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Dynamique urbaine et insécurité dans la commune d'abomey-calavi

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par Elossi Alain SOGBO
Université Abomey-Calavi(UAC) Bénin - Maîtrise 2013
  

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1.1.1.5- Pauvreté, forces de sécurité et insécurité urbaine

De toutes les raisons évoquées pour expliquer les violences urbaines, la plus récurrente dans nos sociétés est la pauvreté. Elle constitue dès lors un a priori dans la composition des facteurs pouvant intervenir dans la définition de l'insécurité urbaine. Cependant cette pauvreté ne peut à elle seule expliquer le crime d'un individu d'autant plus qu'elle n'est pas seulement l'apanage des démunis mais aussi des « hommes anormaux » si l'on peut percevoir la criminalité urbaine comme étant le signe d'une déficience morale des individus impliqués dans ces actes. Dans son oeuvre intitulée la Violence des villes, Pedrazzini (2005)  s'est intéressé à la présentation du squelette des crimes urbaines dans les pays de l'Afrique francophone subsaharienne sans pourtant s'attarder sur la particularité de chaque ville. Les faubourgs, encore nommés banlieues ou bidonvilles dans nos villes contemporaines, sont désignés comme étant le lieu par excellence où se concentrent les pauvres désoeuvrés, exclus et victimes des inégalités. Il montre dans son oeuvre tout en essayant de donner une définition plus équitable des violences, comment au fil des temps il est devenu facile de coller l'étiquette de « méchant » d'outsider, de bandit, d'illégal, de gangster, etc. au pauvre délabré en donnant comme excuse son mode de vie précaire qu'on rattache souvent à sa mentalité. Comme le disait Saint Marc-Girardin (1945), cité par Depaule (2006), « Les barbares qui menacent la société ne sont pas dans la Caucase (.....) Ils sont dans les faubourgs de nos villes manufacturières ». Certes, la pauvreté explique la violence de certains individus, mais réellement, tous les pauvres ne sont pas méchants comme le pensent certains qui n'hésitent même pas à mettre toutes les stratégies en oeuvre pour s'en éloigner. Il est d'ailleurs démontré que ces pauvres, dans la plupart des cas, n'ont que l'arme de la violence devant toutes les pressions du moment. « La violence des bidonvilles, la violence des pauvres, celle des gangs qui la contrôlent aussi, après tout, ne sont pas le produit des actions de ces gangs, moins encore de ces habitants. Ce sont au contraire, comme les mers lunaires les cratères dévastés que forment, en les frappant de plein fouet, ces comètes que sont la globalisation, l'économie néolibérale, l'urbanisation non durable, la pauvreté » (Pedrazzini, 2005). D'où l'hypothèse selon laquelle, tout comme les personnes victimes des violences urbaines, les auteurs sont eux aussi victimes des exigences du monde urbains dans lequel ils vivent et qui ne leur donne pas de choix en raison de leur situation socioéconomique moins enviable. Les actes de violence dans les villes ont une forme duale : la forme individuelle et la forme collective ; mais il existe une forme intermédiaire qui prend le nom de bande quand il s'agit d'un groupe permanemment constituée avec des meneurs d'équipe. Maryse (1997) en étudiant les bandes de jeunes généralement fauteurs de troubles et d'autres a remarqué que beaucoup des membres de la bande avaient expérimenté, à l'âge où d'autres jeunes abordent à peine les responsabilités de la vie adulte, des situations de grandes violences dans et hors du milieu familial. (....) d'autres avaient connu la grande pauvreté, contraints de survivre seuls à treize ou quatorze ans, s'abritant dans des caves, chapardant pour manger, essayant agressions d'échapper à la police des mineurs et aux juges. De la sorte, l'attachement à une bande découlerait d'un état de désespoir créé par l'absence ou la défaillance de l'intégration sociale- source de pauvreté et la violence exprimée par ces jeunes n'est que l'extériorisation des injustices et des grandes amertumes dont ils ont été victime, ou témoins, et camouflées en eux. Ces conséquences ayant dès lors pour cause première le manque d'attention de la part des gouvernants à l'endroit des populations défavorisées recherchant un moyen pour s'intégrer et survivre. Mais selon Fenech (2001) la meilleure des préventions reste la certitude de la répression. « Une prévention sans répression n'a guère plus de sens qu'une répression sans prévention », disait-il. La problématique de l'insécurité urbaine dans nos pays est plus que jamais liée aux caractères, à la composition, à la formation et au déploiement des forces de sécurité étatiques. La plupart des crimes et délits commis sur les personnes ou leurs biens sont dues soit à l'absence des forces de sécurité, soit à leur inefficacité, ou à leur complicité. Tout ceci fait dire que la montée de l'insécurité obère les capacités de la police en Afrique. Cette police qui généralement souffre de plusieurs maux : manque de ressources, d'entraînement, de responsabilisation véritable et de la méfiance des communautés locales, ce qui les empêche de faire face efficacement aux défis sécuritaires. « Au-delà de la question des moyens, si la police ne se reforme pas profondément, elle court le risque d'être discréditée » (Roché, 2003). Au-delà de tous ces aspects précités, le nombre d'agent de police par habitant dans les populations africaines est déplorée par une grande pléiade d'auteurs qui pensent qu'il devient impérieux d'encourager l'effectivité de la police de proximité. Elle aura le privilège, selon eux, de permettre de bénéficier de l'appui et des connaissances des populations locales, lui apportant accessibilité et efficacité. Les partenariats entre la police nationale et la police de proximité présentent donc un moyen, jusque-là peu reconnu, permettant d'élargir sensiblement la couverture sécuritaire des zones urbaines en Afrique, à court terme et de façon abordable. Baker (2010) dans sa publication d'article intitulé « Forces non étatiques de maintien de l'ordre : élargir les paramètres pour faire face à la violence urbaine en Afrique», a donné le nombre des forces de sécurité par habitant dans certains pays d'Afrique.

Tableau I : Ratios estimatifs des agents de police par habitant en Afrique (Recherche effectuée par l'auteur)

Pays Africain

Ratios estimatifs des agents de police par habitant

Pays d'autres

continents

Ratios estimatifs des agents de police par habitant

Guinée Bissau

1 / 2 403

Jamaïque

1 / 400

Ouganda

1 / 1 839

Angleterre et Pays de Galles

1 / 402

Rwanda

1 / 1 454

Inde

1 / 625

Libéria

1 / 857

Nigeria

1 / 722

Source : Baker (2010)

Ces chiffres montrent si bien combien le système sécuritaire est défaillant, du moins par rapport à l'effectif et nécessitant dès lors une réflexion plus poussée sur la garnison sécuritaire des villes africaines. L'autre aspect le plus souvent soulevé est celui opposant la justice à la police. En effet, l'indulgence de la justice provoque un profond malaise. La police en éprouve un profond découragement et se demande à quoi bon prendre tous ces risques face à des jeunes malfaiteurs sûrs de leur quasi impunité. « A peine relâchés, ils les retrouvent dans leurs quartiers, encore plus arrogants et plus déterminés à en découdre » (Fenech, 200l). Il continue, il serait temps de moins se préoccuper des causes du crime et de s'intéresser davantage au criminel lui-même, de le considérer comme un individu capable de faire des libres choix, y compris celui de sombrer dans la délinquance sauvage mais en contrepartie d'en supporter toutes les conséquences. Au même titre du découragement, il y a la question de la rémunération des forces de sécurité qui est à poser et il convient de s'y pencher profondément puisque la pauvreté n'est plus seulement l'apanage des criminels dont les actions sont à parer mais aussi des forces de sécurité. Tous ces aspects liés à la pauvreté et aux forces de sécurité ne sont pas négligeables dans l'explication de la montée de l'insécurité urbaine car ils constituent les facteurs potentiels de l'explication du phénomène. Alors comment certains auteurs préconisent la lutte contre l'insécurité urbaine ?

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