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Performance sociale et viabilité financière des IMF au Sénégal

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par Moussa DIOUF
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - DEA Sciences de gestion 2012
  

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INTRODUCTION GENERALE

Depuis fort longtemps, de nombreuses activités diverses qualifiées habituellement de micro-entreprises se sont développées dans les pays du Sud afin de permettre aux populations pauvres de subsister. Malgré la diversité de leurs activités, ces micro-entreprises sont confrontées à de nombreuses difficultés parmi lesquelles l'accès à des sources de financement extérieures représente une entrave principale à leur bon développement. Elles ont en effet besoin de ressources suffisantes pour financer leurs équipements, leurs achats de fournitures et de matières premières.

Or, ces capitaux font souvent défaut car les petites sommes demandées par les micro- entrepreneurs, l'absence de garanties à offrir et aussi la nature risquée de leurs projets rebutent les banques commerciales traditionnelles (Valérie de Briey, 2005).

Dès lors, la microfinance est alors apparue comme une solution pour les opérateurs économiques du monde rural et ceux des villes qui ont été évincés des structures de financement classiques ainsi que toutes les personnes démunies susceptibles de développer une activité économique génératrice de revenus pouvant accroître leur bien-être et celui de leurs familles immédiates (Yaron, 1998)1(*).

En effet, la microfinance a débuté ses activés en Europe notamment en Italie avec la première boutique de prêt sur gage pour lutter contre les pratiques usuraires. Au début du 19ème, le concept de coopérative financière est mis en place par Raiffeisen en Allemagne. Ainsi, la microfinance prend véritablement son essor dans les années 1980, bien que les premières expérimentations remontent au début des années 1970 au Bangladesh par l'entremise de la Grameen Bank. D'autres expérimentations ont également eu lieu dans d'autres pays comme ceux d'Afrique, d'Asie, d'Amérique Latine et d'Europe de l'Est où parfois même moins de 20% de la population dispose d'un compte bancaire2(*).

En Afrique, les pratiques de la microfinance sont encore plus anciennes, mais des coopératives d'épargne et de crédit sont mises en place depuis les années 1970 au Burkina Faso, au Togo et au Ghana. Elles ont montré qu'il est possible de collecter de l'épargne en milieu rural et d'octroyer du crédit et de faire gérer les structures par les membres eux-mêmes. Depuis, ces coopératives ont grandi, gagné le milieu urbain et diversifié leurs membres et leurs activités. Par la suite, le Mali, le Bénin et le Sénégal se sont joints à cette dynamique (Ouedraogo, 2008).

Le Sénégal, pour ce qui le concerne, est un pays membre de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA) et de la Communauté Economique des Etas de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) caractérisé par un secteur financier présentant une dualité entre le système bancaire classique d'une part et d'autre part, le système financier informel et les structures de financement décentralisées. Cette dualité s'articule surtout autour du niveau de revenus des usagers. Les banques qui constituent l'essentiel du système financier formel, proposent des produits financiers que seules les grandes entreprises publiques ou privées et les particuliers à revenus relativement élevés et stables peuvent honorer (Sakho, 2004).

Depuis la crise de 1989, due au non recouvrement des créances3(*), l'environnement financier sénégalais est marqué par une nouvelle configuration du système bancaire obtenue grâce à l'application d'une nouvelle politique d'assainissement et de restructuration mise en vigueur par les autorités monétaires. Comme dans la plupart des pays en voie de développement, le constat est que les circuits classiques de financement n'ont pas su jouer pleinement leur rôle. Ce phénomène est en partie dû à un environnement économique peu propice et à l'inadaptation du mode de fonctionnement des banques rigoureusement calqué sur le modèle occidental.

Reconnaissant les limites du secteur bancaire classique à développer l'intermédiation financière et à améliorer durablement et sensiblement le revenu des personnes démunies, les autorités monétaires ont favorisé l'émergence de la Microfinance comme circuit alternatif de financement (Sakho, 2005).

Plusieurs manières existent pour définir la microfinance. Néanmoins, les activités organisées par celle-ci (micro épargne, micro assurance, transfert d'argent et microcrédit) permettent à certains chercheurs dans le domaine de formuler quelques définitions.

L'ONU définit la microfinance comme « la provision de services financiers à petite échelle tels que l'épargne, le crédit et les autres services financiers de base à des personnes pauvres et à faibles revenus».

Silvain Allemand (2007) estime, pour sa part, que la microfinance désigne les services financiers destinés aux populations exclues du système bancaire traditionnel pour les aider à créer ou à développer leurs activités ou subvenir à des besoins financiers comme le microcrédit, l'épargne solidaire et la micro assurance.

Cependant, la définition la plus plausible est celle faisant état d'une synthèse de toutes ces définitions susnommées et retenues par les différents acteurs du secteur qui s'accordent que  les dispositifs de microfinance sont des structures offrant des services financiers de base (épargne /crédit) et plus élaborés (assurances, transferts d'argent) à une frange de la population exclue du système financier classique (Cornée, 2006).

Dans les années quatre vingt dix, vue les difficultés rencontrées par la plupart des programmes gouvernementaux initiés antérieurement à l'endroit des populations démunies, la pérennité des institutions de microfinance constitue un défi majeur pour l'ensemble de la communauté internationale. Dans cette perspective, SALL (2008) souligne que «si l'importance des institutions de microfinance est largement reconnue maintenant, l'accent est insuffisamment mis sur la nécessité de leur assurer une pérennité financière pour qu'elles remplissent véritablement leur rôle. Sans équilibre financier à long terme, les institutions de microfinance connaitront les mêmes difficultés que les banques de développement et seront vouées elles aussi à la disparition ». Beaucoup de progrès ont été réalisés dans ce domaine avec notamment les outils d'évaluation financière qui ont été adaptés et conçus pour suivre la performance financière des institutions de microfinance (CERISE, 2004).

Dans cette dynamique, la viabilité financière devient alors le maître mot de la gouvernance des IMF4(*). Tous les mécanismes sont mis en oeuvre pour afficher de bons résultats financiers. Cependant, une attention trop poussée à la rentabilité financière risque d'éloigner les IMF de leurs missions sociales en faisant une sélection très rigoureuse de la clientèle. Par contre une vision trop sociale peut inciter à l'application des taux d'intérêt très bas mettant en danger la rentabilité financière des IMF. Cet arbitrage entre portée sociale et viabilité financière des institutions de microfinance est agité actuellement par deux courants très connus dans le champ de la microfinance.

Le premier courant faisant état d'une volonté d'indépendance financière est qualifié d'Institutionnaliste (Morduch, 2000). Cette approche, soutenue par les institutions financières internationales telles que la Banque Mondiale et le Fond Monétaire Internationale, est basée sur l'idée selon laquelle une massification de l'offre de crédit par l'intégration du secteur de microfinance dans les marchés financiers permettrait à terme d'éradiquer la pauvreté.

Le deuxième courant, qualifié de Welfariste selon Woller, Dunford et Woordworth (1999), prône la nécessité de mettre au devant de la scène la problématique de la performance sociale c'est-à-dire la capacité des institutions à faciliter durablement l'accès du crédit aux personnes exclues du système bancaire classique en vue d'améliorer leur bien être social à travers des études d'impact.

Ces arguments polarisés, formulés par ces deux courants de pensée de la microfinance, rendent légitime notre question centrale de recherche intitulée comme suit : les IMF peuvent-elles combiner à la fois une prise en compte de la dimension sociale avec la recherche d'une viabilité financière ? En d'autres termes nous chercherons à savoir si le désir de fournir des services financiers aux personnes exclues entre en contradiction avec la recherche de la rentabilité financière des IMF au Sénégal.

Cette question centrale, s'inscrivant dans la problématique d'arbitrage entre portée sociale et viabilité financière, suscite les interrogations spécifiques ci-après :

existe-t-il un lien entre le ciblage des personnes exclues et le ratio d'autosuffisance opérationnelle ?

existe-t-il une corrélation entre l'adaptation des produits et services aux besoins des clients et le ratio d'autosuffisance opérationnelle ?

le renforcement du capital social est-il lié positivement au ratio d'autosuffisance opérationnelle ?

En outre, l'objet de ce travail de recherche consiste, dans un premier temps, à choisir un angle d'attaque dans la mesure où la performance sociale est distinguée selon deux approches. Une approche centrée sur le client et l'impact de l'institution et une approche centrée sur l'institution et l'analyse des procédures suivies pour réaliser ses objectifs sociaux. La dernière approche sera retenue afin de voir exclusivement la capacité réelle des institutions à jouer pleinement leurs missions sociales (toucher les exclues, renforcer leurs capacités, etc.) tout en restant viables (couvrir les coûts de l'offre de services).

Ainsi, en tenant compte du fait que la performance sociale est un concept multidimensionnel et que l'approche retenue pour ce concept est clairement circonscrite mais aussi en tenant compte de la question centrale de recherche, l'objectif général de notre travail de recherche consiste donc à voir si les IMF peuvent combiner à la fois une prise en compte de la dimension sociale avec la recherche d'une viabilité financière.

Et de manière spécifique, il s'agit : 

· d'étudier le lien pouvant exister entre le ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance opérationnelle ;

· de vérifier s'il ya une corrélation entre l'adaptation des produits et services aux besoins des clients et le ratio d'autosuffisance opérationnelle ;

· d'examiner le lien entre le capital social et le ratio d'autosuffisance opérationnelle.

Ce travail présente, de plus, un double intérêt qui est à la fois théorique et pratique.

Sur le plan théorique, notre recherche contribue modestement à l'extension du champ théorique et aux avancements scientifiques et techniques de la recherche en microfinance par le fait qu'il soit positionné par rapport à d'autres travaux du même domaine. Parmi ces travaux, nous pouvons noter ceux du réseau CERISE (2008, 2010), de Fin Rural et CERISE (2006) sans oublier aussi ceux de Simon Cornée (2006,2007). A ce titre, cette recherche va permettre aux chercheurs travaillant dans le domaine, notamment ceux du Sénégal, d'avoir une base théorique solide sur les concepts faisant l'objet de notre étude étant donné qu'à notre connaissance cette recherche constitue la première au Sénégal sur le lien entre performance sociale et viabilité financière.

Sur le plan pratique cette recherche est l'occasion pour nous d'articuler de manière optimale les notions de « performance sociale » et de « viabilité financière » c'est-à-dire parvenir au lien pouvant exister entre les deux concepts. A cet effet, les institutions de microfinance, en général et celles du Sénégal en particulier, trouveront les pistes nécessaires pour cibler efficacement les populations démunies tout en renforçant leur viabilité financière. Notre ambition ici est d'essayer de donner au travail une véritable implication managériale permettant aux décideurs et aux différents acteurs du secteur de jouer pleinement leur rôle dans l'atteinte des objectifs du millénaire pour le développement (OMD)5(*) en général et de la réduction de la pauvreté en particulier.

Pour montrer ce lien entre les deux concepts, nous nous appuyons sur un raisonnement en deux parties à savoir la revue de la littérature et l'approche empirique.

Dans la première partie concernant la revue de la littérature, sont développés le cadre conceptuel (Chapitre I) qui va nous servir à bien délimiter les contours de notre étude d'une part et d'autre part la microfinance comme une réponse à l'exclusion bancaire (Chapitre II).

Concernant la seconde partie, elle expose le cadre empirique où sont développées successivement la méthodologie générale de la recherche (Chapitre III) et la présentation des résultats ainsi que les limites et perspectives de recherches futures (Chapitre IV).

PREMIÈRE PARTIE :
REVUE DE LA LITTERATURE

Comme disait RIVELINE : « Il n'ya rien de plus pratique qu'une bonne théorie. »6(*)

Ainsi, cette première partie de notre travail, ayant pour objet de dégager une revue de la littérature, est structurée autour de deux axes. Il s'agit, d'une part, de l'analyse conceptuelle de la recherche nous permettant de bien délimiter les contours de l'étude (chapitre I) et d'autre part de proposer aussi, vue la diversité des thèmes agités autour de la microfinance, une revue axée sur l'arbitrage entre les concepts de performance sociale et de viabilité financière (chapitre II). Ce dernier chapitre est l'occasion pour nous d'étudier un certains nombre de théories en l'occurrence les théories contractualistes.

CHAPITRE I : L'ANALYSE CONCEPTUELLE : PERFORMANCE SOCIALE ET VIABILITE FINANCIERE

Ce chapitre, intitulé cadre conceptuel de la recherche, tente d'expliciter la notion de performance sociale avec tous les problèmes y afférents d'une part et celle de viabilité financière d'autre part.

Section I : Le concept de performance sociale

La performance sociale est un concept multidimensionnel selon Waddock et Graves (1997). Il convient de faire quelques généralités sur le concept avant de passer à son évaluation.

1. Généralités sur le concept de performance sociale

Selon les auteurs comme Lapenu et Al. (2004) : « L'objectif d'une IMF réside dans sa capacité à faciliter l'accès des services financiers aux populations défavorisées afin d'améliorer leur bien-être et ce de manière durable.» Selon eux cet objectif générique peut être subdivisé en deux catégories de sous-objectifs à savoir la notion de durabilité ou de pérennité mais aussi de performance sociale.

Le premier sous-objectif concernant la notion de durabilité ou de pérennité renvoie à une nécessité de bonne gestion. Cette notion de pérennité peut aussi être correctement appréhendée à travers certains indicateurs financiers.

Le deuxième sous-objectif inclue des objectifs de performance sociale. Ces derniers traduisent la mise en pratique efficace de la mission sociale d'une IMF. Ils ne concernent pas uniquement la mesure de l'impact mais aussi la mise en place d'actions et de mesures correctives permettant d'améliorer cet impact.

Sur ce point, Cornée (2007) considère que dans le secteur de la microfinance, chaque IMF a un savoir-faire basé sur son histoire, ses pratiques internes et son environnement qui sous-tendent des facteurs spécifiques difficilement quantifiables tels que le niveau de coopération, de solidarité ou encore de confiance. C'est ainsi qu'à l'issue de leur état des lieux sur les outils de mesure de la performance sociale, Reboul et Lapenu (2006) pointent le fait que la simplification de la notation peut se faire au détriment de la multiplicité des objectifs sociaux des parties prenantes et peut tendre aussi à ignorer les contradictions entre ces dernières. C'est pour cette raison que les recherches empiriques sur le lien entre performance sociale et financière donnent le plus souvent des résultats contradictoires. Ce résultat est confirmé par Ullman (1985) qui, après avoir réalisé une étude exhaustive sur les travaux de l'époque, concluait que ces derniers pouvaient être caractérisés comme des données empiriques en recherche de théorie.

1.1. Définition de la performance sociale

Le mot performance a été défini par un certain nombre d'auteurs. En effet, comme le remarque Bourguignon (2000)7(*), le terme performance est largement utilisé sans que sa définition ne fasse l'unanimité. Ce fait reflète même la polysémie du mot. En revenant aux origines étymologiques, nous constatons que le terme français et le terme anglais sont proches et signifient l'accomplissement pour évoquer par la suite l'exploit et le succès. Ainsi, le mot performance puise donc ses origines dans le latin «performare » et signifie l'accomplissement, les réalisations et les résultats réels.

A cet effet, beaucoup d'auteurs ont tenté de donner une définition de la performance à leur manière. Parmi ces auteurs nous pouvons évoquer par exemple:

Albanes (1978)8(*) qui soutient que la performance est la raison des postes de gestion, elle implique l'efficience et l'efficacité.

Miles (1986)9(*) pense que la performance est la capacité de l'organisation à réaliser une satisfaction minimale des attentes de sa clientèle stratégique.

Machesnay (1991)10(*) suppose que la performance de l'entreprise peut se définir comme le degré de réalisation du but recherché.

Chandler (1992)11(*), quant à lui, estime que la performance est une association entre l'efficacité fonctionnelle et l'efficacité stratégique. L'efficacité fonctionnelle consiste à améliorer les produits, les achats, les processus de production, la fonction marketing et les relations humaines au sein de l'entreprise. L'efficacité stratégique consiste à devancer les concurrents en se positionnant sur un marché en croissance ou en se retirant d'un marché en phase de déclin12(*) .

Lorino (1997)13(*), de son coté, pense qu'est performant dans l'entreprise tout ce qui, et seulement ce qui, contribue à améliorer le couple valeur - coût (à contrario, n'est pas forcément performance ce qui contribue à diminuer le coût ou à augmenter la valeur isolément.

En conséquence, l'analyse des buts poursuivis par l'organisation fait apparaître deux mesures de la performance à savoir l'efficacité14(*) et l'efficience15(*). En ce sens, la performance est définie comme l'aptitude à obtenir de meilleurs résultats, en fournissant un minimum d'effort et en se comportant pertinemment afin d'atteindre les objectifs escomptés.

Il existe plusieurs types de performances comme la performance économique, organisationnelle, financière, sociale etc., mais nous allons nous intéresser ici qu'à la performance sociale qui constitue notre première variable de recherche.

La comparaison entre la performance sociale d'une organisation par rapport aux performances économiques et financières prend en compte la nature des relations internes entre ses employés et des relations qu'elle entretient avec ses clients et les autres acteurs avec qui elle interagit. Plus globalement, nous pouvons entendre par performance sociale les effets de l'institution sur les conditions sociales de ses clients: effet sur le niveau de vie (pauvreté, logement, santé, éducation). Sur ce point, cette définition n'est étudiée que du point de vue du client.

Cependant, une autre étude de la performance sociale des IMF est aussi promue par de nombreux réseaux d'appui et de bailleurs de fonds comme le réseau CERISE en France, le CGAP, l'USAID (CAPAF, 2006). Dans leur étude, Lapenu et Reboul (2006) du réseau CERISE définissent la performance sociale d'une IMF comme étant « la traduction effective de sa mission sociale en pratique (actions, mesures correctives et suivi des résultats) ». Pour eux, la mission sociale de la microfinance est également liée de facto à l'amélioration des conditions de vie des populations exclues et à l'élargissement de la gamme d'opportunités socioéconomiques pour la communauté.

En plus des travaux effectués par le réseau CERISE16(*) sur la performance sociale, les autres réseaux cités ci-dessus s'y associent. La rencontre des différentes initiatives sur le concept sous l'égide du CGAP (2007) a permis de trouver un consensus sur une définition plus globale de la performance sociale en ces termes : « La performance sociale est la traduction effective dans la pratique des objectifs sociaux d'une institution de microfinance conformément aux valeurs sociales reconnues. Ces objectifs sont notamment de servir durablement un nombre croissant de pauvres exclus, d'améliorer la qualité et l'adéquation des services financiers ainsi que la situation économique et sociale des clients et de garantir la responsabilité sociale envers les clients, les employés et la communauté de manière générale.»

A cet égard, Copestake (2007) et Jegourel (2008) estiment que cette définition de la performance sociale se résume donc à travers trois éléments majeurs. Il s'agit tout d'abord de la capacité d'atteindre le plus grand nombre de personnes pauvres durant une période donnée, ensuite de la capacité d'atteindre des personnes dont la situation sociale est initialement défavorisée et enfin de la capacité d'améliorer directement ou indirectement leur bien-être social et celui de leurs familles immédiates.

Cette définition proposée par les différents réseaux cités ci-dessus prend en compte les quatre dimensions de la performance sociale à savoir le ciblage des pauvres exclus, l'adaptation des produits et services aux besoins des clients, l'amélioration du capital social ou de la situation économique et politique des clients et la responsabilité sociale de l'institution ; ce qui justifie le fait que cette dernière définition beaucoup plus globale est retenue dans la suite de notre recherche. En conséquence, la performance sociale ne concerne pas uniquement la mesure de l'impact, mais aussi la mise en place d'actions et de mesures correctives pour améliorer cet impact. La mission sociale de la microfinance revient alors à améliorer les conditions des pauvres exclus et à élargir l'éventail des opportunités pour les communautés. Cette acception se base sur l'idée selon laquelle les institutions de microfinance ont généralement un double objectif de résultat qui est à la fois social et financier. Dans cette perspective, les notions de performance sociale et de responsabilité sociale de la microfinance sont aujourd'hui considérées comme une entrée nouvelle et complémentaire de l'évaluation financière du secteur.

La responsabilité sociale concerne ici la préoccupation des parties prenantes (IMF, réseaux, investisseurs, bailleurs) à s'assurer que leurs actions sont transparentes, qu'elles contribuent à l'offre de services financiers et qu'elles n'ont pas d'effets négatifs sur leurs partenaires (employés, clients, communauté, environnement). La notion de performance sociale va un peu plus loin dans la mesure où les IMF cherchent par leurs actions à remplir une mission sociale en faveur de leurs clients et s'assurent que ces derniers et leurs familles en tirent un bénéfice économique et social.

Pour arriver à cette fin, les objectifs sociaux d'une IMF doivent inclure :

· servir un nombre croissant de pauvres exclus durablement en étendant la portée des programmes de microfinance ;

· améliorer la qualité et l'adéquation des services financiers disponibles pour la clientèle cible à travers l'évaluation systématique de ses besoins spécifiques ;

· créer un capital social et améliorer aussi la responsabilité sociale des IMF envers ses employés et ses clients qu'elles servent (CERISE, 2008).

* 1 Cité par Simon Cornée, 2006

* 2  Tirée de l'article de (Maty SENE, 2006) sur les déterminants de la viabilité financière

* 3 On évaluait les prêts non performants à hauteur de 120 Milliards (Diao, 2006)

* 4 Une Institution de microfinance (IMF) est une entreprise financière qui doit, à terme, couvrir ses dépenses et dégager une marge sans appuis extérieurs pour être viable et continuer à offrir des services financiers

* 5 Réduire la pauvreté de moitié d'ici à l'an 2015

* 6 Cité par Dally Diouf, 2005

* 7 Bourguignon, (2000) cité par Cheikh Mbacké Diop dans son mémoire de DEA sur le thème : Gouvernance et Performance commerciale et financière des MEC du Sénégal : le rôle du conseil d'administration

* 8 Cité par Wadji Ben Rejeb, 2003

* 9 Idem

* 10 Cité par Pecassioh Venance Ouattara, 2007

* 11 Idem

* 12 Idem

* 13 Idem

* 14 La notion d'efficacité renvoie à tout objectif économique ou autre, qu'une organisation peut poursuivre. Elle contient tous les débats sur la performance. Elle ne préjuge pas des contenus de ces objectifs, de la manière dont ils sont fixés.

* 15 L'efficience est le fait de maximiser la quantité obtenue de produit ou de services à partir d'une quantité donnée de ressources : la rentabilité (rapport d'un bénéfice à des capitaux investis) en est un exemple, la productivité (rapport d'un volume obtenu à un volume consommé) en est un autre. 

* 16 CERISE : Comité d'Echange de Réflexion et d'Information sur le Système d'Epargne-Crédit, a été initié en 1998, par quatre organismes français travaillant en appui aux institutions de microfinance dans les pays du Sud : le CIDR (Centre International de Développement et de Recherche, Autriches), le CIRAD (Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement, Montpellier), le GRET (Groupe de Recherche et d'Echanges Technologiques, Paris) et l'IRAM (Institut de Recherches et d'Applications des Méthodes de développement, Paris). Le CNEARC a rejoint CERISE en 2004.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon