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Diagnostic socio-economique initial des forets communautaires autour du parc national de Campo-ma'an, sud Cameroun : cas d'Arak, Biboulemam et Tya'assono

( Télécharger le fichier original )
par Carine OMOKO AMAGNE
Université de Dschang - Diplôme d'Ingénieur Agronome, Option: Economie et Sociologie Rurales 2099
  

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UNIVERSITE DE DSCHANG

UNIVERSITY OF DSCHANG

FACULTE D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES AGRICOLES

FACULTY OF AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES

DEPARTEMENT D'ECONOMIE RURALE

DEPARTMENT OF AGRICULTURAL ECONOMICS

DIAGNOSTIC SOCIO-ECONOMIQUE INITIAL DES FORETS COMMUNAUTAIRES AUTOUR DU PARC NATIONAL DE CAMPO-MA'AN, SUD CAMEROUN : CAS D'AKAK, BIBOULEMAM ET TYA'ASSONO

Mémoire présenté en vue de l'obtention du Diplôme d'Ingénieur Agronome

Option : Economie et Sociologie Rurales

Par

OMOKO AMAGNE Carine

Mle : 03A 075

Mars 2009

UNIVERSITE DE DSCHANG

UNIVERSITY OF DSCHANG

FACULTE D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES AGRICOLES

FACULTY OF AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES

DEPARTEMENT D'ECONOMIE RURALE

DEPARTMENT OF AGRICULTURAL ECONOMICS

DIAGNOSTIC SOCIO-ECONOMIQUE INITIAL DES FORETS COMMUNAUTAIRES AUTOUR DU PARC NATIONAL DE CAMPO-MA'AN, SUD CAMEROUN : CAS D'AKAK, BIBOULEMAM ET TYA'ASSONO

Mémoire présenté en vue de l'obtention du Diplôme d'Ingénieur Agronome

Option : Economie et Sociologie Rurales

Par

OMOKO AMAGNE Carine

Mle : 03A 075

Encadreurs au Programme Kudu-Zombo WWF-Campo :

ENDAMANA Dominique

Socio-économiste

EKOUMOU Cyrille

Responsable des politiques forestières

Superviseur :

Dr MOULENDE Thérèse épouse FOUDA

Chargée de Cours Université de Dschang

Mars 2009

FICHE DE CERTIFICATION DE L'ORIGINALITE DU TRAVAIL

Je soussignée, OMOKO AMAGNE Carine, atteste que le présent mémoire est le fruit de mes travaux effectués auprès des communautés d'Akak, de Biboulemam et de Tya'assono dans le cadre du Programme Kudu-Zombo du WWF-Campo, Arrondissement de CAMPO, Région du Sud, sous l'encadrement de MM. Dominique Endamana et Cyrille Ekoumou, et de la supervision du Dr MOULENDE Thérèse épouse FOUDA.

Ce mémoire est authentique et n'a jamais été présenté antérieurement pour l'acquisition de quelque grade universitaire que ce soit.

Visa de l'auteur

OMOKO AMAGNE Carine

Date.........../............/2009

Visa du chef de Département Visa du Superviseur

Pr KAMAJOU François Dr MOULENDE Thérèse

Date......../.........../2009 Date........./.........../2009

FICHE DE CERTIFICATION DES CORRECTIONS APRES SOUTENANCE

Le présent mémoire a été revu et corrigé conformément aux observations du jury.

Visa du Superviseur

Dr MOULENDE Thérèse

Date........./.........../2009

Visa du Président du jury Visa du chef de Département

Pr TCHOUAMO Isaac Pr KAMAJOU François

Date......../.........../2009 Date......../.........../2009

DEDICACE

Je dédie ce travail à mes parents,

Mr OMOKO Michel

et

Mme OMOKO née NYA Martine

Qu'ils trouvent en ce travail le fruit de leurs efforts quotidiens.

Je ne saurais oublier mes frères,

OMOKO Guy,

OMOKO Christian

et

OMOKO Shalmain

Qui m'ont toujours soutenue moralement.

AVANT-PROPOS

La présente étude qui porte sur le "diagnostic socio-économique initial de trois forêts communautaires autour du Parc National de Campo-Ma'an" s'inscrit dans le cadre du mémoire de fin d'études, présenté en vue de l'obtention du Diplôme d'Ingénieur Agronome à la Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) de l'Université de Dschang. La période allant du 1er mai au 31 octobre 2008 a donné lieu aux phases de collecte des données sur le terrain dans les communautés d'Akak, de Biboulemam et de Tya'assono, suivies de la rédaction du mémoire dans les locaux du programme Kudu-Zombo à Campo et ailleurs.

La réalisation de ce mémoire est l'aboutissement d'un long processus qui a demandé mes efforts personnels et le concours de plusieurs personnes. A cet effet, je remercie :

- Dr Moulendé Thérèse épouse Fouda qui, malgré ses multiples occupations, a accepté de superviser ce mémoire ;

- Dr Hiol Hiol François qui m'a permis d'effectuer le stage d'insertion professionnelle au sein du World Wild Fund for Nature ;

- Tous les enseignants de la FASA, particulièrement ceux de l'option Economie et Sociologie Rurales pour le suivi académique durant toute ma formation ;

- Mes encadreurs de terrain MM. Dominique Endamana et Cyrille Ekoumou ;

- Mr Barthélemy Ondoua et Mme Hermine Ngo Mboua pour l'appui sans faille pour la réalisation de ce travail ;

- Mr Nguenang Guy Merlin pour la documentation mise à ma disposition ;

- Mr Akwah Georges Coordonnateur du programme programme Kudu-Zombo et à tout son Staff ;

- Mes amis Paulin Tadjoung, Kourogue Rosine, Alain Dongfack, Serge Djamen, Nimino G., Fongang Barthélémy, Tanon Innocent, Tetha Chapeau, Ngouambé Nestor, Boukong J.Y., Central Awe, Moampang Gisèle, Mbelem à Rim Serge et Ousseini pour leurs conseils ;

- Mes camarades de stage : Ngo Mouelas, Eyebe Jean Paul, Metsanou Paule K., Toncfack Gwladys, Daudet Nantchouang et Bélinga JP ;

- La famille Njampou, spécialement maman Alice pour son soutien ;

- La famille Mekon, plus particulièrement maman Gabrielle Adèle et Gérard Moumbock pour leur aide matérielle ;

- les communautés d'Akak, de Biboulemam et de Tya'assono qui m'ont accueillie et hébergée tout au long des enquêtes.

- Le DIEU TOUT PUISSANT qui m'a donné force et persévérance durant tout ma formation.

TABLE DES MATIERES

Fiche de certification de l'originalité du mémoire ii

Fiche de certification des corrections après soutenance iii

Dédicace iv

Avant-propos v

Table des matières vi

Liste des tableaux viii

Liste des figures et carte ix

Liste des photos ix

Liste des abréviations x

Résumé xii

Abstract xiii

CHAPITRE 1: INTRODUCTION 1

1.1. Contexte 1

1.2. Problématique 2

1.3. Objectifs de l'étude 2

1.4. Importance de l'étude 3

1.5. Limite de l'étude 3

1.6. Organisation du mémoire 3

CHAPITRE 2: CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA LITTERATURE 4

2.1. Contexte 4

2.1.1. Forêt Communautaire et concepts associés 4

2.1.2. Forêt Communautaire dans l'approche du développement durable 6

2.1.3. Les moyens d'existence durable 8

2.2. Revue de la littérature 11

2.2.1. Données socio-économiques 11

2.2.2. Quelques résultats sur la gestion des Forêts Communautaires au Cameroun 13

2.2.3. Genre, Minorités et Forêts Communautaires 16

2.2.4. Evaluation des Moyens d'existence durable des populations autour du Tri National de la Sangha 19

CHAPITRE 3: METHODOLOGIE 21

3.1. Localisation géographique des trois communautés 21

3.1.1. Situation géographique et description du milieu physique 21

3.1.2. Description des communautés 24

3.1.3. Descriptions des Forêts Communautaires 25

3.2. Types et collecte des données 26

3.2.1. Types de données 26

3.2.2. Outils de collecte des données primaires 27

3.2.3. Niveaux de la collecte des données 28

3.3. Traitement et analyse des données 30

CHAPITRE 4: RESULTATS ET DISCUSSION 33

4.1. Profil socio-économique des trois communautés 33

4.1.1. Le milieu humain 33

4.1.2. Infrastructures socio-communautaires de base 34

4.2. Economie des ménages 44

4.2.1. Patrimoine et ressources des ménages 44

4.2.2. Activités Génératrices de Revenu 46

4.2.3. Principaux postes de dépenses 48

4.2.4. Schéma de consommation des ménages 50

4. 3. Facteurs qui influencent la bonne marche des unités de gestion des forêts communautaires 54

4.3.1. Facteurs sociaux 55

4.3.2. Facteurs institutionnels 56

4.3.3. Facteurs économiques 57

4.3.4. Facteurs techniques 58

4.3.5. Facteurs environnementaux 58

4. 4. Evaluation des moyens d'existence durable 59

CHAPITRE 5: CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 62

5.1. Conclusion 62

5.2. Recommandations 63

BIBLIOGRAPHIE 65

ANNEXES 68

Annexe 1 : Outils de collecte 68

Annexe 2 : Cartes participatives 85

Annexe 3 : Composition du bureau de l'unité de gestion pour chaque communauté 87

Annexe 4 : Récapitulatif des initiatives communautaires pour chaque communauté 88

Annexe 5 : Récapitulatif des associations et GIC 89

Annexe 6 : Liste de quelques espèces floristiques et fauniques rencontrées dans la Forêt Communautaires 90

Annexe 7 : Organisation d'un chantier d'exploitation artisanale 93

LISTE DES TABLEAUX

TABLEAU 1 : TYPES DE BÉNÉFICES ISSUS DE LA FC ET CATÉGORIES DE BÉNÉFICIAIRES 7

TABLEAU 2 : EFFECTIFS DES ÉCOLES PRIMAIRES 13

TABLEAU 3 : PRÉCIPITATIONS MOYENNES MENSUELLES, RÉGION DE CAMPO (1999-

2000)............. 24

TABLEAU 4: VILLAGES ET HAMEAUX DES TROIS COMMUNAUTÉS 25

TABLEAU 5: USAGES PRIORITAIRES ET MICRO-PROJETS DE DÉVELOPPEMENT 26

TABLEAU 6: TAILLE ET COMPOSITION DE L'ÉCHANTILLON 28

TABLEAU 7 : DIFFÉRENTS POSTES DE DÉPENSES 31

TABLEAU 8 : MÉTHODE UTILISÉE POUR L'ÉVALUATION DES MOYENS D'EXISTENCE 31

TABLEAU 9 : RÉCAPITULATIF DE LA DÉMARCHE DE COLLECTE DES DONNÉES 32

TABLEAU 10: DESCRIPTION DE L'HABITAT 34

TABLEAU 11: NIVEAU D'ÉDUCATION DANS LES MÉNAGES ENQUÊTÉS 36

TABLEAU 12: EFFECTIFS DES ÉCOLES PRIMAIRES D'AKAK, BIBOILEMAM ET

TYA'ASSONO 37

TABLEAU 13: QUELQUES DONNÉES SANITAIRES AU COURS DES 12 DERNIERS MOIS 38

TABLEAU 14: FRÉQUENTATION DE LA CASE COMMUNAUTAIRE DE BIBOULEMAM 40

TABLEAU 15: DISPOSITION SPATIALE DES FORAGES DANS LES TROIS COMMUNAUTÉS 41

TABLEAU 16: DISPOSITION DES HABITATIONS SUIVANT LES SOURCES D'ÉCLAIRAGE 42

TABLEAU 17: INVENTAIRE DU CHEPTEL DES ENQUÊTÉS 45

TABLEAU 18: PATRIMOINE DES MÉNAGES 45

TABLEAU 19: REVENU MOYEN ANNUEL DES MÉNAGES ET LEUR PROVENANCE 46

TABLEAU 20: DÉPENSES MOYENNES ANNUELLES DES MÉNAGES 49

TABLEAU 21: FACTEURS QUI INFLUENCENT LE FONCTIONNEMENT DES ENTITES

DE GESTION DES FCS 54

TABLEAU 22: CRITÈRES ET INDICATEURS D'APPRÉCIATION DES CHANGEMENTS

OCCASIONNÉS PAR LES EFC 59

LISTE DES FIGURES ET CARTE

FIGURE 1: STRUCTURE DES MOYENS D'EXISTENCE DURABLES (SMED) 9

FIGURE 2: DIFFÉRENTES FORMES DU PENTAGONE DES ACQUIS EN FONCTION DE

L'ACCESSIBILITÉ DE CHAQUE CAPITAL 11

FIGURE 3: DÉMOGRAPHIE POUR LES TROIS COMMUNAUTÉS 33

FIGURE 4: EFFECTIFS DES BULUS ET DES BAGYIÉLI DE BIBOULEMAM 34

FIGURE 5: EQUIPEMENTS DE PRODUCTION 44

FIGURE 6: CONTRIBUTION DES AGR DANS LE REVENU DES MÉNAGES 47

FIGURE 7: CONTRIBUTION DU REVENU SUR LES MOYENS D'EXISTENCE 50

FIGURE 8: TAUX DE CONSOMMATION EN PROTÉINES ANIMALES 51

FIGURE 9: TAUX DE DÉPENDANCE EN PROTÉINE SUR LE MARCHÉ 52

FIGURE 10: CONSOMMATION EN ÉNERGIE 53

FIGURE 11: RÉPARTITION DU GENRE DANS LES ENTITÉS JURIDIQUE D'AKAK,

BIBOULEMAM ET TYA'ASSONO 56

FIGURE 12: RÉPARTITION BULU/PYGMÉES DANS L'ENTITÉ JURIDIQUE DE BIBOULEMAM 56

FIGURE 13: POLYGONE DES ACQUIS 60

CARTE 1: PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE 22

LISTE DES PHOTOS

PHOTO 1: RÉALISATION DE LA CARTE PARTICIPATIVE DE BIBOULEMAM PAR LA

POPULATION 30

PHOTO 2: ECOLE PRIMAIRE DE TYA'ASSONO 38

PHOTO 3: CASE DE SANTÉ COMMUNAUTAIRE DE BIBOULEMAM 40

PHOTO 4: FORAGE DU VILLAGE NKO'ADJAP (AKAK) 41

LISTE DES ABREVIATIONS

AES SONEL « American Energy Society » Société Nationale d'Electricité

AFSONO  Association Forêt Communautaire de Tya'assono

AGR  Activités Génératrices de Revenus

AMED  Approche des Moyens d'Existence Durable

APECRAK  Association des Pêcheuses de Crevettes d'Akak

CARPE  Programme Régional pour l'Environnement en Afrique Centrale

CIDE  Centre d'Information sur la Documentation Environnementale

CIFOR  Centre International pour la Recherche Forestière

CFDP-CFU  Projet de Développement en Foresterie Communautaire

CODERVIR ECOTOUR  Comité de Développement et de Vigilance Eco touristique

CRESA  Centre Régional d'Enseignement Spécialisé en Agriculture

DFID « Department For International Development »

EFC  Entreprises Forestières Communautaires

FAGAPE  Auto-promotion des Groupes pour l'Environnement

FAO Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

FC  Forêt Communautaire

GICACA Groupe d'Initiatives Communes des Agriculteurs du Canton Akak

GTZ Coopération Technique Allemande

HEVECAM Hévéa du Cameroun

LLS  «Livelihoods and Landscape Strategy »

MARPP  Méthode Active de Recherche et Planification Participatives

MED Moyens d'Existence Durable

MINEF  Ministère de l'Environnement et des Forêts

MINFOF  Ministère des Forêts et de la Faune

OLA  Organisation Locale d'Appui

OIBT Organisation Internationale des Bois Tropicaux

ONG  Organisation Non Gouvernementale

OMD  Objectifs du Millénaire pour le Développement

PFL  Produits Forestiers Ligneux

PFNL  Produits Forestiers Non Ligneux

PME  Petites et Moyennes Entreprises

PNCM  Parc National de Campo-Ma'an

PNDP  Programme National de Développement Participatif

PSG  Plan Simple de Gestion

RAFCOM  Réseau d'Appui à la Foresterie Communautaire

RDFCAB  Rassemblement pour le Développement en Foresterie Communautaire et Agriculture de Biboulemam

RFA  Redevance Forestière Annuelle

SAGED  Stratégie d'Appui au Genre et à la Gestion Environnementale Durable

SCIEB  Société Camerounaise d'Industrie et d'Exploitation du Bois

SDD  Soutien au Développement Durable

SMED  Structure des Moyens d'Existence Durable

SNV  Société Néerlandaise de Développement

SPSS «Statistical Package for Social Sciences»

TNS  Tri National de la Sangha

UICN  Union Mondiale pour la Nature

UFA  Unité Forestière d'Aménagement

UTO  Unité Technique Opérationnelle

WWF Fonds Mondial pour la Nature

RESUME

Dans le cadre du Programme Kudu-Zombo (WWF-Campo) qui vise la gestion durable des ressources naturelles de l'Unité Technique Opérationnelle (UTO) Campo-Ma'an, une étude a été menée pour actualiser les données socio-économiques de trois Forêts Communautaires (FC) : Akak, Biboulemam et Tya'assono. L'étude consiste à faire un diagnostic initial en vue de constituer une base de données de référence pour suivre et évaluer les activités liées à l'exploitation des FC. La présente étude se propose de contribuer à l'amélioration de la connaissance de la situation initiale des communautés d'Akak, de Biboulemam et de Tya'assono sur les plans social et économique.

La collecte des données s'est déroulée pendant un mois dans les trois communautés, à travers 9 assemblées villageoises (dont une pour les Pygmées), rassemblant au total 105 personnes ; 23 ménages ont été enquêtés et des entretiens ont été menés avec 5 groupes focaux de femmes, 1 groupe focal de Pygmées et les membres des entités de gestion des FC. Cette méthodologie a permis d'identifier les infrastructures communautaires, d'analyser les sources de revenus, les consommations des ménages et leurs possessions en terme de biens physiques. L'analyse des entités juridiques a servi à déterminer les facteurs qui influencent leur mode de fonctionnement. Enfin, des indicateurs ont été proposés pour permettre le suivi des activités liées à la FC, à moyen et à long terme.

Les résultats de cette étude ont montré que chacune des communautés dispose d'au moins une école primaire et des routes carrossables. Une seule communauté dispose d'une case de santé communautaire opérationnelle. La majorité des ménages s'éclairent avec des lampes tempêtes, quelques uns ont des groupes électrogènes et des plaques solaires. Deux tiers des communautés ont une source d'eau potable. Les activités génératrices de revenu pratiquées sont l'agriculture, la chasse, la pêche, l'élevage, la collecte des produits forestiers non ligneux, le petit commerce et les activités salariales. Les facteurs qui affectent la gestion des entreprises forestières communautaires sont d'ordre social, institutionnel, économique, technique et environnemental. L'évaluation des moyens d'existence a montré que toutes les formes de capital sont disponibles mais avec des valeurs variables. A cet effet, les communautés devraient équilibrer le pentagone des acquis afin de relever les capitaux les plus bas, et accroître ceux qui sont déjà élevés.

____________________________________________________________________________

Mots clés : Moyens d'Existence Durables, Entreprise Forestière Communautaire, Forêt Communautaire.

ABSTRACT

Within the framework of the Kudu-Zombo (WWF-Campo) Program that carries sustainable development and conservation activities in the Campo-Ma'an Operational Technical Unit (OTU), a study was undertaken to up date the socio-economic data in three communities that have been allocated Community Forests (CF).The objective of the study was to make diagnosis in order to constitute a benchmark database for the monitoring and evaluation of the activities related to the CF. It is around this need that the present study was designed with the purpose of contributing to the improvement of the information on the initial situation of the communities of Akak, Biboulemam and Tya' assono from the economic and social points of view.

Data were collected in one month in the three communities in 9 village assemblies (including one for the Pygmies), involving a total of 105 people; twenty three households were surveyed and interviews were carried out with 5 women and 1 Pygmies focus groups, and with the members of the CF management units. This methodology led to the identification of the community infrastructures, the analyse's sources of income, and the households assets and consumption patterns. The analysis of the legal entities was used to determine the factors which influence their operating mode. Finally, indicators were proposed to allow the follow-up of activities related to the CF, in the medium and long term.

The results of this study show that, each community has at least a primary school and motorable roads. Only one community has a functional community health center. The majority of the households use hurricane lamps, some have power generating units and solar plates. Two of the three communities have a source of drinking water. The income generating activities include agriculture, hunting, fishing, animals breeding, collection of non timber forest products, small trade and "wage" activities. The factors that affect the community based forest enterprises are of social, economic, institutional, technical and environmental nature. The evaluation of the sustainable livelihoods showed that all forms of capital are available. It has been recommended for the communities to balance the pentagon of assets in order to raise the capital which is low and to increase those which are already high.

____________________________________________________________________________

Key words: Sustainable Livelihood Approach, Community Based Forest Enterprise, Community Forest.

Chapitre 1 : INTRODUCTION

1. 1. Contexte

Au Sommet de la Terre de Rio en 1992, plusieurs facteurs ont été pris en considération pour allier conservation de la biodiversité et amélioration des conditions de vie des populations. Au cours de ce sommet, il avait été déduit que « l'élimination de la pauvreté et de la faim, la répartition plus équitable des revenus et la valorisation des ressources humaines restaient partout des enjeux d'importance majeure » (Anonyme, 2008a).

Ce droit au développement s'identifie également aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) fixés en 2000 à New York et qui visent « à réduire la pauvreté, à promouvoir l'éducation, à améliorer la santé maternelle, à faire avancer l'égalité des sexes jusqu'en 2015... » (Anonyme, 2008b)

C'est à partir du sommet de Rio que le Cameroun a adopté la loi N° 94/01 du 20/01/1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche qui offre aux populations locales de nouvelles opportunités de développement, notamment l'accès à une partie de la Redevance Forestière Annuelle (RFA), la gestion de la Forêt Communale et de la Forêt Communautaire (FC) (Poissonnet, 2005).

La FC joue un triple rôle : lutte contre la pauvreté grâce aux revenus substantiels générés par l'exploitation des Produits Forestiers Ligneux (PFL) et des Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) d'origine végétale et animale, réduction de la dégradation des forêts naturelles et conscientisation de la population bénéficiaire dans la gestion des ressources naturelles (MINEF/CFDP-CFU, 2001).

Soucieux de gérer durablement les ressources naturelles, le Fonds Mondial pour la Nature (WWF) a identifié la FC comme l'une des sources de revenu à renforcer et à diversifier afin de diminuer sensiblement les impacts socio-environnementaux désastreux sur la forêt et développer les capacités locales en matière de gestion durable des ressources forestières (Ondoua & Ekoumou, 2008).

Parmi les initiatives des FC dans l'Unité Technique Opérationnelle (UTO) de Campo-Ma'an, on retrouve celles d'Akak, de Biboulemam et de Tya'assono qui constituent les trois FCs pilotes bénéficiant de l'appui technique et financier du Programme Kudu-Zombo. La FC d'Akak a un Plan Simple de Gestion (PSG) approuvé et une convention de gestion signée depuis 2005 tandis que celles de Biboulemam et Tya'assono datent de 2006.

1. 2. Problématique

L'une des activités du Programme Kudu-Zombo est la mise en place des Entreprises Forestières Communautaires (EFC) c'est-à-dire des petites industries forestières à but lucratif gérées par des communautés locales. Ainsi Akak, Biboulemam et Tya'assono ont été érigées en EFC qui vont se livrer à la production, la transformation et le commerce du bois d'oeuvre et des PFNLs de valeur marchande reconnue au niveau national et international (Ondoua & Ekoumou, 2008).

Ces EFCs ont été mises en place pour faciliter l'accès aux différentes formes d'acquis tels que les capitaux humain, social, financier, physique et naturel. Il est nécessaire de pouvoir déterminer à moyen et à long terme si ces EFCs ont effectivement permis d'améliorer les conditions de vie des populations d'Akak, de Biboulemam et de Tya'assono à travers l'évaluation d'impact. Une telle évaluation permettrait de statuer sur un développement harmonieux et équilibré occasionné par les EFCs et repose sur un diagnostic initial. Ce dernier vise également à réviser les données socio-économiques des PSGs permettant ainsi le suivi-évaluation. D'où les questions de recherche suivantes :

- quel est l'état des infrastructures socio-communautaires dans ces villages ?

- quelles sont les activités créatrices de richesse au sein de ces communautés ?

- quels sont les facteurs influençant la bonne marche des unités de gestion des FC ?

- quels sont les indicateurs permettant d'évaluer les moyens d'existence des communautés d'Akak, de Biboulemam et de Tya'assono ?

1.3. Objectifs de l'étude

L'objectif général de cette étude est de contribuer à une meilleure connaissance de la situation initiale des communautés d'Akak, de Biboulemam et de Tya'assono sur le plan social et économique dans le but de proposer des critères et indicateurs qui permettront d'apprécier les changements occasionnés par les EFC. Plus spécifiquement, il s'agit :

- d'inventorier les infrastructures sociocommunautaires ;

- d'analyser l'économie des ménages ;

- de déterminer les facteurs influençant le fonctionnement des unités de gestion des FC et

- d'évaluer les moyens d'existence des communautés.

1. 4. Importance de l'étude

Cette étude a une importance théorique et pratique. Sur le plan théorique, cette étude contribue à enrichir la littérature sur les EFC et d'approfondir les connaissances sur le profil socio-économique des populations autour du PNCM. Sur le plan pratique, cette étude va développer des indicateurs utiles à la mesure de la progression des activités liées à l'EFC et de leurs impacts socio-économiques c'est-à-dire les changements que les EFC auront occasionné d'une manière générale durant les 25 années d'exploitation. Cette étude va permettre aux populations locales de mieux s'organiser sur la gestion de leur EFC et par conséquent contribuera à leur développement socio-économique.

Cette étude montrera jusqu'où les EFC peuvent contribuer à atteindre les OMD qui visent à réduire de moitié la pauvreté d'ici 2015.

1. 5. Limites de l'étude

Certaines informations n'ont pas pu être collectées en raison de l'indisponibilité des populations et de certains membres ayant des rôles importants dans les entités juridiques. Ceux-ci étant occupés par les travaux champêtres ou travaillant dans les métropoles, ont été absents pendant la collecte des données. De plus, le refus de livrer les informations sur les problèmes internes par certains membres des entités juridiques n'a pas facilité les enquêtes. L'absence des documents à valeur scientifique sur ces communautés a également constitué une limite pour cette étude.

1. 6. Organisation du mémoire

Le présent document s'articule autour de cinq chapitres :

- le premier est un chapitre introductif, qui présente le contexte de l'étude, la problématique, les objectifs, l'importance et les limites de l'étude ;

- le second est bâti sur les définitions des concepts régulièrement utilisés, le cadre conceptuel et la revue de la littérature ;

- le troisième relate la méthodologie de collecte et le traitement des données ;

- le quatrième présente l'analyse et la discussion des résultats et

- le cinquième résume les principales conclusions et les recommandations proposées.

Chapitre 2 : CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA LITTERATURE

Pour tout travail de recherche, il est nécessaire d'élucider le lecteur sur les termes couramment utilisés, le cadre dans lequel l'étude s'inscrit et enfin une revue de quelques études faites précédemment et s'inscrivant dans le thème de l'étude sur le site et ailleurs.

2.1. Cadre conceptuel

Le cadre conceptuel de cette étude est basé sur le développement durable grâce à la forêt communautaire et les moyens d'existence durable. 

2.1.1. Forêts communautaires et concepts associés

Plusieurs termes permettent d'appréhender le concept de forêt communautaire (FC). Pour le cas de cette étude, il a été question de définir les termes en rapport logique avec le concept de FC ainsi que ceux qui entrent dans le diagnostic socio-économique initial.

La Forêt Communautaire est définie comme « toute forêt du domaine forestier non permanent pouvant mesurer jusqu'à 5000 ha, faisant l'objet d'une convention de gestion entre une communauté villageoise et l'administration en charge des forêts. La gestion de cette forêt relève de la communauté villageoise concernée, avec le concours ou l'assistance technique gratuite de l'administration chargée des forêts » (MINEF, 1998). Son exploitation doit se faire suivant un manuel ou un guide appelé Plan Simple de Gestion et d'une Convention de Gestion (CG).

En effet, le Plan Simple de Gestion (PSG) est un document technique élaboré par la communauté avec l'appui des services locaux en charge des forêts (MINFOF) en vue de planifier dans le temps et dans l'espace toutes les stratégies d'exploitation durable des ressources de la FC (MINEF/CFDP-CFU, 2001). Une CG est un contrat qui lie la communauté et l'Etat dans lequel celle-ci s'engage à respecter scrupuleusement son PSG préalablement approuvé. Le PSG peut être considéré comme un plan d'aménagement simplifié du fait qu'il s'applique à des forêts de superficies très réduites qui sont gérées par les communautés (MINEF, 1998). Il est élaboré à partir des études d'inventaires floristiques et fauniques et d'un diagnostic socio-économique de la situation initiale au sein des communautés.

Le Diagnostic est l'identification et l'analyse des problèmes, et donne des solutions qui vont former par la suite la base d'un programme, d'un projet ou d'une activité (MINEF/CFDP-CFU, 2001). L'identification du stade initial des activités (liées ou non aux FCs) constitue le point de départ sur les plans socio-économique et environnemental afin de mesurer les changements que l'exploitation des FCs aura occasionné, notamment sur les conditions de vie des ménages.

Les Moyens d'Existence Durable (MED) permettent d'apprécier les conditions de vie des communautés ainsi que les opportunités que présentent les différents acquis (humain, social, financier, physique et naturel). Les MED sont « les capacités, les ressources matérielles et sociales, et les activités nécessaires à un individu pour gagner sa vie » (Anonyme c, 2008).

La communauté est considérée comme un groupe d'individus (hommes, femmes et enfants) vivant ensemble et liés par des normes et des valeurs acceptées par tous. Dans le cadre de la foresterie communautaire, le groupe vit à proximité des ressources forestières dont il dépend pour sa subsistance (MINEF/CFDP-CFU, 2001). Une bonne intégration de ces communautés dans l'exploitation de la FC est cruciale pour une gestion durable.

L'implication active des membres de la communauté et des intervenants extérieurs dans toutes les décisions liées aux objectifs et aux activités de la FC est un gage de durabilité dans les actions de développement. Elle traduit le concept de participation de toutes les parties prenantes publiques ou privées, les communautés villageoises et les organismes d'appui et d'accompagnement dans l'exploitation des FCs à travers les Entreprises Forestières Communautaires (EFC). La participation inclut aussi l'aspect genre et minorités dans la prise de décision et l'exécution des activités liées aux EFC.

Une Entreprise Forestière Communautaire est une petite et moyenne entreprise qui est chargée de la gestion du chantier d'exploitation forestière. Selon Mbelen à Rim (2007), certaines EFC sont plus organisées, font de la transformation verticale et peuvent avoir davantage de salariés et de fonds. Elles peuvent concilier leurs objectifs économiques (bénéfices dus à la vente du bois, création d'emplois) avec les objectifs sociaux (réalisation des micro-projets communautaires) et environnementaux (respect des limites et diminution de la coupe illicite du bois) de la communauté. L'appréciation de ces changements va se faire par une analyse de critères et indicateurs.

Les critères et indicateurs (C&I) constituent un cadre d'intégration pour l'ensemble de valeurs, de conditions, d'informations et de données sur la gestion durable des forêts (Prabhu et al., 2000). En général, les C&I servent à la poursuite de la promotion de la gestion durable des forêts et sont essentiellement constitués des mêmes éléments. Les composantes pertinentes d'un cadre hiérarchisé de C&I incluent les critères et les indicateurs :

Un Critère est une norme ou condition qui permet d'émettre un jugement. Il précise la signification et le sens d'application d'un principe sans être lui-même une mesure de performance directe (Prabhu et al., 2000, Page 5).

L'Indicateur est un attribut quantitatif, qualitatif ou descriptif qui, lors de sa mesure périodique et de son suivi indique la direction du changement. C'est une information à collecter ou à mesurer de manière périodique et à suivre (Prabhu et al., 2000, Page 5).

2.1.2. La forêt communautaire dans l'approche globale du développement durable

Le concept de Forêt Communautaire (FC) a été développé par le gouvernement camerounais à travers la loi N°94/01, dans le but de répondre aux exigences internationales sur développement local et la gestion durable des ressources naturelles.

La FC est une attribution de gestion de l'Etat camerounais aux communautés afin que celles-ci puissent améliorer leurs conditions de vie et entreprendre des actions de développement communautaire grâce aux revenus issus de son exploitation (SNV, 2005). Selon BIGOMBE (2000, Page 1), la FC est considérée comme « l'ensemble des processus dynamiques de responsabilisation des communautés rurales dans la gestion des ressources forestières, pour contribuer à l'amélioration de leurs conditions de vie et promouvoir le développement local ». Selon le même auteur, la gestion durable des ressources forestières à travers l'acquisition des FC ne peut être efficace qu'avec la participation effective des populations locales.

A cause de la croissance de la pauvreté, particulièrement dans les zones rurales, plusieurs communautés avisées ont favorablement accueilli la foresterie communautaire comme moyen qui leur permettrait d'améliorer leurs conditions de vie. Les populations dépendantes des forêts se sont montrées intéressées dès qu'elles ont eu la conviction qu'elles auront droit au partage des bénéfices générés par l'exploitation commerciale de leurs forêts (MINEF/CFDP-CFU, 2001). La FC initie le développement sur le plan socio-économique, institutionnel et environnemental.

Au niveau socio-économique, la FC permet la création d'emplois et d'infrastructures sociales à partir des retombées économiques de l'exploitation forestière (Poissonnet, 2005). De même, l'accès à un salaire local par l'intermédiaire d'un emploi généré par l'EFC peut contribuer à un développement économique local.

Au niveau institutionnel, la FC fournit aux populations locales le droit d'exploiter elles-mêmes une portion de forêt et de gérer les bénéfices issus de cette exploitation pour leur propre développement socio-économique. Une responsabilisation collective vis-à-vis de la gestion de ces bénéfices monétaires en fonction de l'intérêt général doit aboutir à une amélioration des conditions de vie locale et aux prémisses d'une « démocratie locale » (Poissonnet, 2005).

Au niveau environnemental, les bénéfices réalisés grâce à l'exploitation forestière doivent contribuer à motiver les populations concernées pour la gestion et la conservation à long terme de leur massif forestier (Poissonnet, 2005).

La FC apporte généralement des avantages directs (gains tangibles ou réels) et indirects (gains intangibles). Les avantages directs liés à la FC sont des valeurs monétaires ou commerciales des PFLs et PFNLs, ainsi que les services provenant de la FC. Les avantages indirects incluent la préservation d'un micro climat adéquat et de l'équilibre du climat global, la conservation des normes et des valeurs culturelles des communautés villageoises, la séquestration du dioxyde de carbone, la préservation des nappes phréatiques, la stabilisation des terres et leur fertilité, et l'atténuation de l'action érosive de l'eau, du vent et de la gravité (MINEF/CFDP-CFU, 2001). Ces différents avantages sont répartis entre diverses catégories de bénéficiaires comme indiqués au tableau 1.

Tableau 1 : Types de bénéfices issus de la FC et catégories de bénéficiaires.

Bénéficiaires

Bois

PFNL

Revenus des services

Revenus des ventes

Séquestration du carbone

Régulation de la nappe et stabilisation des terres

Normes et valeurs culturelles

Micro- climat

Equilibre du climat global

Communautés locales

x

x

x

x

 

x

x

x

x

Gouvernement

 
 
 

x

X

x

 
 

x

Opérateurs économiques

 

x

x

x

 
 
 
 

x

ONGs

 
 

x

 
 
 
 
 

x

Communauté internationale

 
 
 
 

X

x

 
 

x

Source : Adapté du MINEF/CFDP-CFU, 2001. Page 9

Les bénéfices des FCs se font ressentir du niveau local (communauté) au niveau international (communauté internationale) en passant par le niveau intermédiaire (gouvernement). Malgré les avantages et les multiples bénéficiaires des FC, certaines études ont montré que ce processus n'est pas exempt de difficultés.

2.1.3. Les moyens d'existence durable

Pour le cas de cette étude, le diagnostic initial se fera à partir d'une approche basée sur la mise su pied des indicateurs de suivi-évaluations qui seront développés à partir de l'Approche des Moyens d'Existence Durable (AMED).

L'AMED sert à identifier les principales contraintes et perspectives des pauvres, telles qu'eux-mêmes les expriment. Elle comporte les principes directeurs qui n'édictent ni les solutions, ni les méthodes, mais sont au contraire flexibles et adaptables aux diverses conditions locales (Anonyme, 2008c). Elle analyse les moyens d'existence des personnes et leur évolution dans le temps. Les personnes elles-mêmes y participent activement tout au long du cycle du projet. Elle tient compte du fait que les personnes adoptent de multiples stratégies pour assurer leur subsistance (exploitation des FCs) et que les acteurs impliqués sont nombreux (Anonyme, 2008c). Cette approche s'appuie sur les forces et les perspectives des pauvres telles qu'ils les perçoivent au lieu de se concentrer sur leurs problèmes et leurs besoins (Anonyme, 2008c).

Les ressources et les biens associés aux moyens d'existence incluent : les ressources naturelles (PFLs et PFNLs d'origine animale et végétale), les compétences (main d'oeuvre qualifiée), les connaissances (niveau d'éducation), les capacités, la santé, les sources de crédit (tontine, association), ou leurs réseaux d'appui social. L'accès à ces ressources est également influencé par l'environnement social, institutionnel et politique prévalant, qui a un effet sur les façons dont les personnes associent et utilisent leurs ressources pour atteindre améliorer leur bien être (Anonyme, 2008c).

Dans les ménages ruraux pauvres, l'amélioration des moyens d'existence peut se faire par la pratique de nombreuses activités génératrices de revenus (l'agriculture, la chasse, la pêche, les emplois générés par les EFCs). la réduction de la vulnérabilité (indisponibilité des PFNLs, de la viande de brousse, des produits de pêche), les risques (dégradation des sols par les feux de brousse) et une amélioration de la santé, de la nutrition et de l'éducation au sein des ménages. D'une manière générale, l'amélioration des MED passe par un progrès dans l'accès des pauvres à différentes formes de capitaux (humain, social, financier, physique, naturel). Ces différentes formes de capitaux constituent le pentagone des acquis et est au centre de la Structure des MED (SMED), la figure 1 en donne un aperçu.

Conséquences des moyens d'existence

- augmentation des revenus

- augmentation du bien être

- réduction de la vulnérabilité

- amélioration de la sécurité alimentaire

- utilisation durable des ressources naturelles de base

Processus et structure de transformation

Structure

-gouvernement

-secteur privé

- loi

- politique

- culture

- institutions

Processus

Atouts des moyens d'existence

Contexte de vulnérabilité

- chocs

- tendances

- saisonnalité

Influence et évaluation

Stratégies de moyens d'existence

Mots clés

H = Capital Humain

N = Capital Naturel

F = Capital Financier

S = Capital Social

P = Capital Physique

Figure 1 : Structure des Moyens d'Existence Durables.

Source : Kollmair & Gamper (2002). Page 4

La SMED est un modèle simplifié qui permet de visualiser les MEDs des populations ainsi que des facteurs qui les influencent. Le polygone des acquis permet de réunir sur une même figure les différents capitaux dont un individu a besoin pour améliorer son bien-être : il s'agit du capital humain, social, naturel, physique et financier (Kollmair & Gamper, 2002).

Le capital humain (H) englobe  les compétences ou le niveau d'éducation, les connaissances, la capacité à travailler et un bon état de santé.

Le capital social (S) désigne les ressources sociales c'est-à-dire des groupes de personnes et des connections sociales qui augmentent la confiance entre les membres d'un groupe, leur habilité à coopérer ensemble ou leur capacité à adhérer à plusieurs groupes formels tout en respectant les règles, les normes et les sanctions (Kollmair & Gamper, 2002).

Le capital naturel (N) désigne les stocks des ressources naturelles à partir desquelles dérivent les flux de ressources et les services (comme la terre, l'eau, les forêts, la qualité d'air, la protection d'érosion, le degré de biodiversité, etc) utilisés pour satisfaire les moyens d'existence.

Le capital physique (P) englobe les infrastructures de base et les biens de production dont les moyens d'existence ont besoin, tels que l'accessibilité au transport, un abri et les bâtiments protégés; l'accès à l'eau potable et à la propreté, l'accès à l'énergie (électrification villageoise), l'accès à l'information, l'accès aux facteurs de production (terre, travail, capital).

Le capital financier (F) est constitué des ressources financières (argent comptant, dépôts en banque ou les actifs disponibles tels que le bétail et les bijoux) et les apports réguliers d'argent (le revenu de travail, les pensions retraites) (Kollmair & Gamper, 2002).

Le pentagone des acquis peut prendre différentes formes, suivant l'accessibilité de chaque capital. La figure 2 montre quelques différentes formes d'acquis en fonction de sa disponibilité.

Figure 2 : Différentes formes du pentagone des acquis en fonction de l'accessibilité de chaque capital.

Source : Kollmair & Gamper (2002). Page 6

Sur la figure 2a, les capitaux humain, social et financier sont moins disponibles que sur la figure 2b. Le capital naturel est semblable sur les deux figures. Plusieurs facteurs peuvent influencer l'indisponibilité des acquis : ces facteurs constituent le contexte de vulnérabilité.

Le contexte de vulnérabilité comprend les tendances (tendances démographiques, tendances sur les ressources, tendances dans la gouvernance), les chocs (épidémies, accidents de travail, la dévastation des récoltes); les risques naturels (feux de brousse), les conflits (inter ou intra-villages), et le caractère de saisonnalité (fluctuation des prix des produits agricoles ou forestiers, ou même des offres d'emploi dans les EFCs) (Kollmair & Gamper, 2002).

Les MEDs permettront d'identifier le potentiel sur l'environnement socio-économique des communautés d'Akak, de Biboulemam et Tya'assono. Grâce au pentagone des acquis, une identification de la disponibilité de chaque forme de capital pourra être faite dans les différentes communautés.

2.2. Revue de la littérature

Des études socio-économiques menées dans les communautés d'Akak, de Biboulemam et Tya'assono durant la réalisation des PSGs et ailleurs, ont décrit les structures sociales, économiques et culturelles.

2.2.1. Données socio-économiques

Structures sociales

Les structures sociales sont constituées des écoles, des centres de santé et des boutiques.

Chacune de ces communautés dispose des écoles primaires. Akak en a deux (une à Nkoélon et l'autre à Akak), Biboulemam et Tya'assono en ont une chacune. Les effectifs des écoles sont présentés dans le tableau 2.

Tableau 2 : Effectifs des écoles primaires.

Communauté

Nombre d'école

Effectifs totaux

Effectif des filles

Nombre d'instituteurs

Akak

Nkoélon

1

31

26

2

Akak

1

39

22

2

Biboulemam

1

63

-

3

Tya'assono

1

103

-

3

Adapté de GICACA (2005) ; RDAFCB (2006) ; AFSONO (2006).

Les filles constituent environ les 2/3 des effectifs totaux dans la communauté d'Akak. Akak et Tya'assono ont en moyenne un instituteur pour 34 élèves tandis que Biboulemam a un instituteur pour 21 élèves.

Le canton Akak a une case de santé située dans le village Akak mais elle n'a jamais été opérationnelle. La population parcourt 18 km (pour les villages les plus proches) et 44 km (pour les villages les plus éloignés) pour se rendre à Campo où il y a l'hôpital le plus proche (GICACA, 2005).

Les communautés de Biboulemam et de Tya'assono ne possèdent pas de centre de santé. La population de Biboulemam parcourt 5 km pour aller se soigner à Ebemvok (RDFCAB, 2006). Celle de Tya'assono parcoure 17km pour avoir des soins à Ma'an (AFSONO, 2006).

Les villages Nkoélon et Afan Essokié (communauté d'Akak) ont des boutiques assez fournies appartenant à des commerçants natifs et allogènes. Malheureusement le manque d'électricité ne permet pas à ces boutiques de s'approvisionner en aliments périssables. L'électrification villageoise est un grand problème auquel fait face la communauté d'Akak (GICACA, 2005). Le village Biboulemam est dépourvu de boutique pouvant ravitailler tous les différents hameaux. Celui de Tya'assono a trois boutiques : une dans le premier hameau et deux dans le second.

Grâce à ces informations sur les infrastructures sociales, une comparaison pourra être faite avec les résultats de notre 1er objectif, et on pourra apercevoir les changements qu'il y a eu depuis la rédaction des PSG.

Activités rurales

L'agriculture est la principale activité dans ces trois communautés mais elle n'est pas pratiquée avec la même intensité. A Akak et Biboulemam, l'agriculture est surtout pour la subsistance. Par contre à Tya'assono, elle permet de desservir les marchés environnants. L'agriculture itinérante sur brûlis est fortement pratiquée avec rotation sur différentes zones de jachères et des associations culturales notamment la culture du manioc, du taro, du maïs, de l'arachide, de la banane plantain, du concombre, de l'igname, du gombo, de la patate et du melon. Les champs vivriers ne sont pas permanents, ils sont cultivés deux fois par an (GICACA, 2005 ; RDFCAB 2006 ; AFSONO, 2006).

Dans la communauté de Biboulemam, on rencontre une ceinture d'arbres fruitiers (safoutiers, manguiers, agrumes, papayers), de cultures maraîchères (tomate, herbes à sauces, oignons). On y trouve aussi des pimentiers et autres légumes qui constituent les champs de case. Les champs dans le campement Awomo sont autour des cabanes et ne se limitant qu'à quelques dizaines de mètres carrés de superficie de manioc associé au maïs et parfois à l'arachide (RDFCAB, 2006).

Les cultures de rente (cacaoyer et caféier surtout robusta) ont longuement été pratiquées dans la communauté d'Akak. Elles ont disparu à cause du découragement dû à la baisse drastique des prix de ces produits sur le marché international. Par contre elles sont toujours pratiquées à Tya'assono et à Biboulemam (par les Bulu), et elles occupent une place assez importante dans l'apport des revenus aux populations de Tya'assono.

La chasse est une activité très pratiquée à Akak. Les produits issus de la chasse sont la première source de protéine dans ces communautés. Ils sont aussi vendus localement et procurent des revenus non négligeables. Dans la communauté de Biboulemam, la chasse procure d'importants revenus financiers aux Bagyéli. Compte tenu de la raréfaction de cette ressource, les populations vont déjà au delà des limites de leur forêt pour chasser. C'est le cas des Pygmées d'Awomo qui dépendent fortement des ressources fauniques pour leur alimentation. Bien qu'elle soit pratiquée seulement par une frange de la communauté, l'activité représente sans doute une menace pour le potentiel faunique de la communauté de Tya'assono. L'espace utilisé par les populations riveraines pour la chasse s'étend jusque dans l'UFA 09-021. Les techniques de chasse utilisées dans ces trois communautés sont principalement : la chasse au fusil, le piégeage et la chasse à courre. La chasse à courre est surtout pratiquée pour protéger les champs vivriers des rongeurs.

La pêche fait partie des activités très pratiquées dans la communauté d'Akak ; c'est une activité temporaire dont les produits sont destinés à l'autoconsommation et/ou à la vente. Elle se pratique dans les petits affluents du fleuve Ntem (GICACA, 2005). Biwomé et Awomo sont les plus grandes rivières arrosant la communauté de Biboulemam. Elles sont très importantes dans la pratique de la pêche au sein de la communauté, ceci d'autant plus qu'elles sont poissonneuses (RDFCAB, 2006). Les techniques utilisées varient selon le sexe: les hommes pêchent à la ligne et les femmes à la nasse et au barrage. Les espèces pêchées sont : le silure (Clarias sp.), le brochet, le tilapia (Oréochromis sp.) et les crevettes (GICACA, 2005 ; RDFCAB, 2006 ; AFSONO, 2006).

Les PFNLs sont constitués des produits de l'alimentation, de la pharmacopée et de l'artisanat. La collecte des PFNLs est d'accès libre et sans restriction de zone. Elle est saisonnière et se fait d'une manière individuelle ou en groupe (GICACA, 2005 ; RDFCAB, 2006 ; AFSONO, 2006). Tous ces produits forestiers sont indispensables pour l'équilibre des populations. Ces produits sont consommés, vendus, utilisés dans l'artisanat, ou dans la pharmacopée. Parmi ces produits, on peut citer : le "ndo'o" ou mangue sauvage (Irvingia gabonensis), l'"ezezang" (Ricinodendron heudoletii), l'"Akpwa" (Tetrapleura tetraptera), l'"Assam" (Uapaca guineensis), l'"Adjap" (Baillonella toxisperma), l'"Engong" (Trichoscypha acuminata), le palmier (Elaeis guineensis) et le raphia (Raphia sp.), les champignons et le miel.

Dans cette étude, il est question de déterminer les activités génératrices de revenus et leur contribution à l'économie des ménages. Grâce à ces données, une comparaison pourra être faite avec les résultats issus de notre 2nd objectif.

2.2.2. Quelques résultats sur la gestion des Forêts Communautaires au Cameroun

D'après une étude menée par le MINFOF en 2006 sur le rapport de l'état des lieux des FCs au Cameroun, il en ressort que 85 FCs ont déjà été attribuées, réparties sur 7 régions et 16 départements. Cette étude a relevé quelques acquis et lacunes présentés par la FC dans les communautés bénéficiaires.

Comme acquis, l'étude a révélé que l'avènement de la foresterie communautaire a entraîné l'émergence d'une dynamique de démocratie et de bonne gouvernance des dirigeants. La mise en oeuvre des PSGs par les populations a renforcé progressivement les capacités de celles-ci dans les aspects de l'exploitation forestière et de la gestion des revenus communs : des prospecteurs, des scieurs ou encore des abatteurs ont été formés grâce aux activités d'exploitation des FCs. Les membres des communautés ont reconnu que l'exploitation et la vente du bois d'oeuvre ont apporté un flux financier et social dans les villages ; la gestion des forêts communautaires a permis la réalisation d'oeuvres sociales à partir des revenus générés à savoir : l'amélioration de l'habitat (don du matériel de construction et mise à disposition d'une main d'oeuvre qualifiée) ; la réhabilitation des chapelles et la construction des maisons communautaires dans certains villages ; quelques palmeraies villageoises (allant de1 à 3 hectares) ont été mises en place ; l'aménagement d'un point d'eau, la construction des salles de classe dans plusieurs villages ainsi que le paiement des salaires d'enseignants vacataires ont été effectués (MINFOF, 2006).

Ce processus de FC a présenté certaines lacunes telles que des infractions récurrentes dans les FCs visitées à savoir l'exploitation hors limites, le non respect des volumes accordés dans le certificat annuel d'exploitation, le non respect des séries annuelles, le trafic des lettres de voiture, la non ouverture des limites de la FC et le dépassement des volumes de bois accordés (MINFOF, 2006).

Une autre lacune est due à l'exploitation répétée des mêmes essences telles que : le Moabi, le Sapelli, l'Iroko, le Pachyloba et le Doussié. Une nécessite s'impose dans l'amélioration de la technicité dans les activités d'exploitation forestière et des efforts de communication et de transparence doivent être faits dans la gestion de certaines FCs. Les partenariats conclus avec les opérateurs économiques sont rarement à l'avantage des communautés et on note un manque de capacités de gestion au sein des communautés. Les communautés ne sont pas informées sur certaines dispositions récentes du MINFOF sur les FCs. Les PSGs sont élaborés selon les dispositions du manuel des procédures d'attribution et des normes de gestion des FCs, malheureusement les préoccupations intégrées dans ce manuel semblent cadrer avec la zone forestière et beaucoup moins avec les zones de montagne, de savane ou encore la zone septentrionale (MINFOF, 2006).

Exemple pratique de deux Forêts Communautaires au Cameroun : cas de Moangué Bosquet et d'Endoum

Ces cas pratiques sont issus d'un état des lieux mené sur la foresterie communautaire au Cameroun (Abe'ele et al., 2003).

Moangué Bosquet est un village de Baka (Pygmées) qui a une FC d'une superficie de 1 660 ha située dans la région de l'Est. L'idée d'obtention de la FC (en 1998) est une initiative d'un projet de la SNV qui a animé tout le processus sur le plan technique et logistique et qui a financé une partie du processus. La contribution de la communauté exigée dans le partenariat s'est concrétisée par la participation des membres de l'entité de gestion aux travaux concernant les différentes phases du processus, sans être payés, ces volontaires devant être rémunérés en priorité quand l'exploitation devait commencer (c'est ce qui s'est fait). L'exploitation qui a commencé en 2001 d'abord par des opérateurs économiques puis par la communauté elle-même a connu des fortunes diverses. Les revenus ont cependant permis de rembourser les emprunts et de réaliser quelques investissements socio-économiques.

Le village d'Endoum (Haute-Sanaga, région du Centre) compte à lui seul trois forêts communautaires. Les trois GICs constitués à cet effet sont : le GIC des hommes, le GIC des femmes et le GIC des jeunes. Le chef de village (instigateur de la création des trois GICs) au vu de l'étendue considérable de l'espace forestier qui revient à son village a estimé que 5.000 ha sont insuffisants. C'est la raison qui a conduit à la création de trois GICs pour obtenir 15.000 ha de FC. Ces trois entités sont alors regroupées en une confédération dont le chef du village est le responsable. Mais dès la première mise en exploitation, la confédération (ensemble de trois GICs) n'a pas pu maîtriser les GICs à cause de la centralisation des décisions. Les conséquences de cette centralisation des décisions ont été nombreuses :

- l'absence de démocratie sur l'élection des responsables des entités juridiques ;

- le chef du village et ses protégés confisquent tous les documents concernant les FCs ;

- les habitants des autres villages ne se sentent pas impliqués dans les entités juridiques ; l'existence des GICs est fictive et les revendications entraînent des emprisonnements de plusieurs membres ;

- la mauvaise distribution des revenus issus de la FC génère de nombreux conflits ;

- les revenus versés se partagent entre les villageois par conséquent, pas d'investissements sociaux et aucun PSG n'a été respecté.

Ces deux exemples permettent d'apprécier les impacts positifs et négatifs des FCs après des suivi-évaluations. D'un côté, une FC qui a pu réaliser des investissements sociaux malgré sa superficie réduite (1 660 ha) contre une autre (15 000 ha) qui a généré davantage de problèmes et conflits. Cette comparaison entre les FCs des villages Moangué Bosquet et Endoum permet de montrer que les FCs ne contribuent pas toujours au développement socio-économique des communautés. Rappelons que cette situation est observée dans la majorité des cas de FC au Cameroun.

C'est à partir des problèmes techniques, organisationnels, institutionnels et sociaux que les FCs ont connu au Cameroun, qu'est partie l'idée de mettre en place des EFCs. Cette approche a fonctionné dans les pays où les communautés et les petits producteurs jouissent d'une sécurité d'accès à la terre, y compris le droit de récolte et de vente des produits forestiers. La finalité est de mettre sur pied une structure de gestion socialement adaptable, économiquement rentable et techniquement opérationnelle (Ondoua & Ekoumou, 2008). Le suivi-évaluation des EFCs sera possible grâce à une analyse des moyens d'existence durable.

2.2.3. Genre, Minorités et Forêt Communautaire

Genre et Forêt Communautaire

D'après le principe 20 de la déclaration de Rio (1992) sur l'environnement et le développement « les femmes ont un rôle vital dans la gestion de l'environnement et le développement; leur pleine participation est donc essentielle à la réalisation d'un développement durable » (Anonyme, 2008a). C'est dans cette même logique que le gouvernement camerounais s'est engagé à travers la Loi n° 94/01 du 20/01/94 à encourager toutes les parties prenantes dans le processus de co-gestion des ressources forestières ; malheureusement certaines lacunes en matière d'intégration du genre sont observées. Ngono (2001) rappelle que cette forme de gestion est novatrice et donne une importance « secondaire » au rôle que pourrait jouer la femme dans la gestion des ressources forestières au sein des communautés rurales africaines en générale.

L'implication des communautés dans la gestion des ressources naturelles constitue un cadre de développement participatif permettant aux communautés locales de lutter efficacement contre la pauvreté et la misère; cette implication ne pourra être efficace que si toutes les couches sociales tel que le genre sont intégrées (Ondo, 2005).

Le genre est une relation sociale qui existe entre l'homme et la femme (Vabi et al, 2001). D'après Ondo (2005), la question «genre» est au centre de la gestion forestière participative dans le contexte où beaucoup d'hommes et de femmes pauvres sont directement tributaires de l'accès aux ressources forestières communes pour satisfaire leurs besoins de survie.

Les femmes représentent 55% de la population totale de l'UTO Campo-Ma'an; elles sont les principales utilisatrices des ressources naturelles dont elles font également le commerce (Ondo, 2005). Les femmes peuvent jouer un rôle très important dans la facilitation des activités de l'éco-tourisme à travers l'organisation dans l'accueil et la nutrition des touristes

Les résultats d'une étude menée sur la situation du genre dans les FCs des régions du Sud et du Centre au Cameroun par Nguenang (2006) ont permis de déceler quelques facteurs qui décrivent le niveau d'intégration des femmes dans l'unité de gestion des FCs. Ces facteurs étant la représentativité des femmes dans l'organe de gestion des FCs, la participation des femmes aux assemblées générales, la prise en compte des besoins pratiques des femmes, les facteurs qui influencent l'intégration genre et les opportunités qui pourront permettre d'accroitre cette intégration.

Représentativité des femmes dans l'organe de gestion des Forêts Communautaires

D'après Nguenang (2006), la représentativité des femmes dans le bureau de gestion des FCs se présente comme étant honorifique et permet de satisfaire de manière illusoire à la « mode » actuelle d'intégration du genre dans les processus de développement. Ceci est la conséquence du niveau d'alphabétisation qui est très bas et du manque d'une stratégie développée par les organisations locales d'appui pour renforcer les capacités des femmes.

Participation des femmes aux réunions et aux activités de foresterie communautaire

La participation des femmes aux réunions est faible dans le cadre de la FC. Cependant, elles assistent aux réunions à caractère cérémonial telles que les grandes assemblées générales, les réunions de concertations marquées par la présence des autorités administratives. La participation des femmes est le plus souvent suscitée (Nguenang, 2006). Cette faible implication des femmes est paradoxale eu égard au dynamisme des femmes observé sur le terrain car, dans les 17 communautés enquêtées il existe au moins une organisation féminine fonctionnelle qui effectue des activités telles que les tontines, les groupes d'entraide pour les travaux communautaires. Selon ce constat, l'auteur affirme que les femmes sont mieux organisées et plus dynamiques autour d'une cause surtout lorsqu'elles perçoivent leurs intérêts.

Prise en compte des besoins pratiques des femmes

Nguenang (2006) a effectué une comparaison du listing des besoins spécifiques des femmes et celui des hommes mentionnés dans les PSGs. Hors mis les problèmes d'accès à l'eau potable et à la santé qui sont des problèmes généraux et concernent toutes les couches sociales, l'auteur s'est rendu compte que les besoins spécifiques des femmes ne sont pas pris en compte. Il rappelle que la production des bâtons de manioc est l'une des principales activités source de revenus pour les femmes dans la plupart des communautés visitées, mais celles-ci utilisent encore des outils rudimentaires tels que les mortiers, pierre à écraser. Malheureusement il n'est mentionné dans un seul PSG, l'achat d'un moulin à écraser qui pourrait rendre le travail plus facile et augmenter la production. Il rapporte que la non prise en compte des besoins spécifiques des femmes dans les PSG est une conséquence de deux facteurs : les facteurs économiques car les femmes ne perçoivent pas à court terme l'intérêt économique qu'elles pourraient tirer de la forêt et de ce fait ne s'intéressent pas au début aux activités ; et le niveau d'éducation des femmes en milieu rural qui n'est pas élevé. Elles se mettent en retrait et ne participent pas aux prises de décision.

Malgré ces facteurs, l'auteur a relevé quelques opportunités pouvant faciliter l'intégration accrue des femmes dans le processus de foresterie communautaire à savoir : l'existence dans les villages des associations des femmes et des associations mixtes (canaux de sensibilisation des femmes) et l'existence au sein des communautés des femmes leaders (présidentes des associations).

Minorités et Forêt Communautaire

Il ressort d'une étude menée par Nguibourg (2007) sur l'implication des Bagyéli dans la gestion de la FC de Biboulemam, que le niveau de participation des Bagyéli est faible ; 86 % de la communauté Bulu ont déjà participé à des activités liées à la FC contre seulement 14 % des Bagyéli. Ce faible taux de participation peut s'expliquer par leur minorité aux côtés des Bulu et par leur faible niveau associatif.

L'auteur a également enregistré un faible taux de participation des Bagyéli dans les ateliers/séminaires. Un seul Bagyéli est le représentant de sa communauté auprès de l'entité juridique : il occupe le poste de Commissaire aux comptes n°2. Dans la plupart des évènements, c'est le Président, le Secrétaire Général, le Trésorier et le Commissaire aux comptes n°1 qui représentent la Communauté lors des manifestations. La faible participation des Bagyéli aux réunions s'explique aussi par l'arrivée tardive de l'information due à l'éloignement de leur campement.  En plus, cette faible représentativité des Bagyéli aux réunions se justifie par le fait que toutes les réunions se tiennent exclusivement à Biboulemam jamais au campement Pygmée.

Dans notre 3ième objectif, il est question de déterminer les facteurs qui influencent de manière positive et négative le fonctionnement des EFC. L'intégration du genre et des minorités (pygmées) font partie des facteurs que cette étude se propose d'analyser.

2.2.4. Evaluation des MED des populations autour du Tri National de la Sangha

En 2002 et 2003, le CIFOR, le WWF, l'UICN et CARPE ont utilisé la TNS comme terrain d'essai et de collaboration pour développer les approches intégrées aux problèmes de conservation à l'échelle des paysages (Endamana & Tadjuidje, 2008). Ces institutions organisent chaque année depuis juin 2004, un atelier de modélisation Conservation - Développement à l'échelle du paysage du TNS qui vise à développer des approches de suivi des indicateurs de conservation de bien-être des populations locales vivant dans le paysage et le développement des scenarii d'utilisation durable des ressources naturelles.

Le TNS est situé au Nord-Ouest de l'écorégion des forêts congolaises de basse altitude et couvre une surface totale de 28000 km2. Il comprend un réseau de trois parcs nationaux : Lobeke (2100 km2) au Cameroun, Dzanga-Ndoki (1220 km2) en République Centrafricaine et Nouabe Ndoki (4000 km2) en République du Congo, ainsi que leurs zones périphériques. La zone du TNS fait partie des aires de conservation les plus importantes d'Afrique centrale à cause de sa position dans le Bassin du Congo.

Méthodes et outils utilisés lors de cette évaluation

La mise à jour des indicateurs s'est opérée par des entretiens avec des groupes villageois pour avoir leur point de vue sur l'état des indicateurs. Lorsqu'il s'agissait d'un village d'ethnie Bantou, les entretiens séparés se faisaient pour les hommes, les femmes et les jeunes. Lorsque le village était composé de l'ethnie Pygmée, une seule assemblée représentative était tenue. Enfin si le village était mixte Bantou et Pygmée, les entretiens étaient séparés (Endamana & Tadjuidje 2008). Cette répartition a permis à tous les groupes sociologiques d'exprimer leur opinion. Après cette étape avec les villageois, ils ont travaillé avec les responsables techniques des projets pour évaluer les indicateurs et apporter les informations quantitatives.

L'analyse des MED a permis de mesurer la contribution des forêts aux moyens d'existence des populations rurales. Le questionnaire utilisé comprenait 4 grandes parties : les sources de revenus annuels, les ressources régulièrement utilisées par les communautés, les dépenses effectuées par les communautés pour améliorer leur cadre de vie et l'investissement de la communauté pour protéger la forêt. Cinq principales sources de revenus ont été identifiées : PFL, PFNL d'origine animale et végétale, produits agricoles (les arbres fruitiers, les produits d'élevage), et enfin les services (emplois, restaurations, commerces...). Pour mesurer l'importance des différentes sources de revenu, le Programme on Forest (PROFOR) a proposé d'utiliser 20 graines qu'on doit affecter devant chaque ressource. Mais lorsque les populations citent près ou plus de 20 ressources, l'affectation de 20 graines devient difficile. Pour pallier à cette difficulté, la méthode du rang a été utilisée pour classer les ressources en termes de contribution au revenu (Endamana et Tadjuidje, 2008).

L'approche de Sayer et al (2006) a permis d'analyser les données sur les indicateurs de suivi. Le rang affecté à chaque groupe a permis de calculer un coefficient de pondération représentant son poids dans le revenu, la consommation totale de la communauté : ceci a constitué l'analyse des MED. Les dépenses des communautés ont été regroupées en différents groupes d'avoirs : humains, physiques, sociaux et financiers (Endamana & Tadjuidje, 2008). Les rangs de chaque groupe d'acquis ont été sommés pour voir dans quel groupe les communautés investissent leur revenu. Le pentagone des avoirs, les camemberts et les histogrammes de fréquence ont été utilisés pour apprécier les changements opérés dans le paysage du TNS, et évaluer l'apport des ressources naturelles dans les avoirs humains, sociaux, physiques et financiers des populations vivant dans le TNS.

Les avoirs humains regroupent toutes les dépenses concernant la santé, l'éducation, la nutrition, l'habillement, les biens de première nécessité à usage journalier et les produits de beauté.

Les avoirs sociaux comprennent les dépenses liées au payement des amendes dans les réunions, organisation des fêtes, payement de la dime ou offrande dans les cultes et églises, mariage (dot), le transport, communication (achat crédit de téléphone), jeux (casino, cartes..).

Les avoirs physiques concernent les dépenses sur les biens tels que les ustensiles de cuisine, fusil, pirogue, brouettes, matériels agricoles, équipement de la maison (lits, chaises, tables, meubles...), moto, groupe électrogène, vélo, lampe, moulin, construction de maison.

Les avoirs financiers concernent toutes les transactions financières : payement des dettes, transferts d'argent, épargne dans les tontines, argent de poche. Ils concernent aussi tous les investissements dans l'agriculture (payement de la main d'oeuvre, achat des intrants agricoles), le cheptel, la chasse (achat des munitions), la pêche (achat des filets, hameçons..).

La présente étude s'est inspirée de cette méthodologie pour évaluer les MED des populations vivant en périphérie du Parc National de Campo-Ma'an, ce qui constitue notre 4ième objectif.

Chapitre 3 : METHODOLOGIE

La démarche scientifique a consisté à faire une description physique et sociale de la zone d'étude, suivi l'approche méthodologique de la collecte des données.

3.1. Localisation géographique des trois communautés

Les communautés d'Akak, de Biboulemam et de Tya'assono ont été choisies pour cette étude parce qu'elles sont les seules dans l'UTO Campo-Ma'an à avoir un PSG approuvé et une CG signée : elles ont donc des FCs conformes au sens de la Loi de 1994. En plus elles sont situées en périphérie du PNCM (confère carte 1) qui est une aire protégée de première catégorie et transfrontalière.

3.1.1. Situation géographique et description du milieu physique

Les 3 communautés sont situées en périphérie du PNCM au Sud Cameroun (latitude Nord comprise entre 2°4' - 3°2' et longitude Est comprise entre 6° - 7°2') : la communauté d'Akak est située au Sud-Ouest du parc dans l'arrondissement de Campo, celle de Biboulemam est située au Nord-Est du parc dans l'arrondissement d'Akom 2 et celle de Tya'assono est située à l'Est du parc dans l'arrondissement de Ma'an. La carte 1 présente les trois communautés dans l'UTO Campo-Ma'an. Les données issues du milieu physique sont tirées du Plan d'Aménagement (PA) du PNCM et des PSGs des trois FCs.

Le Relief

Le relief est constitué de basses terres où l'on rencontre de petites vallées marécageuses au sud, avec une altitude qui n'excède pas 300 m au nord, des montagnes et quelques plateaux : ce sont les deux principaux types de relief qui prédominent sur l'étendue du parc et sa périphérie.

Le PNCM et sa zone périphérique se trouvent à l'ouest du plateau sud camerounais. Il comporte une surface côtière d'altitude inférieure à 200 m. Ainsi d'Ouest en Est l'on distingue : une zone d'alluvions fluviomarines quaternaires, (coïncidant avec l'extension de la forêt littorale) et des massifs de bordure tel le massif des Mamelles (323 m) dans le prolongement de la surface côtière située à l'extrémité ouest du plateau sud camerounais.

Carte 1 : Présentation de la zone d'étude.

Le sol

Le sol est du type ferralitique, caractéristique des forêts équatoriales. Les sols sont profonds et dominés d'argile. L'importance de la couche humifère traduit une bonne fertilité des sols.

Le climat

Le climat est du type équatorial à 4 saisons : deux saisons sèches et deux saisons de pluies qui s'alternent : une grande saison de pluie (mi-août - novembre), une petite saison de pluie (mars - juin), une grande saison sèche (décembre - mi-mars), une petite saison sèche assez brève (juin - mi-août).

Les FC sont situées dans une zone pluvieuse et ensoleillée avec une température moyenne qui avoisine 25°C. La pluviométrie moyenne annuelle est d'environ 2800 mm. Le tableau 3 donne les précipitations moyennes mensuelles de l'UTO Campo Ma'an en 2004.

Tableau 3 : Précipitations moyennes mensuelles, région de Campo (1994-2004).

Mois

Janv

Fev

Mars

Avril

Mai

Juin

Juil

Août

Sept

Oct

Nov

Dec

P(mm)

76,4

123,5

240,4

246,8

294,1

173,5

46,9

113,3

430,2

559,9

223,4

76,7

Précipitation totale

2 635 mm

Source : Adapté du Plan d'Aménagement de l'UTO Campo Ma'an (2004).

Les mois les plus chauds sont février et mars avec une température moyenne maximum de 28°C et les plus froids sont août et juillet avec une température moyenne minimum de 25,2°C.

Hydrographie

Ces communautés sont arrosées par plusieurs rivières : "Bitande", "Eveleu Otom" pour Akak, "Biwome" et "Awomo" pour Biboulemam et "Abera" pour Tya'assono. La pêche est une activité très pratiquée par les femmes à Akak, ces dernières ont crée l' "Association des Pêcheuses des Crevettes d'Akak" (APECRAK). Cette association réalise d'autres activités telles que les cotisations et les champs communautaires.

La végétation

La végétation est fortement influencée par la pluviométrie, la proximité de la mer, l'altitude, les sols et l'activité humaine. Elle est presque côtière (Campo) avec une transition entre la zone côtière et la forêt guinéenne (Akom 2 et Ma'an). Les espèces phares de ces forêts sont l'Azobé (Lophira alata) famille des auchnaceae, le Fraké (Terminalia superba), famille des Combretaceae, l'Ebiara (Berlinia bractéosa), l'Ilomba (Pycnanthus angolensis), famille des myristicaceae, l'Okan, le Padouk (Ptérocarpus sauyoxii), famille des Fabaceae, le Bibolo (Lovoa trichilioïdes), famille des Méliaceae ... La liste des espèces floristiques est en annexe 6.1.

En plus du bois, on retrouve aussi les PFNLs dans ces FCs que les populations envisagent exploitér pour accroître leur revenu. Les PFNLs les plus exploités sont le "ndo'o" (mangues sauvages, Irvingia gabonensis), Trichoscypha acuminata, l'"Essok" (Garcinia lucida). La liste des PFNLs est en annexe 6.2.

La faune sauvage et aquatique

La faune de ces FC est très diversifiée. Ces forêts regorgent de grands mammifères tels que les gorilles (Gorilla gorilla) famille des cercopithécideae, le sitatunga ( Tragelaphus spekei), le mandrill (Papio sphinx) ; les amphibiens, les reptiles tels que la vipère, la tortue de forêt, le varan (varanus sp), le python (Python sebae), les oiseaux (pintade, calao...), les crustacées et les poissons (silure, tilapia...). La liste des espèces fauniques est en annexe 6.3.

3.1.2. Description des communautés

La communauté d'Akak s'étend sur 30 Km environ et regroupe 5 villages : Nkoélon, Afan Essokié, Akak, Doum Essamebenga et Nko'adjap. Ces villages sont essentiellement peuplés des bantous, particulièrement de l'ethnie Mvae, avec des clans différents. Il faut cependant noter la présence d'une communauté Bagyéli dans les villages Nkoélon et Afan Essokié. La FC d'Akak est gérée par le Groupement d'Initiative Commune des Agriculteurs du Canton Akak (GICACA) créé et légalisé en août 1999. Cette communauté travaillait avec une ONG locale appelée Soutien au Développement Durable - SDD - (GICACA, 2005).

La communauté de Biboulemam regroupe 3 hameaux : Biboulemam Centre, Biboulemam Angalé et Awomo. Biboulemam Centre et Angalé sont distants d'environ 500 m, par contre Awomo est à environ 2 km des deux autres hameaux. Cette communauté a été encadrée par une ONG locale appelée Réseau d'Appui à la Foresterie Communautaire -RAFCOM- (RDFCAB, 2006). Cette FC est gérée par le Rassemblement pour le Développement de la Forêt Communautaire et l'Agriculture de Biboulemam (RDFCAB).

Tya'assono est un village constitué de deux hameaux  qui datent de près de 115 ans : « NTET NGA'A » qui signifie « Cent armes » et « MBANG » qui signifie « Iroko ». C'est dans l'optique d'adhérer à la politique forestière (qui vise à gérer durablement les forêts tout en assurant un développement de façon durable) que cette communauté s'est constituée en 2003 en entité juridique dénommée Association pour la Forêt Communautaire de Tya'assono (AFSONO). Elle bénéficie de l'accompagnement d'une organisation locale d'appui, Stratégie d'Appui au Genre et à la Gestion Environnementale Durable (SAGED), (AFSONO, 2006).

Ces communautés ont bénéficié de l'appui des ONGs locales dans la rédaction des PSG. Les processus d'élaboration des PSGs ont commencé avec l'appui financier et technique de la SNV et des ONGs locales d'appui (SDD pour Akak, RAFCOM pour Biboulemam et SAGED pour Tya'assono). L'insuffisance des moyens financiers a interrompu les processus et c'est dès lors que l'élaboration des PSGs ont été relancées par le WWF.

Le tableau 4 présente les noms des villages et hameaux des différentes communautés

Tableau 4: Villages et hameaux des trois communautés.

Communautés

Villages

Hameaux

Akak

Nkoélon

Mvini

Afan Essokié

Ma'an

Akak

Akak 2

Nko'adjap

Assok bitandé

Doum Essamebenga

Bibabimvoto

Biboulemam

-

Biboulemam Centre

-

Biboulemam Angalé

-

Biboulemam Awomo

Tya'assono

-

Tya'assono 1

-

Tya'assono 2

Source : adapté de GICACA (2005) ; RDFCAB (2006) ; AFSONO (2006).

Le hameau Biboulemam Awomo est essentiellement constitué de Pygmées ; c'est l'un des plus importants campements Pygmées en périphérie du PNCM. Une minorité Pygmée est également rencontrée dans les hameaux Mvini et Ma'an dans la communauté d'Akak.

3.1.3. Description des Forêts communautaires

Lors de la rédaction d'un PSG, chaque entité juridique établit des micro-projets de développement qu'elle aura à réaliser avec les revenus obtenus de l'exploitation de la FC ainsi que des usages principaux et secondaires qu'elle fera dans ladite forêt. Les besoins prioritaires sont fonction des problèmes urgents exprimés par la communauté. Le tableau 5 récapitule les usages prioritaires et les micro-projets de développement que chaque communauté devrait réaliser suivant son PSG.

Tableau 5: Usages prioritaires et micro-projets de développement.

Forêts Communautaires

Akak

Biboulemam

Tya'assono

Localisation administrative

Département

Océan

Océan

Vallé du Ntem

Arrondissement

Campo

Akom II

Ma'an

Superficie des FC

5 000 ha

2 157 ha

1 649 ha

Usages prioritaires

A titre principal

- Exploitation durable des PNFLs et, - Agriculture écologique

- Exploitation durable du bois d'oeuvre, - Exploitation des PFNLs, - Agriculture écologique et, - Eco-tourisme.

- Collecte durable des plantes médicinales, - Production durable des PFLs et PFNLs et,

A titre secondaire

- Chasse et cueillette

- Chasse et cueillette

- Chasse durable

Micro-projets de développement

- Electrification villageoise, - Construction d'une case de santé, - Construction des forages, - Elevage et - Amélioration de l'habitat

- Construction d'un foyer culturel, - Construction d'une case de santé et - Amélioration de l'habitat

- Electrification villageoise, - Aménagement des sources d'eau potable, - Construction d'une case de santé

Source : adapté de GICACA (2005) ; RDFCAB (2006) ; AFSONO (2006).

Les trois communautés envisagent exploiter les ressources forestières (PFLs et PFNLs) et pratiquer de l'agriculture dans leurs FCs. La construction d'une case de santé communautaire fait partie des micro-projets des trois communautés, Akak est la seule communauté qui envisage faire de l'élevage.

3.2. Types et collecte des données

3.2.1. Types de données

Cette étude s'est appuyée sur les données primaires et secondaires.

Les données secondaires ont été collectées dans les ouvrages, les mémoires et les rapports scientifiques portant sur l'amélioration des conditions de vie, la gestion des ressources naturelles, l'analyse des moyens d'existence durables des populations locales. Les documents portant sur la gestion des FCs au Cameroun en général et dans le Sud Cameroun en particulier et les PSGs des FCs d'Akak, de Biboulemam et Tya'assono ont également été consultés.

Tous ces documents ont été trouvés dans les bibliothèques et les centres de documentation suivants : la bibliothèque de l'Université de Dschang, du CRESA Forêt-bois, du programme Kudu-Zombo (WWF-Campo), des Nations-Unies, de la GTZ (Coopération Technique Allemande) et du Centre d'Information sur la Documentation Environnementale (CIDE).

Les données primaires : la collecte des données primaires a été réalisée du 4 au 18 juillet 2008 dans la communauté d'Akak et du 11 au 30 septembre 2008 dans les communautés de Biboulemam et de Tya'assono.

Elles ont été collectées à travers des interviews semi-structurées auprès des populations riveraines à chaque FC, des chefs traditionnels, des autorités administratives (maires et préfets), du bureau des entités juridiques et des responsables des Organisations Non Gouvernementales (ONG) d'appui.

3.2.2. Outils de collecte des données primaires

La Méthode Active de Recherche et Planification Participatives (MARPP) a été utilisée pour collecter les données primaires. Selon Vabi & Togho (2002), la MARPP peut être définie comme un processus intensif, systématique, participatif et semi-structuré de collecte de données et d'apprentissage conjoint, conduit dans une communauté donnée par de petites équipes multidisciplinaires comprenant généralement des membres de la communauté.

Selon les mêmes auteurs, il existe des MARPP exploratoires, thématiques, de planification et de suivi/évaluation. Dans le cadre de cette étude, c'est la MARPP exploratoire qui a été utilisée afin de générer des informations d'ordre général sur le site de démarrage des activités liées ou non à l'exploitation des FC. Elle a permis d'avoir des indications de référence pour l'évaluation de l'impact dans les trois communautés.

Dans la boîte à outils de la MARPP, la carte participative, l'interview semi-structurée et l'observation directe ont été retenues pour les investigations sur le terrain.

Les cartes participatives ont permis de matérialiser la disposition des infrastructures et des ressources au sein des villages.

L'interview semi-structurée s'est faite sous forme de conversation contrôlée et structurée où quelques questions et sujets seulement ont été prédéfinis, le reste de la conversation s'est fait en posant les questions suivantes : quoi ? quand ? qui ? pourquoi ? comment ? où ? Un guide et une check-list ont été utilisés pour poser des questions ouvertes portant sur le thème de l'étude. Les nouvelles pistes ont été exploitées pendant le déroulement de l'interview.

L'observation directe s'est faite pendant les entretiens avec les populations locales et a consisté à observer les comportements ou les attitudes, et le milieu environnant.

3.2.3. Niveaux de la collecte des données

La collecte des données primaires s'est faite au niveau communautaire par les assemblées villageoises et les groupes cibles, au niveau intermédiaire avec le bureau de l'entité juridique et autres associations, et au niveau individuel par des enquêtes auprès des ménages. Trois guides spécifiques d'entretien ont été utilisés au niveau communautaire pour les assemblées villageoises, les groupes de femmes et de Pygmées. Au niveau intermédiaire, deux guides d'entretien ont été employés pour les membres du bureau de l'entité juridique, les chefs traditionnels et les responsables des organisations locales d'appui. Au niveau individuel un seul guide d'entretien ménage a été utilisé.

- Niveau communautaire :

L'Assemblée villageoise a consisté à réunir le village et d'aborder différents sujets de l'étude : l'état des infrastructures, les initiatives communautaires déjà réalisées ou en cours, l'effet genre et des minorités et les méthodes utilisées pour une gestion durable des ressources.

Les groupes focaux ont consisté à réunir d'une part les femmes entre elles et de l'autre les Pygmées pour aborder de manière plus détaillée les facteurs qui influencent leur intégration dans l'unité de gestion et autres associations. Les débats étaient aussi axés sur leurs AGR qui leur procurent le plus de revenus.

Les assemblées villageoises et les groupes focaux étaient sous forme de conversation contrôlée entre l'enquêteur et la communauté. A la fin de la conversation, les cartes participatives ont été dressées par les membres de chaque communauté durant les assemblées villageoises et font ressortir de manière globale, l'ensemble du paysage du village à savoir les différentes infrastructures sociales et affectations des terres (les espaces agricoles, UFA, PNCM...), les routes et autres aspects naturels du paysage. La photo 1 illustre la réalisation de la carte participative de Biboulemam.

Photo 1: Réalisation de la carte participative de Biboulemam par la population (Septembre 2008).

- Niveau intermédiaire :

Les membres du bureau des entités juridiques et des autres associations existantes dans le village ainsi que les chefs traditionnels étaient concernés dans cette catégorie. Les débats étaient surtout axés sur les facteurs qui influencent le fonctionnement de l'entité de gestion des EFC.

- Niveau individuel :

Durant les enquêtes après des ménages, il a été question de déterminer la taille et la composition du ménage, d'identifier les AGRs, les biens physiques ainsi que les revenus du ménage, les différents postes de dépenses et leur schéma de consommation.

Echantillonnage

Pour avoir un échantillon représentatif et diversifié, la collecte des données s'est faite à plusieurs niveaux (tableau 6).

Tableau 6: Récapitulatif des différents niveaux de collecte des données.

Communautés

Villages

Assemblées villageoises

Groupe de femmes

Groupe de pygmées

Ménages

Akak

Nkoélon

12

6

4

4

Afan essokié

7

-

-

4

Akak

7

4

-

0

Nko'adjap

10

-

-

0

Doum essamebenga

17

-

-

0

Total

5 villages

53 personnes

12 personnes

4 personnes

8 ménages

Biboulemam

Biboulemam centre et angalé

11

3

-

4

Awomo

8

3

-

0

Total

3 hameaux

19 personnes

6 personnes

-

4 ménages

Tya'assono

Tya'assono1

25

2

-

6

Tya'assono 2

8

-

-

5

Total

2 hameaux

33 personnes

2 personnes

-

11 ménages

Au total : 9 Assemblées villageoises (105 personnes), 6 groupes focaux (5 pour les femmes et 1 pour les Pygmées) et 23 ménages

3.3. Traitement et analyse des données

Les différents outils de collecte ont été traités ainsi qu'il suit : les guides d'entretien ont été dépouillés manuellement et les cartes participatives ont été dessinées manuellement dans les communautés puis améliorées par l'auteur. Les questions avec peu d'intérêt pour l'étude ont été écartées. Les questions ouvertes ont fait l'objet d'une analyse descriptive sur les différents objectifs. Les questions fermées ont été codifiées puis regroupées en bases de données dans les logiciels Microsoft Excel et SPSS. Les résultats des traitements des bases de données sont constitués des tableaux et fréquences simples, de diagrammes en bâtons et en camembert et des radars (pentagones). Ces résultats ont ensuite été répartis en fonction des différents objectifs.

1er Objectif : Etat des infrastructures socio-communautaires

Les infrastructures recensées sont les habitations, les écoles, les cases de santé communautaire, les points d'eau potable, les différentes sources d'électrification villageoise.

2e Objectif : Economie des ménages

L'économie des ménages regroupe le patrimoine des ménages, les AGRs, le schéma de consommation et les postes de dépenses. Le tableau 7 donne les différents postes de dépenses regroupés en différents capitaux ou formes d'acquis.

Tableau 7 : Différents postes de dépenses.

Humain

 

Social

 

Physique

 

Financier

Naturel

Alimentation

 

Cérémonies familiales

 

Crédit téléphonique

 

Tontine

Défrichement

Vêtements

 

Déplacements

 

Essence

 

 

 

Scolarité

 

Visites familiales

 

Gasoil

 

 

 

Santé

 

Offrandes à l'église

 
 
 

 

 

Boisson

 

loisirs

 
 
 

 

 

Tabac

 

 

 
 
 

 

 

Bien de première nécessité

 

 

 

 

 

 

 

A partir du total de chaque poste de dépense, un pourcentage pour chaque acquis a été calculé

3e Objectif : Facteurs influençant le fonctionnement des entités juridiques

Les différents facteurs identifiés sont d'ordre social, économique, institutionnel, technique et environnemental.

4e Objectif : Evaluation des moyens d'existence des différentes communautés

Une proposition des indicateurs a été faite sur la base des trois premiers objectifs. Le tableau 8 donne les différents scores qui ont permis d'évaluer les moyens d'existence des trois communautés.

Tableau 8 : Méthode utilisée pour l'évaluation des moyens d'existence.

Critères

 

Scores

Capital humain

 

1. Très bas

2. Bas

3. Passable

4. Elevé

5. Très élevé

Capital social

 

1. Très bas

2. Bas

3. Passable

4. Elevé

5. Très élevé

Capital physique

 

1. Très bas

2. Bas

3. Passable

4. Elevé

5. Très élevé

Capital financier

 

1. Très faible

2. Faible

3. Moyen

4. Elevé

5. Très élevé

Capital naturel

 

1. Pas disponible

2. Peu disponible

3. Moyennement disponible

4. Disponible

5. Très disponible

Les scores ont été affectés en fonction de la valeur que chaque indicateur présente pour une communauté donnée. La démarche de collecte des données a été résumée dans le tableau 9.

Tableau 9 : Récapitulatif de la démarche de collecte des données.

Objectifs

Sources d'information

Moyens de collecte

Variables à collecter sur le terrain

Variables à mesurer

Inventorier les infrastructures socio-communautaires dans les villages

- Communautés locales

- Rapport des GIC ou association

- Rapport du WWF

- Discussion avec les populations riveraines

- Observation

- Interview au niveau communautaire

- Effectif des écoles, le personnel enseignant, le nombre d'écoles et de salles de classe

- Etat des routes

- Fréquentation des centres de santé

- Nombre de maisons électrifiées

- Description de l'habitat

- Nombre de points d'eau potable

- Différents loisirs existants (terrain de foot...)

- Le nombre d'associations/communautés

- Le nombre de projets actifs et en cours de réalisation ;

- Niveau d'éducation de chaque communauté ;

- Le taux de réparation des routes

- Les pourcentages des cas de maladie, des types de traitement, le taux d'hospitalisation et les coûts pour certains traitements ;

- Le taux de maisons électrifiées

Analyser de l'économie des ménages

- Entité juridique

- Autres GIC ou association

- Rapport WWF

- Observation

- Interview au niveau individuel

- Recensement des activités rurales (pêche, agriculture, élevage, chasse et collecte des PFNLs ;

- Diverses dépenses des ménages

- Consommation en protéines animales ;

- Consommation en énergie ;

- Cheptel ;

- Biens à usage domestique (TV, radio, téléphone portable)

- Biens de production

- Contribution de chaque activité dans le revenu ;

- Les dépenses en fonction des acquis sociaux, physiques, financiers, naturels et humains ;

- Le taux de consommation en protéines animales ;

- Le taux de consommation en énergie

- Le recensement des biens/communauté

Déterminer les facteurs qui influencent la bonne marche des unités de gestion des FC

- Entité juridique

- Membre des associations

- ONG locales d'appui

- Discussion avec les membres de l'unité de gestion

- Observation

- Les facteurs social, économique et environnemental qui influencent le fonctionnement des entités juridiques ;

- Nombre de pygmées appartenant à l'unité de gestion

- Nombre de femmes/hommes dans l'unité de gestion

- Pourcentage des femmes et hommes dans l'unité de gestion ;

- Pourcentage de pygmées appartenant à l'unité de gestion

Evaluer les moyens d'existence des trois communautés

- Sur la base des trois premiers objectifs

- Observation

Identification du potentiel de chaque communauté en fonction des acquis

- Proposer des critères et indicateurs en fonction des différents acquis disponibles pour la communauté : les acquis sociaux, physiques, financiers, humains et naturels.

Chapitre 4 : RESULTATS ET DISCUSSION

Les résultats issus du traitement et de l'analyse des données sont présentés en quatre sections : description du profil socio-économique, analyse de l'économie des ménages, identification des facteurs qui influencent le fonctionnement des EFCs et évaluation des MEDs.

4.1. Profil socio-économique des trois communautés

Cette sous-section fait une analyse détaillée de la démographie, des habitations, des écoles, des cases de santé, des routes et autres infrastructures retrouvées dans les communautés d'Akak, de Biboulemam et Tya'assono.

4.1.1. Le milieu humain

Les communautés sont essentiellement constituées de Bantous avec différentes ethnies (Mvae, Bulu et Ntumu). La communauté Akak est constituée de l'ethnie Mvae, celle de Biboulemam de l'ethnie Bulu et celle de Tya'assono de l'ethnie Ntumu. Akak et Biboulemam abritent en leur sein une minorité Pygmée qu'on appelle généralement les Bagyéli. La figure 3 donne la démographie de chaque communauté. Les chiffres démographiques provenant des PSGs ont permis d'établir la figure 3.

Figure 3 : Démographie pour les trois communautés.

Source : adapté de GICACA (2005) ; RDFCAB (2006) ; AFSONO (2006).

La communauté de Biboulemam a la plus forte démographie, celle d'Akak et de Tya'assono sont semblables. A Biboulemam, le nombre d'adultes est plus élevé. Tya'assono enregistre le plus grand nombre d'enfants ; dans toutes les communautés, les femmes ont des effectifs intermédiaires (figure 3). La démographie des Pygmées et des Bulu de Biboulemam a été détaillée dans la figure 4.

Figure 4 : Effectifs des Bulu et des Bagyiéli de Biboulemam.

Source : adapté de RDFCAB, 2006.

La population Bagyéli constitue environ 11 % de celle Bulu : ce qui explique leur infériorité numérique par rapport aux Bulu. L'effectif des différentes composantes sociales sont identiques (figure 4).

4.1.2. Infrastructures socio-communautaires de base

Description de l'habitat : dans les communautés d'Akak, de Biboulemam et Tya'assono, chaque individu est propriétaire d'une concession. Les matériaux de construction varient d'un arrondissement à un autre. Le tableau 10 donne un aperçu des types d'habitats rencontrés dans chaque communauté. Dans ce tableau, les Pygmées n'ont pas été pris en compte car leurs habitations sont semblables.

Tableau 10 : Description de l'habitat.

 

Akak

Biboulemam

Tya'assono

Type d'habitat

planche

3

0

0

dur

1

1

2

semi-dur

1

3

3

terre battue

3

0

6

Sol

terre battue

3

3

3

ciment

4

1

7

carreaux

1

0

1

Latrine

plein air

2

3

2

fosse avec abri

4

1

7

moderne

2

-

2

Nombre de maisons enquêtées

8

4

11

Tous les ménages enquêtés vivent dans leur propre logement et aucune des maisons ne dispose de clôture ; aucun aménagement pour bétail n'a été rencontré et les cuisines sont extérieures à la maison principale sauf chez les Pygmées où elles en font partie intégrante. On note la présence des claies dans chaque cuisine : la claie est une étagère utilisée comme grenier où on sèche et garde des vivres ; elle est faite de raphia appelé communément « bambou » et est généralement située au dessus du foyer de la cuisine.

A Akak, le matériau de construction qui prédomine est la planche non rabotée. Ceci s'expliquerait par la proximité d'Akak de la côte où les températures sont assez élevées contrairement aux régions d'Akom 2 et de Ma'an où elles sont relativement basses. A Tya'assono, on retrouve beaucoup d'anciens fonctionnaires d'où l'importance des maisons en dur et en semi-dur. Une autre raison qui explique les 45% de maisons en dur et semi dur à Tya'assono est le type d'AGR qui est pratiqué. En effet, à Akak, l'activité qui procure le plus de revenu est la chasse contrairement à Tya'assono où c'est l'agriculture. Ces deux activités génèrent des revenus substantiels mais, ceux tirés de la chasse ne peuvent satisfaire à des investissements planifiés à cause de son inconsistance dans le temps. Ceux tirés de l'agriculture (surtout des cultures de rente) par contre, du fait de leur concentration dans le temps, offre une meilleure visibilité pour l'exécution d'un plan de financement.

Toutes les maisons rencontrées sont tôlées sauf celles où résident les Pygmées : on comprend que l'amélioration de l'habitat des Pygmées fait partie des projets communautaires mentionnés dans le PSG de la communauté Biboulemam.

Les toilettes sont à l'extérieur des maisons et un peu éloignées des habitations. Elles sont creusées comme une fosse sur laquelle on a mis des planches servant de support. Ces toilettes sont pour la plupart à l'air libre et entourée des feuilles de palmier ; les ménages les plus aisés les entourent avec des tôles mais ces maisons sont rares.

L'élevage intensif est inexistant dans ces communautés ; les animaux sont le plus souvent en divagation et se baladent dans le village en journée à la recherche des aliments puis reviennent le soir dans la cuisine de leur propriétaire.

Les écoles : le niveau d'éducation est variable dans ces communautés, le tableau 11 en donne un aperçu. La plupart des chefs de ménages rencontrés ont au moins le CEPE.

Tableau 11 : Niveau d'éducation dans les ménages enquêtés.

Niveaux d'éducation des membres des ménages

Akak

Biboulemam

Tya'assono

Jamais été à l'école

2

1

5

Pas en âge scolaire

6

3

4

Maternelle

2

-

-

Primaire en cours

8

3

12

Primaire sans CEPE

8

3

10

Primaire avec CEPE

3

5

7

Secondaire avec CEPE

9

2

14

Secondaire sans BEPC

4

1

1

Secondaire avec BEPC

5

2

5

Baccalauréat

-

-

1

Taille totale de la population

47

20

59

Sur notre échantillon, environ 6 % des enquêtés ne sont pas allés à l'école. Ce sont pour la plupart les personnes ayant entre 65 et 70 ans. Environ 16 % des enquêtés ont fait l'école primaire sans avoir obtenu un CEPE, 13,5 % ont arrêté les études avec un CEPE ; 18 % ont fait le secondaire jusqu'en classe de 4ième ; 5 % ont fait le second cycle du secondaire sans obtenir un BEPC et 10 % ont obtenu un BEPC. Un seul bachelier a été identifié dans notre échantillon ; il habite la communauté de Tya'assono et il est actuellement le responsable des opérations forestières dans cette FC.

Ces communautés ne disposent que des écoles primaires, les établissements d'enseignement secondaire sont situés dans les chefs lieux d'arrondissement tels que Campo, Akom2 et Ma'an. Les communautés de Biboulemem et Tya'assono ont chacune une école tandis que Akak (qui regroupe cinq villages) a deux écoles primaires situées dans les villages Nkoélon et Akak. Le tableau 12 donne les effectifs dans ces écoles pour l'année académique 2007-2008. D'une manière globale, ces trois communautés ne sont pas à l'abri des problèmes scolaires car dans les villages ou les hameaux défavorisés en école, les enfants parcourent des distances allant jusqu'à 8 km (allée et retour) pour se rendre en classe.

Tableau 12 : Effectifs des écoles primaires d'Akak, Biboulemam et Tya'assono.

 

Communauté d'Akak

Communauté de Biboulemam

Communauté de Tya'assono

EP de Nkoélon

EP d'Akak

EP de Biboulemam

EP de Tya'assono

Genre

F

G

Total

F

G

Total

F

G

Total

F

G

Total

SIL

11

16

27

12

18

30

16

18

34

8

14

22

CP

8

10

18

10

15

25

4

13

17

CE1

10

6

16

12

17

29

9

10

19

9

13

22

CE2

3

6

9

11

11

22

8

6

14

CM1

4

7

11

9

11

20

12

11

23

4

8

12

CM2

3

2

5

8

6

14

8

11

19

Total

39

47

86

52

78

130

37

39

76

41

65

106

Nombre d'instituteurs par école

2

3

1

4

Nombre de salles de classe

4

6

3

4

EP= Ecole Primaire, F = filles et G = garçons Sources : Inspections des enseignements de base des arrondissements de Campo, d'Akom 2 et de Ma'an (2008).

Les garçons sont plus nombreux que les filles et les effectifs des filles diminuent au fur et à mesure que l'on progresse dans les classes d'étude. D'une manière générale dans ces trois communautés, le nombre d'enseignants dans les écoles n'est pas proportionnel au nombre de classes (tableau 1).

L'école de Tya'assono a le plus grand effectif d'enseignants, peut-être parce que le PNDP a construit un logement pour le directeur et les instituteurs. Un autre problème majeur des écoles est l'insuffisance des salles de classe, donnant lieu au jumelage des niveaux de formation différents dans la même salle à l'école primaire de Biboulemam. 

L'école publique d'Awomo (campement Pygmées du village Biboulemam) a été construite pour soustraire les enfants Pygmées du mépris des Bulu. Du fait de la déserte des classes par les enfants Pygmées (privilégiant la chasse et autres AGR), une démotivation de l'enseignant s'en est suivie. Cependant, cinq enfants Pygmées fréquentent à l'école primaire de Biboulemam : un garçon et trois filles au CP, et un garçon au CE1.

Les effectifs des écoles de Nkoélon étaient de 31 élèves et ceux d'Akak étaient de 39 élèves en 2002. En 2008, on assiste à une augmentation de 64 % et 70 % respectivement pour les écoles de Nkoélon et d'Akak. Ceux de Biboulemam ont augmenté de 17 % car on est passé de 63 élèves en 2002 à 76 élèves en 2008. Les effectifs de l'école primaire de Tya'assono étaient de 103 élèves en 2002, soit une augmentation de 3 %. Les écoles d'Akak et de Tya'assono ont bénéficié d'un instituteur supplémentaire depuis 2002. La photo 3 montre l'école primaire de Tya'assono.

Photo 2 : Ecole primaire de Tya'assono (Septembre 2008).

Quelques statistiques socio-sanitaires : l'accès aux soins de santé reste un problème majeur. La seule case de santé communautaire fonctionnelle est celle de Biboulemam, celle d'Akak qui a été construite depuis 1997 avec l'argent provenant de la RFA n'a jamais été fonctionnelle. En plus des frais de traitement, la population doit payer les frais de transport pour se rendre à l'hôpital. Le tableau 13 donne quelques données sanitaires de notre échantillon.

Tableau 13 : Quelques données sanitaires au cours des 12 derniers mois.

Paramètre

Akak

Biboulemam

Tya'assono

Traitement moderne

11

7

22

Traitement traditionnel

4

4

5

Cas d'hospitalisation

7

6

11

Coût du traitement

Traitement < 5 000 frs

4

3

7

5 000 - 10 000 frs

4

4

4

10 000 - 20 000 frs

4

1

8

20 000 - 50 000 frs

2

1

1

50 000 - 100000 frs

0

1

1

100000 - 200000 frs

1

1

1

300 000 - 400 000 frs

-

-

5

Cas de maladies ces 12 derniers mois

15

11

27

Sur les cas de maladies enregistrés, 73 % à Akak utilisent un traitement moderne contre 64 % à Biboulemam et 81 % à Tya'assono. 60 % des cas de paludisme ont été recensés à Akak, contre 73 % et 26 % respectivement à Biboulemam et à Tya'assono. Les cas de rhumatisme sont rencontrés chez les personnes du troisième âge.

Près des 2/3 des malades recensés ont recours à la médecine moderne sauf chez les Pygmées où les traitements se font uniquement à base de plantes médicinales. Les cas d'hospitalisation sont rencontrés chez les malades qui ont recours à la médecine moderne. Ainsi, Tya'assono a le plus grand nombre de patients hospitalisés suivi d'Akak et de Biboulemam.

Le coût du traitement varie en fonction des maladies : pour le paludisme, il s'élève à 5000frs en moyenne et peut aller jusqu'à 20000 frs CFA pour les cas compliqués ; ceux compris entre 20 000 - 100 000 frs CFA sont pour les cas d'empoisonnement, de rhumatisme, mal de nerfs... ; et enfin les traitements qui varient entre 100 000 - 400 000 frs CFA sont les opérations chirurgicales, les maladies des yeux.

Dans la communauté d'Akak, un malade dépense en moyenne 6 000 frs CFA de frais de transport pour se rendre à l'hôpital de l'arrondissement le plus proche contre 3 000 frs CFA pour celui de Biboulemam ou de Tya'assono.

Fonctionnement de la case de santé communautaire de Biboulemam : l'ONG locale Fonds d'Appui à l'Auto-promotion des Groupes pour l'Environnement (FAGAPE) basé à Kribi depuis 1995, gère la case de santé communautaire de Biboulemam depuis le mois d'avril 2008. Cette ONG envisage mettre sur pied un comité de gestion (président, secrétaire, trésorier, commissaires aux comptes 1 et 2) pour la case de santé afin de gérer les bénéfices qui en découlent. D'après l'infirmier généraliste qui est le seul personnel soignant, les trois principales maladies qui affectent la population sont le paludisme, le rhumatisme et la fièvre typhoïde.

Cette ONG prend des médicaments à crédit dans les hôpitaux de Kribi et les revend à la population. Le tableau 14 dresse un compte d'exploitation sommaire après deux mois d'activités.

 
 

Nombre de patients

 

Coût d'achat en frs CFA

 

Recettes réalisées en frs CFA

 

Bénéfices obtenus en frs CFA

Mois

 

Homme

Femme

Enfant <15 ans

 

Août

 

7

11

5

 

30 000

 

95 000

 

65 000

Septembre

 

6

17

4

 

40 000

 

130 000

 

90 000

Total

 

50

 

70 000

 

225 000

 

155 000

Tableau 14 : Fréquentation de la case de santé communautaire de Biboulemam (Août à Septembre 2008).

Source : Case communautaire de Biboulemam (2008).

D'après le tableau ci-dessus, la case de santé a reçu 23 patients le mois d'août avec un bénéfice de 65 000 frs et le mois suivant, 27 patients avec un bénéfice de 90 000 frs. Il faudra quelques mois de pratique pour déceler les véritables tendances mais on assiste à une augmentation de 28 % des bénéfices en deux mois d'activités. L'infirmier touche une commission de 15 % sur les recettes du mois et envisage s'équiper en fonction de leurs bénéfices et des financements des bailleurs de fonds. Pour le moment, la case de santé communautaire compte deux lits d'hospitalisation situés dans une seule chambre et elle envisage augmenter ce nombre. La case communautaire de Biboulemam est illustrée sur la photo 3 :

Photo 3 : Case de santé communautaire de Biboulemam (Septembre 2008).

Aucune de ces communautés n'avait de case de santé opérationnelle en 2005 et 2006 lors de l'élaboration de leurs PSGs ; celle d'Akak reste non opérationnelle.

L'accès à l'eau potable : le forage est la seule source d'approvisionnement en eau potable dans les villages ; cette eau est utilisée pour la cuisine tandis que l'eau des rivières est utilisée pour les autres tâches domestiques. L'approvisionnement en eau potable pour la cuisine et autres tâches domestiques est une activité réservée aux femmes et aux enfants. Dans le but de rationaliser l'utilisation de l'eau potable de façon durable, et éviter que certains forages ne tarissent, il est parfois interdit d'utiliser l'eau du forage pour la fermentation du manioc. Mais en règle générale, le nombre de forages est réduit et l'accès à l'eau potable est un problème majeur (tableau 15).

Tableau 15 : Disposition spatiale des forages dans les trois communautés.

Communauté

Village

Nombre de forages

Année de construction

Initiateur

Canton Akak

Nkoélon

1

2004

SNV

Akak

1

2005

PNDP

Nko'adjap

1

2005

PNDP

Doum Essamebenga

1

2005

PNDP

Bibabimvoto

1

2005

PNDP

Total

5 forages

Tya'assono

Tya'assono

2

2001

Coopération Cameroun-Allemagne

Total

2 forages

D'après le tableau, Akak compte cinq forages pour quatre chefferies. Deux forages ont tari car d'après la population, ils avaient été mal creusés : c'est le cas du forage du village Nko'adjap (canton Akak) ; le second se trouve à Tya'assono. Le village Afan Essokié (Akak) et la communauté de Biboulemam utilisent l'eau de la source pour la nutrition et les divers travaux ménagers ; il en est de même pour le campement Pygmées d'Awomo. La photo 4 montre le forage du village Nko'Adjap (Akak).

Photo 4 : Forage du village Nko'Adjap, Akak (Juillet 2008).

Accès à l'électricité : l'électrification villageoise fait partie des projets communautaires mentionnés dans les PSGs des FCs d'Akak et de Tya'assono car elles ne sont pas nanties d'énergie électrique. La Société AES-SONEL n'alimente aucune de ces communautés. Certains ménages achètent des groupes électrogènes pour s'alimenter en électricité, d'autres utilisent des plaques solaires, le tableau 16 en donne un récapitulatif.

Tableau 16 : Disposition des habitations suivant les sources d'éclairage.

Communautés

 

villages

 

Nombre de maisons

 

Groupes électrogènes

 

Nombre de plaques solaires

 

Nombre de maisons électrifiées

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Akak

 

Nkoélon

 

13

 

1

 

-

 

1

 

Afan essokié

 

25

 

2

 

-

 

3

 

Akak

 

11

 

0

 

8

 

8

 

Nko'adjap

 

17

 

1

 

-

 

1

 

Doum essamebenga

 

12

 

3

 

-

 

2

 

Total

 

78

 

7

 

8

 

15

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Biboulemam

 

Biboulemam centre

 

22

 

1

 

-

 

-

 

Biboulemam angalé

 

11

 

-

 

-

 

1

 

Awomo

 

7

 

-

 

-

 

-

 

Total

 

41

 

1

 

-

 

1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Tya'assono

 

Tya'assono1

 

19

 

3

 

-

 

3

 

Tya'assono2

 

37

 

5

 

-

 

6

 

Total

 

56

 

8

 

-

 

9

La communauté d'Akak est la mieux lotie dans l'ensemble avec 7 groupes électrogènes et 8 plaques solaires (don de l'Agence d'Electrification Rurale en 2007). Biboulemam est le moins bien loti avec un seul groupe électrogène. Les Pygmées d'Awomo ne bénéficient pas de moyens d'électrification moderne.

Les plaques solaires et les groupes électrogènes ont des contraintes respectives de recharge en journée et d'approvisionnement en essence. L'électricité n'est donc généralement disponible que dans la nuit et n'est utilisée que pour l'éclairage des ménages.

Les routes : les trois communautés vivent dans des villages rues c'est-à-dire des villages situés le long d'une route. Le canton Akak est situé sur la route qui va de Campo-ville au PNCM, celui de Biboulemam est situé sur l'ex route Nationale N°7 Kribi-Ebolowa, et celui de Tya'assono est situé sur la route qui va d'Ebolowa à Ma'an-ville. Ces routes sont mal entretenues, surtout par les sociétés d'exploitation forestière qui abiment le plus ces routes car elles y font parvenir leur bois au port pour embarquement vers les pays importateurs. Il est prévu dans le cahier de charge des sociétés d'exploitation forestière (WIJMA près de Tya'assono et la Société Camerounaise d'Industrie et d'Exploitation du bois - SCIEB - près d'Akak) qui ont des UFAs en périphérie de ces villages, d'entretenir régulièrement les routes. Seule la société WIJMA fait des travaux de réhabilitation de la route au moins une fois par an.

Autres biens socio-communautaires : en plus des infrastructures de base citées plus haut, on a dénombré quatre églises (dont 2 en construction) et trois stades de football à Akak ; une église et un stade de football à Biboulemam ; quatre églises en construction et un stade de football ont été recensés à Tya'assono. Les autres biens communautaires incluent : la case éco touristique de Nkoélon, le foyer culturel de Biboulemam et le logement des enseignants de l'école primaire de Tya'assono.

La case éco touristique de Nkoélon a été construite par le PNDP en 2006 et elle est gérée par le Comité de Développement de Vigilance et Eco touristique (GIC CODERVIR ECOTOUR). Ce GIC légalisé a pour but principal d'escorter les touristes dans le parc moyennant une somme de 5 000 frs par touriste. En plus, il constitue un comité de vigilance pour lutter contre le braconnage car le village Nkoélon est situé à peu près à 10 km du PNCM. Les grands mammifères tels que l'éléphant, le gorille, le mandrill... constituent en effet une attraction pour les touristes. Le GIC organise aussi des danses culturelles pour distraire les touristes et leur montrer la culture Mvae qui est l'ethnie principale à Nkoélon et même dans toute la communauté Akak.

Le foyer culturel de Biboulemam a été construit par le PNDP en 2006. Doté d'un téléviseur, d'un VCD et d'un groupe électrogène, cette salle constitue le pôle de distraction du village. Cette salle est aussi utilisée pour diverses cérémonies (célébration des mariages, deuil etc...) ; ses chaises sont louées aux particuliers pour diverses manifestations.

Le logement des enseignants de l'école primaire de Tya'assono a également été construit par le PNDP en 2004. C'est un bâtiment construit en dur et moderne qui permet de loger tout le personnel enseignant de cette école. Elle permet de stabiliser les enseignants dans la localité.

D'une manière générale, ces communautés sont pourvues en infrastructures communautaires.

4.2. Economie des ménages

Il est question de présenter les biens naturels et physiques des ménages, leurs différentes sources de revenu ainsi que leurs postes de dépenses et enfin le schéma de consommation des ménages.

4.2.1. Patrimoine et Ressources des ménages

Les ménages possèdent des surfaces cultivables, un cheptel, des équipements de production ainsi que des biens à usage domestique.

- Patrimoine naturel

Il englobe les surfaces cultivables et les jachères de chaque ménage. D'une manière générale les terres abondent dans ces trois zones. Les surfaces cultivées par an varient entre 2 et 6 ha par ménage. Aucun problème de terre n'a été rencontré. Les titres fonciers sont inexistants et les terres ne sont acquises que par héritage. Les familles qui ont des vastes superficies cultivées (au delà de 4ha) sont celles qui ont des revenus suffisants pour le défrichement des parcelles et le suivi des cultures.

- Biens de production

Les biens de production regroupent les équipements de production (figure 5) et le petit élevage (tableau 17).

Figure 5 : Proportion des équipements de production.

Les filets et les fusils sont les équipements de production retrouvés à Akak ; ceci explique l'importance de la chasse et de la pêche dans le revenu des ménages (tableau 19). Par contre le nombre de tronçonneuses et de pulvérisateurs à Tya'assono explique la pratique intensive de l'agriculture (surtout le cacao, la banane plantain) car la tronçonneuse est utilisée pour abattre les arbres et étendre les surfaces cultivables. En plus des équipements de production, les ménages font de l'élevage domestique. Le tableau 17 présente la situation d'animaux par cheptel pour chaque communauté.

Tableau 17 : Inventaire du cheptel des enquêtés.

Cheptel

Akak

Biboulemam

Tya'assono

Ovins

8

0

10

Caprins

1

2

28

Porcins

0

12

35

Volaille

85

38

132

La volaille constitue le produit d'élevage dominant. Tya'assono a le cheptel le plus élevé. A Akak, la filière porcine n'est pas développée par rapport aux autres communautés, c'est pour cette raison qu'un GIC de la localité a mis en oeuvre un projet d'élevage des porcs qui a malheureusement échoué à cause d'un manque d'expertise des membres du GIC. Notons que le projet d'élevage fait parti des projets communautaires mentionnés dans le PSG d'Akak.

- Biens à usage domestique

Les biens à usage domestique sont ceux utilisés quotidiennement par les ménages ; le tableau 18 donne un inventaire des biens physiques recensés.

Tableau 18 : Patrimoine physique des ménages.

 

Communautés

Biens physiques

Akak

Biboulemam

Tya'assono

Moto

4

-

6

Vélo

1

1

5

Brouette

4

1

17

Porte-tout

0

1

4

cuisinière à gaz

4

-

6

réchaud à pétrole

1

2

8

machine à coudre

0

1

5

poste radio

10

6

18

télévision

4

2

9

VCD

1

-

3

antenne parabolique

0

-

2

groupe électrogène

4

2

9

téléphone portable

9

-

9

Appareil musical

-

-

2

réfrigérateur

-

-

3

machine à laver

-

-

1

machine à sécher

-

-

1

La distribution des biens à Tya'assono explique les dépenses liées au capital physique (confère figure 7). D'une manière générale, chaque ménage dispose d'au moins un poste radio à quatre piles. Malgré le fait qu'il n'y a pas de couverture pour le réseau téléphonique, quelques ménages ont des téléphones portables.

4.2.2. Activités Génératrices de Revenu

Les sources de revenus sont presque les mêmes pour chaque communauté, mais c'est la contribution de chaque activité dans le revenu des acteurs qui varie. Une identification des sources de revenus des ménages est présentée dans le tableau 19.

Tableau 19 : Revenu moyen annuel des ménages et leur provenance.

Communautés

Akak

Biboulemam

Tya'assono

Source de revenu

Culture annuelle

60 000

73 000

153 167

Culture pérenne

92 500

125 000

390 218

Élevage

25 750

30 000

125 583

Chasse

220 000

177 333

248 000

Pêche

52 667

10 000

156 000

Collecte PFNL

39 000

23 333

71 000

Petite entreprise

316 667

340 000

150 000

Artisanat

-

120 000

-

Salaire

268 000

1 200 000

1 708 000

Pension retraite

396 000

300 000

1 200 000

Moyenne des revenus annuels par ménage

614400,00

611000,00

888854,55

Ecart-type

94248,607

154889,208

378275,921

Erreur standard

42149,259

77444,604

114054,482

Intervalle de confiance à 95% pour la moyenne

Borne inférieure

497374,90

364536,71

634725,32

Borne supérieure

731425,10

857463,29

1142983,77

Minimum

517000

384000

546500

Maximum

731000

730000

1773000

Un ménage à Akak qui pratique l'agriculture a en moyenne 152 500 frs CFA de revenu par an (cultures annuelles et pérennes) ; ceux de Biboulemam et Tya'assono en ont respectivement 198 000 et 543 385 frs CFA. L'écart de revenu d'une communauté à l'autre est sans doute dû à l'activité pratiquée et au système de production utilisé. Ainsi, l'activité agricole est restée extensive à Akak alors qu'à Tya'assono, on y trouve quelques exploitations à système intensif. Ce constat induit la nécessité de soutenir l'activité agricole afin d'accroitre le revenu substantiel des populations des trois communautés.

A Akak, l'écart de revenu entre les ménages n'est pas très grand, ce qui explique une population où les individus ont un même niveau social. Par contre à Tya'assono, la variation de revenu entre les ménages est très grande d'où une grande différence de classe sociale et comme conséquence, on retrouve des ménages à revenu élevé et d'autres à revenu faible.

Les petites entreprises et la chasse rapportent le plus de revenu aux ménages à Akak ; à Biboulemam ce sont les petites entreprises et l'agriculture ; quant à Tya'assono, les activités qui rapportent le plus sont l'agriculture et la chasse. A Akak, pour un intervalle de confiance de 95%, le revenu moyen est compris entre 497 374 - 731 425 frs CFA. A Biboulemam, le revenu moyen est compris entre 364 536 - 857 463 frs CFA et à Tya'assono le revenu moyen est compris entre 634 725 - 1 142 983 frs CFA à l'intervalle de confiance de 95%.

Le tableau 19 a permis de faire une comparaison sur la contribution de chaque source de revenu dans les ménages qui est illustrée dans la figure 6.

Figure 6 : Contribution des AGRs dans le revenu des ménages.

Dans chacune des communautés, le type d'activité pratiquée a une influence sur le revenu des ménages. Ainsi, les ménages ayant les plus grands revenus sont ceux où l'on retrouve des fonctionnaires en service ou en retraite. Ceux vivant de la chasse et de la collecte des PFNLs ont les plus bas revenus tandis que ceux vivant de l'activité agricole ont des revenus intermédiaires. Par ailleurs la faiblesse du revenu issue de la chasse et de la collecte des PFNLs est tributaire de la baisse du potentiel faunique et de la saisonnalité des PFNLs.

L'activité agricole est très intense à Tya'assono ; une grande partie de la récolte approvisionne les pays voisins tels que la Guinée Equatoriale et le Gabon. Les cultures qui rapportent le plus dans cette communauté sont : le cacao suivi des concombres et des arachides. Le manioc est intensément cultivé dans ces trois communautés ; c'est d'ailleurs la culture phare des femmes. Ces dernières ont des groupes d'entraide pour les champs communautaires, transforment le manioc en « bâton de manioc » et les vendent dans les villes de Campo, Akom 2 et Ma'an. La faible contribution de l'agriculture dans le revenu des ménages à Akak est due à la dévastation des champs et au système agricole pratiqué : la population pratique une agriculture extensive.

La vente des produits de l'élevage à Akak est intense lors des périodes de Septembre à Janvier avec l'arrivée des touristes. A Tya'assono, les produits de l'élevage sont surtout la volaille et sont consommés pour la réception des étrangers.

L'inexistence des marchés dans les trois communautés a entraîné le développement du petit commerce qui inclut toute activité incluant la vente des produits alimentaires tels que les bâtons de manioc, « ovianga » (viande de brousse cuisinée), l'alcool, les biens de première nécessité (savon, huile, pétrole, sardine) et même les beignets. Le projet de création d'un marché rentre dans les ambitions des communautés d'Akak et de Biboulemam ; malheureusement, la population se plaint du fait que les communes de Campo et d'Akom2 ne veulent pas de concurrence dans ce domaine. Quatre boutiques ont été recensées à Akak, une à Biboulemam et cinq à Tya'assono.

Tya'assono est passé de 3 boutiques en 2006 à 5 boutiques en 2008 ; une supplémentaire dans le premier hameau et deux dans le second hameau.

4.2.3. Principaux postes de dépenses

Les affectations des revenus dans les différents acquis ont été calculées à partir des dépenses annuelles des ménages. Le tableau 20 donne les dépenses moyennes annuelles réparties dans les acquis humain, social, financier, naturel et physique.

Tableau 20 : Dépenses moyennes annuelles des ménages.

Postes de dépense

Akak

Biboulemam

Tya'assono

Capital humain

Bien de première nécessité

63 133

52 650

99 909

Alimentation

226 500

180 000

148 395

Vêtements

85 000

21 667

56 600

Scolarité

99 700

37 500

290 625

Santé

33 333

45 625

160 818

Boisson

134 000

129 667

297 200

Tabac

33 600

56 000

185 760

Total

675 267

523 108

1 239 308

Capital social

Cérémonies familiales

101 250

48 333

65 000

Déplacements

256 000

122 000

176 091

Visites familiales

33 000

30 000

57 375

Offrandes à l'église

17 250

20 200

28 327

Loisirs

37 500

 

162 000

Total

445 000

220 533

488 793

Capital physique

Gaz

-

-

16 000

Gasoil

-

-

510 000

Essence

97 200

-

83 175

Crédit téléphonique

62 600

111 000

53 050

Total

199 800

161 000

833 475

Capital financier

Tontine

360 000

60 000

162 000

Total

360 000

60 000

162 000

Capital naturel

Défrichement

40 000

50 000

171 250

 

Total

40 000

50 000

171 250

A Akak et Biboulemam, l'alimentation constitue le premier poste de dépense ; à Tya'assono c'est l'achat du gasoil pour le fonctionnement du groupe électrogène et le brûlis des cultures. Une autre dépense non négligeable inclut celle liée aux appels téléphoniques et à l'alcool. Les montants de ce tableau ont permis de déterminer les contributions des revenus sur les moyens d'existence. La figure 7 permet de visualiser les dépenses dans les différents acquis ou capitaux.

Figure 7 : Contribution du revenu sur les moyens d'existence.

Dans toutes ces communautés, les ménages dépensent la grande partie de leur revenu dans les acquis humains surtout dans l'alimentation, l'alcool et le tabac. A Tya'assono, les dépenses dans les acquis physiques sont plus élevées à cause du patrimoine du ménage (confère tableau 18). Les acquis financiers d'Akak et de Tya'assono s'expliquent par les tontines. Aucune de ces communautés n'investit dans le logement ou dans l'achat des terres mais elles utilisent de la main d'oeuvre pour défricher les parcelles de culture. La valeur du capital naturel à Biboulemam et Tya'assono explique la pratique de l'agriculture dans ces communautés car les superficies sont vastes et elles nécessitent l'utilisation de la main d'oeuvre pour défricher.

4.2.4. Schéma de consommation des ménages

Dans cette sous section, une analyse détaillée des différentes consommations des ménages a été effectuées. Il s'agit des consommations en protéines animales, en énergie et le taux de dépendance en protéines sur le marché.

- Consommation en protéines animales des ménages

La figure 8 donne les consommations en protéines animales pour chaque communauté

Figure 8: Taux de consommation en protéines animales.

La viande de brousse et le poisson constituent la principale source de protéines animales les plus consommées. A Biboulemam et Tya'assono, la chèvre est consommée pendant les cérémonies familiales ; c'est également le cas du porc à Tya'assono. La viande de boeuf est le plus souvent consommée lors des déplacements en ville.

La chasse ou la pêche n'est pas pratiquée par tous les ménages ; au moins les 80 % font le petit élevage. La figure 9 donne le taux de protéines acheté sur le marché.

Figure 9 : Taux de dépendance en protéines sur le marché.

A Akak, plus de 60% du poisson et de la viande de brousse sont issus des prélèvements : ce qui veut dire que moins de 40% des ménages ne pratiquent pas la chasse et la pêche. A Biboulemam et Tya'assono plus de 75% du poisson est acheté : donc seulement 25% des ménages font la pêche. D'une manière générale, un ménage sur trois achète le poisson et la viande de brousse aux particuliers, et trois ménages sur quatre pratiquent l'élevage. A Tya'assono, il y'a une forte dépendance sur l'achat des produits de chasse et de pêche et un grand niveau de prélèvement des produits d'élevage ce qui ramènne à penser à une grande présence du petit élevage dans chaque ménage.

- Consommation en énergie des ménages

Les sources d'énergie des ménages sont le bois de chauffe, le pétrole, le gaz, l'essence et le charbon ; la figure 10 donne les consommations d'énergie par communauté.

Figure 10: Consommation en énergie.

Les énergies les plus utilisées sont le bois et le pétrole. De ces sources d'énergies, le bois est utilisée pour le chauffage et la cuisson des aliments et supplée dans certains ménages d'Akak et de Tya'assono par le gaz domestique alors que le pétrole et le plus souvent utilisé pour l'éclairage dans les lampes tempêtes. Le taux élevé de consommation en essence et en gasoil à Akak et Tya'assono se justifie par l'utilisation des groupes électrogènes. Biboulemam est la seule communauté où le charbon est utilisé. L'essence et le gasoil sont également utilisés pour faire l'agriculture itinérante sur brûlis.

D'une manière générale, les AGRs n'ont pas changé depuis l'élaboration des PSGs des trois FCs. Les habitudes alimentaires restent les mêmes, surtout au niveau de la dépendance des populations sur la viande de brousse. Néanmoins la population se rend compte de la rareté progressive des ressources fauniques au fil des ans.

4.3. Facteurs qui influencent la bonne marche des unités de gestion des FCs

Cinq catégories de facteurs on été recensées : les facteurs sociaux, institutionnels, économiques, techniques et environnementaux ; le tableau 22 résume ces facteurs. Ces derniers ont des influences négatives et positives sur le fonctionnement des entités de gestion des FCs.

Tableau 21: Facteurs qui influencent le fonctionnement des entités de gestion des FC.

Types de facteurs

Akak

Biboulemam

Tya'assono

Facteurs sociaux

Nombre d'associations et GIC

11 (1 GIC légalisé)

2

2

Initiatives communautaires

2 projets réalisés et 5 en cours

1 projet réalisé et 3 en cours

Aucun projet réalisé et 3 en cours

Facteurs institutionnels

Genre et minorités dans le bureau de l'entité juridique

7 hommes et 4 femmes

4 hommes et 3 femmes Bulu, et 3 Pygmées

10 hommes et 3 femmes

Répartition membres du bureau par village ou hameau

Tous les villages sont représentés

Tous les hameaux sont représentés

Tous les hameaux sont représentés

Chantier d'exploitation

Surplus d'ouvriers

-

-

Communication entre la communauté et le bureau

Absence d'un feedback des informations

Absence d'un feedback des informations

Présence d'un feedback des informations

Disponibilité des membres du bureau

Absentéisme des membres du bureau

Absentéisme des membres du bureau

Présence de tous les membres du bureau

Facteurs économiques

Salaire des ouvriers de l'EFC

Salaires élevés

-

-

Exigence du partenaire

Refus de l'achat de certaines espèces par le partenaire

-

-

Fonds pour les travaux

Manque de fonds pour travaux

Manque de fonds pour travaux

Manque de fonds pour travaux

Facteurs techniques

Distance entre FC et village

Eloignement de la FC

Eloignement de la FC

-

Qualité du travail

Pénibilité du travail

-

-

Niveau de qualification du personnel

Manque de personnel qualifié

-

-

Facteurs environnementaux

Niveau de conservation des ressources

-

Protection des espèces médicales

Coupe illicite du bois

Certains facteurs sont identifiés seulement à Akak parce qu'elle a la seule FC qui a commencé l'exploitation forestière.

4.3.1. Facteurs sociaux

- Esprit associatif

Les entités juridiques sont avant tout une structure gérée par un groupe de personnes, ce qui lui confère un volet associatif. Si la loi camerounaise du 20/01/1994 recommande l'exploitation des FCs par un GIC ou une association, c'est parce qu'elle voudrait encourager la dynamique sociale au sein des communautés. L'esprit associatif est très évolué à Akak et un peu moins à Tya'assono et Biboulemam. Dans toutes les associations les femmes sont plus nombreuses que les hommes. Ces associations font des tontines, des groupes de travaux communautaires appelés communément « société ». Akak a deux associations exclusivement pour les femmes, Biboulemam et Tya'assono en ont chacune une. Ces résultats corroborent ceux de Nguenang, (2006) qui affirme que leur faible implication aux réunions organisées dans le cadre des FCs est paradoxale par rapport au dynamisme des femmes observé sur le terrain car elles sont mieux organisées et plus dynamiques autour d'une cause quand elles perçoivent leurs intérêts. La liste des GICs et associations recensés est en annexe 5.

- Initiatives communautaires

Les initiatives communautaires sont des projets initiés et développés par des associations et GIC au sein des communautés ; ces projets ne sont pas mentionnés dans le PSG.

Akak a déjà réalisé deux projets : un qui consistait à faire l'élevage des porcs mais qui n'a pas réussi car les porcs sont morts faute de suivi et de spécialiste. Le second projet consiste à gérer la case éco touristique de Nkoélon : ce projet est en exécution jusqu'à présent. Le projet que Biboulemam a exécuté en 2008 est la mise sur pied d'une case de santé communautaire qui fonctionne depuis le mois d'Août. La communauté d'Akak a cinq projets en cours, celles de Biboulemam et de Tya'assono en ont trois. La liste des projets est dans l'annexe 4.

4.3.2. Facteurs institutionnels

- Composition du bureau des entités juridiques

La loi de 1994 recommande que toutes les composantes sociales soient représentées dans les entités juridiques. Les pourcentages du genre et des minorités dans les entités juridiques des trois EFC ont été calculés et sont illustrés dans les figures 11 et 12 ci-dessous

Figure 12 : Répartition Bulu/Pygmées dans l'entité juridique de Biboulemam.

Figure 11 : Répartition du genre dans les entités juridique d'Akak, Biboulemam et Tya'assono.

Dans toutes ces communautés, les femmes sont représentées dans le bureau mais occupent des postes tels que secrétaire, commissaire aux comptes, conseillère et responsable des femmes. Néanmoins, à Akak c'est une femme qui est trésorière et elle est un membre très influent dans le bureau.

- Répartition des membres du bureau par village/hameau

Certains villages se plaignent d'une mauvaise répartition des membres du bureau par village. C'est pour cette raison que lors des dernières élections à Tya'assono, une répartition équitable par hameau a été faite. Mais d'une manière générale tous les villages sont représentés dans le bureau et dans l'EFC même s'ils n'ont pas le même taux de répartition. Les villages Afan Essokié et Akak ont à eux seuls, 37% des membres du bureau et 59% des effectifs des ouvriers de l'EFC. Cela peut s'expliquer par le fait que ces deux villages sont voisins et le délégué du GICACA est chef du village Afan Essokié et le village Akak est considéré dans le canton comme le village mère : c'est là que réside le Chef de canton.

Ce cas de figure où une majorité de la population se sent écartée du processus de gestion a également été observé dans la FC d'Endoum.

La population de Biboulemam se plaint de l'absence régulière de certains membres du bureau qui de ce fait ne font pas leur travail. C'est le cas du responsable des opérations forestières qui travaille à Yaoundé et n'est présent que les week-ends.

La communauté de Tya'assono a renouvelé son bureau en mai 2008 ; le nouveau bureau n'a pas encore effectué d'activités mais la communauté est confiante parce que le président convoque des réunions régulièrement où il rend compte de l'évolution des dossiers et montre une transparence dans la gestion.

La composition du bureau et la répartition des membres du bureau par village et par hameau sont dans l'annexe 3.

4.3.3. Facteurs économiques

Ces facteurs sont surtout rencontrés à Akak parce qu'elle a déjà deux années d'exploitation contrairement aux autres qui n'ont pas encore commencé.

1. Certains membres de la communauté se plaignent que le Délégué prélève 20% des revenus qui proviennent de l'exploitation comme son propre salaire ;

2. La communauté se plaint que les salaires sont trop élevés ;

3. Le GICACA a signé un contrat avec la société PARQUETCAM depuis 2006 pour une durée de cinq ans. Le problème qu'ils ont avec ce partenaire est dû au fait que celui-ci refuse de commander l'Azobé qui d'après le GIC abonde dans leur FC. L'Azobé figure parmi leurs essences à plus grande valeur commerciale.

4. Manque de fonds pour le lancement des travaux.

5. Grève des ouvriers à cause du retard des paiements des salaires ;

6. Certains membres de la communauté, particulièrement les jeunes (surtout les moins de 30 ans) pensent que l'argent issu de la vente du bois doit être partagé.

La non exploitation de l'Azobé fait partie des lacunes relevées lors de l'étude menée sur l'état des lieux des FCs au Cameroun. En effet ceci confirme les idées selon lesquelles certaines essences ne sont pas exploitées et les partenariats avec les opérateurs économiques ne sont pas toujours à l'avantage des communautés.

4.3.4. Facteurs techniques

Dans la communauté d'Akak, on note :

1. l'éloignement de la FC par rapport au village : les ouvriers doivent parcourir au moins un km pour se rendre au chantier et cela a un effet sur le rendement ;

2. la pénibilité du travail : le transport des débités de bois se fait sur la tête ;

3. le manque de personnel (scieur) qualifié. La communauté a été obligée de prendre les scieurs ailleurs (HEVECAM, Campo) ;

4. la population se plaint qu'il y a trop d'ouvriers pour un petit chantier ; certains membres du bureau n'assurent pas leur fonction correctement et que le délégué ne rend pas compte à la communauté des activités qu'il mène. 

Les trois communautés souffrent d'un manque de matériel de travail.

D'après le rapport sur l'état des lieux des FCs au Cameroun (MINFOF, 2006), l'un des acquis relevé est l'amélioration du personnel qualifié ; tout porte à croire que la FC d'Akak, n'a pas formé assez d'ouvriers.

Après deux années d'exploitation, la FC d'Akak n'a effectué aucune réalisation. Cela est en effet dû au fait que les revenus ont été utilisés pour les frais de fonctionnement, donc aucun bénéfice n'a été effectué. La non réalisation des projets communautaires fait également partie des lacunes observées dans le processus de FC. Les facteurs techniques et économiques ont des influences négatives à Akak. Ces facteurs sont pour l'instant inqualifiables dans les deux autres communautés car leurs FCs ne sont pas encore entrées en exploitation.

4.3.5. Facteurs environnementaux

La communauté de Biboulemam interdit aux populations de couper les essences telles que le Guibourtia demeusei (Bubinga), le Garcinia lucida (Essok) et le Garcinia kola (Biter cola) car ces espèces sont non seulement en voie de disparition et d'après la population, ces essences permettent également de soigner certaines maladies. D'après cette communauté, le Bubinga est un excellent médicament contre plusieurs maladies, l'Essok est un contre poison et le Garcinia kola soigne le mal d'estomac. Autre facteur environnemental identifié dans la communauté de Tya'assono, c'est la coupe illicite du bois. Certains paysans qui avaient certaines essences de grandes valeurs marchandes les vendaient aux exploitants forestiers à des coûts bas. D'après certains membres de la communauté, l'arrivée de la FC a diminué, voire même arrêté la coupe illicite du bois.

4.4. Evaluation des moyens d'existence durable

L'appréciation des indicateurs des moyens d'existence s'est faite en fonction de l'état des infrastructures sociales, des AGRs, des facteurs qui ont des effets négatifs sur le fonctionnement de l'entité juridique et des opportunités des diverses communautés (confère tableau 8). Ces critères et indicateurs sont présentés dans le tableau 22.

Tableau 22 : Critères et indicateurs d'appréciation des changements occasionnés par les FCs.

Critères

Indicateurs

Akak

Biboulemam

Tya'assono

Capital humain

Accès à l'éducation

4

3,5

4

Accès aux soins de santé

4

4,5

4

Accès à l'énergie

3

2

4

Accès à l'eau potable

3

1

3

Moyenne

3,5

2,8

3,8

Capital social

Niveau de vie associative

4

3

3

Niveau d'intégration des femmes et Pygmées

4

3

3

Initiatives communautaires

3

2

1

Moyenne

3,7

2,7

2,3

Capital physique

Présence des infrastructures sociales

3

3

3

Possessions physiques des ménages

3

2

4

Etat des routes

2

2

3

Qualité de l'habitat

3,5

2,5

4

Moyenne

2,875

2,375

3,5

Capital financier

Epargne

3,5

2

3

Revenu des ménages

3

3,5

4

Emploi dans le secteur formel

3

2,5

3,5

Petit commerce

3,5

3,5

4

Moyenne

3,3

2,6

3,2

Capital naturel

Disponibilité en produits agricoles

3

4

5

Disponibilité en viande de brousse

4

3,5

3,5

Disponibilité en PFNLs

5

5

5

Disponibilité en poisson

5

5

5

Disponibilité en terre

5

5

5

Moyenne

4,4

4,5

4,7

Ces indicateurs sont résumés dans les polygones des acquis présentés dans la figure 13.

Figure 13 : Polygone des acquis pour les trois communautés.

Un polygone est régulier lorsque tous les acquis égaux à cinq (5) et cela correspond à la situation idéale pour un individu car tous les acquis sont abondamment disponibles. Les polygones des acquis représentent la disponibilité de chaque acquis par communauté (figure 13).

Le capital humain a un score "passable" pour ces trois communautés car chacune dispose d'une école ; les populations ont accès aux soins de santé même si dans la communauté de Biboulemam, les coûts de santé vont être réduits à cause de la case de santé communautaire ; ces communautés ont accès à l'eau potable et à l'énergie sauf Biboulemam qui n'a pas de point d'eau potable. La différence des scores au niveau de l'accès à l'éducation est due aux effectifs des enseignants et au nombre de salles de classe qui est légèrement plus faible à Biboulemam.

Le capital social est plus élevé dans la communauté d'Akak à cause des initiatives communautaires déjà réalisées et du nombre d'associations qu'elle dénombre. L'esprit associatif n'est pas très développé à Biboulemam et Tya'assono car même si elles ont quelques associations, le nombre de membres est faible. Dans chacune des ces communautés, il y a des femmes dans le bureau de l'entité juridique, mais le taux de femmes est plus élevé à Akak.

Le capital physique est élevé à Tya'assono à cause des biens physiques, de la qualité de l'habitat et l'état de la route. Dans les communautés d'Akak et Biboulemam, la route n'est pas très bonne. La qualité de l'habitat et les biens physiques sont faibles à Biboulemam

L'épargne est élevée dans la communauté d'Akak à cause des tontines. L'emploi dans le secteur formel et le revenu moyen par ménage est assez élevé à Tya'assono car il y a quelques fonctionnaires et retraités. Toutes ces communautés ont des boutiques et font du petit commerce ; ce dernier est légèrement plus élevé à Tya'assono car ce commerce approvisionne les marchés du Gabon et de la Guinée Equatoriale.

Le capital naturel est élevé pour toutes ces communautés car elles ont toutes des ressources naturelles telles que les surfaces cultivables, la disponibilité en PFL et PFNL. D'après les observations faites sur le terrain, la disponibilité en gibier est légèrement plus élevée à Akak (à cause de la proximité du PNCM).

Chapitre 5 : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

5.1. Conclusion

Il était question pour cette étude de déterminer la situation initiale sur le plan socio-économique des communautés d'Akak, Biboulemam et Tya'assono. Ceci a été fait en identifiant les infrastructures socio-communautaires au sein de chaque communauté, en analysant l'économie des ménages, en déterminant les facteurs qui influencent le fonctionnement des entités juridiques en charge des EFCs et en proposant des indicateurs qui permettront de faire le suivi-évaluation au sein des communautés.

Les infrastructures de base recensées sont les habitations, les écoles, les centres de santé, les sources d'eau potable, les sources d'électricité et l'état des routes ; d'autres infrastructures ont également été recensées telles que les églises, les stades de football, la case éco touristique de Nkoélon, le foyer culturel de Biboulemam et le logement pour enseignant de Tya'assono.

Les AGRs incluent l'agriculture, la chasse, la pêche, la collecte des PFNLs, et l'activité salariale. Hormis les salaires et les pensions retraites, les activités les plus rentables à Akak et à Biboulemam sont le petit commerce et la chasse ; l'agriculture vient en troisième position ; à Tya'assono c'est l'agriculture et la chasse. Tya'assono dénombre le plus grand nombre de salariés et de retraités. Les dépenses des ménages sont plus orientées vers les acquis humains. Le produit d'élevage dominant dans les trois communautés est le poulet. Le bois de chauffe et le pétrole sont les sources d'énergie les plus consommées.

Comme facteurs qui influencent le fonctionnement des entités de gestion, le développement des initiatives communautaires et l'esprit associatif sont de bons atouts pour la communauté d'Akak ; l'interdiction aux populations de couper certaines essences à Biboulemam est un atout pour préserver les espèces en voie de disparition dans leurs forêts et jachères ; le dynamisme du nouveau bureau de AFSONO et la diminution de la coupe illicite du bois sont des atouts importants pour Tya'assono.

L'évaluation des moyens d'existence a montré qu'à Akak, les capitaux humain et physique ont une valeur passable, le capital social est élevé, les capitaux financier et naturel sont élevés. A Biboulemam, tous les capitaux ont une valeur assez faible sauf le capital naturel qui est élevé et à Tya'assono, tous les acquis sont assez élevés.

5.2. Recommandations

Au terme de ce travail, nous proposons les recommandations suivantes :

Le WWF devrait:

- accentuer les formations sur l'esprit d'entreprenariat pour renforcer les capacités des communautés ;

- encourager les différentes formes d'épargne surtout dans les communautés de Biboulemam et Tya'assono afin d'orienter les revenus issus des différentes AGRs ;

- encourager l'activité agricole et l'élevage ;

- s'assurer que les besoins des femmes sont pris en compte lors de la révision des PSGs ;

- encourager les initiatives communautaires ;

- renforcer les capacités des dirigeants et de permettre à tous les volontaires d'assister aux diverses formations organisées ;

- créer des activités parallèles comme c'est le cas de la gestion de la case éco-touristique de Nkoélon ou de la case de santé communautaire de Biboulemam ;

- encourager l'éducation sur la gestion durable des ressources naturelles dès le cycle primaire et de renforcer l'instruction primaire chez les Pygmées.

Les organisations locales d'appui devraient :

- encourager l'esprit associatif au sein de chaque communauté ;

- travailler en collaboration rapprochée avec les communautés ;

- accompagner les communautés dans toutes les initiatives ;

- être plus présentes dans ces communautés.

Les communautés d'Akak, de Biboulemam et Tya'assono devraient:

- continuer à développer les initiatives communautaires ;

- impliquer davantage les jeunes et les femmes dans la gestion des EFCs ;

- favoriser la création d'une section pour les activités des femmes (hormis la cuisine) et des jeunes qui pourrait permettre à ceux-ci de se sentir plus concernés dans le processus ;

- intégrer l'exploitation des PFNLs pour les femmes et les enfants lors de la révision des PSGs ;

- alterner les réunions entre Biboulemam centre et Awomo afin de contribuer à une meilleure intégration des Pygmées au sein de l'unité de gestion ;

- quant aux populations d'Akak, d'assurer une meilleur répartition des ouvriers au sein des villages ;

- les communautés doivent s'assurer que tous les membres de l'organe de gestion ont une résidence permanente dans leur communauté respective ;

- devraient se concentrer sur l'exploitation artisanale comme le préconise la Loi N°94 et cibler le marché local.

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