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L'analyse de filière, un outil de développement pour les ONG dans le sud.

( Télécharger le fichier original )
par Benjamin JOUTEL
Université Pierre Mendès France - Master Ingénierie du Développement Territorial 2011
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE PIERRE MENDES France
(GRENOBLE II Sciences Sociales)

UFR « ECONOMIE, STRATEGIES, ENTREPRISE »

MASTER SCIENCES DU TERRITOIRE
Spécialité : « Ingénierie du Développement Territorial »
(IDT)
Parcours : Conduite de Projet de Développement Territorial »
(Economie et Sud) (CPDT)

L'analyse de filière, un outil de

développement pour les ONG dans le Sud.

Le Cas Du Karité Malien

JOUTEL BENJAMIN SEPT 2011

Enseignants encadrants : V. PLAUCHU et J- C. SIMON

AVERTISSEMENT

L'Université Pierre Mendès France de Grenoble n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les mémoires des candidats au Master ; ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur.

Le mémoire est un essai d'application des méthodes et outils acquis au cours de la formation. Il ne saurait donc être considéré comme un travail achevé auquel l'Université conférerait un label de qualité qui l'engagerait.

Ce travail est considéré a priori comme un document confidentiel qui ne saurait être diffusé

qu'avec le double accord de son signataire et de l'entreprise concernée.

3

REMERCIEMENTS

Je tiens d'abord à remercier les femmes de l'union YIRIWASSO à Sanankoroba au Mali, sans qui ce travail n'aurait été possible. Ces femmes dont les rudes tâches quotidiennes n'ont pas démotivées l'enthousiasme à travailler et participer à l'étude karité commanditée par SOS SAHEL INTERNATIONAL France.

Je tiens aussi à remercier cette équipe de SOS SAHEL qui par le biais de son délégué général, Rémi HEMERYCK ainsi que de mon maître de stage, Yohann FARE et ma binôme, Aminata NIANG, m'ont permis de pratiquer sur le terrain les enseignements acquis tout au long de cette année de master 2 dans un contexte de travail enthousiaste et agréable.

Toutes ces compétences mises en pratiques n'auraient pu l'être sans la détermination des professeurs et du personnel encadrant du master 2 CPDT. Je tiens donc à remercier tout particulièrement Messieurs Jean LAPEZE et Vincent PLAUCHU pour le choix des enseignements et pour cet encadrement au cours de l'année.

Monsieur PLAUCHU qui a aussi contribué à ce mémoire avec Monsieur Jean-Christophe SIMON en apportant leur soutien au jeune stagiaire que je suis.

Et enfin, je tiens à remercier ma famille pour leur soutien quand j'étais à l'étranger et pour l'intérêt porté à ce stage ainsi que leur disponibilité permanente !

4

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE 7

I - CADRAGE THEORIQUE SUR LES FILIERES 11

Chapitre 1 : Le concept de filière 11

Chapitre 2 : Méthodologie d'étude des filières 17

Chapitre 3 : La dialectique global VS local 20

Chapitre 4 : La concertation et la participation au coeur de l'étude de filière 22

Chapitre 5 : La qualité, indispensable processus pour le développement des filières 25

II - LES LOGIQUES D'ACTION DES ONG 31

Chapitre 6 : L'approche filière, une nécessité ? 31

Chapitre 7 : La logique entrepreneuriale 34

Chapitre 8 : La mise en place d'une stratégie de développement via l'analyse de filière 35

III - Le cas du karité au Mali 40

Chapitre 9 : Offre et demande mondiale en karité 41

a. La noix de karité 41

b. L'amande de karité 44

c. Le beurre karité 45

d. Les secteurs de la filière karité 47

Chapitre 10 : Le Mali dans la filière karité 48

a. L'offre 48

b. La demande 50

c. Le circuit commercial 51

Chapitre 11 : Les acteurs de la filière karité depuis le Mali 54

a. Niveau international 54

b. Niveau sous régionale (Sénégal) 54

c. Niveau local 54

d. Programmes d'appuis 56

e. Les résultats de l'étude 57

Chapitre 12 : La stratégie projet à mettre en avant 62

a.

5

Au niveau organisationnel 62

b. Au plan technique 63

Chapitre 13 : L'approche programme, le cas du karité. 65

CONCLUSION GENERALE 75

ANNEXES 77

Annexe 1 : Les vertus du karité 77

Annexe 2 : Liste non exhaustive des sociétés intéressées par le karité 79

Annexe 3 : Analyse de l'offre internationale 82

Annexe 4 : Prix des produits à base de karité recensés sur le marché international 83

Annexe 5 : Arbres à problème et à solution 84

Annexe 6 : Les résultats attendus et les activités prévues par volet 91

BIBLIOGRAPHIE 97

TABLE DES FIGURES

Figure 1 : Carte du Mali 7

Figure 2 : Situation initiale de la filière karité au Mali 9

Figure 3 : Structuration de la filière au niveau de l'union après intervention de SOS SAHEL 9

Figure 4 : Filière carotte au Sénégal et filière coton en Ouzbékiztan. 13

Figure 5 : Graphe de la filière lait au Maroc 15

Figure 6 : Flux d'exportations de coton dans le monde. 15

Figure 7 : Aire biologique du Vitellaria paradoxa. 40

Figure 8 : Le fruit de karité avec sa pulpe 40

Figure 9 : L'amande de karité avec sa coque de noix 40

Figure 10 : Le circuit commercial du karité au Mali 51

Figure 11 : Le circuit commercial du karité au Mali incluant les coopératives 52

Figure 12 : Chronogramme de commercialisation par zone géographique 61

Figure 13 : Organigramme indicatif 62

Figure 14 : Concept d'un programme karité 66

Figure 15 : Montage mis en avant dans la logique de programme karité 71

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TABLEAUX

Tableau 1 : Méthode d'analyse de filières. 19

Tableau 2 : Caractéristiques de l'arbre à karité 40

Tableau 3 : Les 7 plus gros producteurs de noix de Karité 41

Tableau 4 : Evolution en tonnes des exportations entre 1998-2008 42

Tableau 5 : Importations de noix 2008 43

Tableau 6 : Techniques de production des amandes de karité 44

Tableau 7 : Normes et critères de qualité des amandes de karité 45

Tableau 8 : Technologie de production des organisations de productrices 46

Tableau 9 : L'offre de karité en provenance du Mali 48

Tableau 10 : Production et exportations de karité 49

Tableau 11 : Offre potentielle au Mali 49

Tableau 12 : Les programmes d'appui dans le secteur du Karité 56

Tableau 13 : Matrice SWOT des coopératives 57

Tableau 14 : Matrice SWOT du marché international 58

Tableau 15 : Cadre logique simplifié 64

GRAPHIQUES

Graphique 1 : Part représentative de chaque pays dans la production mondiale de noix de karité

en 2008 en volume 41

Graphique 2 : évolution de la production mondiale de noix de Karité entre 1998 et 2008 41

Graphique 3 et 4 : Evolution du total des exportations et évolution de la production mondiale de

noix de karité 43

Graphique 5 : Répartition de la production de beurre de karité par pays producteur en 2002 46

Graphique 6 : Production mondiale de beurre de karité sur la période 1961-2002 46

Graphique 7 : Exportations de noix et de beurre de karité 47

Graphique 8 : Utilisation des produits de karité au Mali 50

Graphique 9 : Fréquence d'utilisation au Mali 50

 

Région de Koulikoro

Bamako

Cercle de Kati

 
 
 
 

7

INTRODUCTION GENERALE

Suite au « soulèvement populaire du 26 mars 1991 » en réponse à la crise entre le sud Mali, plus riche et d'avantage considéré par le gouvernement et le nord Mali, désertique et pauvre, une nouvelle constitution a été mise en place le 25 février 1992 (D. TRAORE, 2007). Grâce à cette nouvelle constitution un processus de décentralisation est entamé au Mali, ce qui a permis de donner plus d'autonomie aux régions. Ce processus de décentralisation a donné lieu à un nouveau découpage administratif. C'est de cette nouvelle logique administrative qu'est né le cercle de Kati dans la région de Koulikoro.

Figure 1 : Carte du Mali (source : United Nations cartographic section)

Le cercle de Kati a pour chef-lieu Kati, une ville qui est située à environ quarante kilomètres de Bamako, la capitale. « Autrefois très lié à la filière du coton et à celle de l'arachide, son développement a connu les mêmes perturbations que les marchés ont traversés. Les familles paysannes ont été entraînées dans un cycle de décapitalisation, avec parfois au bout de la dynamique une faillite totale » (SOS SAHEL, 2006). L'alternative principale trouvée par

les ruraux pour pallier à cette crise fut la coupe et la vente de bois de chauffe afin d'alimenter les besoins en bois des foyers de Bamako, toujours plus nombreux en conséquence d'un exode rural massif. Cette coupe massive de bois favorise grandement la dégradation des terres et le risque de désertification. Dans ce cadre SOS SAHEL International France est intervenue pour répondre à un double problème : « Comment améliorer durablement les conditions de vie des populations, dans le strict respect de l'environnement ? En d'autres termes : comment développer les filières agricoles productives, pourvoyeuses d'emploi rentables et respectueuses du milieu naturel » (SOS SAHEL, 2006).

L'intervention de SOS SAHEL International France s'est traduite par la mise en place d'un projet « Appui aux activités économiques alternatives à la coupe de bois sur trois communes du cercle de Kati 1» qui s'est déroulé entre 2006 et 2009 avec entre autre l'appui au développement d'une faitière paysanne, la BEN BA. Dans le programme du BEN BA, il y avait aussi la promotion de la filière karité.

Le karité est un arbre soudano sahélien, il est présent dans seize pays, du Sénégal et de la Guinée jusqu'en Ethiopie. Cette ressource très localisée et appartenant strictement à cette région du continent africain est considérée comme de « l'or blanc » pour les femmes qui utilisent les amandes issues du fruit pour produire un beurre de karité. L'amande de karité très riche en matière grasse est travaillée pour produire un beurre qui est utilisé comme cosmétique. Il est très hydratant pour la peau et les cheveux, mais aussi il peut être utilisé comme graisse végétale en cuisine, comme produit de santé (vertus antiseptiques...) et comme substitut du beurre de cacao dans la fabrication du chocolat. Une des grandes particularités du karité réside dans le fait que la production de beurre et l'exploitation de la ressource sont traditionnellement opérées par les femmes.

Trois coopératives productrices de beurre de karité ont donc été constituées et regroupées autour d'une union : l'union YIRIWASSO à Sanankoroba. Les trois coopératives concernées sont à Sanankoroba, Dialakoroba et Bougoula. Elles furent équipées et des formations ont été données pour passer d'une production de beurre traditionnelle à un beurre amélioré. Dès lors, la structuration de la filière karité a changé pour l'Union de YIRIWASSO. Nous sommes passés d'une structure de filière avec un nombre important d'intermédiaires à un circuit court qui permet de valoriser directement les savoir-faire des femmes productrices et de gagner une marge plus importante sur la vente des produits favorisant ainsi l'amélioration de leurs conditions de vie.

8

1 Projet financé par l'union européenne, référence : « ONG-PVD/2005/113-176 »

9

Figure 2 : Situation initiale de la filière karité au Mali (MATTE & TRAORE, 2002)

Figure 3 : Structuration de la filière au niveau de l'union après intervention de SOS SAHEL (SOS SAHEL, 2006)

Malgré la réussite globale du projet, certains points ont attiré l'attention de SOS SAHEL. L'évaluation finale a permis de mettre en avant l'abandon de la coupe de bois au profit d'autres activités génératrices de revenu, cependant des problèmes de commercialisation et d'atteinte des marché en général touchent l'union YIRIWASSO, ce qui est très préjudiciable aux objectifs fixés à long terme dans le projet Kati. C'est dans ce cadre que l' « Etude filière karité au Mali » a été mise en place. Les acteurs de cette étude furent l'équipe de terrain au Mali, un stagiaire au Mali et un stagiaire en France avec des déplacements ponctuels en Afrique de l'Ouest. En tant que « stagiaire France », mes missions étaient l'étude du marché du karité en Europe, l'étude du marché dans les sous-régions et plus particulièrement au Sénégal, l'analyse de la filière et la mise en place d'une stratégie pour un futur projet de développement.

Ce stage intervient dans une logique de filière, le premier projet Kati a été mis en place avec les outils communément développées par les ONG mais n'a pas été l'objet d'une réelle analyse de filière. Dès le début, nous nous sommes donc penchés sur cette question de l'analyse ex ante des

10

filières et de son intérêt pour les ONG dans le cadre de projets agricoles au Sud puis nous avons développé la réflexion sur la mise en oeuvre de projets dans cette logique de filière2.

En d'autres termes, quel est l'Intérêt de l'analyse des filières comme outil pour le développement de projets dans le Sud par les ONG ?

Afin de pouvoir répondre à cette question, nous commencerons par une partie théorique sur les filières. Cette partie nous permettra d'avoir une définition des filières, de connaître la méthodologie d'étude à mettre en avant et les différents éléments essentiels à prendre en compte dans leur analyse. Une deuxième partie permettra de mettre en avant les logiques d'actions que peuvent avoir les ONG suite à l'analyse de ces filières et enfin une troisième partie nous permettra de mettre en avant l'intérêt de l'analyse de filière dans les projets ou programmes développés au Sud par les ONG à travers le cas du karité au Mali.

L'union de coopératives soutenue par SOS SAHEL présente quelques problèmes liés à son insertion dans le marché. Outre des problèmes d'organisation, de gestion et de gouvernance inhérents à l'union, nous nous sommes rendus compte que le problème venait aussi de la filière karité au Mali dans son ensemble, nous faisons donc face à des problèmes aussi bien internes, qu'externes. Ces problèmes de filière ne sont pas l'apanage seul du karité, nous les retrouvons dans d'autres secteurs comme la filière mangue, la filière boeuf au Burkina-Faso... Afin de répondre à la question que nous nous posons, un cadrage théorique s'impose.

2 L'IRAM nous apporte quelques éléments sur les enjeux des filières dans le développement agricole. http://www.iram-fr.org/politiques-filieres.php

11

I - CADRAGE THEORIQUE SUR LES FILIERES

Qu'est-ce qu'une filière, a-t-on des exemples ? Quelle méthodologie d'étude et d'analyse ? Quels sujets à mettre en avant dans l'analyse ? Pourquoi... C'est à toutes ces questions que nous allons essayer de répondre dans la partie qui suit.

Chapitre 1 : Le concept de filière

La filière c'est en premier lieu un concept qui a été mis à jour par GOLDBERG et DAVIS en 1957. D'après leur concept, « la filière permettait de décrire les différentes opérations nécessaires pour passer d'une matière première à un produit fini » (FONTAN, 2006). V. PLAUCHU apporte quelques précisions quant à cette première définition : « La filière est l'ensemble constitué par la succession de plusieurs stades de fabrication d'un produit reliés par des flux d'échange. Ces flux peuvent être des échanges marchands de fournisseurs à client ou, en cas d'intégration verticale, des cessions internes de produits. »

Mais cette définition a connu certaines évolutions selon MORVAN (1991) qui a expliqué que le concept a été enrichi avec le temps par différents auteurs sur le rôle des technologies, le phénomène d'intégration, l'analyse des tableaux entrées sorties et surtout sur l'analyse de la stratégie des firmes et des groupes.

Avec le temps, la filière a connu des applications à des champs diverses (C. FONTAN, 2006). L'approche technique qui est privilégiée par les ingénieurs, est basée sur la première définition du concept. On retrouve aussi l'approche financière qui favorise l'ensemble des relations économiques et comptables dans le processus de production. Cette dernière approche est d'ordre micro économique et/ou macroéconomique. A ces deux approches, nous préfèrerons l'approche socio-économique qui considère que pour toute filière nécessitant l'intervention d'un certain nombre d'opérateurs, il faut tenir compte des relations entre ces derniers, ainsi que des stratégies et logiques de comportement qui leurs sont propres. C'est donc le mode de coordination qui est à mettre en « exergue » dans cette approche.

Toutefois, même si nous favorisons l'approche socio-économique, il est essentiel de considérer les trois approches, car à différents niveaux, elles forment un système qui peut aussi être décomposé en sous-filières (C. FONTAN). « L'analyse de filières peut être expliquée surtout à partir de deux sources dans la théorie économique : l'économie industrielle et l'économie institutionnelle. *...] En se basant sur une analyse systémique et sur la méso-économie, l'économie industrielle vient répondre aux insuffisances des approches micro et macro-économiques. *...] Au niveau méso économique, on pourra dépasser ces deux mesures en analysant les différentes activités de la filière, les actions des entreprises mais aussi les interactions existant entre elles. » (C. FONTAN, 2006)

J.P ANGELIER (1997) définit la méso analyse comme « une théorie qui vise à comprendre le fonctionnement d'un ensemble de firmes en concurrence. Il s'agit d'un niveau intermédiaire entre la micro et la macro économie. »

12

Avec l'approche socio-économique nous devons favoriser la théorie de l'économie institutionnelle qui « considère que les agents ne sont pas seulement liés aux choix individuels mais qu'ils sont influencés par des mécanismes collectifs. On passe ici à un point de vue holiste alors que la théorie néo-classique privilégie l'individualisme méthodologique ». Dans le cadre de pays du Sud, l'analyse holiste apparaît souvent comme préférable car l'analyse des filières dans le Sud est souvent liée au monde agricole et rural. Dans ces milieux ruraux, ce sont toujours des modes d'organisation traditionnelle basées sur le groupe qui prédominent. Il est donc important de considérer le groupe comme déterminant des choix individuels si l'on veut analyser et avoir un impact quelconque sur ces filières.

Dans la deuxième moitié des années soixante-dix, le concept de filière agricole est vraiment apparu. FRAVAL (2000) dira qu'une « filière agricole est centrée sur un produit agricole de base et sur tout ou partie de ses transformations successives. En analyse économique, une filière peut être considérée comme un mode de découpage du système productif, privilégiant certaines relations d'interdépendance. Elle permet de repérer des relations de linéarité, de complémentarité et de cheminement entre les différents stades de production. »3 Avec cette description de la filière agricole on sort du cadre traditionnel qui considère qu'une filière est verticale et linéaire. Cette dernière citation est donc très importante dans la distinction à faire entre filière au sens général et filière agricole.

Il faut donc plutôt considérer la filière comme l'expression des interdépendances entre des acteurs qui travaillent à la transformation d'un produit brut en un produit fini. Nous sommes donc autant dans un système économique, financier, productif que social. Toutefois, malgré les nombreuses définitions de la filière parcourues, aucune d'entre elles n'ont intégrées la notion environnementale directement dans la notion de filière. Il paraît étonnant qu'à notre période où tout le monde semble se préoccuper de développement durable, la notion environnementale n'est pas été directement incluse dans la notion de filière comme l'expression d'une chaine trophique à l'intérieur de la filière si elle est liée à la production animale ou au cycle du carbone dans le cadre d'une activité qui génère ou bien séquestre du CO2...

Le concept de filière renvoi donc à une interdépendance entre des acteurs qui travaillent à la transformation d'un produit brut en un produit fini, ces interdépendances se manifestent autant sur le plan financier, économique, productif, social qu'environnemental :

- Financier : les filières ont un rayonnement mondial tel que leur mode d'administration peut

directement être lié à la finance, comme il en est le cas avec la bourse des céréales de Chicago.

- Economique : dans une filière il y a échange, ces échanges représentent des flux réglementés, répondant à un cadre légal particulier, ils s'insèrent dans une logique de marché.

- Productif : dû à la transformation de produit brut en produit fini incombant à la filière.

3 Citation de FRAVAL (2000), dans « « L'outil » Filière agricole pour le développement rural », C. FONTAN (2006)

13

- Social : selon les niveaux de la filière, les acteurs ne sont pas les mêmes, ils ne répondent pas aux même logiques, ne sont pas au même niveau social, n'ont pas le même système d'analyse...

- Environnemental : toute action de transformation ou de production se basant sur une ressource entraîne obligatoirement la création d'un éco système qui lui est propre. Par exemple, en développant la filière karité, on permet le développement d'un parc d'arbre qui offre un couvert forestier à d'autres végétaux comme des céréales, ce qui à moyen et long terme permet de lutter efficacement contre la dégradation des sols. On part donc d'un écosystème amorçant un processus désertification, qui grâce au développement de la filière évolue de manière significative.

Etant dans une logique de développement au profit des pays du Sud, nous axerons cette étude sur les filières agricoles. En effet, « l'économie rurale constitue la base de la croissance dans de nombreux pays en développement et le secteur agricole est le principal pourvoyeur de revenus et d'emplois » (C. FONTAN, 2006). Nous distinguons donc économie rurale et économie agricole. En travaillant sur des dynamiques agricoles nous favorisons la mise en place d'un cercle vertueux avec des impacts directs sur le milieu rural puis sur l'urbain.

Le FIDA (Fonds International de développement Agricole) estimait en 2001 qu'il existait dans le monde 1,2 milliard de personnes qui vivaient avec moins de un dollar par jour ; les trois quarts de ces pauvres travaillent et vivent en milieu rural. Les projections montrent que cette proportion devrait rester supérieure à 60% en 2025. Cette pauvreté rurale atteint entre 65 et 90 % dans les pays d'Afrique Subsaharienne.4

Figure 4 : A gauche, filière carotte au Sénégal, (c)SOS SAHEL.

A droite, récolte du coton en Ouzbékistan, (c) Association droits de l'homme en Asie Centrale.

4 Données recueillies dans le texte de C. FONTAN, 2006

Afin de faciliter la compréhension des filières nous allons mettre en avant quelques exemples.

La filière coton est l'exemple parfait pour montrer la portée que peut avoir une filière. En effet des pays producteurs sont aux quatre coins du monde, les enjeux de chaque pays producteurs sont énormes, aussi bien au Mali, au Burkina-Faso qu'aux Etats-Unis en passant par l'Ouzbékistan. Le coton est transformé en France, au Brésil ou encore en Chine.

Francis KOLOGO, anciennement Chef de la région cotonnière de Dedougou au Burkina Faso (Entreprise SOFITEX), nous explique que les subventions versées aux Etats Unis et en Occident en général biaisent le jeu de la libre concurrence. Pour lui il ne faut donc pas s'étonner que des populations soient prêtes à franchir des murs de « dix mètres de haut »5pour aller vivre en Europe. Nous pouvons aussi citer l'Ouzbékistan où tout le monde arrête son labeur quotidien pour travailler à la récolte du coton régi par l'Etat. Ou comment dans ce pays, on a réussi à faire disparaître une mer en voulant irriguer des champs de coton... Le coton est l'expression même de la vision macroéconomique qui se cache derrière le concept de filière de par ses impact, même si il ne faut pas négliger les aspects micro et méso économiques.

Avec un autre regard nous pouvons aborder le sujet de la filière lait au Maroc. Le Royaume a su à sa manière et dans certaines limites restructurer cette filière pour ne plus avoir à importer et afin que les marocains consomment plus de lait dans un souci de nutrition. Pour connaître actuellement ces impacts positifs, c'est aussi au niveau micro économique et méso économique que les autorités en charge de la réorganisation du développement ont dûes intervenir. A travers ces deux exemples, nous avons bien l'expression du système que représente le concept de filière car il intervient à trois niveaux d'analyses et sur plusieurs logiques que ce soit socio-économique, financière ou technique.

14

5 Documentaire: Let's Make Money d'Erwin WAGENHOFER. M. Francis KOLOGO est actuellement coordinateur des projets chez SOS SAHEL.

15

Figure 5 : Graphe de la filière lait au Maroc. Source : MEKKAOUI, 1996

Figure 6 : Flux d'exportations de coton dans le monde. Source : Base de données Comtrade, Nations Unies (2006)

16

Ayant illustré de quelques exemples la notion de filière, il est important de savoir ce qu'apporte son analyse. V. PLAUCHU dans « Filière de production et développement territorial : concept, utilité, méthode d'étude» détermine deux niveaux d'intérêts. Le premier niveau est d'ordre général et le deuxième est lié aux aspects de développement territorial.

Au niveau général, une analyse de filière permet :

· « d'identifier le ou les maillon(s) faible(s) ou les chaînons manquants dans la chaîne des activités qui vont de l'amont à l'aval ;

· D'orienter des politiques sectorielles nationales en mettant en évidence les potentialités et les blocages d'une filière ;

· D'éclairer les acteurs de la filière sur les enjeux, les positions de force, les effets de domination, les effets d'entraînement, « l'équité, le partage équilibré de la valeur ajoutée, » afin de leur permettre d'élaborer leurs stratégies, d'améliorer leurs positions, de nouer des coopérations

Au niveau territorial, l'analyse de filière permet :

· d'orienter des politiques sectorielles régionales en mettant en évidence les potentialités et les blocages d'une filière, et en envisageant notamment des politiques de descente de filière ou de remontée de filière

· de permettre une meilleur valorisation d'une ressource locale et en identifiant les chaînons manquant ou les goulets d'étranglement en amont et en aval dans la filière qui conditionnent la bonne valorisation de la ressource locale

· de mettre au jour des dépendances et des potentialités et d'identifier les effets de synergie potentiels dans l'élaboration d'un projet de développement territorial, et en particulier d'identifier les points d'action locale susceptible de renforcer les acteurs locaux par des mesures d'accompagnement, de facilitation, de mise en réseau,...

· d'éclairer les acteurs locaux de la filière sur les enjeux, les positions de force, les effets de domination, les effets d'entraînement et afin de leur permettre d'élaborer leurs stratégies, d'améliorer leurs positions, de nouer des coopérations, et en particulier de les éclairer sur les stratégies à même de leur permettre de conserver ou de s'approprier une plus grande part de la valeur ajoutée dans le produit final. »

Pour comprendre une filière et donc savoir comment elle doit être structurée, quelles sont les différents éléments à apporter, quels sont ceux à améliorer ? Elle doit être analysée. De ce diagnostic, nous pourrons connaître : quelles sont les prescriptions à apporter, afin d'assurer un bon développement.

« Ce qui se pense bien s'énonce clairement. Et les mots pour le dire arrivent aisément. » Comme le disait BOILEAU, il est essentiel d'avoir une certaine rigueur, notamment dans l'analyse des filières. C'est pour cela que nous mettons en avant une méthodologie d'analyse.

17

Chapitre 2 : Méthodologie d'étude des filières

PLAUCHU et FONTAN s'accordent pour dire que la première chose à faire est de délimiter le champ de l'étude. Une filière amène à la production de produits, mais aussi de sous-produits, ces sous-produits constituent donc des sous filières. Il est donc très important de délimiter le champ de l'étude pour ne pas se perdre dans les différents produits à la base de la filière (coton, laine, lin...) comme pour la filière textile ou en aval de la filière comme il en est le cas dans la filière karité (beurre de karité, crèmes cosmétiques à base de karité, chocolat...).

Pour la suite de la méthodologie nous nous basons sur celle proposée pas V. PLAUCHU dans sa note méthodologique.

« La deuxième chose à faire consiste en un exercice de veille documentaire important afin d'obtenir le plus de données pertinentes possibles sur la filière. Il faut se renseigner au niveau des publications mais aussi au niveau des interprofessions, des fédérations, des organismes délivrant des statistiques...

La troisième étape est une description et une analyse.

a. Décrire

Avant d'analyser, il faut d'abord observer et identifier :

? Les technologies utilisées et leur enchaînement dans le ou les processus qui

constituent la filière ;

? Les agents qui interviennent à un titre ou un autre dans la filière ;

o Producteurs de la matière première

o Collecteurs, négociants, courtiers

o Premiers transformateurs

o Producteur du produit

o Distributeurs

A côté des entreprises, il ne faut pas oublier les autres organismes intervenant à un stade ou un autre de la filière :

o Institut de recherche

o Institut de formation

o Syndicat patronal

o Syndicat de salariés

o Organisme de financement

o Organisme de contrôle

? Les normes et réglementations régissant les rapports inter agents dans ce secteur, qu'elles concernent le producteur, le négociant ou le consommateur, et qu'elles portent sur les produits ou la sécurité ou les conditions de travail

? Les quantités produites et les flux circulant de l'amont à l'aval de la filière (ce qui est produit, où, quand, comment) et les marchés débouchés à chaque stade. A ce niveau il est important d'identifier les flux d'importation et d'exportation à chaque stade, et de calculer les taux de croissance moyen afin d'identifier les étapes dynamiques

? Les stratégies des acteurs : Etat, entreprises, professions ou interprofession...

18

b. Analyser

Une fois que tous ces éléments ont été repérés, identifiés et étudiés, il faut passer à

l'analyse. L'analyse de la filière a pour but de mettre en évidence non seulement des forces

et des faiblesses, mais aussi et surtout :

? des dynamiques et des blocages

? des rapports de domination, d'exploitation, et de dépendance

? des marges de manoeuvre éventuelles

? des synergies potentielles

A ce niveau, il ne faut pas passer à côté des rapports de force, ni des dynamiques d'entraînements. Il faut aussi identifier les cohérences et incohérences, les goulets d'étranglements éventuels, et finalement les menaces et opportunités tant pour la filière dans son ensemble que pour tel stade ou tel agent.

Le quatrième point consiste en une synthèse et un rapport tout en ne perdant pas de vue que cette étude doit servir à éclairer les choix stratégiques du commanditaire» (PLAUCHU, 2007).

19

C. FONTAN (2006) propose une autre méthodologie qu'elle a pu synthétiser sous forme d'un tableau :

Opérations

Objectifs

1- Délimitation de la filière

· Identification des différentes activités et des flux existants entre elles (flux physiques mais aussi géographiques)

· Prise en compte des opérateurs

· Construction possible du graphe de la filière qui met en évidence la chaîne d'intermédiaires et les lieux de transaction entre production et consommation.

2- Niveau technique

· Repérer les choix techniques utilisés à chaque étape
(Production irriguée ou pluviale, transformation manuelle ou industrielle...)

· Analyse qualitative et quantitative des techniques
privilégiées

· Analyse des contraintes et des goulots d'étranglement

3- Niveau institutionnel

· Typologie des acteurs : Identification des opérateurs directs
et indirects de la filière, description de leurs activités, de leurs stratégies

· Compréhension des relations entre opérateurs et des règles
qui régissent ces relations par des enquêtes effectuées auprès d'un échantillon d'acteurs

4- Niveau économique

· Analyse des performances de la filière à chaque étape (en
considérant le prix de cession à chaque stade, la répartition de la valeur ajoutée au cours des différentes opérations...) et au

niveau global (valeur ajoutée de la filière, impacts
macroéconomiques...)

 

Tableau 1 : Méthode d'analyse de filières. Source : FONTAN (2006)

Nous préfèrerons la première méthodologie mise en avant car elle est plus facile d'appréhension, toutefois la deuxième méthodologie apporte une certaine complémentarité.

Nous positionnant dans une logique de développement économique en milieu rural, nous ne pouvons mettre en avant une méthodologie spécifique d'analyse des filières, sans pour autant développer certains points sur lesquels il est essentiel de porter une attention particulière quand on vise le développement des populations vivant dans le Sud. Afin de connaître le mode opératoire à tenir dans l'analyse et dans la logique de l'étude de filière, il est très important de comprendre et d'appréhender des logiques locales et des logiques globales.

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Chapitre 3 : La dialectique global VS local

On croît trop souvent que le local et le global sont antinomiques alors que paradoxalement avec tous les processus de mondialisation que nous avons connus et que nous connaissons encore, les régions et le local en général prennent une place de plus en plus importante. Cette régionalisation, ce développement du local peut s'expliquer par plusieurs facteurs comme le désengagement des états au profit du privé... On préfèrera alors le terme de « glocalisation », alliance du global et du local.

Dans la logique de l'étude des filières nous expliquions précédemment que pour impacter directement le développement dans le Sud, il est préférable de travailler sur les dynamiques économiques en milieu rural (, population souvent à 70 % rurale) et donc plutôt d'analyser les filières agricoles (, toute politique de développement rurale ne peut passer que par le développement agricole sans toutefois écarter la nécessité d'avoir des équilibres sectoriels). Dans cette logique nous retrouvons la dialectique global VS global dans : Filière agricoles d'exportation, de rente VS filière agricoles vivrières.

Dans la théorie classique, il est considéré qu'il vaut mieux privilégier les cultures de rentes sur la base de l'avantage comparatif. La banque mondiale et le FMI ont tendance à soutenir cette position car pour eux, les cultures d'exportation amènent des effets d'entraînement qui ont des externalités positives sur les cultures vivrières. De ce fait les technologies apportées, et le niveau de formation nécessaire aux cultures de rentes impactent directement les cultures vivrières.

Au départ, "les cultures vivrières sont destinées à l'alimentation du groupe familial, que la famille soit élargie ou réduite au ménage". On parle souvent ici de secteur traditionnel fondé sur l'autosubsistance. Cependant, les filières vivrières, dès qu'elles engendrent un surplus, peuvent être commercialisées. Chaléard complète par ailleurs sa définition en parlant d'un " vivrier marchand " suite au développement des zones urbaines. Le développement des villes offre ainsi de nouvelles ambitions pour les filières vivrières. De manière générale, l'exportation désigne l'ensemble des biens et des services fournis par des résidents à des non-résidents, à titre onéreux ou gratuit. Les cultures d'exportation des produits agricoles sont donc uniquement destinées à la vente sur les marchés internationaux.

Encadré 1 : Définition des cultures vivrières et d'exportation, FONTAN (2006)

Nous pouvons poser les limites de cette logique qui est toujours ardemment soutenue par les grandes instances internationales que sont entre autre la banque mondiale et le FMI. En tant qu'agent de développement territorial, nous pouvons mettre en avant le fait que cette analyse se base exclusivement sur une logique macroéconomique ; elle ne considère pas le système que représente la filière (micro et méso économique).

Les effets d'entraînements mis en avant dans la théorie classique ne sont pas le reflet de la réalité. En effet, pour pouvoir faire de la culture de rente cela réclame un certain niveau de technicité qui n'est pas à portée de main pour les plus pauvres en milieu rural. Ces logiques ont donc tendance à

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favoriser les grands exploitants qui représentent des classes plus élevées. Il faut donc ici s'intéresser à la structure de production.

« Au Sud, depuis les années 1990 on a vu s'amplifier de nouvelles formes de crise agraire. Loin d'être le signe de l'archaïsme de l'agriculture, elles se sont manifestées dans un contexte de progrès spectaculaire de la productivité agricoles *...]. L'idéologie de la modernisation s'est toujours légitimée par la promesse d'incorporer de larges couches de la paysannerie dans les retombées d'un « modèle fermier » supposé pouvoir augmenter considérablement le revenu en région rurale, que ce soit à travers l'activité agricole ou la croissance de l'emploi salarié. Mais dans la réalité, la logique des « pôles performants » agricoles s'est accompagnée d'une élimination massive de la petite paysannerie depuis un quart de siècle ou au moins d'une marginalisation sur place »

Encadré 2: Territoires, développement et mondialisation, alternatives sud, 2008

Avec les cultures de rentes, nous avons une substitution des produits locaux par des produits d'importations moins chers. Ce qui entraîne un abandon des cultures locales.

La superficie demandée et la monoculture liée aux cultures d'exportation appauvrissent et polluent les sols, cette agriculture est aussi fortement émettrices de CO2. De plus, à cause de la superficie nécessaire on a tendance à arrêter les cultures vivrières au profit des cultures de rentes. Cette « agriculture extravertie », en concurrence avec des pays à plus forte productivité, nécessite une mise en oeuvre pour laquelle il faut, pour être compétitif, avoir une logique capitaliste (abandonner la logique paysanne). Dès lors, le but est de maximiser le rendement du capital, au prix de dégâts causés sur le sol, alors que le paysan a lui pour but de maximiser la sécurité alimentaire et la pérennité de son lieu de subsistance (la terre, le terroir, le pays).

Les grandes instances économiques et financières mettant en avant les cultures d'exportations oublient aussi que le grand mal des pays en développement réside dans l'exode rural et que ces cultures de rente entraînent un exode massif. De plus, dans le cas des pays en développement, les termes de l'échange ne leurs sont pas généralement favorables, nous nous trouvons donc assez rapidement dans une logique de Fordisme périphérique (, relations centre périphérie).

Si le positionnement sur les filières d'exportation est un formidable accélérateur d'acquisition de compétences pour les bénéficiaires, le bilan opportunités et contraintes penche souvent en faveur des marchés proches plutôt que des marchés d'exportation : les contraintes des marchés d'exportation sont en effet plus importantes que sur les marchés domestiques (exigence de qualité, connaissance des marchés et des acteurs, carence de services spécialisés...). *...] Cet enjeu concerne autant les marchés locaux que les marchés internationaux. Le ratio coût/avantage lié à la construction de toute pièce d'une filière d'exportation n'est donc pas forcément favorable ; le développement d'une économie extravertie aux mains de quelques acteurs dominants ou dépendant des aléas du marché international ne doit pas se faire aux dépens du développement local ; (...)face à la compétition des produits importés du Nord dans les pays du Sud et dans les espaces régionaux intégrés (UEMOA par exemple), les enjeux pour les petits acteurs sont de gagner des parts de marché dans leur propre espace économique, grâce à des politiques de soutien et de protection ad-hoc.

Encadré 3 : Filières domestiques ou filières d'exportation : Que choisir ?, LIAGRE et autres auteurs, 2005. Selon un rapport du PNUE (Programme des Nations Unies pour l'Environnement).

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L'ONU6, via une expertise menée en 2010, prône l'agro-écologie pour nourrir le monde. Nous ne sommes donc plus dans les schémas de révolutions vertes auxquels on a pu assister ces cinq dernières décennies.

Il ne faut pas toutefois arrêter les cultures de rentes, car les avantages mis en avant par le FMI7 et la Banque Mondiale peuvent s'avérer justes si l'on permet un équilibre entre cultures vivrières et cultures de rentes car le réel problème n'est pas tant la dialectique culture vivrière VS culture de rente que les modes de productions véhiculés par l'un ou par l'autre. Dans le cadre de projets de développement via des ONG, il est impératif de mettre l'accent sur les filières vivrières car les ONG n'ont pas les moyens à elles seules d'impacter les filières de rentes afin de les rendre plus équitables et structurées. Un dialogue peut s'installer, mais en tant qu'opérateur de projets, ce n'est pas à eux d'avoir les démarches de terrain sur les cultures de rentes si elles souhaitent le développement de populations dépendantes de telle ou telle filière. Elles peuvent toutefois agir comme médiateur, comme animateur afin de rassembler les différents membres de la filière afin d'aider l'instauration d'un dialogue.

Chapitre 4 : La concertation et la participation au coeur de l'étude de filière

En détaillant des méthodologies d'analyses des filières, nous avons remarqué que très souvent les données statistiques et documentaires étant insuffisantes, il fallait aller sur le terrain pour rencontrer les acteurs de la filière. En ayant cette démarche d'aller vers les autres, nous sommes dans une logique participative. Il faut se rappeler que nous travaillons pour le développement des populations locales et non pour nous-mêmes. Alors que serions-nous sans ces acteurs, quel travail serions-nous capable d'accomplir ? La réponse à ces questions est rapide ; sans la concertation et la participation dans l'analyse de filière, notre travail serait vain.

Quels sont les méthodes à mettre en avant, comment rendre notre étude participative ? Nous allons tenter de répondre à tous ces questionnements.

En allant sur le terrain nous avons à faire face à des populations démunies quand il s'agit des populations rurales paysannes. Ce sont ces populations que nous devons aider en premier lieu en tant qu'ONG, ce sont eux notre priorité d'action. Ces paysans sont souvent dans une détresse telle que les ONG apparaissent le plus souvent à leurs yeux comme une bénédiction capable de répondre à tous leurs besoins. Même si nous devons tenter de répondre à ces besoins et que nous souhaitons agir de manière participative, il est indispensable de prendre un certain recul. Car des problèmes souvent d'ordre matériels simples sont en fait des problèmes d'accès au marché, à l'investissement, à la santé... Autant de besoins fondamentaux sur lesquels les populations seront en demande de biens matériaux et non de dynamiques permettant à long termes de les sortir de la situation dans laquelle elles sont actuellement.

6 Organisation des Nations Unies

7 Fonds Monétaire Internationale

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Même si la participation est devenue la préoccupation principale des opérateurs de développement, il faut se méfier des logiques participatives et des outils à disposition. Comme le souligne J-P Olivier de SARDAN, « la conception selon laquelle il y aurait des besoins objectifs, communs à toute une population, que les représentant de celle-ci exprimeraient ou qui se dégageraient spontanément par effet de consensus lors de sortes d' « assemblées générales » villageoises, besoins qu'il suffirait donc de de « recueillir » ou d' « écouter », cette conception-là est erronée, et son caractère erroné peut être en bonne rigueur sociologique démontré. C'est en l'occurrence l'offre qui crée la « demande ». Les villageois interrogés par les experts, cadres et autres consultants venus enquêter sur le terrain expriment des besoins ou des demandes qui sont largement déterminées par ce qu'ils pensent que les dits experts, cadres ou consultants sont prêts à leur offrir. »

Même si ces logiques participatives, peuvent n'être que de la façade, elles représentent un « outil au service d'une action mieux appropriée aux réalités locales et aux besoins des populations directement concernées » (MATTEUDI, 2007).

« L'erreur serait de « donner la parole » aux paysans en leur demandant purement et simplement d'exprimer leurs problèmes et besoins prioritaires. On risquerait fort, en effet d'obtenir de simples demandes d'assistance étatique dans des domaines très importants (éducation, santé, habitat...) où il conviendrait surtout que les agriculteurs aient des revenus suffisants pour prendre leurs propres affaires en main. Afin d'éviter les écueils du paternalisme, la concertation avec les agriculteurs doit plutôt s'organiser à travers des débats contradictoires *...+. »

Encadré 4 : L'indispensable concertation, DUFUMIER

Les outils disponibles pour mettre en place une logique participative sont la MARP8, PPO9, Arbres à Problème et Solution... Nombreux sont les outils disponibles mais ces outils souvent imposés car correspondant au modèle dominant méritent d'être ajustés si l'on veut mettre en place un réel projet de développement de filière. Dans le cadre d'une logique participative, il faut être dans des logiques d'usages, des approches chemin faisant qui sont toujours aujourd'hui très difficiles à faire accepter par les bailleurs. Une solution peut résider dans la mise en place d'un pilote (projet pilote dans un programme, ferme pilote...) qui aurait cette logique participative dans son exactitude mais qui permettrait aussi à un bailleur d'accepter ces logiques chemin faisant tout en conservant une portée de développement à long terme. Toutefois l'utilisation d'une logique de pilote nécessite la mise en place de projets ou programmes d'envergure qui puissent justifier les dépenses

8 Méthode Active de Recherche Participative, http://www.fao.org/Participation/frenchwebsite/content/MARPfr.html lien de la FAO qui explique ce qu'est la MARP et comment la mettre en place.

9 Planification par objectifs, « Dans les années 80, la GTZ a élaboré et introduit la planification des projets par objectifs, un système de planification inspiré du "Logical Framework" (Cadre logique) provenant des États Unis. Les aspects essentiels en étaient les méthodes de communication (ateliers, animation, visualisation) et de planification (analyse des parties concernées, des problèmes et des objectifs, schéma de planification du projet) dans le cadre d'ateliers interdisciplinaires réunissant les représentants des parties prenantes » (BLAISE, 2004)

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occasionnées pour le ou les bailleurs avec ce pilote. Nous mettons donc cette démarche itérative en avant, mais avec quelques retenues.

Toujours dans une logique de concertation des acteurs et de participation, il est indispensable de mettre en avant les partenariats avec les institutionnels en place que ce soit au niveau gouvernemental pour promouvoir la filière, mettre en place des unités industrielles de transformation afin de dynamiser l'économie nationale et d'éviter que la création de valeur ajoutée qui arrive en aval de la filière se perde en dehors du pays au profit d'autres plus développées. Le gouvernement est aussi en mesure de promouvoir la filière sur le territoire national via une campagne de communication, la mise en place de concertations avec les différentes parties prenantes... Au niveau local, les instances décentralisées ont aussi une grande part à jouer. Dans la plupart des pays en développement, il n'y a pas encore eu de processus de décentralisation et plusieurs décennies de PAS10 ont laissées des séquelles. Avec les politiques de réduction de la dette nationale imposées par les grandes instances internationales que sont le FMI et la Banque Mondiale, la plupart des pays en développement ont commencé à privatiser les terres, favorisant les grandes exploitations agricoles destinées aux cultures de rentes au détriment des paysans et de la grande majorité des ruraux. De ce fait la pression sur le foncier a énormément augmenté. Même quand il y a décentralisation dans un pays en développement (ce qui est une bonne chose car les gouvernements centralisés sont très vites dépassés), il n'y a pas d'accompagnement dans ces processus de décentralisation et les autorités locales se confondent très vite avec les autorités traditionnelles sans qui aucune décision n'est prise. Nous retrouvons ce problème au Mali, à seulement quarante kilomètres de Bamako, la ville de Sanankoroba connaît actuellement des difficultés car les autorités locales n'étant pas assez accompagnées dans la gestion de la collectivité sont amenées à privatiser un certain nombre de terres, rendant ces terres collectives privées, un grand nombre de paysans n'ont plus accès aux ressources qui y sont présentes. Ces privatisations, en plus de bloquer le développement rural ont un impact sur l'environnement puisque des monocultures sont mises en place. Ces cultures appauvrissent les sols et leur exploitation dégage beaucoup de CO2. Il est donc primordial afin de limiter la pression sur le foncier d'accompagner les gouvernements et/ ou les collectivités locales dans la gestion des terres et donc du foncier. Les autorités locales ont aussi un rôle d'animateur afin de favoriser au sein de la filière les relations entre les différentes parties prenantes (producteurs, acheteurs, négociants, transformateurs). Nous pensons toujours à la logique verticale sous-jacente à la notion de filière mais avec l'accompagnement des collectivités dans la création d'organisations paysannes, de mutuelles... Une réelle mutualisation peut être faite au profit du développement de filières. De plus, des activités différentes sont nécessaires dans une filière, ou dans des sous filières. Si l'on prend l'exemple du karité sur lequel nous reviendrons plus largement, nous constatons que des productrices de beurre sont à même de fabriquer du savon ou des crèmes pour la peau. Ces cosmétiques nécessitent des intrants qui peuvent être produits localement et avoir un effet bénéfique sur le plan social, économique et environnemental. Dans le cadre de la sous filière cosmétique à base de karité se peut être l'apiculture. La création d'une activité apicole favorisera la pollinisation, donc le

10 Politiques d'Ajustement Structurels

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renouvellement d'un parc d'arbres vieillissants et permettra de fournir le miel nécessaire à la production de crèmes pour la peau engendrant la création d'une nouvelle activité génératrice de revenus sur le territoire. C'est donc les conditions de vie des locaux qui seront améliorées. Les collectivités peuvent donc faciliter les relations entre les acteurs aussi bien au niveau de la filière que par transversalité en participant à la création de nouvelles activités complémentaires.

On voit donc dans ce chapitre que la concertation et la participation sont indispensables dans l'analyse des filières, que ce soit dans une logique de promotion et de structuration des filières, aussi bien que dans une logique de concertation des acteurs pour le maintien et le développement des filières.

Comment donner un rayonnement global à des initiatives locales en termes de filières ? Comment mettre en avant le territoire de production dans un monde qui est vaste ? Autant de questions qui nous amènent à trouver des solutions pour que les acteurs les moins privilégiés de la filière (généralement en amont), puissent intégrer cette logique globale et bénéficier d'une amélioration des termes de l'échange. Nous pensons que cela passe par la qualité. Les processus qualité et la normalisation sont les seuls moyens d'intégrer un monde global.

Chapitre 5 : La qualité, indispensable processus pour le développement des filières

Nous avons introduit ce chapitre en évoquant l'indispensable besoin de qualité pour entrer dans une logique globale de manière durable et non sur une base dominant (Nord), dominé (Sud). Ce besoin de qualité peut être lié à une « logique analytique inversée ». Comme l'explique G. HENAULT (2008), dans une logique de développement l'analyse de filière est obligatoire et est devenue courante par les opérateurs de développement mais il réside souvent des problèmes d'accessibilité au marché. L'auteur nous explique que c'est un problème de mercatique. Quand on analyse une filière on a toujours une logique d'amont en aval, or dans un monde ou l'offre est supérieure à la demande, nous ne retrouvons plus cette logique ou il suffisait de mettre en avant les caractéristiques d'un produit pour le vendre. Il faut donc selon lui, partir du consommateur pour ensuite remonter la filière et adapter la mercatique et le produit (marketing mix) aux besoins des consommateurs.

« Or, l'esprit qui anime une stratégie de mercatique contemporaine s'exprime par la prise en compte systématique et constante des besoins des utilisateurs qui déterminent ainsi les caractéristiques du produit. »

Encadré 5 : La mercatique au service du développement durable. HENAULT, 2008

D'après G. HENAULT, il faut se concentrer sur « des marchés d'exportations potentiellement porteurs pour l'entrepreneuriat coopératif » tel que les produits biologiques, les alicaments, les produits équitables, les produits exotiques et ethniques. Ce sont autant de niches de produits qu'il faut mettre en avant dans le cadre des filières issues de pays du Sud. Même si l'enthousiasme de

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l'auteur est en faveur d'un privilège accordé aux « filières d'exportations coopératives », il met en avant des critères qui sont importants à prendre en compte pour pouvoir atteindre ces marchés, notamment la qualité, la traçabilité, la promotion, la certification. Nous nous attarderons donc sur ces critères.

En termes de qualité, nous entendons quelque chose de générique qui engloberait d'autres critères plus spécifiques, alors que l'auteur considère la qualité comme un critère en soi, qui permettrait le maintien d'une qualité constante dans les productions agricoles des pays du Sud.

« Le concept de qualité totale qui inclut les dimensions techniques ainsi que les attentes des consommateurs est devenu un préalable à toute stratégie de mercatique au sein de la filière agro-alimentaire d'exportation. »

Encadré 6: La mercatique au service du développement. HENAULT, 2008

Il insiste par la suite sur la nécessité de lier des partenariats Sud Sud et Nord Sud pour oeuvrer vers un développement durable et pour que ces filières d'exportations ne soient pas dans une logique d'approvisionnement du Nord, sur le modèle économique colonialiste.

D'après les recherches effectuées et l'expérience du terrain avec l'union YIRIWASSO au Mali, nous pouvons estimer que la qualité n'est pas un critère en soi, nous préférons une approche systémique dans laquelle nous incluons comme gage de qualité, la rationalisation des processus, la gouvernance, la gestion... tout ce qui a attrait à la démarche entrepreneurial mais aussi la traçabilité des produits, la labélisation, la certification (biologique et/ou équitable), la normalisation (normes ISO...).

Tous ces aspects qui paraissent différents deviennent gages de qualité par le jeu de la transversalité.

En termes de localisation des produits et/ou d'indications géographiques, nous pensons qu'une filière doit être mise en avant à plusieurs niveaux et de différentes manières que ce soit par les circuits courts et la localisation des produits (traçabilité, produits du terroir), labels.

Dans les années quatre-vingt-dix on a connu une crise de confiance chez les consommateurs liée aux dérives de la production alimentaire industrielle (ESB, Dioxine, Légionellose...), autant de crises qui chez les consommateurs ont permis le développement des indications géographiques comme facteur de qualité. On a tendance à amalgamer circuits courts et produits locaux, alors que ce sont deux notions différentes, un produit issu d'un circuit court est obligatoirement un produit local alors qu'un produit local n'est pas toujours lié à un circuit court. Les produits locaux sont liés à une notion de provenance géographique qui est en réalité une appartenance à un terroir11. On peut considérer local un produit traçable et spécifique à une zone géographique.

11 Un terroir est défini comme « un système au sein duquel s'établissent des interactions complexes entre ensemble de facteurs humains (techniques, usages collectifs...), une production agricole et un milieu physique (territoire). Le terroir est valorisé par un produit auquel il confère une originalité (typicité). » Définition mise en avant dans le cadre de la politique nationale de qualité et d'origine française.

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Par exemple le camembert de Normandie est un produit lié au terroir normand, à une région qui a développé un savoir-faire traditionnel alors que si ce produit est fabriqué en Chine, il n'est plus un produit local car il ne bénéficie plus de l'environnement qui fait la spécificité du camembert. Cette notion de terroir que nous venons de mettre en avant est aussi exploité dans la logique des labels bien connus en France grâce aux AOC (Appellation d'origines contrôlées). Les labels peuvent être considérés comme une hybridation entre les produits locaux et des normes de qualités supplémentaires. C'est avec les labels que la notion de terroir prend le plus de sens. Un label outre le fait d'identifier un produit à un environnement particulier (terroir), permet de mettre en avant un produit pour le respect des traditions et de la qualité liée à l'origine du produit. Des normes de qualités particulières définissent un terroir notamment le mode de production la qualité et l'origine des intrants, l'organisation (personne morale) dont est issue le produit... Dans la mise en place de ces labels il faut considérer le rôle de l'Etat qui permet de garantir avec des normes et conventions l'attribution du label. Sans cet accompagnement Etatique12 qui permet de normaliser les choses, la qualité n'est pas toujours assurée même si l'initiative individuelle pour mettre en avant un produit issu du terroir représente en soi une volonté de mettre en avant une qualité et donc de se différencier des concurrents.

Nous définissons la traçabilité comme un critère pour faire d'un produit, un produit local mais en dehors des produits locaux la traçabilité reste un gage important de qualité.

Pour ce qui est des circuits courts, nous les définissons comme une désintermédiation dans la logique qui relie le producteur au consommateur. Pour les mettre en avant il faut travailler sur des produits qui demandent peu de transformation ou dont les transformations pour arriver à un produit fini sont réalisables par le producteur lui-même ou un artisan associé à ce dernier.

Les circuits courts interviennent dans une logique d'équité au profit des producteurs qui dans une logique paysanne se retrouvent étranglés par les intermédiaires que sont les distributeurs, les grossistes, les transformateurs, ou tout autre intervenant qui essai de tirer les prix de vente des producteurs vers le bas ce qui engage un cycle de dépréciation de l'activité, de la qualité des produits et donc de l'ensemble de la filière correspondante.

Les circuits courts représentent une alternative intéressante pour le dynamisme local et donc pour cette économie locale.

« L'idée de produits locaux est liée à la montée d'une économie territorialisée. On est passée en une quinzaine d'années, d'une économie très standardisée fondée sur des normes quasi mondiales, à une économie territoriale. Cela renvoie à une économie de proximité, à la théorie des districts italiens, aux systèmes agroalimentaires localisés, aux notions d'ancrage territorial... Donc le

12 Au sujet de l'intervention de l'Etat, B. SYLVANDER explique : «En réalité l'influence des pouvoirs publics est ambigüe. Il me semble en effet qu'ils ont surtout pris acte de la demande croissante des consommateurs, par exemple pour les produits bio. Une fois constaté le développement du marché, il était important de le normaliser... pour éviter les fraudes sur ce type de produits.

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territoire prend une valeur centrale et cela explique comment les groupes d'entreprises créent des territoires qui ont des règles d'évolutions endogènes communes » (SYLVANDER, 2005).

Il est toutefois important de souligner certaines limite à ces « gages de qualités géographiques », comme le souligne V. BOISVERT et A. CARON : « la capacité des indications géographiques à protéger les savoirs locaux liés à la diversité génétique est souvent postulée (OMPI, 2004). Leur adéquation à cet objectif n'est cependant pas avérée. De plus, l'intégration de clauses relatives à la biodiversité et aux savoirs associés peuvent apparaître comme une forme de protectionnisme et mener à des différends commerciaux comme l'ont montré les négociations de sur ce thème de l'OMC.»

Nous mettons les logiques vivrières en avant depuis le début du texte et le développement de produits locaux apparaît surtout comme un besoin émis par les consommateurs occidentaux. Nous sommes donc dans une logique d'exportation incontestable en soutenant ce type de démarche. Nous pouvons néanmoins atténuer notre propos par la conscientisation et le cercle vertueux équitable que sous entendent souvent ces logique locales, qui plus est, interviennent sur l'opinion publique donc sur les choix politiques.

Pour justifier notre propos sur la dimension paradoxalement internationale des produits locaux issus des filières dans le Sud nous pouvons citer une fois de plus V. BOISVERT et A. CARON.

«D'une manière générale, les marchés internationaux sont, relativement à ces thèmes (produits locaux), bien plus porteurs que les débouchés locaux et régionaux. Grands dévoreurs d'images, ils sont en perpétuelle demande d'innovations, et de garanties nouvelle. R. Simenel, L. Auclair, G. Michon et B. Romagny soulignent d'emblée comment l'explosion de la demande internationale en huile d'argan s'accompagne de plus en plus souvent d'exigences de qualité et de spécificité propices à la promotion de spécialités locales et à la construction d'un dispositif de valorisation fondé sur l'origine du produit. Ce goût international est certes une bonne opportunité mais, comme nous le font remarquer M. François, P. Seyverath & J.M. Brun dans leur analyse des dynamiques cambodgiennes, la notoriété commerciale génère aussi un besoin urgent d'outils permettant de pallier les risques graves d'appropriations, de spoliation des communautés rurales, d'usurpation et de fraudes au profit par exemple, de firmes commerciales ».

Nous avons donc à la lecture de cet extrait l'expression du fait que les filières agricoles pour lesquelles on promeut le caractère local ont beaucoup plus de chances de connaître un développement au niveau international qui les obligent à avoir une qualité toujours supérieure et qui par effet d'entraînement agit sur d'autres filières de la localité ou d'autres sous-produits de la filière. Nous sommes donc ici dans l'expression d'un cercle vertueux qui justifie notre mise en garde du début quand nous attribuons le partage entre culture d'exportation et culture vivrière à un juste dosage qui doit être échelonné dans le temps.

De plus, les propos de ces auteurs justifient un encadrement institutionnel dans les logiques locales et géographiques attribuées à des productions d'origines agricoles.

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« Le Commerce Équitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l'objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud de la planète. Les organisations du Commerce Équitable (soutenues par les consommateurs) s'engagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l'opinion et à mener campagne en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel. »

Encadré 7 : Définition du commerce équitable, BALLINEAU, 2010

Les critères liés aux aspects géographiques ne sont pas les seuls critères gages de qualité qui peuvent être mis en avant. La certification et la normalisation ont aussi leur part à jouer. En ce qui concerne la certification, on considère deux grands types de certifications qui ont chacune leurs spécificités. Nous considérons donc la certification équitable et la certification biologique.

Le commerce équitable est un gage de qualité dans la mesure où il est normalisé, tous les acteurs s'engagent à respecter une charte. Il existe deux types de certification équitable, WFTO et FLO-Int13. L'une correspond à une logique de filière intégrée alors que l'autre est dans une logique de filière certifiée. « La première est représentée par WFTO. Contrairement aux entreprises (importateurs, industriels, distributeurs) qui ont recours à la certification FLO, les membres de WFTO font tous du commerce équitable leur activité principale. Ils n'ont recours, dans la mesure du possible, qu'à des partenaires à leur tour pleinement engagés dans la commercialisation de produits équitables (la distribution des produits dans les grandes et moyennes surfaces est sinon proscrite, du moins limitée). Il s'agit de la forme de commerce équitable la plus proche de la forme dite « historique » dans le sens où les acteurs de la filière sont spécialisés dans le commerce équitable grâce à des réseaux d'importation (centrales d'achats) et de distribution (magasins du monde) alternatifs (Diaz Pedregal, 2007, p.118). Au contraire, les membres de la filière certifiée peuvent n'être que partiellement engagés dans le commerce équitable : en règle générale, seuls quelques-uns de leurs produits sont labellisés, et ils sont pour la plupart distribués dans les grandes et moyennes surfaces. Cette filière reflète le choix stratégique fait par les fondateurs du label Max Havelaar de profiter du savoir-faire et des moyens dont disposent les importateurs, les industriels et les distributeurs conventionnels pour ne pas induire de coûts supplémentaires. » (BALLINEAU, 2010)

Il y a un double enjeu derrière la certification équitable qui est le standard de qualité de produits destinés au Nord principalement, donc, répondant aux normes de consommation en vigueur et la logique générale de développement qui entoure le commerce équitable. G. BALINEAU (, 2010) dans sa thèse sur Le commerce équitable : un outil de développement ? conclut en expliquant que

13 Fairtrade Labelling Organizations International (organisations de labellisation du commerce équitable) et World Fair Trade Organization (ex-IFAT) (Organisation Mondiale de Commerce Equitable)

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malgré les charges supplémentaires pour les acteurs de la filière, les effets déstabilisateurs, l'insuffisance et l'instabilité de la demande... la qualité des produit issus du commerce équitable s'améliore sensiblement et la logique équitable peut apparaître comme un test de l'efficacité d'une politique de différenciation des prix en fonction de la qualité des produits sur l'ensemble de la filière concernée. Ce point de vue sur l'intérêt du commerce équitable peut être appuyé par la logique de communication qui entoure ces produits. En effet le fait de communiquer sur une filière équitable permet de faire connaître le produit et d'impacter directement les consommateurs et l'ensemble de l'opinion publique sur l'intérêt de la démarche et sur les volontés politiques au sein des pays producteurs de participer au développement de la filière.

Bien que la certification équitable puisse avoir un intérêt direct sur la filière concernée, il ne faut pas oublier la certification biologique qui est peut être certainement moins liée à une logique de développement direct mais qui a totalement son intérêt environnemental et social.

La certification biologique fait aussi l'objet d'une charte de qualité qui engage les producteurs à travailler dans le respect de l'environnement et du consommateur. La mise en place d'une certification de ce type pourrait être considérée comme lourde à supporter pour une organisation productrice du Sud, mais compte tenu de l'augmentation non substantielle du nombre de consommateurs bio dans les pays du Nord, elle offre une ouverture non négligeable sur des marchés qui peuvent être porteurs. En ce qui concerne le Sud et l'impact régional d'une telle certification, il faut garder en tête que la plupart des paysans du Sud n'ont pas les moyens pour acheter les intrants nécessaires à la mise en place d'une agriculture productiviste, ils n'ont pas non plus les moyens de la certification si ils ne sont pas aidés ou regroupés en coopératives. Toutefois si la barrière du coup de la certification est levée alors le simple fait de considérer l'incapacité à acheter des intrants chimiques peut nous montrer que par essence dans la plupart des cas leur production est déjà biologique comme il en est le cas pour le karité en milieu soudano sahélien. La certification biologique apparaît alors comme un moyen de mettre en place des améliorations productives et de réaliser un suivi de la qualité permanente des produits. Pour lever la barrière du coût de la certification, il est impératif de mettre en place des partenariats pour assurer des débouchés à courts termes qui puissent amortir les coûts de certification (mise aux normes et cotisations à intervalle régulier).

En ce qui concerne la normalisation de production, une filière peut passer par la normalisation ISO, mondialement reconnue comme un gage de qualité, mais des normes d'Etat ou régionales peuvent aussi être appliquées.

Dans cette première partie nous avons passés en revue la notion de filière, détaillée une méthodologie d'analyse et définit les points primordiaux à considérer dans cette analyse afin d'assurer un bon développement des filières dans le Sud. Maintenant que nous avons en mains toutes ces instruments et ces données, nous ne pouvons que nous intéresser à l'opérateur visé par la problématique posée : les ONG. Nous aborderons donc dans la partie qui suit la logique d'action que peuvent suivre les ONG pour avoir une démarche filière et nous mettrons en perspective l'intérêt qu'elles ont à adopter une logique systématique d'analyse de filière dans le cadre de projet de développement agricole.

31

II - LES LOGIQUES D'ACTION DES ONG

Les ONG, Organisations Non Gouvernementales dans les champs de l'urgence et du développement se sont surtout développées dans les années soixante-dix. Leur raison d'être réside principalement à un clivage important durant cette période. Dans les pays du Sud, les Etats parfois appuyés par les grandes organisations multilatérales favorisaient des projets non prioritaires. Les ONG ont donc pu s'affirmer et intervenir dans un contexte d'indépendance face aux états et aux organismes multilatéraux. Elles se sont donc développées de manière endogène par la volonté de la société civile.

« Au Sud, depuis les années 1990 on a vu s'amplifier de nouvelles formes de crises agraires. Loin d'être le signe de l'archaïsme de l'agriculture, elles se sont manifestées dans un contexte de progrès spectaculaire de la productivité agricole, à travers la « chimisation » et la mécanisation massive, la mise en oeuvre des biotechnologies. La crise agraire multiforme est d'abord la conséquence de la logique de « pôles performants » dans l'agriculture. En effet les progrès spectaculaires sont le fait d'une petite minorité d'exploitations, mise en oeuvre dans ce que l'on peut appeler la » voix fermière de modernisation agricole », systématiquement privilégiée par les organisations multilatérales (Banque mondiale, FAQ). »

Encadré 8 : Territoires, développement et mondialisation, alternatives sud, 2008

Chapitre 6 : L'approche filière, une nécessité ?

Afin de mieux comprendre l'intérêt que peuvent avoir les ONG à maîtriser une approche filière, nous tenons à mettre en avant les différentes philosophies14 appliquées par les ONG, puis nous développerons un argumentaire sur la nécessité d'intervenir sur les filières.

Dans les années soixante-dix, les ONG ont eu une logique communautaire dans leur intervention. Cela consistait dans le fait d'intervenir sur les populations et seulement auprès des populations. L'hypothèse posée était d'aider les sociétés civiles en pensant qu'au bout d'un moment les populations seraient assez instruites pour s'auto développer (mythe de l'auto développement). La démarche liée à cette philosophie était la suivante :

1- Recrutement d'un chef de projet (expatrié ou local)

2- Recrutement d'une équipe (cinq ou six spécialistes souvent locaux)

3- Recrutement d'agents communautaires

Donc une logique d'intervention basée sur trente à cinquante personnes, sur une période assez courte.

14 D'après le support de cours, Urbanisation et Développement, K. KOOP et E. MATTEUDI

32

L'intérêt de ce type de philosophie réside dans le fait que les ONG faisaient valoir leur manque de confiance dans les autorités politiques et les organismes multilatéraux. Cependant cette approche a très vite montré ses limites car espérer résoudre des problèmes structurels sur la base de projets de trois à quatre ans relève du mythe. Cela a donc entraîné un cloisonnement des populations aidées et une dépendance de la population par rapport à la logique d'assistanat développée lors des projets.

On retrouve encore malheureusement quelques ONG qui ont cette logique d'intervention qui dessert totalement les populations « aidées ». Généralement ces pratiques sont liées à un manque de connaissance du terrain par les opérateurs et à une volonté de reconnaissance vis-à-vis du pays d'origine de la structure.

Partant d'une bonne intention et d'une certaine naïveté de la part des ONG, les ravages causés par ce mode d'action sur la dépendance des populations locales aux aides extérieures ont parfois donné une image néfaste des ONG.

C'est donc avec une certaine amertume que les ONG sont très vite passées à une logique multi-acteur à partir des années quatre-vingt dans un contexte de décentralisation grandissant. A cette même période les logiques de « bonne gouvernance » et « démocratie locale » se sont développées, ce qui a favorisée cette nouvelle philosophie dans les ONG.

L'objectif de cette nouvelle approche est une amélioration des conditions de vie de la population ciblée qui puisse perdurer après le départ de l'ONG. Dans les faits cela est possible grâce à la mise en place de partenariats avec différents organismes. Des entreprises pour des partenariats commerciaux équitables et durables, des collectivités locales, d'autres ONG spécialisées dans d'autres domaines (compétences distinctives). On a donc logiquement une accumulation progressive de savoir-faire et de compétences et donc une capitalisation de bonnes pratiques. Cette approche aussi louable soit elle est dans les faits souvent bien difficile à mettre en place de manière efficiente, pour plusieurs raisons que nous allons détailler.

- La question du transfert

- Le manque d'analyse ex ante

- La durée de l'intervention imposée par le bailleur - Le manque de suivi

La clef de voute de l'approche réside dans la logique de transfert. Mais comment organiser ce transfert de savoir-faire et de connaissances ? Les partenariats liés avec les collectivités ou les entreprises... aussi bien des acteurs publics que privés ne sont parfois que des partenariats de complaisance en vue d'obtenir des financements auprès des bailleurs. Il faut donc être très attentif. Il faut aussi savoir détourner les « éléments perturbateurs » qui peuvent bloquer l'intervention des ONG... Tous ces mécanismes de blocage doivent êtres parés.

La seule manière de se prémunir de ce type de problèmes c'est de réaliser des études ex ante, des analyses... afin de se préparer au mieux aux logiques du terrain. Il faut aussi savoir se faire reconnaître des autorités traditionnelles qui s'avéreront souvent plus efficaces dans la résolution

33

de problèmes. La concertation a là aussi un rôle primordial pour concilier et acclimater les acteurs aux changements qui vont intervenir et pour communiquer (il faut se faire connaître si l'on veut avoir une certaine légitimité).

Mais comment mener à bien le transfert inhérent à l'approche multi acteurs si les bailleurs ne s'engagent que sur trois ans ? Deux approches sont possibles pour contourner cette question. Ces deux solutions qui peuvent et doivent être cumulables résident dans l'intervention sur des dynamiques d'acteurs et non sur du financement pur et total d'améliorations productives et dans la mise en place de montage de financements croisés basés sur des logiques de programmes à long termes.

L'approche filière apparaît alors comme une nécessité car elle permet de travailler sur des dynamiques d'acteurs dans une logique « long termiste » dont la finalité est la structuration d'une filière basée sur le développement paysan.

En adoptant cette logique filière on oblige l'opérateur (ONG) à fixer un cadre de travail définit. Ce type d'approche permet de mettre en avant toutes les caractéristiques souhaitées d'une approche multi acteurs.

De plus, dans une logique d'aide à la population rurale via l'analyse de filière, nous participons au développement au niveau national car la pauvreté est avant tout concentrée dans les campagnes du Sud, et nous permettons aussi de limiter un exode rural massif.

« Les pays du Sud combinent généralement augmentation des migrations campagnes - villes et dépendance plus forte de la paysannerie demeurant sur place à l'égard des revenus monétaires, dans un cadre de précarité plus grande. »

Encadré 9 : Territoires, développement et mondialisation, alternatives sud, 2008

Le champ d'intervention des ONG pouvant être limité pour des raisons de moyens financiers, il est préférable d'avoir une logique d'analyse d'aval en amont de la filière car ce sont les producteurs paysans qui ont le plus généralement besoin d'aide et de développement comme nous avons pu le mettre en avant tout au long du texte. L'analyse de filière nous permet cependant de ne pas négliger les autres acteurs de la filière car l'étude des filières est avant tout l'étude d'interactions à tout niveau que ce soit.

Afin de faciliter et de cadrer le projet de développement vers une autonomie des populations ciblées, il est indispensable de considérer la logique de filière mais aussi la logique entrepreneuriale sans laquelle il est impossible d'être efficace en tant qu'opérateur de développement.

34

Chapitre 7 : La logique entrepreneuriale

Nous avons précédemment mis en avant l'importance des partenariats dans les projets de développement par les ONG, mais ces partenariats ne sont faisables que si une contractualisation est effectuée de manière équitable par tous les partis prenants.

La logique contractuelle est pleinement incluse dans des processus entrepreneuriaux mais ils ne sont pas les seules logiques à prendre en compte : logiques commerciales, logiques de gestion et logiques de gouvernance principalement. Avec une bonne démarche entrepreneuriale les paysans seront à même de connaître « l'or » qu'ils ont entre les mains via leur savoir-faire de paysannerie.

Pour développer la démarche entrepreneuriale nous encourageons les paysans à mutualiser leur production et leur capital productif (semences, outillage, machines...). La forme coopérative apparaît alors la plus adaptée dans une logique de développement. Un encadrement est nécessaire à la mise en place de logiques coopératives. Sans cet encadrement que ce soit en termes de formation ou de gestion par un gestionnaire commercial de métier, les coopératives sont vouées à l'échec. Notre observation du terrain via le cas du karité nous a permis de mettre en avant le manque de fiabilité économique de ces coopératives. Ce manque de fiabilité intervient dans une logique ou les dites coopératives souhaitent s'insérer dans une logique de marché mais n'en n'ont ni les moyens financiers, ni les compétences.

La formation est un préalable indispensable à toute logique coopérative mais des paysans sont avant tout des paysans, il en va de même dans tous les corps de métiers : un commercial n'est pas un paysan et un banquier n'est pas non plus un paysan. Il est donc très important de respecter ces logiques dans un monde globalisé ou les compétences de chacun sont en concurrence avec d'autres ailleurs dans le monde. C'est donc une logique de qualité que nous mettons ici en avant.

La nécessité de l'entrepreneuriat intervient donc ici comme pré requis obligatoire à toute action, les ONG ne doivent pas oublier cette démarche.

Lors de projets de développement il incombe donc aux opérateurs de mettre en place cette logique entrepreneuriale. Pour ce faire, les ONG doivent de manière toujours participative encourager la mise en place de la mutualisation des moyens de production et de la production puis une fois cette démarche adoptée, il est indispensable d'encadrer ces coopératives dans la rédaction d'un plan d'affaires qui servira à favoriser la compréhension de l'activité et qui permettra de rationaliser les objectifs de développement sur le long terme. Le business plan permettra aussi la mise en place d'un cadre stratégique de développement de l'activité et facilitera l'identification de restructurations nécessaires au niveau de la coopérative.

La formalisation de l'activité par les coopératives grâce au plan d'affaire devient alors un préalable à la structuration de la filière par le biais de la transparence et de l'identification des acteurs impliqués.

Les dimensions commerciales et mercatiques sont trop souvent négligées au même titre que la bonne gouvernance et la gestion des comptes. La démarche entrepreneuriale sert alors à canaliser les opportunités. Une bonne contractualisation permettra alors de financer au titre d'animateur de

35

terrain le dit gestionnaire commercial qui aura une communication permanente avec l'ONG. Ce commercial à la fin du contrat qui le lie à l'ONG sera dès lors engagé par la coopérative. Afin que le groupement ne soit pas trop surchargé financièrement, nous proposons que cette ou ces deux personnes puissent être rémunérées avec une part fixe et une part variable dans le but de les motiver au développement de la structure qu'il représente.

Une démarche de suivi est aussi mise en place par l'ONG en même temps, ce suivi intervient dans un premier temps par les relations qui lie l'animateur gestionnaire commercial à l'ONG, puis par des audits de manière fréquente commanditée ou réalisée par l'ONG.

Afin de pouvoir mettre en avant ce type de logique, il est indispensable que le projet ou programme de filière soit mené sur le long terme (10 à 15 ans). Bien que compte tenu de la réalité qui lie les ONG aux bailleurs cela puisse paraître difficile, il est possible de mettre en place des montages de financement sur le long terme. Nous aborderons donc dans le chapitre qui suit la stratégie que peut et doit suivre une ONG dans une démarche de filière.

Chapitre 8 : La mise en place d'une stratégie de développement via l'analyse de filière

L'analyse de filière nous montre que les ONG doivent intervenir sur deux axes principaux en amont afin de permettre un développement paysan et sur l'ensemble de la filière. L'ONG intervenante doit impérativement prendre conscience des limites de la portée de son action. Une ONG pourra intervenir pleinement sur les logiques liées à des groupes ciblées de producteurs mais ne doit pas se disperser dans la logique des moyens qu'elle a à sa disposition et doit ne pas s'éloigner du coeur de métier qui la caractérise.

Une logique importante de partenariat intervient à ce niveau dans le but de mettre en avant des compétences distinctives. L'ONG doit être à ce niveau très attentive à la contractualisation qui lie les différents opérateurs qu'ils soient publics ou privés pour pouvoir assurer le bon déroulement des actions dans le respect des populations.

36

Afin d'avoir une visibilité sur les actions à préparer et à mener nous tenons à mettre en avant cette

logique d'intervention :

I - Etude Ex-ante

a/ Identification de populations paysannes dans le besoin

b/Pré étude de faisabilité

c/ Etude, analyse de filière

d/ Etude de marché

e/ Etude de faisabilité

f/ Mise en place d'un plan d'affaire de la ou des structure(s) de base identifiée(s)

II - Planification projet/programme

a/ Mémoire d'avant-projet

b/ Prise de contact avec les différents partenaires identifiés

c/ Contractualisation avec ces partenaires

d/ Sous-traitance auprès des partenaires

e/ Planification, définition des axes d'actions, détail des activités, mise en place du cadre

logique...

f/ Répartitions des fonds sur l'ensemble des membres du projet ou programme

III - Opérationnel

a'/ Dans le cadre d'un programme : mise en place du pilote

a/ Suivi et avancement du projet

b'/ évaluation du pilote

b `'/ Déploiement à d'autres structures

b/ Mise en place des activités

c/ Suivi évaluation

d/ Evaluation à t+10 et plus

e/ Evaluation finale/ Mémoire post mortem du projet ou programme

37

Pour mener à bien un programme ou un projet lié à une approche par la filière, il est indispensable de mettre en avant plusieurs types de bailleurs et plusieurs sources de financement. Pour ce faire il existe plusieurs manières d'agir. Il doit être mis en avant plusieurs axes de développement dans une logique de filière. Nous avons identifiés trois axes qui sont nécessaires dans ce type d'approche. Ces axes sont le groupement (coopérative, union...), la structuration de la filière dans son ensemble et l'environnement qui est une préoccupation importante aujourd'hui. On ne peut pas travailler sur les filières agricoles sans avoir une démarche de développement durable. Les activités agricoles impactant directement l'environnement, il ne peut être qu'obligatoire de le considérer.

Pour multiplier les sources de fonds, il est aussi important de considérer aussi bien des acteurs publics (coopération décentralisée, Union Européenne, Agence Française de Développement...) que les acteurs privés (financement par des entreprises, fondations...).

D'un point de vue idéologique, il peut paraître difficile pour certains opérateurs d'être dépendants des entreprises, leur rôle privé et la défense permanente de leurs intérêts ne sont pas toujours gage de réel développement. Nombres d'entreprises multiplient les actions des « greenwashing », de communication... Le choix des partenaires privés doit donc être basé sur une analyse fine de l'éthique de l'organisation et sur une contractualisation solide entre les différents partis impliqués dans le projet. Il ne saurait être souhaitable à une ONG qu'on dicte le travail à faire en oubliant les dynamiques participatives et toutes les dynamiques de développement endogène inhérentes au développement. Les ONG ne sont donc pas présentes pour véhiculer une image positive de certains opérateurs privés mais réellement pour favoriser le développement dans le monde. La contractualisation reste la clef de tout bon partenariat.

Dans le montage d'une stratégie d'action, les logiques de financement sont primordiales. Avec l'approche filière, le travail sur des groupes paysans est intéressant en terme de développement, ainsi que pour des raisons financières. On distinguera donc deux types de montage de financement : un premier sur le financement des projets ou programmes de filière par des bailleurs et la deuxième catégorie de montage concernera une manière autonome pour les groupements de se financer, (on ne parle pas d'autofinancement mais de financements extérieurs à l'intervention de l'ONG).

Pour financer les projets ou programmes nous mettons en avant plusieurs axes d'interventions opérables par une ONG (ou un groupe d'ONG dans le cadre d'un programme). En développant plusieurs axes d'interventions, on permet aux ONG intervenantes de mobiliser plusieurs types de financement qui seront complémentaires dans le montage d'un projet. Les axes à développer comme nous l'avons précédemment évoqué sont l'environnement, le groupement ou les groupements paysans ciblés et la filière concernée. La logique de programme permet d'aller plus loin dans cette logique de financement croisé.

38

Il y a un montage intermédiaire entre le financement des bailleurs de fonds de l'ONG et le ou les groupement(s) mis en avant. Nous proposons donc en nous inspirant de l'intervention de l'AFD15 au Mali, un système de fonds de garantie déposé par le bailleur dans une mutuelle. Ce système s'inscrit pleinement dans le développement d'une logique entrepreneuriale et nous espérons qu'il puisse avoir un impact sur la facilité de crédit accordée par les mutuelles dans l'ensemble d'une localité16.

Détails du montage :

1. Un bailleur de fonds verse une somme d'argent à l'ONG qui plutôt que de l'imputer directement à des actions de terrain verse l'argent dans une mutuelle avec laquelle elle a négocié un taux préférentiel.

Les animateurs de l'ONG sont au courant mais pas les paysans dans le but de renforcer leur logique entrepreneuriale.

2. Munie du plan d'affaire réalisé de manière participative par l'ONG avec les paysans, le trésorier et le gestionnaire du groupement paysan vont vers la mutuelle où le fonds de garantie a été déposé pour faire une demande de prêt à un taux intéressant qui aura déjà été négocié par l'ONG sans que les paysans ne soient au courant.

3. La viabilité du plan d'affaire ayant été éprouvée préalablement, la mutuelle accorde le crédit au groupement paysan avec taux préférentiel.

Il y a dès lors deux options, la première est que l'activité se développe bien et le groupement est en capacité de payer ses traites, dans le cas contraire la mutuelle peut puiser dans le fonds de garantie déposé par l'ONG.

4. A la fin du projet, si le crédit a été remboursé par le groupement cela veut dire qu'il a atteint un taux de développement suffisant et respecté les axes stratégiques de développement de l'activité posés dans le plan d'affaire. Le fonds de garantie est donc reversé entièrement au capital du groupement pour développer plus amplement l'activité.

La mutuelle trouve un intérêt dans le fait que le fonds de garantie peut être placé, de ce fait elle a donc des intérêts qui croissent sur ce placement et peut elle aussi développer son activité de mutuelle en milieu rural.

Le troisième type de montage possible concerne directement les membres du groupement. Nous encourageons la mise en place d'une tontine17 dans les groupements. Si on prend le cas de l'union YIRIWASSO au Mali, il y a 1 800 femmes adhérentes. Un système basé sur la mutualisation peut être intéressant avec un nombre assez important de membres. De cette manière on assure aux

15 Agence Française de Développement, http://www.afd.fr

16 Les autres mutuelles ayant vent du succès de la dite mutuelle par rapport au succès de projets de filières appliquerait par imitation des taux d'intérêts plus bas à ces coopératives ou groupements paysans dans une logique de concurrence.

17 http://fr.wikipedia.org/wiki/Tontine %28Afrique%29#cite note-0

39

femmes membres de l'union la possibilité de financer les intrants nécessaires à leur production agricole vivrière mais aussi à la production du beurre de karité. La tontine peut aussi prendre des aspects de mutuelle de cérémonies pour les mariages, les décès... Avec le développement du ou des groupements sur le long terme il est possible que les tontines prennent la forme de mutuelles si l'on arrive à fédérer les différents groupements aidés.

Si plusieurs actions de soutien sont menées par une ou plusieurs ONG sur le territoire d'intervention, il peut être aussi possible de mettre en place une action solidaire de mobilisation de l'épargne locale via un fonds alimenté par les ONG, ce fonds pourrait avoir plusieurs orientations (cérémonies, financement des semences et intrants de production agricoles, du petit outillage, financement de la mise en place de coopératives ou de nouvelles faitières paysannes...).

Nous pouvons aussi encourager le micro crédit sur le modèle Grameen bank, en y apportant les adaptations nécessaire à la région du monde où il est employé. Il faut faire attention car ces dernières années les avatars du modèle Grammen bank ont montrés leur limites à cause de leur instabilité, le non remboursement chronique des traites et intérêts, les taux prohibitifs pratiqués, le manque de suivi des banques de micro crédit et l'effondrement des structures.

Par le biais de ces modes de financement, on participe à formaliser la filière et par la même nous encourageons l'adhésion de nouveaux paysans dans les coopératives. De plus, ces modèles de tontine et de mutuelle encouragent l'esprit communautaire, ce qui permet de rompre l'isolement des paysans et le sentiment d'abandon dans les pays du Sud.

Afin de mettre en avant toutes ces logiques d'action évoquées nous tenons à prendre le cas du karité sur lequel nous avons une expérience de terrain forte.

III - Le cas du karité au Mali

Le karité (Vitellaria paradoxa parkii ou Butyrospernum parkii) est un arbre soudano-sahélien découvert par MUNGO PARK (1771-1806) et qui pousse dans près de 20 pays : le Sénégal, la Gambie, la Guinée, le Mali, le Burkina-Faso, le Niger, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigéria, le Cameroun, la République Centrafricaine, le Tchad, le Soudan, l'Ethiopie, l'Ouganda,...

Tableau 2 : Caractéristiques de l'arbre à karité

Hauteur

< ou = à 15 m

Couleur des fruits

Verte

Durée de vie

2 à 3 siècles

Maturité

15 - 20 ans

Age de production max

50 - 100 ans

Nombre de kg/an

15 - 20

Le fruit, aussi appelé karité, est composé de la pulpe, d'une ou deux noix dans lesquelles se trouve l'amande. C'est cette dernière qui est utilisée pour la transformation en beurre.

Figure 8 : Le fruit de karité avec sa pulpe

40

Figure 9 : L'amande de karité avec sa coque de noix

Figure 7 : Aire biologique du Vitellaria paradoxa. Source : SOS SAHEL

Les vertus de cet arbre ainsi que de ses fruits sont nombreuses et connues depuis bien longtemps (Cf. Annexe 1 sur les vertus).

Chapitre 9 : Offre et demande mondiale en karité

a. La noix de karité L'offre :

La production mondiale de noix entre 1998 et 2008 répartie entre les 7 plus gros producteurs selon un ordre décroissant est comme telle :

Tableau 3 : Les 7 plus gros producteurs de noix de Karité, FAO, 2008

Position Région Production

(T) 1998

Production (T) 2000

Production (T) 2002

Production (T) 2004

Production (T) 2006

Production (T) 2008

Taux de croissance Production en volume de 1998 à

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2008

1

Nigéria

368

000

369

000

371

000

414

000

414

000

425

000

15,49%

2

Mali

85

000

85

000

85

000

85

000

70

000

190

000

123,53%

3

Burkina Faso

70

000

70

000

70

000

70

000

65

000

70

000

0,00%

4

Ghana

53

000

65

000

60

000

65

000

53

407

65

000

22,64%

5

Côte d'Ivoire

29

156

30

874

31

572

26

194

27

951

28

874

-0,97%

6

Bénin

15

000

15

000

15

000

15

000

15

000

15

000

0,00%

7

Togo

7

000

8

500

8

000

8

000

9

300

12

000

71,43%

 

TOTAL

627

156

643

374

640

572

683

194

654

658

805

874

28,50%

Le CNUCED estimait cette offre à 693 000 tonnes en 2005.

Ainsi, le Nigéria est le premier producteur de karité au monde suivi du Mali. La production mondiale de noix a beaucoup augmenté entre 1998 et 2008.

9%

23%

8%

4% 2% 1%

Nigéria

53%

Burkina Faso Ghana

Côte d'Ivoire Bénin

Mali

41

Graphique 1 : Part représentative de chaque pays dans la production mondiale de noix de karité en 2008 en volume (tonnes)

Graphique 2 : évolution de la production mondiale de noix de Karité entre 1998 et 2008 à droite, CNUCED, 2008

42

Quant aux exportations, elles suivent une tendance contraire à celle de la production. Nous en déduisons que le gros de la consommation de karité (noix, amandes, beurre) se fait localement.

Le Burkina Faso et le Ghana sont les deux plus gros pays exportateurs de karité au monde.

Tableau 4 : Evolution en tonnes des exportations entre 1998-2008, FAO

 

Exportations

1998

Exportations

2000

Exportations

2002

Exportations

2004

Exportations

2006

Exportations

2008

Ghana

32

782

35

983

27

627

17

000

49

700

42

424

Bénin

19

866

8

531

5

560

15

718

 

436

 

436

Burkina

20

663

 
 
 
 
 
 
 
 

5

272

Faso

 
 

11

575

34

975

11

891

5

272

 
 

Togo

6

865

4

764

1

166

3

022

 

2

 
 

Indonési

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

e

 

603

 
 
 

94

 

4

 
 
 
 

Nigéria

 

781

 

54

 

900

 

900

 

900

 

900

Côte d'Ivoire

1

436

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Mali

 
 
 
 

4

015

2

432

 
 
 
 

Royaum e-Uni

 

6

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Costa

 

25

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Rica

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Danema rk

 

8

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

États-

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Unis

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

d'Améri que

 

8

 

37

 
 
 
 
 
 
 
 

Allemag

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

ne

 

1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Chine

 

11

 

64

 
 
 
 
 
 
 
 

Républi que

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Tchèque

 
 
 

48

 
 
 
 
 
 
 
 

Turquie

 
 
 

3

 
 
 
 
 
 
 
 

Total

83

055

61

059

74

337

50

967

56

310

49

032

En 2008, seuls quatre pays ont exporté des noix de karité selon les données de FAOSTAT, mais nous savons que ces données sont incomplètes.

43

Graphique 3 : Evolution du total des exportations entre 1998 et 2008 Graphique 4 : Evolution de la production mondiale de noix de karité entre 1998 et 2008

Dans la mesure où la majeure partie de la consommation de karité à l'export est l'oeuvre des multinationales impliquées dans la production du beurre pour le chocolat, la seule explication est que ces acteurs auraient désormais des usines en Afrique de l'Ouest. Cependant, les revenus de cette activité ne profitent pas pleinement aux populations locales.

La demande

La demande en noix de karité est faible. Les noix de karité sont essentiellement transformées en beurre au sein des exploitations. Le karité se vend surtout en beurre.

La demande internationale en noix de karité représente environ 10% de la quantité totale produite, soit l'équivalent de 69 300 tonnes de noix en 2005, et de 80 587 tonnes en 2008.

Ces importations sont destinées à l'industrie du chocolat (95%) et de la pharmacopée.

Le marché des noix de karité est caractérisé par une certaine opacité car les données enregistrées concernant les importations sur FAOSTAT sont loin d'avoisiner les 80 587 tonnes.

Tableau 5 : Importations de noix 2008

Position

Région

Quantité (tonnes)

Valeur (1000$)

Valeur unitaire

 
 
 
 

($/tonne)

1

Burkina Faso

364

35

96

2

Togo

138

4

29

3

Îles Féroé

1

1

1 000

b. L'amande de karité

Encadré : La fiabilité des statistiques

Les statistiques disponibles sont peu fiables. Une certaine confusion existe entre noix et amandes de karité. La distinction n'est pas toujours faite dans les statistiques de la FAO, ce qui peut avoir un impact important lorsque l'on sait que volume et le poids de la noix est bien plus important que celui de l'amande .

L'offre et la demande en amandes sont difficiles à apprécier. Il existe très peu de données traitant de ces aspects. On sait qu'en général, 15 à 20 kg de noix donnent 3 à 4 kg d'amandes. En conservant ce rapport, les 805 874 tonnes de noix produites en 2008 équivalent environ à 138 600 tonnes d'amandes.

L'amande est très appréciée en Europe, aux Etats-Unis et en Asie, notamment pour le chocolat, les cosmétiques et la pharmacopée. Cette demande sera amenée à croître dans l'industrie du chocolat en raison de la directive de l'Union Européenne qui autorise l'incorporation d'autres graisses végétales que le cacao à hauteur de 5% (directive européenne 2000/36/CE).

44

Nous présentons ci-dessous les différentes voies d'extraction du beurre à partir des fruits :

Tableau 6 : Techniques de production des amandes de karité, GRET, 2004

La méthode dite améliorée consiste à supprimer l'étape du stockage en fosse ; les noix sont immédiatement portées à ébullition après le ramassage.

45

Des amandes de bonne qualité doivent avoir les propriétés suivantes :

Tableau 7 : Normes et critères de qualité des amandes de karité

CRITERES Normes (FOSFA 3)

Amandes saines Supérieur à 90%

Amandes attaquées par des insectes Exempt

Brisures 10% max

Amandes moisies 10% max

Amandes germées Exempt

Amandes recornies Exempt

Corps étrangers et poussière 1% max

Humidité 8% max

Acidité 6% max

Matières grasses 50% minimum

c. Le beurre karité

Le beurre de karité peut être produit selon quatre modes de production différents :

? Production artisanale. Deux techniques sont suivies dans ce mode de production très répandu :

o Beurre traditionnel par fumage des amandes. Le beurre est de moins bonne qualité en raison de l'odeur de fumée. Il est destiné au marché local. Cette méthode est la plus énergivore.

o Beurre raffiné par cuisson des amandes dans l'eau. Le beurre produit de cette manière est de meilleure qualité, il est plus demandé que le beurre traditionnel. ? Production semi industrielle : cette méthode est réalisée à l'aide de machines qui permettent une pression à froid ou à chaud des amandes. Elle fournit un meilleur rendement des amandes sans pour autant dégrader les propriétés du karité.

? Production industrielle : cette méthode se base sur l'extraction de l'huile grâce à un solvant, dans ce cas le rendement est le plus élevé possible mais les propriétés du karité sont altérées entre autre par les propriétés d'insaponifiable indispensables à la qualité d'un savon entre autre.

Tableau 8 : Technologie de production des organisations de productrices

Technologie de
production

Burkina Faso

Guinée

Mali

Niger

Ghana

Production
manuelle

Faible

Moyenne

Faible

Totale

Totale

Production semi
mécanisée

Forte

Moyenne

Forte

En démarrage

Faible

Source : KIMA Bertrand ; CECI ; Mars 2007

 

Graphique 6 : Production mondiale de beurre de karité sur la période 19612002 en milliers de tonnes

46

L'offre de beurre de karité est répartie de la manière suivante :

Les chiffres qui suivent proviennent des données officielles de la base FAO. Ils nous permettent de connaître les grandes tendances sur les périodes observées mais restent néanmoins très incomplets et peu fiables.

Graphique 5 : Répartition de la production de beurre de karité par pays producteur en 2002 (en %)

La croissance de la production mondiale de beurre de karité jusqu'à 2002 était la suivante :

47

La production a progressé ; elle est passée d'environ 30 000 t à 176 000 t de beurre de karité produit en l'espace de quarante ans. On a une progression d'environ 154 % sur cette période.

Tout comme la production de noix, l'offre de beurre de karité est très concentrée ; le Nigeria est le plus gros producteur avec 69,8% de la production mondiale suivi du Ghana avec 9,6 %, puis le Mali avec 9,2 % et le Burkina Faso avec 7,3 %. La demande internationale en beurre de karité est très variable, même si globalement elle fut en augmentation de 1961 à 2003. Cette augmentation n'est pas constante comme celle de la production mondiale. Le chiffre le plus récent sur la demande internationale en beurre de karité est de 2006. Sur cette période, la consommation de beurre de karité en Europe était estimée entre 40 000 et 60 000 tonnes utilisées à 95% dans la chocolaterie.

Graphique 7 : Exportations de noix et de beurre de karité. Source : FAO pour la CNUCED

Les quantités exportées vers le Japon, les Etats Unis ou la Suisse seraient principalement destinées à un usage cosmétique et/ou pharmaceutique. Selon les chiffres de 2006, la demande en amandes de karité était de 30 000 t.

Le karité offre un nombre important de possibilités en termes de transformation. Les produits à base de karité les plus communs par ordre d'importance sont : le chocolat, les barres chocolatées, les confiseries, les huiles et margarines végétales, les crèmes, les baumes, les savons, les shampooings...

d. Les secteurs de la filière karité

Le karité est présent sur trois secteurs différents qui sont l'agroalimentaire, la cosmétologie et la pharmacologie.

L'agroalimentaire est le secteur le plus représenté en termes de volume (95% des exportations de karité (amande et beurre se font dans le secteur chocolatier) mais les acheteurs représentant les

48

entreprises de l'agroalimentaire préfèrent utiliser des noix ou des amandes achetées à prix bas. Ce marché est déjà hyper concurrentiel et ne permet pas de changer la logique de marché dominante dans la filière : une relation centre/périphérie où les producteurs alimentent les multinationales dans une logique dominants/dominés. Il y est extrêmement difficile de faire descendre le noeud de la filière au plus près des productrices dans une logique de structuration de la filière à long terme. Il y a donc peu d'intérêt pour les productrices de chercher à se développer sur ce secteur au niveau international.

Nous n'avons pas beaucoup d'informations sur le secteur de la pharmacologie mais nous savons que les exigences de qualité exigées par l'industrie pharmaceutique obligent cette dernière à acheter le beurre de karité à des raffineries industrielles avec des contrôles sanitaires importants. Cette exigence de qualité et cette obligation de passer par un intermédiaire supplémentaire ne permet pas non plus de faire descendre le noeud de la filière au plus près des productrices. Nous excluons donc aussi ce secteur de notre analyse, au niveau international. Toutefois une réhabilitation de l'utilisation du beurre de karité en cuisine est à soutenir pour le marché malien et sous régional.

La cosmétologie nous apparaît donc comme le seul secteur porteur en termes de développement au niveau international. Le beurre de karité a une teneur très élevée en insaponifiables ce qui lui procure des propriétés particulières très recherchées dans ce secteur. Bien que, ne représentant à l'heure actuelle que 5% des importations globales, ce secteur devrait se développer sous l'effet d'un retour aux produits ethniques, naturels et écologiques en Europe. Cette tendance au naturel s'est d'ailleurs déjà intensifiée, notamment depuis 2003, date depuis laquelle nous retrouvons du karité estampillé bio sur le marché européen. Ce beurre provient principalement du Burkina Faso. Le Burkina Faso occupe une place importante dans la production de beurre destiné aux entreprises cosmétiques européennes notamment grâce à L'Occitane et au programme national karité mis en place en 1994. Ce programme a permis de structurer la filière dans le pays et d'obtenir une qualité importante pour un coût de revient plus faible qu'au Mali actuellement.

Chapitre 10 : Le Mali dans la filière karité

a. L'offre

D'après les Brèves de la Revue Marchés Tropicaux et Méditerranéens de 2008, l'offre de karité en provenance du Mali était répartie comme suit en 2005 :

Tableau 9 : L'offre de karité en provenance du Mali

Eléments Quantités en tonnes

Noix 85 000

Amande 8 000

Beurre 500

Deuxième producteur de karité au monde après le Nigéria, le Mali occupe la sixième place en termes d'exportations. Selon la FAO, en 2008, le Mali a enregistré une production de noix de karité de 190 000 tonnes. Alors même que le potentiel du parc est estimé à 250 000 tonnes pour cette même année, soit une production globale de noix de karité égale à 76% du potentiel estimé.

En ce qui concerne les exportations, les dernières données disponibles sur FAOSTAT sont de l'ordre de 4 015 tonnes de noix en 2002 contre 2 432 tonnes en 2004.

Tableau 10 : Production et exportations de karité

Année 1998 Année

Mali 2000

Année

2002

Année

2004

Année

2006

Année

2008

Production 85 000 85 000 85 000 85 000 70 000 190 000

Exportation 4 015 2 432

Selon la DNSI (Direction Nationale de la Statistique et de l'Informatique)18 2003, 3,5% des exportations maliennes concernent la noix de karité. Par ailleurs, il représente 81% des oléagineux exportés.

Les deux tiers de ces exportations vont en direction du marché sous régional (République de Côte d'Ivoire, Burkina Faso et Ghana) qui le commercialise sous leurs labels. Il y a dans ces pays une forte représentation des industriels européens utilisant le karité comme matière première.

D'après le programme national PCDA (Programme de Compétitivité et diversification agricole), le potentiel de production du parc malien est estimé dans le tableau suivant :

Tableau 11 : Offre potentielle au Mali (PCDA)

Estimation du parc karité

408 607 769 pieds

Superficie estimée

22 912 500 ha

Production potentielle

250 000 t

Collecte potentielle

150 000 t

Consommation estimée

97 000 t

Export estimé total

53 000 t

Export sous forme d'amandes de karité

50 000 t

Export sous forme de beurre de karité

3 000 t

49

18 Maintenant appelé INSTAT (institut nationale des statistiques).

50

Malgré la richesse informationnelle de ce tableau, nous pouvons ici souligner le fait que les potentielles de production, de collecte et de consommation ci-dessus exprimées ne spécifient pas s'il s'agit de noix, d'amandes et/ou de beurre.

b. La demande

La demande en beurre karité malien est surtout locale, nationale et sous -régionale. Il n'existe pas de données disponibles sur la demande de karité à quelque niveau que ce soit.

Les quelques données dont nous disposons sur la consommation nationale sont anciennes. Elles datent de 1993 avec une étude de l'APROMA qui soulignait qu'en moyenne, par jour une famille de 7 personnes consomme l'équivalent de 150g de beurre.

Au niveau international, une demande existe. Cependant, pour répondre à cette demande, le karité malien est obligé dans la majeure partie de transiter par la République de Côte d'Ivoire ou le Burkina Faso. Les exportateurs avec qui nous nous sommes entretenus confirment cette pratique, citant majoritairement la Hollande et l'Inde comme principaux clients.

Une étude intéressante du CECI sur l'image de marque du karité en 2007 donne des informations sur la consommation malienne de karité. C'est le résultat d'une enquête dont la taille de l'échantillon était de 500 urbains (de Bamako et Sikasso).

Le profil du consommateur malien dégagé par cette étude correspond à la tranche d'âge des 21 à 40 ans, mariés. Cette tranche constitue 58,8% des consommateurs.

Pour ce qui est de la forme des produits consommés, les tableaux qui suivent, nous renseignent sur la nature de l'utilisation ainsi que sur leur fréquence.

Graphique 8 : Utilisation des produits de karité au Mali, 2007

Graphique 9 : Fréquence d'utilisation au Mali, 2007

51

Les principales motivations de l'utilisation du beurre de karité en plus de l'aspect naturel sont :

Figure 10 : Modes d'utilisation du beurre de karité par les consommateurs maliens, CECI, 2007

L'enquête révèle par ailleurs que les consommateurs maliens une fois bien renseignés sur le concept du commerce équitable se disent prêt à 89,4% à acheter ces produits bien que les prix soient plus élevés (2007).

c. Le circuit commercial

Figure 11 : Le circuit commercial du karité au Mali

Coopératives et unions

Acheteurs villageois / collecteurs

Transformateurs

Bamako grossistes détaillants

Région productrice :

Commerçants / Grossistes

Grossistes et

Productrices indépendantes

Exportateurs

Courtier

52

 

Consommateurs

Importateurs

Figure 12 : Le circuit commercial du karité au Mali incluant les coopératives. Source : Auteur

 

53

Le schéma en noir constitue celui identifié par DIC Sahel (Délégation interopération au Sahel) dans son rapport de mission de la filière karité de 2005 (Karité 28/2005).

Cependant les différentes rencontres que nous avons effectuées tant avec les coopératives qu'avec les exportateurs ou transformateurs mettent souvent en évidence l'existence d'un circuit parallèle. Ce dernier est représenté par le tracé en rouge.

En effet, faire la distinction entre les productrices indépendantes et celles regroupées en coopératives et unions, est utile. Ceci met en évidence que si les échanges sont intenses sur les branches partant des productrices indépendantes, ceux pratiqués avec les coopératives sont assez faibles.

Plusieurs raisons évoquées par les différents acteurs de la filière expliquent ce phénomène :

- Les quantités commandées par les exportateurs et les transformateurs sont de loin supérieures à l'offre des coopératives,

- Les tarifs appliqués par les coopératives sont tels que, les exportateurs et transformateurs ne trouveront pas de marché avec un coût d'achat pareil,

- L'abondance des amandes et du beurre traditionnel à prix abordable et la possibilité de filtrer à nouveau ce beurre,

- La proximité du Burkina Faso et du Ghana qui commercialisent respectivement le beurre à 700 et 600 FCFA le kilogramme.

- De façon générale, il n'est pas sûre que le délai de réponse à la demande soit plus court chez les indépendants que chez les coopératives. Cependant, une chose est certaine ; c'est le fait qu'en s'approvisionnant directement sur les différents marchés forains, les acheteurs trouvent dans un délai plus court que chez les coopératives, les quantités dont ils ont besoin.

De façon générale, la recherche de satisfaction de la demande nationale en karité tant pour la partie consommée sur le territoire que pour celle dédiée à l'exportation se fait au niveau des différents marchés locaux. Marchés sur lesquels abonde la qualité dite traditionnelle. Cependant, il arrive d'y trouver parfois des amandes et du beurre amélioré d'après plusieurs de nos interlocuteurs (Madame Sanogo de Sokarima et M. Talla de SOATAF, société exportatrice de karité). Ce qui nous pousse à nous poser la question de savoir s'il existe sur ces marchés des femmes indépendantes produisant des amandes et/ou du beurre selon la technique améliorée ?

Quoi qu'il en soit, tous sont d'accords sur le fait que le Mali ne devrait produire que du beurre amélioré. La distinction entre beurre amélioré et traditionnel doit disparaitre du langage commun, pour ne parler que de beurre naturel, selon les mêmes personnes interrogées. Harmoniser les procédés de production au niveau national permettrait de mieux promouvoir le karité du Mali à l'extérieur, grâce à une communication sur la qualité uniforme des produits.

54

Chapitre 11 : Les acteurs de la filière karité depuis le Mali

La logique d'une filière est verticale, alors nous déterminerons les acteurs à trois échelles : internationale, sous régionale et locale.

a. Niveau international

Au niveau international, la seule instance qui regroupe tous les acteurs de la filière est le global Shea, qui rassemble tous les membres de la filière chaque année et qui donne lieu à l'alliance globale karité.

Dans l'annexe 2 nous retrouvons une liste des entreprises qui sont investies dans la filière au niveau Ouest Africain mais aussi en Europe, en Asie et en Amérique du Nord.

Il ne faut pas oublier les PME qui peuvent jouer un rôle dans la filière qui peut être important tel Chimitex qui produit du savon avec 40 % de beurre de karité...

b. Niveau sous régionale (Sénégal)

Le Sénégal a bénéficié de deux programmes karité d'envergure, le programme Pro-karité (Mali, Burkina-Faso, Sénégal) et le projet PROMER, qui soutient les initiatives entrepreneuriales donc l'activité des femmes dans le karité.

La Maison du karité dirigée par M. Diop est une entreprise qui ne commercialise que des produits à base de karité, il est le « M. Karité du Sénégal », en tant que biochimiste il a une connaissance aiguisée des vertus de karité. Sa consoeur Dr. Marie Diallo, pharmacienne de formation a lancé sa marque de produits cosmétiques, elle aussi a beaucoup participé à l'évolution de la filière. Elle commercialise des produits à base de karité.

Nous mettons ici en avant les acteurs de la sous-région pour montrer qu'il y a une demande, et cette demande, le karité du Sénégal ne peut pas y répondre. En raison de l'isolement et de l'éloignement des parcs de karité sénégalais des lieux de consommation importants, les sénégalaise préfèrent souvent acheter du beurre de karité malien plus simple à acheminer et souvent moins chère en raison de ces coût logistiques.

c. Niveau local

- La politique de l'Etat :

Le Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (CSCRP) du Mali met un accent particulier sur la promotion de la filière Karité notamment comme moyen d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). En effet, la filière karité a été identifiée comme une des filières porteuses d'emplois et de revenus.

Cette volonté se manifeste à travers plusieurs actions (ministérielles, projets, programmes de développement) :

o Le Ministère de l'Agriculture qui encadre le monde rural,

o La loi d'Orientation Agricole : définit la politique générale de développement agricole au Mali pour l'horizon 2025.

o

55

Le Ministère chargé du commerce et de l'industrie : via la direction nationale du commerce et de la concurrence qui a participé à l'élaboration de la stratégie sectorielle du karité et qui organise des manifestions commerciales dédiées aux produits agricoles (donc les produits à base de karité).

o Le projet karité prise en charge par le ministère de la promotion de la femme et de l'enfant et qui est très actif dans le financement des équipements de production et transformation du karité.

o Le PAFA (Projet d'appui aux filières agricoles) : qui appuie de nombreuses coopératives et union de transformation de beurre de karité amélioré.

o Le PCDA (Programme de Compétitivité et diversification agricole) qui est un acteur clé dans proposition de technologies innovantes pour l'amélioration de la qualité du beurre de karité.

o L'OHVN (Office de la haute vallée du Niger) pour la promotion du karité BIO.

o L'IER (Institut d'Economie Rurale) et L'IPR (Institut Polytechnique Rural de Katibougou) qui oeuvrent dans le domaine de la lutte contre les pathologies des arbres à karité.

- La fédération nationale Karité (FNK): constitue l'interprofession de la filière karité née en 2010, mais n'est pour le moment pas opérationnel. Son but est de rassembler l'ensemble des acteurs de la filière afin promouvoir la transparence de l'information au sein de la filière karité.

- Les partenaires au développement qui aident les différentes organisations de productrices de base de beurre de karité :

o CECI (Centre d'Etude et de Coopération Internationale Canadien)

o SNV (ONG néerlandaise)

o SOCODEVI (ONG canadienne)

o SUCO (ONG canadienne)

o CESVI

o AMPJ (Organismes de promotion du karité au sein du ministère de promotion de la femme du Mali)

o SOSSIF (SOS SAHEL INTERNATIONAL France)

o Mali Folk center

o Ben Ba (Faitière paysanne dont fait partie YIRIWASSO)

- Les transformateurs : il s'agit des transformateurs indépendants de savon, et de la SODEMA (Société de détergent du Mali) qui est une société privé de détergent. HUICOMA et SIKA qui transformaient autrefois le beurre en pommade et lait n'exercent plus dans la filière.

- Les organisations de productrices de base de beurre de karité amélioré : Yiriwasso, COPROKAZAN, COPROKASI, Shiyiriwa, ULPK-Dioila, etc....

- Les exportateurs : tels que l'AMEPROC (Association malienne des exportateurs), ACOGEDI, SOATAF, ACO Industrie, etc....

- Les courtiers et acheteurs villageois qui collectent et approvisionnent les exportateurs/ grossistes en produits karité.

56

d. Programmes d'appuis

La filière karité au Mali a bénéficié de nombreux programmes d'appuis répertoriés dans le tableau qui suit :

Tableau 12 : Les programmes d'appui dans le secteur du Karité. Source Diallo, SNV, 2007

57

e. Les résultats de l'étude

Une fois les acteurs identifiés et après avoir dressé un portrait des différentes coopératives maliennes nous avons pu mettre en avant une matrice SWOT pour les coopératives productrices de karité.

Tableau 13 : Matrice SWOT des coopératives

Organisation / gestion

Forces

Faiblesses

- Grande motivation du CA et du CS

- Communication avec les partenaires

- Existence d'outils de gestion

- Bonne entente entre les membres dans

l'ensemble

- Qualité du beurre

- Présence de compétences pour la
production

- Faible maîtrise de leurs attributions (CA

et CS)

- Elles ne sont pas toutes équipées pour
la production

- Insuffisance et faible utilisation des

outils de gestion surtout des
coopératives les plus jeunes

- L'accès aux financements (crédits, etc...)

- Quantités produites

Opportunités

 

Menaces

- Grande mobilisation des femmes

 

- Rendements des parcs

- Volonté politique marquée

 

- Concurrents locaux et sous régionaux

- Grands débouchés potentiels

 

- Inexistence d'un cadre de concertation

- Engouement des partenaires

développement

au

 

58

Dans la continuité de cette analyse des coopératives, nous avons travaillé sur le marché international pour ces coopératives en détaillant les marchés de niches et en réalisant une veille concurrentielle sur la base de quatre cent soixante produits à base de karité en cosmétologie que l'on peut retrouver en Europe. Nous en avons extrait la matrice SWOT qui suit pour la filière karité et les sous filières associées.

Tableau 14 : Matrice SWOT du marché international

Forces

Présence d'acteurs économiques qui ont une vision
intégrée de la filière

 

Opportunités

 

Ces acteurs, de par leur maîtrise de la filière, sont un facteur important dans la connaissance


·

Réglementation européenne sur l'adduction d'huiles végétales dans la fabrication du chocolat

 

du karité au niveau international (Olvea)


·

Développement du commerce bio et


·

Développement d'entreprises cosmétiques qui

 

équitable

 

valorisent le karité dans leurs produits et soutiennent la filière (l'Occitane, The body


·

Marché des cosmétiques et cosmétiques bio en croissance constante

 

Shop, Chimitex)

 
 
 

Faiblesses

 
 
 
 
 

Menaces

 

· Opacité du marché

 
 
 

· Manque de visibilité sur la filière (seulement
sept des seize pays producteurs sont pris en compte par la FAO)

 

· Dépendance du prix du karité à celui des huiles végétales via les logiques de marché

 

· Production instable d'une année sur l'autre et pas de culture possible qui rendent difficile l'appréciation du risque par les grandes firmes internationales

 

· Marché des huiles végétales très instable

 

59

Notre connaissance du marché nous a permis de mieux cibler le reste de nos recherches. Dans cette partie nous souhaitons connaître quels sont les objectifs à atteindre pour pouvoir pénétrer ce marché. En d'autres termes, maintenant que nous connaissons le marché, il nous faut savoir comment répondre à ses besoins et donc trouver le bon compromis pour un groupement de femmes en termes de production (ce qu'il faut produire, comment le produire et dans quelles mesures).

Pour répondre à cette question nous nous sommes donc focalisé sur :

- Le marché international. Une première étape a constitué à analyser l'offre de produits à base de karité à travers une base de données de 460 produits (Cf. Annexes 3 et 4), puis nous avons analysé la demande à travers un échantillon de 174 personnes.

- Au niveau sous régional, notre étude du marché nous a permis de voir que le Sénégal offrait un potentiel de marché que les autres pays n'offraient pas, nous nous sommes donc attardés sur ce dernier.

- Le marché local nous est apparu comme celui qui offre le plus de potentialité à long terme pour les groupements de femmes au Mali à travers le cas de l'union d'Yiriwasso. Une analyse de l'offre et de la demande a une fois de plus permis d'avoir des résultats tangibles.

Dans une logique analytique inversée, notre analyse de la demande internationale trois segments ont retenu notre attention : les consommateurs de produits biologiques, les consommateurs de produits équitables et les personnes ayant une peau noir ou métisse. Afin de répondre au mieux aux exigences de ces segments, nous avons croisé les données avec notre analyse de l'offre et notre connaissance des groupements de femmes pour promulguer une offre adaptée.

Au niveau sous régional, notre étude approfondie du marché du karité au Sénégal par rapport aux autres pays de la sous-région nous a permis de déterminer les besoins du pays en termes d'approvisionnement en karité et donc les potentialités que cela représente pour le Mali en terme d'exportation dans ce pays.

Par la suite nous avons pu grâce à une étude de la demande au Mali et en fonctions du potentiel productif de l'union d'Yiriwasso, nous avons pu mettre en avant une offre de produit.

De toutes les sous filière liées au karité, deux seulement offre un potentiel de marché, ce sont la sous filière beurre de karité et la sous filière produits cosmétiques à base de karité (crème pour la peau et savon exclusivement).

Nous avons donc croisé les différentes analyses faites au niveau international, sous régional et local, puis nous avons pris en considération les capacités de l'union d'Yiriwasso pour formuler une offre de produit à mettre en avant. Veuillez trouver ci-dessous cette offre de produit adaptée au développement de l'union de productrices de beurre de Yiriwasso.

60

 

Produit

Prix

 

Communication

 

Canaux de distribution

Beurre de karité

1 kg en vrac (sachet sous vide)

1 000 Frs


·


·


·


·


·

Caractère spécifique du produit

(couleur pure, sans odeur,

totalement naturel, à base

d'amandes bouillies)

Ne pas spécifier « beurre

amélioré »

Mettre en avant les bienfaits du produit

Produit entièrement naturel !!!

Sur les sachets sous vide, préciser

utilisation alimentaire, ainsi que
sur les seaux


·


·


·

Boutiques et kiosques spécialisés dans le karité. Marché

Supermarchés

500 g en vrac (sachet sous vide)

525 Frs

300 g en vrac (sachet sous vide)

325 Frs

150 g en vrac (sachet sous vide)

160 Frs

75 g en vrac (sachet sous vide)

85 Frs

Sot transparent de 1 kg

1 500 Frs

Pot de 300 g

750 Frs


·


·


·


·

Boutiques et kiosques spécialisés dans le karité.

Marché

Supermarchés

Magasins cosmétiques

Pot de 100 g

500 Frs

Crème à base de karité

Pot de 125ml

1 000 Frs


·


·

Spécifier caractéristiques

hydratantes, anti âge...

Côté léger du produit

Pot de 375 ml

2 750 Frs

Savon boule

 

traditionnel

500 g

175 Frs


·

Produit naturel, efficace dans les

tâches courantes de la vie de famille


·


·

Boutiques et kiosques spécialisés dans le karité.

Marché et supermarchés

 

Savon de toilette

100 g

300 Frs


·


·

Produit naturel

Vertus antiseptiques


·


·


·


·

Boutiques et kiosques spécialisés dans le karité.

Marché

Supermarchés

Magasins cosmétiques

Marché sous
régional Sénégal

A la suite de cette offre de produit adaptée nous avons mis en avant un schéma de commercialisation à trois niveaux (international, sous régional et local) échelonné dans le temps.

t n t n+1 t n+3 t n+5 t n+7 t n+9 t n... t n+15

Marché
local

 
 
 
 

Vente de beurre de karité pur, de crème
(pommade), de savon de toilette et de
savon boule

Développement de l'activité de ventes cosmétiques, via
des produits de qualité supérieur

 
 

Vente de beurre de karité pur

Vente de savons et pommades une fois le standard de
qualité Sénégalais atteint

Vente de beurre de karité pur et de bondillons de savon (partenariat
avec un transformateur)

Marché

International Europe

Vente de savons et
pommades une fois les
standards de qualité
européens atteints

Figure 13 : Chronogramme de commercialisation par zone géographique

61

Localement, à l'échelle du Mali, les conditions de réussite sont la mise en place d'un commercial afin de vendre les produits de l'union et de développer l'activité à un niveau suffisant. Il est nécessaire que cette personne en place puisse régulièrement démarcher dans Bamako de manière hebdomadaire, assurer un réassort des produits mais aussi se déplacer dans l'ensemble du pays car dans des régions tel que Gao ou Tombouctou , du beurre est consommé mais le beurre est importé du Burkina Faso.

Il faut être présent avec une force de vente et avoir un suivi de la clientèle. A plus long terme, il est indispensable d'avoir un standard de qualité de produit supérieur pour se positionner dans la fabrication de cosmétique (crèmes et savons dans un premier temps).

A l'échelle sous régionale il faut la présence d'une force de vente qui puisse être en mesure d'aller au Sénégal démarcher des transformateurs et des distributeurs. A plus long terme, la qualité et la normalisation des produits cosmétiques de l'union sera indispensable pour pouvoir pénétrer le marché Sénégalais.

Il faut rechercher des partenariats sur la zone du Sénégal.

Au niveau international

Dans un premier temps il faut chercher des partenariats sur un marché européen qui est déjà hyper concurrentiel (ces concurrents ont une connaissance très fine du marché).

Par la suite, à long terme il faudra répondre aux standards de qualité européenne pour s'imposer sur ce marché avec des crèmes, savons... et donc développer une gamme de produits l'export.

Pour parvenir à atteindre même ces conditions, il est impératif de travailler sur plusieurs points qui sont l'organisation des acteurs de la production, la rationalisation des processus de production de beurre de karité et des sous-produits du karité, les termes de références nécessaires à la mise en place de conditions commerciales adéquates.

Chapitre 12 : La stratégie projet à mettre en avant

A travers l'action de SOS SAHEL à Kati de 2006 à 2009, nous avons aidé les femmes à s'organiser en groupements pour avoir plus de poids économiquement et pour qu'elles puissent avoir des revenus complémentaires plus conséquents et plus stables. Le but de cette étude est d'assurer un marché à ces femmes pour que leur activité croissante permette un développement durable. L'objectif global du projet Kati est à l'origine de lutter contre la déforestation via des activités génératrices de revenus contrecarrant la coupe de bois de chauffe.

Cette logique vertueuse est celle dans laquelle nous souhaitons toujours nous inscrire à travers cette étude. Nous voulons participer au développement d'une activité qui soit sociale, économiquement viable et qui respecte l'environnement.

Afin d'être dans cette logique durable, nos actions seront orientées sur les dynamiques d'acteurs et de marché, le renforcement des capacités entrepreneuriales, le respect de l'environnement via le traitement et la valorisation des déchets issus de la production mais aussi la préservation des ressources en rationalisant l'utilisation des intrants,...

Conseil

d'administration

Comité de surveillance

Gestionnaire / Commercial

Gardien

Gestionnaire du Ben Ba

Equipe de production

a. Au niveau organisationnel

Nous souhaitons renforcer l'action du comité de surveillance et du conseil d'administration via des formations comme nous l'avons développé précédemment. Nous souhaitons aussi la mise en place d'un gestionnaire commercial qui sera en charge de la

62

gestion de l'union à plein temps et assurera la Figure 14 : Organigramme indicatif

63

direction commerciale du groupement. En termes de gestion il sera mandaté par le conseil d'administration pour assurer la gestion et le développement économique de l'union, il assurera le respect des axes stratégiques de développements déterminés en concertations avec le Conseil d' Administration de l'union.

Des audits de SOS SAHEL seront mis en place à intervalle régulier pour évaluer et assurer un suivi des activités, afin d'ancrer durablement dans le temps le développement de l'union.

En termes commerciaux, le gestionnaire assurant aussi des fonctions de cadre commerciale aura la charge de mettre en place les activités de promotion, assurera le suivi client, la prospection... comme cela est détaillé plus haut dans le texte.

Un véhicule sera mis à sa disposition pour assurer ses fonctions commerciales majoritairement sur Bamako et de gestion sur le site de production de l'union YIRIWASSO.

b. Au plan technique

Dans le but d'aider au développement de la l'union YIRIWASSO et au succès un futur projet karité, nous avons repris les éléments du diagnostic dans une construction synthétique. Cette analyse causale des problèmes a facilité le développement d'une stratégie, puis d'un business plan et d'un plan de financement.

Enfin, une ouverture est donnée par la prise en compte de deux développements à prévoir : - la participation à l'organisation de la filière malienne

- la question environnementale, dans le but de limiter les impacts de la transformation du karité sur le milieu

En termes méthodologiques, nous avons commencé notre étude en écoutant les femmes sur les problèmes qu'elles ont dans le cadre de leur activité, après nous nous sommes basés sur notre analyse du terrain. Dans un premier temps, les femmes ont évoqués plusieurs problèmes centraux et périphériques qui sont :

? Problèmes d'eau (qualité et quantité)

? Manque d'infrastructure (immobilier et équipement)

? Manque de formation et de connaissance principalement dans le domaine de la gestion ? L'accès difficile au marché (perte de stock, ventes insuffisantes)

Vous trouverez en annexes 5 l'arbre à problèmes et l'arbre à solution ayant servi au diagnostic à l'échelle de la coopérative. Les deux autres analyses ont aussi été faites dans le même canevas.

Nous esquissons ci-après le cadre logique qui est ressorti de ces trois niveaux d'analyses.

64

 

Projet karité Yiriwasso

Volet Filière Mali

Volet environnement

Objectif global

- Contribution à l'amélioration des conditions de vie des femmes

- Contribution à la lutte contre la pauvreté au Mali

- Contribution au développement des filières agricoles maliennes

- Contribuer à la lutte contre la désertification au Mali

Objectif spécifique

1. Améliorer la présence des produits de Yiriwasso sur le marché

2. Améliorer la présence du karité malien sur les marchés locaux, sous régionaux et internationaux

3. Préserver l'écosystème karité

Résultats attendus

1.1 Elargir la gamme de produits

1.2 Améliorer la qualité des produits

1.3 Améliorer la logique entrepreneuriale (gestion, gouvernance, commerciale)

2.1 Accroître la consommation de beurre amélioré

2.2 Structuration de la filière malienne

2.3 Elargissement de la gamme de produits issus du karité

2.4 Elargissement de la consommation urbaine du karité malien

3.1 Restauration et pérennisation des parcs d'arbres à karité

3.2 Réduction des impacts environnementaux des activités liées au karité

Activités

1.1.1 Equipement de Yiriwasso (Baratte, Moulin, Micro Savonnerie, Bâches...) 1.1.2 Financement des améliorations par une mutuelle à travers un fonds de garantie distribué grâce à une partenaire.

1.3.1 Formation des membres de la coopérative en gestion coopérative (Conseil d'administration, conseil de surveillance, gouvernance)

1.3.2 Mise en place d'un poste de commercial, d'un poste de vendeuse et construction d'un kiosque karité à Bamako

1.3.3 Prospection commerciale (communication, gestion du suivi client, publicité...)

2.1.1 Sensibilisation et formation aux intérêts du beurre amélioré (bonne odeur, Productivité, respect de l'environnement) à l'échelle nationale

2.2.1 Mise en place d'une fédération de producteurs et d'une interprofession au niveau national

2.3.1 Production de nouveaux produits mieux adaptés aux besoins urbains et création d'un label karité du Mali

2.4.1 Etude de faisabilité pour la mise en place d'une raffinerie de karité en partenariat avec le gouvernement malien

2.4.2 Plan de communication au niveau national

3.1.1 Concertation avec les acteurs des collectivités locales pour diminuer la pression sur le foncier, faciliter l'accès au parc d'arbres et gérer rationnellement la ressource (conventions collectives)

3.1.2 Désenclavement des parcs inexploités

3.2.1 Récupération et valorisation des déchets et sous-produits de la transformation (Compost, briquettes ardentes, ...)

3.2.2 Réduction des émissions de carbone et de la consommation de bois (foyers améliorés) 3.2.3 Formation et sensibilisation des transformatrices

Tableau 15 : Cadre logique simplifié

65

Chapitre 13 : L'approche programme, le cas du karité.

L'approche programme est complémentaire de l'approche filière, elle permet d'ancrer profondément les pratiques du développement sur le long terme en mobilisant les compétences de d'un nombre important de spécialiste dans les domaines divers sous la forme de projets diverse ayant pour axe un programme défini.

Même si directement l'impact est sur la filière, cette approche impacte par transversalité des points différents. Nous nous retrouvons donc dans une logique de système de développement localisé où des acteurs mettent en avant leurs compétences distinctives et où ils sont complémentaires.

L'impact de la qualité des productions et du niveau d'organisation des producteurs est amélioré de manière plus importante qu'avec une logique de projet conventionnelle. Avec cette approche programme c'est aussi le territoire d'action qui est développé dans son ensemble.

Afin de mettre en avant cette approche nous allons nous baser sur la logique de montage d'un programme karité au Mali.

2011 2012 2013 2015 2016 20xx 2026

CO2 et

Environnement

Economie

Déploiement des activités à d'autres
groupements, mise en commun des
systèmes de mutuelle (fédération).

Mise en place d'une fédération des
groupements inclus dans le programme via
un comité de pilotage.

Suivi évaluation du programme de
développement.

66

Identification
des projets

 

Baseline

 

Déploiement

 
 
 

Centre/Ferme
pilote

Monitoring

 

Prospection +
Etat des lieux

 
 
 
 

Premiers résultats
mesurables et
effectifs

Modèle de
remédiation

Etude

valorisation
parc d'arbres

Evaluation pilote

Développement Local

Prise en
compte
demande
locale

Démarche
participative

Recherche
développeme
nt sur la
valorisation
des déchets
de la
production
de beurre

Prospection
partenaires
industrielles

et

distributeurs

Mise en place des améliorations (processus de productions, gestion des
groupements, certifications...), mise en place d'une mutuelle dans le
paiement des commandes, mutuelle de santé et mutuelles de cérémonies.

Améliorations des conditions de vie des femmes, Diminution de la
pénibilité du travail, croissance de l'activité, plus de femmes sont
nécessaires, de nouvelles activités, de nouveaux revenus complémentaires
sont mis en place. Une gestion collective des ressources qui ont un effet
levier sur l'activité, les revenus et les conditions de vie.

Développement
d'activités
génératrices de
revenus

 

Développement de nouvelles activités
économiques, chaîne solidaire Nord/ Sud, mise à
disposition de nouveaux marchés équitables pour
les groupements, cercle vertueux.

Figure 15 : Concept d'un programme karité

67

Le concept du programme karité est d'agir sur trois fondamentales qui sont le CO2, le développement local des populations via une coopérative, et sur les dynamiques économiques. Le fait d'utiliser une logique transversale dans l'approche programme nous permet de monopoliser plus de leviers d'action pour le développement. De toucher plus largement et plus profondément les populations et l'environnement. Nous avons donc un programme qui s'inscrit parfaitement avec ces trois axes dans une démarche de développement durable (social, économique et environnemental).

La clef de ce programme réside en outre dans la possibilité et la capacité pour, la ou les ONG opérateur(s) du programme à obtenir les financements nécessaires. Ce programme nous permet donc de mettre par sa logique transversale plus de moyens de financement dans des logiques à court, moyen et long termes.

Axe CO2 et environnement :

2011-2012

Il s'agit ici de mettre en place des systèmes pouvant à la fois limiter les émissions de CO2 dans l'air mais aussi de permettre, par la valorisation de parc agro forestier, la séquestration de CO2 dans le sol. Les deux méthodes de mesure ne sont pas les mêmes, toutefois il ne faut pas voir cela comme un inconvénient mais comme la possibilité de multiplier les sources de financement et du coup de diversifier et minimiser les risques liés à l'activité. Un état des lieux est indispensable, il pourra donc et devra surement faire l'objet d'une étude qui permettra l'identification du parc de karité dans les zones de population dense de cet arbre. Le meilleur moyen d'arriver à ces fins et de mettre en place un SIG (système d'information géo localisé) : nous aurons donc les coordonnées GPS de chaque arbre auquel on pourra attribuer son âge, sa taille, le nombre de kilos de noix produits, le rendement de la noix en matière grasse végétale, l'espèce...

Les différents projets à mener devront être identifiés pour répondre à cette logique de séquestration et de non émission de CO2, plusieurs volets sont déjà envisagés tels que la pollinisation, le greffage, les pépinières d'arbres, les activités de sensibilisation des populations locales, les campagnes de droit au foncier en collaboration avec les collectivités locales (le Mali, par exemple, est un pays dans lequel la décentralisation et le besoin de fonds dégagés par les intercommunalités et municipalités ont mis en évidence une dilapidation du patrimoine foncier au profits d'acteurs privés).

2012-2013

Une fois tous ces projets identifiés, un pilote sera mis en avant. Ce groupement pilote permettra la mise en place d'une Baseline en terme de CO2, nous évaluerons aussi par la même le modèle de remédiation à mettre en avant pour atteindre nos objectifs carbone.

68

2013-2016

Sur une période de 4 à 5 ans depuis le début du projet pilote, nous aurons les premiers résultats positifs, les premières retombées de notre action carbone. Le déploiement et le monitoring pourront alors commencer.

2016-2026

Continuation des activités de déploiement du programme sur d'autres groupements pour avoir une action largement diffusable. Suivi monitoring des activités.

Axe Développement local :

2011-2012

A travers toutes ces actions CO2 qui génèreront de l'activité humaine nous comptons améliorer les conditions de vie des populations locales, ce qui est la principale mission de SOS SAHEL. Comment ? Il faut en premier lieu prendre en compte la demande locale, à travers une démarche participative. Deuxièmement, il nous faut faire une étude sur la valorisation des déchets liés à la production de beurre de karité pour d'une part améliorer les processus de production, et d'autre part limiter de manière transversale les émissions de CO2 lors de la production de beurre. La transformation de déchets liés à la production constitue des gains de valeur ajoutée non négligeables. En effet si on fait des briques avec les tourteaux nous pourrons nous en servir comme combustible dans la cuisson du beurre et par la même éviter la coupe de bois. Le broyage des coques en copeaux pourrait par exemple être incorporé à ces briques de tourteaux pour avoir une cuisson lente et du coup gérer la flamme et l'intensité du feu produit. Il faudra aussi généraliser à tout le groupement l'utilisation des foyers améliorés.

2013-2016

La mise en place de ces améliorations et d'autres innovations de gestion, de marketing... permettra aux groupements de valoriser leur production, d'augmenter leur productivité, de réaliser des économies d'échelle et par la même donc d'améliorer leurs conditions de vie. Pour soutenir leurs efforts, il est indispensable de mettre en place des mutuelles de paiement, de santé, de cérémonies. Il est primordial de mettre en place une mutuelle de paiement pour pouvoir favoriser l'insertion sur le marché des groupements. Un acheteur/transformateur ne sera pas souvent prêt à payer au moment de la vente les produits. Du coup si on veut éviter de multiplier le nombre d'intermédiaires dans la filière, il est nécessaire de mettre en place une mutuelle qui paiera les femmes à la

69

livraison mais qui sera elle payée par le commanditaire à 60 jours comme la loi l'indique en Afrique de l'Ouest. Le taux de pénétration du marché par les femmes s'en ressentira alors fortement. Cette mutuelle devra par la suite être étendue à la santé et aux cérémonies.

Si les conditions de marché et de production sont améliorées alors les femmes pourront développer leur activité de manière durable, elles rentreront dans un cercle vertueux et le processus de développement sera enclenché. Les revenus complémentaires tirés de l'activité karité seront de plus en plus importants et leurs conditions générales de vie s'en ressentiront fortement améliorées.

La transversalité inhérente au programme nous permettra aussi de mettre en place d'autres activités génératrices de revenus qui seront complémentaires les unes des autres. La mise en place d'une activité apicole est une condition nécessaire à la pollinisation des arbres, son impact ne s'étend pas seulement au karité. Le miel récolté fera l'objet de vente sur les marchés mais il pourra aussi être incorporé dans la fabrication de pommades karité...

2016-2026

On déploie les activités à d'autres groupements, on regroupe les mutuelles sous la forme d'une fédération au niveau des groupements membres du programme pour avoir un pouvoir plus important mais on ne part pas dans un montage de mutuelle unique avec une antenne par groupement : elles deviendraient trop compliqués à gérer et les risques de corruption et mauvaise gestion seraient plus important.

On fédère les groupements membres autour d'une fédération qui pourrait passer par un comité de pilotage afin de pérenniser une volonté d'action par la participation (, ce sont les premiers concernés, les vrais experts du programme). Cette notion de réseau qui passe par la fédération est très importante pour créer un effet boule de neige et augmenter l'attractivité du programme et pour l'ancrer réellement dans le temps.

Parallèlement nous menons des activités de suivi, évaluation et amenons les améliorations nécessaires au programme.

Axe économie :

2011-2016

Il est nécessaire que toute production trouve acquéreur, de plus dans la logique d'un programme karité, l'intérêt est aussi d'être financé par la volonté de rachat de crédits carbone par de grandes entreprises dans une logique équitable pour tous. Dans cette mesure nous souhaitons sur cette période être dans une phase de prospection de partenaires. Il y a deux grands types de partenaires vers qui nous pourrions nous tourner. Les grands industriels de l'agroalimentaire qui utilisent le beurre de karité comme substitut de cacao pourraient être intéressés pour acheter un beurre de karité qui est à 0% d'émission

70

de carbone. On a donc une double action qui est l'achat de beurre de karité neutre en carbone et le financement du programme par le rachat de crédit carbone19. (Ex : Mars, Cadbury, Ferrero...)

Au même niveau d'autres partenaires mais plus orientés sur la distribution pourraient être intéressés par des produits à base de karité équitables qui seraient neutre en carbone. La distribution de ces produits équitables serait assurée par eux et il financerait le projet grâce au rachat de crédits carbone.

Nous avons à un deuxième niveau, des PME industrielles ou non, qui interviendraient en tant que transformateurs afin de fournir le produit nécessaire aux distributeurs ou gros industriels ; mais dans ce cas nous serions plutôt dans la logique d'un travail avec des distributeurs directement. La PME en question nous permet de mettre sur le marché un produit équitable neutre en carbone et de QUALITE. On pousse trop souvent les groupements de femmes à développer des activités dans lesquelles elles n'ont ni la qualification ni les ressources nécessaires pour arriver à de bons résultats (ex : production de crèmes cosmétiques destinées à un marché international mais qui ne respecte pas les normes en vigueur). Il est important que chacun puisse rester dans son corps de métier, de plus, en termes de développement il n'est pas bon de trop déstructurer la filière en voulant à tous les prix, mettre en place des filières courtes comme tant d'ONG aiment le faire car cela a pour effet d'augmenter les risques encourus par les coopératives, ce qui augmente leur sensibilité aux aléas du marché, créer une dépendance à des revenus qui deviennent principaux plutôt que complémentaires...

Cette PME peut se situer tant au Nord qu'au Sud ; nous n'avons pas identifié de telles structures au Mali directement mais quelques-unes dans la sous-région, il est donc intéressant de valoriser la sous-région dans la mesure où les capitaux et la VA qui peut en découler ne quittent pas le territoire Africain.

Pour faire échos à ces derniers paragraphes, nous allons détailler le montage de financement que nous proposons avec les actions sur ces différents axes.

2016-2026

Même choses que pour l'axe développement local.

19 Les entreprises émettant un certain niveau de CO2 par leur production peuvent désormais acheter des crédits carbones qui annulent l'excédent de CO2 qu'elles produisent.

Intérêts directs pour les acteurs

Montage (acteurs et interactions)

CO2 et environnement

Achat de crédits carbone

Vente de produits

transformés

Ventes assurées à un transformateur

PME Transformateur et/ou petit industriel

Gros industriel et/ou distributeur

Groupements de productrices

Production de produits et sous-
produits karité avec une valeur
négative en CO2

Transformation en un produit
négatif en CO2 et/ou distribution
d'un produit neutre en CO2 aux

Transformation avec une valeur négative en CO2 et/ou distribution d'un produit neutre en CO2

Transport =

Émissions de CO2

Transport = Émissions de CO2

71

Figure 16 : Montage mis en avant dans la logique de programme karité

72

Plusieurs types de montages sont envisageables, ils sont aussi cumulables les uns avec les autres.

Postulat 1

On organise un projet entre une PME transformateur et/ou industriel avec le groupement de femmes. Le groupement de femmes vend une partie de sa production de beurre à la PME qui la retransforme derrière pour la commercialiser ensuite. Dans ce cadre, la PME commercialise un produit équitable, qui est neutre en carbone. En contrepartie la PME s'engage à acheter le beurre de karité à un prix équitable et/ou assurer les moyens nécessaires au groupement féminin pour produire la quantité souhaitée, la qualité souhaitée avec certifications souhaitées.

L'intérêt du groupement est son développement économique avec des ventes assurées à un prix correct. Pour la PME, c'est communiquer sur le côté équitable et/ou biologique et/ou sans émissions de CO2 de ses produits... S'assurer une bonne image. De plus la PME peut s'engager à mettre aux normes nécessaires le groupement de femmes. L'intérêt de l'ONG opératrice est de mettre en avant ses compétences au profit du développement.

La condition nécessaire à ce montage est une contractualisation faite de manière à assurer à moyen ou long termes l'achat de beurre de karité ou sous-produit du karité par la PME.

Postulat 2

Le projet est entre le groupement de femme et le gros industriel et/ou distributeur. Dans ce cas, le groupement de femmes fournit le produit ou sous-produit du karité nécessaire aux acteurs engagés. Le distributeur et/ou industriel assure un prix équitable d'achat et des commandes sur une période préalablement fixée. Le commanditaire participe aussi aux améliorations à apporter aux groupements via l'achat de crédit carbone investis intelligemment. En échange le groupement de femmes assure une offre de production négative en carbone. Les émissions de carbone évitées et/ou le CO2 séquestré sont rachetés par l'entreprise dans une logique de compensation carbone.

Dans ce schéma de montage, le distributeur et/ou industriel n'est pas obligé d'acheter la production du ou des groupements mais l'achat de crédit carbone sert à financer les actions de développement à mettre en oeuvre.

L'intérêt de l'industriel et/ou distributeur est de racheter des crédits carbones, de commercialiser un produit équitable et écologique qui saura valoriser l'image de l'entreprise. L'intérêt du ou des groupements de femmes est d'assurer les conditions de leur développement par la mise en place de certification, la production de produits ou sous-produits du karité avec un taux d'émission de CO2 négatif.

Outre cette même logique de contractualisation évoquée précédemment nous tenons à mettre l'accent sur la nécessité d'avoir une échelle importante d'arbres sur laquelle travailler, si la densité n'est pas assez importante en arbres alors l'effet levier n'est pas possible et il ne vaut pas le coup pour l'entreprise d'investir dans ces crédits carbone.

73

Postulat 3

Ce montage comprend trois acteurs différents qui sont une PME industrielle et/ou de transformation, un gros industriel et/ou distributeur et, le ou les groupements de femmes concernés.

Le ou les groupements de femmes produisent une offre de produit négative en émissions de CO2 qui est vendue à une PME qui transforme ce produit et/ou sous-produit du karité pour le revendre par la suite à un distributeur et/ou industriel de grande taille. On reste sur une logique de crédit carbone et de commerce équitable et/ou biologique. Dans cette logique le ou les groupements s'assurent un marché à long terme, le financement d'amélioration productive... et la PME s'assure une visibilité et une porte d'entrée vers un marché plus important que le sien, en contrepartie elle achète les produits à un prix équitable pour le ou les groupements.

L'intérêt de ce montage réside dans le fait que l'on n'est pas obligé de sortir du territoire africain pour assurer une offre de production correspondant aux normes internationales en vigueur. C'est une approche triple WIN car tout le monde assure une plus-value sous n'importe quelle forme qu'elle puisse être. De plus si des produits réalisés au terme de ce montage sont commercialisés, cela assure une visibilité importante à l'ONG qui par cette action réalise une campagne de communication importante, cela stimulera donc les donations sur le long terme, ce qui permettra la mise en place de nouveaux projets de développements...

En considérant ces trois postulats nous pouvons aussi apposer les Postulats 1', 2', 3' & 4'.

Nous pouvons dans le cadre de ce programme travailler pleinement sur un groupement mais nous pouvons aussi en tant qu'opérateur nous occuper des améliorations à apporter pour permettre aux groupements d'avoir une offre neutre et/ou négative en émissions de CO2.

Toujours dans le choix des groupements, nous pensons que le mode d'intervention peut être de deux niveaux. Un premier niveau qui consiste à soutenir un groupement dans son ensemble. Cependant, dans la mesure où nous sommes accès sur une activité financée par les crédits carbone nous pensons qu'il peut être intéressant de travailler sur un plus large nombre de groupements mais avec une logique de financement des activités environnementales liées à la revalorisation du parc d'arbre et à la mise en oeuvre de pratiques économiques en termes d'émissions de CO2 et de consommations de bois de chauffe.

Nous proposons aussi de nous concentrer sur les questions de dynamiques de marché et sur la réorganisation managériale. Dans ce cas, notre action, qui serait plus largement diffusée pourrait aussi avoir comme fer de lance la valorisation d'une filière karité ne produisant que du beurre dit amélioré.

74

Option de paiement pour les bailleurs

La transversalité inhérente au programme nous permet d'innover dans les mécanismes de financement mais cela peut aussi nous permettre de mettre en avant des modalités de paiement de la part des bailleurs différentes de celle que nous avons actuellement.

Le paiement serait alors découpé en « Works package », chacun de ces paquets est attribué à un certain nombre de projet ou tâches. L'avantage de ce mode de financements est que l'argent est versé à la commande du paquet et non graduellement et régulièrement. L'opérateur a donc une autonomie totale de ces financements dans la mesure où les tâches, projets... à mettre en place feront partie du contrat de financement.

L'avantage est implicitement de pouvoir profiter de la capitalisation d'expérience pour avoir une plus grande marge de manoeuvre. En effet, les connaissances acquises par le pilote génèreront des économies d'échelle lors de la période de déploiement. De ce fait il faut profiter de notre connaissance et notre expertise via les paquets.

Dans la logique d'un montage de programme nous tenons aussi à mettre en avant le développement stratégique de l'ONG concernée. En effet pour agir plus en profondeur, il paraît essentiel de développer des partenariats. Les compétences de l'ONG initiatrice du programme n'étant pas illimités, il est important de trouver des partenaires dont les corps de métier correspondent à des besoins fondamentaux en termes de tâches dans le programme mis en avant. Ainsi, une ONG spécialisée dans les projets de compensation carbone pourrait être partenaire, un laboratoire de recherche en agronomie aussi... Il ne faut pas oublier les instituts de recherche car le développement avance en même temps que la recherche, il faut donc mettre en place des logiques de recherche action.

En termes de gestion par l'ONG initiatrice du programme il faut partir de la logique de certains projets labélisés pôles de compétitivité. L'ONG en question doit s'imposer comme porteur du programme, elle a la charge des tâches correspondant à son corps de métier, de la communication, de la recherche de financement, de la répartition des financements et de l'audit du programme.

En mettant en avant des logiques de complémentarité et de compétences distinctives le programme permet la mise en place de réels pôles d'innovation en développement. L'ONG émettrice du programme a aussi un intérêt direct dans la mesure où toutes les publications et les études liées au programme porteront aussi son sot. Cette approche est donc utile pour le développement de la structure ; La structure en se développant assoit sa légitimité et du coup accède plus facilement aux financements amenant à d'autres programmes afin de participer plus largement et durablement au développement dans le monde.

75

CONCLUSION GENERALE

Dans ce mémoire, nous avons pu mettre en avant le concept de filière et les préceptes inhérents à sa compréhension et son analyse. Cette phase préalable fut indispensable pour pouvoir comprendre et établir les liens de causalité entre filière et développement.

Il nous est donc apparu que la logique systémique de l'analyse de filière permet un degré de compréhension élevé des interactions qui existent entre tous les acteurs concernés. Cette prise en compte des acteurs est indispensable à un opérateur extérieur qui ne doit pas mettre en avant de mécanismes de blocages par le changement qu'il opère sur le terrain.

La dimension territoriale est aussi intéressante, elle nous permet de mettre en avant un projet de territoire20 qui favorise un développement local généralisé dans un contexte global. Cette alliance du global et du local est indispensable pour les ONG qui agissent généralement dans un contexte global mais localement.

En analysant une filière, les ONG favorisent l'application d'un logique multi-acteur sur le terrain, cette logique est indispensable pour faciliter l'appropriation des projets et idéaux sous-jacents par les populations et les autorités locales. Dans cette logique, la mise en oeuvre de projets de filière permet de renforcer les dynamiques participatives et la concertation dans les projets ou programmes.

Nous savons désormais que la clef du développement par les ONG réside entre autre dans la capacité de ces dernières à mobiliser les financements suffisants. En mettant en avant des axes d'interventions différents, l'approche passant par la filière peut s'avérer un facteur important dans cette mobilisation de fonds.

Notre expérience du terrain dans le cadre de la filière karité au Mali nous a permis d'appréhender cette logique de filière dans le cadre de projets agricoles et de comprendre que l'informelle joue un rôle important dans les pays en développement, mais que paradoxalement c'est aussi cette logique informelle qui restreint le champ d'action des pouvoirs publics en ne mettant pas à jour, les opportunités et l'importance de ces filières.

Nous pouvons prendre l'exemple du karité malien qui traverse en permanence la frontière, mais, qui n'étant pas comptabilisé dans les flux marchands remet en cause la viabilité économique de la filière karité dans son ensemble. Nous ne pouvons en être certain mais si tous ces échanges eussent été pris en compte de manière formelle, une usine de transformation aurait pu voir le jour et permettre à des dizaines de milliers de femmes vivant à la campagne de pouvoir s'octroyer des revenus supplémentaires nécessaires à la scolarisation des enfants, à la sécurité alimentaire ou encore à l'investissement...

20 Un projet de territoire est un projet ou différents acteurs mettent en oeuvre leurs capacités, compétences, savoirs... pour atteindre un objectif commun.

76

Il apparaît donc évident que l'analyse de filière peut être un outil important dans un contexte agricole en milieu rural pour l'intervention des ONG, toutefois, il ne faut pas prendre la logique de filière pour une panacée, d'autres outils peuvent être pris en compte.

Cette expérience sur les filières et plus particulièrement sur la filière karité malienne a permis de mettre en avant la nécessité de recul qui incombe aux projets de développement dans le Sud. Il faut faire preuve d'humilité et comprendre que ce n'est pas tant les outils mis en avant qui comptent mais ce que nous sommes capables d'en faire.

L'analyse de filière est donc un outil qui peut s'avérer efficace pour les ONG dans la mesure où elles interviennent avec respect des populations en n'oubliant pas que les seuls experts ce sont eux. Eux, qui ont la connaissance quotidienne du terrain, c'est-à-dire les paysans.

Notre réflexion sur l'impact de l'analyse de filière dans les projets de développement évoluant, une question reste en suspens.

Pousser trop loin la structuration des filières dans un objectif de développement ne revient-il pas à appliquer les préceptes d'un capitalisme à échelle locale, à l'heure où ce même système capitaliste montre ses faiblesses ?

77

ANNEXES

Annexe 1 : Les vertus du karité

PARTIES DE
L'ARBRE

UTILISATIONS

VERTUS

Bois

1- Bois d'oeuvre (en principe ce sont les bois en mauvais état ou improductifs) et notamment les pilons, pieux et poutres

2- Charbon de bois

 

Ecorces

1- Pharmacopée (écorces pilées)

2- Pharmacopée (infusions d'écorce) 3-Pharmacopée (décoctions d'écorce)

4- Teinture pour la maroquinerie

1- Lutte contre les diarrhées, jaunisses, les maux d'estomac

2- Propriétés médicinales et antimicrobiennes

3- Facilitation des accouchements et lactation des mères

Racines

1- Pharmacopée (racines pilées)

1- Lutte contre les diarrhées, jaunisses, les maux d'estomac

Feuilles

1- Pharmacopée

2- Hygiène

3- Coutumes

1- Lutte contre les maux d'estomac + Lutte contre les maux de tête et s'utilise en lavement des yeux (en ajoutant de la vapeur d'eau)

2- Bonne mousse de lavage

3- Feuilles accrochées à l'entrée des maisons pour protéger les nouveaux nés + Construction des masques

Fleurs

1- Parfois pour les beignets

 

Eléments se servant de l'arbre

1- les chenilles

2- abeilles

1- Nourriture

2- Miel

 

Latex

1- Chewing-gum

2- Balles pour les enfants

3- Réparation des tambours pour les musiciens

4- Encollages spéciaux

 

Pulpe du fruit

1- Consommation alimentaire de la pulpe

2- Sorbets puis glaces

3-Pharmacopée traditionnelle (vaccins)

1- Riche en vitamines C

3- Vaccins

Coques

1- Combustibles

2- Cendre comme engrais

2- Riches en potasse

Résidu noir obtenu après l'extraction des amandes

1- Enduit pour les murs en terre, les portes, les fenêtres

1- Matériau imperméabilisant

 
 
 

78

Beurre de karité

 

1- Alimentation (matières grasses pour

l'alimentation)

2- Cosmétiques

2- Hydratant, adoucissant et

assouplissant de la peau. Cicatrisant et revitalisant.

3- Pharmacopée et pharmacologie (crèmes de massage)

4- Hygiène (savons...)

5- Eclairage (bougies)

3- Contribution aux massages, traitement des blessures et des brûlures. Anti-inflammatoire, contre les rhumatismes, les courbatures, les rhumes de cerveau. .

79

Annexe 2 : Liste non exhaustive des sociétés intéressées par le karité

Sociétés en Europe

Pays

Raison sociale et description

Suède

AarhusKarlshamn AB (Suède), est née le 26 mai 2005 de la fusion des sociétés danoise Aarhus United A/S et suédoise Karlshamns AB.

Belgique

- Van Dermoortele

Producteur de margarine, huiles, graisses, aliments à base de soja, de mayonnaise et de sauce pour l'industrie agroalimentaire

Pays-Bas

- Loders-Croklaan

Filiale du groupe Unilever UK PLC qui produit des huiles et graisses spécialisées pour l'industrie agroalimentaire (notamment les produits naturels)

Royaume-Uni

- Unilever UK

- Britania Food Ingredients Ltd.

Fournisseur de matières premières pour les sociétés Mars et Cadbury au Royaume-Uni

- Edible Oils Marketing Consultant

France

- Agritropic s.a.r.l.

 

L'Occitane : société de cosmétique qui travaille directement avec des groupements de femmes productrices de beurre de karité

 

- Eurobroker

 

-SIRH, groupe spécialisé dans les huiles végétales et animales, la filiale OLVEA gère le beurre de karité via une unité de production Burkarina au Burkina Faso

 

- D2E

Sociétés en Afrique de l'Ouest

Bénin

L'Aiglon; société exportatrice d'amandes de karité

Olam; société exportatrice d'amandes de karité

SOCACI

80

 

SICONEG

SOBAPRA

Côte d'Ivoire

AARHUS OLIE Côte d'Ivoire

Olam; société exportatrice d'amandes de karité

L'Aiglon; société exportatrice d'amandes de karité

AFRECO

TRITURAF

AFRICA SHEA BUTTER

Mali

AMEPROC: Association malienne des exportateurs

SODEMA: Société de détergents du Mali

Ghana

KASARJAN

AARHUS GHANA

Ouganda

NUSPA (Northen Uganda Shea Processors Association)

Togo

Nioto

Burkina

Au niveau de la transformation

 

Phycos: Société dédiée à la transformation du beurre de karité en savon, shampoing, baume, crème du corps, produits pharmaceutiques.

Karilor: Cette entreprise triture le coton ainsi que les graines d'arachide et transforme également le beurre de karité en savon.

- SPH

Compagnie industrielle du textile et du coton (CITEC): Cette entreprise triture le coton ainsi que les graines d'arachide et transforme également le beurre de karité en savon.

81

 

Société industrielle de fabrication (SOFIB): Entreprise dont une des activités est la transformation du karité en savon.

 

Au niveau de la distribution

- l'Association des commerçants de Ouagadougou

- l'Association des importateurs et exportateurs des produits oléagineux (AIEPO)

- l'Association des exportateurs et importateurs des produits du Cru (section Houet et environs)

Au niveau de l'exportation

Société Promexport : Cette société a pour objectif la production et la commercialisation de produits agricoles à des fins d'exportation tels que : le karite (noix et beurre), la noix de cajou ou le sésame.

Sociétés au Japon

Japon

Fuji Oil Company, Ltd : importation de noix, beurre et huile de karité

Sociétés au Etats Unis

Etats-Unis

Fuji Vegetable Oil, Inc.: Filiale américaine du groupe nippon Fuji Oil. Elle importe du beurre et de l'huile de karité afin de les commercialiser

AFAJATO, Inc.: Importe du beurre de karité principalement du Ghana destiné à être vendu aux producteurs d'aliments naturels.

African Shea Butter Company : Société dont l'activité est tournée vers l'offre de beurre de karité.

Terry Laboratories : Les laboratoires commercialisent du beurre de karité raffiné auprès d'entreprises du secteur cosmétique aux Etats-Unis.

BioChemicals International, Inc.: Cette société fournit des matières premières qui servent de base à la production d'articles de savonnerie notamment.

Annexe 2 : Analyse de l'offre internationale

Représentativité sur le marché

Savon à raser

1%

Crème

32%

18%

lait

crayon
maquillage

2%

Baume

14%

Gel douche

3%

Masque

3%

Gommage

3%

Savon

8%

autres

5%

Shampoing

5%

Beurre de karité

6%

Type de produit vendu

 

Nombre de produits différents recensés

Crème

145

lait

82

Baume

65

Savon

39

Beurre de karité

26

Shampoing

23

Masque

16

Gommage

16

Gel douche crayon maquillage

12

8

Savon à raser

6

Crème à raser

5

coloration

3

Beurre

2

huile

2

eau

2

Après rasage

1

Gel coiffant

1

lingettes bébé

1

Déodorant

1

après shampoing

1

cire dépilatoire

1

Mouchoirs crème

dépilatoire

1

1

Total général

460

82

*Ce graphique fut réalisé à partir de la base de données de 460 produits contenant du karité que nous avons recensés. Nous voyons donc ici l'importance des différents types de produits à base de karité sur le marché européen et français en particulier.

A partir de cette base de données évoquée précédemment nous pouvons déterminer les prix de vente sur le marché des produits à base de karité les plus représentés.

83

Annexe 3 : Prix des produits à base de karité recensés sur le marché international en fonction du type de produit

 

30 ml

Min de Max de Moyenne de

Prix Prix Prix

50 ml

Min de Max de Moyenne de

Prix Prix Prix

75 ml

Min de Max de Moyenne de

Prix Prix Prix

150 ml

Min de Max de Moyenne de

Prix Prix Prix

200 ml

Min de Max de Moyenne de

Prix Prix Prix

Crème 1,90 € 28,90 € 11,49 € 4,17 € 97,00 € 29,94 € 2,71 € 65,00 € 17,90 € 10,70 € 56,00 € 23,84 € 5,50 € 54,91 € 19,86 €

bio

Non bio ou pas mis en avant

3,79 € 28,90 € 12,84 €

1,90 € 27,00 € 9,55 €

4,17 € 26,89 € 15,32 €

8,20 € 97,00 € 41,64 €

3,90 € 15,50 € 10,86 €

2,71 € 65,00 € 24,16 €

10,70 € 21,80 € 16,26 €

16,00 € 56,00 € 29,26 €

5,50 € 18,00 € 11,60 €

29,00 € 54,91 € 44,64 €

 

50 ml

Min de Max de Moyenne de

Prix Prix Prix

150 ml

Min de Max de Moyenne de

Prix Prix Prix

200 ml

Min de Max de Moyenne de

Prix Prix Prix

250 ml

Min de Max de Moyenne de

Prix Prix Prix

500 ml

Min de Max de Moyenne de

Prix Prix Prix

lait 1,80 € 24,90 € 8,74 € 7,95 € 34,60 € 20,10 € 3,93 € 38,80 € 16,31 € 4,80 € 25,00 € 11,09 € 6,50 € 25,20 € 12,79 €

bio

Non bio ou pas mis en avant

1,80 € 24,90 € 8,74 €

7,95 € 9,95 € 8,95 €

20,80 € 34,60 € 27,53 €

5,57 € 20,90 € 12,10 €

3,93 € 38,80 € 20,22 €

7,50 € 13,00 € 10,02 €

4,80 € 25,00 € 12,37 €

8,71 € 25,20 € 13,56 €

6,50 € 12,90 € 9,70 €

Étiquettes de lignes

4 g

Min de Max de Moyenne de

Prix Prix Prix

4,5 g

Min de Max de Moyenne de

Prix Prix Prix

5 g

Min de Max de Moyenne de

Prix Prix Prix

15 ml

Min de Max de Moyenne de

Prix Prix Prix

200 ml

Min de Max de Moyenne de

Prix Prix Prix

Baume 1,04 € 6,50 € 4,17 € 2,78 € 4,50 € 3,78 € 4,00 € 6,50 € 4,63 € 10,00 € 36,90 € 27,20 € 6,44 € 34,91 € 25,36 €

bio

Non bio ou pas mis en avant

4,90 € 6,50 € 5,48 €

1,04 € 4,78 € 2,44 €

2,78 € 4,50 € 3,92 €

2,89 € 3,50 € 3,20 €

4,00 € 4,00 € 4,00 €

4,00 € 6,50 € 4,83 €

10,00 € 36,90 € 27,20 €

6,44 € 6,44 € 6,44 €

20,00 € 34,91 € 30,09 €

Étiquettes de lignes

100 g

Min de Max de Moyenne

Prix Prix de Prix

150 g

Min de Max de Moyenne

Prix Prix de Prix

200 g

Min de Max de Moyenne

Prix Prix de Prix

250 g

Min de Max de Moyenne

Prix Prix de Prix

500 ml

Min de Max de Moyenne

Prix Prix de Prix

Savon 2,17 € 7,00 € 3,82 € 3,95 € 17,60 € 11,04 € 0,98 € 1,47 € 1,23 € 7,50 € 16,50 € 9,75 € 14,50 € 14,50 € 14,50 €

bio

Non bio ou pas mis en avant

2,17 € 7,00 € 3,45 €

2,70 € 7,00 € 4,36 €

3,95 € 5,00 € 4,48 €

17,60 € 17,60 € 17,60 €

0,98 € 1,47 € 1,23 €

7,50 € 16,50 € 9,75 €

14,50 € 14,50 € 14,50 €

 

100 g

Min de Max de Moyenne

Prix Prix de Prix

50 ml

Min de Max de Moyenne

Prix Prix de Prix

100 ml

Min de Max de Moyenne

Prix Prix de Prix

150 ml

Min de Max de Moyenne

Prix Prix de Prix

200 ml

Min de Max de Moyenne

Prix Prix de Prix

Beurre de karité 8,09 € 10,35 € 9,32 € 4,00 € 13,90 € 8,18 € 7,55 € 12,50 € 9,65 € 10,03 € 28,00 € 16,73 € 14,00 € 18,20 € 15,53 €

bio

Non bio ou pas

mis en avant

8,09 € 10,35 € 9,32 €

4,00 € 13,90 € 8,18 €

7,55 € 12,50 € 9,65 €

10,03 € 28,00 € 16,73 €

14,00 € 18,20 € 15,70 €

15,00 € 15,00 € 15,00 €

Annexe 4 : Arbres à problème et à solution

Arbre à problèmes groupement Yiriwasso

Accès difficile aux lieux de
marché : « On n'arrive pas à
vendre »

Produits peu variés

Prospection
Commercialisatio

n

Qualité
insuffisante

Normes non
atteintes / Pas
de certification

Eau saumâtre

Processus de rationalisation

Fonction
commerciale

Inhibition de la
logique de
coopérative

Travail pénible

nen Mauvaise

gouvernance

Mauvaise gestion

Manque d'eau

Pas de logique
entrepreneuriale

Gestion encore trop

traditionnelle

Pas de forage

Pas de baratte mécanique, ...

Manque de formation

Manque

d'infrastructures

Accès difficile à l'investissement

Arbre à solution groupement Yiriwasso

Présence importante sur les marchés.

Gamme de
produit
complète

Prospection
Commercialisatio

n

Qualité

satisfaisante et en croissance

Certification
équitable et
biologique

Eau de qualité

Production rationalisée

Fonction

commerciale active

Conscientisation
des membres à
la logique de
coopérative

Travail moins pénible

Bonne gouvernance

Eau en quantité suffisante

Gestion adéquate

Mode de
gestion adapté à
la forme

Logique

entrepreneuriale

Forage en place

Baratte
mécanique,
deuxième

li

Equipement et
infrastructures
adaptées

Financement par une mutuelle
possible grâce à un Fonds de
garantie par SOSSIF

-Formation en gestion administrative et financière pour le CA -Formation en rôle, responsabilité et suivi pour le CS

86

Le premier schéma représente l'arbre des problèmes qui ont étés identifiés dans l'union de Yiriwasso. Cet arbre à problèmes est lié à l'arbre à solution qui lui succède.

Deux zones sont identifiées, une première en pointillés orange qui correspond à des problèmes structurels et une deuxième zone rouge qui correspond à des problèmes conjoncturels. Les réponses à ces problèmes n'engageront pas de coûts d'équipements importants, ce sont avant tout des réponses en termes de dynamiques d'acteurs et de dynamiques économiques mais aussi de suivi évaluation. La zone rouge quant à elle détermine des problèmes et solutions associées auxquels nous pouvons répondre à court terme pour combler le manque nécessaire jusqu'à ce que les solutions à long terme soient en place.

Toutefois, même si nous ne contestons pas l'intérêt et l'efficacité de l'arbre à problème et de l'arbre à solution nous tenons à signifier que plus globalement, notre étude porte sur l'ensemble de la filière au Mali mais aussi sur des logiques de développement durable tant économiques, que sociales, qu'environnementales. De ce fait nous intègrerons aussi dans la logique d'intervention d'autres critères liés à l'ensemble de la filière et à l'environnement.

Le fait de mettre en avant un seul arbre à problèmes nous obligerait à cloisonner notre périmètre d'action et donc à négliger un certains nombres de facteurs exogènes et endogènes liés à l'activité que nous mènerions.

Veuillez donc trouver ci-dessous les arbres à problèmes et solutions associés correspondant aux problèmes de la filière au Mali mais aussi aux problèmes environnementaux.

Arbre à problème lié à la filière karité au niveau des aspects environnementaux

Clôture des parcs

des parcs de

karités

Pas de

renouvellement du parc de

Pas

d'alternatives énergétiques

Pas de valorisation
des déchets de
production
(tourteaux, coques
de noix, eau de
cuisson)

Baisse de la
production de
produits issus du
karité

Vieillissement du
parc d'arbres de
karité

Diminution du parc

Non séquestration de CO2

Désertification et dégradation des sols

Coupe abusive de bois

Utilisation de
bois de chauffe
en ville

Utilisation de bois

de chauffe
abondante dans la

production

Pollution de l'air

CO2

Pollution des sols
et des nappes
d'eau

Rejets importants
de déchets de
production

Sous exploitation
de la ressource
en karité

Accès difficile au
parc

Pas

d'infrastructures
routières

Progression de la
privatisation du
foncier

Pas d'accompagnement dans la décentralisation

Pas de gestion des
déchets de
production

87

Amélioration de
la condition des
sols et de l'eau

Ralentissement de la désertification

Séquestration de CO2

Moins

d'émissions de

Accroissement du parc

Création
d'activités
alternatives à la
coupe de bois

Moins de
pression sur le
foncier et donc
de privatisation

Accompagnement
des processus de
décentralisation

Exploitation de la
ressource et
développement
de la filière

Parc d'arbre plus
accessible

Mise en place
d'infrastructures

routières et de
travaux de voirie

Parc d'arbre
renouvelé et jeune

Mise en place de
l'entretien des
parcs créant donc
de nouvelles AGR

Parcs ouverts et
accessibles à
tous

Campagne de
sensibilisation et
appui
gouvernemental
pour trouver des
alternatives à
l'utilisation du bois
de chauffe

Energie et
recyclage des
déchets de
production

Valorisation des
tourteaux sous
formes de briques
remplaçant le bois
utilisation de l'eau
issu de la
production de
beurre et des
coques de noix

Gestion des

88

déchets de la
production

Renouvellement
du parc
d'arbres :
- greffes
-pépinières
-pollinisation
(apiculture...)

Mise en place de
foyers améliorés,
utilisations de
briques de
tourteaux de
karité

Mise en place de
nouvelles énergies
renouvelables

Augmentation de la production de produits et sous-produits du karité

Arbre à solutions

Au niveau de la filière karité au Mali

Baisse de la part de
marché du beurre malien
dans la consommation
internationale

Faible valeur ajoutée
dégagé ou retenu pour la
filière de manière

Localement on utilise
encore majoritairement
du beurre traditionnel

Préférence pour le karité
Burkinabé et Ghanéen au
niveau international

Localement plus grande
consommation de
produits burkinabés que
maliens sur le territoire

Manque d'information
sur les exportations
terrestres de karité dans
la sous-région (vers le
Sénégal, le Burkina, le
Ghana

Pas de structuration de la filière au niveau formelle

Il n'existe pas de produit adapté

Pas d'unité industrielle de
raffinage de karité
(beurre raffiné, huile de
table...)

-Odeur de fumé trop
importante
-Mauvaise réputation du
beurre de karité
-Manque de

89

Arbre à solutions

Création importante de
valeur ajoutée sur la
filière

Pénétration du marché et
augmentation des parts
de marché

Démocratisation et
utilisation systématique
de beurre amélioré

Préférence pour le beurre de karité malien

Consommation de karité
malien et non de la sous-
région sur le territoire
malien

Connaissance des flux de production, d'échanges commerciaux, meilleur appréciation de la filière

Filière structurée au
niveau national via une
fédération de
producteurs et une
interprofession

Création de produits
adaptés (beurre sans
odeur, huile

Mise en place d'une usine sur le territoire national

-Plan de communication
coordonnée au niveau
national
-Bonne réputation du
beurre de karité
-Odeur de fumé retirée
par la technique

90

91

Annexe 6 : Les résultats attendus et les activités prévues par volet

Volet central : le projet commercial de Yiriwasso

Objectif spécifique 1 :

Améliorer la présence des produits de Yiriwasso sur le marché

Résultats attendus :

Résultat 1.1 : Elargir la gamme de produits

Résultat 1.2 : Améliorer la qualité des produits

Résultat 1.3 : Améliorer la logique entrepreneuriale (gestion, gouvernance, commerciale)

Activités :

Pour élargir la gamme de produits et améliorer la qualité (résultat 1.1 et résultat 1.2) :

Activité 1.1.1 : Equipement de Yiriwasso (baratte, moulin, micro-savonnerie, bâches...)

Suite à nos enquêtes de terrains et notre analyse, une liste d'équipements nous a parus nécessaire à mettre en place. Nous classons ces équipements en deux catégories. Cette catégorisation influencera le mode de financement de ces derniers.

La première catégorie d'équipement est jugée comme indispensable à l'amélioration de la production. Cette catégorie correspond à ce qui est strictement nécessaire pour le bon développement du coeur de métier de la coopérative.

La deuxième catégorie est tout aussi utile mais correspond à une seconde phase qui permettra d'améliorer considérablement la productivité et donc la compétitivité dans une seconde phase de projet.

Première catégorie :

- Une baratte est nécessaire pour les femmes qui travaillent actuellement avec le dos en équerre car les bassines dans lesquelles elles barattent la beure se trouvent à même le sol. De plus l'effort devant être fourni est considérable. Le type de baratte que nous mettons en avant est une baratte actionnée par une manivelle car cela ne consomme pas d'énergie. Les femmes ne sont pas actuellement en mesure de faire tourner trop d'équipements électriques.

- Une machine à filtrer manuelle est aussi indispensable à la qualité du beurre produit, en effet actuellement des filtres sont actuellement utilisés mais pour obtenir un beurre de karité de qualité, il est indispensable de filtrer sous pression.

- Un torréfacteur est aussi indispensable à l'activité des femmes. Actuellement les femmes torréfient le karité sur des bâches en extérieur. La saison des pluies est au même moment que la récolte, il est donc parfois très difficile pour les femmes de faire sécher et de torréfier

92

correctement les amandes de karité. De plus quand les amandes prennent l'eau, elles se dégradent très rapidement.

- Des Bâches sont nécessaires aux femmes pour faciliter et accélérer le séchage et la torréfaction des amandes, nous souhaiterions donc équiper le plus de femmes possibles en bâches afin de faciliter leur travail et d'améliorer la qualité de leur production.

- Les femmes ont aussi clairement mis en avant la nécessité d'avoir des charrettes avec des ânes, notre analyse nous a montré qu'outre améliorer les conditions de travail des femmes qui ne porteront plus elles-mêmes leur production sur des kilomètres, nous améliorerons aussi la chaîne logistique. Nous nous sommes basés sur une offre de quinze charrettes avec ânes pour alimenter le plus de villages possibles.

- Un abri pour équipements lourds est nécessaire pour protéger et créer une zone de travail au sein de Yiriwasso et pour accueillir les nouveaux équipements à mettre en place afin d'en avoir une gestion efficace.

Deuxième catégorie :

- Une micro savonnerie va permettre aux femmes grâce à un équipement adapté d'avoir une offre de savons de toilettes correspondant aux critères du marché et pouvant atteindre une classe moyenne supérieur qui n'est pas touchée encore à Bamako mais aussi atteindre le marché international et sous régional.

- Des ordinateurs et imprimantes sont nécessaires pour la gestion et le suivi commercial des produits de Yiriwasso.

- Un véhicule sera nécessaire à un commercial pour mettre en avant les produits dans la prospection mais aussi la livraison dans les points de vente.

Activité 1.1.2 : Financement des améliorations par une mutuelle à travers un fonds de garantie distribué grâce à un partenaire

Dans notre logique d'intervention, nous souhaitons mettre l'accent sur la logique entrepreneuriale que doit développer l'union de Yiriwasso. Dans cette logique, plutôt que de financer directement les améliorations, nous souhaitons à travers le business plan, engager les femmes dans une demande de financement auprès d'une mutuelle que nous conseillerons. Dans cette logique, les femmes pourront alors développer leur capacité entrepreneuriale et s'approprier les logiques de gestions intrinsèques à la gestion coopérative.

En contrepartie, nous assurons à la mutuelle mise en avant, la disponibilité d'un fonds de garantie. Nous serons en charge de la communication sur cette démarche, afin de développer la capacité d'apprentissage des femmes. Avec ce fonds de garantie, la mutuelle pourra bénéficier des intérêts sur le fonds de garantie. A la fin du projet, et quand les femmes auront finis de rembourser la totalité des investissements le fonds de garantie sera reversé à la coopérative pour constituer un capital propre.

Pour améliorer la logique entrepreneuriale (résultat 1.3)

93

Activité 1.3.1 : Formation des instances de la coopérative (conseil d'administration, conseil de surveillance, gouvernance) en gestion

SOS SAHEL souhaite financer la formation des femmes sur les instances d'une coopérative afin qu'elles assurent une bonne gouvernance.

Activité 1.3.2 : Mise en place d'un poste de commercial, d'un poste de vendeuse et construction d'un kiosque karité à Bamako

Afin de pénétrer durablement le marché, nous pensons nécessaire la création d'un poste de gestionnaire commercial, cette personnes ayant un niveau minimum Bac +3 en gestion et marketing sera en charge d'assurer la gestion avec l'aide de l'employée du Ben Ba, sa présence deux à trois jours par semaine sur le site de Yiriwasso lui facilitera la tâche. Il aura aussi en charge la gestion commerciale de l'union avec l'aide d'une vendeuse installée en kiosque à Bamako. Il aura des tâches de prospection, de suivi de clientèle et de livraison au niveau commercial. En termes de prospection un temps lui sera accordé tous les mois pour prospecter dans le reste du Mali et tous les trimestres un temps lui sera accordé pour prospecter dans la sous-région.

Le kiosque de karité est indispensable pour assurer une commercialisation en milieux urbain, nous souhaitons le mettre près des places de marchés pour assurer la visibilité nécessaire aux produits de la coopérative.

Activité 1.3.3 : Prospection commerciale (communication, gestion du suivi client, publicité...)

Comme nous l'avons évoqué précédemment, la mise en place d'un commercial et d'une campagne de communication sera nécessaire pour toucher durablement le marché malien en premier lieu puis le marché sous régional par la suite. L'encadrement de SOS SAHEL France permettra aussi la prospection au niveau européen via des partenariats équitables.

Volet Filière karité au Mali

Objectif spécifique 2 :

Améliorer la présence du karité malien sur les marchés locaux, sous régionaux et internationaux

Résultats attendus :

Résultat 2.1 : Accroître la consommation de beurre amélioré

Résultat 2.2 : Structuration de la filière malienne

Résultat 2.3 : Elargissement de la gamme de produits issus du karité

Résultat 2.4 : Elargissement de la consommation urbaine du karité malien

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Activités :

Pour accroître la consommation de beurre amélioré (Résultat 2.1) :

Activité 2.1.1 : Sensibilisation et formation aux intérêts du beurre amélioré (bonne odeur, Productivité, respect de l'environnement) à l'échelle nationale

Afin de toucher durablement les marchés au niveau local urbain, sous régional et international, il est indispensable de démocratiser la production de beurre de karité amélioré. Une campagne nationale de sensibilisation et de formation sera à mettre en place pour assurer cette généralisation du beurre amélioré.

Pour mieux structurer la filière malienne (résultat 2.2) :

Activité 2.2.1 : Mise en place d'une fédération de producteurs et d'une interprofession au niveau national

Une fédération de producteurs au niveau nationale permettra de mutualiser un certain de nombre de fonctions et de mettre en place une centrale d'achat qui permettra d'avoir accès aux équipements et consommables nécessaires pour les femmes les plus isolées et ayant une activité moins importante.

Une interprofession au niveau de la filière est aussi à mettre en avant, en effet, cette interprofession sera en mesure de favoriser les liens entre tous les acteurs de la filière. Nous aurons donc une grande transparence en ce qui concerne les flux d'échange, nous saurons aussi ou se situent exactement les goulets d'étranglement de la filière. Un encadrement des programmes agricoles nationaux permettra aussi d'avoir des données statistiques fiables grâce à cette interprofession ou sera tenu un registre des échanges.

Pour élargir la gamme de produits issus du karité (résultat 2.3) :

Activité 2.3.1 : Production de nouveaux produits mieux adaptés aux besoins urbains

Notre étude de marché locale nous a permis de mettre en avant une offre de produits nécessaire à l'atteinte du marché des urbains qui est en « boom » au Mali. Ce marché a des besoins particuliers auxquels nous devrons répondre en mettant en avant les produits adéquats.

Pour élargir la consommation urbaine du karité malien (résultat 2.4) :

Activité 2.4.1 : Etude de faisabilité pour la mise en place d'une raffinerie de karité en partenariat avec le gouvernement malien

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Le mali souffre d'un retard sur les autres pays producteurs dans la mesure où aucune raffinerie de karité n'est présente sur le territoire national, nous souhaitons démarrer les démarches via une étude de faisabilité en partenariat avec le gouvernement malien pour remédier à ce problème.

Activité 2.4.2 : Plan de communication au niveau national

La filière souffre actuellement d'un problème d'image au niveau des urbains, l'odeur fumé du beurre traditionnel à eu un impact négatif sur l'utilisation du beurre dans la cuisine. Avec le beurre amélioré et le développement de nouveaux produits adaptés, il sera indispensable de communiquer pour sensibiliser la population sur ce que représente le beurre pour le pays au niveau social et économique mais aussi sur l'intérêt même que les produits peuvent avoir par rapport à des produits de substitution importés.

Volet Environnement de la filière karité

Objectif spécifique :

Préserver l'écosystème karité

Résultats attendus :

Résultat 3.1 : Restauration et pérennisation des parcs d'arbres à karité

Résultat 3.2 : Réduction des impacts environnementaux des activités liées au karité

Activités :

Pour restaurer et pérenniser les parcs d'arbres à karité (résultat 3.1) :

Activité 3.1.1 : Concertation avec les acteurs des collectivités locales pour diminuer la pression sur le foncier, faciliter l'accès au parc d'arbres et gérer rationnellement la ressource (conventions collectives)

Avec les processus de décentralisation au Mali, beaucoup de collectivités essaient de trouver les fonds nécessaires pour se financer. Malheureusement, elles doivent privatiser un certain nombre de terrains qui deviennent inaccessibles pour les femmes. Il faut donc accompagner ces collectivités pour pouvoir développer la ressource karité. La concertation et la gestion participative de ce type de problèmes avec les représentants des collectivités permettront d'améliorer la situation actuelle.

Activité 3.1.2 : Désenclavement des parcs inexploités

Le manque d'infrastructures (pistes et routes goudronnées) ne permet pas l'accès du parc dans son ensemble aux femmes productrices de beurre de karité. Il est donc nécessaire d'intervenir à ce niveau.

Pour réduire des impacts environnementaux des activités liées au karité (résultat 3.2) :

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Activité 3.2.1 : Récupération et valorisation des déchets et sous-produits de la transformation (Compost, briquettes ardentes, ...)

Beaucoup de sous-produits ne sont pas valorisés, cela créée un certains nombres de pollution. Il est donc nécessaire mettre en place une action de recherche pour revaloriser ces produits issus de la production.

Activité 3.2.2 : Réduction des émissions de carbone et de la consommation de bois (foyers améliorés)

L'utilisation de bois de chauffe dans la production du beurre et des autres produits du karité créent d'importantes émissions de CO2. Dans une logique de réduction de ces émissions et de la consommation de bois de chauffe nous souhaitons démocratiser la mise en place de foyers améliorés et l'utilisation de tourteaux de karité en substitution de ce bois après que les recherches sur ce sujet aient abouties.

Activité 3.2.3 : Formation et sensibilisation des transformatrices

En mettant en place un certain nombre d'innovations liées à l'environnement les femmes pourraient s'en ressentir lésées. Il faut donc mettre en place de la formation et de la sensibilisation pour faciliter cette adaptation au changement.

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BIBLIOGRAPHIE

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Ouvrages

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L'ANALYSE DE FILIERE, UN OUTIL DE DEVELOPPEMENT POUR LES ONG DANS LE SUD, LE CAS DU KARITE MALIEN.

Master 2 Ingénierie du Développement Territorial, parcours Conduite de Projet de Développement Territorial, (Economie et Sud), Université Pierre Mendès France de Grenoble, septembre 2011.

99 pages.

RESUME

L'analyse de filière, couramment utilisé en Economie et dans le domaine de l'entreprise recouvre différents niveaux d'analyse : micro, méso et macro-économique. Ces différents niveaux correspondent pleinement aux besoins des ONG de développement qui oeuvrent localement sur le terrain avec une vision globale. Nous tentons donc de répondre à la question suivante.

Quel est l'intérêt de l'analyse des filières comme outil pour le développement de projets dans le Sud par les ONG ?

Pour répondre, nous mettons en avant l'intérêt que représente l'analyse de filière pour les ONG intervenants dans les pays du Sud et de quelle manière ce type d'analyse peut être un outil efficace de développement dans le cadre de projets de développement agricoles. L'analyse de filière apparaît donc comme un outil efficace pour les ONG, elle permet de mettre en relief la logique de système inhérente aux ONG, une vision globale pour des actions locales. De plus, elle permet de raisonner dans une logique de développement ouverte où les interactions et dynamiques propres à un territoire sont prises en compte.

MOTS CLEF

Filière, karité, développement, transversalité, participation, labélisation, contractualisation, qualité, processus de production, structure de filière inversée, structure de production, termes de l'échange, goulots d'étranglements, filière courte, partenariat, projet de territoire, régionalisation VS mondialisation, agriculture biologique, commerce équitable, local.






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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore