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Cultures maraà®chères et dynamiques socio-économiques et spatiales dans la communauté rurale de Ndiob (département de Fatick)

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par Aliou NDAO
Université Gaston Berger de Saint-Louis - Master II 2009
  

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Université Gaston Berger de Saint-Louis
UFR: Lettres et Sciences Humaines
Section de Geographie
Laboratoire LEIDI
Option : Espaces et Societes Rura les

 

Cultures maratcheres et dynamkjues socioeconomiques et spatiales dans la Communaute Rurale de Ndiob (Departement de Fatick)

Mémoire de Master II

Présenté par :
Aliou NDAO

Sous la direction de :
Omar DIOP
Maître de conférences

Année académique 2008/2009

Cultures maraîchères et dynamiques socio-économiques et spatiales dans la Communauté
Rurale de Ndiob (département de Fatick)

AVANT- PROPOS

La croissance économique des pays du Tiers-Monde peut passer par le développement de leur agriculture. Celle-ci dépend de l'intensification des techniques de production (J. HECQ et f F. DUGAUQUIER, 1990).

Le maraichage est une activité porteuse d'espoir dans ce domaine. A l'heure actuelle, les cultures maraicheres au Sénégal connaissent une dynamique en plein essor a côté des systemes pluviaux. Le développement de ce secteur contribue beaucoup a la sécurité alimentaire et au développement économique dans des zones rurales comme la CR de Ndiob.

Apres une année d'expérience dans la recherche, particulièrement sur des questions touchant l'apport des partenaires au développement pour la redynamisation des activités socio-économiques (agriculture et élevage) dans la CR de Ndiob, nous avons orienté nos investigations sur le maraichage de contre saison, une stratégie développée par les populations de la même collectivité, pour faire face aux multiples maux économiques et sociaux engendrés dans la CR par la crise de l'arachide.

Le choix de ce theme d'étude résulte d'observations effectuées sur le terrain dans le cadre du Master 1(2007/2008). En effet lors de nos enquetes de terrain en Avril 2008, nous avons constaté que le maraichage connait une dynamique importante dans la vie socio-économique des populations, mais également engendre des mutations spatiales au niveau de la vallée. Ainsi nous avons jugé important d'y consacrer nos recherches en Master 2 et de mettre en reliefs ses multiples impacts dans l'espace communautaire de Ndiob.

Notre réflexion sera principalement axée sur les points suivant : Les fondements des activités maraicheres dans la CR de Ndiob ; Leurs incidences socio-économiques et spatiales dans la zone ; Leurs contraintes et les perspectives de développement.

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Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de géographie, 2008/2009

Cultures maraîchères et dynamiques socio-économiques et spatiales dans la Communauté
Rurale de Ndiob (département de Fatick)

SIGLES ET ACRONYMES

A.C.P : Afrique Caraibes et Pacifique

ANCAR : Agence Nationale pour le Conseil Agricole et Rural

CADEL : Centre d'Appui au Développement Local

C.D.H : Centre de développement Horticole

C.R : Communauté Rurale

C.R.N : Communauté Rurale de Ndiob

C.S.E : Centre de Suivi Ecologique

C.T.A : Centre Technique de Coopération Agricole Rurale

DEA : Diplôme d'Etudes Approfondies

D.P S : Direction de la Prévision Statistique

D.R.P.S : Direction de la Recherche et de la Prévision Statistique

FAO : Food and Agricultural Organization

FIT: Front Inter Tropical

G.I.E : Groupement Intérêt Economique

G.P.F : Groupement de Promotion Féminine

I.R.D : Institut de Recherche et de Développement

O.C.B : Organisation Communautaire de Base

O.N.G : Organisation Non Gouvernementale

P.I.B : Produit Intérieur Brut

P.L.D : Plan Local de Développement

U.A.V.D.S : Union des Associations Villageoises Pour le Développement du Sine

UCAD : Université Cheikh Anta Diop de Dakar

U.F.R : Unité de Formation et de Recherche

U.G.B : Université Gaston Berger

W. V : World Vision

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Rurale de Ndiob (département de Fatick)

GLOSSAIRE DES TERMES SERERE

Seeck : Saison allant d'Octobre a Janvier

Ciid : Saison allant de Février a Mars

carandam : Saison allant de d'Avril a Fin Juin

Ndiig : Hivernage

Saas : Faidherbia albida

Taflé : Mettre en gage

Surga : Employé saisonnier

Sim : Aide populaire

Yaal lang ou lamane : Maitre de terres

Yaal o niay : Propriétaire du droit de feu

Yaal baakh : Propriétaire du droit de hache

Ndalu : Dérivé du mot Ndal (un tas d'épis de mi)l, signifie redevance

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RESUME

L'économie de rente sénégalaise est marquée depuis plus de deux décennies par une forte chute résultant principalement de la contre performance des secteurs de l'arachide, du coton, mais aussi de la riziculture avec les nombreux échecs des politiques d'aménagements hydro-agricoles. Cette chute des cultures de rente, principales sources de revenus pour les ruraux, a eu des répercutions importantes dans la sécurité alimentaire en milieu rural, particulièrement dans le bassin arachidier. En effet dans cette partie du pays, la crise de l'arachide est le principal facteur expliquant l'usage des cultures vivrières comme source de revenus pour de nombreux ménages. Il s'en suit une persistance et une répétition annuelle de la soudure traduisant une accentuation de la pauvreté.

Pour résoudre ces difficultés, le maraichage occupe une place de choix parmi les stratégies développées dans la communauté rurale de Ndiob. Cette activité bénéficie dans la zone, d'un cadre physique aux potentialités agronomiques non négligeables, et d'une diversité d'acteurs motivés pour développer le maraichage.

L'activité maraichère joue un role important dans la vie socio-économique des populations, par la génération de revenus monétaires, l'impulsion de nouvelles activités économiques, mais aussi et surtout l'amélioration du cadre de vie sociale dans des domaines comme la sécurité alimentaire, la santé, l'éducation, l'habitat etc. Ses marques dans l'espace se traduisent par la multiplication de petits périmètres maraichers dans les champs jadis consacrés a l'agriculture pluviale, la transformation du paysage végétal et surtout de nouvelles pratiques spatiales marquées par des flux quotidiens de maraichers en direction de la vallée.

Cependant, malgré son dynamisme et ses forts impacts, l'activité reste confrontée a une diversité de contraintes dont la résolution constitue une préoccupation majeure pour les populations et les structures d'aides et d'encadrement (oNG).

Mots clés : Cultures maraichères, Dynamique, Facteurs, Incidences, Filière, Vallée, Contraintes, Perspectives

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Rurale de Ndiob (département de Fatick)

SOMMAIRE

AVANT- PROPOS 1

SIGLES ET ACRONYMES 3

GLOSSAIRE DES TERMES SERERE 4

INTRODUCTION

PROBLEMATIQUE 11

METHODOLOGIE 17

PREMIRE PARTIE: LES FONDEMENTS DU MARAICHAGE DANS LA CR DE NDIOB . C HAPITRE 1 : DES FACTEURS PHYSIQUES FAVORABLES AU DEVELOPPEMENT DU MARAIC HAGE 34 C HAPITRE 2 : FONDEMENTS HUMAINS ET ORGANISATION DES ACTEURS DU MARAIC HAGE DANS LA CR DE NDIOB 47

DEUXIEME PARTIE :CARACTERISTIQUES, INCIDENCES ET CONTRAINTES DU MARAICHAGE DANS LA C R DE NDIOB 80

C HAPITRE 1 : CARACTERISTIQUES DE L'ACTIVITE MARAIC HERE DANS LA CR DE NDIOB 81 C HAPITRE 2 : INCIDENCES SOCIO-ECONOMIQUES ET SPATIALES, ET CONTRAINTES DE L'ACTIVITE MARAICHERE DANS LA CR DE NDIOB 106

CONCLUSION 132

BIBLIOGRAPHIE 134

TABLE DES MATIERES 139

LISTE DES TABLEAUX 143

LISTE DES CARTES ET FIGURES 144

LISTE DES PHOTOS 146

ANNEXES VI

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Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de géographie, 2008/2009

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INTRODUCTION

L'agriculture constitue une des principales occupations des populations rurales dans plusieurs parties du monde. Elle procure a plus 900 millions de ruraux des revenus indispensables a leur subsistance (SY 2008). Cependant comme l'a remarqué Gandhi, « ...elle comble l'avidité de quelques-uns sans satisfaire les besoins de tous1 N.

Au moment oii dans les pays développés, l'agriculture assure la sécurité alimentaire, on remarque qu'elle butte a de lourdes contraintes dans les pays du tiers-monde, en particulier ceux de l'Afrique sahélienne. « L'Afrique prise dans son ensemble est confrontée a des déficits alimentaires dont les manifestations aiguds prennent la forme de famine2 ». Dans cette partie du monde, l'activité agricole est loin d'assurer l'autosuffisance alimentaire, bien qu'occupant de 65 a 70% de la population active dans des pays comme le Sénégal.

Le secteur agricole sénégalais est confronté depuis plus de 20 ans a plusieurs contraintes.

Sa contribution au PIB a fortement baissé de 1997 a 2000, passant respectivement de 17% a 10,7% (DPS, 2000). La couverture des besoins alimentaires se situe entre 54% et 84% pour cette même période. Cette situation impose l'importation de plus de 500 000 tonnes de céréales par an et conduit a une dégradation de la balance commerciale.

Cette faiblesse du secteur agricole, résultant de divers facteurs explique en grande partie la persistance de la pauvreté en Afrique de façon générale et au Sénégal en particulier. « Une étude publiée en novembre 2004 par South African Insitute of Race Relation (SAIRR) a révélé que l'Afrique subsaharienne qui présente environ un dixième de la population mondiale pourrait abriter jusqu'à 50% des populations pauvres d'ici 20153 N, d'oii la nécessité de prendre des mesures préventives en matière de politiques agricoles pour une croissance économique durable.

1

DIOP Demba, 1999, Agriculture et réduction de la pauvreté : une simple question d'accès ?, information pour le développement agricole des pays ACP, N°80, Spore p 01

2

POURTIER R., 2001 : Afriques noires HACHETTE, p.76

3

NGOSSO Hugues, 2005, Problématique de exploitations agricoles familiales dans la LOASP : cas de la CR de Tataguine (Fatick), Mémoire de Fin d'Etudes, ENSA-Thiès, page 02

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Selon J. Hecq et F Dugauquier, (1990 :5) « la croissance economique des pays du Tiers- monde et, par consequent, l'amelioration du standard de vie de leurs populations passe par le developpement de leur agriculture. Celui-ci depend de l'intensification des techniques de production *.

A ce titre, les pays saheliens deploient depuis des annees de gros efforts, et mettent en oeuvre diverses politiques en vue de developper leur agriculture. C'est dans ce sens qu'on note au Senegal des politiques de diversification et d'intensification, notamment dans le domaine de la riziculture irriguee mais aussi et surtout de l'horticulture, avec comme objectifs le relevement du niveau de vie des ruraux et la securite alimentaire.

L'horticulture est une activite qui designe la culture des legumes, des fleurs, des arbustes, et des arbres fruitiers ou ornementaux. Elle est essentiellement divisee en deux branches : l'horticulture ornementale ou non comestible qui comprend la floriculture, l'arboriculture d'ornement, les pepinières et la production de plantes bulbes ; et l'horticulture vivriere ou comestible qui comprend les cultures legumières de plein champs, maraicheres ou potageres, ainsi que la culture des arbres fruitiers4. Dans le cadre de cette etude, notre reflexion portera sur le maraichage de contre saison.

L'activite horticole a connu ses debuts au Senegal avec les jardins d'essais ou jardins d'acclimatation de legumes temperes, d'arbres fruitiers et plantes d'agrements. Le plus ancien est celui de Richard 'Toll (Saint-Louis), fonde en 1816, suivi des jardins de Sor (Saint-Louis) en 1898 et de celui du penitencier de 'Thies etabli par la mission catholique. En 1903 s'ajoute le jardin de Hann qui constituait, par l'existence de ses nappes d'eau affleurant, un reservoir pour l'alimentation de Dakar5. L'horticulture est donc une activite economique ancienne, mais dynamique, pourvoyeuse d'emplois et porteuse d'espoirs. Ce secteur occupe depuis 1984 une place de choix dans les politiques agricole du Senegal.

En effet, face aux problemes persistants (chute des cours, degradation des sols) des
cultures de rente (coton et arachide), et leurs consequences sur la vie des populations

4 Encyclopédie Microsoft Encarta, 2008.

5 SALL A S et al, 2007, l'horticulture, une activité majeure, document 5 de 13 IDRIC publication

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provoquant un exode massif vers les villes, l'Etat sénégalais a choisi l'horticulture comme vecteur du développement agricole6. Ce secteur est considéré de nos jour comme une source de croissance capable de réaliser les objectifs que l'Etat s'est fixés dans le secteur agricole, notamment la réduction de l'importation des produits de grande consommation (oignon, pomme de terre), l'introduction d'especes a haute valeur destinés a l'exportation, la satisfaction des besoins des populations en produits horticoles et la création d'emplois.( SALL A S et al, 2007)

L'importance accordée a l'horticulture depuis ces dernières années, combinée a la rapide croissance urbaine traduisant un grand marché de consommation de produits maraichers, explique sans doute son extension rapide vers les zones rurales des régions de Tambacounda, de Ziguinchor, de Kolda, mais aussi et surtout le bassin arachidier.

Dans cette région, marquée par des déficits pluviométriques, le maraichage prend de plus en plus une place importante dans la vie des populations. Cette activité se développe dans des zones dépressionnaires constituant des prolongements des vallées fossiles du Sine et du Saloum.

La Communauté Rurale de Ndiob située dans l'arrondissement de Diakhao, département de Fatick est traversée du sud au nord par un des bras de la vallée morte du Sine, prolongeant jusque dans la région de Diourbel. Cette vallée morte couvre une superficie de plus de woo ha dans la Communauté Rurale7 et se caractérise par une nappe souterraine affleurant et un chapelet de marigots temporaires essentiellement alimentés par les précipitations en hivernage. Tout au long de cette zone, on note un développement spectaculaire de petites exploitations maraicheres qui jouent un role non négligeable dans l'approvisionnement des villes comme, Diourbel, Fatick, Touba, Bambey etc. en produits maraichers. Depuis quelques années, cette activité attire l'attention des structures d'aide et d'encadrement comme les ONG, favorisant un accroissement du nombre de producteurs et un développement progressif des cultures maraicheres.

6 SALL A S et al, 2007, op. Cit.

7 NDIAYE I, 2000, la situation économique de la CR de Ndiob, rapport de stages, ANCAR, 25 p

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Ainsi l~etude des caracteristiques et des incidences de ces dernieres, dans leurs dimensions geographiques, revet une importance capitale.

Carte 1: Localisation de la communauté rurale de Ndiob

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PROBLEMATIQUE

L'agriculture est un produit de facteurs. Dans les régions soudano- sahéliennes, le principal facteur de production est l'eau ; si celle-ci vient a manquer, c'est-à-dire si les pluies s'arretent trop tot ou si elles s'interrompent trop longtemps, l'impact de tous les autres facteurs est dérisoire et la production régresse. ( Hecq J. et Dugauquier F, 1990 : 7).

La region sahelienne a depuis plusieurs decennies, connu des situations de deficit pluviometrique, facteur de degradation des conditions physiques, handicapant l'evolution des systemes de production. Parallelement, la population augmente a un rythme superieur a l'accroissement agricole. Exemple : le Senegal a enregistre pour la periode 1990/1995, un taux de croissance demographique de 2,7% contre 1,3% pour l'agriculture.

Ces facteurs font qu'aujourd'hui, dans de nombreux pays ACP, l'agriculture connait une serieuse deterioration que certains observateurs qualifient de stagnation (KERAITA 2002). Ils demontrent largement la vulnerabilite, sur le plan alimentaire et economique de l'ensemble des pays saheliens (Nick Cater, 1992).

Les agricultures africaines sont confrontées a de lourds handicaps structurels dans le contexte d'une croissance démographique très forte. Elles doivent répondre a un double défi : manger, exporter. C'est l'objet central des politiques de développement dont la complexité est particulièrement grande en matière d'agriculture et d'alimentation. (POURTIER R., 2001 : 75).

Au Senegal, l'ensemble des politiques agricoles entreprises par les pouvoirs publiques depuis 1950, n'a pas connu de grands succes. A cela s'ajoute les effets pervers des politiques d'ajustement structurel des annees 1980 sur le secteur agricole, se traduisant dans le monde rural par des difficultes d'acces au credit et aux intrants, la chute des prix aux producteurs du fait de la chute des cours mondiaux, le desengagement de l'Etat et des coilts eleves de la production.

Ainsi, la baisse continuelle des revenus des ruraux de l'ordre de 4% par an (SECK 0,
2002) provoque une pauvrete du monde rural surtout dans le bassin arachidier
comme en atteste PELISSIER. « L'explosion démographique, a la quelle la crise

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climatique recente a ajoute ses effets, a accelere une pauperisation du milieu et des hommes 8».

C'est cette situation généralisée dans l'ensemble des pays de l'Afrique sahélienne, qui a sans doute suscité la nécessité de recourir aux potentialités hydrographiques que dispose la zone et a l'intensification pour une relance du secteur agricole. Ainsi l'agriculture irriguée va apparaitre dans les grands bassins fluviaux du Sahel, comme le Niger, le Volta, le Chari, le Sénégal etc., donnant naissance a de véritables poles d'intensification, aux dynamiques diverses.

La problématique de l'agriculture irriguée est non seulement apparue comme une alternative a l'insuffisance ou a l'irrégularité des précipitations, mais aussi elle est considérée comme une grande révolution qui atteint l'agriculture de l'Afrique en général et celle de l'Afrique subsaharienne en particulier. (PELISSIER., 2002).

L'irrigation au Sénégal a vu le jour au niveau de la vallée du fleuve, avec la riziculture introduite dans le cadre de la politique de diversification agricole, pour une autosuffisance alimentaire dans le pays. Cependant ce nouveau systeme de production a d'autres orientations allant dans le sens d'une agriculture commerciale et industrielle notamment dans le domaine du maraichage. Il traduit ainsi la nouvelle vision agricole du président de la république qui, selon TOURE et SECK., (2005) « s'articule autour de : i) la mise en place d'un réseau hydrographique national ; ii) l'aménagement de bassins de retention et iii) la promotion de l'agriculture d'entreprise, grace notamment a l'installation de jeunes diplômés dans des fermes modernes ».

Des lors, l'activité maraichere qui depuis des décennies, a été une spécialité des Niayes et du delta du fleuve Sénégal (jardin de Richard Toll et de Sor), connait une extension de plus en plus large dans d'autres régions agro écologiques du Sénégal, en particulier dans le bassin arachidier. (SECK. et TOURE O. 2005).

Aujourd'hui le maraichage se développe dans des zones dépourvues d'eau de surface, et s'integre de plus en plus dans les systemes culturaux essentiellement tributaires d'une pluviométrie incertaine et marqués par leur caractere extensif.

8 PELISSIER P, 2002 : Campagnes africaines en devenir, Argument, p 10

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Dans la CR de Ndiob, les cultures maraicheres se développent au niveau de la vallée morte du Sine, suscitant un intérêt de plus en plus grandissant. Ce phénomene résulte surtout de la crise qui a secoué le secteur agricole dans la zone.

En effet la CR de Ndiob fut, a l'image de l'ensemble des collectivités du bassin arachidier, une grande zone de production arachidiere. Cette filière a pendant longtemps constitué le poumon de l'économie des populations. Ces dernières en tiraient l'essentiel de leurs revenus monétaires pour subvenir a leurs besoins.

Cependant a partir des années 1980, la crise de la filière a entrainé une pauvreté accentuée et une précarité des conditions de vie, se traduisant par un accroissement des privations pour une partie de plus en plus importante de la population. On note ainsi une faiblesse de la couverture des services sociaux de base et une chute du niveau d'autoconsommation. Cette situation justifie en grande partie la forte migration des jeunes a la recherche de revenus monétaires pour le soutien des ménages. On retient avec PELISSIER (2002) que les séreres ne font face a la crise qu'en allégeant, par des départs saisonniers, temporaires ou définitifs, le nombre de bouche a nourrir et en comptant de plus en plus sur les ressources issues des migrations vers les villes ou des migrations vers les terres neuves.

Malgré l'effort des élus locaux et des partenaires au développement, pour une redynamisation du secteur agricole de la CR, on note que les rendements de l'arachide sont toujours faibles, et le mil aliment de subsistance des populations, s'est substitué a l'arachide pour devenir une source de revenus monétaires. En effet, faute de moyens, les paysans sont obligés de commercialiser ce mil au niveau des « loumas9 0. Ce phénomene est a l'origine de la persistance de la soudure dans la CR de Ndiob. Philippe BONNEVAL1-, cité par Michel GILLOT, 1987, affirme que « la présence de mil sur les marchés hebdomadaires ne signifie pas nécessairement que les greniers sont pleins. Au contraire, ils sont peut etre entrain de se dégarnir dangereusement, les paysans n'ayant pas d'autres moyens que de vendre leur mil pour se procurer des liquiditésil *. Cette analyse rejoint un proverbe Wolof qui dit : « c'est la poche qui épargne le grenier *.

9 Marchés hebdomadaires

10 Philippe BONNEVAL : responsable de l'organisation Caritas pour le Sine- Saloum

11 Michel GILLOT, 1987, les premiers pas de l'Afrique verte : comment lutter contre les faux excédents et l'endettement paysan, le monde diplomatique, Avril 1987 p 2

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Face a ces difficultés, la nécessité de trouver une nouvelle source de revenus s'impose. Ainsi les populations s'adonnent depuis quelques années au maraichage de contre saison dans la vallée morte du Sine, pour multiplier leurs sources de revenus. L'irrigation va se développer ainsi dans des paysages agraires non drainés et oil les sociétés n'ont, depuis des décennies, compté que sur les saisons de pluies pour développer leurs activités agricoles. Une telle situation peut paraitre surprenante, dans la mesure oil dans plusieurs espaces du monde oil l'irrigation s'est développée, on note la présence d'étendue d'eau de surface en quantité abondante.

Cependant, l'irrigation au niveau de la vallée morte du Sine est similaire a celle pratiquée dans la région des Niayes. Elle est essentiellement tributaire des eaux souterraines, tirée a partir de séanes, de puits traditionnels, de puits cimentés minus de moto pompes.

En effet la vallée du Sine dispose de potentialités non négligeables pour le maraichage : les sols sont riches en argile et limon, la nappe souterraine affleure (5 a 6 m de profondeur)12 et on note une forte insolation de 9 mois favorables, aux cultures légumières. « Grace a l'insolation pendant la période sèche de 09 mois, la culture des fleurs, des fruits et des légumes, en irrigué, offre des rendements exceptionnels... » (SECK 0. 2002). Parallelement a ces facteurs physiques, on note une population essentiellement agricole et dominée par des jeunes, constituant une main d'oeuvre non négligeable.

Par ailleurs, les cultures maraicheres procurent des revenus additionnels aux producteurs de la CR, mais aussi aux nombreuses femmes qui s'activent autour de la commercialisation des produits au niveau des marchés ruraux de la région et dans la commune de Diourbel. Au-dela des revenus, le maraichage a engendré de nombreuses incidences socio-économiques et spatiales malgré quelques contraintes, qu'il importe d'analyser.

C'est la raison principale du choix de ce theme d'étude.

12 PLD de la CR de Ndiob, 2004

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Pour mieux analyser les dynamiques en cours, une reflexion autour d'un certain nombre de questions est necessaire.

~ Quels facteurs justifient l'expansion rapide des activites maraicheres dans la CR de Ndiob ces dernieres annees ?

Or Quelles incidences le maraichage a engendre dans la CR de Ndiob?

Pour apporter des reponses a ces questions, notre approche se developpera autour des axes suivants :

(1° Les rapports existant entre les conditions environnementales et humaines dans la CR de Ndiob, et le developpement du maraichage.

011- Les contraintes et les incidences socio-economiques et spatiales du maraichage dans la CR de Ndiob, mais aussi les perspectives de developpement de l'activite.

La realisation d'une telle etude amene a poser les hypotheses de recherche suivantes :

Hypothèses

011-La CR de Ndiob dispose d'une diversite de facteurs favorables au developpement du maraichage.

cLa filiere maraichere a engendre des incidences socio-economiques et spatiales dans la CR de Ndiob, malgre une diversite de contraintes.

La validation de ces hypotheses conduit aux objectifs suivants :

Objectifs de recherche

Ce travail d'etude et de recherche se fixe comme objectif general, une analyser des incidences des activites maraicheres dans la CR de Ndiob, dans un contexte de declin des systemes pluviaux et de crise de l'economie arachidiere.

Les objectifs specifiques sont :

Or Analyser les fondements du developpement du maraichage dans la CR de Ndiob ;

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cr. Analyser les incidences socio- économiques et spatiales du maraichage dans la CR de Ndiob et les contraintes auxquelles il est soumis.

Contexte et intérêt de l'étude

Face au déclin des systemes pluviaux qui affecte le bassin arachidier dans sa globalité, l'activité maraichere tend aujourd'hui a devenir le moteur de l'économie rentière de nombreux ménages de la vallée de Ndiob depuis plus d'une dizaine d'années. Elle connait une forte dynamique et constitue un puissant facteur de mobilisation d'une diversité d'acteurs. C'est une activité qui présente de réels enjeux économiques pour la CR de Ndiob, dans ce contexte de crise agricole combinée a une population sans cesse croissante par opposition a une dégradation accélérée des ressources naturelles.

Ainsi une étude du role de cette activité dans la vie socio-économique des populations rev8t une importance capitale.

Ce TER s'intéresse a la dynamique et aux multiples impactes de l'activité tant dans le domaine socio-économique que spatial dans l'espace communautaire de Ndiob. Il permettra, a travers la mise en relief de ces impacts, de rendre compte des enjeux économiques que présente un renforcement de l'activité et un soutien des producteurs de la part des autorités locales.

Le choix de la CR de Ndiob se justifie. Par sa situation qui constitue une bonne illustration des diverses contraintes aux quelles le bassin arachidier dans son ensemble et sa population sont confrontés.

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METHODOLOGIE

Notre méthodologie s'articule essentiellement autour d'une revue documentaire complétée par des investigations de terrain. Ces dernières nous ont permis de recueillir des informations multiples et diversifiées aupres des populations. les informations (quantitatives ou qualitatives), ont fait l'objet de traitements et d'analyses pour une meilleure explicitation du probleme de recherche.

I- Revue de la littérature

Notre recherche s'inscrit dans le même ordre d'idée que les travaux consacrés au bassin arachidier et au pays séreres (CR de Ndiob) en particulier, depuis les années 1960, notamment ceux de : PELISSIER P. (1966 et 2002), LERICOLAIS A. (1999), J. LOMBARD (1989, 1990 et 1993) etc. et les études des chercheurs de l'institut Sénégalaise de recherche agricole.

Notre recherche documentaire est d'abord orientée sur des ouvrages généraux ayant trait aux problemes de l'agriculture au sahel en général et au Sénégal en particulier. Elle concerne aussi les différentes politiques mises en oeuvre par les pouvoirs publics pour un développement du secteur, les revues et les travaux scientifiques traitant du maraichage de faRon générale et de notre zone d'étude en particulier.

Quelques documents de référence ont apporté un certain nombre d'éléments.

La these de PELISSIER P., (1966 : les paysans du Sénégal : les civilisations agraire du Cayor a la Casamance, Imprimerie FABREGUE, saint YRIEIX (haute vienne)), décrit les systemes agraires du pays sérere et les pratiques agricoles en expliquant leur bien fondé écologique ou les contraintes qui les rendent destructrices. Elle nous a permis de mieux cerner les facteurs de la surcharge démographique du pays sérere, conduisant a la surexploitation des terroirs, véritable facteur d'appauvrissement des sols. En outre l'auteur nous a fait une étude pédologique de la zone du sine, nous permettant de nous rendre compte de la nature des sols deck (domaine du maraichage a Ndiob), de leur aptitude agronomique et des énormes atouts qu'ils présentent pour le développement du maraichage dans la zone.

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Le déclin de l'agriculture en milieu sérere suite a la dégradation des conditions naturelles, mais aussi de la surexploitation des terres a été bien compris a travers l'ouvrage de LERIOLLAIS A., (1999: les paysans sérères : dynamique agraire et mobilité au Sénégal, IRD). L'auteur fait ressortir également les effets de ce déclin se manifestant par la fréquence de la soudure chez les populations et une migration de plus en plus importante vers les terres neuves et des centres urbains comme Dakar. Il n'a pas manqué de nous faire également une breve étude des ressources pédologiques de la zone, a travers leur classification et une présentation de leur potentiel agronomique.

Dans : « exploitations familiales et entreprises agricoles dans la zone des Niayes au Sénégal *, (dossier n°133, programme zones arides, International Institute for Environement and développement, TOURE O.et SECK S. M., 2005), nous avons identifié les caractéristiques physiques des Niayes les potentialités favorables a l'horticulture dans la zone. Par ailleurs, les auteurs y traitent des caractéristiques des différents types d'exploitations agricoles, de la situation fonciere et du mode d'acces a la terre, des résultats technico-économiques des exploitations, pour terminer par une étude de l'impact de l'implantation des entreprises agricoles dans la zone.

M. GILLOT, (1987), dans son article : « les premiers pas de l'Afrique verte : comment lutter contre les faux excédents et l'endettement paysan *, (le Monde Diplomatique, Avril 1987), fait le bilan nuancé de la campagne Afrique verte entreprise par des ONG, qui tante de trouver de nouvelles solutions pour réduire la dépendance alimentaire des pays africains.

L'ouvrage de Paul HARRISON, (1991 : Une Afrique verte, KARTHALA-CTA, 448 pages), démontre apres d'innombrables études sur les maux de toute sorte qui accable l'Afrique, que rien n'est irréversible et qu'il demeure de multiples raisons d'espérer, de luter et de progresser. Le grand intérêt de son étude est de montrer en exemple des projets de développement qui ont réussi comme celui du maraichage au Niger, qui a connu des succes notables dans une zone pauvre en ressources hydriques. Cet auteur optimiste estime que face aux nombreuses contraintes qui accablent le secteur agricole africain, l'agriculture irriguée en particulier le maraichage constitue un

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secteur porteur d'avenir et peut être appréhendé comme une solution au développement économique et social durable dans le monde rural.

Dans Jardins et vergers d'Afrique, Nivelles : Terres et vie, l' Harmattan, APICA, ENDA, CTA, 354 pages de DUPRIEZ, et al, (1987), nous avons cerné l'importance des jardins et vergers a travers l'amélioration de l'alimentation des populations, et la génération de revenus. La premiere partie du livre décrit et explique les pratiques de jardinage ; la deuxième caractérise un certain nombre de plantes et en particulier celles qui sont tres présentes sur le marché.

Le guide pratique de ARNAUD et al, (1994 : De l'eau pour le maraichage : Expériences et procédés, Paris : GRET et Ministere de la coopération, 126 pages), montre la contribution des jardins et des petites exploitations a la production alimentaire et commerciale dans les pays en développement. Le guide s'occupe des questions clés de l'irrigation et propose des méthodes pour bien cerner les atouts et les contraintes de chaque maraicher et pour l'aider a choisir le systeme d'irrigation le plus adéquat.

Le rapport final, du projet FAO/CSE, (2003) : l'utilisation des terres agricoles au Sénégal, nous a permis de comprendre l'état des lieux de l'agriculture sénégalaise a partir d'un diagnostic de: la répartition spatiale des terres cultivables, des statistiques sur les superficies emblavées, du niveau de mécanisation, d'utilisation de fertilisant dans les façons culturales et de la place de l'irrigation.

On y retient aussi la pratique de l'agriculture de conservation, la jachere, la rotation des cultures et en fin l'orientation du marché agricole.

SECK Oumar dans son rapport, de juin 2002, intitulé : « Sénégal agricole *, fait une présentation du projet du même nom, a travers son contexte de mise en oeuvre, sa justification, et sa vision fondée sur le développement de l'horticulture, de l'élevage, et de la production halieutique. L'auteur fait une analyse de la cohérence du projet avec les politiques nationales et sectorielles et des impacts attendus.

La these de Boubacar BA, (2006 : Etude géographique de l'agriculture en Afrique
noire : analyse des productions céréalières et des systèmes alimentaires au Sénégal,
Université de Geneve, département de géographie, 383 pages), nous a permis

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d'appréhender les impacts des politiques agricoles dans les processus de transformation de l'agriculture et de la consommation, et la fragilité de la sécurité alimentaire.

Le mémoire de DEA de Ibrahima WADE, (2003 : information et coordination dans la filière maraichère au Senegal, Université Montpellier I, Faculté de Sciences Economiques, 85 pages), nous a été d'un apport important. En effet il nous a permis de saisir les facteurs expliquant la forte croissance du secteur horticole au Sénégal, notamment la forte urbanisation, la dévaluation du franc CFA, et la crise de la filière riz dans la vallée du fleuve Sénégal.

I. DIATTA, (2008), dans sons article : (Dynamique des systèmes de production horticoles et développement territorial dans les Niayes (littoral nord-ouest du Senegal), UGB, section de géographie) nous a renseigné sur les particularités (climatiques, démographiques et économiques) qui font des Niayes le domaine de prédilection de l'horticulture au Sénégal.

A l'échelle de notre zone d'étude, quelques productions scientifiques ont apporté un certain nombre d'informations. A ce propos, LO H. et DIONE M., 2000, dans : « Region de Diourbel : evolution des regimes fonciers ,, (Drylands Research, 26 pages), expliquent l'évolution du régime foncier dans les villages de Darou Salam et Ngodielem (villages de la CR de Ndiob) et la persistance du régime coutumier malgré l'adoption de la loi sur le domaine national.

Ensuite dans « Conservation et Gestion Participative des Ressources Naturelles dans la communauté rurale de Ndiob , (mémoire de maitrise 1998-1999 UCAD, géographie), GNING T. nous présente le cadre physique et humain de la communauté rurale avant de faire le diagnostic des systemes de production et les ressources naturelles disponibles pour enfin terminer par les dynamiques organisationnelles et les différentes stratégies adoptées pour lutter contre la dégradation des ressources naturelles.

Nous ne manquerons pas de mentionner le Plan d'amenagement et de gestion des
terroirs dans la communaute rurale de Ndiob, qui nous a permis en association avec

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le Plan Local de Développement de faire une présentation physique et humaine de la communauté rurale ainsi que l'analyse des potentialités et contraintes du développement de l'activité maraichere.

Dans « Contribution a l'étude des contraintes et perspectives d'amélioration de la culture maraichere dans la vallée de Bacco (département de Fatick) * de DOUI F. (2005, ENSA --THIES), nous avons retenu quelques contraintes liées au maraichage dans la zone de Bacco, mais aussi et surtout les perspectives envisagées pour développer cette activité dans la vallée.

Enfin dans notre mémoire de Master I (2008) : « Coopération décentralisée et développement des activités socio-économiques dans la communauté rurale de Ndiob (Fatick) *, nous avons analysé une série de contraintes qui entravent le développement de l'agriculture dans la Communauté Rurale de Ndiob et l'apport des partenaires du Nord pour relancer le secteur.

Les productions scientifiques a l'échelle de la CR sont orientées vers des aspects liés au foncier, a la gestion des ressources naturelles, aux contraintes de l'agriculture et au role que jouent les partenaires au développement dans la CR. La question du maraichage a été abordée en 2005, mais l'auteur s'est intéressé aux contraintes de la filière et aux perspectives de développement. Notre étude se veut une analyse des incidences socio-économiques et spatiales de cette filière maraichere dans la CR de Ndiob.

II- ANALYSE CONCEPTUELLE

La définition des concepts clés est d'une importance capitale pour tout travail d'étude et de recherche en sciences sociales. A cette effet, E. DURKHEM affirme que : « la premiere démarche [...] doit etre de définir afin que l'on sache bien ce qui est en question-73 0. Ainsi une telle position doit nous permettre de définir les concepts clés utilisés dans notre recherche.

13 E. DURKHEM, 1983 : les règles de la méthode sociologique, Paris PUF, page 25

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Dynamique :

Le dictionnaire Petit Larousse illustré (1992), défini le terme dynamique comme l'évolution des phénomenes.

En géographie, le mot dynamique est associé a plusieurs expressions, ainsi on parle de :

Analyse dynamique : il s'agit d'une analyse qui introduit le temps dans une analyse géographique ;

Systeme dynamique, qui désigne un ensemble de réalités géographiques en évolution et liées les unes aux autres par de fortes interactions. Un systeme dynamique est implicitement considéré comme animé de mouvements internes ;

Dynamique spatiale : elle désigne en un sens large et flou, tout changement impliquant la dimension spatiale (. J. LEVY et M. LUSSAULT, 2003)

Appliqué a notre theme de recherche, le terme « dynamique socio-économique et spatiale 0 désigne les interactions entre acteurs du secteur maraicher dans la CR de Ndiob, mais également les mutations engendrées par cette activité dans la vie sociale et économique des populations de Ndiob, et surtout dans l'espace de la vallée.

or Vallée :

La vallée désigne une dépression, plus ou moins évasée, façonnée par un cours d'eau ou un glacier (Petit Larousse 1992). Pour Yves LACOST (2003), le terme fait allusion a un ensemble géographique de forme linéaire dont la longueur peut relever de divers ordres de grandeur, qui est suivi généralement d'amont en aval par un cours d'eau. Le glossaire de géomorphologie de F. JOLY (1997), définit le terme vallée comme une forme topographique en creux, pentue et allongée, ouverte a son extrémité et constituée par la convergence de deux versants.

Ces différentes définitions montrent bien qu'une vallée représente une zone dépressionnaire délimitée de part et d'autre par deux formations élevées communément appelées versants. Une vallée est dite seche ou morte quand elle n'est plus parcourue par un cours d'eau (Petit Larousse 1992).

La vallée de Ndiob est un exemple de cette catégorie. En effet a cause du déficit
pluviométrique qui a affecté depuis des années la zone soudano-sahélienne dans son
ensemble, la vallée de Ndiob comme beaucoup de vallées du bassin arachidier et de la

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zone du Ferlo, se sont fossilisées. On y trouve que des mares temporaires en hivernage surtout. Cependant elle comporte des ressources hydrogéologiques non négligeables avec une nappe affleurant (5 a 6 m de profondeur). Ces ressources sont un des facteurs clés du développement du maraichage dans la zone.

(r Filière :

Le concept de filière est né de l'observation des relations amont-aval apparaissant entre agents dans tout système économique en croissance. Ces relations sont d'ordre marchande et s'établissent par le jeu du marché (théorie économique néo-classique) et d'ordre relationnel et font alors appel aux analyses des coordinations entre acteurs (nouvelle économie institutionnelle) (Rastoin J.L., 2002, cités par I WADE 200314).

F. TEULON (1995) définit le terme comme un ensemble d'activités complémentaires (sur le plan technologique ou commercial), de l'amont a l'aval. Dans l'industrie, une filière rassemble les stades de production permettant de partir des matières brute pour arriver au bien final (TEULON, 1995)

Les économistes de la Harvard Business School ont d'abord appréhendé le terme comme une branche ou secteur d'un système économique dans l'optique de mettre en évidence le poids économique du secteur agricole (Davis et Goldberg 1957 cités par I WADE 2003).

Ils le définissaient alors par des produits : une filière regroupe l'ensemble des activités de production, transformation et distribution d'un produit ou d'un groupe de produits substituables.

Quand a l'approche de GOLBERG, elle justifie la notion de filière par les différentes activités qui la composent et le besoin de coordination entre ces dernières. La filière n'est plus définie comme une branche d'une économie, mais comme un système. L'approche filière englobe tous les participants impliqués dans la production, la transformation et la commercialisation d'un produit agricole. Elle inclut les fournisseurs de l'agriculture, les agriculteurs, les entrepreneurs de stockage, les transformateurs ; les grossistes et les détaillants, permettant au produit brute de

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I. WADE, 2003 : Information et Coordination dans les Filières Maraîchères au Sénégal, mémoire de DEA, Montpellier I Faculté des sciences économiques, page 20

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passer de la production a la consommation... (GOLBERG 1968), cité par WADE I 2003 (p21).

L'auteur accorde une attention particulière a l'interdépendance entre les différentes activités de la chaine productive. Cette approche du concept nous permet de ressortir dans le cadre de cette étude, une définition opératoire. En effet le concept de filière peut 8tre entendu dans le cadre de cette présente étude comme un systeme structuré autour des activités de production et de commercialisation des produits maraichers dans la CR de Ndiob. Ces différentes activités sont interdépendantes et font intervenir plusieurs catégories d'agents, en l'occurrence : les partenaires au développement (ONG), les propriétaires de terres les producteurs, mais aussi et surtout les commerçants chargés de la distribution des produits.

~Facteurs :

Le terme facteur renvoie a un agent, un élément, qui concourt a un résultat (Petit Larousse, 1992). Cette définition rejoint un peu celle des sociologues qui voient le terme comme tout élément ou condition participant a la production d'un phénomene (J. LEVY et al.2oo3). Les économistes l'associent au terme « production *, pour le définir comme : éléments dont la combinaison permet la production, exemple capitale productifs et travail humain15.

Quant aux géographes, ils ont souvent usé du terme en transformant toutes données en facteurs : les facteurs climatiques, les facteurs de peuplement, les facteurs de production (volontiers confondus avec les intrants), pris en soi et comme équivalant de condition, alors qu'une condition ou un facteur l'est toujours de quelque chose.16 « Les qualités ou caractéristiques d'un milieu ne sauraient etre vues comme facteurs que lorsque l'on fait la preuve qu'elles jouent un role effectif dans le comportement du système local dans ses régulations et ses tensions 17*.

Partant de ces définitions, nous pouvons retenir que le terme facteur désigne un
déterminant d'une situation ou d'un phénomene. Dans la CR de Ndiob, ces facteurs

15 F TEULON (sous la direction), 1995 : dictionnaire d'histoire, économie, finance, géographie, Presse Universitaire de France,

16 R. BRUNET et al 1993: les mots de la géographie : dictionnaire critique, Reclus- la documentation française, page 210

17 R. BRUNET et al, 1993, op. Cit. Page 210

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sont d'ordre physique (climat, sol, eau) et Humaine (expertise et jeunesse de la population), ils déterminent le développement du maraichage.

cr Incidences :

Incidence désigne des conséquences plus ou moins directes sur quelque chose (Petit Larousse 1992). R BRUNET et al (1993), le définissent comme effets, impacts.

Ainsi, incidences socio-économiques traduisent des conséquences, des effets, des répercutions plus ou moins directs sur la situation sociale et économique des populations d'un espace géographique donné. Incidences spatiales traduira alors des marques, des empreintes, des traces, mais aussi des flux et des répartitions engendrés dans un espace géographique donné. Dans la CR de Ndiob, les incidences socioéconomiques du maraichage se traduisent par une amélioration des conditions de vies des populations, celles spatiales se justifient par des flux quotidiens de populations en direction de la vallée (zone de production), mais aussi par l'insertion d'une agriculture irriguée dans un systeme pluvial, le développement d'une végétation artificielle et la transformation d'une zone qui jadis servait de lieu de parcoure du bétail en saison seche, en zone maraichere.

(r Contraintes :

Le petit Larousse (1992) définit le terme « contrainte * comme une pression morale ou physique exercée sur quelqu'un ou sur quelque chose. Pour R. BRUNET et al (1993), contrainte désigne une action négative, la résistance des éléments dans l'environnement qui créent des difficultés ou des limites a la mise en valeur, au travail, a la reproduction etc. La géographie traditionnelle utilise ce terme en évoquant les contraintes naturelles, climatiques, édaphiques, ou autres décrites comme des gênes. Mais selon le même dictionnaire, « ces contraintes ne sont des genes que dans des circonstances extremes et en tout cas relatives aux moyens dont disposent les sociétés analysées»18 . Cela extériorise artificiellement des éléments des systemes territoriaux et perpétue le côté de la nature. Le mot « contrainte » attire l'attention sur certaines difficultés de mise en valeur liées a des conditions techniques et financieres déterminées (R. BRUNET et al 1993).

18BRUNET R. et al, 1993, op. Cit. Page 126

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Ainsi on peut dire que contrainte ne se limite pas seulement aux conditions hostiles du milieu, mais releve également de problemes de moyens pour la mise en valeur d'un espace donné. Les contraintes du maraichage de la CR de Ndiob sont d'une part d'ordre physique et d'autre part d'ordre économique et technique.

III : La collecte des données de terrain

Pour la collecte des données de terrains une démarche composée des étapes suivantes a été adoptée.

111-1 : Vechantillonnage

Cette phase consiste a la sélection du nombre de personnes a intervieWer. « La collecte des donnees primaires par enquete, exige l'adoption d'une methode de sondage qui presente le mieux possible la population mere...» (J. YAHO 2005 p173).

Notre échantillon a porté sur les maraichers et les commercants des produits de la vallée. Donc toute personne ne s'activant pas dans ces domaines a été exclue de la sélection. Faute de listes exhaustives des maraichers et des commergants de la CR, pouvant nous servir de base de sondage pour l'élaboration d'un échantillonnage aléatoire simple, nous avons adopté la méthode d'échantillonnage de raison. Cette méthode consiste a se contenter de tout nombre de cas, même non aléatoire, statistiquement significatif pour réaliser une étude (J. YAHO 2005 p173). Ainsi une fois sur place, nous avons fixé des quotas a enquêter en fonction du nombre d'acteurs trouvés sur place, mais également en fonction de nos capacités. Par conséquent, un échantillon de 108 personnes, réparti entre 88 maraichers et 20 commergants a été enquêté. Le tableau N°1 montre une répartition détaillée des personnes enquêtées, en fonction de leur activité, mais aussi des zones d'enquêtes.

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Tableau 1: Répartition des personnes enquêtées

Zones

Nombre d'enquêtés (ni)

Fréquences (fi)

Ndiob

25

23%

Baaco Dior

23

21%

Baaco Sérere

15

14%

Baaco Mboytolé

18

17%

Fintel

07

6%

Marché de Ndiob

10

9%

Marché de Darou

10

9%

Activités

Maraichers

Commerçants

Total ?ni : 108 ?fi : 100%

Source : données de l'enquête, 2009

A côté du questionnaire, un guide d'entretien a été administré au pres des autorités de la Communauté Rurale, des ONG et de quelques chefs de groupement. Le tableau N°2 fait une répartition des personnes ressources intervieWées au niveau de ces structures.

Tableau 2: Répartition des personnes ressources auprès des quelles le
guide d'entretien est administré

Structures Nombre de personnes interpelées

Communauté Rurale 01

ONG 04

Groupements 03

Total 08

Source : données de l'enquête, 2009

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111-2 : Les enquetes

Les enquêtes ont été exclusivement menées au niveau des zones de productions de la vallée et des deux marchés de la communauté rurale (cf. carte 2). Une visite exploratoire a été effectuée en mars 2008 lors de nos enquêtes sur les problemes de l'agriculture dans la communauté rurale de Ndiob, dans le cadre du mémoire de master 1. Une deuxième descente dans la vallée en décembre 2008 nous a permis de mieux nous informer sur les questions maraicheres et de confirmer la pertinence d'une étude de ce phénomene. Cette visite a été consacrée aux entretiens avec les personnes ressources des structures étatiques et de la communauté rurale et des partenaires (ONG) agissant dans le maraichage, dans la zone. Les entretiens ont concerné les personnes ressources suivantes:

~ L'assistant communautaire (Aly SENE) : sur la situation du maraichage dans la communauté rurale, la place du maraichage dans la vie des populations, les projets maraichers en cours ou envisagés.

(1° Les représentants des ONG (Issa KANE, Diégane NDIAYE, Ibrahima NDIAYE, Abdou S. NGOm) : sur le soutien apporté aux producteurs, les modalités et la nature du soutien, et leurs perspectives dans le domaine du maraichage.

cr Les chefs de groupement (Sala DIOUF, Ndiaga SECK, Sally NDOUR) : sur la place du maraichage dans l'économie de la population, les modes de production et les revenus tirés de l'activité.

Notre troisième visite de terrain s'est dérouler du 23 mars au 07 avril 2009 ; elle a été essentiellement consacrée aux enquêtes de terrain au pres des maraichers et des commerçants de produits maraichers aux niveaux des marchés de la CR. Les enquêtes nous ont permis de collecter une diversité d'information nous permettant de mieux comprendre afin d'analyser la situation en cours. Une dernière visite de terrain est effectuée du 23 au 29 mai 2009 pour recueillir des informations complémentaires mais surtout de prendre des photos d'illustration. Le tableau N° 3 représente en détail les périodes de déroulement de nos enquêtes.

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Tableau 3: Calendrier des enquêtes

Zone/ Structures

Personnes ressources

Dates

Ndiob

Les maraichers

23/Mars/2009

Baaco Dior

Les maraichers

25/Mars/2009

Baaco Sérere

Les maraichers

28/Mars/2009

Baaco Mboytolé

Les maraichers

31./Mars/2009

Fintel

Les maraichers

02/Avril/2009

Marché de Ndiob

Les commergants

06/Avril/2009

Marché de Darou

Les commergants

29/Mars/2009

Communauté rurale

Aly SENE L'as. Com.

25 Mars 2008

World Vision (Diourbel)

Diégane NDIAYE

28 Mars 2008

ANCAR (Ndiob)

Ibrahima NDIAYE

25 Mars 2008

Jappoo (Ngalagne)

Abdou S NGOM

26 Décembre 2008

UAVDS (Ndiob)

Issa KANE

29 Décembre 2008

GPF Léona (Ngalagne)

Sally NDOUR

26 Décembre 2008

GPF de Ndiallo (Ngalagne)

Salla DIOUF

26 Décembre 2008

GIE Ngaraf (Ndiob)

Ndiague BADIANE

29 Décembre 2008

Source : Ndao 2009

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Carte 2: Localisation des sites d'enquêtes

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VI : Le traitement et l'analyse des données

Cette etape a consiste a la traduction graphique et spatiale des donnees quantitatives, mais aussi qualitatives qui sont recueillies sur le terrain, a travers le questionnaire et le guide d'entretien. Leur analyse nous a permis de mieux comprendre les fondements de la repartition ou de l'evolution de certains phenomenes.

VI-1 : Traitement statistique et cartographique

Les donnees obtenues sur le terrain ont fait l'objet de deux traitements :

Or Un traitement statistique : le logiciel Microsoft Excel 2007 nous a servi d'outils de traitement. Les donnees ont dans un premier temps fait l'objet de depouillement manuel, puis saisies dans Excel, a partir du quel on a construit differentes figures (diagrammes de repartitions, courbes d'evolutions etc.), montrant l'evolution ou la repartition des phenomenes etudies.

(r Le traitement cartographique a consiste a une spatialisation des realites observees au niveau de notre zone d'etude. Ainsi sont realisees : une carte de localisation de la zone d'etude, une carte des zones d'enquete, une carte de repartition spatiale du peuplement de la CR, une carte du domaine foncier favorable au maraichage, une carte des flux quotidiens de population en direction de la zone production, et enfin une carte des zones de commercialisation des produits maraichers. Les logiciels Arc VieW et Paint, ont facilite la realisation de ces differentes cartes. La redaction du document est exclusivement realisee a l'aide du logiciel Microsoft Word 2007.

VI-2 : L'analyse des résultats

Nous avons procede a une analyse multi variee qui a allie une analyse quantitative et qualitative. L'analyse quantitative est faite a partir des donnees quantitatives recueillies sur le terrain. Elle nous a permis d'elaborer et d'interpreter des diagrammes de repartition ou d'evolution sur des differents phenomenes observes sur le terrain (repartition des maraichers en fonction : des formes d'exploitations, de l'age ; repartition des modes d'acces a la terre et des modes de faire valoir etc.).

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L'analyse qualitative est une analyse de cause a effet, elle nous a permis de comprendre les relations qui existent entre les conditions physiques du milieu, les ressources humaines et le développement de l'activité maraichere dans la zone.

Les resultats de ce travail d'etude et de recherche s'articulent autours de deux grandes parties :

rUne premiere partie qui traite des facteurs favorisant le developpement du maraichage dans la CRN ;

or Une deuxieme partie qui aborde les caracteristiques, des contraintes et des

incidences socio-economiques et spatiales du maraichage dans la CRN.

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PREMIERE PARTIE :

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

LES FONDEMENTS DE L'ACTIVITE MARAiCHERE DANS LA

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

CR DE NDIOB

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

La production agricole resulte de la combinaison et des interactions de facteurs principaux que sont les facteurs agronomiques (parametres climatiques et pedologiques), mais egalement les facteurs humains (disponibilite de la main d'wuvre, experience et expertise des hommes), sans lesquels elle ne saurait se developper. Au Senegal, la diversite des conditions physiques a conduit a un zonage pedoclimatique du territoire national, en fonction des types de sols mais egalement des isohyetes, en 7 regions ecologiques specialisees chacune a une type de production plus adaptee a ses conditions.

Dans la communaute rurale de Ndiob, jadis specialisee dans la culture de l'arachide comme l'ensemble du bassin de l'arachide, l'activite maraichere a pris forme. Le developpement de cette derniere est tributaire d'un certain nombre de fondements qu'il s'agira d'analyser dans cette partie : ce sont les facteurs physiques (agronomiques) et humains favorables a l'activite.

Ainsi cette partie sera essentiellement constituee de deux chapitres :

1rL'analyse des facteurs physiques et leur role sur le developpement des cultures maraicheres;

1rL'etude des ressources humaines et leur influence
dans le developpement du maraichage dans la CR.

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CHAPITRE 1 : DES FACTEURS PHYSIQUES FAVORABLES AU DEVELOPPEMENT DU MARAICHAGE

La CR de Ndiob, située dans le département de Fatick fait partie de la zone centre ouest du bassin arachidier. Ses conditions écologiques, (climatiques ou agronomiques) sont a peu pres les mêmes que celles de l'ensemble du bassin arachidier, en particulier le facteur pluviométrique qui demeure une contrainte générale et fondamentale. Les sols sont en grande partie caractérisés par leur homogénéité, le réseau hydrographique est largement dominé par des eaux souterraines et la végétation présente un peuplement lache.

I-1-1 : Un climat favorable au maraîchage

La situation de la Communauté Rurale de Ndiob dans le domaine tropical sahélosoudanien, d'apres le systeme de classification de la FAO (pluviométrie inférieure ou égale a 50o mm/an), a fait d'elle une zone principalement caractérisée par deux saisons contrastées :

Une longue saison seche qui va de novembre a juillet et subdivisée en trois sous saisons :

or Une sous saison appelée « seeck 0 s'étale d'octobre a janvier. Le début de cette période est marqué par les récoltes et la fin de la soudure dans la CR. C'est une période de transition entre l'hivernage et la saison seche, elle se caractérise par une réduction des précipitations et est favorable a la culture de la pasteque, et du niébé de fourrage plantes peut exigeantes en eau et qui se développent grace a la rosée et les traces d'humidité du sol laissées par les précipitations. Pendant cette période, les températures oscillent entre 25 et 30°C, traduisant un taux d'évaporation faible, l'hygrométrie tourne autour de 6o% (station météo de Diourbel). C'est une période tres favorable au maraichage de contre saison, en raison des faibles températures, mais aussi de la disponibilité de l'eau a de faibles profondeur au niveau de la nappe phréatique, a l'image des Niayes. En effet parmi les facteurs qui constituent le point fort de la région des Niayes dans le domaine du maraichage, la faiblesse

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de la température et la proximité de la nappe phréatique occupent une place centrale. La sous saison « seeck )) marque la fin des grands travaux champêtres et le début de l'activité maraichere dans la vallée de Ndiob.

cr La sous saison appelée « ciid » qui va de février a avril est la période de grande chaleur a cause de l'harmattan vent chaud et sec qui souffle plus ou moins en permanence (8 mois sur 12) d'Est en Ouest. C'est un agent érosif tres actif car emportant une bonne partie de la couche superficielle du sol. Il constitue une véritable contrainte pour les maraichers, car accentuant le taux d'évapotranspiration des cultures. Ce vent desséchant les plantes, par l'accélération de leur flétrissement est parfois a l'origine de faibles productions. Dans cette période, les températures peuvent aller jusqu'à 40°C.

Or Et enfin la sous saison « varandam» va généralement de fin avril a fin juin, il correspondant a la période de régénération des arbres. Elle est consacrée au défrichement et a la préparation des terres de culture pluviales, marquant l'arrêt progressive de l'activité maraichere au profit des grands travaux champêtres. Elle correspond souvent a la récolte de certains produits maraichers comme la tomate, l'oignon, l'aubergine, etc. C'est également la période de disette chez les animaux, le tapis herbacé est quasiment disparu, le « saas »ou Faidherbia albida tres prisé par les animaux commence a perdre ses feuilles et les premieres pluies tardent de tomber. Le principal aliment du bétail a cette période est le « nguer » ou guiera senegalensis. Les températures tournent autours de 40° a 45°C, en raison de la forte insolation.

La saison pluvieuse communément appelée « Ndiig » s'étale sur 3 A 4 mois (juillet -- octobre)

C'est une période caractérisée par l'arrivée des flux de mousson de l'anticyclone de Sainte-Hélène. Ces flux constituent la principale source de pluies pour la zone dans son ensemble. C'est un vent chaud et humide qui progresse lentement du Sud au Nord, il atteint la CR de Ndiob vers fin juin- début juillet.

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Cette saison est la période pendant la quelle se déroulent principalement les activités agricoles dans la communauté rurale. L'activité maraichere y est peu pratiquée. En effet certaines plantes comme la tomate, le piment etc. ne sont pas adaptées aux conditions de l'hivernage : elles sont vulnérables aux attaques des parasites et a la pluie qui est un véritable facteur de destruction de leurs fleures ; l'oignon quant a lui pourrit facilement avec la forte teneur en eau du sol. On note néanmoins la culture de certains types de légumes comme l'aubergine, l'oseille, et le gombo en association avec l'arachide ou dans les jardins de cases par les femmes. Ces cultures ne sont pas destinées a la commercialisation, elles servent a l'enrichissement de l'alimentation des ménages. Les températures de cette période connaissent une relative baisse et oscillent entre 25° et 30°.

C'est une période marquée par des fluctuations avec la tendance a une installation tardive des pluies au cours de ces dernières années.

Tableau 4: Répartition des saisons dans le calendrier climatiques sérère

J

F

M

A

M

J

Jllt

A

S

O

N

D

Saison sèche

Hivernage

 
 

« Ciid »

 

« caradam »

« Ndiig 0

 

« Seeck »

: Mois de transition entre saisons. Source : Ndao 2009

Au plan pluviométrique, on note depuis les années 1960 une tendance a la baisse et a une forte variabilité interannuelle des pluies dans la zone (même si on constate une légère remonté ces dernières années) et des périodes de secheresse de plus en plus fréquentes. Il faut noter aussi une variabilité intra-annuelle principalement liée au dynamisme de l'équateur météorologique et par conséquent au front intertropical (FIT) (DIOP 1996), cité par FALL19. Cette variation s'est traduite par un glissement des isohyetes du Nord vers le Sud de 80 a 100 km (BADIANE et al 2000 WP 14). Au niveau de la CR, il est difficile d'avoir des données statistiques a cause de l'inexistence de pluviometre dans la CR jusqu'en 2005. Ainsi les données existantes avant cette année

19 Samba FALL, 2006 ; sécurité alimentaire et changements climatiques : typologie d'adaptation des ménages ruraux à la variabilité climatique dans le Nord du bassin arachidier du Sénégal (Département de Diourbel), mémoire de fin d'étude, économie rurale, ENSA-Thiès, page 18

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ont souvent été assimilées a celles de la communauté rurale de Diakhao oil est localisé le poste officiel. Les pluies sont regroupées sur une moyenne de 37 jours pendant lesquels tombent en moyenne 500 mm, inégalement réparties dans l'espace et dans le temps. La pluviométrie des dix (10) dernières années est caractérisée par une évolution en dents de scie avec des pointes de 638,2 mm et 38 jours de pluies en 2001, hauteur jamais atteinte. Cependant, l'analyse des données montre que les quantités de pluies reçues en 1996 ont été très faibles 300,1 mm tandis qu'en 2002 en 33 jours, la communauté rurale a reçu 376 mm alors que la moyenne en nombre de jours de pluies est de 37 jours. Le tableau 5 et la figure 1 montrent l'évolution et la variation de la pluie dans la CR ces dernières années.

Tableau 5: Croisé dynamique de la pluviométrie de la CR de Ndiob de 1998 à 2007

Nb jours

Années

32

40

44

38

33

37

32

22

32

25

Cumul En mm

1998

418,5

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

1999

 

571,7

 
 
 
 
 
 
 
 
 

2000

 
 

487,5

 
 
 
 
 
 
 
 

2001

 
 
 

638,2

 
 
 
 
 
 
 

2002

 
 
 
 

376

 
 
 
 
 
 

2003

 
 
 
 
 

597,5

 
 
 
 
 

2004

 
 
 
 
 
 

510,2

 
 
 
 

2005

 
 
 
 
 
 
 

566,1

 
 
 

2006

 
 
 
 
 
 
 
 

384

 
 

2007

 
 
 
 
 
 
 
 
 

425,17

 

Cumul

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

4974,87

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

mm

Source : CADEL de Diakhao

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Figure 1: Evolution de la pluviométrie de la CR de Ndiob de 1998 à 2007

Hauteur des pluies (en mm)

700 600 500 400 300 200 100

0

 

hauteur

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Années

Source : CADEL de Diakhao

La variation annuelle des précipitations conditionne le niveau de la nappe phréatique. En effet, les pluies constituent la principale source d'alimentation de cette dernière. Une bonne année pluviométrique traduit une recharge de la nappe et donc un bon potentiel hydrique pour le maraichage. Cependant, en cas de déficit, le niveau de la nappe est faible et l'acces a l'eau pose parfois probleme.

La zone dans son ensemble affiche une hygrométrie avec des valeurs tres faibles presque toute l'année. Les valeurs minimales de l'ordre de 4o a 6o% sont observées au mois de février, mars et avril, tandis que les valeurs maximales de l'ordre de 90 a 98% parfois sont observées de juin a octobre. Cependant, ces valeurs s'estompent sit8t l'hivernage passé. Une secheresse climatique sévit durant presque toute la moitié de l'année et ne fait place a une recharge hydrique consistante de l'air que vers la fin du mois de juin. L'insolation dans la zone peut atteindre o9h/jour en saison des pluies et ioh/jour en saison seche. Cette insolation suffisante est un atout considérable pour le développement des cultures légumières, floristiques et fruitières etc. En effet ces types de cultures ne peuvent se développer qu'en pleine lumière, elles appartiennent a la famille des héliophiles. L'insolation entre en jeux dans la photosynthese, processus qui permet aux plantes d'utiliser l'énergie solaire pour fabriquer a partir du gaz carbonique, les glucides qui constituent leur matière

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premiere. « La forme et la production des plantes dependent fort de la quantite de lumieres qu'elles recoivent20 0.

I-1-2 : Les ressources pédologiques, réservoir en eau et nutriment pour les cultures

Pour determiner les aptitudes pedologiques de la communaute rurale de Ndiob, il est necessaire de connaitre les caracteristiques des sols, autrement dit leur texture, leur structure et leur composition chimique. L'etude pedologique de la CR de Ndiob nous permettra de deceler et d'expliquer les types de sols favorables a l'activite maraichere et leur localisation.

Les materiaux geologiques de la CR de Ndiob, comme l'ensemble du pays serere, sont des calcaires marneux de l'Ypresien et du Lutecien inferieur recouverts d'un manteau sableux quaternaire (LERICOLLAIS A., 1999, p121). D'apres cet auteur, le micro relief de la zone s'est faconne dans ce manteau sableux et les sols s'y sont developpes.

La communaute rurale de Ndiob a l'image du bassin arachidier dans son ensemble, presente une diversite pedologique caracteristique de la zone tropicale a climax climatique avec des sols appartenant en grande partie a la famille des sols ferrugineux tropicaux ainsi que des sols hydro morphes.

Les travaux de PELISSIER P. (1966) et A. LERICOLLAIS (1999) sur les caracteristiques principales des sols dans le bassin arachidier, et du Ministere de l'environnement et de la protection de la nature en (Aofit 1999), intitulee Plan d'amenagement et de gestion des terroirs dans la communaute rurale de Ndiob, nous ont permis d'identifier quatre types de sols dans la CR de Ndiob :

Or Les sols « Dior » :

Les sols dior sont derives de sables quartzeux relativement grossiers, ils apparaissent sous forme de dune ou d'epais matelas de sable et presentent differents facies de sols ferrugineux tropicaux dont les nuances relevent d'un lessivage plus ou moins accentue en fonction de la pluviosite, et de la situation topographiques (P. PELISSIER

1966, P54).

20 H. DUPRIEZ et PH. LEENER, 1986 : Agriculture tropicale en milieu paysan africain, terre et vie, l'harmattan p. 115

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De texture sableuse, les sols « dior » ou sols ferrugineux tropicaux lessives presentent en surface (o a 5cm) un profil caracterise par des sables delies, gris-beige avec quelques debris organiques non decomposes. Au- dessous, l'horizon humifere brun-claire de texture sableuse avec des agregats faciles a ecrase, presente une epaisseur de 5 a 25 cm. Un horizon plus rouge lui succede, de 25 a 17o cm d'epaisseur, avec des sables recouverts d'une pellicule ferrugineuse. Cet horizon est d'une texture legerement argileuse et comporte des agregats dont la cohesion reste faible. En fin des sables rose-pales font la jonction avec le materiau originel (A. LERICOLLAIS 1999).

Ces sols sont pauvres en matieres organiques et leur structure meuble tres poreuse fait qu'ils ont une faible capacite de retention d'eau, l'espace entre les grains laisse passer facilement l'eau. Ils couvrent 19% de la superficie de la CR et constituent neanmoins un domaine specifiquement propice a la culture du mil « sauna 0, de l'arachide mais egalement de la pasteque. Cependant, leur texture sablonneuse les rend legers et permeables, leur structure instables traduit en grande partie leur vulnerabilite a la deflation eolienne et au lessivage vertical des precipitations, qui occasionne la migration en profondeur des elements chimiques, accentuant leur pauvrete.

r Les sols « deck-dior » :

Les sols « deck- dior » constituent une transissions entre les sols « dior » et les sols « deck ». Ils sont de texture sablo-argileux et riche en matières organiques, ces types de sol sont propice a la culture du mais et du sorgho mais surtout de l'arachide. Ils sont localises dans la partie sud-est et au Nord de la communaute rurale. Ils s'etendent sur une superficie 7980 ha soit 65% des terres de la CR.

cr Les sols deck et les sols de bas fond:

Ces sols revêtent plus d'interêt pour notre etude car ils constituent le domaine de l'activite maraichere dans la CR. On les reconnait par leur couleur noirâtre due a une forte teneur en argile « les pedologues les qualifient de sols bruns parce qu'ils sont humifies de maniere homogène sur tout le profile21 0. Ils ont une repartition morcelee coincidant avec les vallees de la CR, les depressions inter dunaires, les bas

21 R. MAIGNIEN, 1959, cité par P PELISSIER, 1966 dans : les paysans du Sénégal : les civilisations agraires du cayor à la Casamance, Imprimerie FABREGUE, p56.

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fonds ou généralement les axes de drainage local, même tres légères. Ils couvrent une superficie de 1710 ha soit 15% de la surface communautaire.

Ce sont des sols hydro morphes un peu lessivés au niveau des « cuvettes d'inter dune 0. L'érosion éolienne des dunes environnantes et le ruissellement en hivernage leur procurent un taux important en humus et toute sorte de matière organique, une forte proportion de limon et une teneur en argile d'autant plus forte que leur topographie est plus basse.

De 0 à 20 cm de profondeur, ils présentent un horizon humidifié recouvert par place d'une litière formée de débris de matières organiques, et d'une fine couche de sable gris-beige déliées sans structure ; puis jusqu'à 20 cm, l'horizon est faiblement poreux, ce qui traduit sa très bonne capacité de rétention d'eau. De 20 à 70 cm, on a un horizon de couleur brun plus soutenue qu'en surface, légèrement marbrée de beige et un peu plus argileux jusqu'à 50 cm, frais et assez meuble au-dessous, de structure nuciforme et de bonne cohésion (A.

LERICOLLAIS 1999 p 122 a 123).

Ces sols sont chimiquement plus fertiles que les sols dior. Leur forte teneur en argile, limon et humus fait qu'ils sont plus nourrissants pour les plantes que tout autre type de sols ( H. DUPRIEZ et P H. LEENER, 1986 p.84). Ce mélange leur procure une structure grumeleuse facilement pénétrable par les racines des plantes, par conséquent nécessitant peu d'effort pour les opérations de labour. « Les analyses des pédologues, révèlent d'autres part que les sols deck bénéficient en particulier d'une teneur plus estimable en chaux échangeable * (PELISSIER P. 1966, p56). La différence de texture de l'horizon de surface a une importante incidence agronomique. Ils ont une réserve en eau utile (réserve facilement utilisable par les plantes) tres importante.

La caractéristique de ces sols leur donne une allure proche de celle du sol des Niayes. C'est d'ailleurs ce qui traduit leurs immenses atouts pour le maraichage de contre saison.

Or Les sols latéritiques :

Localisés au Nord Ouest de Ndiob et a quelques endroits a l'Est (Ndodie et Soupa
sérere), ils se caractérisent par leur texture hétérogène et leur composition chimique
tres riche en oxyde de fer. Ainsi ils sont incultes et servent souvent de zone de

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pasturage en hivernage. Ces sols couvrent une superficie de 114 ha soit 1% de l'espace communautaire.

Figure 2: Répartition des différents types de sols de la CR de Ndiob

Deck- dior Dior

Deck Latéritiques

Types de sols

Frequences

40%

70%

60%

50%

30%

20%

10%

0%

Source : CADEL de Diakhao

I-1-3- : Les ressources en eaux : le facteur principal de l'activité maraîchère

La communauté rurale de Ndiob, a l'image d'une bonne partie de la région de Fatick, a un réseau hydrographique essentiellement tributaire d'un climat sahélo-soudanien qui se caractérise par une saison pluvieuse de courte durée. Les ressources en eau de la CR peuvent 8tre classées en deux groupes :

41' Les eaux de surface :

La CR de Ndiob fait parti des collectivités locales n'ayant ni littoral, ni cour d'eau permanent. Ses eaux superficielles sont essentiellement composées :

De bas fonds inondables durant la saison des pluies et qui sont localisés dans la zone de la vallée morte du Sine, principale zone d'exploitation du maraichage dans la CR. Cette vallée remonte au Nord vers la région de Diourbel ; c'est une des vallées qui ont été intégrées par le projet « Vallées Fossiles 0 ;

Des mares ou marigots souvent précaires (sambame, soul, khalakh, etc.)
localisées dans des zones dépressionnaires et de certains axes de drainages
secondaires. Ces dernières peuvent conserver de l'eau jusqu'en mi-novembre. Elles

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sont d'une grande utilité pour la culture de pasteque partout dans la CR, en novembre: en effet les paysans utilisent ces eaux pour l'arrosage de cette culture a cette période oil les pluies ont pratiquement cessé. Elles servent également a l'abreuvement du bétail surtout pendant l'hivernage.

Les eaux souterraines :

La communauté rurale de Ndiob appartient au bassin sédimentaire du secondaire et du tertiaire. L'analyse de son hydrogéologie a été faite par extrapolation, en tenant compte des données disponibles au nord de la région de Diourbel (notamment le département de 'Tivaouane). En effet, les aquiferes qui se situent dans cette partie de la région de 'Thies sont rencontrées au niveau de la région de Diourbel et au nord de la région de Fatick, oil se trouve la CR de Ndiob. Les eaux souterraines de la CR sont captées a travers deux principales nappes dont la plus importante intéresse l'étendue du territoire national ; il s'agit de la nappe maestrichtienne qui mesure entre 200 et 500 m de profondeur, avec une potabilité relativement bonne a médiocre. Cette nappe avec ses eaux saumatres est la source d'alimentation des forages et puits de la CR, elle assure également l'alimentation en eau du bétail en saison seche.

La nappe phréatique se localise dans la partie Ouest de la communauté rurale, notamment au niveau de la vallée. C'est un aquifere qui repose sur la premiere couche imperméable rencontrée a partir de la surface du sol. Sa profondeur varie suivant les zones ; elle est atteinte entre 4-5-10 m. On peut dire que cette différence de profondeur, a l'image de celle de la plus part des nappes phréatiques obéit aux différents niveaux que présente le relief de la vallée. En effet selon M. POIREE et CH. OLLIER (1957, p 47), « les nappes phréatiques présentent sensiblement les mêmes ondulations que celle de la surface du sol mais avec une certaine atténuation *. Cette nappe phréatique par sa faible profondeur représente le facteur le plus déterminant du développement de l'activité maraichere dans la vallée de Ndiob. Elle présente une eau de qualité piégée entre les sables quaternaires et joue un role similaire a celui de l'aquifere des Niayes dans la zone. L'acces a son eau ne demande pas beaucoup de moyens. La plus part des maraichers exploitent cette eau a partir de séanes ou de puits traditionnels de 4 a 6 m de profondeur. Son importance est

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capitale du fait de ses multiples fonctions : en plus de l'activite maraichere, elle sert a l'alimentation en eau des villages riverains de la vallee et du betail en saison seche.

1-1-4 : Les ressources vegetales creent un micro climat et ameliore la qualite du sol

Cette etude se limitera aux ressources vegetales de la vallee du fait de leurs caracteres speciaux et de leur role dans le domaine du maraichage. La vallee presente une vegetation claire semee essentiellement constituee de deux strates :

or Une strate arborée, formee d'un peuplement tres important de « neew *, arbre dont les fruits sont tres convoites par les populations en periode de soudure (cf. photo 1). C'est un arbre que l'on trouve uniquement au niveau de la vallee, cela s'explique sans doute par les conditions physiques particulieres qui caracterisent la zone. A cote du « neew *, on note Faidherbia albida (Kadd) qui constitue la plus importante source de fourrage pour les animaux en saison seche. Les especes secondaires sont Adansonia digitata, Tamarindus indica (Dakhaar), Balanites aegyptiaca (Soump), Acacia radiana (Seung), etc.

Photo 1: Végétation importante de « neew v

Cliche : Ndao 2009

En outre, on note une vegetation artificielle constituee de d'eucalyptus ou filao, et des arbres fruitiers comme l'acajou, les citronniers etc. Ces formations artificielles sont essentiellement localisees au niveau des perimetres maraichers, elles jouent dans la plus part des cas le role de brise vent et de haie.

or Une strate arbustive, dominee par combretum glutinosum (rat) et Guiera

senegalensis (Nguer), tres convoite par les petits ruminants au milieu de la

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saison seche. A cote de ces deux especes, on note une espece communement appelee « celaan , en Wolof, c'est une espece introduite dans la vallee par les maraichers. Cette vegetation diversifiee est d'une importance capitale pour le developpement du maraichage dans la vallee. Son role peut etre percu a travers trois fonctions principales :

or Atténuation de l'énergie des rayons solaires sur les terres de culture : en creant l'ombrage, les arbres empechent que le sol se rechauffe fortement, ce rechauffement entraine le dessechement de la terre suite a une forte evaporation. Ce role est surtout joue par l'eucalyptus, le « neew , et l'acajou qui ont un feuillage assez dense.

or Les arbres brisent l'énergie du vent : l'harmattan, faut-il le rappeler, est un puissant facteur d'erosion et accentue le taux d'evaporation du sol mais surtout l'evapotranspiration des cultures. Les formations vegetales, artificielles ou naturelles contribuent a diminuer la force de ce vent. Ainsi ils protegent les cultures contre ses effets dessechant et diminuent les dangers de l'erosion du sol. Les especes comme prosopus gelufloral, guiera senegalensis et le « celann , servent essentiellement de cloture, de haie et de brise vent (cf. photo 2). La cloture de l'ensemble des exploitations visitees est formee de ces especes, donnant l'allure d'un paysage bocager a travers une multitude de parcelles fermees.

Photo 2: Clôture et brise vent construites avec des « célaan »

Clôture et brise-vent

Cliché : Ndao 2009

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cr. La préservation et la transformation du sol : pour bien comprendre les effets des arbres sur les sols et par la, sur les cultures, qui leurs sont associées, il est nécessaire de savoir comment, oil et de quoi se nourrissent les cultures. En effet la plus part des cultures saisonnières puisent leur nourriture dans les couches peu profondes du sol (DUPRIEZ H. 1986, p74). Sur ces couches superficielles doivent donc se concentrer les aliments de ces cultures, autrement dit les matières minérales (provenant de la roche) et les éléments organiques dérivés de la décomposition des matières vivantes. Les arbres, par la chute de leurs feuilles contribuent fortement a enrichir et a renouveler ces couches superficielles du sol. « La richesse naturelle du sol depend beaucoup de l'activité des arbres et des nombreux petits animaux et micro-organismes qui vivent dans la litiere formée de feuille et de déchets deposes sur le sol 220. Le Faidherbia albida joue tres bien ce role. Cet arbre symbolique du paysage sérere a de fortes propriétés fertilisantes, a travers la capacité de ses racines a fixer l'azote au sol, mais également la chute de ses feuilles en début d'hivernage. « L'ombrage de l'arbre en feuilles pendant la saisons seche, la litière azotée qu'il depose juste avant l'hivernage se traduisent par une amelioration en profondeur de toute les variables de la fertilité23 0. Les cultures sont plus serrées et plus belles sous le couvert de cette espece que dans l'espace découverte. L'influence du Faidherbia albida sur le sol est unanimement soulignée par les agronomes et les forestiers (A. LERICOLLAIS, 1999, p. 128).

Les paysans séreres en sont également conscients, c'est ce qui explique la sélection et la préservation de cette espece dans tous les paysages agraires dans le Sine. Un proverbe sérere disant : « deux Faidherbia albida dans un champ equivalent a un grenier de mil 0, traduit l'importance accordée a cette arbre dans la culture sérere.

L'ombrage important de ce couvert végétal et ses multiples fonctions, combinée au bas relief de la vallée crée un micro climat relativement doux. La vallée est la zone la plus fraiche dans l'ensemble de l'espace communautaire, c'est ce qui explique son appellation de « boubaan 0 (fraicheur) par les populations.

22 H. DUPRIEZ et PH. LEENER, 1986, op. Cit. P 75

23 CHARREAU, 1970 cité par A. LERICOLLAIS, 1999, P. 128

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Malgré un certain nombre d'insuffisances de certaines conditions du milieu les facteurs physiques témoignent largement des potentialités favorables au maraichage.

Cependant l'activité maraichere n'est pas seulement tributaire de ces parametres agronomiques. L'homme y occupe une place centrale, lui qui conditionne les modes de production mais également la commercialisation des produits. Le role de la ressource humaine dans la filière maraichere s'apprécie sur trois domaines : la disponibilité, la mobilisation et l'organisation des acteurs, l'expérience des paysans, mais également la demande qui constitue un débouché important au niveau des marchés ruraux et urbains.

CHAPITRE 2 : FONDEMENTS HUMAINS ET ORGANISATION DES ACTEURS DU MARAICHAGE DANS LA CR DE NDIOB

Le peuplement de la CR de Ndiob remonte au xlveme, avec sa provincialisation par la cour royale de Diakhao sous le regne de Bour Sine Sankhaye Fama Marone24. Comme l'ensemble des communautés rurales du département de Fatick, cette collectivité est largement occupée par les séreres qui représentent 70% de la population. Ces derniers, originaires de la vallée du fleuve Sénégal seraient les premiers a débarquer sur la zone d'apres les données historiques. A leur suite, on note les Wolofs venus du Baol voisin en rapport avec la culture de l'arachide, ils font 18% de la population. Les peuls (io%) et les autres ethnies (2%) sont progressivement installés dans la zone de faRon occasionnelle. La figure 3 fait état de la répartition ethnique de la population de Ndiob.

24

NDIAYE I, 2000, la situation économique de la CR de Ndiob, rapport de stages, ANCAR, 25p

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Figure 3: Répartition ethnique de la population de Ndiob

Source : CADEL de Diakhao 2007

Cette population diversifiée, a dynamique sans cesse croissante constitue un facteur capital dans le développement de l'activité maraichere au niveau de la vallée de Ndiob.

I-2-1 : La démographie : dynamique, structuration et répartition spatiale.

Au cours de cette dernière décennie, la dynamique de la population de Ndiob est marquée par une croissance spectaculaire. En 1988, la communauté rurale comptait 11185 habitants. Depuis cette date, l'accroissement démographique se fait a un rythme élevé (cf. fig. 4). Apres l'analyse des projections de la DRPS de Fatick, on a constaté que la population, a un taux d'accroissement annuel de 3,7% (avec des taux partiels de 3% pour les femmes et 2,4% pour les hommes), devait atteindre 14990 habitants en 2004. Cependant a partir des recensements administratifs, effectués pour recouvrer la taxe rurale, elle est estimée a 14.297 habitants en 2004. Cette légère baisse par rapport aux projections peut s'expliquer a travers la minimisation des recensements par les chefs de ménage dans le but de limiter la charge de la taxe rurale ou en liaison avec les phénomenes migratoires. D'apres le dernier recensement administratif effectué en 2007 par le conseil rural de Ndiob, la population est actuellement estimée a environ 17245 habitants.

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Figure 4: Accroissement de la population de Ndiob, de 1998 à 2007

20000
18000

Population

16000 14000 12000 10000 8000 6000 4000 2000

0

population

1998

 

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

1149

1213

1277

1341

1405

1469

1533

1596

1660

1724

Années

Source : CRN 2009

Cette forte croissance démographique est marquée par une nette prédominance des jeunes, avec 70% pour les moins de 30 ans (dont un taux partiel de femmes tournant autour de 54%). Le rapport de masculinité donne un ratio de 84%, soit 100 femmes pour 80 hommes. La forte représentativité des jeunes constitue un atout important pour le maraichage, en matière de main d'oeuvre. La figure 5 montre la répartition de la population en fonction de l'age.

Figure 5: Répartition par âge de la population de Ndiob en 2007

67%

30%

3%

Enfants Adultes Vieux

70%

60%

Frequences

50%

40%

30%

20%

10%

0%

Enfants Adultes Vieux

Ages

Source : CRN 2007

Par ailleurs la répartition spatiale de la population cache de fortes disparités (cf. carte
3). La densité estimée a 94 habitants /km2 en 1988 est aujourd'hui a 151
habitants/km2, si on considere le recensement de 2007. Les densités les plus fortes

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sont enregistrees au niveau des villages sereres de la vallee, a l'ouest de la communaute rurale.

Carte 3: Répartition spatiale de la population de Ndiob

Cette population inegalement repartie dans l'espace communautaire de Ndiob, a
comme principales activites : l'agriculture et l'elevage, avec des activites secondaires

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comme le commerce et l'artisanat. Les actifs représentant un taux de 57,66% sont occupés a 60% pour l'agriculture, 30% pour l'élevage et 10% pour le commerce et l'artisanat (cf. fig. 6).

Figure 6: Répartition socioprofessionnelle de la population de Ndiob

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0%

Frequences

Agriculteurs Eleveurs Commerçants Artisants

Professions

I-2-2 : Les activités socio-économiques

L'économie des populations de la CR de Ndiob repose essentiellement sur des activités liées a l'exploitation des ressources du terroir. Il s'agit faut il le rappeler, de l'agriculture, de l'élevage, mais aussi du commerce et de l'artisanat. Ces activités constituent depuis plusieurs décennies, les moyens de subsistance pour une population fortement ancrée dans son terroir et sans cesse croissante.

Cependant elles sont de plus en plus soumises a une série de contraintes obligeant les paysans de Ndiob a adopter des stratégies pour faire face aux insuffisances suscitées par leur contre performance.

1-2-2-1- : L'agriculture

L'agriculture constitue la principale activité économique de la communauté rurale. Elle mobilise 95 % de la population sérere. La population séreres est avant tout paysanne, en dépit des castes et des clivages de la société, cultiver est l'activité principale (LERICOLLAIS A. 1987)

C'est une agriculture extensive, semi moderne. Elle est fortement tributaire d'une
pluviométrie irrégulière. La diversité des sols du milieu favorise la culture de diverses

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spéculations. En effet l'agriculture occupe 9690 ha soit 85% des terres de la communauté rurale avec 10% de sol sablo-argileux favorables au maraichage, 5% de sols deck oil sont cultivé le mals et le sorgho, 65% de sols deck-dior occupés surtout par l'arachide et par fois le sorgho et 19% de sols dior qui supportent la culture de l'arachide, du mil, du niébé et de la pasteque.

Les statistiques agricoles disponibles ne concernent que l'entité région, elles sont inexistantes a l'échelle de la communauté rurale depuis maintenant dix ans. Cependant d'apres le chef du CADEL de Diakhao, les productions actuelles tournent approximativement autour de 600 a 800 kg/ha pour le mil, 500 a 600kg/ha pour l'arachide, 400 a 600kg/ha pour le niébé, 1 a 2 tonne/ha pour la pasteque, et est variable pour le mals et le sorgho (cf. fig. 7).

Figure 7: La production moyenne à l'hectare des spéculations cultivées dans la CR de
Ndiob

Productions en Kg/ha

1600

1400

1200

1000

400

800

600

200

0

750

450 500

1500

Mil Arachide Niébé Pastéque

Mil Arachide Niébé Pastéque

Spéculations

Source : CADEL de Diakhao 2007

En termes de superficies cultivées, l'arachide a connu une évolution inverse par rapport aux cultures de céréales, en effet les surfaces emblavées en arachide ont d'abord augmenté de prés de 35% sur la période 1997 -- 2000 pour ensuite baisser de plus de 20% entre 2000 et 2002. En 2007, elle occupait 42% des superficies cultivées (CADEL de Diakhao 2007).

Le mil, principale culture vivriere se cultive sur une superficie de 650 ha. La superficie des, autres spéculations est variable.

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Il faut noter cependant la culture recente de la pasteque qui constitue une alternative a la culture de l'arachide. Cette culture connalt une ascension fulgurante et fournit d'importants revenus monetaires a la population de Ndiob.

1-2-2-2: L'élevage

L'elevage occupe la deuxieme place dans l'economie locale apres l'agriculture. Il est de type extensif et mobilise une frange importante de la population active et precisement 90% de la population peulh. Sa pratique est beaucoup plus developpee dans la zone Nord de la communaute rurale oil il y a une forte representativite des peulhs ; conscientes des avantages que procurent l'integration agropastorale, la majorite des familles en milieu serere pratiquent aussi l'elevage semi intensif. Ces deux activites ne sont pas paralleles mais complementaires et etroitement associees (PELISSIER P. 1966, p. 236).

Toutefois, dans la CRN l'elevage est aujourd'hui pratique, plus pour la commercialisation et le travail agricole que pour son caractere contemplatif : ce ci s'explique par la crise de l'agriculture dans la zone, mais aussi la place importante qu'occupe actuellement le betail, en particulier les ovins dans le commerce au Senegal et dans la sous region.

Les statistiques disponibles indiquent l'existence d'un cheptel important domine par les bovins, la volaille et les caprins. Les assins et les equins sont faiblement representes sans doute a cause de la lourdeur des charges pour leur entretien, alors que les bovins, ovins et la volaille sont privilegies par les eleveurs du fait de leur facilite d'ecoulement (cf. fig. 8).

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Figure 8: Répartition du cheptel de la CR de Ndiob en 2007

9077

12019

Nombre par espece

15000

10000
5000
0

Bovins Ovins Caprins Assins Equins Volailles

6384

5042

3252

622

Bovins Ovins

Caprins Assins Equins

Volailles

Espèces

Source : CADEL de Diakhao 2007

En termes de production de viande et de lait, les techniques sont purement traditionnelles : la production laitière est faible et varie suivant les saisons. Ainsi les meilleurs sujets donnent 1 litre/sujet en saison seche et 2 litres /sujet en hivernage. La production de viande est estimée a plus de 02 abattages par louma, soit plus de quatre fois par semaine pour les bovins et 03 a 04 abattages par semaine pour les petits ruminants. En effet il existe plusieurs louma par semaine sur un rayon de 10km. Mais aussi il faut signaler que la communauté rurale de Ndiob est distante de la commune de Diourbel, grand consommateur de produits animaux, de 10km seulement.

1-2-2-3 : Le commerce et l'artisanat

Ces deux activités sont complémentaires a l'agriculture et a l'élevage, activités clés des populations. Elles mobilisent globalement 10% de la population. Le commerce est essentiellement constitué de vente en détail dont on note une forte représentativité des femmes, surtout celles regroupées en GPF et bénéficiant de l'appui financier de certaines ONG. Quant aux hommes, ils sont présents dans la commercialisation du bétail, des produits agricoles etc. Les grands commerçants se trouvent dans les villages Wolofs comme Darou, 'Thiallé etc.

Les centres d'échanges de la communauté rurale se résument au marché de Ndiob qui
compte 20 souks, une trentaine de places et un hall, et au marché de Darou Salam
avec 04 souks, 20 places et un hall. Les produits vendus dans ces marchés sont

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essentiellement constitués de denrées de premiere nécessité, oil les produits maraichers de la vallée occupent une place importante.

Malgré les investissements consentis pour la réalisation des ces infrastructures, elles rapportent peu a la communauté rurale. En effet le prix de location des souks varie entre 5000 et 25000 FCFA/moi, quant aux places de ventes de détail, la location varie suivent le produit vendu, la faible valeur des produits (légumes, produit, alimentaires surtout), fait quelle varie entre 50 et 100 FCFA par louma.

Par ailleurs, on note un développement des boutiques villageoises favorisé par l'ONG World Vision en collaboration avec les GPF en place pour l'apprivoisement en produit de premiere nécessité.

Quant a l'artisanat, elle est peu développée dans la communauté rurale, elle est surtout constituée de menuisiers, de forgerons, de bijoutiers, de cordonniers, de portiers etc. C'est une activité qui est souvent délaissée pendant la saison des pluies au profit de l'agriculture. Cela s'explique surtout par la faible rentabilité des produits du secteur concurrencés par les produits des marchés environnants.

Malgré leur importante place dans la vie socio-économique, l'ensemble de ces activités, peinent toujours a satisfaire la demande des populations, en raison d'une série de contraintes de diverses nature.

Ces activités qui, dans leur ensemble ont depuis des décennies constitué les principaux moyens de subsistance des populations, peinent toujours a satisfaire leurs besoins de plus en plus croissants, en raison d'une série de contraintes de diverses nature. Il s'en suit ainsi la naissance de nouvelles stratégies, comme la pratique du maraichage de contre saison pour satisfaire ces demandes.

I-2-3 : la crise des activités agropastorales de la CR de Ndiob : contexte d'émergence du maraîchage.

La crise des activités agropastorales est un phénomene récurant que l'on observe souvent dans les pays du tiers monde de faRon générale, mais surtout dans les pays sahéliens dont le Sénégal en particulier.

Le systeme agro-pastoral sénégalais a toujours été dans son ensemble confronté a des handicapes d'ordre physiques, économiques et techniques.

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A l'échelle de la communauté rurale de Ndiob, l'existence d'un large cadre physique pour l'agriculture et l'élevage, ne permet pas a ces derniers de répondre a la demande sans cesse croissante des populations. Cette situation se traduit par des conditions de vie particulièrement défavorables, obligeant les paysans a adopter diverses stratégies pour subvenir a leurs besoins socio-économiques. Parmi ces stratégies, le maraichage occupe une place de choix depuis plus d'une décennie.

1-2-3-1 : Les contraintes physiques

Au cours de ces dernières décennies, la CR de Ndiob est marquée par une dégradation avancée des conditions physiques, autres fois tres favorables aux activités agro-pastorales.

Les travaux de PELISSIER P. et LERICOLLAIS A, dans le pays sérere révèlent que le paysage offrait d'immenses potentialités aux activités agro-pastorales. Ainsi on retient avec PELLISSIER P. qu' « il y'a 4o ans, le paysage sérère offrait une forme d'éguilibre dans l'exploitation d'un milieu ingrat converti en environnement maitrisé 025. Les populations assuraient leur substance et leur revenu grace aux bons rendements de l'agriculture.

Mais la performance a cette époque était liée, en plus des potentialités, aux techniques culturales qui reposaient sur la rotation triennale des cultures et la jachere, associées a l'élevage, grand fertilisant. Cette technique d'une population faiblement dense a l'époque, palliait aux risques d'épuisement des sols.

Cependant cette situation a connu un bouleversement a partir des années 1980. En effet la croissance accélérée de la population a entrainé l'augmentation des défrichements et l'extension des cultures sur l'ensemble du terroir sérere et la disparition de la jachere. La CRN fait partie des zones les plus peuplées du bassin arachidier. Sa densité actuelle tournant autour de 151 habitants/km2 traduit la forte pression sur la terre, pour répondre aux besoins d'une population de plus en plus nombreuse. Chaque saison des pluies, le paysage sérere est totalement mis en culture, mil, arachide alternant sans interruption (PELISSIER P. 2002 : 9).

25 PELISSIER P et al , 2002 : Campagnes africaines en devenir 2ème édition, Argument, page 9

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Ces défrichements accélérés et la forte pression sur les ressources forestières expose le sol a l'érosion éolienne pendant huit a neuf mois de l'année, mettant en place des dunes de sables tres défavorables a l'agriculture. La pérennité du terroir sérere est mise en cause par la disparition de la jachere compromettant ses deux fondements : la fertilisation par le bétail et le parc arboré (PELISSIER P. 2002 : 9)

A cette dégradation des sols s'ajoutent la baisse et l'irrégularité des pluies : la communauté rurale de Ndiob, comme l'ensemble du bassin arachidier, est marquée par une variation climatique considérable ces dernières années. Cette variation s'est traduite par une accentuation de l'irrégularité et de la répartition temporelle (inter annuelle et mensuelle) et spatiale de la pluviométrie. Les saisons des pluies sont devenues plus courtes et moins humides, les saisons seches plus prononcées.

La moyenne pluviométrique des dix dernières années (5oomm) est largement en deça des besoins de la zone pour un cycle végétatif complet des cultures. Ainsi on note la disparition du « mathie », mil a cycle long, du sorgho etc. et une diminution de la culture de l'arachide, progressivement, remplacés par le petit mil le niébé, la pasteque et d'autres cultures a cycle court. On retient avec LERICOLLAIS A. que « les deficits pluviométriques [...], obligent a une reduction du cycle agricole *26.

Face a ce contexte de dégradation de l'environnement, les éleveurs adoptent la transhumance vers le Saloum ou le Ferlo. La transhumance constitue la principale stratégie de lutte contre le manque de fourrage. L'embouche bovine est de plus en plus pratiquée par les paysans de la communauté rurale. Cependant elle est tres faible, car nécessitant d'importants investissements pour l'alimentation des animaux. Ces derniers, sont en nombre tres limité et souvent destinés a la vente.

La disparition de la jachere ajoutée a la réduction, de l'utilisation de

fertilisants chimique et organique, fait que la terre ne se renouvelle plus. En effet la seule stratégie des populations en dépit de l'utilisation de l'engrais chimique était la fertilisation par le fumier du bétail, or l'extension des cultures dans les zones de pâturage et la baisse des ressources fourrageres oblige un déplacement des troupeaux vers le sud.

26 LERIOLLAIS A., 1999 : les paysans sérères : dynamique agraire et mobilité au Sénégal, l'IRD, page 133

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Parmi les paysans interrogés, seuls, 21% utilisent les engrais chimiques, 70% utilisent la fumure animale, surtout celle des petits ruminant et les équins et assins qui ne vont pas en transhumance, 9% utilisent la technique de compostage avec l'encadrement de l'ANCAR (NDAO 2008).

Cependant cette fertilisation présente peu d'intérêt face a la pression agricole, diminuant l'offre alimentaire du sol.

A ces contraintes physiques s'ajoute le manque de moyens pour une mise en valeur importante.

1-2-3-2 : les contraintes économiques et techniques

Depuis l'indépendance, l'agriculture sénégalaise est marquée par une succession de politiques visant l'éradication des difficultés du secteur et du monde rural.

Mais ces nombreux programmes et projets de développement agricole ont eu tres peu d'impact sur l'amélioration des conditions de vie en milieu rural. La NPA des années 1980 a d'avantage augmenté les problemes du monde rural. En atteste DIOP A B : « La politique agricole du gouvernement dont l'un des objectifs principaux était d'encourager la culture de l'arachide a permis l'endettement des paysans pour l'acquisition des intrants, du matériel que leurs ressources ne leur permettait pas d'acheter au comptant. *27

En effet cette politique se caractérisant par : le désengagement de l'Etat, la privatisation des entreprises publiques chargées du développement agricole, la responsabilisation des paysans avec le transfert de certaines fonctions anciennement dévalues aux organismes publics, l'élimination des subventions sur les intrants et des crédit agricoles, et la libéralisation des prix des productions agricoles, « a déconnecté le développement du monde rural de celui du secteur agricole 028.

Apres avoir déstructuré le systeme d'encadrement du secteur, la mise en oeuvre de cette politique n'a offert en réalité aucune perspective concrete de développement au monde rural.

27 DIOP A. B : Les paysans du bassin arachidier : Conditions de vie et comportements de survie, IFAN - Cheikh Anta Diop. . Université de Dakar, page 58

28 WWW.Sudonline.sn /SPIP. PhP ? vendredi 25 avril 2008 : Face a la hausse des prix mondiaux des produits agricoles : quelles solutions pour le Sénégal

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Cette situation se traduit chez les paysans du bassin arachidier, particulierement ceux de la CR de Ndiob par des problemes cruciaux de moyens pour une bonne marche de leurs systemes de production.

Parmi les paysans interroges au cours de notre investigation sur le terrain, 32% expliquent la baisse des rendements par la degradation des conditions naturelles (baisse de la pluviometrie, appauvrissement des sols etc.) et 15 % considerent que c'est a la fois la degradation de l'environnement et le manque de moyens. Pour 53% cette baisse des rendements est liee a la liberalisation du secteur agricole, qui se traduit chez eux par :

or L'insuffisance et la vetuste du materiel agricole, liees au non renouvellement du parc existant, a l'inexistence de systeme de credit en materiel. La plus part d'entre eux dispose de materiel fabrique par les artisans locaux ;

or L'acces difficile aux semences de qualite, lie a leur insuffisance, au coilt eleve, a l'absence de credit en intrant et a la distribution tardive.

Les intrants sont vendus aux paysans a des periodes de l'annee correspondant au debut de la soudure pour certain. Seuls ceux qui ont les moyens parviennent a avoir des intrants de qualite. Pour la campagne agricole de 2006/2007, dans l'ensemble de la CR, 20 paysans, dont 15 pour la zone de Ndiob, 03 pour Darou 01 pour Ndiourbel Sine et 01 pour Farar ont eu des semences en quantite satisfaisante. Ces paysans sont de gros producteurs et appuyes par les ONG (CRN 2008).

D'apres les paysans, les semences vendues par la SUNEOR (ex SONACOS) sont largement en deca de leurs besoins reels. Pour la campagne 2006/2007 par exemple, 25 tonnes de semences (arachide variete 55.473), 15 tonnes d'engrais (varietes 6-20-10 et 15-10- 10) ont ete mis a leurs dispositions, pour 1616 menages ayant recouvre la taxe rurale. Ainsi on note pour chaque menage 15kg de semence et 9kg d'engrais (CRN).

Un grand nombre de paysans eprouvent d'enormes difficultes pour acquerir les quantites de semence d'arachide dont ils ont besoin et se voient obliges de limiter les superficies cultivees. Les chutes de production ces dernières annees, même en bonne saison, s'expliquent partiellement par la baisse des quantites de semences. Pour avoir de semences, de nombreux paysans, sont obliges de s'endetter, de mettre en gage ou de vendre des biens.

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Cette situation est déplorée par les paysans qui réclament des semences en quantités suffisantes et les crédits agricoles. Un des paysans29 interrogés explique : « avant le désengagement de l'Etat du secteur agricole, on recevait les intrants a crédit avec : lookg de semence par homme et 5o kg par femme plus du matériel et des produits phytosanitaires nécessaire au bon développement des cultures. Mais actuellement, l'acces aux semences est extremement difficile, nous n'avons pas les moyens 0.

A ces contraintes, on peut ajouter les problemes techniques, résultant de l'absence de formation et d'un manque d'encadrement.

Cependant selon les paysans, aux moments oil ils bénéficiaient du soutien de l'Etat, la production de l'arachide par exemple tournait autour de lookg de coque par boite de graine semée. Mais maintenant 10 boites semées (environ iha) donnent exceptionnellement 5ookg d'arachide de coque.

L'élevage n'échappe pas a cette libéralisation. En effet dans la CR la prise en charge de la santé animale par l'Etat pose de plus en plus probleme. D'ailleurs ce secteur est marqué au cours de son histoire par la faiblesse des investissements de la part des pouvoirs publics.

Les difficultés du secteur agro-pastoral se répercutent sur le commerce. En effet les produits vendus au niveau des marchés de la CR proviennent pour l'essentiel des activités agro-pastorales. Or, ce secteur connait une forte baisse des productions. Ainsi on note au niveau des marchés une insuffisance de produits, mais aussi et surtout le manque de dynamisme de ces marchés qui fait qu'ils sont fréquentés que par les populations locales.

L'artisanat est confronté a des difficultés telles que : l'acces difficile aux matières premieres et aux financements, l'absence d'encadrement, mais surtout l'absence d'organisation regroupant tous les artisans.

29 Guèdie DIOUF, vieux Paysan à Soumnaane

30 Boîte de semoir équivaut à 5kg de graine

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Ces différentes contraintes engendrent une paupérisation des populations et répétition cyclique de la soudure conduisant, dans une certaine mesure a un exode massif des jeunes en direction des centres urbains comme Dakar pour le soutien des familles.

Face a une telle situation, les populations, en collaboration avec les autorités locales et les intervenants extérieurs se fixent comme objectif d'accroitre les rendements agricoles et de faire du maraichage un domaine prioritaire pour le développement économique de la communauté rurale.

L'activité maraichere mobilise depuis la crise de l'arachide une frange importante de la population. Cette dernière s'active essentiellement sur la production et la commercialisation des produits largement dominée par les femmes.

I-2-4 : L'organisation des différents acteurs de l'expansion du maraîchage dans la CR de Ndiob

« L'agriculture africaine demeure encore dépendante de l'énergie humaine. Le paysan travaille le plus souvent a la main... , (POURTIER R., 2001 p.90). Dans l'agriculture sénégalaise la disponibilité de la main d'oeuvre est un facteur incontournable pour tout développement agricole. En effet cette activité n'a pas encore connu une mécanisation avancée les outils sont rudimentaires et les exploitations sont en grande partie de type familiale. L'activité maraichere est un des sous secteurs les plus exigeants en main d'oeuvre dans le domaine agricole. Dans la CR de Ndiob, une frange importante de la population s'active aussi bien dans la production que dans la commercialisation des produits. Les partenaires au développement y jouent également un role considérable.

1-2-4-1 : Les proprietaires de terres : de veritable lamanes modernes

Ce sont les chefs de famille qui détiennent les terres de la vallée, Ils sont surtout les paysans des villages riverains de la vallée comme Ndiob, Bacco Mboytolé, Bacco Sérere, Ngalagne, Banghadj etc. Ces acteurs ont acquis leur patrimoine foncier soit par héritage a leurs ancetres qui furent des lamanes soit par achat ou par le systeme

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de taflé (mise en gage) oil les propriétaires de la terre ne pouvaient pas rembourser la créance au délais fixé. Ainsi ces derniers se voient expropriés de leurs terres par le prêteur qui devient de « plein droit 0 le détenteur. D'autres propriétaires ont été favorisés par la loi sur le domaine nationale : en effet la loi a permis a beaucoup de détenteurs de droit de hache ou de droit de culture dans le régime coutumier, de devenir maitre ou « propriétaire 0 des terres qu'ils mettaient en valeur, avec le régime moderne mis en place par l'Etat (cf. p. 71 : régime foncier moderne).

Certains de ces propriétaires terriens n'exploitent pas la totalité de leurs domaines, ils jouent un véritable role de lamane, a travers la location ou la mise en métayage de leurs foncier a des maraichers sans terre, souvent venus des localités éloignées de la vallée ou aux GIE et GPF, pour une duré déterminée. Les locataires donnent en retour une « redevance 0 essentiellement en argent, soit un prix négocié entre l'usager et le propriétaire, soit un partage des retombés financiers de la récolte (mbeye cedoo). (cf. p. 72 : acces a la terre).

Parmi les exploitations visitées, 18% des terres sont détenues par ces acteurs. Les autres maraichers exploitent soit leurs propres terres, ou celle de leur parent proche, sans contre parie.

1-2-4-2 : Les producteurs

Les producteurs maraichers dans la CR de Ndiob sont en majorité locaux. Ils ont comme principale activité l'agriculture, leur longue expérience dans ce domaine leur confere une certaine expertise et un fort attachement a l'activité. Ces producteurs peuvent être classés en trois groupes en fonction de leur organisation et des types d'exploitation:

or Les producteurs familiaux:

Ce sont des chefs de famille qui s'activent dans le domaine du maraichage. Ils ont comme principale main d'oeuvre leur famille, qui assure la totalité des tâches, de la préparation des parcelles a la dernière récolte. Les tâches sont dans la majorité des cas réparties en fonction de l'âge et du sexe des travailleurs : les jeunes garcons (18 ans et plus) sont chargés des travaux durs comme l'exhaure de l'eau, l'arrosage et l'entretien des cultures (sarclage, fertilisation, déparasitage etc.) ; les enfants s'occupe de la surveillance des cultures contre la divagation du bétail, mais aussi le vol surtout

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en période de récolte ; quant aux femmes, elles ont en général comme principales activités la cueillette et la vente en détail d'une partie de la production dans les villages et les marchés hebdomadaires de la communauté rurale.

Le chef de famille est chargé de la supervision des opérations agricoles, de la recherche d'intrants, de matériel, de soutient financier, mais également de débouchés (clients) au niveau des marchés pour l'écoulement des produits. C'est lui qui prend les décisions (choix des productions, dates des opérations, organisation etc.).

Ce groupe représente 27 % des producteurs interrogés lors de nos enquêtes de terrain. Leurs avantage est surtout l'importance et la disponibilité de la main d'oeuvre, ils n'ont pas besoin de recruter du personnel pour la bonne marche de leur travail. Dans la plus part des cas, ces producteurs n'accusent pas de retard dans leurs calendrier agricole et le cycle normal des cultures est respecté. Ces producteurs font a l'image des peuls de la vallée du fleuve Sénégal une alternance entre deux cultures (en période hivernale et en période seche). Cependant dans ce cas de figure, il ne s'agit pas d'alternance entre cultures pluviales au jeeri et cultures de décrue au waalo, mais une alternance entre cultures pluviales dominées surtout par le mil, aliment de subsistance, et l'activité maraichere comme source de revenus en contre saison parfois dans les même domaines fonciers.

or Les producteurs individuels :

Ce groupe est formé de jeunes dont la plus part viennent des villages éloignés de la vallée (Ndioudiouf, Mbataar,'ThieW 'Thiallé et.). Ces producteurs préfèrent, dans la majorité des cas, la pratique du maraichage dans la vallée de Ndiob que certains travaux comme celui de manoeuvre journalier dans les magasins ou les chantiers de construction en ville : plus de 60% des producteurs interrogés considerent que le maraichage est plus bénéfique que le travail de journalier. Ils avancent l'idée selon la quelle, avec le maraichage ils n'ont pas besoin de louer des chambres, ils rentrent chez eux chaque soir et ne dépensent pas pour le manger, alors qu'en ville ils effectuent de nombreuses dépenses pour des raisons de logement et de nourriture. Ces dépenses font qu'il leur est impossible d'épargner pour envoyer des sous a leurs familles.

Ces maraichers font la navette quotidienne entre leurs villages et la vallée en
charrettes ou a pieds. Ils passent toute la journée aux champs. Leur travail est pénible

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car ils sont chargés de l'exécution de l'ensemble des tâches : ils assurent l'entretien, la surveillance, l'exhaure, l'irrigation etc. C'est la raison pour laquelle toutes les exploitations individuelles que nous avons visitées sont de petites parcelles faciles a entretenir. L'âge de ces exploitants varie de 19 a 3o ans, et ils représentent 11% des maraichers interrogés.

or Les producteurs associés :

Ce sont des GPF et des GTE qui sont souvent en relation directe avec une structure d'aide et d'encadrement comme les ONG : c'est le cas du groupement de Ngalagne appuyé par Jappo Sénégal, de la fédération des maraichers de la vallée, appuyée par l'ANCAR, et d'autres groupements comme Ngaraf, Book Joom, Joubo etc., qui bénéficient du soutien de l'uAVDs et de World Vision. Les membres assurent les travaux par équipes a tour de role, s'il s'agit d'une grande parcelle communautaire. Pour le cas des GPF, ils sollicitent souvent l'aide des hommes (parfois mari ou fils de chaque membre) pour certains travaux difficiles comme la mise en place de clOtures.

Dans certain cas, le domaine du groupement est subdivisé en plusieurs parcelles dont chaque membre attributaire est chargé de l'entretien de sa parcelle. Ce cas de figure est souvent observé au niveau des groupements constitués d'hommes comme les GTE Ngaraf de Ndiob et bien d'autres. Ces associations de maraichers ont a leur tête un président qui est le chargé des relations avec des ONG et différents structure d'aide, de la recherche de matériel, d'intrant et de débouchés.

Tl existe d'autres formes d'association a deux ou trois producteurs, souvent des freres ou amis, s'investissant dans l'activité maraichere. Parfois, ils assurent le travail ensemble, mais il arrive que les tâches soient effectuées a tour de role. Cela leur permet de s'adonner a d'autres activités comme la recherche d'intrants, le renseignement sur les prix au niveau des marchés.

Les exploitations associatives représentent 62% des exploitations visitées (cf. fig. 9)

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Figure 9: Répartition des maraichers en fonction des formes d'exploitation

P.Familiaux

P. Individuels P. associés

P.Familiaux P. Individuels P. associés

Frequencesen (%)

40

70

50

30

60

20

10

0

Types de prducteurs

Source : Enquêtes 2009

Ce graphique fait ressortir au niveau de notre échantillon une prédominance des types producteurs associés avec 62%, suivi des producteurs familiaux qui font 27%. Par contre les producteurs individuels avec 11% représentent une faible proportion de l'échantillon. Ceci peut s'expliquer en grande partie par la dureté du travail. En effet l'activité maraichere exige beaucoup de main d'oeuvre et de temps de travail qu'une seule personne parvient difficilement a supporter. Selon le CD H, il faut en permanence 3 a 4 ouvriers qualifiés pour faire un hectare de culture, et 1750 heures pour arroser 2500 m2 avec un puisard de 2 m de profondeur (Autissier 1994).

Le recours aux « surga , est tres faible dans les exploitations. Pour les producteurs, cela demande beaucoup de moyens. Ils préfèrent organiser des séances de « sim » ou « santané 0 en Wolof (aide populaire), que de payer une main d'oeuvre en se basant sur une production incertaine. Parmi les exploitations visitées, seul un producteur a employé deux « surga » dont l'un est originaire de Ngohé et l'autre de Diourbel.

L'ensemble des producteurs interrogés est constitué de séreres, largement dominé par des jeunes. Les moins de 3o ans représentent 65% de l'échantillon, contre 28% pour ceux qui ont un age compris entre 3o et 45ans, les plus de 45 ans ne représentent que 7% (cf. fig. 1o).

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Tableau 6: Répartition des maraîchers en fonction de L'âge

Classes

Effectifs (ni)

Fréquences (fi)

[19- 30[

57

65%

[31-45[

25

28%

[46 et plus

07

7%

Total

?ni 88

?fi 100%

Source : enquête 2009

Figure 10: Répartition des maraîchers en fonction de l'âge

[19-30[ [31-45[ [45 et plus

Frequences (en%)

40

70

50

30

60

20

10

0

[19-30[ [31-45[ [45 et plus

Classes d'âge

Source : Enquêtes 2009

La figure 5 révèle que les producteurs agés de 19 A 3o ans constituent la classe modale (la plus grande classe) de l'échantillon. On note peu de maraichers agés de plus de 45 ans. Cette situation se justifie par une plus grande aptitude des jeunes a réaliser certains travaux. Certains maraichers, agés de plus de 45 ans cultivent seulement des pépinières de tomate, de choux, aubergine etc. qu'ils vendent aux maraichers ayant un accès difficile aux semences.

1-2-4-3 : Les commercants des produits maraichers

Les commergants peuvent être classés en trois catégories : les grossistes, les demigrossistes et les détaillants. Ils sont en majorité constitués de femmes, surtout les détaillants. Parmi les commergants interrogés au cours de nos investigations de terrains, 73% sont des femmes, les hommes représentent 27%. Les demi-grossistes et

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les détaillants sont dans la majorité, natifs de la CR de Ndiob, ils parcourent les marchés ruraux de la CR et ceux des collectivités environnantes, leur age se situe entre de 35 a 65 ans. Leur répartition ethnique révèle 64% de séreres, 27% de Wolofs et 9% de peul (cf. fig. 11). 84% des commerçants interrogés sont mariés, 10% sont célibataires et 6% des femmes sont des veuves (cf. fig.12).

Les grossistes viennent souvent de Diourbel, Fatick, Bambey Diakhao etc. Ils approvisionnent les marchés de la communauté rurale pendant les fêtes de Korité et de Tabaski.

Les commercants détaillants de la CR bénéficient de l'appuie des ONG ou de leur structure d'appartenance (GPF, GIE), en fond de départ remboursé apres une durée déterminée par la structure et avec un taux d'intérêt fixé.

Figure 11: Répartition ethnique des commerçants

27%

Sérères Wolofs Peuls

9%

64%

Source : Enquêtes 2009

Figure 12: Situation matrimoniale des commerçants

Mariés Célibataires Veuves

10% 6%

84%

Source : Enquêtes 2009

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1-2-4-4 : Les ONG : structures de soutien et d'encadrement

Le maraichage est une activite qui necessite un certain niveau technique et d'information sur les modes de production, les especes les plus adaptees aux conditions du milieu et les formes de lutte contre les parasites. Les populations de la CR de Ndiob ont depuis des decennies, ignore l'agriculture irriguee, en particulier l'activite maraichere. C'est suite a la crise de l'arachide qu'ils se sont lances dans ce type d'activite qui est en totale contradiction avec les systemes qu'ils ont depuis toujours connu. Ce- ci justifie leur besoins d'encadrement et de formation. Ainsi un certain nombre d'ONG s'activent depuis 19997 dans la formation et la sensibilisation des maraichers dans la vallee de Ndiob. Ces organismes sont :

cr L'ANCAR :

C'est un organisme cree par le gouvernement senegalais en 1997. Elle a plusieurs missions : faire acceder aux producteurs a leur demande, a un large eventail d'innovations techniques et technologiques, renforcer les capacites des organisations de producteurs, et appuyer les producteurs dans tout le processus d'elaboration, de mise en oeuvre et d'evaluation du conseil rural agricole. L'ANCAR intervient pratiquement dans tous les domaines de developpement en zone rurale. Dans la CR de Ndiob, le maraichage est un des secteurs les plus importants de son intervention.

Elle appuie les maraichers en materiel et intrants, construit des infrastructures hydrauliques (forage de puits dans la vallee) et participe a la formation des producteurs a travers des conseils sur les techniques modernes de compostage, de productions, de pepiniere et de lutte contre les insectes ravageurs ; et l'organisation des voyages d'etudes a Keur Moussa avec les producteurs. L'ANCAR joue egalement le role d'intermediation entre les organismes de financement et les producteurs, afin d'aider ces derniers a acceder au credit agricole. En 2007 dans le cadre du programme ASPRODEP, cet organisme a permis le financement de 2 projets de maraichage dans la Communaute rurale. Elle organise des ateliers de reflexion sur la mise valeur de la vallee de Ndiob.

Il est important de noter que lors des sessions de formation les habitants de villages environnants sont invites a y prendre part, pour beneficier des enseignements octroyes dans le cadre du renforcement des capacites.

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or World Vision :

C'est un organisme international de secours et de développement ceuvrant pour le bien être des populations, en particulier celui des enfants. Elle a pour mission de venir en aide aux démunis et aux opprimés par le biais de programmes d'aide humanitaire d'urgence, de projets de réhabilitation, de développement durable et de promotion de la justice. Cet organisme a intervient dans : l'hydraulique rurale, la santé, l'éducation, l'hygiene, mais aussi et surtout la sécurité alimentaire et l'économie (développement d'activités génératrices de revenus comme le maraichage). Son soutien aux maraichers de la vallée de Ndiob se traduit par des conseils sur les techniques de productions, le forage de puits, mais surtout le prêt ou la vente de matériels et d'intrants (semences, engeais, pesticide etc.) a bas prix. World Vision en collaboration avec l'Union des Associations Villageoises pour le Développement du Sine (uAVDS), a ouvert a Ndiob une boutique de matériels et d'intrants pour la promotion de l'activité maraichere dans la CR (cf. photo 3).

Photo 3: Boutique agricole de Ndiob, pour le développement du maraîchage

Cliché : Ndao 2009

or Jappoo Senegal :

Jappoo est un organisme fondé par des bénévoles Francais et sénégalais parmi lesquels un natif du village de Ngalagne (CR de Ndiob), en l'occurrence Sidy SALL. Ngalagne est une des premieres zones d'intervention de cet ONG qui s'active dans le développement éducatif, sanitaire, économique et agricole. Jappoo appuie le

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groupement des femmes de Ngalagne dans le domaine du maraichage, en mettant en place un grand périmetre maraicher pour ces femmes (cf. photo4). Elle envoie des jeunes du village en formation sur les techniques de production, les produits phytosanitaires locaux (accessibles a tous), au centre de formation agricole de Keur Moussa. Ces jeunes de retour au village partagent leurs connaissances avec les populations et assistent les maraichers dans les pratiques agricoles. Jappoo a également mis en place un systeme d'irrigation goutte a goutte dans le périmetre de Ngalagne grace a l'appui matériel de 2 entreprises françaises: France arrosage et Nétafim France le leader mondial dans ce domaine

Photo 4: Mise en place du périmètre maraîcher de Ngalagne

Cliché : Jappoo 2006

I-2-5: Un vaste marché de consommation

La population de Ndiob bien qu'étant essentiellement rurale constitue un grand marché de consommation des produits de la vallée. Une bonne partie des productions maraicheres est vendue en détail aux populations locales a partir des marchés de Ndiob et Darou Salam, Patar, Diakhao Niakhar etc. Cependant les plus grands débouchés sont les centres urbains comme Diourbel, Fatick, Gossas et Bambey.

La forte croissance urbaine observée au Sénégal ces dernières décennies est un des facteurs clés qui ont favorisé la mise en place d'un important marché de consommation pour le maraichage. La plus grande partie des récoltes est acheté soit sur pieds, soit au marché par des commergants (grossistes et demi- grossistes, détaillants etc.) d'origines diverses.

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D'autres acteurs non moins importants sont les vendeurs de fumier animal. Ce sont en général des éleveurs de petits ruminants, de vaches ou de chevaux gardés au niveau des concessions. Ils jouent un role important dans le développement du maraichage, près de 100% des maraichers interrogés utilisent la fumure animale, cela leur permet de diminuer la quantité d'engrais a acheter.

L'ensemble des acteurs interrogés au cours de nos enquêtes sont répartis entre 18% de propriétaires de terre, 41% de producteurs, 25% de commergants, 9% de structure d'aide et 7% groupements associatives (cf. fig.13.)

Figure 13: Répartition des acteurs du maraîchage dans la CR de Ndiob

P. de terres Producteurs Commerçants ONG

Groupements

25%

7

9% 7%

18%

41%

Source : Enquêtes 2009

A coté de cette forte mobilisation d'acteurs organisés, l'activité maraichère est marquée par une gestion foncière complexe, en raison de la limitation du domaine favorable a son développement. En effet il est important de rappeler que les terres favorables au maraichage (sols deck) et la nappe phréatique se localisent dans la vallée de la CR. Or beaucoup de maraichers n'ont pas de domaine foncier dans cette zone : ils y accèdent de diverses manières.

I-2-6 : L'évolution du foncier dans la CR de Ndiob et sa gestion dans le domaine du maraîchage

La terre est, depuis des siècles, au centre de plusieurs processus socio-économiques, politiques et spatiaux. En effet toute société a besoin d'espace pour habiter, travailler, se nourrir et se mouvoir. « ...le statut foncier joue un role capital non seulement dans la definition des rapports du producteur et de la terre mais dans toute la vie sociale » (P. PELISSIER 1966, p215). Aujourd'hui, face a la forte croissance

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démographique et aux multiples enjeux liés a la surexploitation des ressources naturelles, la terre fait l'objet d'une forte convoitise ; elle est a l'origine de nombreux conflits dans les zones rurales du tiers monde.

Dans la CR de Ndiob, comme dans l'ensemble du Sine, la terre est un bien sacré aux yeux de la masse paysanne sérere. La gestion de ce patrimoine est fortement marquée par la force du régime coutumier, malgré les changements apportés par celui moderne a travers la loi de 1964 sur le domaine national.

1-2-6-1 : Le regime foncier traditionnel : une superposition de droits sur le foncier

La CR de Ndiob abrite de vieilles civilisations agraires dans lesquelles la possession de la terre est un élément fondamental. Ainsi existaient dans le systeme traditionnel de vastes entités territoriales ayant a leur tête des maitres de terres (yaal lang ou laman en sérere). Ces derniers s'appropriaient des terres grace « au droit de feu 0 (yaalo niay) et octroyées aux membres de leurs familles ou aux autres paysans de la communauté qui en faisaient la demande. Ceux-ci avaient a charge de défricher les surfaces qui leur étaient affectées par le laman en vertu du « droit de hache 0 (yaal baakh). Contre cette affectation, les bénéficiaires payaient une redevance qui pouvait prendre diverses formes (cadeaux, prestation de travail, dime sur les récoltes, partage des récoltes, argent, etc.); ils jouissaient ainsi d'un droit héréditaire pour l'exploitation, la gestion, le prêt, la transmission ou la mise en gage du sol, donc d'une certaine sécurité fonciere, mais sous la seule condition d'un renouvellement perpétuel de la redevance. « Le maitre de la hache est détenteur d'un droit d'exploitation imprescriptible aussi longtemps que lui-même et ses descendants continuent a occuper effectivement leur « propriété * et s'acquittent de leur devoirs a l'égard du lamane * (P. PELISSIER, 1966, p217). Ces détenteurs du droit de hache pouvaient dans certains cas concéder temporairement une partie de « leurs terres 0 A des tiers, créant ainsi un autre titre de l'exploitation du sol : le droit de culture.

On assistait également au processus de location temporaire révocable et a la mise en gage dont le prêteur bénéficiait de la disposition du champ gagé aussi longtemps que sa créance ne lui a pas été remboursée.

Dans ce régime coutumier, le droit lamanal est le plus élevé dans la hiérarchie des
droits sur la terre parce qu'étant le plus ancien. Il résulterait d'une alliance conclue

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entre l'ancetre uterin du « maitres de terres » et un esprit localise ; et cette alliance a ete conclue quand cet ancetre a procede a la delimitation de l'ensemble des terres sur lequel il allait dorenavant exercer sa juridiction (.Gastellu (1981), cite par H. L6 et M. DIONE (2000, p 4).

La terre etait un bien collectif inalienable, mais transmissible de generation a generation.

En milieu serere, le mode de transmission se faisait au sein du lignage maternel (Guigou et al. 1998). En effet, la societe serere typique etait matrilineaire, les droits de succession, y compris sur la terre, se transmettant non du pere au fils mais de l'oncle maternel au neveu.

Cependant, ce mode d'heritage n'a pu resister a l'influence de l'islam qui fixe des principes fondes sur l'heritage patrilineaire. Ainsi en milieu serere, la terre devient exclusivement un bien des hommes.

Ce regime qui favorisait la minorite lamane a ete remis en cause par l'Etat qui a entrepris au lendemain des independances une politique de reglementation du foncier, avec l'avenement de la loi sur le domaine nationale.

1-2-6-2: Le regime foncier moderne : une redistribution et une « reglementation » de la gestion du foncier

La gestion fonciere contemporaine, dans la CR de Ndiob comme dans d'autres zones rurales du Senegal, est profondement marquee par la loi sur le Domaine national (LDN), promulguee au lendemain de l'independance, et completee, une dizaine d'annees plus tard, par d'autres lois et decrets organisant la gestion de ces terres. Cette loi de 1964 a fortement touche les regimes coutumiers dans le Sine. En effet l'article premier de la dite loi stipule que : « toutes les terres non classées dans le domaine public, non immatriculées et dont la propriété n'a pas été transcrite a la conservation des hypothègues a sa date d'entrée en vigueur constituent de plein droit le domaine national *.

Le droit de requerir l'immatriculation a ete reconnu aux occupants de la terre qui a la date d'entree en vigueur de la loi avaient realise une mise en valeur permanente (O. TOURE et S.M.SECK 2005). Or dans le regime coutumier, les lamanes concedaient une grande partie de leurs domaines fonciers a des tiers qui detenaient le droit de hache ou de culture, et la mise en valeur etait largement saisonnière ou periodique.

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Ces contradictions avec les principes fixés par la LDN, ont abouti au reversement des grands domaines fonciers des lamanes dans les zones de terroirs, une des quatre catégories de terre du domaine national31, correspondant aux terres des communautés rurales régulièrement exploitées par l'habitat rural, l'agriculture ou l'élevage.

Cette loi avait entre autre comme objectif d'éliminer les droits fonciers coutumiers encore largement en vigueur. Ainsi les lamanes de jadis perdirent leur statut de maitre de la terre pour bénéficier du simple droit d'usage. La loi confirme l'appartenance a l'Etat de la quasi-totalité des terres. Dans le même temps, on assiste a un passage d'une appropriation collective (la terre en tant que bien de la famille ou de la communauté ne se transmettant qu'en leur sein) a une individualisation des terres pour une meilleure rentabilité (Niang, 1975).

Malgré quelques contraintes dans le monde rural, le régime moderne a été favorable a une bonne partie des paysans sans terre de la CR de Ndiob, a travers la redistribution du foncier, l'élimination de la forte dépendance aux lamanes et l'incertitude de cultiver de faRon continue sur la même terre. En effet l'exploitation des terres dépendait du montant de la dime réclamée par le lamane (ndalu), qui pouvait être insupportable d'une année a l'autre, et par conséquent aboutir a une perte du droit d'usage ( H. LO et M. DIONE 2000).

Malgré les profondes modifications apportées a la gestion fonciere dans la CR de Ndiob, on note toujours la survivance des droits coutumiers, se traduisant par les pratiques encore courantes du gage, de la location et du prêt, surtout dans le domaine du maraichage. Cependant ces pratiques se font entre gens de confiance et a des durées limitées.

31 L'article 4 de la loi n° 64-46 distingue dans le domaine national quatre catégories de terres en fonction de leur usage : les zones urbaines (habitat urbain), les zones classées (parcs et réserves), les zones pionnières et les zones de terroir (communautés rurales).

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1-2-6-3: yacc's a la terre et le mode faire valoir dans le domaine du maraichage : le « retour » des lamanes

Les sols favorables au maraichage sont essentiellement localisés au niveau de la vallée de Ndiob (la zone de production, cf. carte 4). Ils sont donc détenus par les paysans de la vallée, (les propriétaires des terres) dont 32% exploitent la totalité ou une partie de leur terre avec l'aide des membres de leur familles ou individuellement : ils sont en mode de faire valoir direct. Par contre de nombreux maraichers interrogés au cours de nos enquêtes viennent des villages éloignés de la vallée. Ces maraichers ne disposent pas de terre dans la zone, ils louent ou empruntent des parcelles pour mener leur activité. Ces parcelles sont en mode de faire valoir indirect, elles représentent 68% des exploitations visitées (cf. fig. 14) et sont réparties entre 62% de parcelles louées et 6% de parcelles acquises par prêt (cf. fig. 15). Le mode de faire valoir indirect consiste en effet a louer ses terres a un exploitant qui, en retour paie une certaine somme ou donne une redevance apres la récolte.

Le payement des parcelles varie suivent leur taille et les équipements mis en place (puits, séanes, cloture etc.). Il peut se faire en argent (a un coit allant de 15000 a 35000), comme on peut noter parfois le systeme de « mbey sedoo 032. Ce systeme est différent de celui du lamanat (dans le régime coutumier) oil les exploitants jouissaient d'un droit (droit de hache, droit de culture etc.) sur la parcelle dont ils ne pouvaient perdre que s'ils arrêtaient de l'exploiter. Avec l'avenement de la loi sur le domaine national, les propriétaires terriens louent ou prêtent leurs terres que pour une durée bien déterminée, et le contrat de location peut être rompu a tout moment (en fin de campagne), si un autre locataire présente plus d'intérêt pour le propriétaire. Par mesure de prudence aux regles de la LDN, les prêts et les locations se font rarement pour deux campagnes de production consécutives. En effet la LDN stipule qu' « une terre cultivée par un paysan durant deux années consécutives devient sa « propriété » et qu'il peut demander au Conseil rural de la lui affecter ». Le tableau n°7 montre la répartition des exploitations visitées en fonction des modes d'acces et de mise en valeur des terres.

32 Système où les revenus de l'exploitation sont partagés entre le producteur et le propriétaire foncier.

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Tableau 7: Répartition des exploitations de l'échantillon en fonction du
mode d'accès à la terre et du mode de faire valoir

Mode d'accès

Mode

de faire valoir

Heritage

Location

Prat

Total

Frequence( %)

Direct

16

 
 

16

32%

Indirect

 

31

03

34

68%

100%

Total

16

31

03

50

Fréquences (%)

32%

62%

06%

Source : Enquêtes 2009

Figure 14: Répartition des modes de faire valoir

Direct

Indirect

Série1

16

34

Mode de faire valoire

32%

Direct Indirect

6%

Héritage Location Prêt

62%

Figure 15: Répartition des modes d'accès à la terre

35

Nombre d'exploltations

30

25

20

15

10

5

0

Source : Enquêtes 2009

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Carte 4: La zone de production (domaine foncier favorable au
maraîchage)

1-2-6-3 : Analyse des surfaces d'exploitation

Les exploitations de la vallée de Ndiob présentent dans la globalité des superficies relativement faibles, dépassant rarement 1,5ha

Parmi les 5o exploitations que nous avons visitées, seule la superficie de 19 parcelles a été renseignée : en effet la majorité des maraichers interrogés n'ont pas une idée précise sur la taille réelle de leur exploitation. Ceci s'explique par la forme irrégulière des parcelles, difficile a mesurer. Par mesure de prudence, nous nous sommes

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abstenus a considérer les approximations de la taille de ces parcelles, en se contentant du nombre de parcelles dont la superficie a été renseignée.

Ainsi une classification de ces exploitations nous a donné deux groupes de parcelles dont 16 ont une superficie comprise entre 0,5 et 1 ha et 3 parcelles (exploitations de groupements) qui font plus de 1 ha. (cf. tableau n°8).

Tableau 8: Répartition des exploitations selon la taille

Superficies(en ha)

1-095 -- 1]

1-> 1 1-

1-Inconnues1

Total

Nombre (ni)

16

3

31

50

Fréquence (fi)

32%

6%

62%

100%

Source : enquêtes 2009

Une analyse de la superficie des exploitations montre que les maraichers utilisent dans l'ensemble de petites parcelles, ils cultivent en moyenne 0,70ha avec une superficie maximale de 1,5 ha et une minimale de 0,5ha (cf. tableau n°9). La petite taille des parcelles s'explique par les maigres moyens des producteurs et le fort entretien qu'exigent les cultures maraicheres. En effet la majorite des maraichers interroges expliquent qu'ils preferent exploiter de petites parcelles afin d'assurer un bon entretien (arrosage, sarclage, deparasitage etc.) et avoir de bons rendements que cultiver de grandes superficies dont l'entretien pose probleme. L'utilisation d'engrais chimiques, de fumure animale mais aussi de differentes techniques de culture permettent une forte intensification qui compense la taille reduite des parcelles d'exploitation.

Tableau 9: Analyse de la taille des exploitations

Variables

Maximum

Moyenne

Minimum

Superficies

1,5 ha

0,70 ha

0,5 ha

Source : enquêtes 2009

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L'ensemble des facteurs étudiés dans cette partie montre bien que la communauté rurale de Ndiob dispose d'importantes ressources en termes d'opportunités agronomiques dans le domaine maraicher. En somme le milieu agro-pédologique, malgré un certain nombre de contraintes surtout d'ordre climatique, offre de réelles potentialités pour l'activité maraichère. Le fort peuplement de la zone représente un atout considérable. La main d'oeuvre est importante et majoritairement formée de jeunes ne connaissant que l'agriculture. On note également un fort attachement d'une marge importante de la population a l'activité, se traduisant par une forte mobilisation d'acteurs diversifiés au tour de la filière.

Cependant malgré ces conditions favorables, la performance de l'activité, qui lui a valu son important role dans la vie des populations est la résultante de diverses itinéraires techniques qui assurent sa durabilité dans un contexte climatique instable.

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DEUXIEME PARTIE

CARACTERISTIQUES, INCIDENCES ET CONTRAINTES DU
MARAICHAGE DANS LA C R DE NDIOB

Les cultures maraicheres constituent une innovation dans la communauté rurale de Ndiob. En effet depuis des décennies, le peuple sérere n'a connu que l'agriculture sous pluie comme principale activité de subsistance. Cette agriculture extensive permettait la subsistance d'une population jadis faiblement dense. Cependant cette situation est vite bouleversée sous l'effet de l'explosion démographique et de la dégradation des conditions physiques, facteurs de la crise des systemes agricoles.

Ainsi le maraichage apparait comme une alternative a la crise de l'arachide dans la communauté rurale. Malgré un certain nombre de contraintes cette activité a engendré des incidences importantes dans la CR de Ndiob.

Cette deuxième partie sera essentiellement consacrée a l'analyse des caractéristiques, des contraintes et des incidences socio-économiques et spatiales du maraichage dans la CR de Ndiob.

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CHAPITRE 1 : CARACTERISTIQUES DE L'ACTIVITE MARAICHERE DANS LA CR DE NDIOB

Le maraichage se caractérise entre autre par une forte intensification et l'utilisation d'eaux de surface ou souterraines. Contrairement aux systemes pluviaux, c'est une activité complexe nécessitant diverses méthodes et itinéraires techniques.

Dans ce chapitre, nous nous intéresserons aux techniques de production, a la commercialisation etc.

II-1-1 : Les systèmes de culture.

Un systeme de culture que l'on appelle aussi systeme agricole ou systeme de production regroupe l'ensemble des facteurs de production disponibles pour l'activité de culture, et des modalités techniques selon les quelles ils sont mis en oeuvre (DUPRIEZ H 1980, p 25). Chaque systeme de culture est défini par :

Or La nature des cultures et leur ordre de succession ;

Or Les différents itinéraires techniques utilisés par les producteurs. ))"~"~"~ : Rotation des cultures et amendent du sol

Pour préserver l'aptitude agronomique du sol, en vu d'une bonne productivité, les maraichers adoptent des techniques culturales, telles que la rotation et l'utilisation de fertilisants chimiques et organiques.

Or La rotation des cultures :

Elle consiste a une alternance méthodique et périodique de différents types de cultures sur les parcelles appelées soles, constituant une exploitation. C'est la répartition des cultures d'une exploitation ou d'un groupe d'exploitation dans l'espace au cours d'une même saison (TOURE 0., 1992, p 167). Cette pratique a depuis des décennies, constitué le point fort de l'agriculture pluviale en pays sérere. A travers la rotation triennale (alternance entre mil, sorgho, arachide et jachere), les paysans séreres assuraient une bonne productivité en maitrisant les conditions pédologiques de leur milieu.

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Des pratiques peu similaires a ce systeme sont observees au niveau des maraichers de la vallee de Ndiob. Certains de ces derniers subdivisent leurs champs en trois ou quatre parcelles, ou en planches, dans les quelles ils alternent tomate, choux, salade, aubergines, navet, oignon etc. (cf. photo 5). A la difference de la rotation triennale, cette rotation se pratique sur des superficies tres reduites, et ne comporte pas de jachere. Cependant dans certain cas on peut observer le repos d'une parcelle ou d'un groupe de planche pendant quelques mois voir un an. Selon les maraichers ce systeme permet de preserver les aptitudes agronomiques du sol et d'assurer une bonne productivite : en effet la culture continue d'une meme speculation sur une meme parcelle accelere la degradation du sol et diminue ses aptitudes culturales.

Le but de la rotation en agriculture est selon POUSSET J., 1991 : de maintenir ou augmenter les reserves humiques du sol, notamment par les pratiques des engrais vert ; maintenir ou augmenter la vie microbienne et l'equilibre par l'utilisation d'engrais vert apportant des elements (en particulier le carbone et l'azote) dans des proportions judicieuses et de limiter les adventices en faisant succeder les plantes salissantes et les plantes nettoyantes.

En outre cette alternance des speculations permet de diminuer les risques d'attaques des parasites pouvant occasionner de mauvais rendements.

Lorsqu'une meme plante est cultivee plusieurs saisons de suite sur une meme parcelle, ses parasites specialises restent en reserve sur cette parcelle d'une saison a l'autre. Par contre, s'il ya rotation des plantes, les parasites vont souffrir de l'absence des plantes sur les quelles ils sont l'habitues de vivre. Ils sont moins nombreux ou disparaissent33.

La rotation ou l'association des cultures est donc un aspect important de la lutte contre les ravageurs et permet de diminuer les risques de l'agriculture. D'apres ce maraicher interrogé : « si une speculation est ravagée par les attaques parasitaires, les speculations non attaquées permettent parfois de se rattraper et de diminuer les pertes 34». Au niveau de notre échantillon, la majorité des maraichers pratiquent ce systeme de rotation et d'association de culture. Cependant certains sont spécialisés

33 H. DUPRIEZ et Ph. De LEENER, 1986 op. Cit. P. 217

34 Guèdie NDONGUE, un maraîcher de Bacco Sérère

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sur une seule culture (tomate dans la majorité des cas) en continue sur leur parcelles d'exploitation, mais avec une forte utilisation de produit phytosanitaires et d'engrais chimique ou organique pour la santé des plantes et l'amendement du sol.

Photo 5: Type de rotation de culture

Parcelle en repos

Jeunes salades

Parcelle récoltée

Choux

Tomate

Cliché : Ndao 2008

~L'amendement du sol :

L'amendement est l'amélioration d'un sol cultivable par l'apport de substances qui l'enrichissent. Ces substances peuvent être minérales (engrais chimiques) ou organique (fumure animale ou composte). L'utilisation d'engrais est tres fréquente dans l'activité maraichere, dans les Niayes comme dans d'autres zones du pays. En effet les engrais contiennent des éléments indispensables pour le développement de toute agriculture intensive. Dans la vallée de Ndiob, tous les maraichers utilisent des engrais, mais a des taux variables suivant la nature, et le coVt de chaque variété.

L'usage d'engrais organique ou fumier, de diverses origines (bovin, équin, ovin, caprin et volaille) est généralisé dans la vallée. Cet engrais est un mélange de déjections animales (solides ou liquides) avec une litière (généralement de la paille), soumis a l'action de micro-organismes qui amorcent sa décomposition (cf. photo 6). Tous les maraichers interrogés font recourt a ce type de fertilisant pour plusieurs raisons : il est tres abordable voire gratuite pour ceux qui disposent d'animaux domestiques ; en plus de cette facile accessibilité, le fumier permet d'amener le sol a un meilleur état possible de fertilité, il joue un role particulièrement important dans le développement des cultures : par leurs substances qu'ils liberent dans le sol, les fumiers aident les plantes a pousser vite et a résister aux maladies, mais également

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conservent durablement l'humidité du sol, ils sont une nourriture plus riche que les
engrais minéraux. « Sur un sol riche en matières organiques, les plantes résistent
mieux aux maladies, aux attaques des insectes et a la sécheresse *. ( H. DUPRIEZ et Ph.

LEENER, 1986 : 229).

Photo 6: Fumure organique

Fumure de caprin

Fumure d'équins

Cliché : Ndao 2009

A ce fumier, les maraichers associent des engrais chimiques, en particulier l'urée et le N.K.P.1o.1o.2o (cf. photo 7). L'avantage de ces engrais est leur richesse en azote, phosphore, potassium, calcium etc. Chacun de ces éléments joue un role capital dans le développement des cultures : l'azote participe a la construction des tiges, des feuilles et des racines ; le phosphore est nécessaire pour la floraison et la formation des fruits ; le potassium est une nourriture importante pour la formation des tubercules et le remplissage des fruits, il permet la formation des réserves dans les plantes ; le calcium intervient dans la fabrication de la chlorophylle qui permet aux plantes d'utiliser l'énergie de la lumière. Ces engrais se diluent vite dans l'eau et sont plus facile a utiliser par les plantes.

Photo 7: Un type engrais chimiques utilisés par les maraîchers

Cliché : Ndao 2009

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Cependant, malgre leur importance, les engrais chimiques presentent de reels risques pour l'appauvrissement des sols. En effet le fait de nourrir directement les cultures avec ses substances chimiques, ne constitue pas une garantie a la fertilisation du sol. Pendant longtemps, la recherche et la vulgarisation agricole ont espere stopper la degradation de la fertilite par l'application regulière d'engrais mineraux. On pensait que les elements mineraux apportes remplaceraient, non seulement ceux extraits par les cultures, mais favoriseraient la formation de biomasse pour produire les matières organiques qui manquent. Cependant les essais de plein champ a long terme n'ont pas confirme cette hypothese (KOTSCHI J., 1991).

L'usage des engrais mineraux est en grande partie conditionne par les moyens financiers dont disposent les maraichers. Ceux qui beneficient de credit aupres de World Vision ou de l'ANCAR utilisent des quantites pouvant aller jusqu'a 150kg (uree ou N.P.K.10.10.20) par campagne. Par contre, les maraichers qui n'ont pas de credits utilisent de faibles quantites (des dizaines de kg) achetes souvent au marche de Diourbel. Le coilt de ces engrais varie de 10 000 a 15 000 FCFA le sac de 50kg pour l'uree, et 8 000 a 10 000 pour le N.P.K. 10.10.20, alors que le fumier est dans la majorite des cas acquis gratuitement. C'est ce qui explique la forte predominance de son usage sur celui des engrais mineraux. La figure n° 16 montre la repartition de l'usage des differents types d'engrais.

Figure 16: La répartition des différents types d'engrais utilisés par les maraîchers

Utilisateurs (en%)

100% 80% 60% 40% 20% 0%

 

Fumier

Urée

N.P.K 10.10.20

Fumier Urée N.P.K

10.10.20

Engrais

Source : enquêtes 2009

L'usage de ces engrais est generalement faible par rapport aux normes
recommandees par le centre de developpement horticole. Leur coilt eleve fait que

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beaucoup de maraichers ne peuvent pas en disposer, en quantité suffisante. Le tableau nZ10 donne un aperçu sur la répartition des quantités moyennes d'engrais utilisés par les maraichers, en comparaison avec certaine normes techniques recommandées par le CD H.

Tableau 10: Comparaison entre les quantités d'engrais utilisées à Ndiob
et celles recommandées par le CDH

Engrais

Quantité recommandée
(en kg/ha)

Quantité moyenne
utilisée par les
maraîchers (en kg/ha)

Fumure animale

20000

10000

Urée

150

70

N.P.K.10.10.20

300

180

Source : F. DOUI 2004

11-1-1-2 : La lutte contre les insectes (cleparasitage)

Certaine cultures maraicheres comme la tomate, le chou, le « jaxatou 0 ou aubergine amere sont tres vulnérable aux attaques des ravageurs qui peuvent être des insectes, des champignons, des bactéries, des virus etc. La plus part des ces ravageurs sont en général spécialisés, ils vivent sur une ou quelques plantes particulières sur les quelles ils attaquent des parties précises (bourgeon, bouton de fleur, jeune feuille, jeune fruit etc.).

Pour lutter contre d'éventuelles attaques de ces ravageurs, les maraichers de la vallée de Ndiob utilisent une diversité de produits phytosanitaires pour le traitement de chaque type de culture (cf. photo 8).

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Photo 8: Produits phytosanitaires utilisés par les maraîchers de Ndiob

Cliché : Ndao 2009

Ces pesticides présentent de réels avantages pour le maraichage : ils évitent qu'une maladie ravage les cultures ou détruise les récoltes.

L'usage des pesticides se fait a des stades précis du cycle végétatif des cultures : un premier traitement s'effectue au stade de levée qui correspond a la formation des premieres feuilles, tres sensibles aux attaques, un deuxième traitement s'opere au stade de tallage oil les plantes multiplient leurs feuilles et les branches, pour une bonne productivité. Le stade oil les traitements sont plus fréquents correspond a la floraison et a la fructification, c'est la période oil la plante attire plus les insectes et par conséquent est plus vulnérable.

Cependant l'usage abusif des produits phytosanitaires présente des risques non négligeables : ils peuvent nuire a la santé de l'homme ou a celles des animaux.

Le produit le plus utilisé par les maraichers de Ndiob est le Diméthoate c'est un produit a un large spectre, bien connu des maraichers et a la porté de tous les producteurs (25ooFCFA/litre). Ce produit est associé a d'autres variétés comme le Malathion, le Thersen, Dictofol, Manébé etc. Le tableau 11 montre l'usage des différents types de produits en fonction des types de culture

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Tableau 11: Usage des produits phytosanitaires en fonction des types de spéculations

Spéculations Produits

Tomate

Aubergine

Chou

Jaxatu

Gombo

Piment

Oignon

Diméthoate

 
 
 
 
 
 
 

Malathion

 
 
 
 
 
 
 

Thersen

 
 
 
 
 
 
 

Dictofol

 
 
 
 
 
 
 

Manébé

 
 
 
 
 
 
 

Dicis

 
 
 
 
 
 
 

Soufre

 
 
 
 
 
 
 

NB : les carreaux en gris représentent l'usage des produits

Source : enquête 2009

H-1-1-3 : Calendrier cultural et spéculations cultivées

L'activité maraichere dans la communauté rurale de Ndiob se déroule pratiquement en saison seche. Les opérations de semis débutent en fin octobre début novembre, correspondant a la sous saison froide ou « seeck 0. Le choix de cette période est d'une part dicté par les conditions du milieu (disponibilité de l'eau en quantité suffisante, climat doux etc.), d'autre part il est surtout lié au calendrier des cultures pluviales : en effet cette période correspond a la fin de la récolte du mil, les paysans étant relativement désceuvrés, (car ayant cultivé peu ou pas d'arachide) entament ainsi la campagne maraichere. Ils font une alternance entre cultures pluviales en saison humide et cultures maraicheres en morte saison. Parmi les maraichers interrogés 76% font du maraichage uniquement en saison seche. Ces derniers effectuent une premiere récolte en février et une dernière récolte en fin mai mi- juin coincidant avec le début des défrichements des champs pour l'hivernage. En effet le cycle végétatif moyen (90 jours) des spéculations cultivées permet de réaliser deux récoltes successives dans la m8me saison seche. Le tableau ci-dessous représente le calendrier des activités agricoles des maraichers de Ndiob.

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Tableau 12: Calendrier des activités agricoles des maraîchers de Ndiob

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

Maraichage

 

Agriculture pluviale

 

Maraichage

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source : Ndao

NB : les mois d'octobre et de Juin, peints en marron constituent les periodes de transition :

- Octobre correspondant a la reduction des grands travaux champetres, au

debut du maraichage, a la culture de la pasteque et du niebe de fourrage ;

- Le mois de juin marque la fin de l'activite maraichere, le defrichement des

champs hivernaux et les premieres operations de semis du mil meme si les

pluies tardent a tomber.

Les periodes de recolte sont representees en gris fonce : elles correspondent aux mois de Fevrier (premiere recolte pour les semis d'octobre) et fin Mai debut Juin pour les semis de fin Fevrier debut Mars.

Cependant on note des cas exceptionnels oil certains pratiquent le maraichage toute l'annee. Ces maraichers sont animes par la disponibilite de l'eau en abondance pendant l'hivernage et surtout le prix eleve des legumes sur le marche durant cette periode. C'est souvent des maraichers appartenant a de grandes familles oil la main d'oeuvre est importante pour assurer l'entretien des cultures vivrieres en hivernage. Ces maraichers representent 24% de notre echantillon.

Les speculations cultivees sont en grande partie constituees de legumes tropicales, tels que l'aubergine, et le gombo. Ce sont des especes bien adaptees aux conditions du milieu. Leur culture peut se faire a n'importe qu'elle periode de l'annee, en fonction de la disponibilite de l'eau. Cependant, il ressort de l'analyse de nos donnees de terrain que le choix de ces speculations n'est pas base sur des criteres d'ordre agronomiques, mais plutôt sur la forte demande au niveau du marche. On note exceptionnellement des legumes originaires des regions temperee, comme dans les Niayes. Ce ci peut s'expliquer par les conditions du milieu a certaines periodes de

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l'ann~e (avril, mais, periode de forte canicule), mais aussi et surtout a la meconnaissance des ces varietes par les maraichers de Ndiob. Sur le tableau n°13 sont consignees les 7 speculations les plus cultivees dans la vallee de Ndiob.

Tableau 13: Les spéculations cultivées dans la zone

Spéculations

Tomate

Aubergine

Chou

Gombo

Piment

Oignon

Jaxatou

Noms scientifiques

Lycopersicum esculentum

var.

Solanum melongena L.

Brassica olerácea L. var. capitata

Abelmoschus Esculentus

Ipomea

batatas L.

Allium cepa L.

Solanum aethiopicum Kamba

Variétés

Small, Fry,

Xina

Black, Beauty

Tropica, Cross,

Clemson

Safi

Violet de

galmi

KeurMbir Ndao, Soxna

Source : enquêtes 2009

Parmi ces speculations, la tomate et l'aubergine sont les plus cultivées, elles occupent respectivement 34% et 20% des superficies. D'autres especes telles que l'oignon le Jaxatou (aubergine amere) et la patate douce occupent de faibles proportions, respectivement 6% (oignon et jaxatou) et 4% pour la patate douce. La figure n°17 montre la repartition des différentes speculations dans les exploitations

Figure 17: Répartition des différentes spéculations cultivées

6% 4%

6%

34%

12%

8%

10%

20%

Tomate Aubergine Gombo Piment Chou

Oignon Jaxatou Patate Douce

Source : enquêtes 2009

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II-1-2: Exhaure, Irrigation et équipements

L'exhaure désigne l'action de tirer l'eau souterraine au moyen d'un récipient ou d'une pompe en vue de l'utiliser pour des fins d'irrigation. Cette dernière consistant a arroser artificiellement la terre et les plantes joue le role de la pluie. Ces deux activités sont pratiquées a travers diverses techniques par les maraichers de Ndiob.

11-1-2-1 : Source d'eau et moyen d'exhaure

Les cultures maraicheres de la vallée de Ndiob sont essentiellement tributaires de l'exploitation des eaux de la nappe phréatique. Ces eaux sont tirées a partir d'ouvrage hydrauliques divers, d'une profondeur allant de 3 a 10 m au maximum (cf. photo n°9). Parmi les exploitations visitées, 45% tirent l'eau a partir des séanes, 40% utilisent des puits traditionnels et seulement 15% disposent de puits hydrauliques munis de motopompes (cf. fig.18) Les puits hydrauliques et les puits traditionnels sont détenus par des maraichers ayant bénéficié d'un appui des ONG, ou ayant suffisamment de moyens pour réaliser des ouvrages de ce genre. C'est surtout le cas des groupements et certaines exploitations familiales. Ces puits sont creusés a une profondeur pouvant aller jusqu'à 10 m, pour atteindre les eaux profondes de la nappe. Par contre la majorité des exploitants individuels ne dispose que de séanes : ce sont des puits élargis oil on peut accéder directement a l'eau de la nappe sans usage de corde ou de motopompe. Ces puits se limitent aux eaux superficielles. Leur profondeur est augmentée au fur et a mesure que le niveau de la nappe s'abaisse, ils nécessitent beaucoup d'entretien pour éviter leur ensablement

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Figure 18: Répartition des différentes sources d'eau utilisées par les maraîchers

Nombre d'usagers en (%)

45

40

35

30

25

20

15

10

5

0

Puits Puits Séanes

traditlionnels hydrauliques

Ouvrages

Source : Enquête 2009

Photo 9: Les différents types de puits utilisés par les maraîchers

Puits traditionnel

Puits hydraulique

Séanes

Cliché: Ndao 2008

Trois methodes sont utilisees par les maraichers pour acceder a l'eau de la nappe : la plus repandue est l'exhaure a partir des seanes. Cette methode consiste a descendre jusqu'a la nappe, a travers une longue voie d'acces amenagee en pente. Son avantage est qu'elle permet au producteur de gagner du temps : en effet elle ne necessite pas de stocker l'eau dans une citerne pour arroser apres. Le seane se presente comme un oasis au niveau de l'exploitation (cf. photo 9). Cependant son inconvenient est l'augmentation perpetuelle de sa profondeur en fonction du niveau de la nappe.

Au niveau des puits traditionnels, l'eau est tiree a l'aide d'une corde munie d'un seau, et d'une poulie, puis stocke dans des citernes avant son usage. Cette methode est la plus dure, en effet le producteur assure un double travail : exhaure et arrosage, ce qui constitue une veritable contrainte pour l'extension des parcelles. Avec ces deux methodes, la principale energie est la force humaine.

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La méthode la plus efficace est l'exhaure a l'aide d'une motopompe. L'énergie utilisée ici est mécanique. C'est une méthode qui permet d'avoir de l'eau en abondance en un laps de temps. Cependant, elle nécessite beaucoup de dépenses pour l'achat de carburant et l'entretien de l'engin.

Photo 10: Les différents moyens d'exhaure utilisés par les maraîchers de Ndiob

Cliché : Ndao 2009

11-1-2-2 : Techniques d'irrigation

Si les cultures pluviales dépendent entièrement des pluies, les cultures irriguées bénéficient d'arrosages organisés par l'homme au moyen de conduites d'eau, de canaux, de réservoirs, de pompes et d'autres récipients comme les arrosoirs, les seaux, les calebasses etc. ( H. DUPRIEZ et Ph. LEENER, 1990, p7).

Dans la vallée de Ndiob, on distingue principalement deux modes d'irrigations : qr

L'irrigation par aspersion : c'est une irrigation traditionnelle qui se fait au moyen d'arrosoirs munis de pompe d'arrosage ou bec ; de seau ou de toute sorte de récipient transportable a la main. Elle consiste a prendre de l'eau a partir de la source (bassin, puis, séane, cours d'eau etc.), qu'on transporte jusqu'a la planche ou parcelle de culture.

Ce mode d'irrigation présente des limites liées a des facteurs comme : la faible capacité des récipients utilisés, la distance a parcourir entre la source d'eau et les planches de culture, les pertes de temps etc. C'est une méthode tres exigeante en main d'oeuvre et utilisable que pour des parcelles de dimensions réduites. Pour réduire les pertes de temps occasionnées par les longues distances entre la source

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d'eau et les parcelles, les maraichers construisent de petites citernes en ciment ou en felts métalliques qui sont alimentés en eau, a distance par un tuyau partant du puits.

Photo 11: Citerne alimentée en eau à distance à partir d'un puits

Citerne à 15 m de distance

Vers la citerne

Puits

Cliché : Ndao 2009

Un autre inconvénient important est la forte perte d'eau occasionnée par l'évaporation. En en effet la division de l'eau en de fines gouttelettes par le bec de l'arrosoir favorise le transport d'une quantité non négligeable par le vent sous forme de vapeur d'eau. A cette perte s'ajoute l'eau qui se déverse tout au long des parcours de l'arroseur. La photo 12 montre une méthode d'irrigation par aspersion avec ses risques de perte d'eau énorme. Malgré les limites de cette méthode, elle est pratiquement la plus utilisée par les maraichers. Ces derniers ne disposent pas assez de moyens pour mettre en place des techniques d'irrigation plus sophistiquées comme le goutte a goutte.

Photo 12: Irrigation par aspersion avec arrosoirs

Cliché : Ndao 2009

41' L'irrigation goutte à goutte : C'est une technique qui consiste

a amener l'eau par petites doses fréquentes dans le sol a l'endroit précis oil les plantes peuvent l'utiliser, en réglant la quantité exacte d'eau et en choisissant avec

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precision le moment d'arroser.

Apres les semis, les tubes sont disposes de telle sorte que l'eau s'ecoule exactement aux pieds des plantes et on regle les debits a l'aide d'un robinet a la sortie de la citerne en ouvrant ou en bouchant les tubes de distribution.

Cette technique est tres adaptee aux regions agro-ecologiques qui ne disposent pas assez de ressources en eau: elle permet une utilisation rationnelle de l'eau en limitant la surface de sol mouillee et par consequent reduit le taux d'evaporation et le gaspillage. C'est une technique qui presente beaucoup d'avantages pour le maraichage a Ndiob. Elle permet une economie d'eau d'environ 5o% par rapport a l'arrosage traditionnel, moins de travail, moins de mauvaises herbes donc plus de disponibilite pour d'autres taches et moins de maladies des cultures.

Cependant elle n'est utilisee que dans une seule exploitation, en l'occurrence le perimetre du groupement de Ngalagne. En effet ce systeme est assez coliteux et les maraichers de Ndiob disposent de faibles moyens financiers dans leur ecrasante majorite. Le systeme goutte a goutte du perimetre de Ngalagne a ete mise en place par Jappoo avec l'appui materiel de deux entreprises françaises: France arrosage et Netafim France. A la difference des systemes sophistiques qui sont dotes de materiels perfectionnes et de pompe qui exerce une pression pour distribuer l'eau, le systeme de Ngalagne est essentiellement construit en materiels simples disponibles : les tubes de distributions sont constitues de raccords en PVC, des flits places en hauteurs et remplis a partir des puits assurent la distribution de l'eau (cf. photo 1).

Photo 13: Système d'irrigation goutte à goutte du périmètre maraîcher de Ngalagne

Robinet de sortie

Fût assurant la distribution de l'eau

Cliché : Jappoo Sénégal

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11-1-2-3: Equipement des maraichers

L'équipement agricole désigne l'ensemble des outils et machines utilisés dans le cadre d'une production. L'outillage des maraichers de la vallée de Ndiob est essentiellement manuelle, c'est en général du matériel artisanal fabriqué localement. Chacun des outils utilisés a une fonction bien précise. Ainsi nous avons : la houe qui est l'outil de base pour la préparation des planches, elle est utilisée pour trancher la terre et la déplacer, le rateau est utilisé pour l'aménagement des planches et le nettoyage des parcelles, le coupe -- coupe intervient dans la fabrication des cloture et le défrichement des champs. La corde, le seau et la poulie servent a l'exhaure de l'eau, l'hilaire est utilisée pour le sarclage et le labour pour l'aération du sol (cf. photo 14) quant a la brouette, elle sert a l'acheminement du fumier ou de l'engrais et de tout objet lourd vers les parcelles de culture.

Photo 14: Sarclage et aération du sol au moyen de l'hilaire

Cliché : Ndao 2009

Les outils les plus précieux pour les maraichers sont l'arrosoir et le pulvérisateur. Cependant malgré l'importance de ces outils, beaucoup de maraichers n'en disposent pas. Dans notre échantillon, 38% des producteurs interrogés n'ont pas de pulvérisateurs. En effet cet appareil n'est a la portée des maigres moyens de beaucoup de maraichers. Ces derniers y accèdent par location ou emprunt, grace au systeme de solidarité mise en place entre maraichers. Pour l'arrosoir, 29% des maraichers interrogés déclarent en avoir loué a 3000 FCFA la paire. Comme outil mécanique, nous avons noté uniquement des motopompes détenus par 15% des producteurs de l'échantillon. Les maraichers dotés de motopompe ou de

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pulvérisateur sont souvent des bénéficiaires de l'appui de World Vision ou de l'ANCAR.

Pour le transport des produits et les déplacements, l'équipement est essentiellement la charrette. Pratiquement la totalité des maraichers en disposent, surtout ceux faisant la navette quotidienne entre leurs villages éloignés et les zones de production.

II-1-3: La récolte et La commercialisation des produits

La récolte et la commercialisation des produits maraichers sont deux activités étroitement liées. Elles s'operent en une m8me période. En effet certaines spéculations comme la tomate, le navet, le piment etc. sont vulnérables et nécessitent un écoulement immédiat apres récolte. A cela s'ajoute le manque d'infrastructures de stockage des productions avant la vente.

Ainsi dans la majorité des cas les productions sont acheminés directement, du champ au marché pour minimiser les risques de perte.

11-1-3-1 : La récolte et les rendements

La récolte des produits se déroule principalement en deux périodes : une premiere, au mois de février, pour les semi de fin octobre début novembre et une deuxième en fin mai début juin pour les semis de mars. La main d'oeuvre employée est principalement féminine, surtout pour la cueillette des fruits (tomate, aubergine, jaxatou, piment etc.), (cf. photo 15).

Cliché : Ndao 2008

Photo 15: Récolte de tomate dans un périmètre de Ndiob

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Cette main d'oeuvre est sollicitee par les maraichers soit sous forme d'aide populaire (ou santane), oil le producteur fixe une date et avise des femmes de son village, leur prepare un repas et ces dernieres passe la moitie de la journee au champ pour assurer toute la recolte; soit sous forme de remuneration. Dans ce cas de figure, le paiement se fait en nature, en fonction de la taille du recipient utilise : par exemple pour quatre pots de tomate fruit recoltes, l'employe beneficie d'un pot, donc chaque femme gagne l'equivalent du 1/4 de la quantite qu'elle reussit a recolter dans la journee. La photo 16 montre un exemple de recipient utilise pour la recolte et la remuneration.

Pour la recolte d'autre speculation comme la patate douce, le navet et l'oignon, ce sont les maraichers eux mêmes qui s'en chargent. En effet ce travail necessite beaucoup d'effort (deterrement), et ces speculations sont en general produites en faible quantite et ne se degradent pas vite. Donc leur recolte peut prendre du temps.

Photo 16: Récipient servant de récolte et de rémunération

Equivalant de 2 récipients

Cliché : Ndao 2009

La determination exacte des rendements n'a pas ete possible. En effet, le calcul du rendement d'une exploitation suppose la connaissance de la superficie de la parcelle d'exploitation et le poids de la production, afin de faire le rapport pour obtenir le rendement en termes de tonnes par hectare. Or dans notre echantillon, 62% des maraichers n'ont pas une idee exacte sur la superficie de leur exploitation. En plus de ce facteur, la quantite des productions est souvent oubliee : en effet pour certaine speculation comme la tomate, les fruits ne murissent pas tous en même temps et il faut trois operations de recoltes espacees de 5 a 7 jours pour que les plantes soient propres. Ce phenomene fait que beaucoup de maraichers ne retiennent pas le nombre

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exact de cageots35 recoltes. Un dernier facteur est l'association de plusieurs speculations dans une meme exploitation36, chacune occupant une portion de superficie indeterminee. Tous ces facteurs ont rendu difficile l'estimation du rendement exact de chaque speculation. Neanmoins certains ont pu donner une approximation de la production de chaque speculation qu'ils ont cultivee. A partir de ces informations, nous avons calcule la moyenne des rendements par speculation (les quatre speculations les plus cultivees) et par exploitation, donnant ainsi 70 cageots (3,5 t) par parcelle pour la tomate (un cageot equivalant a 30 kg), 21 sacs (1,05t) pour l'aubergine (un sac egal a 50kg), 12 sacs (0,6t) pour le jaxatou, 14 sac (0,7 t) pour l'oignon et variable pour les autres speculations. Le tableau n°14 represente en resume les rendements moyens des speculations renseignees.

Tableau 14: Rendement moyen des spéculations cultivées

Speculations

Tomate

Aubergine

Jaxatou

Oignon

Total
rendement

Rendements/exploitation

3,5 t/ex.

1,05 t/ex.

0,6 t/ex.

0,7t/ex.

5,85t/ ex.

Source : Enquêtes 2009

De ce tableau, il ressort, d'apres nos calculs approximatifs que le rendement moyen total de chaque exploitation (toute speculation confondue), s'eleve a 5,85 tonnes.

Les productions de l'activite maraichere n'ont pas encore fait l'objet d'estimation et d'enregistrements par le CADEL de Diakhao et la CR de Ndiob. C'est pourquoi il n'est pas aise d'etudier l'evolution des rendements en fonction des annees.

Cependant une etude realisee par F. DOUI (2004) en collaboration avec World Vision, sur les contraintes du maraichage dans la zone nous a permis d'avoir une idee sur le rendement moyen a l'hectare de chaque speculation pour la campagne de 2004. Le tableau n°15 fait etat de cette approximation.

35 Ils evaluent les rendements en termes de cageots (pour la tomate, cf. photo 17) ou de sacs (pour les autres speculations) par exploitation

36 La majorite des maraichers ne pratique pas une culture pure, ils associent plusieurs speculations soit en rotation, soit sur les mimes portions de sole.

99

Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de géographie, 2008/2009

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Photo 17: Cageots de tomate

Cliché : Ndao 2008

Tableau 15: Approximation des rendements à l'hectare en 2004

Speculation

Tomate

Aubergine

Chou

Gombo

Piment

Jaxatu

Oignon

Patate
douce

Rendement

9,15

12,75

11,85

9,94

7,52

11,20

15,35

7, 20

(T/h)

 
 
 
 
 
 
 
 

Source F. DOUI 2004

11-1-3-2 : La commercialisation des produits

L'expansion démographique de la population urbaine sénégalaise a créé un important marché pour les produits maraichers. Les productions de la vallée de Ndiob sont essentiellement vendues au niveau des centres urbains de Diourbel, Gossas, Fatick, Bambey, et des marchés ruraux comme Diakhao, Niakhar, Patar, Ndiob et Darou Salam (cf. carte 5).

La destination des produits varie suivant la proximité des centres urbains. La ville de Diourbel située a 10 km de Ndiob est le lieu qui recoit le plus les produits maraichers de la vallée, avec 46% des livraisons ; a sa suite, nous avons la CR de Diakhao qui regoit 19%. La ville de Gossas avec 8% des livraisons est le centre le moins fréquenté, en raison de son éloignement et l'absence de piste le reliant directement a Ndiob. La figure n°19 montre la répartition des destinations des produits

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Figure 19: La répartition des lieux de destination des produits maraîchers

8%

19%

52%

11%

10%

Diourbel Fatick Diakhao Gossas Bambey

Source : enquêtes 2009

La collecte est en grande partie assurée par les grossistes et les demi-grossistes venus de ces contrés. Ils sillonnent la vallée en période de récolte pour s'approvisionner. A côté de ce groupe d'acheteurs, on note les détaillants en majorité constitués de femmes de la communauté rurale de Ndiob. Ces détaillants s'approvisionnent aupres des grossistes et demi-grossistes. Ils achetent des quantités peu importantes et vendent au kilogramme ou par petits tas selon la préférence du client. Le prix du kilogramme varie de 225 A 350 FCFA suivant le type de produit et celui des tas de 25 a loo FCFA, suivant la taille, mais également le type de produit et sa qualité.

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Carte 5: Les différentes destinations des produits maraîchers de la CR de
Ndiob

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Photo 18: Vendeuses en détail des produits maraîchers de la vallée, au marché de Ndiob

Cliché : Ndao 2009

Les prix aux producteurs connaissent des fluctuations importantes en fonction de la disponibilite sur le marche : en periode de rarete par exemple, ils peuvent atteindre 6000 FCFA par cageot pour la tomate, 12000 FCFA par sac pour l'aubergine, 10000 FCFA le sac de chou etc. Cependant, en periode d'abondance, les prix connaissent de fortes chutes pouvant aller jusqu'a 2500 FCFA pour le cageot de tomate, par exemple.

Au cours de nos enquêtes de terrain, les producteurs nous ont donné les différents prix par cageot ou par sac37, pour la campagne de 2007/2008. A partir de ces prix, nous avons fait un calcul du prix moyen de chaque speculation (cf. tableau 16).

Tableau 16: Le prix moyen des productions

Speculation

Tomate

Aubergine

Chou

Gombo

Piment

Jaxatou

Oignon

Patate douce

Prix moyen (en FCFA)

3900/C

6000/S

11000/S

15000/S

45000/S

12500/S

10000/S

9000/S

NB : C= Cageot et S= Sac Source : Enquêtes 2009

Une application de ces prix moyens par sac ou par cageot, au kilogramme donnent : 130 FCFA/kg pour la tomate, 120 FCFA/kg pour l'aubergine, 200 FCFA/kg pour le chou etc. Le tableau n°17 indique les différents prix moyens au kilogramme par speculation en 2008, compares aux prix du marché.

37 ,
· ,

L umte de mesure n'est pas ici le kilogramme ou la tonne, mais le contenant (cageot ou sac)

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Tableau 17: Prix moyens de vente en 2008, comparés aux prix officiels sur le marché

Spéculations

Tomate

Aubergine

Chou

Gombo

Piment

Jaxatou

Oignon

Patate
douce

Prix moyen
(en FCFA)

130/kg

120/kg

200/kg

300/kg

900/kg

250/kg

200/kg

180/kg

Prix officiel
(en FCFA)

150/kg

150/kg

250/kg

350/kg

1200/kg

250/kg

300/kg

200/kg

Source : Enquêtes 2009

La commercialisation des produits se deroule a travers trois circuits :

Producteurs grossiste, demi-grossiste, détaillants, consommateurs : dans ce circuit, le producteur est le principal fournisseur. Les acheteurs se deplacent en general pour chercher les produits au niveau des champs. Cependant en cas de surabondance de produit sur le marche et de mevente, les producteurs sont parfois obliges d'aller livrer eux memes leurs produits aux grossistes et demi-grossistes, ou meme aux detaillants et aux consommateurs ruraux, surtout pour le cas de la tomate. En effet pour eviter le pourrissement rapide de cette speculation, certains producteurs sillonnent les villages au moyen de la charrette pour ecouler leur production.

Grossistes demi-grossistes, détaillants, consommateurs : les grossistes fournissent aux demi-grossistes, aux détaillants et aux consommateurs dans ce circuit.

Demi-grossiste, détaillant Consommateur : dans ce circuit, les demigrossistes approvisionnent les détaillants qui eux, ne vendent leurs produits qu'aux consommateurs. Ces derniers s'approvisionnent également aupres des demigrossistes. La figure n°20 fait une synthese des différents circuits de commercialisation des produits maraichers de la vallée.

104

Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de géographie, 2008/2009

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Figure 20 : Circuit de commercialisation des produits maraîchers de la vallée de Ndiob

Source: Enquêtes 2009

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Les différentes caractéristiques de l'activité maraichere montrent qu'elle est en pleine mutation dans la CR de Ndiob. A travers ses multiples enjeux (fonciers, économiques sociaux etc.), elle mobilise une diversité d'acteurs qui, grace a une diversité de pratiques culturales produisent en quantité dans des parcelles de superficies assez réduite. Le contexte économique difficile de la CR de Ndiob, lié principalement au déclin des systemes pluviaux, est dans une certaine mesure atténué par cette activité aux multiples impacts socio-économiques et spatiaux.

CHAPITRE 2 : INCIDENCES SOCIO-ECONOMIQUES ET SPATIALES, ET CONTRAINTES DE L'ACTIVITE MARAÎCHERE DANS LA CR DE NDIOB

Le maraichage prend de plus en plus de l'importance dans l'économie de la CR de Ndiob. Malgré un certain nombre de contraintes, il tend a devenir un des meilleurs moyens des populations pour faire face a la pauvreté.

Dans ce chapitre il s'agira principalement d'étudier les incidences socio-économiques et spatiales de l'activité maraichere dans la CR de Ndiob, mais également les contraintes auxquelles elle est soumise.

II-2-1 : Les incidences du maraîchage

Le poids du maraichage sur la vie des populations de la CR de Ndiob est perceptible aussi bien sur le plan économique que sociale ; et ses marques sur l'espace communautaire sont non négligeables.

11-2-1-1 : Un renforcement de l'economie locale

On ne saurait mettre en relief l'importance des incidences économiques engendrées dans la CR de Ndiob par le maraichage, sans faire une breve analyse du contexte économique des populations avec la crise de l'arachide. L'économie arachidiere a connu une forte chute dans l'ensemble du bassin arachidier. Cette chute s'est traduite

106

Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de géographie, 2008/2009

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par la forte baisse des rendements de l'arachide, allant jusqu'a 500kg/ha en 2007 contre 1t/ ha dans les années 196038, a la suite de la dégradation des conditions climatiques.

La production actuelle de l'arachide dans le CR de Ndiob génere des revenus moyens de 49 000 FCFA/ha pour un investissement d'environ 25000 FCFA, pour l'achat de semence sur le marché (50kg de graines pour un hectare) et d'autres dépenses supplémentaires, pour l'achat de produits phytosanitaires, d'engrais et l'entretien du matériel agricole ; sans oublier l'effort de travail de trois mois durant.

La crise de l'arachide est un des facteurs principaux de l'accentuation de la pauvreté dans la CR de Ndiob. Les besoins sociaux de base comme la santé, l'éducation, l'alimentation etc. sont désormais assurés par les revenus tirés de l'activité maraichere dans de nombreux ménages de la communauté rurale.

41' Les revenus decoulant du maraichage :

L'analyse des incidences économiques de l'activité maraichere dans la CR de Ndiob doit nécessairement passer par une évaluation de sa rentabilité. En effet une activité agricole ne peut être considérée comme rentable que lorsqu'elle engendre des revenus largement supérieurs aux coats de production. Dans notre échantillon d'étude, le montant des différents coats globaux de production fournies par les maraichers interrogés, rapporté au nombre de leurs parcelles de production, nous a donné un coVt moyen d'investissement de 61 000 FCFA avec des coats maximal de 200 000 FCFA et minimal de 20 000 FCFA (cf. tableau n° 18).

Tableau 18: Analyse des Coûts de production

Variables

Maximum Moyenne Minimum

Investissement

200.000 61.000 20.000

Source : enquêtes 2009

Au cours de nos enquetes, les maraichers n'ont pas pu nous donner le montant exact
des revenus qu'ils tirent de l'activité maraichere. Seul un producteur de Ndiob, en

38 CADEL de Diakhao

107

Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de géographie, 2008/2009

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l'occurrence Moulaye FAYE (ex vice PCR de Ndiob) y est parvenu. Ce dernier affirme avoir gagne de son exploitation familiale en 2008, une somme de 1.000.000FCFA pour un investissement total de 200.000 FCFA, donnant ainsi un taux de rentabilite equivalant a 80%.

Cependant, a partir des rendements moyens des quatre speculations dominantes, et le prix moyen (par sac ou par cageot) de chacune d'elle, nous avons fait un calcul approximatif de la moyenne des revenus tires de chaque speculation pour la campagne 2007/2008. Ainsi nous avons pour la tomate 273.000 FCFA, l'aubergine 126.000 FCFA, le Jaxatou 125.000 FCFA, et l'oignon 150.000 FCFA (cf. tableau 19).

Tableau 19: Analyse des revenus moyens tirés du maraîchage

Spéculation

Tomate

Aubergine

Jaxatou

Oignon

Total

674.000 FCFA

Rendements moyens

70 Cageots

21 Sacs

12 Sacs

14 Sacs

Prix moyen/Unité

3.900 FCFA/C

6.000 FCFA/S

12.500 FCFA/S

10.000 FCFA/S

Revenus moyens (en
FCFA)

273.000 FCFA

126.000 FCFA

125.000 FCFA

150.000 FCFA

Source : Enquêtes 2009

De ce tableau ressort que le cumule de tous les revenus moyens par speculation donne une moyenne totale de revenus s'elevant a 674.000 FCFA par producteur. Compares au coilt moyen d'investissement, on voit que les producteurs realisent de l'activite une marge beneficiaire relativement elevee (613.000 FCFA). Le tableau n°20 nous donne une idee sur la rentabilite de l'activite maraichere, d'apres nos calculs approximatifs.

Tableau 20: Analyse de la rentabilité de l'activité

Revenus moyens

Coat moyen de
production

Marge brute

Taux de rentabilité

674.000 FCFA

61.000 FCFA

613.000FCFA

89%

Source : Enquêtes 2009

 
 

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Ces revenus moyens comparés a ceux de l'arachide, depuis ces dernières années, prouvent largement que l'activité maraichere présente actuellement plus d'opportunités pour l'économie financiere de la communauté rurale que la culture de l'arachide.

1r Des activites generatrices de revenus lives au maraichage :

Par les importants revenus qu'elle génere, l'activité maraichere donne naissance a d'autres activités paralleles comme l'élevage d'ovin, l'embouche bovine etc. (cf. photo 19). Parmi les maraichers interrogés, 55% ont affirmé pratiquer l'élevage de mouton au sein même des exploitations grace aux revenus du maraichage. Les résidus des cultures servent a l'alimentation et l'engraissement de ces bêtes qui en retour fournissent du fumier. La vente des moutons en période des grands événements comme la Tabaski ou la Korité génere également des revenus non négligeables dont une bonne partie est réinvestie soit dans le maraichage, soit dans l'embouche. 32% ont opté pour l'embouche bovine , activité consistant a investir une partie des revenus du maraichage pour l'achat d'un boauf qu'on engraisse deux a trois mois durant pour le vendre et réinvestir afin d'augmenter la marge bénéficiaire.

Photo 19: Embouche bovine et ovine: activités liées au maraîchage

Cliché : Ndao 2009

Pour 13% des interrogés, le petit commerce présente plus d'opportunité. Ces derniers développent avec une partie de leurs revenus des activités commerciales, en denrées de premieres nécessités a leur domicile.

Ces retombés de l'activité maraichere ne profitent pas seulement aux producteurs, les

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femmes commergantes des produits y tirent également leur part. L'estimation des revenus gagnés par ces dernières n'est pas chose facile dans la mesure oil la majorité d'entre elles peine a déterminer le montant exact des revenus qu'elles gagnent en sillonnant les loumas de la zone. Néanmoins, leurs bénéfices leur permettent d'investir dans l'aviculture mais aussi et surtout d'assurer leurs cotisations mensuelles dans les systemes de tontine. Ce systeme joue un role important dans la vie des femmes, en leur permettant d'investir dans d'autres activités, mais surtout de faire face aux besoins sociaux de base.

11-2-1-2 : Une amélioration du cadre de vie sociale

Les revenus tirés du maraichage jouent également un role capital dans la vie sociale des populations de la CR de Ndiob. Cette importante fonction est perceptible dans des domaines tels : la sécurité alimentaire, la santé, l'éducation, l'habitat etc.

41' La sécurité alimentaire :

Dans la CR de Ndiob, on a noté avec la crise de la filière arachidiere une fréquence de la soudure dans beaucoup de ménages. Ce phénomene qui correspond a l'épuisement momentané des stocks de vivres avant les nouvelles récoltes, prend de plus en plus une dimension de disette car se prolongeant sur deux a trois mois dans l'année. En effet selon C HASTANET (1983), cité par A. LERICOLLAIS (1999, p523), la disette est comme : « une soudure difficile d'un a deux mois et plus 0. C'est un moment de l'année marquée par une modification du circuit habituel d'approvisionnement en céréales, et par la m8me l'alimentation39. La soudure dans la communauté rurale est une résultante de deux facteurs principaux, d'apres les populations : en premier lieu, elle est liée parfois a une chute de la production du mil, en raison d'un déficit pluviométrique. Cependant, le facteur le plus déterminant est la vente de cette céréale, base de l'alimentation en saison seche, faute de source de revenus.

Les revenus monétaires issus du maraichage permettent de réduire de plus en plus
cette vente de céréales. Les populations y trouvent une nouvelle source de revenus
importante, les greniers sont de plus en plus conservés et la duré de la soudure

39 LERICOLLAIS A. 1999, OP. Cit., page 523

110

Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de géographie, 2008/2009

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commence a se diminuer, même si elle constitue toujours un casse tête pour plusieurs ménages de la communauté rurale. En outre les recettes du maraichage comblent, dans une certaine mesure, les déficits vivriers en cas de mauvais hivernage et permettent aux populations d'améliorer leur régime alimentaire. Elles consomment de plus en plus des aliments importés comme le riz, l'huile, le lait, le sucre etc. en saison seche, tout en conservant les greniers pour l'hivernage. Nos enquêtes ont montré que plus de 60% des maraichers utilisent une partie de leurs revenus pour assurer cette dure période de soudure. Un des maraichers40 interrogés explique:

Le manque de revenus est le principal facteur expliquant la persistance de la soudure chez nous. En effet pour régler les problèmes sociaux comme la santé, l'éducation des enfants, les cérémonies familiales etc., on a d'autres choix que de vendre une partie de notre nourriture pour se procurer des liquidités, ainsi nos greniers se vident vite (cf. photo 20) et la soudure s'installe dans la plus part du temps en début juillet. Cependant avec les revenus tirés du maraichage, on parvient a réduire de plus en plus la vente de notre aliment de base, et par conséquent la durée de la soudure.

Photo 20: Greniers vides à partir du mois de mai

Cliché : Ndao 2008

On remarque également que les produits issus du maraichage completent l'apport diététique des céréales : la consommation des légumes enrichie les plats des paysans du point de vue nutritionnel.

Même si le maraichage n'a pas encore permis d'éradiquer completement la soudure,
on note une réduction de sa durée a un mois ou quelques semaines avant les

40 Tophène DIOP, maraîcher originaire de Bacco Gour (Thièw)

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nouvelles récoltes dans beaucoup de ménages de la communauté rurale. qr La santé :

L'activité maraichere n'a pas encore engendré d'infrastructures sanitaires au niveau de la communauté rurale. Cependant, elle permet aux populations de régler une bonne partie de leurs besoins sanitaires. En effet, la pauvreté des populations est un des facteurs clés expliquant l'acces difficile aux soins de base. La plus part ne font recours aux services de santé que dans les cas extremes, elles préfèrent aller chez les guérisseurs traditionnels tout en espérant payer moins cher les frais de santé. Ces pratiques expliquent la prolifération des maladies avec de forts taux de prévalence comme le paludisme (8o% en hivernage, 4o% en saison seche), les maladies diarrhéiques (4o%)41, causées par : la prolifération du péril fécal et le non-respect des regles d'hygiene. Les catégories les plus vulnérables sont les enfants : chaque année, on note un fort taux de mortalité infantile dii au paludisme. Pratiquement tous nos interlocuteurs ont avoué que les revenus tirés du maraichage leur sont d'une grande utilité dans le domaine de la santé.

cr L+éducation :

Dans le secteur éducatif de Ndiob également l'activité maraichere joue un grand role, en termes de scolarisation des enfants, d'achat de fournitures, de vetements et divers autres dépenses liées a l'éducation. En effet dans la CR, malgré le nombre important d'écoles, l'éducation accuse un retard par rapport aux autres collectivités de l'arrondissement. La population de Ndiob enregistre un faible taux brut de scolarisation estimé a 54%, ce qui est en deça de la moyenne départementale (74,2o%)42. Ce faible taux résulte principalement du manque de moyens pour l'inscription, l'achat de fourniture etc. La majorité des parents qui n'envoient pas leurs enfants a l'école sont confrontés a ce probleme de moyens. Comme dans le domaine sanitaire, les revenus du maraichage constituent le plus grand recours des populations pour régler le probleme de scolarisation. On note depuis quelques années une nette amélioration de la scolarisation des enfants. Le taux de

41

Poste de santé de NDIOB

42

PLD de Ndiob 2004

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scolarisation s'accroit progressivement, raison pour la quelle Ndiob beneficie d'un college d'enseignement secondaire depuis 2005.

cr L'habitat :

l'habitat dominant dans la CRN est de types traditionnel. La plus part des maisons sont construites en materiaux locaux ; ce sont generalement des cases dont les murs en banco sont coiffes de toits en paille. Cependant ces dernieres annees, avec le developpement du maraichage, on remarque de plus en plus une tendance vers une construction d'habitats relativement modernes (cf. photo 21) : les cases sont de plus en plus remplacees par des batiments. Ce sont generalement des edifices de deux a quatre pieces dont le toit est en zinc ou en tole. La construction de ces batiments se fait cependant par etape et peut durer plusieurs annees, en fonction du niveau des revenus que le proprietaire gagne du maraichage, mais egalement de la valeur des besoins familiaux. Cette restructuration du batit est plus accentue au niveau des villages riverains de la vallee, tels que Bacco Serere, Ngalagne, Ndiob etc. La majorite des constructions en dur dans ces villages est essentiellement liee a l'activite maraichere. Au cours de nos enquêtes de terrain, 17% des maraichers ont affirme avoir construit leur habitat grace aux revenus tires du maraichage. C'est egalement grace aux recettes du maraichage que beaucoup de paysans se sont procure leur moyen de transport (charrette et cheveux).

Photo 21: Habitats en dur réalisés avec les revenus tirés du maraîchage

Cliché : Ndao 2009

Les revenus du maraichage occupent egalement une place importante dans d'autres domaines tels que l'achat d'equipements electromenagers, le financement des ceremonies familiales comme les mariages les baptêmes les funerailles etc., l'achat de meubles etc. Pour les femmes vendeuses de produits maraichers, les revenus tires de

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l'activite leur permettent de se procurer des equipements genre lit, armoire, ustensiles de cuisine et habilement, marquant ainsi petit a petit leur autonomie

financiere.

L'aspect le plus important est que l'activite constitue un grand facteur de reduction de l'exode rural. En effet avec la crise de l'arachide les jeunes de la CR avaient tendance a migrer surtout vers Dakar, dans l'espoir de trouver du travail afin d'aider leur familles, mais egalement subvenir a leurs besoins personnels. Mais actuellement, l'activite maraichere leur permet de gagner plus que ce qu'ils percevaient en ville, en travaillant comme journaliers dans les chantiers de construction. Plus +000 jeunes de la CR s'activent dans le maraichage (I. NDIAYE 2004). Beaucoup de jeunes maraichers interroges soutiennent que le maraichage est plus rentable que le travail qu'ils effectuaient en ville. Pour ces derniers la cherte de la vie urbaine constitue un veritable obstacle a l'epargne, alors qu'avec le maraichage, les depenses sont moins nombreuses. En effet ces jeunes sont chez eux et n'ont pas besoins de louer un logement ou de payer quotidiennement pour se nourrir.

L'activite constitue actuellement le principal moyen pour les jeunes de verser la dot qui est un lourd fardeau en societe serere pour le mariage. 9% des jeunes maraichers interroges ont un projet de mariage et comptent essentiellement sur le maraichage pour s'acquitter de la dot et fonder leur foyer.

Enfin le maraichage est un veritable facteur de mobilisation sociale : avec le soutien des ONG depuis quelques annees, on note une emergence a la base a travers une multiplication de groupements, surtout feminins, dont une grande partie s'active dans l'activite. La communaute rurale compte actuellement 83 groupements dont la majorite s'active dans l'agriculture en particulier le maraichage (I. NDIAYE 2004).

11-2-1-3 : Restructuration spatiale et lux quotidiens de population

A côte de ces incidences socio-economiques, le maraichage imprime dans l'espace communautaire de Ndiob, des marques de diverses natures. Ces dernières se traduisent par :

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41' Une recomposition du paysage agraire :

La premiere incidence de l'activité maraichere dans la CR de Ndiob est une recomposition du paysage agraire au niveau de la vallée. En effet le systeme agraire en milieu sérere a de tout temps été caractérisé par des openfields marquant l'aspect extensif des cultures. Cependant l'activité maraichere, qui est un systeme de culture irrigué et fortement intensif a engendré ces dernières années de profondes modifications dans le paysage. On note une prolifération de petites parcelles fermées au moyen de haie construit en bois ou en végétation (célaan), servant de protection contre la divagation du bétail. Ces parcelles fermées et parfois alignées ou dispersées de façon désordonnée donnent l'allure d'un véritable paysage bocager (cf. photo 22). Cette occupation de l'espace constitue une véritable contrainte pour l'élevage dans la zone : les champs qui constituaient la principale zone de pâturage en saison seche sont maintenant cultivés en permanence, et les éleveurs de bovin sont obligés dans la majorité de transhumer vers le Sud pour une bonne partie de l'année. Seuls les petits ruminants, souvent appartenant aux femmes, pâturent autour des exploitations.

Photo 22: Paysage maraîcher de la zone de production de Ndiob.
(Vue aérienne extraites de
WWW.Google-Earth.fr, coordonnées : 14° 36`, 57. 73``N et
16°14`22. 58`` W)

Parcelles en « repos »

Parcelles en culture

Vers le village (Ndiob)

Source : www.Google-Earth.fr

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tr Un développement d'une végétation artificielle :

Le maraichage marque également l'espace a travers la multiplication des infrastructures hydrauliques (puits, séanes), mais surtout la densification du paysage végétal de la vallée. Cette dernière est l'espace la plus verdoyante de la CR. En effet les maraichers y ont mis une végétation artificielle constituée d'arbres fruitiers tels que l'anacardier, les citronniers, mais surtout des especes comme l'eucalyptus, le prosopis, le « cé/ann , etc. (cf. photo 23).

Photo 23: Végétation artificielle d'eucalyptus

Cliché : Ndao 2009

cr Des flux quotidiens de maraîchers en direction de la vallée :

La vallée de Ndiob perd de plus en plus son ancienne vocation de cultures pluviales pour devenir une zone maraichere a l'image de la région des Niayes. Elle constitue le point de convergence de nombreux paysans traduisant dans la CR d'importantes nouvelles pratiques spatiales, marquées par des flux quotidiens d'aller et de retour entre les villages et les champs maraichers (cf. carte 6). Cette zone favorable au maraichage est localisée a l'ouest de Ndiob et par conséquent est éloignée de beaucoup de villages comme Ndiodje, ThieW, Mbatar etc. Cependant, l'activité n'est pas seulement pratiquée par des riverains de la vallée : Nos enquêtes ont révélé que 35% des maraichers viennent de ces villages situés, de 5 a iokm de la zone.

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Carte 6: Les flux quotidiens de maraîchers habitant loin (1 à 4 km) de la
Vallée

Les maraichers font la navette quotidienne entre leurs villages et la vallée essentiellement au moyen de la charrette (cf. photo 24). La charrette joue de nombreuses fonctions, elle transporte la main d'oeuvre, les engrais et fumiers, mais aussi et surtout la production vers les concessions ou au marché. Elle est un outil indispensable pour tout maraicher dans la CR de Ndiob. Pratiquement tous les producteurs de la zone en disposent, comme bien personnel ou en commun avec des membres de leur famille.

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Photo 24: La charrette, principal moyen de transport des maraîchers

Cliché : Ndao 2009

L'ensemble de ces incidences socio-économiques et spatiales engendrées par le maraichage dans la CR de Ndiob témoignent de son dynamisme spectaculaire dans la vie des populations. L'activité maraichere présente de réels enjeux pour un développement économe et social de la communauté rurale de Ndiob.

Cependant, malgré les nombreuses potentialités agronomiques favorables a son développement et l'importance de ses incidences dans la zone, le maraichage reste confronté a diverses contraintes qu'il importe de résoudre.

II-2-2 : Les contraintes du maraîchage dans la CR de Ndiob

Dans le domaine agricole, le terme « contrainte >> peut être défini comme des handicaps, obstacles ou limites qui favorisent dans une certaine mesure une contre performance de l'activité. L'agriculture de l'Afrique sahélienne et du Sénégal en particulier a de tout temps été confronté a une diversité de contraintes justifiant son impuissance face a la crise alimentaire qui constitue toujours un casse tête pour l'ensemble des gouvernements africains. L'activité maraichere considérée comme un moteur de relance de l'économie agricole dans des pays comme le Sénégal n'est pas épargnée par ces nombreux handicaps.

Dans la CR de Ndiob, l'activité est soumise a des contraintes de diverses natures, liées aussi bien a la production qu'a la commercialisation des produits.

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11-2-2-1 : Les contraintes lives a la production

Les contraintes de la production sont essentiellement liees a : l'acces a la terre, au manque de moyens et au probleme de qualification des maraichers, mais aussi et surtout le probleme d'acces a l'eau et des contraintes physiques, telles que : les fortes temperatures au milieu de la saison seche, la salinisation etc.

cr L'acces di((icile a la terre :

L'acces a la terre constitue le principal goulot d'etranglement des maraichers de Ndiob. En effet, le domaine foncier de la vallee appartient principalement aux populations des villages riverains. L'espace de la zone a dans son ensemble fait l'objet d'attribution, et il n'y a plus d'espace defrichable ou d'extension, comme on le note au niveau des grands amenagements hydro-agricoles des vallees du Senegal de l'Anambe, du Niger etc. oil les defrichements s'etendent en fonction du developpement des amenagements.

Ce manque de terres fait que la majorite des maraichers n'en disposent pas et y accèdent soit par location ou prêt et sont toujours dans l'incertitude d'une culture permanente dans la parcelle louee ou empruntee : en effet, les modes d'acces a la terre ne permettent pas aux producteurs de jouir d'une exploitation securisee, les risques de perdre l'usage sont tres frequents. 31% des maraichers deplorent le coirt de location, mais egalement la taille reduite qui n'autorise pas des exploitations de grande envergure. De l'avis de certains d'entre eux, il leur arrive souvent de ne pas pouvoir faire du maraichage, faute de terres a louer, et par consequent sont obliges de partir travailler en ville comme journaliers ou charretiers, durant la saison seche, et ne retournent au village que vers le mois de juin pour les preparatifs de l'hivernage. Enfin ces contraintes foncieres constituent le principal facteur expliquant la forte surexploitation du sol avec une absence totale de la jachere, pour son repos biologique et une regeneration de ses aptitudes agronomiques. Ainsi on assiste progressivement a l'epuisement ou l'appauvrissement conduisant a des contre performances importantes de l'activite maraichere.

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cr Le manque de moyens :

Le probleme de moyens est un phénomene récurant et généralisé dans l'agriculture sénégalaise, en particulier le maraichage qui est une activité nécessitant du matériel de qualité et surtout beaucoup d'investissement en matière d'intrants. Ce manque de moyen est l'une des principales préoccupations des maraichers de la CR de Ndiob. Leur activité ne leur procure pas assez de ressources financieres permettant de gros investissements.

La plus part des intrants nécessaires a la production maraichere est importée. Leur coilt élevé restreint leur utilisation par la majorité des producteurs. En général, les maraichers utilisant des quantités importantes d'intrants sont les groupements ou les producteurs familiaux capables de mobiliser assez de ressources financieres soit par cotisation des membres (groupements) et/ou l'utilisation de revenus provenant d'autres activités comme l'élevage (producteurs familiaux). Pour les maraichers individuels, la faiblesse de leurs revenus ne permet que l'exploitation de faibles superficies et l'usage de petites quantités d'intrant, surtout de produits phytosanitaires. Ainsi beaucoup de cultures sont sujettes a l'attaque d'une large gamme de parasites, influant négativement sur la qualité mais aussi sur la quantité de la production.

En outre, on note que malgré la présence d'ONG intervenant dans le soutient et l'encadrement des maraichers, la majorité de ces derniers n'accèdent pas au financement et sont obligés de compter sur leurs maigres ressources. Parmi les producteurs interrogés, 10% seulement accèdent a l'appui des ONG sous diverses formes : creusement de puits (pour les groupements), l'octroi de financement ou de crédit en semences, intrants et matériels. Cependant dans la majorité des cas le remboursement des crédits, apres la vente des productions pose probleme a beaucoup de maraichers : selon ces derniers les taux d'intérêts appliqués sont en général insupportables. Ceci fait que certains ne remboursent pas et réduisent les chances de financement pour d'autres a la prochaine campagne.

Ces problemes de moyens sont en général a l'origine d'une baisse de la quantité et de
la qualité des rendements. En effet le matériel utilisé par les maraichers est
essentiellement artisanal, précaire (hilaires, houes, rateaux etc.) et le travail est en

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grande partie manuel. L'exhaure, l'arrosage, l'entretien des cultures, toutes ces tâches se font a la main et font perdre aux maraichers beaucoup de temps (cf. photo 25).

A ce probleme de moyens s'ajoute la non qualification de beaucoup de maraichers : les techniques optimales de production (fertilisation, irrigation, recolte) et les methodes de traitements phytosanitaires ne sont pas bien connues par insuffisance d'encadrement.

Photo 25: Désherbage à la main

Cliché : Ndao 2009

41' Les problemes lies a la disponibilite de l'eau :

L'eau du maraichage dans la CR de Ndiob vient essentiellement de la nappe phreatique. Elle est tiree a travers des puits hydrauliques, des puits traditionnels, et des seanes. La nappe malgre sa faible profondeur, connait des fluctuations du niveau de ses eaux superficielles en fonction des annees pluviometriques. En annee de deficit, l'acces a l'eau est difficile pour les maraichers disposant des seanes. A certaines periodes de l'annee, les forts prelevements occasionnent des baisses momentanees au cours de la journee et les maraichers sont obliges d'attendre une recharge des eaux pouvant prendre beaucoup de temps (1 a 2 heures). Pour eviter ses pertes enormes de temps les producteurs sont obliges de se reveiller chaque jour au environ de trois heures ou quatre heures du matin, pour puiser le maximum d'eau avant la baisse momentanee de la nappe dans la journee.

A côte de ces manques momentanes, on note l'insuffisance d'infrastructures hydrauliques pour un acces facile a la ressource. 45% des maraichers de la CR accèdent a l'eau difficilement a travers les seanes. Ces ouvrages sont de veritables devoreurs d'espace : dans certaines parcelles les seanes occupent presque le 1/3 voir

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la moitié de la superficie du champ, au détriment des cultures (cf. photo 26). 4o% disposent des puits traditionnels. L'exhaure de l'eau a travers ces ouvrages est essentiellement manuelle, tres pénible et demande beaucoup de temps. Rappelons que dans notre échantillon d'étude, seulement 15% des maraichers ont des puits hydrauliques munis de motopompe atteignant les eaux profondes de la nappe a une dizaine de metres.

Photo 26: L'espace occupé par un séane dans une parcelle maraîchère

Diamètre de plus 10m : équivalant de la largeur de 7 planches au minimum

Point d'eau

Voie d'accès à l'eau mesurant environ 8m

Cliché : Ndao 2009

Il faut noter aussi que les conditions du milieu influent dans une certaine mesure de faRon négative sur les cultures : en période de forte chaleur (avril, mai), l'harmattan, vent chaud et sec entraine un stress hydrique de certaines cultures, en particulier les pépinières; la forte évaporation entraine une concentration des sels minéraux contenus dans l'eau, au niveau du sol, et par conséquent entraine progressivement sa salinisation.

En outre, la vallée de Ndiob constitue un prolongement de la vallée fossile du Sine qui est une grande zone de production de sel au niveau des tannes de Fatick. Ce sel a tendance a migrer sous l'effet du ruissellement des eaux de pluie en hivernage et se concentre au niveau des bas fonds. Certaines parcelles de la vallée sont abandonnées en raison de cette salinisation (cf. photo 27).

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Photo 27: Parcelle abandonnée sous l'effet de la salinisation

Cliché : Ndao 2009

11-2-2-2 : Les contraintes lives a la commercialisation

La commercialisation des produits constitue l'ultime étape de l'activité maraichere, selon les producteurs. Cette phase n'est pas épargnée par les multiples contraintes qui handicapent le développement rapide du maraichage dans la CR de Ndiob. Les contraintes de la commercialisation sont essentiellement liées aux problemes de stockage, de transport, et d'écoulement des produits.

41' Probleme de transport :

Le facteur transport constitue toujours un véritable handicap pour l'écoulement des produits maraichers. L'insuffisance des infrastructures routières et des moyens de transport adéquats entraine une faible exploitation des énormes potentialités de la zone. Dans la majorité des villages de production (Bacco Sérere, Bacco Mboytolé, Fintel etc.), le manque de moyen de transport constitue l'un des facteurs principaux limitant l'écoulement des produits. Le principal moyen de transport des maraichers de Ndiob est la charrette. Cette dernière sert a l'acheminement des produits vers les points de vente (marchés urbains environnants et marchés ruraux), les concessions, ou a la piste latéritique qui relie la CR a Diourbel, Diakhao et Fatick, pour une évacuation en voiture vers les villes. Hormis la route nationale qui est éloignée de la zone de production (environ 10 km), cette piste est la seule praticable en voiture dans la CR. La plus part des villages de production sont difficilement accessibles, ils sont reliés a la piste par des chemins tortueux, sablonneux empêchant parfois toute circulation d'automobile. Les produits récoltés sont acheminés vers la piste a dos

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d'âne, charrette et parfois même a tête. Ces moyens ne peuvent transporter que de faibles quantités et nécessitent d'innombrables allers et retours pour une évacuation complete des récoltes

qr Problerne de stockage :

Il ressort des résultats de nos enquêtes qu'il n'existe aucune infrastructure adéquate de stockage ou de conservation des produits maraichers, du producteur jusqu'aux petits détaillants dans la zone. Une fois évacuées sur la piste, ou au niveau des concessions, les productions sont pour la grande majorité stockées de faRon circonstancielle a l'intérieur d'entrep8ts construits en pailles ou en branches de « nguer 0 dans des paniers ou a même le sol selon leur quantité et leur état de miirissement (cf. photo 28).

Photo 28: Stockage de la tomate dans un entrepôt construit avec des branches de
« Nguer v

Cliché : Ndao 2008

Ces produits se conservent difficilement et présentent une faible compétitivité par rapport aux produits venant des Niayes et des zones de Mbacké et Bambey et aux produits importés. Les producteurs de la vallée de Ndiob sont aujourd'hui confrontés a d'énormes problemes de conservation et de pourrissement qui deviennent de plus en plus aigus. Certains produits comme la tomate et le jaxatou sont tres vulnérables au soleil et a l'attaque des insectes (les mouches), ils pourrissent trois a quatre jours apres la récolte. A défaut d'infrastructures de conservation ces produits nécessitent un écoulement rapide pour éviter d'éventuelles pertes, c'est ce qui explique leur bazardage sur le marché en cas de surabondance.

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cr Difflculte d'ecoulement :

La premiere contrainte a l'ecoulement des produits maraichers de la vallee de Ndiob est la concurrence d'autres produits et la fluctuation des prix avec de fortes chutes en periode d'abondance. En effet on note au niveau des marches urbains comme Diourbel et Bambey une forte presence des produits venant de la region des Niayes et des zones de production de Mbacke et de Bambey. A cela s'ajoute le manque d'organisation des maraichers de Ndiob qui fait qu'ils cultivent en general les m8mes speculations (tomate et aubergine surtout). Ces deux phenomenes sont les principaux facteurs de l'abondance des produits sur le marche a certaines periodes de l'annee, se traduisant par de fortes chutes des prix aux producteurs.

On note egalement la difficulte de concertation des producteurs pour la fixation des prix des produits maraichers, la commercialisation est caracterisee par le manque d'organisation et la sous information des producteurs. Malgre l'important developpement du maraichage, la CR de Ndiob souffre toujours de l'absence d'un systeme de commercialisation efficace : les maraichers de Ndiob n'ont pas de coxer urbain au niveau des centres de commercialisation. Ils debarquent souvent sur le marche avec leurs produits sans avoir une idee sur les prix fixes sur place. Ces derniers peuvent dans la majorite des cas être tres bas, et le producteur est oblige de vendre pour eviter une destruction de sa production, surtout le cas de la tomate, tres vulnerable. L'absence de coxer explique egalement la difficulte de trouver de bons clients : en periode d'abondance par exemple, certains producteurs passent des journees entières au marche sans trouver le moindre client ; ils sont alors contraints de bazarder leurs produits a la premiere occasion, même si le prix ne permet pas de couvrir les colits de production. Les bana-bana, premiers clients des producteurs sont conscients de ce fait. En periode d'abondance, ils fixent leurs prix aux producteurs. La oil les maraichers demandent 170 FCFA le kg, ils proposent loo ou no FCFA. Les producteurs, ne pouvant tenir prefèrent vendre leur produit a perte plutêt que de les voir pourrir. Ces problemes traduisent des pertes importantes au niveau de la vallee de Ndiob.

L'ensemble de ces contraintes etudiees sont les principaux facteurs handicapant le
developpement de la culture maraichere dans la CR de Ndiob. Face a ces obstacles il

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est devenu necessaire de mettre en place des strategies pour une dynamisation de cette activite, importante source de revenus pour les populations devient une necessite

II-2-3: quelques perspectives pour le développement du maraîchage dans la CR de Ndiob

Pour promouvoir le developpement de l'activite maraichere dans les CR de Ndiob, les structures d'aide et d'encadrement ceuvrant dans la CR, se sont engagees dans la recherche de solutions susceptibles d'attenuer les contraintes de developpement du maraichage en vu d'aider les maraichers a mieux s'en sortir.

11-2-3-1 : Sur le plan technique

La terre, support physique des cultures, constitue un element fondamental pour toute production agricole, sa disponibilite est donc determinante d'oii la necessite de mettre en place des amenagements au niveau de la vallee pour permettre aux populations de Ndiob d'exploiter au maximum le fort potentiel agricole de la zone. Dans cette optique, l'IJAVDS (Union des Associations Villageoises pour le Developpement du Sine) en collaboration avec w V (world Vision) envisage la mise en place d'un perimetre maraicher de 4ha avec un systeme de goute a goute pour un coVt d'investissement de 12 millions de francs CFA. Ce projet, une fois realise profitera aux membres des groupements constituant l'uAVDS.

Pour promouvoir l'intensification des systemes de production et favoriser la mobilisation de paysans dans l'activite maraichere, w V projette de faciliter l'acces des producteurs aux equipements et intrants agricoles de bonne qualite, a travers le renforcement de la boutique agricole mise en place a Ndiob, mais aussi et surtout l'allegement des conditions d'octroi de credits agricoles.

Il faut noter aussi que les campagnes de sensibilisation dejà entreprises par l'ANCAR et Jappo doivent être elargies et multipliees pour une bonne formation des maraichers sur les techniques de production, de compostage, l'utilisation des produits phytosanitaires, des engrais ; le choix des types de cultures, les constructions des cliitures et de brise vent etc. Jappoo et ANCAR organisent des

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voyages d'etude a Keur Moussa, sur les techniques en horticulture et la lutte contre les insectes ravageurs a partir de produits locaux fabriques a base de feuilles de « neem 0. Ces deux ONG envisagent augmenter le nombre d'eleves, qui a leur retour au village vont partager leur experience avec les maraichers, a travers l'encadrement et la supervision de ces derniers.

Pour lutter contre les deficits hydriques et permettre une meilleure gestion des ressources en eau, le systeme d'irrigation goutte a goutte est mis en place par Jappoo. Ce systeme permet dans une certaine mesure de limiter la salinisation des terres.

D'autre part, l'accroissement du nombre de puits hydrauliques avec motopompes est envisage pour permettre la reduction de la penibilite de l'exhaure manuelle et des pertes enormes de temps. Le tableau n°21 presente un resume des contraintes au developpement de l'activite et les alternatives envisagees par les structures d'aide et d'encadrement.

Par ailleurs, la mise en place de bassins de retentions dans certains axes de drainage et des mares temporaires comme le « Soul 0 et le « Sambam 0, situees hors de la vallee serait un apport important pour le developpement elargie du maraichage dans la CR de Ndiob. Les bassins de retention, a travers le stockage des quantites importantes d'eau de ruissellement en hivernage, permettraient une disponibilite de l'eau et une accessibilite facile pour une bonne partie de la contre saison (2 a 3 mois, duree suffisante pour une campagne maraichere).

En outre, ces infrastructures permettraient une extension de l'activite maraichere aux villages eloignes de la vallee pour un renforcement de leur economie.

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Tableau 21: Difficultés et alternatives de la production maraîchère dans le CR de Ndiob

Contraintes

Alternatives

Probleme d'acces au foncier Appauvrissement des sols

Amenagement de perimetres

maraichers avec systeme goutte a goutte

Techniques de compostage

Probleme de moyens financiers

Mise en place de boutique agricole, octroi de credits agricoles (intrants et equipement)

Non qualification des maraichers

Campagne de sensibilisation et de

formation, voyages d'etude

Problemes d'eau

Mise en place de systemes goutte a goutte, accroissement des puits hydrauliques

Source : enquêtes 2009

111-2-3-2 : Sur le plan de la rentabilite

Pour faciliter l'ecoulement des produits maraichers, quelques alternatives ont ete envisagees au niveau de la communaute rurale. Ces alternatives sont essentiellement les suivantes :

qr Facilitation de l'information des producteurs sur la situation des marches locaux et surtout des grands marches urbains ;

cr Organisation des producteurs en cooperatives de distribution des produits ; la federation des maraichers de Ndiob, initiee par l'ANCAR s'inscrit dans cette optique.

qr Facilitation des remboursements des credits en augmentant le differe, perspective de w v : une des causes principales du retard observe dans les remboursements est le fort taux d'interet s'elevant a 15%.

qr La recherche de debouches pouvant faciliter l'ecoulement des produits, surtout pour les producteurs associes (groupements) ;

qr Augmentation du nombre de materiel de conservation, notamment les casiers

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pour faciliter l'acheminement des produits vers les marches avec moins de risques ;

41' La mise en place de structures de conservation, notamment des chambres de sechage pour l'oignon ; la mise en place de chambres froides permettrait egalement une conservation durable des produits vulnerables comme la tomate, et une reduction des risques lies aux pertes.

cr Pour regler le probleme du transport, la population de Ndiob, en collaboration avec le conseil rural, propose la realisation des pistes de production. Les axes prioritaires sont les suivants :

Ndiob - Patar Sine 13 km, Ndiob Patar Lia io km, Ndiob - Darou Salam io km, et Ndiourbel Sine - Darou Salam 8 km. (cf. carte 7)

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Carte 7: Carte des pistes envisagées par la CR

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Ces pistes de production devront permettre un desenclavement de certains villages de production et un acheminement rapide des produits en direction des centres de commercialisations urbains.

L'ensemble de ces perspectives vise a mettre les maraichers de Ndiob a l'abri de l'insecurite alimentaire et a rehausser leurs revenus a travers une exploitation optimale des potentialites de la zone et une bonne organisation de la filiere.

Les contraintes liees a la production et a la commercialisation qui affectent l'activite maraichere dans la CR de Ndiob se traduisent d'une part par une contre performance de l'activite, marquee par une baisse de la quantite, mais aussi de la qualite des productions, et d'autre part par des problemes de commercialisation resultant en grande partie du manque de competitivite, lie principalement aux problemes de conservation et transport.

Cependant les perspectives engagées sur les plans technique et de la rentabilité de l'activité au niveau de la CR devront permettre sa redynamisation et une mobilisation d'une partie importante de la population.

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CONCLUSION

Dans les pays sahéliens, en particulier le Sénégal, la lutte contre la pauvreté et l'insécurité alimentaire constituent parmi les préoccupations majeures des pouvoirs publics. Ces orientations se font ressentir au niveau local a travers le la mise en place, par les populations, de diverses stratégies d'adaptation a la crise agricole qui frappe des zones comme le bassin arachidier.

A Ndiob, l'une de ces stratégies d'adaptation est l'activité maraichere qui tend a prendre progressivement la place de l'arachide dans la vie économique et sociale des populations.

La présente étude est une contribution a la compréhension de la dynamique du maraichage et de sa fonction dans la vie économique et sociale des populations dans un contexte de crise des systemes pluviaux et de chute de l'économie arachidiere. L'analyse de nos résultats a permis de rendre compte des immenses atouts que présente la vallée de Ndiob pour le développement de l'activité maraichere : les facteurs climatiques (dans une certaine mesure), les types de sol, la végétation et surtout la nappe phréatique affleurant, sont autant de facteurs expliquant le développement spectaculaire du maraichage dans la zone ces dernières années.

A côté des ces facteurs physiques, on note une forte mobilisation d'acteurs diversifiés (propriétaires de terre, producteurs, groupement, structures d'aide et d'encadrement commerçants etc.) oeuvrant pour une bonne marche de l'activité.

La dynamique de cette activité se caractérise par ces multiples enjeux fonciers et l'introduction de nouvelles pratiques culturales marquées par une forte intensification et l'utilisation importante de produits chimiques par opposition aux systemes pluviaux. C'est une activité pénible nécessitant d'importants entretiens et une disponibilité permanente de la main d'oeuvre, de la période des premiers semis jusqu'à la commercialisation des produits.

Par les nombreux revenus qu'elle génere, le maraichage joue un role capital dans la
vie des populations de Ndiob, d'une part a travers le renforcement de l'économie
locale et le financement d'autres activités génératrices de revenus, et d'autre part a

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travers une amélioration des conditions de vie des populations dans des domaines comme : la sécurité alimentaire, la santé, l'éducation, l'habitat etc.

L'activité a réussit a marquer l'espace de la vallée a travers ses emprises liées a l'expansion des périmetres maraichers et le développement d'une végétation artificielle importante au niveau de la communauté rurale, mais également des empreintes abstraites marquées par des flux quotidiens de populations en direction des zones de production.

Le maraichage est une activité porteuse d'avenir pour la communauté rurale de Ndiob a l'image de la région des Niayes.

Cependant, malgré son dynamisme et l'importance de ses incidences dans la vie des populations, il est confronté a un certain nombre de contraintes d'ordres productive et commerciale, que les structures d'aide et d'encadrement en collaboration avec les populations tentent tant bien que mal de surmonter a travers diverses stratégies et perspectives de développement en cours ou envisagées.

Par ailleurs, l'activité maraichere n'est pas la seule voix empruntée par les populations de la CR de Ndiob pour contre carrer les effets pervers engendrés par la crise de l'arachide. Parallelement, on note un développement important de l'élevage d'ovins et de caprins, dont l'étude de son dynamisme et de sa place dans la vie des populations peut revêtir une importance considérable dans une perspective de recherche. En effet cette activité largement favorisée par des facteurs comme la disponibilité de fourrage, l'entretien facile des bêtes, mais aussi et surtout l'important débouché dont elle bénéficie aux niveaux local, régional et national, a l'occasion des grands événements comme la Tabaski, la Korité, le Magal de Touba, le Gamou etc., tend a devenir une des activités les plus importantes des populations de la CR a l'image de celles du Ferlo.

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BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES GENERAUX

01 ARNAUD et al, 1994 : De l'eau pour le maraichage : Expériences et procédés, guide pratique paris : GRET et Ministere de la coopération, 126 pages),

02 ARIGNON J., 1987 : Agro-écologie des zones arides et subhumides, G-P. MAISONNEUVE et LAROSE, 282 pages

03 BOSCO D. et al, 2003 : Aspects techniques et sociaux des productions maraichères au Sahel. Une étude de cas de la tomate au Mali, développement local et développement durable, Actes du colloque de Saint-Louis, Pages 269 A 301

04 BOSC P. M. et al, 1993 : Le développement agricole au Sahel, CIRAD, 365 pages

05 BRUNET R., FERRAS, R., et THERY H., 1993 Dictionnaire les mots de la géographie : dictionnaire critique, GIP RECLUS et la documentation franvaise.

06 DENIS RISS M. , 1989 : Femmes africaines en milieu rural, l' Harmattan, 218 pages

07 DUMOLARD P. et al, 2003 : Les statistiques en géographie, BELIN, 239 pages.

08 DUPRIEZ H. et P H. DE LEENER, 1982 : Paysans d'Afrique noire, Terre et Vie, L' Harmattan, 256 pages

09 DUPRIEZ H. et P H. DE LEENER, 1987 : Jardins et vergers d'Afrique, Terres et Vie, L'harmattan, APICA, ENDA, CTA, 354 pages

10 DUPRIEZ H. et P H. DE LEENER, 1983 : Agriculture tropicale en milieu paysan africain, Terres et Vie, ENDA, l' Harmattan, 280 pages

11 DUPRIEZ H. et P H. DE LEENER, 1990 : Les chemins de l'eau : ruissellement, irrigation, drainage (manuel tropical), Terres et Vie, CTA, ENDA, l' Harmattan 380 pages.

12 DURUFLE G., 1994 : Le Sénégal peut-il sortir de la crise ? Douze ans d'ajustement structurel au Sénégal, KARTHALA, 222 pages

13 ENDA AGRECOL, 1996 : Agriculture durable en Afrique francophone, 223 pages

14 FALL B., 1988 : L'introduction de l'irrigation dans les systèmes de culture arides : le cas de la région de Bakel au Sénégal, Agriculture irriguée en Afrique, CTA, Actes de séminaire, pages 289 a 301.

15 FERNAND J., 1997 : Glossaire de géomorphologie : base de données sémiologiques pour la cartographie, A. Colin, 327 pages

16 FROMAGET A., 2006 : #l faut développer l'irrigation comme en Asie pour résoudre la question alimentaire, Afrique des idées revues, BELIN, pages 302 a 307.

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17 GEORGE P, 1970: le dictionnaire de la géographie, presse universitaire de France.

18 GORDON M. et PETRY F., 2004 : Guide d'élaboration d'un projet de recherche en sciences sociales, de bock, 134pages.

19 HARRISON P., 1991 : Une Afrique verte, Karthala- CTA, 448 pages.

20 HECQ J. et DUGAUQUIER F., 1990 : Périmètres irrigués villageois en Afrique sahélienne, CTA, 221 pages.

21 HUBERT de BON, 1993 : Les cultures mara%chères, le développement agricole au Sahel, Tome II, recherche et techniques, CIRAD, pages 103 a 112

22 LERICOLLAIS A. , 1999 : Paysans sérères : Dynamiques agraires et mobilité spatiale au Sénégal, IRD, 668 pages.

23 LOBEAU R., 1991 : Les grandes structures agraires dans le monde, MASSON, 180 pages

LO H. et DIONE M., 2000 : Région de Diourbel : évolution des régimes fonciers, Drylands Research, 26 pages.

24 LOMBARD J. 1989: La gestion des réserves vivrières en pays sérère (Sénégal), ORSTOM, 11 A

co... A travers champs pages 335- 343.

25 MAIGNIEN R. , 1969 : Manuel de prospection pédologique, ORSTOM, 132pages.

26 NOEL REYNIER F. et NETOYO L., 1994 : Bilan hydrique agricole et sécheresse en Afrique tropicale : vers une gestion des flux hydriques par le système de culture, John Libbey Euro texte 415pages.

27 OWONA I., 2006 : L'agriculture africaine est archaïque et figée, pages 267 a 287, Afrique des idées revues, Belin, 399 pages.

28 PELISSIER P. 2002 : Campagne africaine en devenir, Argument, 318 pages.

29 PELISSIER P. 1966 : Les paysans du Sénégal : les civilisations agraires du Cayor a la Casamance, Saint Yrieix : imprimerie Fabrégue 939 pages.

30 PETIT LAROUSSE, 1992, Paris CEDEX 06.

31 TEULON F., 1995 : Dictionnaire d'histoire, économie, finance géographie, PUF, 715 pages.

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ARTICLES ET DOCUMENTS OFFICIELS

32 BRISSET CLAIRE, 1984 : Le climat et les hommes, l'Afrique de la faim, le monde diplomatique, Mai 1984.

33 CTA, 2001 : Adaptabilité des systèmes agricoles, SPORE, n° 92 pages 1 et 2

34 DUBO B. , 2008 : Situation alimentaire au Sénégal : la dure soudure se précise, Sud quotidien, 30 janvier 2008.

35 FAO/CSE, 2003 : L'utilisation des terres agricoles au Sénégal, rapport final

36 GILLOT M. 1987 : Les premiers pas de l'Afrique verte : comment lutter contre les faux excédents et l'endettement des paysans, le monde diplomatique, Avril 1987.

37 NICK CATER, 1992 : Lecons agricoles des pays de L'Asie, Afrique relance, vol n° 3, pages 13 et 14.

38 LONE S., 1992 : l'oNu fait face a de nouvelles crises en Afrique, Afrique Relance, vol 6 n°3, page1.

39 SECK O. 2002 : Le Sénégal agricole, 51 pages

40 TOURE O. et SECK S. M., 2005 : Exploitations familiales et entreprises agricoles dans la zone des Niayes au Sénégal, Dossier n° 133, programme zones arides, International Institute for environment and developpement, 60 pages

THESES ET MEMOIRES

41 BA B. , 2006 : Etude géographique de l'agriculture en Afrique noire : analyse des productions céréalières et des systèmes d'alimentation au Sénégal, These de géographie, université de Geneve, département de géographie, 383 pages.

42 DIATTA I., 2008 : Dynamiques des systèmes de production horticole et développement territorial dans les Niayes du Sénégal, UGB, section de géographie, 15 pages

43 DIOUF N. S., 2007 : Situation et perspectives des jardins potagers et des jardins de case dans la région de Kaolack au Sénégal : Cas des communautés rurales de Thiomby, Dya et Nganda, mémoire de fin d'étude, ENSA-Thies, département d'économie et de sociologie rurales, 92 pages

44 DOUI F., 2005 : Contribution a l'étude des contraintes et perspectives
d'amélioration de la culture maraichère dans la vallée de Bacco (département de

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Fatick), mémoire de fin d'étude, ENSA-Thies, département d'économie et de sociologie rurales, 74 pages

45 FALL S, 2006 : Sécurité alimentaire et changements climatiques : typologie des stratégies d'adaptation des ménages ruraux a la variabilité climatique dans le Nord du bassin arachidier du Sénégal (département de Diourbel), mémoire de fin d'étude, ENSA-Thies, département d'économie et de sociologie rurale, 121 pages

46 GOUMBALA M., 1999/2000 : La production bananière dans le Sud Est du Sénégal : modalité de diversification de l'agriculture et impacts géographiques sur les paysages agraires locaux ; l'expérience de l'APROVAG, dans la communauté rurale de Missirah, mémoire de maitrise, UGB, section de géographie, 98 pages

47 LOCTELLI B., 2000 : Pression démographique et construction du paysage rural des tropiques humides : l'exemple de Mananara (Madagascar), these de doctorat en Sciences de l'environnement, CIRAD, 441 pages

48 MANGANE A., 1997/ 1998 : Production et commercialisation des cultures maraichères : exemple de la tomate dans la CR de Guédé, mémoire de maitrise, UGB, section de géographie, 90 pages

49 NDAO A. 2007/ 2008 : Coopération décentralisée pour le développement des activités socio-économiques dans la communauté rurale de Ndiob (Fatick), mémoire de Master 1, UGB, section de géographie, 74 pages

50 SIBY M. T., 2001/2002 : Dynamique des systèmes de production et incidences spatiales et démographiques dans la Communauté Rurale de Keur Momar Sarr, mémoire de maitrise, UGB, section de géographie, 119 pages

51 WADE I., 2003 : Information et coordination dans la filière maraichère au Sénégal, Université de Montpellier I, faculté des sciences économiques, mémoire de DEA 85 pages

WEBOGRAPHIE

52 Doc. / PAR-RS-10 Mai 2007 : la libéralisation agricole au Sénégal,

WWW.prospectiveagricole.org

53 DSP : Document de stratégie de réduction de la pauvreté. Avril 2002, 74 pages, WWW.gouv.sn

54 ISSIFOU A. et Christian M., 2003 : L'agriculture au Sahel : Evolution sur les 20 dernières années, WWW.afriqueverte.org

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55 Service régionale de Fatick, 2004 : la situation économique et sociale de la region de Fatick, WWW.google.com

56 Sud online.sn : article 10626 vendredi 25 avril 2008 : Face a la hausse des prix mondiaux des produits agricoles : quelles solution pour le Senegal. WWW.Sudonline.sn /SPIP. Php ?

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TABLE DES MATIERES

AVANT- PROPOS 1

SIGLES ET ACRONYMES 3

GLOSSAIRE DES TERMES SERERE 4

INTRODUCTION 5

PROBLEMATIQUE 11

METHODOLOGIE 17

I : Revue de la littérature 17

II: L'analyse conceptuelle 20

III: La collecte des données de terrain 24

111-1 : L'echantillonnage 26

111-2 : Les enquetes 28

VI: Le traitement et l'analyse des données 29

VI-1: Traitement statistique et cartographique 31

VI-2 : L'analyse des resultats 31

PREMIRE PARTIE: LES FONDEMENTS DU MARAICHAGE DANS LA CR DE NDIOB 31

C HAPITRE 1 : DES FACTEURS PHYSIQUES FAVORABLES AU DEVELOPPEMENT
DU MARAIC HAGE 34

I-1-1 : Un climat favorable au maraîchage 34

I-1-2 : Les ressources pédologiques, réservoir en eau et nutriment pour les cultures 39

I-1-3- : Les ressources hydrogéologiques : le facteur principal de l'activité
maraîchère 42

I-1-4 : Les ressources végétales créent un micro climat et améliore la qualité du sol 44

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C HAPITRE 2 : FONDEMENTS HUMAINS ET ORGANISATION DES ACTEURS DU
MARAIC HAGE DANS LA CR DE NDIOB 47
I-2-1 : La démographie : dynamique, structuration et répartition

spatiale 48

I-2-2 : Les activités socio-économiques 51

I-2-2-1: L'agriculture 49

1-2-2-2: L'elevage 51

1-2-2-3: Le commerce et l'artisanat 52

I-2-3: Crise des activités socio-économiques et l'émergence du maraîchage dans la CR 53

1-2-3-1: Les contraintes physiques 54

1-2-3-2 : les contraintes economiques et techniques 58

I-2-4 : L'organisation des différents acteurs de l'expansion du maraîchage

dans la CR de Ndiob 61

1-2-4-1 : Les proprietaires de terres : de veritable lamanes modernes 61

1-2-4-2 : Les producteurs 62

1-2-4-3 : Les commercants des produits maraichers 66

1-2-4-4 : Les ONG : structures de soutien et d'encadrement 68

1-2-4-5: Un vaste marche de consommation 70

I-2-5 : L'évolution du foncier dans la CR de Ndiob et sa gestion dans le
domaine du maraîchage 71

1-2-5-1 : Le regime foncier traditionnel : une superposition de droits sur le foncier 72

1-2-5-2: Le regime foncier moderne : une redistribution et une « reglementation *
de la gestion du foncier 73

1-2-5-3: L'acces a la terre et le mode faire valoir dans le domaine du maraichage : le
« retour * des lamanes 75

1-2-5-4 : Analyse des surfaces d'exploitation 77

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DEUXIEME PARTIE :CARACTERISTIQUES, INCIDENCES ET CONTRAINTES DU MARAICHAGE DANS LA C R DE NDIOB 80

C HAPITRE 1 : CARACTERISTIQUES DE L'ACTIVITE MARAIC HERE DANS LA CR

DE NDIOB 81

II-1-1 : Les systèmes de culture. 81

11-1-1-1: Rotation culturale et Amendement du sol 81

11-1-1-2 : La lutte contre les insectes (deparasitage) 8P

11-1-1-3 : Calendrier cultural et speculations cultivees 88

II-1-2: Exhaure, irrigation et équipements 91

11-1-2-1 : Source d'eau et moyen d'exhaure 91

11-1-2-2 : Techniques d'irriqation 93

11-1-2-3: Equipement des maraichers 96

II-1-3: La récolte et La commercialisation des produits 97

11-1-3-1 : La recolte et les rendements 97

11-1-3-2 : La commercialisation des produits 100

C HAPITRE 2 : INCIDENCES SOCIO-ECONOMIQUES ET SPATIALES, ET

CONTRAINTES DE L'ACTIVITE MARAICHERE DANS LA CR DE NDIOB 10L

II-2-1 : Les incidences du maraîchage 106

11-2-1-1 : Un renforcement de l'economie locale 10L

11-2-1-2 : Une amelioration du cadre de vie sociale 110

11-2-1-3 : Restructuration spatiale etflux quotidiens de population 114

II-2-2 : Les contraintes du maraîchage dans la CR de Ndiob 118

11-2-2-1 : Les contraintes liees a la production 11B

11-2-2-2 : Les contraintes liees a la commercialisation 123

II-2-3: quelques perspectives pour le développement du maraîchage dans
la CR de Ndiob JJJJJJJJ 126

11-2-3-1 : Sur le plan technique 12P

111-2-3-2 : Sur le plan de la rentabilite 128

CONCLUSION 132

BIBLIOGRAPHIE 134

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TABLE DES MATIERES 139

LISTE DES TABLEAUX 143

LISTE DES CARTES ET FIGURES 144

LISTE DES PHOTOS 143

ANNEXES VI

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Répartition des personnes enquêtées 27

Tableau 2: Répartition des personnes ressources auprès des quelles le

guide d'entretien est administré 27

Tableau 3: Calendrier des enquêtes 29

Tableau 4: répartition des saisons dans le calendrier climatiques sérère

36
Tableau 5: Croisé dynamique de la pluviométrie de la CR de Ndiob de

1998 à 2007 37

Tableau 6: Répartition des maraîchers en fonction de L'âge 66

Tableau 7: Répartition des exploitations de l'échantillon en fonction du

mode d'accès à la terre et du mode de faire valoir 76

Tableau 8: Répartition des exploitations selon la taille 78

Tableau 9: Analyse de la taille des exploitations 78

Tableau 10: Comparaison entre les quantités d'engrais utilisées à Ndiob et celles recommandées par le CDH 86
Tableau 11: Usage des produits phytosanitaires en fonction des types de

spéculations 88
Tableau 12: Calendrier des activités agricoles des maraîchers de Ndiob 89

Tableau 13: Les spéculations cultivées dans la zone 90

Tableau 14: Rendement moyen des spéculations cultivées 99

Tableau 15: Approximation des rendements à l'hectare 100

Tableau 16: Le prix moyen des productions 103

Tableau 17: Prix moyens de vente en 2008, comparés aux prix officiels

sur le marché 104

Tableau 18: Analyse des Coûts de production 107

Tableau 19: Analyse des revenus moyens tirés du maraîchage 108

Tableau 20: Analyse de la rentabilité de l'activité 108

Tableau 21: Difficultés et alternatives de la production maraîchère dans le CR de Ndiob 128

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LISTE DES CARTES ET FIGURES

Carte 1: Localisation de la communauté rurale de Ndiob 10

Carte 2: Localisation des sites d'enquêtes 30

Carte 3: Répartition spatiale de la population de Ndiob 50

Carte 4: La zone de production (domaine foncier favorable au maraîchage) 77
Carte 5: Les différentes destinations des produits maraîchers de la CR de

Ndiob 102
Carte 6: Les flux quotidiens de maraîchers habitant loin (1 à 4 km) de la

Vallée 117

Carte 7: Carte des pistes envisagées par la CR 130

Figure 1: Evolution de la pluviométrie de la CR de Ndiob de 1998 à 2007

38

Figure 2: Répartition des différents types de sols de la CR de Ndiob 42

Figure 3: Répartition ethnique de la population de Ndiob 48

Figure 4: Accroissement de la population de Ndiob, de 1998 à 2007 49

Figure 5: Répartition par âge de la population de Ndiob en 2007 49

Figure 6: Répartition socioprofessionnelle de la population de Ndiob ....51 Figure 7: La production moyenne à l'hectare des spéculations cultivées

dans la CR de Ndiob 52

Figure 8: Répartition du cheptel de la CR de Ndiob en 2007 54

Figure 9: Répartition des maraichers en fonction des formes

d'exploitation 65

Figure 10: Répartition des maraîchers en fonction de l'âge 66

Figure 11: Répartition ethnique des commerçants 67

Figure 12: Situation matrimoniale des commerçants 67

Figure 13: Répartition des acteurs du maraîchage dans la CR de Ndiob .. 71

Figure 14: Répartition des modes de faire valoir 76

Figure 15: Répartition des modes d'accès à la terre 76

Figure 16: La répartition des différents types d'engrais utilisés par les maraîchers 85

Figure 17: Répartition des différentes spéculations cultivées 90

Figure 18: Répartition des différentes sources d'eau utilisées par les maraîchers 92
Figure 19: La répartition des lieux de destination des produits

maraîchers 101
Figure 20 : Circuit de commercialisation des produits maraîchers de la

vallée de Ndiob 105

LISTE DES PHOTOS

Photo 1: Végétation importante de « neeiv 44

Photo 2: Clôture et brise vent construites avec des « célaan » 45

Photo 3: Boutique agricole de Ndiob, pour le développement du

maraîchage 69

Photo 4: Mise en place du périmètre maraîcher de Ngalagne 70

Photo 5: Type de rotation de culture 83

Photo 6: Fumure organique 84

Photo 7: Les engrais chimiques utilisés par les maraîchers 84

Photo 8: Produits phytosanitaires utilisés par les maraîchers de Ndiob 87 Photo 9: Les différents types de puits utilisés par les maraîchers 92 Photo 10: Les différents moyens d'exhaure utilisés par les maraîchers de

Ndiob 93

Photo 11: Citerne alimentée en eau à distance à partir d'un puits 94

Photo 12: Irrigation par aspersion avec arrosoirs 94

Photo 13: Système d'irrigation goutte à goutte du périmètre maraîcher de

Ngalagne 95

Photo 14: Sarclage et aération du sol au moyen de l'hilaire 96

Photo 15: Récolte de tomate dans un périmètre de Ndiob 97

Photo 16: Récipient servant de récolte et de rémunération 98

Photo 17: Cageots de tomate 100

Photo 18: Vendeuses en détail des produits maraîchers de la vallée, au

marché de Ndiob 103

Photo 19: Embouche bovine et ovine: activités liées au maraîchage 109

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Photo 20: Greniers vides à partir du mois de mai 111

Photo 21: Habitats en dure liés à l'activité maraîchère 113

Photo 22: Paysage maraîcher de la zone de production de Ndiob (vue aérienne extraites de WWW. Google Earth. Fr, coordonnées : 14° 36`, 57.

73``N et 16°14`24.09`` W) 115

Photo 23: Végétation artificielle d'eucalyptus 116

Photo 24: La charrette, principal moyen de transport des maraîchers 118

Photo 25: Désherbage à la main 121

Photo 26: L'espace occupé par un séane dans une parcelle maraîchère 122

Photo 27: Parcelle abandonnée sous l'effet de la salinisation 123

Photo 28: Stockage de la tomate 124

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault