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L'abà¢à¢, corps de garde et espace de communication chez les Fang d'Afrique centrale. Une préfiguration des réseaux sociaux modernes.

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par Gérard Paul ONJI'I ESONO
Université de Yaoundé II Cameroun - Master 2015
  

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INTRODUCTION GENERALE

1. CONTEXTE

Dans une perception occidentale, le corps-de-garde est une construction servant à protéger l'entrée d'une fortification, souvent située au-dessus de l'unique accès à une place. De cette pièce, les gardes pouvaient baisser la herse et lâcher des pierres ou décocher des flèches par les assommoirs sur des assaillants. C'est un poste de garde, un bâtiment destiné à abriter les soldats chargés de surveiller un espace stratégique militaire (porte, arsenal, bastion, ou batterie). C'est un type d'architecture militaire qui se développe en France au XVIIIe siècle1(*).

Dans la même vision, les communautés fang de la forêt équatoriale ont développé le corps-de-garde dans leurs villages sous l'appellation d'«Abââ». Initialement, la piste reliant deux villages débouchait sur l'Abââ. Le passant étranger dans la contrée était alors interrogé sur sa provenance, son identité et son éventuelle parenté avec la communauté qu'il traversait. Ainsi, le nom « corps-de-garde » qui désigne cette maison des hommes provient, selon Jean Marc NDONG ONDJI'I, de « la période coloniale où le Blanc assignait superficiellement le seul rôle de poste de garde et de surveillance à l'Abââ »2(*). La forme, la position géographique et les fonctions de cette case jouxtant les habitations chez les Fang suscitent pourtant une réflexion poussée.

Au fil du temps, l'appellation de l'Abââ a subi une évolution. A l'origine, il s'agissait du verbe « ba » qui signifie dépecer. L'action de découper un gibier en gigots afin de le partager à toute la communauté se dit alors « a ba » car les peuples de la forêt équatoriale vivaient surtout des produits de la chasse. Selon Jean Pierre OVONO ENGONGA3(*), « Ce qui est communément appelé Abââ aujourd'hui est le lieu où le village procédait au dépeçage des animaux abattus lors des parties de chasse. Il s'est avéré que certains animaux comme la vipère, la civette...ou certaines parties de gibiers étant interdites à la consommation aux femmes, les hommes eux-mêmes les cuisinaient à cet endroit où, finalement, ils passaient beaucoup de temps dans la journée. C'est ainsi que le feu a fait son entrée à l'Abââ et les hommes ont trouvé utile de transformer cet endroit de partage en un abri contre les intempéries. ».

A cette explication s'ajoute celle de Antoine NDONG ALO'O qui permet de déboucher sur la relation que l'on ferait entre cet espace de partage et un poste-de- garde car « Dans la langue ntumu, observer avec attention, mais sans intention de surveiller se dit « a bàba ». Par conséquent, ceux qui restaient dans cette case pouvaient bien partager tout et veiller sur le village »4(*).

En réalité, cette matérialisation de la présence des hommes est devenue progressivement un espace communautaire d'échange, de partage et d'interactivité.

* 1Source :fr.wikipedia.org/wiki/Corps_de_garde, consulté le 1er juillet 2011.

* 2NDONG ONDJI'I Jean Marc, 74 ans, patriarche du village Mebem, entretien du 03 juillet 2011.

* 3OVONO ENGONGA Jean Pierre, 43 ans, Professeur des Lycées d'enseignement général,enseignant d'histoire, originaire du village Meka'a Minkumu dans l'arrondissement d'Olamze, entretien du 15 juillet 2011 de 9heures à 10h30 mn.

* 4NDONG ALO'O Antoine, actuel maire de la localité de Kyè-Osi, entretien du 20 juillet 2011.

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