vers l'avenir après avoir pris ses sources dans le passé voire dans la tradition. La théologie est en ce sens une fidélité créatrice de la tradition. Ce même événement cherche toujours à manifester la signification actuelle de la Parole de Dieu en fonction des nouvelles expériences historiques de l'Eglise et de l'homme d'aujourd'hui. L'africain est interpellé à ce niveau dans sa réception faite jusque-là du message de salut. Si celui-ci a manqué d'avoir pour celui-là une pertinence, au point qu'on parle en terme de malaise culturel, c'est bien parce que l'être africain n'a pas été évangélisé dans son là, autrement dit, le travail d'inculturation qui devrait concilier foi chrétienne et réalité culturelle africaine s'est très vite inséré dans les considérations dogmatiques héritées de l'historicité d'autres peuples, laissant de côté, à tort ou à raison, le sujet culturel précis auquel il s'adressait. Dès lors, il urge de reconsidérer la procédure de cette inculturation dans la figure actuelle de l'être-là africain dans sa double quête d'identité et d'universalité. Le mieux-être de la théologie en face du relativisme de la foi oblige donc la dogmatique à reconsidérer les ressources propres des autres cultures et pour ce qui nous concerne, de l'Afrique particulièrement, terre où se jouera selon les prophètes des temps modernes, l'avenir du christianisme. Il en va de la catholicité de l'Eglise que le pluralisme théologique soit pris en compte et considéré comme une herméneutique. Le dogme étant axé sur la tradition chrétienne, celle-ci pour ne pas rester la production d'un passé mort mais comme production toujours nouvelle, deviendra une interprétation créatrice. Et va se nouer dans la relation entre le discours de foi de la première communauté et le discours présent d'une Eglise particulière en situation concrète. La vérité de la foi est un mystère qui n'est pas à statuer, mais une vérité à célébrer, à confesser; c'est un témoignage, révélateur d'une attitude de foi pratique qui a ses répercussions sur la responsabilité sociale et politique du croyant. D'où toute affirmation dogmatique pour avoir un sens pour l'africain, ne peut plus s'énoncer à l'état pur, mais doit faire référence à la situation concrète de l'Eglise particulière où vit l'africain. Cette vérité dogmatique loin de devenir périmée dans cette situation précise, y prend figure neuve qui est richesse pour l'économie de la foi. C'est là le signe que la vérité chrétienne n'est pas un dépôt invariant, mais plutôt selon Claude JEFFRE, '' un advenir permanent livré au risque de l'histoire et de la liberté interprétative de l'Eglise sous la mouvance de l'Esprit''70(*). En clair, une communauté chrétienne africaine, pour être authentiquement telle aujourd'hui, se doit de revenir à la norme de la foi: le Jésus vivant de l'histoire, confessé comme Christ par la première communauté chrétienne. D'où il faut une réinterprétation des énoncées dogmatiques à la lumière de la relecture critique de la Parole de Dieu selon les exigences et l'actualité de la communauté en cause.

La célébration des rites religieux étant l'occasion de symboliser et de rendre socialement visible, la religiosité et l'identité la plus profonde, «c'est à travers le rituel que la communauté affirme, célèbre son identité particulière et socialise ses plus jeunes membres71(*)», ce sont les actions symboliques de la communauté. Il importe de recréer le rituel compte tenu du pluralisme culturel auquel converge notre analyse. De même, il faut intégrer les sacrements à la vie des communautés locales de façon à faire revivre leur dimension sociale.

* 69 _ Claude JEFFRE, Le christianisme au risque de l'interprétation. CF, Cerf, Paris 1983. P 34

* 70 _ Le christianisme au risque de l'interprétation, P, 76

* 71 _ M. Amaladoss, P 93

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