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La communication institutionnelle des entreprises, etablissements et services publics en RDC

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par Franck MUKANYA-LUSANGA
IFASIC (Institut Facultaire des Sciences de l'Information et de la Communication) à KINSHASA/GOMBE  - DES (Diplôme d'Etudes Supérieures en SIC) 2015
  

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République Démocratique du Congo

Ministère de l'Enseignement Supérieur et Universitaire

INSTITUT FACULTAIRE DES SCIENCES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION

« IFASIC »

DEPARTEMENT DU 3ème CYCLE

KINSHASA/GOMBE

La communication institutionnelle des entreprises, établissements et services publics en RDC

Franck MUKANYA-LUSANGA

Mémoire présenté et soutenu publiquement

en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes

Approfondies en Sciences de l'Information et

de la Communication (DEA)

Promoteur : Jean-Claude MATUMWENI MAKWALA

Professeur Ordinaire

Kinshasa, Juillet 2015

«L'essentiel est invisible. »

Antoine de SAINT EXUPERY

(Le Petit Prince)

AVANT-PROPOS

A l'instar de bien d'autres avant nous, nous nous sommes juchés sur les épaules des géants, pour essayer de voir plus loin. En effet, quel immense privilège de pouvoir exprimer ici notre gratitude au Professeur Emérite Paul OKOMBA WETSHISAMBI, au Professeur Elite IPONDO ELIKA et au Professeur Associé Pierre NDEKE ALEY, membres du comité d'encadrement pour le pilotage de cette étude !

Nous sommes particulièrement reconnaissants à notre promoteur, le Professeur Ordinaire Jean-Claude MATUMWENI, pour la rigueur attendue mais aussi la bienveillante patience dont il a fait montre à notre égard. Quoique redire merci demande si peu de temps, l'objet diamant de notre merci va demeurer quant à lui éternel...

A tous les membres du corps académique de l'IFASIC, qui nous ont nourris sans compter de leur savoir, nous exprimons également notre gratitude. Quelle frustration de n'avoir pu bénéficier des avis éclairés de chacun d'eux, pour les différentes perceptions rapportées ici et, surtout, pour la moindre facette de vérité que nous avons cru pouvoir dessiner à partir desdites perceptions !

Par cette étude, nous avons souhaité projeter une passerelle, si frêle soit-elle, entre le savoir théorique et les réalités de terrain. Puisse notre voeu trouver son accomplissement dans le jugement sévère de nos potentiels lecteurs, tout autant que nous l'avons eu et l'aurons toujours, sans illusion, vis-à-vis de nous-mêmes !

***

*

Chaleureux merci à Brigitte, ma conjointe et patiente amie extrêmement bienveillante, qui en a accompagné de près et au quotidien toute la laborieuse réalisation. A elle et, par delà la vie, à mon frère cadet Emmanuel MBIYA KALOMBA, je dédie les présentes pages. Avec mon entière affection. Ultime merci à Eliane, Maxime, Alhowin et Régisken -mes enfants- pour leur encourageante présence dans mes pensées...

Franck Elias Mukanya-Lusanga

Kinshasa, 15 juillet 2015

GLOSSAIRE DES SIGLES

ACAD : Association des Commissionnaires et Agences en Douane

ANAPI : Agence Nationale pour la Promotion des Investissements

DGDA : Direction Générale des Douanes et Accises

OCC : Office Congolais de Contrôle

OGEFREM : Office de Gestion de Fret Multimodal

ONT : Office National de Tourisme

REGIDESO : Régie de Distribution d'Eau

RVA : Régie des Voies Aériennes

SCTP : Société Congolaise des Transports et des Ports, ex-ONATRA

SNEL : Société Nationale d'Electricité

SONAS : Société Nationale d`Assurances

SERCOM : Service Communication

COMPRESSE : Service Communication et Presse

DSI : Département Systèmes d'Informations

APIC : Agence pour la Promotion de la Presse Indépendante au Congo

ANEP : Association Nationale des Etablissements Publics et Entreprises du Portefeuille

DEMARK : Département Marketing

DIRCOM : Direction Commerciale

DGI : Direction Générale des Impôts

DGE : Direction des Grandes Entreprises

COPIREP : Comité de Pilotage pour la Réforme des Entreprises Publiques

FEC : Fédération Nationale des Entreprises du Congo

FIKIN : Foire Internationale de KINSHASA

OMC : Organisation Mondiale du Commerce

OMD : Organisation Mondiale de Douanes

CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement Economique

TFC : Travail de Fin du Cycle de graduat

CPCE : Cadre Permanent de Concertation Economique public-privé sous l'égide du Ministère de l'Economie Nationale

INTRODUCTION GENERALE

« La communication institutionnelle des entreprises, établissements et services publics en RDC ». Tel est le sujet de la présente étude, qui couvre les entreprises naguère regroupées sous l'appellation générale d'entreprises publiques.

Plusieurs de ces entités économiques ont fait l'objet de réformes et continuent de l'être jusqu'à ce jour. Aux termes de la Loi N° 08/007 du 07 juillet 2008 portant dispositions générales relatives à la transformation des entreprises publiques, elles ont subi la mutation en sociétés commerciales, en établissements publics, ou en services publics. D'autres en revanche ont été purement dissoutes et liquidées.

Ainsi, l'entreprise du portefeuille en RDC est aujourd'hui, selon la Loi N° 08/010 du 07 juillet 2008 fixant les règles générales portant dispositions générales relatives à l'organisation et à la gestion du Portefeuille de l'Etat, toute société dans laquelle l'Etat ou toute personne morale de droit public détient la totalité des actions ou une participation. Elle appartient au secteur marchand, c'est-à-dire tout secteur d'activités économiques soumis à la concurrence et dont le but est de générer des profits.

Quant à l'établissement public, il s'agit de toute personne morale de droit public créée par l'Etat en vue de remplir une mission de service public. Il dispose d'un patrimoine propre et jouit de l'autonomie de gestion. L'établissement public est placé sous la tutelle du Ministre ayant dans ses attributions le secteur d'activités concerné par son objet à caractère soit administratif, soit social et culturel, soit scientifique et technique. Les activités des établissements publics sont soit non lucratives et non concurrentielles, soit bénéficiaires d'une parafiscalité.

Cependant, le concept de service public est réservé à « tout organisme ou toute activité d'intérêt général relevant de l'Administration publique »1(*). Les services publics sont ainsi créés au sein des Ministères et placés sous l'autorité directe du Ministre ayant leurs activités dans ses attributions, quoiqu'étant dotés de l'autonomie administrative et financière. Leurs activités sont en fait un prolongement de celles confiées à l'administration publique.

Cette étude se situe dans le champ de la communication institutionnelle orientée vers l'amélioration continue ou la performance. Il s'agit de la communication des organisations autrement dénommée la corporate, précisément celle des ex-entreprises publiques en RDC dont nous venons de décrire sommairement le redéploiement par l'Etat-propriétaire.

A l'examen des motifs invoqués pour justifier la dernière réforme, il ressort notamment :

· la volonté d'atténuer la charge que ces entités font supporter au budget de l'Etat et de les recentrer sur leurs missions essentielles ; 

· le désengagement de l'Etat vis-à-vis des activités marchandes, aux fins d'arrêter la dégradation de 1'économie congolaise.2(*)

Plus globalement, la réforme des entreprises publiques réalisée en 2008, après celle de 1978, a été justifiée par le fait que ces entreprises ne répondaient point à leurs missions principales. Traduction implicite d'un mécontentement de l'Etat propriétaire, de la FEC ainsi que d'autres partenaires clients, des transformations ont été estimées nécessaires au plan structurel et juridique pour les rendre performantes, sinon enrayer leur dépérissement.

En effet, signe de l'image plutôt peu favorable dont elles sont entachées auprès de différents publics, ces entreprises sont fréquemment affublées d'attributs négatifs tels que : « Bande de voleurs », « Société de délestages », « Sources de tracasseries », « Obstacles à l'amélioration du climat des affaires », « Responsables du mauvais classement de la RD Congo dans le Rapport Doing Business de la Banque mondiale », « Canards boiteux ». Autant d'anathèmes entendus maintes fois à l'occasion des forums économiques sur le sol congolais ou à l'étranger, quelquefois relayés par les médias avec une délectation suspecte.

Ainsi, dans les memoranda adressés régulièrement aux instances politiques ou à des organisations de régulation économique et commerciale internationales (Banque mondiale, OMC, etc.) par la FEC, une image peu reluisante des entités économiques sous examen est présentée en raison notamment de la pression fiscale ou parafiscale qu'elles sont réputées constituer pour le secteur privé, ainsi que de nombreuses carences dont elles sont chargées.

Aussi, est-ce à ces entités qu'il est imputé constamment, entre autres, l'enchérissement des importations et, en corollaire, la perte du pouvoir d'achat.

Face à la FEC, l'ANEP qui survit malgré les dernières transformations appliquées au secteur économique public sous le même acronyme tout en modifiant son contenu, aligne des arguments laissant plus d'une fois les auteurs dans un sentiment d'impuissance, faute de parvenir à convaincre leurs interlocuteurs.

Au-delà des griefs généraux et présentés de manière lapidaire ci-dessus, il y a lieu de ressortir d'ores et déjà quelques reproches adressés spécifiquement à l'une ou l'autre des entités concernées, quitte à revenir dessus un peu plus loin.

Signalons ainsi, à titre indicatif, ce qui était écrit au sujet de la SNEL en novembre 2012 par un quotidien assez lu de Kinshasa : « Il pleut régulièrement sur la SNEL. Chaque Congolais y va de sa critique. Et les dirigeants de cette entreprise publique en prennent, chacun, pour leur grade. Normal, serait-on tenté de dire. Tant le problème de courant se pose avec acuité à Kinshasa, comme en province. Dans la capitale, on vit sous la hantise des coupures ou du délestage. Délestage, un mot vieux comme le dictionnaire certes. Mais, qui dans le contexte kinois renvoie systématiquement à la SNEL ».

L'auteur de l'article poursuit en se demandant si la SNEL « tant décriée » n'était, pour l'essentiel, que le reflet de l'absence d'investissements dont souffrent toutes les entreprises publiques depuis près de quatre décennies. Cela toucherait selon lui toutes les sociétés d'Etat, dont notamment l'ex-ONATRA, l'ex-RVM, la SNEL et la REGIDESO, avec la particularité que les services de ces deux dernières impactent directement notre quotidien.

Après ainsi un exposé des faits plutôt favorables à la SNEL, l'auteur termine en posant cette autre question : « Combien le savent ? Décidément, la SNEL devait cesser de ressembler à la Grande muette. »3(*)

S'agissant de l'OCC, il est récurrent de noter comme accusations particulières « la présence des produits avariés sur le marché, l'intangibilité des services rendus à l'opérateur économique, ou la hauteur disproportionnée des tarifs appliqués auxdits services ».4(*) D'autres lui reprochent par ailleurs « les dysfonctionnements enregistrés au sein des Guichets uniques à l'importation et à l'exportation ».

Suivant ainsi une enquête réalisée entre novembre 2003 et janvier 2004 auprès de 110 agents économiques, avec notamment comme sujet d'interrogation la connaissance des activités de l'OCC, il est apparu que pour 18 % des personnes interrogées, cet office était une régie financière de l'Etat au même titre que la DGI ou la DGRAD, par exemple. Sept % d'individus ne voyaient point en quoi l'OCC était différent de l'ex-OFIDA, tandis que 35,5 % étaient simplement sans réponse.5(*)Un débat, qui a fini par s'essouffler, a même surgi en 2009 autour du transfert à la DGDA des « activités douanières » de l'OCC.

En mai 2006, l'agence conseil de Marketing et Communication WOLGIAM avait réalisé une étude d'image institutionnelle de l'OCC auprès de 811 personnes, dont 243 importateurs, 176 producteurs locaux, 118 transitaires, 60 fonctionnaires de l'Etat, 164 exportateurs et 50 agents de l'OCC. Il en est ressorti que l'OCC était perçu comme « une entreprise mal organisée, mal gérée, et mal équipée, peu dynamique et peu performante, à laquelle on ne pourrait pas faire confiance ».6(*)

A la SONAS, il est couramment reproché de ne pas être en mesure d'honorer les polices d'assurance souscrites par ses abonnés ou de remplir le rôle que l'on est en droit d'attendre d'elle en matière de financement et de protection des investissements.7(*) Quant à la SCTP et à la REGIDESO, si tant est qu'il faille chercher les reproches portés à leur égard, il n'est pas difficile de rencontrer des manifestations d'insatisfaction en rapport avec « la  vétusté » et « l'obsolescence » de l'outil de production, la hauteur inacceptable des tarifs ou, plus en bref, la qualité des services rendus.8(*)

Concernant la DGDA, un haut responsable du Pays en charge des questions économiques et financières sous le régime de la transition politique, entre 2003 et 2006, a jadis parlé de ses agents en lançant la question suivante au cours d'une réunion publique : « Qui ignore que les douaniers sont les premiers propriétaires immobiliers dans ce Pays ? ».

Des accusations fondées ou fantaisistes de fraude « massive » sont fréquemment portées à l'endroit de son personnel, en complicité avec la communauté des déclarants en douane.9(*) Elles reçoivent régulièrement en échos des campagnes initiées en interne contre la fraude, orientées aussi bien vers le public externe que vers celui de l'intérieur. Certains sont allés jusqu'à parler de la « porosité » de la douane nationale. Et que dire aussi des guerres de positionnement entre ses dirigeants pour le contrôle de la maison, dont les journaux manipulés ou sincères font souvent écho ?10(*)

De la plume même des douaniers, il existe des écrits pour fustiger « le divorce de la morale d'avec l'éthique douanière » et proclamer que « La fraude [douanière] est devenue un véritable phénomène national ». Nous lisons que « l'Administration douanière, au niveau de ses différents échelons hiérarchiques, se retrouve bien souvent elle-même dans l'organisation, la couverture et l'entretien de la fraude (...) les pires délinquants de la fraude se recrutent essentiellement parmi certains agents et hauts cadres de cette Administration et de sa Brigade, manipulant à souhait le délit d'initié et de police douanière avec les suppôts d'opérateurs économiques véreux».11(*)

Au groupe de projet qui travaillait naguère sur le programme de la réforme et de la modernisation de l'OFIDA, on doit en conclusion du réquisitoire précédent cette phrase rapportée par un douanier : « L'OFIDA n'assure correctement ni la mission économique ni la mission fiscale qui incombe à une administration des douanes moderne... ».12(*) Plus loin, le rapporteur écrit : « La douane congolaise est malade d'une fraude généralisée et quasi institutionnalisée ».13(*)

Par rapport à l'ANAPI, non visée toutefois par la dernière réforme, d'aucuns s'interrogent sur le bilan de ses activités, lorsqu'ils considèrent à titre indicatif que le nombre d'entreprises était plus ou moins de 2.000 en 2012, contre environ 14. 000 en 1970, selon les estimations de certains milieux d'affaires congolais. Cette dégringolade est à lire, certes, en gardant à l'esprit la faillite immédiate d'au moins 4.000 entreprises agricoles et minières nationalisées vaille que vaille en 1973, sans compter les pillages qui ont fini par mettre à genoux notre industrie dans la décennie quatre-vingt dix. Mais, aurait-il été fou d'imaginer une relative remontée depuis lors ?

Ainsi, est-il noté que des structures étatiques et du monde corporatif, dont l'ANAPI, sont officiellement à pied d'oeuvre pour soutenir les efforts visant à attirer et promouvoir les investissements. Mais l'impact réel de leur engagement sur le terrain reste assez mitigé, à la lumière du potentiel réel d'investissements dont regorge la RDC pratiquement dans tous les domaines.14(*)

Parmi ceux qui pensent qu'aucun service de l'Etat ne semble guidé par la satisfaction du client, situation illustrée notamment par l'inexistence quasi totale des boîtes à suggestions dans tous les services publics, le cas de la RVA est cité en particulier. Les plaintes des voyageurs pour tracasseries et vols notamment dans ses installations sont en effet loin d'être un secret, bien que la situation commence à s'améliorer nettement depuis peu de temps.15(*)

D'autres entités publiques auraient pu faire l'objet d'un examen incisif de leur système communicationnel dans le cadre de cette recherche. Au nombre de ces entités restées en jachère, il y a notamment l'ONT, créé par l'Ordonnance n° 86-2010 du 12 juillet 1986. Plus de 25 ans après sa création, le secteur du tourisme en RDC reste parmi les moins structurés du continent africain, pour ne pas dire du monde. Le Kenya et la Tanzanie, à titre illustratif, ont longtemps généré annuellement et respectivement 4,5 et 3,4 milliards USD par leur secteur touristique. Le Kenya aurait conservé cet avantage compétitif n'eussent été les fréquents attentats terroristes qui ont fini par éloigner de son territoire les touristes naguère attirés par « le gorille de montagnes » campant à nos frontières communes.

Plusieurs griefs sont ainsi formulés au secteur touristique congolais :

- l'absence apparente d'un agenda clair et cohérent de développement du secteur de tourisme ;

- la difficulté de trouver à l'ONT des données statistiques à jour sur le nombre des touristes qui ont visité le pays sur les cinq dernières années ;

- l'absence d'un marketing agressif au niveau de différents salons internationaux sur le tourisme ;

- les reportages quasi systématiques de tous les grands médias  internationaux sur les épidémies, l'insécurité et la guerre dans le pays ;

- l'absence de brochures d'accueil et des catalogues des espèces biologiques des Parcs nationaux ;

- l'absence quasi-totale d'actions pour vendre une image positive du pays ;

- la limitation du tourisme à la visite des parcs nationaux et/ou des réserves naturelles en lieu et place de développement d'un tourisme intégral ;

- l'Absence d'un identifiant symbolique national dans l'imaginaire collectif mondial (exemple : Tour Eiffel pour la France, Statue de la liberté aux USA, Mont Kenya et Masaï-Mara pour le Kenya, Pyramides en Egypte, La Grande Muraille en Chine, etc.

Autant de faits qui ne devraient pas manquer d'interpeller, entre autres, les chercheurs et opérateurs de la communication publique, en l'occurrence celle des organisations.

La sélection au hasard des manchettes ainsi que des pages en annexe consacrées aux entreprises, établissements et services publics en transformation nous offre une image certes partielle et diffuse sur leur communication. Mais, en même temps, elle nous incite à vouloir cerner davantage le phénomène de la communication institutionnelle en leur sein.

La présente étude a ainsi pour objet de capter et décrire la communication institutionnelle des entreprises, établissements et services publics en RDC, face notamment aux nombreux griefs qui sont portés à leur égard.

En effet, l'histoire renseigne qu'à l'origine de la mauvaise image d'une institution figure souvent, non seulement sa probable mauvaise conduite, mais aussi un déficit communicationnel. Et les relations publiques sont nées précisément de ce constat.16(*)

Se demandant s'il fallait y voir un paradoxe, Stéphane BILLIET relève dans la situation française que les entreprises les moins bien perçues sont celles qui ont la communication d'entreprise la plus puissante, ou en tous cas, les plus gros moyens ! Quasiment, rapporte-t-il, un Français sur deux a une mauvaise image des patrons de grandes entreprises. Il ajoute qu'indéniablement la taille et le degré de proximité jouent un rôle déterminant dans le rapport à l'entreprise. Reconnaissant qu'à l'évidence la relation tendue entre l'entreprise et la société ne relève pas essentiellement de communication, BILLIET estime néanmoins que puisqu'en cette matière la communication est en permanence convoquée, il est légitime de mettre la communication au pied du mur.

Tel est aussi le sens de notre démarche, orientée principalement vers les émetteurs de la communication institutionnelle des entreprises, établissements et services publics, sans disposer des mêmes moyens d'investigation ni d'informations quantitatives qui auraient la même précision que celles de l'auteur précité.

1. Problème général

Nous sommes préoccupés par l'hiatus apparent entre, d'une part, l'image voulue et projetée des entreprises, établissements et services publics et, d'autre part, leur image perçue.17(*) Cependant, nous ignorons avec précision le rapport entretenu par ces entreprises, établissements et services publics avec la communication qui vise à promouvoir une image positive de l'organisation.

Ainsi, indépendamment de la vérité ou de la fausseté éventuelle des critiques qui leur sont portées, la question générale de recherche soulevée ici est la suivante : « Comment les entreprises, établissements et services publics en RDC sont-ils organisés pour communiquer avec les différentes parties prenantes à leurs missions économiques et sociales ? »

De cette question générale procèdent notamment les questions sous-jacentes ci-dessous :

· Quelles sont les stratégies déployées par les entreprises, établissements et services publics en RDC pour améliorer leur image et quels en sont les fondements ou les facteurs explicatifs ?

· Le rôle et la place réservés à la communication correspondent-ils peu ou prou aux enjeux émanant du diagnostic stratégique des entreprises, établissements et services publics ?

· Quelles sont les variables déterminantes de la place et du rôle caractérisant la communication institutionnelle dans les entreprises, établissements et services publics en RDC ?

2. Etat de la littérature

Avant nous, d'autres travaux de recherche ont réalisé une incursion dans la communication d'organisation en RDC. Cependant, la littérature de haut niveau sur la communication institutionnelle en RD Congo est loin d'être foisonnante à ce jour. C'est du moins ce que nous inspire le résultat des prospections effectuées de première main au niveau de l'Institut Facultaire des Sciences de l'Information et de la Communication, ou indirectement à l'Université de Kinshasa, à l'Université Catholique de Kinshasa, à l'Université de Lubumbashi ou à l'Université de Kisangani.

A l'IFASIC18(*), nous avons identifié en particulier « La communication fiscale en République Démocratique du Congo. Cas de l'Administration Douanière, mémoire de DEA présenté en octobre 2011 par Simon KATENDE KANUMUANGI.

I1 s'agit d'une dissertation descriptive sur la communication institutionnelle de l'ex-OFIDA et actuelle DGDA. L'auteur s'y emploie à identifier la stratégie de communication développée par l'ex-OFIDA vis-à-vis de ses différents publics, sa stratégie des cibles, sa stratégie des médias et des supports, sa stratégie d'argumentation. Il indique en bref sa volonté de scruter la politique de communication mise en place par le système OFIDA dans le dessein légitime de se rapprocher de ses usagers en vulgarisant la loi douanière, les instructions et modes d'application y relatifs ainsi que de maximiser, par voie de conséquence, les recettes pour le compte du Trésor public.19(*)

Pour Simon KATENDE KANUMUANGI, les acteurs présents dans le champ communicationnel de l'ex-OFIDA sont : l'Administration douanière elle-même, la FEC, l'ACAD, les usagers de la douane et les organismes internationaux.20(*) Il souligne que sa recherche n'a pas l'objectif de répondre à la question générale (« Quelle est la stratégie de communication que l'OFIDA développe avec ses différents publics ? ») ni à ses sous-questions (identification de la stratégie des cibles, de la stratégie des médias, des supports et d'argumentation), mais de rester une dissertation purement descriptive. Celle-ci se termine par l'hypothèse annonciatrice d'une recherche doctorale, à savoir que « le rendement de la communication d'une entreprise reposerait sur la vulgarisation de ses missions sociales et sur la qualité des relations qui existent entre celle-ci et ses partenaires ».21(*)

Deux autres études ont retenu notre attention au niveau de l'Ecole Doctorale de IFASIC entre 2001 et 2013. II s'agit, d'abord, de « La communication budgétaire en République Démocratique du Congo », d'Odon NSAMPANGA ASSAS en 2011, qui a produit une monographie sur la communication et le budget de l'Etat. Il décrit, de la manière espérée aussi complète que possible, le circuit communicationnel du processus budgétaire de la RD Congo, cherche à établir les relations entretenues par les différents inter communicants. Il s'agit de cinq grandes catégories d'acteurs formant le réseau de l'information budgétaire :

· techniciens de l'élaboration du budget ;

· législateurs chargés de l'adoption ;

· Chef de l'Etat détenteur du pouvoir de promulgation ;

· structures chargées de l'exécution, au nombre desquelles les régies financières telles que la DGDA, la DGRAD et la DGI ;

· techniciens chargés de suivi-évaluation.

Ici, le problème général a résidé dans la méconnaissance du circuit de l'information dans le processus budgétaire : « Comment circule l'information entre les différents services ou entre les acteurs impliqués dans le processus budgétaire ? » De cette question générale ont dérivé plusieurs questions spécifiques portant sur l'identification des activités communicationnelles des différents acteurs du système budgétaire, les attributs de différents acteurs dans le système de communication budgétaire, les contenus produits et véhiculés par les différents acteurs, les supports utilisés, les stratégies devant être mises en oeuvre pour rendre efficace le système budgétaire de la RD Congo.22(*)

L'auteur a développé judicieusement et utilement pour nous la double théorie de la complexité des instances émettrices et réceptrices ainsi que de la communication publique, en sus de la théorie systémique et celle des stratégies de communication.

Ainsi, rappelle-t-il avec notamment Catherine KERBRAT-ORECCHIONI et Roman JAKOBSON, l'existence de plusieurs niveaux d'énonciation à la phase d'émission. Son étude s'inscrit dans le cadre d'une communication spécialisée, avec une stratégie du support multimédia, de cibles primaires et secondaires, de contenu fondé sur la vulgarisation, pour le partage obligé d'informations d'utilité publique. Il déplore d'importants déficits stratégiques et l'absence de budget arrêté pour la communication, la sous-information conséquente du public sur le processus budgétaire. Il se garde de formuler une hypothèse mais expose des propositions d'ordre pratique pouvant s'inscrire dans une approche normative de la communication budgétaire, qui concerne notamment des services publics visés par notre étude.23(*)

Un autre motif d'intérêt à l'endroit de cette étude réside dans la mise en lumière de l'interrelation entre la communication interne et externe, comme nous aurons à le faire valoir pour certaines des entités ici concernées en particulier.

Enfin, notre attention au niveau de l'IFASIC s'est portée sur la dissertation doctorale de Fidèle MAKIESE LONGA en 2013. Sujet de thèse : « Communication, participation et processus décisionnels au sein de l'administration publique congolaise ».

Il s'agit du prolongement d'une étude de même nature réalisée par l'auteur en 2001 au niveau du DES, où il s'efforce d'expliquer le déficit des réseaux de communication formelle dans la participation du personnel de l'Administration publique congolaise aux processus décisionnels liés à la gestion des ressources humaines.

A la question centrale d'expliquer le déficit des réseaux de communication formelle dans la participation du personnel de l'Administration publique congolaise aux processus décisionnels liés à la gestion des ressources humaines, l'hypothèse de l'auteur est que ce déficit résulte de la substitution des réseaux de communication informelle centralisés aux réseaux de communication formelle participatifs.24(*) Plus qu'une étude de portée étendue sur la communication de l'administration publique, il s'agit à l'évidence d'une recherche fortement circonscrite aux conditions de performance de la communication en rapport avec la gestion des ressources humaines.

Au-delà des enseignements cueillis de première main, signalons qu'à l'occasion d'un colloque tenu à l'Université de Lubumbashi en novembre 2013 sur les sciences de l'information et de la communication en RDC, plusieurs contributions ont permis notamment de faire un état des lieux sur la production scientifique dans ce vaste champ. La communication des organisations ou des entreprises en RDC a précisément fait partie des secteurs couverts par cet inventaire.

Ainsi, avons-nous répertorié spécialement la contribution de Jean-Marie DIKANGA KAZADI intitulée : « Les SIC : entre le terrain et le laboratoire ». L'auteur expose l'expérience de la Générale des Carrières et des Mines, Gécamines en sigle, qui peut être considérée comme un des pionniers de la communication d'entreprise gérée sous le concept de relations publiques. En effet, la GCM a très tôt intégré ce qui pouvait passer comme un principe moteur de la communication des organisations, publié aux Etats Unis en L905 par Yvy LEE, le consultant du groupe ROCKEFFELER, et suivant lequel il faut « bien faire et le faire savoir ».

Par cette déclaration des principes, « la primauté de l'information de l'entreprise était consacrée pour une double finalité : d'une part améliorer l'image de l'entreprise et de ses dirigeants dans la presse et dans l'opinion publique ; et d'autre part résoudre au sein de l'entreprise les crises issues des conflits et des malentendus du fait d'un déficit informel »25(*).

L'application de ce principe à l'Union Minière du Haut-Katanga a conduit à la production dès 1957 du premier journal d'entreprise sur le sol congolais : « Mwana Shaba ». I1 s'agissait d'un mensuel remis au travailleur en même temps que son salaire. Objectif avoué: convaincre les travailleurs de leur appartenance à une communauté d'objectifs et d'intérêts, autrement dit servir de facteur de socialisation.

L'UMHK a aussi créé en 1964 une télévision en circuit fermé et un organe d'information destiné uniquement aux enfants dénommé Mwana Shaba Junior, édité à 35 000 exemplaires. La contribution souligne, in fine, la nécessité de créer une plateforme de collaboration entre la théorie et la pratique, de faire réfléchir ensemble les chercheurs et les professionnels de la communication aux manières modernes d'exprimer l'entreprise.26(*)

La seconde contribution identifiée au colloque de Lubumbashi en rapport avec le sujet de notre étude est celle de KAYEMBE T. MALU intitulée : « Appropriation des Sic en RD Congo: Approches et fondements de l'apport de l'Université Catholique du Congo ». L'auteur dresse un inventaire de six grandes familles de recherche qui ont marqué, jusqu'à 2013, les vingt ans de SIC à l'Université Catholique du Congo. I1 ressort de cet inventaire qu'en termes de communication d'entreprise et image institutionnelle, des études ont été produites à l'UCC principalement sur le marketing et la publicité des produits congolais. Ces études ont couvert essentiellement les secteurs de la télécommunication, de l'alimentaire ou mieux de la bière, du culturel avec la musique et de la scénographique (publicité sur les concerts et les clips vidéos).27(*) Autrement dit, elles ne sont pas d'un apport évident ou direct par rapport à notre objet de recherche.

Cependant, en remontant plus loin à l'ISTI aussi bien d'ailleurs qu'à l'IFASIC, nous avons répertorié divers travaux en relation avec les relations publiques et la communication d'entreprise.28(*) Ainsi en est-il du TFC de KEKO BWANGA DIENGE intitulé « Place et usage du film d'entreprise à Kinshasa ». L'auteur cherche à vérifier si la place accordée au film d'entreprise et l'usage qui en est fait correspondent au schéma théorique en termes spécialement de coût plutôt élevé et de rareté ou fréquence d'utilisation exceptionnelle, extrêmement limitée à des circonstances particulières. L'étude conclut, au vu des résultats de sa recherche sur terrain, que les chargés des RP dans les PME ne devraient pas rêver de produire des films documentaires, faute de moyens financiers nécessaires à cette fin. Elle souligne l'obligation de prendre conscience de l'environnement interne de l'entreprise, de ses forces et limites, pour demeurer en bonne phase avec les autres composantes de l'organisme.29(*)

Trois autres études, de même niveau, ont aussi retenu notre attention. Il s'agit de :

· « Les bureaux de représentation et la mission d'information du public kinois -Etude des cas (16 entreprises zaïroises) » ;30(*)

· « L'information de la Clientèle et les Relations Publiques à Kinshasa (Cas des entreprises kinoises : l'ONATRA, la CMZ et la B.A.T. ZAÏRE) ;31(*)

· « L'Agence Maritime Internationale du Zaïre (AMIZA) et la stratégie de communication de ses principaux clients ».32(*)

Dans la première, l'auteur cherche à cerner sur le plan de l'information les liens entre, d'une part, les différents bureaux de représentation installés à Kinshasa et, d'autre part, les partenaires clients des sociétés ou entreprises représentées dans la capitale de 1984 à 1988. Il se pose la double question de savoir si parmi les missions dévolues aux bureaux de représentation figure celle d'information du public et si à travers cette mission les groupes économiques représentés n'ont pas la chance de créer, raffermir et développer les liens avec leurs différents partenaires installés dans la ville. Dans l'hypothèse affirmative, il veut comprendre comment s'exercerait cette mission, en autonomie vis-à-vis du siège ou pas, avec quels supports, dans quel positionnement du service Relations publiques, etc. ?

En conclusion, NTUMBA BILENGA note l'existence des activités d'information initiées par le siège et non par le bureau de représentation. Dans la majorité des cas examinés, les services de Relations publiques sont confinés aux tâches protocolaires. Ils ne jouent pas le rôle qui leur est traditionnellement dévolu. [Plus correct serait peut-être de dire « théoriquement dévolu »]. L'auteur souligne dans ses prescriptions de réorganisation beaucoup de disparités entre les bureaux de représentation en fonction de la taille du groupe et des moyens financiers.

Mais cette prescription, fondée notamment sur la théorie des Relations publiques, ne modifie rien à la réalité des faits constatés, à savoir la marginalisation des RP au sein des bureaux de représentation des différents groupements économiques, indépendamment de leur taille ou de leurs moyens.33(*)

Dans la seconde étude [« L'information de la Clientèle et les Relations Publiques à Kinshasa (Cas des entreprises kinoises : l'ONATRA, la CMZ et la B.A.T. ZAÏRE)], l'auteur se propose de répondre à uns série de questions pour découvrir le lien éventuel entre l'information diffusée à la clientèle et les impératifs des RP, identifier les acteurs prestataires de publicité ou de promotion commerciale, identifier les supports utilisés.

Son hypothèse, confirmée en conclusion, est que des caractéristiques autres que celles généralement attribuées à la publicité existent dans la pratique de l'information au sein du milieu d'hommes d'affaires à Kinshasa. Cependant, les sources d'information utilisatrices quasiment des mêmes supports pour atteindre la clientèle sont très diversifiées dans chacun des groupes économiques examinés : Direction commerciale, Direction Marketing/Service Publicité, Service Vente, Service RP, Sous Direction RP, etc. Quant à l'éventail tout aussi diversifié de supports, il couvre notamment les communiqués de presse, les émissions télévisées et les affiches.

Enfin, dans l'étude intitulée « L'Agence Maritime Internationale du Zaïre (AMIZA) et la stratégie de communication de ses principaux clients », l'auteur ayant constaté la mise en place des structures d'information est préoccupé par le mauvais climat entre l'AMIZA et ses principaux clients ou le public vital de l'entreprise, en raison spécialement d'une facturation des services jugées fantaisiste par les bénéficiaires. L'ignorance du procédé de facturation est posée comme hypothèse explicative.

En conclusion, l'auteur stigmatise le caractère insuffisant de l'information transmise aux clients, l'absence d'un service spécialisé chargé de l'organiser, le positionnement des RP au bas de l'échelle administrative et leur animation par un non professionnel sans vision et sans ressources adéquates, incapable de concevoir et d'appliquer une bonne politique d'information.

3. Problème et question spécifiques

A l'instar de Sisyphe34(*), les entreprises, établissements et services publics en RDC sont perpétuellement astreints, pour la plupart, à renouveler des messages de justification sur leur utilité sociale ou leur performance. Les médias ne sont pas remplis que de critiques. Ils sont jalonnés aussi de grosses manchettes d'informations distillées ici et là, voire souvent, à la gloire spécialement de tel ou tel mandataire des entreprises, établissements et services publics. Mais force est de constater l'absence d'impact évident que ces messages à profusion auraient pu exercer sur l'image globale des groupes économiques concernés, si on se réfère à l'éventail des griefs portés à leur égard et dont quelques indications au seuil du présent chapitre.35(*)

Nous voudrions cerner les fondements des stratégies de communication mises en place par ces différentes entités, afin de pouvoir en évaluer la performance relative au regard des exigences théoriques et des échos en termes d'image issus de leurs parties prenantes en termes notamment d'image. Cette préoccupation devrait nous conduire à déterminer in fine de quoi étaient fonction le rôle et la place de la communication dans les entreprises, établissements et services publics en RDC.

Il s'agit ainsi d'élucider globalement l'énigme relative aux caractéristiques de la communication en leur sein.

En relation avec la préoccupation ci-dessus,  la présente étude se propose de répondre à la question spécifique suivante :

« Quels sont les facteurs déterminants de la place et du rôle de la communication institutionnelle dans les entreprises, établissements et services publics en RDC ? »

4. Méthode et Techniques de recherche

4.1. Méthode

Notre démarche est essentiellement inductive, en ce sens qu'elle privilégie le cheminement par des constatations particulières, tirées d'observations de terrain, vers les concepts et les lois qui les expliquent. Elle est aussi comparative, en ce qu'elle essaie de confronter plusieurs pratiques de la communication institutionnelle avec des points apparents de convergence et de divergence.

Dans le cadre du mouvement inductif, la pensée repose toutefois sur des connaissances préalables ainsi qu'une expérience personnelle qui permettent l'analyse et le dépassement de la simple description des faits observés, si bien que GUIBERT et JUMEL proposent de le désigner comme « démarche inducto-déductive ».36(*) Elaborée à partir d'observations limitées et situées de faits communicationnels, elle nourrit ainsi l'ambition de pouvoir ultérieurement mettre un raisonnement logique balisé méthodologiquement et proposer des hypothèses interprétatives sous forme notionnelle ou conceptuelle qui pourraient valoir au-delà des situations précises étudiées, en partant des données concrètes.

Un canevas illustratif de la démarche inductive est fourni par Marie-Laure GAVARD-PERRET dans le champ particulier des sciences de gestion.37(*) Plus explicite pour nous est encore celui proposé par Joël GUIBERT et Guy JUMEL, dont reproduction plus loin, dans le chapitre consacré au développement de la méthode de recherche.

Qu'il s'agisse du canevas de GAVARD-PERRET ou de celui de GUIBERT et JUMEL, l'un et l'autre ont la particularité de ne pas comporter de paradigme épistémologique prédéfini. Ils n'enferment pas d'hypothèse, de confirmation préétablie, irrévocable ou explicite. C'est aussi à peu près l'approche inductive décrite ailleurs par Gérard DEREZE.38(*)

4.2. Techniques

Les techniques dictées par la méthode et mises à contribution aux fins de réaliser les objectifs de cette recherche ont été principalement les suivantes :

· entretiens semi-directifs, complétés par une collecte d'informations par voie de questionnaire adressé aux opérateurs professionnels de la communication dans les entités économiques ciblées ; le guide d'entretien inaugure les chapitres qui décrivent cas par cas la communication des organisations faisant l'objet de la recherche ;

· analyse documentaire et, le cas échéant, analyse des sites Internet d'anciennes entreprises publiques en transformation39(*) ;

· observation de différents environnements physiques dans lesquels évoluent les entreprises, établissements et services publics ainsi que du comportement de leurs managers. Un protocole succinct d'observations est présenté plus loin en marge du guide d'entretien, avant les chapitres descriptifs de la communication sus évoqués.  

5. Délimitation de la recherche

Notre recherche entend recouvrir des données engrangées au cours des six dernières années, soit arbitrairement à partir de la dernière réforme des entreprises publiques. Au minimum, les entités économiques sur lesquelles nous allons concentrer notre recherche seront, pour les différents sous-ensembles concernés :

· la REGIDESO, la Société Commerciale des Transports et des Ports (SCT) et la Société Nationale d'Electricité (SNEL), la Société Nationale d'Assurances (SONAS), la Régie des Voies Aériennes (RVA), pour le segment entreprises du portefeuille, autrement dit les sociétés commerciales avec détention totale ou partielle du capital social par l'Etat ;

· l'Office Congolais de Contrôle (OCC), l'Office de Gestion de Fret Multimodal (OGEFREM), pour le segment établissements publics ;

· la Direction des Douanes et Accises (DGDA), l'Agence Nationale pour la Promotion des Investissements, (ANAPI), pour le segment services publics.

Il s'agit à peu près d'un échantillonnage par « choix raisonné » ou « choix à dessein », tenant compte de la population d'entités économiques concernées et de la représentation de chaque sous-ensemble préalablement identifié. Les entités sélectionnées constituent des « unités-type » au sein de leur catégorie.40(*) Par ailleurs, ces unités économiques figurent en bonne position dans le classement de « notoriété spontanée top of mind » au plan national.41(*)

Toutefois, la délimitation ainsi retenue ne devrait pas nous priver d'effleurer l'état général de la question par rapport à d'autres entités de même nature. Soulignons aussi d'emblée que notre étude sera davantage concentrée sur la communication externe des organisations sélectionnées, en dépit des interférences généralement reconnues entre celle-ci et la communication interne.

6. Subdivision

Après cette introduction générale, qui nous aura permis d'appréhender notamment tour à tour le problème général, l'état de la littérature, la question spécifique, la méthode et les principales techniques utilisées, nous développons en réseau les concepts clés auxquels nous avons dû recourir. L'approche conceptuelle est assortie d'une présentation de différents modèles ou grilles d'analyse déployées à divers degrés pour cerner le phénomène sous examen. L'apport variable en grandeur de chaque modèle est spécifié, ainsi qu'il est spécifié plus loin le lien entre les questions d'enquête et les données auxquelles permettraient d'accéder les différents modèles.

En appendice de notre première approche théorique, nous soulignons le lien étroit entre la communication institutionnelle et le management d'organisations, avant de fixer le cadre empirique, à savoir les entreprises publiques transformées. Ce point est précédé d'un rappel du contexte juridique de leur dernière réforme.

Les résultats de la recherche sur les aspects liés proprement dits à la communication institutionnelle sont présentés, à l'instar du cadre empirique, par type d'entreprises au sens générique, après un développement de la méthode de recherche exposée brièvement en amont.

Une succession de synthèses partielles se termine en apogée par des éléments de synthèse générale au regard de différentes composantes de la grille d'analyse proposée par Harold LASSWELL. Entre-temps, nous aurons justifié précédemment le choix porté sur ce modèle en dépit des faiblesses qui lui sont attribuées et dont certaines, nous semble-t-il, ne sont pas à l'abri de toute critique aussi.

Si la méthode inductive prévoit en amont des savoirs théoriques préliminaires, elle invite aussi à la construction d'hypothèses explicatives en aval. Un chapitre disposé de la même manière en aval développe sommairement une théorie générale de la communication institutionnelle, complément à l'approche stratégique exposée en amont, permettant éventuellement d'évaluer notre hypothèse et de relancer d'autres recherches sur de nouvelles bases théoriques ainsi qu'avec d'autres modèles. Celles-ci viendraient confirmer, infirmer ou compléter les principaux enseignements issus de notre propre recherche, dont résumé est fait en conclusion.

Les composantes entières de l'étude et ses annexes sont contenues en aval dans la table des matières.

1ère Partie.

Approche conceptuelle et théorique

* 1 Loi N° 08/007 du 07 juillet 2008 portant dispositions générales relatives à la transformation des

entreprises publiques, article 3.

* 2OMC, Examen des politiques commerciales, Rapport de la République Démocratique du Congo, WT/TPR/G240, 20 octobre 2010

* 3 NAWEJ José, [Focus sur une entreprise publique aussi controversée qu'incomprise. Et si la SNEL se lançait dans la « vérité des chiffres »], in FORUM DES AS, n° 42523 du mardi 27 novembre 2012, Kinshasa 2012, p. 4

* 4 MUKANYA-LUSANGA Franck, La politique tarifaire de l'O.C.C. entre 1974 et 2004 -Analyse des enjeux, Travail de fin de Cycle présenté et défendu cum magnum laudem en vue de l'obtention du Diplôme de Gradué en Sciences Commerciales et Financières, Option Marketing, ISC, Kinshasa-Gombe, Année académique 2003-2004, pp 57-85

* 5 FEC, Lettre N° DEFD/BK/F. 0422/2013 du 23 mai 2013, Concerne : « Frais perçus hors guichet unique par les services de l'Office Congolais de Contrôle sur les produits pharmaceutiques importés » ; Lettre n° DPE / AI/ BL / F.485 / 2014 du 13 mai 2014, Concerne : « Constitution de provision bancaire paiement des frais OCC » ; Lettre n° DPE/AI/LN/F.0599/2014 du 09 juin 2014, Concerne : « Constitution de provision bancaire pour paiement des frais OCC » ; Lettre n° DPE/AI/LN/F.0580/2014 du 04 juin 2014, Concerne : « Mesures prises en rapport avec les préoccupations de la FEC Nord-Kivu » ;  Cabinet du Président de la République, Lettre réf. 01827/07/2013 du 30 juin 2013, Concerne : « Séances de travail de Cabinet du Président de la République -Groupement Provincial de la FEC/Kasaï Occidental » ; FEC KATANGA, Communiqué de presse du 02 mai 2013 ; FEC ZONGO, Note Circulaire du 01 mai 2012.

* 6 WOLGIAM, Etude d'image institutionnelle de l'OCC, Kinshasa, 24 mai 2006, p. 36

* 7FEC, « Synthèse Rapport d'activités du Conseil d'Administration à l'Assemblée Générale ordinaire élective, Exercice 2013 ». 

* 8 NAWEJ José, Op.cit., p.4.

* 9 KAMENA, « 3.500.000 USD volatilisés », in Le Libre Débat, n° 883 du lundi au 23 octobre 2012, p. 5

* 10 BONSANGE D., « La DGDA (ex-OFIDA) pillée par l'ADGA Gabriel MWEPU », in Alerte-plus, n° 1.812 du 30 octobre 2012, p.6

* 11AFOTO Jean Elenga-di-Okanga, Lutte contre la fraude douanière en RD Congo, L'Harmattan RDC, Collection « Comptes Rendus », Paris, 2010, pp. 19-20

* 12 AFOTO Jean Elenga-di-Okanga, Op. cit., p. 22

* 13 Idem, p.32

* 14KABONGO MUJIKA Blaise, Amélioration du climat des affaires en RDC ? -Recueil d'exceptions congolaises contre-productives à l'investissement, L'Harmattan, Comptes rendus, Paris, 2014, pp. 19-33

* 15 KABONGO MUJIKA Blaise, Op. cit, P. 80

* 16Il est fréquent d'évoquer à ce propos, depuis l'aube des temps, NOÉ ivre et nu au milieu de sa tente dans la Bible (Genèse 9. 20-27 : « Les fils de Noé », bénis ou maudits selon leur conduite respective en cette malheureuse circonstance) ; Jules CÉSAR avec son apologie de la Guerre des Gaulles, dans la fresque historique De bello Gallico ; Yvy LEE en 1906 aux Etats-Unis d'Amérique. Il est passé à la postérité comme l'homme qui a radicalement transformé le regard de l'opinion sur John D. Rockefeller par ses conseils en « management de la réputation ». Nous revenons plus loin sur lui au sujet du lien entre les relations publiques et la communication institutionnelle (1.4.2.).

* 17Les différentes brochures d'accueil, les plaquettes ainsi que d'autres visuels produits et diffusés en quantité industrielle par les entités concernées sont illustratifs de leur image voulue et projetée, tandis que les échos dans les médias et l'opinion publique notamment reflètent tant bien que mal l'image perçue.

* 18L'IFASIC est descendant direct de l'Institut des Sciences et Techniques de l'Information, ISTI en sigle, première institution du pays dans la formation des hommes de communication de niveau supérieur à partir de sa création en l973. Rebaptisé IFASIC en1997 et siégeant au Conseil d'administration des Universités, cette institution a joué un « rôle axial » dans la création des SIC dans la plupart des universités de la RD CONGO, comme en témoignent notamment les auteurs de l'ouvrage collectif publié sous la direction de Jean-Marie DIKANGA KAZADI et Jean-Chrétien D. EKAMBO intitulé : Les Sciences de l'Information et de la Communication en RDC, Les traces ignorées d'un champ de recherche, L'Harmattan, Paris, 2013, 200 p.

* 19KATENDE KANUMUANGI Simon, Communication fiscale en République Démocratique du Congo. Cas de l'Administration douanière, Mémoire de DES à l'IFASIC, Kinshasa, Octobre 2011, P. 8

* 20 Idem, P. 10

* 21KATENDE KANUMUANGI Simon, Op. cit., P. 142

* 22NSAMPANGA ASSAS Odon, La communication budgétaire en République Démocratique du Congo, Mémoire de DEA à l'IFASIC, Kinshasa, Septembre 2011, P. 5

* 23NSAMPANGA ASSAS Odon, Op. cit., pp. 132-135

* 24MAKIESE LONGA Fidèle, Communication, participation et processus décisionnels au sein de l'administration publique congolaise, Dissertation doctorale à l'IFASIC, Kinshasa, février 2013, p. 331.

* 25DIKANGA KAZADI Jean-Marie, « Les SIC : entre le terrain et le laboratoire », Les Sciences de l'information et de la Communication en RDC, Les traces ignorées d'un champ de recherche, L'Harmattan, 2013, pp.19

* 26Idem, pp. 2O-21

* 27KAYEMBE T. MALU Aimé, « Appropriation des Sic en RD Congo : Approches et fondements de l'apport de l'Université Catholique du Congo », in Les Sciences de l'information et de la Communication en RDC, Les traces ignorées d'un champ de recherche, L'Harmattan, Paris, 2013, p.1.46

* 28 Il s'agit de nombreux mémoires de 2ème cycle annoncés mais faiblement retracés.

* 29KEKO BWANGA DIENGE, « Place et usage du film d'entreprise à Kinshasa », Travail présenté et défendu pour l'obtention du titre de Licencié en Sciences et Techniques de l'Information, Option Relations publiques, Octobre 1990, 60 p.

* 30 NTUMBA BILENGA, « Les bureaux de représentation et la mission d'information du public kinois -Etude des cas (16 entreprises zaïroises) »,  Travail présenté et défendu pour l'obtention du titre de Licencié en Sciences et Techniques de l'Information, Option Relations publiques, Septembre 1988, 122 p.

* 31CITENGE KAKWATA, « L'information de la Clientèle et les Relations Publiques à Kinshasa (Cas des entreprises kinoises : l'ONATRA, la CMZ et la B.A.T. ZAÏRE), Travail présenté et défendu pour l'obtention du titre de Licencié en Sciences et Techniques de l'Information, Option Relations publiques, Mars 1989, 69 p.

* 32 MAVUNGU TOMY, « L'Agence Maritime Internationale du Zaïre (AMIZA) et la stratégie de communication de ses principaux clients », Travail présenté et défendu pour l'obtention du titre de Licencié en Sciences et Techniques de l'Information, Option Relations publiques, Septembre 1988, 80 p. Etude dirigée par le Professeur POMBO NGUNZA.

* 33L'étude a porté notamment sur les bureaux de représentation des groupes économiques suivants : ROK, KISENGE MANGANESE, Sucrière de KILIBA, Compagnie Sucrière de KWILU NGONGO, PHARMAKINA, Groupe Agro Pastoral, TRANS-ZAÏRE, Usine Textile de SANGI, Maison Oasis, Sampdero et Frères, Articles scolaires. Certains de ces groupements ont fait naufrage depuis lors ou ont été intégrés dans d'autres unités économiques. Cas de FILTISAF intégré dans UTEXAFRICA et d'INTERAFRICA, tous éteints finalement.

* 34Héros absurde dans la mythologie grecque, Sisyphe avait été condamné par les dieux à rouler sans cesse un rocher jusqu'au sommet d'une montagne d'où la pierre retombait par son propre poids.

* 35Une brochette de manchettes non seulement critiques mais aussi quelquefois élogieuses est proposée à titre illustratif dans la partie annexe.

* 36GUIBERT Joël et JUMEL Guy, Méthodologie des pratiques de terrain en sciences humaines et sociales, Editions Armand Colin, Collection Cursus, Paris, 1997, p. 4

* 37GAVARD-PERRET Marie-Laure, GOTTELAND David, HAON Christophe, JOLIBERT Alain, Méthodologie de la recherche - Réussir son mémoire ou sa thèse en sciences de gestion, Paris, Pearson, 2011, 383 p. 31

* 38 DEREZE Gérard, Méthodes empiriques de recherche en communication, Bruxelles, De Boeck, 2009, 256 p.

* 39.A titre indicatif, nous présentons sommairement en Annexe I quelques titres de presse et divers messages véhiculés, à leur initiative ou malgré eux, sur les entreprises, établissements et services publics de la RDC par la presse nationale et étrangère

.

* 40 DESABIE J., Théorie et pratique des sondages, Dunod, Paris, 1966, pp. 44-47

* 41 La notoriété «spontanée  top of the mind » d'un organisme ou d'un individu est mesurée auprès de différents publics interviewés en dégageant le pourcentage des personnes qui peuvent évoquer spontanément son existence, indépendamment des composantes qualitatives de son image. Les entités économiques retenues dans la présente étude bénéficient pour la plupart de cette notoriété spontanée, selon notamment l'étude précitée de l'Agence de Marketing et Communication WOLGIAM réalisée en mai 2006.

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