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Gestion des lamantins des lacs de Lere : entre conservation des ressources naturelles et survie de la population.

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par Honoré BEAKGOUBE
CREFELD, Université de Sarh-Tchad - Master 2 en Environnement et Developpement Communautaire  2011
  

Disponible en mode multipage

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    Sommaire

    DEDICACE 3

    REMERCIEMENTS 4

    LISTE DES ABREVIATIONS 6

    INTRODUCTION GENERALE 10

    CHAPITRE I : APPROCHE DE LA COLLECTE DE DONNEES 13

    A. CADRE THEORIQUE 13

    I.1. Justification du choix du thème 13

    I.2. Définitions des Concepts 14

    I.3. Problématique 15

    I.4 Objectif Principal 19

    Hypothèses de recherche 19

    B CADRE METHODOLOGIQUE 20

    I.1. Présentation du champ d'étude 20

    II.2. Méthode ou Paradigme d'Analyse 29

    II.3. Les techniques des collectes de données 30

    II.4. Difficultés rencontrées. 33

    CHAPITRE II : ORGANISATION DES DIFFERENTS ACTEURS DANS LA GESTION CONCERTEE DES RESSOURCES NATURELLES DES LACS DE LERE ET TRENE 34

    II.1. Les différents acteurs dans la gestion des Lacs-Léré et Tréné. 34

    II.2. Organisation des zonages et utilisation des surfaces des Lacs. 39

    SOURCE : NOS DONNEES 46

    CHAPITRE III : LA DIVERSITE BIOLOGIQUE DES LACS DE LERE 47

    III.1. Les ressources végétales exploitées 47

    III.2. Les ressources fauniques des Lacs. 48

    CHAPITRE IV : LES AIRES DE REPARTITION DES LAMANTINS ET LES CAUSES D'EXTINCTION. 58

    4.1. Situation Générale 58

    4.2 Les causes d'extinction des Lamantins 60

    Le lamantin Ouest africain est inscrit en tant que « vulnérable » sur les listes de l'Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN), avec un déclin numérique de 20 % sur une période de 10 ans. Il est inscrit à l'annexe II de la Convention relative sur le commerce international des espèces de faune et flore sauvages menacés d'extinction (CITES), dite convention de Washington de 1973. 60

    CHAPITRE V : LES STRATEGIES DE GESTION CONSERVATOIRE ET PARTICIPATIVE 68

    5.1 La Volonté Politique 68

    5.2 Développement Rural intégré (DRI). 70

    5.3. Motivation éthique et rôle de l'éducation environnementale. 71

    5.4. La participation des bénéficiaires 73

    5.5. Information, éducation, communication/Behavior Change Communication (IEC/BCC) 75

    5.6. Les principales sources de communication 77

    5.7 La formation des acteurs 78

    5.8. Les solutions envisageables 79

    Conclusion générale 81

    BIBLIOGRAPHIE 83

    Annexes 87

    ANNEXE I 88

    ANNEXEII 96

    ANNEXE III 97

    ANNEXE IV 98

    ANNEXE V : croquis des espèces piscicoles 99

    DEDICACE

    A ma grande mère paternelle HINPINRE Sara, qui de son vivant n'a cessé de formuler ses voeux de prospérité pour son petit fils.

    REMERCIEMENTS

    Ce parcours positif, nous le devons à un certain nombre d'institutions et personnalités qui ont servi de cadre administratif à ce succès :

    La Direction du Centre Régional de Recherche Ecologique et de Formation Environnementale pour Lutter contre la Désertification (CREFELD) à Sarh (Tchad), le Département de Géographie de l'Université de N'Djaména, ont joué un rôle fondamental et déterminant dans la réalisation de ce mémoire.

    Nous remercions à double titre d'une part, le Dr. Passinring KEDEU pour avoir accepté de diriger ce travail, en dépit de ses kyrielles occupations et de l'avoir fait avec beaucoup d'abnégation, et d'autre part pour son appui matériel pendant tout le temps qu'a durée notre recherche.

    Nous exprimons nos profondes gratitudes à l'endroit du Dr Adoum NGABA Waye, Directeur Général du CREFELD et à tous les enseignants et missionnaires du centre, qui ont donné le meilleur d'eux -mêmes pour notre formation.

    Nous ne saurions oublier nos collaborateurs de terrain, le Gong de Léré, sa majesté GONTCHOMME III, le Sous- préfet, l'équipe de l'antenne de la Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ) de Léré, la Direction locale des eaux et pêche et de la faune, les comités de gestion des associations villageoises, le Comité villageois de Surveillance (CVS), les chefs de villages, la Direction de Ressources en Eaux et de la Météorologie(DREM) pour leur franche collaboration qu'ils nous ont témoigné lors de nos visites de terrain.

    Nous ne voulons pas perdre de vue l'hospitalité et la disponibilité des responsables de groupements, des autorités administratives et traditionnelles, des responsables techniques, des responsables de certaines associations... qui nous ont aidé dans l'accomplissement de ce travail.

    - Que les collègues du CREFELD, de la World Vision Chad et l'Equipe de la Cartographie du RGPH2 (Deuxième Recensement Général de La Population et de l'Habitat) trouvent ici notre témoignage de reconnaissance pour les divers soutiens qu'ils m'ont apporté.

    - Nous restons particulièrement reconnaissant à l'endroit de Bersambé PABANGOU pour le soutien et l'accueil tant chaleureux dont il a fait montre durant notre séjour pour les études à Sarh.

    - Nos remerciements vont également à l'endroit de toutes les bonnes volontés, qui ont bien voulu apporter leur source orale pour la réussite de ce travail  en particulier :

    - M. Abakar SALEH

    - M. Ponlalbé MAGE

    - M. Neusolbé OUADOU

    - M.Patehalet ZOUYAHNE

    - M. Adamou MAHAMAT

    - M. Chaïbou BAGOUDOU

    - M. François TCHONZOUMBO

    - M. Dara LAOUBEUL 

    - M. Dessou Yosia

    Enfin, que notre famille trouve ici l'expression de notre attache pour le réconfort moral, l'incitation au quotidien qu'elle nous a témoigné et qu'il nous soit permis de dire aux cadets d'emboîter les pas.

    Que tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce travail retrouvent ici l'expression de notre sincère reconnaissance.

    LISTE DES ABREVIATIONS

    CFA : Communauté Financière Africaine

    CITES : Convention relative sur le commerce international des espèces de faune et flore sauvages menacés d'extinction

    CREFELD : Centre Régional de Recherche Écologique et de Formation Environnementale pour Lutter contre la Désertification

    CVS : Comité Villageois de Surveillance

    DDT: Dichloro-diphenyl- trichloroethane

    DREM : Direction de Ressources en Eau et de la Météorologie

    GTZ : Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbelt

    ILOD : Instance Locale d'Orientation et de Décision

    MEE : Ministère de l'Environnement et de l'Eau

    ONG : Organisation non Gouvernementale

    PCGRN : Projet de Conservation et de Gestion des Ressources Naturelles

    PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

    PNUE : Programme des Nations Unies pour l'Environnement

    PRODALKA : Programme de Développement Rural Décentralisé du Mayo- Dallah du Lac Léré et de la Kabbia

    RFBL : Réserve de Faune de Binder- Léré

    RGPH2 : Deuxième Recensement Général de la Population et de l'Habitat

    UICN : Union Mondiale pour la Conservation de la Nature

    UNESCO: United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization.

    ZMD : Zone de Mise en Défens

    ZPI : Zone de Protection Intégrale

    Table des illustrations

    Liste des cartes

    Carte n°1 : Situation géographique ........................................................................................10

    Carte n°2 : Situation de la zone d'étude..................................................................................21

    Carte n°3 : système d'alimentation des lacs de Léré..................................................................22

    Carte n°4 : carte de Zonation pour une gestion durable des lacs de Léré .......................................40

    Liste des figures

    Figure n°1 : fluctuation moyenne mensuelle de la hauteur des eaux de lac ....................................24

    Figure n°2 : relation entre maximums hydrologiques et pluviométriques.........................................24

    Liste des photos

    Photo n°1 : zone de mise en défens de Dissing........................................................................42

    Photo n°2 : champs de berbéré sur les abords du lac de Léré......................................................44

    Photo n°3 : les carrières des briques sur les berges des lacs de Léré...........................................45

    Photo n°4 : quelques espèces capturées.................................................................................48

    Photo n°5 : les lamantins......................................................................................................53

    Photo n°6 : une femelle allaitante..........................................................................................54

    Photo n°7: Squelette du lamantin..........................................................................................55

    Photo n°8 : Chute Gauthiot.................................................................................................76

    Liste des schémas

    Schéma n°1 : localisation des sites des lamantins ...........................................................................60

    Schéma n°2 : méthode de Saraar........................................................................................74

    Schéma n°3 : une réserve de biosphère...............................................................................80

    Liste des tableaux

    Tableau n°1 : variation pluviométrique saisonnière et interannuelle..............................................23

    Tableau n°2 : liste de quelques essences fauniques de la zone d'étude........................................25

    Tableau n°3 : liste de quelques essences floristiques de la zone d'étude......................................26

    Tableau n°4 : populations riveraines des Lacs de Léré et Tréné..................................................35

    Tableau n°5 : type d'activités menées dans chaque zone..........................................................46

    Tableau n°6 : biodiversité des espèces végétales des plaines....................................................47

    Tableau n°7 : nomenclature des espèces des poissons aux lacs de Léré ....................................49

    Tableau n°8: répartition par village des zones de mis en défens ................................................59

    Tableau n°9 : période de pêche de l'année par type d'engin......................................................63

    Résumé :

    Les lacs de Léré faisant partie intégrante de dans la Réserve de Faune Binder -Léré (RFBL) sont assez riches en matière de biodiversité , beaucoup d'espèces phares y sont représentées en dépit de la pression démographique et agropastorale , la pêche , le braconnage , les feux de brousse mal utilisés et surtout mal maîtrisés qui menacent les réserves , sans perdre de vue les activités illégales et la valeur marchande des ressources naturelles. Les lamantins ; mammifères aquatiques sont en danger car ils subissent une réduction leur effectif depuis de nombreuses années et se trouvent aujourd'hui dans une situation très précaire, qui en l'absence d'une prise de conscience et de mesures de protection risqueraient de les mener progressivement vers une disparition totale au sein de l'écosystème lacustre de Léré. En dehors, des causes naturelles qui induisent la dégradation des ressources biologiques, l'homme constitue « un danger » pour les espèces. Il demeure « le véritable prédateur » pour les Lamantins qui sont chassés pour leur chair et leur graisse bien qu'ils soient légalement protégés. La menace de leur existence se traduit aussi par destruction de leur habitat. Cet habitat se réduit sous la pression des actions anthropiques (les systèmes agricoles et pastoraux, les techniques de capture...), qui sont autant d'écueils pour la survie des lamantins.

    La faiblesse dans l'application de la loi, les affinités dans la résolution des problèmes, les pots de vin ou la corruption sont monnaies courantes. Certaines pratiques culturelles, les croyances et les usages traditionnels ne favorisent pas la gestion durable des ressources naturelles, ni ne conduisent à une adhésion à la politique de conservation.

    Le renforcement de l'implication effective des communautés riveraines dans la gestion des réserves de ressources biologiques a été défini comme une priorité avec un partage des retombées économiques. Les campagnes de sensibilisation de la population sur l'importance de la biodiversité et des aires protégées et l'utilisation des medias pour la une prise conscience sont des moyens les plus utilisés. L'accentuation de la sensibilisation, de l'information et de l'éducation mésologique à l'endroit des communautés riveraines, des autorités administratives, judiciaires, militaires et traditionnelles sur les dispositions législatives et règlementaires en matière de gestion des ressources naturelles pourrait être une mesure incitative.

    MOTS CLES : lamantins, gestion participative, ressources naturelles, biodiversité, lacs, environnement, réserve de faune.

    ABSTRACT

    The lakes of Léré are Fauna Reserve of Binder Léré. They are rich enough in biodiversity; many important species live there despite demographic growth and agro pastoral activities. Fishing, poaching and bush fire are wrongfully made and threaten mercilessly that reserve. These activities are illegal and cause the disappearance of natural resources. Manatees - aquatic animals are endangered because their numbers have been reducing for years. They are being threatened until now .if people are not aware of that situation and if there is no protective measures these species will progressively disappear completely in the ecosystem of Léré`s lakeside.

    Apart from natural phenomena which cause damage of biological resources, man is a danger for these species. He is a real predator for the manatees which are caught for the best meat and for their fats. Although they are legally protected, the threatening of their life is also due to their habitat destruction. That habitat is reducing because of the anthropogenic actions (farming and pastoral systems, the catching techniques are threatening manatees' life too.)

    The lightness in applying the law, affinity in solving problems, the bribe or corruption are regular practices. Moreover some cultural practices, beliefs and traditional practices neither favor the lasting natural resources management nor the adhesion of the political conservation.

    The complete reinforcement of the involvement of riverside communities to the management of biological reserves resources has been defined as priority by the sharing of economic income.

    The campaigns of the sensitization of the population about the importance of the biodiversity and the protected surface are the means used to make people aware of the situation. Therefore sensitization, information and education of the riverside communities are emphasized.

    The administrative, judicial, military and traditional authorities are infirmed about the legislative conditions. The regulation on natural resources management might be a good initiative.

    Key words: manatees, natural resources management, biodiversity, the lakes of Léré, communal management of natural resources.

    INTRODUCTION GENERALE

    Les parcs nationaux, les réserves de faune et autres sites ont au moins eu le mérite de demeurer dans la mesure du possible d'importants refuges pour une reproduction « in situ » des espèces animales et végétales, dans un contexte de dégradation accélérée de l'environnement. Le Tchad dispose de deux parcs nationaux, sept réserves de faunes, d'une réserve de biosphère et onze forêts classées.

    Le réseau des aires protégées du Tchad correspond à une superficie de 131 841 km² 1(*) soit environ 10% du territoire national dont : 4140 km² de parcs nationaux, 110.800 km² de réserves de faune, 14931 km² de forêt dansées et 1970 km² de biosphère (Direction de parc et réserve des faunes, octobre 1991). Dix aires protégées, sur la validité du PNUE sont jugées indispensables pour freiner la tendance à l'épuisement des espèces. Il s'agit de parcs nationaux de Zakouma et de Manda, des réserves des faunes du Barh Salamat, Siniaka-Minia, d'Aboutelfane, de Binder-Léré, de Ouadi-Riné-Ouadi-Achan, de Fada Archeï et de Mandelia et la réserve de Biosphère du Lac Fitri.

    Carte n°1 : Situation Géographique

    La réserve de faune de Binder-Léré, créée le 24 mai 1974 et centrée sur le 9°84' de latitude Nord et et limitée par les méridiens 14°16' et 14°72 de Longitude Est. Son altitude varie entre 280 et 500 mètres. Elle couvre une superficie de 135.000 ha et abrite deux lacs naturels : le Lac Léré et celui de Tréné. On y trouve une population de Lamantins, d'hippopotames, des varans d'eau, de crocodiles, de tortues et autres reptiles. La faune terrestre est composée entre autre de damalisques, de bubales, de girafes, d'hyènes, des phacochères etc.

    Les ressources halieutiques des Lacs de Léré subissent une forte pression . Cette pression a pour conséquence la baisse des prises, qui a justifié la mise en place des zones de protection. Une gestion concertée, s'appuyant sur les connaissances du milieu des populations riveraines, nécessaire pour préserver ces milieux lacustres fragiles (P.Dagou et al. 2005).

    Depuis plusieurs décennies, le Tchad, comme toute l'Afrique au Sud du Sahara subit des crises bioclimatiques aux conséquences socio-économiques importantes. Le potentiel halieutique est fortement dépendant de la pluviométrie. L'irrégularité très accentuée des pluies ces dernières années et l'augmentation de la population s'accompagnent d'une dégradation des ressources naturelles existantes qui se traduit par la sécheresse édaphique, la baisse de la productivité des sols, l'extension des surfaces cultivées, le développement de l'élevage, la déprise du couvert végétal et l'altération générale des milieux naturels avec apparition de nouveaux faciès paysagers (P.Kedeu, 2006).

    Le département de Lac Léré, cadre administratif de notre étude, n'échappe pas à cette situation de crise. Située à l'extrême Sud-ouest du Tchad, la région de Léré est l'une des régions les plus peuplées du pays. Une densité qui s'explique en partie par la présence des Lacs. La région constitue de nos jours un pôle d'attraction d'une population cosmopolite à cause des potentialités agricoles, halieutiques, pastorales et économiques qu'elle offre. Cette attractivité entraîne des habitudes de consommation et de production non viables, la perte des connaissances traditionnelles et la recrudescence des actes de vandalisme.

    En effet, des efforts sont entrain d'être faits en matière de gestion durable des ressources naturelles. Ces efforts sont matérialisés par l'émergence des organisations à caractère régional, national, local, les associations des amis des animaux et les ratifications de nombreuses conventions sur la biodiversité, sur les changements climatiques etc.

    Cependant, les conférences et séminaires sur les causes et effets pervers de la dégradation de la biodiversité constituent désormais des tribunes d'information et de sensibilisation en faveur de la protection de l'environnement. Les résolutions et les recommandations émanant de ces rencontres internationales connaissent quelques fois le sort du tiroir. L'impact des tentatives de préservation ou de conservation des ressources naturelles est faiblement ressenti par la population. Les modèles exogènes aux contenus non adaptés au contexte local sont voués à l'échec. Cette situation nous conduit à citer Shanti Basuet qui disait : « nous ne pouvons prêcher un développement hors du contexte des besoins du village. Mais lorsque les gens prennent leur sort en main, tout devient possible ».

    L'État à travers ses organes techniques ne doit pas seulement opter pour la répression comme principale panacée aux actes de vandalisme. Mais doit également promouvoir les mesures d'incitation, la recherche et formation, l'éducation et sensibilisation du public, des études d'impacts et réduction des effets néfastes.

    Le développement de toutes ces préoccupations s'articule autour de cinq (5) chapitres :

    1. Chapitre I : Approche de la collecte de données

    2. Chapitre II: Organisation des différents acteurs et la Gestion concertée des ressources naturelles des lacs de Léré

    3. Chapitre III : La diversité biologique des lacs de Léré

    4. Chapitre IV : Les aires de répartition et les cause d'extinction des lamantins

    5. Chapitre V : Les stratégies de gestion conservatoire et participative

    Ce travail présente des insuffisances tant sur le fond que sur la forme. Pour cela, comme le dit une locution étrangère « Errare humanum est », nous conjurons le lecteur d'en excuser, car cela résulte de la limite de l'intelligence humaine.

    CHAPITRE I : APPROCHE DE LA COLLECTE DE DONNEES

    A. CADRE THEORIQUE

    Le présent chapitre traite de la justification du choix du thème, de la définition des concepts opératoires, de la problématique, des objectifs et des hypothèses de recherche.

    I.1. Justification du choix du thème

    La faune et la flore sauvages du Tchad subissent une exploitation intense. Les animaux sont braconnés tout le long de l'année, jours et nuits, sans distinction d'âge. Cette situation provoque l'extinction de certaines espèces animales, confirmant le péril du potentiel biologique. Il en résulte un appauvrissement floristique, du fait que la régénération de certaines espèces végétales dépendait étroitement des animaux disparus.

    Pour éviter la disparition des animaux et des plantes disséminateurs et veiller à leur renouvellement naturel, la mise en place des systèmes de conservation tant des écosystèmes que des aires protégées s'impose. La sauvegarde de la biodiversité préconisée dans le cadre d'un programme d'aménagement interdisciplinaire intégrant les facteurs humains et ceux de l'environnement pour une gestion durable des ressources biotiques. La conservation et la protection du patrimoine biologique et génétique permettent de conserver « in situ » des espèces sauvages telles que les Lamantins en y faisant respecter strictement les réglementations existantes sur la pêche, la chasse dans les aires protégées.

    La politique de conservation de la faune et de la flore n'accordait pas à la population et aux actions populaires un intérêt significatif, hormis la promotion de certaines espèces d'intérêts économiques et commerciaux car elle a été mal définie au début. Le manque d'une intégration nécessaire entre la politique environnementale et les autres politiques sectorielles relatives au développement a conduit à un cloisonnement des institutions impliquées dans la mise en oeuvre des politiques nationales d'environnement. Les écosystèmes naturels que sont les forêts, les savanes, les pâturages et les terres de parcours, les cours d'eau, les lacs etc. sont, un vivant témoignage de la diversité biologique de la terre qui se trouve aujourd'hui menacée .Cette menace est due à la destruction de l'habitat des animaux, à la pression des systèmes agricoles, à la pollution...

    Il faut agir sans tarder et avec détermination pour préserver et conserver les gènes, les espèces et les écosystèmes afin d'assurer une gestion et une utilisation durables des ressources biologiques que sont les lamantins. La réserve de faune de Binder-Léré (RFBL) renferme une flore et une faune riches, des chutes d'eau, des vallées et des lacs. Les lacs de Léré, très poissonneux, constituent également le lit de certains mammifères notamment les lamantins. Cette espèce présente une grande richesse touristique pour le pays, mais malheureusement trop prisée par les braconniers à cause de la valeur marchande de sa chair et surtout de son huile. Il est avéré que si les efforts ne sont pas déployés, sa disparition serait irréversible. C'est pourquoi les communautés locales, les autorités nationales et la communauté internationale s'emploient à sa protection.

    A travers cette étude, nous comptons faire l'évaluation de la gestion des ressources naturelles et les efforts conjugués à l'échelon national afin de mesurer le niveau de protection à l'échelle locale des écosystèmes lacustres sans perdre de vue la participation et l'appui des instances locales ainsi que l'appui de la coopération internationale.

    I.2. Définitions des Concepts

    La définition des concepts clés dans un travail de recherche est d'une importance capitale, car elle permet d'éviter toute confusion, de s'écarter des « évidences aveuglantes » ou du sens commun et facilite la compréhension du thème. Ainsi, est-il judicieux de définir dans ce thème les concepts suivants : gestion des lamantins ; conservation des ressources naturelles, survie des populations.

    I.2.1. Le Concept de Gestion de Lamantins

    Le terme gestion signifie action ou manière de gérer, d'administrer, de diriger, d'organiser quelque chose2(*). Quant au « lamantin », il désigne un mammifère herbivore et non ruminant, au corps massif ; atteignant 4 à 6 mètres de long et pesant jusqu'à plus de 500 kg. Genre trichechus et de l'ordre des siréniens. Il existe quatre espèces au monde :

    1. Le lamantin d'Afrique (Trichechus senegalensis) que l'on trouve sur la Côte occidentale africaine et au Tchad, plus précisément dans les lacs-Léré.

    2. Le lamantin d'Amérique du sud (Trichechus inunguis) qui vit dans le bassin amazonien.

    3. Le lamantin de Martinique (Trichechus manatus).

    4. Le lamantin de Floride (Trichechus manatus Latirostris.

    La gestion des Lamantins peut se définir comme un acte réfléchi qui, partant de la connaissance de la ressource et de son fonctionnement. . La gestion permet d'atteindre un niveau d'abondance, ce qui sous-tend que les prélèvements des ressources naturelles considérées comme épuisables ne doivent pas excéder la productivité.

    La gestion à travers des techniques appropriées permet d'éviter une diminution inquiétante, un seuil critique considéré comme une menace à la durabilité recherchée.

    I.2.2 Conservation des ressources naturelles

    Le mot conservation veut dire maintenir intact, dans un même état. Les ressources naturelles quant à elles désignent un ensemble des potentialités qu'offre le milieu physique. Ainsi, les sols, les eaux, la flore, la faune sont des exemples de ressources naturelles.

    La conservation des ressources naturelles doit être bénéfique pour la société à court et à long terme. Pour le long terme, ce choix repose sur le postulat que le patrimoine naturel doit être transmis aux générations futures car s'il disparaît, il ne peut être reconstitué par l'homme.

    I.2.3 Survie de populations

    La survie est le fait de survivre, de continuer à exister en dépit des difficultés rencontrées et la population est un ensemble des habitants d'un espace déterminé. Pour une question de survie, l'homme de par son génie transforme l'environnement pour pouvoir se maintenir. Il devient tributaire de l'environnement pour assurer sa survie, il doit exploiter les ressources naturelles faisant face à lui. Cette exploitation est à but alimentaire quand elle est irréfléchie, irrationnelle c'est à dire quand les prélèvements ne tiennent pas compte de la productivité. Cela conduit à un déséquilibre qui menace ainsi non seulement les vies animales et végétales mais aussi celle de l'homme. C'est en mettant en évidence l'intérêt d'une exploitation raisonnée que l'on peut faire intervenir les populations locales à une règlementation pour avoir ainsi les chances de la faire respecter.

    I.3. Problématique

    Les ressources naturelles constituent les richesses d'un pays. Au Tchad, la politique de conservation de ces ressources se manifeste essentiellement par des actions de protection de la faune, de la flore et par des opérations de restauration des aires protégées. La répression reste aussi pour le gouvernement une voie privilégiée pour corriger les actes de vandalismes. La protection et la conservation des ressources naturelles exigent de meilleurs moyens afin de préserver la biodiversité ; pour conserver un environnement biophysique de qualité et assurer aux générations actuelles et futures de bonne condition de vie.

    Les Lacs-Léré qui sont situés dans la réserve de faune de Binder-Léré, une des plus importantes aires protégées au Tchad. Elle a été créée le 24/05/74 par décret présidentiel no 169/PR/EFPC/RNR/ (3(*)), en vue de conserver les richesses naturelles (faune sauvage, flore et sites touristiques) de la zone. Cette réserve a une superficie de 135.000 ha et a une importance internationale car les Lacs-Léré et Tréné renferment des espèces rares telles que les Lamantins.

    L'Union Mondiale de Conservation de la Nature (U.I.C.N) a eu à dénombrer 131 espèces de mammifères au Tchad dont trois (3) seraient endémiques au plan régional et menacées de disparition (4(*)).

    Parmi les espèces menacées, figure le Trichechus senegalensis (le Lamantin). Ce mammifère aquatique est en danger car il subit une réduction d'effectif depuis de nombreuses années. Il se trouve aujourd'hui dans une situation très précaire, qui en l'absence d'une prise de conscience et de mesures de protection risquerait de le mener progressivement vers une disparition totale de l'écosystème lacustre de Léré.

    Depuis les années 70, il règne dans les pays du Sahel une sécheresse endémique. Les déficits pluviométriques dus à des mauvaises répartitions spatio-temporelles des pluies perturbent gravement l'équilibre de la biodiversité. Les sécheresses qui persistent d'années en années induisent des effets pervers sur les espèces animales, végétales et ichtyologiques .Ces préalables se traduisent par la mortalité, les perturbations des fonctions physiologiques (sous-alimentation prolongée entraînant des troubles de reproduction et un défaut d'engraissement) et le retard de puberté. La bonne protection du sol assurée par le couvert végétal est ainsi compromise par les sécheresses récurrentes. Les sols dénudés sont exposés aux rayons solaires et subissent des érosions éoliennes et hydriques provoquant ainsi le rétrécissement par envasement des lacs.

    En dehors, des causes naturelles qui induisent la dégradation des ressources biologiques, l'homme constitue « un danger » pour les espèces. Il demeure « le véritable prédateur » pour les Lamantins qui sont chassés pour leur chair et leur graisse bien qu'ils soient légalement protégés. La menace de leur existence se traduit aussi par destruction de leur habitat. Cet habitat se réduit sous la pression des actions anthropiques (les systèmes agricoles et pastoraux, les techniques de capture...), qui sont autant d'écueils pour la survie des lamantins.

    Les lacs de Léré sont devenus attrayants pour la population riveraine qui y exerce une forte pression à travers l'agriculture de contre saison, la fabrication des briques et la pêche. La modification et la destruction des habitats constituent les plus graves menaces pour les espèces biologiques.

    La diversité biologique et la capacité productive s'en trouvent amoindries. Et il est de plus en plus difficile aux espèces d'effectuer des migrations saisonnières, par conséquent de régénérer ses populations.

    Les lamantins sont souvent la cible des pêcheurs. Ceux-ci utilisent des engins prohibés. La senne tournante, cet engin de pêche très peu sélectif capture avec beaucoup de facilité les lamantins car les nageoires s'emmêlent, empêchant ainsi aux victimes de monter à la surface de l'eau pour respirer.

    Animal très naïf, le lamantin se laisse aisément approcher par l'homme. Étant lent par nature, il n'arrive pas à réagir rapidement lorsqu'un hors-bord s'approche et ne réalise pas que les hélices peuvent lui infliger des blessures et des coupures au dos et aux nageoires qui peuvent lui être fatales. Il ne peut vivre dans une eau à moins de 20°c à cause de son faible métabolisme5(*).

    Depuis le sommet de Rio de Janeiro en 1992, le Tchad s'est engagé à mettre sur pied des mécanismes permettant une protection efficace de la biodiversité. La convention internationale sur la biodiversité a été ratifiée deux ans plus tard, le 07 juin 1994. Ceci s'est manifesté par la promulgation de la loi portant régime des forêts de la faune et de la pêche. Le lamantin, est une espèce protégée par les conventions internationales. Classé dans la catégorie A de la convention Africaine pour la conservation des ressources naturelles et inclus dans l'appendice de la convention sur les espèces en voie de disparition de la faune et de la flore sauvage (CITES). Il est intégralement protégé et ne peut en aucun cas être abattu, chassé ou capturé sauf sur une autorisation spéciale du Ministre de tutelle. Malgré cela, les lamantins continuent à payer le lourd tribut du braconnage. Un lamantin de taille moyenne (300 à 500 kg), peut fournir 10 à 15 litres d'huile après la fonte de sa graisse et un litre peut rapporter facilement 15 000 à 30 000 FCFA au Nigeria voisin6(*). Les pratiques commerciales suscitent très vite des effets pervers, en conférant aux animaux une valeur financière. Elles incitent à accentuer les prélèvements pour en tirer profit. Les viols de la zone de protection intégrale (Z.P.I) et des zones de mis en défens (Z.M.D) s'expliqueraient par le comportement de certains individus et la mauvaise foi des agents de contrôle qui ont à coeur de satisfaire leur concupiscence pécuniaire et le gain facile.

    Les lamantins sont en voie d'extinction par le fait même, qu'ils sont protégés. Plusieurs lois ont été édictées pour la protection des lamantins dont les amandes très fortes pour ceux qui blessent ou qui en tuent. Des solutions brutales sont parfois utilisées pour un problème bien identifié mais dont les causes profondes n'ont pas été bien analysées. La suppression de la chasse a souvent été décrétée pour enrayer la diminution du gibier mais l'expérience a démontré que dans les pays où la chasse est totalement interdite, on note une recrudescence du braconnage et du commerce illicite des animaux ou de leurs produits. Un bref rappel sur l'historique de la gestion de la RFBL dénote qu'elle a connu successivement trois formes de gestion (la gestion para-étatique, la gestion exclusive par l'Etat, la gestion participative). Les deux premières formes de gestion occultant l'approche participative sont axées sur la répression et la coercition. Elles ont conduit à une pêche anarchique et clandestine, au braconnage, à la coupe abusive où les ressources disponibles étaient donc exposées à des risques de dégradation.

    Il apparaît bien évident que les sévères mesures de protection ne constituent pas une solution à la volonté de sauver les lamantins.

    La présence d'une zone de protection intégrale ou d'une zone de mise en défens est le plus souvent mal ressentie par les populations riveraines d'autant plus qu'elles en sont souvent été chassées, créant ainsi une frustration. Cette situation a provoqué beaucoup d'incompréhensions, de révoltes et des actes de sabotage. L'espace protégé faisant l'objet de multiples convoitises, il est aujourd'hui fragilisé par des prélèvements qui se trouvent en inadéquation avec la productivité. L'État à lui seul ne peut s'approprier la gestion de ces ressources. Une gestion participative impliquant les initiatives locales sont à promouvoir pour préserver la biodiversité lacustre.

    A ce titre, les efforts de surveillance en vue de protéger efficacement les lamantins doivent être renforcés. Tous les partenaires de conservation de la nature et les autorités administratives sont interpellés. Les actions de recherche et la gestion des espèces menacées devraient être renforcées par une volonté politique afin de maintenir la biodiversité par une cohabitation harmonieuse et durable. Les efforts consentis par les communautés locales pourraient contribuer au renforcement de la protection des lamantins, qui constituent un patrimoine naturel de première importance. La conservation de ces espèces est fonction des paramètres suivants : écologique psychologique, financier et économique etc.

    Pour résoudre le problème de la pression des communautés locales sur les ressources biologiques, il faudrait tenir compte des besoins et intérêts de ces populations dans la formulation des réglementations et les méthodes de gestion.

    L'évaluation de la gestion des ressources halieutiques, en particulier celle du lamantin, nous a conduit à un certain nombre de préoccupations interrogatoires qui ont retenu notre attention, notamment :

    - Quels sont les efforts consentis jusque là par l'État, les ONG et les communautés locales en matière de conservation des ressources naturelles ? Des mesures sont-elles prises en vue de connaître le nombre des siréniens des lacs-Léré ?

    - Quelles perceptions les populations riveraines ont-elles de la conservation des ressources biologiques, en particulier les lamantins ? Ont-elles adhéré à la volonté gouvernementale de conserver la biodiversité ?

    - Quelles sont les mesures d'accompagnement que préconise le gouvernement afin d'éviter le gaspillage des ressources halieutiques notamment des lamantins considérés comme sources traditionnelles de protéines et de vertus thérapeutiques par les populations riveraines ?

    - La société civile de par sa nature, son domaine et ses moyens intervient-elle efficacement dans le domaine de la conservation des lamantins et de la biodiversité ?

    - Le système éducatif et les médias abordent-ils suffisamment les questions de la diversité biologique ?

    - Les spécialistes sont-ils bien formés ? Sont-ils biens utilisés ?

    - En fin le braconnage serait-il la seule cause qui menacerait les lamantins ? Quelles pourraient être les autres causes sous-jacentes qui conduiraient aussi à la dégradation de l'écosystème lacustre ?

    Telles sont les préoccupations autour desquelles, nous aurons à réfléchir sur la gestion des ressources biologiques des Lacs de Léré. Ces ressources qui doivent être gérées de manière rationnelle en vue de préserver et accroître la biodiversité. Une gestion intégrée qui exige une collaboration entre les populations, les ONG et l'appareil administratif chargé de la conservation.

    Arriver à inculquer à la population, une éducation relative à l'environnement qui aura pour but de former une population consciente, préoccupée par des problèmes environnementaux.

    Eu égard à l'ensemble du problème posé, nous avons eu à dégager un certain nombre d'objectifs.

    I.4 Objectif Principal

    - Caractériser les types de menaces faites aux lamantins et proposer de stratégies de conservation.

    Objectifs spécifiques

    - Identifier et analyser les problèmes qui conduisent progressivement à l'extinction des lamantins et des ressources naturelles en général dans la région lacustre de Léré.

    Identifier et hiérarchiser les menaces et leurs causes directes et indirectes sur la biodiversité.

    - Analyser les lacunes rencontrées par les institutions en matière de la conservation de la biodiversité biologique.

    - Analyser le cadre politique et législatif régissant la gestion des ressources halieutiques, en particulier les lamantins.

    - Mesurer le degré de participation des populations riveraines et leurs apports dans les projets de conservation des lamantins.

    Afin de parvenir à ces objectifs, nous avons avancé quelques hypothèses de recherche.

    Hypothèses de recherche

    · La non implication des populations riveraines aux actions de conservation et de sauvegarde des lamantins entraîne un sentiment de spoliation.

    · La pauvreté et la corruption qui gangrènent le pays font que les lois anti-braconnage ne sont pas ou peu appliquées.

    · En fin l'extinction des lamantins peut conduire à un déséquilibre de l'écosystème aquatique.

    B CADRE METHODOLOGIQUE

    Ce sous chapitre est consacré à la circonscription du champ d'étude, à la présentation de la méthode d'analyse et des techniques de collectes de données.

    I.1. Présentation du champ d'étude

    Dans la présentation du champ d'étude, il sera dégagé le profil historique du terrain d'étude, sa situation géographique et sociologique.

    I. 1.1. Aperçu historique

    Localité située au Sud-ouest du Tchad, dans la région du Mayo-Kebbi Ouest, la Préfecture des Lacs-Léré a vu entre le XIVème et XVIIème siècle l'installation de l'ethnie Moundang constituant le noyau ancien de son peuplement. Actuellement, les Moundang partagent leurs terres avec les peuls ou foulbés, musulmans arrivés du Nigeria au XIXème siècle ainsi que des groupes minoritaires tels que les Haoussa, peuple pêcheur originaire du Nigeria et quelques pasteurs transhumants que sont les Mbororos en provenance du Niger.

    Structuré autour d'un pouvoir central représenté par le Gong, chef suprême, le peuple moundang est un peuple très conservateur des valeurs de la tradition malgré l'omniprésence du christianisme et d'autres confessions religieuses. Au pays moundang, la gestion des ressources naturelles est placée sous l'égide du Gong qui délègue ses pouvoirs à ses ministres (les lakali) qui appartiennent aux différents clans que compose l'ethnie moundang. Chaque clan doit veiller à la bonne gestion des ressources ou du département qui lui est confié. Par exemple, la gestion des plans d'eau et des ressources halieutiques est confiée aux « Pah Bii » (chef de bord). En effet l'eau et les ressources qu'elle génère appartiennent exclusivement au clan « Theuré ». Les Theuré ont la responsabilité d'administrer les eaux et les ressources halieutiques contrairement aux « Gouworé » qui s'occupent de la gestion des terres, les «  Ban-Seuh » de la défense du territoire etc.

    I.1.2. Situation géographique

    La préfecture des Lacs Léré comme son nom l'indique englobe les lacs de Léré et de Tréné. Elle s'étend sur environ 70 km d'Est en Ouest, et sur 40 km du Nord au Sud. Les lacs de Léré et de Tréné, alimentés par la rivière le Mayo-Kebbi, couvrent une superficie d'environ 46,7 km2 et regorgent de potentialités halieutiques et pastorales énormes. Ils constituent la base vitale des populations riveraines et de leurs bétails grâce à la diversité d'espèces de poissons, de mammifères aquatiques et de zones pastorales à forte potentialité fourragère. Ce patrimoine naturel fait l'objet d'une convoitise et d'intense attractivité des pasteurs transhumants. Les crocodiles, les pythons et tortues d'eau sont également observés dans ses lacs.

    Carte 2 : Situation de la zone d'étude

    Photo7: squelette du lamantin (cliché Béakgoubé à travers l'Internet)

    Source : Passinring Kedeu, 2006

    Situés entre la latitude 9°35 et 9°41 Nord et les longitudes 14°06 et 14°19 Est, les lacs de Léré et Tréné reposent dans une cuvette tectonique d'âge post-mésozoïque. C'est une cuvette à fond plat et aux versants dissymétriques et d'une altitude moyenne de 233 mètres. La cuvette qui retient le lac de Léré est séparée au niveau de Lao par le cône de déjection de EL Ouaya ; c'est à dire qu'on peut envisager que les deux lacs n'en faisait qu'un seul et que, progressivement le cône de El Ouaya a scindé ce plan d'eau en deux 7(*).

    La région est parcourue par un réseau hydrographique dense dont le Mayo-Kebbi constitue les cours d'eau majeur. Affluent de la Bénoué, le Mayo- Kebbi traverse les lacs de Léré et de Tréné en son centre. Le relief, peu prononcé, correspond à celui d'une vaste paléo pénéplaine faisant figure de la bordure rocheuse de la grande cuvette tchadienne8(*). Il s'agit là du socle granitique à roches métamorphiques et granitiques recouverts au crétacé par des sédiments marins et fluviatiles par une transgression venue de l'Ouest par la Bénoué.

    Carte 03 : système d'alimentation des lacs de Léré

    Source : Passinring Kedeu, 2006

    I.1.3. Le contexte bioclimatique

    Le climat régional est de type sahélo-soudanien, avec une tendance sahélienne influençant légèrement le régime des pluies et des données hydrologiques des lacs. Les précipitations connaissant une forte variation dans le temps avec des hauteurs annuelles oscillant entre le simple et le double. Le caractère aléatoire de la répartition temporelle des précipitations a une incidence négative sur la superficie, la profondeur et le niveau de lac de Léré et Tréné créant la préexistence de surface insulaires et la précocité d'étiage. La moyenne sur 33 ans, de 1973 à 2008 est de 916,46 millimètres avec un maximum de 1106 mm en 2004 et un minimum de 581millimètres en 1989 soit une amplitude de 525 millimètres (cf. le tableau ci-dessous). Les températures varient de 31°6 à 46°44 pour les maxima et 17°44 à 13° pour les minima.

    Tableau 1: variation pluviométrique saisonnière et interannuelle

    Année

    J

    F

    M

    A

    M

    J

    J

    A

    S

    O

    N

    D

    TA

    1973

    0

    0

    0

    12

    29

    218

    234

    246

    105

    62

    0

    0

    906

    1974

    0

    0

    0

    54

    83

    43

    154

    130

    174

    64

    11

    0

    713

    1975

    0

    0

    0

    05

    61

    182

    146

    392

    287

    13

    0

    0

    986

    1976

    0

    0

    0

    10

    117

    120

    54

    172

    201

    143

    0

    0

    818

    1977

    0

    0

    0

    **

    62

    111

    248

    264

    101

    34

    0

    0

    820

    1978

    0

    0

    1,5

    68,6

    133

    71

    249,9

    244,1

    160,2

    0

    0

    0

    928

    1979

    0

    0

    26,3

    62,8

    132

    121,4

    150,8

    126,2

    241,8

    28,3

    0

    0

    889,6

    1980

    0

    0

    10,3

    12,6

    51,3

    76,7

    225,9

    276,8

    247,3

    50

    0

    0

    950,9

    1981

    0

    0

    0

    18

    176

    52

    176

    144

    93,9

    29,2

    0

    0

    689,1

    1982

    0

    0

    0

    14,9

    14,7

    95,6

    151,8

    475,8

    238'8

    34

    0

    0

    1025

    1983

    0

    0

    0

    0,6

    33

    113,7

    220,8

    146,2

    130,1

    0

    0

    0

    617,4

    1984

    0

    0

    2,8

    85,3

    75,9

    109,4

    140,4

    106,3

    90,3

    0

    0

    0

    610,4

    1985

    0

    0

    4,2

    0

    54,2

    60,4

    262,6

    183,3

    101,4

    11,4

    0

    0

    677,5

    1986

    0

    0

    0

    8,6

    51,1

    148,7

    97,8

    250,6

    187,2

    11,9

    4,3

    0

    760,2

    1987

    0

    0

    0

    0

    80,3

    67,6

    113,1

    232,9

    127

    13,3

    0

    0

    634,2

    1988

    0

    0

    0

    7,7

    79,1

    149,2

    224.1

    181.1

    295.7

    10.2

    0

    0

    947.5

    1989

    0

    0

    0

    36

    103

    139

    108

    40

    159

    0

    0

    0

    581

    1990

    0

    0

    0

    49.9

    94.2

    62.9

    255.4

    165.8

    70.3

    29.8

    8.5

    2.2

    739

    1991

    0

    0

    0

    36.2

    118.5

    87.2

    109.7

    239.8

    125.5

    15

    0

    0

    731.9

    1992

    0

    0

    21,4

    23.6

    79.8

    88.6

    89.5

    317.1

    223.9

    66.4

    3.9

    0

    914.2

    1993

    0

    0

    0

    16

    158.8

    107

    205.6

    210.4

    84.4

    38

    0

    0

    820.2

    1994

    0

    0

    0

    21.2

    106.4

    216.9

    56.5

    359.7

    235.2

    40.8

    0

    0

    1036.7

    1995

    0

    0

    0

    33.4

    15.7

    135.7

    70.8

    340.3

    129.3

    136.1

    0

    0

    861.3

    1996

    0

    0

    0

    40.7

    85.5

    120.8

    80.8

    219.5

    275.1

    67.9

    0

    0

    890.3

    1997

    0

    0

    0

    68.9

    74.9

    183.9

    175

    277.4

    111.6

    87.4

    0

    0

    979.1

    1998

    0

    0

    0

    8.8

    119.1

    43.2

    47

    233.9

    166.6

    141.8

    2

    0

    762.4

    1999

    0

    0

    0

    32.6

    85.5

    81.7

    150.9

    311.2

    369.9

    62.8

    0

    0

    1094.6

    2000

    0

    0

    0

    25.5

    92.4

    112.8

    252.8

    288.9

    116.8

    73.8

    0

    0

    963

    2001

    0

    0

    0

    24.5

    88.4

    119.7

    256.9

    283.6

    305

    0

    0

    0

    1078.1

    2004

    0

    0

    0

    17.9

    86

    189.2

    316

    239.4

    196.6

    59

    2

    0

    1106.1

    2005

    0

    0

    0

    34.3

    54.3

    104.4

    234.6

    297.1

    125.3

    50

    2.4

    0

    900.4

    2006

    0

    0.7

    0

    0

    109.8

    146.7

    136.7

    237.1

    394.7

    51.1

    0

    0

    1076.8

    2008

    0

    0

    0

    8.8

    123.1

    128

    116.4

    201.4

    244

    12.5

    0

    0

    834.2

    Mm

    0

    0.07

    1,1

    22,5

    88,4

    122,7

    185,3

    243,3

    212,6

    39,8

    0,9

    0,04

    916,46

    **= Données manquantes/non parvenues; Ta= Taux annuel ; Mm= moyenne mensuelle ; Source : Division Climatologique/DREM/ Mars 2009

    Figure 1: Fluctuation moyenne mensuelle de la hauteur des eaux du lac

    Figure 2: Relation entre les maximums hydrologiques et pluviométriques

    L'évaporation est consécutive à la température. Son total moyen annuel est de 2786 millimètre9(*). L'influence de la température sur les sols est non négligeable. Leur valeur constamment élevée influe fortement sur le sol et sur la régulation des eaux lacustres et fluviales, surtout en saison sèche. Elle favorise le desséchement du sol en accélérant les processus d'évaporation. La sécheresse édaphique qui en résulte imprime ses marques aux paysages à travers la morphologie du couvert végétal et le métabolisme biologique (Passinring KEDEU, 2006). Ces différents éléments d'appréciation montrent qu'il s'agit d'un régime climatique irrégulier et très instable rendant précaire le métabolisme végétal, le calendrier et les rendements agricoles. Ces deux derniers aspects sont d'autant plus ressentis par les paysans que les sols généralement pauvres ont besoin d'une alimentation hydrique rigoureuse sans quoi, le bilan agricole est en deçà des espérances.

    Dans la région, la végétation marque la transition entre la savane soudanienne et la savane sahélienne. Le couvert végétal tributaire de ce climat est de type savane boisée où arbres et arbustes parsèment d'immenses étendues de graminées. Ces graminées disparaissent chaque fois presque totalement au cours de la saison sèche. Elles deviennent la proie des feux sauvages et de l'élevage divagant (Passinring KEDEU, 2006)

    En effet, les formations végétales sont dominées par les forêts claires et des savanes boisées avec une dominance de combrétacées au Nord c'est-à-dire dans la réserve de faune de Binder -Léré donc l'emprise foncière s'étend sur le domaine de trois chefferies coutumières (Le Gong de Léré, le Gong de Lagon et le Lamido de Binder). Un inventaire réalisé en 1998, fait observer qu'il existe 383 espèces végétales, 190 espèces d'oiseaux, et 38 espèces de mammifères identifiés10(*).

    La réserve présente une diversité biologique assez riche. Parmi les éléments les plus emblématiques de sa faune, on note : le lamantin, la girafe, l'autruche, le buffle, l'hippopotame, l'hippotrague. L'éland de Derby ainsi que les grands prédateurs (Lion, Léopard, Guépard) sont rares ; même si d'aucun d'entre eux ont fait l'objet de signalements à plusieurs occasions. Les tableaux ci-dessous récapitulent les essences fauniques et floristiques de la zone d'étude.

    Tableau 2: liste de quelques essences fauniques de la zone d'étude

    NOMS COMMUNS

    NOMS SCIENTIFIQUES

    NOMS EN MOUNDANG

    Autruche
    Structhic camelus
    Majulii
    Buffle
    Syncerus caffer
    Seuh
    Crocodile
    Crocodilus niloticus
    Syii
    Chat sauvage
    Felix libica
    Min lalle
    Elephant
    Loxodonta Africana
    Balle
    Gazelle Dorcas
    Gazella Dorcas
    Tesai
    Girafe
    Giraffa camelopardalis
    Man?? ?wôo
    Gazelle Leptocère
    Giraffa leptoceros
    N?? Mini
    Guépard
    Acinonyx jubatus
    Kpî?
    Héron ou Garde boeuf
    Bubulous ibis
    Malaatfoo
    Hipopotame
    Hipopotamus amphibius
    Zomme
    Hippotrague
    Hipopotragus equinus
    Bu woo
    Hyène
    Crocuta-craocuta
    M??g?ri
    Lamantin
    Trichechus senegalensis
    N??bii
    Léopard
    Panthéra pardus ou felis pardus
    kpi?
    Lion
    Panthéra léo/Felis léo
    Bollé
    Python
    Python sebae
    Ma soo
    Tortue
    Testudo sulkata
    kp?kpallé
    Varan
    Varanus niloticus
    Ta?
    Source: nos données
     
     

    Tableau 3: liste de quelques essences flore de la zone d'étude.

    NOMS COMMUNS
    FAMILLE
    NOMS EN MOUNDANG
    Accacia albida
    Mimosceae
    Bagew/mgew
    Accacia nilotica
    Mimosceae
    Vonok/waa fuu
    Accacia seyal
    Mimosceae
    Waa syêe/dangeu syêe
    Accacia maddina
    Mimosceae
    Waa fai/dangeu
    Accacia seberiana
    Mimosceae
    Waa t?cii
    Adansonia digitata
    Bombacaeae
    Mat?kpio
    Arezelia africana
    Caesalpiniaceae
    Foore
    Anogeissus leiocarpus
    Combretaceae
    Gu?re
    Annona senegalensis
    Annonaceae
    T?pôori
    Balamitus aegyptiaca
    Balanitaceae
    T?bakamme
    Bauhinia nufescens
    Caesalpiiaceae
    S?p??re
    Bombax costatum
    Bombacaceae
    Njokke
    Borassus aethiopum
    Arecacea
    M?n??
    Calotropis procera
    Asclepiadaceae
    T?fâmme
    Ceiba pencindra
    Bombacaceae
    Kummi
    Celtis integrifolia
    Ulmaceae
    T?s?s??
    Combretum acculentum
    Combretaceae
    Gueda pôori
    Combretum glutinosum
    Combretaceae
    Banni/râh fai
    Combretum nicranthum
    Combretaceae
    T?waa wee k?piigwii
    Combretum nigricans
    Combretaceae
    Râh syêe
    Crateva adansonii
    Combretaceae
    T?pahkpah
    Daniella oleveri
    Capparaceae
    Macii
    Detarium microcarpum
    Caesalpiniaceae
    T?gomme
    Entandra africana
    Caesalpiniaceae
    Madahfai/t?sôori
    Ficus sur forssk
    Mimosaceae
    Wuuri
    Ficus indens
    Moraceae
    Foore
    Ficus polita
    Moraceae
    Jeuré
    Gardenia ternifolia
    Rubiaceae
    Bôoh
    Guiera senegalensis
    Combretaceae
    Goofai
    Grevia bicolor
    Tiliaceae
    cênne
    Hexalobus monopetalus
    Annonaceae
    S??p?? wen??
    Hyphaene thebaica
    Araecaceae
    M?n??
    Isoberlinia doka
    Caesalpiniaceae
    Taore
    Kigelia africana
    Bignoniaceae
    Voore
    Khaya senegalensis
    Meliaceae
    Bahre
    Mimosa pigra
    Mimosaceae
    Tanne
    Mitragyna inermis
    Rubiaceae
    Ganne
    Pilostgma reticulatum
    Caesalpiniaceae
    S??p??re
    Sterospermum kunthiamum
    bgnoniaceae
    T?vôori
    Tamarindus indica
    Caesalpiniaceae
    Baahre
    Terminalia avicennioïdes
    Combretaceae
    Valle
    Terminalia macroptera
    Combretaceae
    Val-nou
    Vitellania paradoxa
    sapotaceae
    K??re
    Ximenia americana
    Olacaceae
    Boohre
    Ziziphus mucronata
    Rhamnaceae
    Em balle
    Ziziphus mauritiana
    Rhamnaceae
    Emme
    Ziziphusspina-christi
    Rhamnaceae
    Em z?mai

    Source: nos données

    Il faut aussi préciser que les essences exotiques et fruitières caractérisent le couvert végétal visible à proximité des villages : manguifera indica (manguier), azardirachta indica (neem), citrus limonum (citronnier), psidium goyava (goyavier) et hyphaene thebaica (palmier dom).

    II.1.4. CONTEXTE SOCIO-ÉCONOMIQUE

    Installée depuis le XVIIème siècle, l'ethnie moundang qui constituait le noyau du peuplement de la région de Léré, partage ses terres avec d'autres ethnies venantes de divers horizons. On rencontre aujourd'hui dans la ville une population cosmopolite avec des groupes minoritaires tels que les Haoussa, peuple pêcheur dont les vieux parents venus pour la plupart du Nigeria se sont établis pour la pêche, les peuls (les Mbororos et foulbé) pasteurs visitant la zone au moment des transhumances. L'afflux de la population expliquerait par la péjoration climatique et la prévalence des conflits politico armés. Face à ces conjonctures les populations recherchent des territoires plus propices et plus calmes. La région de Léré à travers ses lacs constitue alors un point de chute privilégié des migrants. Aussi il est à noter que la proximité d'un axe routier très emprunté, favorise les échanges avec le Cameroun et les grandes villes du Pays. Cette attractivité de la région a contribué à la faire hisser au rang des régions les plus densément peuplées du Tchad (soit 53 hbt/km2). Cette forte concentration de population ne va pas sans générer des pressions sur l'environnement.

    L'agriculture, l'élevage, la pêche et le commerce constituent l'essentiel des activités humaines de la région.

    L'agriculture est à la fois vivrière et de rente. Les cultures vivrières sont celles du sorgho rouge ou blanc, le bérébéré, le maïs, le haricot, l'arachide etc. Au rang des cultures de rente figurent le coton et l'oignon. Le coton a été introduit par les colons, est cultivé de manière extensive. Il fut la plus importante source de revenus pour la majorité des habitants de la région. Mais de nos jours, la culture du coton rencontre d'énormes difficultés (retard d'achat et de décaissement d'argent, coûts élevé des produits phytosanitaires et autres intrants etc.). Les plaines lacustres, après le retrait des eaux permettent aux populations riveraines de se livrer aux cultures de contre saison et au maraîchage : bérébéré, patates, haricots, arachides... pour les premières et l'oignon, carottes, tomates, ails etc. pour le second.

    L'élevage, initialement absent du mode de vie traditionnel des moundang, s'est peu à peu développé au contact des foulbés. Il garde cependant un caractère marginal et joue un rôle capital au plan social : sacrifices, funérailles, dot et source de prestige au sein de la communauté. Il est de type sédentaire et les cheptels composés des petits ruminants, des porcs, des bovins de la Culture attelée (BCA), des volailles sont de taille réduite. Les foulbés, en revanche, possèdent des troupeaux (bovins, petits ruminants) de taille importante pour les quels ils effectuent les transhumances dans les plaines.

    La pêche, devenue l'une des activités principales dans la région est pratiquée par deux catégories de pêcheurs : les pêcheurs professionnels et les agro pêcheurs. La première catégorie est celle des migrants étrangers vivant exclusivement des revenus de la pêche. Ce sont les pêcheurs haoussa, les somono originaire du Mali et bien d'autres venus du Cameroun. Ceux-ci payent un permis de pêche délivré par l'inspection des eaux et forets. Ce document confère au bénéficiaire une autorisation d'exercer la pêche en se conformant aux réglementations et lois en vigueur. Le permis de pêche est délivré à raison de 12 500FCFA /an pour les nationaux (permis A) et 75 000 FCFA pour les expatriés (permis B).

    Les moundang, mombaye et djoukoun appartiennent à la deuxième catégorie, celle des agro pêcheurs. Pour cette catégorie, la pêche est une activité complémentaire à l'agriculture, leur activité principale. Ils pratiquent une pêche de subsistance. Pendant, ces dernières années où les incertitudes climatiques rendant les productions agricoles et les revenus de l'élevage très aléatoires, certains individus ont préférés se reconvertir dans l'exercice de la pêche qui s'avère florissante.

    Le commerce, est un secteur d'activité qui absorbe une tranche de la population à la fois autochtone et allogène. Il est favorisé par la proximité des villes camerounaises et nigérianes débouchant ainsi sur des échanges fructueux. Sur la liste des activités pourvoyeuses de revenus figure également la chasse. Elle n'est pas officiellement pratiquée ; toutefois celle-ci est exercée de manière officieuse dans la réserve de faune de Binder-Léré malgré la surveillance des agents techniques (forestiers). En sus de ces activités génératrices de revenus, on note une exploitation artisanale de l'or. Elle est observable dans le lit du Mayo-Kebbi et de ses affluents.

    II.2. MÉTHODE OU PARADIGME D'ANALYSE

    Pour cette étude, nous avons fait usage de deux méthodes d'analyse à savoir : la méthode structuro fonctionnaliste et la méthode accélérée de recherche participative.

    II.2.1. LA MÉTHODE STRUCTURO FONCTIONNALISTE

    Cette méthode appliquée à notre thème a l'avantage d'étudier les fonctionnements des groupements des pêcheurs du comité villageois de surveillance, du projet de conservation du lamantin de voir le mécanisme interne et les règles qui régissent les comportements, les attitudes des acteurs de ces instances locales. Et surtout, celle-ci doit nous amener à nous intéresser aux conditions historiques qui ont fait naître ces instances de gestion locale et observer les dysfonctionnements en analysant les contraintes, les blocages et les facteurs limitants, sans perdre de vue les fonctions manifestes et latentes que remplissent celle-ci. Cette méthode a permis de comprendre le groupe social, son s'adaptation à l'environnement, ses luttes pour la survivre. Nous avons considéré les populations riveraines des Lacs de Léré et Tréné comme un système global au sein duquel les éléments agissent en interaction et font vivre la société. A travers cette méthode, nous serons amené à expliquer les relations à la fois internes et externes que nouent les différents acteurs, d'en apercevoir la réalité sociale et la sensibilité liées aux incohérences de choses.

    II.2.2. LA MÉTHODE ACCÉLÉRÉE DE RECHERCHE PARTICIPATIVE.

    La MARP est un processus d'apprentissage pour une meilleure connaissance des conditions et des problèmes des populations locales. Autrement dit, elle est une approche et méthode systématiques permettant aux différentes communautés de participer à l'identification et à analyser des problèmes de leurs environnements et de déterminer des stratégies appropriées d'inventions. Dans le cadre de note étude, cette méthode nous a permis de passer à l'identification et à l'analyse des problèmes de gestion durable de leur terroir et des écosystèmes.

    II.3. LES TECHNIQUES DES COLLECTES DE DONNÉES

    Plusieurs techniques ont été choisies dans cette rubrique afin de faciliter le recueil des informations. Il s'agit de la pré enquête, la recherche documentaire, l'observation directe, l'entretien semi directif, le questionnaire et enfin le dépouillement des données.

    II.3.1. PRÉ ENQUÊTE

    Cette phase préliminaire de l'enquête nous a permis de mieux connaître notre terrain d'étude, de faire l'inventaire des moyens humains et matériels dont nous avons besoin et de tester les guides d'entretien et les questionnaires en vue de réussir l'enquête. Elle s'est déroulée au mois de juillet 2008 avec les autorités traditionnelles, administratives et les agents techniques de la préfecture de Léré.

    II.3.2. LES RECHERCHES DOCUMENTAIRES

    Elle a constituée un préalable essentiel pour ce travail de recherche et nous a permis de sonder le terrain d'étude avec un ensemble de connaissances sur le sujet. En d'autres termes à travers cette technique, nous avons pris connaissance des travaux qui ont été réalisés dans ce domaine et d'élaborer un certain nombre d'hypothèses de recherche.

    Ainsi, un ensemble de documents a été consulté, il s'agit des ouvrages généraux, spécifiques, méthodologiques, des publications, des revues, des rapports et sans perdre de vue l'Internet qui a permis de combler les lacunes documentaires relatives au sujet. Enfin pour ainsi adapter ces diverses informations à la réalité du terrain, l'observation directe a été l'une des techniques choisies.

    II.3.3. L'OBSERVATION DIRECTE

    Elle est « un regard porté sur la situation sans que cette situation ne soit modifiée » 11(*). Elle nous a permis d'être en contact direct avec le groupe cible afin de recueillir les données et comprendre les différents rapports qui existent entre les acteurs intervenants dans la gestion des lamantins des Lacs de Léré et dans la conservation des ressources naturelles. C'est dans le but d'instaurer un climat de confiance entre nous et les individus concernés par le problème que cette technique a été choisie. Le contact direct avec nos enquêtés nous a permis de nous rendre compte de certaines réalités telles que la gestion des zones de mis en défens (Z.M.D), la zone de protection intégrale (Z.P.I), l'organisation du comité villageois de surveillance (C.V.S) et celle des groupements des pêcheurs etc.

    L'usage de cette technique participative nous a conduit parfois à passer des nuits dans certains villages où nous suscitons des discussions autour des sujet de la recherche. Sachant qu'une observation doit être préparée, apprêtée et orientée avant sa mise en oeuvre sur le terrain. D'où la raison de la conception des guides d'entretien et des questionnaires conçus pour ce travail.

    II.3.4. LES ENTRETIENS.

    L'entretien est, au sens technique du terme « un procédé d'investigation scientifique utilisant un processus de communication verbale pour recueillir des informations en relation avec le but fixe »12(*). Dans le cadre de cette étude, nous avons conçu et administré deux (2) guides d'entretiens et deux (2) questionnaires.

    a) Le premier guide d'entretien était adressé aux responsables techniques et Administratifs : (le responsable de la réserve de faune Binder-Léré, le chef de secteur de pêche, l'inspecteur de la chute Gauthiot, le sous-préfet de Léré et les responsables coutumiers). L'objet de ces différents entretiens était de recueillir les opinions de ceux-ci par rapport à la gestion des ressources naturelles, en particulier celle du lamantin ;

    b) Le second guide d'entretien est destiné à des structures associatives en charge de la protection du lamantin et à d'autres associations de la localité. A travers ces guides d'entretiens les préoccupations suivantes ont été privilégiées :

    o La politique de conservation et de protection de ressources naturelles ;

    o La perception du lamantin et la nécessité de sa protection ;

    o L'organisation, le fonctionnement et la réalisation des structures associatives ;

    o Les rapports qu'entretiennent ces structures associatives avec les différents partenaires (ONG, Etat ...) et les formes d'appui qui en découlent ;

    o Enfin, les difficultés et souhaits liés à la gestion durable des écosystèmes.

    Quant aux questionnaires, ils ont été destinés à des groupements des pêcheurs et aux agriculteurs, aux commerçants, aux mareyeuses qui interviennent dans le secteur de la pêche. Ces questionnaires portent essentiellement sur les aspects suivants :

    · Identification des enquêtés ;

    · Caractérisation des équipements utilisés dans la pratique de la pêche ;

    · Compréhension de l'organisation des structures associatives

    · Recueil des connaissances empiriques, les croyances et les légendes sur les lamantins ;

    · Analyse des problèmes juridiques à travers les conventions, les lois et les règlementations édictées ;

    · Mesure du degré d'implication ou de participation d'autres secteurs (agriculture, élevage, commerce etc.) dans le projet de conservation des ressources naturelles en général et celle du lamantin en particulier. Toutes ces démarches exigent des prélèvements d'échantillons.

    II.3.5. ÉCHANTILLONNAGE

    '`L'échantillonnage est né d'une impossibilité pratique d'interroger individuellement toute une population à la quelle on s'intéresse et d'une impossibilité statistique... `' 13(*). En ce qui concerne le présent travail, nous avons privilégié les techniques d'échantillonnage accidentel ou sur place. Cette technique a été retenue suite à des facteurs majeurs : le temps et l'espace. En effet, notre échantillon s'est fait sur place dans les endroits où nous avons eu la chance de rencontrer nos enquêtés. Signalons que la taille de notre échantillon est de 118 individus regroupant les catégories socioprofessionnelles suivantes : pêcheurs, agriculteurs, éleveurs, commerçants, mareyeuses ainsi que les fabricants de briques sur les berges des Lacs. Sur les 118 enquêtés, 32 ont été saisis au niveau de Lacs de Tréné soit 27,11% et 86 enquêtés au niveau du Lac Léré soit 72,88%. L'élément spatial et l'élément temporel ont été déterminants pour la réussite de cette enquête. Ils ont permis de contourner certaines difficultés de terrain.

    II.4. DIFFICULTÉS RENCONTRÉES.

    Il est le plus souvent difficile de réaliser un travail de recherche sans se heurter à une moindre difficulté. En effet, nous avons eu d'énormes difficultés à réaliser ce travail dont :

    · L'insuffisance de moyens matériels, financiers ;

    · Nous avons eu à déplorer quelques cas de réticence de certaines personnes surtout des pêcheurs professionnels sur la livraison des informations ;

    · Nous ne saurions oublier la peine que nous avons eue pour accéder aux quelques rares documents existants relatifs au sujet ;

    CHAPITRE II : ORGANISATION DES DIFFERENTS ACTEURS DANS LA GESTION CONCERTEE DES RESSOURCES NATURELLES DES LACS DE LERE ET TRENE

    La question de  gestion des ressources naturelles s'est développée dans un contexte de crise que l'on peut résumer, ainsi : sous l'impact des activités humaines amplifiées par l'accroissement de la population, l'environnement connait une dégradation de plus en plus rapide et généralisée. Cette situation qui a prévalu pendant des décennies dans l'indifférence quasi générale, a suscité depuis quelques années de nombreuses réactions. C'est ainsi qu'avec l'introduction de l'Association pour promotion de la pisciculture intégrée au Tchad (APRODEPIT) en 1994, puis le projet de conservation et de gestion des ressources naturelles (PCGRN) en 1997, les concertations entre les différents usagers et acteurs ont permis de nourrir l'idée d'une exploitation durable. Des actions ont été mûries et ont abouti à des mises en défens et de protection intégrale d'une partie des Lacs dont la gestion se fait en synergie entre les O.N.G, les initiatives locales et les services de l'Etat. Dans le souci, de préserver ce qui peut encore l'être, il devient impérieux pour les différents acteurs de mener une action rapide et énergique en vue de bien gérer les écosystèmes et de préserver leurs fonctions essentielles. La biodiversité ne pourra se maintenir que dans les écosystèmes en bon état de fonctionnement. Cependant, le développement soutenable, garant d'une bonne gestion de la biodiversité est nécessairement un compromis entre ce qui est socialement souhaité et écologiquement acceptable.

    II.1. LES DIFFÉRENTS ACTEURS DANS LA GESTION DES LACS-LÉRÉ ET TRÉNÉ.

    II.1.1. LES COMMUNAUTÉS CONCERNÉES

    Les populations riveraines de Lacs de Tréné et Léré sont constitués en grande partie des autochtones moundang, des mombaye, des djoukoun et des migrants haoussa, des somono, venant respectivement du Nigeria et du Mali, qui se sont établis depuis fort longtemps pour pratiquer la pêche. Le tableau ci-dessous fait état de  la répartition de la population dans les villages riverains des Lacs.

    Tableau 4: Populations riveraines des Lacs de Léré et Tréné

    Lacs

    Villages

    An. d'installation

    Population total

    Groupe ethnique

    Activité principale menées

     
     
     

    2001

    2008

     
     

    Lao

    16ème

    siècle

    735

    864

    Moundang

    Agriculture, élevage et pêche

     

    Tekéré

    17ème s

    1464

    1720

    Moundang

    -//-

     

    Zamadehou

    17ème s

    630

    740

    Moundang

    -//-

    Tréné

    Teheuré

    17ème s

    652

    799

    Moundang

    -//-

     

    Labzahye

    16ème s

    1598

    1878

    Moundang

    -//-

     

    Tefoultréné

    16ème s

    663

    679

    Moundang

    -//-

     

    Sous total Tréné

    5742

    6680

    -

    -

     

    Fouli

    16ème s

    2800

    3290

    Moundang, haoussa

    Agriculture, élevage et pêche

     

    Damé (coton Tchad)

    20èmes (1948)

    1600

    1880

    Moundang

    -//-

     

    Dissing

    18èmes (1950)

    2500

    2938

    Moundang, Mombaye, Haoussa

    -//-

    Léré

    Goungou

    20èmes (1975)

    524

    616

    Moundang

    Pêche et élevage

     

    Po-émé

    18èmes (1744)

    1646

    1934

    Moundang, Haoussa, Somono, Mombaye

    Agriculture, élevage et pêche

     

    Mourbamé

    17ème s

    5729

    6732

    Moundang, Djoukoun

    -//-

    Doué

    16ème s

    4830

    5675

    Moundang Mombaye Haoussa

    -//-

    Katchilli

    20èmes (1971)

    206

    242

    Moundang

    -//-

    Sous total Léré

    19835

    23307

    -

    -

    TOTAL

    25577

    29987

    -

    -

    Source : Instance Locale d'Orientation et d'Orientation(ILOD), Avril 2002

    II.1.2. L'INTERVENTION DES ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES (O.N.G.)

    L'ONG APRODEPIT et la coopération allemande GTZ ont mis en oeuvre des projets de conservation et de gestion des ressources naturelles (PCGRN). Ce projet couvre les lacs de Léré et Tréné ainsi que la réserve de faune de Binder -Léré. Les structures principales d'application des mesures préconisées dans ces projets sont les instances locales d'orientation et de décisions (ILOD). L'APRODEPIT s'est appuyé sur le travail des Animateurs Informateurs Stimulateurs (AIS) pour sensibiliser les groupements et les autorités coutumières aux notions de développement durable. L'APRODEPIT fut à l'origine des premières actions de mise en défens avec la création d'un groupement des pêcheurs à Léré ayant des antennes dans les villages riverains, mais l'efficacité des opérations va être intensifiée avec la GTZ à travers son projet de conservation des ressources naturelles (PCGRN).

    Cet organisme appuie les groupements à s'organiser (formation et appui en matériel) et à aménager les zones de mise en défens et de protection intégrale. Ces zones sont délimités par des fûts en métal ou en caoutchouc peints en rouge et en blanc reliés les uns aux autres par des chaînes métalliques et les cordes. Ces fûts sont soutenus au fond des eaux par des bétons servant d'ancre. Ils flottent à la surface de l'eau, constituent des limites physiques pour prévenir les personnes mal intentionnées qui tenteront de violer les aires protégées. Les zones de mise en défens et de protection intégrale occupent 275 ha soit 10% de la superficie totale des Lacs. Un système de suivi est également mis en place dont l'objectif est de comprendre le fonctionnement des zones de réserve de ces lacs et d'analyser leur impact sur l'abondance des ressources exploitées en vue de proposer des modèles de gestion de pêche qui garantissent une exploitation durable.

    II.1.3. LES GROUPEMENTS ET COMITÉS VILLAGEOIS DE SURVEILLANCE.

    Les actions menées au sein et autour des zones de mise en défens obéissent aux principes généraux du PCGRN. Elles sont centrées sur le renforcement des capacités locales de gestion des sociétés récipiendaires. Elles accompagnent la structuration et le renforcement de l'ILOD dans la gestion des ressources naturelles à travers un processus de concertation locale. Le concept d'ILOD qui a progressivement vu le jour à travers cette expérience de gestion locale des ressources naturelles s'appuie essentiellement sur trois (3) actions:

    - Renforcer les capacités des organisations de gestion existantes (organisation d'usagers, autorités coutumières), améliorer leurs capacités et leur efficacité en évitant de susciter la création de structures nouvelles trop dépendantes du projet ;

    - Promouvoir le dialogue et la négociation entre les différentes catégories d'usagers pour que les actions menées conduisent au renforcement de liens entre les communautés ;

    - Favoriser un apprentissage progressif de nouvelles modalités de fonctionnement et de prise de décision au niveau des organisations locales existantes (processus permanent d'orientation, décision, évaluation, révolution) ;

    Un tel processus de concentration ouvert aux acteurs locaux aboutit à l'élaboration ou l'ajustement des règles communautaires de gestion qui peuvent être formalisées dans le cadre de la charte communautaire permettant une vision globale des ressources floristique, ichtyologique et faunique dans les deux Lacs. La charte intercommunautaire confirme ou redéfinit les règles de gestion et d'usage des ressources naturelles. Elle précise les modalités de contrôle de médiation ou de sanction. Un projet de charte a été élaboré par les leaders locaux, sur la base de diagnostic issus de travaux en assemblée des instances concernés, auxquels ont participé des agents de l'environnement.

    Ce projet a été affirmé puis discuter à la base des assemblées villageoises, des organisations existantes, des autorités locales (chefs de cantons, sous-préfet et Chefs de services techniques de l'administration). Le texte de la charte a été ensuite validé et signé par les différentes acteurs au niveau local, en présence des autorités préfectorales qu'en reconnaissant les engagements. Cependant, cette reconnaissance n'a pas d'implication juridique, la charte intercommunautaire constitue donc un document de référence qui scelle les engagements des acteurs locaux pour une gestion plus viable du patrimoine naturel de leur terroir. Elle est reconnue par l'autorité préfectorale et sa durée est de plusieurs années (3 à 5 ans).

    Il apparaît clairement que les groupements et les comités villageois de surveillance manifestent une volonté d'optimiser les rendements de la pêche en protégeant les ressources halieutiques et les habitats naturels. Cette volonté est démontrée par le respect scrupuleux des textes en vigueur et de la durée du temps à mettre avant d'en autoriser les prélèvements l'ichtyo faune. Habituellement, cette durée est prévue pour 18 mois, et permet aux groupements villageois de gagner assez d'argent lors des prélèvements d'où la tradition de ces fonds dans les réalisations de certaines activités telles que les constructions des salles de classe, de centre de santé, l'aménagement des pistes cotonnières etc.

    II.1.4. LES SERVICES DE L'ÉTAT.

    Le secteur de pêche et de l'aquaculture et le secteur parc sont les services de l'État assermentées dans la gestion des ressources naturelles de la préfecture de Lac Léré. Mais ils manquent de personnel suffisant et qualifié. Ayant un personnel réduit, cette situation entraîne la paralysie de ces structures gouvernementale. Cependant, l'expertise nationale et régionale reste trop réduite en matière d'analyse et de gestion de l'exploitation de ressources naturelles. Il s'agit pour ces secteurs de remplir les tâches suivantes : contrôler les mailles de filets afin d'éviter la capture des individus immatures, connaître le nombre de pêcheurs à travers la délivrance de permis de pêche, réglementer les pratiques de chasse, l'ébranchage ou l'étêtage d'arbre et toute mise à feu au sein de la réserve de faune etc. Ces secteurs collaborent étroitement avec les ONG dans le suivi écologique des réserves ainsi que les instances locales où participent activement les groupements de pêche aux travers des patrouilles mixtes menées en synergie avec les agents techniques.

    II.1.5. PROJET «CONSERVATION DU LAMANTIN.»

    C'est une association, créée en janvier 2008 avec pour but la sauvegarde et la protection des lamantins ainsi que des autres ressources halieutiques. Il est une action initiée par l'ILOD et appuyé financièrement par le fond Mondial pour l'environnement (FEM) par le canal de PRODALKA. Ce projet repose sur trois (3) composants à savoir :

    · La surveillance conjointe par le CVS et les services techniques ;

    · Le suivi écologique des zones de mis en défens ;

    · La restauration des berges des lacs et de la flore aquatique ;

    Outre ces composantes, les activités comme le ramassage des emballages ou des sachets en plastiques (Léda14(*)), qui constituent un polluant du sol et de l'eau est aussi exercée en synergie avec la mairie. L'association « projet conservation du lamantin » fait aussi de la sensibilisation, sa priorité dont le but d'inculquer aux populations riveraines une éthique mésologique leur permettant d'adopter une attitude favorable vis-à-vis des problèmes de l'environnement et du développement. Cette oeuvre de sensibilisation se manifeste à travers des actions suivantes :

    · Les rencontres et les réunions tenues avec les autorités traditionnelles.

    · La réalisation des théâtres de masse

    · La réalisation et la distribution des dépliants dans les endroits publics tels que les établissements scolaires et religieux, les marchés etc.

    II.1.6. LE POUVOIR COUTUMIER

    Il est encore influent et respecté dans plusieurs régions du Tchad. Parallèlement aux structures de droit modernes, les autorités traditionnelles, dont les attributions sont fixées par la constitution (cf. le décret N°102/PR/INT/du 06 mai 1970 portant statut de la chefferie), administrent partiellement la pêche au Tchad.

    Ce pouvoir traditionnel est souvent garant d'une bonne gestion des ressources halieutiques. L'existence des mécanismes traditionnels dans la gestion des pêcheries est réelle, notamment celle des Lacs de Léré a été riche en expérience dans la gestion intégrée et l'exploitation plus rationnelle des ressources halieutiques. En effet, le Gong de Léré est reconnu comme le propriétaire des terres et eaux. À ce titre, il est le dépositaire de tous les pouvoirs relatifs à la gestion des ressources naturelles. Il veille à l'application des droits d'usage, des règles de gestion et le respect des interdits. En veillant ainsi au maintien de l'ordre, le Gong est rarement contesté dans ses discisions et ses ordres car les déviants peuvent se heurter à des sanctions ou à des malédictions graves, bref il est craint, respect et écouté en pays moundang.

    II.2. ORGANISATION DES ZONAGES ET UTILISATION DES SURFACES DES LACS.

    Les lacs de Léré et Tréné sont aujourd'hui morcelés en plusieurs zones et à chacune correspond une activité précise. Les modes d'exploitation de ces zones sont diverses et variées. Cinq zones ont été identifiées dont certaines ont été aménagées. Il s'agit de :

    - Zones banales (ZB)

    - Zone de protection intégrale (ZPI)

    - Zone de mis en défens (ZMD)

    - Zone tampon à des activités agropastorales

    - Zone du chef ou domaine du Gong.

    Carte 4 : carte de zonation pour une gestion durable des lacs de Léré

    Source : GTZ ; 2005

    Pour ainsi améliorer les conditions des collectivités riveraines et pérenniser les ressources biotiques et abiotiques ; les objectifs de gestion ont été fixés comme suit :

    1. Organiser la pêche dans les lacs pour accroître la productivité halieutique ;

    2. Assurer la protection des lamantins ;

    3. Organiser les activités agro-pastorales dans les plaines et les berges des lacs ;

    II.2.1. ZONES BANALES

    Les zones banales sont des zones non aménagées où l'exercice de pêche est presque libre. Les mesures de contrôle et de surveillance y sont souples. Elles occupent 90% de la superficie des Lacs, elles sont proches des seuils d'irréversibilité suite à leur exploitation qui subit une forte pression. Toutefois elles connaissent une certaine réglementation qui conditionne leur exploitation :

    - Limitation de la pêche à certaines périodes de l'année : pour éviter l'amenuisement des espèces piscicoles et favoriser la reproduction et le grossissement de ces espèces.

    - La non utilisation des sennes de plages pendant la saison des pluies : Elles ne laissent rien sur leur passage y compris les petits poissons, les pirogues à moteur dont le bruit terrorise les espèces et les incite à la fuite migratoires vers les bassins adjacents comme le haut bassin de la Bénoué qui regroupe le secteur aval du lac de Léré et le secteur de Lagdo ; puis les bassins amonts des lacs toupouris.

    - L'interdiction d'utiliser l'épervier de mai à décembre : Ce filet de forme conique, qui produit les mêmes effets que les sennes de plage en capturant des individus immatures. Il devrait être frappé d'interdiction totale, mais à cause de sa taille réduite, on a plutôt encouragé son usage limité.

    - L'interdiction de pêche dans la nuit : les pêches nocturnes sont prohibées car elles échappent aux contrôles et constituent une porte ouverte à des opérations frauduleuses et à une prise abusive voire anarchique.

    - L'interdiction d'utiliser certains engins de pêche prohibés : les filets à mailles réduites (inférieures à 2,5 cm) et les poisons.

    - L'interdiction de capturer ou chasser les lamantins : une espèce phare et intégralement protégée par la loi nationale et les conventions internationales.

    II.2.2. ZONE DE PROTECTION INTÉGRALE DE FOULI

    Elle est une zone bien aménagée et délimitée avec des repères physiques. La zone de protection intégrale est le domaine au quel une grande importance est accordée. Tout acte de nature à nuire ou à perturber la faune et ou la flore est interdit. Elle est affranchie de tout droit d'usage. La pénétration et la circulation déloyales dans cette zone sont formellement interdites. Seuls les agents de surveillance ainsi que les personnalités scientifiques sont autorisés à faire des inventaires de la faune et de flore et des études relatives sur l'évolution de la réserve en ont l'accès.

    II.2.3. ZONE DE MISE EN DÉFENS

    Les zones de mise en défens sont créées pour faire face aux dégradations considérables des ressources naturelles. Les aménagements des milieux lacustres sont entrepris en vue de garantir le bon usage. Elles ont suscité une utilisation durable, susceptible de satisfaire les besoins actuels de la population, tout en assurant la protection, à long terme des équilibres écologiques. Ces plans d'eau aménagés au niveau des lacs Léré et Tréné ont des limites précises. Les aménagements sont réalisés en conformité avec les préoccupations relatives à la qualité de l'environnement et à la qualité de la vie. On dénombre cinq zones lacustres protégées correspondant en superficie à 252,2 ha dont 98,2 sur le lac de Tréné.

    Lac de Léré : Lac de Tréné

    - secteur de Doué-Fouli-Kahtchili : 81,7 ha - secteur de Lao-Tikéré : 43,8 ha

    - secteur de Mourbamé : 31,7 ha -secteur de Labzaé-Teheuré-Zamadouhou : 54,4 ha

    - secteur de Dissing : 41,6 ha Total lac de Léré : 154 ha

    Total lac de Tréné : 98,2 ha

    Photo1 : Zone de mise en défens de Dissing (Cliché PRODALKA)

    Il faut en effet admettre le principe de base suivante : « on aménage pour les hommes ». C'est ainsi que sur le Lac de Tréné deux zones de mise en défens ont été délimités dans les villages de Tekéré et Teheuré et sur le Lac de Léré on dénombre trois : Dissing, Doué, Mourbamé. Ces zones mises en défens sont administrées par des groupements des pêcheurs des villages concernés. Le mode de pêche au niveau de ces plans d'eau est réglementé de la manière suivante :

    v Interdiction de pêcher pendant une période de 18 mois afin de permettre un temps de reproduction, de grossissement et d'engraissement aux poissons. une levée de pêche de trois (3) jours est par suite organisée en présence des autorités administratives, des chefs coutumières et religieux ;

    v Interdiction de traverser ces zones ; les pirogues motorisées dont le bruit terrorise les espèces dans leurs frayères et les incite aux fuites migratoires vers d'autres bassins adjacents (Bénoué, les lacs toupouris)

    v Limitation de la durée de levée de pêche (maximum trois (3) jours) ; en vue d'éviter une levée abusive.

    Les prélèvements ont pour but de vérifier l'abondance du potentiel aquacole et d'attirer l'attention du public et des autorités sur la nécessité d'une conservation des ressources halieutiques. Les avoirs issus de la vente de ces produits halieutiques permettent aux villages d'acquérir des infrastructures éducatives, sanitaires etc.

    II.2.4. LE DOMAINE DU CHEF OU DE « MABII GONG »

    Le Gong de Léré possède son propre domaine qui est représenté par le « Mabii gong » c'est-à-dire les « eaux du Gong » où la pêche y est ordinairement interdite. Ces eaux sont bien délimitées et reconnues de tous les riverains. L'autorisation de pêcher n'est accordée que par lui à une période de l'année. Cette pêche est collective et prend une nature rituelle. Le Gong fait envoyer un message dans tous les villages relevant de son ressort territorial. Il les informe de la date du déclenchement de l'opération de la pêche, quelques jours d'avance pour ainsi permettre aux participants de préparer les outils et matériels nécessaires. Ce sont des dizaines de villages qui se mobilisent pour la circonstance.

    Le déclenchement de la pêche est précédé par des cérémonies rituelles de « Pah bii » (chef de bord) qui tient à la main des fétiches, invoquant les dieux des ancêtres afin de leur accorder la paix, la santé, la bonne pluviosité et une bonne récolte. Après ce rite, le chef de bord envoûtera tout ce qui est susceptible de perturber la pêche tels que les crocodiles, les hippopotames, les serpents... Il ordonne par la suite la pêche. Cette pêche collective peut durer 3 jours à une semaine selon l'abondance des captures. Les participants de certains villages lointains passent parfois leurs nuits sur le site durant toute l'opération. Les goumiers du Gong effectuent des prélèvements de la quote-part du Gong en fonction de la quantité prise par chaque participant. A la clôture (fermeture) de celle-ci, le « Pah bii » lance un signal mettant terme à l'activité de pêche et personne n'a le droit de remettre les pieds dans l'eau.

    II.2.5. LES ZONES TAMPON AUX ACTIVITÉS AGROPASTORALES.

    Les zone tampons sont des zones de couverture des lacs autour des quelles se livrent les activités agro-pastorales. Ces zones sont inondables en période de crue et constituent des potentialités pour les cultures maraîchères, le pâturage des animaux, la fabrication des briques, le prélèvement du sable... en période de décrue. Il va sans dire que l'exploitation de ces zones ne présente aucun risque écologique notamment la dégradation des berges sous l'effet de la fabrication des briques et les couloirs transhumance du bétail.

    Photo 2 : Champs de berbéré, sur les abords du lac de Léré (cliché PRODALKA)

    Elles font l'objet d'une zone de convoitise entre les principaux acteurs que sont les agriculteurs, les pêcheurs, les éleveurs et les agro éleveurs. Les modes d'exploitation des ressources (sols, pâturage) de ces zones sont fortement influencées par la chefferie traditionnelle à travers son représentant le « Sarkissanou  cantonal», Ministre d'élevage et du pâturage du Gong. Pour limiter la surexploitation et la dégradation de ces zones, des directives ont été édictées :

    v Interdiction de fabriquer les briques sur les berges ; créant une prolifération effrénée des carrières, ruinant la topographie des abords et entraînant une dégradation des berges suivie d'un ensablement des cours d'eau causé par l'érosion hydrique

    Photo 3 : les carrières des briques sur les berges des lacs de Lére. (Cliché Béakgoubé).

    v Utilisation règlementé du pâturage ; pour prévenir les conflits d'intérêts et les crises parfois sanglantes, la gestion des pâturages dans les plaines lacustres fait partie du trésor des gongs et est gérée par une législation foncière rigoureuse. L'accès aux pâturages dans les plaines est gratuit pour les troupeaux autochtones, mais payant pour les bétails transhumants. Le taux de taxation est fonction de la taille du troupeau et de la superficie attribuée. Les pâturages reconstitués par anthropisation font l'objet d'une clause entre l'éleveur et le propriétaire terrien qui peut demander un paiement en nature ou en espèce

    v Interdiction de mettre le feu dans la plaine ; la pratique des feux est sévèrement punie selon les règles édictées en faveur de la réserve de faune Binder-Léré. Le feu de brousse constitue un délit écologique car il ravage tout sur son passage. En cas d'incendie dans la plaine le pyromane est vivement recherché pour être puni.

    v Interdiction de cultiver sur les berges des Lacs : Les cultures de berges constitue une menace pour certains végétaux non ligneux dont les touffes buissonneuses douées d'un important appareil racinaire permettent de garantir au sol une certaine résistance contre l'érosion hydrique.

    v Interdiction de couper les herbes protégeant les berges contre l'érosion hydrique, l'andropogon gayanus, le mimosa pigra etc. sont des essences floristiques protectrices de berges.

    Mais l'application et le respect de toutes ces mesures sont mitigés, car des cas de déviances sont constamment observés.

    Tableau 5 : le type d'activité menée dans chaque zone.

    Zones

    Activités menées

    Personnes concernées

    Pression sur la zone

    Zone banale

    Pêche quotidienne

    Pêcheurs

    Forte

    Zone de protection intégrale

    Aucune activité humaine

    -----

    Cas de fraude

    Zone de mise en défens

    Zone de reconstitution avec pêche réglementée localement

    Pêcheur et Groupement des pêcheurs

    Faible

    Zone tampon à l'activité agropastorale

    Culture maraîchère

    Pâturage des animaux

    Fabrication des briques

    Prélèvement du sable, lessive etc.

    Agriculteurs

    Eleveurs

    Pêcheurs

    Agro éleveurs

    Forte

    Zone du chef « Mabii Gong »

    Pêche rituelle

    Gong et ses administrés

    Faible

    SOURCE : NOS DONNEES

    CHAPITRE III : LA DIVERSITE BIOLOGIQUE DES LACS DE LERE

    Très appréciés pour sa diversité biologique encore abondant, les lacs de Léré regorgent d'énormes ressources biologiques qui jouent un rôle important dans le développement socio-économique et culturel de la région. Cette diversité biologique est observée tant chez les espèces végétales qu'animales.

    III.1. LES RESSOURCES VÉGÉTALES EXPLOITÉES

    Les plaines des lacs renferment une forte potentialité fourragère, principale base alimentaire des animaux domestiques et de la faune aquatique pour les espèces telles que les hippopotames, les lamantins, les tortues et les poissons. Elles sont un lieu de prédilection pour la reproduction piscicole, et servent aussi des lieux de croissance et de refuge. Les essences floristiques rencontrées sont entre autres : Echinochloa stagina, Kyllinga erecta, mimosa pigra, Grangea maderasptama, Vetivera nigritana, Nymphéa guinéensis, Nymphéa lotus, Papyrus... chaque essence végétale joue un rôle écologique important.

    Tableau 6 : Biodiversité des espèces végétales des plaines.

    Espèces

    (noms scientifiques)

    Noms vernaculaires

    Importance en termes d'appétibilité

    Remarque ou observation

    Moundang

    Haoussa

    Echinochloa stagina

    Cuuri

    Wumbii

    M?z?ani

    Varre

    Bourgou

    Source d'alimentation des animaux domestique, les hippopotames, les lamantins...

    Source de revenus pour certains usagers

    Mimosa pigra

    Tanne

    Goumbi

    Kaidatchini

    Jeunes pousses appétées pour les lamantins

    Lieu de ponte pour les poissons

    Grangea

    maderasptama

    Naa d??re

    Laïna

    Source d'appétence pour les petits ruminants et lagomorphes

    Utilisée comme légume dans l'alimentation locale

    Vetivera Nigratana

    K?zyire

    Djema

    Jeunes pousses broutées par les animaux

    Utilisation familiale (secco) frein à l'érosion hydrique et à l'ensablement

    Kylinga erata

    zouakké

    Aya-aya

    Beaucoup consommé par les lamantins

    Utilisée dans la parfumerie traditionnelle pour embaumer les pièces d'habitations

    Nymphéa guinéensis,

    Nymphéa lotus

    Teundare

     

    Source d'appétence des poissons, des lamantins et les personnes en mangent les baies et les tubercules

    -

    Papyrus

    Teroré

     

    -----------

    Lieu de refuge pour les poissons

    III.2. LES RESSOURCES FAUNIQUES DES LACS.

    Les Lacs de Léré regorgent des espèces animales diverses et variées que sont :

    v Les poissons

    v Les hippopotames

    v Les reptiles

    v Les mollusques

    v Les lamantins

    III.2.1. LES POISSONS

    Source de protéine animale dans la zone, la diversité ichtyologique des lacs de Léré est importante et fait partie des pêcheries les plus actives du pays. La consommation du poisson occupe une place de choix dans l'alimentation humaine. Le poisson constitue une source de revenus monétaires importante pour ces exploitations, qui au plan social y trouvent une dignité et respect.

    Photo 4: quelques espèces piscicoles capturées (cliché Béakgoubé).

    La pêche aux lacs de Léré est une activité qui fournit du poisson non seulement aux habitants de la ville de Léré et des villages riverains mais également favorise un commerce actif et attrayant vers les autres centres urbains voisins : Kélo, Goun-Gaya, Pala (au Tchad) et à Figuil, Maroua, Garoua (au Cameroun).

    Tableau 7 : Nomenclature des espèces de poissons aux lacs de Léré

    Noms scientifiques

    Famille

    Noms en moundang

    Alestes baramoze

    Charachidae

    T?vonaa

    Alestes dentex

    Charachidae

    Syel-'wây

    Alestes macrolepidotus

    Charachidae

    Bieré

    Auchenoglanis biscutatus

    Bagridae

    Douhou t?kuuri

    Bagrus bayad

    Bagridae

    Syi?-suu

    Citharinus cithanus

    Citharinidae

    Guêmé

    Clarias anguillaris

    Claridae

    Swakley

    Distichoclus rostradus

    citharnidae

    Zoo

    Eutropius niloticus

    Schilbeidae

    Deyammi

    Gymnarchus niloticus

    Gymnarchidae

    T?honré

    Hemichromis fasciatus

    Cichlidae

    Syeakke

    Heterobranchus bidorsalis

    Claridae

    Oneï

    Heterotis niloticus

    Osteoglossidae

    Matchouï

    Hydrocyon forskalii

    Characidae

    Syi? goo

    Labeo senegalensis

    Cyprinidae

    Jim

    Labeo coubie

    Cyprinidae

    Docké

    Lates niloticus

    Centropomidae

    We syak- syi?

    Malapterurus electrinus

    Malapteruridae

    nimmi

    Mormyrops deliciocus

    Mormyridae

    Syi?-gi-morwa

    Mormyrus rume

    Mormyridae

    Ma-zah-kpuu

    Petrocephalus bovei

    Mormyridae

    T?jien

    Polypterus bichir

    Polypteridae

    Heu-zah-goobii

    Polypterus senegalus

    Polypteridae

    Heure

    Polypterus annectens

    Lepidosireridae

    Morvii

    Shilbe uranascoptus raystus

    Schilbeidae

    Kebah

    Synondontis shall

    Mochcidae

    Douhou chien

    Tetraolon fahaka

    Tetraodontiddae

    T?kpuu-kpuru/Pah wunk syi?

    Tilapiaspp oreochromis

    Cichidae

    Syak n?n fuu

    Les produits halieutiques sont vendus sous trois formes : frais, fumés et séchés. Le réseau de commercialisation est très complexe et diffus. Les prix de poissons sont fixés en fonction de l'offre et de la demande. Les prix ont tendance à évoluer en hausse en fonction de la raréfaction ou de la forte demande.

    La faune piscicole des Lacs est relativement importante et se compose d'une variété assez diversifiée. Certaines espèces menacées de disparition sont devenues rares (Lates niloticus, citharinus citharus, gymnachus niloticus, héterobranchus bidorsalis...). D'autres sont encore nombreuses (tilapia galilaea, hemichromis fasciatus, bagrus bayad, alestes nurses, labeo coubie). Le tableau ci-dessus fait état des espèces existantes dans les Lacs de Léré.

    Toutes ces espèces connaissent une période d'activités reproductive qui se situe entre mai et octobre. Au cours de cette période, elles se déplacent en suivant la progression des eaux d'inondation qui occupent les plaines bourgoutières servant à la foi de couvert et de nourriture.

    III.2.2. LES HIPPOPOTAMES

    A défaut d'une estimation de leur effectif (absence des données statistiques au niveau des services étatiques), tout porte à croire que les hippopotames sont très abondants dans les lacs, pourtant leur présence dans ces plans d'eau ne va pas sans conséquences fâcheuses pour les pêcheurs ainsi que pour les populations riveraines. Des plaintes ne manquent pas : perturbation de la pêche, piétinement ou déchirement des filets, annulant ainsi toute chance de capture, attaque des pirogues causant parfois de mort d'hommes...

    En dépit de tous ces incidents, les hippopotames jouent un rôle considérable dans la reproduction des espèces. Leurs matières fécales sont beaucoup appréciées par les poissons (alimentation) et leurs habitats servent de lieux de refuge et des frayères. Là où leur concentration est forte, les poissons abondent. Leur attroupement suscite des curiosités touristiques. L'abattage des hippopotamus amphibius est formellement interdit par la loi. Sauf en cas de légitime défense et à l'occasion de grandes fêtes comme le fii loo, fii mundang ...,que le Gong,après consultation des autorités administratives ,autorise son abattage pour faire honneur à ses convives et à ses sujets.

    III.2.3. LES REPTILES

    Les crocodiles : ils sont en voie de disparition car, durant tout notre séjour nous n'avons pas recueilli des avis qui confirment leur présence. La raréfaction de cette espèce peut être imputée à certains pêcheurs allochtones et quelques individus mal intentionnés qui s'adonnent au trafic de leurs peaux vers le Nigeria. Pour ce cela, la conservation ex-situ peut être entreprise en vue d'assurer la reconstitution, la régénération et la réintroduction de cette espèce menacée dans son habitat naturel.

    Les Pythons : ils sont aussi rares, leur extinction est due à la qualité de leur chaire qui est très appréciée par les riverains. Sa consommation est interdite aux femmes et aux enfants sans aucune justification. Les pythons sont beaucoup recherchés à cause de leur peau très utilisée en maroquinerie. Souvent exportées vers le Nigeria et l'Europe, les peaux font ainsi l'objet d'un commerce international en dépit de la réglementation des spécimens de reptiles prévue dans la convention de Washington de 1973 (CITES).

    Les tortues et les varans : ils sont en réduction d'effectif du fait de la prédation humaine et de certains animaux qui s'en prennent à leurs petits après l'éclosion des oeufs. Les tortues et les varans aquatiques font l'objet des proies masculinisées en milieu moundang. Les femmes n'en mangent pas sous prétexte qu'ils causent les maux de ventre de la menstruation.

    III.2.4. LES MOLLUSQUES

    Encore très abondants, les mollusques jouent un rôle non négligeable dans la protection de l'ichtyofaune et de la flore aquatique. Les agglomérats des mollusques constituent de sérieuses barrières pour les pêcheurs. Là où leur agglomération est considérable, les poisons sont plus ou moins sécurisés. A cause de leur coquille tranchante, Ils abîment facilement les filets et occasionnent beaucoup de blessures aux pêcheurs.

    IV.2.5. LES LAMANTINS

    IV.2.5.1. PORTRAIT DU LAMANTIN

    Le lamantin est un animal de grande taille (il peut mesurer jusqu'à 4 mètres voire plus). Ses membres antérieurs sont transformés en nageoires avec des ongles rudimentaires servant à manoeuvrer dans les eaux peu profondes et aussi à porter la nourriture à leur bouche, avec une lèvre supérieure fendue. La queue du lamantin plate et puissante, sert de propulseur. Son corps est cylindrique, avec une tête sans oreilles externes ni défense. Sa peau est grise, épaisse, presque glabre. Il est nu à l'exception des poils raides qui se trouvent sur son museau.

    Il est encore désigné sous le nom de  « femme marine » ou « poisson femme », surtout la femelle, dite aussi « vache marine » tandis que le mâle est appelé « boeuf marin » « poisson boeuf ». Son corps ressemblerait à celui d'une femme, d'où son appartenance à l'ordre des sirénien. En Afrique, le Trichechus senegalensis occupe la côte occidentale, zone comprise entre l'embouchure du Sénégal et le fleuve Kwanza (Angola). Il se rencontre (ou se rencontrait) non seulement sur les côtes et dans les estuaires de toute cette région, mais aussi à l'intérieur des terres, dans les cours de grands fleuves et même dans les principaux tributaires du Lac Tchad, le Chari, le Bamingui, Barh Keïta etc. La forme du bassin du Tchad a été distinguée du nom de Trichechus senegalensis Vogelii Heuglin (BOUVEIGNES, 1952). Les locaux l'appellent en moundang « N?? bii » qui veut dire « animal de l'eau », le lamantin est aussi connu sous le nom de « Lemar » dans la région du Joal (Senegal) et de « Ngulu-maza » qui veut dire « cochon d'eau » chez les kikongo dans les Bas-Congo en République Démocratique du Congo (RDC).

    L'ordre de sirénien comprend deux familles dont celle du lamantin et de son cousin, le dugong, qui représente à lui seul la deuxième famille. En effet, les dugongs sont, tout comme les lamantins des siréniens qui partagent plusieurs critères d'identification communs. Cependant, la queue des dugongs est largement échancrée en forme de pattes d'ancre pendant que celle des lamantins est arrondie. De plus la forme du museau est aussi un critère de différenciation.

    Photo 5 : les lamantins. (Cliché Béakgoubé à travers l'Internet)

    III.2.5.2. MOBILITÉ LIMITÉE.

    Pesant 500 à 600 kg, le lamantin a une longévité de plus de 30 ans. Les adultes peuvent consommer jusqu'à 8 000 kg de nourriture par an15(*). Il ne vient jamais à terre car il est incapable de s'y mouvoir. Il se repose à la surface de l'eau et aux abords de berges, le dos courbé en arc. Actif pendant toute la journée, le lamantin est un animal frileux, très sensible au froid, qui est parfois une cause de mortalité ; il recherche les sites ou l'eau est chaude16(*).

    Animal diurne et nocturne, le lamantin s'alimente particulièrement la nuit. Pour se mouvoir dans l'eau, le lamantin adulte nage avec la queue en l'agitant de haut en bas. Il sen sert ainsi comme une pagaie alors que le jeune se sert de ses nageoires.

    Le lamantin est exclusivement herbivore, non ruminant. Il consomme des herbes flottantes ou immergées (Echinochloa stagina, Echinochloa pyramidalis, Eichronia crappies, kyllinga erecta, Nymphea guinéesis, nymphea lotus...). Il vient respirer à la surface des eaux toutes les 3 à 5 minutes.

    III.2.5.3.LA REPRODUCTION.

    En période de rut, une femelle réceptive crée autour d'elle, un groupe de prétendants qui lui font la cour. C'est le lieu d'une lutte acharnée où les plus faibles connaissent parfois le péril de leur vie. Le gagnant est le plus vigoureux, les deux partenaires se dressent verticalement ventre contre ventre près de la surface et s'accouplent pendant une dizaine de minutes. Le mâle repart aussitôt. La gestation dure 12 mois, après quoi la mère met au monde un unique petit qu'elle fera téter à ses mamelles pectorales pendant une durée de 2 ans. La paire de mamelles pectorales volumineuses que portent les femelles, est à l'origine des légendes les présentant comme des femmes transformées en animaux ou des sirènes.

    Photo 6: une femelle allaitante (cliché Béakgoubé à travers l'Internet)

    Les bébés lamantins sont nourris sous l'eau et suivent leurs mères pour apprendre à voyager et les techniques de survie. Après ce moment d'apprentissage, le jeune devient indépendant et n'atteindra lui-même la maturité sexuelle qu'entre 5 et 9 ans. Le lien d'amour entre la mère et son petit est très forte, il en résulte malheureusement que pour capturer une femelle, les chasseurs visent le petit dont les appels de détresse entraîneront le plus souvent la mère vers le piège.

    Les lamantins ne sont pas seulement à l'origine de beaucoup de légendes. Ils revêtent des caractères mystiques, à travers les différentes parties de leur corps dont il convient de situer l'importance des recherches en ethnobiologie afin de mieux connaître les modes d'utilisation et les valeurs intrinsèques aux quels les communautés riveraines s'y attachent particulièrement.

    III.2.6. LE SAVOIR POPULAIRE SUR LES LAMANTINS.

    Les hommes ont en effet utilisé une grande variété des ressources biologiques pour se nourrir, se loger, se vêtir et se soigner dans des milieux divers et à travers des techniques spécialement adaptées. Cet ensemble des comportements constitue un patrimoine culturel qui s'est transmis de génération en génération. Pour ce faire, le sang, les os, la graisse, la viande et les sexes du lamantin font l'objet de beaucoup de spéculations.

    III.2.6.1. LE SANG.

    Le sang du lamantin inspire la crainte pour ceux qui le mange ou le braconnent. Lors d'une battue administrative ou clandestine, il faut faire bouillir la chair du lamantin en vue d'extraire ou de faire coaguler le sang. Sans cela, il sera susceptible de créer des pertes de sang à perpétuité chez les femmes sexuellement actives qui entreraient en contact avec le sang ou qui fouleraient au pieds les traces du sang.

    III.2.6.2. LES OS DU LAMANTIN.

    Les os du lamantin sont très respectés en milieu moundang. Leurs effets sont pervers et nocifs. Après une battue, on doit prendre soin d'y séparer les os de la chair car le contact de l'os et les dents provoque la chute de celle-ci. Les os du lamantin servent aussi à se jouer de sales tours, il suffit qu'un de vos détracteurs, vous le jette ou passe avec le morceau d'os dans votre champ de coton, toute productivité est comprise. L'os provoque les pertes de l'inflorescence, des feuilles, bref instaure un paysage de désolation dans le champ. Ceci n'est pas seulement valable pour le champ de coton mais pour tout cycle végétatif.

    Photo7: squelette du lamantin (cliché Béakgoubé à travers l'Internet)

    En dehors, de ces effets pervers, l'os du lamantin a aussi des vertus thérapeutiques, car celui brûlé au feu à forte température, moulu puis mélangé à son huile permet de soigner les rhumatismes, les douleurs articulaires et les contractions de nerfs. Ces assertions traditionnelles recueillies à travers les sources orales n'ont aucune démonstration ou connotation liée à la scientificité mais font parties des croyances et des pratiques culturelles aux valeurs significatives socio anthropologiques.

    III.2.6.3. LA GRAISSE ET LA VIANDE DU LAMANTIN.

    Très recherché pour sa graisse et pour sa chair, le lamantin est encore chassé dans l'ensemble de son aire de répartition au moyen de harpons, de pièges, de filets et de lignes.

    Au Mali, au Sénégal et au Tchad, l'huile est utilisée à des fins médicinales et cosmétiques (Powell, 1996). Les thérapeutes traditionnels trouvent à sa graisse un élément clef aux problèmes de carence de virilité de leurs patients. D'après le témoignage de plusieurs riverains que la chair a un bon goût et rend vigoureux. C'est ce que jadis dans certaines régions, sa chasse était hautement traditionnelle et ritualisée ; et sa viande était consommée localement. Un boucanier aventurier, a dégusté la viande du lamantin et l'a trouvé meilleur morceau (BOUVEIGNES, 1952). D'autres témoignages laissent croire que la consommation de la viande est la cause de certaines maladies telles que : les céphalées « t?gouari n?? bii » ayant pour corollaire l'hémorragie nasale.

    III.2.6.4. LE SEXE DU LAMANTIN

    Avant le décapitage du lamantin, les sages, les personnes âgées veillent à écarter les jeunes surtout, lorsqu'il s'agit d'une femelle. Le sexe, les poils pubiens et les mamelles pectorales ont de fortes t similitudes avec la physiologie d'une femme. Et un jeune qui se laisserait entraîner dans une érection de sa verge, perdrait définitivement sa virilité. Par contre, lorsqu'il s'agit d'un mâle, le sexe de l'animal est emporté par le Gong ou le chef de bord « Pah bii » pour sa recette aphrodisiaque.

    III.2.6.5. MYTHES LÉGENDES.

    Le Trichechus senegalensis est la source de beaucoup de mythes et de légendes. Au pays moundang lors des danses de nuit, il arrive que des créatures d'une beauté extravagante fassent leur apparition. Les gens ont tendance à dire qu'elles provenaient de lacs ou de Zah soo (chute Gauthiot). Les riveraines font croire que les lamantins aiment jouer les enfants dans les rivières et les lacs et parviennent à leur caresser le sexe avec leurs nageoires. Et même dans d'autres contrées, ils étaient à l'origine de nombreuses légendes pourtant sur les sirènes : enchanteresses et naufrageuses, jeunes filles métamorphosée etc.

    Avant d'aller au chapitre consacré aux aires de répartition et les causes d'extinctions, nous tenons à souligner que vous trouverez en annexe de ce document un conte indigène recueilli par le Dr PINCONS. Paru sous la rubrique « note africaines » du bulletin d'information et de correspondance de l'institut Français d'Afrique Noire (IFAN), janvier 1944. Il s'agit d'un conte sur l'origine du lamantin.

    CHAPITRE IV : LES AIRES DE REPARTITION DES LAMANTINS ET LES CAUSES D'EXTINCTION.

    4.1. Situation Générale

    Le lamantin ouest africain (Trichechus senegalensis) se trouve surtout dans les parties moyennes et inférieures des fleuves, du Sénégal au Kwanza en Angola (Powell, 1996, Dodman 1999). On le trouve également dans les zones humides saisonnières adjacentes, dans les eaux marines peu profondes et autour de certaines îles côtières. En outre, il y a (ou avait) des populations isolées dans les parties supérieures de certains fleuves : Niger, Bénoué, Congo, Oubangui, Chari et les lacs intérieures. Les aires de répartition s'étendent au moins sur plus de vingt pays à savoir : Mauritanie, Sénégal, Gambie, Guinée Bissau, Guinée, Sierra Leone, Libéria, Côte d'Ivoire, Ghana, Togo, Bénin, Nigeria, Cameroun, Guinée Équatoriale, République Démocratique du Congo, Angola, Mali, Niger, Tchad, Congo, et peut être Burkina Faso, bien qu'il semble que l'espèce soit maintenant au bord d'extinction dans certains d'entre eux (Powell 1996).

    Dans une récente étude (Powell 1996), huit zones cruciales pour la conservation des lamantins ont été identifiée sur la base du degré de menace de lamantins. Dans ces zones particulières, l'existence d'une population de ces animaux est significative. Des sites où des dispositions institutionnelles faciliteraient l'application d'un programme de conservation de l'espèce. Ces zones connues ont pour une mission de conserver et d'accroître une population des lamantins :

    (1) Lac Volta (Ghana)

    (2) Lagon N'Dogo (Gabon)

    (3) Fresco, Ncounzou, Lagons Tadie Comlex (Côte d'Ivoire)

    (4) Archipel des Bijagos (Guinée Bissau)

    (5) Fleuve Casamance, Parc national du Delta de la Saloum, Parc National Djoudi et Lac de Guieo (Sénégal)

    (6) Lac Léré et Lac Tréné (Tchad)

    (7) Eaux intérieures du Delta et Lac Débo (Mali)

    (8) Lac Ossa et Fleuve Sanaga, (Cameroun).

    Afin de faire mieux comprendre à la population, la biologie des lamantins et de mettre au point des systèmes pour leur protection et leur utilisation durable, des recherches sont nécessaires sur la biologie de la reproduction, les habitudes migratrices et les niveaux de mortalité due à la chasse, à l'élimination et à l'échouage (Powell 1996). Les lamantins étaient autrefois abondants dans le bassin du lac Tchad mais sont devenus rares vers 1924 (Powell1996). Dans une enquête de 1995, on a trouvé qu'ils étaient moins abondants qu'autrefois mais pas rares dans les Lacs de Léré et Tréné dans la région de Mayo-Kebbi Ouest. La chasse se poursuit dans les rivières et les lacs malgré les efforts de mise en rigueur des lois de protection. Ces animaux sont surtout recherchés pour leur graisse et leur chair qui sont exportées vers les pays limitrophes (Powell 1996). Pour contrecarrer les actions négatives qui conduisent à l'amenuisement des lamantins, des sites ont été répertoriés sur les Lac de Léré et Tréné et font l'objet d'une surveillance régulière.

    4.1.1. Les Sites des Lamantins des Lacs Léré et Tréné

    Au niveau local, la synergie des opérations entre les responsables techniques, les initiatives locales, les ONG a débouché sur l'identification de 25 sites de lamantins sur les lacs Léré et Tréné. Ces sites sont tenus en secret et font l'objet d'une surveillance régulière à travers des patrouilles mixtes.

    TABLAEU N°8 Répartition par village des zones de mise en défens.

    Lacs

    Zones

    Village

    Léré

    1. El ou Zah tanné

    2. Zah Mavâh

    3. El Mafooré & zah wellé

    4. Techat Tessing

    5. Zah Dammé mah guimou

    6. Zah Tékou Dammé (ZPI)

    7. Zah Bomi

    8. Tewaa-Djinni

    9. Zah tékou Dam

    10. Tévoun Manaching

    11. El-Tchilli

    12. Zah bii Dakouli

    13. Bara (trop de lamantins)

    14. Zah Kaah

    15. Zah tekou Dam

    16. Zah dammé

    17. Mah Korolé

    18. Bii Soko

    19. Mour Yang mbeuma

    20. Mah Zoua lii

    21. Mah Zouma Langni

    Dissing

    Dissing

    Dissing

    Dissing

    Fouli

    Fouli

    Fouli

    Fouli

    Fouli

    Doué

    Doué

    Doué

    Doué

    Doué

    Mourbammé

    Mourbammé

    Mourbammé

    Mourbammé

    Mourbammé

    Pouemmé

    Pouemmé

    Tréné

    22. Zah Mamouri

    23. Lak tekouri

    24. Lak Kaah

    25. Lak tessallé

    Tekéré

    Tekéré

    Tefoultréné

    Tefoultréné

    Schéma n°1 : Localisation des sites des lamantins

    Source : PGCRN - GTZ Léré

    4.2 Les causes d'extinction des Lamantins 

    Le lamantin Ouest africain est inscrit en tant que « vulnérable » sur les listes de l'Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN), avec un déclin numérique de 20 % sur une période de 10 ans. Il est inscrit à l'annexe II de la Convention relative sur le commerce international des espèces de faune et flore sauvages menacés d'extinction (CITES), dite convention de Washington de 1973.

    Il est protégé par une législation nationale dans chacun des pays où on le trouve. Les lamantins Ouest africains peuvent être classés dans ces trois catégories : espèces disparues, espèces en danger et espèces vulnérables, selon les évaluations de degré de vulnérabilité et la situation des aires de répartition dans chaque pays.

    · Espèces disparues : situation où aucune observation de ces espèces en milieu naturel n'a été signalée depuis une période significative. Nous pourrions citer en exemple les pays comme le Togo, le Liberia, la Gambie, le Bénin, la Mauritanie, le Nigeria, le Congo, la République Démocratique du Congo, la Guinée Equatoriale etc.

    · Espèce en danger ou en voie de disparition : situation où ces espèces ont disparues d'une grande partie de leur aire d'origine. Les effectifs sont réduits à un seuil critique et la survie est peu probable si les causes responsables de la régression persistent. C'est le cas des pays comme la Siéra Leone, la Guinée, l'Angola, le Niger, le Gabon, le Ghana, le Mali, le Cameroun, la Côte d'Ivoire etc.

    · Espèces vulnérables : situation dont les effectifs sont en forte régression et qui risquent de passer dans la catégorie précédente si les facteurs défavorables persistent. Il s'agit de pays comme la Guinée Bissau, le Sénégal et le Tchad.

    Les causes d'extinction du Lamantin interviennent à un rythme apparemment sans précédent et les mécanismes qui conduisent à cette dégradation sont assez bien connus, et résultent le plus souvent de la manière dont l'homme use et abuse de son environnement. Mais des causes profondes et complexes telles que les aléas climatiques, l'insuffisance des moyens législatifs et institutionnels induisent malheureusement des effets pervers.

    4.2.1 Causes anthropiques.

    C'est dans les activités humaines que résident les causes principales de l'appauvrissement de la diversité biologiques en ce qui concerne les animaux, on estime que la destruction des habitats, la surexploitation..., constituent chacune pour environ 1/3 des estimations connues d'espèces17(*).

    La surexploitation des espèces animales a également provoqué la disparition ou la raréfaction de nombreuses espèces. Plusieurs espèces vertébrés terrestres ont ainsi été affectés (Bisons, Baleines, Tigre, Eléphant, Lamantins etc.). Des espèces comme les lamantins ont été mises en grand danger d'extinction à cause du marché florissant de leur huile supposé avoir des propriétés médicinale. Le commerce international d'espèces sauvages et leurs spécimens est également responsable de la disparition de nombreuses espèces. On a calculé que 40% des espèces des vertébrés menacées d'extinction le sont à cause de la chasse à destruction de marchés internationaux18(*). Le braconnage d'espèces telles que le Lamantin, la Baleine bleue, le Rhinocéros, le Tigre, l'Éléphant..., est entretenu pour des fins mercantiles.

    La course à la rentabilité en matière de pêche est à l'origine de l'utilisation de gigantesques filets. Dans les lacs de Léré, cinq types d'engins sont utilisés: les filets dormants, les éperviers, les sennes de plage, les palangres pouvant nuire aux siréniens.

    · Le filet dormant: Il est utilisé toute l'année. Ses mailles sont variables d'un filet à un autre. Un filet dormant est utilisé en fonction de sa maille selon les saisons.;

    · L'épervier : est utilisé par les pêcheurs les plus jeunes compte tenu de son usage qui nécessite assez de force physique. C'est un engin dont la circonférence varie entre 10 à 12 mètres, avec 55 à 60 plombs de 5 cm et une maille mesurant 35 mm. La pêche à l'épervier se pratique en général de novembre à juin avec une période d'utilisation plus intense de février à mai. Pendant la période de crue (juillet à octobre) où les lacs deviennent plus profonds et aussi la dispersion des poissons en cette période dans les plaines inondables couvertes des mimosa pigra , des echinochloa stigina rendent ainsi la pêche infructueuse. Par contre la période de décrue où les profondeurs du lit des lacs connaissent un rétrécissement avec des étiages en certains endroits, rend l'utilisation de cet engin très active et fructueuse ;

    · La senne de plage : Elle mesure entre 400 et 500 mètres de long avec des mailles de 10 à 15 cm et une hauteur d'environ 4 m. et est généralement détenue par les plus nantis ou par des groupements de pêcheurs. Son acquisition est très coûteuse et confère aux dépositaires un prestige dans leur milieu. Son utilisation nécessite des dispositifs tels que la pirogue monoxyle faite d'un tronc d'arbre centenaire pour certains usagers. Pour d'autres, ce sont les pirogues motorisées fabriquées sur la base de planches auxquelles il est ajusté un propulseur importé du Nigeria. Elle n'est utilisée qu'en période de basses eaux précisément de novembre à juin. La senne de plage  est un engin peut sélectif, capture accidentellement ou intentionnellement les lamantins qui ne peuvent se défaire.

    · Les palangres sont utilisées toute l'année. Elles sont appâtées ou non. Ces engins de pêche constitués des cordes auxquelles sont attachées des empiles munies d'hameçons, sont aussi redoutés par les lamantins que les poissons.

    · Les nasses : il en existe deux types, celle qui est tressée aux moyens des chaumes de végétaux (spécialité des pêcheurs haoussas) et la nasse malienne faite de filets en position érigée et appelée « Goura malien ». Les nasses sont utilisées dans les herbes en période de hautes eaux (Juillet à Septembre).

    Notons que d'autres engins de pêche et ou de chasse sont occasionnellement utilisés. Il s'agit de harpons à deux pointes fortement barbelées, les lances aux manches ficelés, les filets aux lamantins qui sont conçus spécialement pour le braconnage.

    Le braconnage activité assez répandue, sévit encore dans les lacs de Léré. Au cours de l'année 2008, trois lamantins ont échoué sur les berges des lacs dont le cas le plus flagrant fut celui de la femelle gestante retrouvée avec un harpon sur le corps 19(*)

    TABLAEU N°9 : Période de pêche de l'année par type d'engin.

    ENGINS DE PECHE

    PERIODE DE L'ANNEE

    Jan

    Fev

    Mars

    Avr

    Mai

    Juin

    Juil.

    Août

    Sept

    Oct.

    Nov.

    Déc.

    Filet dormant

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Epervier

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Palangre

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Nasse

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    Senne de plage

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Harpon

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    Filet à lamantin

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    Période de non utilisation d'engin Période d'utilisation d'engin

    Source : GTZ, 1999

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    : Période de menace pour les lamantins

    - Les pollutions de sols et de l'eau perturbent également les écosystèmes et constitue un risque d'élimination des populations d'espèces sensibles. L'exemple du DDT (Dichloro-diphenyl- trichloroethane) dans les années 1960 est illustrateur. L'utilisation des intrants et des pesticides pour améliorer les rendements agricoles a des conséquences directes sur l'environnement. La contamination des eaux fait que les consommateurs de troisième dégrés de la chaîne trophique (carnivores) sont sérieusement intoxiqués en raison de l'accumulation de la substance toxique de la chaîne alimentaire. Les lacs de Léré sont pour les populations riveraines, des endroits de prédilection pour la lessive, le nettoyage et de déversement de certains liquides supposés sordides voire toxiques. Le savon utilisé au quotidien pour la lessive, la vaisselle et pour le bain, les hydrocarbures utilisés pour fonctionner les pirogues motorisées, sans oublier les nettoyages de matériels agricoles, constituent des polluants de l'eau et des poisons pour les ressources ichtyologiques, en particulier les lamantins.

    - La croissance démographique est considérée comme la cause principale de la baisse de la biodiversité. En effet, la problématique de la croissance démographique consiste à exploiter plus les ressources disponibles et à occuper des espaces plus importantes pour nourrir une population nombreuse. La « Bombe P » des écologistes reste une préoccupation majeure pour toutes les questions d'environnement. La population mondiale croit à un rythme exponentiel, celle de la région de Léré n'en demeure pas du reste. La conquête d'espaces habitables et cultivables va sans aucun doute renforcer le processus de transformation des terres, et l'exploitation des ressources vivantes, d'autant que la technologie permet maintenant d'accélérer le phénomène.

    La baisse de la biodiversité est le résultat de l'exploitation de plus en plus intensive des ressources naturelles. C'est donc dans le fonctionnement des sociétés humaines qu'il faut rechercher les causes fondamentales de cette situation. Aussi, des causes indirectes telles que l'ignorance écologique, l'insuffisance de connaissances et les changements climatiques globaux..., contribuent de façon significative à la dégradation des écosystèmes.

    4.2.2. Causes directes et indirectes.

    Les changements climatiques globaux font partie des causes directes de la dégradation de l'environnement. La déforestation et l'utilisation massive des combustibles fossiles sont à l'origine d'une augmentation de la teneur en gaz carbonique atmosphérique qui est susceptible d'entraîner un réchauffement de la planète. Ce que l'on appelle « l'effet de serre » devrait entraîner des modifications de la pluviosité et des régimes hydrographiques, qui à leur tour, contribueront surtout à la fragmentation des milieux ambiants des espèces hydrophiles et un appauvrissement de la diversité biologique.

    L'ignorance écologique fut la plus longue période de l'humanité. Pendant longtemps, les botanistes et les zoologistes ne se sont guère souciés de la pérennité des habitats naturels du globe et du suivie des espèces végétales et animales. Le progrès technologique a amené l'homme à altérer la biosphère. Aujourd'hui les conséquences sont considérables. Pourtant, nous ne devrions pas oublier que les ressources de la terre sont limitées et que nous n'avons pas à notre disposition une seconde planète à piller. Nous devons donc développer en nous-mêmes un état d'esprit favorable à l'environnement et nous efforcer de vivre en harmonie avec la nature sans dilapider les richesses, sans détruire les ressources et sans compromettre l'équilibre écologique. Cet éveil tardif de conscience a eu à susciter un changement vers le milieu du XIXe siècle d'où l'idée de création des parcs nationaux dont le premier, le Yellowstone National Park, crée il y a plus d'un siècle (en 1872). Toutefois, il convient de souligner que les séquelles de l'ignorance écologique gangrène encore l'esprit humain d'où la lecture visible au travers des actions irrationnelles posées par l'homme. L'acquisition de connaissances aiderait à accorder un intérêt à l'environnement sous toutes ses dimensions. Son insuffisance ou son manque se révèle comme une porte ouverte aux désastres et aux déséquilibres écologiques où les processus de régénération et les cycles naturels seront durement compromis. Sur le terrain, on constate que la disparition ou la dépopulation des lamantins ne semble pas trop préoccupé la grande majorité de la population riveraine. Certains trouvent ironique, le fait que l'État cherche à tout prix le bien-être de ces animaux que de ses citoyens. D'autres trouvent paradoxale le zèle avec lequel, les services techniques répriment les déviants (arrestations, lourdes amendes) et ont du mal à admettre les espèces piscicoles arriveraient à une complète extinction un jour. Cette prédiction apocalyptique ne fait aucun souci, car le souci des exploitants repose plutôt sur la satisfaction des besoins du présent.

    L'Insuffisance de connaissances: Les scientifiques n'ont pas toujours une connaissance suffisante des écosystèmes pour prévoir leur évolution. Les milieux les plus riches en espèces sont situés sous les tropiques, le plus souvent dans des pays pauvres, qui ont d'autres priorités, en terme de financement que le développement de connaissances sur la biodiversité. Même si le savoir existe, il n'est pas toujours transmis correctement aux décideurs et l'information ne circule pas très bien. La direction de pêche et aquaculture, en sus de son personnel restreint n'a que de généralistes en son sein. Aucun de son personnel n'est spécialiste du lamantin.

    L'inventaire de la biodiversité est donc le plus souvent incomplet dans beaucoup de régions, et les évaluations quantitatives des impacts sont rares. Les lacs de Léré regorgent certes de lamantins mais aucune donnée chiffrée n'est connue de leur effectif. Cette absence d'information est un handicap pour guider les stratégies de conservation et évaluer les effets de mesures qui ont été prises. Dans cette situation d'incertitude, il est difficile d'apporter des éléments indiscutables sur les coûts ou les bénéfices qui pourraient résulter de certaines pratiques. Il faut aussi ajouter à ces causes ci dessus d'autres facteurs qui constituent des entraves aux stratégies de conservation des ressources.

    4.2.3. Autres facteurs limitant

    Nos données d'enquêtés montrent que les zones de mise en défens ne sont pas seulement un trésor aux enjeux économiques mais parfois sources de conflits. En faisant un état des lieux des difficultés rencontrées des aires protégées, tout porte à croire que les problèmes proviennent du fait que les zones protégées sont souvent instables du point de vue institutionnel. Elles sont sensibles en particulier aux changements de politiques. Le financement est souvent dérisoire et aléatoire dans les pays en développement, de sorte que la gestion et la surveillance sont insuffisantes.

    C'est dans le domaine sociologique qu'on peut trouver des explications à la lenteur ou des freins à l'évolution. La « résistance » semble provenir essentiellement de l'administration, des agents de l'État qui voient dans la montée des organisations paysannes, l'arrivée d'un contre pouvoir à mettre en cause plus ou moins ouvertement leurs pratiques contradictoires voire illégales. L'émancipation de ces organisations est vécue comme une perte d'autorité. Les agents ressentent un profond malaise dans l'exercice de leur fonction par rapport aux capacités et à l'assurance, parfois trop rapidement acquises par ces paysans. Le turn-over des agents est impressionnant. Il peut être l'expression de leur malaise mais il est aussi en même temps révélateur du peu de continuité de l'administration dans l'accompagnement du processus et témoigne aussi du peu de respect des engagements que celle-ci a pourtant pris dans le cadre de la charte.

    Les autorités coutumières, autre source de pouvoir local sur lequel s'appuient les organisations locales, semblent un peu moins affectées que les agents de l'État face à la montée des organisations paysannes. Leur comportement évolue entre celui de monarques éclairés, promoteurs de la conservation et farouches résistants à une ouverture du pouvoir sur les ressources, en passant par la catégorie des observateurs attentifs aux conséquences possibles du processus de concertation. Mais de toute évidence, il ne serait guère réaliste de les considérer comme des supports inconditionnels d'une règlementation qui accorderait plus de pouvoir aux organisations paysannes de base en général, aux groupements et aux associations en charge de la conservation de la biodiversité. La mentalité peu sociale de certaines personnes met en péril la cohésion sociale entre les différents acteurs de la gestion des lacs. Les pêcheurs Haoussas estiment que les zones de mise en défens sont beaucoup plus profitables aux autochtones Moundang. Ils denoncent en particulier l'interdiction de pêche de nuit qui constitue pour eux une source de profonde frustration. Ce sentiment fait que leur participation à la surveillance des zones de protection semble être un peu mitigé. Les conflits se situent aussi à l'échelle des villages qui se disputent les zones de mis en défens : Tikéré et lac au niveau de lac de Tréné, Doué, Fouli et Katchili sur le lac Léré. Ces conflits pourraient s'expliquer par le fait que les aménagements des zones de protection n'aient pas pris en compte les droits d'usage que les différents villages riverains ont sur les sections du Lac (Dagou Paboung et al, 2000).

    Au cours de cette analyse sur la gestion des ressources naturelles, certains agissements et comportements ont pu être enregistrés. Le Préfet, le Sous-préfet, les gendarmes, les autorités traditionnelles et les agents techniques n'ont pas la même légitimé et ne travaillent guère de manière concentrée. Chacun veut intervenir et ce désordre qui caractérise les différentes hiérarchies rend aléatoire les tentatives d'arbitrage en cas de litige. Les nuits blanches passées dans les surveillances sur les lacs avec des risques tels que le chavirage, l'attaque des hippopotames, les piqûres des moustiques, la fraîcheur..., sont quelques fois récompensées par le relâchement sans scrupule des bandits pris en flagrant délit. Les membres du groupement nous laissaient entendre qu'ils reconnaissent plutôt l'efficacité de l'autorité traditionnelle lorsqu'elle flagelle de 50 à 100 coups de fouets, ceux qui touchent aux lamantins. Or le relâchement ou les évasions spectaculaires de certains braconniers, introduit ainsi le découragement et une chute d'engouement dans le contrôle et la surveillance des ressources naturelles d'une part ; et le maintien et la recrudescence des actes de vandalisme d'autre part.

    Outre la satisfaction que procure la gestion rationnelle des zones de mis en défens dans l'accomplissement des besoins fondamentaux, l'annexe montre un tableau faisant une présentation des valeurs d'insatisfaction qui constituent des freins à l'évolution de ces aires protégées.

    CHAPITRE V : LES STRATEGIES DE GESTION CONSERVATOIRE ET PARTICIPATIVE

    La plupart des problèmes d'environnement actuellement au monde sont essentiellement d'origine humaine. Le rôle de l'homme est donc crucial dans la mesure où c'est son attitude à l'égard de l'environnement, qu'il soit naturel ou artificiel, qui a conduit à la situation actuelle. C'est donc bien évidement en changeant d'état d'esprit qu'il peut prendre des initiatives concernant la situation de l'environnement. L'attitude de l'homme et son comportement sont directement liés au système de valeurs de la société dans laquelle il vit. Historiquement, les valeurs individuelles et sociétales n'ont pas toujours été propices à la sauvegarde d'un environnement de qualité (Mc Cabeetal 1977). La crise de l'environnement que nous traversons aujourd'hui oblige l'homme à revoir son échelle de valeurs. Nous devons élaborer un système de valeurs dans lequel les priorités écologiques deviendront les lois du monde.

    La volonté politique, la morale, l'instruction civique, l'implication des collectivités territoriales, les medias, la formation, l'éducation, la sensibilisation... sont des voies privilégiées et des moyens d'expression permettant de promouvoir des valeurs et des attitudes positives à l'enclenchement d'une approche conservatoire et participative en faveur des ressources naturelles.

    5.1 La Volonté Politique

    L'engagement politique vient au premier rang des conditions nécessaires pour faire valoir les approches conservatoires et participatives de la gestion de l'environnement. L'attitude des décideurs politiques doit s'aligner sur cette priorité, sans quoi les efforts déployés seront vains. Cet engagement politique implique l'acceptation d'une participation effective des collectivités rurales. Au plan national, les lois et autres réglementations en vigueur doivent servir d'instruments d'application de cette politique. Au plan international, ce sont des conventions et des traités auxquels le Tchad a eu à ratifier ou signer.

    5.1.1 Cadres institutionnels et réglementaires à l'échelle nationale

    La constitution de la république du Tchad de 1996, adoptée par le règlement du 31 mars 1996 et révisée par la loi constitutionnelle n° 08/PR/2005 du 15 Juillet 2005 assure la protection de l'environnement dans les articles suivants :

    · Article 47 : toute personne a droit à un environnement sain

    · Article 48 : l'État et les collectivités territoriales décentralisées doivent veiller à la protection de l'environnement

    · Article 52 : tout citoyen a le droit de respecter et de protéger l'environnement.

    La protection de l'environnement est également assurée par la mise en place d'un Haut Comité National pour l'Environnement (HCNE) présidé par le Premier Ministre. Un organe politique et technique dont la tâche est de coordonner et suivre les mesures à prendre pour lutter contre la dégradation de l'environnement dans son ensemble.

    La gestion quotidienne de la politique de conservation de la nature est assurée par le Ministère de tutelle qui met en application les lois, les ordonnances, les décrets, les arrêtés et notes de service qui régissent cette politique.

    5.1.2. Sur le plan international.

    A l'échiquier international, le Tchad a manifesté sa volonté politique à travers la ratification de différentes conventions internationales :

    Convention relative à la conservation de la faune et de la flore à l'état sauvage, Londres 1933.

    Convention africaine sur la conservation de la nature et des ressources naturelles de 1969 (en Algérie).

    Convention relative aux zones humides d'importance internationale, dite convention de RAMSAR de 1971.

    Convention sur le patrimoine mondial, culturel et naturel, UNESCO 1972.

    Convention relative sur le commerce international des espèces de faune et flore sauvages menacés d'extinction (CITES), dite convention de Washington de 1973.

    Convention relative aux règlements communs sur la flore et la faune dans le bassin du Lac Tchad de 1976.

    Convention sur la biodiversité de Rio de Janeiro en 1992.

    Convention cadre des Nations sur les changements climatiques en 1992.

    L'application de ces différentes conventions est faible partout dans les aires protégées du pays. Un manque de respect des textes règlementaires est signalé de partout. Par exemple, il est rapporté que certains officiers de l'armée sont complices de certains actes de vandalisme sévissant (les menaces proférées à l'endroit des agents de contrôle et le cas d'assassinat des gardes de réserves ou parcs) dans les aires protégées. Les pots de vin et la corruption sont fréquents à tous les niveaux. Cela est ressorti lors de nos enquêtes de terrain. Les aires protégées subissent les conséquences d'agitation civiles et l'instabilité politique, ce qui favorise le braconnage (la guerre civile de 1979, la rébellion et le phénomène de coupeurs de route sévissent également tant au niveau de RFBL et de Sena Oura. Les pratiques culturelles, les croyances et les usages traditionnels entrent en conflits avec les objectifs poursuivis dans certaines aires protégées. Dans la RFBL, on observe des débordements pendant la « fête des pintades » et cérémonies traditionnelles (fii loo, fii mundang ....). En fin, il faut aussi le dire que la forte demande pour la consommation ou la commercialisation des ressources vulnérables (la graisse et la viande de lamantin, la bile du babouin, la viande du lycaon...qui ont respectivement des vertus pour la virilité et servant des anti-dotes contre le Sida et l'épilepsie.) confère à celles -ci une valeur marchande.

    5.2 Développement Rural intégré (DRI).

    Le développement rural intégré est une stratégie par laquelle une série d'actions régulières progressives, amorcés ou soutenues par une volonté politique apporte des changements quantitatifs et qualitatifs au sein d'une population rurale et avec sa participation consciente et active en vue de répondre à ses besoins essentiels, d'améliorer son bien-être et d'engendrer un processus autonome de développement (CIEM, 1980). Un développement soutenable du milieu rural, garant d'une bonne gestion de la biodiversité est nécessairement un compromis entre ce qui est socialement souhaité, écologiquement acceptable (Christian Leveque, 2002). Le DRI implique conséquemment la participation de la communauté à  tous les niveaux des actions à entreprendre.

    La participation de la population : il convient de dire que le DRI est fondé sur la participation qui doit être volontaire, active et consciente. Cependant dans certains cas, il pourrait être justifié de « provoquer » dans une certaine mesure. La participation communautaire implique que l'ensemble de la population concernée prenne une part active à la réalisation des projets de développement, sans pour autant brimer les initiatives individuelles. La participation doit être préparée et stimulée par des actions d'éducation, de formation, d'information, d'animation, de vulgarisation et de communication.

    Soucieuse de conserver le patrimoine naturel que constitue la RFBL en vue de leur gestion durable, la coopération tchado allemande (l'ONG GTZ ) favorise la reprise de la situation du DRI à travers sa composante « Gestion et conservation des ressources naturelles »

    Cette ONG, s'appuyant sur des structures locales existantes, a mis en place une méthode participative qui intègre de manière active et chacun en ce qui le concerne (masse paysanne, chefs traditionnels, responsables administratifs, services techniques, ONG, projets, ...) à la gestion saine du patrimoine.

    Avec cette intervention de la GTZ qui a mis en place un ensemble de règles simples, faciles d'application, objectives et équitables pour tous les utilisateurs et producteurs, les résultats semblent être prometteurs.

    5.3. Motivation éthique et rôle de l'éducation environnementale.

    La conservation de la biodiversité ne peut se limiter aux seuls aspects techniques ou législatifs. Les responsables politiques, comme les scientifiques, ont conscience qu'elle nécessite un soutien populaire. Ainsi la conférence de Rio et les débats autour de la protection de la biodiversité ont bien mis en évidence cette question dans ses dimensions morale et éthique, pour certains groupes de pression (Christian Leveque, 2002). En réalité, le début sur la protection de la diversité biologique poursuit le vieux débat philosophique sur les relations que l'homme entretient avec la nature. L'attitude des sociétés par rapport aux problèmes de conservation de la biodiversité en dépend. L'éducation environnementale s'avère donc nécessaire, indispensable pour être intégrée dans les programmes scolaires et extrascolaires pour imposer le respect des valeurs environnementales.

    L'enseignement peut être un outil indispensable pour augmenter la prise de conscience du public concernant la protection de la biodiversité formant les connaissances, mais également les perceptions et les attitudes de jeunes vis-à-vis de la biodiversité.

    L'école, centre d'éducation qui réunit les enfants de toutes les couches sociales, constitue un milieu indiqué pour la diffusion et la transmission des connaissances, de savoir-faire, d'attitude et d'aptitudes positives vis-à-vis des préoccupations environnementales (M. Bathily et O. Wane, 1999). Dans cette optique, l'éducation environnementale a pour ambition de préparer les nouvelles générations pour une gestion durable de l'environnement.

    L'éducation environnementale est définie selon l'UNESCO ( United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization ) comme « une forme d'éducation rénovée qui a pour but de former une population mondiale consciente et préoccupée de l'environnement et des problèmes qui s'y rattachent, une population qui ait les connaissances, les compétences, l'état d'esprit, les motivations et le sens de l'engagement qui lui permettent de travailler individuellement et collectivement à résoudre les problèmes actuels et à empêcher qu'ils ne s'en posent de nouveau ».

    Au Tchad, l'éducation environnementale (EE) est définie dans l'article 9 de la loi n° 14/PR/98 définissant les principes généraux de la protection de l'environnement : «l'éducation, l'information et la formation initiale et continue sont mises en oeuvre à tous les niveaux de façon à susciter des comportements responsables vis-à-vis de la préservation de la restauration et la mis en valeur de l'environnement au service du développement ». 

    Pour SOUCHON et GIORDON (1991), l'éducation environnementale fait apparaître les domaines suivants :

    ü La prise de conscience

    ü Les connaissances

    ü Les attitudes

    ü Les compétences

    ü La capacité à évoluer

    ü La participation.

    Il faut souligner que l'Éducation Environnementale se veut une action soutenue, permanente, qui se propose d'installer chez le sujet des réflexes positifs vis-à-vis de l'environnement qui s'adresse à tous. Le public cible est donc la population entière sans distinction d'âge, de sexe ni de région. Cependant, les associations, les groupements, les producteurs, les leaders d'opinions, les responsables coutumières et religieux, les agents de l'État... en sont des personnes ressources.

    5.4. La participation des bénéficiaires

    La participation peut avoir deux sens :

    a) sens actif : participer en prenant des responsabilités ;

    b) sens passif : prendre part sans avoir à décider ;

    La participation est, pour chaque individu, la manière de se lier aux autres : c'est une forme de sociabilité. A Léré, un tel dynamisme existe mais cela n'est que dans les structures associatives (groupements, associatives...) Selon A. MEISTER, il faut distinguer principalement cinq types de participations :

    1. La participation de fait est une participation dont les bénéficiaires ignorent le bien fondé des actions auxquelles ils sont conviés. Alors les spéculations latentes gangrènent leur esprit : « que m'adviendra-t-il si je ne participe pas au projet ? », « ne va-t-on pas me créer des ennuis aux niveaux politique et administratif », « je vais participer puisque, c'est mon frère qui m'y convie »... Une telle participation ne correspond pas forcement aux objectifs recherchés.

    2. La participation spontanée et /ou volontaire sont celles où l'adhésion est massive, une participation effective où les actions du projet sont appropriées par les bénéficiaires. Dans la région de Léré, les communautés riveraines de la RFBL sont réellement impliquées dans la gestion des ressources naturelles et de la conservation du patrimoine. Elles mènent des actions de développement pour pérenniser les acquis à travers les appuis des ONG.

    3. La participation provoquée est celle qui est stimulée de l'extérieur afin de faire accroître une prise de conscience sur une situation jugée critique et dont la communauté n'arrive pas à la percevoir ou qui se trouverait dans l'impossibilité de la résoudre.

    4. La participation imposée : c'est le degré le plus bas de la participation. Les bénéficiaires n'ayant reçu aucune explication sur les objectifs du projet, voient débarquer une équipe d'experts qui se livrent à des travaux dont ils ignorent l'origine et la finalité. Une telle participation même si elle reçoit une adhésion, les activités ne sont pas pérennisées et la finalité boycottée.

    Pour mieux s'informer et informer les acteurs afin de susciter en eux l'intérêt d'une participation effective au travers de ce thème : « Gestion des lamantins des lacs Léré : entre conservation de ressources naturelles et survie de la population  », la méthode de SARAAR qui aide à comprendre les niveaux de résistance s'avère bien indiquée. Elle a été également expérimentée lors de notre visite de terrain pour tester la connaissance et la perception de nos enquêtés sur la protection et la conservation des lamantins. Cette méthode expose sept niveaux de résistance :

    1- Le dénouement total du problème ;

    2- La reconnaissance du problème, mais refus d'y prendre part activement en fuyant des responsabilités.

    3- La reconnaissance du problème mais doute de la résolution exemple : « oui le problème existe, mais j'ai des doutes qu'on puisse le régler ».

    4- Le Sentiment d'impuissance : « c'est un problème important, mais je n'ai pas les moyens de le régler ».

    5- La connaissance des causes du problème : « le problème existe, je suis intéressé à connaître les causes ».

    L'engagement à la résolution du problème : « je suis prêt à tout essayer pour régler le problème »

    6- Engagement et rôle de leadership : « je suis disposé à démontrer une solution aux

    autres et à proposer des actions ».

    Nous avons constaté qu'en dehors du premier niveau de résistance, tout le reste s'applique au contexte dans la zone d'étude. La problématique de la sauvegarde du lamantin est une question connue de tous mais la compréhension du problème oscille entre les niveaux 2 et 7 de résistance c'est-à-dire le niveau de la reconnaissance du problème, mais le refus d'y prendre part activement aux opérations de sauvetage, en fuyant les responsabilités..., et le niveau élevé qui dénote d'un engagement sans scrupule avec un rôle de leadership à jouer.

    Zone tampon

    Reconnaissance du problème mais refus

    Engagement à résoudre le problème

    Connaissance des causes du problème

    Sentiment d'impuissance à résoudre le problème

    Reconnaissance du problème mais doute

    Engagement avec le rôle de leadership

    Schéma n°2 : méthode Saraar

    Source : la Méthode SARAAR adoptée par le projet gouvernance de l'eau et développement local PNUD - DAES juillet 2005.

    5.5. Information, éducation, communication/Behavior Change Communication (IEC/BCC)

    L'information, l'Éducation et la Communication est une stratégie qui combine les techniques de l'information (support et pratique) de l'éducation et de la communication en vue d'atteindre les objectifs essentiellement orientés vers le changement de comportements. Elle se confond parfois avec la communication pour le changement de comportement (CCC) ou Behavior Change Communication (BCC) en ce qui concerne les objectifs stratégiques et les bénéficiaires. L'usage de l'IEC ou BCC pourrait favoriser le changement de comportements liés à la déviance, à l'ignorance écologique, à l'appât du gain, au gaspillage des ressources naturelles. Ces préalables menacent dangereusement l'équilibre du milieu. Cependant quatre types d'arguments justifieraient la raison d'une mise en valeur d'une telle stratégie.

    5.5.1 Les Arguments économiques

    La pêche et la chasse sont des activités génératrices de revenus du secteur primaire de la Préfecture de Léré. Non seulement, une tranche de la population bénéficiaire des conditions plus favorables à l'exercice de ces activités mais la perception de taxes, le paiement des permis de pêche, de chasse constitue une source de revenus non négligeable pour le renforcement de la caisse de l'État. En outre, le maintien d'une faune et d'une flore diversifiée, les paysages conservés, peuvent susciter des activités touristiques et de loisirs. Le tourisme, lorsqu'il est possible et bien organisé, fournit souvent la meilleure valorisation économique de la faune sauvage puisque les populations locales peuvent y trouver du travail (guide, pisteur, chauffeur...) sans perdre de vue le développement de l'hôtellerie, du transport, de l'artisanat local etc. Certaines aires procurent aux communautés locales des possibilités de développement par l'usage durable des ressources. Dans la réserve de faune de Binder-Léré en particulier dans la zone communautaire, un comité de gestion gère les revenus issus des activités de chasse et d'écotourisme. De plus, le flux financier généré par l'activité de pêche sur les lacs Léré et Tréné a été évalué à 444 millions F CFA en 200520(*). Il est à noter que la conservation des ressources naturelles dans la région de Léré, ne peut être réalisée que si les populations concernées sont conscientes des profits qu'elles peuvent en tirer.

    Photo 8 : Chute Gauthiot (cliché PRODOLKA)

    5.5.2 Les Arguments Écologiques

    Chaque organisme vivant fait partie intégrante d'un ensemble naturel biologique complexe. Il contribue ainsi à l'équilibre de la vie. Devant les mécanismes qui régissent les relations entre les communautés biologiques, l'homme doit éviter de créer des situations de déséquilibres donc le contrôle des conséquences lui échappera. Le patrimoine naturel doit être transmis aux générations futures car s'il disparait, il ne peut pas être reconstitué par l'homme. Selon le rapport intérimaire de la mise en oeuvre au niveau national sur la biodiversité (1998), on estime au Tchad :

    v 4318 espèces végétales dont 71 espèces endémiques et 11 menacées ;

    v 7791 espèces animales sans compter les insectes qui sont les plus nombreux. De ces 772 espèces animales, 4 mammifères (Rhinocéros noir ou Disceros bicornis, le Lamantin ou trichechus sengalensis, Oryx algazelle ou Oryx gazella dammah et le boeuf kouri ou Bostaurus typicus), un oiseau (Prinia fluviatillis) et les reptiles sont menacés d'extinction (21(*)) Cette situation nous amène aussi à nous pencher sur les raisons d'ordre psychologique et éthique.

    5.5.3. Les Arguments éthiques

    Le sentiment de responsabilité collective (État, Collectivités, Individus), devraient inciter chacun à ne pas abuser des ressources environnementales. La conservation du patrimoine naturel garantit son utilisation durable pour les générations futures. Respecter le droit à la vie des êtres vivants n'est pas incompatible avec l'exploitation rationnelle des plantes et des animaux par l'agriculture, la pêche, la chasse, l'élevage et l'exploitation forestière.

    5.5.4. Les Arguments Psychologiques

    Les atteintes au cadre de vie sont toujours mal ressenties par la population. Ce sentiment se trouve aggravé par la disparition du couvert végétal et même par la nécessité d'acquérir des bois de chauffe et d'oeuvre.

    Les récits et légendes tchadiens et ceux du pays moundang en particulier sont jalonnés d'histoires d'animaux. L'éléphant, le buffle, l'hyène, le crocodile, le lamantin..., font partie du référent culturel de l'enfant dès son jeune âge. Peut on imaginer les lacs de Léré sans les lamantins, les poissons ou hippopotames ?

    5.6. Les principales sources de communication

    Les médias, les supports scriptovisuels, les messages spectaculaires, les médias populaires et traditionnels constituent de différents canaux capables de véhiculer les messages en faveur de l'environnement. Ces canaux permettent non seulement de véhiculer les connaissances en matière d'environnement et suscitent une la prise de conscience mais ils constituent aussi des moyens pour, informer et former toutes les couches de la population à participer pleinement à la conservation et à la protection de l'environnement.

    v Les medias (les radios communautaires, les presses écrites, la télévision...) jouent un rôle important dans la sensibilisation du grand public sur les menaces de disparition qui pèsent sur certaines espèces emblématiques comme : les lamantins, les éléphants, les rhinocéros, etc. ils participent également à convaincre nombre de citoyens de l'importance de la biodiversité au plan socioéducatif et culturel.

    v Les supports scriptovisuels tels que les affiches publicitaires, les banderoles, les dépliants et les prospectus, les autocollants, les tricots, les casquettes, les pagnes... sont des supports de communication à promouvoir en vue de véhiculer de manière la plus visible des messages en faveur de la protection de l'environnement.

    v Les messages spectaculaires et populaires (les sketchs, les crieurs publics) mobilisent mieux le public et peuvent ainsi contribuer à la sauvegarde des écosystèmes lacustres. Dans le cadre de la sensibilisation en faveur de l'environnement à Léré, les messages spectaculaires et populaires sont les outils les plus utilisés.

    Il va sans dire que les problèmes de l'environnement ne peuvent laisser personne indifférent. Pour mieux mobiliser un grand public en vue de faire réussir la gestion durable et efficiente des ressources naturelles. Il sera question de mettre à contribution des medias populaires et traditionnels. Ce faisant, les crieurs publics et les griots devront être mobilisés pour sensibiliser la population pour adhérer à la cause de la sauvegarde des écosystèmes lacustres et terrestres.

    Les sketchs de quelques minutes produits par des artistes pour égayer les séances de sensibilisation pourraient aider à accroître une prise de conscience et à enclencher une participation massive à la conservation des ressources naturelles.

    Au regard des moyens cités pour enclencher l'approche participative de la conservation des ressources naturelles, la formation constitue un préalable indispensable.

    5.7 La formation des acteurs

    Former, c'est aider à la maîtrise des savoirs et de savoir-faire pour que les acteurs soient en mesure de mettre en oeuvre des projets de la façon la plus efficace possible et la plus autonome possible. La formation permet un transfert de compétences, une actualisation et une mise à niveau des connaissances de base. A travers la formation, les différents acteurs intervenant dans la gestion des lacs de Léré, peuvent acquérir de compétences nouvelles liées à la gestion durable des écosystèmes. Il s'agit notamment des responsables techniques (Agents forestiers), les membres des groupements et associations, des chefs traditionnels, les responsables administratifs etc. La formation s'est avérée comme un moyen très utile d'échange de savoirs et de savoir-faire à condition de valoriser à temps les acquis reçus. C'est un lieu du donner et du recevoir.

    Pour assurer la sauvegarde de la biodiversité dans les Lacs de Léré, au terme de ce chapitre nous avons proposé une ébauche de solutions.

    5.8. Les solutions envisageables

    Pour contribuer au maintien des équilibres écologiques et à la restauration des aires fortement dégradées. Deux alternatives ont retenu notre attention.

    5.8.1. La conservation ex-situ

    Cette stratégie adopte des mesures en vue d'assurer la reconstitution, la régénération des espèces menacées et la réintroduction de ces espèces dans leur habitat naturel. La conservation ex-situ vient en appoint à la conservation in situ, peut être une alternative aux déséquilibres dans la mesure du possible où elle promet un développement durable et écologiquement rationnel des ressources biologiques. Elle remet en état et restaure les écosystèmes dégradés et favorise la reconstitution des espèces menacées. Elle s'efforce d'instaurer les conditions nécessaires pour assurer la préservation de la biodiversité et l'utilisation durable de ses éléments constitutifs. Bien qu'elle soit coûteuse, elle est bien envisageable. Les lamantins qui vivaient autrefois dans le Chari, le Bahr Keita, le Bamingui (BOUVEIGNES, 1952) ont disparu de ces aires de répartition. La conservation ex-situ peut permettre une reconstitution de ces espèces dans ces aires de répartition précitées. Il faut aussi souligner qu'à Léré avec la conservation ex-situ, une réintroduction de lamantin dans les lacs voisins peut être envisageable, nous faisons allusion aux lacs Toupouri. Certaines espèces comme gymnarchus niloticus, citharinus cithanus, heterotis niloticus, hydrocyon forskalii, lates niloticus... ont disparu de l'écosystème lacustre de Léré et qu'une nouvelle introduction est nécessaire.

    5.8.2. La Réserve de la Biosphère (RB)

    Une réserve de biosphère est une zone protégée reconnue internationalement pour démontrer la valeur de la conservation. Destinée à résoudre les problèmes environnementaux à l'échelon local, national et international, la réserve de biosphère assure trois fonctions complémentaires :

    - Une fonction de conservation, pour assurer la protection des ressources génétiques des espèces, des écosystèmes, et des paysages ;

    - Une fonction de développement, dans le but de promouvoir un développement économique et humain durable ;

    - Une fonction de support logistique, pour appuyer et encourager les activités de recherche, d'éducation, de formation et de surveillance continue en relation avec les activités d'intérêt local, national et global, visant la conservation et le développement durable.

    Le Tchad dispose d'une réserve de biosphère, celle du Lac Fitri. L'érection des Lacs de Léré en réserve de biosphère se révèle comme une impérieuse nécessité. Les lamantins, espèces emblématiques ont disparu de la plupart de leurs aires de répartition, ériger ces lacs de Léré en réserve de biosphère pourrait parer à l'extinction de ces espèces.

    Aire de recherche

    Expérimentale

    Aire centrale

    Centrale

    Aire de transition

    Zone tampon

    Schéma 3: une réserve de biosphère

    Source  : Programme MAB22(*) (UNESCO, 1995)

    CONCLUSION GÉNÉRALE

    La question de dégradation de la biodiversité est au coeur des préoccupations des pays tant développés qu'en développement. Pour cela, il importe de s'organiser de manière à conserver un patrimoine menacé en lui accordant une attention particulière à travers des actions de conservation concrètes et pratiques. Au travers du thème « Gestion des lamantins des lacs de Léré : entre conservation de ressources naturelles et survie de la population  », la société doit être pleinement informée sur l'état et l'évolution de la diversité biologique ainsi que sur les conséquences des menaces qui lui sont faites. Ainsi, des mesures de conservation pourront être prises afin de déterminer les modes de gestion appropriés avec leur cortège de disparitions réglementaires.

    Les différents acteurs intervenants dans la gestion des ressources biologiques des lacs Léré doivent continuer à conjuguer leurs efforts bien que cette ambition soit encore entachée d'embûches. Les efforts conjugués consisteront à restaurer, à stabiliser ou à réduire le déclin des populations d'espèces. Les lamantins, espèces emblématiques de ces lacs, subissent non seulement des pressions découlant de la perte d'habitats et de la surexploitation des eaux mais aussi de commerce international.

    Les spécialistes des sciences de la nature ont largement contribué à sensibiliser l'opinion publique sur les raisons de protéger la diversité biologique. Cependant, il n'est pas de leur ressort de faire les choix sociaux et économiques qui demeurent la seule responsabilité du pouvoir politique. Pour que les mesures de conservation soient efficaces, il est indispensable que les différentes couches sociales acceptent les décisions. L'éducation environnementale doit préparer les futurs citoyens à la responsabilité, en les informant sur les enjeux, mais également sur l'éthique qui sont associés à la protection de la biodiversité.

    La volonté politique, l'instruction civique, l'implication des collectivités territoriales, les medias, etc. doivent être des voies privilégiées et des moyens d'expressions permettant la promotion des valeurs et des attitudes positives à une exploitation rationnelle et durable des ressources biologiques.

    En effet, tout être humain a le droit de vivre et de satisfaire ses besoins essentiels. S'il pourrait vivre en harmonie avec la nature et se conduire en « gardien ou protecteur » de l'environnement, conscient de ses responsabilités, il serait possible d'assurer aux générations futures un avenir fondé sur des bases écologiques saines.

    L'État, les ONG, les Associations, les Services techniques..., doivent protéger les droits des communautés locales. Ils doivent aussi protéger les connaissances, encourager les innovations et les pratiques traditionnelles favorables à la sauvegarde des écosystèmes tout en veillant au partage juste et équitable des avantages résultant de l'exploitation des ressources.

    D'une manière générale, il ressort que les menaces faites aux ressources environnementales persistent à cause de l'ignorance des populations ainsi que du laxisme des décideurs politiques, scientifiques et les acteurs sont alors vivement interpellés. Ils doivent parer au statut d'observateur impuissant à celui d'acteur opérationnel. Car c'est seulement par des actes concrets que nous pouvons protéger l'environnement et garantir les ressources qu'il regorge pour les générations futures.

    BIBLIOGRAPHIE

    OUVRAGES GENERAUX

    -GTZ ,1998. Plan Régional de développement, vol I, 169 p.

    -MOUSSA, B et OUMAR W, 1999 ; Éducation Environnementale au Sahel, guide pratique du formateur, Institut du Sahel, Bamako, 247p.

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    OUVRAGES SPECIFIQUES

    BACHIMON PH, DAGOU, P., MAHAMAT A. et RISER .J. 2005 - Géosystèmes lacustres : Etudes des régions des Lacs de Léré et Fitri (Tchad)- Projet CAMPUS, Rapport Scientifique, 318p

    BONNET .B, 1997 - Projet « Conservation et gestion des ressources naturelles du Mayo- Kebbi : mission d'appui méthodologique, appui à l'émergence d'instances locales d'orientation et décision pour la gestion des ressources naturelles, IRAM, 106p.

    BONNET .B et LARTIGES. A, 2005, Problèmes juridiques pour l'utilisation de la faune autour de la réserve Binder-Léré, PRODALKA, 17p.

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    ANON, 2000- Rapport sur la conservation et la gestion des petits cétacées de la côte d'Afrique, Conakry, unpublished, 32p.

    AKOI,K. 2000, Projet de conservation du Lamantin ouest -Africain en Côte d'Ivoire - Note de présentation à l'atelier sur les petits cétacées, Abidjan, unpublished, 9p.

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    LARPAGES, A. ,1996 -Cours de législation relative à la protection de la faune sauvage et à la chasse en Afrique, Garoua, 62p

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    Beguy RAMADJI, A., 2002. " Les richesses minières du Mayo Dallah ". Tchad et Culture, n° 204 : 11-18.

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    - FÉRON, E., 1995. " La réserve de faune de Binder-Léré (Mayo-Kebbi, Tchad). Possibilités et entraves de la conservation, gestion et mise en valeur compte tenu des groupes concernés ". Rapport provisoire, CIRAD/EMVT, Harare, 81 p.

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    Dagou PABOUNG et al ; 2002, Pêche dans les lacs Fitri et Léré : Techniques de capture, conservation des produits et enjeux de protection, MEGA -TCHAD, 302p.

    Ludovic PALOU .B., 2005- La gestion de la plaine inondable à l'ouest du Lac de Léré, mémoire de Maîtrise de Géographie, Université de N'djamena, 98p.

    KALIBE WEDJOU, 2007. Immigration étrangère au Tchad : le cas des pêcheurs Haoussas de Fouli au bord du lac de Léré (Tchad), Mémoire de Maîtrise de Géographie , Université de N'djamena, 95p.

    Passinring KEDEU, 2006- Milieux Naturels et Paysages du Bassin -Versant des Lacs de Léré, Thèse, Université Aix -Marseille I, 302p.

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    BOUVEIGNES. O, 1952, In Zooléo n° 14, Ce que les modernes savent du lamantin, Léopoldville, pp 237-244.

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    GRATIOLET, L, 1901 ; In Bulletin de Musium d'histoires naturelles, Note sur les lamantins du Niger, Paris, pp 248-250.

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    Mémoires ORSTOM 4. Tome 1. 144 pp.

    James O. KEITH et Darrel C. H. PLOWES 1997, Considerations of Wildlife Resources and Land Use in Chad, USAID, 45p

    Habib GADEMI et Tchago BOUIMON 2008 ; Atelier régional de renforcement des capacités pour le les pays de l'Afrique Centrale sure les Stratégies et les Plans d'Action nationaux sur la biodiversité Limbé, Cameroun, 17p.

    Darnace Assane MBATTA, 1998 ; Evaluation de la diversité biologique : Analyse de la durabilité des usages actuels des ressources biologiques, N'djamena, 49p.

    Hubert BOULET, et al, 2008 Carnets de Brousse: Suivi Écologique d'Espèces peu Communes en Afrique Centrale et en Afrique de l'Ouest ; Fondation Internationale pour la Gestion de la Faune (IGF) Paris, 41P.

    OUVRAGES METHODOLOGIQUES

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    GRAWITZ (M) 1996 ; Méthode des Sciences sociales, Dalloz, 9eme édition, Paris, p718

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    Le Robert, 1999 ; Dictionnaire de Sociologie, édition Seuil, Paris ,513p.

    LAROUSSE.P, 2006, Dictionnaire le Petit Larousse illustré, France, 1855p.

    INTERNET

    Internet : www.ded.de

    Internet: www.kfw.de

    Internet : www.gtz.de

    http : // www.protectedareas.org/

    www.developpementruraldecentralise-tchad.org

    www.papaco.org

    www.fauna-flora.org/rrf.php.

    ANNEXES

    ANNEXE I

    QUESTIONNAIRE DESTINE AUX GROUPEMENTS DES PECHEURS DES LACS DE LERE

    Sujet : « Gestion des Lamantins des Lacs des Léré : entre conservation des ressources naturelles et survie de la population ».

    I. IDENTIFICATION DES ENQUETES

    Q.100 Nom du village

    Q.101 Sexe de l'enquêté(e) 01 Mas 02 F

    Q.102 Age de l'enquêté(e) :

    Q.103 Appartenance ethnique :

    Q.104 Nationalité :

    Q.105 Etes-vous autochtone ? 01 oui 02 non

    Q.106 Sinon, combien d'année êtes-vous là ?

    Q.107 Avez-vous fréquenté l'école ? 01 oui 02 non

    Q.108 Si oui, quel est votre niveau d'instruction ?

    01 primaire 02 secondaire 03 autres à préciser.............................................................................................................................................

    Q.109 Statut matrimonial

    01 Célibataire 02 Marié(e) 03 Divorcé(e) 04 Veuf (ve)

    Q.110 Quelle catégorie des pêcheurs appartenez-vous ?

    01 Professionnel 02 semi professionnel 03 Occasionnel

    Q.111 En dehors de la pêche, exercez-vous d'autres activités ?

    01 Agriculture 02 Elevage 03Commerce Autre à préciser.............................................................................................................................................

    II. ORGANISATION ET STRUCTURE ASSOCIATIVES

    Q.200 Appartenez-vous à une Organisation ?

    01 oui 02 non

    Q.201 Si oui, laquelle ? 01 Groupement 02 Association 03 Coopérative 04 ONG

    Q.203 Quelles sont les activités de l'Organisation.......................................................................................................................................

    ..........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    III. CARACTERISTIQUE DES EQUIPEMENTS ET EXERCICE DE LA PECHE.

    Q.300 Quel type de pirogue utilisez-vous dans l'exercice de la pêche?

    01 pirogue monoxyle 02 pirogue en planche 03 pirogue à moteur ou hors bord

    Q.301 Quel type d'engins de pêche possédez-vous ?

    Mois d'usage

    Janv.

    Fév.

    Mars

    Avril

    Mai

    Juin

    Juillet

    Août

    Sept.

    Oct.

    Nov.

    Déc.

    Engins utilisés

    Filet maillant

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Senne de plage

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Filet d'attache fixe

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Chambre à capture

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Harpon et sagaie

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Palangres appâtées

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Epervier

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Barrage à secko

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Autres à préciser

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Q.302 Quel type d'engin préférez-vous ? et pourquoi ?............................................................................................................................................

    .............................................................................................................................................................

    Q.303 Quelle période de la pêche est-elle favorable ?

    01 Crue 02 étiage 03 toute l'année-

    Q.304 Quelles sont les espèces capturées ?

    Périodicité

    Espèces capturées

    Janv.

    Fév.

    Mars

    Avril

    Mai

    Juin

    Juil.

    Aout

    Sept.

    Oct.

    Nov.

    Déc.

    Alestes baramoze

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Alestes dentex

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Alestes macrolepidotus

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Anchenoglanis biscutatus

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Bagrus bayad

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Citharinus cithanus

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Clarias anguillaris

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Distichodus rostradus

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Entropinus niloticus

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Gymnarchus niloticus

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Hemichromis fasciatus

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Heterobranchus biolorsalis

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Heteritis niloticus

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Hydrocyon forskalii

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Labeo coubie

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Lates niloticus

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Malaptersus electrinus

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Mornyrops deliciocus

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Mormyrus rume

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Petrocephalus bovei

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Polypterus senegalus

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Propterus bichir

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Propterus annectus

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Shilbe uranoscoptus mystus

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Synondontis shall

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Tetraodon fahaka

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Tilapia spporeochromis

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Autres à préciser

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Q.305 Dans l'exercice de la pêche, vos engins capturent aussi le lamantin ?

    Q.306 Comment faites-vous pour le libérer ?............................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    Q.307 Cet animal constitue-t-il un frein à la pêche ? Pourquoi ? .............................................................................................................................................................

    ..................................................................................................................................................................

    Q.308 Quels sont les engins de pêche qui prennent accidentellement le Lamantins ? .............................................................................................................................................................

    ..................................................................................................................................................................

    Q.309 Comparativement aux hippopotames qui causent le chavirement des pirogues, la destruction des filets, les lamantins sont-ils agressifs ?...........................................................................................................................................

    ..................................................................................................................................................................

    Q.310 Quels sont les dégâts qu'ils peuvent commettre ?.........................................................................................................................................

    ..........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    Q.311 En quoi le Lamantin est-il braconné ?

    01 Peau 02 Chair 03 Graisse autre à préciser

    Q.312 Quelle destination ces produits de braconnage prennent-ils

    IV LES CONNAISSANCES EMPIRITIQUES, LES CROYANCES ET LES LEGENDES AUTOUR DU LAMANTIN

    Q.400 Pouvez-vous me décrire le Lamantin ?............................................................................................................................................

    .............................................................................................................................................................

    Q.401 De quoi se nourrit-il ?.........................................................................................................................................................

    ..................................................................................................................................................................

    Q.402 Comment vivent-ils ? Et comment se reproduisent-ils ?..............................................................

    ..................................................................................................................................................................

    Q.403 Comment se comportent-ils en période de rut ?.....................................................................................................................................................

    ...................................................................................................................................................................

    Q.404 Quelles sont les formes de croyances liées au Lamantin ?............................................................................................................................................

    ..........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    Q.405 Y a-t-il une ou des maladies liées à la consommation de la chair du Lamantin ?

    01 oui 02 non

    Q.406 Si oui, quelle est cette maladie et pourquoi ?.............................................................................................................................................

    .............................................................................................................................................................

    Q.407 Quelles sont les vertus thérapeutiques que peuvent avoir les os, la chair et la graisse du Lamantin ?.........................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    ..................................................................................................................................................................

    Q.408 Y a t-il des faits, des légendes qui illustrent l'origine humaine du Lamantin ?............................................................................................................................................

    .............................................................................................................................................................

    V - LES CONVENTIONS, LES LOI ET LES REGLEMENTATIONS DE LA PECHE.

    Q.500 Etes-vous bien formé sur les différentes conventions qui a signé le pays relatives à la biodiversité ?.....................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    .............................................................................................................................................................

    Q.501 Connaissez-vous les espèces intégralement protégées ?......................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    .............................................................................................................................................................

    Q.502 Comment trouvez-vous les règlementations nationales relatives à la pêche ?................................................................................................................................................

    ...................................................................................................................................................................

    Q.503 Soumettez-vous à ces réglementations, en respectant les zones de mis en défens ?................................................................................................................................................

    .............................................................................................................................................................

    Q.504 Pour quelle cause certains individus violent-ils ces zones ?.........................................................

    .............................................................................................................................................................

    Q.505 Comment trouvez-vous l'attribution du permis de pêche ?................................................................................................................................................

    ..........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    Q.506 Quelles sont les difficultés liées à l'exercice de votre métier ?.............................................................................................................................................

    .............................................................................................................................................................

    Q.507 Quelles sont les suggestions, les souhaits ou des informations quelconques que vous voudriez bien porter à notre attention ?..................................................................................................................

    .................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    Nous vous remercions !

    GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE : AU RESPONSABLE DE LA SECTION PECHE AGRICULTURE, A L'INSPECTION DE LA RESERVE DE FAUNE, BINDER-LERE, AU CHEF D'INSPECTION DE CHUTE-GAUTHIOT ET AU SOUS-PREFET DE LERE.

    « Cet entretien est mené dans un cadre purement académique, en vue de la réalisation d'un mémoire de Master II en environnement et développement communautaire. Ce travail est loin de toute considération politique, policière etc. nous vous serons très reconnaissant de bien vouloir nous accorder cet entretien tout en vous garantissant l'anonymat. »

    I POLITIQUE DE CONSERVATION & PROTECTION DES RESSOURCES NATURELLES.

    1.1 Quelles sont vos stratégies pour la protection et la conservation des ressources naturelles ?

    1.2 Pourquoi la délimitation du Lac en zone protégées ?

    1.3 Comment ce fait le contrôle et la surveillance de ces zones ?

    1.4 Pourquoi le Lamantin, espèce intégralement protégée continue à être braconné ?

    1.5 Y a-t-il des textes en vigueur qui régissent la protection intégrale du Lamantin ?

    1.6 Le Lac regorge-t-il encore des Lamantins ?

    1.7 Pensez-vous que le contrôle et la surveillance des ressources halieutiques doivent se limiter qu'aux zones de mise en défens ?

    1.8 Quelles sont les causes du braconnage du Lamantin ?

    1.9 Comment faire pour freiner cet acte de vandalisme ?

    1.10 Quels sont vos moyens de surveillance et de patrouille sur le Lac ?

    1.11 Pensez-vous que les mesures protectionnistes d'une sévérité draconienne peuvent à elles seules sauver l'extermination des Lamantins ?

    1.12 Avez-vous pu identifier les causes de la mort d'un lamantin en décembre dernier ?

    1.13 Quelles sont les engins de pêche ou de chasse qui mettent en péril la vie des lamantins ?

    1.14 La pêche au moyen des produits toxiques ne constitue t-elle pas autant de menace pour la poisson que pour les lamantins ?

    1.15 Que pensez-vous de l'implication des médias dans la gestion équitable et durable des ressources naturelles ?

    1.16 En dehors de la répréhension, faites-vous aussi la sensibilisation de masse pour pérenniser les ressources halieutiques ?

    II RAPPORTS, DIFFICULTES ET SOUHAITS

    2.1 Quel type de relation entretenez-vous avec les autorités traditionnelles, les collectivités riveraines et les structures associatives (O.N.G, projet, associations...) ?

    2.2 Quelles sont les difficultés liées à l'exercice de votre métier ?

    2.3 Quels sont vos souhaits et les perspectives pour les orientations futures ?

    2.4 Avez-vous des questions des informations, des suggestions quelconques à nous livrer ?

    Nous vous remercions !

    GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE : AU RESPONSABLE DE LA SECTION PECHE AGRICULTURE, A L'INSPECTION DE LA RESERVE DE FAUNE, BINDER-LERE, AU CHEF D'INSPECTION DE CHUTE-GAUTHIOT ET AU SOUS-PREFET DE LERE.

    « Cet entretien est mené dans un cadre purement académique, en vue de la réalisation d'un mémoire de Master II en environnement et développement communautaire. Ce travail est loin de toute considération politique, policière etc. nous vous serons très reconnaissant de bien vouloir nous accorder cet entretien tout en vous garantissant l'anonymat. »

    I IDENTIFICATION ET ORGANISATION

    1.1 Comment se nomme telle votre association ?

    1.2 En quelle année est-elle née ?

    1.3 Quels sont les objectifs qu'elle s'est assignée ?

    1.4 De qui est venue l'initiative de créer l'association du défens du Lamantin ?

    1.5 Comment est structurée votre association ?

    II PROTECTION DU LAMANTIN ET LA NECESSITE DE LA PROTECTION

    2.1 En quoi est-il important de protéger les lamantins ?

    2.2 Quelle est la perception que se font les populations riveraines du lamantin ?

    2.3 La diversité biologique des lacs revêt-elle une connotation pour la population ?

    2.4 Que faites-vous pour faire comprendre à la population l'importance de la biodiversité en général et la sauvegarde des lamantins en particulier ?

    2.5 Pensez-vous les mesures répréhensives sont-elles suffisantes pour freiner l'extermination des lamantins ?

    III FONCTIONNEMENT & REALISATIONS

    3.1 Où se trouve le siège de votre association ?

    3.2 Comment fonctionne t-elle ?

    3.3 Combien de membres compte votre association ? et le nombre de femmes ?

    3.4 Pouvez-vous nous décrire vos activités et vos réalisations ?

    3.5 Disposez-vous de moyens de surveillance sur les Lacs ?

    3.6 Cette surveillance se limite t-elle qu'aux zones de mise en défens ?

    3.7 Votre association a-t-elle des embranchements dans tous les villages riverains du Lac ?

    3.8 Quelles sont vos stratégies utilisées pour la surveillance et la sauvegarde du Lamantin ?

    3.9 Pourquoi a-t-on retrouvé un lamantin mort sur les berges du Lacs en mois de décembre dernier ?

    3.10 Pourquoi le braconnage du lamantin continue t-il à servir ?

    3.11 Etes-vous satisfait de vos appuis à la population, aux groupements de pêcheurs et à l'Etat ?

    IV. RAPPORT ET DIFFERENTES FORMES D'APPUI

    4.1 Avez-vous reçu une formation technique de certaines institutions ? lesquelles ?

    4.2 Quel type de relation entretenez-vous avec les ONG ?, les projets ? etc.

    4.3 Les populations riveraines, les autorités locales, les agents forestiers ont-ils une bonne compréhension de vos objectifs et vos actions ?

    4.4 D'où proviennent les fonds liés au fonctionnement de votre association ?

    4.5 Comment sont vos rapports avec les collectivités riveraines, les autorités et les agents forestiers ?

    4.6 Pour protéger les lamantins, votre association fait-elle de la répression ou de l'éducation mésologique ?

    V. DIFFICULTES ET SOUHAITS

    5.1 Quelles sont vos difficultés ? lesquelles aimerez-vous résoudre ?

    5.2 Pensez-vous arriver à une gestion durable et efficiente des ressources naturelles, en particulier celle du lamantin ?

    5.3 La population riveraine arrive-t-elle à vous comprendre ?

    5.4 Quelles sont les difficultés liées à l'incompréhension de vos messages et de vos actions ?

    5.5 A qui attribuerez-vous la responsabilité du braconnage du lamantin ?

    5.6 Quels sont vos souhaits par rapport à vos activités ?

    5.7 Avez-vous des questions, de suggestions ou autres informations à nous livrer ?

    Nous vous remercions !

    ANNEXEII

    CONTE AFRICAIN SUR L'ORIGINE HUMAINE DU LAMANTIN RECUEILLI PAR DR PINCONS.

    Paru sous la rubrique << Notes Africaines >> du bulletin d'information et de correspondances de l'Institut Français d'Afrique Noire (IFAN), janvier1944.

    « Cet animal était à l'origine une créature, c'était une femme peule. Cette dernière avait préparé un bon repas pour son mari. Après avoir fini la cuisine, elle goûta aux aliments qu'elle trouva parfaitement préparés. Juste à ce moment où son mari arriva et trouva son plat prêt mais il dit : « je m'en vais chercher mes amis pour que nous mangions ensemble ». Pendant l'absence du mari, la gourmande qui avait déjà goûté à la nourriture se laisse entraîner à en goûter de nouveau si bien qu'elle « bouffe » tout le plat ! « Ayé kouanbe doun » « elle a le plat tout mangé » (le sens appuyé). Le mari revient avec ses amis. La femme dit : « je vais vous chercher de l'eau avant que vous ne commencez à manger ». Sans dévoiler ses secrets, elle prit son éventail et se dirige vers le fleuve. Arrivée au bord, elle adressa ses prières au tout Puissant pour disparaître dans l'eau et vivre comme un animal aquatique de façon à cacher la faute qu'elle avait commise et la honte qu'elle en ait. Elle mit l'éventail sur ses fesses et se jeta à l'eau. Le bon Dieu, exauça ses prières et la fit lamantin, transformant l'éventail en gouvernail rond sur son derrière. Le mari et ses camarades attendaient fort longtemps et ne voyant pas la femme revenir, partirent à sa recherche au bord de l'eau, mais ils ne trouvèrent que la trace de la femme. Ils pensèrent alors qu'elle avait été emportée par l'eau. De retour à la maison, ils trouvèrent le plat vide et, alors ils comprirent que la femme s'était faite disparaître à cause de sa gourmandise. Pour éviter la honte et les reproches, elle avait préférée disparaître dans l'eau»

    ANNEXE III

    TABLAEU N°9 :Obstacles et difficultés des zones de mis en défens.

    Origines sociales des enquêtes

    Facteurs défavorisant

    Pêcheurs

    Agriculteurs

    Eleveurs

    Commerçants

    Margeuses

    Autres

    Total

    VA/VR

    Manque de volonté et soutien politique

    03

    01

    01

    01

    01

    01

    08

    6 ,70

    Participation du publique et implication des parties prenantes limitées

    01

    02

    01

    01

    -

    02

    07

    5,90

    Absence d'intégration des questions relatives à la diversité dans d'autres secteurs

    01

    -

    01

    01

    -

    03

    06

    5,00

    Absence de mesures préventives et proactives

    02

    01

    01

    01

    01

    01

    07

    5,90

    Capacité d'action insuffisante en raison de la faiblesse institutionnelle

    01

    02

    01

    -

    -

    01

    05

    4,20

    Absence de transfert de technologie et d'expertise

    01

    -

    -

    -

    -

    01

    02

    1,60

    Perte de connaissance traditionnelle et d'information accessible

    01

    01

    01

    -

    -

    -

    03

    2,50

    Absence d'éducation et de sensibilisation du publique à tous niveaux

    03

    01

    01

    01

    01

    01

    08

    6,70

    Manque des ressources financières, humaines et techniques

    02

    01

    01

    -

    -

    02

    06

    5,00

    Absence de coopération horizontale entre les parties prenantes

    01

    01

     

    -

    01

    01

    04

    3,30

    Manque de synergie aux niveaux national et international

    01

    -

    01

    -

    -

    01

    03

    2,50

    Absence des partenariats effectifs

    -

    -

    -

    -

    -

    02

    02

    1,60

    Manque d'engagement de la communauté scientifique

    01

    01

    01

    -

    -

    03

    06

    5,00

    Absence de politique et des lois appropriées.

    01

    -

    -

    -

    -

    01

    02

    1,60

    Pauvreté

    04

    02

    01

    01

    01

    01

    10

    8,40

    Pression démographique

    03

    02

    01

    01

    01

    02

    10

    8,40

    Habitude de consommation et de production non viable

    01

    01

    -

     
     

    01

    03

    2,50

    Manque de capacité des communautés locales

    02

    01

    01

    01

    -

    01

    06

    5,00

    Manque de connaissance et expérience des approches de gestion par écosystèmes

    01

    01

    01

    01

    01

    01

    06

    5,00

    Faible capacité d'application effective

    -

     
     
     
     
     
     

    0,80

    Catastrophes naturelles et changements environnementaux

    02

     
     
     
     
     
     

    5,00

    Absence de partage des avantages

    02

     
     
     
     
     
     

    5,90

    Total

    34

     
     
     
     
     
     

    100%

    %

    28,81%

    16,94%

    13,55%

    8,47%

    7,99%

    25,42%

    100%

    ANNEXE IV

    La charte intercommunautaire pour la conservation des ressources de la réserve de faune de Binder Léré

    La charte de la réserve, adoptée et signée en 1999, implique tous les villages qui bordent la réserve

    ou sont inclus dans celle-ci, pour une période de cinq ans. Ses principaux éléments concernent :

    - un zonage de la réserve avec une protection en dégradé de l'intérieur vers l'extérieur qui permet :

    (i) la protection intégrale d'une zone centrale centrée sur les chutes Gauthiot, incluant les

    zones les mieux conservées au niveau végétal et les plus riches en grands mammifères. Dans cette

    zone, toutes les activités humaines sont interdites, à l'exception des activités rituelles pratiquées sous

    le contrôle des chefs traditionnels, des activités touristiques à but récréatif ou éducatif, pratiquées de

    façon organisée, des activités de surveillance et des travaux scientifiques ;

    (ii) la fin de l'extension de l'empiètement des zones agricoles, grâce à un bornage des zones

    agricoles villageoises ;

    (iii) une poursuite contrôlée des activités pastorales et de cueillette dans la zone tampon

    comprise entre la zone de protection intégrale et les zones agricoles ;

    - l'intégration des villageois à la surveillance de la réserve en collaboration avec les agents de l'État.

    Au sein de chaque village, a été créé un Comité Villageois de Surveillance (CVS) sous l'autorité du

    chef de village qui vise à :

    - protéger les milieux contre les feux de brousse par une organisation coordonnée des feux précoces ;

    - exploiter la faune en périphérie, et rechercher une meilleure valorisation, via des essais de

    développement de la chasse touristique ou de l'écotourisme ;

    - organiser un suivi des populations animales par les villageois, dans la réserve et dans les zones

    périphériques exploitées par la chasse. Ce suivi permet d'obtenir des indices d'abondance pour les

    principales espèces susceptibles d'être exploitées par la chasse.

    Au niveau de la réserve, il existe une autre charte intercommunautaire pour la gestion des ressources

    des lacs de Léré et de Tréné élaborée par les organisations de pêcheurs dans le cadre d'une ILOD et

    accompagnée par le service des pêches. Cette charte réglemente la gestion des deux lacs : il existe

    des conventions locales spécifiques pour les zones de reproduction, la protection des berges, le suivi

    écologique etc.

    ANNEXE V : CROQUIS DES ESPÈCES PISCICOLES

    Table des matières

    DEDICACE 3

    REMERCIEMENTS 4

    LISTE DES ABREVIATIONS 6

    INTRODUCTION GENERALE 10

    CHAPITRE I : APPROCHE DE LA COLLECTE DE DONNEES 13

    A. CADRE THEORIQUE 13

    I.1. Justification du choix du thème 13

    I.2. Définitions des Concepts 14

    I.2.1. Le Concept de Gestion de Lamantins 14

    I.2.2 Conservation des ressources naturelles 15

    I.2.3 Survie de populations 15

    I.3. Problématique 15

    I.4 Objectif Principal 19

    Objectifs spécifiques 19

    Hypothèses de recherche 19

    B CADRE METHODOLOGIQUE 20

    I.1. Présentation du champ d'étude 20

    I.1.3. Le contexte bioclimatique 22

    II.1.4. Contexte socio-économique 27

    II.2. Méthode ou Paradigme d'Analyse 29

    II.2.1. La méthode structuro fonctionnaliste 29

    II.2.2. La méthode accélérée de recherche participative. 29

    II.3. Les techniques des collectes de données 30

    II.3.1. Pré enquête 30

    II.3.2. Les recherches documentaires 30

    II.3.3. L'Observation directe 30

    II.3.4. Les entretiens. 31

    II.3.5. Échantillonnage 32

    II.4. Difficultés rencontrées. 33

    CHAPITRE II : ORGANISATION DES DIFFERENTS ACTEURS DANS LA GESTION CONCERTEE DES RESSOURCES NATURELLES DES LACS DE LERE ET TRENE 34

    II.1 Les différents acteurs dans la gestion des Lacs-Léré et Tréné. 34

    II.1.1 Les communautés concernées 34

    II.1.2 L'intervention des O.N.G. 35

    II.1.3 Les Groupements et Comités villageois de Surveillance. 36

    II.1.4 Les services de l'Etat. 38

    II.1.5 Projet «Conservation du Lamantin.» 38

    II.1.6 Le pouvoir coutumier 39

    II.2 Organisation des zonages et utilisation des surfaces des Lacs. 39

    II.2.1 Zones banales 40

    II.2.2 Zone de Protection Intégrale de Fouli 41

    II.2.3 Zone de mise en défens 42

    Lac de Léré : Lac de Tréné 42

    II.2.4 Le domaine du chef ou de « Mabii gong » 43

    II.2.5 Les zones tampon aux activités agropastorales. 44

    CHAPITRE III : LA DIVERSITE BIOLOGIQUE DES LACS DE LERE 47

    III.1 Les ressources végétales exploitées 47

    III.2 Les ressources fauniques des Lacs. 48

    III.2.1 Les poissons 48

    III.2.2 Les hippopotames 50

    III.2.3 Les reptiles 51

    III.2.4 Les Mollusques 51

    IV.2.5 Les Lamantins 52

    IV.2.5.1 Portrait du Lamantin 52

    III.2.5.2 Mobilité limitée. 53

    III.2.5.3 Reproduction. 54

    III.2.6 Le savoir populaire sur les lamantins. 55

    III.2.6.1 Le sang. 55

    III.2.6.2 Les os du lamantin. 55

    III.2.6.3 La graisse et la viande du lamantin. 56

    III.2.6.4 Le sexe du lamantin. 56

    III.2.6.5 Mythes légendes. 56

    CHAPITRE IV : LES AIRES DE REPARTITION DS LAMANTINS ET LES CAUSES D'EXTINCTION. 58

    4.1. Situation Générale 58

    4.1.1. Les Sites des Lamantins des Lacs Léré et Tréné 59

    4.2 Les causes d'extinction des Lamantins 60

    Le lamantin Ouest africain est inscrit en tant que « vulnérable » sur les listes de l'Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN), avec un déclin numérique de 20 % sur une période de 10 ans. Il est inscrit à l'annexe II de la Convention relative sur le commerce international des espèces de faune et flore sauvages menacés d'extinction (CITES), dite convention de Washington de 1973. 60

    4.2.1 Causes anthropiques. 61

    4.2.2. Causes directes et indirectes. 64

    4.2.3. Autres facteurs limitant 66

    CHAPITRE V : LES STRATEGIES DE GESTION CONSERVATOIRE ET PARTICIPATIVE. 68

    5.1 La Volonté Politique 68

    5.1.1 Cadres institutionnels et réglementaires à l'échelle nationale 69

    5.1.2 Sur le plan international. 69

    5.2 Développement Rural intégré (DRI). 70

    5.3 Motivation éthique et rôle de l'éducation environnementale. 71

    5.4 La participation des bénéficiaires 73

    5.5Infomation, éducation, communication/behavior change communication (IEC/BCC) 75

    5.5.1 Les Arguments Economiques 75

    5.5.2 Les Arguments Écologiques 76

    5.5.3 Les Arguments éthiques 77

    5.5.4 Les Arguments Psychologiques 77

    5.6 Les principales sources de communication 77

    5.7 La formation des acteurs 78

    5.8 Les solutions envisageables 79

    5.8.1 La conservation ex-situ 79

    5.8.2 La Réserve Biosphère (RB) 80

    Conclusion générale 81

    BIBLIOGRAPHIE 83

    OUVRAGES GENERAUX 83

    OUVRAGES SPECIFIQUES 83

    RAPPORTS, MEMOIRES, PUBLICATIONS, THESES 84

    OUVRAGES METHODOLOGIQUES 86

    INTERNET 86

    Annexes 87

    ANNEXE I 88

    ANNEXEII 96

    ANNEXE III 97

    ANNEXE IV 98

    ANNEXE V : croquis des espèces piscicoles 99

    Résumé :

    Les lacs de Léré faisant partie intégrante de dans la Réserve de Faune Binder -Léré (RFBL) sont assez riches en matière de biodiversité , beaucoup d'espèces phares y sont représentées en dépit de la pression démographique et agropastorale , la pêche , le braconnage , les feux de brousse mal utilisés et surtout mal maîtrisés qui menacent les réserves , sans perdre de vue les activités illégales et la valeur marchande des ressources naturelles. Les lamantins ; mammifères aquatiques sont en danger car ils subissent une réduction leur effectif depuis de nombreuses années et se trouvent aujourd'hui dans une situation très précaire, qui en l'absence d'une prise de conscience et de mesures de protection risqueraient de les mener progressivement vers une disparition totale au sein de l'écosystème lacustre de Léré. En dehors, des causes naturelles qui induisent la dégradation des ressources biologiques, l'homme constitue « un danger » pour les espèces. Il demeure « le véritable prédateur » pour les Lamantins qui sont chassés pour leur chair et leur graisse bien qu'ils soient légalement protégés. La menace de leur existence se traduit aussi par destruction de leur habitat. Cet habitat se réduit sous la pression des actions anthropiques (les systèmes agricoles et pastoraux, les techniques de capture...), qui sont autant d'écueils pour la survie des lamantins.

    La faiblesse dans l'application de la loi, les affinités dans la résolution des problèmes, les pots de vin ou la corruption sont monnaies courantes. Certaines pratiques culturelles, les croyances et les usages traditionnels ne favorisent pas la gestion durable des ressources naturelles, ni ne conduisent à une adhésion à la politique de conservation.

    Le renforcement de l'implication effective des communautés riveraines dans la gestion des réserves de ressources biologiques a été défini comme une priorité avec un partage des retombées économiques. Les campagnes de sensibilisation de la population sur l'importance de la biodiversité et des aires protégées et l'utilisation des medias pour la une prise conscience sont des moyens les plus utilisés. L'accentuation de la sensibilisation, de l'information et de l'éducation mésologique à l'endroit des communautés riveraines, des autorités administratives, judiciaires, militaires et traditionnelles sur les dispositions législatives et règlementaires en matière de gestion des ressources naturelles pourrait être une mesure incitative.

    MOTS CLES : lamantins, gestion participative, ressources naturelles, biodiversité, lacs, environnement, réserve de faune.

    ABSTRACT

    The lakes of Léré are Fauna Reserve of Binder Léré. They are rich enough in biodiversity; many important species live there despite demographic growth and agro pastoral activities. Fishing, poaching and bush fire are wrongfully made and threaten mercilessly that reserve. These activities are illegal and cause the disappearance of natural resources. Manatees - aquatic animals are endangered because their numbers have been reducing for years. They are being threatened until now .if people are not aware of that situation and if there is no protective measures these species will progressively disappear completely in the ecosystem of Léré`s lakeside.

    Apart from natural phenomena which cause damage of biological resources, man is a danger for these species. He is a real predator for the manatees which are caught for the best meat and for their fats. Although they are legally protected, the threatening of their life is also due to their habitat destruction. That habitat is reducing because of the anthropogenic actions (farming and pastoral systems, the catching techniques are threatening manatees' life too.)

    The lightness in applying the law, affinity in solving problems, the bribe or corruption are regular practices. Moreover some cultural practices, beliefs and traditional practices neither favor the lasting natural resources management nor the adhesion of the political conservation.

    The complete reinforcement of the involvement of riverside communities to the management of biological reserves resources has been defined as priority by the sharing of economic income.

    The campaigns of the sensitization of the population about the importance of the biodiversity and the protected surface are the means used to make people aware of the situation. Therefore sensitization, information and education of the riverside communities are emphasized.

    The administrative, judicial, military and traditional authorities are infirmed about the legislative conditions. The regulation on natural resources management might be a good initiative.

    Key words: manatees, natural resources management, biodiversity, the lakes of Léré, communal management of natural resources.

    * 1 Habib GADEMI, Rapport National sur la biodiversité, Ministère de l'Environnement et de l'Eau, 2007, p225

    * 2 Dictionnaire Petit Larousse Illustré, édition 2004.

    * 3 Bernard (B) et Lartiges (A) : problèmes juridiques pour l'utilisation de la faune autour de la réserve Binder-Léré, Rapport, ECO/IRAM, août 2005

    * 4 Etudes de l'UICN sur le Sahel 1989

    * 5Sandra .L. HUSAR, in mammalian species no 89,page 1-3,Trichechus senegalensis , 1979

    * 6 J .H.SALKIND, Etude préliminaire sur les lamantins (Trichechus senegalensis) du Tchad, rapport University of Vet nary Medicine, Boston (USA), 1996, p17.

    * 7 Passinring KEDEU ; 2006 - Milieux naturels et paysages du Bassin versant des lacs de Léré, Thèse de Doctorat de Géographie, Université d'Aix -Marseille I, p.99

    * 8 Dagou PABOUNG et al ; Pêche dans les lacs Fitri et Léré : Techniques de capture, conservation des produits et enjeux de protection, MEGA-TCHAD 2002, p24

    * 9Dagou PABOUNG et al ; Pêche dans les lacs Fitri et Léré : Techniques de capture, conservation des produits et enjeux de protection, MEGA-TCHAD 2002, p24

    * 10 Bernard (B) et Lartiges (A) : problèmes juridiques pour utilisation de la faune autour de la réserve de binder -Léré. ECO/ IRAM rapport Août 2005.

    * 11 Ghiglione (R), Mathalon (B) ; les enquêtes sociologiques : théories et pratiques, Armand -Colin, Paris, 1978, P.98

    * 12 Grawitz (M), Méthode en Sciences Sociales, Dalloz, 9ème édition, Paris, P 718

    * 13 Grawitz (M), Méthode en Science Sociales, Dalloz, 9ème édition, Paris, P718

    * 14 Appellation populaire et locale des emballages industriels en plastique.

    * 15 Sandra. L.HUSAR in mammalian species n° 89, pp1-3 , Trichechus senegalensis, 1979

    * 16 Idem

    * 17 Leveque (C) La Biodiversité, collection Que -sais -je, PUF, 1997

    * 18 Idem

    * 19 Témoignage de la Direction de la Pêche et l'Aquaculture de Léré au sujet du lamantin harponné en date du 27 Septembre 2008

    * 20 UICN /PACO : Parcs et Réserves au Tchad, Evaluation de l'efficacité de la gestion des aires protégées au Tchad, Ouagadougou, pp 32.

    * 21 HABIB (G) : Rapport National sur la biodiversité, Ministère de l'Environnement et de l'Eau, pp225

    * 22 Man and Biosphere






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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle