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Syrie: d'une révolte populaire à  un conflit armé

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par Sophia El Horri
Université Paris VIII - Master 2 Géopolitique 2012
  

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III. De la révolte populaire au conflit armé

Lors d'une conférence en mai 2011, le militant syrien des droits de l'homme Ahmad Abbas témoigna de son expérience d'opposant en Syrie et de son vécu dans les geôles syriennes. L'ancien prisonnier politique était militant communiste et fut incarcéré pendant 15 ans. Le plus intéressant sans doute était son analyse du pouvoir : selon lui, « ce n'est pas un Etat, mais un pouvoir (soulta) ». L'appareil public a été l'instrument de l'oligarchie dans son développement, son enrichissement et son maintien, bien généralement contre l'intérêt de l'Etat et de sa bonne santé.

L'édifice construit par le système Assad à partir du 16 novembre 1970, date d'accession au pouvoir de Hafez El Assad, combinait légalité et état d'exception. Le président cumule tous les pouvoirs et occupe une place centrale. La syrie du Baath devient la Syrie d'al Assad : l'armée et le parti deviennent des instruments du pouvoir, les institutions deviennent des réseaux clientélistes dans lesquelles « la loyauté s'échange contre des biens matériels89 ». La communauté alaouite devient à la fois la réserve loyaliste du régime et le cheval de bataille du système al Assad pour une meilleure promotion territoriale. Je voudrais, à travers cette troisième partie, montrer les limites de la théorie selon laquelle le conflit syrien montre les prémisses d'une guerre civile confessionnelle, une sorte de libanisation en progression. Les clivages confessionnels existent bel et bien et nul n'appréhenderait justement le conflit syrien s'il n'empruntait pas les mêmes grilles de lecture que les syriens. Cependant, le discours du régime tend à instrumentaliser cet équilibre fragile ; il utilise cette diversité communautaire dans certaines villes où, en armant la population, il fait croire à la menace d'affrontements confessionnels pour justifier la répression.

Plus le conflit s'embourbe, et plus la menace d'une radicalisation du conflit se fait sentir. Les attentats se multiplient comme dans les années 1980, et le régime martèle par ses discours et ses médias officiels la présence de nombreux terroristes en Syrie dont l'objectif serait de déstabiliser le pays. Vu l'expérience de guerre civile inter confessionnelle au Liban, et le caractère multi confessionnel de la Syrie, il est légitime de se poser la question de la dérive salafiste et radicale de ce conflit, d'autant plus que la chute du président Assad ne signifierait pas forcément la réconciliation nationale en Syrie, mais plutôt l'ère de nouveaux rapports de force.

89 Carole Donati, L'exception syrienne, éditions La découverte, p.66.

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Après quelques semaines de révolte et de répression, dès l'été 2011, beaucoup de manifestants pacifiques ont été arrêtés, abandonnant la rue aux éléments les plus radicaux. La population observe alors l'apparition de manifestants armés qui bénéficient de soutiens étrangers, en même temps que commençaient les désertions militaire. Ces « nouveaux » manifestants sont difficilement identifiables : ce qui n'aide pas à gérer le risque engendré par leur apparition.

En outre, de nombreux rapports d'observation font de plus en plus état de la violence commise tant par le régime que par les soldats rebelles. Sur la page Facebook de l'Armée Syrienne Libre90, les vidéos et commentaires qui circulent utilisent un vocabulaire très guerrier. Cette armée semble avoir gagné en organisation, en nombre et en moyens au fil du conflit. Les affrontements avec les forces régulières sont appelées « batailles » (ma`ârik) et à chaque fois qu'un membre de cette armée prend la parole sur une vidéo, il présente immédiatement son grade dans la structure. De plus, la violence et l'acharnement contre les soldats du régime est glorifiée. Ce qu'on en retire c'est que l'Armée Syrienne Libre a gagné en moyens et en coordination ; formée presque entièrement pas des soldats sunnites et le commandant Asaad, elle a été un des principaux sursauts de la révolte. Les haut gradés de l'Armée Syrienne Libre sont presque exclusivement des commandants sunnites qui sont probablement à l'initiative d'une armée qui leur soit plus avantageuse et moins accaparée par les alaouites. Les tractations, négociations et relations qu'ils entretiennent avec le Conseil National Syrien via le Conseil militaire dénotent cela et symbolisent la volonté de l'Armée Syrienne Libre de se créer ses propres initiatives historiques contre la « alaouisation » de l'armée par Hafez El Assad.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault