WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Rôle de l'état dans la reduction de la pauvreté à  Madagascar

( Télécharger le fichier original )
par Michel Mélodie RAKOTONIRINA
Université TOAMASINA Madagascar - Master I 2014
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

     
     
     
     
     
     

    MÉMOIRE

    UNIVERSITÉ DE TOAMASINA

    FACULTÉ DE DROIT, DES SCIENCES ÉCONOMIQUES

    ET DE GESTION

    DÉPARTEMENT D'ÉCONOMIE

    ??? ? ???

    EN VUE DE L'OBTENTION DU DIPLÔME DE MAÎTRISE ÈS-SCIENCES ÉCONOMIQUES

     

    RÔLE DE L'ÉTAT DANS LA

    RÉDUCTION DE LA

    PAUVRETÉ À MADAGASCAR

    Monsieur

    Présenté et soutenu par :

    Michel Mélodie RAKOTONIRINA

    Promotion : 2012 - 2013

    Sous la direction de :

    Encadreur Enseignant Encadreur Professionnel

    Césaire MBIMA Monsieur Hajarilala J. RANDRIAMORA

    Enseignant Chercheur Consultant privé des projets de

    Université de Toamasina développement à Toamasina

    Octobre 2014

     

    UNIVERSITÉ DE TOAMASINA

    FACULTÉ DE DROIT, DES SCIENCES ÉCONOMIQUES
    ET DE GESTION

    DÉPARTEMENT D'ÉCONOMIE

    ??? ? ???

    MÉMOIRE EN VUE DE L'OBTENTION DU DIPLÔME DE MAÎTRISE ÈS-SCIENCES ÉCONOMIQUES

    RÔLE DE L'ÉTAT DANS LA

    RÉDUCTION DE LA

    PAUVRETÉ À MADAGASCAR

    Présenté et soutenu par :

    Michel Mélodie RAKOTONIRINA

    Promotion : 2012 - 2013

    Sous la direction de :

    Octobre 014

    2

    Encadreur Enseignant
    Monsieur Césaire MBIMA
    Enseignant Chercheur
    Université de Toamasina

    Encadreur Professionnel
    Monsieur Hajarilala J. RANDRIAMORA
    Consultant privé des projets de
    développement à Toamasina

    SOMMAIRE

    REMERCIEMENTS

    LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES GLOSSAIRE

    INTRODUCTION 1

    PARTIE I : LES GÉNÉRALITÉS SUR LA PAUVRETÉ ET L'IMPORTANCE DU RÔLE DE L'ETAT

    DANS LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ. 9

    CHAPITRE I. LE CONCEPT DE PAUVRETÉ 11

    SECTION I. La définition et la cause de la pauvreté 11

    SECTION II. Les critères de classification de la pauvreté 16

    SECTION III. Les Mesures de la pauvreté 22

    CHAPITRE II. L'IMPORTANCE DU RÔLE DE L'ETAT DANS LA RÉDUCTION DE LA

    PAUVRETÉ 31

    SECTION I. Fondements théoriques de l'intervention de l'Etat dans l'économie 31

    SECTION II. Expériences vecues à Madagascar et dans les nouveaux pays industrialisés 40

    SECTION III. Étude de la corrélation des dépenses publiques et la réduction de la pauvreté à

    Madagascar 50

    PARTIE II : LES MOYENS UTILISÉS PAR L'ETAT POUR RÉDUIRE LA PAUVRETÉ. 55

    CHAPITRE I. ANALYSE DES POLITIQUES ET DES STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE LA

    PAUVRETÉ A MADAGASCAR 57

    SECTION I. Politiques économiques appliquées par le gouvernement malgache 57

    SECTION II. Analyse des stratégies nationales de réduction de la pauvreté 61

    SECTION III. Analyse des stratégies internationales de réduction de la pauvreté 73

    CHAPITRE II. EFFETS DE CES POLITIQUES SUR LES PAUVRES 85

    SECTION I. Conséquences économiques 85

    SECTION II. Conséquences sociales 90

    SECTION III. Suggestions pour une efficacité accrue des actions de l'Etat en faveur de la reduction

    de la pauvreté à Madagascar 95

    CONCLUSION 100

    BIBLIOGRAPHIE 102

    ANNEXES 108

    LISTE DES ILLUSTRATIONS 111

    TABLE DES MATIÈRES 113

    REMERCIEMENTS

    Le présent ouvrage marque l'achèvement de notre cursus universitaire. Il n'aurait pas vu le jour, sans la participation des personnes citées ci-après, à qui nous témoignons notre profonde reconnaissance.

    Notre gratitude va en particulier à l'endroit de Monsieur Césaire MBIMA, enseignant chercheur à la faculté de Droit, de Sciences Économiques et de Gestion, au sein du département d'Économie de l'Université de Toamasina, notre encadreur pédagogique, qui malgré ses diverses occupations, a manifesté avec plaisir à nous guider et corriger pendant l'élaboration de ce travail.

    Nous manifestons également notre gratitude à Monsieur Hajarilala Jacky RANDRIAMORA, notre encadreur professionnel, qui a bien voulu accepter de nous avoir suivi, dirigé, guidé, de donner des conseils tout au long de l'élaboration de ce mémoire durant notre recherche, malgré ses multitudes occupations.

    Nos remerciements s'adressent aussi à tous les enseignants de la Faculté de Droit, de Sciences Économiques et de Gestion, notamment à ceux du Département Économie qui nous ont fournis des connaissances si précieuses.

    Notre reconnaissance va aussi à l'endroit de nos parents, nos frères, nos soeurs et nos amis qui nous ont aidés financièrement, matériellement et moralement durant nos études.

    Enfin, nous témoignons notre gratitude à l'Association SAVA, notamment à l'Association FITEFA, pour toutes les opportunités qu'elles nous ont offertes ainsi qu'à tous ceux qui ont contribué à l'aboutissement du présent ouvrage et à sa réalisation matérielle, qu'ils trouvent ici l'expression de nos remerciements les plus sincères.

    LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES

    AGOA : Africa Growth and Opportunity Act

    APD : Aide Publique au Développement

    BAD : Banque Africaine de Développement

    BM : Banque Mondiale

    CAD : Comité d'Aide au Développement

    CAS : Crédit d'Ajustement Structurel

    CDF : Comprehensive Development Framework

    CSB : Centre de Santé de Base

    CSLP : Cadres Stratégiques de Lutte contre la Pauvreté

    DCPE : Document Cadre de Politique Économique

    DSRP : Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté

    EMSOND : Enquête Nationale sur le Suivi des OMD

    EPM : Enquête Permanente auprès des Ménages

    EPT : Education Pour Tous

    FID : Fonds international pour le Développement

    FMI : Fonds Monétaire International

    FPD : Financement Public au Développement

    IBW : Institutions de Bretton Woods (le FMI et la Banque mondiale)

    IDE : Investissement Direct Etranger

    IDH : Indicateur de Développement Humain

    INSTAT : Institut National de la Statistique

    IPC : Indice de Prix à la Consommation

    IPF : Indicateur de Participation des femmes

    IPH : Indicateur de Pauvreté Humaine

    IPPTE : Initiative des Pays Pauvres Très Endettés

    ISDH : Indicateur Sexospécifique de Développement Humain

    MAP : Madagascar Action Plan

    MFB : Ministère des Finances et du Budget

    NAC : Nutrition Assise Communautaire

    OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Économique

    OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement

    OMS : Organisation Mondiale de la Santé

    ONN : Office National de Nutrition

    ONU : Organisation des Nations Unies

    PAM : Programme Alimentaire Mondial

    PAS : Programme d'Ajustement Structurel

    PED : Pays en voie de Développement

    PIB : Produit Intérieur brut

    PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

    PPA : Parité de Pouvoir d'Achat

    PPN : Produit de Première Nécessité

    PTF : Partenaires Techniques et Financiers

    RSA : Revenu de Solidarité Active

    SEECALINE : Surveillance et Éducation des Écoles et des Communautés en

    matière d'Alimentation et de Nutrition Élargie

    SMIC : Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance

    UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'enfant

    GLOSSAIRE

    Extrême pauvreté : Personne ne disposant pas des revenus nécessaires pour

    satisfaire ses besoins alimentaires essentiels, habituellement définis sur la base des besoins calorifiques minimaux. L'extrême pauvreté est souvent appelée pauvreté absolue.

    Indice de pauvreté Nombre de population vivant dans la pauvreté

    Multidimensionnelle (IPM) : multidimensionnelle, par rapport au degré de privation.

    Investissement : Emploi de capitaux visant à accroitre la production d'une

    entreprise ou à améliorer son rendement.

    Population exposée à la

    pauvreté :

    Pourcentage de la population exposée au risque de privations multiples, à savoir les personnes dont le degré de privation atteint 20 % à 33 %.

    PPA (parité du pouvoir d'achat)

    :

    Taux de conversion monétaire qui permet d'exprimer dans une unité commune les pouvoirs d'achat des différentes monnaies. Ce taux exprime le rapport entre la quantité d'unités monétaires nécessaire dans des pays différents pour se procurer le même « panier » de biens et des services.

    Puissance publique : Ensemble des pouvoirs de l'Etat et des autres personnes

    publiques ; l'Etat lui-même.

    Taux de pauvreté : Taux correspondant à la part de la population vivant en

    dessous du seuil de pauvreté.

    1

    INTRODUCTION

    Le monde actuel est marqué par la présence de divers problèmes de l'humanité. La pauvreté1 figure parmi les problèmes cruciaux qui existent surtout dans les pays en voie de développement. William Easterly (2011) se demande même dans son ouvrage : Les pays pauvres sont-ils condamnés à le rester ? C'est pour autant dire que ce phénomène gangrène de manière structurelle dans les pays pauvres fortement endettés comme Madagascar. De plus, Fusco (2007) a intitulé son oeuvre : La pauvreté : un concept multidimensionnel2. Cet aspect se caractérise par l'insuffisance des besoins essentiels; manque d'autonomie, d'où plusieurs problèmes tels que la faiblesse de l'éducation, la malnutrition, le problème de santé3.

    Bien que ce concept ait été abordé à plusieurs reprises et continue de l'être encore, les auteurs, les analystes et mêmes les praticiens de l'économie du développement, reconnaissent la diversité d'appréhension de la pauvreté. Elle n'a donc cessé de préoccuper des personnalités de la scène politique, du milieu universitaire ou des organisations internationales.

    Depuis les années 1980, la réduction de la pauvreté est devenue une préoccupation majeure pour la plupart des PED et des agences d'aide4. En effet, plusieurs politiques économiques ou programmes de développement ont été adoptés par les PED, pour réduire cette pauvreté. D'un côté, le secteur public qui est représenté par l'Etat et de l'autre le secteur privé qui est représenté par les ONGs et le secteur privé tant marchand que non marchand.

    Afin de réduire la pauvreté, l'Etat Malgache a adopté plusieurs politiques économiques, notamment le PAS, le DCPE, le DSRP et le MAP. A cela s'ajoutent les actions des autres intervenants tels que les Nations Unies5, l'Union Européenne, la Banque Mondiale, le PNUD, l'UNICEF et le PAM par l'intermédiaire des différents programmes mis en oeuvre dans plusieurs PED et en particulier à Madagascar. Des projets existent également dans le cadre des accords bilatéraux (États-Unis, Japon, France, Allemagne, Suisse, etc.).

    Cette littérature des politiques économiques prouve que la lutte contre la pauvreté apparaît au centre des préoccupations des dirigeants nationalistes. Par rapport à ce constat, une question de recherche se pose : l'Etat malgache dispose-t-il des stratégies claires et des moyens efficaces pour réduire le taux de pauvreté ? Cette question de départ suscite d'autres interrogations accessoires.

    1 Voir les travaux récents de Banerjee et Duflo (2012) dans Repenser la pauvreté, Éditions du Seuil, janvier.

    2 A. Fusco (2007), La pauvreté : un concept multidimensionnel, préface de Jacques Silber. Paris : L'Harmattan.

    3 C.-D. Echaudemaison (1999), Dictionnaires d'Economie et de Sciences Sociales, 6ème Edition, Nathan, p. 71.

    4 Jean Michel Severino et Jean M. Debrat (2010), L'Aide au développement, Paris, édition Le Cavalier Bleu.

    5 L'OMD vise à réduire le taux de pauvreté dans le monde de 15 % entre 1990-2015. A Madagascar et parmi les grands objectifs du MAP (cf. première section du MAP, p. 8), le taux de pauvreté diminuera à 50 % en 2012, contre 85,1 % en 2003. Nous sommes déjà en 2014 et cet objectif ambitieux n'est pas atteint.

    2

    L'Etat malgache a-t-il la volonté réelle de lutter contre ce phénomène ? Pourquoi le taux de pauvreté a-t-il tendance à s'accentuer ? Quels sont les axes prioritaires pour développer le pays ? Etc. Il faut lire Belloncle, (2004), pour voir les Sept priorités pour développer Madagascar1. Ce domaine de recherche est très large et il est assez compliqué de répondre à la problématique évoquée. Elle pourra être liée à de nombreux paramètres social, économique et culturel. Mais, afin de bien cerner toutes les séries des questionnements, nous avons fixé comme thème de notre mémoire : « Le rôle de l'Etat dans la réduction de la pauvreté à Madagascar ».

    Ce travail aura pour objectif principal d'analyser les principaux rôles de l'Etat dans la réduction de la pauvreté. L'objectif auxiliaire sera cadré sur l'analyse de l'inefficacité de l'intervention publique par l'intermédiaire de la politique économique. Au vu des questions posées dans notre problématique, nous soutenons l'hypothèse2 suivante : l'intervention des pouvoirs publics diminue la pauvreté.

    Quant à la méthodologie, nous nous sommes inspiré de l'ouvrage de Campenhoudt et Quivy3 (2013), de Boutillier4 et al., (2007) et de Guide de rédaction d'un mémoire de maîtrise de la Faculté de Droit, des Sciences Economiques et de Gestion de Toamasina (mars, 2008). En effet, deux méthodes d'investigation ont été mises en place. La phase préliminaire a été consacrée à la revue de la littérature. Plusieurs centres de documentation5 ont été visités. Cette démarche a permis d'aboutir à l'élaboration des références bibliographiques et à la rédaction.

    Nous avons constaté qu'une telle étude appelle plusieurs angles d'analyse. Il peut s'agir d'une approche globale critique du phénomène de pauvreté et une redéfinition fondamentale des objectifs de développement. Nous pouvons utiliser des variables économétriques pour déterminer les indicateurs retenus pour expliquer l'effet des actions de l'Etat sur la pauvreté. Pour les limites de recherche, les données quantitatives disponibles et à jour ne feront pas l'objet d'exhaustivité.

    Cet ouvrage se subdivisera, dans son ensemble, en deux grandes parties. Nous verrons dans la première, les généralités sur la pauvreté et l'importance du rôle de l'Etat. La seconde partie portera sur l'analyse des différents moyens utilisés par l'Etat dans la réduction de la pauvreté à Madagascar.

    1 G. Belloncle, (2004), Sept priorités pour développer Madagascar. Ed. Foi et Justice. Antananarivo, disponible en ligne sur : http://www.malagasy.org/imprimersans.php3?id_article=1201 consulté le 04 août 2014, à 23h05.

    2 Par hypothèses, nous entendons les réponses anticipatives, mais provisoires aux différentes questions que nous nous posons dans un travail.

    3 Luc Van Campenhoudt et Raymond Quivy (2013, 4ème édition), Manuel de recherche en sciences sociales, Dunod, 1995, 2006, 2011, Paris, pp. 233-234.

    4 Sophie Boutillier, Alban Goguel d'Allondans, Nelly Labère, Dimitri Uzunidis, (2007), Méthodologie de la thèse et du mémoire. Principes, imprimé en France, troisième édition, Studyrama, troisième trimestre.

    5 Il s'agit de : l'INSTAT, la bibliothèque de l'université de Toamasina, l'alliance française et les sites web.

    PARTIE I

    LES GÉNÉRALITÉS SUR LA PAUVRETÉ ET

    PARTIE I : LES GÉNÉRALITÉS SUR LA PAUVRETÉ ET LIMPORTANCE D

    L'IMPORTANCE DU RÔLE DE L'ETAT DANS

    RÔE ET N É É

    LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ

    Différentes mesures et méthodes ont permis à de nombreux analystes de tirer une définition de la pauvreté. Par ailleurs, la réduction de la pauvreté figure parmi les défis qu'un pays pauvre comme le nôtre doit relever. Dans cette première partie, nous verrons respectivement le concept de la pauvreté et l'importance du rôle de l'Etat dans la réduction de la pauvreté à Madagascar.

    11

    CHAPITRE I. LE CONCEPT DE PAUVRETÉ

    La notion de pauvreté revête plusieurs aspects. Nous explorerons d'abord la définition et les causes de ce concept, ensuite les critères de classification, avant de faire une analyse sur la mesure de celui-ci.

    SECTION I. LA DÉFINITION ET LA CAUSE DE LA PAUVRETÉ

    Il existe une multitude de définitions de la pauvreté, selon les approches adoptées. Elles diffèrent selon la situation économique du pays considéré (s'agit-il d'un pays développé ou d'un pays en voie de développement, ou encore d'un pays à revenu intermédiaire) ; et selon le type de société dans laquelle nous nous trouvons.

    I-1. La définition de la pauvreté

    Pour mieux cerner la pauvreté, il est intéressant de se référer à l'étymologie1 du terme. En effet la pauvreté tire son origine du mot latin « pauper » (peu ou petit) qui est elle-même proche du grec « peina » (la faim). La traduction grecque du mot « pauvreté » est « aporia » qui signifie absence de chemin. Nous constatons qu'en rapprochant les deux origines, nous aboutissons à une double conception de la pauvreté : c'est une notion à la fois quantitative en ce sens qu'elle traduit, le manque de nourriture et qualitative en ce sens qu'elle traduit la condition psychologique de celui ou celle qui ne peut trouver son chemin.

    Le Petit Larousse définit la pauvreté comme un manque d'argent ou de ressources. Les auteurs se sont mis d'accord sur la définition globale de la pauvreté : elle « caractérise la situation d'individus, de groupes, démunis de ressources jugées essentielles et se trouvant dans une grande précarité »2.

    Bien que les essais de définition de la pauvreté soient épars, et les indicateurs de mesure variés, beaucoup d'analystes s'accordent à reconnaître que la pauvreté est un mal à combattre pour s'asseoir à une société plus équilibrée ou comportant moins de fractures sociales.

    1 http://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=4&ved=0CDYQFjAD&url=http%3 A%2F% 2Fwww.dial.prd.fr%2Fdial_evenements%2Fconf_scientifique%2Fseminaire_pauvrete_mada%2Fpd f%2Fpapiers%2FZeller_Minten.PDF&ei=fqi7U4QgsIzsBvjfgegJ&usg=AFQjCNEWiZD8kGcPUrLSXIdwH UgLp9a vu 11/08/014 à 16h.

    2 C.-D. Echaudemaison (1999), op. cit., p. 70.

    12

    Ce mal n'est pas du tout contemporain, il plonge ses racines dans l'histoire lointaine car déjà au Vème siècle avant Jésus-Christ, Platon écrivait : « Il ne faut pas que certains citoyens souffrent de la pauvreté alors que d'autres sont riches, parce que ces deux états causent de dissensions »1. Les théories économiques de Adam SMITH (1776), quant à lui, circonscrit une situation de non pauvreté qui constitue « une société où tous les membres jouissent d'un revenu suffisant leur permettant de se montrer sans honte en public »2.

    Par contre, pour George SIMMEL (2007) : « la pauvreté est un état de choix impossibles à satisfaire par les individus »3; par conséquent, elle ne peut être définie comme un état quantitatif, en elle-même, mais seulement par rapport à une relation sociale qui résulte d'une situation spécifique. Selon le cours théorique de L 3 : « la pauvreté est un état de dénuement et d'insécurité relatif ou absolu qui affecte certains groupes sociaux de façon chronique ou passagère et ce dénuement s'exprime à travers plusieurs dimensions sociales »4.

    La pauvreté est donc une situation physique et psychologique qui permet à un individu de mener une vie adéquate. Pour l'INSTAT Madagascar, elle est l'état de privation matérielle caractérisée par une consommation calorique au-dessous de 2 133 calories5 par personne (adulte), par jour (EPM, 2003). C'est également un état d'asservissement et de frustration dans lequel se trouve une personne partiellement ou totalement dépourvue de moyens d'existence durables et qui se voit exclue de la jouissance des fruits de la croissance (DSRP 2007)6.

    Dans le monde entier, la pauvreté est synonyme de dénuement : les pauvres ne sont pas en bonne santé, ils sont mal nourris et mal logés, peu instruits, et sont privés d'un minimum de confort. Elle est souvent qualifiée, dans ce cas, de « pauvreté de subsistance »7. De ces trois définitions, nous pouvons conclure qu'il existe deux qualifications de base de la pauvreté : la pauvreté monétaire et la pauvreté humaine.

    1 Emile CHAMBRY, In La République, traduction française, Gallimard, 1999, p. 67.

    2 Adam SMITH, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Economica, 2000, p. 137.

    3 George SIMMEL, La philosophie de l'argent, PUF, collection Quadrige, 2007, p. 240.

    4 Modongy ROLLAND, (2012-2013), Cours d'économie de développement de la 3ème année économie, Université de Toamasina.

    5 Jean RAZAFINDRAVONONA, Iarivony RANDRETSA, Jules RAZAFIMANDIMBY et Tiaray RAZAFIMANANTENA, (1999), Economie de Madagascar-Le comportement des ménages face à la pauvreté : consommation, emploi, éducation, santé. Revue n°4, décembre, pp. 12-15.

    6 Rapport du FMI n°07/59 de Madagascar : Document de stratégie de réduction de la pauvreté-Plan d'action de Madagascar, février 2007, p. 18. 7 http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=ETRU&ID_NUMPUBLIE=ETRU_159&ID_ARTICLE=ET RU 159 0035 vu le 16/07/2014 à 8h.

    13

    Nous verrons dans la partie traitant la situation de la pauvreté à Madagascar que les Malgaches ressentent un dénuement total dans leur vie quotidienne et que du fait de la non-satisfaction des besoins de première nécessité, Madagascar est classé parmi les pays très pauvres du monde. Dans les pays développés, par contre, la pauvreté est qualifiée de pauvreté moderne et le concept porte le nom d'« exclusion sociale »1. En somme, le concept de pauvreté est propre à chaque nation et diffère selon le degré de développement. Par ailleurs, la lutte contre la pauvreté, voire sa réduction, peut revêtir d'une dimension soit mondiale, soit régionale ou nationale.

    I-2. La cause de la pauvreté à Madagascar

    Les facteurs de la pauvreté ne forment pas un ensemble structuré ; c'est-à-dire, il n'existe pas de théorie satisfaisante ou des mécanismes conduisant une société, une communauté ou un individu vers la pauvreté ou vers une aggravation de leur état de pauvreté. J.-C, Sarrot2 et al., affirme même que « il y aura toujours des pauvres (...), on ne peut éviter tous les accidents de la vie. Il y aura toujours des personnes qui traversent une mauvaise passe et se rétablissent ensuite ». Evoquer des facteurs naturels pour expliquer la pauvreté relève donc d'une vision normative. En effet, pour connaître les causes de la pauvreté, nous devons tenir compte des dimensions monétaires et humaines du concept.

    I-2-1. Les causes de la pauvreté monétaire

    Pour analyser la pauvreté monétaire, les économistes se réfèrent souvent au revenu puisqu'il détermine les conditions de vie et la perception de difficultés financières. Pour les malgaches, les raisons de cette pauvreté sont multiples :

    - tout d'abord, le taux d'accroissement démographique de Madagascar, durant les deux dernières décennies, se situe toujours au-dessus du taux de croissance économique. Cette faible croissance s'explique par un contexte socio-politique (crise de 1972, 1991, 2002, 2009) peu favorable à l'élargissement et à la diversification de la base productive ainsi qu'à la faible capacité de gestion de l'Etat.

    1 G. RODGERS, C. GORE, et J. B. FIGUEIREDO (1995), "Social Exclusion: Rhetoric, Reality, Responses", International Labour Office, Genève. Voir également le Centre d'études sur la Pauvreté et l'Exclusion, (2009), Prendre la mesure de la pauvreté : proposition d'indicateurs devant servir à mesurer la pauvreté, les inégalités et l'exclusion sociale afin de mesurer les progrès réalisés au Québec, Québec. Disponible sur : http://www.cepe.gouv.qc.ca/publications/pdf/Avis_CEPE.pdf vu le 15/08/2014, à 15h.

    2 Jean-Christophe Sarrot, Bruno Tardieu, et Marie-France Zimmer, (2014), En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté, édition, ATD Quart Monde ; Les Editions de l'Atelier, Editions Quart Monde, Paris, p. 123.

    14

    - l'inflation causée par la monnaie, Ariary, qui est due essentiellement à la détaxation de produits électroménagers, voitures utilitaires, machines industrielles. Celle-ci avait pour but de permettre l'essor économique du pays mais, n'a fait que l'aggraver.

    - Le problème d'accès au crédit pour les ménages ruraux est considéré comme un problème crucial dans les zones rurales.

    D'après les enquêtes prioritaires effectuées par l'INSTAT auprès des ménages, en 2010, nous pouvons tirer que quel que soit leur secteur d'activité : agriculteurs, pêcheurs, artisans, employés salariés, travailleurs du secteur informel ou même chômeurs, se plaignent de la difficulté d'accès au crédit bancaire.

    En plus, les capitaux sociaux sous forme de transfert, de don et de prêt n'existent presque pas dans le monde rural. Ils ne viennent pas au secours des ménages vulnérables en cas de besoin. Pour tout cela, la plupart des ménages recourent essentiellement à l'autofinancement, en utilisant leurs économies pour financer leurs investissements.

    Ensuite, la forme d'épargne comme thésaurisation peut s'expliquer aussi par l'ignorance des ruraux concernant les intérêts obtenus par les déposant qui mettent leur argent dans une mutuelle d'épargne et de crédit, et également leur manque de confiance en les agents de cette mutuelle d'épargne et de crédit.

    Ils ne sont pas incités à déposer leur argent parce qu'ils ne comprennent pas pourquoi les gens doivent déposer leur argent et quels sont leurs intérêts ? Alors, ils mettent leur argent sous leur oreiller ou bien dans d'autres coins de la maison. Ce qui n'est pas tout à fait rationnel car cela démonétise l'activité économique.

    Pour conclure, la plupart de la population Malgache ont beaucoup de mal à accéder aux marchés monétaires et au système financier institutionnel. La plupart des ménages recourent à l'autofinancement lorsqu'ils ont besoin de démarrer ou de renforcer leurs activités.

    Pour prévoir l'avenir, la famille rurale fait une épargne en dépensant presque toute la moitié de son argent à élever des bétails et en mettant des stocks de céréales ou de riz dans des greniers au lieu d'investir pour augmenter sa productivité.

    15

    II-2-2. Les causes de la pauvreté humaine

    Quant à la pauvreté humaine, nous nous référons souvent aux différentes privations des besoins humains fondamentaux, entre autres la privation de santé, de l'éducation, de nutrition et tout autre besoin1 fondamental et physiologique. Les principales causes de ces privations sont les suivantes. Tout d'abord, la faiblesse du revenu des ménages malgaches ne permet pas de faire face aux dépenses d'investissement éducatif.

    A cela s'ajoute la médiocrité croissante des écoles publiques et la mauvaise gestion du secteur de l'enseignement. Cette situation constitue un frein au développement économique du pays. Par conséquent, plus d'un malgache sur deux ne sait, ni lire, ni écrire et certains ruraux pauvres sont quasiment illettrés (EPM, 2010). La subvention par habitant dans les zones urbaines est en moyenne plus élevée de presque 50 % que dans les zones rurales (EPM en 2002). Cette différence est nettement accentuée au niveau des hôpitaux car 80 % des hôpitaux sont concentrés dans les zones urbaines.

    De plus, le budget des médicaments et des fournitures pharmaceutiques est très limité, c'est la raison pour laquelle le secteur public souffre d'une pénurie des médicaments, en suite plusieurs familles continuent à recourir à l'automédication et aux guérisseurs traditionnels, en partie car les soins sont moins chers. Dès lors, le taux de mortalité infantile augmente et d'après les données de l'EPM pour l'année 2010, 82,0 % des enfants de moins de 18 ans se trouvent dans une situation de pauvreté contre 74,6 % en 2005.

    A Madagascar, et plus particulièrement en milieu rural, les moyens de production sont limités et insuffisants pour assurer la production nécessaire pour subvenir aux besoins ne serait-ce qu'alimentaires. S'agissant des catastrophes naturelles, même si elles ne sont pas des causes directes de la pauvreté, il faut envisager le coût de la reconstruction, l'aide et l'assistance à apporter aux sinistrés ; les catastrophes entretiennent la pauvreté. Les inondations, les épidémies, sont révélateurs d'un système sanitaire grelottant.

    Au niveau de la gouvernance, la pauvreté se manifeste par la médiocrité de la gouvernance des dirigeants. Madagascar aurait sûrement beaucoup avancé dans cette lutte, s'il n'était pas dirigé par une certaine catégorie d'hommes politiques ou des cadres qui ne savent que s'accrocher au pouvoir. Ces derniers corroborent la mauvaise gouvernance et accentuent la corruption et le détournement de fonds.

    1 La pyramide de Abraham Maslow (1954) est une classification hiérarchique des besoins humains et se présente comme suit : (1) les besoins physiologiques ; (2) le besoin de sécurité ; (3) le besoin d'appartenance ; (4) le besoin d'estime ; (5) le besoin de s'accomplir. Ce dernier est le sommet des aspirations humaines. http://semioscope.free.fr/article.php3?id_article=8 vu le 05/08/2014, à 17h.

    16

    La mauvaise gouvernance s'observe également par la mauvaise coordination ou l'absence des politiques, ici les ressources ne sont pas détournées, mais elles sont, tout de même, mal gérées à travers les gaspillages. Ces principales causes des privations s'articulent aussi sur les difficultés d'accès aux institutions juridiques et le manque de transparence dans l'appareil judiciaire ; le non-respect des lois et des règlements accompagné d'impunités.

    En somme, ces causes s'enracinent sur la faible implication de la société civile dans la mise en oeuvre des réformes économiques et politiques ; l'insécurité grandissante comme frein aux investissements.

    SECTION II. LES CRITÈRES DE CLASSIFICATION DE LA PAUVRETÉ

    Nous classifions comme pauvre une personne, une famille ou un groupe qui dispose de faibles ressources. Toutefois, elle n'est pas réductible au seul indicateur de type monétaire mais concerne également d'autres aspects du quotidien comme le logement, la santé, la formation, le travail, la vie familiale. Dans cette section nous invoquerons les différentes approches de la pauvreté ainsi que leur classification en précisant le cas de Madagascar.

    II-1. L'approche objective et l'approche subjective

    Habituellement le concept de pauvreté est abordé selon deux approches complémentaires afin de mieux circonscrire son contenu. La première approche fait référence aux déterminants du bien-être individuel et particulièrement aux cinq besoins essentiels de l'homme à savoir la nourriture, le vêtement, l'éducation, sécurité et la santé. Le non satisfaction de ces besoins à un niveau admissible est qualifié de « pauvreté objective » (PNUD, 2008). La seconde acception appelée « pauvreté subjective » peut ne pas être ressentie comme un état de pénurie par la population dans la mesure où elle n'est pas nécessairement liée aux besoins fondamentaux, alors qu'elle limite l'élargissement des capacités des individus.

    Nous pouvons citer le cas des handicapés, des veufs et veuves, des orphelins, des paysans sans terre, des travailleurs sans contrat formel, des enfants qui ne peuvent pas aller à l'école, faute de moyen des parents, la limitation de la liberté d'expression.

    17

    II-2. La pauvreté absolue et la pauvreté relative

    La « pauvreté absolue » est définie par rapport à ce que nous appelons le « minimum vital ». En d'autres termes, nous considérons qu'il y a des exigences minimales pour une vie décente, en deçà desquelles l'individu tombe dans la catégorie des « pauvres ». En ce qui concerne la notion de « pauvreté relative », il s'agit de définir et de mesurer la condition d'un groupe spécifique par rapport à d'autres groupes vivant dans le même environnement, dans la même collectivité ou le même pays.

    Pour Sen (2000), « la pauvreté est donc une notion absolue dans l'espace des capabilités mais prendra très souvent une forme relative dans l'espace des biens ou caractéristiques »1. Ainsi, quelqu'un considéré comme pauvre dans les pays développés aura probablement un revenu supérieur à celui d'une personne considérée comme « aisée » dans un pays moins développé2. La satisfaction des besoins sur le plan quantitatif ne signifie pas la satisfaction sur le plan qualitatif. Un ménage qui ne peut pas scolariser ses enfants, vit dans la pauvreté absolue mais celui qui les envoie dans une école de qualité médiocre, vit dans la pauvreté relative.

    A Madagascar l'incidence de la pauvreté absolue est trois fois plus que celle de la pauvreté non absolue, c'est-à-dire 78,9 % des pauvres malgaches vivent dans la pauvreté absolue (EPM 2010).

    Tableau n°J. L'incidence de la pauvreté absolue selon les provinces

    Provinces

    Non pauvre
    absolue
    (%)

    Pauvre
    absolue
    (%)

    Antananarivo

    40,0

    60,0

    Fianarantsoa

    11,6

    88,4

    Toamasina

    27,6

    72,4

    Mahajanga

    11,8

    88,2

    Toliara

    8,1

    91,9

    Antsiranana

    20,4

    79,6

    Madagascar

    21,1

    78,9

    Source : EPM 2010.

    Ce tableau nous montre que l'incidence de la pauvreté absolue est plus intense dans les ex-provinces de Toliara, Fianarantsoa et Mahajanga dont successivement 91,9 %, 88,4 % et 88,2 % de la population vivent dans la privation totale de certains articles de première nécessité. Il faut signaler que la région d'Androy (se trouvant dans le Sud) est la classée pauvre de Madagascar, caractérisée par la « kere », signifiant la famine.

    1 Amartya SEN, (2000), Repenser l'inégalité, Editions du Seuil, pour la traduction française, Paris, p. 23.

    2 S. PAUGAM, Les formes élémentaires de la pauvreté, Lien social, PUF, 2005, p. 87.

    18

    II-3. La pauvreté conjoncturelle ou la pauvreté structurelle

    Si le facteur temps n'est pas en lui-même un critère de pauvreté, la durée plus ou moins longue de la situation détermine si elle est de type conjoncturel ou structurel ; une catastrophe naturelle crée des situations de pénurie qui provoquent un état de pauvreté temporaire de la population sinistrée, alors qu'un dysfonctionnement de la structure de production d'une économie entretient une pauvreté chronique d'une frange plus ou moins grande de la population. Enfin la combinaison des trois critères de classification donne les huit situations de pauvreté suivantes :

    - la pauvreté objective, absolue, temporaire ; - la pauvreté objective, relative, temporaire ; - la pauvreté objective, absolue, structurelle ; - la pauvreté objective, relative, structurelle ; - la pauvreté subjective, absolue, temporaire ; - la pauvreté subjective, relative, temporaire ; - la pauvreté subjective, absolue, structurelle ; - la pauvreté subjective, relative, structurelle.

    II-4. La pauvreté monétaire et pauvreté humaine

    La pauvreté monétaire est un état dans lequel le revenu est insuffisant pour satisfaire les besoins de subsistance. Par souci de comparaison, la Banque Mondiale fixe ce niveau de revenu à moins de 2 $ américains par personne et par jour, généralement mesuré en termes de parité de change pour pouvoir appréhender le pouvoir d'achat.

    II-4-1. La pauvreté monétaire

    Une personne est jugée pauvre dès lors que son revenu donne un niveau de satisfaction inférieure au minimum nécessaire pour vivre. Le Rapport de la Banque Mondiale en 20071 montre que de 1997 à 2007, la pauvreté monétaire a été réduite de quart dans le monde passant de 1,3 milliard à 985 millions de personnes vivant avec moins d'un dollar par jour, et 2,6 milliards pour ceux vivant avec moins de 2 dollars.

    1 Banque Mondiale, Rapport sur le développement dans le monde : combattre la pauvreté, Ed. ESKA, 2001, p 20.

    19

    Malgré la mise en oeuvre des programmes spécifiques pro-pauvres dans des domaines variés, notamment, de la stabilité macro-économique, du développement rural, de la lutte contre la malnutrition et de la promotion de l'emploi, la pauvreté demeure un phénomène de grande ampleur à Madagascar où 67,5 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté en 2008 (EPM, 2010).

    La pauvreté monétaire s'est dégradée entre l'année 2005 et 2010, passant de 68,5 % à 76,5 % pour l'ensemble de la population, contre 76,6 à 82 % pour les enfants de moins de 18 ans. Cette tendance est valable aussi bien dans le milieu urbain (52 % à 54,2 %) que dans le milieu rural (73,5 % à 82,2%)1. Il en est de même au niveau des régions sauf pour la région de Sofia où le taux de pauvreté2 a baissé de 80,7 % en 2005 à 71,5 % en 2010 pour l'ensemble de la population.

    Tableau n°II. L'évolution du ratio de pauvreté de 1993 à 2010

    Milieu

    1993

    1997

    1999

    2001

    2002

    2004

    2005

    2010

    Madagascar

    70,0

    73,3

    71,3

    69,6

    80,7

    72,1

    68,7

    76,5

    Antananarivo

    68,0

    66,4

    61,7

    48,3

    66,0

    59,8

    57,7

    66,8

    Fianarantsoa

    74,2

    75,1

    81,1

    83,2

    91,0

    86,0

    77,6

    88,2

    Toamasina

    77,9

    79,8

    71,3

    82,3

    86,3

    77,1

    71,9

    78,3

    Mahajanga

    53,2

    73,8

    76,0

    72,4

    89,1

    74,1

    70,2

    71,6

    Toliara

    81,1

    82,0

    71,6

    76,1

    81,2

    72,3

    74,8

    82,1

    Antsiranana

    60,2

    62,3

    72,6

    69,2

    83,7

    65,4

    64,2

    68,1

    Urbain

    50,1

    63,2

    52,1

    44,1

    61,6

    53,7

    52,0

    54,2

    Rural

    74,5

    76,0

    76,7

    77,1

    86,4

    77,3

    73,5

    82,2

    Source : INSTAT/DSM/EPM 1993, 1997, 1999, 2001, 2002, 2004, 2005, 2010
    (mise à jour le mercredi, 06 avril 2011 13:42).

    Pour les différentes ex-Provinces, la tendance de l'évolution du taux de pauvreté est la même. Les provinces de Fianarantsoa, Toamasina, Toliara sont les plus touchées et présentent les taux de pauvreté très élevés et dépassant toujours le niveau national depuis 1993. Pour le cas de Fianarantsoa par exemple, le taux enregistré en 1999 est de 81,1 % si le taux était de 74,2 % en 1993, et en 2010, 88,2 % de la population ont des difficultés pour satisfaire les besoins fondamentaux. Le cas de Mahajanga est flagrant, le taux de pauvreté est passé de 53,2 % pour l'année 1993 à 73,8 % en 1997 et à 76,0 % en 1999.

    1 Unicef, Rapport national Madagascar : Analyse de la pauvreté des enfants à Madagascar, 2012, p. 29.

    2 Pourcentage de la population vivant avec moins de 2 USD par jour.

    20

    Du point de vue macro-économique, nous avons constaté que la pauvreté monétaire varie parallèlement avec la croissance économique du pays.

    Graphique n°J. La pauvreté monétaire et la croissance économique

    Sources : EPM 1993, 1997,1999, 2005, 2010, FMI (le taux de croissance pour l'année
    2010 est une estimation).

    Nous voyons dans ce graphe que la réduction de la pauvreté dépend de la croissance économique, c'est-à-dire, « plus de croissance équivaut à moins de pauvreté et inversement ». Comme le cas de 2001 à 2003 où le taux de croissance est de 6 % avec un taux de pauvreté de seulement 69,6 %. Mais parfois, il y a croissance sans développement donc aucun effet sur la pauvreté.

    II-4-2. La pauvreté humaine

    C'est l'absence des capacités humaines de base telles que : analphabétisme, malnutrition, longévité réduite, mauvaise santé maternelle, le fait d'être atteint de maladie évitable. Pour le PNUD, la pauvreté humaine est le manque des capacités humaines essentielles comme, savoir lire et écrire correctement.

    La pauvreté humaine touche les aspects économiques de la pauvreté à travers les conditions de vie qu'elle mesure par un indicateur composite de l'accès à l'assainissement, au logement, à l'eau potable, aux soins de santé et à l'éducation. Tandis que l'aspect relatif à la longévité est appréhendé par l'espérance de vie, et celui relatif à la capacité de s'informer est mesuré par l'alphabétisation.

    21

    Au cours de ces dernières années, le Gouvernement, Malagasy a mis l'accent sur plusieurs facteurs autres que monétaires tels que la démographie, la santé et la nutrition, l'éducation et la formation, le cadre de vie, la protection sociale, l'équité et l'égalité de genre, l'emploi et la culture qui affectent le bien-être des ménages.

    En dépit des efforts consentis, le niveau de développement humain de Madagascar est largement inférieur à la moyenne des pays de l'Afrique Subsaharienne, malgré les énormes potentialités de ce pays (0,344 en 2011 contre 0,460 en 2005, d'après les données du PNUD, 2011).

    En outre, la progression de cet indicateur a été plus faible à Madagascar, entre 2005 et 2011, que dans les autres pays de l'Afrique Subsaharienne. Il est respectivement de l'ordre de 0,9 % et 1,2 %. Ce qui confère aux secteurs sociaux (éducation et santé notamment) une priorité absolue.

    Graphique n°2. Évolution à court terme de la pauvreté entre 2001 et 2012 à Madagascar

    Source : INSTAT/ENSOMD, 2012.

    Le taux de pauvreté à Madagascar n'a pas vraiment eu de changement significatif. Au niveau national, l'incidence est restée autour de 70 %, ce qui correspond à la pauvreté de l'année 1993. En 2010, près de 76,5 % des malgaches vivent dans la pauvreté. En 1997, ce taux est estimé à 73,3 % dont le milieu rural1 a été le plus concerné : environ 76 % de la population en milieu rural éprouvent des difficultés pour subvenir à leurs besoins.

    1 B. Minten, J.-C. Randrianarisoa, L. Randrianarison, (2003), "Agriculture, pauvreté rurale et politiques économiques à Madagascar". Etude financée par USAID, Cornell, INSTAT, FOFIFA. Voir également Louis Bockel, (2003), Filière riz et pauvreté rurale à Madagascar : Déterminants d'une stratégie de réduction de la pauvreté rurale et politiques publiques de développement, Thèse pour l'obtention du doctorat en Sciences Économiques, présentée et soutenue publiquement en octobre, Université de Metz, Faculté de droit, d'Économie et d'Administration.

    22

    II-5. La pauvreté moderne

    Les inégalités1 à l'échelle mondiale n'ont cessé d'augmenter depuis la fin des années 80. Nous assistons à une redécouverte périodique de la pauvreté dans les pays développés qui se manifeste par une insécurité grandissante en matière d'emploi, une remise en cause de l'Etat providence et des difficultés d'intégration des minorités ethniques. Le concept de pauvreté moderne ne se réduit pas aux besoins matériels mais, exprime en outre une frustration sociale.

    D'un autre point de vue, la détention de produit de consommation durable (voiture, ordinateur, magnétoscope) par des groupes à faibles revenus signifie que ces groupes ne sont pas pauvres.

    L'exclusion sociale2 est une situation dans laquelle une personne n'arrive pas à atteindre les standards habituels de la société dans laquelle elle vit et ne parvient pas à y participer. Cela fait appel à une analyse ayant pour critère le revenu. Cependant, dans une société post-industrielle, ceux qui désirent participer à la vie de la communauté ont besoin d'une éducation adaptée, et doivent également se procurer des moyens modernes tels que la télévision, le téléphone et l'ordinateur.

    Il est quand même difficile de déterminer quels types de biens et de services sont réellement nécessaires dans une société moderne développée. En effet, la notion de la pauvreté moderne existe rarement dans les pays en voie de développement, notamment Madagascar, pour ne pas dire qu'il n'existe pas.

    SECTION III. MESURES DE LA PAUVRETÉ

    Quelle que soit la définition de la pauvreté adoptée, Madagascar fait partie des pays les plus pauvres du Monde. Il existe plusieurs approches pour mesurer la pauvreté dans un pays, d'un pays à l'autre et dans le temps. Il s'agit principalement de l'approche utilitariste qui détermine la pauvreté monétaire et de l'approche non-utilitariste sur laquelle se mesure la pauvreté humaine.

    1 F. Bourguignon, Mondialisation de l'inégalité (30/08/2012), coédition, Seuil-La république des idées p, 38.

    2 Pierre Lunel l'évoque dans son ouvrage « Père Pedro, prophète des bidonvilles » paru en 2013 à Paris. Pierre Lunel, connu à Madagascar sous le nom de Père Pedro, a été invité dans « Le grand débat du mercredi 22 mai 2013 », à la Radio Africa N°1, pour présenter son ouvrage intitulé : « Père Pedro, prophète des bidonvilles ». Cette émission est également disponible en ligne sur le site web de la Radio France Internationale ( www.rfi.fr).

    23

    III-1. Mesure de la pauvreté monétaire

    Dans cette première approche, l'étude se base sur le concept de classement des préférences pour les biens. Ce principe de classement des préférences est à la base de la fonction d'utilité qui sert à exprimer les préférences des consommateurs. Les utilités traduisent les préférences sociales et permettent donc de comparer des niveaux de pauvreté. Le bien-être serait donc fonction des dépenses de consommation de l'individu. Selon cette perception classique de l'utilité, un individu est pauvre, s'il ne dispose pas d'un revenu lui permettant de satisfaire un minimum de consommation.

    La principale méthode pour mesurer la pauvreté monétaire s'appuie sur une comparaison entre les revenus des ménages et les revenus définissant le seuil de pauvreté. La Banque mondiale et le PNUD ont fait une classification des revenus pour mesurer la pauvreté monétaire. Nous avons donc quatre classifications (PNUD, 2010) :

    - L'économie à revenu élevé : tous les pays dont le revenu supérieur à 9 385 USD.

    - L'économie à revenu intermédiaire tranche supérieur : tous les pays dont le revenu est compris entre 3 035 et 9 385 USD.

    - L'économie à revenu intermédiaire tranche inferieur : tous les pays dont le revenu est compris entre 765 et 3 035 USD.

    - L'économie à faible revenu : tous les pays dont le revenu est inférieur à 765 USD. De ce fait, nous classifions comme pauvre monétairement tous les pays dont le revenu par tête est inférieur à 765 USD par an. En se référant aux mesures internationales comparables de la pauvreté, Madagascar est aujourd'hui l'un des pays les plus pauvres au monde, parmi ceux où ces mesures ont été effectuées. La majorité de la population, 61 %, vivent avec moins d'un dollar par jour et 85 % avec moins de 2 USD par jour. Dans la capitale, près de 40 % des ménages gagnent mensuellement moins de $ 501.

    A partir de ces composantes, sont estimées les consommations des ménages et le seuil de pauvreté. En 2002, le seuil de pauvreté est de 1 173 800 Fmg au prix courant (EPM, 2002), soit 179,48 USD. Pour ce dernier, l'individu devrait parvenir à satisfaire les besoins alimentaires quotidiens de 2 133 calories2 ajoutés d'un seuil non alimentaire. C'est la détermination du seuil à partir de l'échelle des valeurs des dépenses moyennes annuelles courantes par tête ou des revenus.

    1 Rapport n°78131-de la Banque Mondiale sur Madagascar : « Visages de la pauvreté à Madagascar : Evaluation de la pauvreté, du genre et de l'inégalité », avril 2014, p. 26.

    2 Jean RAZAFINDRAVONONA, Iarivony RANDRETSA, Jules RAZAFIMANDIMBY et Tiaray RAZAFIMANANTENA, (1999), Economie de Madagascar-Le comportement des ménages face à la pauvreté : consommation, emploi, éducation, santé. Revue n°4, décembre, pp. 12-15.

    24

    Cette approche classe la population selon, d'une part, les plus pauvres et d'autre part, les non pauvres ou riches. Une autre approche est basée sur la détermination du nombre de calories nécessaires à la reproduction de la force de travail évalué généralement à 2 133 calories par jour et par individu. En moyenne l'individu ou le ménage dont la consommation se situe en dessous de ce seuil est considéré comme pauvre.

    III-2. Mesures de la pauvreté humaine

    Les approches non monétaires se fondent sur une analyse des conditions de vie. Elles évaluent le degré de privation par rapport à certains éléments de bien-être (alimentation, logement, habillement, santé, éducation, relations sociales, sentiment de sécurité, etc.). La mesure de la pauvreté humaine fait par conséquent intervenir l'ensemble des indicateurs. Un indicateur de pauvreté est un indice permettant de mesurer le niveau de pauvreté. Parmi ces indicateurs nous pouvons citer entre autres : Indice de Pauvreté Humaine (IPH), Indice de Développement Humain (IDH), Indicateur Sexos-pécifique de développement humain (ISDH) créés par le PNUD.

    ? L'indice de pauvreté humaine pour les pays en développement (IPH) est une moyenne de quatre mesures relatives à des privations subies dans trois domaines (durée de vie, connaissances et conditions de vie)1.

    L'IPH mesure les déficits sur le plan du développement humain. Alors, si l'IDH exprime les avancées globales, l'IPH reflète la répartition de ces avancées et par conséquent les carences à combler qui subsistent.

    Pour ce cas, le PNUD2 utilise deux sortes d'IPH selon les pays à savoir : pour les pays en voie de développement, nous utilisons l'IPH-1, tandis que pour les pays développés, nous employons plutôt de l'IPH-2. Les indicateurs pris en compte pour l'IPH-1 sont les suivants :

    - la probabilité à la naissance de ne pas vivre jusqu'à l'âge de 40 ans (P1) ; - le taux d'illettrisme (P2);

    1 Les documents de travail du PNUD « La mesure de la pauvreté et de l'exclusion sociale : quels indicateurs ? Juin 2008, p. 67.

    2 PNUD, Rapport sur le développement humain 2013, « L'essor du Sud : le progrès humain dans un monde diversifié » p. 28.

    25

    - le pourcentage de la population en manque de conditions de vie (P3) décentes. La condition de vie est exprimée par les trois sous indices suivants :

    y' le pourcentage de la population qui n'a pas accès à une source d'eau potable (P31);

    y' le pourcentage de la population privée de l'accès au service de santé (P32) ; y' le pourcentage d'enfants de moins de cinq ans en sous poids pour leur âge (P33).

    Pour calculer l'IPH-1, nous utiliserons donc ces trois indicateurs :

    IPH-1= v??13+??2 3+??33

    3 avec P3= ??31+??32+??33

    3

    3

    Pour Madagascar l'Indice de Pauvreté Humain est de 38,52 % en 2004, contre 33,99 % pour l'année 2010 (INSTAT 2011). De ce fait, nous pouvons constater que de 2004 en 2010 le taux de pauvreté à Madagascar n'a pas eu beaucoup de changement, c'est-à-dire qu'il s'est réduit légèrement de 4,53 %.

    ? L'Indice de Développement Humain (IDH), indicateur synthétique compris entre 0 et 1, mesure le niveau moyen auquel se trouve un pays donné selon trois critères essentiels du développement humain : la possibilité de vivre longtemps et en bonne santé, la possibilité de s'instruire et la possibilité de bénéficier de conditions de vie décentes. Ces trois aspects sont les suivants :

    - l'espérance de vie ; pour Madagascar, l'espérance de vie est de 56,2 ans en 2008 (INSTAT, 2010), l'indicateur d'espérance de vie est de 0,520. En effet, les valeurs minimale et maximale d'espérance de vie ayant été fixées respectivement à 25 et 85 ans :

    Indicateur d'espérance de vie = (56,2 - 25) / (85 - 25) = 0,520.

    - le niveau d'éducation ; cet indicateur combine deux indicateurs : un indicateur d'alphabétisation des adultes (ici 74,8 %) et un indicateur d'accès à l'enseignement (ici 74,0 %), Une pondération de 2/3 est attribuée au premier indicateur et d'1/3 au second.

    Indicateur d'éducation = 2/3 (0,748) + 1/3 (0,740) = 0,745.

    - le PIB par tête Madagascar ayant un PIB par tête de 1 450,7 dollars, cet indicateur est calculé à partir de valeurs minimale et maximale fixées respectivement à 100 $/ tête et 40 000$ / tête. En effet, Indicateur PIB = log (1 450,7) - log (100) / log (40.000) - log (100) = 0,446.

    26

    Calcul de l'IDH : il s'agit d'une moyenne simple :

    IDH = {1/3 (indicateur d'espérance de vie à la naissance) + 1/3(indicateur
    d'éducation) + 1/3 (indicateur du PIB)}

    IDH = =1/3 (0,520) +1/3 (0,745) + 1/3 (0,446).

    IDH = 0,571.

    Le graphique qui suit révèle l'évolution de l'IDH de Madagascar depuis 2002 à 2008. Force est de constater que le niveau de cet indicateur ne cessent d'augmenter depuis la première année d'étude qui est respectivement de 0,479 à 0,571. En général, l'évolution est croissante, à part celle de 2005 où l'IDH est descendu à 0,460.

    Graphique n°3. Évolution de l'IDH de 2002 à 2008

    Indice

    0,610

    0,590

    0,570

    0,550

    0,530

    0,510

    0,490

    0,470

    0,450

    2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

    0,479

    L'évolution de l'IDH de Madagascar de 2002 à 2008.

    Linéaire (L'évolution de l'IDH de Madagascar de 2002 à 2008.)

    0,514

    0,505

    0,460

    0,535

    y = 0,0142x - 27,911

    0,555

    0,571

    Année

    Source : INSTAT Madagascar «Rapport National sur le développement
    humain2 010 » et graphique de l'Auteur.

    Quelles sont alors les causes de cette courbe de tendance à la hausse de prévision linéaire caractérisée par l'équation simple de y = 0,0142x - 27,911 ? Les éléments de réponse sont donnés par l'évolution des composantes de l'IDH suivantes.

    Tableau n°III. Variations des composantes de l'IDH de 2002 à 2008

    Composantes de l'IDH

    2002

    2003

    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    Espérance de vie

    53,4

    53,8

    54,2

    54,7

    55,2

    55,7

    56,2

    Taux de scolarisation

    48,3

    56,3

    64,7

    67,0

    69,9

    71,7

    74,0

    Taux d'alphabétisation

    68,7

    73,1

    73,1

    59,6

    74,1

    74,4

    74,8

    Revenu en $.ppa

    810,3

    863,1

    823,5

    435,0

    951,7

    1 225,8

    1 450,7

    Indicateur d'espérance de vie

    0,473

    0,480

    0,487

    0,515

    0,503

    0,512

    0,520

    Indicateur d'éducation

    0,619

    0,675

    0,703

    0,621

    0,727

    0,735

    0,745

    Indicateur de revenu

    0,349

    0,360

    0,352

    0,245

    0,376

    0,418

    0,446

    IDH

    0,479

    0,505

    0,514

    0,460

    0,535

    0,555

    0,571

    Source : INSTAT Madagascar «Rapport National sur le développement humain2 010 ».

    27

    En 2008, l'augmentation de l'indicateur de revenu est plus accentuée par rapport à l'année précédente (0,446 en 2008 contre 0,418 en 2007). Elle est soutenue par la croissance des indicateurs de santé et d'éducation (respectivement de 0,745 et 0,520), confortant le taux de croissance de l'IDH à 2,8% en 2008. La scolarisation contribue à hauteur de 0,5 points, l'espérance de vie à 0,56 point, l'alphabétisation à 0,2 point et le revenu à 1,9 point.

    ? L'Indicateur Sexos-pécifique de Développement Humain (ISDH) mesure les mêmes avancées et se fonde sur les mêmes variables que l'IDH, mais corrige ce dernier des disparités sociologiques entre hommes et femmes1. Ainsi, si l'ISDH est inférieur à l'IDH, cela révèle une inégalité entre les genres2 au détriment de la femme. En 2008, la région d'Analamanga arrive en tête du classement avec un ISDH de 0,626.

    Ce résultat indique que cette région est parvenue à donner aux femmes comme aux hommes la possibilité d'accéder aux ressources essentielles à leur développement sans créer d'importants écarts entre les sexes. Plusieurs ouvrages (cités dans le bas de page) ont travaillé sur la relation entre inégalité et genre tant à Madagascar qu'au niveau international.

    Tableau n°IV. Évolution des IDH, ISDH, et IPH de Madagascar

    Année

    IPH

    IDH

    ISDH

    2010

    33,99

    0,435

     

    2008

     

    0,571

    0,569

    2007

     

    0,555

    0,553

    2006

     

    0,535

    0,533

    2005

     

    0,460

    0,525

    2004

    38,52

    0,514

    0,513

    2003

     

    0,505

    0,503

    2002

     

    0,479

    0,477

    2001

     

    0,484

    0,481

    2000

     

    0,470

    -

    Source : INSTAT, « Rapport National sur le Développement Humain 2010 ».

    1 P. RATOVONDRAHONA, J. R. RATSIMANDRESY, Une approche régionale de la pauvreté à travers des analyses des indicateurs de développement humain et de privation des capacités (IPC), nov. 1996, p. 17.

    2 I. DROY, J.-L., DUBOIS, P. RASOLOFO, N. H. ANDRIANJAKA, (2001), Femmes et pauvreté en milieu rural : analyse des inégalités sexuées à partir des observatoires ruraux de Madagascar. Antananarivo. Voir également A. VARAGNAC, (1948), Civilisation traditionnelle et genres de vie, Paris : Albin Michel, p.40.

    - DANG, A.-T., (2006), Les inégalités de genre en économie contemporaine : un éclairage par l'approche

    des "capabilités" d'Amartya Sen. Économie Appliquée. Tome LIX, n°4, pp. 143-165.

    - LACHAUD, J.-P., (1999), "Pauvreté, ménages et genre en Afrique subsaharienne. Nouvelles dimensions analytiques", Bordeaux, Centre d'Economie du Développement, Série de recherche n°3, Université Montesquieu-Bordeaux IV.

    - PNUD, (2003), Genre, développement humain et pauvreté. Madagascar-RNDH, 73 p.

    28

    III-3. Incidence de la pauvreté et intensité de la pauvreté

    Ce sont les deux indices les plus couramment utilisés pour décrire le phénomène de pauvreté. L'incidence de la pauvreté donne le nombre ou le pourcentage d'individus en dessous du seuil de pauvreté et l'intensité de pauvreté donne le déficit à combler pour se hisser au-dessus du seuil de pauvreté. Nous pouvons résumer ainsi les indicateurs de pauvreté :

    - santé : espérance de vie trop courte; taux de mortalité très élevé ;

    - éducation et acquisition des connaissances : taux de scolarité; taux d'alphabétisation ;

    - emploi et qualité de vie au travail : temps du trajet ; accident mortel du travail ; - temps et loisirs : activités durant le temps libre ;

    - environnement physique : logement; espace urbain; exposition aux polluants atmosphériques; expositions au bruit;

    - capacité acquisitive en biens et services: bas revenus; dénuement matériel.

    Le graphique 2 relate l'évolution de l'incidence de la pauvreté à Madagascar pour la période de 1993 à 2010. Notons que certaines informations ne sont pas disponibles dans cette analyse.

    Graphique n°4. Évolution de l'incidence de la pauvreté à Madagascar

    Incidence (%)

    78

    76,5

    1993 1998 2003 2008 2013

    73,3

    71,3

    70

    68,7

    Année

    76

    74

    72

    70

    68

    Evolution de l'incidence de la pauvreté à Madagascar de 1993 à 2010.

    Sources : EPM 1993, 1997,1999, 2005, 2010 avec graphique de l'Auteur.

    À partir de ce graphe, nous pouvons conclure que le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté ont augmenté de 70 % à 76,5 % de 1993 en 2010 ; c'est-à-dire qu'entre ces deux dates, les ménages pauvres ont augmenté de 6 %. Cet accroissement est visible au niveau de toutes les ex-provinces.

    29

    Tableau n°V. Évolution de l'incidence de la pauvreté par faritany (ex-province)

    Année

    1993

    1997

    1999

    2005

    2010

    Ex-Province

    Antananarivo

    68,0

    66,4

    61,7

    57,7

    66,8

    Fianarantsoa

    74,2

    75,1

    81,1

    77,6

    88,2

    Toamasina

    77,9

    79,8

    71,3

    71,9

    78,3

    Mahajanga

    53,2

    73,8

    76,0

    70,2

    71,6

    Toliara

    81,1

    82,0

    71,6

    74,8

    82,1

    Antsiranana

    60,2

    62,3

    72,6

    64,2

    68,1

    Milieu de résidence

    Urbain

    50,1

    63,2

    52,1

    52,0

    54,2

    Rural

    74,5

    76,0

    76,7

    73,5

    82,2

    Madagascar

    70,0

    73,3

    71,3

    68,7

    76,5

    Sources : EPM 1993, 1997,1999, 2005, 2010.

    Si l'incidence de la pauvreté urbaine s'est relativement stabilisée entre 1993 et 1999, respectivement de 50,1 % et de 52,1 %, celle du milieu rural demeure plus élevée : 74,5 % en 1993 et 76,7 % en 1999. En 2010, près de 54,2 % de la population urbaine consomment moins de 468 800 Ariary par individu par an. Le niveau de consommation de la population n'a pas vraiment changé et correspond au niveau de l'année 1993.

    La qualité de vie étant subjective, le revenu et la consommation s'avèrent insuffisants pour apprécier les aspects économiques de la pauvreté. Ils rendent plutôt compte des aspects objectifs du phénomène. Le graphique 3 illustre l'évolution de l'intensité de la pauvreté à Madagascar pour la période de 1993 à 2010. Certaines périodes ne figurent pas dans cette analyse, faute des données.

    Graphique n°5. Évolution de l'intensité de la pauvreté à Madagascar

    70

    65

    55

    45

    35

    25

    Année

    Intensité (%) 75

    30,3 33,6 32,8 34,9

    1993 1998 2003 2008 2013

    Evolution de l'intensité de la pauvreté à Madagascar de 1993 à 2010.

    Sources : EPM 1993, 1997,1999, 2005, 2010 avec graphique de l'Auteur.

    30

    Le déficit à combler pour atteindre le seuil de pauvreté a diminué de 40 % entre 1993 et 1997, et ce, grâce à la relance économique de cette époque ; mais ce constat se stabilise jusqu'en 2010. Nous constatons aussi que l'intensité de la pauvreté est plus criante en milieu rural qu'en milieu urbain.

    Tableau n°VI. Évolution de l'intensité de la pauvreté par faritany (ex-province)

    Année

    1993

    1997

    1999

    2005

    2010

    Ex-Province

    Antananarivo

    27,8

    29,1

    26,0

    19,4

    24,6

    Fianarantsoa

    33,7

    32,0

    40,2

    30,6

    44,7

    Toamasina

    33,7

    39,3

    32,6

    30,9

    36,5

    Mahajanga

    18,6

    29,1

    36,5

    26,2

    27,9

    Toliara

    42,8

    46,4

    33,7

    32,9

    44,2

    Antsiranana

    22,0

    23,9

    32,0

    25,2

    29,0

    Milieu de résidence

    Urbain

    17,5

    29,6

    21,4

    19,3

    21,3

    Rural

    33,1

    34,7

    36,1

    28,9

    38,3

    Madagascar

    70,0

    30,3

    33,6

    32,8

    34,9

    Sources : EPM 1993, 1997,1999, 2005, 2010, Le seuil de pauvreté est de 468 800 Ar (71,68$ USD) par personne par an qui a été calculé en 2001 et mis à jour par le changement des prix entre 2001 et 2010.

    En ce qui concerne l'intensité de la pauvreté en 2010, elle est de 35 % au niveau national. Cela veut dire qu'en moyenne, si nous ramenons la consommation des non pauvres au niveau du seuil de pauvreté, alors la population aurait une consommation moyenne inférieure à 35 % du seuil de pauvreté.

    En d'autres termes, il faudrait une hausse moyenne des consommations de 35 % pour qu'il n'y ait plus de pauvres. Cette hausse est de 21 % en milieu urbain, contre 38 % en milieu rural. En regroupant les ménages par milieu de résidence, nous obtenons le même constat que celui de la variation des ratios de pauvreté dont la hausse est plus importante en milieu rural.

    31

    CHAPITRE II. IMPORTANCE DU RÔLE DE L'ETAT DANS LA
    RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ

    Le rôle de l'Etat dans l'économie est au centre de la plupart des débats contemporains. Depuis la fin du XIXe siècle, la place de l'Etat dans l'économie des pays développés s'est considérablement accrue. De ce fait, nombreux sont les économistes qui s'interrogent sur l'importance de l'Etat dans l'économie.

    Dans ce chapitre, il sera essentiellement question d'analyser les fondements théoriques de l'intervention de l'Etat dans l'économie. Les expériences des pouvoirs publics dans le processus de réduction de la pauvreté à Madagascar et aussi dans les pays nouvellement industrialisés, y seront développées, et ce, afin de connaître l'interaction entre Etat et lutte contre la pauvreté.

    SECTION I. FONDEMENTS THÉORIQUES DE L'INTERVENTION DE L'ETAT
    DANS L'ÉCONOMIE

    Tous les économistes ne raisonnent pas de la même façon sur ce qui est souhaitable en matière d'intervention de l'Etat. À ce propos, ils sont divisés en deux blocs, d'un côté les libéraux qui soutiennent l'Etat minimal et de l'autre les interventionnistes. L'intervention de l'Etat dans la vie économique est donc l'un des sujets qui font couler beaucoup d'encre, entre détracteurs, qui arguent qu'une telle intervention fausse le libre jeu de la concurrence et déstabilise les mécanismes du marché et les protecteurs, qui font de l'intervention Etatique une nécessité pour venir à bout des insuffisances de l'allocation marchande et sa vulnérabilité dans certaines situations.

    Dans ce qui va suivre, nous allons mettre en relief, la définition du concept, en précisant la justification théorique de son intervention, afin d'analyser son rôle.

    I-1. Définition et justification théorique de l'intervention de l'Etat dans l'économie

    Dans la conception juridique, l'Etat désigne la personne morale du droit public qui, sur le plan juridique, représente une collectivité, un peuple ou une nation, à l'intérieur ou à l'extérieur d'un territoire déterminé sur lequel il exerce le pouvoir suprême, la souveraineté1.

    1 https://www.google.mg/search?q=DEFINITION+DE+L%27ETAT&ie=utf-8&oe=utf vu le 08/08/14 à 15.

    32

    I-1-1. Etymologie et définition de l'Etat.

    Etymologiquement, le mot « Etat » vient du latin « status », qui signifie la forme du gouvernement, ou bien du régime. Dans la conception économique, l'Etat est défini comme l'ensemble des administrations publiques centrales et locales ainsi que des organismes de sécurité sociale (tout organisme qui a une certaine autorité pour agir au nom d'une collectivité)1.

    L'Etat est donc la forme la plus élaborée de la vie commune d'une société humaine. Il exerce son pouvoir par le biais du gouvernement. L'Etat dispose d'un certain nombre de monopoles comme l'utilisation légitimée de la contrainte physique (pour faire respecter la loi), la collecte des impôts. Par extension, l'Etat désigne l'ensemble des institutions et des services qui permettent de gouverner et d'administrer un pays: ministères, directions, préfectures, délégations, administrations déconcentrées ou décentralisées. Au sens large, l'Etat peut être considéré comme l'institution qui a le monopole de force armée et qui a la faculté de légiférer. Cette institution a des pouvoirs qui s'exercent dans les limites d'un territoire (souveraineté) et la population de ce dernier correspond le plus souvent à une nation.

    I-1-2. Justification théorique de l'intervention de l'Etat

    Bien que le débat sur le rôle de l'État ne soit pas encore épuisé, le constat est que l'Etat intervient très souvent dans la vie économique et sociale, ceci avec pour objectif d'assurer l'efficacité et la stabilité.

    Les économistes néoclassiques (fin du XIXe siècle) raisonnent avec l'idée que les individus agissent rationnellement en recherchant le meilleur de leur intérêt. La contestation de l'intervention de l'Etat a vu ses prémices avec les apports de certains auteurs tels que : Adams Smith (1776), Thomas Malthus (1798), Jean Baptiste Say (1803), J. Stuart Mill (1869) et David Ricardo (1817). Selon ces derniers, l'intervention de l'Etat empêche l'allocation optimale des ressources et l'intervention de l'Etat est justifiée seulement dans le domaine où le secteur privé fait défaut. Pour ces économistes, dont F. Von Hayek (1990), l'Etat doit intervenir le moins possible dans le fonctionnement des marchés pour les laisser fonctionner de manière efficace : ils reconnaissent néanmoins certaines défaillances du marché.

    1 Angelina VAVISOA, Cours d'Economie Financière en 4emAnnée économie 2012-2013, Université de Toamasina.

    33

    Pour la conception de l'école du « public choice », l'Etat doit intervenir quand le bien est de par sa nature indivisible (la défense nationale, la radio, la télévision...) et que son utilisation par une personne de plus engendre un coût nul. L'indivisibilité engendre une véritable rationalité de la prise en charge collective.

    L'existence d'effets externes est une deuxième cause d'intervention publique car en créant par exemple une route entraîne automatiquement des effets externes : pour les uns cela peut être négatif (bruit de l'autoroute...) et positif pour d'autres (transport moins cher pour les entreprises près de la route).

    Individuellement, il est donc difficile de se mettre d'accord pour financer des biens qui apportent une utilité difficilement quantifiable pour les uns et les autres. Selon Musgrave (1959), l'intervention de l'Etat dans l'économie consiste en l'utilisation de la politique budgétaire comme instrument de la politique économique et sociale. Au cours des années 1930, l'opinion publique et la classe politique se sont progressivement ralliées à cette conception.

    Les théories développées par John Maynard Keynes1 définissent la première justification de l'intervention de l'Etat. Celui-ci passe par les différents canaux des finances publiques :

    ? augmentation des dépenses publiques et extension de leurs domaines d'intervention (exemples : sécurité sociale, assurance chômage) ;

    ? rôle redistributif et incitatif de la politique fiscale (exemple : impôts progressifs) ;

    ? intervention directe de l'Etat dans l'économie, par la détention d'entreprises, la mise en place de monopoles publics et la planification indicative ;

    ? conséquences favorables du déficit et de l'emprunt public sur la croissance économique et le système financier : en période de crise, une hausse des dépenses publiques, même non financées par les ressources courantes, permet de soutenir le pouvoir d'achat des consommateurs et la demande s'adressant aux entreprises.

    1 J.-M. KEYNES (1936), Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie. Paris, Edition Payot, 1942.

    34

    Après la Seconde Guerre Mondiale, l'intervention de l'Etat dans l'économie augmente sensiblement, notamment par son financement (nationalisations, grands projets industriels). L'Etat s'attache à reconstruire le pays, puis à contrôler le rythme de la croissance économique. Il cherche aussi à résoudre la crise des années 1970 et à développer une couverture sociale et un équilibre budgétaire.

    D'autres économistes ont construit, à la suite de J.-M Keynes (1936), un modèle explicatif sur le fait que les marchés ne fonctionnent pas toujours efficacement et que l'Etat doit davantage intervenir, à la fois pour réguler le fonctionnement des marchés et relancer les investissements des entreprises. Confirmant cette théorie Wagner (1934) annonce une loi de l'intervention publique : plus la société se développe, plus l'Etat se doit d'intervenir dans l'économie, autrement dit d'organiser des dépenses publiques pour l'accroissement économique national.

    L'Etat est donc conduit à intervenir et à dépenser davantage. Pour Stiglitz (1993), l'intervention de l'Etat se justifie par la mise en place d'un cadre au sein duquel les entreprises pourront se livrer à une concurrence loyale, ceux pour qui l'Etat doit stimuler l'activité économique en agissant sur ses composantes (création d'emploi public, baisse des taux d'intérêt, investissements publics).

    En matière de développement économique, la théorie économique, comme nous avons pu le constater sur les décennies 1990-2000 a été dominée par les partisans de l'interventionnisme qui sont dominés par le concept d'Etat développeur (cas notamment de la chine en 1990). En ce sens où l'Etat joue un rôle important dans la production des biens et services. L'Etat a une influence considérable sur l'orientation de l'activité économique et sociale. Au niveau de la formation, de la santé, de la protection sociale des populations, l'Etat joue un rôle prépondérant. Nous nous situons dans un système de planification indicative ou dirigiste qui constitue des moyens pour les gouvernements de pallier aux insuffisances du marché et d'orienter l'économie vers des objectifs précis.

    Cependant, dans les PED, les théoriciens vont encore plus loin en stipulant que l'Etat est le seul acteur susceptible d'agir pour l'intérêt général tandis que le secteur privé n'a pour unique objectif que la maximisation du profit. Par conséquent, il ne peut agir dans l'intérêt général d'où sa marginalisation dans le processus de développement. De fait, l'Etat devient l'unique entrepreneur susceptible de parvenir au développement des PED. Avec pour mission d'être les canaux de développement via les entreprises publiques.

    35

    En somme, depuis fort longtemps, l'intervention de l'Etat est justifiée seulement à en ce qui concerne la défense, la justice et l'ordre interne, d'où la notion de l'Etat gendarme ou Etat protecteur. Cependant après la crise de 1929, ce rôle circonscrit a été remis en cause et nous assistons à une intervention de plus en plus accrue, d'abord dans le domaine économique, puis dans le domaine social notamment avec l'apparition du système de sécurité sociale. Cette reconnaissance du rôle de l'Etat s'est renforcée d'autant plus que les mécanismes du marché étaient incapables devant plusieurs situations telles que : la production des biens collectifs (ou bien publics), la redistribution et l'élimination des externalités négatives.

    I-2. Rôles économiques de l'Etat

    Le rôle de l'Etat dans l'économie a toujours fait l'objet des débats entre les courants de pensées. Les libéraux pensent que les interventions de l'Etat sont nuisibles (le marché est autorégulateur). Les keynésiens pensent que ses interventions sont parfois souhaitables.

    Afin de faire face aux défaillances du marché, les Etats ont dû organiser leurs interventions au niveau du système économique. Les budgets publics constituent l'un des moyens les plus efficaces pour orienter l'activité économique dans le sens de l'intérêt collectif (améliorer le réseau routier, soutenir la consommation par la relance économique, etc.)1. Les Finances Publiques s'occupent du volet financier de l'action de l'Etat. En fait, « elles sont un point de passage obligé de presque toute politique économique et sociale ».2

    Dans la théorie des finances publiques, Richard Musgrave synthétise les apports de ses prédécesseurs et proposes une typologie des trois fonctions principales de l'Etat : fonction de stabilisation de l'économie, fonction d'allocation ou d'affectation des ressources et fonction de redistribution.

    I-2-1. Fonction d'allocation ou d'affectation des ressources

    Par l'allocation des ressources, l'Etat facilite le jeu du marché (concurrence), modifie les règles du jeu lorsque celles du marché ne s'appliquent pas; il remplace l'entreprise lorsque le marché ne peut exister, c'est-à-dire pour la satisfaction des besoins collectifs. La fonction d'affectation des ressources consiste donc à rétablir un usage optimal des ressources à chaque fois que le jeu du marché s'écarte de l'optimum.

    1 J. Yves CAPUL & Olivier Garnier, (2008), Dictionnaire économique et sociales, éd. Hater, Paris, p. 27.

    2 Paul LOWENTHAL, Economie et Finances Publiques, éd. 2ème, Bruxelles, de Boek, 1996, p. 13.

    36

    En dehors des missions régaliennes (sécurité des populations) de l'Etat (justice, police, défense nationale), la fonction d'affectation des ressources prend également en compte le financement des biens collectifs comme l'éducation et la santé publique. Il s'agit essentiellement de remédier à des défaillances de marchés.

    I-2-2. Fonction de redistribution ou fonction de répartition

    L'intervention de l'Etat dans la répartition de revenu et des richesses répond aux raisons d'équité et de justice sociale. Les pouvoirs publics viennent s'ajouter à la répartition primaire des revenus sous forme d'une répartition secondaire (ou redistribution) plus favorable à l'activité économique et porteuse d'une stratégie de réduction des inégalités.

    La raison en est que l'économie de marché génère par nature des inégalités de revenu, la redistribution partage les ressources et les revenus dans une optique de réduction des inégalités (Amartya Sen, 2012, dans son ouvrage qui s'intitule : Repenser l'inégalité). L'Etat s'efforce d'obtenir une plus grande justice sociale (John Rawls, 1971, dans son oeuvre intitulée : Justice sociale).

    Pour ce faire, l'Etat utilise des prélèvements et des transferts. Cela permet d'assurer le bon fonctionnement de l'Etat-providence et d'instaurer une démocratie économique en permettant au plus grand nombre l'accès aux biens essentiels afin d'éviter l'exclusion sociale1, en prélevant des impôts et en les redistribuant sous formes de revenus sociaux : revenu de solidarité active (RSA), allocations chômage, allocations familiales dans le but de réduire les inégalités de revenus et lutter contre la pauvreté.

    I-2-3. Fonction de régulation ou fonction de stabilisation

    Dans le domaine économique, la régulation désigne l'ensemble des mécanismes et des moyens d'action dont dispose un Etat ou une instance internationale ayant pour objectif, soit la stabilité de l'économie dans sa globalité (ce sont les moyens utilisés par les politiques économiques), soit le maintien de l'équilibre d'un marché de biens ou de services (régulation sectorielle)2.

    1 Pierre LUNEL ou Père Pedro (2013), op. cit.

    2 Mubake MUMEME, Notes du cours d'Economie Financière, L 2. Sciences Economiques et de gestion, 4ème édition, FASEG, UNIKIN, 2007, p. 29.

    37

    La régulation peut être obtenue par la réglementation, c'est-à-dire un ensemble de lois, de prescriptions, de règles, régissant une activité sociale. La réglementation peut avoir pour but la régulation, mais peut aussi avoir plusieurs autres buts. De même, la régulation peut se faire à travers des règlements, mais peut aussi se faire par d'autres façons.

    L'Etat lutte contre les déséquilibres économiques comme le chômage, en stabilisant l'activité économique. En effet, augmenter certains revenus de transfert en période de crise permet de maintenir la croissance économique et de permettre aux ménages à faibles revenus de consommer.

    Par la fonction de stabilisation, l'Etat intervient pour assurer le plein-emploi, la stabilité de prix grâce à la promotion et à l'expansion de la demande et le maintien de l'équilibre extérieur en vue d'une croissance équilibrée et continue du bien-être (conception keynésienne).

    Face aux limites du marché comme mode de régulation, l'Etat intervient par des politiques économiques. Leur objectif est d'atteindre le taux de croissance le plus élevé possible tout en s'efforçant de respecter les grands équilibres de plein emploi, la stabilité des prix (le moins d'inflation possible), et l'équilibre des échanges avec l'extérieur. Au fait, l'intervention pourra être expliquée par le carré magique de Nicolas Kaldor.

    ? Le carré magique de Nicolas Kaldor (1939)

    Pour les économistes, les principaux objectifs de la politique économique sont liés au « carré magique » de N. Kaldor (1939). Ce principe repose sur quatre indicateurs :

    - la croissance économique, qui est mesurée par le taux de croissance du PIB. Dans ce domaine, l'objectif de l'Etat est de favoriser une croissance élevée et inscrite dans la durée.

    - le plein emploi évalué par le taux de chômage. L'Etat va aider, directement ou indirectement, à créer des emplois.

    - la stabilité des prix, traduite par le taux d'inflation. Il s'agit pour l'Etat de garantir le maintien du pouvoir d'achat des agents économiques en luttant contre l'inflation qui l'érode.

    - l'équilibre des comptes extérieurs, indiqué par le solde de la balance de paiement.

    38

    Figure n°1. Le carré magique de Nicolas Kaldor

    Source : Césaire MBIMA, Cours de croissance et fluctuations économiques
    de la 3ème année d'Economie, 2011-2012, Université de Toamasina.

    Les quatre objectifs du carré magique de Nicolas Kaldor sont loin d'être atteints à Madagascar. La croissance économique reste toujours sur le « fil du rasoir » (Harrod, 1948), à cause de la faible performance économique et de l'instabilité politique. Par exemple, en termes de commerce international, le solde de la balance commerciale est constamment déficitaire. Il y a plus d'importations que d'exportations. Les produits asiatiques pénètrent en masse sur le territoire malgache et inondent quasiment tous les secteurs commerciaux.

    Le passage qui suit est un extrait des travaux de Raveloson1 (2014). Il a dit qu'au niveau de l'emploi, le pays compte beaucoup de des chômeurs. Les universités et les grandes écoles privées de Madagascar deviennent des centres de formations des « chômeurs luxes, hautement diplômés ». Les statistiques relatives au taux de chômage de Madagascar et fournies annuellement par l'INSTAT ne sont pas réellement fiables et ne reflètent en aucun cas la réalité sur le terrain. Madagascar se trouve à 3,8 % du taux de chômage, alors que le pays abrite en fait une « armée de chômeurs » ! A ce chiffre-là, notre pays serait quasiment en situation de plein emploi car dans la vie, il y a toujours des personnes qui ne veulent pas travailler.

    1 Eddy Christiano RAVELOSON (2014), « Politiques économique et publique : effets sur la croissance économique, cas de Madagascar depuis 1980 », Mémoire de Maîtrise ès-sciences économiques, Université de Toamasina, septembre, notamment à la page 32.

    39

    La situation inflationniste à Madagascar avec un taux de 9,5 % en 2011, n'est pas une bonne chose pour l'économie, notamment pour les ménages consommateurs. La crise politique depuis 2009 n'a fait qu'augmenter l'indice des prix à la consommation. En somme, dans la réalité des politiques publiques, les trois fonctions (affectation, redistribution, régulation) sont le plus souvent confondues. Nous allons donc synthétisé ces trois fonctions par le schéma suivant.

    Figure n°2. La synthèse des rôles de l'Etat

    Inégalités inefficaces

    REDISTRIBUTION

    nécessitent

    Existence d'inégalités

    Inégalités injustes

    nécessitent

    nécessitent

    Défaillance du marché

    ALLOCATION DES RESSOURCES

    INTERVENTION
    DES POUVOIRS
    PUBLICS

    Déséquilibres

    Inflation

    extérieurs

    nécessitent

    DESEQUILIBRE
    MACROECONOMIQUE

    STABILISATION

    Chômage

    Information
    imparfaite

     
     
     
     
     
     
     

    Présence
    d'externalité

     
     
     
     
     

    Concurrence
    imparfaite

    Existence de biens publics purs

    Source : Auteur, septembre 2014.

    40

    SECTION II. EXPÉRIENCES VECUES À MADAGASCAR ET DANS LES

    NOUVEAUX PAYS INDUSTRIALISÉS

    Au cours de ces dix dernières années, un certain nombre d'actions et de mesures visant à limiter les effets de la dégradation de la situation économique et sociale, ont été mises en oeuvre par les Gouvernements avec l'appui de ses partenaires au développement.

    Dans cette seconde section, nous tenons à expliquer l'expérience de l'intervention publique à Madagascar et dans les pays nouvellement industrialisés.

    II-1. Expérience vécue à Madagascar

    Les contributions directes de l'Etat à l'endroit des couches vulnérables se manifestent depuis l'indépendance. Le développement n'étant pas exclusif à la croissance voire à la pauvreté, les engagements sectoriels et catégoriels ont un impact certain sur la réduction de la pauvreté.

    En effet, en appuyant par exemple les institutions financières, le milieu rural, le secteur de l'enseignement, et de la santé, l'Etat renforce et augmente leur capacité de gestion de la réduction de la pauvreté. Le volume des aides ou des interventions accordées par celui-ci permettra aux ménages bénéficiaires de se développer.

    Ainsi, toute action de développement agit sur la pauvreté. Madagascar a été un champ d'application de différents programmes de développement durant la période post coloniale, le début des années 80 et même actuellement.

    II-1-1. Pendant la période poste coloniale

    Durant la première période, des programmes d'inspiration marxiste ont été effectués. Avec un renouveau des controverses doctrinales après les années 60 ; les pays socialistes comme Madagascar sont entrés dans une économie sociale avec la planification considérée comme un remède pour le développement des pays sous-développés et destinés à lutter contre la pauvreté. Ceux-ci sont basés sur la satisfaction des besoins1 essentiels des communautés. Pour y arriver, l'Etat prend différentes initiatives politiques :

    1 Abraham H. MASLOW, (1954), motivation and personality (Motivation et personnalité); New-York, Harper & amp; Brothers, ~- In-8.

    41

    - La nationalisation durant la période postcoloniale, c'est-à-dire toutes les sociétés d'Etat donc ont été nationalisées.

    - L'Etat a instauré un contrôle direct des prix surtout les prix des produits de première nécessité. Il a également mis en place des caisses de stabilisation et les prix minimum aux producteurs. L'équilibre macroéconomique est assuré par l'Etat : équilibre du budget, inflation maîtrisée, contingentement des importations pour éviter une balance commerciale déficitaire.

    - L'investissement à outrance.

    Comme beaucoup de PED, Madagascar a investi dans l'industrie pour stimuler la croissance de la demande de produits, afin d'étendre leurs capacités de production. Ils y sont encouragés par des taux d'intérêts réels très faibles, voire négatifs, pendant cette période à cause de l'abondance des pétrodollars à recycler et la faible demande de crédit dans les régions riches.

    II-1-2. Pendant la période libérale

    Pendant les années 80, le cadre de définition et de mise en oeuvre des politiques de développement a été profondément marqué par la transition entre les stratégies d'ajustement structurel, caractéristiques des années 1980 et 1990, et les stratégies de réduction de la pauvreté, dont l'élaboration date du début des années 2000.

    Dans le cas de Madagascar, les politiques de libéralisation ont principalement touché le commerce extérieur et le secteur des services. D'après les données des Enquêtes périodiques auprès des ménages réalisées en 1997, 1999 et 2002, l'épisode de croissance enregistré par Madagascar sur la période 1997-2001 a contribué à réduire la pauvreté. En effet diminution de la part de la population pauvre a été modérée, cette dernière passant de 73,3 % en 1997 à 69,6 % en 2001.

    En outre, la répartition des fruits de la croissance a surtout profité aux urbains, au détriment des ruraux, si bien que l'incidence de la pauvreté en milieu rural est restée inchangée, à 77 %.

    La pauvreté a en fait essentiellement diminué pour les individus travaillant dans le secteur manufacturier (de 54,3 % à 42 %) ou dans les services (de 44 % à 36,5 %), tandis qu'elle s'est maintenue pour les agriculteurs.

    42

    II-1-3. Expérience vécue durant les dix dernières années

    Entre 2002 et 2010, les répercussions économiques et sociales des crises politiques de 2002 et de 2009 ont été extrêmement lourdes au niveau national. Une forte hausse du ratio de pauvreté entre 2001 et 2002, puis une baisse importante entre 2002 et 2005, une nouvelle forte hausse entre 2005 et 2010, et, finalement, une légère baisse entre 2010 et 2012. Les ménages pauvres ont pu bénéficier en partie des fruits de la croissance soutenue du PIB réel, entre 2002 et 2008.

    Tableau n°VII. Évolution récente des indicateurs macroéconomiques de Madagascar

    Agrégats

    2000

    2001

    2002

    2003

    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    2009

    Variation du PIB en%

    4,8

    6,0

    -12,7

    9,8

    5,3

    4,6

    5,0

    6,2

    7,1

    -3,7

    Variation du PIB en% Afrique subsaharienne)

    3,6

    4,9

    7,2

    4,9

    7,1

    6,2

    6,4

    7,2

    5,6

    2,8

    Taux de croissance par secteur

    Primaire

    1,0

    4,0

    -1,3

    1,3

    3,1

    2,5

    2,2

    2,2

    3,1

    8,5

    Secondaire

    6,1

    4,8

    -18,6

    9,4

    4,0

    3,0

    3,5

    9,8

    8,8

    -7,4

    Tertiaire

    5,0

    6,1

    -15,0

    10,6

    6,0

    6,1

    7,4

    7,8

    9,0

    -7,1

    PIB par tête (en U.S. dollars)

    261,1

    307,8

    280,2

    339,3

    266,1

    295,2

    309,2

    398,1

    471,3

    478

    Indice des prix à la consommation (moyenne annuelle) en %

    10,6

    7,4

    16,5

    -1,7

    14,0

    18,4

    10,8

    10,3

    9,2

    9,0

    Source : Institut National de la Statistique (site web) et FMI, 2010.

    Le taux de croissance économique nominal ou en termes réels se situe en deçà du niveau requis pour entraîner une réduction de la pauvreté. Cette situation peut être caractérisée comme une économie en état de stagnation de longue durée. L'économie malgache est essentiellement agricole. Le secteur primaire (agriculture, pêche, etc.) représente 30,2 % du PIB, soit plus de 60 % des revenus d'exportation en 2008.

    Le solde des comptes courants reste structurellement négatif avec un déficit de 14,5 % du PIB en 2007 (hors dons), attendu à 23,8 % en 2008. Toutefois, le financement de l'Etat est plus vertueux que les années précédentes grâce à un net accroissement de l'investissement direct étranger (IDE) depuis 2005. D'autre part, l'afflux de capitaux liés aux projets miniers plus de quatre Millions de dollars dans l'investissement cumulés sur la période 2005-2009 dont un Million de flux entrant en 2007, entraîne un déséquilibre d'environ 50 millions par mois sur le marché interbancaire des devises, dont le volume quotidien est habituellement compris entre 5 et 10 millions d'Euros.

    43

    Les tensions qui pèsent ainsi sur la monnaie locale ont conduit à un renforcement tendanciel de l'Ariary face à l'Euro, l'Etat a donc eu des difficultés pour intervenir dans la stabilisation du taux de change par l'intermédiaire de la Banque Centrale. Enfin, l'Etat Malgache n'est pas parvenu à réduire le nombre de personnes vivant dans la pauvreté et l'extrême pauvreté entre 2001 et 2011, mais le pays devrait profiter de cet environnement propice pour relancer sa croissance en 2014, prévue à 3 %. Ce taux reste cependant trop faible pour avoir un impact sur le plan de la réduction de la pauvreté.

    II-2. Expériences vécues dans les pays nouvellement développés

    Les pays de l'Asie de l'Est tiennent une place spéciale dans l'économie mondiale en matière de développement économique dans la mesure où leurs économies se sont rapidement développées et qu'ils ont pu soutenir à long terme un très fort taux de croissance économique avec une distribution plus égalitaire de revenu. Une situation inhabituelle que la Banque Mondiale n'hésite pas de qualifier de « miracle asiatique ». Nous prendrons ici le cas de la Corée.

    II-2-1. Politiques de lutte contre la pauvreté au Corée

    Pour réduire la pauvreté, l'Etat coréen avait axé sa politique sur une distribution initiale de revenu plus équitable.

    Graphique n°6. La distribution du revenu par niveau de développement et par région en 1976

    1976

    44

    Comme bon nombre d'observateurs l'assurent, et aussi comme le graphique ci-dessous le montre, la Corée avait exceptionnellement un faible niveau d'inégalité pour un pays à bas revenu avant son décollage économique ou « take off1 ». Cette situation a été le résultat des réformes de l'après-guerre notamment des réformes agraires.

    En effet, à la libération, 75,5 % de la population active vivait dans le monde rural où un petit nombre de propriétaires possédait la majorité des terrains agricoles, rendant plus de 80 % des ménages ruraux liés au système de métayage dont les taux de rente variaient entre 50 % et 90 % de la récolte annuelle (Looney, 1975). A cause de cette situation d'inégalité sociale très marquée des troubles politiques graves étaient à craindre.

    Le premier gouvernement indépendant de 1945, par l'acte d'amendement des réformes agraires, procédait à la seconde étape des réformes (Jeon and Kim, 2000). En référence à cette loi, le gouvernement achète toutes les surfaces cultivées au-delà de 3 ha à leurs propriétaires, avec des bons de trésor où sont indiqués la période des compensations (souvent cinq ans) et les prix de la terre en pourcentage de la récolte annuelle. Puis, la terre est vendue aux paysans au prix équivalent à 1,5 fois de sa récolte annuelle, payable au bout de quatre ans.

    En plus, diverses politiques accompagnatives ont été instaurées, telles que les programmes de soutien aux prix des produits agricoles, les programmes de marketing, le contrôle de la distribution des engrais, l'accessibilité au crédit par l'intermédiaire des coopératives rurales, le règlement des prêts à taux usuraire dans le milieu rural ont aussi exercé un effet égalisateur (LOONEY, 1975). C'est la quatrième voie de redistribution du revenu.

    Enfin, l'appropriation par les gouvernements des activées industrielles abandonnées par le japonais (soit 90 % du total) pendant plus de 10 ans, la guerre de Corée causant des dégâts et des pertes énormes qui ont touché surtout le plus riche. L'important processus de formation entreprit après la libération, avec une opportunité d'éducation ouverte à tous, ont eu aussi à différents degrés des impacts positifs sur la distribution du revenu (Choo, 1980).

    1 Walt Whitman Rostow, dans son ouvrage "Les étapes de la croissance économique", publié en 1960, a tenté de "dégager les caractéristiques uniformes de la modernisation des sociétés". Selon cet auteur, les sociétés parcourent au cours de leur développement cinq différentes étapes : la société traditionnelle, les conditions préalables au décollage, le décollage (take off), le progrès vers la maturité et l'ère de la consommation de masse.

    45

    Tableau n°VIII. Total de recettes et la distribution (unité=1000suk)

    Recettes
    en riz

    Recettes
    en liquide

    Recettes en
    garantie
    foncière

    Total

    Compensation
    des propriétaires

    Investissement
    agricoles
    administratifs

    Reste

    9022

    (77,9%)

    2291

    (19,8%)

    165

    (1,4%)

    11578

    3048

    (26,3%)

    1680

    (14,5%)

    6850

    (59,2%)

    Source : A partir des statistiques de Jeon et Kim (2000) /Suk=180,4 won.

    Lors de paiement en liquide, l'Etat a appliqué des prix réglementés beaucoup plus bas que les prix du marché. Avec les investissements agricoles réalisés pour la mise en valeur des terres arables, ceux-là constituent la troisième voie de redistribution du revenu. Il est à remarquer qu'une telle situation a laissé aux anciens propriétaires et aux métayers une marge de manoeuvre certaine leur permettant de conclure des contrats de vente dont les termes ont été plus avantageux pour les deux parties. Ainsi, les cessions volontiers de terre ont représenté à peu près la moitié du total des terres redistribuées (Mason et al., 1980).

    II-2-2. Effets de la distribution initiale équitable de revenu

    La bonne redistribution de revenu entraîne chez les ménages plus défavorisés une meilleure allocation des ressources et augmente le revenu par tête. Ce dernier incite les ménages dans l'investissement en capital humain.

    Au moment de son décollage économique, la Corée se distingue par son niveau exceptionnel de capital humain, relativement à son faible PNB par capital. Une telle situation a sûrement joué un rôle déterminant dans le développement économique de pays.

    Ce niveau élevé de capital humain de la Corée prend son origine dans l'expansion de l'éducation qui date de l'époque coloniale japonaise utilisât l'éducation essentiellement comme moyen de socialisation politique. Elle a été aussi développée pour faire face aux besoins d'une agriculture moderne et de l'industrialisation.

    Pour commencer, 306 écoles primaires, relativement de haut niveau et gratuites, ont été créées en 1911 et l'administration coloniale a interdit l'enseignement privé en 1919 (Mason et al., 1980). En 1937, nous dénombrions 2 600 écoles primaires pour 2 493 communes (Mason et al., 1980).

    46

    Comme l'éducation primaire est devenue et obligatoire dans les dernières années de l'époque coloniale, à peu près 50 % des enfants en âge de scolarisation recevait une éducation primaire en 1944. Une situation beaucoup plus favorable que ceux des autres pays colonisés (Adelman and Robison, 1978).

    Il importe aussi de noter que le taux d'alphabétisation était déjà de 22 % en 1944 (McGinn et al., 1980), et le nombre des étudiants inscrits dans les universités pour la même année est de 83 514 (Mason et al., 1980). De plus, ces universités étaient équipées d'infrastructures modernes, ce qui a permis leur développement rapide après la libération.

    Dans le cadre de la promotion d'une agriculture moderne, le japonais avaient établi beaucoup d'écoles rurales qui enseignaient les techniques les plus avancées de production et d'évaluation, offraient des moyens de production plus modernes, des semences, des oeufs et des poussins sélectionnés (McGinn et al., 1980). L'utilisation des techniques modernes et leurs promotions ont joué un rôle important dans le développement de l'agriculture en Corée.

    Une telle situation fait dire qu'aucun pays, ni en Asie, ni en Afrique ne peut être égal à la Corée en terme d'avantages de la colonisation. Les conséquences directes de toute cette action ont d'abord été l'accroissement des effectifs dans l'éducation primaire de 1,3 millions en 1945 (soit 93 % du total des inscrits dans le système scolaire) à 2,3 millions en 1948 (McGinn et al., 980). Les chiffres sont respectivement de 114 000 ; 90 000 et 19 000 pour les éducations secondaires, professionnelles et universitaires.

    Grâce à la création de 15 000 écoles publiques depuis 1946 afin d'offrir une éducation de base aux adultes et aux enfants qui ne pouvaient pas aller à l'école, le taux d'alphabétisation a plus que doublé en moins de trois ans pour atteindre 59 % en 1948 (McGinn et al., 1980).

    En 1949, 34 000 élèves étaient inscrits dans des écoles publiques offrant une éducation secondaire. Les contributions financières faites par les Américains ont consisté essentiellement en la prise en charge à 100 % des coûts d'imprimerie des 15 millions de manuels, des taux tirés de frais de fonctionnement des écoles primaires et à une substance à peu près deux dollars par élève chaque année (McGinn et al., 1980).

    47

    Tableau n°IX. Accroissement des inscriptions scolaires au Corée depuis 1945

    En type d'écoles

    1945

    1952

    1955

    1960

    1965

    1970

    1975

    Élémentaires

    1 366 024

    2 369 861

    2 947 436

    3 622 345

    4 941 345

    5 749 301

    5 599 074

     

    (100)

    (173)

    (216)

    (265)

    (362)

    (421

    (410)

    Secondaire de base

     

    291 648

    475 342

    528 614

    751 341

    1318 808

    2 066 823

     
     

    (100)

    (164)

    (181)

    (258)

    (452)

    (709)

    Secondaire 2ème

    50 343

    59 421

    141 702

    164 492

    254 095

    305 367

    648 149

    cycle

    (100)

    (118)

    (281)

    (327)

    (505)

    (626)

    (1 287)

    Lycée

    33 171

    74 463

    118 911

    99 071

    172 436

    275 015

    474 868

    Professionnel

    (100)

    (224)

    (358)

    (299)

    (520)

    (829)

    (1432)

    Enseignement

    7 819

    34 089

    80 391

    101 045

    141 626

    193 591

    296 640

    supérieur

    (100)

    (436)

    (1028)

    (1 292)

    (1811)

    (2476)

    (3794)

    Source .
    · A partir de statistiques de McGinn et al.1980, (Enseignement général .
    ·

    incluant l'enseignement technique .
    · indice base 100 entre parenthèse).

    Nous voyons dans ce tableau que le taux de croissance global de l'inscription scolaire au niveau élémentaire de 1945 en 1975 est de l'ordre de 310 %. L'enseignement supérieur affiche un résultat exceptionnel de l'ordre de 3 694 %. Nous pouvons dire que le développement de l'éducation en Corée a été unique si nous le comparons aux autres pays.

    En général, les pays avec 90 US$ de revenu par capital (comme la Corée) en 1960

    pouvaient faire inscrire en moyenne 22 % des enfants âgés de 5 à 14 ans dans l'école primaire. En Corée, ce taux était de 59 % (McGinn et al., 1980).

    Le taux d'inscription dans l'enseignement secondaire était aussi plus élevé que la moyenne de celui des pays dont le revenu par tête avoisinait 380 US$. De plus aucun pays ayant le même revenu par tête que la Corée n'a réussi à développer simultanément l'enseignement primaire, secondaire et supérieur.

    Les facteurs tels que l'aide américaine, la bonne volonté des enseignants de travailler contre un salaire moindre et les effectifs, très nombreux par classe, font que les coûts de l'éducation en Corée, comparés à ceux des autres pays en développement, étaient très bas.

    Par exemple, en 1965, les coûts d'une éducation primaire en Corée étaient de

    7 US$ par élève, tandis que pour le Maroc, l'Irak et le Pérou, ils étaient respectivement de 50 US$, et 24US$ (McInnes et al., 1980).

    48

    II-2-3. Effets sur la croissance

    En Corée, il y eu une surproduction de diplômés des lycées et des universités qui sont incapables de trouver des emplois correspondant à leurs diplômes, ont été alors obligés de se disputer des emplois demandant moins de qualification (Sharpe M.E, 1998 ; Mason et al., 1980).

    A priori dans ce cas, le développement de l'éducation contribue mal au développement économique du pays et vérifie la théorie de la socialisation de l'éducation, présentée antérieurement.

    Cependant, cette situation signifie également que, déjà en 1960, la Corée avait un énorme réservoir de main d'oeuvre à bon marché possédant les éléments à la base de l'affirmation qu'une personne plus éduquée est plus productive et reçoit un salaire plus élevé.

    La part importante occupée par le travail dans la valeur ajoutée nationale, estimé à 60 % en 1970 (McGinn et al., 1980), peut être considérée comme l'effet direct et indirect du niveau initial élevé d'accumulation du capital humain.

    La contribution de l'éducation à la croissance économique à partir 1960 en Corée a été estimée par McGinn et al. (1980), moyennant la méthode d'évaluation de Denison (1966).

    Selon cette méthode, la contribution directe de l'éducation à la croissance est obtenue en multiplient le taux de croissance annuel moyen de l'indice de qualité de l'éducation par la part des rémunérations du travail dans la valeur ajoutée national. Le tableau 10 montre les résultats de cette méthode.

    Un enseignant coréen recevait en moyenne un salaire inférieur à celui d'une personne à qualification égale dans d'autres pays en développement à la même époque.

    49

    Tableau n°X. Taux de croissance des facteurs de production et leur contribution à la
    Croissance économique

     

    1960-74

    1960-66

    1966-70

    1970-74

    Taux de croissance annuel du PNB et des facteurs en(%)

    PNB

    9,07

    7,25

    10,78

    10,41

    Capital

    7,19

    3,75

    10,43

    9,27

    Travail

    3,55

    2,11

    6,26

    3,06

    Éducation

    1,18

    1,72

    0,82

    0,73

    Répartition de croissance du PNB par facteur (%)

    Capital

    2,88

    1,5

    4,17

    3,71

    Travail

    2,13

    1,27

    3,76

    1,84

    Éducation

    0,71

    1,03

    0,49

    0,44

    Résidu

    3,35

    3,45

    2,36

    4,15

    Contribution des facteurs dans la croissance du PNB (%)

    Capital

    31,8

    20,7

    38,7

    36,6

    Travail

    23,5

    17,5

    34,9

    18,1

    Éducation

    7,8

    14,2

    4,5

    4,3

    Résidu

    36,9

    47,6

    21,9

    40,9

    Source : A partir des statistiques de McGinn et al. (1980).

    Nous en déduisons que cette contribution de l'éducation est de 7,8 % du PNB entre 1960 et 1974, (14,2 % pour les six premières années, indiquant ainsi le rôle déterminant de l'accumulation initiale du capital humain dans le développement économique rapide après 1960 en Corée). De plus, si nous tenons compte des contributions de l'éducation aux autres facteurs de la croissance économique tels que la stabilité politique, l'efficacité administrative, l'entreprenariat, la modalité de la population, son impact est plus élevé.

    Le taux élevé d'alphabétisation en Corée a permis l'introduction rapide des nouvelles pratiques dans l'agriculture à l'aide des manuels, un apprentissage rapide dans les usines, et une plus grande prise de conscience de la population sur les évènements et les changements ayants eu lieu dans le pays (Looney, 1945).

    Enfin, le processus d'accumulation du capital humain en Corée depuis 1945 s'est fait de 15 manières uniformes, avec par conséquent un impact favorable sur la distribution des revenus qui, à son tour, a agi positivement sur la croissance.

    50

    SECTION III. ÉTUDE DE LA CORRÉLATION DES DÉPENSES PUBLIQUES ET LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ À MADAGASCAR

    Compte tenu de la place importante qu'occupe l'objectif de réduction de pauvreté dans les justifications de l'intervention publique, il existe un choix à opérer en fonction des avantages plus ou moins grands associés à la dépense publique.

    Plusieurs sont les modèles peuvent cerner les différents impacts de nos variables exogènes (dépenses publique) sur les variables endogènes (PIB ou l'IDH). Ainsi Kemal Dervis(2013), Administrateur du PNUD, disait : « une analyse statistique rigoureuse nous permet d'identifier les besoins locaux du développement et d'y répondre, de prôner des changements et de suivre les avancées de nos actions qui aident les populations à construire un monde meilleur ».

    III-1. Évaluation comparative de la situation économique et dépenses publiques

    En 2002, nos dépenses publiques sont de 15,7 % du PIB et notre IDH est 0,469. L'année suivante, il y a une augmentation des dépenses de l'ordre de 2,4 % par rapport à l'année précédente.

    La croissance a augmenté également à 9,8 % (l'IDH est à 0,499, en 2003) parce que cette année a été marquée par le début de la relance économique pour sortir de la crise et des investissements (INSTAT, 2010).

    Graphique n°7. Les dépenses publiques en % FIB et les taux de croissance économique

    Source : Données statistiques de Madagascar et tome 1 (2002-2012), avec graphique conçu par Marthe RAZANAMANANA, mémoire de maîtrise ès-sciences économiques, Université de Toamasina, 2013, p. 89.

    51

    En 2004 et toujours selon l'INSTAT (2010), les dépenses atteignaient 26 % du PIB. La croissance économique s'est reculée à 4,9 % à cause de passages des cyclones, et de l'augmentation des prix des besoins élémentaires.

    L'année 2007 est marquée par le début du MAP. Plusieurs engagements ont été signés pour la réduction de la pauvreté et la croissance durable. C'est pour cela que le taux des dépenses publiques s'élevait à 18,6 % avec une augmentation de l'IDH à 0,555.

    En 2008, l'année de la première application du MAP, le taux de croissance économique s'est haussé à 7,1 % et les dépenses se sont corrélativement augmentées à 21,7% du PIB.

    III-2. Méthodologie économétrique

    Etymologiquement, l'économétrie est la mesure des grandeurs et des phénomènes économiques. Plus précisément, c'est une application mathématique des théories économiques à partir des données statistiques et mathématiques1. Elle a pour objectif de tester des hypothèses sur les phénomènes économiques, d'estimer les coefficients des relations économiques et d'anticiper les valeurs futures des variables économiques.

    III-2-1. Contexte d'élaboration du modèle

    Le modèle porte sur l'étude de la corrélation des dépenses publiques sur la pauvreté à Madagascar. Au-delà, l'analyse de l'estimation du modèle sera menée en vue de mieux appréhender et approfondir les interrelations entre les variables étudiées.

    III-2-2. Spécification empirique

    La discussion précédente suggère une formulation empirique utilisée au cours des études effectuées depuis celles de Barro (1990), relatives à l'impact des dépenses publiques sur la croissance. En particulier, l'équation de base retenue pour la corrélation économétrique s'inspire des travaux de Ghura et Hadjimichael (1996) sur la pauvreté humaine dans les pays africains. Soit y la variable expliquée ou endogène (qui est ici l'indice de pauvreté humain) et á la variable explicative ou exogène (qui représente par la dépense publique).

    1 Marco RAKOTONANDRASANA, (2012-2013), Cours de l'Econométrie, en 4ème année d'Economie de l'université de Toamasina.

    - a0 et a1 sont les paramètres du modèle. Il s'agit des constantes.

    - Ut : représente l'erreur de spécification du modèle, c'est-à-dire l'ensemble des phénomènes d'explication de la dépense en rapport au bien-être, il mesure aussi la différence entre la valeur réellement observée et la valeur qui aurait été observée si la relation spécifique avait été rigoureusement exacte.

    Pour lire le tableau qui suit relatif aux résultats de calculs économétriques, la première colonne représente l'intervalle de l'année d'étude et la deuxième colonne celle valeur de l'IDH. La troisième colonne représente la part des dépenses publiques en pourcentage du PIB. Puis, la quatrième colonne et la cinquième colonne sont des variables centrés. La sixième colonne est le produit des variables centrées. La septième colonne et la huitième colonne sont les carrées des variables centrées. La méthode utilisée est de moindres carrés ordinaires1, d'où l'équation s'écrit :

    °yt°=°a1át°+°a0+°Ut

    Tableau n°XI. Les résultats de calculs économétriques

    Année

    y

    á

    (á-?)

    (y-?)

    (á-?) (y-?)

    (á-?)2

    (y-?)2

    2002

    0,479

    16,4

    -2,5

    -0,019

    0,048

    6,25

    0,361.10-3

    2003

    0,505

    20,3

    1,4

    0,007

    0,010

    1,96

    0,049.10-3

    2004

    0,514

    25,1

    6,2

    0,016

    0,992

    38,44

    0,256.10-3

    2005

    0,460

    21,2

    2,3

    -0,038

    -0,038

    5,29

    1,444.10-3

    2006

    0,535

    20,5

    1,6,

    0,037

    0,059

    2,56

    1,369.10-3

    2007

    0,555

    20,7

    1,9

    0,057

    0,108

    3,61

    3,249.10-3

    2008

    0,571

    20,8

    1,8

    0,073

    0,131

    3,24

    5,329.10-3

    2009

    0,466

    21,1

    2,2

    -0,032

    -0,070

    4,84

    1,024.10-3

    2010

    0,435

    14,1

    -4,8

    -0,063

    0,302

    23,04

    3,969.10-3

    2011

    0,480

    13,8

    -5,1

    -0,018

    0,092

    26,01

    0,324.10-3

    2012

    0,483

    13,9

    -5,4

    -0,015

    0,081

    29,16

    0,225.10-3

    ?

    5,483

    207,9

    -0,4

    0,005

    1,715

    144,43

    0,018

    Source : Auteur, septembre 2014.

    ? yi

    Calculons ? =

    n

    = 0,498 et a = ??i = 18,9

    ??

    52

    1 C'est une méthode permettant d'estimer le paramètre ai du modèle, en minimisant la somme de carrés des erreurs.

    53

    Forme générale : _ E(?-?)(y-?)

    â et â0 = ? - â1?t

    1 E(?-?)2

    ??2 = 1- ?1?(??- ?)(??- ?)

    ?(y - ?)2

    Application numérique :

    1,15

    â1 = et â1=0,008
    144,43

    d0 = 0,498°-°(18,9) (0,008)

    d0° = 0,498°-°0,151

    d0°=°0,347.

    D'où l'équation de régression s'écrit : ÿ° = 0,0080át + 0,347

    avec :

    0,008 (1,15)

    ??2 = 1-

    0,018

    = 0,51

    R2= 0,51

    III-3. Interprétation

    La valeur de R2 est de 0,51. Elle est supérieure à 0,5 et varie de 0 à 1. Donc, nous avons une forte corrélation entre les dépenses publiques et l'indice de développement humain. L'équation de régression ÿ °= (0,008) (Zt + 0,347 nous sert de base. Comme â1 est une constante, qui est égale à 0,008, alors la dérivée première de l'équation de ÿ s'écrit :

    ??y ??(0,008???+0,347)

    = = 0,008.

    ?????

    ?????

    C'est-à-dire une dépense supplémentaire effectuée par l'Etat permettra d'augmenter l'IDH de Madagascar de 0,008. Considérons par la suite á°=°0, c'est-à-dire, l'État ne fait aucune dépense, alors l'IDH de la grande Île est resté à 0,347, ce qui est largement inferieur a la moyenne. Reprenons l'exemple dans le tableau XI ci-dessus, pour la période de 2003 à 2008. Force a été de remarquer qu'il y avait une augmentation des dépenses publiques en pourcentage du PIB successivement de 20,3 à 20,8. Parallèlement, l'indice de développement humain s'est nettement amélioré (0,505 et 0,571).

    Nous avons vu dans cette première partie les différents concepts de la pauvreté et l'importance du rôle de l'Etat dans la réduction de la pauvreté à Madagascar sur laquelle nous avons mis en évidence la définition et les causes de la pauvreté, leurs différentes formes ainsi que les indicateurs de mesure de la pauvreté. Notre étude nous a permis d'analyser le concept de l'Etat et les expériences vécues en matière de l'intervention publique à Madagascar ainsi que dans les pays nouvellement développés.

    PARTIE II

    MOYENS UTILISÉS PAR L'ETAT

    POUR RÉDUIRE LA PAUVRETÉ

    Nous avons vu dans la première partie de ce mémoire les approches théoriques concernant la pauvreté et l'importance du rôle de l'Etat dans la réduction de la pauvreté. Dans cette seconde partie, nous nous focaliserons à l'analyse des politiques nationales et des stratégies internationales appliquées à Madagascar en vue de réduire la pauvreté.

    Depuis son indépendance, nous constatons que le pays se place toujours dans les catégories des pays pauvres. Cela nous pousse à interroger sur les échecs des politiques et des programmes de lutte contre la pauvreté appliquée à Madagascar.

    Pour mener à bien cette seconde partie, nous allons voir dans le premier chapitre, les politiques économiques appliquées par le gouvernement malgache et les stratégies nationales et internationales de la lutte contre la pauvreté.

    Dans le deuxième chapitre, nous analyserons les effets de ces politiques sur les ménages pauvres afin d'en tirer nos suggestions pour réduire la pauvreté à Madagascar.

    57

    CHAPITRE I. ANALYSE DES POLITIQUES ET DES STRATÉGIES DE LUTTE
    CONTRE LA PAUVRETÉ A MADAGASCAR

    Depuis son indépendance, Madagascar n'a cessé de combattre la pauvreté par tous les moyens. Plusieurs politiques économiques ont été mises en oeuvre par les gouvernements en place et avec le partenariat des bailleurs de fonds.

    Malgré les efforts effectués par les différents acteurs économiques, la situation de pauvreté semble persister pour la grande île. Cela nous pousse à s'interroger sur les véritables contenus de ces politiques et stratégies de lutte contre la pauvreté. Dans ce chapitre nous allons voir les politiques économiques appliquées à Madagascar, les différentes stratégies nationale et internationale de lutte contre la pauvreté.

    SECTION I. POLITIQUES ÉCONOMIQUES APPLIQUÉES PAR LE
    GOUVERNEMENT MALGACHE

    La politique économique est l'ensemble des interventions des administrations publiques (dont l'Etat, la banque centrale, et les collectivités territoriales) sur l'activité économique.

    I-1. Définitions et outils de la politique économique

    Par définition, la politique économique c'est pour l'Etat la recherche de ce qu'il considère comme l'optimum économique de la Nation et la mise en oeuvre des moyens nécessaires pour y parvenir (Jan Tinbergen)1. L'étude des conséquences économiques de ces interventions est généralement dénommée l'économie politique. Elle représente une vaste branche de la science économique, en particulier dans les domaines de macroéconomie, de l'économie de développement et de la taxation optimale2. Yves Meny et J. Claude Thoenig ont proposé dans leur ouvrage « Politiques Publiques, 1989 » qu'« une politique publique se présente sous la forme d'un programme d'action gouvernementale dans un secteur de la société ou un espace géographique »3.

    1 Jan TINBERGEN (1903-1994), Prix Nobel d'économie en 1969

    2 Gatien HORACE et Césaire MBIMA (2012-2013), Cours de Politique économique de 4eme année économie à l'Université de Toamasina.

    3 Y. MENY, J-C. THOENIG, Politiques Publiques, Paris, PUF, 1989 cité in : P. MULLER, « Les politiques publiques », PUF, mai 2006 [1990], p. 22.

    58

    D'une façon plus générale, nous distinguons les politiques conjoncturelles des politiques structurelles. Les politiques conjoncturelles est une politique à court-terme, qui ont pour objectif de favoriser la stabilité de l'économie afin d'assurer une croissance régulière. Les politiques structurelles ont une action à long terme. Elles modifient en profondeur les structures de l'économie. Les différents instruments à utiliser par l'Etat sont :

    - politique monétaire : taux d'intérêts (pour la relance, baisse des taux, pour la rigueur, hausse des taux)

    - politique budgétaire : dépenses publiques, investissements publics, grands travaux.

    - politique fiscale : nous utiliserons les impôts.

    - politique sociale : nous utiliserons les revenus de transferts.

    - politique de revenus : SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance), indexation des salaires sur les prix.

    Nous allons voir alors succinctement ces différentes politiques et les contextes dans lesquelles elles étaient appliquées afin d'en déceler les raisons de leurs échecs.

    I-2. Manifestations des politiques économiques appliquées à Madagascar

    Après l'indépendance du pays en 1960, la tendance économique est tournée vers le néocolonialisme. La majorité des secteurs clés de l'économie est encore sous le contrôle de la France. Le soulèvement populaire de 1972 a permis aux dirigeants malgaches de prendre en main tous les secteurs clés de l'économie.

    De 1975 à 1991, le régime en place a élaboré une politique d'investissement à outrance en vue d'accélérer le processus de développement et de réduire la pauvreté. Cependant, cette politique d'investissement n'a pas donné les résultats attendus. Au contraire, cette politique a occasionné d'énormes dettes pour le pays.

    La période 1997-2001 a été marquée par une certaine stabilité et l'économie commence à redémarrer mais avec des retombées sociales faibles. Les mesures prises comprennent : l'abaissement des barrières douanières; la suppression des exonérations fiscales; la mise en place de nombreuses restrictions budgétaires et de contrôle des dépenses budgétaires; la privatisation; l'élimination des activités quasi-budgétaires de la Banque Centrale, etc.

    59

    Ces mesures ont permis de rétablir les grands équilibres économiques, tant au niveau des finances publiques qu'au niveau des échanges extérieurs et de la monnaie. Le taux d'inflation est passé de 14 % en 1999 à 8 % en 2001, le taux d'intérêt de 17 % à 12 %, (EPM, 2002) les taux de change se sont stabilisés. L'investissement direct étranger est passé de 10 millions de dollars US en 1996 à 120 millions en 2001. Le taux d'investissement privé passe à 7 % du PIB en 2001, contre 4 % en 1997. Le taux de croissance moyen de l'économie est de 4,5 %.

    En termes réels, le poids de l'agriculture dans le PIB était de 17,5 % (48,5 % du secteur primaire) en 1990 contre 15,3 % (44,5 % du secteur primaire) en 2001. Cette situation est due à la combinaison de deux facteurs : un faible taux de croissance de l'agriculture (2 % de croissance en moyenne par an de 1997 à 2000, à prix constants, EPM, 2002), contre une croissance beaucoup plus soutenue des autres branches telles que la sylviculture (9,8 % en moyenne).

    La politique de relance effectuer en 2002 nous a permis d'avoir une taux de croissance du PIB de 9,8% en 2003. La Politique de Population, la politique sanitaire, et la politique éducative, a été adoptée par l'Assemblée Nationale en collaboration du Ministère de la Population.

    En 2006, toute cette politique avait été reprise par le MAP. Cette nouvelle relance consiste à réduire le taux de l'accroissement démographique tout en augmentant la capacité productive de la population. Cela soit en augmentant la mortalité soit en diminuant la naissance. Alors que la politique sanitaire est basée sur la stratégie des soins de santé primaire. Enfin la politique éducative se manifeste par exemple par une incitation d'accès à l'éducation (le quitte scolaire, le coût de l'éducation...).

    Toute cette politique nous a permis d'avoir un taux de croissances fortes entre 2006 et 2010 (de 5% en 2006 à 7,1% en 2008). Dès lors la réduction de la pauvreté à travers le développement humain (en 2006 l'IDH est 0,535 alors qu'en 2008, elle est 0,571). Mais, cet effort a été freiné par la crise socioéconomique du pays en 2009 ; sur laquelle le partenariat avec le bailleur de fond pour le financement du politique économique semble disparu. De ce fait le déficit persiste et l'Etat n'arrive plus à financer leur politique économique.

    60

    Graphique n°8. Evolution des recettes, des dépenses publiques et du solde global

    (en pourcentage du FIB) de 2005 à 2012

    Source : Ministère des Finances et du Budget (MFB) / Direction Générale du Trésor, 2010.

    L'ampleur du déficit a été réduite de 2005 à 2008 en raison de la hausse constante du total des recettes. Depuis 2009, la même tendance a été observée mais, au prix d'une forte réduction des dépenses d'investissement due à la suspension des aides financières internationales.

    Actuellement une croissance économique de 3,0 %1 est prévue pour l'année 2014. Cette croissance sera tirée par la politique de redynamisation des activités de production, et sera soutenue principalement par la bonne tenue des branches agriculture, élevage et pêche, l'amélioration des exportations de produits miniers, ainsi que la performance des secteurs télécommunications, banque, tourisme et transports.

    Nous constatons que cette croissance peut être réalisable, vu les décollages que le pays reprenne récemment. Mais, nous nous intéressons de plus sur la répartition du fruit de cette croissance au niveau des ménages pauvres car, actuellement, la pauvreté s'enflamme davantage. Notre prévision tend à affirmer que cette légère augmentation du taux de croissance économique n'aura pas une influence sur l'incidence de la pauvreté des malgaches. C'est ce que nous appelons : « croissance sans développement ».

    Depuis fort longtemps, Madagascar a déployé des efforts considérables pour redresser l'économie. Mais, les résultats sont « remis quasiment à zéro » en raison des crises postélectorales. Donc, les bonnes performances économiques nécessitent une stabilité politique. Puisque les crises cachaient en vérité un malaise (fluctuation) et une tension sociale profonde car elles reposaient sur la pauvreté de la majorité des malgaches.

    1 Projet de lois portant la loi de finances 2014, p. 5.

    61

    SECTION II. ANALYSE DES STRATÉGIES NATIONALES DE RÉDUCTION DE

    LA PAUVRETÉ

    Devant le défi de combattre la pauvreté, Madagascar a adopté plusieurs programmes de lutte contre la pauvreté préconisés par les organismes internationaux, et dans une série de documents. Les grandes orientations des politiques appliquées ont leurs origines dans les programmes de stabilisation et d'ajustement structurel entrepris par le Gouvernement malgache depuis le début des années 1980.

    Deux DCPE ont été rédigés pour Madagascar. Le premier avait eu cours de 19961999 et le second de 1997-2001. En fait, le second est un remaniement du premier. Le DCPE est un outil qui détaille les politiques que les Gouvernants voulaient mettre en oeuvre pour accélérer la sortie de crise de Madagascar. Vers le début de l'année 2000, le gouvernement malgache s'est décidé de mettre en place le DSRP. Le dernier1 document stratégique du pays est le MAP, entrepris depuis 2007.

    II-1. Ajustement structurel

    Dans les années 80, le problème de l'endettement de nombreux PED a conduit la banque mondiale et le FMI à formuler une politique d'ajustement pour résoudre le problème et rééquilibrer la balance des paiements de ces pays.

    II-1-1. Définition de l'ajustement structurel

    L'Ajustement Structurel signifie une adaptation de la politique et des structures économiques pour rendre un pays plus productifs, en augmentant ainsi les emplois et les revenus et en améliorant le niveau de vie1. Il est à noter qu'elles doivent s'adapter au contexte et à la situation du pays concerné.

    Par ailleurs, l'ajustement structurel préconise une utilisation meilleure et efficace des ressources du pays. Le gaspillage des fonds est à éviter ; il implique aussi que le pays sous ajustement ne doit pas vivre au-dessous de ses moyens. Autrement dit, la création monétaire sans contrepartie surtout à des fins de consommation est déconseillée. Comme il s'agit d'un ajustement structurel, des reformes ou réorientation des divers secteurs sont à effectuer pour rendre les pays plus productifs.

    1 La feuille de route de 2009 à 2013, durant la période de transition, n'est pas mentionnée dans cet ouvrage car ce document a été rédigé, en grande partie par les politiciens, pour résoudre les discordes politiques pendant cette période.

    1 M. Jean ROBIARIVONY, rapport sur l'achèvement du PAS à Madagascar en 1994, p. 25.

    II-1-2. Modèle de stabilisation utilisé dans le cadre du PAS

    En fait, les institutions de Bretton Woods ont élaborés ensemble des modèles de stabilisation structurelle. Ces modèles permettent de mettre en évidence le fondement des deux catégories de mesures : celles de stabilisation à court-terme et celles à caractère structurel.

    ? Présentation du modèle

    L'hypothèse retenue est « la stabilisation de petite économie ouverte »1. Compte tenu de ces hypothèses, l'équilibre macroéconomique dépend de trois équations indépendantes :

    - la demande de monnaie (Md), qui est fonction de la proportion fixe (K), du niveau général des prix (P) et du revenu réel (Y) (équation de Pigou) ; Ou bien

    Md = K*P*Y (1).

    - l'offre de monnaie (Ms) dépend, d'une part, du volume du crédit (C) accordé par le système bancaire au secteur privé et à l'Etat pour financer son budget, d'autre part, de la variation des réserves de change avec l'extérieur (R). Soit :

    Ms = C + R (2).

    - le niveau général des prix domestiques (P), est égal au niveau des prix extérieurs (Pw) multiplie par le taux de change (e). Soit :

    P = e*Pw (3).

    La condition d'équilibre dans ce modèle, en situation de change fixe, est :

    Ms = Md (4).

    ? De quoi dépend l'équilibre extérieur ?

    En introduisant (2) dans (4), et les expressions par leur valeur, la variation de R

    s'écrit :

    R= K*e*Pw*Y - C

    (5)

    62

    1 Elle est ouverte car aucune réglementation n'entrave les échanges avec l'extérieur ; elle est petite car le niveau des prix extérieurs s'impose à elle [J. J. Polak, 1987].

    63

    R dépend donc du crédit intérieur, et du revenu (ou de la production). De ce fait l'Etat peut rétablir l'équilibre extérieur : i) en restreignant le crédit ,
    · ii) en dévaluant ,
    · iii) en accroissant l'offre de biens.
    Les deux premières mesures sont des mesures de stabilisation à court terme.

    Toutefois, la dévaluation doit contribuer à relancer l'offre (Y) à moyen terme, en redonnant à l'économie une compétitivité qu'elle avait perdue. Dès lors, la stabilisation de ce paramètre est surveillée de près par le FMI et la Banque Mondiale.

    D'une manière générale, le PAS étant l'application d'un ensemble de mesures élaborées conjointement par le gouvernement du pays en concertation avec les institutions de Bretton Woods. Ces deux derniers sont les partenaires potentiels dans le processus.

    Nous pouvons dire que les mesures indiquées par le PAS sont des mesures structurelles, qui concernent les fonctions publiques, les secteurs extérieurs, le système financier et les prix.

    II-1-3. Ajustement structurel pour Madagascar

    La mise en place d'un programme de stabilisation et d'ajustement structurel à Madagascar1 vers le début des années 1980, a permis d'atteindre une croissance économique positive en termes réels à la fin de la décennie. Même si l'inflation est restée à un taux moyen relativement élevé de 16 % par an (EPM, 1996). Ce programme a été appuyé par la communauté des bailleurs de fonds.

    Cependant, même si les statistiques montrent un taux de croissance positif, la situation de la pauvreté persiste. L'amélioration de la situation économique a été perturbée par les événements de 1991.

    Le taux de croissance moyen par habitant est tombé à 2,7% entre 1991 et 1996. Le PIB par habitant a atteint son niveau le plus bas en 1996 (198 dollars constants de 1987), soit 60% de son niveau de 1971 (338 dollars constants de 1987), l'inflation a atteint plus de 30% en 1996 contre 12,6% en 1993 (EPM, 1996).

    1 Libéralisation du taux de change, libéralisation du commerce intérieur, déréglementation des prix, désengagement de l'Etat des activités de production et de commerce, et libéralisation des importations.

    64

    Tableau n°XII. Indicateurs économiques et financiers de 1988 à 1993

    Indicateurs économiques et financiers

    1988

    1989

    1990

    1991

    1992

    1993

    Taux de croissance réelle (variation annuelle)

    3,4

    4,1

    3,11

    -6,8

    1,0

    2,1

    Taux d'inflation (%)

    21,2

    12

    11,4

    14,4

    12,6

    12,6

    Déficit budgétaire % PIB

    10,3

    12,6

    7,8

    10,6

    12,4

    11

    Taux de croissance des Exportations (variation annuelle)

    -8,2

    16,9

    12,0

    4,8

    2,0

    -6,1

    Taux de croissance des Importations (variation annuelle)

    -9,6

    0,9

    33,0

    -14,9

    0,6

    3

    Déficit compte courant de la B.P. (% PIB)

    10,8

    8,7

    13,4

    9,9

    8,8

    8,8

    Réserves (en mois d'importation)

    3,6

    3,9

    1,0

    1,2

    1,2

    1,3

    Avoirs extérieurs nets (milliards de FMG)

    297

    381

    178

    27

    274

    349

    Avoirs intérieurs nets (milliards de FMG)

    889

    919

    1 030

    1 268

    1 621

    1 905

    Source : Banque Mondiale et Banque Centrale de Madagascar, 1994.

    La brève reprise de la croissance avec un taux de 4,1% qui en a résulté en 1989, a été suivie, en 1991, d'une récession avec une chute du taux de croissance a -6,8 %. Malgré l'amélioration de quelques chiffres de certains indicateurs macroéconomiques, la politique d'ajustement structurel a entraîné d'autres problèmes économiques aux PED. Elle a occasionné de chômages massifs et de sous-emploi dans les pays hôtes. Nombreux sont les critiques concernant l'ajustement structurel, mais nous nous contenterons de voir ses impacts concernant la pauvreté. Les conditionnalités qui s'accompagnent de l'ajustement structurel imposent à l'Etat de réduire les subventions. Cette situation renforce la vulnérabilité des ménages face aux différents chocs.

    L'absence des allocations sociales porte atteinte au niveau de vie de la population. La restriction budgétaire conduit à réduire le nombre des fonctionnaires de l'Etat. De nombreux licenciements sont occasionnés par l'ajustement structurel. En outre, le budget d'investissement de l'Etat est réduit au strict minimum.

    De ce fait, il n'y a jamais eu de politique d'investissement de la part de l'Etat, ni de création d'emploi. L'objectif était de réduire les dépenses et de rembourser les dettes. Cette absence d'investissements publics a renforcé le chômage, surtout dans le milieu urbain. Le secteur informel a pris un développement impressionnant. Concernant le milieu rural, la politique d'ajustement structurel n'a pas mentionné de mesures spécifiques. Mais, l'absence d'investissements publics dans le secteur agricole a renforcé la pauvreté rurale.

    65

    De plus, la dévaluation de la monnaie nationale a réduit considérablement les recettes d'exportation du pays. Cette dévaluation a aussi occasionné une sortie massive de devise en cas d'importation.

    Devant cette situation, l'État malgache a réduit au strict minimum l'importation. Cette situation pénalise les consommateurs par l'absence de choix sur les produits sur le marché.

    En somme, l'ajustement structurel a renforcé la situation de la pauvreté non seulement à Madagascar mais dans tous les pays où il a été appliqué. Les bailleurs de fonds eux même ont accepté l'échec de cette politique.

    II-2. DSRP

    Conscient de l'échec de la politique d'ajustement structurel, les institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et FMI) ont élaboré une nouvelle approche concernant la lutte contre la pauvreté. Ils ont préconisé le DSRP ou Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté pour faire face aux problèmes de la pauvreté.

    II-2-1. Rappel du contexte

    Les DSRP ou encore dénommés Cadres Stratégiques de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) dans les pays à faible revenu sont des programmes axés sur les résultats et préparés par les pays concernés sur la base de partenariats intérieurs et extérieurs.

    Ils servent de cadre de référence aux politiques et programmes nationaux de réduction de la pauvreté, ainsi qu'à l'aide au développement. Ils constituent des plans cadres de lutte contre la pauvreté élaborés et proposés par les pays.

    Depuis juillet 2002, la Banque Mondiale se base sur les DSRP pour accorder des plans d'aide aux pays à faible revenu. Les autres institutions financières internationales, telles que le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Africaine de Développement (BAD), les agences de développement (Organisations des Nations Unies, Organismes de coopération, etc.) ainsi que les partenaires bilatéraux et multilatéraux (France, États-Unis, Union Européenne, etc.), ont adopté cet instrument pour définir leurs politiques et programmes d'aide au développement.

    66

    II-2-2. Principes à la base des DRSP

    Conçu comme un outil au profit des populations, particulièrement des populations pauvres, les DSRP doivent traiter les questions du citoyen pauvre mal gouverné et de la recherche de l'efficacité de l'aide. Par ailleurs, les promoteurs de cet instrument ont pris une décision à la fois sage et originale, plutôt que d'imposer un modèle universel, ils ont préféré mettre l'accent sur des grandes lignes définies par la Banque Mondiale dans son document de référence.

    Selon ce document (Klugman, 2002, p.10)1, « Les principes qui sous-tendent les DRSP suggèrent que ces stratégies devraient être : impulsées et appropriées par le pays, à travers des larges processus participatifs pour la formulation, la mise en oeuvre et le suivi de l'avancement basé sur les résultats ». Le tableau suivant résume l'innovation apportée.

    Tableau n°XIII. Principales innovations apportées par le DSRP

    Objectif principal

    Ajustement structurel

    Lutte contre la pauvreté

    Intitulé des instruments

    DCPE

    CAS : crédit d'ajustement structurel (BM)

    Facilité d'ajustement structurel renforcée (FMI)

    DSRP

    Crédit de soutien à la réduction de la pauvreté (BM)

    Facilité pour la réduction de la pauvreté et de la croissance (FMI)

    Traitement de la dette

    Indirect (club de Paris)

    Allégement de la dette PPTE

    Elaboration

    - politique imposée de l'extérieur - décidée d'en « haut »

    - secret

    - politique élaborée par le pays - approche par le « bas »

    - transparence

    Prise en compte des spécificités du pays

    Faible

    Forte

    Financement

    Priorité aide projet

    Priorité aide budgétaire

    Indicateur de suivi /

    conditionnalité

    Indicateurs de moyens

    Indicateurs de résultats

    Source: Jean-Pierre Cling, et al,. «Les documents stratégiques de réduction de la pauvreté un renouveau de l'aide au développement » in Cahier du GEMDEV, n°30, 2005, p. 29.

    En termes d'élaboration des politiques, de leur contenu, de financement et des

    indicateurs, l'échec des stratégies antérieures a imposé aux IBW de formuler des politiques basées sur des principes opposés qui sont été proprement discutés.

    1 Cité par J. P. CLING, M. RAZAFINDRAKOTO et F. ROUBAUD, dans La Banque Mondiale et la lutte contre la pauvreté : tout changé pour que tout reste pareil, DIAL, Document de Travail DT/2002/09, p. 10.

    67

    II-2-3. Apports du DSRP dans le processus de développement

    Le DSRP complet n'a été établi qu'en moi de mai 2003, suite aux évènements politiques de 2002, le suivi de sa mise en oeuvre n'a commencé qu'au mois de juillet 2003 jusqu'à la fin de l'année 2006. Le plus important des objectifs du DSRP est la réduction de taux de pauvreté de moitié (50 %) en 2015.

    Pour cela, il faudra en premier lieu atteindre un taux de croissance annuel positif de l'ordre de 8 % à 10 %. En deuxième lieu, le taux d'investissement devra être multiplié à 20 % et que le secteur privé contribuera pour 12 % à 14 %.

    Enfin, l'ouverture de plus en plus de l'économie vers le marché internationale sera un atout pour Madagascar en améliorant les qualités de la production.

    A long terme cette réduction du taux de pauvreté aura manifestée par l'amélioration de la qualité de vie de la population en référant au niveau d'instruction, à l'accès de crédit, à l'accès au soin de qualité et à l'eau potable, etc. Ces améliorations devront être visibles c'est à dire mesurable par des indicateurs tels que : l'IDH, l'IPH, l'ISDH.

    La croissance de 8 % à 10 % devrait se traduire sur le plan social par une augmentation des élèves inscrites dans le primaire, en plus, le taux d'achèvement devrait être 100 % en 2006, et une diminution de taux de mortalité infantile ainsi que le taux de mortalité maternelle.

    Compte tenu des expériences acquises des politiques antérieures, et des exigences d'un développement rapide et durable en vue de réduire le taux de pauvreté de moitié en 10 ans, le DSRP se propose de retenir trois axes stratégiques autour desquels allaient s'articuler les actions à mettre en oeuvre au cours de la période 2003-2006.

    Le tableau suivant récapitule les programmes ainsi que les sous-programmes qui conviennent à chaque axe stratégique.

    68

    Tableau n°XIV. Programmes et sous-programmes de réduction de la pauvreté dans le

    DSRP

    Axes stratégiques

    Programmes

    Sous-programmes

    Restaurer un Etat de droit et une société avec une bonne gouvernance

    -Gouvernance et lutte contre la pauvreté

    -Réforme de la fonction publique -Réforme administrative

    -Gouvernance et respect de la démocratie

    -Transparence et respect du choix du peuple

    -Gouvernance et Etat de droit

    -Justice -Sécurité

    -Protection civile

    -Gouvernance de proximité

    -Décentralisation et renforcement des communes -Déconcentration effective de l'Administration

    Susciter et promouvoir la croissance économique à base sociale très élargie

    -Stabilité macroéconomique et croissance

    -Stratégie de développement -Politique d'investissements publics -Programme de privatisation

    -Développement des secteurs porteurs

    -Tourisme et Mines -Pêche et aquaculture -Industries manufacturières, les petites et moyennes entreprises

    -Développement rural

    -Agriculture et environnement

    -Développement et densification des infrastructures

    -Route, transport, aménagement du territoire et énergie ;

    -Poste, télécommunication et communication

    Développement et dynamisation du secteur privé

    -Promotion des investissements privés et étrangers -Renforcement de la compétitivité -Redynamisation des zones franches

    Ouverture à la concurrence mondiale

    -Intégration régionale -Marchés internationaux

    Susciter et promouvoir des systèmes de sécurisation humaine et matérielle et de protection sociale

    -Education

    -Education fondamentale

    -Qualité de l'enseignement à tous les niveaux

    -Santé

    -Santé de la mère et de l'enfant -Malnutrition

    -Maladies transmissibles et VIH/SIDA

    -Eau et assainissement

    -Eau

    -Assainissement

    -Réduction de l'exclusion sociale et protection sociale

    -Filet de sécurité et protection sociale -Alphabétisation -Planning familial -Population genre

    -Diversité culturelle

    -Jeunesse et sport -Culture

    Source : DSRP complet, 2003.

    Les défis et enjeux du D.S.R.P sont : éradication de la pauvreté, développement rapide et durable, ouverture de l'économie malgache à l'économie mondiale, renouvellement de la différence ville campagne, et accroissement des ressources internes.

    69

    II-2-4. Résultats obtenus

    Le DSRP a retenu 31 indicateurs pour le suivi et évaluation de la mise en oeuvre de la stratégie, dont nous ne pouvons pas ici prétendre d'analyser leur évolution dans la totalité. Mais, pour avoir des idées claires dans l'évaluation, nous allons utiliser trois indicateurs de référence dans ce document (développement humain, la croissance économique et la pauvreté elle-même).

    II-2-4-1. Développement humain

    De 2003 à 2006, période de mise en oeuvre du DSRP, l'IDH de Madagascar a connu une nette amélioration, passant de 0,505 en 2003 à 0,535 en 2006, sauf en 2005 où la valeur de l'IDH a été de 0,467. Selon INSTAT (2010), cette baisse a été liée, notamment à la chute du taux d'alphabétisation (de 73,1 en 2004 à 59,6 en 2005) et du recul du niveau de revenu (de 823,5 $ en 2004 à 435,0 $ en 2005).

    Graphique n°9. Evolution de l'IDH de 2002 à 2006

    0,56

    0,54

    0,52

    IDH

    0,5

    0,48

    0,46

    0,44

    0,42

    0,535

    0,505

    0,514

    0,479

    IDH

    0,467

    2002 2003 2004 2005 2006

    Source : INSTAT 2010 et graphique de l'Auteur.

    En effet, sur la période de 2002 à 2006, l'IDH de Madagascar a crû en moyenne de 2,8 %, suite à l'amélioration de toutes les composantes : l'espérance de vie, la scolarisation et le revenu. De plus, le taux de croissance global de l'IDH entre ces deux périodes est de l'ordre 24,4 % (notre propre calcul). Pour que ce développement soit visible, le gouvernement de l'époque a mis en place une décentralisation1, dans le cadre du DSRP. Au niveau de l'éducation, le taux de redoublement a été 20 % en 2006, le taux d'achèvement du second cycle est : 19 % pour le CEG et 7 % pour le lycée.

    1 Les 22 Régions créées à Madagascar (en 2004) sont : DIANA, SAVA, Analanjirofo, Boeny, Sofia, Antsinanana, Itasy, Analamanga, Vakinankaratra, Bongolava, Betsiboka, Melaky, Alaotra-Mangoro, Amorin'i Mania, Haute Matsiatra, Vatovavy-Fitovinany, Atsimo-Atsinanana, Ihorombe, Menabe, Atsimo-Andrefana, Androy, Anosy).

    70

    Le taux d'alphabétisation est de 63 %, ce qui revient à dire que le taux d'analphabète est de 37 %. En matière de santé, l'espérance de vie est de 55,5 ans. Elle a permis un système de décentralisation qui permet d'identifier les besoins réels en matière de santé de la population (EPM, 2010).

    II-2-4-2. Impacts économiques

    Le Rapport de l'INSTAT (2010) précise que sur la période de 2003-2006, même si les objectifs fixés dans le DSRP ne sont pas atteints, Madagascar a affiché une croissance positive avec un accroissement annuel moyen du PIB de 5 %, supérieur à l'accroissement de la population sur la même période (2,8 %).

    Cette performance a été le résultat des efforts consentis dans le développement des infrastructures, l'intensification des activités productrices, la promotion des investissements privés, le développement des secteurs porteurs notamment le tourisme, l'amélioration de l'environnement favorable au développement économique et dans les politiques de désenclavement entamées par la réhabilitation ou l'amélioration des nouveaux axes routiers. Le graphique qui suit fournira plus d'informations concernant les améliorations enregistrées.

    Graphique n°10. Evolution des variables macroéconomiques de 2003-2006

    12 10 8 6 4 2 0

     
     
     
     

    Taux de croissance économique

    taux de croissance démographique

    2003 2004 2005 2006

    Source : INSTAT (2010) et graphique de l'Auteur.

    La croissance économique de la période est passée de 9,8 % en 2003 à 5,0 % en 2006. Malgré cette diminution, le taux de croissance est toujours supérieur au taux de croissance démographique. Cependant, en dépit de cette amélioration, l'économie malgache reste très fragile face aux chocs tant exogènes qu'endogènes qui vont entraver la performance enregistrée. De plus, la croissance annuelle n'a jamais atteint les prévisions fixées.

    71

    II-2-4-3. Les indicateurs de la pauvreté

    Grace à l'amélioration des différents indicateurs présentés plus haut, la situation de la pauvreté s'est améliorée dans la période du DSRP. En effet, la croissance survenue entre la période 2003-2006 a profité aussi bien aux ruraux qu'aux urbains. L'incidence de la pauvreté dans l'ensemble a reculé de 73,6 % à 67,5 % durant ces deux intervalles, ce qui entraîne un taux de réduction globale de 8,29 %. Pour la même période, l'intensité de la pauvreté a diminué sensiblement dans toute l'Île, en passant de 47,6 % à 26,8 %, ce qui fait un taux de réduction globale de 43,7 % (INSTAT 2010 et notre propre calcul).

    Malgré la multiple ambition apportée par le DSRP dans le processus de la réduction de la pauvreté, les résultats n'ont pas si satisfaisantes. La plupart des programmes ou sous programmes adoptés n'ont même pas atteint la moitié des objectifs fixés. Pourtant des améliorations ont été constatées ; notre pays est classé au 146ème rang en termes de l'IDH sur 177 pays membre de l'ONU en 2006 alors qu'en 2002 nous sommes en 157ème rang. Cette situation témoigne que l'initiative de l'Etat dans la mise en oeuvre des stratégies de lutte contre la pauvreté donne parfois des résultats.

    II-3. MAP

    Le Madagascar Action Plan, est un programme élaboré par le gouvernement

    malgache en vue d'enclencher un « développement rapide et durable ». La vision du

    programme était : « Madagascar naturellement ». Le MAP a été engagé en 2007 et censé

    s'achevé en 2012. Le MAP présente huit (8) engagements qui se présent comme suit :

    - Engagement n° 1 : gouvernance responsable.

    - Engagement n° 2 : infrastructure reliée.

    - Engagement n° 3 : transformation de l'éducation.

    - Engagement n° 4 : développement rural.

    - Engagement n° 5 : santé, planning familial et lutte contre le VIH/SIDA.

    - Engagement n° 6 : économie à forte croissance.

    - Engagement n° 7 : prendre soin de l'environnement.

    - Engagement n° 8 : solidarité nationale.

    Les stratégies et les projets dans le MAP visent une réduction effective de la

    pauvreté et une amélioration tangible de la qualité de vie des malgaches. Les grands

    objectifs du MAP sont : le développement humain, la réduction du taux de pauvreté, et la

    croissance économique rapide et durable.

    72

    Pour cela, il utilise huit indicateurs mesurant la mise en oeuvre, le suivi, et leur évaluation. Nous allons résumer dans le tableau suivant les différents indicateurs de l'objectif du MAP.

    Tableau n°XV. Les grands objectifs du MAP

    Indicateurs

    2006

    Cible 2012

    Indice de Développement Humain des Nations Unies

    146 parmi 177
    pays

    100

    Taux de pauvreté (Pourcentage de la population vivant avec moins de 2USD par jour)

    85,1 % (en 2003)

    50 %

    Taille de la famille (Indice de fécondité)

    5,4

    3 à 4

    Espérance de vie

    55,5

    58 à 61

    Taux d'alphabétisation

    63%

    80%

    Pourcentage des élèves ayant terminé l'école secondaire

    CEG: 19 %
    Lycée: 7 %

    CEG: 56 %
    Lycée: 14 %

    Croissance économique

    4,6 %

    8 à 10 %

    PIB (USD)

    5 Milliards

    12 Milliards

    PIB par tête (USD)

    309

    476

    Investissement Direct Etranger(USD)

    84 Millions

    500 Millions

    Classification Environnement des Affaires (Banque Mondiale)

    131

    80

    Indice de perception de la corruption

    2,8

    5,2

    Pourcentage des ménages en possession de titres ou certificats fonciers

    10 %

    75 %

    Source : Rapport du FMI no 07/59 « Document de stratégie de réduction de la pauvreté-
    Plan d'action de Madagascar » février 2007 p. 11.

    Cependant, malgré la richesse de ce document, le MAP n'a pas pu faire ses preuves en matière de résultat car le programme s'est brusquement arrêté à cause de la crise politique de 2009. En outre, nous constatons que le projet semble avoir une grande ressemblance avec les OMD.

    De plus, le programme se concentre beaucoup plus sur le développement du monde rural, laissant le monde urbain dans une situation critique. En effet, une des causes des manifestations de 2009 était le problème lié au milieu urbain. De ce fait, le MAP a oublié de proposer des solutions concernant la pauvreté urbaine.

    73

    SECTION III. ANALYSE DES STRATÉGIES INTERNATIONALES DE
    RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ

    Madagascar traverse actuellement un tournant important de son histoire. La sortie de crise est un début pour instaurer la stabilité en vue d'inciter les investissements privés. Le retour à l'ordre constitutionnel permettrait au pays de renouer les liens avec la communauté internationale. En effet, la reconnaissance internationale permettrait de nouveau, la réalisation de programmes et de projets visant à atteindre le développement à travers l'objectif du millénaire pour le développement. L'octroi des aides de la part de la communauté internationale est non seulement nécessaire mais aussi louables.

    Cependant, le pays ne doit pas attendre les interventions des bailleurs de fond pour pouvoir agir contre la pauvreté. Le développement de la grande île nécessite une stratégie issue de l'initiative même des dirigeants d'exprimé les réels besoins de la population. Dans cette section, nous allons traiter successivement la lutte contre la pauvreté à travers l'objectif du millénaire pour le développement, et les aides publiques pour le développement.

    III-1. Objectifs du millénaire pour le développement

    Madagascar s'est engagé à atteindre, d'ici à 2015, avec l'appui technique et financier de ses partenaires, les OMD1, dont le but est de créer un cadre programmatique des actions de développement du pays dans différents domaines.

    La Charte des Nations Unies affirme primordial l'objectif d'une lutte contre les inégalités sociales, et s'est donc focalisée dans la lutte contre la pauvreté1. L'ONU a cependant des difficultés à aller au-delà de l'approche macro-économique sans pouvoir toujours intervenir dans des domaines du ressort des politiques nationales. Pour l'ONU donc la croissance n'est plus un objectif en soi, mais plutôt le résultat d'une bonne gouvernance. La pauvreté diminue dans les pays où la croissance est soutenue.

    En 2000, la Déclaration du Millénaire est adoptée aux Nations Unies avec l'objectif de réduire en moitié la pauvreté d'ici 2015. Les objectifs qui en découlent sont au nombre de huit :

    1 Malheureusement, les OMD fixés par Madagascar sont loin d'être atteints.

    1 M. Xavier ALPHAIZE cours « Politiques de développement et régulations internationales » 4eme année économie Université de Toamasina 2012-2013, p. 3.

    1.

    74

    Faire disparaître l'extrême pauvreté et la faim (réduire de moitié la proportion de la population dont le revenu est inférieur à 1$ par jour, et réduire de moitié la population souffrant de la faim).

    2. Garantir à tous une éducation primaire.

    3. Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes.

    4. Réduire la mortalité infantile.

    5. Améliorer la santé maternelle.

    6. Combattre le VIH/Sida le paludisme.

    7. Assurer la durabilité des ressources environnementales (dont accès à l'eau potable).

    8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement (mise en place d'un système commercial et financier plus ouvert, impliquant la bonne gouvernance, gérer la dette, faciliter les exportations...).

    Nous allons analyser succinctement les différents indicateurs utilisés dans chaque objectifs et leurs applications à Madagascar.

    III-1-1. OMD et la réduction de l'extrême pauvreté et la faim

    Une des caractéristiques de Madagascar est le niveau très élevé de la pauvreté, quel que soit le seuil adopté. En 2015, aucune des cibles fixées ne sera atteinte. Pire, la situation a eu tendance à se dégrader, comme la montre l'analyse sur une longue période plus bas.

    Tableau n°XVI. Indicateurs OMD sur la pauvreté et la faim

    NOM DE L'INDICATEUR

    2012-2013

    Cible 2015

    Proportion de la population vivant en dessous du seuil national de Pauvreté, (seuil : 535 603 Ar.)

    71,5%

    35%

    Extrême pauvreté, nationale (seuil : 374 941 Ar.)

    52,7%

    14%

    Proportion de la population disposant de moins de 2 $ PPA par jour (Pauvreté, seuil international; 2 $US PPA : 976,794 Ar.)

    91,0%

     

    Indice d'écart de la pauvreté (Ecart moyen par rapport au seuil de pauvreté de 535603 Ar.)

    32,8%

     

    Part du quintile le plus pauvre de la population dans la consommation nationale

    6,1%

     

    Proportion de la population n'atteignant pas le niveau minimum d'apport calorique (2133Kcal par jour)

    76%

     

    Source : INSTAT/ENSOMD 2012-2013.

    75

    Les ménages pauvres ont pu bénéficier en partie des fruits de croissance soutenue du PIB réel entre 2002 et 2008. L'amélioration est visible surtout en milieu urbain. En milieu rural, les conditions de vie des ménages sont surtout liées aux activités agricoles, elles-mêmes dépendantes des conditions climatiques et de la qualité de la campagne agricole, plutôt qu'aux chocs sur les revenus hors exploitation.

    Entre 2010 et 2012, après le choc brutal de 2009, un phénomène d'ajustement ou d'adaptation stabilise la situation des ménages. La baisse significative du niveau de l'inflation au cours de cette période surtout en 2012 (5,8 %) a profité certainement aux salariés pauvres qui ont vu leur salaire nominal augmenté de plus de 10 % par an.

    L'essor spectaculaire des activités fortement concentrées dans des régions spécifiques aurait fait sortir une part non négligeable des ménages de ces régions dans la situation de pauvreté et a provoqué l'apparition des « nouveaux riches ». Toutefois, comme nous l'avons déjà souligné plus haut, la plupart des objectifs fixés à l'OMD ne seront pas atteints d'ici 2015.

    III-1-2. OMD et l'éducation primaire pour tous

    L'Etat malgache s'est engagé en 2003 à réaliser la scolarisation primaire universelle en instaurant la gratuité de l'enseignement primaire. Ensuite en 2005, l'engagement portait sur l'atteinte des objectifs de l'Éducation Pour Tous (EPT) à l'horizon 2015. Les effectifs scolarisés dans le primaire ont dès lors beaucoup progressé, passant de 3,4 millions en 2003-2004 à 4,3 millions en 2009- 2010.

    Tableau n°XVII. Indicateurs OMD sur l'éducation

    Nom de l'indicateur

    2012-2013

    CIBLE 2015

    Taux net de scolarisation dans le primaire

    69,4%

    100%

    Taux d'achèvement du primaire

    68,8%

    100%

    Taux d'alphabétisation des 15 ans et plus

    71,6%

    100%

    Source : INSTAT/ENSOMD 2012-2013.

    Au-delà de non réalisation des OMD en matière d'éducation, la dégradation des indicateurs d'éducation est particulièrement préoccupante. Ainsi, les taux de fréquentation du primaire accusent une baisse significative entre 2010 et 2012 (108% en 2012, contre 118% en 2010 pour le taux brut de fréquentation et 69,4 % en 2012 contre 73,4% en 2010 pour le taux net de fréquentation). Pour Madagascar donc le garanti de l'éducation pour tous d'ici 2015, ce n'est plus que d'espérance que des garantis.

    76

    III-1-3. OMD et la promotion de l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes

    Madagascar s'est engagé à Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes afin d'éliminer les disparités dans les enseignements primaire et secondaire d'ici 2015 au plus tard. Mais il convient de souligner que la problématique de l'égalité des sexes et du statut des femmes va au-delà de l'éducation et englobe l'égalité dans l'insertion sur le marché du travail, l'équilibre des rôles au sein du couple et l'absence de violence envers les femmes.

    L'analyse de la situation a permis de mettre à jour une image complexe et tissée de contrastes ; reflétant la diversité des réalités vécues par les femmes Malagasy dans leur famille et dans la société.

    Tableau n°XVIII. Indicateurs OMD dans le domaine de la parité hommes/femmes

    Nom de l'indicateur

    2012-

    2013

    CIBLE

    2015

    Rapport filles/garçons dans l'enseignement primaire

    1,05

    1

    Rapport filles/garçons dans l'enseignement secondaire

    0,93

    1

    Rapport filles/garçons dans l'enseignement secondaire (Lycée)

    0,86

    1

    Rapport filles/garçons dans l'enseignement supérieur

    0,73

    1

    Indice de parité relatif au taux d'alphabétisation des 15-24 ans.

    0,95

    1

    Indice de parité relatif au taux d'alphabétisation des adultes (plus de 24 ans).

    0,91

    1

    Proportion des femmes salariées dans le secteur non agricole

    38%

    50%

    Source : INSTAT/ENSOMD 2012-2013.

    En ce qui concerne l'éducation, la parité filles/garçons au niveau primaire est atteinte, puisque le ratio de filles-garçons est de 1,05 au profit des filles (Rapport des Taux brut de fréquentation des filles sur ceux des garçons).

    Mais au-delà de ce cycle, les filles sont défavorisées par rapport aux garçons et ce de manière croissante avec le niveau d'étude. Pour ce qui est de la situation des femmes sur le marché du travail, les femmes sont moins nombreuses dans le secteur salarié non agricole que les hommes (38 % contre 62 %). Pour ce qui est de la promotion des femmes donc l'objectif peut être réalisable d'ici 2015 mais reste à savoir sur l'égalité de sexe.

    77

    III-1-4. OMD et la réduction de la mortalité infantile

    L'objectif des OMD en matière de réduction de la mortalité infantile est de la réduire de 2/3 à l'horizon de 2015. L'enquête ENSOMD permet d'avoir un aperçu sur les efforts accomplis dans ce domaine, mais aussi en matière de protection de l'enfance de manière générale.

    Tableau n°XIX. Indicateur OMD en mortalité et santé des enfants

    NOM DE L'INDICATEUR

    2012-2013

    Cible 2015

    Taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans (%o)

    62

    53

    Taux de mortalité des enfants de moins d'un an (%o)

    42

    31

    Taux de mortalité des enfants de moins d'un mois (%o)

    26

    21

    Proportion d'enfants de 12 à 23 mois vaccinés contre la rougeole (%)

    61,7

    100

    Proportion d'enfants de 12 à 23 mois complètement vaccinés (%)

    51,1

    100

    Source : INSTAT/ENSOMD 2012-2013.

    Après avoir connu une diminution depuis une dizaine d'années la mortalité infanto-juvénile a subi une nette réduction de près de 55 % en passant de 159 %o en 1997 à 72 %o en 2009.

    La mortalité des enfants de moins de un an a connu également une diminution entre 1997 et 2009 passant respectivement de 93 %o à 48 %o. En ce qui concerne la nutrition, 8,6 % des enfants souffrent de malnutrition aigüe et donc à forte risque de mortalité.

    En somme, pour atteindre l'OMD, une meilleure accessibilité des services sanitaires de base par toute la population se pose comme une alternative incontournable. La réalisation de l'objectif visant à la survie des enfants dépend d'efforts concentrés sur les causes principales de décès. Enfin, il faut savoir prioriser les « groupes cibles ».

    III-1-5. OMD et l'amélioration de la santé maternelle

    Pour cet objectif deux cibles ont été alors définies : réduire de trois quart, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité maternelle et rendre l'accès à la médecine procréative universelle.

    78

    Ces cibles sont soutenues par plusieurs indicateurs dont le taux de mortalité maternelle et la proportion d'accouchement assistée par un personnel qualifié pour la première et la prévalence contraceptive, le taux de fécondité des adolescentes, la couverture de soins prénatals (au moins quatre visites prénatales), ainsi que les besoins non satisfaits en matière de planification familiale pour la seconde.

    Sur l'ensemble de ces indicateurs, la situation est loin d'être reluisante, comme le montre le tableau suivant :

    Tableau n°XX. Indicateurs OMD de la santé maternelle

    Nom de l'indicateur

    2012-

    2013

    CIBLE

    2015

    Ratio de mortalité maternelle pour 100 000 naissances (avec IC = [402 ; 594])

    478

    122

    Proportion d'accouchements assistés par du personnel de santé qualifié

    44,3%

     

    Taux d'utilisation de la contraception (moderne chez les femmes en union)

    33,3%

     

    Taux de natalité parmi les adolescentes (Taux spécifique de fécondité de 15- 19 ans)

    163%

     

    Couverture des soins prénatals (consultation personnel qualifié)

    82,1%

     

    au moins une visite

    86,7%

     

    au moins quatre visites

    51,1%

     

    Besoins non satisfaits en matière de planification familiale

    17,8%

     

    Connaissance fistule (En a entendu parler) : Homme & Femme

    13%, 12%

     

    Parmi les femmes enquêtées, pourcentage des femmes de 15-49 ans présentant des pertes urinaires et ou fécales par les voies génitales

    5,3%

     

    Source : INSTAT/ENSOMD 2012-2013.

    Les résultats de l'enquête 2012-2013 montrent que le taux de mortalité maternelle est resté quasi stationnaire depuis des dizaines d'années. Il est estimé à 478 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes pour la période 2006-2013 (contre 498 pour 100 000 naissances vivantes).

    En matière d'accès aux soins, il est noté une baisse d'environ 3 points entre 20082009 et 2012-2013. En effet, la proportion d'accouchements assistés par un personnel qualifié est passée de 43,9 en 2008-2009 à 44,3 actuellement. En somme, en se référant aux résultats présentés, l'atteinte des objectifs de l'OMD constitue un challenge pour Madagascar.

    79

    III-1-6. OMD et la lutte contre du VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies

    Cet objectif peut être cerné à travers deux cibles : enrayer la propagation du VIII/Sida et maîtriser le paludisme ainsi que d'autres grandes maladies et commencer à inverser la tendance actuelle. Résumons ci-après les différents indicateurs concernant cet objectif.

    Tableau n°XXI. Indicateurs de l'OMD en VIH/Sida, le paludisme et la

    tuberculose

    Nom de l'indicateur

    Hommes

    Femmes

    Ensemble

    Taux d'utilisation d'un préservatif lors du dernier rapport sexuel à haut risque (15-24 ans)

    7,3%

    8,5%

    7,9%

    Proportion de la population âgée de 15 à 24 ans ayant des connaissances exactes au sujet du VIII/Sida

    25,5%

    22,9%

    24,2%

    Proportion d'enfants de moins de 5 ans dormant sous des moustiquaires imprégnées d'insecticide

    48,6%

    50,8%

    49,7%

    Proportion d'enfants de moins de 5 ans atteints de fièvre

    traités aux moyens de médicaments antipaludéens
    appropriés

    12,3%

    12,8%

    12,5%

    Connaissance de la tuberculose

    84%

    80%

    82%

    Source : INSTAT/ENSOMD 2012-2013.

    Selon les résultats, la grande majorité des femmes et des hommes de 15-49 ans ont entendu parler du VIII/SIDA. Cependant, une baisse notable a été enregistrée entre 2009 et 2012 concernant cette maladie. Par ailleurs un peu moins de la moitié des femmes (47 %) connaissent la possibilité de transmission par l'allaitement, mais peu d'entre elles (13 %) savent que ce risque de transmission maternelle du VIII peut être réduit par la prise de médicaments spécifiques par la mère durant la grossesse.

    De plus, en moyenne, 82,5 % de la population ont déclaré avoir entendu parler de la tuberculose (plus élevé chez les hommes). Plus de 9 personnes sur 10 d'entre eux ont déclaré que cette maladie peut être guérie (94 %). En ce qui concerne le paludisme, il ressort que près de deux tiers des ménages possèdent des moustiquaires (64 %) et le nombre moyen de moustiquaires par ménage s'élève à 1,15. En somme, la lutte contre les maladies transmissibles s'avèrent encore un défi du prochain millénaire.

    80

    III-1-7. OMD et préservation de l'environnement

    Le septième objectif s'est donné comme objectif principal d'assurer un environnement durable. Par ailleurs, les cibles pour 2015 en ce qui concerne l'accès à l'Eau Potable et aux infrastructures d'assainissement sont respectivement de 68% et 54 % d'après l'OMD.

    Pour le secteur eau, cet objectif est loin d'être atteint que ce soit 27,7% ou 38,9% de la population seulement ont accès à l'Eau Potable améliorée, bien que des efforts de la part du gouvernement aient été déployés durant les périodes antérieures.

    Pour le secteur assainissement de base, l'atteinte de l'objectif est envisageable avec le taux à 50,1% en collaboration avec les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) sur la mise en oeuvre du processus de l'échelle de l'assainissement à travers la l'opérationnalisation du Marketing de l'assainissement.

    En matière de gestion des ressources environnementales, les progrès sont peu palpables à Madagascar. En effet, le bois avec un taux de 69,9 % et le charbon de bois avec 26,2% sont les plus utilisés en tant que premier type de combustible pour la cuisson.

    Pour ce qui est de la sécurité d'occupation des logements des citadins, l'objectif consistait à atteindre d'ici 2020 environ 100 millions d'habitants dans le monde. Or la part de Madagascar y est relativement négligeable car elle ne représente qu'environ 408 097 habitants avec des occupations sécurisées sur les ciblés.

    III-1-8. OMD et le partenariat mondial pour le développement

    Les enjeux du développement mondial exigent une gouvernance mondiale organisée et plus cohérente. Ces mécanismes de la gouvernance mondiale reposent désormais sur un certain nombre de modalités et de procédures précises :

    - Instauration d'un dialogue multilatéral global sur l'aide au développement et son efficacité.

    81

    - Participation massive de délégués (3000 à 4000) représentants tous les gouvernements du monde, y compris le secteur privé, les organisations de la société civile, désormais parties prenantes, et membres officiels du dialogue Nord-Sud.

    - Définition des rôles et responsabilités de chacun des acteurs du mécanisme de gestion internationale de l'efficacité de l'aide. Notamment tous les acteurs publics et privés finançant le développement, y compris les bailleurs de fonds privés, et ONG.

    - Énonciation de règles et des lignes directrices gouvernant les diverses modalités d'aide, en tenant compte des rôles respectifs de ses différents acteurs.

    - Mise en place d'un accord-cadre de coopération pour le développement qui, pour la première fois, inclut les donateurs traditionnels (CAD), les donateurs Sud-Sud, les pays en développement et plusieurs organismes de la société civile et des organismes financiers du secteur privé.

    III-2. Aide publique au développement (APD)

    L'aide publique au développement (abréviation française : APD, et abréviation anglaise : ODA - Official Development Assistance) est constituée des ressources attribuées sous forme de dons, de prêts à conditions financières libérales, ou d'allègements de dettes, prévues au budget public d'un pays développé et destinées à faciliter le développement économique et à améliorer les conditions de vie des PED figurant sur la liste des pays éligibles à l'APD.

    Les Aides Publiques au Développement contribuent au bien-être de la population à travers le financement de projets ou programmes qui soutiennent les actions de lutte contre la pauvreté1.

    Le graphique ci-dessous met en évidence les principales interrelations que la notion d'Aide Publique au Développement (APD) entretient avec les questions relatives aux relations internationales, à l'économie du développement, aux politiques publiques, et aux questions de finances publiques.

    1 Easterly WILLIAM (2006), Les pays pauvres sont-ils condamnés à le rester ? Paris, Éditions d'Organisation.

    82

    Figure n°3. L'APD est un concept aux ramifications multidisciplinaires

    Source : Justin PARAISO, cours de l'aide publique au développement 2012-1013
    universités de Toamasina
    .

    En 1964, Jan Tinbergen (Prix Nobel d'économie 1969) fut chargé par les Nations Unies d'évaluer les besoins minima de capitaux internationaux qui permettraient aux pays en développement d'atteindre des taux de croissance économique souhaitables. Tinbergen en a conclu que l'aide publique internationale nécessaire à ces pays était de l'ordre de 0,75 % du PNB des donateurs en 1972.

    Publié en octobre 1969, le rapport de la Commission Pearson pour l'Étude du Développement international, qui fut salué comme un ouvrage de référence sur l'aide au développement international, propose donc que l'APD soit portée à 0.70 % du PNB des donateurs d'ici à 1975, et en tout cas avant 1980.

    L'APD ne représente qu'une partie de l'ensemble plus vaste appelé « Financement public du développement (FPD) ». De même, le Financement public du développement (FPD) ne représente lui aussi qu'une partie (48 %) du financement international du développement (FID). Pour se donner une idée des ordres de grandeur, posons-nous la question de savoir ce que représentent les moyens financiers de l'APD.

    83

    L'aide publique nette au développement se chiffre à 129 milliards de dollars US en 2009, à 128 milliards de $ en 20101 (légère baisse due aux effets de la crise de 2008), et à 134 milliards de $ en 2011, au titre du financement provenant des seuls pays du Comité d'aide au Développement de l'OCDE (CAD) qui représentent environ 90% de l'APD totale mondiale.

    Madagascar est dans la liste des pays éligible à l'APD depuis 25 octobre 19672 le maintien et le développement des intérêts commerciaux est la forme d'aide le plus fréquent a cet époque.

    Actuellement, le décaissement a affiché une baisse considérable de l'ordre de 46,7% en 2009 comparé en 2008, soit une valeur de 372,1 millions d'USD en 2009 contre 700 millions d'USD en 2008. Cette contraction des APD s'est confirmée en 2010 mais à un rythme inférieur à ceux de 2009.

    Graphique n°11. Evolution du volume des Aides Publiques au Développement de

    2005 à 2012 (en millions de $) à Madagascar

    900 800 700 600 500 400 300 200 100

    0

     
     
     
     

    Aides Publiques au Développement

    2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

    Source : Primature, Rapport sur la Coopération au Développement, 2012.

    Le volume des aides octroyées pour Madagascar n'a cessé de diminuer après la crise politique de 2009.

    1 David COHEN, Sylvie GUILLAUMONT, Jeanneney et Pierre JACQUET, La politique d'aide au développement de la France, page 15-16.

    2 Philippe Hugon, L'impact de l'aide sur le développement. Le cas de Madagascar. In: Tiers-Monde. 1973, Tome 14 n°56. pp. 793-824.

    84

    En effet, la suspension des financements extérieurs, en particulier ceux de l'union européenne, a freiné la réalisation des grands projets d'investissements pour la construction des infrastructures de base (routes, écoles, hôpitaux et centres de santé de base, petits périmètres d'irrigation agricole...) indispensable au développement économique et social de Madagascar.

    En outre, suite à la suspension de l'éligibilité de Madagascar à l'AGOA, plusieurs entreprises notamment les entreprises de textiles et les Zones Franches Industrielles (ZFI) se sont trouvées en difficulté face à la rupture des commandes ou à la baisse sensible d'activités conduisant à la mise en chômage de la majorité du personnel. Cette situation témoigne la nécessité de l'APD pour l'appui et encouragement des efforts des pays démunis en matière de réduction de la pauvreté et de développement économique.

    En somme l'expérience acquise démontre que l'aide économique aux pays appliquant une saine gestion permet d'intensifier la croissance et d'améliorer la situation économique et sociale.

    Les donateurs peuvent intervenir en dirigeant l'aide de façon plus efficace vers les pays démunis qui font la preuve d'efforts sérieux en vue d'apporter des réformes économiques et de réduire la pauvreté ; il est également nécessaire que l'Etat bénéficiaire respecte leur engagement pour que les fonds octroyer soit productives. Ce qui témoigne encore le rôle primordial de l'Etat dans la sphère économique.

    Le PAS, le DSRP et le MAP sont les politiques publiques choisies dans notre étude, la connaissance des contenus de ces politiques publiques s'avère nécessaire pour faciliter la comparaison des résultats de ces politiques. C'est à partir des résultats que nous déterminerons l'efficacité de l'intervention de l'Etat, c'est-à-dire l'effet des politiques publiques sur la croissance économique.

    85

    CHAPITRE II. EFFETS DE CES POLITIQUES SUR LES PAUVRES

    Les politiques publiques ont réussi, si elles ont des impacts positifs sur la vie de la population, l'économie et les autres domaines où elles ont été conçues. Il est certain que tous ces moyens déployés par l'Etat pour réduire la pauvreté à Madagascar a un impact sur la vie quotidienne des ménages Malgache. Comme notre étude a pour objectif de déterminer l'intervention efficace de l'Etat, il serait intéressant de voir l'effet de ses actions sur la pauvreté. Dans ce chapitre, nous allons parler des effets de cette différente politique dans les domaines économiques et sociaux (nutritions, éducation, santé).

    SECTION I. CONSEQUENCES ECONOMIQUES

    Après l'indépendance, l'Etat Malgache a mis en oeuvre des politiques axées sur le développement durable et solidaire. Il s'est engagé dès la première moitié des années 80 sur la voie de l'ajustement structurel. Le redressement de l'économie ne cesse de s'intensifier via le DSRP (vers le début des années 2000) et le MAP (jusqu'en 2008).

    Dans cette section, nous allons voir les impacts économiques de ces différentes politiques et programmes, pour cela, nous nous intéressons, d'une part, sur la croissance économique et le revenu par habitant et d'autre part, sur l'inflation et l'investissement direct étranger et pour terminer sur les effets au niveau du développement humain.

    I-1. Effet de ces différentes politiques publiques sur la croissance et le revenu par habitant

    Madagascar est un pays où l'économie est en fluctuation permanente. La croissance économique dans ce pays n'est pas soutenue. Les efforts ne sont pas poursuivis. Sur la période de 2003-2006, même si les objectifs fixés dans le DSRP ne sont pas du tout atteints, Madagascar a affiché une croissance importante avec un accroissement annuel moyen du PIB de 5 %, supérieur à l'accroissement de la population sur la même période (2,8 %). Le taux de croissance économique réel est à peu près de 10 % en 2003. Madagascar a connu une croissance économique soutenue de 5,7 % pour la période de 2005 à 2008 (INSTAT, 2010).

    Il faut souligner que la performance des réformes économiques réalisées durant cette période a été appréciée et soutenue par la Communauté internationale, notamment l'atteinte du point d'achèvement en novembre 2004 au titre de l'IPPTE et l'éligibilité au titre de l'Initiative d'Allégement de la Dette Multilatérale.

    86

    Cette performance a été le résultat des efforts consentis dans le développement des infrastructures, l'intensification des activités productrices, la promotion des investissements privés, le développement des secteurs porteurs notamment le tourisme, l'amélioration de l'environnement favorable au développement économique et dans les politiques de désenclavement entamées par la réhabilitation ou l'amélioration des nouveaux axes routiers. Cet effort avait consenti une amélioration tangible du revenu par tête des ménages malgaches.

    Graphique n°12. Variation du niveau de revenu moyen (par habitant) de 2005 à 2012

    250

    2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

    550

    510

    492 477

    niveau de revenu moyen

    296

    316

    409

    451 448

    500

    450

    400

    350

    300

    Source : Institut National de la Statistique (INSTAT).

    Le revenu moyen par habitant a une légère augmentation depuis 2004 jusqu'en 2008 (296 en 2004 et 510 en 2008). En somme, le DSRP et le MAP ont un effet positif sur la croissance économique, mais cette croissance économique n'était pas stable. Si l'accent est mis sur le développement, il est observé qu'il n'y avait pas de développement à cause de la non-répartition équitable des richesses créées.

    Les richesses de la nation sont entre les mains d'une minorité des malgaches à cause de l'inégalité sociale et économique très élevée. En matière d'inégalité, le coefficient de concentration de Gini est de 0,475 pour Madagascar1.

    I-2. Effet des politiques publiques sur l'inflation et l'investissement direct étranger

    L'inflation traduit une hausse généralisée des prix résultant d'une rupture d'équilibre. Elle doit être distinguée de l'augmentation du coût de la vie qui mesure la variation des dépenses (donc du revenu) requises pour procurer une satisfaction équivalente à celle de la période passée. Le panier de biens servant à l'estimation de l'IPC est fixe ; ce qui n'est pas le cas pour l'indice du coût de la vie.

    1 Dwight H. PERKINS., Steven RADELET et David L. LINDAUER (2ème tirage 2011), Economie du développement, traduction de la 6ème édition américaine par Bruno Baron-Renault, 3ème édition, Ouvertures Economiques, de boeck, p. 235.

    87

    Pour évaluer le taux d'inflation, nous utiliserons l'indice des prix à la consommation. Cette mesure n'est pas complète, le phénomène inflationniste couvrant un champ plus large que celui de la consommation des ménages.

    L'inflation du pays connaît une baisse régulière passant de 18,3 % en 2005 à 10,6 % en 2006 et 10,3 % en 2007, selon les estimations du FMI. Cette performance est due à la politique monétaire et à l'appui budgétaire du FMI et de la Banque mondiale à cette époque.

    Graphique n°13. Evolution du taux d'inflation 2005-2012 (en pourcentage)

    20

    18,4

    15

    10,8 10,3

    9,2 9 9,3 9,5

    10

    5,8

    5

    0

    2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

    Evolution du taux d'inflation

    Source : Institut National de la Statistique (INSTAT), 2013.

    L'inflation est maîtrisée grâce à la pratique des prix subventionnés pour le carburant et quelques produits de première nécessité (PPN), notamment le riz1. La diminution de prix en 2012 est consécutive à la faiblesse de la demande engendrée par la réduction des revenus des ménages et l'aggravation de la pauvreté.

    Après un premier triplement en 2006, le flux d'IDE entrant à Madagascar a triplé à nouveau en 2007 pour atteindre 13,6 % du PIB, une performance presque exclusivement imputable aux activités extractives, devenues le principal moteur de la croissance. En deux années, Madagascar s'est hissé au 10ème rang des pays récipiendaires de l'IDE sur le continent africain, et au 4ème rang pour la partie sub-saharienne.

    1 Voir les travaux de :

    - H. David-Benz, A. Diallo, F. Lançon, V. Meuriot, P. Rasolofo, L. Temple, A. Wane, (2010). L'imparfaite transmission des prix mondiaux aux marchés agricoles d'Afrique subsaharienne, CIRAD, FARM.

    - J.-E. Bidou, I. Droy, P. Rasolofo, (2007), Origine et développement de la crise du riz de 2004 à Madagascar : la gouvernance en question. In : Brot J., Callens S., Gerardin H. Catastrophe et gouvernance. Fernelmont : EME, pp. 47-66. (Proximités - Sociologie).

    - H. David-Benz, P. Rasolofo, L. Tsisalovanina, (2009), Les prix du riz à Madagascar : crise et résilience du marché. Actes de l'atelier national sur la recherche et le développement du riz pluvial à Madagascar, FOFIFA, CIRAD, Université d'Antananarivo, URP SCRiD, 14-15 oct. 2009.

    - I. Droy, P. Rasolofo, (2001), Entre cyclone et marchés mondiaux, la vulnérabilité des ménages de la côté Est de Madagascar, Séminaire La pauvreté à Madagascar : Etat des lieux, facteurs explicatifs et politiques de réduction, Antananarivo, 4-7 février.

    88

    Ces performances ne doivent pas masquer la faiblesse du stock qui rappelle l'amplitude du retard à combler pour se repositionner dans le jeu mondial. Cette performance est due au politique de libéralisation du marché extérieur déclarer dans le cadre du DSRP et du MAP.

    Le pays figure encore très loin au classement avec 0,46 % du stock de l'Afrique, sachant que ce continent abrite seulement 2,6 % du stock mondial. L'analyse qualitative du flux soulève plusieurs interrogations liées à une baisse du flux d'IDE hors secteur minier, et à l'absence de grands groupes transnationaux dans certaines infrastructures (énergie, eau, santé). Nous supposons que ce constat est dû par le conditionnement des bailleurs de fond dans l'ajustement structurel et surtout dans l'élaboration du DSRP et du MAP.

    Graphique n°14. Evolution des (IDE) de 2005-2012 (en millions de DTS)

    2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

     
     

    881

    823

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    499

    508

     
     

    488

    487

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    150

     
     
     
     

    58

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Evolution des Investissement Directs Etrangers

    1000

    900

    800

    700

    600

    500

    400

    300

    200

    100

    0

    Source : Banque Centrale de Madagascar, 2013.

    La valeur des importations est liée à l'évolution des Investissements Directs Etrangers (IDE). Depuis 2009, les IDE diminuent mais une reprise se constate en 2010. La suspension des privilèges commerciaux de l'African Growth And Opportunity Act (AGOA) a handicapé les exportations de textiles vers le marché américain. En 2012, la valeur des exportations des biens et services connaît une augmentation due à la réorganisation de quelques filières de production de rente (girofle, café, litchi, vanille) et de l'exploitation minière.

    Les nouveaux investissements miniers (Soalala, Mainland, etc.) expliquent la stabilité des IDE au cours des années suivantes. En matière de développement macroéconomique, les effets du PAS sont désastreux, ceux du DSRP et du MAP ont des effets plus satisfaisants mais la crise politique a rendu le pays dans une situation de dépression.

    89

    I-3. Effet des politiques publiques sur le développement humain

    Après la crise post-électorale de 2002, qui a fait reculer le niveau de l'IDH à 0,479, le pays a fait, en général des progrès tangibles en matière d'amélioration de développement humain.

    De 2003 à 2006, période de mise en oeuvre du DSRP, l'IDH de Madagascar a connu une nette amélioration, passant de 0,505 en 2003 à 0,535 en 2006, sauf en 2005 où la valeur de l'IDH a été de 0,467.

    Cette baisse a été liée notamment à la chute du taux d'alphabétisation et du recul du niveau de revenu. En effet, au cours de la période 2003-2006, le pays a plus ou moins enregistré des progrès significatifs en termes de développement humain, et l'IDH a été respectivement de 0,505 en 2003, de 0,514 en 2004 et de 0,535 en 2006, classant ainsi le pays parmi les pays à développement humain moyen.

    Le niveau de développement humain a enregistré une nette amélioration tant sur le plan national que régional pendant la période de mise en oeuvre de la stratégie. Cette amélioration témoigne de la pertinence et des impacts positifs des stratégies de lutte contre la pauvreté développées par le Gouvernement malgache à l'époque.

    L'accent a été mis sur l'importance particulière des retombées positives des efforts consentis dans le développement des politiques sociales en les alignant aux OMD, notamment pour l'universalisation de l'éducation, l'intensification de l'alphabétisation, l'amélioration des conditions sanitaires de la population.

    L'intensification des investissements publics, l'extension régionale de la construction des infrastructures sociales et économiques ont aussi contribué au développement des activités de production et donc à l'accroissement des revenus dans les différents secteurs.

    90

    SECTION II. CONSEQUENCES SOCIALES

    Les allocations budgétaires pour les secteurs sociaux sur la période 2000-2008 sont globalement alignées sur les priorités sectorielles stratégiques (nutrition, santé, et éducation) définies dans le DSRP puis le MAP. L'éducation représente ainsi en moyenne 18 % du budget, et la santé 9 % pour la période 2005-2006. Ces allocations sont en augmentation dans le budget 2008, avec 19 % pour l'éducation et 9,5 % pour la santé. Dans cette section, nous allons analyser successivement les effets de la politique publique sur ces trois privations considérées dans le cadre du DSRP et du MAP comme essentiel dans le bien être sociale des ménages.

    II-1. Nutrition

    Bien que Madagascar dispose de potentialités agro-pastorales et halieutiques importantes, le régime alimentaire malgache reste monotone, peu diversifié et déséquilibré. Il faut aussi relever que même si l'approche est plutôt préventive dans la majorité des interventions de nutrition, le manque d'efficacité et ainsi que la faible couverture de ces interventions n'ont pas permis une réduction tangible de la malnutrition au niveau national.

    Par ailleurs, Madagascar possède une bonne expérience des interventions de nutrition communautaire démarrées dans les années 1990 et qui a démontré l'efficacité à réduire le taux de la malnutrition surtout chez les enfants. Les principales interventions ont été mises en oeuvre dans une centaine de districts dans le cadre des projets SEECALINE, NAC, PCIME, AEN et d'autres projets.

    La principale traduction de cette volonté politique est la création en 2004 bien avant la naissance du mouvement global de renforcement de la nutrition (SUN), de l'Office National de Nutrition (ONN), sous la tutelle de la primature, et qui est chargé de définir, de coordonner et de suivre la mise en oeuvre des programmes touchant la nutrition. Le Gouvernement Malagasy a placé la nutrition parmi ses priorités depuis plusieurs décennies.

    Malgré tous ces efforts, les résultats sont moins encourageant car la malnutrition, quel que soit sa forme, demeure encore un important problème social et de santé publique, qui touche une grande partie de la population, notamment dans la zone Sud de Madagascar. Pour ce qui est de la quantité, 76 % de la population souffrent d'une carence alimentaire. Il existe de fortes variations régionales, avec des taux allant de 89,7 % (Atsimo Antsinanana) à 63,4 % (Atsimo Andrefana).

    91

    Du point de vue de la qualité, plus de quatre Malagasy sur cinq consomment des aliments de faible qualité (riz, féculents, etc.). C'est surtout le milieu rural (86 %) qui est relativement plus touché par la carence qualitative des aliments, que le Grand centre urbain (73 %) et la capitale (70 %).

    Cependant, la situation reste préoccupante car un peu moins de la moitié des enfants de moins de 5 ans (47,3 %) souffre d`une malnutrition chronique dont 18,1 % sous forme sévère (INSTAT, 2012)

    Parmi les enfants souffrant de malnutrition chronique, les régions les plus affectées sont les régions des Hautes Terres : Haute Matsiatra et Vakinankaratra (65,2 %), Amoron'i Mania (64,0 %). En tenant compte du milieu de résidence, le milieu rural est le plus touché avec un taux de 48,6 %, contre 39,1 % pour l'ensemble urbain. Toutefois, la capitale présente une prévalence assez importante à 46,2 % (INSTAT, 2012).

    Graphique n°15. Tendance de la malnutrition chronique, de 1992 à 2012 (standard

    OMS)

    Source : INSTAT/ENSOMD 2012-2013.

    A Madagascar, le retard de croissance s'installe tôt, puisque presque un quart (24,5 %) des enfants de moins de 6 mois accusent déjà un retard de croissance. Durant les deux premières années de l'enfant, les prévalences de la malnutrition augmentent avec l'âge, avec un pic de 57,6 % pour les enfants de 18 à 23 mois.

    Les garçons (50,2 %) sont plus exposés à la malnutrition que les filles (44,5 %), du fait que les filles sont considérées comme plus vulnérables que les garçons. Le caractère multisectoriel de la lutte contre la malnutrition demande des actions encore plus harmonieuses et une implication plus grande de l'Administration Publique.

    II-2. Éducation

    Le gouvernement a mis en place l'approche participative, le développement des outils de gestion du secteur éducatif (suivi ; planification ; gestion financière ; guides pour les enseignants, chef ZAP, directeurs d'établissement dans le cadre de son du politique éducative), et le Programme Education pour Tous ; cet effort mérite une attention particulière et peuvent servir du modèle tant sur la conception que sur l'exécution.

    L'impact des efforts et des mesures prises commence actuellement à être ressenti au niveau du système éducatif malgache. Les résultats de l'Enquête Prioritaire auprès des Ménages de 1999 (EPM, 1999), réalisée par 1'INSTAT ont montré la diminution de pourcentage des populations analphabètes avec 48,7 % de population sans instruction en 1999 contre 49,7 % en 1997.

    Le niveau d'instruction des enfants a relativement augmente car 39,7 % des élèves ont achevé le cycle primaire en 1999, contre 38,6°% en 1997, et 18,8 % ont acquis le cycle secondaire en 1999, contre 10,7 % en 1997. Au niveau de l'universalisation de l'enseignement primaire, l'effectif des élèves a augmenté de 9,4 % en moyenne par année entre les années scolaires de 2000 et 2012.

    Cependant, malgré les efforts consentis avec les partenaires, le taux brut de scolarisation dans le cycle primaire a affiché une tendance à la baisse depuis 2009, à cause des charges qui pèsent sur les parents d'élèves. En revanche, ceux dans les autres cycles ont évolué à la hausse.

    Graphique n°16. Evolution des Taux Bruts de Scolarisation de 2006 à 2012 (en

    pourcentage)

    92

    Source : Ministère de l'Education Nationale et Ministère de l'Enseignement Supérieur et
    de la Recherche Scientifique, 2013.

    93

    Depuis 2009, le taux d'achèvement au niveau primaire diminue tout comme dans les collèges depuis 2011, après avoir augmenté depuis 2007. En revanche, le taux d'achèvement au niveau lycée s'améliore depuis 2007.

    Grace à la poursuite des aides extérieures en faveur du secteur de l'éduction, le taux d'achèvement a augmenté au niveau des lycées. Le taux d'achèvement s'améliore au fur et à mesure que nous accédions au cycle suivant. Les grèves à répétition dans les universités ont entretenu des taux d'achèvement excessivement faibles.

    Malgré tous les efforts consentis, les conditions de travail (les infrastructures) ont continué de se détériorer et la qualité de l'enseignement a baissé surtout en milieu rural. Celles-ci viennent du fait que les infrastructures détruites par les cyclones ne sont pas remplacées. Ainsi, le taux global de redoublement est passé à 36 % et le taux d'abandon a atteint 30 % en 2012 (INSTAT, 2012).

    II-3. Santé

    En 2004, le Ministère de la santé a élaboré sa politique nationale de santé (PNS) selon laquelle la santé maternelle figure parmi les priorités. Afin d'atteindre les objectifs du millénaire pour le développement relatifs à la santé, le ministère en question a élaboré une série de documents visant à réduire la mortalité, et les risques contre les maladies infectieuse.

    Par ailleurs, le taux de mortalité constitue actuellement une mesure importante du développement humain et social. Dans ce cas, l'Etat a pris deux grandes orientations, à savoir : la décentralisation progressive des services de santé et de la politique du recouvrement des coûts ou la politique de participation financière des usagers à travers les frais d'utilisateurs.

    Cette politique a favorisé une légère amélioration de la disponibilité des médicaments dans les centres de santé de base ainsi que la prise en charge des frais d'hospitalisation des groupes plus défavorisés. Depuis 2009, les ménages se rendent de moins en moins dans les CSB. La baisse des consultations s'explique par la diminution des revenus des ménages engendrée par la crise. La poursuite des projets humanitaires ont permis de maintenir la couverture vaccinale et de réduire la malnutrition. Donc, Madagascar se place en bonne position parmi les pays Africains en termes de vaccination.

    94

    Graphique n°17. Evolution des principaux indicateurs de la santé de 2007 à 2012 (en %)

    Source : Ministère de la Santé Publique, 2013.

    Les efforts entrepris ont un impact sur l'amélioration de taux de consultation externe des CSB et le taux de mortalité maternelle, ainsi que sur la fréquentation des Centres de Santé par la population bénéficiaire. Le niveau de mortalité global des adultes de 15-49 ans pour la période la plus récente a peu changé : 4,1 %o pour l'ensemble des femmes et 4,9 %o pour l'ensemble des hommes, soit une surmortalité masculine de 0,8 %o en 2012.

    Il est observé chez les hommes ainsi que chez les femmes, une tendance à l'augmentation assez régulière des taux par âge. Chez les femmes, les taux varient d'un minimum de 2,4 %o, à 20-24 ans, à un maximum de 9,1 %o à 45-49 ans. Chez les hommes, les taux passent d'un minimum de 3,1 %o, à 15-19 ans et 20-24 ans, à un maximum de 13,6 %o à 45-49 ans. Les résultats affichent une surmortalité des hommes presque dans toutes les classes d'âges.

    En résumé, les différentes politiques publiques pour réduire la pauvreté ont un impact sur la vie socioéconomique des ménages pauvres mais ses influences restent minimes. C'est pour cette raison qu'il est difficile de ressentir ses effets au niveau de la pauvreté.

    L'effort consenti reste alors insuffisant car les politiques appliquées ne sont pas corrélées entre elles, (une population mal nourrie est vulnérable au phénomène de la santé et cette dernière n'arrive pas à s'instruire correctement). Donc, il faudrait avoir des politiques favorables à l'ensemble des problèmes pour que les effets soient ressentis.

    95

    SECTION III. SUGGESTIONS POUR UNE EFFICACITE ACCRUE DES ACTIONS DE L'ETAT EN FAVEUR DE LA REDUCTION DE LA PAUVRETE A MADAGASCAR

    Il s'agira dans cette section de faire des propositions et d'envisager des perspectives dans le sens d'une plus grande efficacité de l'Etat dans la réduction de la pauvreté à Madagascar. Nous reprenons encore le titre de l'ouvrage de William Easterly1 (2011) : Les pays pauvres sont-ils condamnés à le rester ?

    Dans la politique de lutte contre la pauvreté, nous devrions accorder la priorité au développement humain et aux améliorations de la production. En l'absence de données empiriquement fondées, nous voudrions, dans les lignes à suivre, faire quelques propositions dans le sens de la correction des faiblesses de l'Etat en matière de lutte contre la pauvreté.

    III-1. Promotion d'une croissance pro-pauvre

    Depuis toujours, les conceptions économiques tournent autour de la croissance économique comme moyen de lutte contre la pauvreté. Cependant, la croissance économique peut aussi être une source d'inégalité. De ce fait, il est donc nécessaire de promouvoir une croissance pro-pauvre. Actuellement, Madagascar traverse une période cruciale pour son avenir économique.

    La « sortie de crise » est la seule voie pour le pays de redémarrer la croissance et de réduire la pauvreté. Le choix des politiques économiques et des secteurs clés est primordial pour amorcer la reprise économique.

    La promotion de la croissance doit se concentrer autour des secteurs clés qui puissent réduire la vulnérabilité des ménages face aux différents chocs. Il faut chercher des moteurs économiques qui faciliteront une participation significative des couches défavorisées de la population. Le taux élevé de pauvreté, surtout en milieu rural, nécessite une véritable politique économique tournée vers l'agriculture. Il s'agit de promouvoir une croissance pro-pauvre, une croissance économique favorable aux ménages pauvres.

    1 Cet ouvrage est déjà signalé dans la partie introductive de ce Mémoire. Mais, nous l'avons repris exceptionnellement dans cette dernière section pour mettre en exergue : est-ce les pays pauvres sont-ils vraiment condamnés à rester pauvres.

    96

    III-2. Rôle primordial de la puissance publique

    L'intervention de l'Etat dans l'économie est non seulement nécessaire mais aussi primordiale pour la réduction de la pauvreté et le démarrage du développement. L'Etat ne doit pas laisser le marché prendre un grand rôle dans la promotion des biens et services.

    Par ailleurs les expériences vécus nous ont montré que la plupart des pays nouvellement développé aujourd'hui, montre une intervention plus que nécessaire sur leur économie. C'est-à-dire, si l'Etat veut vraiment sortir du cercle vicieux de la pauvreté1 (cf., Annexe III, p. 111), il ne devrait pas seulement intervenir pour stabiliser ou réguler les marchés mais, il devrait aller plus loin dans leur politique de développement.

    Exemple : Le prix du carburant.

    Chaque mois de juin2 le prix du carburant augmente. Face à cette situation, l'Etat intervient en subventionnant les compagnies pour stabiliser le prix. Cette solution est considérée comme une « politique de pansement » qui ne résout pas totalement la tension inflationniste, mais la calme. Nous suggérons à l'Etat d'arrêter ce « comportement d'intervention de pompier », en instaurant une véritable politique de prix.

    III-2-1. Réduction des inégalités

    La réduction de l'inégalité est très importante dans la lutte contre la pauvreté. Il existe plusieurs moyens pour atteindre cet objectif. La répartition équitable du revenu en est un début. Il faudrait mettre en place des législations fiscales concernant la fortune, c'est-à-dire instaurer des impôts qui servent à corriger les énormes inégalités constatées sur la situation financière de chaque ménage.

    Pour résoudre le problème de l'inégalité et pauvreté, l'Etat devrait faire beaucoup d'efforts pour éliminer la différence entre ville et campagne. Pour cela, il devrait instaurer une politique de désenclavement rural comme ce qui est mentionné dans le MAP (engagement 2, défi 1)3. L'Etat malgache devrait s'orienter davantage vers la politique d'électrification rurale, et instaurer un système de télécommunication efficace (engagement 4 du MAP)4.

    1 Voir les travaux de Jean-Christophe SARROT., et al., (2014) op.cit.

    2 Le mois de juin coïncide au début de vacances d'été où bon nombre des gens sont en voyage. De ce fait, la demande de carburant augmente alors que l'offre est rigide. L'augmentation de prix est irréfutable.

    3 Construire un nouveau réseau de transport avec les infrastructures adéquates connectant toutes les régions à forte potentialité de croissance économique.

    4 Pour promouvoir davantage le développement rural rapide, des meilleurs routes et réseaux de communication seront établis et le Gouvernement se chargera de créer les conditions pour encourager les activités d'entreprenariat et de permettre aux initiatives du secteur privé de s'épanouir.

    97

    L'Etat pourrait aussi corriger les inégalités en favorisant l'accumulation du capital humain1 par le biais de l'éducation. L'amélioration du niveau d'instruction conduira plus tard à l'amélioration de salaire revenu beaucoup plus important. Il devrait veiller à l'amélioration des infrastructures scolaires qui sont largement insuffisantes par rapport au nombre des écoliers.

    III-2-2. Promotion de l'emploi pour le jeune

    Il faudrait instaurer un environnement financier favorable aux ménages de la classe moyenne. L'accès au financement en est primordial pour créer des emplois. Nous suggérons, à cet effet, un service de « micro finance de proximité » ; c'est-à-dire l'Etat doit instaurer des fonds de garanti en faveur des ménages pauvres.

    L'Etat devrait augmenter les travaux d'aménagement ou de construction à haute intensité de mains d'oeuvre pour créer plus d'emploi pour les jeunes non diplômés. Nous suggérons comme solution au secteur informel, la protection des entreprises naissantes. Pour les jeunes diplômés il devrait encourager et créer un système qui facilite les recrutements, de stages, pour les nouveaux diplômés, afin de faciliter leur insertion sur le marché du travail.

    III-3. Contribution de la décentralisation et la participation citoyenne à la réduction de la pauvreté

    La contribution de la décentralisation à la réduction de la pauvreté vient du fait que les collectivités territoriales, étant plus sensibles aux besoins locaux, font meilleur usage des ressources mises à leur disposition.

    C'est-à-dire, l'Etat devrait mettre des règles strictes sur le suivi des budgets communaux, et bonifier celles qui ont réalisé des performances. Les entités locales dotées d'une plus grande autonomie financière devraient ainsi tendre à réserver une plus grande part de leurs recettes à la satisfaction des besoins de base.

    1 Christophe DEJOURS (2014), Le facteur humain, Que sais-je ? Presses Universitaires De France - PUF; Collection : Édition : 6ème édition (19 février).

    98

    Les pauvres pourront améliorer leurs conditions d'existence, s'ils participaient à la croissance économique à travers la production. Mais pour inciter leurs participations, l'Etat doit favoriser les producteurs par le biais d'un concours1 national de meilleur producteur.

    Cependant, les pauvres ne peuvent trouver des conditions2 susceptibles de favoriser leur participation à la création de richesse que s'ils sont eux-mêmes impliqués dans la formulation de politique économique ou qu'ils trouvent des moyens leurs permettant de transmettre leurs préférences aux pouvoirs publics.

    Par ailleurs, la participation des pauvres à la création de richesses repose sur la capacité de l'Etat à créer un environnement macroéconomique stable3. Dans ce domaine, la bonne gouvernance4 est précisément associée à la capacité de l'Etat à mettre en place des institutions et réglementations aptes à assurer la sécurité économique.

    III-4. La promotion de l'économie sociale et solidaire

    Nous suggérons une promotion de l'économie sociale et solidaire du faite que cette nouvelle forme d'économie propose une meilleur voix pour sortir de l'emprise de la pauvreté. De plus la promotion de l'économie sociale (solution pour les inégalités) et de l'économie solidaire (solution pour l'emploi) est favorable à notre pays.

    Par ailleurs la coopération, l'association, et tout forme de solidarité permet à l'Etat d'entretenir une meilleure protection sociale. Pour éradiquer la pauvreté l'économiste sociale et solidaire suggère la politique de « commerce équitable » et « la finance solidaire ».

    1 Cf. MAP Engagement 4, défi 5. La politique rizicole a été axée sur le concours de « voly vary maro anaka », signifiant culture rizicole à semence améliorée.

    2 L'Etat instaure la « dinam-pokonolona » pour la sécurité mais, nous nous suggérons une « dina ekônomika » pour réduire la pauvreté.

    3 Comment développer un pays, pour réduire la pauvreté, avec un délestage de 12h par jour et une insécurité grandissante ?

    4 J. M., SEVERINO et J. M., DEBRAT (2010), op. cit.

    Pour réduire la pauvreté, l'Etat Malgache avait utilisé plusieurs moyens, entre autres la politique économique mettant en valeur le développement rural (comme le PAS, le DCPE, le DSRP, le MAP, etc.) en partenariat avec les bailleurs de fonds. La plupart de ces instruments ont eu un effet immédiat sur le bien-être des ménages (cas du DSRP). Mais, d'autres n'ont fait qu'empirer la situation (cas de l'ajustement structurel). C'est pour cette raison que la pauvreté persiste dans la grande île.

    Pour approfondir ce domaine de recherche, bon nombre d'ouvrages mettent en exergue les causes de la pauvreté structurelle. Andriananarina, Ballet, Rabevohitra, Rasolofo, (2010), ont développé : Madagascar dans la tourmente : Analyses socioéconomiques de la crise en zones rurales. Ensuite, L'imparfaite transmission des prix mondiaux aux marchés agricoles d'Afrique subsaharienne a été étudiée par David-Benz, Diallo, Lançon, Meuriot, Rasolofo, Temple, Wane, (2010). Les femmes ne sont pas en reste. Droy, Dubois, Rasolofo, Andrianjaka, (2001), ont travaillé sur le sujet de Femmes et pauvreté en milieu rural : analyse des inégalités sexuées à partir des observatoires ruraux de Madagascar. Antananarivo. En tant qu'apprenti chercheur, nous avons proposé quelques suggestions dans ce document pour une meilleure intervention publique, et ce, afin de réduire efficacement ce phénomène de pauvreté structurelle.

    100

    CONCLUSION

    A travers les différentes parties de ce présent ouvrage, il a été démontré que les interventions publiques sont un facteur important pour réduire la pauvreté1. Au fait, la pauvreté n'est pas une fatalité. Ainsi, la pertinence de l'intervention du pouvoir public (de l'Etat et de la collectivité décentralisée) dans l'économie est donc irréfutable. La participation de l'Etat serait plus que souhaitable pour améliorer la sécurité des conditions de vie des ménages (SCVM), notamment dans le monde rural. La présente étude a été entreprise dans le but de déterminer les mesures nécessaires qui permettent aux interventions de l'Etat de réduire la pauvreté. Ce problème est multidimensionnel. Hernando De SOTO (2005), dans Le mystère du capital amène à réfléchir sur le rôle du pouvoir législatif concernant les politiques de lutte contre la pauvreté.

    Le prix Nobel d'économie, Amartya SEN, dans son ouvrage intitulé « Un nouveau modèle économique : Développement, justice, liberté » publié en 2003, souligne dans la couverture de ce document que « le monde n'est pas seulement partagé entre riches et pauvres. Il est aujourd'hui divisé entre ceux qu'inquiètent les ravages du capitalisme global et ceux qu'effraie la terreur que font régner les Etats qui brident la liberté individuelle et l'initiative privée. Comment faire en sorte que la prospérité économique permette à chacun de vivre comme il le souhaite ? ». Toujours dans le résumé de cet ouvrage, Kofi Annan précise que « les pauvres du monde entier n'ont pas de porte-parole plus inspiré et plus convaincant. Notre qualité de vie ne se mesure pas à notre richesse, mais à notre liberté : cette idée a déjà révolutionné la théorie et la pratique économique ».

    Ce point de vue illustre que la pauvreté est plus que complexe à aborder à l'état brut. L'étude de corrélation (cf., pp. 51-54) que nous avons entreprise montre une moyenne corrélation entre l'intervention publique (par l'intermédiaire des dépenses publiques) et le bien-être humain (IDH). Néanmoins, cette intervention de l'Etat préconisé par Keynes (1936) n'est pas toujours une réussite, c'est-à-dire, n'aboutit pas à la croissance, alors ne conduira pas forcément à l'amélioration du bien-être de la société. Amartya SEN (2000), dans le Repenser l'inégalité précise également que la pauvreté n'est pas qu'une question de revenus ; elle tient aussi à la liberté que donne à l'individu son niveau de santé, d'éducation, etc.

    1 Des idées éclairantes ont été développées par Banerjee et Duflo (2012) dans Repenser la pauvreté, Éditions du Seuil, janvier.

    101

    En effet, un partenariat solide entre les divers acteurs économiques à tous les niveaux macroéconomiques serait nécessaire. Afin d'élaborer une politique ou stratégie efficace en vue de réduire la pauvreté, il appartient aux décideurs politiques et aux organismes tant internationaux que nationaux de considérer les réels besoins (MASLOW, 1954, op. cit.) de la population.

    Pour y arriver, il faut que l'Etat assure un environnement légal qui permettra aux entrepreneurs d'avoir des revenus, et aussi un système d'éducation efficace qui augmente l'efficacité de technologie et l'innovation et des investissements. Pour réduire la pauvreté à Madagascar, le rôle de l'Etat serait de promouvoir la croissance économique très forte et durable. La redistribution des richesses équitables (bien qu'un objectif ambitieux) figurerait un objectif primordial. La théorie de Hoover1 publié en 1936 fera l'une des priorités. La crise politique serait un phénomène inéluctable à éviter car elle commence à avoir une ampleur cyclique.

    Pourtant, malgré les diverses stratégies déjà appliquées, un grand nombre de la population malgache vit encore dans un état de dénuement et de précarité témoignant du fait que le pays n'a pas encore pu se libérer de l'emprise de la pauvreté. Il est clair que les stratégies de lutte contre la pauvreté n'ont pas pu atteindre leurs buts. Elles ont été trop centrées sur les réformes économiques et administratives. De plus, ces stratégies ont été dictées par les bailleurs de fonds. Si nous voulons lutter efficacement contre la pauvreté, il faudrait que l'Etat sanctionne sévèrement et sans distinction la prolifération de la corruption qui sévit quasiment dans tous les secteurs. Jean Michel SEVERINO et Jean Michel DEBRAT (2010), dans le résumé de leur oeuvre qui s'intitule Aide publique au développement disent qu'il faut aider les pays corrompus.

    La lutte contre la pauvreté n'est pas gagnée car les politiques appliquées ne représentaient pas les besoins réels de la population mais elles sont formulées selon les exigences des bailleurs pour sécuriser leurs intérêts. La démarche de programmation des activités figure également parmi les causes de l'échec des stratégies. Les programmes adoptés ne procédaient pas à une vision globale durable. En 2014, Madagascar reste toujours parmi les pays les plus pauvres. En tant que citoyen, nous devons faire beaucoup d'efforts, non seulement en continuant les programmes qui existaient depuis mais aussi en cherchant de nouvelles stratégies afin que nous sortions de la pauvreté.

    1 L'indice de Hoover est l'indice la plus simple pour mesurer les inégalités. L'indice de Hoover est égal à la part de ressource qui devrait être distribuée pour que la répartition soit équitable.

    BIBLIOGRAPHIE

    I. OUVRAGES GENERAUX

    102

    ANDRIANANARINA, N., BALLET, J., RABEVOHITRA, N., RASOLOFO, P., (2010), Madagascar dans la tourmente : Analyses socioéconomiques de la crise en zones rurales. Ethique Economique. Editions L'Harmattan, Paris, 138 p.

    BANERJEE, A.-V., et DUFLO, E., (2012), Repenser la pauvreté, Editions du Seuil,

    Paris, pour la traduction française. Editeur original : Public Affairs, 2011, 430 p. BOURGUIGNON, F., (2012), Mondialisation de l'inégalité coédition, Seuil - La

    République des idées 112 p.

    DROY, I., et RASOLOFO, P., (2001), Entre cyclone et marchés mondiaux, la vulnérabilité des ménages de la côté Est de Madagascar, Séminaire La pauvreté à Madagascar : Etat des lieux, facteurs explicatifs et politiques de réduction, Antananarivo, 4-7 février.

    FUSCO, A., (2007), La pauvreté : un concept multidimensionnel, préface de Jacques Silber. Paris : L'Harmattan I, 280 p.

    KEYNES, J.-M., (1936), Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie. Paris, Edition Payot, 1942, 407 p.

    MENY, Y., et THOENIG, J., C., (2006) Paris, in : P. MULLER, « Les politiques publiques », édition PUF, mai 2006 [1990], 247 p.

    MINTEN, B., RANDRIANARISOA, J.-C., RANDRIANARISON, L., (2003), "Agriculture, pauvreté rurale et politiques économiques à Madagascar". Etude financée par USAID, Cornell, INSTAT, FOFIFA, 108 p.

    MUSGRAVE, R., (1959), The theory of public finance: a study in public, economy International student, edition, McGraw-Hill, 628 p.

    PAUGAM, S., (2005), Les formes élémentaires de la pauvreté, Lien social, édition PUF, 187 p.

    RICARDO, D., (1992), Des principes de l'économie politique et de l'impôt, traduction de l'édition anglaise de 1821, de Cécile SOUDAN et de ses collaborateurs de l'Université Lille I, Présentation de François-Régis Mahieu, GF-Flammarion, 508 p.

    SARROT, J.-C ; TARDIEU, B., ; ZIMMER, M.-F., (2014), En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté, Editions, ATD Quart Monde, de l'Atelier, France, 187 p.

    SEN, A., (2012), Repenser l'inégalité, traduit de l'anglais par Paul Chemla, Éditions du Seuil, 318 p.

    SEVERINO, J.-M., et DEBRAT J.-M., (2010), L'Aide au développement, Paris, édition Le Cavalier Bleu, 128 p.

    SIMMEL, G., (2007), In « La philosophie de l'argent », édition PUF, collection Quadrige, 240 p.

    SMITH, A., (1776), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations. Réédition chez GF Flammarion 1991, 237 p.

    II. DICTIONNAIRES ET ENCYCLOPEDIES

    CAPUL, Y., et GARNIER O., (2008), Dictionnaire d'économique et sociales, éd. Hatier, Paris, 275 p.

    ECHAUDEMAISON, C.-D., (2007), Dictionnaire d'Economie et de Sciences Sociales, Paris, Editions Nathan, Février, 389 p.

    III. DOCUMENTS, ET PERIODIQUES

    103

    BANQUE MONDIALE, (2014), Visages de la pauvreté à Madagascar : Evaluation de la pauvreté, du genre et de l'inégalité, avril, 26 p.

    BANQUE MONDIALE, (2001), Rapport sur le développement dans le monde : combattre la pauvreté, Ed. ESKA, 20 p.

    CLING, J.-P., RAZAFINDRAKOTO, M., et ROUBAUD, F., (2002) « La Banque Mondiale et la lutte contre la pauvreté : tout changer pour que tout reste pareil », DIAL, Document de Travail, DT/2002/09, 131 p.

    DAVID-BENZ, H., DIALLO, A., LANÇON, F., MEURIOT, V., RASOLOFO, P., TEMPLE, L., WANE, A. (2010), L'imparfaite transmission des prix mondiaux aux marchés agricoles d'Afrique subsaharienne, CIRAD, FARM, 124 p.

    DAVID-BENZ, H., RASOLOFO, P., TSISALOVANINA, L., (2009), Les prix du riz à Madagascar : crise et résilience du marché. Actes de l'atelier national sur la recherche et le développement du riz pluvial à Madagascar, FOFIFA, CIRAD, Univ. d'Antananarivo, URP SCRiD, 14-15 octobre.

    FMI, (2007), « Document de stratégie de réduction de la pauvreté, Plan d'action de Madagascar » n : 07/59 du Madagascar, février, 115 p.

    HUGON, P., (1993), « L'impact de l'aide sur le développement ». Le cas de Madagascar. In: Tiers-Monde., Tome 14 n°56. 824 p.

    INSTAT (1996), Enquête auprès des Ménages, 144 p.

    (2002), Enquête auprès des Ménages, 170 p.

    (2010), Enquête auprès des Ménages, 114 p.

    (2014), Synthèse des différents thèmes, ENSOMD 2012-2013, 64 p.

    PNUD, (2013), L'essor du Sud . le progrès humain dans un monde diversifié, Rapport sur le développement humain, 208 p.

    (2008), La mesure de la pauvreté et de l'exclusion sociale : quels indicateurs ?

    juin, 67 p.

    RATOVONDRAHONA, P., et RATSIMANDRESY, J., (1996), Une approche régionale de la pauvreté à travers des analyses des indicateurs de développement humain (IDH) et de privation des capacités (IPC), novembre, 17 p.

    ROBIARIVONY, J., (1994), Madagascar Rapport d'achèvement du programme d'ajustement structurel, Phase I du décembre, 60 p.

    UNICEF, (2012), Analyse de la pauvreté des enfants à Madagascar, 129 p.

    IV. MEMOIRE ET THESE SOUTENUS

    104

    BOCKEL, L., (2003), Filière riz et pauvreté rurale à Madagascar . Déterminants d'une stratégie de réduction de la pauvreté rurale et politiques publiques de développement, Thèse pour l'obtention du doctorat en Sciences Économiques, présentée et soutenue publiquement en octobre 2003, Université de Metz, Faculté de droit, d'Économie et d'Administration, 306 p.

    RAZANAMANA, M., Les dépenses publiques et la croissance économique à Madagascar (2009 à 2012), mémoire de maîtrise ès-sciences économiques, soutenu en octobre 2013, Université de Toamasina, 118 p.

    V. SUPPORTS PEDAGOGIQUES

    ALPHAISE, X., (2012-2013), Cours de politiques de développement et régulations internationales », 4eme année d'économie, Université de Toamasina.

    MBIMA, C., (2010-2011), Cours de politique économique de la 4ème année d'économie, Université de Toamasina.

    MUBAKE, M., (2007), Notes du cours d'Economie Financière, L2 Sciences Economiques et de gestion, 4ème édition, FASEG, UNIKIN, , 92 p.

    RAKOTONANDRASANA, M., (2012-2013), Cours de l'économétrie en 4eme année d'économie de l'université de Toamasina.

    ROLAND, M., (2012-2013), Cours d'économie de développement de la 3ème année d'économie, Université de Toamasina.

    VAVISOA, A., (2010-2011), Cours d'économie Financière de la 4ème année d'économie, Université de Toamasina.

    V. SITOGRAPHIE

    www.mesupres.gov.mg/thèse.recherche vu le 06/08/2014 à 15h. http://semioscope.free.fr/article.php3?id_article=8 vu le 05/08/2014, à 17h.

    https://www.google.mg/search?q=DEFINITION+DE+L%27ETAT&ie=utf-8&oe=utf vu le 08/08/2014, à 15h.

    http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=ETRU&ID_NUMPUBLIE=ETRU_159&I D_ARTICLE=ETRU_159_0035 vu le 16/07/2014 à 8h.

    http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=ETRU&ID_NUMPUBLIE=ETRU_159&I D_ARTICLE=ETRU_159_0035 vu le 16/07/2014 à 8h.

    105

    106

    INDEX DE NOM DES AUTEURS

    BANERJEE, A.V., 7, 101.

    BELLONCLE, G., 8.

    BIDOU, J.-E., 88

    BOUTILLIER, S., 8.

    CAMPENHOUDT, L.-V., 8.

    CAPUL, Y., 36.

    CHAMBRY, E., 12.

    DAVID-BENZ, H., 88,100

    DEBRAT, J.-M., 7, 99, 102.

    DIALLO, A., 88, 100

    DROY, I., 27, 71, 88, 100

    DUFLO, E., 7, 101.

    EASTERLY, W., 7, 82, 96.

    FIGUEIREDO., 13.

    FUSCO, A., 7.

    GOGUEL, A., 8.

    KEYNES, J.-M., 34, 35, 101

    LANÇON, F., 88, 100

    LOWENTHAL, P., 36

    MASLOW, A., 15, 41, 102

    MENY, Y., 58

    MEURIOT, V., 88, 100

    MILL, J.-S., 33

    MUBAKE, M., 37

    PAUGAM, S., 17

    RANDRETSA, I., 12, 24

    RASOLOFO, P., 27, 88, 100

    RATOVONDRAHONA, J., 28

    RATSIMANDRESY J., 27

    RAZAFIMANANTENA, T., 12, 24

    RAZAFIMANDIMBY, J., 12, 24

    RAZAFINDRAVONONA, J., 12, 24

    RICARDO, D., 33

    ROBERT, T.-M., 33

    RODGERS, 13

    SAY, J.-B., 33

    SEN, A., 17, 37, 101

    SEVERINO, J.-M., 7, 99, 102

    SIMMEL, G., 12

    SMITH, A., 12, 33

    TEMPLE, L., 88, 100

    THOENIG, J.-C., 58,

    TINBERGEN, J., 58, 83

    UZUNIDIS, D., 8

    WANE, A, 88, 100

    INDEX DES NOTIONS

    Agences d'aide, 7.

    Ajustement Structurel, 5, 42, 62, 64, 65, 66, 67, 86, 89, 100 et passim.

    Bailleurs de fonds, 58, 64, 66, 82, 102.

    Banque Mondiale, 5, 7, 18, 19, 23, 44, 62, 64, 65, 66, 67 et passim.

    Corruption, 16, 73, 102.

    Déclaration du Millénaire, 75.

    Econométrie, 52.

    Économie du développement, 7, 82.

    Économie sociale, 41, 99.

    État de dénuement, 12, 102.

    Exclusion sociale 13, 22, 24, 37, 69.

    Extrême pauvreté, 44, 75, 76.

    Finances publiques, 34, 36, 60, 69, 82.

    Fonction d'allocation, 36.

    Fonction de redistribution, 36, 37.

    Gouvernance, 16, 69, 72, 75, 82, 99.

    Incidence de la pauvreté, 17, 18, 28, 29, 42, 61, 72.

    Inflation, 13, 38, 40, 42, 60, 64, 65, 76, 86, 87, et passim.

    Intensité de la pauvreté, 28, 30, 72.

    Intervention publique, 8, 34, 35, 41, 51, 55, 100.

    Investissement à outrance, 42, 59.

    Nationalisme, 42.

    Objectifs du millénaire, 74, 94.

    Pauvreté absolue, 17, 18.

    Pauvreté humaine, 12, 15, 18, 20, 21, 23, 24, 52.

    Pauvreté moderne, 13, 22.

    Pauvreté monétaire, 12, 13, 18, 19, 20, 23.

    Pauvreté relative, 17.

    Politique budgétaire, 34, 59.

    Politique de revenus, 59.

    Politique économique, 8, 24, 36, 38, 58, 60, 96, 99, 100.

    Politique fiscale, 34, 59.

    Politique monétaire, 59, 88.

    Politique sociale, 59.

    Privation matérielle, 12.

    Programmes de développement, 7, 41.

    Secteur informel, 14, 65, 98.

    Secteur privé. 7, 33, 35, 63, 68, 69, 82, 98.

    Seuil de pauvreté, 19, 23, 24, 28, 29, 30, 31, 76.

    Société civile 16, 82.

    107

    ANNEXES

    ANNEXE I. Les principaux indicateurs de suivi du DSRP

    Source : DSRP complet (2007).

    108

    ANNEXE II. Situation de la pauvreté selon le genre et la situation matrimoniale du chef de ménage

    109

    Source : INSTAT, EPM 1993, 1997,1999 et 2001.

    ANNEXE III. Le cercle vicieux de la pauvreté

    110

    Source : Bernard conte (2003), les cercles vicieux de la pauvreté, p. 102.

    111

    LISTE DES ILLUSTRATIONS

    LISTE DES FIGURES

    Figure n°1. Le carré magique de Nicolas Kaldor 38

    Figure n°2. La synthèse des rôles de l'Etat 39

    Figure n°3. L'APD est un concept aux ramifications multidisciplinaires 82

    LISTE DES GRAPHIQUES

    Graphique n°1. La pauvreté monétaire et la croissance économique 20

    Graphique n°2. Évolution à court terme de la pauvreté entre 2001 et 2012 à Madagascar 21

    Graphique n°3. Évolution de l'IDH de 2002 à 2008 26

    Graphique n°4. Évolution de l'incidence de la pauvreté à Madagascar 28

    Graphique n°5. Évolution de l'intensité de la pauvreté à Madagascar 29

    Graphique n°6. La distribution du revenu par niveau de développement et par région en1976 43

    Graphique n°7. Les dépenses publiques en % PIB et les taux de croissance économique 50

    Graphique n°8. Evolution des recettes, des dépenses publiques et du solde global de 2005 à 2012 60

    Graphique n°9. Evolution de l'IDH de 2002 à 2006 69

    Graphique n°10. Evolution des variables macroéconomiques de 2003-2006 70

    Graphique n°11. Evolution du volume des Aides Publiques au Développement de 2005 à 2012 83

    Graphique n°12. Variation du niveau de revenu moyen (en $ par habitant) de 2005 à 2012 86

    Graphique n°13. Evolution du taux d'inflation 2005-2012 (en pourcentage) 87

    Graphique n°14. Evolution des Investissement Directs Etrangers (IDE) de 2005-2012 (en millions de DTS) 88

    Graphique n°15. Tendance de la malnutrition chronique, de 1992 à 2012 (standard OMS) 91

    Graphique n°16. Evolution des Taux Bruts de Scolarisation de 2006 à 2012 (en pourcentage) 92

    Graphique n°17. Evolution des principaux indicateurs de la santé de 2007 à 2012 (en %) 94

    112

    LISTE DES TABLEAUX

    Tableau n°I. L'incidence de la pauvreté absolue selon les provinces 17

    Tableau n°II. L'évolution du ratio de pauvreté de 1993 à 2010 19

    Tableau n°III. Variations des composantes de l'IDH de 2002 à 2008 26

    Tableau n°IV. Évolution des IDH, ISDH, et IPH de Madagascar 27

    Tableau n°V. Évolution de l'incidence de la pauvreté par faritany (ex-province) 29

    Tableau n°VI. Évolution de l'intensité de la pauvreté par faritany (ex-province) 30

    Tableau n°VII. Évolution récente des indicateurs macroéconomiques de Madagascar 42

    Tableau n°VIII. Total de recettes et la distribution (unité=1000suk) 45

    Tableau n°IX. Accroissement des inscriptions scolaires au Corée depuis 1945 47

    Tableau n°X. Taux de croissance des facteurs de production et leur contribution à la Croissance économique 49

    Tableau n°XI. Les résultats de calculs économétriques 52

    Tableau n°XII. Indicateurs économiques et financiers de 1988 à 1993 64

    Tableau n°XIII. Principales innovations apportées par le DSRP 66

    Tableau n°XIV. Programmes et sous-programmes de réduction de la pauvreté dans le DSRP 68

    Tableau n°XV. Les grands objectifs du MAP 72

    Tableau n°XVI. Indicateurs OMD sur la pauvreté et la faim 74

    Tableau n°XVII. Indicateurs OMD sur l'éducation 75

    Tableau n°XVIII. Indicateurs OMD dans le domaine de la parité hommes/femmes 76

    Tableau n°XIX. Indicateur OMD en mortalité et santé des enfants 77

    Tableau n°XX. Indicateurs OMD de la santé maternelle 78

    Tableau n°XXI. Indicateurs de l'OMD en VIH/Sida, le paludisme et la tuberculose 79

    113

    TABLE DES MATIÈRES

    SOMMAIRE

    REMERCIEMENTS

    LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES

    GLOSSAIRE

    INTRODUCTION 1
    PARTIE I : LES GÉNÉRALITÉS SUR LA PAUVRETÉ ET L'IMPORTANCE DU RÔLE DE L'ETAT

    DANS LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ. 9

    CHAPITRE I. LE CONCEPT DE PAUVRETÉ 11

    SECTION I. LA DÉFINITION ET LA CAUSE DE LA PAUVRETÉ 11

    I-1. La définition de la pauvreté 11

    I-2. La cause de la pauvreté à Madagascar 13

    I-2-1. La cause de la pauvreté monétaire 13

    II-2-2. La cause de la pauvreté humaine 15

    SECTION II. LES CRITÈRES DE CLASSIFICATION DE LA PAUVRETÉ 16

    II-1. L'approche objective et l'approche subjective 16

    II-2. La pauvreté absolue et la pauvreté relative 17

    II-3. La pauvreté conjoncturelle ou la pauvreté structurelle 18

    II-4. La pauvreté monétaire et pauvreté humaine 18

    II-4-1. La pauvreté monétaire 18

    II-4-2. La pauvreté humaine 20

    II-5. La pauvreté moderne 22

    SECTION III. MESURES DE LA PAUVRETÉ 22

    III-1. Mesure de la pauvreté monétaire 23

    III-2. Mesures de la pauvreté humaine 24

    III-3. Incidence de la pauvreté et l'intensité de la pauvreté 28

    CHAPITRE II. IMPORTANCE DU RÔLE DE L'ETAT DANS LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 31

    SECTION I. FONDEMENTS THÉORIQUES DE L'INTERVENTION DE L'ETAT DANS

    L'ÉCONOMIE 31

    I-1. Définition et justification théorique de l'intervention de l'Etat dans l'économie 31

    I-1-1. Etymologie et définition de l'Etat 32

    I-1-2. Justification théorique de l'intervention de l'Etat 32

    I-2. Rôles économiques de l'Etat 35

    I-2-1. Fonction d'allocation ou d'affectation des ressources 35

    I-2-2. Fonction de redistribution ou fonction de répartition 36

    114

    I-2-3. Fonction de régulation ou fonction de stabilisation 36

    SECTION II. EXPÉRIENCES VECUES À MADAGASCAR ET DANS LES NOUVEAUX PAYS

    INDUSTRIALISÉS 40

    II-1. Expérience vécue à Madagascar 40

    II-1-1. Pendant la période poste coloniale 40

    II-1-2. Pendant la période libérale 41

    II-1-3. Expérience vécue durant les dix dernières années 42

    II-2. Expériences vécues dans les pays nouvellement développés 43

    II-2-1. Politiques de lutte contre la pauvreté au Corée 43

    II-2-2. Effets de la distribution initiale équitable de revenu 45

    II-2-3. Effets sur la croissance 48

    SECTION III. ÉTUDE DE LA CORRÉLATION DES DÉPENSES PUBLIQUES ET LA RÉDUCTION

    DE LA PAUVRETÉ À MADAGASCAR 50

    III-1. Évaluation comparative de la situation économique et dépenses publiques 50

    III-2. Méthodologie économétrique 51

    III-2-1. Contexte d'élaboration du modèle 51

    III-2-2. Spécification empirique 51

    III-3. Interprétation 53

    PARTIE II LES MOYENS UTILISÉS PAR L'ETAT POUR RÉDUIRE LA PAUVRETÉ. 55

    CHAPITRE I. ANALYSE DES POLITIQUES ET DES STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE LA

    PAUVRETÉ A MADAGASCAR 57

    SECTION I. POLITIQUES ÉCONOMIQUES APPLIQUÉES PAR LE GOUVERNEMENT

    MALGACHE 57

    I-1. Définitions et outils de la politique économique 57

    I-2. Manifestations des politiques économiques appliquées à Madagascar 58

    SECTION II. ANALYSE DES STRATÉGIES NATIONALES DE RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 61

    II-1. Ajustement structurel 61

    II-1-1. Définition de l'ajustement structurel 61

    II-1-2. Modèle de stabilisation utilisé dans le cadre du PAS 62

    II-1-3. Ajustement structurel pour Madagascar 63

    II-2. DSRP 65

    II-2-1. Rappel du contexte 65

    II-2-2. Principes à la base des DRSP 66

    II-2-3. Apports du DSRP dans le processus de développement 67

    II-2-4. Résultats obtenus 69

    115

    II-2-4-1. Développement humain 69

    II-2-4-2. Impacts économiques 70

    II-2-4-3. Les indicateurs de la pauvreté 71

    II-3. MAP 71

    SECTION III. ANALYSE DES STRATÉGIES INTERNATIONALES DE RÉDUCTION DE LA

    PAUVRETÉ 73

    III-1. Objectifs du millénaire pour le développement 73

    III-1-1. OMD et la réduction de l'extrême pauvreté et la faim 74

    III-1-2. OMD et l'éducation primaire pour tous 75

    III-1-3. OMD et la promotion de l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes 76

    III-1-4. OMD et la réduction de la mortalité infantile 77

    III-1-5. OMD et l'amélioration de la santé maternelle 77

    III-1-6. OMD et la lutte contre du VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies 79

    III-1-7. OMD et préservation de l'environnement 80

    III-1-8. OMD et le partenariat mondial pour le développement 80

    III-2. Aide publique au développement (APD) 81

    CHAPITRE II. EFFETS DE CES POLITIQUES SUR LES PAUVRES 85

    SECTION I. CONSEQUENCES ECONOMIQUES 85

    I-1. Effet de ces différentes politiques publiques sur la croissance et le revenu par habitant 85

    I-2. Effet des politiques publiques sur l'inflation et l'investissement direct étranger 86

    I-3. Effet des politiques publiques sur le développement humain 89

    SECTION II. CONSEQUENCES SOCIALES 90

    II-1. Nutrition 90

    II-2. Éducation 92

    II-3. Santé 93
    SECTION III. SUGGESTIONS POUR UNE EFFICACITE ACCRUE DES ACTIONS DE L'ETAT EN

    FAVEUR DE LA REDUCTION DE LA PAUVRETE A MADAGASCAR 95

    III-1. Promotion d'une croissance pro-pauvre 95

    III-2. Rôle primordial de la puissance publique 96

    III-2-1. Réduction des inégalités 96

    III-2-2. Promotion de l'emploi pour le jeune 97

    III-3. Contribution de la décentralisation et la participation citoyenne à la réduction de la pauvreté 97

    III-4. La promotion de l'économie sociale et solidaire 98

    CONCLUSION 100

    BIBLIOGRAPHIE 102

    ANNEXES 108

    LISTE DES ILLUSTRATIONS 111

    RÔLE DE L'ÉTAT DANS LA
    RÉDUCTION DE LA

    PAUVRETÉ À MADAGASCAR

    Madagascar est reconnu internationalement de sa grande richesse naturelle. Pourtant, la pauvreté continue à frapper la majeure partie de la population et que le pouvoir d'achat, le niveau de vie des Malgaches diminuent de jour en jour. Nombreux sont les politiques et les programmes lancés pour l'éradication de la pauvreté et la lutte contre ce fléau mais avec des résultats mitigés.

    L'étude de cas pour Madagascar par la méthode des moindres carrés ordinaires, concernant le rôle de l'Etat dans la réduction de la pauvreté a mis en exergue une corrélation moyenne de R2 = 0,51 entre les dépenses publiques malgaches et l'IDH. Ce qui signifie que l'intervention publique effective pourrait figurer parmi les moyens efficaces pour réduire la pauvreté.

    Mots clés :

    Bailleur de fonds, intervention publique, politique de pansement, Politique économique de Madagascar, Réduction de la pauvreté, Privation matérielle, Programme de développement.






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway