V.1.2- Données issues de
l'entretien avec le responsable communal
L'entretien mené avec Monsieur Alexandre Moadjile,
cadre communal chargé du développementdes communautés et
chef du service de la planification, s'est structuré autour de six (06)
points.
§ ITEM 1 : présentation de la
situation de développement dans la commune
A travers ce point liminaire, il ressort que la commune
d'Abong-Mbang n'est pas une zone totalement enclavée du fait qu'elle se
situe sur la Nationale N°10. Cette position lui offre des
potentialités de développement qui viennent plus de
l'extérieur, avec les atouts sur le plan agricole en terme de
facilité d'écoulement des produits issus de cette
activité, bien que la hausse des prix soit la conséquence directe
de cette ouverture. Néanmoins certaines zones communales restent dans un
enclavement total ; il s'agit justement des villages situés sur la
route communale de l'embranchementNkol-volan-Ntimbé1. Où l'on
voit que le centre de santé le plus proche se trouve plutôt
à Ntollock dans l'arrondissement de Messamena par rapport au CSI
situé dans la commune d'Abong-Mbang qui est situé à 18
Km, à savoir le celui d'Oboul 1.
En termes de faiblesses de la commune, on comptele
marécage qui entoure la ville qui se présente comme un frein
à l'expansion et à la rentabilisation de l'espace. Ceci
s'explique par le fait que la commune ne sait comment le rendre rentable. Dans
la commune il faut également mentionner le manque d'union entre les
élites qui sont certes dans le cadre d'un comité de
développement mais leurs actions sont plus tournées vers
l'individualisme et vers des objectifs politiques que ceux de
développement. Au niveau de l'institution communale, le personnel n'est
pas aguerrien termes de compétences pour rendre les stratégies de
développement effectives. Sans oublier le manque de moyens logistique et
financier pour assurer le suivi des actions sur le terrain, c'est dans ce sens
que l'interviewé disait que `' vous n'allez pas me demander de
suivre une action à Ntimbé 1 alors que je n'ai pas de
moyens''. Il est également important de mentionnerque le personnel
fait plusieurs choses à la fois, ainsi, sur les 43 communautés
que compte la commune, il n'y a qu'un seul agent qui assure la liaison entre
elles et la commune alors que les problèmes des communautés sont
pluriels.
§ ITEM 2 : profil des actions de
développement dans la commune par rapport au PCD
Sur ce point, nous n'avons pas eu des informations ceci du
fait de l'absence de documents permettant de répertorier les
différentes actions de la commune. A la question de savoir pourquoi cet
état de chose , il ressort que le comité de suivi du PCD n'avait
pas fait son travail, mais aussi que le bureau de la planification n'a pas
jugé important de faire ce travail d'identification et de documentation
sur les projets réalisés par la commune. Toutefois il nous a
été demandé de faire une observation de la commune de 2012
à 2019. De cette observation, nous avons constaté que la commune
a relativement changé, bien que certaines zones soient restées
dans un état de pauvreté et d'enclavement.
Toutefois les réalisations se font de concert avec le
PNDP notamment en ce qui concerne la construction des points d'eau et des
forages dans certains villages, nous avons également des écoles
qui ont été construites, le marché B du centre urbain, la
chambre froide, l'abattoir, la gare de transit et les toilettes publiques.Il
y'a aussi le FEICOM qui a contribué à la construction de
l'Hôtel de ville. On note également l'accompagnement de certaines
ONG dans la construction de certains points d'eau dans le cadre de la
coopération décentralisée. Quant à la route
communale, une difficulté apparaît le plus souvent par rapport
à son entretien fréquent car la commune ne dispose pas d'engins,
il faut de temps en temps aller louer les engins et le problème des
ressourcesfinancières se posent toujours. Cependant,
l'interviewé a tenu à faire la remarque selon laquelle `'le PCD
est certes un document de planification de l'action, mais il y'a des
problèmes qui surgissent de façon spontanée, ce qui fait
qu'il y a certains projets qui sont réalisés sans qu'ils ne
soient mentionnés dans le document''.
§ ITEM 3 : mobiles des choix des zones
d'action et dynamique de pénétration des autres zones
Ce point a été présenté en vue de
comprendre les logiques qui expliquentla réalisation de telle action
dans une zone et pas dans une autre et comment on fait pour
pénétrer d'autres zones peu couvertes.
Tout en reconnaissantle fait qu'en matière de projet de
développement `'c'est chacun qui tire la couverture de son
côté'', Monsieur Moadjilea tout de même
mentionné que la couverture territoriale tient compte
duRanking. C'est-à-dire que les projets de développement
sont envoyés en priorités vers les zones ou localités qui
ont moins d'investissement. Ainsi, on classe les villages et on commence par
celui qui a moins d'investissement jusqu'à celui qui a plus
d'investissement. Et dès lors que les projets ont été
répertoriés, on les soumet au Maire pour validation, et c'est
à ce niveau qu'il peut avoir des modifications car `'c'est un homme
politique et il doit faire peser sa politique. Il y'a une forte dose de
politique de l'exécutif qui peut privilégier tel secteur au
détriment d'un autre''dit-il.
§ ITEM 3 :dynamique des acteurs dans la mise
en oeuvre des projets de développement
En ce qui concerne le déploiement des acteurs sur le
terrain, deux principaux acteurs ont été mentionnés
à savoir les élites réunies dans le cadre du comité
de développement « Nkoul-Bebend » et les
populations. En ce qui concerne les premiers, il n'a pas voulu s'exprimer
dessus car dit-il `'si je parle de ces acteurs, la corruption va
surgir''mais aussi, l'individualisme des élites qui crée des
problèmes au sein de toute la commune.Les acteurs qui ont longuement
fait l'objet de discussion ont été les populations.
Celles-ci, au sens de Monsieur Moadjile, sont les premiers
acteurs en termes de développement mais elles ignorent le rôle
qu'elles doivent jouer dans le cadre du développement de leur
localité. `' Defois, elles sont complices de la mauvaise
exécution des projets. Par exemple en 2018, lors de la construction d'un
bloc de salle de classe, le préfetlui-même a fait le constat de
l'effritement des parpaings dû au mauvais dosage, or nous on le savait
déjà `' ajoute-t-il. Il conclut que les populations
doivent se poser comme des dénonciatrices de telles manoeuvresquitte
à se dédouaner de tels agissements.
§ ITEM 4 : difficultés de mise
en oeuvre des projets et de couverture de tout le territoire
Sur ce point, à en croire notre interlocuteur, la
premièredifficulté est celle liée aux ressources. Et ceci
pour les projets prévus dans le plan d'investissement annuel (PIA) qui
ici concerne les projets financés sur fonds propres de la
commune ,''sur 10 projets envisagés seul 01 est
réalisé'' affirme-t-il . Pour lui, cela se justifie au fait
qu' `'on ne peut pas prioriser un investissement par rapport au
fonctionnement car la masse salariale est considérable par rapport aux
entrées et le reliquat est reversé vers l'achat des consommables
et du mobilier''.
L'autre difficulté qui freine la mise en oeuvre des
projets est le non-achèvement de certains chantiers du fait de
l'attribution des chantiers par affinités. Enfin, il a mentionné
le fait que la difficulté la plus importante est que le comité de
suivi du PCD n'a pas fait son travail , `'or c'est lui qui devait
nous dire que tel projet a été fait et que telle zone n'a pas
été couverte car le maire est un homme politique qui ne maitrise
pas ce qui est du domaine technique c'est au personnel de suivre les
différents projets `'. Ces difficultés ont
débouché sur des suggestions.
§ ITEM 5 : Suggestions en faveur d'un
développementgénéral
Faisant mention du prochain PCD, notre informateur a
précisé qu'il faudrait que certains préalables soient
posés pour corriger les erreurs du précèdent. Il s'agit
entre autre du fait que le comité de suivi fasse son travail ceci dans
la prise en compte des projets de développement prévu dans le
PIA. Aussi, les présidents des comités de concertation
,créé tout récemment dans le cadre du PNDP, doivent
être formés et sensibilisés sur la participation et la
formulation et le suivi des projets. Au niveau des ressources, la commune doit
trouver des stratégies de mobilisation des fonds en les créant ou
alors en redoublant d'effort dans le recouvrement des ressources. Enfin, que
tous les acteurs s'impliquent en laissant de côté les querelles
internes et mettent l'accent sur le social car dit- il
: `' Avoir un bâtimentimposant, ce n'est pas cela le
développement''.
De l'entretien avec le responsable communal, nous notons que
la commune n'a pas suivi à la lettre la réalisation des projets
insérés dans le PCD mais aussi que le manque des ressources
communales est un frein à la mise en oeuvre des projets. Aussi, bien
qu'il y ait un modèle d'attribution des projets de développement
dans différentes zones, le facteur politique intervientégalement
mais aussila forte influence des élites dans l'attribution des projets.
L'autre facteur clé de la non-réalisation de certains projetsest
l'absence de rapports de suivi du PCD, ceci en raison du fait que le
comité de suivi dudit plan n'a pas fait son travail. Toutefois des
espoirs sont mis sur la participation des populations pour remédier
à cela.
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