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Performance sociale et viabilité financière des IMF au Sénégal

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par Moussa DIOUF
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - DEA Sciences de gestion 2012
  

Disponible en mode multipage

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DEDICACES

Ce mémoire de fin d'études approfondies est dédié :

A

· notre mère Fatou Sarr militante infatigable de l'éducation de ses enfants .Toi qui nous a conseillé d'aller plus loin en investissant dans nos études ;

Nous te dédie spécialement ce travail pour te manifester toute notre reconnaissance pour tout ce que tu as fait pour nous, tout en sachant que cette reconnaissance n'est point à la hauteur de ton assistance ;

· notre ami, conseiller de première heure, notre père El. Malick Diouf. Beaucoup de prières et d'encouragements pour nous avoir soutenu durant notre cursus scolaire ; 

· notre épouse Gnilane Sarr ;

· notre charmante fille Mame Diarra Bousso Diouf ;

· monsieur Ndaw (BCEAO siège) et sa femme Madame Ndaw (BHS)

· monsieur Mamadou Touré (Ministère de la justice) et sa femme Madame Touré

· nos amis Aliou Sadio, Ibrahima Diouf, Atif Diouf ; Mbaye Senghor  et Omar Bakhoum ; 

· nos frères et soeurs ;

· tous les étudiants du DEA Gestion.

REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier très sincèrement le tout puissant ALLAH, par l'intermédiaire de son prophète MOUHAMED (PSL), qui nous a donné la santé et la force de parachever ce travail de recherche ;

Nous remercions tout de même toutes les personnes qui ont participé à la conception de ce document, en particulier, le professeur El Bachir Wade qui a accepté de conduire ce travail de recherche avec la plus grande disponibilité possible ;

Nous remercions également:

Nos chers parents qui nous ont toujours assisté durant tout notre cursus scolaire ;

Nos oncles Djiby Sarr et Cheikh Sarr pour leurs soutiens sans faille ;

Les membres du jury et tous les professeurs qui ont participé à notre formation universitaire en générale et de chercheur en particulier ;

Le professeur Ibrahima Samba Dankoco en tant que responsable du DEA en Sciences de Gestion ;

Les professeurs Mahmoudou Bocar Sall et Babacar Diop pour avoir participé à notre formation sans oublier le professeur El hadji Faye qui a eu à nous encadrer, avec beaucoup de disponibilité, durant notre mémoire de Maîtrise ;

Cheikh Mbacké Diop, Abdou Sarr et Marame Loum qui nous ont assisté depuis le projet jusqu'à la confection du document final ;

Tous les membres du labo FOCS en particulier Daouda Sané, Massamba Samb, Ousmane Tanor Dieng, Aliou Bassoum, Amsa, Hervé Foyang - Foyang pour leurs soutiens et conseils ;

Les membres du labo Marketing : Alioune Faye, Safiétou Kébé, Binta Sady, Assane Diagne, Assane Fall, Kitoyi mais en particulier Balla Doucouré et Abdou Karim Faye pour leurs assistances lors de l'analyse des données ;

Les membres du labo GRH : Mamadou Sarr, Sylla, Demba Kane, Amara

La secrétaire du DEA madame Badji pour son courage, son abnégation et ses conseils sans oublier Madjiguène et Ousmane Sène ;

Nos frères et soeurs : Babou, Abdoulaye, Ousmane, Ibrahima, Nafi, Ramatoulaye et Awa pour leurs soutiens et encouragements ;

Le personnel de l'administration de l'Institut Al Hazar (Mr Badiane, Lèye, Mbaye, Diouf, Faye et Ndiaye) ainsi que l'ensemble des professeurs (Mr Diouf, Sarr, Mbaye, Diop, Niang, Faye et Guèye) pour leurs soutiens indéfectibles ;

Notre cousin Ousmane Ndiaye (SENELEC Patte d'oie) pour son soutien et ses conseils ;

Tous les directeurs de mutuelles qui ont accepté de nous fournir des informations ;

A toutes ces personnes, trouvez dans ces propos toute notre reconnaissance et notre gratitude.

LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Répartition des mutuelles d'épargne et de crédit et réseaux de l'échantillon 68

Tableau 2 : Répartition de l'échantillon final 70

Tableau 3 : Tri à plat de l'indicateur ciblage des pauvres exclus 71

Tableau 4 : Tri à plat du ratio d'autosuffisance opérationnelle 73

Tableau 5 : Tri à plat de la variable adaptation des services et produits aux besoins des clients 75

Tableau 6 : Tri à plat de la variable l'amélioration du capital social et politique des clients 77

Tableau 7 : Test de corrélation entre ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance 80

Tableau 8 : Test de corrélation entre l'adaptation des services et le RAO 83

Tableau 9 : Test de corrélation entre le capital social et politique des clients et le RAO (H3) 85

Tableau 10 : Récapitulation des différents résultats issus des tests d'hypothèses 87

Tableau 11 : Scores moyens des dimensions des différentes variables 102

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Modèle théorique de la recherche 55

Figure 2 : Modèle empirique de la recherche 89

ABREVIATIONS ET SIGLES

ACDI: Agence Canadienne pour le Développement International

AFD: Agence Française de Développement

ACEP: Alliance de Crédit et d'Epargne pour la Production

BCEAO: Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CAPAF : Programme de Renforcement des Capacités des institutions de micro finance en Afrique Francophone

CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CGAP: Consultative Group to Assist to Poor

CERISE : Comité d'Echange et de Réflexion et d'Information sur le Système d'Epargne-crédit

CMS: Crédit Mutuelle du Sénégal

DRS /SFD: Direction de la Réglementation et de supervision des Structures Financières Décentralisées

FMI: Fonds Monétaire Internationale

FDEA: Femmes Développement Entreprise en Afrique

GEC : Groupement d'Epargne et de Crédit

IMF: Institution de Microfinance

MPMEFMF: Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l'Entreprenariat Féminin et de la Microfinance

MEC: Mutuelle d'Epargne et de Crédit

OMD: Objection du Millénaire pour le Développement

ONU: Organisation des Nation Unies

ONG: Organisation Non Gouvernementale

PAMECAS: Partenariat pour la Mobilisation de l'Epargne et du Crédit Au Sénégal

PAT : Poverty Assessment Tool

PARMEC : Projet d'Appui à la Réglementation des Mutuelles d'Epargne et de Crédit

PME: Petite et Moyenne Entreprise

PPI: Progression de sortie de la Pauvreté

PAT : Poverty Assessment Tool

RAF: Ratio d'Autosuffisance Financière

RAO : Ratio d'Autosuffisance Opérationnelle

REMECU: Réseau des Mutuelles d'Epargne et de Crédit de l'Unacois

SPSS: Statistical Package for Social Sciences

SPI: Social performance Indicator

SIG: Système d'Information et de Gestion

SSCC : Structure Signataire de Convention Cadre

SFD: Structure Financière Décentralisée

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africain

USAID: United States Agency for International Development

UM-PAMECAS: Union des Mutuelles du Partenariat pour la Mobilisation de l'Epargne et du Crédit Au Sénégal

U-IMCEC: Union des institutions mutualistes communautaires d'Epargne et de Crédit

UMECU DEFS: Union des Mutuelles d'Epargne et de Crédit de l'UNACOIS pour le Développent Economique et Social

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE 1

PREMIÈRE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE 9

CHAPITRE I : L'ANALYSE CONCEPTUELLE : PERFORMANCE SOCIALE ET VIABILITE FINANCIERE 11

Section I : Le concept de performance sociale 11

Section II : Le concept de viabilité financière et sa mesure 21

CHAPITRE II : LA MICROFINANCE UNE REPONSE A L'EXCLUSION BANCAIRE : LE LIEN ENTRE PERFORMANCE SOCIALE ET VIABILITE FINANCIERE 27

Section I : Le phénomène d'exclusion bancaire et les mécanismes de financement alternatifs 27

Section II : L'arbitrage entre performance sociale et viabilité financière : le schisme de la microfinance 42

DEUXIEME PARTIE : CADRE CONTEXTUEL ET PRATIQUE DE LA RECHERCHE 49

CHAPITRE III: LA METHODOLOGIE GENERALE DE LA RECHERCHE 51

Section I : Hypothèses de recherche et choix de la méthodologie 51

Section II : Les méthodes de collectes et traitement de données 58

CHAPITRE IV : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS, CONTRIBUTIONS, LIMITES ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE 67

Section I: Présentation des résultats : analyses descriptives 67

Section II : Test des hypothèses, contributions et limites de la recherche 78

CONCLUSION GENERALE 100

BIBLIOGRAPHIE 106

ANNEXES 114

TABLE DES MATIÈRES 120

INTRODUCTION GENERALE

Depuis fort longtemps, de nombreuses activités diverses qualifiées habituellement de micro-entreprises se sont développées dans les pays du Sud afin de permettre aux populations pauvres de subsister. Malgré la diversité de leurs activités, ces micro-entreprises sont confrontées à de nombreuses difficultés parmi lesquelles l'accès à des sources de financement extérieures représente une entrave principale à leur bon développement. Elles ont en effet besoin de ressources suffisantes pour financer leurs équipements, leurs achats de fournitures et de matières premières.

Or, ces capitaux font souvent défaut car les petites sommes demandées par les micro- entrepreneurs, l'absence de garanties à offrir et aussi la nature risquée de leurs projets rebutent les banques commerciales traditionnelles (Valérie de Briey, 2005).

Dès lors, la microfinance est alors apparue comme une solution pour les opérateurs économiques du monde rural et ceux des villes qui ont été évincés des structures de financement classiques ainsi que toutes les personnes démunies susceptibles de développer une activité économique génératrice de revenus pouvant accroître leur bien-être et celui de leurs familles immédiates (Yaron, 1998)1(*).

En effet, la microfinance a débuté ses activés en Europe notamment en Italie avec la première boutique de prêt sur gage pour lutter contre les pratiques usuraires. Au début du 19ème, le concept de coopérative financière est mis en place par Raiffeisen en Allemagne. Ainsi, la microfinance prend véritablement son essor dans les années 1980, bien que les premières expérimentations remontent au début des années 1970 au Bangladesh par l'entremise de la Grameen Bank. D'autres expérimentations ont également eu lieu dans d'autres pays comme ceux d'Afrique, d'Asie, d'Amérique Latine et d'Europe de l'Est où parfois même moins de 20% de la population dispose d'un compte bancaire2(*).

En Afrique, les pratiques de la microfinance sont encore plus anciennes, mais des coopératives d'épargne et de crédit sont mises en place depuis les années 1970 au Burkina Faso, au Togo et au Ghana. Elles ont montré qu'il est possible de collecter de l'épargne en milieu rural et d'octroyer du crédit et de faire gérer les structures par les membres eux-mêmes. Depuis, ces coopératives ont grandi, gagné le milieu urbain et diversifié leurs membres et leurs activités. Par la suite, le Mali, le Bénin et le Sénégal se sont joints à cette dynamique (Ouedraogo, 2008).

Le Sénégal, pour ce qui le concerne, est un pays membre de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA) et de la Communauté Economique des Etas de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) caractérisé par un secteur financier présentant une dualité entre le système bancaire classique d'une part et d'autre part, le système financier informel et les structures de financement décentralisées. Cette dualité s'articule surtout autour du niveau de revenus des usagers. Les banques qui constituent l'essentiel du système financier formel, proposent des produits financiers que seules les grandes entreprises publiques ou privées et les particuliers à revenus relativement élevés et stables peuvent honorer (Sakho, 2004).

Depuis la crise de 1989, due au non recouvrement des créances3(*), l'environnement financier sénégalais est marqué par une nouvelle configuration du système bancaire obtenue grâce à l'application d'une nouvelle politique d'assainissement et de restructuration mise en vigueur par les autorités monétaires. Comme dans la plupart des pays en voie de développement, le constat est que les circuits classiques de financement n'ont pas su jouer pleinement leur rôle. Ce phénomène est en partie dû à un environnement économique peu propice et à l'inadaptation du mode de fonctionnement des banques rigoureusement calqué sur le modèle occidental.

Reconnaissant les limites du secteur bancaire classique à développer l'intermédiation financière et à améliorer durablement et sensiblement le revenu des personnes démunies, les autorités monétaires ont favorisé l'émergence de la Microfinance comme circuit alternatif de financement (Sakho, 2005).

Plusieurs manières existent pour définir la microfinance. Néanmoins, les activités organisées par celle-ci (micro épargne, micro assurance, transfert d'argent et microcrédit) permettent à certains chercheurs dans le domaine de formuler quelques définitions.

L'ONU définit la microfinance comme « la provision de services financiers à petite échelle tels que l'épargne, le crédit et les autres services financiers de base à des personnes pauvres et à faibles revenus».

Silvain Allemand (2007) estime, pour sa part, que la microfinance désigne les services financiers destinés aux populations exclues du système bancaire traditionnel pour les aider à créer ou à développer leurs activités ou subvenir à des besoins financiers comme le microcrédit, l'épargne solidaire et la micro assurance.

Cependant, la définition la plus plausible est celle faisant état d'une synthèse de toutes ces définitions susnommées et retenues par les différents acteurs du secteur qui s'accordent que  les dispositifs de microfinance sont des structures offrant des services financiers de base (épargne /crédit) et plus élaborés (assurances, transferts d'argent) à une frange de la population exclue du système financier classique (Cornée, 2006).

Dans les années quatre vingt dix, vue les difficultés rencontrées par la plupart des programmes gouvernementaux initiés antérieurement à l'endroit des populations démunies, la pérennité des institutions de microfinance constitue un défi majeur pour l'ensemble de la communauté internationale. Dans cette perspective, SALL (2008) souligne que «si l'importance des institutions de microfinance est largement reconnue maintenant, l'accent est insuffisamment mis sur la nécessité de leur assurer une pérennité financière pour qu'elles remplissent véritablement leur rôle. Sans équilibre financier à long terme, les institutions de microfinance connaitront les mêmes difficultés que les banques de développement et seront vouées elles aussi à la disparition ». Beaucoup de progrès ont été réalisés dans ce domaine avec notamment les outils d'évaluation financière qui ont été adaptés et conçus pour suivre la performance financière des institutions de microfinance (CERISE, 2004).

Dans cette dynamique, la viabilité financière devient alors le maître mot de la gouvernance des IMF4(*). Tous les mécanismes sont mis en oeuvre pour afficher de bons résultats financiers. Cependant, une attention trop poussée à la rentabilité financière risque d'éloigner les IMF de leurs missions sociales en faisant une sélection très rigoureuse de la clientèle. Par contre une vision trop sociale peut inciter à l'application des taux d'intérêt très bas mettant en danger la rentabilité financière des IMF. Cet arbitrage entre portée sociale et viabilité financière des institutions de microfinance est agité actuellement par deux courants très connus dans le champ de la microfinance.

Le premier courant faisant état d'une volonté d'indépendance financière est qualifié d'Institutionnaliste (Morduch, 2000). Cette approche, soutenue par les institutions financières internationales telles que la Banque Mondiale et le Fond Monétaire Internationale, est basée sur l'idée selon laquelle une massification de l'offre de crédit par l'intégration du secteur de microfinance dans les marchés financiers permettrait à terme d'éradiquer la pauvreté.

Le deuxième courant, qualifié de Welfariste selon Woller, Dunford et Woordworth (1999), prône la nécessité de mettre au devant de la scène la problématique de la performance sociale c'est-à-dire la capacité des institutions à faciliter durablement l'accès du crédit aux personnes exclues du système bancaire classique en vue d'améliorer leur bien être social à travers des études d'impact.

Ces arguments polarisés, formulés par ces deux courants de pensée de la microfinance, rendent légitime notre question centrale de recherche intitulée comme suit : les IMF peuvent-elles combiner à la fois une prise en compte de la dimension sociale avec la recherche d'une viabilité financière ? En d'autres termes nous chercherons à savoir si le désir de fournir des services financiers aux personnes exclues entre en contradiction avec la recherche de la rentabilité financière des IMF au Sénégal.

Cette question centrale, s'inscrivant dans la problématique d'arbitrage entre portée sociale et viabilité financière, suscite les interrogations spécifiques ci-après :

existe-t-il un lien entre le ciblage des personnes exclues et le ratio d'autosuffisance opérationnelle ?

existe-t-il une corrélation entre l'adaptation des produits et services aux besoins des clients et le ratio d'autosuffisance opérationnelle ?

le renforcement du capital social est-il lié positivement au ratio d'autosuffisance opérationnelle ?

En outre, l'objet de ce travail de recherche consiste, dans un premier temps, à choisir un angle d'attaque dans la mesure où la performance sociale est distinguée selon deux approches. Une approche centrée sur le client et l'impact de l'institution et une approche centrée sur l'institution et l'analyse des procédures suivies pour réaliser ses objectifs sociaux. La dernière approche sera retenue afin de voir exclusivement la capacité réelle des institutions à jouer pleinement leurs missions sociales (toucher les exclues, renforcer leurs capacités, etc.) tout en restant viables (couvrir les coûts de l'offre de services).

Ainsi, en tenant compte du fait que la performance sociale est un concept multidimensionnel et que l'approche retenue pour ce concept est clairement circonscrite mais aussi en tenant compte de la question centrale de recherche, l'objectif général de notre travail de recherche consiste donc à voir si les IMF peuvent combiner à la fois une prise en compte de la dimension sociale avec la recherche d'une viabilité financière.

Et de manière spécifique, il s'agit : 

· d'étudier le lien pouvant exister entre le ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance opérationnelle ;

· de vérifier s'il ya une corrélation entre l'adaptation des produits et services aux besoins des clients et le ratio d'autosuffisance opérationnelle ;

· d'examiner le lien entre le capital social et le ratio d'autosuffisance opérationnelle.

Ce travail présente, de plus, un double intérêt qui est à la fois théorique et pratique.

Sur le plan théorique, notre recherche contribue modestement à l'extension du champ théorique et aux avancements scientifiques et techniques de la recherche en microfinance par le fait qu'il soit positionné par rapport à d'autres travaux du même domaine. Parmi ces travaux, nous pouvons noter ceux du réseau CERISE (2008, 2010), de Fin Rural et CERISE (2006) sans oublier aussi ceux de Simon Cornée (2006,2007). A ce titre, cette recherche va permettre aux chercheurs travaillant dans le domaine, notamment ceux du Sénégal, d'avoir une base théorique solide sur les concepts faisant l'objet de notre étude étant donné qu'à notre connaissance cette recherche constitue la première au Sénégal sur le lien entre performance sociale et viabilité financière.

Sur le plan pratique cette recherche est l'occasion pour nous d'articuler de manière optimale les notions de « performance sociale » et de « viabilité financière » c'est-à-dire parvenir au lien pouvant exister entre les deux concepts. A cet effet, les institutions de microfinance, en général et celles du Sénégal en particulier, trouveront les pistes nécessaires pour cibler efficacement les populations démunies tout en renforçant leur viabilité financière. Notre ambition ici est d'essayer de donner au travail une véritable implication managériale permettant aux décideurs et aux différents acteurs du secteur de jouer pleinement leur rôle dans l'atteinte des objectifs du millénaire pour le développement (OMD)5(*) en général et de la réduction de la pauvreté en particulier.

Pour montrer ce lien entre les deux concepts, nous nous appuyons sur un raisonnement en deux parties à savoir la revue de la littérature et l'approche empirique.

Dans la première partie concernant la revue de la littérature, sont développés le cadre conceptuel (Chapitre I) qui va nous servir à bien délimiter les contours de notre étude d'une part et d'autre part la microfinance comme une réponse à l'exclusion bancaire (Chapitre II).

Concernant la seconde partie, elle expose le cadre empirique où sont développées successivement la méthodologie générale de la recherche (Chapitre III) et la présentation des résultats ainsi que les limites et perspectives de recherches futures (Chapitre IV).

PREMIÈRE PARTIE :
REVUE DE LA LITTERATURE

Comme disait RIVELINE : « Il n'ya rien de plus pratique qu'une bonne théorie. »6(*)

Ainsi, cette première partie de notre travail, ayant pour objet de dégager une revue de la littérature, est structurée autour de deux axes. Il s'agit, d'une part, de l'analyse conceptuelle de la recherche nous permettant de bien délimiter les contours de l'étude (chapitre I) et d'autre part de proposer aussi, vue la diversité des thèmes agités autour de la microfinance, une revue axée sur l'arbitrage entre les concepts de performance sociale et de viabilité financière (chapitre II). Ce dernier chapitre est l'occasion pour nous d'étudier un certains nombre de théories en l'occurrence les théories contractualistes.

CHAPITRE I : L'ANALYSE CONCEPTUELLE : PERFORMANCE SOCIALE ET VIABILITE FINANCIERE

Ce chapitre, intitulé cadre conceptuel de la recherche, tente d'expliciter la notion de performance sociale avec tous les problèmes y afférents d'une part et celle de viabilité financière d'autre part.

Section I : Le concept de performance sociale

La performance sociale est un concept multidimensionnel selon Waddock et Graves (1997). Il convient de faire quelques généralités sur le concept avant de passer à son évaluation.

1. Généralités sur le concept de performance sociale

Selon les auteurs comme Lapenu et Al. (2004) : « L'objectif d'une IMF réside dans sa capacité à faciliter l'accès des services financiers aux populations défavorisées afin d'améliorer leur bien-être et ce de manière durable.» Selon eux cet objectif générique peut être subdivisé en deux catégories de sous-objectifs à savoir la notion de durabilité ou de pérennité mais aussi de performance sociale.

Le premier sous-objectif concernant la notion de durabilité ou de pérennité renvoie à une nécessité de bonne gestion. Cette notion de pérennité peut aussi être correctement appréhendée à travers certains indicateurs financiers.

Le deuxième sous-objectif inclue des objectifs de performance sociale. Ces derniers traduisent la mise en pratique efficace de la mission sociale d'une IMF. Ils ne concernent pas uniquement la mesure de l'impact mais aussi la mise en place d'actions et de mesures correctives permettant d'améliorer cet impact.

Sur ce point, Cornée (2007) considère que dans le secteur de la microfinance, chaque IMF a un savoir-faire basé sur son histoire, ses pratiques internes et son environnement qui sous-tendent des facteurs spécifiques difficilement quantifiables tels que le niveau de coopération, de solidarité ou encore de confiance. C'est ainsi qu'à l'issue de leur état des lieux sur les outils de mesure de la performance sociale, Reboul et Lapenu (2006) pointent le fait que la simplification de la notation peut se faire au détriment de la multiplicité des objectifs sociaux des parties prenantes et peut tendre aussi à ignorer les contradictions entre ces dernières. C'est pour cette raison que les recherches empiriques sur le lien entre performance sociale et financière donnent le plus souvent des résultats contradictoires. Ce résultat est confirmé par Ullman (1985) qui, après avoir réalisé une étude exhaustive sur les travaux de l'époque, concluait que ces derniers pouvaient être caractérisés comme des données empiriques en recherche de théorie.

1.1. Définition de la performance sociale

Le mot performance a été défini par un certain nombre d'auteurs. En effet, comme le remarque Bourguignon (2000)7(*), le terme performance est largement utilisé sans que sa définition ne fasse l'unanimité. Ce fait reflète même la polysémie du mot. En revenant aux origines étymologiques, nous constatons que le terme français et le terme anglais sont proches et signifient l'accomplissement pour évoquer par la suite l'exploit et le succès. Ainsi, le mot performance puise donc ses origines dans le latin «performare » et signifie l'accomplissement, les réalisations et les résultats réels.

A cet effet, beaucoup d'auteurs ont tenté de donner une définition de la performance à leur manière. Parmi ces auteurs nous pouvons évoquer par exemple:

Albanes (1978)8(*) qui soutient que la performance est la raison des postes de gestion, elle implique l'efficience et l'efficacité.

Miles (1986)9(*) pense que la performance est la capacité de l'organisation à réaliser une satisfaction minimale des attentes de sa clientèle stratégique.

Machesnay (1991)10(*) suppose que la performance de l'entreprise peut se définir comme le degré de réalisation du but recherché.

Chandler (1992)11(*), quant à lui, estime que la performance est une association entre l'efficacité fonctionnelle et l'efficacité stratégique. L'efficacité fonctionnelle consiste à améliorer les produits, les achats, les processus de production, la fonction marketing et les relations humaines au sein de l'entreprise. L'efficacité stratégique consiste à devancer les concurrents en se positionnant sur un marché en croissance ou en se retirant d'un marché en phase de déclin12(*) .

Lorino (1997)13(*), de son coté, pense qu'est performant dans l'entreprise tout ce qui, et seulement ce qui, contribue à améliorer le couple valeur - coût (à contrario, n'est pas forcément performance ce qui contribue à diminuer le coût ou à augmenter la valeur isolément.

En conséquence, l'analyse des buts poursuivis par l'organisation fait apparaître deux mesures de la performance à savoir l'efficacité14(*) et l'efficience15(*). En ce sens, la performance est définie comme l'aptitude à obtenir de meilleurs résultats, en fournissant un minimum d'effort et en se comportant pertinemment afin d'atteindre les objectifs escomptés.

Il existe plusieurs types de performances comme la performance économique, organisationnelle, financière, sociale etc., mais nous allons nous intéresser ici qu'à la performance sociale qui constitue notre première variable de recherche.

La comparaison entre la performance sociale d'une organisation par rapport aux performances économiques et financières prend en compte la nature des relations internes entre ses employés et des relations qu'elle entretient avec ses clients et les autres acteurs avec qui elle interagit. Plus globalement, nous pouvons entendre par performance sociale les effets de l'institution sur les conditions sociales de ses clients: effet sur le niveau de vie (pauvreté, logement, santé, éducation). Sur ce point, cette définition n'est étudiée que du point de vue du client.

Cependant, une autre étude de la performance sociale des IMF est aussi promue par de nombreux réseaux d'appui et de bailleurs de fonds comme le réseau CERISE en France, le CGAP, l'USAID (CAPAF, 2006). Dans leur étude, Lapenu et Reboul (2006) du réseau CERISE définissent la performance sociale d'une IMF comme étant « la traduction effective de sa mission sociale en pratique (actions, mesures correctives et suivi des résultats) ». Pour eux, la mission sociale de la microfinance est également liée de facto à l'amélioration des conditions de vie des populations exclues et à l'élargissement de la gamme d'opportunités socioéconomiques pour la communauté.

En plus des travaux effectués par le réseau CERISE16(*) sur la performance sociale, les autres réseaux cités ci-dessus s'y associent. La rencontre des différentes initiatives sur le concept sous l'égide du CGAP (2007) a permis de trouver un consensus sur une définition plus globale de la performance sociale en ces termes : « La performance sociale est la traduction effective dans la pratique des objectifs sociaux d'une institution de microfinance conformément aux valeurs sociales reconnues. Ces objectifs sont notamment de servir durablement un nombre croissant de pauvres exclus, d'améliorer la qualité et l'adéquation des services financiers ainsi que la situation économique et sociale des clients et de garantir la responsabilité sociale envers les clients, les employés et la communauté de manière générale.»

A cet égard, Copestake (2007) et Jegourel (2008) estiment que cette définition de la performance sociale se résume donc à travers trois éléments majeurs. Il s'agit tout d'abord de la capacité d'atteindre le plus grand nombre de personnes pauvres durant une période donnée, ensuite de la capacité d'atteindre des personnes dont la situation sociale est initialement défavorisée et enfin de la capacité d'améliorer directement ou indirectement leur bien-être social et celui de leurs familles immédiates.

Cette définition proposée par les différents réseaux cités ci-dessus prend en compte les quatre dimensions de la performance sociale à savoir le ciblage des pauvres exclus, l'adaptation des produits et services aux besoins des clients, l'amélioration du capital social ou de la situation économique et politique des clients et la responsabilité sociale de l'institution ; ce qui justifie le fait que cette dernière définition beaucoup plus globale est retenue dans la suite de notre recherche. En conséquence, la performance sociale ne concerne pas uniquement la mesure de l'impact, mais aussi la mise en place d'actions et de mesures correctives pour améliorer cet impact. La mission sociale de la microfinance revient alors à améliorer les conditions des pauvres exclus et à élargir l'éventail des opportunités pour les communautés. Cette acception se base sur l'idée selon laquelle les institutions de microfinance ont généralement un double objectif de résultat qui est à la fois social et financier. Dans cette perspective, les notions de performance sociale et de responsabilité sociale de la microfinance sont aujourd'hui considérées comme une entrée nouvelle et complémentaire de l'évaluation financière du secteur.

La responsabilité sociale concerne ici la préoccupation des parties prenantes (IMF, réseaux, investisseurs, bailleurs) à s'assurer que leurs actions sont transparentes, qu'elles contribuent à l'offre de services financiers et qu'elles n'ont pas d'effets négatifs sur leurs partenaires (employés, clients, communauté, environnement). La notion de performance sociale va un peu plus loin dans la mesure où les IMF cherchent par leurs actions à remplir une mission sociale en faveur de leurs clients et s'assurent que ces derniers et leurs familles en tirent un bénéfice économique et social.

Pour arriver à cette fin, les objectifs sociaux d'une IMF doivent inclure :

· servir un nombre croissant de pauvres exclus durablement en étendant la portée des programmes de microfinance ;

· améliorer la qualité et l'adéquation des services financiers disponibles pour la clientèle cible à travers l'évaluation systématique de ses besoins spécifiques ;

· créer un capital social et améliorer aussi la responsabilité sociale des IMF envers ses employés et ses clients qu'elles servent (CERISE, 2008).

1.2 Problème de mesure de la performance sociale

Au départ, l'évaluation de la performance sociale dans le domaine de la microfinance posait un certain nombre de difficultés ; ce qui était à l'origine d'une raison fondamentale de l'incertitude de la relation entre performance sociale et viabilité financière. En effet, selon Waddock et Graves (1997), la performance sociale est un concept multidimensionnel incluant d'une part des investissements dans les programmes environnementaux, des comportements internes comme le traitement des minorités et des femmes (inputs) et d'autre part des relations avec la communauté et des actions humanitaires (outputs). Pour eux, chaque système de mesure propose une pondération différente de ces multiples dimensions. La mesure de la performance sociale se heurte à cet effet à un problème d'échantillonnage. Dans le même sillage, Ullmann (1985) souligne qu'un système de mesure peut être pertinent pour certains secteurs spécifiques mais s'avère inapplicable pour d'autres puisque la mesure de la performance sociale se base souvent sur les déclaratifs des entreprises et non pas sur une analyse approfondie et indépendante des pratiques de terrain. C'est la raison pour laquelle, la corrélation entre la performance sociale et les déclaratifs des entreprises n'est donc pas évidente.

Dans cette optique, le réseau CERISE a pris la relève en élaborant quatre indicateurs de performance sociale acceptés par l'ensemble de la communauté scientifique en microfinance et dont les trois sont pris en considération dans notre étude.

2. L'évaluation de la performance sociale

Le modèle d'évaluation de la performance sociale, développé par le réseau CERISE, est un des plus évolués à ce jour. Il convient de distinguer deux approches qui sont complémentaires à savoir l'approche par les indicateurs d'impact et l'approche par les indicateurs de performance sociale.

L'approche par les indicateurs d'impact sur l'évolution des conditions de vie des clients peut donner des tendances et des hypothèses qui ne relèvent pas simplement de l'action des institutions de microfinance mais du contexte socio-économique. Concernant l'approche par les indicateurs de performance sociale (SPI), elle propose un cadre d'analyse basé sur les déclarations de la direction des institutions de microfinance à partir des connaissances de l'institution et des données issues du système d'information et de gestion (SIG). Ces indicateurs sont au nombre de quatre. Il s'agit du ciblage des pauvres exclus, de l'adaptation des produits et services aux besoins des clients, de l'amélioration du capital social et politique des clients et de la responsabilité sociale de l'institution.

2.1. Le ciblage des pauvres exclus

Les IMF ont été généralement développées pour atteindre des personnes exclues du système financier classique. Elles peuvent avoir pour objectif de toucher les populations socialement exclues comme les jeunes, les femmes et les analphabètes ou simplement d'offrir des services financiers dans des régions où le système bancaire est absent.

Le ciblage recouvre l'ensemble des mécanismes qu'une IMF met en oeuvre pour toucher des personnes exclues du système bancaire classique. Ainsi, le ciblage peut être géographique, lorsqu'une institution s'implante dans des zones qui en ont particulièrement besoin. Il est individuel, lorsqu'elle sélectionne volontairement des usagers défavorisés. Et il revêt une dimension méthodologique, lorsque les modes de fonctionnement sont particulièrement adaptés pour répondre aux contraintes des personnes les plus démunies (CERISE, 2010).

2.2. L'adaptation des services et produits aux besoins de la clientèle cible

Il est cependant insuffisant de cibler une population particulière. Mais aussi il faut comprendre quels sont ses besoins et ses contraintes puis travailler maintenant à la définition de produits qui puissent y répondre au mieux. Les services financiers destinés aux populations exclues sont souvent standardisés. Ces services concernent pour l'essentiel de petits crédits, des remboursements réguliers et souvent hebdomadaires, mais également des cautions solidaires.

L'adaptation des services revient donc pour une institution à s'assurer que son offre répond le mieux possible aux besoins de ses membres ou de ses clients. Cette phénomène se traduit par une diversité de sa gamme de produits financiers, par la qualité de ses prestations et enfin par la mise à disposition de services innovants et non financiers (CERISE, 2008).

2.3. L'amélioration du Capital social et politique des clients

Dans la gestion des IMF, la confiance et la mobilisation des liens sociaux au sein de la communauté peuvent réduire les coûts de transaction et améliorer les remboursements à travers l'encouragement à l'action collective, la réduction des comportements opportunistes et des risques. Mais ces liens sociaux ne doivent pas être instrumentalisés au seul profit de la réduction des coûts de l'institution. Pour les clients, le renforcement de leur capital social et politique peut améliorer leur organisation sociale (action collective, partage de l'information, poids politique, etc.).

Cet indicateur de performance sociale cherche à mesurer le degré de transparence, les efforts de l'institution pour donner une place à ses clients au sein de l'organisation. La structure de microfinance peut aussi chercher à renforcer le capital social de ses clients en favorisant la confiance et la transparence, en organisant des mécanismes de participation ou en ayant des actions spécifiques d'empowerment ou d'autonomisation (CERISE,2008).

Par ailleurs, concernant le capital social susnommé, il peut être défini de manières diverses bien que corrélatives. En effet, l'approche retenue par le chantier finance solidaire, en l'occurrence les auteurs comme Quinones et Fernando (2003), consiste à définir le capital social comme la capacité des personnes à coopérer et à agir ensemble pour venir à bout de problème d'action collective et parvenir à des objectifs communs. La Banque Mondiale, de son coté, considère que le capital social en microfinance fait référence à des institutions, relations et normes qui façonnent la qualité et la quantité des interactions sociales d'une société. Enfin, Worms (2002) interprète le capital social comme le stock accumulé de coopération à un moment donné et qui, quand on l'utilise, fait émerger ou facilite les interactions sociales, les liens et les arrangements sociaux. En ce sens, il peut être traité exactement de la même manière que le capital financier ou humain.

2.4. La responsabilité sociale de l'institution

Les institutions de microfinance sont tout d'abord des fournisseurs de produits et services financiers mais leurs fonctionnements doivent s'harmoniser avec les besoins et les attentes locales sans briser les équilibres économiques et culturels. Souvent venues de l'extérieur de la communauté dans laquelle elles s'insèrent, les IMF doivent pouvoir s'y fondre et s'adapter au contexte socio-économique et culturel. La responsabilité sociale des IMF requiert également une politique des ressources humaines juste, des garanties adaptées aux valeurs locales, des relations équilibrées entre clients et employés surtout dans les IMF où certains clients élus participent aux prises de décision.

En somme, la responsabilité sociale s'exerce à l'égard du personnel de l'institution en adoptant une politique de ressources humaines appropriée mais aussi vis-à-vis de ses clients en garantissant des principes essentiels de protection des consommateurs et enfin envers la communauté et l'environnement en veillant à préserver le milieu dans lequel elle intervient (CERISE,2010).

Concernant la performance sociale, les variables retenues sont issues fondamentalement, comme nous l'avons dit tantôt, des travaux d'un groupe de chercheurs sur la microfinance dénommé CERISE (Comité d'Echange, de Réflexion et d'Information sur les Systèmes d'Epargne-Crédit) qui a essayé d'analyser le lien entre performance sociale et financière et nous nous sommes inspirés de ces travaux pour établir les différents indicateurs de la variable performance sociale. Parmi les quatre indicateurs précités permettant de mesurer la performance sociale, nous allons en retenir que trois pour la suite de notre recherche pour des raisons liées au fait que la quatrième dimension est corrélée, dans la revue, avec la taille de l'institution alors que cette dernière n'est pas prise en compte dans la présente étude. Ainsi, ces différentes dimensions seront mises en relation avec celles de la viabilité financière.

Section II : Le concept de viabilité financière et sa mesure

La viabilité financière étant une variable stratégique de la performance financière, il convient d'abord de la définir avant de passer à son évaluation.

1. Définition de la viabilité financière

Pour Sakho (2004), la microfinance est considérée comme un outil de lutte contre la pauvreté dans le monde. Il est par conséquent important d'assurer la viabilité, voire la pérennité des IMF et de renforcer la compréhension des mécanismes spécifiques visant à promouvoir les activités de crédit et d'épargne. En effet, selon toujours Sakho, la viabilité au Sénégal peut être perçue sous trois angles : l'angle institutionnel, social et financier. Mais nous allons nous focaliser uniquement sur la viabilité financière qui nous concerne dans cette étude.

Sur ce point, plusieurs auteurs ont eu à définir la notion de viabilité financière. Parmi ces auteurs nous pouvons citer :

WONOU (2002)  qui définit la viabilité financière d'une IMF comme ce que la fondation est pour une maison. Pour lui, la viabilité financière peut être perçue comme sa capacité à couvrir par ses produits l'ensemble de ses charges et à constituer des réserves pouvant, au besoin, servir d'amortisseurs systémiques.

BOYE S. et al. (2006), quant à eux, définissent la viabilité financière comme le fait d'atteindre l'équilibre financier et de pouvoir financer la croissance.

En conséquence, nous tirons comme conclusion que la viabilité financière ne se conçoit bien sûr qu'à moyen terme. En effet, dès l'entame du programme, des subventions sont admises. Par contre, une fois les coûts de démarrage maitrisés, les services financiers devraient être livrés à la clientèle cible et de façon durable c'est-à-dire sans recourir aux subventions.

En outre Ndiaye F. (2009), dans son livre intitulé « La microfinance en Afrique de l'Ouest : Quelle viabilité ? », essaye de faire une comparaison entre viabilité et pérennité. A cet effet, il aboutit à la conclusion suivante: « Les concepts de viabilité et de pérennité sont diversement appréciés dans la littérature, non seulement quant à leur contenu et aux étapes mais quant à leurs incidences sur les relations entre la microfinance et la lutte contre la pauvreté d'une part et le développement socio-économique d'autre part. La pérennité d'une IMF est définie comme sa capacité à assurer, sans subventions implicites ou explicites, son développement institutionnel dans la rentabilité de manière durable et permanente. Ainsi, la pérennité est une notion qui englobe la viabilité qui, elle-même requiert la viabilité financière. La pérennité d'une IMF est donc sa capacité à être viable de manière irréversible ou être viable, pour le moins, sur le long terme.»

Par conséquent, au vue de toutes ces définitions développées ci-dessus, nous allons retenir celle-ci pour la suite du travail : « La viabilité financière d'une IMF peut être définie comme sa capacité à couvrir par ses produits, l'ensemble de ses charges et dégager une marge pour financer sa croissance.» En d'autres termes, c'est la capacité qu'a une IMF de mener ses activités en se passant des subventions sous forme de prêts concessionnels ou de dons (Sène, M. 2006).

2. Mesure de la viabilité financière

Il existe plusieurs indicateurs permettant de mesurer la viabilité financière. Parmi ceux-ci nous pouvons noter essentiellement le ratio d'autosuffisance opérationnelle et le ratio d'autosuffisance financière.

2.1. L'autosuffisance opérationnelle

Selon Boyé S. et al. (2006) les institutions de microfinance font face à trois types de coût à savoir les charges d'exploitation, les provisions pour les créances douteuses et les charges financières. L'autosuffisance opérationnelle est un indicateur essentiel qui évalue la capacité d'une IMF de couvrir ces trois types de charges. Elle est mesurée par le ratio :

[Revenus d'intérêt et commissions] / [Les charges d'exploitation + Les provisions pour les créances douteuses + Les charges financières]

Conformément aux instructions données par la BCEAO, la norme du ratio d'autosuffisance opérationnelle s'établie à 100%. Ainsi, toute institution qui ne parvient pas à atteindre cette barre subit des pertes qui, à terme, anéantissent sa viabilité financière.

2.2. Le ratio de l'autosuffisance financière

L'autonomie financière indique que les produits générés globalement (hors subventions de toute nature) sont suffisants pour couvrir l'ensemble des charges d'exploitation, les dotations pour créances douteuses ainsi que les charges financières.

Cependant, Gibbons et Meehan (1999) considèrent que l'autonomie financière est définie comme la capacité d'une IMF à couvrir l'intégralité de ses charges de fonctionnement en prenant en compte les divers ajustements relatifs à l'inflation et aux subventions explicites et implicites.

Dans cette perspective, Boyé S. et Al. (2006) estiment qu'en plus de ces trois types de charges citées ci-dessus, il existe pour une IMF un quatrième type de charge à savoir le coût de capital qui est la charge à laquelle l'IMF aurait à faire face :

· si elle devait son fonds de crédit sans recevoir de subvention et sans bénéficier de crédits à des taux bonifiés ;

· et aussi si elle devait maintenir la valeur de ses fonds propres malgré l'inflation.

Concernant le premier point, les charges de financement de l'IMF seraient alors égales à ses emprunts moyens sur l'année multipliés par le taux de l'emprunt sur le marché. De ce moment, il faut soustraire les charges de financement réellement payées par l'IMF dans l'année pour connaître le surcoût qu'aurait connu l'IMF en l'absence des subventions.

Ce surcoût égal à:[(emprunt moyen) × (taux de l'emprunt)] - charges de financement réelles. (1).

Pour le second point, nous pouvons dire que l'inflation a pour effet de réduire la valeur de fonds propres de l'IMF en termes réels à l'exception des immobilisations comme les terrains et les bâtiments dont la valeur réelle n'est pas affectée par l'inflation. L'IMF doit donc générer des revenus suffisants pour compenser l'effet de l'inflation sur ces fonds propres nets de ses immobilisations. Cet effet est égal à: taux de l'inflation × (fonds propres moyens - immobilisations moyennes) (2). Le coût de capital est donc égal à la somme de ces deux termes [(1) +(2)].

Dès lors, nous pouvons évaluer la capacité de l'IMF par l'ensemble de ses quatre catégories de coûts en calculant son ratio d'autosuffisance financière qui est égal à :

[Revenus d'intérêt et commissions] / [Les charges d'exploitation + Les provisions pour les créances douteuses + Les charges financières + Le coût de capital]

Selon toujours la norme édictée par la BCEAO, seules les IMF dont le ratio d'autosuffisance financière est supérieur à 100% pourront durablement poursuivre leurs activités sans subventions et sans voir aussi leurs fonds propres diminuer.

De manière générale, les IMF évoluent d'abord progressivement vers l'autosuffisance opérationnelle avant d'atteindre, à plus long terme, l'autosuffisance financière. La question de l'autonomie financière suit un certain nombre d'étapes. Ainsi, de nombreuses études sont actuellement menées pour décrire la voie idéale conduisant à la pérennité financière.

Otero et Drake (1993)17(*) dressent un cycle de vie susceptible de refléter la transformation d'une institution de microfinance en une véritable institution d'intermédiation financière. Trois phases sont à distinguer à cet effet:

· la première phase est dite de démonstration durant laquelle l'institution d'appui fait preuve qu'il est possible de prêter aux pauvres grâce à un mode de fonctionnement adapté ;

· la deuxième phase est dite de seconde génération durant laquelle l'institution tente de conforter son mode de fonctionnement afin de tendre vers une autonomie ;

· la troisième phase est dite de développement opérationnel lié à l'expansion durant laquelle l'institution commence à s'interroger sur sa véritable fonction d'intermédiation financière.

En outre, pour juger de la dépendance des IMF face aux subventions, le critère de référence est l'indice de dépendance des subventions. Mais pour juger de l'autonomie financière d'un programme, nous pouvons se référer soit au taux de couverture des charges opérationnelles ou ratio d'autosuffisance opérationnelle qui n'inclut pas le coût de capital soit au taux de couverture total qui prend en compte l'ensemble des charges (Yaron, 1998).

A cet égard, l'étude exploratoire que nous avons menée auprès de certaines IMF nous permet de constater que la plupart d'entre elles ne dispose pas d'un système d'information et de gestion adéquate comme le souligne tantôt Sakho (2005). A cet effet, l'opérationnalisation de la viabilité financière sera limitée exclusivement à l'autosuffisance opérationnelle, comme l'a indiqué Yaron (1998), puisque l'autosuffisance financière intègre le coût de capital. Dans ce sens, vue les difficultés rencontrées dans l'évaluation de ce coût, nous jugeons nécessaire, compte tenu de nos moyens financiers et du temps qui nous est imparti, de l'intégrer dans nos études ultérieures.

Par ailleurs, comme les acteurs de la microfinance s'interrogent régulièrement sur les équilibres entre ciblage des pauvres ou plus généralement entre performance sociale et performance financière, nous pouvons s'interroger sur le lien entre performance sociale et viabilité financière. Il s'agit en outre de pouvoir tester l'hypothèse selon laquelle à moyen terme, il existe une convergence entre performance sociale et viabilité financière.

Ceci nous amène au chapitre qui suit concernant toujours la revue de la littérature axée notamment sur le lien ou l'arbitrage entre performance sociale et viabilité financière.

CHAPITRE II : LA MICROFINANCE UNE REPONSE A L'EXCLUSION BANCAIRE : LE LIEN ENTRE PERFORMANCE SOCIALE ET VIABILITE FINANCIERE

Comme évoqué dans la partie introductive, de nombreuses personnes ont longtemps été rejetées du système bancaire traditionnel et se sont dès lors vues contraintes de se tourner vers des sources de financement alternatives. La première section a pour objectif de comprendre les raisons pour lesquelles les banques commerciales traditionnelles se sont détournées de ces populations aux revenus modestes et aux activités économiques de petite envergure et les alternatives qui s'offrent à ces dernières. Dans la deuxième section, l'arbitrage entre performance sociale et viabilité financière dénommé le schisme de la microfinance est mis en évidence.

Tout au long de la première section, nous nous référerons aux théories contractualistes car, selon De Briey (2005), il s'agit du cadre théorique habituellement mobilisé dans la littérature scientifique pour expliquer le phénomène d'exclusion des micro-entrepreneurs du marché du crédit. Cette situation va nous permettre de voir, de facto, l'émergence des modes de financement alternatifs dans les pays du sud de manière général et au Sénégal en particulier.

Section I : Le phénomène d'exclusion bancaire et les mécanismes de financement alternatifs

Après avoir défini la notion d'exclusion bancaire, nous allons nous placer dans une perspective contractualiste notamment à travers la théorie de l'agence et l'introduction de la distinction entre risque et incertitude. Ce faisant, nous montrons l'existence d'asymétrie d'informations en termes d'imperfection du marché du crédit comme fondement théorique de l'éviction des micro-entrepreneurs du système bancaire classique et l'émergence des modes de financement alternatifs.

1. Notion d'exclusion bancaire

L'acceptation ou le rejet d'un dossier crédit se fait généralement sur la base de l'analyse du projet du client et des sûretés apportées par ce dernier. Du fait de l'asymétrie informationnelle, les banques s'appuient sur ces sûretés pour prendre une décision. Les micro-entrepreneurs à revenus modestes incapables d'apporter ces garanties se retrouvent en situation d'exclusion de prêt. Cette exclusion a pour conséquence un blocage de l'activité économique des agents assimilé par Vallat et Guérin (2000) comme des creux bancaires.

Une autre définition est proposée par Gloukoviezoff (2004) qui soutient que l'exclusion bancaire est le processus par lequel une personne rencontre des difficultés d'accès ou d'usage dans ses pratiques bancaires de sorte qu'elle ne peut plus mener une vie sociale normale dans la société. A cet égard, une situation d'exclusion bancaire n'est donc définissable que par rapport aux conséquences sociales des difficultés d'accès et d'usage qui la composent.

Ainsi, nous pouvons tirer comme conclusion que l'exclusion bancaire correspond à une demande de crédit non satisfaite qui entrave l'activité économique des agents n'ayant pas les garanties nécessaires qu'exigent les banques classiques. Pour étayer cette idée d'éviction, un certain nombre de théories ont été mises en place en l'occurrence les théories contractualistes.

1.1. Les théories contractualistes

Concernant les théories contractualistes, notre attention porte d'abord sur la théorie de l'agence, ensuite le risque et incertitude et enfin l'asymétrie d'information et ses effets.

1.1.1. La théorie de l'agence

Nous pouvons dire qu'au niveau des théories contractualistes, l'accent est mis sur les contrats qui se nouent entre individus. Ces contrats, modes de coordination de l'activité économique alternative au marché, se caractérisent par une relation d'agence c'est-à-dire une personne (le principal) engage une ou plusieurs autres personnes (les agents) pour exécuter en leurs noms une tâche qui implique la délégation d'un certain pouvoir de décision à ces dernières (Jensen et Meckling, 1976)18(*).

Dans ce sillage, Charreaux et al. (1987) pour leur part, insistent sur le fait que toute relation d'agence donne souvent lieu à une asymétrie d'information entre les individus car, d'une part, les agents en savent généralement plus sur la tâche à accomplir que le principal et d'autre part, il est souvent difficile et onéreux pour le principal de mesurer les efforts déployés par un agent dans l'accomplissement de ses obligations et par conséquent de spécifier par contrat ce que doivent être ces dernières. Hulme et Mosley (1996) quant à eux, supposent que le refus des banques commerciales de financer les micro-entrepreneurs résulte de l'importance des problèmes de défection et du non respect des contrats.

En conséquence, la relation de crédit peut, en effet, être considérée comme une relation d'agence par laquelle le prêteur (le principal) loue une part de sa richesse aux micro-entrepreneurs (les agents) qui s'engagent à rembourser le principal et à lui payer les charges d'intérêt aux échéances et conditions fixées dans un contrat établi au préalable entre les parties. Dans ce cas, un problème d'agence se pose car il est certain que dans toute relation de crédit, les intérêts de l'emprunteur et du prêteur diffèrent. Le premier est essentiellement concerné par la rentabilité des capitaux empruntés alors que le dernier l'est par la solvabilité du premier et la rentabilité des fonds prêtés (Bazzoli et Dutraive, 1997).

En outre, pour être en phase avec le secteur financier, la microfinance a dû se professionnaliser sous l'impulsion des praticiens de plus en plus performants, des experts et aussi des groupes de pression. Cette professionnalisation du secteur de la microfinance est largement due aux risques auxquels elle est confrontée en tant qu'activité financière (Baumann, 2007).

Cette situation se traduit donc par une difficulté supplémentaire de se prémunir contre les aléas de toutes sortes frappant notamment les pays du sud en général et ceux d'Afrique en particulier. Certains risques et incertitudes frappent les populations dans leur vie quotidienne tandis que d'autres sont subis par les organisations même de la microfinance (Servet, 2007).

Ainsi, selon toujours Baumann (2007), les risques et incertitudes frappant les populations sont principalement dus à la volatilité de leurs revenus, aux pertes en capital, aux dépenses imprévues et aux manifestations imputables tantôt aux maladies et aux accidents de toutes sortes ou tantôt à un environnement politique, économique et social instable.

Servet (2007), de son coté, pense que les risques et incertitudes touchant les organisations sont liés au fait que celles de la microfinance ne sont pas non plus à l'abri de risques et incertitudes. Pour lui, les risques sont tout d'abord liés aux aléas subis par les clients. En effet, si les clients ou les membres sont moins solvables ou s'ils ont une capacité plus faible à épargner, à rembourser, à verser des cotisations, la viabilité même des organisations se trouve atteinte. Cette situation passe surtout par les risques clients voire même les pertes sur créances clients qui affectent directement le portefeuille de crédit de l'institution considérée.

1.1.2. L'asymétrie de l'information et ses effets

L'imperfection du marché du crédit remonte depuis les écrits de Stiglitz et surtout de Stiglitz et Weiss (1981). Ce phénomène résulte de l'existence d'asymétrie d'information entre le prêteur (le principal) et l'emprunteur (l'agent) ; ce qui rend difficile l'évaluation de la qualité du demandeur (risque de sélection adverse) et la vérification du bon respect des termes du contrat (risque d'aléa moral).

1.1.2.1. La sélection adverse ou l'anti-sélection

Dans une économie de marché (du crédit) où l'information est parfaite et gratuite, la banque peut prévoir les actions de l'emprunteur et fixer ainsi un taux d'intérêt reflétant le niveau de risque du projet. Dans ce cas, la théorie classique suppose qu'une augmentation du risque se traduit, ipso facto, par une augmentation du taux d'intérêt. Dans cette perspective, le taux d'intérêt devient une fonction monotone du risque. A l'opposé, un contexte d'incertitude est caractérisé par une information imparfaite et asymétrique entre les différents acteurs du secteur. En effet, l'emprunteur détient plus d'informations que le prêteur et peut, à cet effet, cacher ou ne pas révéler certaines informations en faisant preuve d'opportunisme précontractuel (Akerloff, 1970)19(*).

C'est pour cette raison que la banque ne peut se fier uniquement aux informations divulguées par le demandeur de crédit concernant son niveau de risque. Elle se trouve donc dans l'obligation de proposer un taux d'intérêt unique reflétant la qualité moyenne des emprunteurs. Il en résulte ainsi un mécanisme d'anti-sélection ou de sélection adverse dans la mesure où une augmentation du taux d'intérêt a pour corollaire une fuite des bons risques. En plus, cette hausse du taux d'intérêt a pour conséquence d'attirer des projets plus risqués mais potentiellement plus rentables afin de leur permettre de compenser des charges financières plus importantes (Stiglitz et Weiss, 1981).

En somme, nous pouvons dire que la hausse du taux d'intérêt engendre des effets opposés sur le profit bancaire. D'un côté, elle implique une hausse des revenus de la banque mais de l'autre elle provoque un phénomène d'anti-sélection (fuite des bons risques) qui dégrade la qualité de portefeuille de crédit. L'anti-sélection engendre donc un phénomène d'exclusion bancaire mais, en aucun cas, ce rationnement du crédit bancaire ne caractérise une quelconque sélection de la clientèle de la part des banques.

1.1.2.2. L'aléa moral

Un accroissement du taux d'intérêt peut pousser les emprunteurs, après l'obtention de leur prêt, à entreprendre des projets plus aléatoires que prévu pour accroître leurs gains. Ainsi, le hasard moral ou l'aléa moral correspond à une situation où l'incomplétude de l'information provient des actions et des comportements non observables susceptibles d'être entrepris après signature du contrat. C'est une forme d'opportunisme post-contractuel qui survient lorsque les actions mises en oeuvre ne peuvent être discernées.

Dans le secteur financier, l'aléa moral correspond au fait que les résultats de la relation de crédit dépendent des actions entreprises par l'emprunteur après signature du contrat et sont imparfaitement observables par le créancier.

En conséquence de ces situations d'asymétrie d'information en l'occurrence la sélection adverse et l'aléa moral, les institutions ont tendance à bloquer les taux d'intérêt à un niveau qui ne satisfait pas la demande des populations surtout les plus démunies. Il s'ensuit une situation de rationnement de crédit et donc d'exclusion bancaire.

La microfinance et plus largement la finance solidaire répond à cette demande de crédit non satisfaite en mettant en place des mécanismes de financement alternatifs.

2. Les dispositifs de financement alternatifs

Pour faire face aux insuffisances du marché en termes d'octroi de crédit, un certain nombre des mécanismes alternatifs de financement ont été mis en place dans les pays du sud (pays en voie de développement) en général et au Sénégal en particulier.

2.1. Les financements alternatifs dans les pays en voie développement

Les différentes formes de financements alternatifs dans les pays du sud sont présentées de manière chronologique.

2.1.1. Les financements informels

Adams (1994) considère que depuis les années 1950, l'alternative principale pour les micro-entrepreneurs était de se tourner vers des sources de financement informelles (tontines, banquiers ambulants, etc.). Ce secteur très diversifié regroupe toutes les transactions financières (emprunts et dépôts) qui ne sont pas réglementées par une autorité monétaire centrale ou par un marché financier central.

En plus ces transactions, relevant généralement du court terme, sont fondées sur des relations personnelles et se caractérisent par une très grande souplesse. C'est la raison pour laquelle Aryeetey et Udry (1997)20(*) considèrent que deux caractéristiques essentielles contribuent au succès de leurs activités. Il s'agit, entre autres, de la proximité (géographique, locale et culturelle) que les prêteurs informels entretiennent avec les micro-entrepreneurs de même que les mécanismes incitatifs auxquels ils recourent tels que la pression sociale et la subordination d'un prêt au remboursement du crédit antérieur. Ces mécanismes leur permettent, en effet, de diminuer les risques de sélection adverse et d'aléa moral et par conséquent les coûts de transaction associés à l'opération de prêt.

Par ailleurs, Lambert et Kefing (2002) estiment que les financements informels peuvent être subdivisés en trois domaines :

les institutions communautaires reposant sur des droits et des obligations hiérarchiques (clans, lignages, classes) sans adhésion volontaire ;

les organismes tontinières ou associations de crédit rotatif qui reposent sur une adhésion volontaire ;

· les mécanismes incitatifs basés sur la proximité permettent de bons taux de remboursement.

Ce système de crédit est organisé autour de groupes sociaux homogènes comme les prêteurs et banques privées non officielles qui sont des circuits non institutionnalisés répondant à des logiques marchandes, tout en se situant hors des réglementations et contrôles officiels. Toutefois, nous pouvons opposer deux limites à ce mode de financement. D'une part, il est onéreux du fait de la position monopolistique de certains intermédiaires et d'autre part, la personnalisation des relations ainsi que la vision court-termiste réduisent l'étendue de ces circuits. La portée se limite aux activités des ménages et se révèle insuffisante pour financer l'investissement des micro-entreprises.

2.1.2. Le rôle des états dans le financement

A partir des années soixante, afin de pallier aux imperfections du marché du crédit, les pays du Sud ont réglementé les taux d'intérêt à des niveaux acceptables. Ils ont aussi mis en place des institutions publiques de microcrédit dirigées vers une clientèle cible. Ils souhaitaient en outre évincer le secteur informel et augmenter l'efficacité économique en rendant le crédit disponible pour les pauvres et réduire l'iniquité c'est-à-dire les taux d'intérêt que ceux-ci devaient payer (Cornée, 2007).

Mais l'échec de nombreuses institutions publiques dû à une mauvaise gestion et la persistance d'un secteur informel ont montré que l'Etat n'était pas mieux adapté que le secteur commercial pour résoudre les problèmes d'asymétrie d'information existants. Une explication possible de ce phénomène tient vraisemblablement à l'action standardisée de l'Etat qui ne leur permet pas d'établir des relations personnalisées avec les emprunteurs, ni d'avoir un ancrage local fort encore moins de flexibiliser leurs procédures pour les adapter aux besoins des emprunteurs (Laville et Myssens, 2001).

2.1.3. Le secteur financier intermédiaire

Suite à la déroute connue par de nombreuses banques étatiques, un secteur financier semi-formel a émergé. Ce qualificatif est également couramment utilisé pour désigner ces institutions qui sont formelles dans la mesure où elles sont légalement reconnues mais informelles dans le sens qu'à quelques exceptions près, elles ne sont pas sujettes à la régulation et supervision bancaire (Ledgerwood, 1999).

Dans ce secteur se trouvent les coopératives d'épargne et de crédit (également identifiées comme des mutuelles) et les Organisations Non Gouvernementales (ONG), principalement sous la forme d'associations ou de fondations. Ces coopératives sont constituées de membres qui présentent la caractéristique commune d'avoir des besoins qui ne peuvent être satisfaits dans le cadre du fonctionnement normal de l'économie de marché (en l'occurrence ici, du crédit). Ces membres peuvent décider aussi de mener une action collective en créant une institution particulière à mesure de répondre à leurs besoins (Soulama, 2005).

Pour Hugon (1996), les coopératives présentent, en outre, la particularité que les membres doivent obligatoirement prendre une participation au capital et les fonds de ces institutions peuvent provenir de deux autres modalités de financement :

· l'épargne des membres qui, outre leur prise de participation au capital, ont bien souvent la possibilité d'opérer des dépôts ;

· les financements extérieurs (emprunts, subventions publiques, donations, etc.)

Concernant ces deux modalités de financement, deux conditions semblent être déterminantes pour contribuer aux succès des coopératives selon Ledgerwood (1999) à savoir la taille restreinte de l'organisation de telle sorte que les membres se connaissent d'une part et d'autre part le fait que les membres soient tantôt emprunteurs tantôt prêteurs, de telle sorte qu'il y ait une convergence d'intérêts.

Au cas contraire en effet, un conflit d'agence apparaît entre les emprunteurs qui préfèrent payer de faibles taux d'intérêt et avoir peu de pression au remboursement et les prêteurs qui préfèrent recevoir un taux d'intérêt élevé et être assurés à tout moment de la solvabilité des fonds prêtés.

A côté des coopératives, nous avons les ONG qui sont présentes dans les pays moins développés dans une optique de développement des populations pauvres. Ces ONG se sont inspirées des pratiques développées par le secteur informel pour octroyer du crédit à des personnes exclues du secteur bancaire traditionnel. Cette vision de la microfinance qui prévalait dans les années quatre-vingt, concevait celle-ci comme partie intégrante d'un programme intégré de lutte contre la pauvreté et l'amélioration du bien-être des populations pauvres (Mayoux, 1998).

2.1.4. L'émergence des institutions financières formelles

Les institutions financières formelles constituées de mutuelles, de groupements d'épargne et de crédit, de structures signataires de convention cadre et aussi de réseaux sont aujourd'hui majoritaires. Soutenues par les principaux bailleurs de fonds tels que la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire Internationale, elles ont comme objectifs l'amélioration du bien-être des populations pauvres mais aussi la massification de l'accès au crédit associée à une volonté de pérennité de leurs structures. Aussi, ce segment de la microfinance ne doit pas rester confiné à un créneau spécifique de développement des populations pauvres mais doit être une partie intégrante du système financier (Woller, Dunford et Woordworth ,1999).

Ces différentes formes de financements alternatifs dans les pays du sud nous permettent, sans vouloir établir une comparaison, de faire le point sur la situation micro financier du Sénégal.

2.2. Le secteur de la microfinance au Sénégal

Deux points essentiels sont visités : il s'agit du contexte général et de l'analyse du secteur de la microfinance.

2.2.1. Le contexte général

Le Sénégal est un pays situé entre le Sahel au Nord et la grande forêt tropicale. Il s'étend sur une superficie de 196.712 Km² et compte environs 12.171.265 d'habitants avec une densité de 61,9 habitants au Km² selon le recensement effectué en 2009. La population connaît une croissance très rapide et les moins de 20 ans représentent 55% de cette population dont le taux annuel de croissance est de 2,8%. C'est également un pays membre de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO). Il a entrepris très tôt la libéralisation de sa vie politique et a jouit d'une réelle stabilité dans une sous région en proie de turbulences politiques entravant le développement économique des états.

En matière de bonne gouvernance, le Gouvernement du Sénégal a décidé de lutter contre la corruption en renforçant l'indépendance de la justice et en améliorant son fonctionnement. Il s'est également engagé à assurer une grande transparence dans la gestion publique.

Cependant, les reformes économiques entreprises au lendemain de la dévaluation du franc CFA survenue en 1994 ont placé l'économie sénégalaise sur le sentier de la croissance. Ces réformes qui constituent la suite du processus d'ajustement structurel engagé depuis 1979 ont visé le rétablissement des conditions d'une croissance économique durable : viabilité de l'économie, réduction de la taille du secteur public, promotion du secteur privé et maîtrise de l'inflation (MPMEFMF21(*), 2008).

Ainsi, suite à la crise économique des années soixante dix, une réforme bancaire a été lancée en Juin 1989 avec le soutien technique et financier de la BCEAO et de plusieurs bailleurs de fonds (Banque Mondiale, USAID, ACDI, AFD). Les années 1990 voient le redressement du secteur financier sénégalais mais ce dernier ne touche que très faiblement les populations défavorisées. C'est ainsi que le secteur de la microfinance s'est développé à la fin de ces années 1990 sous l'impulsion de ces mêmes bailleurs de fonds et d'un cadre juridique favorable (Sakho, 2005).

Depuis lors, le secteur de la microfinance au Sénégal est en pleine croissance. Il comprend quatre types d'institutions financières formelles  à savoir les Mutuelles d'Epargne et de Crédit (MEC) qui sont des institutions financières mutualistes de base, agréées par le Ministère de l'Economie et des Finances. Elles sont dotées de la personnalité morale et sont soumises à la loi PARMEC. Ces institutions peuvent se regrouper en unions, ces unions en fédérations et ces fédérations en confédérations.

Les Réseaux, pour leur part, sont les regroupements de MEC en unions, fédérations et confédérations. Ils peuvent se doter d'un organe financier qui est une structure dotée de la personnalité morale et dont l'objet principal est de centraliser et de gérer les excédents de ressources financières des membres.

En ce qui concerne les Structures Signataires de Convention - Cadre (SSCC), ce sont des structures ou organisations non constituées sous forme mutualiste ou coopérative et intervenant dans la collecte de l'épargne ou l'octroi de crédit et ne sont pas soumises à la loi PARMEC. Elles fonctionnent sur la base d'une Convention-cadre signée avec le Ministère de l'Economie et des Finances pour une durée de cinq ans renouvelable. Cette convention spécifie les activités qu'elles sont autorisées à exercer ainsi que leurs principes de gestion.

Il y'a enfin les Groupements d'Epargne et de Crédit (GEC) qui sont des regroupements de personnes qui, sans remplir les conditions exigées pour être reconnus comme des institutions financières mutualistes de base, effectuent des activités d'épargne et de crédit en s'inspirant des principes de la mutualité énumérés à l'article 11 de la loi PARMEC. Ces structures n'ont pas la personnalité morale. Elles peuvent être reconnues par le Ministère de l'économie et des Finances, mais sont exclues du champ d'application de la loi PARMEC.

Ces différentes structures offrent des services et produits financiers à des populations actives à divers niveaux et secteurs de l'économie nationale contribuant ainsi à la croissance économique et à la lutte contre la pauvreté.

Par ailleurs, le cadre réglementaire régissant l'activité des institutions de la microfinance (IMF) au Sénégal est structuré autour de la loi 95-03 portant réglementation des institutions mutualistes d'épargne et de crédit. Cette loi découle de l'intégration au corpus juridique national d'une loi cadre du système de l'UEMOA qui est la loi PARMEC.

Les principaux objectifs de cette loi sont la protection des déposants, la sécurité des opérations, la recherche d'autonomie financière des structures financières décentralisées (SFD) et l'intégration de la finance informelle dans le cadre légal.

Ce cadre légal a été complété par des dispositions réglementaires à savoir le décret d'application de la loi n° 97-1106 du 11 Novembre 1997, la convention - cadre pour les structures non mutualistes et les instructions de la BCEAO relatives aux normes et règles de gestion des structures financières décentralisées.

Toutefois, ce cadre légal ne régit que les structures à forme mutualiste. Il laisse alors le choix aux intéressés entre la forme mutualiste ou non avec le statut de signataire de convention-cadre et l'adoption d'un cadre légal ou non avec la reconnaissance des groupements d'épargne et de crédit.

Le cadre juridique s'adresse en premier lieu aux institutions mutualistes d'épargne et de crédit qui se trouvent placées sous tutelle du Ministère des Finances. L'obtention de l'agrément leur confère la personnalité morale en contrepartie duquel elles sont tenues de communiquer un ensemble d'informations et de se soumettre aux contrôles et aux règles prudentielles des autorités. Les institutions de type non mutualistes sont régies par une convention signée avec le Ministère des Finances pour une durée de 5 ans, renouvelable22(*).

2.2.2. L'analyse du secteur de la microfinance

Le secteur a connu une progression remarquable sur la période 1993- 2005, en termes de nombre de structures et de volume d'opérations. Cependant, la répartition des IMF sur le territoire national est déséquilibrée. Ce déséquilibre est mis en évidence à travers les données du 30 Juin 2008 qui sont les suivantes :

· 844 structures financières décentralisées reconnues (mutuelles de base, groupements d'épargne et de crédit, ainsi que les structures signataires de convention) ;

· 104.314 milliards FCFA d'encours d'épargne et 122.742 milliards FCFA d'encours de crédits ;

· 40% des structures financières décentralisées (SFD) sont réparties entre Dakar et Thiès et des zones peu touchées (Diourbel, Fatick, Kolda, Matam et Tambacounda)23(*).

Selon une étude faite par Papa Bèye et Madické Niang (2009) sur les transferts d'argent au Sénégal, le marché des SFD est scindé en trois groupes. Il s'agit des grands réseaux, des réseaux émergents et des petites mutuelles d'épargne et de crédit.

Pour les grands réseaux, trois institutions sont à distinguer à savoir le Crédit Mutuel du Sénégal (CMS), l'Union des Mutuelles du Partenariat pour la Mobilisation de l'Epargne et du Crédit au Sénégal (UM-PAMECAS) et l'Alliance de Crédit et d'Epargne pour la Production (ACEP), qui demeurent les principales structures de microfinance au Sénégal.

Ainsi, le paysage de la microfinance reste dominé par le CMS qui concentre au 30 juin 2008 50% de l'actif total, 50% de l'encours de crédit et 35% du sociétariat. S'ensuivent l'UM-PAMECAS et l'ACEP qui concentrent respectivement 20% et 16% de l'actif, et 18% et 17% de l'encours de crédit, 33% et 7% du sociétariat.

Concernant les réseaux émergents, ils regroupent les institutions mutualistes de second rang parmi lesquelles nous pouvons citer: FDEA, CAURIE Micro finance, U-IMCEC, Crédit Populaire du Sénégal, REMECU, l'UMECU DEFS, Micro Cred Sénégal, etc. Ces réseaux ont un bon taux de pénétration et disposent de beaucoup d'agences et de guichets répartis à travers le Sénégal. Mais, ils n'arrivent pas à se tailler une bonne part de marché du fait de la faiblesse de leurs épargnes et de l'insuffisance de leurs ressources.

Il y'a également les petites mutuelles d'épargne et de crédit qui sont majoritairement constituées de mutuelles de quartiers, de villages, d'associations ou de corporations. La plupart d'entre elles sont des mono guichets. La force de ces institutions réside en leurs capacités à mobiliser l'épargne locale et leur ancrage social. Cependant, les montants des financements octroyés aux adhérents sont faibles.

Pour être viables financièrement, les IMF doivent agir sur certains paramètres. Il s'agit entre autres d'un volume d'activités suffisant, d'un différentiel entre taux débiteur et créditeur élevé pour couvrir les charges, d'une maîtrise des charges et des impayés et aussi d'une bonne sécurisation de l'encaisse et du patrimoine physique.

Au Sénégal comme dans la plupart des pays de l'UEMOA, l'analyse de la viabilité financière des IMF fait face à des contraintes liées à l'absence de plans d'affaires opérationnels et au manque d'informations financières fiables. Sur la base des données disponibles, l'analyse de la viabilité des IMF fait ressortir trois situations distinctes selon Sakho (2004) :

la première se rapporte à une solidité financière de trois réseaux (ACEP, CMS, PAMECAS) construite sur plus d'une dizaine d'années avec certes des appuis financiers de bailleurs de fonds et du Gouvernement mais aussi grâce au professionnalisme de ses acteurs ;

la deuxième concerne une tendance marquée des autres réseaux et de certains signataires de convention à créer les bases de la viabilité de leurs opérations en misant notamment sur le professionnalisme ;

enfin la troisième dresse le portrait des GEC et MEC peu portés à la viabilité de leurs opérations en raison notamment des insuffisances organisationnelles et des orientations stratégiques.

Pour la majorité de ces structures, le salut se trouve dans une intégration à des réseaux performants ou leur constitution en réseaux pour disposer de potentiel et de masse critique en vue de répondre aux besoins multiples de leur marché.

Section II : L'arbitrage entre performance sociale et viabilité financière : le schisme de la microfinance

Le schisme de la microfinance fait apparaitre une opposition marquée entre l'approche Institutionnaliste et l'approche Welfariste. Une analyse précisant les principaux points de divergence situe notre problématique au coeur du débat actuel se focalisant essentiellement sur l'arbitrage entre portée sociale et viabilité financière.

1 .Le débat entre Institutionnaliste et Welfariste

Le terme microfinance regroupe un ensemble d'institutions, d'approches et de philosophies souvent très différentes. Il est cependant possible de distinguer deux courants généraux départageant les différentes approches et institutions selon leur allégeance à un certain nombre de principes. Il s'agit selon Morduch (2000) de l'approche Institutionnaliste et de l'approche Welfariste.

1.1. L'approche Institutionnaliste

Elle vise la création d'institutions financières vouées à servir des clients qui ne sont pas ou qui le sont insuffisamment par le système financier formelle (Woller et Al ; 1999).

La thèse Institutionnaliste repose sur l'idée selon laquelle la microfinance, aussi efficace soit-elle, ne fera jamais de véritable différence sur le niveau général de pauvreté dans le monde si les opérations dépendent du financement des bailleurs de fonds.

Dans ces conditions, les IMF se doivent d'aspirer au moins à l'autosuffisance opérationnelle sous peine de ne jamais réaliser les promesses que porte le mouvement de microfinance à savoir une réduction drastique du niveau de la pauvreté.

Pour les Institutionnalistes, leur centre d'intérêt se trouve être l'institution en tant que telle et son efficacité se vérifie grâce à des indicateurs de performance financière ou de performance sociale tel que le nombre de clients servis ou le taux de remboursement. L'approche Institutionnelle considère également qu'un des objectifs primaires de la microfinance est l'approfondissement financier, la création d'un système séparé et viable d'intermédiation financière pour les pauvres. Leur approche de la microfinance en est un des systèmes financiers dans laquelle le futur de la microfinance est dominé par de nombreuses institutions oeuvrant à grand échelle, à la recherche de profits, qui fournissent des services financiers de grande qualité à un grand nombre de clients pauvres (Ghatak et Guinanne, 1999). A côté de l'approche Institutionnaliste, nous avons l'approche Welfariste.

1.2. L'approche Welfariste

Les Welfaristes se fondent plutôt sur la théorie de la responsabilité sociale vis-à-vis de la clientèle afin de répondre à ses attentes. Cette école de pensée évalue la performance de l'IMF du point de vue du client à travers la portée sociale et l'analyse d'impact. Elle cible donc les plus pauvres dont les revenus sont à 50% inférieurs au seuil de pauvreté (1$ par jour) et vise à améliorer leurs conditions de vie (Adair P., Berguiga I., 2010).

Selon toujours cette approche du bien-être social, non seulement les IMF peuvent être durables sans être financièrement autosuffisantes mais elles ne doivent pas rechercher l'autosuffisance à tout prix. Ce phénomène peut conduire inévitablement à un effacement de leurs missions sociales. En détournant la microfinance de ses fondements idéologiques, la recherche de la performance financière constituerait un frein à l'innovation et à la réduction de la pauvreté (Servet, 2007).

2. Des visions complémentaires

Au moment où la plupart des chercheurs se focalisent sur les différends existants entre l'approche Institutionnaliste et l'approche Welfariste, il nous semble important de soulever les points de convergence entre ces deux visions. En effet, l'approche Institutionnaliste et l'approche Welfariste relèvent de deux manières d'aborder une même réalité en vue d'atteindre un objectif identique à savoir la réduction de la pauvreté et par ricochet l'amélioration du bien-être social des populations les plus démunies.

Selon la vision Welfariste, les IMF peuvent donc se concentrer sur les populations les plus pauvres qui présentent également le risque de non remboursement le plus élevé. En se focalisant sur ces agents économiques les plus démunis, l'activité des IMF permettra ainsi de soulager d'une manière immédiate l'extrême pauvreté et d'enclencher un processus de réduction de la pauvreté. Les fonds prêtés à ces populations démunies leur permettent non seulement d'améliorer leur niveau de vie, mais également pour certains d'entre eux d'épargner ou de financer leurs propres activités.

Dans l'approche Institutionnaliste, les IMF doivent financer en priorité les actifs (clients) les moins pauvres. Ceux-ci pourront créer leurs entreprises ; ce qui leur permettra non seulement d'assurer leurs propres activités mais également de générer des emplois, favorisant ainsi la croissance économique et le bien-être général (Ayayi, 2007). Par contre, cette approche considère également la rentabilité financière comme un facteur de pérennisation de la microfinance. Elle permet à la fois de garantir la viabilité des IMF contre les effets de mode ou les changements de politiques économiques et d'élargir les sources de financement et donc le volume des programmes d'actions financées. En obtenant de nouvelles sources de financement auprès des investisseurs classiques, les institutions de microfinance pourront développer leurs activités et ainsi toucher une fraction plus importante de la population. En outre, la nécessité d'assurer aux investisseurs une rentabilité financière minimale doit conduire les IMF à revoir leurs modes de sélection des projets financés et à se rapprocher des modes de management des banques commerciales. Les plus pauvres pourraient ainsi être exclus des programmes de microfinance, alors même que la microfinance leur est destinée (Cornée, 2007).

En guise de synthèse, Brau et Woller (2002) soulignent que l'approche Welfariste et l'approche Institutionnaliste ne représentent pas deux modèles de structuration de la microfinance parmi lesquels il faudrait choisir mais plutôt deux étapes de développement de la microfinance. En effet, selon eux, si l'approche Welfariste permet d'enclencher un processus en soulageant immédiatement les plus pauvres, seul un élargissement des sources de financement rendu possible par l'approche Institutionnaliste permet la pérennisation des IMF et une réelle amélioration du bien-être général.

A cet égard, Guérin (2002) estime que les institutions de microfinance sont en train de passer de la phase de l'expérimentation à celle de la pérennisation. Cette phase suppose de trouver des mécanismes juridiques et financiers propres à favoriser un équilibre entre les approches évoquées et d'éviter deux écueils :

· le premier conduit les institutions de microfinance à oublier leur marché cible pour rechercher des profits immédiats susceptibles de satisfaire leurs nouveaux investisseurs ;

· le second pousse à négliger les principes fondamentaux de la finance, ce qui peut conduire à l'échec des programmes de microfinance.

Ainsi, le débat entre Institutionnalistes et Welfaristes nous renseigne que la microfinance se trouve à la croisée des chemins. En réalité, les acteurs de la microfinance, par leur diversité, se situent sur un continuum allant de la pratique bancaire traditionnelle répondant à une logique purement financière aux services sociaux traditionnels répondant à une logique purement sociale (Cornée, 2006). C'est dans cette perspective que s'inscrit notre problématique de recherche.

Conclusion de la première partie

La première partie du travail était consacrée essentiellement à l'exposé du cadre conceptuel dans lequel, nous avons essayé de délimiter les contours du thème à travers l'analyse conceptuelle des notions de performance sociale et de viabilité financière mais aussi à travers une revue de la littérature axée sur le lien ou l'arbitrage entre performance sociale et performance financière de manière générale et viabilité financière en particulier. La performance sociale se heurtait à ses débuts à un problème d'échantillonnage dû à son caractère multidimensionnel (Waddock et Graves, 1997).

Selon ces auteurs, une mesure peut être pertinente pour certains secteurs spécifiques, mais s'avère inapplicable pour d'autres. Et pour Ullmann (1985), la corrélation entre la performance sociale et les déclaratifs des entreprises n'était pas évidente. C'est ainsi que le réseau CERISE a pris la relève en 2002 en élaborant quatre dimensions permettant de mesurer la performance sociale dont les trois sont prises en compte dans le cadre de ce travail. Concernant la viabilité financière, nous nous sommes inspirés des travaux d'un certain nombre d'auteurs notamment celui de Wonou (2006) insistant sur le fait que la viabilité financière constitue ce que la fondation est pour une maison. En d'autres termes, la viabilité financière est définie comme la capacité pour une IMF à couvrir par ses produits l'ensemble des charges et constituer des réserves pouvant servir d'amortisseurs systémiques. Une définition soulevée également par Sène M. (2006) dans son article intitulé les déterminants de la viabilité financière. C'est cette définition précitée qui est retenue dans le cadre de cette étude.

Concernant la revue de littérature, nous nous sommes attardés sur le phénomène d'exclusion bancaire explicité ici à travers un certain nombre de théories en l'occurrence les théories contractualistes avant d'en venir à la mise en place des modes de financement alternatifs dans les pays en développement. Ceci nous a permis de faire la situation actuelle du secteur de la microfinance au Sénégal avec les instructions de la BCEAO et de la loi PARMEC.

Dans cette revue de la littérature, un point saillant semble être intéressant à noter. Il s'agit de ce que Morduch (2000) appelle le schisme de la microfinance. Ce phénomène oppose donc le courant Welfariste et le courant Institutionnaliste.

Le premier courant est préoccupé par l'altruisme des apporteurs de fonds constituant ainsi le moteur d'une activité basée sur la recherche du profit mais aussi sur la recherche de l'utilité sociale. Quant au second, la rentabilité financière est considérée comme un facteur de pérennisation de la microfinance.

Après l'exposé du cadre théorique de la recherche, nous nous acheminons directement vers l'étude empirique. Elle a pour objectif, compte tenue de la revue de littérature, de répondre à la problématique suivante : Les IMF peuvent- elles combiner à la fois une prise en compte de la dimension sociale avec la recherche d'une viabilité financière ?

En outre, il s'agira, dans une certaine mesure, d'analyser le lien pouvant exister entre la performance sociale et la viabilité financière des certaines institutions de microfinance au Sénégal, tout en faisant abstraction de leurs tailles. Ce dernier point nous mène à l'étude de la seconde partie.

DEUXIEME PARTIE :
CADRE CONTEXTUEL ET PRATIQUE DE LA RECHERCHE

La première partie du travail était consacrée essentiellement à l'exposé du cadre conceptuel de la recherche dans laquelle nous avons tenté de délimiter le thème par une revue conceptuelle, mais également un cadre théorique de la recherche composé du soubassement théorique de la microfinance et les théories y afférentes notamment celles contractualistes.

L'objet de cette deuxième partie consiste donc à expliquer la méthodologie générale de la recherche (Chapitre III) et à donner une présentation des résultats, une analyse descriptive des différentes variables de la recherche et des tests d'hypothèses liant ces variables sans oublier également les différentes contributions, limites et perspectives de recherches futures (Chapitre VI).

CHAPITRE III: LA METHODOLOGIE GENERALE DE LA RECHERCHE

Ce chapitre est l'occasion pour nous d'expliciter les méthodes et techniques qui nous permettent d'aboutir aux résultats. L'objectif général du travail est de voir si les IMF peuvent combiner à la fois une prise en compte de la dimension sociale avec la recherche d'une viabilité financière.

Il est subdivisé en deux sections. La première section traite les hypothèses du modèle de la recherche et la méthodologie adoptée. Quant à la deuxième section, elle s'articule autour des méthodes de collecte et de traitement de données.

Section I : Hypothèses de recherche et choix de la méthodologie

Dans cette section, les hypothèses, le modèle de recherche et la méthodologie adoptée sont traités de manière successive.

1. Hypothèses de recherche

Au sens étymologique du terme, l'hypothèse provient de deux racines :

· hypo qui signifie sous, en dessous, en deçà de ;

· thèse qui signifie proposition à soutenir, à démontrer.

Les hypothèses constituent donc les soubassements ou les fondements préliminaires de ce qui est à démontrer ou à vérifier sur le terrain. Une hypothèse est en quelque sorte une base avancée de ce que l'on cherche à prouver. C'est la formulation préforma des conclusions que l'on compte tirer et que l'on va s'efforcer de justifier et de démontrer méthodiquement et systématiquement (Aktouf ,1987).

Thiétart et coll. (2003), analysent l'hypothèse de recherche comme une présomption de comportement ou de relation entre des objets étudiés, fondée sur une réflexion et s'appuyant sur une connaissance antérieure du phénomène étudié24(*).

De manière générale, nous pouvons dire qu'une hypothèse de recherche est une réponse provisoire à la question de départ qui est issue de la théorie dans le cadre d'une démarche hypothético-déductive ou de l'observation de la réalité dans une démarche holistico-inductive. Cette réponse provisoire sera corroborée ou falsifiée lors des tests empiriques.

Ainsi, nos hypothèses de recherche sont issues fondamentalement des travaux antérieurs. Ces travaux sont notamment ceux du réseau CERISE (2008, 2010) sur les liens entre performance sociale et performance financière, ceux de Fin Rural et CERISE (2006) sur les études d'impact sans oublier aussi les études de Simon Corné (2006) sur l'analyse de la convergence entre performance sociale et performance financière des 126 Institutions de la région MENA25(*). Ces différents travaux nous ont beaucoup inspiré dans la conception de nos différentes hypothèses.

De plus, toutes nos hypothèses sont des hypothèses de corrélation ou d'association (non déterministes) car mettant en jeu des variables qui peuvent varier dans le même sens ou en sens opposé. En d'autres termes, elles mettent en évidence l'interdépendance entre les dimensions des deux variables étudiées à savoir la performance sociale et la viabilité financière. Ainsi, nous avons posé, dans le cadre de notre recherche, trois hypothèses que sont :

H1 : Il existe un lien entre le ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance opérationnelle

Pour la conception de cette hypothèse, nous nous sommes inspirés des travaux du réseau CERISE (2008, 2010) qui prétendent que les institutions qui ciblent plus activement des populations pauvres et exclues occasionnent des coûts opérationnels plus élevés. Cette tendance haussière des coûts de l'institution agit directement et négativement sur le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Ces travaux sont confirmés par certaines études qui se focalisent sur la portée sociale comme ceux de Cornée (2006, 2007). Ainsi, nous voulons voir ce qu'il en est dans nos IMF.

H2 : Il existe une corrélation entre l'adaptation des produits et services aux besoins des clients et le ratio d'autosuffisance opérationnelle

Pour cette hypothèse, les travaux du réseau CERISE (2008, 2010) semblent être aussi déterminants. En effet, ces travaux nous indiquent que l'adaptation des produits et services aux besoins de la clientèle permettent de réduire les charges globales de l'institution et donc d'améliorer le ratio d'autosuffisance opérationnelle de l'institution. Ces études confirment celles qui ont été faites par Fin Rural et CERISE (2006) en termes d'impact qui prétendent que les études d'impact montrent que les IMF qui offrent des services non financiers génèrent chez leurs clients plus d'impact que les IMF qui ne disposent pas de ces services. Ces services sont accompagnés d'une forte diversité des produits et services financiers. Cette diversité des produits et services, composante essentielle de l'adaptation des produits financiers, permet de fidéliser les clients et rend les institutions viables par une bonne performance de remboursement.

H3 : Le capital social est lié positivement au ratio d'autosuffisance opérationnelle

Concernant cette hypothèse, les travaux des réseaux Fin Rural et CERISE (2006) nous ont inspiré également pour sa mise en place. En effet, ces travaux mettent en évidence le fait que la transparence, l'échange d'information et la connaissance réciproque vont créer la confiance, renforcer les relations sur le long terme, permettre le partage des normes et des valeurs et ainsi fidéliser les clients. Cette fidélisation des clients aura un effet positif sur la performance de remboursement et par conséquent sur la viabilité financière des institutions de microfinance. Ces travaux sont confirmés également par ceux de Cornée (2006) dans son mémoire de DEA. Une représentation schématique de l'ensemble des hypothèses est faite à partir du modèle de recherche.

2. Le modèle de recherche

Le modèle de recherche est une représentation simplifiée d'un processus ou d'un système, destiné à expliquer et /ou à stimuler la situation réelle étudiée (Raymond, Thiétart et Coll., 2003).

Ainsi, notre modèle de recherche est un modèle corrélationnel-explicatif26(*) ou un modèle d'interdépendance dans la mesure où nous voulons juste savoir s'il ya possibilité d'association entre les dimensions de la performance sociale (le ciblage des pauvres exclus, l'adaptation des produits et services aux besoins des clients et l'amélioration du capital social des clients) et celle de la viabilité financière en l'occurrence le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Il se matérialise comme suit :

Figure 1 : Modèle théorique de la recherche

PERFORMANCE SOCIALE

Ciblage des pauvres exclus

H3

H1

H2

· +

· +

Adaptation des produits et services aux besoins des clients

 

Amélioration du capital social des clients

VIABILITE FINANCIERE

Ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO)

3. Les variables de la recherche

Tout comme il existe plusieurs sortes de problèmes spécifiques en recherche, ils existent aussi différentes formes de variables dont il convient de connaitre la nature et le rôle, afin de réaliser correctement le plan de recherche et les modèles (de causalité, de relation ou d'interdépendance) mettant en jeu les phénomènes que nous soumettons à l'étude (AKTOUF, 1987).

3.1. L'opérationnalisation de la variable viabilité financière

La viabilité financière comporte plusieurs indicateurs. Les plus plausibles sont le ratio d'autosuffisance opérationnelle et le ratio d'autosuffisance financière. Cependant dans le cadre de notre recherche, la viabilité financière est opérationnalisée par l'autosuffisance opérationnelle qui constitue le ratio de couverture des charges27(*) par les produits hors subventions venant des bailleurs de fonds conformément à la définition donnée par Sène (2006). Au regard des différents éléments du ratio d'autosuffisance opérationnelle, cités dans la revue de littérature, les données sont issues fondamentalement du système d'information et de gestion (SIG) à savoir les états financiers des IMF.

3.2. L'opérationnalisation de la variable performance sociale

La performance sociale est décomposée, dans l'étude, en trois dimensions : le ciblage des pauvres exclus, l'adaptation des services et produits aux besoins des clients et l'amélioration du capital social et politique des clients. L'opérationnalisation de chaque dimension se fera à l'aide d'une échelle à cinq nivaux connue sous le nom d'échelle de Lickert qui nous aidera à établir un ordre de préférence entre différentes catégories. Cet ordre de préférence, qui part de  « très en désaccord » à « très en accord », est associé, pour chaque dimension, à des items qui nous permettent de voir à l'aide du logiciel SPSS.17 la corrélation avec la viabilité financière. Cette corrélation entre les différentes dimensions des deux variables se fait essentiellement sur la base des tests statistiques notamment le tri croisé par l'intermédiaire du test de corrélation de Pearson au seuil de 5%.

4. Choix de la méthodologie

La méthodologie peut se définir comme étant l'étude du bon usage des méthodes (ensemble des règles qui, dans une science donnée, sont relativement indépendantes des contenus des faits particuliers étudiés en tant que tels) et des techniques (moyen précis pour atteindre un résultat partiel à un niveau et un moment précis de la recherche).

Il ne suffit pas de les connaitre, encore faut-il savoir les utiliser comme il se doit, c'est-à-dire savoir comment les adapter, le plus rigoureusement possible, d'une part à l'objet précis de la recherche ou à l'étude envisagée et d'autre part aux objectifs poursuivis (AKTOUF ,1987).

D'après ce qui précède, par méthode nous entendons donc les façons de procéder, les modes opératoires directs mis en jeu dans le travail de recherche. Ainsi, ils existent essentiellement six grands types de méthodes : la méthode déductive, la méthode inductive, la méthode analytique, la méthode clinique, la méthode expérimentale et la méthode statistique, mais nous étudierons ici que deux qui sont les plus utilisées en sciences de gestion. Il s'agit de la méthode déductive (méthode hypothético-déductive) et de la méthode inductive (méthode holistico-inductive).

4.1. La méthode déductive

La méthode déductive consiste à passer des propositions prises pour prémisses à des propositions qui en résultent, suivant des règles logiques. Dans la pratique, la méthode déductive consiste à appliquer un principe général à un cas particulier. Il s'agit donc par exemple de vérifier une hypothèse générale sur le plus grand nombre d'observations particulières.

4.2. La méthode inductive

Il s'agit d'une opération mentale qui consiste à passer des faits à la règle, c'est-à-dire des cas singuliers ou spéciaux aux cas de propositions générales. On procède par inférence et par analogie, c'est-à-dire par comparaison et exclusion aux phénomènes semblables à celui étudié. La méthode inductive permet le passage de l'observation à la loi, c'est-à-dire d'autoriser la généralisation, tout en sachant que toute généralisation peut être faussée ou abusive (J .M. MILL, 1967).

Globalement, nous retenons que la méthode déductive a pour point de départ des concepts, des définitions, des règles à appliquer et à pour but de les mettre en pratique par des applications concrètes alors que la méthode inductive procède d'une démarche inversée. Elle a pour point de départ des situations concrètes et accessibles à l'observateur et a pour but d'amener à dégager des concepts, des principes ou des règles.

5. Méthodologie retenue

Pour PIRES (1987)28(*), le choix de la méthode de recherche dépend des dimensions du problème, et éventuellement des contraintes liées à la recherche. C'est ainsi que compte tenu de toutes les considérations formulées ci-dessus, une méthode déductive, plus souvent qualifiée par certains auteurs d'hypothético-déductive qui consiste, comme nous l'avons dit précédemment, à partir du général au particulier, s'impose dans le cadre du travail. Il s'agit en réalité de tester, par le biais d'hypothèses, une théorie ou mettre à l'épreuve dans des situations particulières un certain nombre de connaissances développées préalablement. Cette méthode est justifiée par le fait que notre recherche s'inscrit dans un paradigme positiviste qui est théorie suivant laquelle il existe une réalité objective du monde observé. De ce fait, les hypothèses prises en compte dans le modèle sont issues directement des travaux déjà établis dans le même domaine. Parmi ces travaux, ceux de CERISE (2008, 2010), de Fin Rural et CERISE (2006) et de Simon Cornée (2006, 2007) nous ont beaucoup inspiré dans la conception de ces hypothèses. Cette méthode est complétée par une démarche quantitative permettant de valider nos différentes hypothèses.

Section II : Les méthodes de collectes et traitement de données

Dans cette partie, seront passées en revue les méthodes d'échantillonnage appliquées à la population étudiée ainsi que les instruments de recueil et de traitement de données.

1. Les méthodes d'échantillonnage

Les différentes méthodes d'échantillonnage s'appliquent à une population d'où le nom de population mère usitée le plus souvent en statistique. Ainsi, avant d'aborder ces différentes méthodes, il nous semble intéressant de faire un petit rappel sur cette notion statistique : la population

1.1. La population étudiée

Le terme population réfère à l'ensemble des individus, organisations, événements ou objets que le chercheur entend étudier.

Selon Mayer et Ouillet (1991)29(*), la population correspond à l'ensemble de tous les individus qui ont des caractéristiques précises en relation avec les objectifs de l'étude. Partant de cette dernière définition, notre population sera constituée de l'ensemble des IMF au Sénégal. Vue la limite de nos moyens, surtout financiers, nous allons procéder à un découpage géographique. Dans cette optique, les deux régions de Dakar et de Fatick sont nos principales cibles. Ce choix est justifié par le fait que le taux de concentration des IMF dans la région de Dakar est très important. En ce qui concerne la région de Fatick, son choix se justifie par le fait que nous sommes ressortissant de ladite région et cela va nous faciliter la tâche au niveau des enquêtes dans la mesure où les IMF de ladite région sont, pour l'essentiel, gérées par des personnes parlant le même dialecte que nous ; c'est-à-dire la langue sérère.

En réalité, dans la majorité des cas, la population étudiée est trop vaste pour envisager de recueillir des informations auprès de tous les éléments. Il est impératif de limiter son étude à quelques unités de la population : il s'agit de l'échantillon.

1.2. L'échantillonnage

L'échantillonnage consiste à déterminer comment sélectionner les individus qui seront inclus dans l'enquête. Il existe fondamentalement deux méthodes ou techniques d'échantillonnage utilisées en sciences de gestion. Il s'agit des méthodes probabilistes et des méthodes non probabilistes.

1.2.1. Les méthodes probabilistes

Nous qualifions d'échantillonnage probabiliste toute technique impliquant un tirage au sort donnant à chaque élément de la population une chance non nulle d'être connu tel que le souligne Beaud30(*) (1993, P.213). Une telle technique permet au chercheur de préciser les risques qu'il prend en généralisant à l'ensemble de la population les mesures recueillies dans son échantillon et ce, en vertu des lois de calcul des probabilités. En principe, un échantillon ainsi constitué possède sensiblement les mêmes attributs que ceux de la population dont il est issu.

Il existe plusieurs techniques d'échantillonnage probabilistes. La plus connue et la plus rependue est celle de l'échantillonnage aléatoire simple (EAS). Cette technique est caractérisée par le fait que tous les éléments de la population doivent avoir la même probabilité d'être choisi au hasard. A coté des méthodes probabilistes, il y a les méthodes non probabilistes.

1.2.2. L'échantillonnage non probabiliste ou empirique

L'échantillonnage non probabiliste désigne les techniques d'échantillonnage selon lesquelles les éléments de la population donnée n'ont pas une probabilité connue d'être sélectionnés dans l'échantillon. Un échantillon non probabiliste n'offre pas à tous les éléments de la population une chance égale et prédéterminée d'être sélectionnés. Ainsi, la probabilité de sélection d'un élément de la population reste donc inconnue.

À la vue des deux techniques d'échantillonnage déroulées plus haut, notre méthode d'échantillonnage est dite non probabiliste ou empirique en l'occurrence la méthode des quotas car ne résultant pas d'une sélection aléatoire simple mais d'un choix raisonné. Cette méthode consiste à construire un échantillon qui soit un modèle réduit de la population étudiée. Suite à ce constat, notre échantillon est formé ainsi de 34 IMF réparties dans les régions de Dakar et Fatick. Cet échantillon réduit se justifie par les difficultés rencontrées lors de sa constitution car il a fallu visiter le site internet du portail de la microfinance au Sénégal pour avoir un écho global sur la localisation des mutuelles. En plus de cela, s'y ajoutent surtout les problèmes de délocalisation et de fermeture de certaines mutuelles qui nous ont causé d'énormes difficultés. Dans cet échantillon, les réseaux seront inclus plus un certain nombre de mutuelles non affiliées à ces réseaux. Une fois que l'échantillon est défini, nous nous acheminons vers les instruments de collecte de données qui nous permettent de recueillir des informations auprès de l'échantillon ciblé.

2. Les méthodes de collecte de données

Les différentes façons de recueillir des informations se distinguent du degré d'intervention du chercheur avec les sujets, des ressources nécessaires pour collecter les données et de la quantité d'informations qu'il souhaite obtenir. Les deux instruments de collecte de données les plus rependus dans le domaine de la gestion sont l'interview et le questionnaire.

2.1. L'interview

L'interview ou l'entretien ou encore l'entrevu est un rapport oral, en tête à tête, entre deux personnes dont l'une transmet à l'autre des informations sur un sujet prédéterminé. C'est une discussion orientée, un procédé d'investigation utilisant un mode de communication verbale, pour recueillir des informations en relation avec les objectifs fixés  Pinto et Grawitz (1969). Selon ces mêmes auteurs, nous classons les interviews en deux critères à savoir le degré de liberté laissé au répondant dans la discussion et le degré de profondeur ou de finesse de l'information recherché.

Les types d'interviews sont au nombre de sept : il s'agit de l'interview clinique, de l'interview en profondeur, de l'interview centrée, de l'interview non directive, de l'interview semi-directive et de l'interview directe / indirecte.

Notre attention est essentiellement portée sur l'interview directive qui constitue la forme d'entretien dont le degré de liberté est plus réduit . C'est presque un questionnaire que nous faisons passer oralement et que toutes les questions sont prévues et non majoritairement improvisées au fil de la discussion. Le but visé par ce type d'entretien est la vérification de points précis ou le recueil d'éléments d'informations de détail. Le choix de ce type d'entretien est justifié par le questionnaire décrit ci-dessous que nous avons administré aux différentes IMF concernées dans notre étude.

2.2. Le questionnaire

Contrairement à un préjugé tenace, le questionnaire n'est ni une simple liste de questions ni un interrogatoire écrit que n'importe qui pourrait composer à propos de n'importe quoi, pourvue que les questions posées soient suffisamment claires. Après l'interview, c'est l'instrument le plus utilisé en sciences sociales en générale et en sciences de gestion en particulier.

D'une manière générale, nous pouvons dire que le questionnaire est une sorte de test ayant une perspective unitaire et globale (déceler telles motivations ou telles attitudes, telles opinions), composé d'un certain nombre de questions et généralement proposé par écrit à un ensemble plus ou moins élevé d'individus et portant sur leurs goûts, leurs opinions, leurs sentiments et leurs intérêts (Aktouf, 1987).

Notre questionnaire est inspiré, à cet effet, de celui de CERISE sur les indicateurs de performance sociale et nous l'avons adapté dans le cadre du Sénégal par l'élaboration des items permettant de mesurer cette performance sociale. Ainsi, il est intéressant de voir la structure du questionnaire et son mode d'administration.

2.2.1. La structure du questionnaire

Le questionnaire est disponible en totalité en annexe. Il est composé de trois rubriques :

· la première concerne l'identification de l'entreprise qui porte sur le nom et le statut juridique et le nombre de salariés ;

· la deuxième rubrique concerne vraisemblablement les données induisant la viabilité financière, qui sont essentiellement quantitatives et sont issues directement du système d'information et de gestion (SIG) en l'occurrence les états financiers de l'institution ;

· la troisième partie du questionnaire se rapporte aux variables de la performance sociale et sont essentiellement évaluées sur une échelle multiple de Lickert à cinq positions qui permettent de mesurer l'importance d'un critère en partant de très en désaccord jusqu'à très en accord.

Trois groupes d'indicateurs structurent l'ensemble des variables de la troisième partie. Il s'agit du ciblage des pauvres exclue, de l'adaptation des produits et des services mais aussi de l'amélioration du capital social et politique ou de la situation économique des clients.

2.2.2. L'administration du questionnaire

L'administration du questionnaire a débuté le 25 Juin 2010 et s'est terminée le 05 Octobre de la même année, soit au total trois mois dix jours. Cette durée assez longue est due en partie à la faiblesse de nos moyens financiers surtout durant cette période où les subventions allouées aux mémoires n'étaient pas encore sorties et nous étions obligés d'utiliser nos propres moyens de bord pour se payer les photocopies, le transport et le téléphone. C'est une période coïncidant également avec le mois de Juin qui constitue celui des dépôts des états financiers pour contrôle à la Direction de la Réglementation et de la Supervision des Structures Financières Décentralisées (DRS / SFD) du Ministère de l'Economie et des Finances. Cette situation a provoqué des refus de réponses à certaines de nos questions mais aussi des rendez-vous assez longs.

Compte tenu de la nature de notre questionnaire et en prenant en compte l'organisation interne des IMF au Sénégal en l'occurrence celles de notre échantillon, nous jugeons opportun d'adopter le mode d'administration direct (de face à face) du questionnaire.

Cette méthode d'administration nous permet de répondre directement aux interrogations que peuvent se poser les répondants sur la nature même des questions et donc d'éviter les biais d'incompréhension du questionnaire surtout avec les gérants dont le niveau d'instruction n'est pas assez élevé ou ceux qui ont parfois des problèmes avec l'échelle de Lickert. Cette faiblesse du niveau de formation de certains gérants est confirmée par le sociologue Aminata Ndiaye (2006) en ces termes : « Les PME au Sénégal ont pour la plupart pris racine dans le secteur informel. Autrement dit les acteurs sont très peu formés et maitrisent très peu les règles de gestion et les exigences de la conduite d'une entreprise. Cet état de fait limite beaucoup leur expansion. Ce déficit de formation se traduit dans l'établissement de dossiers de crédit peu bancables. Souvent, il se solde par des échecs au niveau des banques et de certains réseaux mutualistes.»

La méthode d'administration directe permet en outre un meilleur contrôle de l'échantillon et une persuasion du répondant. Cependant, ce mode d'administration du questionnaire a néanmoins quelques limites. En dehors des coûts élevés lié à la méthode, s'y ajoute surtout la peur des répondants qui doutent parfois de la finalité de l'étude. Pour contourner ce gap, nous avons dés le début mentionné sur le questionnaire un en-tête (voir annexe) permettant de rassurer les répondants mais également en leur expliquant l'objectif de l'étude ainsi que le cadre de sa réalisation. Malgré cette note d'assurance formulée à l'en-tête du questionnaire, certains gérants se montrent toujours réticents et refusent catégoriquement de fournir les informations nécessaires ; ce qui nous a valu une réduction de notre échantillon réparti dans les régions de Dakar et de Fatick. Les détails des taux de réponse et de non réponse selon les régions sont mis en exergue dans le chapitre IV.

3. Les méthodes d'analyse de données

Le traitement des données recueillies de l'enquête est fait à l'aide du logiciel SPSS.17 (Statistique Package for Social Science). Un certain nombre d'analyses statistiques sont usitées afin de voir de manière beaucoup plus claire les statistiques des variables ainsi que leurs relations ou leurs interdépendances. Ces analyses concernent essentiellement le tri à plat et le tri croisé.

3.1. Le tri à plat

L'analyse uni-variée ou le tri à plat sert à décrire par un dénombrement des effectifs des modalités de chaque variable. Elle permet de calculer le nombre d'observations de chaque modalité de la variable. Dans le cadre de la statistique descriptive, le mode représente une tendance centrale c'est-à-dire la modalité la plus fréquente. Les fréquences représentent la dispersion et les pourcentages du nombre d'observations de chaque modalité. Lorsqu'il s'agit de variable métrique, la moyenne représente une tendance centrale, la variance et l'écart type reflètent la dispersion.de la variable.

3.2. Le tri croisé

L'analyse bi-variée communément appelée tri croisé a pour objectif de mettre en évidence les relations éventuelles qui existent entre deux variables étudiées simultanément. Cette analyse cherche à identifier ou à mesurer essentiellement le degré de liaison ou d'interdépendance mais également l'effet d'une variable sur une autre.

Au niveau de la partie analyse, le test de corrélation de Pearson au seuil de 5% est d'usage, afin d'analyser plus finement les liens entre les dimensions de la performance sociale et celle de la viabilité financière, puisque toutes ces dimensions sont à caractère numériques.

Après un survol de la démarche méthodologique à adopter dans le cadre de cette recherche aussi bien en termes d'échantillonnage qu'en termes de choix des instruments de collecte et de traitement de données, le chapitre qui suit fera d'une part l'économie de l'analyse et interprétation des résultats et d'autre part des limites, des contributions ainsi que des recommandations nécessaires. Ces dernières permettent aux différents acteurs (chercheurs et dirigeants) en général et ceux du Sénégal en particulier de prendre le relais dans le cadre de la contribution de la finance solidaire à l'atteinte des objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

CHAPITRE IV : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS, CONTRIBUTIONS, LIMITES ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE

Ce dernier chapitre de notre recherche est l'occasion pour nous de restituer nos résultats ainsi que les analyses convenables afin de voir très exactement le lien entre les deux variables à savoir la performance sociale et la viabilité financière. Ainsi, après avoir présenté les résultats de l'analyse descriptive dans la section I, nous tentons dans la section II, d'établir les tests des différentes hypothèses ainsi que les contributions de ces résultats au champ de la finance solidaire sans laisser en rade les limites et perspectives liées à l'étude.

Section I: Présentation des résultats : analyses descriptives

Cette section est consacrée uniquement à l'analyse descriptive de nos résultats. Cette analyse descriptive concerne, dans un premier temps, l'échantillon de notre étude. Dans un second temps, l'analyse descriptive (tri à plat) des variables du modèle de recherche est mise en évidence afin de voir les premières tendances issues de nos enquêtes. L'étude comporte trois hypothèses. La première hypothèse H1 montre le lien entre le ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance opérationnelle et la deuxième hypothèse H2 tente de voir la corrélation existante entre l'adaptation des produits et services aux besoins des clients et le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Quant à la troisième hypothèse H3, elle teste également la relation pouvant exister entre le capital social et le ratio d'autosuffisance opérationnelle.

Concernant la performance sociale, elle est décomposée en trois dimensions mesurées chacune par des items. Ces items sont analysés sur une échelle de Lickert à cinq positions allant de très en désaccord à très en accord. Pour faciliter l'analyse, nous allons regrouper très en désaccord et en désaccord dans la rubrique « en désaccord » puis en accord et très en accord dans la rubrique « en accord ». Pour l'indicateur de la viabilité financière en l'occurrence le ratio d'autosuffisance opérationnelle, les données sont agrégées sous forme d'intervalles afin d'affiner l'analyse.

1. Analyse Descriptive de l'échantillon

La description de notre échantillon se fait en deux étapes. La première étape concerne la répartition des mutuelles non affiliées ainsi que les réseaux enquêtés et la deuxième étape donne la répartition de l'échantillon final. Ces différents résultats sont mis en évidence dans les tableaux 1 et 2.

Tableau 1 : Répartition des mutuelles d'épargne et de crédit et réseaux de l'échantillon

Mutuelles et réseaux de l'échantillon

DAKAR

FATICK

Total

Nombre

Pourcentage

Nombre

Pourcentage

Nombre

Pourcentage

Réseaux ayant répondu

5

14,71%

-

-

5

14,71%

Mutuelles non affiliées ayant répondu

15

44,12%

10

29,41%

25

73,53%

Mutuelles non affiliées n'ayant pas répondu

4

11,76%

 

-

4

11,76%

Total

24

70,59%

10

29,41%

34

100%

Source : Données issues de l'enquête

L'objet de ce travail de recherche consiste à voir le lien entre performance sociale et viabilité financière des IMF au Sénégal à travers 34 structures réparties dans les régions de Dakar et Fatick selon le tableau ci- dessus.

Ainsi, ce dernier présente d'une part les réseaux et les mutuelles non affiliées ayant répondu à l'enquête et d'autre part celles non affiliées n'ayant pas répondu. La région de Dakar regroupe l'ensemble des réseaux ayant répondu et qui sont au nombre de cinq (5) soit un pourcentage de 14,71% du total des MEC de l'échantillon et 71,43% du total des réseaux existants ici au Sénégal. Les mutuelles non affiliées sont enquêtées à hauteur de quinze (15) pour Dakar et dix (10) pour Fatick soit respectivement 44,12% et 29,41% ; ce qui revient à un total de vingt cinq (25) Mutuelles soit un pourcentage de 73,53% toutes régions confondues.

Concernant les mutuelles n'ayant pas répondu, elles se concentrent uniquement dans la région de Dakar pour un total de quatre (4) soit un taux de non réponse de 11,76%. Cette situation est due en partie à ce que nous avions expliqué plus haut, c'est-à-dire la réticence de certains gérants à diffuser les informations concernant leurs mutuelles pour cause de la concurrence accrue qui prévaut actuellement dans le secteur de la microfinance surtout dans la région de Dakar. A cela s'ajoutent également les mutuelles autorisant des voies administratives ou légales très longues qui nécessitent beaucoup de temps et de moyens pour y parvenir.

Au final, trente (30) mutuelles ont accepté définitivement de répondre à notre enquête pour un taux de réponse global de l'ordre de 88,23% réparti ainsi qu'il suit selon les deux régions à hauteur de 58,82% pour Dakar et 29,41% pour Fatick ; ce qui, à notre niveau, semble être satisfaisant pour l'analyse des données. Le tableau ci-après donne la composition de l'échantillon final de manière globale et par région.

Tableau 2 : Répartition de l'échantillon final

Mutuelles de l'échantillon

DAKAR

FATICK

Total

Nombre

Pourcentage

Nombre

Pourcentage

Nombre

Pourcentage

Réseaux ayant répondu

5

16,67%

-

-

5

16,67%

Mutuelles non affiliées ayant répondu

15

50%

10

33,33%

25

83,33%

Total

20

66,67%

10

33,33%

30

100%

Source : Données issues de l'enquête

L'échantillon final est composé de trente (30) IMF au total réparties comme suit : vingt (20) pour Dakar et dix (10) pour Fatick soit des taux respectifs de 66,67% et 33,33% pour les deux régions précitées. Après l'échantillon final, nous en venons à la description des variables du modèle de recherche.

2. L'analyse descriptive des variables de l'hypothèse H1

L'hypothèse H1 met en relation la dimension ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Nous tentons d'établir successivement le tri à plat de ces deux variables ainsi que les analyses convenables.

Tableau 3 : Tri à plat de l'indicateur ciblage des pauvres exclus

Position

Items

En désaccord

Neutre

En accord

Etude formelle des conditions de pauvreté dans les zones d'intervention

53,4

13,3

33,3

Prêts sécurisés avec garanties sociales pour plus de 50% du portefeuille

13,3

3,3

83,4

Politiques spécifiques ou méthodologiques pour atteindre les zones reculées

6,6

10

83,4

La taille minimale des mensualités de remboursement représente plus de 1% du PIB/tête (5000 F CFA)

26,7

-

73,3

Le montant minimum pour ouvrir un compte d'épargne représente plus de 1% du PIB/tête

20

3,3

76,7

L'IMF utilise une stratégie de ciblage basée sur les conditions objectives des clients

43,4

10

46,6

L'IMF accorde des prêts en zones rurales pour moins de 50% des prêts

73,3

6,7

20

Le nombre de femmes parmi les emprunteurs représente plus de 50% des prêts

13,3

10

76,7

Le nombre des clients agriculteurs est nul et/ou représente moins de 10% des prêts

33,3

10

56,7

Le nombre de clients analphabètes représente moins de 30% des prêts

53,4

13,3

33,3

Source : Données de l'enquête

Le tableau 3 récapitule les données du tri à plat ou de l'analyse descriptive des items du ciblage des pauvres exclus. A la lumière de ces résultats, nous constatons que la plupart des mutuelles de notre échantillon soit 53,4% n'effectuent pas une étude formelle sur les conditions de pauvreté de leurs cibles (personnes exclues du système bancaire classique). En revanche, 83,4 % de ces mutuelles disent avoir accordé des prêts avec garanties sociales (solidarité au sein des groupes, recommandation par une tierce personne de confiance) et avoir aussi adopté des politiques méthodologiques pour atteindre les zones les plus reculées.

Nous constatons , par la même occasion, des propositions favorables à l'endroit des items suivants : la taille minimale des mensualités de remboursement, le montant minimum pour ouvrir un compte d'épargne et faire des dépôts réguliers, le nombre de femmes parmi les emprunteurs qui représente plus de 50% des prêts et afin le nombre de clients agriculteurs qui est nul ou représente moins de 10% des prêts, pour des taux respectifs de 73,3%, 76,7%, 76,7% et 56,7%. En effet, la plupart des mutuelles visitées fixent l'ouverture d'un compte pour un montant minimum de 7500F CFA, les mensualités de remboursement, selon certains responsables rencontrés, dépendent surtout des montants prêtés. En outre, nous remarquons que les femmes constituent la clientèle la plus représentative au niveau des mutuelles de crédit. En ce qui concerne le nombre de clients agriculteurs, nous disons qu'à part la région de Fatick dont la population est constituée en majorité d'agriculteurs, le reste des mutuelles disent avoir des clients non agriculteurs ; ce qui se justifie par un taux moyen de 56,7%.

Par ailleurs, bien que la population sénégalaise soit en majorité constituée d'analphabètes, le pourcentage n'est pas trop élevé dans les mutuelles visitées soit 53,4%. Concernant la stratégie de ciblage basée sur les conditions objectives des clients (alphabétisation, taille des exploitations, indice de logement, patrimoine, etc.), les pourcentages sont à peu prés équilibrés de part et d'autre (43,4% contre 46,6%). Dans l'analyse, nous ne sommes pas attardés sur la neutralité des réponses, mais nous constatons que leurs pourcentages sont très faibles (entre 3,3% et 13,3%). En définitive, nous remarquons en moyenne 58,4% des mutuelles effectuent correctement un ciblage des pauvres exclus contre 33,61% et le reste soit 7,99% est neutre face à cette proposition. Ce score moyen en termes de ciblage traduit le fait que plus de la moitié des IMF de l'échantillon prend en compte la dimension « ciblage des pauvres exclus » dans sa globalité. Ces différents items sont croisés avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle dont le tri à plat est résumé dans le tableau ci- après.

Tableau 4 : Tri à plat du ratio d'autosuffisance opérationnelle

Valeur

Entre 0,36 et 0,99

Entre 1 et 1,5

Entre 1,6 et 1,9

Total

Effectif

21

6

3

30

Pourcentage

70%

20%

10%

100%

Source : Données de l'enquête

Le tableau 4 résume les données du tri à plat du ratio d'autosuffisance opérationnelle. Les valeurs sont regroupées sous forme d'intervalles. Ainsi, pour un ratio faible compris entre 0,36 et 0,99, vingt et une (21) mutuelles sont recensées soit 70%. Pour un ratio compris entre 1 et 1,5, nous avons six (6) mutuelles soit un taux de 20%. Et enfin pour un ratio compris entre 1,6 et 1,9, il y a seulement trois (3) mutuelles soit 10% du total.

A l'issu de ce tri à plat, nous constatons que neuf (9) mutuelles sur trente (30) ont atteint au minimum la norme de 100% et les vingt et une (21) mutuelles restantes ont un ratio d'autosuffisance opérationnelle en dessous de la norme édictée par la BCEAO. Cette situation caractérise ainsi un véritable problème de viabilité financière au niveau des mutuelles de notre échantillon. A cet égard, notre étude semble être pertinente dans la mesure où nous allons pouvoir identifier clairement les leviers sur lesquels s'appuyer en termes de performance sociale pour assurer la viabilité financière des structures financières décentralisées en général et celles du Sénégal en particulier.

3. L'analyse descriptive des variables de l' hypothèse H2

Cette hypothèse lie l'adaptation des produits et services aux besoins des clients et le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Nous allons procéder au tri à plat de l'adaptation des produits et services aux besoins des clients puisque celui du ratio d'autosuffisance opérationnelle est déjà fait dès l'analyse descriptive de la première hypothèse.

Tableau 5 : Tri à plat de la variable adaptation des services et produits aux besoins des clients

Position

Items

En désaccord

Neutre

En accord

L'IMF propose plusieurs types de prêts

46,7

-

53,3

L'IMF accorde des prêts sociaux d'urgence

26,7

3,3

70

L'IMF fournie de produits spécifiques adaptés aux besoins des clients

20

6,7

73,3

L'IMF propose aux clients différentes formules de remboursement

20

-

80

L'IMF offre de produits volontaires spécifiques adaptés aux besoins sociaux des clients

33,3

10

56,7

L'IMF propose par l'intermédiaire d'autres organismes spécialisés des services financiers innovants

46,7

10

43,3

Les agents de crédit de l'IMF rendent visite plus de 50% des clients pour des opérations financières

30

7

63

Le temps moyen entre la demande formelle du premier prêt et le déboursement du prêt pour un nouveau client sur les douze derniers mois est de deux semaines

46,7

3,3

50

Les clients de l'IMF connaissent pour chaque remboursement le principal et les intérêts à payer mais aussi la date de remboursement

-

-

100

L'IMF dispose de politiques spécifiques pour faciliter l'accès aux services financiers (autre que la décentralisation)

16,7

3,3

80

Source : Données de l'enquête

Le tableau 5 traduit l'analyse descriptive ou le tri à plat de la deuxième dimension de la performance sociale. Au regard des résultats de ce tableau, nous constatons que la majorité des IMF propose plusieurs types de prêts ainsi que des prêts sociaux d'urgence (à court terme c'est-à-dire moins de 3 mois, déboursement très rapide (1 ou 2 jours), pas d'objet spécifique requis pour le prêt, ou attribué officiellement à des fins de consommation, but social ou d'urgence) soit respectivement 53,3% et 70% des mutuelles. En outre, 73,3% disposent de politiques spécifiques adaptées et 80% proposent aux clients différentes formules de remboursement. Dans ce même sillage, les produits volontaires spécifiques (habitat, éducation, prêts sur 12 mois) ainsi que la visite des clients, l'application de politiques spécifiques et l'octroi de prêts sont accordés avec des scores respectifs de 56,7% ; 63% ; 80% et 50%. Concernant les formulaires remis aux clients, toutes les mutuelles sont unanimes quant aux informations relatives au montant du « principal», les intérêts à payer et la date de remboursement.

En revanche, l'offre de services financiers innovants (produits d'assurance, transfert d'argent, paiement par chèque) est presque équilibrée pour l'ensemble des IMF de l'échantillon soit (43,3% et 46,7%). Globalement, nous disposons d'un score moyen de l'ordre de 61,33% en termes d'adaptation des produits et services aux besoins des clients avec un taux moyen de neutralité de réponse de 4,66%. Ce taux de 61,33% traduit la prise en compte par les IMF de la concurrence qui prévaut actuellement sur le secteur puisque les mutuelles sont obligées d'adapter leurs produits pour être en phase avec les aspirations des clients ou des membres.

4. L'analyse descriptive des variables de l'hypothèse H3

L'hypothèse H3 essaye de montrer la relation entre le capital social et le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Ainsi, le tri à plat de la troisième hypothèse s'applique tout simplement à la dimension capitale sociale dans la mesure où le tri à plat du ratio est déjà effectué.

Tableau 6 : Tri à plat de la variable l'amélioration du capital social et politique des clients

Position

Items

En désaccord

Neutre

En accord

Les clients de l'IMF ont accès aux bilans financiers

43,6

-

56,4

Les agents de crédit de l'IMF ou les caissiers sont les seuls interlocuteurs des clients

93,4

-

6,6

L'IMF fournit un lieu de discussion en cas de conflits, réclamations ou plaintes entre un client et un employé

13,3

-

86,7

Les clients de l'IMF peuvent participer aux instances de contrôle et de prise de décision

30

-

70

Les instances sont constituées en majorité de femmes

63,3

16,7

20

Les instances établies au sein de l'IMF influencent réellement les décisions et provoquent des changements

6,7

10

83,3

L'IMF facilite la création de capacités locales de gestion

23,4

-

76,6

Source : Données de l'enquête

Ce tableau montre le tri à plat des items de la troisième dimension de la performance sociale. Les données agrégées dans ce tableau indiquent que 56,4% des mutuelles autorisent leurs bilans financiers aux clients et 86,7% d'entre elles établissent un lieu de discussion en cas de conflits entre clients et employés. En revanche, 93,4% des mutuelles fréquentées signalent que les agents de crédit ou les caissiers ne sont pas les seuls interlocuteurs des clients puisqu'il y a d'autres membres de l'institution qui participent à la gestion globale. Les IMF disposent à cet effet des instances de décision comme par exemple le conseil d'administration, le conseil de surveillance, le comité de crédit. Toutes ces instances, selon les responsables contactés (70%), ne sont constituées que de clients de l'IMF et elles influencent réellement les décisions prises et provoquent des changements.

Dans cette même perspective, 76,6% de ces mutuelles cherchent à faciliter la création de capacités locales de gestion (formation pour la constitution d'équipe, représentation, prise en compte et renforcement des capacités locales de management). Concernant cette dimension, les résultats du tri à plat révèlent un score moyen de l'ordre de 56,6%. Ce score moyen dénote également une prise en compte de la dimension « Amélioration du capital social et politique des clients » même si des efforts restent à faire dans le cadre de la prise en compte de cette dimension dans sa globalité. Ces items sont croisés avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle dans l'analyse bi- variée.

Pour mieux voir la relation existante entre les différentes variables, nous allons passer à la section suivante relative aux tests empiriques.

Section II : Test des hypothèses, contributions et limites de la recherche

Cette section se compose essentiellement des tests d'hypothèses du modèle de recherche et de leurs interprétations sans laisser en rade les contributions et limites inhérentes à notre étude.

1. Tests des hypothèses du modèle de recherche

Le modèle de recherche est scindé en trois hypothèses que nous allons tester successivement afin de voir la relation existante entre elles. Ce faisant, l'utilisation du test de corrélation de Pearson au seuil de 5% nous semble être satisfaisante dans la mesure où toutes les variables du modèle sont numériques et les différentes hypothèses de recherche sont des hypothèses d'association. De plus, nous cherchons uniquement à voir la corrélation entre les différentes dimensions de chacune des variables de la recherche.

1.1. Test de l'hypothèse H1 

Il existe un lien entre le ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance opérationnelle

L'hypothèse H1 cherche à voir la relation existante entre le ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Cette relation est significative lorsque la significativité (Sig. Bilatérale) du test est inférieur au seuil de 5%. Le tableau suivant nous donne les détails du lien entre les deux dimensions.

Tableau 7 : Test de corrélation entre ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance

Ciblage des pauvres exclus

RAO

Etude formelle des conditions de pauvreté dans les zones d'intervention

Corrélation de Pearson

,250

Sig. (Bilatérale)

,182

Prêts sécurisés avec garanties sociales pour plus de 50% du portefeuille

Corrélation de Pearson

,236

Sig. (Bilatérale)

,21

Politiques spécifiques ou méthodologiques (excepté les garanties sociales) pour atteindre les zones reculées

Corrélation de Pearson

,050

Sig. (Bilatérale)

,792

La taille minimum des mensualités de remboursement représente plus de 1% du PIB/tête (5000 F CFA)

Corrélation de Pearson

,047

Sig. (Bilatérale)

,805

Le montant minimum pour ouvrir un compte d'épargne et faire des dépôts réguliers représente plus de 1% du PIB/tête

Corrélation de Pearson

-,06

Sig. (Bilatérale)

,767

L'IMF utilise une stratégie de ciblage basée sur les conditions objectives des clients

Corrélation de Pearson

,136

Sig. (Bilatérale)

,473

L'IMF accorde des prêts en zones rurales pour moins de 50% des prêts

Corrélation de Pearson

-,070

Sig. (Bilatérale)

,713

Le nombre de femmes parmi les emprunteurs représente plus de 50% des prêts

Corrélation de Pearson

-,264

Sig. (Bilatérale)

,159

Le nombre des clients agriculteurs est nul et/ou représente moins de 10% des prêts

Corrélation de Pearson

,039

Sig. (Bilatérale)

,840

Le nombre de clients analphabètes représente moins de 30% des prêts

Corrélation de Pearson

-,034

Sig. (Bilatérale)

,860

Source : Données de l'enquête

Au regard de ce tableau concernant le lien entre le ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO), nous constatons une faible corrélation entre les différents items de la dimension ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance opérationnelle. De même, aucune relation significative n'est observée entre ces items et le ratio d'autosuffisance opérationnelle puisque les différents seuils de significativité dépassent largement le seuil de Pearson de 5%.

En réalité la mise en place d'études formelles sur les conditions de pauvreté des clients, les prêts sécurisés avec garantie sociale, les politiques spécifiques pour atteindre les zones reculées, les mensualités de remboursement, l'ouverture d'un compte pour un montant inférieur à cinq mille (5000 F. CFA) n'ont aucun lien significatif avec le ratio d'Autosuffisance opérationnelle. Cette situation s'élargie aux autres items comme les stratégies de ciblage basées sur les conditions objectives des clients (alphabétisation, taille des exploitations), le nombre de femmes parmi les clients, l'absence d'agriculteurs au niveau de ces clients ainsi que le nombre de clients analphabètes qui doit représenter moins de 30% des prêts.

En conséquence, aucune relation significative n'est observée entre le ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance opérationnelle. A cet égard, l'hypothèse H1 est rejetée. Ce résultat est en contradiction avec celui trouvé par le réseau CERISE (2008, 2010) confirmé par Cornée (2006) qui, selon eux, prétendent que le ciblage des pauvres exclus conduit à des coûts opérationnels de plus en plus importants. En outre, selon leurs études, les IMF qui ciblent les personnes exclues du système bancaire classique engendrent un faible ratio d'autosuffisance opérationnelle lié à l'augmentation des coûts de l'institution.

1.2. Test de l'hypothèse H2

Il existe une corrélation entre l'adaptation des produits et services aux besoins des clients et le ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO)

L'hypothèse H2 vérifie la corrélation entre l'adaptation des produits et services aux besoins de la clientèle (dimension2 de la performance sociale) et le ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO).

A l'instar des autres variables du modèle, la relation entre les variables de cette hypothèse est mise en évidence par le test de corrélation de Pearson au seuil de 5%. Les résultats de ce test sont mis en exergue dans le tableau suivant :

Tableau 8 : Test de corrélation entre l'adaptation des services et le RAO

Adaptation des produits et services aux besoins des clients

RAO

L'IMF propose plusieurs types de prêts

Corrélation de Pearson

-,047

Sig. (Bilatérale)

,404

L'IMF accorde des prêts sociaux d'urgence

Corrélation de Pearson

,152

Sig. (Bilatérale)

,212

L'IMF propose de produits spécifiques adaptés aux besoins sociaux des clients

Corrélation de Pearson

-,117

Sig. (Bilatérale)

,269

L'IMF propose aux clients différentes formules de remboursement

Corrélation de Pearson

-,014

Sig. (Bilatérale)

,471

L'IMF offre de produits volontaires spécifiques adaptés aux besoins sociaux des clients

Corrélation de Pearson

,008

Sig. (Bilatérale)

,484

L'IMF propose par l'intermédiaire d'autres organismes spécialisés des services financiers innovants

Corrélation de Pearson

,176

Sig. (Bilatérale)

,175

Les agents de l'IMF rendent visite plus de 50% des clients pour des opérations financières (alliances extérieures)

Corrélation de Pearson

,430

Sig. (Bilatérale)

,009

Le temps moyen entre la demande formelle du premier prêt et le déboursement du prêt pour un nouveau client sur les douze derniers mois est de deux semaines

Corrélation de Pearson

-,073

Sig. (Bilatérale)

,351

Les clients de l'IMF connaissent pour chaque remboursement le principal et les intérêts à payer mais aussi la date de remboursement

Corrélation de Pearson

-,175

Sig. (Bilatérale)

,178

L'IMF dispose de politiques spécifiques pour faciliter l'accès aux services financiers (autre que la décentralisation)

Corrélation de Pearson

-,196

Sig. (Bilatérale)

,150

Source : Données de l'enquête

Ce tableau 8 nous indique une très faible corrélation entre les différents items et le ratio d'autosuffisance opérationnelle à l'exception de l'item « la visite des clients, par les agents de l'IMF, pour des opérations financières » qui est moyennement et positivement corrélé avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle. En effet, la diversité des prêts, les prêts sociaux d'urgence, les produits spécifiques adaptés, les différentes formules de remboursement ainsi que la clarté des formulaires remis aux clients (principale, intérêts et date de remboursements), la fourniture de produits volontaires spécifiques (habitat, éducation, prêt sur douze mois), la proposition, par l'intermédiaire d'autres organismes financiers, des services financiers innovants non financiers, le temps moyen pour le déboursement du prêt et enfin les politiques spécifiques pour faciliter l'accès aux services financiers n'ont aucun lien significatif avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO) puisqu'en plus de leurs très faibles corrélations avec le ratio, leurs seuils de significativité (40,4% ; 21,2% ; 26,9% ; 47,1% ; 48,4% ; 17,5% ; 35,1% ; 17,8% et 15% ) dépassent de loin le seuil de Pearson de 5%. Sur ce point, les mutuelles de notre échantillon appliquant l'adaptation des produits et services au profit de leur clientèle n'ont qu'à se focaliser sur les alliances extérieures qui sont corrélées avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle (43%) suivi d'un seuil de significativité de l'ordre de 0,9% nettement inférieur au seuil de Pearson de 5%. La visite des clients créant ainsi les alliances extérieures précitées, permet de mieux connaitre les clients et de réduire l'asymétrie d'information et par ricochet les coûts de transaction selon la vision de beaucoup d'auteurs que nous avons énumérés au niveau de la revue de littérature. En baissant les coûts de transaction, ces alliances extérieures participent à la réduction des coûts globaux de l'institution qui aura pour effet une amélioration du ratio d'autosuffisance opérationnelle. Par conséquent, l'hypothèse H2 reliant l'adaptation des produits et services aux besoins de la clientèle au ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO) est également rejetée. Cependant, un résultat important peut être pris en considération par les IMF à savoir le lien positif observé entre les alliances extérieures et le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Ces alliances extérieures sont une partie intégrante des services innovants et non financiers selon le réseau CERISE.

1.3. Test de l'hypothèse H3

L'amélioration de la situation économique des clients est liée positivement au ratio d'autosuffisance opérationnelle

L'hypothèse H3 essaye de voir la relation entre le capital social et le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Comme les autres variables, le test de Pearson est utilisé à ce niveau pour mettre en évidence le lien entre les deux variables. Les résultats sont donnés dans le tableau ci-après.

Tableau 9 : Test de corrélation entre le capital social et politique des clients et le RAO (H3)

L'amélioration du capital social des clients

RAO

Les clients de l'IMF ont accès aux bilans financiers

Corrélation de Pearson

,431

Sig. (Bilatérale)

,017

L'agent de crédit de l'IMF ou le caissier est le seul interlocuteur des clients

Corrélation de Pearson

,041

Sig. (Bilatérale)

,829

L'IMF fournit un lieu de discussion en cas de conflits, réclamations ou plaintes entre un client et un employé

Corrélation de Pearson

-,006

Sig. (Bilatérale)

,977

Les clients de l'IMF peuvent participer aux instances de contrôle et de prise de décision

Corrélation de Pearson

,074

Sig. (Bilatérale)

,697

Les instances sont constituées en majorité de femmes

Corrélation de Pearson

,095

Sig. (Bilatérale)

,616

Les instances établies au sein de l'IMF influencent réellement les décisions et provoquent des changements

Corrélation de Pearson

-,214

Sig. (Bilatérale)

,256

L'IMF facilite la création de capacités locales de gestion

Corrélation de Pearson

,033

Sig. (Bilatérale)

,862

Source : Données de l'enquête

Le tableau 9 nous édifie sur le lien existant entre le capital social et politique des clients et le ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO). Ainsi, sur les sept relations il n'ya qu'une seule qui a un lien positif acceptable. En effet, l'agent de crédit ou le caissier qui est le seul interlocuteur des clients, la mise en place d'un lieu de discussion en cas de conflits entre clients et employé, la participation des clients à la prise de décision, le pourcentage majoritaire des femmes dans les instances, l'efficacité des instances établies de même que la formation des représentants n'ont aucun lien significatif avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO) car les seuils de significativité (82,9%; 97,7%; 69,7% ; 61,6 % et 25%) sont supérieurs au seuil de Pearson 5%. A l'opposé, nous remarquons, par ailleurs, un lien positif significatif entre la liberté d'accès pour les clients aux bilans financiers des IMF et le ratio d'autosuffisance opérationnelle [corrélation de Pearson (43,1%) et significativité 1,7% inférieure à 5%]. Ainsi, plus les clients ou les membres ont accès aux bilans financiers des IMF plus le ratio d'autosuffisance opérationnelle n'augmente et vice versa.

Cette situation peut être dû au fait que l'accès des clients aux bilans financiers de l'institution est source de transparence dans la gestion et aussi de confiance mutuelle entre clients et IMF. Cette confiance fortifie les relations entre ces derniers; ce qui débouche sur une réduction des coûts des institutions et donc une amélioration de la viabilité financière (Sall, 2008). Selon également certains auteurs trouvés dans la littérature, en l'occurrence ceux du réseau CERISE (2008, 2010), cette liberté d'accès aux bilans financiers se traduit par un renforcement du capital social induit par la transparence dans la gestion. Cette transparence provoque, à son tour, une confiance mutuelle entre clients et IMF développée tantôt par Cornée (2006) dans son mémoire de DEA.

Comme conclusion, nous pouvons dire que l'hypothèse H3 est également rejetée. Néanmoins, nous pouvons noter que «l'accès des clients aux bilans financiers », traduisant ainsi la transparence dans la gestion, est lié positivement et de manière significative au ratio d'autosuffisance opérationnelle. Par conséquent, nous notons une convergence ou une corrélation entre la transparence, la confiance et le ratio d'autosuffisance opérationnelle. En guise de récapitulation à nos différents résultats, nous avons tenté de présenter le tableau ci-dessous :

Tableau 10 : Récapitulation des différents résultats issus des tests d'hypothèses

Hypothèses de recherche

Résultats obtenus à l'issue des enquêtes

H1

L'hypothèse H1 liant le ciblage des pauvres exclus au ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO) est rejetée puisque sur dix (10) relations, aucune n'est significative au seuil de 5%. Ce résultat renvoi à la conclusion suivante : le ciblage individuel, géographique et méthodologique, composantes essentielles du ciblage global, n'ont aucun lien significatif avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO). Dans ce sens, ce résultat est en contradiction avec celui trouvé par le réseau CERISE (2008, 2010).

H2

L'hypothèse H2 vérifie le lien existant entre l'adaptation des produits et services aux besoins de la clientèle et le ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO). A l'issue des résultats, nous avons une corrélation moyenne de l'ordre de 43% de l'item « les visites des clients par les agents des IMF pour des opérations financières » avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle suivie d'une significativité de 0,9%. Cet item constitue les alliances extérieures intégrées dans la rubrique services innovants et non financiers. Ainsi, l'hypothèse H2 est rejetée. Mais l'adaptation des produits et services aux besoins des clients, à travers les alliances extérieures, est corrélée avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO). C'est un résultat qui confirme les travaux de Fin Rural et CERISE (2006) et de CERISE (2008, 2010).

H3

L'hypothèse H3 analyse la relation entre l'amélioration du capital social et le ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO).

A l'arrivée, nous constatons une corrélation moyenne positive de 43,1% entre l'accès des clients aux bilans financiers des IMF et le ratio d'autosuffisance opérationnelle avec un seuil de significativité de l'ordre de 1,7%. Cet accès des clients aux bilans financiers est traduit ici, selon la littérature tournant autour des indicateurs de performance sociale, par la transparence dans la gestion des IMF. Cette transparence dans la gestion débouche à terme sur une confiance mutuelle entre clients et IMF ; ce qui se traduit par une réduction des coûts globaux des institutions de microfinance. et par ricochet sur une amélioration du RAO. Ce résultat est extrêmement intéressant, à l'instar des autres, car il vient de confirmer les écrits de certains auteurs notamment ceux de Fin Rural et CERISE (2006), de Sall (2008) et de Corné (2006). Ainsi, une gestion transparente des mutuelles et une confiance entre clients et IMF sont corrélées positivement avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO) et donc avec la viabilité financière.

A la lumière des résultats issus de nos enquêtes et présentés sur le tableau ci-dessus, nous tentons par un schéma d'établir les relations existantes, de manière empirique, entre les différentes variables de la recherche. Ce schéma est appelé modèle empirique final de la recherche.

Figure 2 : Modèle empirique de la recherche

PERFORMANCE SOCIALE

H2

-Diversité des produits et services

 

H3

Amélioration du capital social des clients

-Transparence dans la gestion des IMF

-Confiance entre clients et mutuelles

 

VIABILITE FINANCIERE

Ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO)

Ce modèle empirique final de la recherche fait ressortir sous forme schématique des résultats assez intéressants. En effet, la performance sociale est décomposée dans notre étude théorique en trois dimensions à savoir le ciblage des pauvres exclus du système bancaire classique, l'adaptation des produits et services aux besoins des clients et l'amélioration du capital social et politique des clients.

Au terme des analyses des données issues de nos enquêtes, nous nous sommes retrouvés seulement avec deux dimensions constituées par l'adaptation des produits et services aux besoins de la clientèle et l'amélioration du capital social des clients.

A cet effet, l'adaptation des produits et services aux besoins de la clientèle, à travers les services innovants et non financiers comme les alliances extérieures élargis à la diversité des produits, est corrélée positivement et de manière significative avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Ce résultat trouvé dans le contexte du Sénégal, même si ça ne doit pas susciter une euphorie totale, mérite d'être pris en compte dans l'environnement microfinancier puisqu'il vient de confirmer en partie, les travaux du réseau CERISE (2008, 2010) et de Fin Rural et CERISE (2006) dont nous nous sommes inspirés pour l'élaboration de cette hypothèse.

De surcroît, l'amélioration du capital social et politique des clients à travers la transparence dans la gestion appuyée par une confiance mutuelle entre IMF et clients permet à terme de réduire les coûts globaux des IMF. En effet, la transparence, l'échange d'information et la connaissance réciproque vont créer la confiance, renforcer les relations sur le long terme, permettre le partage des normes et des valeurs et ainsi fidéliser les clients (Fin Rural, CERISE, 2006). Ces éléments à savoir la transparence et la confiance renforcent les revenus financiers des institutions et, par conséquent, agissent directement sur l'amélioration du ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO).

Par ailleurs, le résultat assez surprenant dans cette analyse constitue l'effet nul de la dimension1 de la performance sociale, en l'occurrence le ciblage des pauvres exclus, sur le ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO). Ainsi, bien que les résultats du tri à plat du ciblage des pauvres révèlent un score moyen de l'ordre de 58,4% de l'ensemble des mutuelles de l'échantillon, la manière de cibler ces pauvres n'a aucune influence sur les coûts globaux des institutions. Par exemple, la plupart des IMF fréquentées ne font pas d'études formelles pour connaitre le niveau de pauvreté de la population ; ce qui induit donc un lien non significatif entre le ciblage des pauvres et le ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO).

2. Contributions, limites et perspectives de recherches

Selon Karl Popper  rapporté par le professeur DANKOCO (2009) dans son cours de méthodologie: « La recherche commence toujours par des problèmes et se termine toujours dans des problèmes.» Cette fameuse phrase tant énoncée par les chercheurs surtout en sciences sociales n'échappe pas à notre présente recherche. C'est ainsi que dans cette partie de l'étude, il est surtout question de développer les contributions ou implications à la fois théoriques et pratiques ainsi que les contraintes et limites inhérentes à la recherche.

2.1. Implications théoriques

Tout travail scientifique ou à caractère de recherche doit avoir des implications théoriques dans le champ sur lequel il se situe. En réalité, ces implications théoriques peuvent se rapporter par exemple à l'extension du champ théorique par la modification ou la construction de nouvelles théories ou concepts qui n'existaient pas auparavant mais aussi à une redéfinition plus fine d'autres concepts. Ainsi, notre recherche permet d'enrichir modestement les recherches déjà entamées dans le domaine notamment ceux de Corné (2006) en termes d'extension du champ théorique.

En effet, pour mesurer la performance sociale, Corné s'était focalisé tout simplement sur ce qu'il appelle un proxy et ce dernier était la profondeur du programme induite par le nombre de femmes dans les programmes de microfinance. Or, cette dimension à elle seule ne peut mesurer la performance sociale dans sa globalité; ce qui constitue donc une défaillance par rapport à sa mesure de la performance sociale.

Par ailleurs, dans le contexte du Sénégal, nous notons une absence notoire d'écrits sur le thème à part les travaux de Sakho (2004), de Diao (2006) et de Sall (2008) sur la viabilité financière des IMF. C'est en ce sens que cette recherche peut constituer un point de départ permettant aux chercheurs sénégalais de se pencher sur le lien entre la performance sociale et la viabilité financière des IMF qui constitue un thème très actuel sur la microfinance. Sur ce point, ils pourront approfondir certains aspects conceptuels ou méthodologiques notamment l'intégration de la quatrième dimension de la performance sociale en l'occurrence la responsabilité sociale des IMF. Il y'a aussi le coût de capital qui constitue une donnée importante des indicateurs du ratio d'autosuffisance opérationnelle permettant de mesurer la viabilité financière. L'intégration de ces deux éléments va permettre de compléter l'étude.

2.2. Implications managériales

A l'instar des implications ou contributions théoriques, les implications à caractères managériales sont essentielles dans le cadre d'une recherche académique. C'est ainsi que dans le cadre de notre recherche, ces implications managériales sont basées pour l'essentiel sur les résultats issus des enquêtes (tri à plat et tests d'hypothèses). Les résultats du tri à plat donnent les scores moyens suivants:

Pour le ciblage des pauvres exclus 58,4% ; l'adaptation des produits et services aux besoins de la clientèle  61,33%  et l'amélioration du capital social et politique des clients 56,6% sur l'ensemble des mutuelles enquêtées. Ces résultats du tri à plat sont intéressants dans la mesure où nous voyons que les différentes dimensions de la performance sociale sont prises en compte dans la pratique au niveau des IMF.

Pour le tri à plat de la viabilité financière, vingt et une mutuelles soit 70% n'atteignent pas la norme de 100% édictée par la BCEAO et neuf mutuelles seulement soit 30% ont atteint cette norme. Ces résultats du tri à plat du ratio d'autosuffisance opérationnelle de la variable viabilité financière posent, une fois de plus, la pertinence de l'étude puisque la majorité des mutuelles de l'échantillon ne sont pas autosuffisantes. Sur ce point, nous sommes amenés à identifier les indicateurs de performance sociale en l'occurrence les leviers sur lesquels ces mutuelles peuvent agir pour atteindre au minimum la norme de 100% édictée par la BCEAO. Ces différents leviers sont mis en évidence à travers les tests d'hypothèses.

Concernant ces derniers, l'adaptation des produits et services aux besoins de la clientèle et plus particulièrement les services innovants et non financiers (alliances extérieures) sont corrélés positivement avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Ce résultat trouvé dans le cadre de notre travail nous permet de dire que les services innovants et non financiers à travers les alliances extérieures revêtent un caractère crucial dans la mesure où ils permettent de converger vers une autosuffisance opérationnelle par une réduction des coûts des institutions. Les IMF doivent prendre en compte dans leur gestion quotidienne l'environnement extérieur qui, actuellement, constitue une menace tenace pour les structures qui l'ignorent.

Ces résultats, en termes d'impact, sont confirmés par les travaux de Fin Rural31(*) et CERISE (2006) en ces termes : «Les études d'impact montrent que les IMF offrant des services non financiers génèrent chez leurs clients plus d'impact en termes de développement personnel (confiance en soi, participation, leadership et capacité à entreprendre) que les IMF qui ne dispensent pas ces services. Par ailleurs, dans certains cas, les services innovants et non financiers semblent contribuer à améliorer l'impact des crédits. Néanmoins, nous relevons plusieurs exemples où les crédits engendrent des impacts sociaux significatifs sans s'accompagner de services non financiers. Dans ces cas, leur absence semble être compensée par un ciblage actif des pauvres exclus, accompagnée d'une forte diversité des services.»

Dans cette perspective, en plus des services innovants et non financiers, les IMF doivent donc diversifier leurs produits et services afin de répondre correctement aux besoins multiples de la clientèle actuelle qui devient de plus en plus exigeante à l'égard des différents produits qui sont proposés.

Cette diversification des produits et services est un concept très développé en marketing car faisant parti des stratégies génériques de Michael Porter. Ces stratégies constituent des outils efficaces permettant de faire face à la concurrence qui prévaut dans un secteur comme celui de la microfinance au Sénégal. Ainsi, ce secteur de la microfinance ayant connu ces dernières années un engouement exceptionnel vue la concurrence qui s'exerce entre les différents acteurs du système. Ce faisant, les IMF se doivent de diversifier leurs produits et services pour faire face à cette rude compétition dans le secteur en fidélisant au maximum les clients. Cette fidélisation a un effet positif sur la performance de remboursement de ces derniers et donc sur la viabilité financière des IMF.

Par rapport à l'amélioration du capital social, les résultats des tests de l'hypothèse H3 révèle ce qui suit : la transparence de la gestion des IMF, traduisant une confiance mutuelle entre clients et institutions, débouche sur une réduction des coûts globaux et donc sur une amélioration du ratio d'autosuffisance opérationnelle. Ce résultat est extrêmement intéressant dans la mesure où cette transparence dans la gestion constitue à part entière un élément essentiel dans la notion de gouvernance des institutions. Cette dernière constitue, à son tour, un des piliers importants pour l'atteinte des objectifs du millénaire pour le développement.

Ainsi, tous les acteurs du secteur doivent s'impliquer pour arriver à bout de ce problème (bonne gouvernance). Elle nécessite donc une transparence dans le mode de gestion des institutions en général et des IMF en particulier. A cet effet, en termes d'impact, Fin Rurale et CERISE (2006) ont montré que les institutions qui enregistrent une performance élevée dans la dimension 3 (l'amélioration du capital social des clients) obtiennent la meilleure fidélisation des clients et les niveaux les plus élevés de satisfaction quant aux conditions d'accès aux crédits et aux institutions. Cet aspect montre que les pratiques de transparence et la participation permettent effectivement d'entretenir et d'approfondir une relation privilégiée avec les clients.

3. Limites et perspectives de recherche

Toute recherche, quelque soit le cadre dans lequel elle s'inscrit, n'est jamais achevée. Ce phénomène est dû au fait que tout travail humain présente toujours des insuffisances liées à la manière de penser, de faire et d'interpréter les résultats. Ce travail de recherche, ayant pour objectif général de voir le lien entre une prise en compte de la dimension sociale et la viabilité financière, n'échappe pas à cette règle. En effet, la faiblesse de nos moyens financiers constitue la première limite concernant ce travail de recherche. En réalité, le retard des subventions allouées aux mémoires nous a beaucoup retardés surtout lors de nos enquêtes où il a fallu se payer le billet de transport pour se déplacer d'un lieu à un autre. Par exemple nous avons utilisé nos propres moyens de bord pour le déplacement de Dakar à Fatick plus les frais de séjours pour la durée de quatre jours que nous avons effectués là bas.

En outre, il faut également noter les frais relatifs aux photocopies surtout du questionnaire dû au fait que les enquêtés, pour la plupart, ignorent les objectifs de l'étude et le cadre de sa réalisation. Ce phénomène est lié au fait que la majorité des personnes rencontrées n'ont pas effectué un cycle d'études supérieures, surtout universitaires, leur permettant de bien comprendre les objectifs d'une recherche en tant que telle. Cette situation nous a créé n'énormes difficultés dans la récupération de nos questionnaires dont la majorité est perdue et nous étions obligés de leurs donner d'autres exemplaires afin de compléter l'échantillon.

De surcroît, la période choisie pour le dépôt des questionnaires au niveau des enquêtés coïncide avec les dépôts des états financiers des IMF au niveau de la Direction de la Réglementation et de la Supervision des Structures Financières Décentralisées (DRS/SFD) qui est une cellule chargée de superviser les Structures Financières Décentralisées (SFD) en l'occurrence les IMF dans leur travail. Ce phénomène nous a valu un retard qui, ipso facto, se répercute sur l'allongement de la période d'enquête qui a duré finalement trois mois dix jours, compte tenu des contraintes précitées.

Par ailleurs, concernant le thème proprement dit, la performance sociale n'est étudiée ici en prenant en compte que trois dimensions sur quatre de même que la viabilité financière dont l'étude n'intègre pas le coût de capital. Cette étude partielle de la performance sociale et de la viabilité financière constitue aussi une des limites notoires dans cette recherche car en réalité une étude partielle ne peut générer de résultats généralisables.

Comme perspective de recherche, nous soulignons tout d'abord l'importance de la prise en compte de la dimension sociale par les IMF bien que ce concept soit tronqué de la quatrième dimension en l'occurrence la responsabilité sociale de l'IMF. De même, pour la viabilité financière, nous l'avons mesurée en utilisant uniquement le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Ainsi, dans nos recherches futures, nous proposons d'intégrer ces dimensions pour compléter la recherche. En outre, d'autres thèmes beaucoup plus globaux pourront être étudiés également comme par exemple performance sociale et performance financière des IMF. Dans ce cas précis, une méthodologie hypothético-déductive sera appliquée dans la mesure où des travaux ont été effectués sur le thème en l'occurrence ceux de Cornée (2006) et du réseau CERISE (2008, 2010). C'est une étude qui sera intéressante du fait qu'à notre connaissance ils n'existent pas de recherches au Sénégal sur le thème performance sociale et performance financière des IMF. L'autre thème intéressant constitue également l'étude du lien entre gouvernance et viabilité financière. En effet, la gouvernance est définie par le réseau CERISE (2008) dans leur document de travail intitulé « Guide opérationnel d'analyse de la gouvernance en microfinance » en ces termes : « La gouvernance d'une institution de microfinance, basée sur sa structure de propriété, regroupe l'ensemble des mécanismes par lesquels les acteurs (élus, salariés, autres) définissent et poursuivent la mission de l'institution (notamment le public cible, les services et la couverture géographique) et assurent la pérennité en s'adaptant à l'environnement, en prévenant et surmontant les crises». Par rapport à la définition même de la notion de gouvernance, nous pouvons s'attendre à une liaison entre les concepts de gouvernance et de viabilité financière.

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

La deuxième partie de la recherche, intitulée cadre empirique ou opératoire de la recherche, est scindée en deux chapitres. Le premier chapitre tente d'expliciter la méthodologie générale de la recherche à travers laquelle l'approche ou la méthode utilisée a été mise en évidence ainsi que les outils de collecte et de traitement de données. En effet, une méthode hypothético-déductive associée à une démarche quantitative a été retenue dans le cadre du travail. Ce choix se justifie par le fait que notre étude s'inscrit dans un paradigme positiviste qui une théorie suivant laquelle il existe une réalité objective du monde observé.

Le choix de la méthode étant opéré, les outils de recueil de données ont été déterminants car ils permettent de se préparer pour la moisson d'informations sur le terrain.

Sur ce point, nous avons eu recours à deux instruments de collecte de données dans ce travail. Il s'agit du questionnaire sur lequel, pour se faire comprendre par nos interlocuteurs, un en-tête précisant les objectifs de la recherche et le cadre de sa réalisation a été notifié dès le début du questionnaire. Et l'interview ou l'entretien directif sert à mieux se faire comprendre surtout par les interlocuteurs dont le niveau d'instruction n'est pas assez élevé. La collecte d'informations est donc rendue possible grâce au questionnaire et à l'interview.

Le deuxième chapitre présente les résultats ainsi que les interprétations convenables. Pour aboutir à ces résultats susnommés, les informations collectées sont traitées à l'aide du logiciel SPSS.17 qui nous a permis d'établir le tri à plat ou l'analyse descriptive des différentes variables afin d'obtenir les premières tendances. De surcroit, des tests de corrélations de Pearson au seuil de 5% sont établis en vue de corroborer ou de réfuter dans le cadre du Sénégal les différentes hypothèses issues de la revue de littérature.

Cette dernière partie de la recherche est bouclée par l'apport de ce document sur le champ de la microfinance et plus largement de la finance solidaire et aussi en termes d'implications managériales. Elle se termine enfin par un certain nombre de limites réduisant partiellement la dynamique du travail et par des perspectives de recherches futures.

CONCLUSION GENERALE

Au reste, pour être un levier important du développement et lutter efficacement contre la pauvreté dans le monde, la microfinance a changé d'option et s'est engagée depuis les années quatre vingt dix sur la voie de la pérennité financière conformément à la perspective institutionnaliste. En effet, la plupart des acteurs du secteur se sont investis pour l'atteinte de ces objectifs. Mais cette procédure a créé une tension pour les IMF entre la poursuite de leurs missions sociales (toucher les exclus, renforcer leurs capacités, etc.) et l'atteinte de leurs objectifs financiers (couvrir les coûts de l'offre de services) (CERISE, 2010). Ainsi, dans le but de mieux cadrer les institutions de microfinance et les différents acteurs sur les leviers à agir, nous avons choisi de travailler sur le thème « Performance Sociale et Viabilité Financière des IMF au Sénégal ». Ce thème se situe dans la problématique d'arbitrage entre objectifs sociaux et pérennité financière ayant fait, dans le domaine de la microfinance, l'objet d'un débat entre le courant Welfariste et le courant Institutionnaliste.

L'objectif général du travail consiste à voir la convergence entre une prise en compte de la dimension sociale, par les IMF, et la recherche de la viabilité financière. Cet objectif général est scindé en trois objectifs spécifiques qui consistent à :

· étudier le lien pouvant exister entre le ciblage des pauvres et le ratio d'autosuffisance opérationnelle ;

· vérifier s'il ya une corrélation entre l'adaptation des services aux besoins des clients et le ratio d'autosuffisance opérationnelle;

· examiner le lien entre le capital social et le ratio d'autosuffisance opérationnelle des IMF.

Pour atteindre ces objectifs cités ci-dessus, une méthodologie hypothético-déductive a été retenue, alliée à une démarche quantitative. Cette dernière nous a permis de recueillir une moisson d'informations sur notre terrain de recherche à l'aide des instruments de collecte de données comme le questionnaire et l'interview. Après un dur travail de labeur, nous sommes parvenus aux résultats suivants: l'analyse descriptive révèle que les mutuelles de l'échantillon pratiquent correctement les trois dimensions de la performance sociale prises en compte dans ce travail. Il s'agit essentiellement du ciblage des pauvres exclus, de l'adaptation des produits et services aux besoins de la clientèle et de l'amélioration du capital social et politique des clients. Par contre la plupart des mutuelles de l'échantillon ne sont pas autosuffisances c'est-à-dire elles ne parviennent pas à atteindre la norme de 100% édictée par la BCEAO. Pour mieux visionner ce résultat, les scores moyens obtenus sont agrégés dans le tableau ci-après:

Tableau 11 : Scores moyens des dimensions des différentes variables

Concepts de la recherche

Dimensions

Scores moyens

Performance sociale

Le ciblage des pauvres exclus

58,4 %

L'adaptation des produits et services

61,33%

L'amélioration du capital social et politique des clients

56,6%

Viabilité financière

Ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO)

54%

Source : Données de l'enquête

Après l'analyse descriptive, les tests statistiques notamment l'utilisation du test de corrélation de Pearson au seuil de 5% a été appliquée à l'ensemble de nos hypothèses. Ainsi, concernant l'hypothèse H1, aucune corrélation n'est notée entre le ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Ce faisant, l'hypothèse H1 est rejetée.

L'hypothèse H2 est aussi rejetée mais les services innovants et non financiers en général et les alliances extérieures en particulier élargies à la diversité des produits et services sont corrélées positivement et de manière significative avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle.

Il y'a enfin l'hypothèse H3 liant l'amélioration du capital social et politique des clients et le ratio d'autosuffisance opérationnelle qui est, tout de même, rejetée. Mais l'item « l'accès des clients aux bilans financiers », traduisant ainsi la transparence dans la gestion et la confiance entre clients et IMF, est aussi lié positivement et de manière significative au ratio d'autosuffisance opérationnelle.

Les résultats issus de nos analyses sont intéressants dans la mesure où, dans le contexte du Sénégal, l'hypothèse H1 est en déphasage avec la plupart des travaux réalisés en Europe, en Amérique et en Afrique plus particulièrement au Bénin avec le consortium ALAFIA. En revanche, les hypothèses H2 et H3 confirment en partie ces travaux précités.

Sur ce point, la convergence entre performance sociale et viabilité financière passe donc par l'adaptation des produits et services aux besoins des clients à travers les alliances extérieures et la diversité des produits et services des institutions d'une part, et d'autre part par l'amélioration de la situation politique et économique des clients (capital social) à travers la transparence et la confiance entre clients et institutions.

Pour approfondir ce travail, il est intéressant d'élargir ces comparaisons à d'autres types d'études. Par exemple, inclure à cette analyse des mesures de la pauvreté permettant de vérifier la concordance entre les efforts entrepris par les IMF pour servir les pauvres exclus et le profil réel de leurs clients. A cet effet, deux nouveaux instruments d'évaluation de la pauvreté comme l'Index de Progression de sortie de la Pauvreté (PPI) et le Poverty Assessment Tool (PAT) ont été mis au point pour évaluer la pauvreté d'usagers d'un programme de développement d'une manière particulièrement opérationnelle et peu onéreuse.

Comme le remarque CERISE (2008), ces méthodes s'appuient sur un nombre réduit d'indicateurs issus d'enquêtes nationales sur les niveaux de vie et sont sélectionnées en fonction de leurs capacités statistiques à déterminer le niveau de pauvreté d'un ménage. Les indicateurs non financiers portent sur des critères facilement identifiables et vérifiables, et permettent d'établir la probabilité qu'une personne soit pauvre. En l'appliquant à l'ensemble de la clientèle ou à un échantillon, nous pouvons en déduire la proportion de clients qui sont en situation de pauvreté.

En croisant également les résultats issus des indicateurs de performance sociale avec ceux d'études de marché, nous pourrons, en outre, savoir si une prise en compte de la performance sociale, en termes de diversité des produits, de services innovants et non financiers, de confiance et de transparence, influence effectivement l'image de l'institution auprès du public.

Au final, ce travail a donné l'opportunité d'étudier les relations existantes entre les indicateurs de performance sociale à savoir le ciblage des pauvres exclus, l'adaptation des produits et services aux besoins des clients et l'amélioration du capital social des clients et celui de la viabilité financière en l'occurrence le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Cette recherche constitue, à notre connaissance, un terrain peu exploré en Afrique de manière général et au Sénégal en particulier. Nous avons ainsi pu mettre en évidence la convergence existante entre les deux concepts tout en montrant à travers les résultats que les relations peuvent être approfondies davantage, surtout au niveau de l'amélioration du capital social et politique des clients, afin de développer de manière beaucoup plus fine des approches intégrées d'évaluation de gouvernance et de gestion de performance sociale. Ces dernières constituent ainsi une perspective encourageante pour permettre aux IMF de combiner avec plus d'efficacité l'utilité sociale et viabilité financière.

En plus de ces perspectives de recherches, nous pouvons également, dans nos études futures, intégrer des variables comme le rendement des capitaux propres, le rendement des actifs et la productivité du personnel qui constituent des variables stratégiques de la performance financière. L'intégration des ces variables nous conduit ipso facto à nous interroger sur la question de l'analyse de la convergence entre performance sociale et performance financière des IMF au Sénégal ?

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ANNEXES

UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION

DEA GESTION : 8ème PROMOTION

LABORATOIRE DE FINANCE -ORGANISATION - CONTROLE -STRATEGIE

Dans le cadre des activités du laboratoire FOCS piloté par le Professeur El. Bachir Wade, Agrégé en Sciences de Gestion, nous réalisons une recherche sur le lien entre performance sociale et viabilité financière des Institutions de Microfinance (IMF) au Sénégal. C'est dans ce cadre que nous avons conçu ce questionnaire qui porte sur les différentes variables de notre étude.

De par vos activités et vos différentes expériences, vous êtes identifié comme une personne ressource susceptible de nous fournir un éclairage pertinent et avec qui nous pouvons nouer un partenariat dans la recherche. Ainsi, si vous le désirez, les résultats de notre recherche, axée essentiellement sur un thème très actuel qui constitue le lien entre performance sociale et viabilité financière, vous seront communiqués et vous participerez à nos discussions futures.

NB : Conformément à la charte de notre laboratoire, les données recueillies dans cette étude seront anonymes et resteront confidentielles.

Merci de votre compréhension

QUESTIONNAIRE

1. Identité de l'IMF

Nom de l'IMF : ........................................................................

Année de commencement des activités de microfinance : ........................

Forme juridique :

Réseau

Mutuelle d'Epargne et de Crédit (MEC)

Groupement d'Epargne et de Crédit (GEC)

Structure Signataire de Convention Cadre (SSCC)

ONG

Coopérative

Nombre de salariés : ..................................................................

2. Viabilité financière

Ratio d'autosuffisance opérationnelle ......................................................

3. Indicateurs de Performance Social

Les indicateurs de performance sociale sont opérationnalisés à travers la constitution d'un certain nombre d'items. Ces items sont associés à une échelle de LIKERT à cinq niveaux qui part de très en désaccord à très en accord.

1 : Très en désaccord ; 2:En désaccord ; 3:Neutre ; 4:En accord ; 5:Très en accord

Dimension 1 : ciblage des pauvres et des personnes exclues

ITEMS

1

2

3

4

5

Etude formelle des conditions de pauvreté et d'exclusion dans les zones d'intervention

 
 
 
 
 

prêts sécurisés avec garanties sociales32(*) pour plus de 50% du portefeuille

 
 
 
 
 

politiques spécifiques ou méthodologiques33(*) (excepté les garanties sociales) pour atteindre les zones reculées

 
 
 
 
 

La taille minimum des mensualités de remboursement représente plus de 1% du PIB/tête34(*)

 
 
 
 
 

Le montant minimum pour ouvrir un compte d'épargne et faire des dépôts réguliers représente plus de 1% du PIB/tête

 
 
 
 
 

L'IMF utilise une stratégie de ciblage basée sur les conditions objectives des clients35(*)

 
 
 
 
 

L'IMF accorde des prêts en zones rurales pour moins de 50% des prêts en cours

 
 
 
 
 

Le nombre de femmes parmi les emprunteurs représente plus de 50% des prêts

 
 
 
 
 

Le nombre des clients agriculteurs est nul et/ou représente moins de 10% des prêts

 
 
 
 
 

Le nombre de clients analphabètes représente moins de 30% des prêts

 
 
 
 
 

Dimension 2 : adaptation des services et des produits à la clientèle

ITEMS

1

2

3

4

5

L'IMF propose plusieurs types de prêts

 
 
 
 
 

L'IMF accorde des prêts sociaux d'urgence36(*)

 
 
 
 
 

L'IMF fournie des produits spécifiques37(*) adaptés aux besoins des clients

 
 
 
 
 

L'IMF propose aux clients différentes formules de remboursement

 
 
 
 
 

L'IMF offre de produits volontaires spécifiques38(*) adaptés aux besoins sociaux des clients

 
 
 
 
 

L'IMF propose par l'intermédiaire d'autres organismes spécialisés des services financiers innovants39(*)

 
 
 
 
 

Les agents de crédit de l'IMF rendent visite plus de 50% des clients pour des opérations financières (alliances extérieures)40(*)

 
 
 
 
 

Le temps moyen entre la demande formelle du premier prêt et le déboursement du prêt pour un nouveau client sur les douze derniers mois est de deux semaines

 
 
 
 
 

Les clients de l'IMF connaissent pour chaque remboursement le principal et les intérêts à payer mais aussi la date de remboursement

 
 
 
 
 

L'IMF dispose de politiques spécifiques pour faciliter l'accès aux services financiers (autre que la décentralisation)

 
 
 
 
 

Dimension3 : capital social et politique des clients

ITEMS

1

2

3

4

5

Les clients de l'IMF ont accès aux bilans financiers

 
 
 
 
 

Les agents de crédit de l'IMF ou les caissiers sont les seuls interlocuteurs des clients

 
 
 
 
 

L'IMF fournit un lieu de discussion en cas de conflits, réclamations ou plaintes entre un client et un employé

 
 
 
 
 

Les clients de l'IMF peuvent participer aux instances de contrôle et de prise de décision

 
 
 
 
 

Les instances sont constituées en majorité de femmes

 
 
 
 
 

Les instances établies au sein de l'IMF influencent réellement les décisions et provoquent des changements

 
 
 
 
 

L'IMF facilite la création de capacités locales de gestion

 
 
 
 
 

TABLE DES MATIÈRES

DEDICACES i

REMERCIEMENTS ii

LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES iv

ABREVIATIONS ET SIGLES v

SOMMAIRE viii

INTRODUCTION GENERALE 1

PREMIÈRE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE 9

CHAPITRE I : L'ANALYSE CONCEPTUELLE : PERFORMANCE SOCIALE ET VIABILITE FINANCIERE 11

Section I : Le concept de performance sociale 11

1. Généralités sur le concept de performance sociale 11

1.1. Définition de la performance sociale 12

1.2 Problème de mesure de la performance sociale 16

2. L'évaluation de la performance sociale 17

2.1. Le ciblage des pauvres exclus 18

2.2. L'adaptation des services et produits aux besoins de la clientèle cible 18

2.3. L'amélioration du Capital social et politique des clients 19

2.4. La responsabilité sociale de l'institution 20

Section II : Le concept de viabilité financière et sa mesure 21

1. Définition de la viabilité financière 21

2. Mesure de la viabilité financière 22

2.1. L'autosuffisance opérationnelle 22

2.2. Le ratio de l'autosuffisance financière 23

CHAPITRE II : LA MICROFINANCE UNE REPONSE A L'EXCLUSION BANCAIRE : LE LIEN ENTRE PERFORMANCE SOCIALE ET VIABILITE FINANCIERE 27

Section I : Le phénomène d'exclusion bancaire et les mécanismes de financement alternatifs 27

1. Notion d'exclusion bancaire 28

1.1. Les théories contractualistes 28

1.1.1. La théorie de l'agence 28

1.1.2. L'asymétrie de l'information et ses effets 30

1.1.2.1. La sélection adverse ou l'anti-sélection 30

1.1.2.2. L'aléa moral 31

2. Les dispositifs de financement alternatifs 32

2.1. Les financements alternatifs dans les pays en voie développement 32

2.1.1. Les financements informels 32

2.1.2. Le rôle des états dans le financement 34

2.1.3. Le secteur financier intermédiaire 34

2.1.4. L'émergence des institutions financières formelles 36

2.2. Le secteur de la microfinance au Sénégal 36

2.2.1. Le contexte général 36

2.2.2. L'analyse du secteur de la microfinance 39

Section II : L'arbitrage entre performance sociale et viabilité financière : le schisme de la microfinance 42

1 .Le débat entre Institutionnaliste et Welfariste 42

1.1. L'approche Institutionnaliste 42

1.2. L'approche Welfariste 43

2. Des visions complémentaires 44

DEUXIEME PARTIE : CADRE CONTEXTUEL ET PRATIQUE DE LA RECHERCHE 49

CHAPITRE III: LA METHODOLOGIE GENERALE DE LA RECHERCHE 51

Section I : Hypothèses de recherche et choix de la méthodologie 51

1. Hypothèses de recherche 51

2. Le modèle de recherche 54

3. Les variables de la recherche 55

3.1. L'opérationnalisation de la variable viabilité financière 55

3.2. L'opérationnalisation de la variable performance sociale 56

4. Choix de la méthodologie 56

4.1. La méthode déductive 57

4.2. La méthode inductive 57

5. Méthodologie retenue 58

Section II : Les méthodes de collectes et traitement de données 58

1. Les méthodes d'échantillonnage 59

1.1. La population étudiée 59

1.2. L'échantillonnage 60

1.2.1. Les méthodes probabilistes 60

1.2.2. L'échantillonnage non probabiliste ou empirique 60

2. Les méthodes de collecte de données 61

2.1. L'interview 61

2.2. Le questionnaire 62

2.2.1. La structure du questionnaire 63

2.2.2. L'administration du questionnaire 63

3. Les méthodes d'analyse de données 65

3.1. Le tri à plat 65

3.2. Le tri croisé 65

CHAPITRE IV : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS, CONTRIBUTIONS, LIMITES ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE 67

Section I: Présentation des résultats : analyses descriptives 67

1. Analyse Descriptive de l'échantillon 68

2. L'analyse descriptive des variables de l'hypothèse H1 70

3. L'analyse descriptive des variables de l' hypothèse H2 74

4. L'analyse descriptive des variables de l'hypothèse H3 76

Section II : Test des hypothèses, contributions et limites de la recherche 78

1. Tests des hypothèses du modèle de recherche 78

1.1. Test de l'hypothèse H1 79

1.2. Test de l'hypothèse H2 82

1.3. Test de l'hypothèse H3 85

2. Contributions, limites et perspectives de recherches 91

2.1. Implications théoriques 91

2.2. Implications managériales 92

3. Limites et perspectives de recherche 95

CONCLUSION GENERALE 100

BIBLIOGRAPHIE 106

ANNEXES 114

TABLE DES MATIÈRES 120

* 1 Cité par Simon Cornée, 2006

* 2  Tirée de l'article de (Maty SENE, 2006) sur les déterminants de la viabilité financière

* 3 On évaluait les prêts non performants à hauteur de 120 Milliards (Diao, 2006)

* 4 Une Institution de microfinance (IMF) est une entreprise financière qui doit, à terme, couvrir ses dépenses et dégager une marge sans appuis extérieurs pour être viable et continuer à offrir des services financiers

* 5 Réduire la pauvreté de moitié d'ici à l'an 2015

* 6 Cité par Dally Diouf, 2005

* 7 Bourguignon, (2000) cité par Cheikh Mbacké Diop dans son mémoire de DEA sur le thème : Gouvernance et Performance commerciale et financière des MEC du Sénégal : le rôle du conseil d'administration

* 8 Cité par Wadji Ben Rejeb, 2003

* 9 Idem

* 10 Cité par Pecassioh Venance Ouattara, 2007

* 11 Idem

* 12 Idem

* 13 Idem

* 14 La notion d'efficacité renvoie à tout objectif économique ou autre, qu'une organisation peut poursuivre. Elle contient tous les débats sur la performance. Elle ne préjuge pas des contenus de ces objectifs, de la manière dont ils sont fixés.

* 15 L'efficience est le fait de maximiser la quantité obtenue de produit ou de services à partir d'une quantité donnée de ressources : la rentabilité (rapport d'un bénéfice à des capitaux investis) en est un exemple, la productivité (rapport d'un volume obtenu à un volume consommé) en est un autre. 

* 16 CERISE : Comité d'Echange de Réflexion et d'Information sur le Système d'Epargne-Crédit, a été initié en 1998, par quatre organismes français travaillant en appui aux institutions de microfinance dans les pays du Sud : le CIDR (Centre International de Développement et de Recherche, Autriches), le CIRAD (Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement, Montpellier), le GRET (Groupe de Recherche et d'Echanges Technologiques, Paris) et l'IRAM (Institut de Recherches et d'Applications des Méthodes de développement, Paris). Le CNEARC a rejoint CERISE en 2004.

* 17 Cité par Imène Berguiga dans performance sociale versus performance financière, date

* 18 Cité par Cornée, 2006

* 19 Cité par Cornée, 2006

* 20 Cité par Cornée, 2007

* 21 Cité par le Ministère des PME de l'Entreprenariat Féminin et de la Microfinance dans sa lettre de politique sectorielle sur la microfinance

* 22 Cité par le portail de la microfinance en 2005

* 23 Cité en 2009 par le Ministère de la solidarité nationale, de l'Entreprenariat Féminin et de la Microfinance dans le Programme d'Appui à la Microfinance (PAMIF) Volet 1

* 24 Cité par Marame Loum, 2011

* 25 La région MENA c'est le Moyen-Orient et l'Afrique du nord

* 26 Selon Docteur Kouassi Rolland Raoul, sociologue - enseignant chercheur des universités, dans son cours d'initiation à la méthodologie de recherche, date, le modèle corrélationnel-explicatif cherche à savoir s'il ya possibilité d'association entre des facteurs et à vérifier si ces facteurs agissent et varient ensemble. Le chercheur vérifie donc la nature de la relation, les facteurs en relation, la direction de la relation et les conséquences de la relation. Au cas où les facteurs varient dans le même sens, on parle d'associations positives. Si les facteurs varient dans des sens opposés, on parle d'associations négatives.

* 27 Les charges considérées ici sont les charges d'exploitation, les provisions pour créances douteuses et les charges financières ; elles n'intègrent donc pas le coùt de capital

* 28 Cité par Cheikh Fall dans « Enjeux et limites de la microfinance dans un contexte de lutte contre la pauvreté », ENTSS, 2006

* 29 Cité par Cheikh Fall dans « Enjeux et limites de la microfinance dans un contexte de lutte contre la pauvreté », ENTSS, 2006

* 30 Cité par Cheikh Fall, (2006)

* 31 Fin rural est réseau bolivien travaillant sur la microfinance

* 32 : Garanties sociales (solidarité au sein des groupes, recommandation par une tierce personne de confiance, garanties physiques ayant une très faible valeur commerciale, mais qui sont importantes pour les emprunteurs)

* 33 : Politiques spécifiques  (services spécifiques aux zones reculées, spécifier...... plafond de prêt pour une partie du portefeuille)

* 34 : PIB/tête (PIB/tête du Sénégal : 5019,78 F CFA) (données, 2008)

* 35 : Conditions objectives des clients (alphabétisation, taille des exploitations, indice de logement, patrimoine, etc.)

* 36 : Prêts d'urgence = à court terme (moins de 3 mois, déboursement très rapide (1 ou 2 jours), pas d'objet spécifique requis pour le prêt, ou attribué officiellement à des fins de consommation, but social ou d'urgence

* 37 : Produits spécifiques (habitat, éducation, prêts sur 12 mois)

* 38 : Produits d'épargne volontaires spécifiques (logement, éducation, retraite, santé)

* 39 : Services financiers innovants (produits d'assurance, transfert d'argent, paiement par chèque)

* 40 : Opérations financières régulières (demande de prêt, déboursement des prêts, remboursements, collecte de l'épargne, visite pour se rendre compte des problèmes de remboursement)






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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote