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Vécu psychosocial des fonctionnaires divorcés

( Télécharger le fichier original )
par Willy BAYIZERE
Université du Burundi - Licence en psychologie clinique et sociale 2011
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DU BURUNDI

FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES
SCIENCES DE L'EDUCATION :

DEPARTEMENT DE PSYCHOLOGIE

LE VECU PSYCHOSOCIAL DES FONCTIONNAIRES DIVORCES :

Enquête menée en Commune BUTIHINDA

Bujumbura, octobre 2011

Mémoire présenté et défendu publiquement en vue de l'obtention du grade de licencié en Psychologie

Option : Psychologie Clinique et Sociale.

Sous la Direction du:

Professeur Sylvère SAKUBU

Par :

Willy BAYIZERE

DEDICACE

A notre chère épouse,

A notre regrettée fille aînée ;

A nos enfants Audry, Alida, Liesse, Olga, Daniella;

A nos parents ;

A nos frères et soeurs ;

A nos cousins et cousines;

A la famille NSABIMANA Paulin Prosper;

A la famille NAHIMANA Olivier;

A la famille MISAGO Sébastien;

A la famille KAJABWAMI Valentin ;

A tous ceux qui nous sont chers;

Nous dédions ce mémoire.

REMERCIEMENTS

La présentation de ce travail est pour nous une occasion d'exprimer nos sentiments de satisfaction et de profonde gratitude envers toutes les personnes qui, de près ou de loin ont contribué à sa réalisation.

Nos remerciements s'adressent plus particulièrement au Professeur SAKUBU Sylvère, Professeur à la Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education qui, malgré ses multiples engagements, a accepté de diriger ce mémoire. Ses remarques et ses explications éclairées nous ont beaucoup aidé dans la réalisation de ce travail.

Que tous nos éducateurs, du primaire à l'Université du Burundi, en particulier ceux de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education, ayant contribué à notre formation tant morale qu'intellectuelle et à toute personne qui a accepté de nous entretenir et nous fournir des informations dont nous avions besoin, trouvent ici un grand merci.

Que ce travail fasse honneur aux familles NIBIZI Gabriel, RUNDITSE Jean Baptiste, BARUTWANAYO Aaron, BIGIRIMANA Corneille, NKERAMIHIGO Philippe, DOMINIQUE Grison ainsi que les membres de notre famille qui n'ont jamais cessé de témoigner l'intérêt qu'ils accordent à la réussite de nos études.

Nos sentiments de reconnaissance s'adressent à l'endroit de Mesdames NABUKENE Edith, NZEYIMANA Rosalie pour l'appui tant moral que matériel qu'elles nous ont témoigné sans cesse. Qu'elles trouvent à travers chaque page de ce mémoire l'expression de notre grande reconnaissance.

Notre profonde gratitude va envers tous nos amis et camarades de classe qui ont partagé avec nous des moments de bonheur et de difficultés. Qu'ils trouvent ici l'expression de notre attachement.

A toute personne qui, de près ou de loin, directement ou indirectement, nous a prêté main forte, nous disons merci.

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

A.A. : Année Académique

A.D.D.F : Association pour la Défense des Droits de la Femme

A.F.J. : Association des Femmes Juristes.

al : Collaborateurs.

B.O.B : Bulletin Officiel du Burundi

C.D.F. : Centre de Développement Familial

C.A.E.F : Communautés et Assemblées Evangéliques de France

E.N.S : Ecole Normale Supérieure

E.S.F. : Expansion Scientifique Française

Ed : Edition

F.P.S.E : Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education

FAWE : Forum for African Women and Education

Ibid. : Même auteur

O.N.G : Organisation Non Gouvernementale

O.M.S : Organisation Mondiale de la Santé

p. : Page

P.U.F   : Presses Universitaires de France

P.C.S : Psychologie Clinique et Sociale

T. : Tome

T.G.I : Tribunal de Grande Instance

U.C.L : Université Catholique de Louvain

TABLE DES MATIERES

DEDICACE..................... i

REMERCIEMENTS iii

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS iii

TABLE DES MATIERES iii

0. INTRODUCTION GENERALE 3

0.1. Justification du sujet 3

0.2. Délimitation du sujet 3

Ière  PARTIE : CADRE THEORIQUE ET CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES 3

CHAPITRE I: ELUCIDATION DES MOTS CLES 3

1.0. Introduction 3

1.1. Affinité 3

1.2. Amour 3

1.3. Union 3

1.4. Conflit 3

1.5. Mariage 3

1.6. Divorce 3

1.7. Couple conjugal 3

1. 8. Famille..................... 3

1. 9. Vécu psychosocial 3

CHAPITRE II: QUELQUES GENERALITES SUR LE DIVORCE 3

2.0. Introduction................ 3

2.1. Notion de divorce 3

2.2. Aperçu historique 3

2.3. Evolution du divorce dans le temps et dans l'espace 3

2.4. Origines étymologiques du mot divorce 3

2. 5. Position de différentes églises sur le divorce 3

2. 5. 1. Position de l'église catholique 3

2.5.1.1. Personnes séparées et divorcées non remariées 3

2.5.1.2. Divorcés remariés 3

2.5.2. Position de l'église orthodoxe 3

2.5.3. Position des églises de la fédération protestante de France 3

2.5.4. Position des églises protestantes évangéliques non membres de la fédération protestante de France 3

2. 5. 5. Conclusion 3

CHAPITRE III: LES PARTICULARITES DE L'AMOUR CONJUGAL 3

3.0. Introduction 3

3.1. Facteurs handicapant l'amour conjugal 3

3.1.1. Jalousie excessive 3

3. 1. 2. Routine sexuelle 3

3. 1. 3. Manque de dialogue 3

3.1.4. Disparition de la séduction 3

3. 1. 5. Obligations.............. 3

3.2. Biens et exigences de l'amour conjugal 3

3.2.1. Unité et stabilité du mariage 3

3.2.2. Amour des époux 3

3.2.3. Fidélité conjugale 3

3.3. Eléments clés pour s'épanouir dans le couple 3

CHAPITRE IV : PROBLEMATIQUE ET DEMARCHE METHOLOGIQUE. 3

4.1. Problématique 3

4.2. Objectifs de la recherche 3

4.2.1. Objectif général 3

4. 2. 2. Objectifs spécifiques 3

4. 3. Démarche méthodologique 3

4.3. 1 Méthode de recherche 3

4.3.2. Technique de collecte des données : l'entretien semi-directif 3

4. 4. Univers d'enquête ou population-mère 3

4. 5. Détermination des cas ou échantillonnage 3

4.6. Description du terrain d'enquête 3

4. 7. Déroulement de l'enquête 3

4. 7. 1. Pré enquête 3

4.7.2. Enquête proprement dite 3

4.8. Difficultés rencontrées 3

4.9. Procédé de traitement des données 3

IIème PARTIE: PRESENTATION DES CAS, ANALYSE DES DONNEES ET INTERPRETATION DES RESULTATS....................................43

CHAPITRE V: PRESENTATIONS DES MONOGRAPHIES 3

5.0. Introduction 3

5.1. Cas BISO 3

5.2. Cas DONI 3

5. 3. Cas SECI 3

5.4. Cas BIBI 3

5.5. Cas SIFI 3

5.6. Cas GAGA 3

5.7. Cas MAMI 3

5. 8. Cas BAJU 3

CHAPITRE VI: PRINCIPAUX FACTEURS DE DIVORCE SELON LES ENQUETES 3

6.0. Introduction 3

6. 1. Violence conjugale 3

6.2. Manque d'amour conjugal 3

6.3. Absences de fiançailles 3

6. 4. Maladie grave 3

6.5. Insuffisance de dialogue dans le couple et difficultés à communiquer 3

CHAPITRE VII : LES EFFETS DIRECTS ET INDIRECTS DU DIVORCE 3

7. 1. Conséquences du divorce liées à sa procédure 3

7. 2. Sanctions à l'égard de l'époux coupable 3

7. 2. 1. Sanction intervenant de plein droit 3

7. 2. 2. Sanction consistant en la condamnation de l'époux coupable 3

7. 2. 3. Dommages intérêts 3

CHAPITRE VIII. DIFFICULTES PSYCHOLOGIQUES DES FONCTIONNAIRES DIVORCES 3

8.0. Introduction..................... 3

8.1. Le fonctionnaire divorcé et ses sentiments 3

8. 1. 1. Sentiments de malaise 3

8. 1. 2. Sentiments de honte 3

8. 1. 3. Perte de l'estime de soi 3

8. 1.4. Sentiments de peur 3

8. 1. 5. Sentiments de culpabilité 3

8.2. Relations d'un fonctionnaire divorcé avec sa famille paternelle 3

8.3. Relations du fonctionnaire divorcé sur le lieu de travail 3

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 3

ANNEXES........................... 3

0. INTRODUCTION GENERALE

L'homme et la femme sont faits l'un pour l'autre pour qu'ils soient complémentaires en tant que masculin et féminin. C'est-à-dire qu'un homme peut éprouver des désirs sexuels envers une femme et vice versa. Souvent, ils peuvent transmettre la vie humaine par la procréation. Personne ne peut contester que ce qui fait honneur au mariage soit la stabilité de l'union conjugale.

Pourtant, il est un constat amer qu'il existe des ménages mal assortis, parfois même au point d'en arriver à la dislocation et aux divorces. Et pourtant, dans le projet du mariage, l'idéal est que ce dernier soit contracté dans un esprit de pérennité. La décision du mariage devrait reposer sur une attirance réciproque entre un homme et une femme et c'est ce qui constitue normalement l'essentiel d'une bonne entente.

Cependant, au moment de prendre leur engagement, les deux partenaires prétendent se connaître mutuellement mais au bout d'un certain temps, ils peuvent découvrir qu'il y a entre eux des divergences fondamentales. Il arrive des fois où des éléments extérieurs viennent troubler gravement une entente qui jusque là paraissait bonne. En ce moment là, la situation change dans le foyer et elle finit par devenir insupportable. La vie en commun n'étant plus possible, le divorce peut constituer une seule issue. Le divorce aussitôt prononcé, les deux conjoints commencent ainsi une vie solitaire sans assistance et sans complémentarité. Pour la plupart, leur revenu est réduit à moitié. Quant aux enfants, bien qu'ils ne soient pas responsables de la situation, ils sont obligés de souffrir comme leurs parents.

Sur ce point, TIECHE (1971, p.507) souligne que « le divorce est un phénomène social de plus en plus fréquent. Or, ajoute-t-il les difficultés qu'il implique, le malaise qu'il entraîne dans la famille, le tort immense qu'il fait aux enfants en font le fléau dont il est urgent de limiter les ravages ».

De manière générale, le divorce est un phénomène social qui s'observe dans toutes les sociétés aussi bien dans les pays développés que dans les pays moins développés. C'est un problème délicat entre les époux et qui a des conséquences néfastes affectant les victimes sur tous les plans: social, psychologique, moral, etc.

Dans le présent travail qui porte sur «le vécu psychosocial des fonctionnaires divorcés», notre objectif est d'essayer de comprendre des difficultés psychosociales que rencontrent ces derniers. Pour être mieux éclairé sur ce sujet, nous allons mener des investigations plus approfondies auprès de certains couples divorcés car nous estimons qu'ils sont mieux indiqués pour nous fournir des informations fiables.

0.1. Justification du sujet

Le choix du sujet à l'étude n'a pas été fait de manière aléatoire. La plus grande raison est la curiosité scientifique visant à déceler les difficultés psychosociales que vivent un homme et une femme dans leur situation de divorce. En plus, nous préférons aller au-delà de nos constatations et connaissances théoriques sur les situations de divorce. L'idée principale est de faire une analyse approfondie sur des relations entretenues par des personnes divorcées avec leur entourage en particulier la catégorie des fonctionnaires.

La motivation à entreprendre une telle étude est à la fois intrinsèque et extrinsèque. D'une part, c'est une occasion d'approfondir nos connaissances sur la situation qui semble être à la fois vécue sur un mode dramatique par une personne divorcée et d'autre part, de déceler les conséquences du divorce sur la vie psychosociale des concernés.

D'autres recherches ont été menées sur la thématique du divorce comme « Les déterminants du divorce en milieu urbain » par NJEBARIKANUYE Elias, « Problématique du divorce en milieu urbain » par NIJIMBERE Gédéon, « Problèmes psychosociologiques des enfants victimes du divorce » par NJENEZA Alice. Pour notre part, nous allons nous focaliser sur les difficultés psychosociales que vivent les fonctionnaires divorcés.

D' après les observations faites sur terrain, nous avons remarqué que la question de divorce est un sujet absent dans le débat public et demeure donc un sujet délicat pour la recherche. Elle a rarement fait l'objet d'études surtout en rapport avec le vécu psychosocial et, c'est pour cela que la littérature consacrée à ce sujet est assez maigre.

Nous comptons donc apporter une contribution si minime soit elle à l'étude de divorce qui, à notre connaissance, n'est pas encore suffisamment fouillée dans notre société. Enfin, la présente étude pourrait aussi contribuer à informer l'opinion en général, l'homme et la femme fonctionnaires en particulier, des écueils à éviter pour construire un couple épanoui.

0.2. Délimitation du sujet

Le sujet en question traite un thème déjà exploité, raison pour laquelle il importe de le spécifier et de le délimiter. En effet, à travers les mémoires que nous avons pu consulter, le domaine du divorce est un monde qui intéresse beaucoup surtout du point de vue du vécu de ces personnes divorcées suivant leurs catégories, que celles-là soient des rurales ou urbaines.

Pour nous, nos lectures nous ont laissé à notre soif et nous voulons satisfaire notre désir de savoir le vécu psychosocial des personnes divorcées mais cette fois -ci nous nous sommes limités sur la catégorie des fonctionnaires, car à notre connaissance, ce sujet n'est pas encore traité. En plus, nos personnes enquêtées sont des fonctionnaires divorcées officiellement de la commune BUTIHINDA. C'est là où réside la spécificité de notre sujet.

Le présent travail se subdivise en deux parties essentielles qui sont les suivantes : la première partie comprend le cadre théorique et considérations méthodologiques. C'est dans cette partie où nous avons élucidé les concepts clés, posé le problème de notre recherche, formulé les objectifs et montré la méthodologie pour atteindre ces objectifs ; la deuxième partie est consacrée à la présentation des cas, analyse des données et l'interprétation des résultats du terrain d'enquête.

Le travail se termine par une conclusion générale.

Ière  PARTIE: CADRE THEORIQUE ET CONSIDERATIONS

METHODOLOGIQUES

CHAPITREI: ELUCIDATION DES MOTS CLES

1.0. Introduction

Un mot peut avoir plusieurs sens selon les contextes dans lesquels il est utilisé et complique ainsi la compréhension de la théorie qui est construite autour de lui. C'est ainsi qu'il convient de l'expliciter dans ses divers aspects et préciser le sens retenu. Pour ce qui concerne, nous élucidons successivement les mots-clés suivants: affinité, amour, union, conflit, mariage, divorce, couple conjugal, famille, vécu psychosocial.

1.1. Affinité

Dans toutes les relations interhumaines, il doit y avoir des affinités. Le mot affinité a plusieurs définitions. Alain, (1969, p.21) signale qu'elle est en premier lieu : « l'alliance avec la famille de celui ou celle qu'on épouse». En droit civil : « c'est le degré de proximité et de quasi parenté que le mariage établit entre conjoints et parents de l'autre ».

Par extension, le mot affinité désigne toute alliance, liaison de ressemblance entre plusieurs choses, conformité, convenance, attraction entre les humains. Nous remarquons donc qu'à travers ces définitions, le mariage occupe une place très importante dans les affinités et les relations entre les époux

1.2. Amour

On ne peut pas parler de mariage entre hommes et femmes sans parler du concept d'amour car le mariage est précédé par l'amour. ROLAND DORON & FRANCOISE (1971 p. 33), définissent le terme amour comme : « un sentiment malheureux s'il n'est pas réciproque, et qui , s'il est partagé et satisfait dans la plupart des attentes, produit du bonheur; ce sentiment d'une personne s'adresse à une autre personne précise et fait désir à la première de recevoir la seconde et de lui donner des plaisirs (sexuels s'il s'agit d'adultes), de tendresse, de l'admiration , de coopération ou du moins ses satisfactions ». L'amour est un sentiment qui engage deux personnes entre autre un homme et une femme. Lorsque ce sentiment n'est pas réciproque, il produit du malheur et lorsqu'il est réciproque, il produit du bonheur.

Selon SATIR (1980, p.201) d'ajouter que : « l'amour est un sentiment puissant qui libère le potentiel d'une personne, lui permet de poursuivre ses rêves, crainte d'être jugé et de laisser de côté ses propres besoins au profit des besoins de l'autre. Ainsi, l'amour permet d'être patient et de ne pas perdre le sentiment de sa propre valeur tout en s'efforçant péniblement de comprendre l'autre, de surmonter les différences individuelles, de supporter le sentiment de solitude qui s'élève inévitablement de temps en temps quand chacun prend ses distances à l'égard de l'autre pour vivre sa propre vie ».

Cependant, il importe de signaler que l'amour est un élément très important dans la vie du couple conjugal, ensuite la compréhension mutuelle et la réciprocité sont des outils très nécessaires pour qu'on parle d'amour conjugal.

1.3. Union

C'est une relation réciproque qui existe entre deux ou plusieurs personnes, sentiments réciproques et relations suivies: vie en commun, liens de parenté. ROBERT (1980, p.250), a donné sa définition qui souligne que l'union de l'homme et de la femme dans un couple est : « une union conjugale, légitime et cette dernière se forme une fois que le mariage est consommé ». Ainsi, pour notre travail, il a été surtout question de l'union conjugale qui se fait entre les époux.

1.4. Conflit

Le mot conflit vient du latin « confligère » qui signifie « choquer » ou « combattre ». Il existe une situation de conflits chaque fois que deux ou plusieurs groupes sont en antagonisme déclaré, en désaccord violent à l'occasion d'intérêt ou d'idées qui les opposent. BIROU (1969, p.31), définit le conflit comme : « une situation de lutte où chacun des adversaires utilise divers moyens pour contraindre l'autre à capituler dans ses ambitions ».

Ainsi, les conflits sociaux sont aussi nombreux que diverses formes d'oppositions et de lutte dans les relations comme nous les observons dans les ménages burundais. Dans notre travail, le mot conflit a été considéré comme une source de rupture des liens conjugaux existant entre deux conjoints.

1.5. Mariage

En étudiant le vécu psychosocial d'une personne divorcée, on ne peut pas passer outre le terme mariage car la dissolution de ce dernier ne peut y avoir que s'il a été consommé. SILLAMY (1980, p.280), définit le mariage comme : « une union solennelle d'un homme et d'une femme, l'un des actes les plus importants de l'existence, car il engage profondément leur avenir ». Cependant, le mariage n'est pas toujours attesté par une union solennelle notamment dans le Burundi traditionnel où les hommes et les femmes se mariaient sans qu'il y ait célébration civile ou religieuse.

BIGANGARA (1975, p.77) donne la définition du mariage coutumier burundais comme : « la cohabitation volontaire et stable de deux personnes de sexes différents après accord et entente de leurs familles respectives reconnues par la coutume, en vue de la procréation, de l'éducation des enfants, d'un épanouissement dans l'amour et dans l'aide mutuelle ».

En effet, le mariage est célébré publiquement et par conséquent, c'est un acte public par lequel un homme et une femme décident de s'unir légalement en se reconnaissant engagés ensemble avec des droits et des devoirs réciproques. Le mariage est un phénomène qui, chez tous les peuples, fait l'objet d'une réglementation juridique. Même si le mariage sous - tend une bonne cohabitation d'un homme et d'une femme et que cette cohabitation revêt un caractère d'amour et de stabilité, des perturbations tant internes qu'externes peuvent provoquer des mésententes à l'intérieur des couples jusqu'au point d'en arriver à la dissolution, au divorce. Ce qui entraîne des conséquences majeures sur le vécu psychosocial de la personne divorcée.

1.6. Divorce

Le divorce peut être défini comme un jugement prononçant la rupture d'un mariage. Selon le premier axe de définition : « le divorce est une rupture légale du lien conjugal ». (SILLAMY 1980, p.50). Au sens étroit d'après un autre axe de définition ce terme consiste : « en la rupture totale et définitive des liens conjugaux». (SILLAMY 1969, p.60)

Le divorce d'un couple entraîne des conséquences dans tous les domaines. Nous voyons que dans toutes ces définitions, le divorce est défini légalement, donc sa procédure s'institutionnalise avec la présence du juge le jour de sa rupture.

1.7. Couple conjugal

Le terme conjugal qui vient du mot conjoint va dans le sens des personnes jointes et unies par amour. Qui dit couple conjugal veut dire comme le précise SILLAMY (1980, p.305) : « une union ou une relation entre homme et femme qui s'impose comme réalité biologique et social ». Cette définition de SILLAMY ne mentionne pas que cette réalité est aussi de nature psychologique.

MUCCHIELLI (1980, p.11) souligne que : « la grande majorité des auteurs reconnaissent aujourd'hui un couple comme une réalité interpersonnelle originale». Et pour ce dernier, la définition ne suffit pas car la relation dans un couple n'est pas seulement une relation cimentée par l'amour conjugal.

CAHEN R. cité par MUCCHIELLI (1980, p.11) indique dans son article que : « le couple n'est pas seulement le cadre formel d'une vie à deux, mais un centre dynamique où les forces interfèrent avec les formes et les conditions ». Selon cet auteur, le couple conjugal n'a pas seulement attesté par le cadre formel mais les forces psychologiques et sociales de deux époux de leurs familles.

André LAMARCHE (cité par MUCCHIELLI, 1980, p.41) montre dans son article qu':« un couple, ce n'est pas seulement une paire de gens qui ont décidé de vivre ensemble et qui sont unis par des liens juridiques du mariage, un couple ne se fonde et dure dans la mesure où il a une vie commune, qui représente l'intimité du couple, où il y a territoire du couple, existant pour les deux, dépendant des deux, appartenant aux deux».

Un couple, en procréant, forme une famille. Une vie profonde du couple est d'abord d'ordre sexuel, puisque fondée sur les échanges et sur la complémentarité entre deux partenaires sexués. Pour DEHARVENG (cité par MUCCHIELLI, 1980, p.81) le couple : « c'est une union de deux personnes en vue d'entretien réciproquement, de la génération et l'éducation des enfants».

Pour la définition du couple conjugal, dans notre travail de recherche, nous retiendrons celle de DEHARVENG (cité par MUCCHIELLI, 1980 p.81), il s'agit de deux personnes qui s'unissent et qui ont généralement des enfants et dans ce dernier cas, on parle de famille.

1. 8. Famille

Le mot famille est un terme général qui s'applique à diverses réalités. De ce fait, plusieurs auteurs définissent ce terme de différentes manières selon leur spécialité et leur conception. Ainsi, pour SILLAMY (1980, p.60), la famille est définie au sens large comme : « un ensemble d'individus unis par des liens de mariage, du sang, de l'adoption qui vivent ensemble un même toit ou séparés, qui se connaissent au foyer commun». Au sens étroit, elle désigne « une totalité de personnes d'une même maison: femme, enfants, domestiques soumises à l'autorité ».

En analysant toutes ces définitions, il est très difficile d'en donner une définition unique et précise. En effet, ces deux définitions montrent que SILLAMY se base sur deux caractéristiques à savoir le même sang et le toit commun.

MAC IVER (1973, p.70) lui aussi donne son point de vue à propos de la définition de la famille à savoir « une relation sexuelle, suffisamment précise et durable pour pourvoir à la procréation et à l'éducation des enfants ».

Il distingue cinq caractéristiques essentielles de la famille:

· un rapport conjugal;

· une forme de mariage qui permet d'établir et de maintenir le rapport conjugal;

· un système d'appartenance normale qui implique une forme de dénombrement des descendants;

· des ressources économiques communes, mais particulièrement destinées aux besoins de la nourriture des enfants;

· une habitation, un foyer et des objets communs.

Les deux auteurs convergent sur deux points importants autour desquels tournent leurs opinions. Il s'agit de la famille nucléaire et de la famille étendue. La première est la forme la plus restreinte et la plus élémentaire dans l'organisation-formation. Elle constitue la production de la société et de son organisation à une échelle restreinte.

En effet, c'est dans la famille nucléaire que se transmettent les symboles, les formes et valeurs morales de la société. Quant à la famille étendue répondant aux relations multiples et variées, elle montre le degré illimité de la famille.

Concernant notre société, BINDARIYE (2006) dit que l'emploi du terme «famille» exprime donc à lui seul trois degrés selon lesquels on distingue trois sortes de familles à savoir :

· La famille parentale comprenant plusieurs familles moyennes soumises à une même autorité paternelle;

· La famille clanique qui regroupe plusieurs familles parentales et qui ont un ancêtre commun;

· La famille ménage composée du mari, de sa femme et de ses enfants.

Quand nous essayons d'analyser toutes ces définitions données par différents auteurs, nous retenons en ce qui concerne notre sujet de recherche que la famille est un groupe biologique, fondé sur les instincts et qui est symbolisé par la relation triangulaire: «père - mère - enfant». C'est donc la famille nucléaire au vrai sens du terme.

1. 9. Vécu psychosocial

Il s'avère impérieux de définir le groupe de mots «vécu psychosocial» séparément. Le mot «vécu» peut être considéré comme l'auto perception ou l'image de soi. C'est donc la situation éprouvée par une personne par rapport à son passé, son présent et la façon dont elle se présente et se projette dans l'avenir. Le vécu psychosocial désigne ici une corrélation indissociable entre la vie personnelle et la réalité sociale.

En effet, l'homme est considéré en situation sociale, face à un environnement socio culturel qu'il contribue par ailleurs à créer. Son expérience personnelle se matérialise ainsi dans la vie collective comme le souligne BADIN (1971, p.5) : «En réalité, l'homme et la société ne sont pas exclusifs (...). L'homme naît au sein d'un groupe social (...) Il est pratiquement impossible de vivre et de se développer en dehors de la société.

Il y a un lien indissociable entre l'histoire individuelle du sujet et la réalité sociale au point qu'on a pu dire que le social vit en chacun de nous ».

Nous remarquons que le vécu psychosocial s'intéresse au domaine de l'interaction, notamment celle des personnes et des groupes dans le cadre de la vie quotidienne. Par le vécu psychosocial, nous entendons au bout du compte une manière de vivre pour une personne influencée par l'environnement socioculturel.

1.10. Conclusion

Après avoir donné le sens des mots clés de notre étude tels que affinité, amour, union, conflit, mariage, divorce, couple conjugal, famille, vécu psychosocial, nous avons développé certaines généralités en rapport avec le divorce. C'est l'objet du chapitre qui va commencer dans les lignes qui vont suivre.

CHAPITRE II: QUELQUES GENERALITES SUR LE DIVORCE

2.0. Introduction

Tout homme fait l'expérience du mal autour de lui et en lui-même. Cette expérience se fait aussi sentir dans les relations entre l'homme et la femme. De tout temps, leur union est menacée par la discorde, l'esprit de domination, l'infidélité, la jalousie et par des conflits qui peuvent aller jusqu'à la haine et la rupture. Ce désordre peut se manifester de façon plus ou moins aigue et il peut être plus ou moins surmonté, selon les cultures, les époques, mais il semble bien avoir un caractère universel. Dans ce chapitre, nous avons développé la notion de divorce, l'aperçu historique du divorce, l'évolution du divorce dans le temps et dans l'espace, les origines ethnologiques du mot divorce ainsi que la position des différentes églises sur le divorce.

2.1. Notion de divorce

La loi n° 1/1 du 15 Janvier 1993 portant code des personnes et de la famille définit le divorce. « Elle précise qu'il existe deux sortes de divorces à savoir le divorce pour cause et le divorce par consentement mutuel ». Ce divorce pour cause déterminée n'est possible qu'après la disposition des articles 158 et 159 qui dans les cas limitativement prévus: l'adultère, les excès, les sévices et les injures graves et la condamnation de l'un des époux pour un fait entachant l'honneur peut d'après les circonstances constituer une cause de divorce.

Concernant le divorce pour consentement mutuel, il peut être prononcé en cas de double volonté exprimé conjointement ou lorsque par demande de l'un des époux, dans une action en divorce pour cause déterminée, l'autre reconnaît le bien fondé de la demande et donne son consentement. Quand on recourt au cas, on donne la définition du divorce d'après DEPAGE (1966, p 150), qui dit que « le divorce est la dissolution complète et définitive du lien conjugal pour l'avenir ». C'est la rupture d'un mariage valable, prononcé par la justice du vivant des époux, pour l'une des causes spécifiées par la loi en vertu de leur double volonté exprimée d'une manière persistante et solennelle.

2.2. Aperçu historique

Le divorce sous la forme actuelle est la résultante d'une synthèse entre tradition vieille de plusieurs siècles et évolution des mentalités dans le temps et dans l'espace. JANIER (1976, p.80), explique  que : « les civilisations anciennes et notamment les peuples hébreux, égyptiens et grecs connaissent déjà de divorce, mais c'est à Rome que le divorce prit  naissance et qu'il connut sa forme moderne».

L'alcoolisme qui s'appelait alors consommation du vin, était déjà une cause de divorce. Les Romains eurent le choix entre deux types de procédures: le divorce par consentement mutuel dit: «divortium bana gratia» et la répudiation de «repedium».

Le droit au divorce disparut avec l'emprise sur le droit canon du mariage car le christianisme s'est montré résolument hostile au divorce. A ce sujet, de nombreuses alternatives ont été avancées et différentes réactions ont été mises en avant à travers différentes époques jusqu'à ce que la libéralisation du divorce soit consacrée non seulement en France, mais également sur toute étendue de l'Europe.

A ce sujet de divorce, BOULANGER & al (1966), se sont exprimés en disant qu'en France, le principe d'indissolubilité du mariage a triomphé quand l'église catholique a obtenu un pouvoir de légiférer et de juger en matière matrimoniale. Ce principe a été d'abord discuté dans sa portée car si les textes évangéliques de Saint Luc et de Saint Marc contiennent une prohibition absolue du divorce, le droit canonique admet cependant des tempéraments à la rigueur de la prohibition du divorce. Il s'agit de la théorie des nullités du mariage qu'on développe artificiellement pour mettre fin à des unions malheureuses sans pour autant déloger un principe de stabilité de mariage. Encore plus pour BOULANGER le droit canon autorisant encore dans certains cas où la vie commune est devenue insupportable, la séparation de corps également appelé divorce des catholiques.

La séparation des corps est un diminutif du divorce dans la mesure où elle dispense du devoir de la cohabitation sans mettre fin au lien conjugal; les époux ainsi séparés restant tenus du devoir de fidélité. En résumé, on peut dire que le mariage civil qui a été longtemps la règle l'est demeuré tant que le mariage du droit civil l'a révélé.

2.3. Evolution du divorce dans le temps et dans l'espace

Pour ROUSSEL (1979) depuis le dix-neuvième siècle, dans les pays occidentaux, le nombre de divorce est en constante progression. En France en 1960, on comptait un divorce pour douze mariages, en 1977, cette progression était de un pour huit. Au pays Bas, selon une étude de Kopp, 10 personnes sur 100 des mariages contractés entre 1940 et 1945, ont aboutit à la séparation. Cette progression linéaire suggère que le pourcentage des divorces des personnes mariées entre 1966 et 1970 sera de 20 personnes sur 100 des cas. Kopp montre que les divorces sont autant fréquents que les hommes sont mariés à 19 ans, contre 12 personnes sur 100 pour ceux qui sont mariées à 30 ans.

Le même auteur poursuit en disant que des chiffres semblables sont obtenus aux Etats- Unis. Le taux de divorce est de 100 personnes sur 150 et, lorsqu'il s'agit de jeunes gens, 33 personnes sur 100 divorcent. On peut appliquer cette augmentation par la conjonction des trois phénomènes: la mise en question de la famille sous sa forme traditionnelle, l'émancipation des femmes, l'assouplissement de la législation. ROUSSEL dit aussi que lorsque l'épouse a une activité professionnelle, les divorces sont quatre fois plus fréquents lorsqu'elle se consacre exclusivement à sa famille.

Longtemps interdit dans les pays catholiques; le divorce a fini par être toléré en cas de faute grave d'un ou des deux époux. En France, ce n'est que depuis la loi du 11 juillet 1962 qu'un mariage peut être dissout par consentement mutuel.

Au Burundi, aucune enquête n'a été effectuée sur l'historique de divorce en ce qui concerne son évolution dans le temps et dans l'espace. D'après les visites que nous avons effectuées auprès de l'ADDF, FAWE, AFJ, NTURENGAHO, CDF, des associations supposées mieux indiquées en la matière, la question du divorce n'est pas sur plateau, pour dire qu'on ne peut pas donner des statistiques sur le divorce au Burundi.

2.4. Origines étymologiques du mot divorce

Le mot divorce a plusieurs origines étymologiques. Pour ROSSEL (1979), dans la période ancienne et plus précisément en Grèce, on employait le terme «repudiare» pour designer la dissolution du mariage par l'homme sans la consultation de sa femme. Ce mode de divorce représentait bien la place de la femme dans la société patrimoniale rigide. Ensuite, l'usage du mot «divertere» anciennement «divortere», s'est appliqué à la femme initiant une procédure de divorce. Le terme impliquait l'intention de la femme de se séparer du chemin de son mari. Enfin, on vit apparaître «dimeltere» (dissoudre) qui avait le même sens que «divertere» mais d'un usage plus neutre ce qui signifie à cette époque que la dissolution de la vie conjugale n'engage que la femme uniquement. Dans un temps très ancien, le divorce était donc unilatéral de la seule volonté d'un de deux conjoints alors que plus tard, il pourrait aussi être qualifié de bilatéral, contracté par deux époux.

2. 5. Position de différentes églises sur le divorce

Il nous semble intéressant et nécessaire de rappeler la position des différentes églises en face de ce phénomène social qu'est le divorce. Nous avons choisi de présenter quatre courants différents qui nous semblent résumer les points de vue. Nous avons développé successivement la pensée catholique, la pensée orthodoxe, celle de la fédération protestante de France et celle des églises protestantes évangéliques non membres de la fédération protestante de France. C'est BOUCHAUD & al (2007) qui donne la position de ces différentes églises sur le divorce.

2. 5. 1. Position de l'église catholique

2.5.1.1. Personnes séparées et divorcées non remariées

Divers motifs tels l'incompréhension réciproque, l'incapacité de s'ouvrir à des relations interpersonnelles, etc., peuvent amener à une blessure douloureuse, souvent irréparable du mariage civil. Il est évident que l'on peut envisager la séparation comme un remède extrême après que l'on ait vraiment tenté tout ce qui était raisonnablement possible pour l'éviter.

La solitude et d'autres difficultés encore sont souvent le lot du conjoint séparé même s'il est innocent. Dans ce cas, il revient à la communauté environnante de le soutenir plus que jamais, de lui apporter estime, solidarité, compréhension, aide concrète afin qu'il puisse rester soutenu même dans la situation difficile qui est la sienne.

2.5.1.2. Divorcés remariés

BOUCHAUD, (2007) dit que l'expérience quotidienne montre que ceux qui ont recours au divorce envisagent presque toujours de passer à une nouvelle union, évidement sans cérémonies religieuses catholiques. Et comme il s'agit là d'un fléau qui, comme les autres s'attachent de plus en plus largement aux milieux catholiques, il faut d'urgence affronter ce problème avec la plus grande sollicitude.

Dans la situation du divorce, l'église catholique recommande aux prêtres qu'ils doivent savoir que, par l'amour de la vérité, ils ont l'obligation de bien discerner les diverses situations. Il y a en effet, une différenciation de ceux qui se sont efforcés, avec sincérité de sauver un premier mariage mais qui ont été injustement abandonnés, et ceux qui, par une faute grave, ont détruit leur mariage canoniquement valide. Il y a enfin ceux qui ont contracté une seconde union en vue de l'éducation de leurs enfants et qui ont parfois, en conscience, la validité de leur union.

Le pape J. Paul II exhorte chaleureusement les prêtres et la communauté des fidèles dans son ensemble d'aider les divorcés remariés. Avec une forte charité, tous feront en sorte qu'ils ne se sentent pas séparés de l'église car ils peuvent et même ils doivent participer à sa vie. Que l'église prie pour eux, qu'elle les encourage et montre à leur mère miséricordieuse et qu'ainsi, elle les maintienne dans l'espérance (BOUCHAUD, 2007, p. 36).

L'église réaffirme cependant sa discipline fondée sur l'écriture sainte selon laquelle elle ne peut plus admettre à la communion eucharistique des divorcés remariés. Cela implique concrètement que lorsque qu'un homme et une femme ne peuvent pas, pour de graves motifs, par exemple l'éducation des enfants, remplir l'obligation de la séparation, ils prennent l'engagement de vivre en complète séparation, c'est-à-dire en s'abstenant des actes réservés aux époux.

De la même manière, le respect dû au sacrement de mariage aux conjoints eux-mêmes et à leurs proches et aussi à la communauté des fidèles, interdit à tous les prêtres pour quelques motifs ou sous quelque prétexte que ce soit, même d'ordre pastoral de célébrer, en faveur des divorcés qui se remarient.

En agissant ainsi l'église professe sa propre vérité et en même temps elle se penche avec un coeur maternel vers ses enfants en particulier, vers ceux qui sans faute de leur part ont été abandonnés par leur conjoint légitime. Remarquons que pour les catholiques, le mariage n'est pas un simple constat juridique, il crée un lien plus ou moins inséparable entre époux, ce lien engage pour toute la vie et il est durable. Autrement dit, les liens de mariage religieux ne peuvent pas être rompus. L'église catholique accepte malgré tout qu'un couple marié religieusement soit amené à se séparer ou même à divorcer. Le fait de vivre séparé de son conjoint n'est pas un péché, un motif d'exclusion.

2.5.2. Position de l'église orthodoxe

Dans l'ouvrage intitulé «église orthodoxe et la sexualité», Olivier (1999) résume la position de l'église orthodoxe face au divorce. Le mariage orthodoxe crée un lien éternel entre les époux, ce lien ne peut pas être rompu même si elle considère que le mariage unique reste la norme, l'église orthodoxe accepte qu'un couple marié religieusement soit amené au divorce. L'église orthodoxe adopte ainsi une position plus simple que l'église catholique. Elle admet non seulement le divorce mais accepte aussi le remariage religieux.

En fait, l'église orthodoxe agit selon le principe de l'économie: puisque l'humain est faible, sujet au péché, sachons- nous accommoder de cette situation et faisons preuve de compréhension à l'égard de ceux qui souffrent d'une séparation. L'épanouissement spirituel de chacun n'est-il pas priorité en dépit des erreurs qu'il a pu connaître. Après un temps de réflexion pendant lequel l'époux divorcé fera le bilan de son échec, l'église orthodoxe accepte de célébrer un second mariage et même un troisième certes, beaucoup moins solennel que le premier basé sur les actes de pénitence. C'est une cérémonie toujours empreinte de miséricorde et de compréhension.

Le point de vue orthodoxe sur la difficile question du divorce et du mariage est empreint de sagesse. Une sagesse qui encourage de donner le pardon, qui permet de l'espoir à tous ceux qui souffrent d'une séparation. L'église ne reconnaît ni accorde le divorce.

2.5.3. Position des églises de la fédération protestante de France

Selon les CAEF dans leur ouvrage intitulé « mariage, divorce, remariage » (2004) disent que pour les églises membres de la fédération protestante de France, la rupture d'un mariage ne met pas en cause un sacrément de mariage. Le mariage est d'ordre civil, le divorce aussi. Pour la théologie protestante, l'amour et la sexualité sont des grâces accordées par Dieu à un homme et à une femme invités à vivre ensemble. Mais cette relation conjugale est affaire pleinement humaine où se jouent la responsabilité, mais aussi la fragilité et la faiblesse des créatures de la terre. Lorsque malgré le sérieux de l'engagement de mariage la discorde s'installe dans un couple, l'église protestante propose aide et soutien aux époux en vue d'obtenir leur réconciliation.

Ce qu'ils peuvent, s'ils le souhaitent, c'est de s'engager dans une démarche pastorale, participer à une thérapie de couple ou encore rencontrer un conseiller conjugal. Lorsqu'un couple en arrive à un point de rupture et qu'il a honnêtement tenté d'éviter la cassure, lorsque la situation familiale atteint une tension insupportable pour tous, il vaut sans doute mieux se résoudre au divorce, même s'il y a des enfants. Mais une union qui brise ne laisse pas indifférente l'église qui reste attentive dans l'écoute et l'accompagnement pastoral à la souffrance et au devenir des personnes divorcées et de leur famille nouvelle. Certes, cette seconde bénédiction n'a rien d'automatique ni de systématique. Chaque église, membre de la fédération protestante de France a son propre fonctionnement et peut accepter ou refuser cette demande d'une seconde bénédiction. Tout en affirmant le sérieux de l'engagement du mariage, la confession protestante adopte une position assez souple et équilibrée à l'égard des divorcés et remariés. (BOUCHAUD, 2007, P.48).

2.5.4. Position des églises protestantes évangéliques non membres de la fédération protestante de France

Pour BOUCHAUD (2007 p.25) le mariage est «une institution relationnelle, c'est-à-dire de l'ordre de création.» C'est pour cette raison qu'on peut trouver les traces de ces valeurs et de ces caractéristiques fondamentales dans l'ensemble des cultures de tous les temps.

Les trois verbes, quitter, s'attacher, devenir, décrivent l'ensemble des changements physiques, affectifs et sociaux qui s'opèrent normalement dans ces trois étapes menant au mariage. Ces églises se réfèrent aux textes bibliques qui semblent indiquer que le divorce fut permis parce que la vie conjugale pouvait devenir impossible dans certaines circonstances. Cette issue était la concession faite par Dieu à l'homme à cause de la dureté du coeur de ce dernier. Elle précise toutefois que c'est à cause de la dureté du coeur que la possibilité du divorce était admise. L'église dénonce énergiquement la confusion de ses détracteurs entre laxisme et rigorisme.

Elle n'admet pas qu'on puisse répudier sa femme pour n'importe quel motif mis à part une exception, la porneia. Ce mot grec, généralement traduit par l'infidélité ou l'impudicité parfois par adultère signifiait à l'époque toute anomalie ou immoralité sexuelle. A noter que ce terme porneia a en effet un sens large, il couvre la convoitise tout autant que la prostitution, la fornication, l'adultère, l'homosexualité, toute déviance sexuelle en action ou en pensées.

Dans l'église protestante, le divorce entre l'époux chrétien était a priori interdit, mais une situation nouvelle a surgi du fait de l'existence des conjoints restés non croyant, voulant rompre le mariage. Il importe avant tout de vivre la paix et ne pas se laisser envahir par l'inquiétude.

En dehors des points particuliers qui ont été développés, d'autres situations peuvent rendre invivables la vie conjugale. D'autres situations comme (violences de toute nature, atteintes à la vie du conjoint ou des enfants) peuvent entraîner la rupture du mariage.

2. 5. 5. Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons montré que le divorce se remarque dans tous les pays et à des époques différentes. De plus, les positions des églises sont différentes les unes des autres : L'église catholique considère que le mariage n'est pas un simple fait juridique et s'oppose au remariage des personnes divorcées, l'église orthodoxe est pour un second, même un troisième mariage des époux divorcés s'ils préfèrent se remarier, les églises de la fédération protestante de France sont pour le divorce et propose l'écoute et l'accompagnement pastoral des personnes divorcées et de leur famille nouvelle. Mais cette fédération donne la liberté à chacune de ses églises membres à célébrer ou non un second mariage. Enfin, les églises protestantes évangéliques non membres de la fédération protestante de France permettent le divorce dans le cas où la vie conjugale peut devenir impossible dans certaines circonstances.

Ainsi, après avoir développé cet aperçu historique sur le divorce, nous allons montrer dans le chapitre qui suit les particularités de l'amour conjugal.

CHAPITRE III: LES PARTICULARITES DE L'AMOUR CONJUGAL

3.0. Introduction

La vie du couple n'est pas un long fleuve tranquille. Certains écueils peuvent handicaper son fonctionnement. Pour permettre au couple de bien évoluer pendant longtemps et lui éviter les crises de jalousie ou même d'en arriver à la rupture après une infidélité, découvrons les facteurs qui handicapent la vie heureuse et équilibrée du couple. Dans le présent chapitre, nous avons abordé successivement les facteurs handicapant l'amour conjugal tels que la jalousie, la routine sexuelle, le manque de dialogue, la disparition de la séduction et les obligations, les exigences de l'amour conjugal et enfin les éléments clés d'un couple épanoui.

3.1. Facteurs handicapant l'amour conjugal

3.1.1. Jalousie excessive

Pour DOCTICIMO (1970, p.36), « un conjoint qui ne supporte pas qu'on regarde son partenaire, qui surveille toutes ses sorties, celui-ci est jaloux». Si le sentiment de jalousie n'épargne personne, il se forme en calvaire pour celui qui le vit et celui qui le subit. Ce sentiment semble inévitable au sein du couple. Mais quelles sont ses origines ? La jalousie existe dans toutes les cultures, selon les individus, les origines de ce sentiment sont diverses : manque de confiance, projection, refoulement. DOCTICIMO(1970) revient sur les motivations cachées derrière cette possessivité amoureuse.

La jalousie est un sentiment courant: dès l'enfance, on a ce besoin d'être aimé et même d'être préféré. Ce sentiment peut alors apparaître envers l'un des parents, un frère ou une soeur. D'ailleurs, FREUD (cité par PIERRE, 1990, p.48) écrivait qu' « il n'est pas normal de ne pas éprouver la jalousie ». Selon lui, ce sentiment est un besoin. Il est vrai qu'on observe ce sentiment dans toutes les cultures, sous toutes les latitudes Néanmoins, il faut souligner l'influence des valeurs de la société : la place de la fidélité dans le couple est importante dans le développement de ce sentiment. FREUD distingue trois formes de jalousie:

1. Jalousie normale ou concurrentielle: c'est lorsque le partenaire est inconsciemment identifié à la mère ou le père;

2. Jalousie projetée: c'est lorsque le jaloux soupçonne l'autre car il est lui-même infidèle;

3. Jalousie délirante: il s'agit d'une dénégation de son homosexualité: «je ne l'aime pas car c'est un homme, mais c'est ma femme qui l'aime.»

On se pose la question de savoir entre un homme et une femme celui qui est plus jaloux que l'autre. Pour PIERRE (1990), il semble y avoir plus de femmes qui ont de la jalousie de manière pathologique que d'hommes. Certes, le même auteur continue en disant qu'on ne possède pas de chiffres exacts sur le phénomène mais ce sentiment serait équitablement choisi, partagé, et simplement plus visible chez le sexe féminin. Et, il y a peut être un biais lié à la culture: on considère souvent qu'un homme peut avoir des relations uniquement pour le sexe, alors qu'une femme met forcément des sentiments dans sa relation. L'infidélité féminine est considérée comme plus grave, ce qui pourrait expliquer des réactions plus violentes des partenaires.

PIERRE (1990, p. 274) dit que : « la jalousie s'observe dans un couple lorsqu'il y a manque de confiance ». Les spécialistes soulignent aujourd'hui que ce sentiment peut trouver une explication plus simple, tel que le manque de confiance en soi, le jaloux doute de son potentiel de séduction. Lorsqu'on a suffisamment de confiance en soi on projette en général sa confiance sur l'autre, il pourrait également s'agir dans certains cas d'une angoisse de fusion. Le jaloux a peur de perdre son identité dans le couple et cherche donc une tierce personne pour se rassurer. La jalousie lui permet en quelque sorte de consolider son autonomie, d'exister.

3. 1. 2. Routine sexuelle

DOCTICIMO (197, p.61) fait remarquer que : « la routine sexuelle est un des principaux handicaps du désir érotique. En général, une fois qu'un conjoint connaît le mode de comportement de l'autre sur le bout des doigts, il a une fâcheuse tendance à rejouer sans cesse la même scène: celle où il dit «je sais qu'elle/ il aime comme cela donc, je vais agir de la même manière !»

Or, ce genre de pensées entraîne inéluctablement une forme de routine sexuelle! Si on répète les mêmes gestes dans le même ordre, on finit tous à se lasser et avoir envie de nouveauté ».

Il faut que le conjoint n'hésite pas à communiquer ses désirs et ses fantasmes à l'autre pour mettre un peu de piment dans leur vie de couple. En ce moment là, si il ose également faire le premier pas, il est fort probable que son conjoint ressente le même sentiment que lui mais il n'ose pas, non plus, proposer des changements ce qui pourrait handicaper leur communication.

3. 1. 3. Manque de dialogue

Le manque de dialogue est bien sûr néfaste pour le couple. Certes, il découle d'un manque de temps ou d'attention lié aux diverses causes. Cependant, il est fréquent que le dialogue existe mais que personne n'écoute l'avis de l'autre. Dans ce cas, il revient au couple de se faire ensemble un travail de dialogue posé, en faisant des efforts pour réellement chercher à comprendre ce que l'autre veut dire.

Pour DAHAL (2000, p.36), «le dialogue est un élément le plus important dans un couple». Il poursuit en disant qu'au début d'une relation, ce besoin de tout communiquer est omniprésent (appels, lettres et maintenant les messages électroniques).Cependant, pris par les tracas du quotidien, les occasions de discuter et de débattre sur « tout ou rien » se font de plus en plus rare et dans le couple on finit par se contenter de savoir et enfin l'auteur clôture en disant que des interrogations peuvent aussi surgir dans le couple comme : «qu'est ce qu'on mange ce soir? Etc.».

Si un des conjoints estime être de plus en plus éloigné de son partenaire, le couple doit mettre le problème sur la table ouvertement et réfléchir ensemble sur ce manque de communication. Par ailleurs et de manière générale, les conjoints peuvent prendre un temps de parler (savoir être à l'écoute de l'autre), cela leur permettra de préciser quelles sont leurs attentes et leur aidera à mieux gérer leurs conflits personnels, professionnels et conjugaux. DAHAL (2000, p.40) ajoute aussi que si une fois le vase continue à déborder, au besoin, il faut que le couple n'hésite à se faire aider par un thérapeute familiale.

3.1.4. Disparition de la séduction

La crainte ou la colère à l'égard du partenaire ne sont pas des émotions propices au désir charnel. Les conflits entre conjoints peuvent même conduire à la perte du sentiment amoureux, à l'infidélité ou à l'impression que l'un des conjoints ne désire plus l'autre et par conséquent il y a la disparition de la séduction. A ce sujet, SATIR (1980, p.60), précise que «la séduction, ce sont tous ces efforts que le conjoint fait pour attirer l'attention de l'autre quand il n'est pas encore totalement acquis, et dont il finira par se passer quand son couple paraît stable. Les cadeaux, les petites attentions, surprises, les déclarations ou les ballades ne devraient jamais disparaître de la vie amoureuse du couple conjugal.»

Dans un couple, une femme a besoin des mots rassurants et une multitude des petites marques d'attention pour se sentir aimée et aimer en retour. Il ne faut pas que son mari n'offre une douzaine de roses mais plutôt douze fois une fleur différente dans des circonstances toujours différentes. La femme doit aussi savoir qu'un homme, quant à lui, a besoin de sentir que sa partenaire a confiance en lui et qu'elle le valorise dans ses actions.

3. 1. 5. Obligations

A travers les obligations familiales, conjugales et professionnelles, les journées ressemblent à d'interminables courses contre l'amour conjugal. A cela, l'intimité amoureuse y prend la limite. Si le couple met bout à bout les mariages, les anniversaires, les dîners chez les beaux-parents de l'un puis de l'autre, les vies des conjoints deviennent très rapidement un cortège incessant d'obligations.

Une étude récente dit que certains sont inquiets de faillir à leurs engagements en pensant qu'ils vont décevoir en faisant le social, d'autres considèrent que refuser une invitation c'est s'isoler du monde et finir par ne plus être invité nulle part (PIERRE, 1990). Pourtant, personne ne se rend compte si, de temps en temps, on se permet de passer une soirée toute entière avec sa conjointe! Il est important de savoir dire NON et de ne pas être totalement à la disposition des autres. Vu tout ce qui précède on voit que les obligations familiales peuvent handicaper le bon fonctionnement du couple conjugal.

3.2. Biens et exigences de l'amour conjugal

3.2.1. Unité et stabilité du mariage

Les conjoints doivent se souvenir qu'à l'époque d'avant le mariage, ils vivaient tous un amour intensif. Leur harmonie fusionnelle était au centre de leurs préoccupations. Puisque la vraie vie a repris leurs droits et devoirs, désormais les seules déclarations qu'ils font encore sont destinées à l'administration fiscale. Plutôt que de mettre en cause leur vie amoureuse en se disant qu'ils profitent de leur vie de couple plus tard, il faut aussi qu'ils apprennent également à oublier le reste et profitent de chaque instant passé près de leur compagnon. Selon GARDINER (1986, p.25), «l'amour des époux exige par sa nature même l'unité et la stabilité de leur communauté de personnes qui englobe toute leur vie, ils sont des conjoints. Ils sont appelés à grandir sans cesse dans leur union conjugale à travers la fidélité quotidienne, à la promesse du don mutuel total que comporte le mariage».

Cette union humaine est confirmée par la relation naturelle que comporte l'amour conjugal. L'amour conjugal n'est pas inné mais il est acquis et il doit être renouvelé à chaque instant. La dignité personnelle qu'il faut reconnaître à la femme et à l'homme dans l'amour qui se prête l'un à l'autre fait clairement apparaître l'unité du couple. Le divorce est contraire à cette cohésion qui conditionne l'amour conjugal. L'amour des époux est l'une des exigences de la vie conjugale. Cet amour peut se manifester sur le plan sexuel assumé par les époux.

3.2.2. Amour des époux

Pour OLIVIER (2006, p.50), « la sexualité est aussi une base de l'amour conjugal.» Dans le mariage, l'intimité corporelle des époux devient un signe et un juge de l'amour conjugal. Entre homme et femme, les liens du mariage sont fondés sur le respect mutuel et l'amour réciproque. La sexualité par laquelle l'homme et la femme se donnent l'un à l'autre par des actes propres et exclusifs des époux est quelque chose purement biologique et cela concerne la personne humaine.

Donc, la force de la pulsion sexuelle est assurée par le déterminisme biologique de l'espèce humaine en interaction avec les facteurs psychologique et social. La sexualité concerne la personne humaine dans ce qu'elle a de plus intime.

Elle se réalise de façon véritable si elle est partie intégrante de l'amour dans lequel un homme et une femme s'engagent entièrement.

Chaque histoire est unique, surtout depuis que l'homme et la femme se choisissent librement, c'est à dire avant le mariage, mais c'est à cette époque où on trouve quand même des ingrédients qui cimentent les couples. L'amour bien sûr, mais au fil du temps, il se décline sous toutes ses formes. Le couple qui s'aime comme il faut prépare un bon terrain et cela leur permettra d'avoir une grande espérance de rester ensemble jusqu'à ce que la mort les sépare.

3.2.3. Fidélité conjugale

A propos de la fidélité conjugale, OLIVIER (2006, p.200) dit que : « le couple conjugal forme une intime communauté de vie et d'amour fondée et dotée de ses lois propres par la nature ». Quand on parle de lois, cela signifie que ce sont toutes ces lois qui régissent la société humaine au niveau du mariage. Elle s'établit sur l'alliance des conjoints, c'est-à-dire sur leur consentement personnel. Tous deux se donnent définitivement et totalement l'un à l'autre. L'alliance contractée par les époux leur impose l'obligation de la maintenir. La fidélité exprime la constance dans le maintien des engagements des époux et c'est pour cela que le mariage fait entre l'homme et la femme implique une certaine cohésion et dans le cas contraire l'infidélité est l'une des causes de rupture conjugale.

Nous pensons que l'amour hétérosexuel est le sentiment le plus enrichissant et le plus satisfaisant que l'être humain puisse éprouver. Sans être aimé, l'âme et l'esprit de la personne se figent et meurent, c'est-à-dire que l'époux (e) non aimé (e) fait un repli sur soi, s'auto-désapprécie mais, l'amour ne peut pas à lui seul répondre à toutes les exigences de la vie, mais également s'ajoutent l'intelligence, les connaissances, la conscience et la compétence.

Pour BINDARIYE (2006, p.58) : « l'amour conjugal comporte une totalité où entrent toutes les composantes de la personne et où il y a appel du corps et de l'instinct, aspiration de l'esprit et de la volonté, il vise une unité proprement personnelle, celle qui, au delà de l'union en amour réciproque conduit à ne faire une âme, stable, il exige la durée et la fidélité dans la donation réciproque et définitive, et il s'ouvre sur la fécondité ».

Il s'agit bien des caractéristiques normales de tout amour conjugal naturel, mais avec une signification nouvelle qui, non seulement les soude et les consolide mais les élève aux points d'en faire l'expression des valeurs proprement amoureuses.

3.3. Eléments clés pour s'épanouir dans le couple

Un ensemble de points et d'aspects doivent se réunir pour faire de la vie au sein d'un couple une vie agréable: l'engagement affectif dans la relation de l'autre, le partage de tout à l'intérieur du couple, le bon fonctionnement et l'équilibre sur tous les aspects. Les habiletés du couple à gérer les problèmes et les situations difficiles, et surtout la communication et le dialogue, c'est-à-dire s'exprimer et laisser l'autre s'exprimer, savoir écouter l'autre, la compréhension. A ce sujet OLIVIER, (2006, p.71) a donné une panoplie d'éléments clés pour un couple épanoui. Selon lui : « La qualité de la relation dans le couple influence grandement la qualité de la vie des conjoints.».

En effet, il est rare que des gens qui se détestent ou qui sont en colère l'un contre l'autre puissent vivre la vie intéressante et satisfaisante ensemble. Il est difficile de séparer une relation de couple satisfaisante et une vie affective satisfaisante car, si l'une ou l'autre de ces dimensions est affectée, l'autre ne tardera à l'être aussi. OLIVIER se prononce à ce propos en indiquant des éléments qui s'y rapportent.

Premièrement, il y a l'aspect du degré d'engagement affectif dans la relation avec l'autre. Cet engagement peut aller d'une union très superficielle où presque rien n'est partagé, à une union très fusionnelle où presque tout est totalement partagé sans laisser la liberté individuelle. Il est évident qu'un équilibre devrait exister entre ces deux extrêmes : il doit y avoir un degré suffisant d'engagement dans la relation et de liberté individuelle pour qu'un couple fonctionne bien. Sans engagement suffisant, il n'y a pas assez de confiance entre les conjoints, et alors il est difficile d'exprimer ses craintes, ses peines, etc. Ou encore, sans un degré suffisant de liberté individuelle et de confiance en soi, les conjoints hésiteront à proposer des changements ou des aménagements nécessaires à leur couple de peur de se retrouver seuls.

En second lieu, la question du partage du pouvoir à l'intérieur du couple est très importante. En effet, la façon dont le pouvoir est partagé dans le couple et le degré de satisfaction des conjoints dans ce partage va affecter la façon dont la sexualité va se vivre. Cela implique que l'on reconnaît l'individualité de chacun, qu'il n'y a pas d'inégalité entre les conjoints et qu'il y a un respect entre les conjoints qui permet de favoriser une meilleure communication.

En troisième lieu, un couple qui fonctionne bien doit trouver un équilibre entre l'aspect affectif, les émotions et les sentiments, l'aspect rationnel (logique) et l'aspect comportemental (l'action). Cet équilibre permet aux conjoints de s'exprimer et de vivre pleinement.

Quatrièmement, dans la vie d'un couple, il va se présenter des situations plus difficiles à vivre. Les habiletés du couple à gérer les conflits ou à faire face à des difficultés vont lui permettre de survivre et même de sortir gagnant de ces situations.

C'est cependant la communication qui va permettre les échanges entre les conjoints sur les points précédents. La communication est quelque chose d'obligatoire: on ne peut pas ne pas communiquer. En fait, dès que deux personnes sont ensemble, il y a obligatoirement une certaine forme de communication qui s'établit entre elles. Cette communication peut être verbale ou non verbale. Cependant, la communication qui se produit dans un couple n'est pas toujours efficace. Pour qu'elle soit efficace, cela requiert certaines habiletés.

Un des ingrédients d'une bonne communication est la capacité d'exprimer clairement et efficacement autant ses pensées que ses émotions. Cela demande, entre autres, l'utilisation du «JE», plutôt que du «TU» accusateur. Ainsi, on exprime plus clairement ses sentiments en disant «je suis triste», que «tu es un monstre, tu me fais souffrir». Un autre ingrédient est la capacité de demander à l'autre des clarifications et des confirmations de ce que l'on a cru comprendre. Donc, avant de se mettre en colère, pourquoi ne pas demander si on a bien compris ce que l'autre a voulu dire.

La communication n'est pas seulement le fait de parler, mais c'est aussi savoir écouter. L'écoute doit être active pour que l'autre n'ait pas l'impression de parler dans le vide. Cela veut dire qu'il peut être important de donner des indications précises à l'autre que l'on écoute et l'on comprend ce qu'il a à dire. Pour MUCCHIELLI (1980, p. 73), «Quand on parle des fonctions de communication au sein d'un couple, il lui reconnaît entre autres les fonctions de l'interconnaissance et satisfaction de l'autre».

Tous ces aspects de la vie du couple influencent grandement la sexualité. Un couple peut tenter d'améliorer la qualité de sa communication ou d'autres aspects de la vie du couple. Mais si des difficultés particulières se présentent, il vaut mieux rencontrer un professionnel pour avoir de l'aide avant que les relations du couple ne se dégradent.

3.4. Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons montré les facteurs handicapant l'amour conjugal : la jalousie excessive, la routine sexuelle, le manque de dialogue, la disparition de la séduction et les obligations. En fait, le dénominateur commun de ces facteurs est la communication. Les couples qui savent communiquer en paroles et en actes s'en sortent mieux. Ensuite, nous avons montré les biens et les exigences de l'amour conjugal que sont l'unité et la stabilité du mariage, l'amour des époux et la fidélité conjugale. A ce sujet, la fidélité est un vrai indicateur de l'amour et de l'unité conjugale.

Enfin, des éléments clés d'un couple épanoui ont été passés en revu , que sont l'engagement affectif, le partage de tout à l'intérieur du couple ainsi que le bon fonctionnement et l'équilibre. De tous ces éléments clés, le partage de tout à l'intérieur du couple est un élément central dans la vie du couple conjugal.

Ainsi, les éclaircissements de ce chapitre en rapport avec les particularités de l'amour conjugal nous ont permis d'aborder la problématique générale et la démarche méthodologique.

CHAPITRE IV : PROBLEMATIQUE ET DEMARCHE METHOLOGIQUE.

4.1. Problématique

L'union conjugale a toujours revêtu, quel que soit le degré de développement des civilisations, des formes normatives. Donc cela montre que depuis les temps les plus reculés de l'histoire de l'humanité, le mariage était une institution.

Le mariage crée entre les époux une association des efforts, une unité de vie et une communauté des buts. Partant de l'importance du mariage, HAROLD (1576, p.7), explique que : « Le mariage fait partie de la vie normale ; il est indispensable à la plénitude de la vie; le mariage est en quelque sorte le synonyme de la vie, puisqu'il est dans la fusion des êtres (...). Le mariage est d'une telle importance dans la vie qui concerne notre carrière et vice versa ».

La société burundaise voit dans le mariage un bien-être normal et un oasis de paix. Pourtant, certaines gens pensent aux problèmes majeurs que rencontrent des conjoints dans leur vie quotidienne ; d'autres indiquent que la valeur du mariage est déterminée par le confort. Certes, le confort et les biens matériels aident dans la réussite du mariage mais n'en constituent pas les conditions sine qua none. Le mariage que certains considèrent comme une aventure et d'autres une source de bonheur est vécu différemment d'un couple à l'autre. Abstraction faite de la volonté des conjoints, bien des facteurs contribuent à rendre heureux ou à créer des problèmes à l'intérieur des foyers.

La décision du mariage ne se fait pas au hasard. Deux individus qui décident de s'unir pour la vie possèdent chacun des attentes, c'est-à-dire que chacun des deux a des souhaits de faire un couple là où il y a une vie aisée, une vie sans conflit, une vie dans laquelle un homme et une femme s'engagent entièrement l'un vis-à-vis de l'autre. En réalité, ce qui fait l'honneur et la dignité morale de l'union dans le mariage est la notion de sa pérennité. Cependant, nous remarquons qu'il existe des ménages qui ne sont pas fondés sur l'unité conjugale, c'est-à-dire des mariages mal assortis au point d'en arriver à la rupture.

Dans la société burundaise, parmi les buts essentiels du mariage, la perpétuation de la famille est un élément important. Signalons qu'avant d'entreprendre le projet du mariage, chacun des partenaires à des attentes et si ces dernières ne sont pas satisfaites, ceci peut être à l'origine de mauvaises relations familiales.

Ainsi, l'insatisfaction quant aux attentes telles qu'elles ont été souhaitées par l'un ou l'autre des conjoints peut être une source de frustration. Si celle-ci n'est pas atténuée, elle peut être à l'origine de mauvaises relations familiales et sociales. Le problème qui se pose est que les deux époux vont commencer à se faire des reproches sur telle ou telle autre situation : le mari reprochant à sa femme d'être responsable de la situation et vice versa. La personne qui est souvent accusée d'être responsable va souffrir beaucoup.

Cela peut être à l'origine de troubles divers dont le plus important est celui de la dépersonnalisation que SUGURU (2002-2003) définit comme suit : « un sentiment de n'être plus soi-même dans son intégralité corporelle, soit dans la conscience du moi psychique, soit dans l'ensemble des diverses composantes de la personnalité ; sentiments accompagnés d'une impression d'étrangeté et de non familiarité avec le cadre de la vie habituelle (déréalisation), en somme, rupture d'avec les perceptions qui permettent habituellement de se sentir en soi et hors de soi ». Lorsqu'un des époux a un trouble mental, celui-ci peut être un prétexte pour l'autre conjoint de demander le divorce tout en ignorant son implication dans le déclenchement de la maladie.

Selon MARKALE (1875, p.89) « Le divorce est un mal nécessaire dans l'état actuel des choses. Il est un moindre mal, il permet d'éviter le pire.» D'après cet auteur, l'on remarque que le divorce est un médicament qu'on ingurgite pour soigner un organe mais qui par voie de conséquence, en guérissant cet organe, provoque des effets secondaires aussi graves que la maladie qu'on a voulu soigner. Ainsi, un homme et une femme peuvent s'en sortir diminués et marqués. Quant aux enfants, ils sont bien entendus les premières victimes qui subissent des conséquences de cette désunion.

Dans la société burundaise, les facteurs à l'origine du divorce sont un sujet tabou et l'on inculque aux gens à ne rien dire des scènes du ménage, ce qui fait qu'en cas de divorce, la personne concernée, parfois se résigne, encaisse et refoule ses tendances pulsionnelles. Au Burundi, du fait de la tradition qui prône le silence, nombreux sont les divorcés qui ne dévoilent pas les secrets du divorce dont ils ont été victimes. Ils s'enferment dans un silence absolu et préfèrent souffrir en silence plutôt que de voir leur vie privée exposée au grand jour. BIGANGARA (1973, p.21) confirme cette réalité en indiquant que : « dans la société traditionnelle, les conflits du ménage sont assumés avec une grande discrétion » et un adage rundi est couramment entendu tel que : « nikozubakwa » ce qui signifie : «  c'est comme cela que les foyers se construisent »

En définitive, la situation de divorce perturbe la personnalité des enfants et celle de leurs parents. Il est donc traumatisant pour un enfant qui voit ses deux parents se détester après qu'ils se sont tant aimés. Alors si le divorce est douloureux pour les époux, il est dramatique pour un enfant qui voit l'un ou l'autre parent partir loin du foyer familial. En rappelant qu'un homme et une femme sont faits naturellement l'un pour l'autre, nous nous posons la question de savoir ce qui arrive aux personnes divorcées.

Signalons que le divorce entraîne des conséquences importantes dans tous les domaines. Les multiples conséquences du divorce peuvent affecter la santé humaine en générale et la santé mentale du divorcé en particulier et le plus souvent l'éducation des enfants. Le divorce peut être à l'origine des comportements anormaux et des blessures psychologiques, comme par exemple la prise excessive de l'alcool, la délinquance, le suicide etc. Cette situation nous fait penser à une série de questions suivantes.

- Comment une personne divorcée est perçue par la société?

- Le divorce est-il un problème social ?

- Que faut-il faire pour l`éviter ?

- Quelle est l'image d'un fonctionnaire divorcé ?

- Quelles sont les difficultés rencontrées par un fonctionnaire divorcé dans son milieu socioprofessionnel ?

4.2. Objectifs de la recherche

En considérant les différentes observations que nous avons relevées ainsi que les différentes réflexions émises à travers notre problématique, nous avons formulé quelques objectifs de recherche.

4.2.1. Objectif général

Avant d'entreprendre tout travail scientifique, le chercheur doit se poser la question de départ et l'objectif général découle de cette dernière. Pour le cas qui nous concerne l'objectif général est le suivant : « Etudier le vécu psychosocial des fonctionnaires divorcés »

4. 2. 2. Objectifs spécifiques

Les objectifs spécifiques sont les suivants :

- Cerner les principaux facteurs du divorce auprès des enquêtés;

- Déterminer les principaux effets du divorce ;

- Identifier les difficultés psychosociales que rencontrent des fonctionnaires divorcés ;

4. 3. Démarche méthodologique

La méthodologie comme l'indiquent GRAWITZ& al (1994, p.56) : « est la voie empruntée pour réaliser un travail scientifique.» Ainsi, la méthode est définie comme «un moyen de parvenir à un aspect de la vérité, de répondre plus particulièrement à la question comment ». C'est également d'après le même auteur : « l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre et les vérifie ».

Chaque chercheur est libre dans le choix d'une méthode de recherche et c'est pourquoi en matière de recherche, il convient au chercheur de choisir une méthode qui lui permet de mener efficacement son étude. En plus de la méthode, le chercheur a besoin d'une ou des techniques lui permettant de collecter des données et tout cela dépend étroitement de la nature ou de l'objet du sujet à l'étude.

4.3. 1 Méthode de recherche

Chaque chercheur est libre dans le choix d'une méthode de recherche. Pour le cas qui nous concerne, nous avons privilégié l'approche qualitative. POISSON (1990, p.18-19), l'explique en indiquant qu'«une recherche qualitative, contrairement à une recherche de type positiviste, laisse beaucoup de place à l'improvisation. Le devis de recherche n'est habituellement pas élaboré à partir d'une hypothèse qu'il faut confirmer en faisant appel à des stratégies déjà établies avant même la cueillette des données.»

Nous avons choisi la méthode qualitative en s'inspirant des propos de AUBEL, (1984, p.19) qui indique qu' «une étude est dite qualitative lorsque elle vise à comprendre les situations et comportements d'une population à partir d'une analyse subjective». Nous avons opté pour cette approche car elle convient pour une investigation approfondie et d'explorer un champ d'étude. La méthode qualitative ne comporte pas de dimensions statistiques. Il s'agit d'une étude de cas comportant une investigation approfondie portant sur une unité ou un petit nombre d'unités. L'unité peut être un individu, une famille, une institution voire une société.

4.3.2. Technique de collecte des données : l'entretien semi-directif

En matière de recherche, aucune technique ou aucun instrument n'est parfait. Cependant, il revient au chercheur de choisir un instrument qui cerne le mieux les principaux aspects à son étude. Selon LEON (1973, p. 380) : « le choix des techniques est étroitement solidaire à la nature du problème étudié et des caractéristiques des sujets que constituent le groupe sur lequel porte l'étude ». Pour le présent travail, nous avons opté pour l'entretien semi directif comme technique de collecte des données. Pour LAGACHE (1967, p.33), «Dans l'entretien semi directif, on pose des questions au départ et par la suite, laisser parler l'enquêté ou l'aider par les sous questions sans pour autant diriger ». Le même auteur poursuit en disant que : « dans l'entretien semi directif, tout comportement posé est observable; par exemple les silences, l'agitation, les gestes mimiques, les tics, l'accoutrement du répondant, l'humeur, etc. ». L'entretien semi-directif a permis de nous rendre compte effectivement des attitudes, des réactions, des perceptions, des comportements, du vécu psychosocial des fonctionnaires divorcés.

L'entretien semi-directif consiste en une interaction verbale animée de façon simple par le chercheur, celui-ci se laisse guider par le flux de l'entretien abordant les thèmes généraux sur lesquels il souhaite entendre l'interviewé ; permettant ainsi de dégager une bonne compréhension du phénomène à l'étude. Cette technique nous a permis d'entrer en contact direct avec les fonctionnaires divorcés. L'entretien semi directif permet un dialogue guidé vers un objectif permettant ainsi de faire des relances et des reformulations quand c'est nécessaire sans interrompre brusquement le sujet qui parle.

L'entretien semi-directif comme l'écrit NTUNAGUZA (1994, p.70) : « est une interaction essentiellement verbale entre deux personnes en contact avec un objectif préalablement posé». Il continue en ajoutant que : « ce dernier facilite la collecte des données en question que se pose le chercheur sur un thème donné ». Un autre avantage non négligeable est qu'il permet d'entrer en contact direct avec les individus qui en ont l'expérience. Ensuite, il laisse parler l'enquêté sans pour autant diriger le discours.

Cette technique est mieux indiquée comme le précise MUCCHIELLI (1973, p.170), dans ses propos là où il souligne que : « l'on cherche à déterminer les attitudes fondamentales de la personne interviewée sur le problème qui intéresse l'interviewer ». L'entretien semi-directif est encore avantageux car il permet à l'enquêteur de proposer des thèmes du guide d'entretien.

En définitive, l'entretien semi-directif est une technique qui vise à recueillir des données essentielles sur une question spécifique et qui se déroule dans une situation d'interaction sociale entre deux personnes.

4. 4. Univers d'enquête ou population-mère

Comme dans la partie de la délimitation de notre sujet, nous avons opté pour la province Muyinga comme lieu d'enquête, l'univers d'enquête est constitué par l'ensemble des fonctionnaires divorcés de ladite province. Cependant comme il m'était pratiquement impossible de travailler sur toute la province, nous avons choisi comme lieu d'enquête la commune BUTIHINDA par tirage au sort. D'autres caractéristiques de cette commune seront précisées dans la description du terrain d'enquête.

C'est dans l'univers d'enquête qu'a été découpé l'échantillon. A ce propos, MUCCHIELLI (1974, p.51) définit l'univers d'enquête comme : « l'ensemble du groupe humain concerné par les objectifs d'enquête ».

4. 5. Détermination des cas ou échantillonnage

Dans le présent travail, il est difficile et même impossible de travailler sur tous les cas des divorcés et c'est pour cela que nous tenons à montrer comment nous avons constitué notre échantillon de cas. Pour déterminer les unités, nous nous sommes basés sur les propos de CHAUCHAT (1985, p 49) qui écrit que : « le choix des unités n'est pas fait selon un tirage aléatoire et il n'est pas nécessaire d'avoir une base de sondage».

Nous avons utilisé l'échantillon boule de neige tout en s'inspirant des propos de DESLAURIER (1991, p.80). Selon lui : « cette technique consiste à repérer quelques individus présentant les caractéristiques du problème à l'étude. Ces derniers donnent des informations en chaîne car chacun, après avoir fourni des informations sur son cas indique au chercheur les autres jusqu'à ce que l'échantillon suffisant soit constitué ».

Par ailleurs, nous avons mené notre étude sur des cas de fonctionnaires de l'état oeuvrant dans cette commune et ayant vécu la situation de divorce pendant cinq ans et plus et dont le divorce est officiel. Nous avons pensé qu'après cette période, les personnes divorcées auraient déjà ressenties les effets du divorce étant donné que la procédure du divorce est longue est coûteuse. En plus de cela, le divorce une fois prononcé, plonge à la longue les concernés dans des situations précaires et difficiles.

Signalons que dans le T.G.I de MUYINGA, nous y avons fait ce que DESLAURIER (1991) appelle « sondage sur document ». Selon lui, il se rapporte à la documentation existante et/ou ayant paru sur un sujet (archives de l'institution, revues, cours et journaux). En plus d'ouvrages généraux et spécialisés en rapport avec notre sujet, nous avons d'abord consulté les ouvrages en rapport avec le code des personnes et de la famille. Enfin, nous nous sommes entretenu avec le procureur de la république dans la province MUYINGA afin qu'il nous renseigne sur certaines informations légales en rapport avec le divorce.

Concernant la taille de l'échantillon, nous nous sommes aussi inspiré de DESLAURIER (1991, p.84) qui explique qu' :« il y a des signes qui annoncent la fin prochaine de recherche. Le chercheur se rend compte qu'il a réponse aux questions posées initialement et aux autres soulevées par le terrain, lorsqu'il connaît à l'avance les réponses de ses interlocuteurs. Lorsque les données deviennent de moins à moins fructueuses, les données répétitives et que la cueillette de renseignements apporte un rendement décroissant, il vaut mieux s'arrêter, car la prolongation de la recherche ne produira plus aucune donnée nouvelle ». C'est-à-dire le phénomène à l'étude a atteint le point de saturation. Cela signifie que l'entretien des cas supplémentaires n'apporte rien de nouveau, qu'il n'apprend rien de neuf au chercheur.

Ainsi la taille d'échantillon est composée de cinq hommes et trois femmes comme le tableau ci-dessous l'indique. Les huit cas obtenus ont été désignés dans le présent travail par les deux premières lettres de leurs noms et prénoms pour garantir l'anonymat. L'enquête a été clôturée au huitième cas parce que c'est à ce niveau que nous avons senti qu'il y avait saturation de l'information, car les réponses données par le huitième enquêté avaient une ressemblance avec celles déjà données par les enquêtés précédents.

Tableau de la composition et des caractéristiques des enquêtés

Divorcés

Sexe

Fonction exercée

Nombre d'années après le divorce

Nombre d'enfants

BISO

F

Secrétaire

5 et 6mois

5

DONI

M

Enseignant

5 et 6mois

5

BIBI

M

Directeur

6

4

SIFI

F

Enseignante

5 et 8mois

3

GAGA

M

Directeur

5 et 6mois

3

MAMI

M

Moniteur Agricole

6

3

BAJU

M

Professeur

5 et 7mois

3

SECI

F

Infirmière

5

3

Pour compléter les informations sur les sujets identifiés, nous nous sommes rendu au T.G.I de MUYINGA pour s'assurer que les cas étaient divorcés officiellement.

4.6. Description du terrain d'enquête

Notre terrain d'enquête est la commune BUTIHINDA. En effet, cette dernière est parmi les communes riches de la province MUYINGA grâce à la présence de l'or sur son sous-sol. La commune en question accueille des gens en provenance de tous les coins du pays étant donné d'abord qu'elle est frontalière avec la Tanzanie et le trafic y est très florissant.

Du point de vue géographique, la commune BUTIHINDA est entourée par quatre communes et la région de KAGERA de la Tanzanie. Sa situation géographique est la suivante : au nord-est se trouvent la commune GITERANYI et le pays voisin qui est la Tanzanie, à l'ouest il y a la commune BWAMBARANGWE, à l'est c'est la commune MUYINGA, au sud-ouest il y a la commune de GASHOHO et enfin au sud se trouve la commune de GASORWE.

4. 7. Déroulement de l'enquête

4. 7. 1. Pré enquête

Dans toute recherche surtout en sciences sociales, la pré enquête est très importante. A ce sujet, NISABWE (2007-2008) indique que : « la préenquête est une reconnaissance ou une familiarisation du terrain et permet la reformulation des questions du guide d'entretien ».

Le pré enquête a été pour nous une étape qui nous a permis d'être au courant des réalités de notre terrain d'enquête. Pour le cas qui nous concerne, avant de nous lancer dans la pré enquête, un guide d'entretien a été élaboré d'avance.

Ainsi, nous avons mené la pré enquête sur trois cas (un couple et un homme) que nous avons rencontrés par le biais de nos connaissances. Lors des premières rencontres, nous avons commencé par l'introduction de notre entretien par des questions d'ordre général sous forme de causerie pour une mise en confiance.

4.7.2. Enquête proprement dite

Durant la période d'enquête, nous avions dans nos mains une autorisation de la part de l'administration locale et d'une attestation de recherche délivrée par le Doyen de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education de l'Université du Burundi.

Avant la descente sur terrain, nous avons d'abord commencé à lire et à relire le guide d'entretien afin d'éviter les tâtonnements le moment venu de notre entretien. Avant d'entamer l'entretien, nous commencions par nous présenter à nos enquêtés et leur préciser l'objet de notre recherche. Ces contacts se passaient de façon douce et naturelle dans le but de gagner et de garder leur confiance et leur collaboration.

Durant l'entretien avec nos enquêtés, nous laissions le sujet s'exprimer librement sans pour autant diriger et interrompre son discours. Nous avons donc essayé de suivre les propos de PINTO & al (1964, p.815), là où ils ont donné des conseils qui disent qu' « A partir du moment où l'enquêté commence à parler, l'enquêteur ne doit pas l'interrompre ou le questionner mais demeure dans une attitude de compréhension.»

Toutefois, cette position de PINTO est à relativiser car pour les cas enquêtés, nous avons fait recours à la reformulation de nos questions et à poser d'autres questions liées aux informations livrées par les enquêtés.

Tenant compte de la nature de notre sujet d'enquête qui est « le vécu psychosocial chez les fonctionnaires divorcés », nous laissions l'enquêté s'exprimer librement sur sa situation de divorce car comme le précise DE LANDSHEERE (1976, p. 83), « ...cette méthode permet de mieux comprendre les motivations, les conflits, les attitudes des sujets qui, une fois mis en confiance, relèvent petit à petit leur anxiété, leurs frustrations, leurs sentiments, leur espoir, leurs préjugés ».

En ce qui concerne la conduite de l'interview, nous avons préféré nous entretenir avec chaque cas à part, dans le but d'éviter des résistances éventuelles. Nous tenions en considération la disponibilité de nos enquêtés. Nous nous fixions chaque fois un rendez-vous avec les interviewés tandis que les entretiens se déroulaient soit sur leur lieux de travail, soit au domicile des enquêtés, soit dans n'importe quel lieu qui garantissait la sécurité et le calme à l'endroit des enquêtés.

Afin de recueillir le maximum possible d'informations, un seul cas pouvait nous prendre trois occasions ou plus en fonction de la disponibilité de nos enquêtés. Signalons en passant que la durée moyenne des entretiens est légèrement inférieur à trente cinq minutes et cela dans le but de ne pas fatiguer nos enquêtés.

L'enquête a duré presque un mois et une semaine, c'est-à-dire du 22 août au 18 septembre 2010, alors que nous avions prévu uniquement trois semaines, cela étant dû à l'indisponibilité des enquêtés et aux distances à parcourir. L'enquête a concerné huit cas auxquels nous sommes entretenu successivement en date du 22 août pour BISO; du 24 août pour DONI; du 26; 28 et 29 août pour SECI; du 3 et 5 septembre pour BIBI; du 7 septembre pour SIFI; du 10 septembre pour GAGA; du 15 septembre pour MAMI et enfin du 18 septembre 2010 pour BAJU.

4.8. Difficultés rencontrées

La récolte des données n'a pas été sans obstacles. En effet, tout travail de recherche en sciences sociales, et particulièrement le nôtre qui comporte des questions touchant l'intimité de la personne enquêtée ne peut pas se passer sans manquements.

En effet, une des difficultés majeures était de trouver les enquêtés (les cas de divorce). Les cas de divorce n'étaient pas nombreux comme certaines gens le croient. Même ceux prononcés par le Tribunal de Grande Instance de Muyinga, nous ont fait remarquer que les dossiers consultés audit Tribunal ne nous ont pas servi à grand-chose car aucune adresse complète des divorcés (es) n'était mentionnée. Il nous a fallu alors chercher quelqu'un qui puisse nous donner les informations nécessaires, c'est-à-dire quelqu'un qui pourrait nous orienter et nous mettre au courant de la situation de tel ou tel autre cas du (de la) divorcé (é) et de son adresse complète. Nous étions obligés de nous faire conduire par quelqu'un d'autre.

Nous avons aussi connu la difficulté d'accès dans les foyers car, parfois on refusait de nous recevoir et il fallait rentrer et y revenir après, une fois, deux fois, voire quatre fois et même plus. Une autre difficulté non négligeable a été d'obtenir l'information voulue auprès des divorcés. Ils (elles) éprouvaient la honte de nous livrer des informations si intimes de peur qu'elles soient divulguées. Nous nous sommes également heurté à des résistances de nos enquêtés dues à l'utilisation d'un appareil enregistreur.

Malgré toutes ces difficultés, nous avons tout de même pu mener des entretiens avec huit cas, c'est-à-dire trois mères et cinq pères. Les informations intéressant notre travail ont été donc récoltées malgré les difficultés dont nous venons de citer ci- haut.

4.9. Procédé de traitement des données

Après la collecte des données, nous avons procédé à la transcription des données sur un bloc note en vue de faciliter l'analyse et l'interprétation. La démarche utilisée dans l'analyse et l'interprétation s'est appuyée sur nos objectifs de recherche. Après quoi, nous avons procédé à l'analyse qualitative des données. A ce sujet NISABWE (2007) rappelle que : « dans l'analyse qualitative, l'important implique la nouveauté, l'intérêt, la valeur d'un thème, c'est-à-dire sa présence ou son absence ».

Dans la démarche qualitative, l'approche est exploratoire. Ce qui est intéressant n'est pas la quantité d'informations mais la qualité d'informations. Donc, c'est la découverte de la nouveauté qui est importante. Lors de l'interprétation nous sommes passé à la confrontation des faits aux théories des différents auteurs pour cerner le sens des propos de nos enquêtés et des observations faites.

IIème PARTIE : PRESENTATION DES CAS, ANALYSE DES DONNEES ET L'INTERPRETATION DES RESULTATS

CHAPITRE V: PRESENTATIONS DES MONOGRAPHIES

5.0. Introduction

Dans ce chapitre, nous présentons les huit cas dont cinq hommes et trois femmes qui ont fait l'objet de notre recherche empirique. En guise d'anonymat, les différents cas sont désignés par deux premières lettres en majuscules de leurs noms et prénoms. Ainsi, nous avons respectivement les cas nommés BISO, DONI, SECI, BIBI, SIFI, GAGA, MAMI, BAJU.

5.1. Cas BISO

BISO est une jeune femme fonctionnaire âgée de 45 ans. Du coup quand on la voit, on réalise qu'elle a des problèmes dans sa vie. Tout le temps qu'a duré notre entretien, elle était anxieuse, elle nous a accueilli avec une mine bien sombre.

Il y a cinq ans et demi qu'elle a divorcé avec son mari DONI. Elle s'est mariée avec celui-ci une année après ses études secondaires. Avant le divorce BISO vivait à RABIRO avec son mari enseignant. Avec son époux DONI, ils ont eu cinq enfants, deux garçons et trois filles. Le premier de ces enfants est en dixième année tandis que le cadet (le plus petit) est en 4ème année primaire.

Dans les premiers moments de leur mariage, c'était paisible à voir, ils s'aimaient beaucoup. Mais la situation s'est renversée après la naissance de leur troisième enfant. Nous avons voulu savoir les raisons essentielles de leur divorce. Elle nous a révélé que c'était un enfant que son mari avait fait avec une autre fille avant leur mariage qui en était la base: une fois la mère de cet enfant a écrit à DONI, lui signifiant qu'elle voudrait lui envoyer son enfant.

Dès lors, le degré de confiance avec son mari DONI a sensiblement chuté .Ils ont alors commencé à vivre dans un climat malsain jusqu'à ce qu'ils divorcent .Brièvement, la raison majeure est que DONI avait caché à BISO l'existence de cet enfant.

Une autre raison que BISO avance, c'est qu'ils n'ont pas eu le temps suffisant de s'aimer et de se connaître avant le mariage, ce qui aurait donné l'occasion à DONI de dire à BISO qu'il avait un enfant qu'il avait fait avec une autre fille. Enfin, BISO nous a révélé qu'aux moments des rapports sexuels, il n'y avait pas de consentement mutuel. Son mari le lui obligeait de force et cela tous les jours sans interruption. Quant à la question de savoir si vivre dans la situation de divorce constitue une charge psychosociologique, BISO affirme dans ses propos : «Ubu nsigaye ndi ikimaramare aho nciye hose baravuma.» Ce qui signifie : «J'ai aujourd'hui honte de moi-même, je suis une personne sur qui, tout le monde jette de l'anathème.»

5.2. Cas DONI

DONI est celui qui fut le mari de BISO; il est âgé de 48 ans. Il affiche aussi une mine de quelqu'un qui n'est pas à l'aise. Bien qu'il accueille chaleureusement son invité, quand vous lui parlez de son passé, il réagit avec beaucoup de colère. Au sujet de ses études, DONI a une formation universitaire. Il est professeur dans une école secondaire de BUTIHINDA. Il vit actuellement cet endroit même avec ses deux petits frères qui sont élèves au secondaire.

Quand nous avons voulu savoir les problèmes majeurs qu'il a rencontré avant son divorce, il nous a révélé que tout est parti de sa femme qui n'a pas voulu élever un enfant dont elle n'était pas mère. Depuis que sa femme a fait connaissance de l'existence de cet enfant, le ménage s'est délabré par des querelles jusqu'à ce que DONI perde toute influence et toute autorité familiale.

Poussés par leur mère, ses enfants ne lui parlaient même plus. Mais aussi, le fait que DONI avait à la longue pris une décision de rentrer tard dans la nuit afin de trouver sa femme profondément ensommeillée, y est pour quelque chose. Il nous a encore dit qu'il a divorcé pour qu'il vive paisiblement et qu'il ne voudrait pas encore entendre parler de tout ce qui se rapporte aux femmes. DONI affiche une agressivité à toute personne qui le rappelle de sa femme.

Cependant, par amour à ses enfants, DONI leur paye les frais de scolarité de même que tout le matériel scolaire. DONI nous a enfin révélé qu'il a un problème lié au sommeil: il n'en a plus et s'il lui arrive d'en avoir un tout petit, c'est pour faire des cauchemars. Enfin c'est l'absence des fiançailles qui a été la cause de leur divorce a ajouté DONI.

A propos de la question de savoir si vivre dans la situation de divorce étant fonctionnaire constitue un fardeau psychosocial, DONI dit ceci : «Vyoreka kundemera gute kandi wumva mba ndi umwe mu nzu ya jenyene ?» Ce qui signifie : «Comment cela ne pourrait-il pas être un fardeau alors que je suis seul à la maison  » ?  DONI voit que la solitude constitue un problème psychologique pour lui.

5. 3. Cas SECI

SECI est une femme âgée de 43 ans, divorcée il y a cinq ans. Son apparence physique est satisfaisante, elle sourit à tout moment et accueille chaleureusement ses visiteurs. Elle est maigre et d'une taille élancée. Comme elle nous a bien reçu le premier jour de notre visite, nous ne pouvions pas nous imaginer qu'elle avait des problèmes dans sa vie.

Mais tout au long de nos échanges, nous avons découvert qu'elle avait des problèmes: elle ne voulait pas répondre à nos questions, elle changeait de mine chaque fois que nous lui posions une question en rapport à sa vie intime, elle nous proposait de laisser tomber telles questions, prétextant que ce serait ramener dans sa mémoire des situations qu'elle voudrait oublier et qu'elle passerait toute la nuit en ne rêvant que de cela.

Après trois séances d'entretien, elle nous a compris et nous a finalement dit sa vérité. De ce qu'elle nous a dit, nous avons retenu que son mari lui reprochait de se comporter comme une paysanne bien qu'elle ait été à l'école. Ensuite, son mari lui obligeait de se cacher chaque fois qu'il se présentait un visiteur dans leur demeure. Elle regrettait même qu'ils n'ont pas donné un temps suffisant à leurs fiançailles; car si cela avait eu lieu, elle n'aurait pas pu se hasarder à le prendre pour époux. SECI nous a signifié que son mari avait aussi une maladie mentale, et que lorsqu'il était en crise il commençait à casser tous les objets ménagers.

En ce qui concerne la question de savoir si c'est un fardeau de vivre dans une situation de divorce, SECI dit ceci : «Biraremera kuko bose mbona umengo bavuga jewe.» Ce qui se traduit : «C'est un fardeau car je vois que tout le monde parle de moi partout où on est ».

SECI vit actuellement à BUDAHUNGA avec sa petite soeur dans une maison qu'elle loue. Elle vit de son salaire car elle travaille dans une O.N.G. Mais au point de vue social, elle nous a révélé que n'importe qui la traite à sa manière, qu'elle n'a pas de dignité.

5.4. Cas BIBI

BIBI est un homme âgé de 45 ans. Il est grand et gros et sa voix porte loin. Il est directeur d'une école primaire et vit avec son fils aîné. Il a eu avec sa femme trois enfants âgés respectivement de 16, 12 et 10 ans. Les deux premiers sont à l'école secondaire, et l'autre en 6ème année. En ce qui concerne la vie psychosociale d'un fonctionnaire divorcé, BIBI affirme y trouver un grand problème psychologique. Il dit ceci : « Mu vy'ukuri ubuzima buragoye kuko hari n'abama bantwenga ngo nataye umwanya wo kwiga ngo nta muntu yize yahukana,ivyo birambabaza cane ». Ce qui signifie : « En réalité, il s'agit d'une situation difficile car il y a des gens qui se moquen²t de moi soit disant que je n'ai rien gagné sur le banc de l'école car un intellectuel ne divorce pas.»

Pour lui, la raison majeure de son divorce est que sa femme ne le respectait pas. Voici ce qu'il avance comme problème de fond: « Umugore wanje yashoboye kuvuga ngo jewe karya kagabo ntidukwiranye ngo kandi bisubiye ni kabi ».

ce qui signifie: « Ma femme a osé dire qu'elle n'est pas à l'aise avec moi, je ne la mérite pas et que je suis un petit bonhomme ».

Il n'a pas été facile à la femme de divorcer d'avec BIBI car, chaque fois qu'elle se rendait au tribunal pour le procès elle y trouvait un avocat de BIBI ce qui a fait que ce procès a duré plus de 8 mois.

5.5. Cas SIFI

SIFI est une femme ex-épouse de GAGA. Sa coiffure est d'une longue chevelure, porte de beaux habits et met du rouge aux lèvres. Elle est âgée de 40ans et s'est officiellement mariée avec son mari GAGA d'avec qui elle a divorcé il y a 5,5 ans.

Ce couple a eu trois enfants, tous des garçons. Quant à sa formation, SIFI est un diplômé de l'Ecole Normale Supérieure (E.N.S) et elle est pour le moment une enseignante dans une école secondaire.

Avant le divorce, elle vivait à GASORWE. Elle vit actuellement à KOBERO dans une propriété qu'elle a héritée de son père. Elle habite une maison de trois chambres et une salle de séjour. Elle est propriétaire de cette maison car son père n'a eu que cette fille unique .Elle y habite avec son fils cadet.

Pour lui, elle n'a pratiquement pas connu de problèmes depuis qu'elle s'est mariée avec GAGA. Tout a changé depuis que son mari a pris l'habitude de la battre en présence des enfants. Cela a occasionné de grands problèmes familiaux: s'injurier, se lancer des propos malveillants qui rongent le coeur. Le grand problème qui poussait son mari à la battre, nous a-t-elle dit, c'est que celui - ci voulait lui exigeait des rapports sexuels, qu'elle le veuille ou pas, et cela tous les jours sans interruption. Ne pouvant pas supporter une telle situation, SIFI a demandé plus tard de divorcer d'avec GAGA.

Quant à la manière dont elle s'y prend, elle dit ceci : « Jewe nta mahoro mfise mbona umengo vyavuye kuri jewe ». Ce qui signifie : «Je ne suis pas tranquille car chaque fois je me culpabilise.»

Aujourd'hui, SIFI affirme qu'elle n'a pas de problèmes particuliers, elle est habituée à la vie d'une divorcée. Toutefois, le seul problème qu'elle éprouve est qu'elle n'a plus de dignité auprès des autres comme celle qu'on lui réservait quand elle vivait encore avec son mari et ensuite, des fois elle se culpabilise.

5.6. Cas GAGA

GAGA est un homme de même âge que son ex-épouse et il y a cinq ans et demi qu'il a divorcé avec celle-ci. Il a beaucoup de cheveux blancs. Il réserve un accueil chaleureux aux gens. Il est apparemment plus vieux par rapport à son âge. GAGA est un directeur d'une école primaire.

Avant le divorce, il habitait MUYINGA, au chef-lieu de la province. GAGA et sa femme ont eu trois enfants, tous des garçons. Il vit actuellement à BUHORANA, mais deux de ses enfants sont chez leur oncle à BUJUMBURA où ils fréquentent une école privée .Il n'a pas pu nous recevoir lors de notre première visite, car il était avec les autorités hiérarchiques de son service. Le deuxième jour de notre visite, il nous a bien reçu et répondu sincèrement à nos questions, dans un climat d'ouverture d'esprit.

Quant nous avons voulu savoir les causes qui ont occasionné son divorce il nous a répondu dans ces termes: « Jewe nakuze mbona papa akubita mama mbere nogushika nje mu mwaka w'indwi. Vyarangumyemwo mbere gushika n'ubu. Maze kwubaka umugore anshavuje nagato naca ndamukubita kuko nibaza ko ari ukungaya kandi k'umugabo bamwemera muhira iyo akubita umugore wiwe ».

Ce qui signifie: « Je voyais mon père battre ma mère, depuis mon jeune âge jusqu' à ce que j'arrive en 7ème année. J'en ai gardé en souvenir et quand je me suis marié, j'ai fait la même chose ; je battais ma femme chaque fois qu'elle me fâchait et je croyais qu'elle ne me respectait pas ; je me disais qu'un homme est respecté chez lui quand il bat sa femme.»

GAGA vit actuellement seul dans une chambre qu'il loue. Il dit qu'il n'éprouve pas de problème pour vivre, sauf qu'il vit seul et qu'il n'a pas de femme. Un autre problème est qu'il a divorcé. Il regrette le fait qu'avant le divorce, on lui témoignait une grande confiance: on lui demandait d'être parrain des jeunes mariés ... , mais actuellement tout a changé. Quant il y pense, cela fait mal comme une blessure au coeur. Quant à la question de savoir si la vie d'un fonctionnaire divorcé constitue un problème psychosociologique, GAGA dit ceci : « Nsigaye ndi nk'ikimaramare ». Ce qui se traduit : « Je suis comme quelqu'un mis comme une honte ».

5.7. Cas MAMI

MAMI est un homme âgé de 40 ans. Il fut l'époux de SECI. Il est grand et gros. C'est un moniteur agricole. Il a eu avec sa femme trois enfants tous garçons. Il y a six ans qu'il a divorcé d'avec SECI. MAMI est un moniteur agricole.

Nous n'avons pas pu nous entretenir avec lui le premier jour de notre visite car il avait eu un accident de moto. Toutefois, nous avons constaté ce jour même que c'est quelqu'un qui accueille chaleureusement un visiteur, car il était à tout moment souriant.

Le deuxième jour de notre visite, il n'a pas voulu répondre d'emblée à nos questions sur ses problèmes. Mais quand nous lui avons réexpliqué l'objet de notre travail et de notre état civil car il y tenait, il a répondu à nos questions sans détours. Quand nous avons voulu savoir le mobile de son divorce, il nous a répondu que cela est dû à sa femme qui se comportait comme une paysanne. Il regrettait le fait que son mariage a été improvisé.

Autrement dit si les fiançailles avaient duré plus longtemps, il aurait pu découvrir le comportement de sa femme afin de se désengager à temps de ce projet de mariage. Il vit actuellement avec ses deux fils car le troisième vit chez sa grand-mère à BUTIHINDA. Il habite dans sa propre maison.

La seule chose qui l'indispose sont les mauvaises périodes que ses enfants ont vécues et qui ont affecté leurs comportements. Ils sont devenus comme de « petits animaux » et ne tiennent plus compte des conseils qu'il leur prodigue. Il a même surpris récemment un de ses enfants dans un cercle des fumeurs de chanvre. Une autre chose est qu'il avait eu des problèmes à élever le troisième enfant car sa mère l'a laissé à l'âge de 5 ans.

Concernant la question de savoir si vivre dans la situation de divorce l'affecte, MAMI s'explique dans ces termes : « Birashika nkagira isoni zo kuja gutemberera abagenzi banje bubatse izabo.» Ce qui se traduit : «Il m'arrive d'avoir honte, je me sous-estime, je ne veux même pas rendre visite à mes amis mariés ».

5. 8. Cas BAJU

BAJU est un homme âgé de 39 ans. Il a divorcé avec sa femme il y a cinq ans et sept mois, après avoir eu ensemble trois enfants dont deux garçons et une fille. Les deux premiers sont en 8ème année, tandis que l'autre est en 4ème année primaire. Il ne nous a pas facilité la tâche le premier jour, il nous disait à tout moment de ne pas lui rappeler de sa femme, affirmant que Dieu n'a pas voulu que sa femme vive longtemps avec lui.

Quand nous avons voulu réellement savoir ce qui s'est passé, avec sa femme il nous a dit que cela est dû à sa femme qui a été atteint d'une maladie après la naissance de leur troisième enfant. Il nous l'a dit dans ces termes : « Jewe namuhoye ko yari arwaye indwara ituma tudashobora kurangura amabanga y'abubatse ». Ce qui signifie: « Moi je l'ai abandonnée parce qu'elle était atteinte d'une maladie qui ne nous permettait pas que nous fassions des rapports sexuels ».

Il a ajouté que c'est sa femme qui, la première, a demandé le divorce. Il lui a demandé également à son tour car sa famille le pressait de divorcer lui disant qu'il aura une autre femme surtout qu'il était encore très jeune. BAJU vit encore dans sa propre maison mais tous ses enfants vivent avec leur mère. Au niveau de ses relations avec les autres, BAJU dit que son autorité hiérarchique ne le respecte pas au service, qu'il le malmène actuellement comme il l'entend. A propos de la question de savoir ses problèmes psychosociaux en rapport avec son statut de divorce, BAJU dit ceci : « Kuva nahukanye n'uwo kwanje, nguma maramara, nkibaza ukuntu nshobora kwegera abandi bakozi bareta ». Ce qui se traduit : « Depuis que j'ai divorcé, j'ai eu honte, je me demande comment je peux m'approcher des autres fonctionnaires ». Quant à sa femme divorcée, nous n'avons pas pu nous entretenir avec elle car nous avons appris qu'elle serait actuellement à l'extérieur du pays.

CHAPITRE VI: PRINCIPAUX FACTEURS DE DIVORCE SELON LES ENQUETES

6.0. Introduction

Notre recherche s'était donnée comme objectif de mettre en exergue les difficultés psychosociales qu'a un fonctionnaire divorcé. Nous avons récolté des données auprès de cinq hommes et trois femmes. Ces données récoltées ont ensuite été analysées sous formes de quatre thèmes :

- Principaux facteurs de divorce

- Principaux effets du divorce

- Difficultés psychosociales des fonctionnaires divorcés

6. 1. Violence conjugale

Soulignons que le mot violence a un contenu différent et multidimensionnel. Le phénomène lui-même touche de nombreux aspects de la vie collective et privée. Selon l'OMS (1998, p.6) : « la violence est l'emploi de la force physique et du pouvoir au détriment d'autrui avec comme objectif de dominer, d'affaiblir, de blesser et/ou d'anéantir l'autre».

Cette violence entre conjoints s'est beaucoup remarquée au cours de notre enquête. SIFI le précise: « Ibintu vyagiye guhinduka aho umugabo wanje atanguye kunkubitira imbere y'abana ». Ce qui veut dire: « Tout a changé depuis que mon mari a pris l'habitude de me battre en présence de nos enfants ».

Ici nous remarquons que cette violence qui se fait entre SIFI et son conjoint est une violence physique. La violence physique a des effets qui tendent à déstabiliser la femme battue sur tous les plans, surtout lorsqu'elle se produit de façon continue et permanente.

Il arrive des cas où la violence prend une autre orientation qui est une violence sexuelle. Malheureusement si l'homme est violent dans son ménage, tout se résout par force, il n'a pas de temps pour mesurer les conséquences des actes posés.

Les propos de BISO illustrent cela: « Mukurangura amabanga y'abubatse, nta mwunvikano wari uhari, umugabo wanje yamfata ku nguvu kandi ivyo vyaba imisi yose ». Cela peut se traduire ainsi: « Aux moments des rapports sexuels, il n'y avait pas de consentement mutuel, mon mari me l'obligeait de force et cela tous les jours».

L'homme qui use souvent de la force se livre facilement à des actes répréhensibles comme l'agression physique et/ou psychologique et ces facteurs favorisent le passage à l'acte dans la situation de violence.

Signalons qu'au cours de notre enquête, nous avons constaté que les violences sexuelles sont à la base des violences verbales. Donc, la violence verbale peut être entendue sous forme d'insultes, de mots grossiers etc. Alors la violence sexuelle est presque toujours accompagnée de violence verbale.

A ce sujet SIFI exprime ceci: « twaguma turyana, naramubwira ngo tuje kwa muganga akanka nkagira uburuhe bwo kwama ku mvyaro za bur' igihe, nkagira n'uburuhe bwo kwama ndangura amabanga y'abubatse ». Ce qui veut dire: « nous étions toujours en conflits, et quand je lui disais de nous rendre à l'hôpital il refusait, j'étais alors fatiguée des couches incessantes et par des rapports sexuels de tous les jours ».

Les mots qui blessent causent de la terreur dans l'esprit de la victime qui craint pour sa vie ou celle des ses proches. Il faut donc reconnaître l'effet dévasteur de la violence verbale et les traumatismes psychologiques particuliers causés par des insultes, l'humiliation, la menace, etc. Voici les propos de BISO: « umugabo wanje nk'ubu umukobwa aduciyeko yaca anyereka ngo ehe raba ngo ubona atagusumvya ubwiza nawe wirata ngo uri mwiza ». Ce qui peut se traduire: « chaque fois que mon mari voyait une fille qui passait, il me disait: regarde combien cette fille est belle, peux-tu te comparer à elle ».

Nous constatons qu'à partir des violences verbales naissent des violences psychologiques. La violence psychologique, surtout si elle est continuelle, peut détruire psychiquement la personne et causer de graves problèmes de santé. Les insultes, les brimades, les reproches répétés, les dénigrements systématiques qui débouchent sur l'effondrement de l'estime de soi, sont également des formes de violences psychologiques. Soulignons en passant au cours de notre enquête que certains ont révélé des violences verbales et psychologiques qui se font en l'endroit des hommes.

Le cas BIBI illustre ce qui précède. BIBI indique ce qui suit: « umugore wanje yashoboye kuvunga ngo jewe karya kagabo ntidukwiranye ngo kandi ni kabi ». Ce qui signifie: « Ma femme a osé dire qu'elle n'est pas à l'aise avec moi, je ne la mérite pas et que je suis un petit bonhomme ».

Nous pouvons dire que la violence peut être acquise comme le souligne BARAHWAHURA (2000, p39). Selon lui, « les gens apprennent la violence. Bien entendu ceux qui la leur enseignent n'en sont pas toujours conscients». Les enfants et les adultes violents apprennent cette violence de leurs parents et de leur milieu de vie. Naturellement, aucun d'entre eux ne se met délibérément et consciemment à l'enseigner. Mais le résultat est le même au cours de son apprentissage, l'enfant procède par imitation et identification. Il copie ce qu'il observe dans son entourage. Il intériorise beaucoup plus souvent les comportements manifestés par ses parents.

Selon DODSON (1972, P.60) : « L'enfant apprend par imitation et identification. L'enfant fait ce qu'il voit. L'exemple le plus développant qu'il m'ait été donné de voir personnellement fut celui de l'adolescent qui lançait de bouteilles à la tête de sa mère ». Voici ce que dit GAGA à ce propos :« Jewe nakuze mbona papa akubita mama, mbere nogushika mu mwaka w'indwi; vyangumyemwo gushika n'ubu. Maze kubaka umugore wanje anshavuje naca ndamukubita kuko nibaza ko ari ukungaya kandi ko umugabo bamwemera muhira iyo akubita umugore wiwe ». Ce qui signifie : « Je voyais mon père battre ma mère, depuis mon jeune âge jusque à ce que j'arrive en 7ème année, j'en ai gardé en souvenir et quand je me suis marié, j'ai fait la même chose ; je battais ma femme chaque fois qu'elle me fâchait et je croyais qu'elle ne me respectait pas, je me disais aussi qu'un homme est respecté chez lui quand il bat sa femme ».

Les enfants qui ont été victimes de violences physiques ou psychologiques ou qui ont grandi dans une famille où ils ont été témoins de scènes de violences dans leur milieu familial, risquent d'être violents eux-mêmes une fois adultes.

6.2. Manque d'amour conjugal

Avant de faire l'analyse de cette cause de divorce, il est nécessaire de se poser la question suivante: Qu'est-ce qu'être aimé? En dépit des apparences, les réponses à cette question sont les plus complexes. Pour BINDARIYE (2006, p.30), « être aimé c'est sans doute être digne d'amour. C'est être reconnu digne d'être protégé et aussi digne d'être désiré. C'est donc être reconnu dans son être profond et dans son être total avec ses qualités mais aussi avec ses défauts. C'est être reconnu avec sa conscience, avec ses potentialités, avec sa propre capacité d'amour. Et voilà qui ouvre la voie à un mouvement de réciprocité».

Nous pouvons affirmer que l'amour dans un couple conjugal va dans les deux sens et non dans un sens unique pour qu'il soit fécond. Et dans le cas contraire, on dirait qu'il y a manque d'amour conjugal. Cas BIBI s'exprime ainsi à ce propos: «Karya kagabo ntidukwiranye ngo kandi bisubiye ni kabi ». Ce qui veut dire: « je ne mérite pas cet homme et en plus de cela, il est un petit bonhomme bien moche ».

Etre aimé, c'est être jugé digne d'aimer. C'est être reconnu comme un `'interlocuteur'' valable, comme un partenaire désirable permettant l'épanouissement intégral de l'autre sexe. L'amour dans un couple est un sous-produit d'un processus qui englobe et dépasse la relation elle-même entre deux personnes. Si nous analysons le concept amour sur le plan psychanalytique. EDWARD et al (1982, p.11), y réfléchissent en ces termes: « Le groupe donne naturellement et inconsciemment ce qu'aucun effort individuel, si assidu soit-il ne pourrait donner. Il en est d'une relation d'amour profondément enracinée ».

Si nous considérons maintenant l'art d'aimer qui est souvent inconscient, il nous amène à un développement d'idées complètes et variées. Au cours de notre enquête, nous avons remarqué entre conjoints celui qui aime et celui qui n'aime pas. Nous savons que dans la société traditionnelle on apprenait à aimer un garçon ou une fille que les parents avaient choisie(e) pour leur fille ou leur garçon comme conjoint ou conjointe. Aujourd'hui une certaine liberté est accordée pour choisir l'heureux bénéficiaire de l'amour.

Pour BINDARIYE (2006, p.21), «l'amour véritable est un engagement réciproque qui se crée entre deux personnes et dont la stabilité suppose une forte personnalité et des sacrifices de l'un envers l'autre». Ensuite, l'amour dans un couple est quelque chose qui se remarque même dans les causeries de tous les jours et dans le cas contraire nous pouvons affirmer qu'il y a manque d'amour conjugal. Les propos de SIFI en disent ceci: « Uko kunkubitira imbere y'abana vyerekana ko atarukundo amfitiye ». Ce qui veut dire: « Le fait de me battre en présence des enfants montre qu'il ne manifeste pas de l'amour envers moi ». Nous remarquons à partir de ce cas là que le couple conjugal forme une intime communauté de vie et d'amour réciproque, si non l'union conjugale va être rompue.

6.3. Absences de fiançailles

Le terme fiançailles peut avoir de nos jours quelque chose de désuet. On assiste aujourd'hui à un renouveau des fiançailles vécues comme un temps de préparation au mariage avec officialisation familiale. BENABENT (1991, p. 4) donne son point de vue en ce qui concerne la définition du mot fiançailles. Selon lui, les fiançailles sont définies comme étant «une promesse réciproque de se prendre plus tard comme époux». Donc nous pouvons entendre les fiançailles comme une promesse mutuelle de mariage.

Le temps qui s'écoule entre la promesse et la célébration du mariage est une période très importante car il donne l'occasion de faire rencontrer les deux familles, c'est un temps pour se découvrir avant de s'engager dans le projet de mariage. Les jeunes qui se promettent mutuellement mariage en se fiançant jouissent d'une intimité physique et psychologique à travers les sorties, les visites et les fêtes passées ensemble. Ces différents moments de contact constituent bien des occasions propices à une plus ample connaissance entre fiancés.

Même si le législateur burundais laisse constater à travers les textes légaux qu'il prévoit le divorce, il n'est nulle part mentionné l'absence des fiançailles comme cause de divorce. Il a essayé de limiter les causes en règlementant le divorce. Signalons dores et déjà que le tribunal n'accepte pas d'emblée de prononcer le divorce puisqu'il statue dans l'intérêt du ménage et des enfants, c'est pour cette raison que quand deux époux se présentent chez le juge pour demander le divorce, le juge entrevoit d'autres chances pour voir si les époux ne peuvent pas changer d'avis. Toutefois, la législation burundaise ne peut pas mettre les fiançailles dans les textes légaux car ces derniers sont une affaire familiale et du couple futur.

Dans le BOB (1993), portant reforme du code des personnes et de la famille, il est mentionné que: «Si les conjoints persistent dans leur demande, la loi a prévu d'accorder le divorce dans deux cas. Dans le premier cas, il s'agit de la cause de divorce pour cause déterminée qui est stipulée dans l'Article 158 et 159 du code des personnes ». L'article 158 stipule que: « Chacun des époux peut demander le divorce pour cause d'adultère, pour excès, sévices, injures graves ». Quant à l'article 159, il mentionne ceci : « La condamnation de l'un des époux pour un fait entachant l'honneur peut d'après les circonstances constituer une cause de divorce ».

Certaines gens pensent que l'absence des fiançailles ne peut pas être l'une des causes de divorce car même la loi burundaise n'a pas prévu cela dans ses textes légaux mais malgré tout cela, notre enquête a prouvé le contraire. La moitié de nos enquêtés, c'est-à-dire 4 sur 8 a dit que l'origine de la dislocation a été l'absence des fiançailles. Voici ce qu'en dit BISO: «Ntitwaronse umwanya wo gukundana kugira ngo tumenyane ». Ce qui signifie : «Nous n'avons pas eu un temps suffisant pour s'aimer et se connaître ». MAMI poursuit encore en disant: « Iyo habanza kuba kureshanya, nari gushobora kubona ingeso z'umugore wanje nkamuheba ico gihe ». Ce qui veut dire: « Si les fiançailles avaient eu lieu, j'aurais pu découvrir les comportements de ma femme afin de me désengager à temps de ce projet de mariage». Selon BUSHAYIJA (1966, p38), «les fiançailles sont les préludes, des pourparlers coutumiers et sociaux mais purement privés entre deux familles en vue d'un futur mariage de leurs enfants ».

Dans les fiançailles, nous avons pu déterminer qu'il doit y avoir l'accord des parents. L'accord des parents se manifeste quand ceux-ci autorisent, permettent même à leurs enfants de continuer des relations avec leur élu (e), sans rien demander. Avec l'accord des parents, les cérémonies suivent leur cours normal jusqu'au jour du mariage avec le concours et la participation de deux familles respectives.

Au cours de notre recherche, nous avons constaté que si le mariage a été hâtif c'est qu'il y a eu absence des fiançailles. Ce qui fait que les parents ne se montrent pas du même avis que leurs enfants, ils ne sont pas donc en parfaite harmonie devant le choix de leurs enfants. Voici ce qu'en dit BAJU : « Ntitwaronse umwanya wokumenyana kuko umuryango waciye unsaba ko norongora vuba ».

Ce qui veut dire: « Nous n'avons pas eu un temps suffisant de s'aimer et de se connaître car ma famille m'obligeait de faire le mariage à la hâte ».

Nous voyons ici que lorsqu'il y a absence des fiançailles, l'engagement du mariage est soumis à plusieurs contraintes entre autres les contraintes socioculturelles. Mais dans tout ceci, rien n'oblige forcement deux personnes à se fiancer. Il faut que ça soit une décision partagée par les concernés en dehors des opinons de leur famille ou entourage social, il ne faut pas que l'un des partenaires se sente obligé de se lier avec l'autre, il faut surtout que chacun se sente libre pour pouvoir assumer et supporter tout ce qui découle de cette importante décision.

6. 4. Maladie grave

Même si le législateur ne prévoit pas le cas de maladie grave comme cause de divorce, au cours de notre enquête nous avons remarqué que dans certaines familles la maladie grave est un facteur à la base de divorce. Le cas typique est le cas BAJU: « Jewe namuhoye ko yari arwaye indwara ituma tutarangura amabanga y'abubatse ». Ce qui se traduit: « Je l'ai abandonnée car elle était atteinte d'une maladie grave qui ne permettait pas que nous fassions les rapports sexuels ».

Nous constatons ici que la femme de BAJU a manifesté un comportement qui objectivement constitue un blocage au lien conjugal, ce qui a détruit le mariage de manière définitive. Quand on parle de maladie grave on ne peut pas oublier la notion de trouble d'esprit . Selon le code de personne et de la famille (1993) la loi dit que la notion de trouble d'esprit ne correspond pas exactement à la notion d'aliénation mentale au sens de la médecine. Il suffit que l'époux ne soit plus maître de sa volonté et de ses appétits sexuels et qu'il ne possède plus d'une manière très diminuée la capacité de reconnaître l'illicéité de son comportement.

Concernant l'aliénation mentale, nous avons constaté qu'au cours de notre enquête que la maladie mentale est source de divorce Si la maladie mentale a rompu définitivement et irréparablement la communauté des époux, le législateur donne à l'autre époux le droit de demander le divorce. Le cas SECI illustre cela: « Umugabo wanje yari afise indwara yo mu mutwe, imufashe yaca atangura kumenagura ibintu vyo munzu ni co gituma nasavye ko twotwahukana ».

Ce qui signifie: « Mon mari avait aussi une maladie mentale lorsque il était en crise, il commençait à casser tous les objets ménagers, c'est pourquoi j'ai demandé le divorce ».

La réaction de SECI suite à la maladie mentale de son époux et une réaction de fuite de responsabilités conjugales. En fait la maladie mentale d'un des conjoints ne devrait pas être une cause de divorce, plutôt le conjoint « normal » devrait soutenir et faire soigner le conjoint malade. Ceci témoigne d'un signe d'amour.

6.5. Insuffisance de dialogue dans le couple et difficultés à communiquer

Le manque de dialogue dans le couple implique une mauvaise cohabitation.

Selon BINDARIYE (2006), « La principale source du divorce à l'intérieur du couple est sans aucun doute le manque de communication ». Savoir exprimer ses problèmes lorsqu'il y en a et sans contradiction, est la meilleure solution à ce problème.

Or, il n'est pas donné à tous de savoir facilement parler, de formuler ses désirs/ soucis, surmonter sa peur de prendre la parole et de s'exprimer, la peur de ne pas être compris voire d'être mal interprété sont des facteurs bloquant la communication dans le couple ce qui peut créer des mésententes entre conjoints. Voici ce que dit BISO à ce propos: « Umugabo wanje imyaka twari tumaranye nta munsi n'umwe twari bwicare mu muryango ngo tuyage ivy'urugo canke ngo dutwenge sinzi ko zari isoni canke yabigira abibona ». Ce qui se traduit: « Toutes les années que nous avons vécues ensemble, nous ne nous sommes jamais assis au salon avec mon mari pour parler des questions familiales ou pour rire un peu, je ne sais pas si ça lui faisait honte ou si il le faisait exprès.»

Selon YALA MPANGU (1980, p. 60), « le premier point sur lequel les conjoints doivent focaliser est d'améliorer la communication entre eux. Une fois installés en couple, les conjoints pourront avoir tendance à s'installer dans un quotidien pouvant être rébarbatif. L'habitude de se rendre au travail chaque matin ne permettant pas de s'échapper(...) et d'aérer l'esprit pour créer des tensions pouvant entraîner d'autres problèmes bien plus importants comme le manque de temps pour s'asseoir ensemble ».

L'analyse de YALA MPANGU est pertinente car, les obligations professionnelles de l'un des époux ne doivent pas être un prétexte pour ne pas trouver un temps suffisant pour dialoguer à propos de la vie familiale. Les propos de SIFI sont un cas typique et dit ceci: «Umugabo wanje iminsi twari tumaranye ntiyigera ashaka kumbwira ukuri, muri make ntiyashaka ko menya amatungo yiwe kuko naramubwira ngo twicare hamwe tubiganire akanka agaca ambwira ko agiye ku kazi». Ce qui se traduit: « Pendant le temps que nous avons vécu ensemble, mon mari n'avait jamais eu la volonté de me dire la vérité. Bref, il ne voulait pas que nous parlions de ses biens, car je lui demandais qu'on en parle dans un état calme et lui me le refusait et il me disait chaque jour qu'il allait au travail ».

S'il y a une bonne communication dans le couple, il y a absence de conflit de rôle. Il faut apprendre à partager éducation, loisir et autorité entre couple. Il est certain que personne n'a reçu un cours à l'éducation des enfants. Mais on doit inciter chacun des parents à prendre part à chaque tâche de leur épanouissement.

Plusieurs moyens existent pour mieux communiquer en couple, pour parvenir à un dialogue régulier, confiant et amical. BINDARIYE (2006, p31, 32) donne ces moyens. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer :

- « Ecouter votre aimé (e), le /la laisser s'exprimer sans l'interrompre;

- Avoir des vraies conversations quotidiennes ensemble, plutôt que des banalités utilitaires, échanger des idées, partager des centres d'intérêts, vous parlez simplement en amis, confiants l'un dans l'autre;

- Vous mettre plus souvent à sa place pour mieux comprendre ses réactions et ses attitudes;

- Lui montrer et lui dire souvent combien vous l'appréciez et combien votre vie de couple et ces dialogues sont importants à vos yeux;

- Vous intéresser d'avantages à sa vie, c'est là une source inépuisable de dialoguer;

- Rassurer votre partenaire en lui exprimant à chaque occasion vos sentiments d'attachement à sa personne et à votre relation  etc ».

CHAPITRE VII : LES EFFETS DIRECTS ET INDIRECTS DU DIVORCE

7. 1. Conséquences du divorce liées à sa procédure

Selon le code des personnes et de la famille (1993), l'effet juridique spécifique du divorce est évidement la dissolution du mariage pour l'avenir. L'on sait encore que, dans les rapports entre les époux, il y a une certaine rétroactivité mais le rôle de faute est ici particulièrement mis en relief. Tout jugement de divorce contient nécessairement une déclaration de culpabilité et ceci entraîne des sanctions à l'égard de l'un des époux coupable. La déclaration de culpabilité est indispensable dans le droit burundais mais la question de faute ne joue pas de rôle ici; même si l'époux qui fautivement a détruit le mariage a le droit de demander le divorce. A ce sujet, BAJU indique ceci: «Umugore wanje niwe yari afise amakosa kandi niwe yasavye ubwa mbere ngo twahukane.» Ce qui se traduit: « C'était ma femme qui était fautive et c'est bien elle qui, la première, a demandé le divorce ». Il poursuit en disant: « Nanje nca ndayisaba kuko umuryango wanje waciye undemera ngo ninahukana nzoronka uwundi mugore ndacari muto ». Ce qui signifie: « Moi aussi je l'ai demandé à mon tour car ma famille me pressait de divorcer me disant que j'aurais une autre femme surtout que j'étais encore très jeune». Nous voyons ici que ce principe risque d'avoir des conséquences préjudiciables dans la mesure où l'époux innocent peut être répudié par la partie fautive.

La loi burundaise a développé dans sa jurisprudence des règles bien claires qui garantissent dans la mesure du possible, une application équitable et uniforme de la loi ,c'est-à-dire que l'on doit partager toute la richesse que l'on a cherché ensemble. Il va de soi qu'il est, en règle générale, difficile de constater lequel des époux est, par sa faute, responsable de faillite du mariage. Ici, le juge doit tout d'abord poser la question de savoir si la rupture des liens conjugaux est la suite du comportement fautif d'une partie ou le fait du destin, dont la personne ne porte pas la responsabilité. A ce sujet MAMI nous dit: « Muri sentare umugore wanje ntiyemeye neza ko kwahukana kwacu ari inkurikizi y'amakosa yiwe ». Ce qui se traduit:

« Au tribunal, ma femme n'a pas facilement accepté que la rupture de nos liens conjugaux est la suite de son comportement fautif ».

Si une seule demande a été introduite, le tribunal a seulement le choix entre le jugement de rejet du divorce et un jugement prononçant le divorce aux torts du défendeur. Si au contraire, le défendeur a formulé à son tour une « demande reconventionnelle », voire une « demande principale », le tribunal dispose d'un choix plus étendu, il peut rejeter l'une ou les deux demandes hypothèses. Rare ou prononcé du divorce soit indifféremment aux torts de l'un ou de l'autre époux. Mais à côté de deux notions de « torts de l'un des époux » et de « torts réciproques », la jurisprudence influencée sans aucun doute par les dispositions de certains codes étrangers a introduit une notion de celle de « torts prépondérants ». C'est dans le cas où les deux conjoints ont tous torts.

Certes, il faut tout de suite le noter, l'expression n'apparaît pas dans les dispositifs du jugement du divorce. Le concept nouveau n'est en effet utilisé que dans la mise en oeuvre de certaines sanctions entraînées par le divorce et les dommages intérêts. Dans le divorce officiel fondé sur la faute, il est prévu certaines sanctions à l'égard de l'époux coupable, tant dans ses rapports avec ses enfants que dans ses rapports avec son ex-conjoint.

7. 2. Sanctions à l'égard de l'époux coupable

7. 2. 1. Sanction intervenant de plein droit

La première sanction intervenant de plein droit est la déchéance des donations et des avantages matrimoniaux frappant l'époux coupable ou les deux si le divorce est prononcé « aux torts réciproques ». La déchéance concerne d'abord les donations que l'époux innocent avait faites à l'époux coupable pendant le mariage, de même, selon la jurisprudence, avant la célébration, elle concerne ensuite les avantages matrimoniaux, c'est-à-dire les bénéfices pécuniaires que l'époux coupable peut retirer du mariage tel une clause de partage inégal des biens matrimoniaux.

Concernant le partage de la communauté, la coutume précise que la femme divorcée partait avec tous ses objets personnels, soit ce qu'elle avait apporté avec elle au temps du mariage, soit les cadeaux reçus et ce qu'elle avait obtenu grâce à son travail personnel. Aujourd'hui, avec le code des personnes et de la famille, la femme divorcée a le plein droit de réclamer une part des biens communs. Il sera cependant déduit de cette part, la contre valeur des cadeaux reçus au cours du mariage. C'est le cas de SIFI qui, pendant le processus de divorce, a connu des difficultés.

Voici ses propos: « Amatungo yacu twayagumije hamwe ». Ce qui signifie: « Nous avons gardé nos richesses ensemble ». Avant la sentence du divorce, SIFI et son conjoint ont gardé leurs biens ensemble. C'est après le prononcé du divorce par le juge, qu'ils en ont fait le partage. Elle poursuit en disant: «Ariko munyuma amatungo twarayagabuye, umwe wese atwara rwiwe ». Ce qui veut dire: « Mais par après, nous avons partagé nos richesses, chacun recevant sa part ». Nous remarquons ici que la sanction à l'égard de l'époux coupable devient une charge lourde de deux côtés.

7. 2. 2. Sanction consistant en la condamnation de l'époux coupable

Selon le code des personnes et de la famille (1981), cette sanction qui consiste dans la condamnation de l'époux coupable repose sur le fait que de bénéficier d'une pension alimentaire au profit de l'époux innocent. Cette sanction donne lieu en droit burundais à des discussions abondantes relativement à sa nature juridique. Ajoutons à cela qu'on peut attribuer à la pension « un fondement indemnitaire » et un caractère alimentaire. « Le fondement indemnitaire » s'explique par le fait que suite à la dissolution du mariage, le devoir de secours qui demeurait jusque là entre les époux, disparaît.

La « pension indemnitaire » est destinée à réparer le préjudice pour l'époux innocent dans la perte du droit de secours. Le caractère alimentaire destiné à le remplacer, se modèle sur le « devoir de secours ». Quant à son étendue, l'on peut dire qu'il a un rythme « d'une créance alimentaire ». On peut dire que ce genre de sanction est appliqué dans le « divorce sanction ». Cela parce que la loi burundaise prévoit deux types de divorce notamment le « divorce sanction » et le « divorce remède ».

7. 2. 3. Dommages intérêts

Les dommages intérêts sont destinés à réparer le préjudice que l'époux innocent a pu subir du fait de la dissolution du mariage. En effet, le préjudice matériel n'est souvent pas intégralement réparé par la pension alimentaire qui est limitée à la moitié des revenues de l'époux coupable. Malgré cette pension, le train de vie de la femme risque d'être fortement diminué. A ce sujet, BISO dit ceci: « Umugabo wanje ntiyigeze atanga ivyo sentare yamuciye ». Ce qui signifie: « Mon mari ne m'a jamais donné la pension comme le tribunal l'a obligé ».

Les propos de BISO montrent que la femme divorcée est beaucoup plus touchée par son statut de divorce. A cela s'ajoute parfois un préjudice moral, notamment la déconsidération sociale dans certains milieux, avec le statut de divorce. A ce propos voici comment BISO s'exprime : « Ubu nsigaye ndi ikimaramare aho nciye bose baravuma». Ce qui se traduit: « actuellement, j'ai honte de moi-même, je suis une personne sur qui, tout le monde jète de l'anathème ». Ces dires de BISO expiquent comment la personne divorcée est déconsidérée tout en laissant entendre combien le divorce est un mal pour les concernés. Cela montre que le divorce est générateur de l'insécurité et de la perte de la considération de la personne divorcée.

Selon le code des personnes et de la famille (1981), si la nature juridique de la pension alimentaire a pu être discutée, celle des dommages intérêts ne soulève aucun problème de qualification. Les conséquences découlant de cette qualification ne sont pas moindres. D'abord les dommages et intérêts ne peuvent être accordés qu'à l'époux innocent et sont donc exclus lorsque le divorce a été prononcé aux « torts réciproques ». Ensuite, l'époux demandeur doit établir que le préjudice invoqué a bien été causé par la dissolution du mariage. En plus, l'attribution des dommages et intérêts n'est pas subordonnée à la justification par l'époux innocent d'un état de besoin. Cependant, les ressources de l'époux coupable ne sont pas prises en considération. La sanction de l'époux coupable consiste aussi en la perte de certaines prérogatives comme le droit de garde et/ou de visite des enfants issus du mariage. A ce sujet MAMI indique ceci: « Naragize ingorane yo kurera umwana kuko nyina yamusize ari muto cane afise imyaka itanu ». Ce qui signifie: « J'ai eu des problèmes sérieux à éduquer l'enfant car sa mère l'a laissé quand il avait 5 ans».

Nous voyons ici que la garde des enfants pose des problèmes majeurs avec le divorce. De plus, un enfant qui est élevé par un seul parent risque d'avoir de problèmes sur le plan éducatif car, l'enfant a besoin des deux figures parentaux d'identification dans son éducation.

Les changements d'attitudes dus aux conséquences du divorce occasionnées par cette situation se remarquent tout au long du vécu quotidien de la personne divorcée. Comme le souligne les témoignages de nos enquêtés, cette situation entraîne une rupture dans la vie psychosociale de la personne divorcée. Cela fait que les relations dans la vie de la personne divorcée soient perturbées.

CHAPITRE VIII. DIFFICULTES PSYCHOLOGIQUES DES FONCTIONNAIRES DIVORCES

8.0. Introduction

La survenue du divorce au sein du couple conjugal pousse la personne divorcée à être préoccupée. Dans le présent chapitre, nous avons mis en évidence les différentes attitudes manifestées par les fonctionnaires divorcés. Ces attitudes ou comportements de ces derniers témoignent des sentiments inhérents à leur situation de divorce. Ils indiquent en même temps la manière dont nos enquêtés se perçoivent.

8.1. Le fonctionnaire divorcé et ses sentiments

La survenue d'un divorce au sein du couple conjugal fait apparaître un certain nombre de sentiments. Au cours de nos entretiens, nous avons trouvé que les fonctionnaires divorcés éprouvent des sentiments suivants : sentiment de malaise, sentiment de honte, la perte de l'estime de soi, sentiments de peur, sentiment de culpabilité.

8. 1. 1. Sentiments de malaise

Le fonctionnaire divorcé ressent du malaise intense. Chez GAGA, les relations sociales qui existaient avant le divorce étaient mis en cause et pour ce, son for intérieur est perturbé d'où lesdits sentiments d'un malaise intense. Il le déclare par ces propos : « Ubu ntaho nkironka nca kuko aho nciye bose bantunga urutoke ». Ce qui signifie : « Je n'ai plus où passer, on me pointe du doigt partout ». GAGA n'est plus tranquille car sa situation de divorce perturbe ses relations sociales. Comme chez GAGA, SECI développe les mêmes sentiments d'insécurité. Voici ses propos : «  Iyo ndavyibutse ndashobora kumara umusi ntariye ». Ce qui veut dire : « Quand ces événements reviennent dans ma conscience, je perd d'appétit ».

Pour lui, le problème est que son entourage n'a plus de confiance en lui et quand il y pense cela rappelle une blessure narcissique. Il ajoute qu'il lui arrive d'avoir des troubles digestifs mêmes. A ce sujet, SUGURU (2000) explique ceci : « Les déprimés présentent souvent les troubles digestifs, notamment une constipation, un manque d'appétit qui est un manque de motivation pour la vie et son entretien, un manque d'intérêt pour les aliments.» Nous comprenons ici que ces troubles digestifs observés sont dus au malaise intense découlant d'une dépression.

8. 1. 2. Sentiments de honte

Parmi les personnes interviewées, MAMI et BAJU affirment qu'elles éprouvent le sentiment de honte face à cette situation de divorce. Ce sentiment les pousse à s'isoler jusqu'à couper des contacts avec d'autres fonctionnaires. Les propos de BAJU illustrent cela : « Kuva nahukana n'uwo kwanje, numva maramara,nkibaza ukuntu nshobora kwegera abandi bakozi ba reta ». Ce qui signifie : « Depuis que j'ai divorcé, j'ai honte, je me demande comment je pourrais m'approcher des autres fonctionnaires ». Ce sentiment le pousse à l'isolement et il coupe tout contact social. Quant à MAMI, il a aussi ce même sentiment de honte. Il l'explique dans ses propos : « Birashika nkagira isoni zo kuja gutemberera abagenzi bubatse izabo ». Ce qui se traduit : « Il m'arrive d'avoir honte de quitter mon domicile, pour aller visiter mes amis mariés ». La même situation se retrouve chez BISO, elle l'indique comme suit : « Ubu nsigaye ndi ikimaramare, aho nciye bose baravuma ». Ce qui signifie : «J'ai aujourd'hui honte de moi-même, je suis une personne sur qui, tout le monde jette de l'anathème.»

8. 1. 3. Perte de l'estime de soi

Le fonctionnaire divorcé s'imagine comment autrui perçoit son image. Les données que nous avons recueillies nous montrent les sentiments qui l'habitent. Ces derniers dépendent non seulement de l'idée qu'il se fait de lui-même mais aussi de l'idée que les autres se font de lui.

Parmi les personnes que nous avons interviewées, SECI, SIFI, GAGA et DONI ont révélé avoir de mauvais sentiments quand elles sont avec les membres de la famille d'origine. Ils ont une image négative d'elles-mêmes. SECI a fait savoir que les membres de sa famille d'origine ne la comprenait pas, il l'exprime en ces termes : « Mu gihe nahukana mama ntiyanyumva ndetse n'ubu ,yaguma antako amakosa ». Ce qui se traduit : « Quand j'ai divorcé, ma mère ne me comprenait pas et même actuellement, elle ne cesse pas de me culpabiliser ». SECI a un sentiment de désespoir découlant du rejet de sa famille d'origine ce qui peut provoquer chez lui une perte de l'estime de soi. Il continue en disant ceci : « Umuryango wanje ndawuvugako vyinshi kuko baciye banyanka urunuka ».

Ce qui signifie : « à propos de ma famille, j'en dis beaucoup car elle m'a rejeté complètement ». Selon SECI, elle est mal perçue par sa famille d'origine et cette situation se répercute sur son estime de soi qui est très négative. Pour SIFI, la situation est la même comme elle l'exprime dans ses propos : «Umuryango wanje ntiduhuza na gato». Ce qui signifie : « je suis en totale contradiction avec ma famille ». Ce même sentiment d'insatisfaction se remarque chez GAGA qui s'exprime en ces termes : « Mabukwe aho nciye yoturira ». Ce qui signifie : « Ma belle-mère ne me supporte pas en aucune façon ». La belle-famille de GAGA la maltraite, cela lui donne une image très négative. Chez DONI, la situation est la même, il n'a pas de parents, son frère la menace à cause de son statut de divorce. Elle dit ceci : « Musazanje mfise umwe ntiducana uwaka kubera nahukanye ». Ce qui se traduit : « je suis en totale contradiction avec mon frère parce que j'ai divorcé ».

8. 1.4. Sentiments de peur

Parmi les personnes que nous avons interviewées, SIFI, SECI et BISO manifestent des sentiments de peur. Elles ont des appréhensions sur le mal que leurs familles peuvent leur causer. Ainsi des sentiments de persécution sont exprimés. A ce propos, voici ce que SIFI déclare : « Ndafise ubwoba ko ababandi canke abandi bo kwa mabukwe boza bakanyicira mu nzu  ». Ce qui veut dire : « J'ai une grande peur que les bandits ou les membres de ma belle-famille ne viennent pendant la nuit pour me tuer ». Chez SECI, les sentiments de peur sont liés au fait qu'elle est seule à la maison. Voici ses propos : « Birantera uruhagarara iyo ndi mu hira jenyene ». Ce qui signifie : « Je suis dans une grande insécurité quand je suis seule à la maison ». Quant à la situation de BISO, sa peur est liée au fait que si l'enfant tombe malade elle n'aurait pas d'intervention rapide de secours. Elle l'exprime ainsi : « Iyo bugorovye numva amaganya kuko nkubu umwana arwaye sindonka uwumunjanisha kwa muganga ». Ce qui veut dire : « Quand la nuit tombe, c'est un malheur pour moi car si l'enfant tombe malade, je n'ai personne pour m'aider à le transporter à l'hôpital ».

8. 1. 5. Sentiments de culpabilité

Parmi les fonctionnaires interviewés, SIFI et BIBI disent qu'ils éprouvent des sentiments de culpabilité face à sa situation de divorce. Les propos de BIBI illustrent cela :« Kuva nahukanye nguma mbona umengo nije vyavuyeko , iyo ngiye mu mugwi w'abo dusengera hamwe ndumva isoni, ivyo biratuma mbabara ku mutima ».

Ce qui veut dire : « depuis que j'ai divorcé, je me culpabilise, quand je suis dans mon groupe de prière je sens une honte, tout cela me fait mal au coeur ». Tous ces sentiments provoquent une blessure narcissique chez BIBI. Quant à SIFI, elle ressent aussi des sentiments de culpabilité. Elle l'exprime ainsi : « Jewe nta mahoro mfise kuko mbona umengo vyavuye kuri jewe kuko iyo nagumayo usanga yari guheba kunkubitira imbere y'abana ». Ce qui se traduit : « Je ne suis pas tranquille car je me culpabilise. J'ai le regret d'avoir demandé le divorce puisque si j'y avais resté, mon mari aurait abandonné peut être à me battre devant mes enfants.»

La culpabilité est un sentiment qui touche beaucoup la vie intérieure de la personne divorcée. Selon PIERRE(1990), ce sentiment de culpabilité peut entraîner une fatigue et une dépression. Lorsqu'on est dépressif, des tremblements de fatigue peuvent se produire ainsi que  des maux de tête, une hypotension artérielle...et tout cela peut se répercuter sur la vie socio-professionnelle d'un fonctionnaire divorcé.

Le divorce une fois prononcé, laisse très souvent la personne divorcée dans un état psychologique très critique. Cette situation nous a été révélée par DONI comme nous le constatons à travers ses propos : « Nta tiro ngifise, bishitse ngatora itiro naho, nguma ndota nabi ». C'est-à-dire: « Je n'ai plus de sommeil et s'il m'arrive d'en avoir un tout petit, c'est pour faire de cauchemars.»

Nous remarquons que le divorce laisse la personne concernée dans une situation psychologique précaire étant donné que le divorce entre conjoints est un problème profond. Alors, la question de l'état psychologique de la personne divorcée revient à répondre à la question de saisir les comportements nouveaux suite à ce phénomène social qu'est le divorce. Après le prononcé du divorce, nous avons remarqué que les états psychologiques de la personne concernée changent.

A ces difficultés psychologiques s'ajoutent d'autres problèmes, à savoir la vie solitaire, la perte de dignité, la perte de statut social, l'insécurité, la peur de la nuit, etc. Si la société n'offre pas de soutien tant moral que psychologique à ces personnes, celles-ci peuvent se sentir rejetées par la communauté et risquent de vivre en marge de la société. SECI en donne une illustration: « Jewe ubu mbayeho nabi, bisubiye ntawukinyubaha, uwo ari we wese amfata uko yigombeye ».

Ce qui signifie pour SECI: « Je mène une vie misérable, personne ne me respecte, tout le monde me sous-estime, je n'ai plus de dignité ». Ces propos de SECI montrent combien le divorce plonge la personne concernée dans une situation difficile à supporter. Il est source d'insécurité et de la perte de l'estime de soi. GAGA montre aussi que la personne divorcée perd son estime de soi. Il précise ainsi : « Ubu ntaho nkironka nca kuko aho nciye bose bantunga urutoke, nsigaye umengo ndi igicibwa ». Ce qui signifie: « Je n'ai plus où passer, on me pointe le doigt partout, je suis comme quelqu'un mis en quarantaine.»

A analyser les propos de GAGA, nous constatons qu'elle manifeste une certaine perte de l'estime de soi, ce qui peut entrainer une blessure narcissique. La culpabilité qui prédomine chez GAGA, est donc un moment pour lui de méditer sur la période qu'il a traversée. Suite à son statut de divorcé, GAGA mène une vie psychique désequilibrée qui entraine des nuits cauchemardesques. Voici ce qu'il dit: « Nkiri hamwe n'umugore wanje tukibanye neza nararyama ngasinzira ariko ubu singitora agatiro ndara ndakangagurika. Nsinziriye naho nguma ndota bibi, ikindi nuko nsigaye ndi ikimaramare, aho nciye hose baramvuma ». Ce qui se traduit comme ceci: « Avant le divorce, je menais une vie meilleure avec ma femme et je dormais dans toute quiétude, maintenant que nous avons divorcé, je n'ai plus de sommeil et j'ai souvent des insomnies. Quand il m'arrive d'avoir un petit sommeil, je passe ce moment dans des cauchemars. Ensuite, j'ai aujourd'hui honte de moi-même, je suis une personne sur qui tout le monde jette l'anathème».

Et depuis, GAGA est menacée par cette blessure psycho-sociale occasionnée par le divorce avec son épouse et son isolement de sa propre famille. Voici ses propos: « Mabukwe aho nciye yoturira ngo nije namutereye urubwa umwana wiwe ». Ce qui veut dire: « Ma belle-mère ne supporte plus me voir car elle m'accuse d'avoir déshonoré sa fille».

8.2. Relations d'un fonctionnaire divorcé avec sa famille paternelle

Depuis longtemps, le mariage dans la société burundaise était précédé par des relations d'affinité. Les deux familles souhaitaient que le mariage soit une union durable. L'idéal est que le projet du mariage soit contracté dans un esprit de pérennité.

Pourtant, il arrive que les choses changent et prennent une autre tournure. Des fois, l'union des époux est menacée par la discorde, l'esprit de domination, des conflits, la jalousie etc. qui peuvent aller jusqu'à la rupture. Autrement dit, si le degré de conflits atteint son apogée, certains hommes ou femmes demandent le divorce. Ceci est illustré par les propos d'un de nos enquêtés SIFA qui dit ceci : «Naciye mbona ko icoba ciza ari ugusaba kwahukana ». Ce qui signifie : «J'ai constaté que ce qui serait favorable est de demander le divorce ».

Le divorce est prononcé soit en faveur de l'un soit en faveur de l'autre. Néanmoins le divorce n'est pas toujours bien compris par la famille paternelle. C'est le cas de SECI qui nous ceci: « Mugihe nahukana mama ntiyanyumva yaguma antako amakosa ngosinarikwemera kwahukana n'umufasha wanje ». Ce qui veut dire: « Quand j'ai divorcé, ma mère ne me comprenait pas et ne cessait de me culpabiliser disant qu'il ne fallait pas que j'accepte le divorce ».

Quand une femme est malmenée par son mari, elle est convaincue de trouver une place dans sa famille paternelle, mais les parents peuvent la pousser à retourner sous le toit conjugal. Cela se faisait remarquer dans la société traditionnelle mais nous pouvons signaler que cela s'observe encore aujourd'hui pour dire que la femme malmenée doit se résigner, encaisser.

L'attitude de la famille de la femme de ne pas soutenir le divorce est liée à la peur des critiques à son égard, comme si elle n'a pas bien éduqué sa fille. Après le divorce, la femme peut retourner vivre chez ses parents, soit chez ses frères et soeurs, soit chez ses collègues ou louer une maison si elle en est capable. Signalons que si la femme est retournée chez sa famille paternelle cela devient une charge lourde pour cette dernière.

Quant aux femmes qui composent l'échantillon de notre recherche, elles ne sont pas toutes retourné dans leur famille d'origine car toutes les femmes qui composaient notre échantillon ont préféré louer une maison ici et là. Dans la société burundaise lorsque la femme est divorcée, on a tendance à l'écarter et lui coller l'entière responsabilité de l'échec conjugal. C'est pourquoi la façon dont la femme divorcée est reçue dans sa famille paternelle dépend de plusieurs facteurs, entre autre la confiance qu'on a envers elle.

Ajoutons que l'homme peut être grondé par sa famille mais ce sont des cas rares. L'unique nuance est que l'homme divorcé ne regagne jamais la maison paternelle ou de ses frères, il fait tout pour avoir une maison à louer ou rester dans la sienne. Ce qui fait que les hommes divorcés ayant leur propre maison ne connaissent pas des problèmes de logement.

Un seul cas sur 8 avait répondu qu'elle vit en bons termes avec sa famille d'origine; d'autres nous disaient qu'elles ne collaborent pas avec leurs parents, encore moins avec leurs frères. Les propos suivants illustrent ce qui précède. DONI dit: « Naho ndi impfuvyi, musazanje umwe mfise ntiducana uwaka kuberako nahukanye ». Ce qui signifie: « Même si je suis orpheline, le seul frère que j'ai me déteste beaucoup à cause de mon statut de divorce ». SIFI indique ce qui suit: « Umuryango wanje ntiduhuza namba ». Ce qui veut dire: « je suis en contradiction totale avec ma famille ». SECI aborde dans le même sens en disant: « Jewe mfise maman gusa ariko ntiducana uwaka ». Ce qui signifie: «J'ai ma mère seulement mais je ne vis pas un bon terme avec elle ».

A partir de ces cas, nous constatons que la situation de divorce perturbe les relations existant entre la personne divorcée et sa famille d'origine. Néanmoins si la femme divorcée est confiante envers sa famille d'origine nous comprenons que cette dernière peut combler le vide tant moral que psychologique. Mais, malgré cela, les conséquences du divorce au niveau relationnel restent nombreuses.

8.3. Relations du fonctionnaire divorcé sur le lieu de travail

Comme nous l'avons vu dans les lignes précédentes, la situation de divorce provoque des incidences négatives dans tous les domaines. Nous pouvons dire que le divorce entraîne souvent beaucoup de conséquences. Cette situation contribue à amplifier des effets négatifs sur la personnalité de la personne divorcée. Comme le divorce entre l'homme et la femme est un problème qui se déroule d'une manière minutieuse et qui a des effets négatifs qui tendent à déstabiliser la victime sur tous les côtés, notre enquête a révélé que la relation des fonctionnaires divorcés à leurs postes d'attache peut être perturbée. Les propos de BAJU illustre ce qui précède: « Ku kazi umukoresha wanje ntakinyubahiriza asigaye amfata uko yishakiye ». Ce qui signifie: « Mon employeur ne me considère plus avec égards au service; il me traite actuellement indignement ».

MAMI aborde dans ce même sens en disant: « Kuva nahukanye ntiturasubira guhuza n'umukoresha wanje, yaciye anyishiramwo, sinzi igituma» Ce qui signifie: « Depuis que j'ai divorcé, je ne travaille pas dans un climat d'entente avec mon directeur. Il se méfie beaucoup de moi et je ne sais pas pourquoi ».

A partir de ces cas là, nous constatons que le divorce est un phénomène mal vu dans notre société. Ensuite nous remarquons que la personne divorcée a une image négative envers elle-même car elle se taxe souvent d'impossible voire de marginale. La personne divorcée n'éprouve pas seulement les difficultés d'intégration sociale à l'égard de son chef direct mais aussi cela peut s'observer dans les relations qu'elle entretient avec ses collègues de service. BIBI illustre cela : « Abarimu dukorana ntibakindaba neza kuko ico mvuze cose bashaka kukirwanya ». Ce qui veut dire: « Mes collègues enseignants ne me considèrent plus avec dignité car ils réagissent contre toute idée que j'avance ».

Ici nous remarquons que la situation de divorce change le comportement du fonctionnaire concerné car à chaque instant de sa vie de divorce, il se voit chaque jour pointé du doigt. BIBI voit que tous ses collègues sont contre lui et cela montre que le divorce est douloureux car il touche tous les points focaux de la vie de la personne concernée.


CONCLUSION GENERALE

A la fin de notre travail intitulé « Le vécu psychosocial des fonctionnaires divorcés », nous voudrions dégager quelques conclusions et formuler des suggestions. Soulignons de façon brève les différentes étapes de notre travail de recherche.

Dans la première partie, nous avons montré le cadre théorique de référence. Après l'introduction générale, la justification et la délimitation du sujet, nous avons explicité les concepts-clés de notre travail. Nous avons par la suite présenté quelques généralités sur le divorce où il a été question de parler de la notion sur le divorce, son aperçu historique, l'évolution du divorce dans le temps et dans l'espace, les origines étymologiques du mot divorce ainsi que les positions des différentes églises sur le divorce. Il a été aussi question des particularités de l'amour conjugal à savoir les facteurs handicapant l'amour conjugal, ses biens et ses exigences ainsi que les éléments-clés pour former un couple épanoui. Cette première partie se termine par la problématique, les objectifs de la recherche ainsi que la méthodologie empruntée pour les atteindre

Dans la deuxième partie, il a été question de présenter les monographies de nos enquêtés et nous avons analysé et interprété les données d'enquête sous forme des trois thèmes correspondant aux objectifs spécifiques à savoir :

- Cerner les principaux facteurs de divorces chez les fonctionnaires enquêtés

- Déterminer les effets directs et indirects du divorce

- Identifier les difficultés psychosociales que rencontrent les fonctionnaires divorcés.

Concernant le premier objectif qui consistait à « cerner les principaux facteurs de divorce », nous avons trouvé que les fonctionnaires enquêtés soulignent entre autre facteurs les violences conjugales, le manque d'amour, l'absence de fiançailles, les maladies graves, l'insuffisance de dialogue et les difficultés à communiquer dans les couples. Ainsi, nous pouvons affirmer que cet objectif a été atteint.

Pour ce qui est du deuxième objectif « déterminer les effets directs et indirects du divorce », les fonctionnaires enquêtés ont mentionné les effets liés à la procédure du divorce, les sanctions à l'égard de l'époux coupable, les dommages et intérêts. L'on peut dire que cet objectif a été atteint.

Enfin pour le dernier objectif consistant à «identifier les difficultés psychosociales que rencontrent les fonctionnaires divorcés », il a été constaté que l'image de soi est dominée par des sentiments de malaise, de honte de peur, de culpabilité et des sentiments de perte de l'estime de soi ensuite nous avons trouvé qu'il existe des difficultés interrelationnelles et d'intégration des fonctionnaires avec les membres de la famille paternelle ainsi que des difficultés d'intégration sociale, de déconsidération socioprofessionnelle Ainsi, cet objectif a été atteint.

Et dans l'ensemble, l'objectif général qui était d'étudier « Le vécu psychosocial des fonctionnaires divorcés » a été atteint.

Enfin, nous ne pouvons pas terminer ce travail sans émettre quelques suggestions dans le but d'améliorer le vécu psychosocial des personnes divorcées en générales et des fonctionnaires divorcés en particulier.

v A l'Etat, nous proposons ce qui suit :

· Soutenir les associations qui oeuvrent dans le service psychiatrique et ceci dans le but de favoriser la thérapie familiale;

· Reformer le code des personnes et de la famille afin de corriger certaines lacunes qui se remarquent dans certains articles ;

· Le divorce étant néfaste bien pour le divorcé que pour la société en général l'Etat doit soutenir la personne divorcée et dans ses aspects en instaurant un système efficace de promotion du développement socio-économique des personnes divorcées, plus spécialement en valorisant ces dernières, en leur montrant que malgré leur situation de divorcé elles restent avec leur dignité d'un citoyen burundais et cela peut se concrétiser par l'instauration des conseils des sages sur les collines.

v Aux familles d'origine des personnes divorcées, nous proposons ce qui suit :

· Respecter la personne divorcée quelques soient les mobiles de la désunion de son mariage ;

· Offrir aux personnes divorcées un soutient tant moral que psychologique ceci parce que ces dernières peuvent sentir rejetées par la société et risquent de vivre en marge de la société ;

· Arrêter de spolier les champs et les biens des femmes divorcées, mais les laisser les entretenir pour leur intérêt car elles comptent sur l'assistance  de la part de la société;

· Il revient à la communauté environnante de soutenir plus que jamais la personne divorcée, de lui apporter estime, solidarité, aide concrète afin qu'elle puisse rester soutenue dans la situation difficile qui est la sienne.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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5. BIGEARD, J. M. (1971). La violence. Paris Librairie Larousse.

6. BINDARIYE, R (2006). Le bonheur d'un couple. Bujumbura, Librairie saint Paul.

7. BIROU, A. (1969). Vocabulaire pratique des sciences sociales. IIe édition, Paris: Economie et Humanisme.

8. BOUCHAUD, F &, JACQUES, J. (2007) .Divorce et remariage. Commission théologique des CAEF, Excelcil, Italie, Rome.

9. BUSHAYIJA, S, (1966).Le mariage coutumier au Rwanda .Bruxelles, Larcier.

10. BULLETIN OFFICIEL DU BURUNDI (1993). Décret- loi n° 1/024 du 28 Avril 1993 portant réforme du Code des Personnes et de la Famille.

11. CHAUCHAT, H. (1985).L'enquête en psychologie. Paris: PUF.

12. GARDNER, J F, (1986).La femme dans la loi et la société romaine .Londres Sydney.

13. DAHAL, J. (2000). Se séparer sans se déchirer .Paris: Robert Laffont.

14. DEHARVENG cité par MUCCHIELLI, A. (1980). Les innovations. Paris: P U F.

15. DE LANDSCHEERE, G. (1976). Introduction à la recherche en Education. Paris: Armand Colin-Bourrelier.

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17. DESPER, J L. (1960). Les enfants du divorce. Paris: PUF.

18. DOCTICIMO, J. (1970). Psychologie et amour du couple. Paris: Bordas.

19. DODSON, F. (1972). Tout se joue avant six .Paris: Robert Laffont.

20. EDWARD, EF, & ENGLUND, S. (1982) .Pour s'aimer toujours, moyens concrets d'assurer une bonne relation amoureuse durable. Ed, NOVALIS, Université Saint Paul Ottawa.

21. HAKIZIMANA, A. (2002). Naissance au Burundi entre tradition et planification. Paris, L'Harmattan.

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23. JANIER, B (1976).Guide du nouveau divorce .S.L, Edition stock.

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29. MUCCHIELLI, R. (1980). Psychologie de la vie conjugale. Paris: E.S.F.

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31. NISABWE, T. (2006). Semaine de méthodologie de psychologie sociale. Notes de cours non publiées. Bujumbura, UB. (FPSE).

32. NJEBARIKANUYE, E. (2008). Déterminants du divorce en milieu rural. Bujumbura, Mémoire de Licence Non publié. Bujumbura, U.B. (F.P.S.E).

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34. NIJIMBERE, J. (1999). Problématique du divorce en milieu urbain. Mémoire de Licence Non publié, Bujumbura, U.B. (F.P.S.E).

35. NTUNAGUZA, G. (1987). Méthodologie de la recherche et séminaires. Notes de cours non publiées. Bujumbura, UB. (FPSE).

36. OLIVIER, F (2006). Psychologie et femme actuelle. Paris, PUF.

37. OMS (1998). Analyse diagnostique de la situation de la violence au Burundi à l'égard des femmes sinistrées au Burundi. Bujumbura, Burundi.

38. PAUWELS, M. (1983). Commentaire d'une loi fondamentale: le Code des Personnes et de la famille in Revue trimestriel au Coeur de l'Afrique. Bujumbura, Presse Lavigerie.

39. PIERRE, D. & KARENGERA, R.(1990). Les prodigieuses victoires de psychologie

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40. PINTO, R. & GRAWITZ, M. (1964). La méthode des sciences sociales. T2.Paris:Dalloz.

41. POISSON.Y. (1990). La recherche qualitative en éducation. Québec: Gaétan marin.

42. RIPERT .G. &PLANIOL, M. (1966). Traité pratique du droit civil. Paris: L.G.D J.

43. RIPERT.G. &BOULANGER, J B. (1962). Traite de droit civil .Paris:L.G.D.I.

44. RODIERE, J. (1969). Divorce et séparation du couple. Europa, Paris, 17è. Ed.

45. ROLAND, D. & Françoise (1971). Dictionnaire de psychologie. Paris: P U F.

46. SATIR, V. (1980). Pour retrouver l'harmonie familiale. Paris: Jean - Pierre De large

47. SILLAMY, N, (1980). Dictionnaire usuel de psychologie. Paris Bordes.

48. SUGURU, S. (2000). Psychopathologie. Syllabus des cours publiées, U.B. (FPSE), Bujumbura, Burundi.

49. TIECHE, M. (1971). Guides pratiques d'éducation familiale. Ed. STD77-Dammarie- Les-Lys, France.

50. YALA MPUNGU, (1980). Ce fléau qu'est le divorce. KINSHASA, Ed. St. Paul.

ANNEXES

ANNEXE 1

UMWIDONDORO N'INTANGAMARARA

Jewe nitwa BAYIERE Willy, ndi umunyeshure mwishure Kaminuza y'Uburundi mugisata c'inyifato n'imibano. Ndiko ndandika igikorwa kimpa uburenganzira bwo kuronka urupapuro rw'umutsindo,nkaba nipfuza ko mwonterera agacumu kubumwe kuvyerekeye abahukanye n'abo bari bubakanye babayeho .Ivyo muza kumbwiravyose ndabikeneye .Nico gituma nkoresha akakuma gafata amajwi kugira bifashe kutibagira na kimwe muvyo tuza kuganira .Vyongeye ivyo tuza kuvugana aha atawundi azobimenya .

Mbaye ndabashimira ku ntererano yanyu.

ANNEXE 2

PRESENTATION ET CONSIGNE

Je m'appelle BAYIZERE Willy, je suis un étudiant de l'Université du Burundi dans la Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education .Je suis entrain de réaliser un travail de fin d'études. Je souhaite m'entretenir avec vous pour savoir comment la personne divorcée vie sa situation de divorce .Tout ce que vous me direz me sera d'une grande nécessité, raison pour la laquelle je suis muni d'un appareil enregistreur pour que rien ne m'échappe.

Je tiens à vous garantir que l'objet de votre entretien gardera un caractère secret.

Je vous remercie d'avance pour votre compréhension et votre collaboration.

ANNEXE 3

LE GUIDE D'ENTRETIEN (EN KIRUNDI)

Ingingo nyobozi

0. UWO ARI WE

· Imyaka ufise :

· Igitsina :

· Igitigiri c'abana :

· Imyaka ihaciye bahukanye :

· Aho uba ubu :

· Aho wahora uba kera :

· Akazi ukora :

1. IBIBAZO

1. Kuri mwebwe ni izihe mvo nyamukuru zituma abubakanye bahukana?

2. Mwebwe none ni ikihe catumye mwahukana?

3. Ninde yatumye gusaba kwahukana hagati ya mwebwe n'uwo mwari mwubakanye?

4. Mwoba mwari mwariyunviririye ubundi buryo bwari gutuma mutahukana?

5. Ubu birashika mukaja kuramutsa abavyeyi?

6. None mufitaniye iyihe migenderanire nikibano canyu ?

7. Mufitaniye imigndeanire myiza n'umuryango wanyu ?

8. Abaganzi banyu n'abavyey banyu babibonye gute mumaze kwahukana ?

9. Mwoshobora gutanga ivyiyumviro kuvyerekeye urukundo hagati y'abubakanye ?

10. Ku bwanyu , umuntu yogira iki kugira ntiyahukane?

11. Mwoshobora kutubwira ingorane muhura mu kazi zijanye n'ukwahukana?

12. Umukozi wa reta yahukanye abonmwa co kimwe mu kibano n'uwutari umukozi wa reta? Mwoshobora gutanga insiguro?

13. None mushaka ko umugabo /umugore wanyu yobakunda gute ?

ANNEXE 4

TRADUCTION EN FRANCAIS DU GUIDE D'ENTRAITIEN

GUIDE D'ENTRAITIEN

0. IDENTIFICATION

- Votre âge:

- Nombre d'enfants:

- Temps écoulé après le divorce;

- Résidence actuelle:

- Profession:

1. QUESTONS

1. D'après vous quels sont les facteurs qui peuvent être à l'origine du divorce?

2. Et vous, qu'est ce qui vous a poussé à divorcer?

3. Qui a pris l'initiative en premier lieu dans la demande de votre divorce?

4. Avez-vous tenté d'autres solutions pour empêcher la rupture du mariage?

5. Il vous arrive de fréquenter le domicile paternel?

6. Quelles sont vos relations avec l'entourage

7. Etes-vous en bonnes relations avec les membres de votre famille?

8. Quelle a été l'attitude de vos amis et de vos parents après le divorcé?

9. Pourriez-vous donner votre avis sur ce qui vous entendez par l'amour conjugal ?

10. D'après vous, que faut-il faire pour éviter le divorce ?

11. Pourriez-vous donner les difficultés que vous rencontrent dans votre milieu professionnel ?

12. Etes-vous touchés de la même façon que les non fonctionnaires ? Comment ?

13. Comment voulez-vous que votre femme et/ou homme vous aime ?






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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery