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La problématique du travail des enfants dans l'arrondissement de Godomey

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par Henri Judicaël KANHONOU
Université d'Abomey Calavi - Maitrise 2010
  

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IV-1- Les stratégies de remise en cause de l'éducation scolaire

L'instruction est une priorité pour tout homme. L'enfant qui naît a besoin pour son épanouissement et pour sa vie en société d'une éducation. Cette dernière se reçoit dans plusieurs lieux différents. La responsabilité incombe en premier abord aux parents.

A Godomey, lieu de cette étude, il est à noter la présence d'écoles publiques et d'écoles privées. Ces dernières années en effet, il y a eu une floraison d'écoles privées dans le but sans doute de combler le vide laissé par les écoles publiques et de réduire la distance parcourue par les écoliers.

Selon les chiffres de la C.S. d'Abomey-Calavi II zone de Godomey, en 2007, il y avait dans le primaire au niveau du public et du privé 42839 écoliers répartis en 21651 garçons et 21188 filles. Avec un effectif de 1169 enseignants composés de 809 hommes et 360 femmes. Selon FANDY de la C.S., « ce taux de fréquentation est assez important. Il souligne en outre que dans certaines salles de classe, l'effectif des filles est supérieur à celui des garçons » (propos d'un enquêté, 2009).

Comme le montre les statistiques de l'année 2008, on a dénombré dans le public 18142 enfants dont 9271 filles et 8871 garçons. Pour ces écoliers, le nombre total d'enseignants était de 244, parmi lesquelles 194 femmes et 60 hommes. Pour expliquer cette situation, il souligne que : «ce

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sont les mesures de gratuité de l'école primaire envers les filles qui font que le nombre de filles est supérieur à celui des garçons. Mais cet état de chose ne perdure pas. En effet, au fil des années, le taux d'abandon au niveau des filles est plus important que chez les garçons. Ce qui freine considérablement le nombre de filles inscrites au départ » (propos d'un enquêté, 2009).

Bien que le retrait des enfants soit beaucoup plus poussé dans les villages, il n'en demeure pas moins que certaines zones de Godomey connaissent aussi cette réalité. L'enquête auprès de certains parents à Cocotomey et à Cococodji a montré que, ces derniers apprécient les mesures de gratuité mais demandent à ce que la gratuité soit générale et touche aussi les garçons, mais encore mieux les fournitures scolaires et la cantine des enfants. Certains parents semblent ne pas trouver dans l'école un cadre d'avenir pour les enfants. Et c'est en cela que ODUNLAMI (op. cit) dira en parlant des caractéristiques de l'école moderne que : « le système éducatif moderne est coupé de la vie. Le curricula n'est pas adapté ». Beaucoup de parents se demandent l'utilité de maintenir les enfants à l'école si, l'incertitude de trouver du travail à la fin demeure. Ils pensent que l'école ne joue pas son rôle d'ascenseur social. Ceci est justifié par le caractère latin de l'école, héritage du système colonial. Ce caractère latin donne beaucoup plus de priorité aux oeuvres de l'esprit, à la recherche du beau au profit du travail manuel. Ce qui fait que, ceux qui fréquentent l'école s'attendent toujours à la fin à être employés par l'Etat. Mais la situation dans le pays fait voir que l'état n'est pas en mesure d'utiliser tous ces diplômés.

Face à cet état de chose, l'apprentissage fait figure d'alternative par rapport au système scolaire. « L'apprentissage permet d'éviter qu'à la fin de leur formation, les enfants n'aient aucun savoir pratique ». (Propos d'un parent enquêté, 2009). Le marché de travail devient un déterminant de

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l'investissement dans l'éducation des enfants. Pour les parents, un marché de travail en crise n'encourage pas à envoyer les enfants à l'école. Dans un tel contexte, l'école n'apparait plus comme une alternative efficace au travail des enfants. Les parents cherchent d'autres moyens d'éduquer les enfants. L'apprentissage devient une solution aussi bien à l'école qu'au travail. Il permet à la fois aux enfants d'accumuler du capital humain technique, mais aussi de bénéficier d'un revenu pour satisfaire les dépenses quotidiennes. L'apprentissage devient un choix stratégique pour les parents les plus pauvres. Car, l'avantage est qu'à la fin de leur apprentissage, les enfants peuvent très bien se mettre à leur propre compte.

De toute évidence, la conclusion selon laquelle, les parents de gré ou par contrainte cherchent toutes les issues possibles pour retirer de l'école leurs enfants peut être tirée.

En conséquence, un nombre élevé d'enfants investissent très jeunes le marché du travail. La plupart du temps, ils sont sans instruction ou déscolarisés, ce qui compromet certainement leurs potentialités d'améliorer leur condition de vie future.

A cet effet, le graphique suivant récapitule le niveau d'instruction des enfants qui ont été interrogés.

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Graphique N°III : Niveau d'instruction des enfants interrogés

61

29,2

53,1

40,7

6,2

9,

Non instruits Déscolarisés

Scolarisés

Garçons

Filles

70

60

50

40

30

20

10

0

Source : Données de terrain

(2009)

 

A ce niveau, il est utile de donner deux(02) précisions :

La première est que,

la catégorie des

non

instruits regroupe

les

 

enfants qui n'ont jamais été à l'école et qui par conséquent ne savent ni lire ni écrire en français. Et les déscolarisés sont ceux qui ont fréquenté au moins une fois et qui pour une raison ou pour une autre ont abandonné les classes. Quant aux scolarisés, c'est la catégorie des enfants qui fréquentent mais sont utilisés également dans les travaux de maison , ou comme vendeuses.

La deuxième est que les enfants interrogés ne sont pas tous de Godomey. En effet, il a été en souligné un peu plus haut qu'ils viennent d'Allada, de Zè, d'Abomey, de Bohicon, de la vallée de l'Ouémé, etc.

Plusieurs réalités explicatives de cette situation des enfants se sont présentées et ce, suivant leur milieu d'origine.

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L'analyse de ce tableau montre que 29,2 % des garçons sont sans instruction et 61% d'entre eux sont des déscolarisés. Les scolarisés représentent 09,8%.

Chez les filles, le taux des non instruites est de 53,1% et les déscolarisées font 40,7%. Quant aux scolarisées, elles ne représentent que 6,2%.

Une première lecture laisse voir la disparité qui existe entre le pourcentage masculin et celui féminin au niveau des différentes catégories.

En effet, beaucoup plus de filles que de garçons ne savent ni lire ni écrire en français. Ainsi, selon TINGBE (2005) : « malgré tous les efforts consentis jusqu'ici, l'équité sur le plan du genre n'est pas encore une réalité au niveau du système éducatif. Des disparités ont toujours été notées en défaveur des filles et ceci quel que soit le groupe d'âge considéré ». Il est de ce fait évident que l'accès des filles à l'école n'est pas encore d'une garantie formelle malgré toutes les mesures prises.

Plusieurs raisons justifient cet état de chose. Les filles interrogées donnent plusieurs raisons à propos de leur non scolarisation : « je n'ai jamais mis pied à l'école. Mes parents ne voulaient pas. Maman voulait que je sois à ses côtés pour l'aider » (propos d'une fille de 10 ans enquêtée, 2009).

Et c'est en cela que MERAND (op cit) affirme : « ... de retour à la maison, une occupation attend la petite fille : s'occuper d'un frère ou d'une soeur plus jeune. La petite fille de six ou sept ans commence déjà à porter sur son dos un bébé endormi. Elle prend vite l'habitude de transporter un sceau d'eau sur la tête ». Pour renforcer cette triste réalité le milieu familial ou traditionnel rejette volontiers le principe de la scolarisation des filles. L'image traditionnelle de la femme veut qu'elle se soumette à son mari. Elle est d'abord destinée à être mère et épouse. A ce propos, TINGBE (op. cit) rapporte qu'en d'autres termes, les filles sont faites pour le foyer. Le

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seul apprentissage, réellement utile, qu'elles doivent faire, est lié à ce rôle, apprentissage qui se déroule auprès de sa mère, des coépouses de celles-ci et de ses tantes. Un peu plus loin, TINGBE (op. cit) dira expressément que compte tenu de l'appui qu'elles apportent à leur mère, ce sont ces dernières qui parfois s'opposent à l'envoi de leur fille à l'école et ce dans le but de perpétuer la tradition comme elles l'ont connue.

Abondant toujours dans le même sens, FOURN (op. cit) dira que la perception qu'on a de la femme et qui se résume dans l'expression Fon : « Gnonnoun huessi, Sunnoun glégbénou », conduit la société africaine à maintenir la femme dans la sphère domestique qui implique la non instruction de la fille donc, le non accès à une éducation formelle et le développement du trafic des enfants.

Parfois, lorsqu'il s'agit d'envoyer les enfants des deux sexes à l'école, les parents donneront beaucoup plus de priorité aux garçons. Pour expliquer cela, un des enquêtés, DANSOUKPEVI en charge de la lutte contre le travail des enfants à la DGT/BIT parlera : « de pesanteurs socioculturelles qui jouent en faveur des garçons » (propos d'un enquêté, 2009).

En ce qui concerne la non scolarisation des garçons et leur abandon des classes, ils ont évoqué plusieurs raisons comme justification.

Des enfants ayant entre 08 et 12 ans ont été rencontrés dans des ateliers d'apprentissage. Pour ceux d'entre eux qui n'ont jamais fréquenté, c'était un choix des parents, et par la suite, ils n'ont plus eu envie d'y aller. La priorité est donnée ici aux travaux manuels qui payent plus vite. Pour la deuxième catégorie qui concerne les déscolarisés, beaucoup plus de raisons ont été avancées en ce qui concerne leur interruption de scolarité. Voici le récit d'un garçon : « J'ai 12 ans, et j'ai 07 frères. Avant, je vivais dans mon village, Allada. Je fréquentais avec mon jeune frère qui a 8 ans. Mais mon père a dit que nous ne pouvons plus aller à l'école. Il a décidé qu'on allait

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suivre quelqu'un. Il habitait à côté de notre maison et nous l'appelions Tonton. Papa a dit qu'on allait le suivre à Cotonou pour apprendre un métier. Maintenant, j'apprends la mécanique chez le Tonton. Mon frère, qui est dans l'atelier d'à côté apprend la fonderie ». (Propos d'un garçon enquêté, 2009).

Certains ont évoqué le manque de moyens financiers avec pour corollaire le non payement des contributions scolaires ce qui équivaut au renvoi. En ceci, il est à noter que : soit les parents n'ont pas réellement les moyens pour le faire, soit ils ne s'engagent pas pour la scolarisation de leurs enfants.

Dans d'autres cas, la pénurie d'enseignants peut contribuer à démotiver les enfants, ainsi que le manque d'encadrement adéquat.

Face au manque de soutien financier des parents, certains enfants exercent des travaux parallèles aux études, ce qui contribue à baisser leur rendement scolaire.

Certains enfants ont évoqué aussi des difficultés d'assimilation. Par la suite, les échecs répétés contribuent aussi à décourager les enfants. Il faut aussi noter que les enfants n'ont aucune émulation qui les porterait à rester sur les bancs en vue de faire de longues études. Face à l'appât du gain immédiat que leur font miroiter certains de leurs camarades qui travaillent déjà et au goût de l'aventure, beaucoup d'enfants se voient dans l'obligation d'abandonner ou de raccourcir leur scolarité pour aller aussi travailler. Tout ceci compromet les efforts fournis en vue d'assurer l'éducation primaire pour tous préconisés par les OMD.

Dans toute société, la famille, quelle que soit sa forme, est l'unité sociale de base. Elle a des fonctions essentielles qui sont indispensables au bon développement de l'enfant. Néanmoins, certains facteurs comme la taille de la famille font que des familles n'arrivent pas à assurer les besoins de ses membres.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery