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Traque aux innovations piscicoles paysannes dans le district de Vatomandry: étude de pratiques piscicoles alternatives aux référentiels techniques proposés par l'APDRA


par Toan Hersant
ISTOM - Ingénieur Agronome 2021
  

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1.2 L'APDRA, actrice du développement de la pisciculture à Madagascar

1.2.1 L'historique de l'intervention de l'APDRA à Madagascar

L'intégration de la pisciculture à l'agriculture à Madagascar remonterait au règne d'Andrianampoinimerina à la fin du XVIIIème siècle (Bentz & Oswald, 2010). Par la suite, des espèces ont été introduites sur la grande île comme la carpe miroir (Cyprinus carpio) en 1912 (Kiener & Therezien, 1958) ou encore le tilapia du Nil (Oreochromis niloticus) en 1956 (Kiener, 1963). A partir de 1985, l'Etat a décidé de relancer la filière dans un objectif d'autosuffisance alimentaire et d'augmentation de la disponibilité en protéines avec l'appui du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) et de la FAO. Entre 1985 et 1989, plusieurs projets de vulgarisation du grossissement de la carpe en rizières se sont succédés (Oswald et al., 2016). La FAO a promu la mise en place de Producteurs Privés d'Alevins (PPA) pour remplacer les stations piscicoles étatiques dans le but de fournir les pisciculteurs en alevins de carpe.

En 2004, L'APDRA a constaté que des paysans maîtrisaient la reproduction de carpe dans la zone de Betafo dans la région du Vakinankaratra à Madagascar. Ces pisciculteurs produisaient des alevins de carpes dans des rizières ou des tout petits étangs sans l'apport d'intrants, contrairement aux PPA. Cela permettait d'assurer l'autonomie de chacun pour son approvisionnement en alevins de carpe (Oswald et al., 2016). L'APDRA s'est alors inspirée de ces pratiques innovantes observées, qu'on appelle les Ecloseries Paysannes (EP), pour concevoir un référentiel technique qu'elle a ensuite promu et diffusé auprès d'autres paysans malgaches à partir de 2007.

L'APDRA intervient aujourd'hui dans 5 régions de Madagascar et propose deux référentiels techniques (qui font partie du référentiel piscicole de l'ONG). Sur 4 régions des Hautes Terres de la grande île, elle propose la rizipisciculture et sur la région de la Côte Est, elle propose la pisciculture en étang barrage et la rizipisciculture. Elle intervient aujourd'hui à travers deux projets sur la grande île : la composante A du Projet d'Aquaculture Durable à Madagascar (PADM) financé par la GIZ (German Agency for International Cooperation) et le Projet d'Appui au Développement de la Pisciculture Paysanne-Phase 3 (PADPP3) financé principalement par l'Agence Française de Développement (AFD). Les objectifs principaux de l'APDRA à travers ces deux projets sont d'augmenter et de diversifier les ressources des exploitations familiales, de renforcer la sécurité alimentaire et d'appuyer les organisations professionnelles représentatives du monde rural. Pour cela, elle travaille en partenariat avec des organismes de recherche (CIRAD, FOFIFA), avec le Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche (MAEP) et avec des groupes de paysans pisciculteurs dans le but de proposer des pistes de développement de la pisciculture paysanne à Madagascar. L'APDRA dispose d'un panorama d'outils pour produire des références et enrichir ses conseils. L'innovation paysanne, encore peu valorisée, est un des outils que l'APDRA souhaite développer pour enrichir sa compréhension de la pisciculture paysanne à Madagascar.

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1.2.2 L'innovation paysanne, une des clés du développement de la pisciculture à Madagascar

Différents travaux ont montré que l'innovation paysanne peut enrichir la Recherche et le Développement (R&D). L'exemple de l'étude de l'usage des légumineuses en culture pluviale dans le Moyen-Ouest de Madagascar portée par le CIRAD en 2017 a permis d'étudier les pratiques innovantes développées par les agriculteurs et de mieux comprendre les freins à l'adoption de pratiques agroécologiques proposées par les organismes de développement, tant du point de vue technique que cognitif (Audouin et al., 2017). Cette étude mobilise plusieurs outils, dont la « traque à l'innovation » pour identifier et décrire les pratiques des agriculteurs. L'étude des Ecloserie Paysannes observées dans la zone de Betafo en 2004 par l'APDRA est également un exemple probant qui montre l'intérêt d'étudier les pratiques des agriculteurs. Celles-ci ont permis à l'APDRA de s'inspirer et de construire un référentiel technique qu'elle propose jusqu'à aujourd'hui aux pisciculteurs qu'elle accompagne à Madagascar.

1.2.3 La problématique de recherche de l'étude

L'APDRA cherche à enrichir ses connaissances sur la pisciculture paysanne en étudiant les pratiques des pisciculteurs. Ainsi, elle pourra ensuite diffuser les pratiques piscicoles paysannes qu'elle juge pertinentes et adaptées aux contextes socioéconomiques des pisciculteurs et des piscicultrices qu'elle accompagne. Pour cela, l'APDRA met en place depuis quelques années des méthodes d'accompagnements de l'innovation piscicole en milieu paysan comme la recherche-action ou encore la recherche coactive de solution. En 2020, l'APDRA a souhaité définir un cadre méthodologique pour identifier des pratiques piscicoles innovantes et, par la suite, valider et stimuler le développement de celles qui paraissent les plus pertinentes. Pour cela, elle a commandité à deux stagiaires, une étude externe sur les innovations piscicoles paysannes présentes dans ses zones d'interventions à Madagascar. Le deuxième stagiaire a travaillé sur les régions d'interventions des Hautes Terres de l'île et la présente étude a été menée sur la Côte Est de Madagascar, en particulier dans le district de Vatomandry.

Cela nous amène à notre problématique de recherche : Quelles sont les pratiques piscicoles innovantes qui pourraient enrichir le référentiel piscicole de l'APDRA sur la Côte Est de Madagascar ?

Nous déclinons cette problématique en plusieurs sous-questions :

- Quelles sont les référentiels techniques proposés par l'APDRA sur la Côte Est de Madagascar ? - Quelles sont les pratiques piscicoles paysannes différentes du référentiel piscicole par l'APDRA sur la Côte Est de Madagascar ?

- Comment les pisciculteurs et les piscicultrices encadrés par l'APDRA sur la Côte Est de Madagascar ont-ils adopté et adapté les conseils proposés par l'ONG ?

- Quelles sont les pratiques piscicoles paysannes susceptibles d'enrichir les connaissances de l'ONG et les référentiels techniques qu'elle propose ?

Nous partons de l'hypothèse qu'il existe une diversité de pratiques piscicoles innovantes (pour l'APDRA) dans les 5 zones d'interventions de l'ONG à Madagascar. La compréhension de ces pratiques permettra d'enrichir le référentiel de l'ONG et pourra alimenter le processus de Recherche et Développement (R&D) en pisciculture à Madagascar.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille