WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les determinants de l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans dans la région du nord Cameroun

( Télécharger le fichier original )
par Arsène Brunelle SANDIE
Institut de Formation et de Recherches Demographique, IFORD  - Master Professionel en Demographie 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE 4

ESSAI D'EXPLICATION DE L'INFECTION

PALUSTRE

Dans ce chapitre, nous effectuerons tout d'abord une analyse différentielle du risque palustre suivant les variables du schéma d'analyse. Cette étape nous permettra d'avoir une idée préliminaire sur les facteurs ou les déterminants de l'infection palustre. Nous utiliserons essentiellement les courbes de survies de Kaplan-Meier et le test de Log-rang pour tester la liaison entre le risque d'infection palustre et les facteurs présumés pouvant influencer l'infection palustre. Cette analyse différentielle permettra bien que de façon parcellaire, d'avoir une idée sur une éventuelle acceptation ou un rejet de nos hypothèses. Ensuite, suivant la vérification de l'hypothèse de proportionnalité, nous appliquerons la régression de Cox ou le modèle de durée accélérée pour tenter d'identifier et de hiérarchiser les déterminants de l'infection palustre. Enfin, nous appliquerons le modèle pas à pas pour saisir les mécanismes par lesquels les facteurs agissent pour influencer le risque d'infection palustre.

4.1 Analyse différentielle du risque palustre

4.1.1 Infection palustre et contexte de résidence

a) Milieu de résidence

Dans l'ensemble, les courbes de survies de Kaplan-Meier de la figure 4.1 montrent que les enfants résidant en milieu urbain courent moins de risque d'infection palustre par rapport à ceux habitant le milieu rural et le milieu semi-urbain. Le test de Log-rang avec une p-value nulle montre une association significative entre le risque d'infection palustre et le milieu de résidence. Il existe

4.1 Analyse différentielle du risque palustre Essai d'explication de l'infection palustre

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 72

4.1 Analyse différentielle du risque palustre Essai d'explication de l'infection palustre

donc au moins deux milieux de résidence où les enfants ont des risques palustres différents. Une analyse beaucoup plus désagrégée permet de voir que:

- Avec une p - value = 0.48, il n'y a pas de différence de risque d'infection palustre entre les enfants vivant en milieu rural et ceux résidant en milieu semi-urbain;

- Par contre, avec une p-value nulle, il existe une différence significative de risque d'infec-tion palustre entre les enfants vivant en milieu rural et ceux du milieu urbain. Les enfants du milieu urbain courant moins de risque que ceux du milieu rural.

- De même, avec une p - value = 5.19e - 13, le test du Log-rang montre que les enfants du milieu urbain courent significativement moins de risque d'infection palustre que ceux du milieu semi-urbain.

Source: Exploitation des données du projet «Impact résistance» du PNLP 2012.
FIGURE 4.1 - Courbe de survie de Kaplan-Meier du risque palustre par région de résidence.

4.1.2 Milieu de résidence et utilisation de moustiquaire

Compte tenu du fait que les enfants du milieu urbain échappent mieux au paludisme par rapport à ceux vivant rural et semi-urbain, il est alors important de rechercher les différents facteurs pouvant expliquer cette différence. Étant donné que l'utilisation de la moustiquaire est protectrice contre le paludisme, il est nécessaire de voir s'il existe une différentielle d'utilisation des moustiquaires entre les différents milieux de résidence. Le test de x2 avec p-value = 6.65e-11, permet

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 73

de confirmer une liaison entre le milieu de résidence des enfants et l'utilisation des moustiquaires. En milieu urbain, 22.05% d'enfants ont une bonne utilisation de moustiquaires. Alors que cette proportion est respectivement de 16.59% et 35.4% en milieu semi-urbain et rural.

4.1.3 Infection palustre et Facteurs socioculturels

a) Niveau d'instruction du CM

Les courbes de survie de Kaplan-Meier du risque palustre en fonction du niveau d'instruc-tion du CM, sont très resserrées entre elles. Le test de Log-rang avec une p - value = 0.08 montre qu'il y a pas de différence significative entre les différentes courbes de survies. Ainsi ce test permet de dire qu'il n'y a pas de liaison significative entre le niveau d'instruction du CM et le risque d'infection palustre.

Source: Exploitation des données du projet «Impact résistance» du PNLP 2012.
FIGURE 4.2 - Courbe de survie de Kaplan-Meier du risque palustre selon le type d'habitat.

4.1.4 Infection palustre et Caractéristiques du ménage

a) Type de construction de l'habitation

On observe sur la figure 4.3, que les enfants habitant dans les maisons construite en bé-ton/parpaings survivent mieux au paludisme. Les enfants vivant dans les maisons en Nattes de

4.1 Analyse différentielle du risque palustre Essai d'explication de l'infection palustre

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 74

chaumes courraient plus de risque palustre que les autres enfants. Le test de Log-rang avec p - value = 0 confirme bien une liaison significative entre le risque palustre et le type d'habitat.Une analyse un peu plus raffinée permet de voir que toutes les courbes, sont significativement différentes deux à deux.

Source: Exploitation des données du projet «Impact résistance» du PNLP 2012.
FIGURE 4.3 - Courbe de survie de Kaplan-Meier du risque palustre selon le type d'habitat.

b) Taille du ménage

La variable taille du ménage étant une variable quantitative, nous utiliserons plutôt le test de Fisher pour analyser la liaison entre la taille du ménage et l'infection palustre. Avec une p - value = 0.96, le test de Fisher permet d'accepter l'hypothèse nulle de l'égalité de la taille moyenne des ménages entre les ménages des enfants infectés et ceux non infectés. Il ressort alors qu'il n'y a pas de liaison significative entre la taille du ménage et l'infection palustre. Ceci pourrait s'expliquer par le fait de la corrélation positive entre la taille du ménage et le nombre de moustiquaires disponibles dans le ménage. En effet, le coefficient de corrélation de Pearson entre ces deux variables est de 0.60, et le test de nullité de ce coefficient avec p - value < 2.2e - 16 confirme bien une corrélation positive et significative entre la taille du ménage et le nombre de moustiquaires disponibles dans le ménage. Or le test de Fisher avec p - value = 0.003 montre une liaison significative entre le nombre de moustiquaires disponibles dans le ménage et leur utilisation

4.1 Analyse différentielle du risque palustre Essai d'explication de l'infection palustre

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 75

effective pour les enfants de moins de 5 ans.

4.1.5 Infection palustre et Caractéristiques de l'enfant

a) Sexe de l'enfant

Les courbes de risque palustre (figure 4.4) entre les enfants de sexe féminin et de sexe masculin sont très resserrées, toutefois, les enfants de sexe masculin semblent plus échapper à l'infection palustre que leurs homologues de sexe féminin. Le test de Log-rang, avec une p-value nulle permet de confirmer que les enfants de sexe masculin courent significativement moins de risque palustre que leurs homologues de sexe féminin. On pourrait penser que les CM utilisent plus la moustiquaire pour les enfants de sexe masculin que pour ceux de sexe féminin. Mais le test d'indépendance du x2 avec p - value = 0.68 permet de dire qu'il y a indépendance entre le sexe de l'enfant et l'utilisation de la moustiquaire. La figure 4.5 donne la répartition des enfants infectés du paludisme par sexe et selon l'utilisation de la moustiquaire. Il ressort de ce graphique que l'utilisation des moustiquaires pour les enfants se distribue de façon similaire chez les enfants de sexe féminin et ceux de sexe masculin.

Source: Exploitation des données du projet «Impact résistance» du PNLP 2012.
FIGURE 4.4 - Courbe de survie de Kaplan-Meier du risque palustre selon le sexe de l'enfant.

4.1 Analyse différentielle du risque palustre Essai d'explication de l'infection palustre

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 76

Source: Exploitation des données du projet «Impact résistance» du PNLP 2012.

FIGURE 4.5 - Répartition des enfants infectés du paludisme par sexe selon l'utilisation de moustiquaire

b) Age de l'enfant

Contrairement à ce qu'on pouvait s'attendre, comme le montre la figure 4.6, les enfants les plus âgés courent plus de risque d'infection palustre que les autres. Avec une p - value = 0.002, le test de Log-rang montre que l'âge de l'enfant est associé au risque d'infection palustre.

4.1 Analyse différentielle du risque palustre Essai d'explication de l'infection palustre

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 77

Source: Exploitation des données du projet «Impact résistance» du PNLP 2012.

FIGURE 4.6 - Courbe de survie de Kaplan-Meier du risque palustre selon l'age de l'enfant.

4.1.6 Résistance et efficacité des moustiquaires

La figure 4.7, montre que l'utilisation de moustiquaires pour les enfants est protectrice contre le paludisme. Quelque soit le niveau de résistance considéré (résistance, probable résistance et sensibilité), on observe que les enfants ayant dormi sous moustiquaire échappent mieux au paludisme. Le test de Log-rang tant pour l'échantillon global que pour les différents niveaux de résistance est non significatif, ce qui permet de conclure de l'efficacité de l'utilisation de la moustiquaire.

4.2 Essai d'explication de l'infection palustre Essai d'explication de l'infection palustre

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 78

Source: Exploitation des données du projet «Impact résistance» du PNLP 2012.

FIGURE 4.7 - Courbe de survie de Kaplan-Meier du risque palustre selon l'utilisation des moustiquaires pour les enfants.

4.2 Essai d'explication de l'infection palustre

Dans l'analyse des phénomènes sociaux, il est en général difficile d'expliquer une réalité en mettant en relation deux variables. En effet, les phénomènes sociaux sont pour la plupart des résultantes de divers interactions entre plusieurs variables. Ainsi, certains résultats obtenus en mettant en relation deux variables peuvent être fallacieux. Pour mieux identifier les déterminants du risque palustre, il sera alors nécessaire de mettre en relation et de façon simultanée plusieurs variables. Nous allons dans un premier temps lancer la régression de Cox, ensuite nous vérifierons l'hypothèse de proportionnalité. S'il y a des «variables clés» qui ne vérifient pas l'hypothèse de proportionnalité, alors nous utiliserons le modèle de durée de vie accélérée.

4.2.1 Test de l'hypothèse de proportionnalité

Le modèle de Cox est un modèle à risque proportionnel. En effet, pour deux individus i et j, qui ont pour covariables X et X7, le rapport de risque instantané ne varie pas en fonction du temps. Les hypothèses de ce test sont les suivantes:

- H0 L'hypothèse de proportionnalité est vérifiée;

4.2 Essai d'explication de l'infection palustre Essai d'explication de l'infection palustre

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 79

- H1 : L'hypothèse de proportionnalité n'est pas vérifiée.

Ainsi, si la p - value > 5%, alors on accepte l'hypothèse de proportionnalité. Sinon on rejette cette hypothèse et on stratifie le modèle de Cox suivant cette variable.

Par application, la p - value du test de l'hypothèse de proportionnalité du modèle saturé est 3.43e - 07, l'hypothèse de proportionnalité n'est pas vérifiée dans ce cas. Le tableau en annexe, donne les p-value du test de proportionnalité pour chacune des variables du modèle saturé. On observe alors que les variables milieu de résidence, niveau d'instruction du CM, résistance et utilisation de moustiquaire pour les enfants ne vérifient pas l'hypothèse de proportionnalité. On observe alors que les variables qui ne vérifient pas l'hypothèse de proportionnalité, sont des variables qui apparaissent dans nos hypothèses. Or en stratifiant suivant ces variables, il n'est plus possible de vérifier nos hypothèses, de plus la stratification de certaines variables empêchent d'in-terpréter les mécanismes d'action des variables explicatives sur l'infection palustre. Le modèle de Cox à risque proportionnel s'avère dès lors moins pertinent. De ce fait, nous utiliserons le modèle de durée de vie accélérée dans la recherche des facteurs explicatifs de l'infection palustre.

4.2.2 Qualité de l'ajustement du modèle aux données

Il existe plusieurs méthodes d'ajustement du modèle aux données, toutefois nous utiliserons le test de Wald et le test de rapport de vraisemblance. Le test de Wald basé sur la statistique du Chi2 permet de tester l'hypothèse selon laquelle au moins un coefficient de la régression est significativement non nul. Et le test du rapport de vraisemblance permet de tester l'hypothèse selon laquelle le modèle saturé est «meilleur» que le modèle vide. Dans le cas de notre modèle, la p-value du test de Wald est nulle, ce qui permet de conclure que parmi les variables indépendantes du risque d'infection palustre, au moins une est significative au seuil de 1%.

Tableau 4.1 - Information sur l'ajustement du modèle aux données

Modèle

-2log vraisemblance

Chi2

Degré de liberté

p-value

Constante

-3404.7

 
 
 

Final

-3309.2

191.1

17

0.00

Source : Exploitation des données du projet «Impact résistance» du PNLP 2012.

4.2 Essai d'explication de l'infection palustre Essai d'explication de l'infection palustre

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 80

4.2.3 Spécification des modèles utilisés

Pour mieux saisir les mécanismes par lesquelles les variables agissent sur le risque d'infec-tion palustre, nous utiliserons la méthode pas à pas. Elle consiste à introduire de façon successive les variables dans le but de vérifier le schéma d'analyse.

· M0=Modèle brut.

· M1=Milieu de résidence+Niveau d'instruction du CM.

· M2=M1+Type d'habitation du ménage

· M3=M2+Taille du ménage.

· M4=M3+Age de l'enfant+sexe de l'enfant.

· M5=M4+Nombre de moustiquaires disponibles dans le ménage.

· M6=M5+Utilisation de moustiquaire pour les enfants.

· M7=M6+Niveau de résistance.

4.2.4 Les déterminants de l'infection palustre chez les enfants de moins de

5 ans

Le modèle de durée de vie accélérée permet de mettre en évidence les facteurs qui accélèrent ou décélèrent la durée d'infection palustre. Il ressort de l'examen du modèle M7 du tableau 4.2 que la non utilisation de la moustiquaire, le niveau de résistance, le milieu de résidence et le type d'habitation du ménage, sont les déterminants de l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans dans la région du Nord Cameroun.

1.15***

1.08**

0.65***

réf

1.00

0.94

0.96

réf

1.00

0.89***

réf

1.00

réf

1.15***

1.11***

0.66***

réf

1.00

0.94

0.98

réf

1.01

0.88***

réf

1.00

réf

1.16***

1.11***

0.72***

réf

1.01

0.96

0.98

0.99

0.88***

réf

1.00

réf

1.16***

1.11***

0.72***

réf

1.01

0.96

0.98

réf

1.01

0.88***

réf

1.00

réf

1.02

0.96

0.98

réf

0.98

0.87***

réf

0.99

0.87***

réf

1.02

0.96

0.98

réf

M7

M6

1.00

1.00

M5

M4

1.00

1.00

M3

M2

1.16***

1.11***

0.72***

réf

1.00

1.16***

1.11***

0.72***

réf

Tableau 4.2 - Effets nets et bruts des variables indépendantes sur le risque d'infection palustre

M1

1.02

0.99

1.05

réf

0.98

0.83***

réf

M0

1.20***

1.20***

0.89***

réf

1.02

1.05

1.11

réf

0.98

0.83***

réf

1.01

réf

Type d'habitation du ménage Béton/Parpaing

Bosse de terre battue

Brique de terre simple

Nattes chaume

Niveau d'instruction du CM Primaire

Sans niveau

Supérieur

Secondaire

Milieu de résidence Semi-urbain

Urbain

Rural

Sexe de l'enfant Féminin

Masculin

Variables et Modalités

1.00

Taille du ménage

4.2 Essai d'explication de l'infection palustre Essai d'explication de l'infection palustre

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 81

1.00

1.00

0.98

réf

1.01

1.10***

réf

0.80***

réf

0.98

0.98

0.97

réf

0.81***

réf

191.1

178.44

0.99

0.99

120.92

120.91

1.00

1.00

0.99

0.99

1.00

1.00

0.99

réf

Source : Exploitation des données du projet «Impact résistance» du PNLP 2012. ** Significatif à 5%; *** Significatif à 5%; ns Non significatif.

120.56

120.31

67.51

1.02

0.99

1.00

réf

1.01

1.094**

réf

0.81***

réf

Age de l'enfant 0-15 mois

16-24 mois

25-36 mois

37-60 mois

Résistance

Probable résistance

Sensible

Résistante

Utilisation des moustiquaires Mauvaise utilisation

Bonne utilisation

Statistique de ÷2

1.00

Nombre des moustiquaires

4.2 Essai d'explication de l'infection palustre Essai d'explication de l'infection palustre

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 82

4.2 Essai d'explication de l'infection palustre Essai d'explication de l'infection palustre

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 83

4.2.5 Hiérarchisation des facteurs explicatifs de l'infection palustre

Les modèles du tableau 4.2, ont permis d'identifier les facteurs associés à l'infection palustre. Toutefois, ces facteurs ne contribuent pas au même niveau sur l'infection palustre. Dans cette section, ces facteurs sont hiérarchisés selon le niveau d'importance.

Ainsi, le tableau 4.3, montre que la non utilisation de moustiquaires est le facteur qui contribue le plus à l'infection palustre. Sa contribution au phénomène est de l'ordre de 32.43%. Ensuite, le type d'habitation du ménage est le second facteur qui contribue le plus à l'infection palustre (28.27%). Les enfants vivant dans les maisons en parpaings et ceux vivant dans les maisons en brique de terre sont plus protégés contre l'infection palustre comparativement à ceux vivant dans les maisons en bosse de terre. Tandis que les enfants vivant dans les maisons en nattes de chaumes sont moins protégés comparativement à ceux vivant dans les maisons faites en bosse de terre. Le milieu de résidence est le troisième facteur le plus important contribuant à l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans (20.98%). Les enfants vivant en milieu urbain survivent mieux à l'in-fection palustre par rapport à ceux vivant le milieu semi-urbain et le milieu rural. Enfin le niveau de résistance des vecteurs aux insecticides est le dernier facteur le plus important de l'infection palustre. Les enfants vivant en zone sensible et ceux vivant en zone de probable résistance sont mieux protégé contre l'infection palustre, par rapport à ceux vivant en zone de résistance.

Tableau 4.3 - Contribution des variables à l'explication de l'infection palustre

Variables explicatives

÷2 du modèle saturé

÷2 du modèle sans la variable

Contribution en %

Rang

Non utilisation de moustiquaire

191.1

129.12

32.43

1

Résistance

191.1

178.44

6.62

4

Milieu de résidence

191.1

151.01

20.98

3

Type d'habitation du ménage

191.1

137.08

28.27

2

Source : Exploitation des données du projet «Impact résistance» du PNLP 2012.

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 84

4.3 Mécanismes d'actions des effets des variables explicatives sur le risque d'infection

palustre Essai d'explication de l'infection palustre

4.3 Mécanismes d'actions des effets des variables explicatives sur le risque d'infection palustre

4.3.1 Influence du contexte

a) Milieu de résidence

Les résultats de l'analyse multivariée du tableau 4.2 nous montre que le milieu de résidence influence significativement l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans. Le milieu rural est un accélérateur de l'infection palustre chez les enfants comparativement au milieu urbain. Alors qu'il y a pas de différence significative de temps d'infection palustre entre le milieu semi-urbain et le milieu urbain. Les enfants vivant en milieu rural ont un temps d'infection palustre inférieur de 11% par rapport à celui des enfants vivant en milieu urbain. En introduisant la variable Utilisation des moustiquaire dans le modèle M6, on se rend compte qu'il y a pas d'effet sur la significativité de la variable Milieu de résidence. Ainsi, l'association entre le milieu de résidence et l'infection palustre ne serait pas due à l'utilisation de la moustiquaire. De ce fait, l'hypothèse H6 qui stipule que: « les enfants vivant en milieu urbain courent moins de risque d'infection par rapport à ceux vivant en milieu semi-urbain et rural et que cette influence se fait à travers l'utilisation de la moustiquaire », est partiellement confirmée.

4.3.2 Influence des caractéristiques du ménage

a) Type d'habitation du ménage

Le type d'habitation du ménage influence significativement l'infection palustre. Ce qui permet de confirmer l'hypothèse H3. Les habitations construites en bétons/parpaings et celles faites en brique de terre décélèrent le temps d'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans comparativement aux habitations faites en bosse de terre battue. Par contre, les habitations faites en natte de chaume accélèrent le temps d'infection palustre. Les enfants habitant les maisons construites en parpaings et ceux habitant les maisons en terre battue ont une durée d'infection palustre supérieur à ceux habitant les maisons en bosse de terre battue respectivement de 15% et 8%. Alors que les enfants habitant dans les maisons en Natte de chaume ont une durée d'infection palustre inférieure de 35% comparativement à ceux vivant dans les maisons en bosse de terre battue.

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 85

4.3 Mécanismes d'actions des effets des variables explicatives sur le risque d'infection

palustre Essai d'explication de l'infection palustre

4.3.3 Effets nets de la non utilisation de moustiquaire sur le risque d'infec-tion palustre

Il ressort des résultats de l'analyse multivariée que la non utilisation de la moustiquaire pour les enfants de moins de 5 ans est un accélérateur de l'infection palustre chez ces derniers. Les enfants n'ayant pas une bonne une bonne utilisation de la moustiquaire ont un temps d'in-fection palustre 20% inférieur à celui des enfants ayant une bonne utilisation de la moustiquaire. Plus précisément, ce résultat montre que l'utilisation de la moustiquaire pour les enfants de moins de 5 ans est protectrice contre l'infection palustre. Dans le modèle M7, en contrôlant par la variable niveau de résistance, il n'y a aucun changement sur la significativité de la variable Utilisation des moustiquaires. Ce résultat permet de conclure qu'une bonne utilisation de la moustiquaire demeure efficace contre l'infection palustre, ce qui reste davantage vrai lorsqu'on tient compte du phénomène de résistance de vecteurs. Ainsi, l'hypothèse H5 qui stipule que: « L'utilisation des moustiquaires imprégnées pour les enfants diminue le risque d'infection palustre chez ces derniers et que ce risque est relativisé si on tient compte du phénomène de résistance des vecteurs. En zone de résistance, la moustiquaire imprégnée perd son efficacité. », est partiellement Confirmée.

4.3.4 Effets nets de la résistance des vecteurs sur l'infection palustre

Bien que contribuant de façon marginale (6.62%), la résistance des vecteurs est un facteur non moins important de l'infection palustre chez les enfants. Les enfants habitant en zone sensible survivent mieux à l'infection palustre par rapport à ceux vivant en zone de résistance. Par contre, il n'y a pas de différence significative de temps d'infection palustre entre les enfants vivant en zone de probable résistance et ceux de la zone de résistance. La zone de sensibilité est un décélérateur du temps d'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans. Le temps d'infection palustre chez les enfants vivant en zone sensible est supérieur d'environ 10% par rapport à ceux vivant en zone de résistance. Contrairement à ce que l'on pourrait s'attendre, ce résultat n'est pas dû à une baisse de l'efficacité de la moustiquaire en zone de résistance des anophèles. En effet, le modèle M7 du tableau 4.2 permet de voir que, lorsqu'on introduit la variable Résistance il n'y a pas d'effet sur la significativité de la variable Utilisation de la moustiquaire.

4.4 Discussion des résultats Essai d'explication de l'infection palustre

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014

86

4.4 Discussion des résultats

Dans cette étude, nous nous sommes essentiellement concentrer sur l'identification des déterminants de l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans dans la région du Nord Cameroun et ses mécanismes d'actions. A partir de la littérature, nous avons essayé de conceptualiser le phénomène. L'analyse des données nous a permis d'identifier: l'utilisation de la moustiquaire, le milieu de résidence, le type d'habitation du ménage et la résistance des vecteurs aux insecticides comme étant les déterminants de l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans dans la région du Nord Cameroun.

En ce qui concerne l'utilisation de la moustiquaire, comme on pouvait s'y attendre, une bonne utilisation de la moustiquaire pour les enfants de moins de 5 ans, est protectrice contre l'infection palustre chez ces derniers. Ce résultat est similaire à ceux de bons nombres d'études notamment celles de Snow et al(1988) et Alemu et al(2011). N'existant pas encore de vaccin homologué contre le paludisme, l'utilisation de la moustiquaire constitue le moyen de protection le plus efficace contre le paludisme notamment chez les enfants de moins de 5 ans. L'anophèle femelle est le plus souvent actif dans la nuit entre 23 h et 05 h du matin, période pendant laquelle les enfants sont en général endormis et sont par conséquent vulnérables. Une bonne utilisation (utilisation régulière) de la moustiquaire pour les enfants, réduirait alors le contact entre le vecteur et l'enfant, diminuant ainsi le risque d'infection palustre chez ce dernier. Notre étude permet également de conclure de l'efficacité de la moustiquaire imprégnée en présence de la résistance de l'anophèle femelle (An. gambiae). Des études sur l'efficacité de la moustiquaire imprégnée de perméthrine et de deltaméthrine sur l'anophèle résistante en Côte D'ivoire et au Burkina Faso (Darriet et al.,1984; Darriet et al.,1998) ont montré que, même si il y eu perte de l'effet dissuasif, l'effet exito-répulsif fut maintenu. Ces résultats pourraient se prolonger dans le cas de notre étude. En effet, l'insecticide utilisé pour mesurer la résistance dans notre étude était la deltaméthrine. On pourrait ainsi penser que c'est cet effet exito-répulsif qui contribuerait à l'efficacité de la moustiquaire imprégnée en présence de la résistance de l'An. gambiae. De plus, on pourrait également penser que même si la résistance des vecteurs atténue la barrière chimique, la barrière physique resterait alors assez efficace pour limiter le contact entre le vecteur et l'enfant.

Quant au milieu de résidence, notre étude a indiqué qu'il y a pas de différence de temps d'infection palustre entre les enfants du milieu urbain et ceux du milieu semi urbain. Par contre, les

4.4 Discussion des résultats Essai d'explication de l'infection palustre

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 87

enfants du milieu rural courent plus de risque d'infection palustre par rapport à leurs homologues vivant en milieu urbain. Korenromp et al. (2003) ayant montré que les enfants du milieu urbain sont plus exposés à l'utilisation de la moustiquaire par rapport à ceux du milieu rural; c'est par là qu'on serait tenté d'expliquer cette différence d'infection palustre entre les enfants du milieu urbain et ceux du milieu rural. Mais l'observation de nos résultats d'analyse multivariée (l'introduction de la variable Utilisation de la moustiquaire dans le modèle M6 n'influence pas la signi-ficativité du Milieu de résidence) permet de rejeter cette explication. Étant donné que le milieu urbain est mieux assaini et mieux construit que le milieu rural, on pourrait alors penser que le milieu urbain serait mieux aménagé que le milieu rural. Ainsi, le milieu urbain bénéficierait des conditions environnementales moins propices au développement et au foisonnement des vecteurs. De ces conditions environnementales, on peut citer entre autre les mares d'eaux stagnantes principaux lieux de prolifération des moustiques. Ainsi, la densité anophèlienne serait plus importante en milieu rural par rapport au milieu urbain. De ce fait, les enfants vivant en milieu rural courraient plus de risque d'infection palustre par rapport à ceux du milieu urbain.

Pour ce qui est du type d'habitation du ménage, il se trouverait qu'il soit lié au niveau de vie du ménage, or certaines études (Konradsen et al., 2003; Somi et al., 2007; Graves et al.,2008; Kumar et al., 2014) ont montré que le niveau de vie du ménage était associé à l'infection palustre chez les enfants. On pourrait penser que les ménages où les habitations sont construites en béton/parpaings sont aussi les ménages qui ont un niveau de vie élevé par rapport aux autres et auraient donc des conditions de vie (salubrité, assainissement, évacuation des ordures, etc.) meilleures, toutes choses qui contribueraient à réduire la densité anophèlienne autour de la maison. Le type d'habitation du ménage influencerait également sur le comportement et le développement des anophèles femelles. En effet, après le repas sanguin, l'anophèle femelle choisit des endroits tranquilles et sombres pour le repos et la digestion. Or certains types d'habitations par exemple celles faites en nattes de chaumes et en terre battue sont de nature sombres et attireraient par conséquent plus les anophèles femelles pour leur repos ; toutes choses qui participeraient à leur développement. De plus, les maisons faites en nattes de chaumes et en bosse de terre disposeraient des trous ou des espaces ouverts sur le mur d'habitation, ce qui favoriserait l'entrée des anophèles femelles dans la maison.

Notre étude a aussi relevé que le phénomène de résistance des vecteurs est associé à l'in-fection chez les enfants de moins de 5 ans dans la région du Nord Cameroun. Il n'y a pas de

4.4 Discussion des résultats Essai d'explication de l'infection palustre

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 88

différence de temps d'infection palustre entre les enfants vivant en zone de probable résistance et ceux vivant en zone de résistance. Par contre, les enfants vivant en zone de sensibilité des anophèles sont mieux protégé de l'infection palustre comparativement à ceux habitant les zones de résistance. Contrairement à ce qu'on pouvait s'attendre, la significativité de la résistance n'a pas induit une baisse de l'efficacité des moustiquaires. Ces résultats pourraient s'expliquer par d'autres variables exogènes au phénomène de résistance des vecteurs aux insecticides. Selon Chouaibou et al.(2008), l'apparition et le développement de la résistance des vecteurs aux insecticides dans la région du Nord Cameroun serait tributaire de l'utilisation intempestive des insecticides et des pesticides dans les champs de culture de coton. De ce fait, les zones de résistance des anophèles seraient alors pour l'essentiel situées à proximité des zones agricoles de coton. Les zones agricoles sont parfois humides et disposent des températures ambiantes qui seraient favorables au développement des anophèles femelles. De plus, la pratique de l'irrigation dans les zones agricoles favorise la création des mares d'eaux stagnantes. Ainsi, on a de bonnes raisons de penser que dans les zones agricoles la densité anophèlienne serait plus importante, ce qui contribuerait à l'augmentation du taux d'inoculation entomologique. Enfin, certaines variables relevées dans la littérature comme significativement associées à l'infection palustre, ce sont avérées non significatives dans notre étude. On peut citer entre autre : le niveau d'instruction du chef de ménage, la taille du ménage, le sexe et l'âge de l'enfant. Ce qui permet d'infirmer les hypothèses H1, H2 et H4.

4.4.1 Vérification des hypothèses

La vérification des hypothèses en sciences sociales permet de façon résolue, d'atteindre les objectifs fixés au départ de notre étude. Une hypothèse est confirmée lorsque dans l'analyse des données, la variable définie dans l'hypothèse est significativement associée au phénomène et dans le sens spécifié, de plus, les mécanismes présumés doivent être vérifiés. Elle est partiellement confirmée lorsque: soit la variable définie dans l'hypothèse est significativement associée au phénomène mais seulement certaines modalités vérifient le sens spécifié; soit la variable définie dans l'hypothèse est significativement associée au phénomène et dans le sens spécifié, mais les mécanismes présumés ne sont pas vérifiés. Elle est non confirmée lorsque la variable définie dans l'hypothèse est non significativement associée au phénomène étudié. Le tableau 4.4

4.4 Discussion des résultats Essai d'explication de l'infection palustre

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014

89

Tableau 4.4 - Vérification des hypothèses

Hypothèses

Conclusion

H1 : L'instruction du CM influence négativement le risque d'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans. Mais cette influence s'exerce à travers l'utilisation des moustiquaires pour les enfants de moins de 5 ans.

Infirmée

H2 : La taille du ménage détermine le risque d'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans. Plus la taille du ménage est grande, plus les enfants ont moins de chance d'utiliser les moustiquaires imprégnées et donc courent plus de risque d'infection palustre.

Infirmée

H3 : Le type de matériel de construction de l'habitat détermine le risque palustre chez les enfants de moins de 5 ans.

Confirmée

H4 : Les enfants de sexe féminin comparés à ceux de sexe masculin courent plus de risque d'infection palustre.

Infirmée

H5 : L'utilisation des moustiquaires imprégnées pour les enfants

diminue le risque d'infection palustre chez ces derniers.

Mais ce risque est modulé si on tient compte du phénomène de «résistance». En zone de résistance, la moustiquaire imprégnée perd son efficacité.

partiellement Confirmée

H6 : Les enfants vivant en milieu urbain courent moins de risque d'infection par rapport à ceux vivant en milieu semi-urbain et rural.

Mais cette influence se fait à travers la non utilisation de moustiquaire.

partiellement Confirmée

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 90

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe