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Analyse de la rentabilité de la filière anacarde dans le département des collines; cas de la commune de Savalou.

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par Tchéhouéya Romaric ZINMONSE
Université de Parakou - Maîtrise en Finance et Comptabilité 0000
  

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CHAPITRE III :

CADRE EMPIRIQUE DE LA RECHERCHE.

Ce chapitre est consacré à l'analyse des données et à leur présentation. A ce effet, il aborde la mesure et l'analyse de la sensibilité des rentabilités, la vérification des hypothèses, la synthèse des résultats et propose des suggestions.

SECTION 1 : Mesure et analyse de la sensibilité de la rentabilité financière, de la rentabilité économique et des transferts.

La première section présente les résultats de l'analyse des rentabilités financières et économiques des fonctions de production et de commercialisation

de la filière anacarde. Elle est aussi consacrée à la mesure des transferts et à l'analyse de la sensibilité des rentabilités et des transferts.

Paragraphe1 : Mesure de la rentabilité financière, de la rentabilité économique et des transferts de la fonction de production de la filière anacarde.

Ce paragraphe expose les facteurs de production, les contraintes liées à la production, l'évolution des prix de vente bord-champ, le compte d'exploitation et la Matrice d'Analyse des Politiques (MAP) de la production d'anacarde.

A- Facteurs de production:

Il s'agit de :

1- Propriété foncière et acquisition :

Dans la commune de Savalou, la grande partie des terres appartient aux collectivités familiales. Elles sont transmises aux seuls membres de la même collectivité et ce de génération en génération. La figure n°4 montre les différents modes d'accès à la terre et leur proportion dans la commune.

Figure n°4 : Mode d'accès à la terre dans la commune de Savalou.

Source : Enquête de terrain, Avril 2012.

L'examen de cette figure révèle que 82,15% des terres sont acquises par les enquêtes à travers un héritage. Aussi, ces terres sont-elles héritées avec des plantations de tecks ou de palmiers et en grande partie d'anacardiers.

Dans la commune, comme au Bénin, les terres sont généralement héritées par la descendance masculine et les femmes veuves. Ce qui explique pourquoi 94,05% et 2,38% des producteurs d'anacarde soient respectivement des hommes ou des veuves.

Ce résultat conforte la position de AÏNA (1996) qui dans une étude de la rentabilité de la production des noix de cajou au niveau paysan a trouvé que deux des quatre objectifs définis par le paysan concernant l'anacardier sont : l'anacardier comme affirmation du statut foncier et l'anacardier comme mode de transferts du capital à la descendance.

De plus, ASSOGBA (2011), dans une étude sur la production et la commercialisation de l'arachide dans la commune de Savalou révèle que 80% des enquêtés ont hérité de l'espace occupé pour cette culture.

Par ailleurs, 8,33% des terres ont été acquises par les enquêtés sur don d'une tierce personne ou d'un autre membre de la même collectivité.

De même, 7,14% et 2,38% des enquêtés ont acquis l'espace utilisé pour la culture de noix de cajou respectivement par achat et par prêt.

La taille de ces proportions peut être justifiée par le fait que dans les zones rurales et particulièrement dans la zone d'étude, on ne vend pas la terre et on ne pratique pas le métayage, ni le fermage pour les cultures pérennes (ayant un cycle de vie végétatif très long allant jusqu'à 30ans dans le cas de l'anacardier). Ainsi donc, si autre fois les terres étaient octroyées aux demandeurs, aujourd'hui avec la forte pression démographique et les héritages successifs au sein des collectivités familiales la proportion d'achat augmente au détriment de celle du don de terres. Car certains membres de Collectivité préfèrent vendre leur terre au plus offrants que de la léguer à leur descendance.

2-Main d'oeuvre agricole :

A Savalou, la production de l'anacarde dans son état actuel n'utilise pas une forte main d'oeuvre. Chose qui devrait changer si les producteurs pratiquaient toutes les opérations de l'itinéraire agronomique de production de l'anacarde. En effet, les seules opérations pratiquées par les producteurs sont l'entretien (1er et 2ème fauchages) et la récolte.

Le tableau n°14 révèle que l'opération d'entretien nécessite en moyenne 4,71 (+/- 2,89) ouvriers agricoles. Tandis que l'activité de récolte utilise en moyenne 10,41 (+/- 7,06) ouvriers agricoles. Ces moyennes sont composées de la main d'oeuvre familiale, de la main d'oeuvre salariée et de l'entraide. Les deux premières étant les plus dominantes et l'entraide très peu observée. Cependant, il est de constat dans la commune de Savalou que l'opération d'entretien est menée principalement par la main d'oeuvre masculine contrairement à celle de la récolte qui mobilise en grande partie la main d'oeuvre féminine et juvénile.

Par ailleurs, 73,80% des producteurs utilisent la main d'oeuvre familiale pour la récolte et 8,33% d'entre eux utilise le même type de main d'oeuvre pour l'entretien. Ainsi donc, les trois types de mains d'oeuvre sont utilisés dans la commune de Savalou. La main d'oeuvre familiale est utilisée pour l'opération la moins contraignante (la récolte) et la main d'oeuvre salariée sollicitée pour l'opération la plus difficile (l'entretien). Néanmoins, une minorité de producteurs utilisent alternativement à l'entretien, le labour des plantations et la majorité d'entre eux rémunère les ouvriers agricoles utilisés dans le cadre de l'opération de récolte par le partage de la récolte chaque ouvrier prenant les 1/3 ou les ¼ ou les 1/5 de sa récolte journalière, proportion variant selon les arrondissements de la commune.

Tableau n°14: Répartition de la main d'oeuvre par opération et par type.

Opérations

Paramètres

Types de main d'oeuvre en %

Moyenne

Ecart type

Min

Max

Familiale

Salariée

Entraide

Total

Entretien

4,71

2,89

1

20

9,34

88,00

2,66

100

Récolte

10,41

7,06

2

27

73,81

26,19

0

100

Source : enquête de terrain, Avril 2012.

3-Capital financier:

Dans la commune de Savalou, la principale source de financement des opérations de production de l'anacarde reste le financement sur fonds propres. En effet, les résultats de l'enquête de terrain présentés dans le tableau n°16 indiquent que 65, 48% des producteurs financent eux-mêmes les activités de production. Aussi, seulement 5,95% des producteurs ont fait recourt aux institutions de micro finance (CLCAM et PROMIC) pour les mêmes opérations. Cependant, 2,38% des producteurs ont décidé involontairement ou volontairement selon les contraintes (manque de financement ou faible rendement) de ne pas investir dans leur champ d'anacardiers.

Les producteurs justifient leur désintéressement au financement par les institutions de Micro Finance (IMF) par les conditions d'octroi de crédits ( délai de remboursement et garantie) qu'ils trouvent très contraignantes en générale et plus particulièrement la quasi inexistence de crédits pour le financement de certaines cultures dont l'anacarde. Et pour certains responsables d'IMF, même si l'objectif premier des IMF est d'offrir des services financiers de proximité aux populations à la base, notamment à la population rurale, il n'en demeure pas moins qu'elles doivent après tout assurer leur viabilité à travers un meilleur processus de récupération des fonds qu'elles auraient octroyés.

Cet état de chose pousse de plus en plus de producteurs vers un mode de financement informel voire même d'usure.

En effet, 26,19% des producteurs font recourt à "l'avance sur achat " qui est un emprunt contracté auprès d'un commerçant ou d'un particulier en guise de préfinancement et remboursable en produit bruit lors de la récolte à un taux d'intérêt de 100%. Selon ACLASSATO (2006), malgré que le taux d'intérêt au niveau des IMF soit de 26%, nettement inférieur à celui de système informel (100%), les producteurs préfèrent ce dernier. D'après lui, le taux d'intérêt de 27% est déjà le seuil de l'usure et même suicidaire.

D'un autre point de vue, AMOUSSOUGA (2002) évoquera comme raison principale à ce désintéressement, l'asymétrie d'informations entre les parties en présence (les producteurs et les IMF).

Au total, dans la commune de Savalou, il se pose un réel problème de financement des activités agricoles en générale et plus particulièrement de la culture de l'anacarde. Les IMF sont loin de satisfaire leur objectif premier dans ce secteur. La raison la plus plausible à cela est l'asymétrie d'informations puisque tous les producteurs ont émis la volonté de rompre ce système de financement de l'avance sur l'achat qui n'est rien d'autre que de l'usure.

Tableau n°15 : Mode de financement des activités de production.

Types de financement

Pourcentage (%)

Fonds propres

65,48

Emprunt

Avance sur Achat

26,19

IMF

5,95

Pas d'investissement

2,38

TOTAL

100

Source : Enquête de terrain, Avril 2012.

B- Contraintes, évolution du prix de vente et compte d'exploitation :

Cette partie est consacrée aux différentes contraintes liées à la production de l'anacarde, à l'évolution des prix de vente bord-champ tout le long de l'année 2011 et au compte d'exploitation des producteurs.

1- Contraintes liées à la production de l'anacarde :

Les producteurs d'anacarde de la commune de Savalou font face à certaines contraintes impactant la production. Elles sont résumées dans le tableau n°16.

En effet, pour la majorité (70,24%) des producteurs enquêtés, le financement des activités de production et particulièrement les opérations d'entretien des plantations demeure l'une des plus grandes difficultés. Face à cette contrainte et en absence de crédits appropriés, les producteurs se tournent vers des usuriers qui leurs font des avances sur achat à des taux d'intérêt de 100%.

L'autre difficulté majeure, selon 65,40% des enquêtés est l'inexistence de formations et d'encadrements des producteurs sur l'itinéraire agronomique de production à suivre pour l'anacarde. Selon ces producteurs, les seules cultures qui intéressent les agents du CeCPA sont le Coton et certaines cultures vivrières comme : le maïs, l'arachide, le Soja, le Riz, etc. De plus, l'UCPA à cause de sa mauvaise organisation, de la gestion opaque de ses responsables, du manque de confiance des producteurs et surtout du manque de communication entre responsables et producteurs connaît une très faible adhésion (24,10 % des producteurs enquêtés) ce qui ne favorise pas une synergie des producteurs sur la résolution des problèmes ou difficultés de la production de l'anacarde. En outre, les maladies liées aux insectes (les fourmis rouges, les pucerons, les coléoptères foreurs des branches, etc.) préoccupent 40,48 % des producteurs enquêtés. A cela, s'ajoutent d'autres contraintes telles que : les feux de brousse, la faible productivité des plantations, l'inexistence d'intrants et de produits phytosanitaires, la rareté de la main d'oeuvre, le vol des noix de cajou, le faible prix de vente des noix de cajou et les aléas climatiques. Ces derniers ne sont pas une priorité pour les producteurs (3,57% seulement) car les conditions climatiques et pédologiques de la commune sont favorables à la culture de l'anacarde. Par ailleurs, il découle des données et statistiques d'autres contraintes que les producteurs n'ont pas soulignées. Il s'agit du vieillissement poussé des plantations et de la forte densité des plantations (plus de 100 arbres à l'hectare).

Tableau n°16: Répartition des producteurs selon les contraintes de la production

.

Contraintes

Pourcentage (%)

Financement de l'entretien des plantations

70,24

Formation et encadrement des producteurs

65,48

Maladies liées aux insectes

40,48

Feux de brousse

15,48

Faible productivité

14,29

Inexistence d'intrants et de produits phytosanitaires

14,29

Rareté de la main d'oeuvre

10,71

Vol des noix de cajou

9,52

Faible prix de vente

8,33

Aléas climatiques

3,57

Source : Enquête de terrain, Avril 2012.

2-Evolution du prix de vente bord-champ de l'anacarde en 2011 :

En 2011, le prix du kilogramme de noix de cajou sur le terrain a été largement influencé par certains paramètres nationaux et internationaux.

En effet, au Bénin, la campagne de commercialisation des noix de cajou a été officiellement ouverte au cours du mois de mars sur la base d'un prix plancher fixé à 200FCFA/kg.

Figure n°5 : Evolution du prix de vente bord-champ de l'anacarde en 2011.

Source : Enquête de terrain, Avril 2012.

Cependant, après analyse de la figure n°5, il est de constat que la campagne de commercialisation dans la commune de Savalou avait débuté le 15 Janvier à 150F CFA et le prix du kilogramme de noix de cajou en mars avait déjà atteint le double du prix plancher.

Cet écart entre les décisions gouvernementales et la pratique sur le terrain est justifié par le fait que les stratégies de commercialisation de l'anacarde dépendent de la capacité financière des producteurs. Ainsi, la commercialisation commence souvent par le remboursement des "avances sur achat " reçu chez les commerçants ou particuliers pour l'entretien des plantations à un prix allant de 100F à 150F CFA le kilogramme. Aussi, l'information commence par circuler lançant ainsi le début de la commercialisation et le prix de départ. Mais généralement et le reste du temps, les producteurs vendent une partie de leur production au fur et à mesure que des besoins urgents de liquidité surviennent et ce jusqu'à la période de stabilité des prix où ils vendent le reste de leur stock.

D'un autre côté, dans la commune de Savalou, le prix de vente bord champ du Kg de noix de cajou a évolué de 150FCFA à 500FCFA avec au moins deux (02) augmentations brusques par mois à raison de 50FCFA par augmentation. En outre, la période allant de mi-mars à fin avril a connu une stabilité du prix de vente à 400FCFA/Kg. Ce prix correspond d'ailleurs au prix moyen de vente des stocks de noix d'anacarde par les producteurs. Par ailleurs, selon les producteurs, le prix de vente des stocks (400FCFA/Kg) et le prix maximum de 500FCFA/Kg, de 2011, sont des prix records atteints grâce à la concurrence déloyale entre les différents acteurs de la commercialisation, à la bonne circulation de l'information sur les prix et au repli des exportateurs étrangers (indiens, pakistanais, etc.) de la Côte d'Ivoire vers le Bénin suite à l'instabilité politique du pays.

3-Compte d'exploitation de la production de l'anacarde : 

Pour mieux appréhender les différents coûts consentis dans la production de l'anacarde et apporter des données chiffrées sur la rentabilité de ce maillon de la filière anacarde, un compte d'exploitation a été conçu sur la base des informations collectées auprès des producteurs de la commune de Savalou. Il est présenté dans le tableau n°17 ci-dessous :

Tableau n°17 : compte d'exploitation de la production d'anacarde.

Libellé

Unités

Valeurs

Rendement (1)

kg/ha

357,427

Prix de vente (2)

FCFA/kg

400

Production brute (3=1x2)

FCFA/ha

142.970,8

Main d'oeuvre par fauchage (4)

H/ha

4,71

Prix unitaire main d'oeuvre fauchage (5)

FCFA/H

3.770,14

Coût main d'oeuvre 1er fauchage (6=4x5)

FCFA/ha

17.757,35

Coût main d'oeuvre 2ème fauchage (6=4x5)

FCFA/ha

17.757,35

Coût total main d'oeuvre entretien (8=6+7)

FCFA/ha

35.514,7

Main d'oeuvre récolte (9)

H/ha

10,41

Prix unitaire main d'oeuvre récolte (10)

FCFA/H

3.829,65

Coût main d'oeuvre récolte (11=9x10)

FCFA/ha

39.866,67

Consommation Intermédiaire (12=8+11)

FCFA/ha

75.381,37

Valeur Ajoutée (13=3-12)

FCFA/ha

67.589,43

Amortissement (14)

FCFA/ha

2.967,30

Marge nette (15=13-14)

FCFA/ha

64.622,13

Source : Calculs réalisés sur la base des données, enquête de terrain Avril 2012.

Il ressort de ce compte d'exploitation que les producteurs d'anacarde supportent comme charges de production 75.381,37FCFA/ha et par an. Ces charges sont exclusivement liées à la main d'oeuvre. Aussi, la production, génère-t- elle dans l'année, par ménage une valeur Ajoutée de 67.589,43FCFA/ha.

Au total, la production de l'anacarde dans la commune de Savalou dégage une marge nette positive de 64.622,13FCFA/ha par an pour chaque producteur. D'un autre côté, elle crée chaque année des emplois saisonniers à environ 20 personnes par hectare et constitue une activité rentable pour les producteurs.

C-Matrice d'Analyse des Politiques (MAP) :

La MAP de la production de l'anacarde (tableau n°18) permet d'analyser les rentabilités financière et économique, et les transferts nets et d'approfondir les conclusions issues du compte d'exploitation de la production de l'anacarde.

Tableau n°18 : Indicateurs d'analyse de la MAP pour le système de production de l'anacarde.

Indicateurs

formules

Valeurs

Rentabilité financière FCFA /ha

[D=A-B-C]

34.622,13

Rentabilité économique FCFA /ha

[H=E-F-G]

65.511,149

Transferts nets FCFA /ha

[L=I-J-K]

-30.889,02

Ratio Coût Bénéfice Financier

[C/(A-B)]

0,75

Coûts en Ressources Intérieures (CRI)

[G/(E-F)]

0,535

Coefficient de Protection Effective (CPE)

[(A-B)/(E-F)]

0,9936

Source : Résultats des analyses, Juillet 2012.

1- Rentabilité financière du système de production :

L'analyse du tableau n°18 montre que la fonction de production de la filière anacarde a une rentabilité financière positive. Avec une rentabilité financière égale à 34.622,13FCFA /ha, la production de l'anacarde est une activité rentable pour les producteurs de la commune de Savalou. Aussi, le Ratio Coût Bénéfice Financier (0,75) est -il supérieur à 1. Et donc, les recettes tirées de l'activité de production de l'anacarde sont largement au dessus des dépenses consenties. Les producteurs peuvent utiliser efficacement leurs ressources dans cette activité. Ainsi, ces chiffres indiquent que toute intention d'investissement dans le système de la production de l'anacarde dans la commune de Savalou doit être encouragée.

2- Rentabilité économique du système de production :

La deuxième ligne de la MAP indique une rentabilité économique positive égale à 65.511,149 FCFA/ha. La production de l'anacarde est bénéfique à la communauté et donc à la commune de Savalou. On peut aussi remarquer que le CRI est inférieur à 1 (0,535<1). Ce qui veut dire que la production des noix de cajou fournie à la commune un avantage comparatif et par ricochet un avantage comparatif à la nation béninoise. Un CRI = 0,535 traduit aussi le fait que l'activité de production engendre des coûts sociaux plus faibles que le revenu net qu'en tire la communauté (le Bénin).

3- Evaluation des mesures de politiques économiques :

Les politiques commerciales et fiscales peuvent impacter la rentabilité de la production de l'anacarde. Aussi, plusieurs indicateurs permettent de savoir si les producteurs bénéficient ou non d'incitation à produire ou des mesures de politiques économiques. Dans cette analyse, deux indicateurs sont utilisés à savoir : les transferts nets et le CPE.

La dernière ligne de la MAP, indique que la production dispose d'un CPE égal à 0,9936. Le Coefficient de Protection Effective étant inférieur à 1 alors les producteurs sont taxés et ils ne bénéficient d'aucune incitation à produire. De même, le système de production présente un transfert net négatif. Ainsi donc, les producteurs sont défavorisés et subissent une taxe implicite de 30.889,02FCFA/ha.

Ce pendant, le CPE (0,9936) tend sensiblement vers1. Ce qui veut dire qu'avec le temps, on entrerait dans une situation de production neutre où les producteurs ne seraient ni favorisés ni défavorisés ce qui traduirait un équilibre de la compétitive des échanges de facteurs de production de l'anacarde entre le marché national et le marché international.

Paragraphe 2 : Mesure de la rentabilité financière, de la rentabilité économique et des Transferts de la commercialisation de l'anacarde.

Ce paragraphe présente les contraintes liées à la commercialisation, à la formation des prix et le compte d'exploitation de la commercialisation. Il comporte également la MAP de la commercialisation et l'évaluation des rentabilités financière et économique et des transferts.

A- Contraintes liées à la commercialisation de l'anacarde :

Les différents acteurs de la commercialisation de l'anacarde (collecteurs, courtiers, grossistes) de la commune de Savalou font face à diverses difficultés. Ces difficultés sont consignées dans le tableau n°19 ci-dessous :

Tableau n°19 : Contraintes liées à la commercialisation de l'anacarde dans la zone d'étude.

Contraintes

Pourcentage (%)

Fixation des prix de vente par les exportateurs

66,67

Non respect des engagements prix par les collecteurs

66,67

Insuffisance des moyens de transport des stocks

55,56

Non remboursement de `' l'avance sur achat `' par certains producteurs

44,44

Financement de l'achat des noix de cajou

33,33

Retard dans le financement de la collecte

33,33

Insuffisance de magasins de stockage

33,33

Mauvaises conditions de collecte

22,22

Tracasseries routières

11,11

Concurrence déloyale

11,11

Source : Enquête de terrain, Avril 2012.

Le tableau n°19 indique que la majorité (66,67%) des acteurs de la commercialisation de l'anacarde enquêtés sont contraints dans leur activité par : la fixation des prix de vente (grossistes-exportateurs) par les exportateurs et le non respect des engagements pris par les collecteurs. En effet, les exportateurs s'arrogent le droit de fixer le prix de vente des noix de cajou pour avoir préfinancé les grossistes ce qui impacte le prix maximum de vente bord-champ des noix de cajou auprès des producteurs.

De même, certains collecteurs prennent l'argent chez les grossistes mais n'arrivent pas à livrer les quantités prévues et utilisent les fonds de la collecte pour d'autres activités personnelles ce qui crée des impayés.

D'un autre côté, l'insuffisance de moyens de transport et le non remboursement de " l'avance sur achat " prise par les producteurs préoccupent respectivement 55,56% et 44,44% des acteurs de la commercialisation de l'anacarde enquêtés. Les autres contraintes, non moins importantes, sont : la recherche de financement pour l'achat de l'anacarde, le retard dans le financement de la collecte, l'insuffisance de magasins de stockage, les tracasseries routières, les mauvaises conditions de collecte, la concurrence déloyale, la fluctuation anarchique des prix et l'insuffisance de matériels (bascules, sacs de jute, etc.). Mais au-delà de toutes ces contraintes et après réflexion, il ressort que le plus grand problème de cette fonction de la filière anacarde est la mauvaise organisation du circuit de commercialisation.

B-Formation des prix et compte d'exploitation de la commercialisation de l'anacarde :

Au Bénin, s'il est de constat que le gouvernement fixe un prix plancher de vente bord-champ de l'anacarde, il s'avère aussi que l'exportation de l'anacarde ne connaît aucune intervention gouvernementale pour la formation des prix de vente. En effet, bien que l'Etat béninois fixe chaque année la période d'exportation, généralement comprise entre le 15 mars et le 15 Octobre de chaque année (JITAP, 2003), le prix à l'exportation de l'anacarde aux dires des acteurs de la commercialisation, notamment des grossistes, suit deux scénarios différents dépendant chacun du mode de financement de l'activité des grossistes.

Ainsi, dans un premier scénario, les grossistes sur la base de la confiance et du nombre d'années d'expérience dans la commercialisation de l'anacarde, reçoivent un préfinancement auprès des exportateurs (partenaires indo-pakistanais, opérateurs économiques béninois, etc.). Ces derniers imposent alors une quantité et un prix d'achat des stocks aux grossistes qu'ils ont préfinancés.

En ce qui concerne le second scénario, les grossistes s'autofinancent et vendent leurs stocks aux exportateurs les plus offrants avec possibilité de négocier le prix de vente de l'anacarde à Cotonou. Mais dans l'un ou l'autre des cas, les prix de vente de l'anacarde aux exportateurs à Cotonou évoluent de façon croissante du début de la campagne d'exportation Jusqu'à la fin de la dite campagne.

Par ailleurs, environ 95 % des acteurs de la commercialisation de l'anacarde enquêtés dans la commune de Savalou se retrouvent dans le premier scénario basé sur le préfinancement des grossistes et vendent leurs stocks aux exportateurs à des prix impactant sensiblement les prix d'achat bord-champ. Aussi, pour mieux apprécier les coûts de la commercialisation de l'anacarde et la richesse qu'elle dégage, un compte d'exploitation de ce maillon de la filière anacarde a été élaboré et présenté dans le tableau n°20.

Tableau n°20: Compte d'exploitation de la commercialisation de l'anacarde.

Libellés

Unité

Montants

Prix de vente moyen (1)

FCFA/t

574.500

Prix d'achat moyen (2)

FCFA/t

400.000

Coût moyen de la collecte primaire (3)

FCFA/t

17.130

Coût moyen de rapprochement (5)

FCFA/t

12.000

Coût moyen magasin (6)

FCFA/t

1767

Taxe communale (7)

FCFA/t

2571,43

Coût du chargement (8)

FCFA/t

1500

Coût moyen de transport (9)

FCFA/t

15.000

Autres frais (douane, etc.) (10)

FCFA/t

1142,86

Coût de revient moyen (11=2+3+4+5+6+7+8+9+10)

FCFA/t

451.111,29

Valeur ajoutée (12=1-11)

FCFA/t

123.388,71

Amortissement (13)

FCFA/t

5.357

Marge nette (14=12-13)

FCFA/t

118.031,71

Source : Calculs faits à partir des données d'enquête, Avril 2012.

Ce tableau indique que pour un prix d'achat moyen de 400FCFA/kg, soit 400.000FCFA/t (compris entre 150FCFA/kg et 500FCFA/kg) les grossistes ont vendu leurs stocks aux exportateurs à un prix de vente moyen de 574,5FCFA/kg au port de Cotonou soit 574.500FCFA/tonne (évoluant de 250FCFA/kg à 700FCFA /kg). Cependant, pour un coût de revient moyen de 451.111,29FCFA la tonne, les grossistes de la commune de Savalou bénéficient d'une valeur ajoutée de 123.388,71FCFA /tonne. Ce profit est souvent amplifié par la quantité très importante des stocks (en moyenne 1000tonnes chez les grands grossistes). Ainsi donc, la commercialisation a fourni une marge nette positive de 118.031,71FCFA/tonne par grossiste. De même, elle crée de la valeur ajoutée pour la communauté, occupe et rémunère une partie de la population : des autres acteurs de la commercialisation (collecteurs, coutiers) jusqu'aux ouvriers saisonniers (chargeurs, couturiers, transporteurs, etc.).

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand