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Vécu psychosocial des fonctionnaires divorcés

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par Willy BAYIZERE
Université du Burundi - Licence en psychologie clinique et sociale 2011
  

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Le divorce une fois prononcé, laisse très souvent la personne divorcée dans un état psychologique très critique. Cette situation nous a été révélée par DONI comme nous le constatons à travers ses propos : « Nta tiro ngifise, bishitse ngatora itiro naho, nguma ndota nabi ». C'est-à-dire: « Je n'ai plus de sommeil et s'il m'arrive d'en avoir un tout petit, c'est pour faire de cauchemars.»

Nous remarquons que le divorce laisse la personne concernée dans une situation psychologique précaire étant donné que le divorce entre conjoints est un problème profond. Alors, la question de l'état psychologique de la personne divorcée revient à répondre à la question de saisir les comportements nouveaux suite à ce phénomène social qu'est le divorce. Après le prononcé du divorce, nous avons remarqué que les états psychologiques de la personne concernée changent.

A ces difficultés psychologiques s'ajoutent d'autres problèmes, à savoir la vie solitaire, la perte de dignité, la perte de statut social, l'insécurité, la peur de la nuit, etc. Si la société n'offre pas de soutien tant moral que psychologique à ces personnes, celles-ci peuvent se sentir rejetées par la communauté et risquent de vivre en marge de la société. SECI en donne une illustration: « Jewe ubu mbayeho nabi, bisubiye ntawukinyubaha, uwo ari we wese amfata uko yigombeye ».

Ce qui signifie pour SECI: « Je mène une vie misérable, personne ne me respecte, tout le monde me sous-estime, je n'ai plus de dignité ». Ces propos de SECI montrent combien le divorce plonge la personne concernée dans une situation difficile à supporter. Il est source d'insécurité et de la perte de l'estime de soi. GAGA montre aussi que la personne divorcée perd son estime de soi. Il précise ainsi : « Ubu ntaho nkironka nca kuko aho nciye bose bantunga urutoke, nsigaye umengo ndi igicibwa ». Ce qui signifie: « Je n'ai plus où passer, on me pointe le doigt partout, je suis comme quelqu'un mis en quarantaine.»

A analyser les propos de GAGA, nous constatons qu'elle manifeste une certaine perte de l'estime de soi, ce qui peut entrainer une blessure narcissique. La culpabilité qui prédomine chez GAGA, est donc un moment pour lui de méditer sur la période qu'il a traversée. Suite à son statut de divorcé, GAGA mène une vie psychique désequilibrée qui entraine des nuits cauchemardesques. Voici ce qu'il dit: « Nkiri hamwe n'umugore wanje tukibanye neza nararyama ngasinzira ariko ubu singitora agatiro ndara ndakangagurika. Nsinziriye naho nguma ndota bibi, ikindi nuko nsigaye ndi ikimaramare, aho nciye hose baramvuma ». Ce qui se traduit comme ceci: « Avant le divorce, je menais une vie meilleure avec ma femme et je dormais dans toute quiétude, maintenant que nous avons divorcé, je n'ai plus de sommeil et j'ai souvent des insomnies. Quand il m'arrive d'avoir un petit sommeil, je passe ce moment dans des cauchemars. Ensuite, j'ai aujourd'hui honte de moi-même, je suis une personne sur qui tout le monde jette l'anathème».

Et depuis, GAGA est menacée par cette blessure psycho-sociale occasionnée par le divorce avec son épouse et son isolement de sa propre famille. Voici ses propos: « Mabukwe aho nciye yoturira ngo nije namutereye urubwa umwana wiwe ». Ce qui veut dire: « Ma belle-mère ne supporte plus me voir car elle m'accuse d'avoir déshonoré sa fille».

8.2. Relations d'un fonctionnaire divorcé avec sa famille paternelle

Depuis longtemps, le mariage dans la société burundaise était précédé par des relations d'affinité. Les deux familles souhaitaient que le mariage soit une union durable. L'idéal est que le projet du mariage soit contracté dans un esprit de pérennité.

Pourtant, il arrive que les choses changent et prennent une autre tournure. Des fois, l'union des époux est menacée par la discorde, l'esprit de domination, des conflits, la jalousie etc. qui peuvent aller jusqu'à la rupture. Autrement dit, si le degré de conflits atteint son apogée, certains hommes ou femmes demandent le divorce. Ceci est illustré par les propos d'un de nos enquêtés SIFA qui dit ceci : «Naciye mbona ko icoba ciza ari ugusaba kwahukana ». Ce qui signifie : «J'ai constaté que ce qui serait favorable est de demander le divorce ».

Le divorce est prononcé soit en faveur de l'un soit en faveur de l'autre. Néanmoins le divorce n'est pas toujours bien compris par la famille paternelle. C'est le cas de SECI qui nous ceci: « Mugihe nahukana mama ntiyanyumva yaguma antako amakosa ngosinarikwemera kwahukana n'umufasha wanje ». Ce qui veut dire: « Quand j'ai divorcé, ma mère ne me comprenait pas et ne cessait de me culpabiliser disant qu'il ne fallait pas que j'accepte le divorce ».

Quand une femme est malmenée par son mari, elle est convaincue de trouver une place dans sa famille paternelle, mais les parents peuvent la pousser à retourner sous le toit conjugal. Cela se faisait remarquer dans la société traditionnelle mais nous pouvons signaler que cela s'observe encore aujourd'hui pour dire que la femme malmenée doit se résigner, encaisser.

L'attitude de la famille de la femme de ne pas soutenir le divorce est liée à la peur des critiques à son égard, comme si elle n'a pas bien éduqué sa fille. Après le divorce, la femme peut retourner vivre chez ses parents, soit chez ses frères et soeurs, soit chez ses collègues ou louer une maison si elle en est capable. Signalons que si la femme est retournée chez sa famille paternelle cela devient une charge lourde pour cette dernière.

Quant aux femmes qui composent l'échantillon de notre recherche, elles ne sont pas toutes retourné dans leur famille d'origine car toutes les femmes qui composaient notre échantillon ont préféré louer une maison ici et là. Dans la société burundaise lorsque la femme est divorcée, on a tendance à l'écarter et lui coller l'entière responsabilité de l'échec conjugal. C'est pourquoi la façon dont la femme divorcée est reçue dans sa famille paternelle dépend de plusieurs facteurs, entre autre la confiance qu'on a envers elle.

Ajoutons que l'homme peut être grondé par sa famille mais ce sont des cas rares. L'unique nuance est que l'homme divorcé ne regagne jamais la maison paternelle ou de ses frères, il fait tout pour avoir une maison à louer ou rester dans la sienne. Ce qui fait que les hommes divorcés ayant leur propre maison ne connaissent pas des problèmes de logement.

Un seul cas sur 8 avait répondu qu'elle vit en bons termes avec sa famille d'origine; d'autres nous disaient qu'elles ne collaborent pas avec leurs parents, encore moins avec leurs frères. Les propos suivants illustrent ce qui précède. DONI dit: « Naho ndi impfuvyi, musazanje umwe mfise ntiducana uwaka kuberako nahukanye ». Ce qui signifie: « Même si je suis orpheline, le seul frère que j'ai me déteste beaucoup à cause de mon statut de divorce ». SIFI indique ce qui suit: « Umuryango wanje ntiduhuza namba ». Ce qui veut dire: « je suis en contradiction totale avec ma famille ». SECI aborde dans le même sens en disant: « Jewe mfise maman gusa ariko ntiducana uwaka ». Ce qui signifie: «J'ai ma mère seulement mais je ne vis pas un bon terme avec elle ».

A partir de ces cas, nous constatons que la situation de divorce perturbe les relations existant entre la personne divorcée et sa famille d'origine. Néanmoins si la femme divorcée est confiante envers sa famille d'origine nous comprenons que cette dernière peut combler le vide tant moral que psychologique. Mais, malgré cela, les conséquences du divorce au niveau relationnel restent nombreuses.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon