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Actions communales et développement territorial dans la commune d'Abong-Mbang, région de l'est-Cameroun


par Junior Cédric Darrel MPELE
Institut National de la Jeunesse et des Sports -Yaoundé - Master 2 2020
  

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V.1.2- Données issues de l'entretien avec le responsable communal

L'entretien mené avec Monsieur Alexandre Moadjile, cadre communal chargé du développementdes communautés et chef du service de la planification, s'est structuré autour de six (06) points.

§ ITEM 1 : présentation de la situation de développement dans la commune

A travers ce point liminaire, il ressort que la commune d'Abong-Mbang n'est pas une zone totalement enclavée du fait qu'elle se situe sur la Nationale N°10. Cette position lui offre des potentialités de développement qui viennent plus de l'extérieur, avec les atouts sur le plan agricole en terme de facilité d'écoulement des produits issus de cette activité, bien que la hausse des prix soit la conséquence directe de cette ouverture. Néanmoins certaines zones communales restent dans un enclavement total ; il s'agit justement des villages situés sur la route communale de l'embranchementNkol-volan-Ntimbé1. Où l'on voit que le centre de santé le plus proche se trouve plutôt à Ntollock dans l'arrondissement de Messamena par rapport au CSI situé dans la commune d'Abong-Mbang qui est situé à 18 Km, à savoir le celui d'Oboul 1.

En termes de faiblesses de la commune, on comptele marécage qui entoure la ville qui se présente comme un frein à l'expansion et à la rentabilisation de l'espace. Ceci s'explique par le fait que la commune ne sait comment le rendre rentable. Dans la commune il faut également mentionner le manque d'union entre les élites qui sont certes dans le cadre d'un comité de développement mais leurs actions sont plus tournées vers l'individualisme et vers des objectifs politiques que ceux de développement. Au niveau de l'institution communale, le personnel n'est pas aguerrien termes de compétences pour rendre les stratégies de développement effectives. Sans oublier le manque de moyens logistique et financier pour assurer le suivi des actions sur le terrain, c'est dans ce sens que l'interviewé disait que `' vous n'allez pas me demander de suivre une action à Ntimbé 1 alors que je n'ai pas de moyens''. Il est également important de mentionnerque le personnel fait plusieurs choses à la fois, ainsi, sur les 43 communautés que compte la commune, il n'y a qu'un seul agent qui assure la liaison entre elles et la commune alors que les problèmes des communautés sont pluriels.

§ ITEM 2 : profil des actions de développement dans la commune par rapport au PCD 

Sur ce point, nous n'avons pas eu des informations ceci du fait de l'absence de documents permettant de répertorier les différentes actions de la commune. A la question de savoir pourquoi cet état de chose , il ressort que le comité de suivi du PCD n'avait pas fait son travail, mais aussi que le bureau de la planification n'a pas jugé important de faire ce travail d'identification et de documentation sur les projets réalisés par la commune. Toutefois il nous a été demandé de faire une observation de la commune de 2012 à 2019. De cette observation, nous avons constaté que la commune a relativement changé, bien que certaines zones soient restées dans un état de pauvreté et d'enclavement.

Toutefois les réalisations se font de concert avec le PNDP notamment en ce qui concerne la construction des points d'eau et des forages dans certains villages, nous avons également des écoles qui ont été construites, le marché B du centre urbain, la chambre froide, l'abattoir, la gare de transit et les toilettes publiques.Il y'a aussi le FEICOM qui a contribué à la construction de l'Hôtel de ville. On note également l'accompagnement de certaines ONG dans la construction de certains points d'eau dans le cadre de la coopération décentralisée. Quant à la route communale, une difficulté apparaît le plus souvent par rapport à son entretien fréquent car la commune ne dispose pas d'engins, il faut de temps en temps aller louer les engins et le problème des ressourcesfinancières se posent toujours. Cependant, l'interviewé a tenu à faire la remarque selon laquelle `'le PCD est certes un document de planification de l'action, mais il y'a des problèmes qui surgissent de façon spontanée, ce qui fait qu'il y a certains projets qui sont réalisés sans qu'ils ne soient mentionnés dans le document''.

§ ITEM 3 : mobiles des choix des zones d'action et dynamique de pénétration des autres zones

Ce point a été présenté en vue de comprendre les logiques qui expliquentla réalisation de telle action dans une zone et pas dans une autre et comment on fait pour pénétrer d'autres zones peu couvertes.

Tout en reconnaissantle fait qu'en matière de projet de développement `'c'est chacun qui tire la couverture de son côté'', Monsieur Moadjilea tout de même mentionné que la couverture territoriale tient compte duRanking. C'est-à-dire que les projets de développement sont envoyés en priorités vers les zones ou localités qui ont moins d'investissement. Ainsi, on classe les villages et on commence par celui qui a moins d'investissement jusqu'à celui qui a plus d'investissement. Et dès lors que les projets ont été répertoriés, on les soumet au Maire pour validation, et c'est à ce niveau qu'il peut avoir des modifications car `'c'est un homme politique  et il doit faire peser sa politique. Il y'a une forte dose de politique de l'exécutif qui peut privilégier tel secteur au détriment d'un autre''dit-il.

§ ITEM 3 :dynamique des acteurs dans la mise en oeuvre des projets de développement

En ce qui concerne le déploiement des acteurs sur le terrain, deux principaux acteurs ont été mentionnés à savoir les élites réunies dans le cadre du comité de développement « Nkoul-Bebend » et les populations. En ce qui concerne les premiers, il n'a pas voulu s'exprimer dessus car dit-il `'si je parle de ces acteurs, la corruption va surgir''mais aussi, l'individualisme des élites qui crée des problèmes au sein de toute la commune.Les acteurs qui ont longuement fait l'objet de discussion ont été les populations.

Celles-ci, au sens de Monsieur Moadjile, sont les premiers acteurs en termes de développement mais elles ignorent le rôle qu'elles doivent jouer dans le cadre du développement de leur localité. `' Defois, elles sont complices de la mauvaise exécution des projets. Par exemple en 2018, lors de la construction d'un bloc de salle de classe, le préfetlui-même a fait le constat de l'effritement des parpaings dû au mauvais dosage, or nous on le savait déjà `' ajoute-t-il. Il conclut que les populations doivent se poser comme des dénonciatrices de telles manoeuvresquitte à se dédouaner de tels agissements.

§ ITEM 4 : difficultés de mise en oeuvre des projets et de couverture de tout le territoire

Sur ce point, à en croire notre interlocuteur, la premièredifficulté est celle liée aux ressources. Et ceci pour les projets prévus dans le plan d'investissement annuel (PIA) qui ici concerne les projets financés sur fonds propres de la commune ,''sur 10 projets envisagés seul 01 est réalisé'' affirme-t-il . Pour lui, cela se justifie au fait qu' `'on ne peut pas prioriser un investissement par rapport au fonctionnement car la masse salariale est considérable par rapport aux entrées et le reliquat est reversé vers l'achat des consommables et du mobilier''.

L'autre difficulté qui freine la mise en oeuvre des projets est le non-achèvement de certains chantiers du fait de l'attribution des chantiers par affinités. Enfin, il a mentionné le fait que la difficulté la plus importante est que le comité de suivi du PCD n'a pas fait son travail , `'or c'est lui qui devait nous dire que tel projet a été fait et que telle zone n'a pas été couverte car le maire est un homme politique qui ne maitrise pas ce qui est du domaine technique c'est au personnel de suivre les différents projets `'. Ces difficultés ont débouché sur des suggestions.

§ ITEM 5 : Suggestions en faveur d'un développementgénéral

Faisant mention du prochain PCD, notre informateur a précisé qu'il faudrait que certains préalables soient posés pour corriger les erreurs du précèdent. Il s'agit entre autre du fait que le comité de suivi fasse son travail ceci dans la prise en compte des projets de développement prévu dans le PIA. Aussi, les présidents des comités de concertation ,créé tout récemment dans le cadre du PNDP, doivent être formés et sensibilisés sur la participation et la formulation et le suivi des projets. Au niveau des ressources, la commune doit trouver des stratégies de mobilisation des fonds en les créant ou alors en redoublant d'effort dans le recouvrement des ressources. Enfin, que tous les acteurs s'impliquent en laissant de côté les querelles internes et mettent l'accent sur le social car dit- il : `' Avoir un bâtimentimposant, ce n'est pas cela le développement''.

De l'entretien avec le responsable communal, nous notons que la commune n'a pas suivi à la lettre la réalisation des projets insérés dans le PCD mais aussi que le manque des ressources communales est un frein à la mise en oeuvre des projets. Aussi, bien qu'il y ait un modèle d'attribution des projets de développement dans différentes zones, le facteur politique intervientégalement mais aussila forte influence des élites dans l'attribution des projets. L'autre facteur clé de la non-réalisation de certains projetsest l'absence de rapports de suivi du PCD, ceci en raison du fait que le comité de suivi dudit plan n'a pas fait son travail. Toutefois des espoirs sont mis sur la participation des populations pour remédier à cela.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus