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Le personnel politique et diplomatique camerounais dans le fonctionnement et le processus de prise de décision à l'assemblée générale des nations-unies (1960-2017)


par Ezekiel ZANG NGBWA
Université de Yaoundé I - Master 2021
  

Disponible en mode multipage

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THE UNIVERSITY OF YAOUNDE I

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FORMATION DOCTORALE

EN SCIENCES SOCIALES

ET ÉDUCATIVES

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UNITÉ DE RECHERCHE ET DE

FORMATION DOCTORALE EN

SCIENCES HUMAINES

ET SOCIALE

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LE PERSONNEL POLITIQUE ET DIPLOMATIQUE CAMEROUNAIS DANS LE FONCTIONNEMENT ET LE PROCESSUS DE PRISE DE DÉCISION A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES (1960-2017)

Mémoire présenté en vue de l'obtention du diplôme de Master en Histoire

Spécialisation :

Histoire des Relations Internationales

Par :

Ezékiel ZANG NGBWA

(Licencié en Histoire)

Sous la direction de :

Philippe Blaise ESSOMBA

Professeur

Mai 2021

DÉDICACE

Mon père, Gabriel Ngbwa Owono (1953-2016), pour ses efforts indéfectibles pour l'essor de ma formation et mon éducation. Que la terre de nos ancêtres lui soit légère.

SOMMAIRE

DÉDICACE i

SOMMAIRE ii

SIGLES ET ACRONYMES iv

LISTE DES ILLUSTRATIONS vi

RÉSUMÉ vii

ABSTRACT viii

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

CHAPITRE I : 30

LA COOPÉRATION CAMEROUN-ONU : ORIGINES ET GÉNÉRALITÉS 30

I. DES PREMIÈRES INTERVENTIONS CAMEROUNAISES À L'ONU : LE NATIONALISME CAMEROUNAIS DANS LES TRIBUNES ONUSIENNES 32

II. LES FONDEMENTS DE LA DIPLOMATIE ONUSIENNE DU CAMEROUN 46

III. TYPOLOGIE DES PERSONNELS 53

IV. LES CRITERES DE DESIGNATION DES ACTEURS 62

CHAPITRE II : 69

I. LES POLITIQUES ET DIPLOMATES CAMEROUNAIS FACE AUX QUESTIONS D'INTÉRÊT NATIONAL 71

II. LES RESSORTISSANTS CAMEROUNAIS DANS LA DIPLOMATIE DE L'IMAGE ET DU RAYONNEMENT DU CAMEROUN DANS LES TRIBUNES ONUSIENNES 84

CHAPITRE III : 91

I. LES CAMEROUNAIS FACE AUX GRANDES PROBLÉMATIQUES INTERNATIONALES 92

II. LES ACTEURS CAMEROUNAIS FACE AUX CONFLITS ET CONTENTIEUX INTERNATIONAUX 100

III. QUELQUES GRANDS NOMS CAMEROUNAIS À L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES 107

CHAPITRE IV : 111

I. UNE APPROCHE D'ÉQUILIBRE MESURÉ DE LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES 112

2. FORCES ET FAIBLESSES DE LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES 116

3. LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE DANS LES TRIBUNES ONUSIENNES : PERSPECTIVES 121

CONCLUSION GÉNÉRALE 124

ANNEXES 126

SOURCES ET RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 135

TABLE DE MATIÈRE 144

REMERCIEMENTS

Ce travail n'a pas été une oeuvre isolée. C'est pourquoi nous tenons absolument à adresser nos profonds et sincères remerciements à notre directeur de mémoire, le Professeur Philippe Blaise Essomba, et son assistant, le Professeur Moussa II Lissou, qui ont accepté de le diriger, et ceci nonobstant leurs multiples occupations administratives et académiques. Nous tenons également à saisir cette occasion pour leur signifier notre profonde reconnaissance pour tout l'encadrement dont nous avons bénéficié de leur part depuis notre entrée à l'université, et pour l'attention particulière dont ils ont fait montre à notre égard tout au long de notre cursus académique.

Nous tenons aussi à témoigner tout notre gré à toute la communauté éducative de l'Université de Yaoundé I, et en l'occurrence à celle du Département d'Histoire, pour tous les efforts et moyens mis sur pied pour la réussite de notre formation.

Nous adressons également nos remerciements les plus chaleureux aux personnels et responsables des administrations et centres de recherche dans lesquels nous avons récolté des informations et effectué nos recherches. Nous pensons particulièrement aux personnels et responsables du Ministère des Relations Extérieures et de la Fondation Paul Ango Ela.

La réalisation de ce travail n'aurait pas été chose aisée sans la présence à nos côtés de notre famille, dans toute sa largeur et toute sa diversité. Ceci dit, nous tenons à saisir cette occasion pour remercier profondément notre mère, Odile Ngbwa, et nos tantes, Amougou Céline et Angono Bene Jeanne d'Arc, pour tous les efforts et sacrifices consentis pour notre éducation, et pour leur soutien et encadrement multiformes. Que tous nos autres parents, frères, soeurs, neveux et nièces qui ont contribué diversement à la réalisation de ce travail soient ici remerciés.

Que nos camarades et amis Sébastien Ombe, Alembert Noumbissie, Stéphane Bindzi, Xavier Mengue, Abdou Youmeni, Yves Nguélé, Boris Homkimi et Serge Njikam trouvent aussi ici l'expression de notre gratitude pour tout leur soutien et leur aide multiforme.

Enfin, nous réitérons toute notre gratitude et toute notre déférence à tous ceux qui, de près ou de loin, et sous des formes diverses, ont contribué à la réalisation de ce travail.

SIGLES ET ACRONYMES

AIEA : Agence Internationale de l'Énergie Atomique

ARCAM : Assemblée Représentative du Cameroun

ATCAM : Assemblée territoriale du Cameroun

BDC : Bloc Démocratique Camerounais

CEDEAO : Communauté des États de l'Afrique de l'Ouest

CEEAC : Communauté Économique des Etats de l'Afrique Centrale

CEMAC : Communauté Économique et Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale

CIJ : Cour Internationale de Justice

ENA : École Nationale d'Administration

ESOCAM : Évolution Sociale du Cameroun

FOMMUC : Force Multinationale Mixte Continentale

IRIC : Institut des Relations Internationales du Cameroun

KNC : Kamerun National Congress

KNDP : Kamerun National Democratic Party

MINREX : Ministère/Ministre des Relations Extérieures

MINUSCA : Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations-Unies pour le Secours à la Centrafrique

OACI : Organisation de l'Aviation Civile Internationale

OCI : Organisation de la Coopération Islamique

OIF : Organisation Internationale de la Francophonie

OMC : Organisation Mondiale du Commerce

OMPI : Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle

ONU : Organisation des Nations-Unies

OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole

OTAN : Organisation du Traité de l'Atlantique-Nord

OUA : Organisation de l'Unité Africaine

RDC : République Démocratique du Congo

RFA : République Fédérale d'Allemagne

RTI : Radiotélévision Ivoirienne

SADC : South Africa Development Corporation

SWAPO: South West Africa People's Organization

SDN : Société Des Nations

UEAC : Union des Etats de l'Afrique Centrale

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest-africaine

UIT : Union Internationale des Télécommunications

UPC : Union des Populations du Cameroun

URSS : Union Des Républiques Socialistes et Soviétiques

USA : United States of America (États-Unis d'Amérique)

USC : Union Sociale Camerounaise

USCC : Union des Syndicats Confédérés du Cameroun

LISTE DES ILLUSTRATIONS

Tableau 1 : Les présidents de la République du Cameroun et leurs principales interventions aux sessions de l'Assemblée générale des Nations-Unies 55

Tableau 2 : Les ministres des Relations extérieures du Cameroun depuis 1960 58

Tableau 3 : Les représentants du Cameroun à l'ONU depuis 1960 61

Carte N° 1 : Carte de la péninsule de Bakassi 76

Photo N° 1 : Ruben Um Nyobe de retour de l'ONU (New-York) 45

Photo N° 2 : Le Premier Ministre Ahmadou Ahidjo devant le Conseil de tutelle des Nations-Unies en 1958 45

Photo N° 3: Arrivée du Premier Ministre du Cameroun britannique (Southern Cameroons), John Ngu Foncha à New-York, février 1959 46

Photo N° 4: Le Président Paul Biya, le Secrétaire général de l'ONU, et le Président Obasanjo à la signature de l'accord de Greentree, 12 juin 2006 81

Photo N° 5: Le Président Paul Biya s'adressant à l'Assemblée générale des Nations-Unies lors de la 60ème session (2005) 85

Photo N° 6: Le Président Paul Biya à la 70ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies 98

Photo N° 7: Le Président Paul Biya à la 72ème session de l'Assemblée générale de l'ONU 99

Photo N° 8: Ferdinand Léopold Oyono 108

Photo N° 9: Paul Bamela Engo 109

Photo N° 10: Michel Tommo Monthé 110

RÉSUMÉ

Notre travail s'intitule : «LE PERSONNEL POLITIQUE ET DIPLOMATIQUE CAMEROUNAIS DANS LE FONCTIONNEMENT ET LE PROCESSUS DE PRISE DE DECISION A L'ASSEMBLEE GENERALE DES NATIONS-UNIES (1960-2017)». 1960 représente l'accession du Cameroun à la souveraineté internationale, et le début de ses relations officielles avec le Système des Nations-Unies en tant qu'Etat à part entière. 2017 quant à lui représente la date de la dernière intervention d'une personnalité camerounaise à l'Assemblée générale des Nations-Unies, sur une problématique majeure de la société internationale.

Cette analyse pose le problème de l'efficacité de l'action des acteurs politiques et diplomatiques camerounais au sein de l'Assemblée générale de l'ONU dans le fonctionnement et la prise de décision dudit organe d'une part, et de tout le système onusien d'autre part. Cette étude s'inscrit dans une démarche méthodologique à la fois diachronique et synchronique, et vise un triple objectif scientifique, pédagogique et prospectif.

Le Cameroun, jadis protectorat allemand, territoire sous mandate de la SDN puis sous tutelle des Nations-Unies, accède à l'indépendance et à la souveraineté internationale le 1er janvier 1960. Ainsi, en tant qu'Etat à part entière, il participe de ce fait à toutes les entités de la vie internationale, tant à l'échelle africaine que mondiale, la plus grande de toutes ces entités étant l'Organisation des Nations-Unies. Sa politique au sein de cette organisation, fondée sur des facteurs historiques, idéologiques et stratégiques, a pour principaux acteurs ses dirigeants et ses représentants au sein de ladite organisation.

Ceux-ci se sont illustrés au sein de l'Assemblée générale de cette organisation par des interventions et des prises de position sur des sujets aussi nombreux et variés que les questions d'intérêt national, la diplomatie de l'image et du rayonnement, les grandes problématiques internationales, ainsi que les conflits et contentieux internationaux.

Les succès notoires enregistrés par cette diplomatie ne doivent pas faire ombrage sur les échecs qui, après analyse, sont dus à la faiblesse géopolitique et économique du pays, et au difficile arrimage de ses dirigeants sur les sentiers de la diplomatie moderne. D'où une impérative réorientation de sa politique étrangère, basée sur la recherche de la puissance économique, et sur la refonte des instruments de sa politique internationale.

ABSTRACT

Our work is entitled: «LE PERSONNEL POLITIQUE ET DIPLOMATIQUE CAMEROUNAIS DANS LE FONCTIONNEMENT ET LE PROCESSUS DE PRISE DE DECISION A L'ASSEMBLEE GENERALE DES NATIONS-UNIES (1960-2017)», 1960 representing the date of the formal UN trusteeship territory to international sovereignty, and 2017 the last intervention of a Cameroonian major political actor in the Assembly, about a major problematic concerning international society as a hole.

This study brings out the scientific problem of efficacy of Cameroonian political leaders and diplomats action in the functioning and decision process of the Assembly in particular, and the UN System in general. The work is based on a diachronic, synchronic and qualitative methodology.

Cameroon has respectively been a German protectorate, a territory under the mandate of the League of Nations, and an UN trusteeship's territory, before acquiring its independence and international sovereignty on the 1st January 1960. Therefore, the country has been participating since then to all the entities of international society, as well in the regional level than at world level, United Nations Organization remaining the greatest of these entities. Its policy in that organization in based on historical, ideological and strategic factors, with political leaders and diplomats beside the organization as main actors.

These politicians and diplomats have illustrated themselves through their interventions and positions concerning several and various topics as national interest issues, image and shining diplomacy, major international problematics, and international conflicts

These actions have led to many success and failures. According to us, these failures can be imputed the poor geopolitical and economic situation of the country, and to the difficulties of its leaders to slow the country on the ways of a modern diplomacy. That's why the Cameroon foreign policy must be reoriented with modern instruments, and a policy of economic empowerment.

INTRODUCTION GÉNÉRALE

1. Cadre général de l'étude

Le traité de Versailles, signé le 18 juin 1919, augure une nouvelle période dans l'histoire des relations internationales contemporaines, à savoir celle de ce que le juriste camerounais Adamou Ndam Njoya appelle `'l'ère de la société internationale organisée''.1(*) Même si l'histoire des organisations internationales ne commence pas exactement avec ce traité qui, du reste, donne naissance à la Société des Nations2(*), le caractère particulier de cette organisation, qui fut tout à fait spéciale en son genre, fait des organisations internationales des acteurs de premier plan dans le jeu politique et diplomatique mondial. Pour comprendre l'importance cruciale que vont jouer ces organisations à partir de cette période, il faudrait au préalable examiner les évènements ayant conduit à la mise sur pied de l'organisation de Genève, et ensuite analyser certains enjeux qui se dessineront au fil du temps.

La Société des Nations trouve ses origines dans le traité de Versailles, et dans le célèbre quatorzième point du président américain Thomas Woodrow Wilson, qui préconise la création d'une association regroupant toutes les nations du monde entier, et dont la mission fondamentale serait de préserver la paix et la sécurité internationales.3(*) Il faut noter que cette organisation voit le jour au lendemain de la Seconde guerre mondiale, qui s'inscrit alors dans l'Histoire comme le premier conflit armé à caractère universel, et le conflit le plus meurtrier La paix et la sécurité mondiales deviennent donc, dès lors, une préoccupation majeure de l'ensemble de la communauté internationale, d'où l'impératif catégorique d'une organisation dont le rôle sera de coordonner et de réguler la société internationale. Toutefois, force a été de constater, plus d'une vingtaine d'années après sa création, son échec cuisant et lamentable dans sa mission de préservation d'un monde stable et pacifique. Cet échec, qui soit dit en passant se traduisit par l'éclatement en août 1939 de la Seconde guerre mondiale, va justifier son remplacement, le 26 juin 1946, par l'Organisation des Nations-Unies.

Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, on assiste à l'éclatement d'un conflit idéologique entre les deux super-grands d'alors (États-Unis et Union Soviétique), lequel va diviser le monde en deux blocs antagonistes : le bloc capitaliste (bloc de l'Ouest), et le bloc communiste (bloc de l'Est). Durant cette période, seront mises sur pied des organisations politico-militaires, généralement sous l'égide des superpuissances leaders des deux blocs : l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN), et le Pacte de Varsovie.

À partir de cette même période, on va observer la naissance de nouveaux Etats sur la scène internationale, notamment en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique. Ces Etats vont manifester, dès leur entrée dans la société mondiale, leur désir de s'affirmer auprès de leurs pairs. Ce désir va tout d'abord se traduire par leur adhésion à des organisations déjà existantes, dont l'ONU, en particulier, et ensuite par la naissance d'idéologies nouvelles, tel que le panarabisme et le panafricanisme. Ces idéologies vont à leur tour accoucher d'organisations d'une toute autre nature : organisations à caractère régional, organisations sous-régionales, organisations à caractère identitaire, organisations de coopération économique...

Mais toute cette panoplie d'organisations, dont le rôle et l'action ont certes une grande portée dans la géopolitique internationale, ne déclassent nullement l'Organisation des Nations-Unies, dont la place et le rôle dans la coordination et la régulation des relations internationales reste primordiaux. Notre travail se situe donc dans un contexte où la diplomatie multilatérale, dont l'ONU se pose comme principal acteur, s'avère être la forme de coopération internationale la plus en vogue. Nous nous proposons, dans cette étude, d'analyser et de comprendre le rôle de l'Afrique, à travers l'exemple d'un pays africain qui est le Cameroun, dans ce système onusien, dont l'Assemblée générale constitue le maillon fondamental.

2. Raisons du choix du sujet

Le choix de ce thème a été guidé par trois mobiles fondamentaux : la spécialisation, l'intérêt pour les affaires africaines, et l'intérêt pour la géopolitique internationale.

La diplomatie multilatérale est désormais la forme de coopération internationale prépondérante dans le système international contemporain. C'est cette nouvelle donne de la société internationale, dans laquelle l'Organisation des Nations-Unies est devenue un acteur phare, qui a attiré l'intérêt d'historien spécialiste des relations internationales en général, et d'historien africain en particulier.

Autre facteur ayant guidé ce choix : l'intérêt pour les affaires africaines. Ce mobile, qui est également doublé de l'esprit panafricaniste et tiers-mondiste, est né pendant, et surtout au lendemain des crises ivoirienne et libyenne, en 2010 et en 2011. Les issues tragiques de ces deux conflits, dont l'impact et la portée ont fortement compromis l'avenir du continent africain, ont renforcé la volonté et la détermination pour les affaires africaines.

L'intérêt pour les affaires africaines, tout comme la spécialisation choisie, nous a amené à jeter le dévolu sur un champ tout aussi intéressant et fascinant, à savoir la géopolitique internationale. En effet, l'observation et l'analyse des faits et évènements à la fois des jeux politiques et diplomatiques en Afrique et dans le monde conduisent à un certain nombre de constats.

Le premier constat est que de façon générale, les mutations politiques, économiques, et parfois même sociales de la plupart des Etats africains, sont conditionnées par les velléités de puissances étrangères, souvent motivées par des mobiles subtils, notamment des conflits d'intérêt. L'Afrique en a très souvent été victime.

En deuxième ressort, il est clair que les organisations internationales, éléments essentiels de cette chaîne, sont très souvent utilisées comme des instruments au service des grandes puissances.4(*) À titre illustratif, l'Organisation des Nations-Unies est intervenue rapidement en 1990 lors de la Deuxième Guerre du Golfe pour préserver les intérêts américains5(*), et en 2011 en Libye pour préserver ceux d'un ensemble de puissances occidentales (États-Unis, France, Grande-Bretagne et Italie).

Cependant, les grandes puissances ne sont pas les seuls pays à se servir des organisations internationales, en l'occurrence des Nations-Unies à leur guise. En effet, même si tous les autres Etats n'ont pas le même pouvoir d'instrumentalisation, on peut néanmoins observer que la politique menée par la plupart d'entre eux vis-à-vis de ces organisations s'explique par des intérêts au fil des temps. Par exemple, le Cameroun entretenait des rapports très tièdes avec les institutions de Bretton Woods durant la deuxième décennie et jusqu'à la moitié de la troisième décennie de son indépendance, du fait de sa situation économique alors reluisante à cette époque. Toutefois, à partir de la seconde moitié des années 1980, ces rapports vont devenir étroits à cause des effets néfastes de la crise économique. 6(*)

Ce sont certainement les mêmes mobiles qui poussèrent le pays à adhérer à l'Organisation Internationale de la Francophonie et au Commonweath of Nations, respectivement en 1990 et 1995. Pourtant, le pays avait toujours marqué sa défiance vis-à-vis de ces organisations, arguant alors de sa spécificité biculturelle.

C'est donc cet ensemble d'aléas de la société internationale qui ont suscité notre intérêt au comportement d'un Etat au sein de l'Assemblée générale des Nations-Unies.

3. Objet de l'étude

Notre travail vise un triple objectif : scientifique, pédagogique et prospectif. Sur le plan scientifique, il s'agit tout d'abord de contribuer, en qualité d'historien des relations internationales, à l'étude d'un domaine encore peu exploré de la diplomatie camerounaise, à savoir sa politique onusienne. La présente étude ambitionne donc d'apporter un plus à l'histoire de la diplomatie et de la politique étrangère du Cameroun.

Ce travail se propose également de continuer à défricher un champ scientifique dont les bases avaient déjà été lancées depuis plusieurs années par bon nombre d'aînés, dont Georges Patrice Etoa Oyono et Carine Ngono Owono, qui se sont intéressés à deux grandes figures de la diplomatie camerounaise, et à bien d'autres paramètres de la diplomatie camerounaise. 7(*)

Toujours dans le même ordre d'idée, il faut relever que bon nombre de spécialistes des questions de politique étrangère avaient déjà travaillé sur la diplomatie camerounaise. Dans cette trempe, nous pouvons citer Adamou Ndam Njoya, Dieudonné Oyono, Narcisse Mouelle Kombi, et Yves Alexandre Chouala.

Cette étude se veut donc être une continuation de l'oeuvre amorcée par bien des aînés avant nous.

Enfin, ce travail entend apporter un démenti à certaines conceptions européocentristes selon lesquelles l'Afrique n'aurait pas d'histoire, ou mieux, ne serait pas encore entrée dans l'Histoire.8(*) Il ambitionne de mettre en exergue la présence active et effective d'un pays africain dans une instance internationale qui est sans aucun doute la plus importante dans le monde, du fait qu'elle regroupe en son sein la quasi-totalité des Etats de la planète. Cette présence, qui repose sur une vision et une stratégie bien pensée, montre à suffisance la perspicacité dont peuvent faire preuve les dirigeants africains dans le concert des nations.

Sur le plan pédagogique, ce travail se propose d'édifier le public sur un domaine presque inconnu de la diplomatie camerounaise. Il vise à faire comprendre à la fois l'idéologie, la politique et la vision qui ont sous-tendu les positions et les interventions camerounaises à l'Assemblée générale de l'ONU, ainsi que la contribution de ce pays au fonctionnement et à la prise de décision au sein de cette institution.

En dernier ressort, le présent mémoire vise un objectif prospectif et social. Ce mémoire, qui, faudrait-il le rappeler, s'inscrit en droite ligne de l'histoire des relations internationales, se propose d'apporter un visage nouveau à la politique étrangère du Cameroun, en l'occurrence à sa politique onusienne. À travers une analyse historique des faits et évènements majeurs ayant meublé la diplomatie camerounaise à l'Assemblée générale de l'ONU durant les cinquante-sept premières années de son indépendance, nous nous pencherons sur les succès et les faiblesses de ladite diplomatie, en insistant particulièrement sur ses atouts et ses faiblesses. L'analyse de ces atouts et faiblesses, qui s'est voulu objective et rigoureuse, permettra sans doute d'apprécier les acquis de ce long périple, en même temps qu'elle permettra à la classe dirigeante de les consolider et de dépasser les manquements.

4. Justification des bornes chronologiques

Cette étude va de la période allant de 1960 à 2017. La borne inférieure (1960) représente l'année de l'accession du Cameroun9(*) à la souveraineté internationale et de son admission dans le Système des Nations-Unies, tandis que la borne supérieure (2017) représente la dernière année de la participation d'une personnalité politique camerounaise de grande envergure (le président Paul Biya) à une session de l'Assemblée générale des Nations-Unies.

Cette année représente aussi la dernière prise de parole d'une personnalité camerounaise sur une problématique notoire de la société internationale, à savoir l'éthique internationale. En effet, le chef de l'Etat camerounais s'était illustré, lors de cette 72ème session, par une doléance sur la création d'un Comité International d'Éthique.10(*)

5. Intérêt de l'étude

Le présent travail revêt trois principaux centres d'intérêt : un intérêt scientifique, un intérêt pédagogique, et un intérêt social.

Sur le plan scientifique, ce travail se présente comme un plus à la science des relations internationales en général, et de l'histoire des relations internationales en particulier. En plus de s'inscrire en ligne de continuité avec des travaux entrepris antérieurement sur la diplomatie camerounaise, il se propose également d'explorer un champ encore quasiment vierge de ladite diplomatie, à savoir la politique onusienne.

Bien plus, ce travail s'inscrit aussi en droite ligne avec l'idéologie historique des grands penseurs de l'historiographie africaine comme Cheikh Anta Diop et Joseph Ki-Zerbo, qui prônent le rétablissement de la vérité historique sur la place de l'Afrique dans l'histoire du monde. En clair, l'intérêt scientifique de ce travail est d'abord historique, car il participe à mettre en exergue le rôle de l'Afrique dans le jeu politique et diplomatique de l'ONU, l'organisation internationale suprême. Il contribue de ce fait à apporter des contre-arguments solides aux thèses européocentristes qui font de l'Afrique un continent historique, un de continent de sous-hommes dépourvus de raison.

Au plan pédagogique, ou mieux, didactique, cette étude intéresse tout d'abord les spécialistes des questions internationales de tous bords (historiens, juristes, politistes, sociologues...). Elle se propose d'explorer un domaine jusque-là encore presqu'inconnu du public, à savoir la diplomatie onusienne du Cameroun à l'Assemblée générale des Nations-Unies, en s'interrogeant notamment sur son efficacité, son idéologie, et ses stratégies de mise en oeuvre. Elle contribue donc à édifier la communauté scientifique et le public de façon générale, sur la stratégie diplomatique du Cameroun, en même temps que sur les dessous de la géopolitique internationale.

Au plan social, ce mémoire s'inscrit dans la logique de la philosophie de l'Histoire, qui voudrait que l'Histoire soit « la science qui vise à étudier le passé pour comprendre le présent et projeter le futur `'. Après une approche historique, il propose une approche prospective pour un meilleur déploiement, un plus grand rayonnement et une plus grande efficacité de la diplomatie onusienne du Cameroun. Les principales cibles de cette approche prospective, il convient de le signaler, sont les acteurs de cette chaîne diplomatique, en l'occurrence le premier d'entre eux, le Président de la République, Son Excellence Paul Biya, Chef de l'Etat et Chef de la Diplomatie camerounaise.

6. Clarification conceptuelle

Comme mots-clés de cette thématique, on a les notions de politique, diplomatie et politique étrangère. Il s'agit, dans la présente articulation, de les définir et de les clarifier du point de vue des maîtres des différentes écoles de pensée. Nous entendons notamment mettre l'accent sur la nature et la qualité des acteurs, ainsi que sur l'esprit, ou mieux, l'orientation de leurs actions.

Dans l'Antiquité grecque, la vie sociale était organisée essentiellement au sein d'entités territoriales appelées « cités `', en langue grecque polis. C'est donc de là que dérive le mot « politique `', compris ici comme étant « la gestion des affaires de la cité `'.11(*) Le traité de Westphalie, avec lequel on va assister à la naissance de l'Etat tel qu'elle est connue actuellement, nous amènera à comprendre la politique comme étant la gestion des affaires publiques.

La chute du mur de Berlin a joué un très grand rôle dans l'évolution de la considération du concept de politique. Il est vrai que des systèmes politiques tels que le multipartisme existaient déjà depuis au moins la moitié du XIXème siècle. Cependant, cette notion devient encore plus universelle après la fin (officielle) de l'affrontement entre les deux blocs, capitaliste et socialiste. Car il faut noter que, durant cette période de bipolarisation, bon nombre de pays dans le monde disposaient de régimes monolithiques, et donc de systèmes à parti unique. Il était alors plus ou moins aisé de donner à la notion de politique sa définition première, à savoir la gestion des affaires de la cité, ou encore, dans un sens plus élargi, la gestion des affaires publiques.

Les lendemains de la Guerre Froide donnent naissance à deux grands courants de pensée sur la nature de la politique et la qualité de ces acteurs : le courant étatiste, et le courant globaliste.

Le courant étatiste donne la priorité à la première conception de la notion de politique. Selon ce courant, parler d'action politique renvoie essentiellement à parler d'action publique. Il met donc au centre des personnalités publiques tel que les chefs d'Etat, les chefs de gouvernement, les ministres etc... Selon l'école étatiste, parler de personnalités politiques renvoie essentiellement aux acteurs du pouvoir exécutif.

Toutefois, il faut relever que, depuis plusieurs décennies aujourd'hui, l'architecture politico-institutionnelle a considérablement évolué, donnant ainsi naissance à plusieurs catégories d'acteurs. Ainsi en est-il des lois sur la décentralisation intervenues en France et au Cameroun en 1981 et en 1996,12(*) lesquelles donnent une grande importance aux élus locaux dans la gestion des affaires publiques.

Dans la même lancée, on note l'adoption, dès le début des années 1990, du multipartisme par bon nombre d'Etats dans le monde.

L'avènement de ce système a donc entraîné l'émergence d'une nouvelle classe d'hommes politiques, à savoir les dirigeants des partis politiques, dont l'importance cruciale dans la vie des sociétés étatiques contemporaines n'est plus à démontrer.

Enfin, un regard rétrospectif sur la configuration géopolitique interne des Etats, surtout depuis les antiquités grecque et romaine, met en exergue une autre catégorie d'acteurs politiques tout aussi capitaux : les parlementaires, qui constituent, dans la plupart des pays de l'époque contemporaine, une plaque tournante dans le processus de décision et d'action politique.

De tout ce qui précède, il ressort donc que le monopole de l'exercice du pouvoir politique ne saurait être détenu par les seuls membres de la caste exécutive. D'où notre école de pensée globale, selon laquelle la politique peut, de façon synthétique, être définie comme l'ensemble des moyens et stratégies visant à conquérir le pouvoir et à manager les hommes.

Cependant, pour autant que notre thématique est concernée, il faudrait donner la priorité à la première école qui épouse parfaitement la logique qui est ici développée. À titre de rappel, ce travail porte sue l'action du personnel politique et diplomatique camerounais à l'Assemblée générale des Nations-Unies. Il se propose ainsi d'étudier l'élaboration et les stratégies de mise en oeuvre d'un pan de la diplomatie onusienne du Cameroun. Or, comme nous nous évertuerons à le démonter tout au long de la présente étude, les acteurs du pouvoir exécutif, que sont le Président de la République et le Ministre des Relations Extérieures, jouent un rôle cardinal dans l'élaboration et la mise en oeuvre de cette diplomatie. Cette approche étatiste du concept de politique va également nous amener à examiner les notions de diplomatie et de politique étrangère à la lumière d'un certain nombre de doctrines inspirées de la théorie réaliste qui, comme on le verra plus loin, met l'Etat au centre de l'action diplomatique.

Selon les réalistes classiques, les relations internationales reposent essentiellement sur la centralité de l'Etat, l'anarchie internationale, la recherche de l'intérêt national, et la normalisation du fait conflictuel. Le philosophe britannique Thomas Hobbes apparaît comme l'un des pionniers de ce paradigme. Selon sa théorie de l'état de nature, l'Etat serait né de la volonté des hommes de se rassembler en une communauté organisée, lassés qu'ils étaient des exactions des plus forts. Ce sont cette volonté et cette détermination qui les auraient conduits à abandonner une partie de leur liberté initiale à une entité supérieure, qui devint de ce fait le dépositaire exclusif du droit de recours à la force.13(*) L'Etat devient, par la même occasion, le dépositaire exclusif des pouvoirs de justice et de sécurité. Cette conception hobbesienne de l'Etat attribue donc aux acteurs étatiques la primauté et la légitimité dans la défense des intérêts de la nation, ceci tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.

Poursuivant avec sa pensée, l'auteur considère que l'homme, qui est de nature égoïste et calculateur, ne s'associe à ses semblables que par peur, et par intérêt. C'est ce même intérêt qui le motive à renoncer à sa liberté, et à respecter le Pacte social.14(*)

Cette philosophie de Hobbes peut conduire à au moins deux déductions, notamment du point de vue de la politique internationale des Etats. Premièrement, elle vise avant tout, pour les gouvernants de ceux-ci, la recherche de leurs seuls intérêts, et deuxièmement, elle stipule que les Etats s'associent généralement pour préserver leur sécurité.

Un autre précurseur du réalisme classique fut le célèbre penseur et conseiller politique florentin Nicolas Machiavel. Partant du postulat selon lequel la société internationale serait essentiellement dominée par l'anarchie et le conflit, il préconise et donne de la légitimité à l'usage de la force par les plus forts pour le triomphe de leurs intérêts : « C'est chose vraiment naturelle et ordinaire que de désirer d'acquérir. Et toujours, quand le font les hommes qui peuvent, ils en seront loués, et non blâmés (...) `'.15(*).

Ainsi, du point de vue de Machiavel, la politique étrangère doit privilégier l'instrument militaire comme principal moyen de mise en oeuvre de la politique étrangère. Elle devrait avoir pour objectif ultime la recherche de la puissance de l'Etat.16(*)

Allant à peu près dans le même sens, Thucydide explique les alliances entre Etats par la crainte des différents membres de la communauté internationale de se voir détruire militairement par un de leurs semblables. Selon ses disciples et lui-même, `' c'est lorsque qu'un État croit que sa puissance politique et militaire est menacée par un autre Etat qu'il lui déclare la guerre `'.17(*) Dans cette vision des relations internationales selon Thucydide, il apparaît un élément important dans la diplomatie multilatérale des Etats : la recherche de l'assurance sécuritaire. L'auteur entre ainsi en parfaite cohésion avec Guillaume Devin et Marie-Claude Smouts pour qui l'adhésion d'un Etat à une organisation internationale tient compte de la présence, au sein de cette organisation, de puissances ayant une force de contrainte sur d'autres puissances qui pourraient nuire à leur stabilité et à leur sécurité.

Somme toute, les réalistes classiques considèrent la politique étrangère comme un ensemble de moyens et stratégies déployés par les autorités étatiques, et visant à préserver la sécurité et les intérêts nationaux, au moyen notamment de la force et/ou de la contrainte. Cette prépondérance accordée à l'usage de la force se justifie par la nature de bellicisme permanent de la société internationale. Cependant, ces thèses ont fortement été contredites par Kenneth Waltz, lequel est considéré par une grande partie de la communauté des internationalistes comme le précurseur du néo-réalisme, à travers notamment son ouvrage Theory of International Politics. Tout en réaffirmant la primauté du politique dans les relations internationales, il récuse l'idéologie des réalistes classiques selon laquelle la recherche de la puissance internationale implique obligatoirement l'usage de la force. Comparant la politique étrangère à une entreprise, il stipule que l'usage, par les acteurs étatiques de l'instrument militaire est soumis au préalable à une évaluation de ce qu'on peut appeler la balance coûts-bénéfices.18(*) En d'autres termes, le recours à la guerre par un Etat doit d'abord tenir compte des enjeux ambiants, de l'aspect financier de la guerre, et de ses retombées.

Waltz récuse également la pensée réaliste classique selon laquelle l'Etat serait le dépositaire unique de la violence organisée. En effet, selon les partisans du réalisme classique, l'Etat est la seule organisation politique capable d'opposer une violence avec pour exécutants des hommes (et femmes) appartenant à une force bien organisée et bien structurée. Ainsi, il préfère utiliser la notion de « violence légitime `'.19(*).

En grosso modo, la politique internationale selon Waltz, se veut rationnelle quant à l'usage de ses instruments, notamment l'instrument de la force. Cet usage doit tenir compte à la fois des enjeux, des coûts, et des retombées ainsi que du contexte ambiant.

Allant à la suite du néo-réalisme tel que conçu par Waltz, Barry Buzan, Charles Jones et Richard Little proposent un courant néo-réaliste plus actuel et plus complet. Ce courant reconnaît la prééminence de la sphère et de la classe politiques dans le système international contemporain, mais reconnaît aussi l'existence d'autres acteurs dans le jeu international, notamment des acteurs sociaux et économiques. Il prône également la prise en compte des facteurs idéologiques dans l'analyse des faits internationaux.20(*)

A l'analyse, le réalisme structurel caractérise donc l'architecture exacte du système international contemporain, avec au centre les gouvernements, et à la périphérie, les acteurs économiques et sociaux que sont les firmes multinationales et les organisations internationales. La politique étrangère devient ainsi un ensemble de stratégies reposant sur des bases et des moyens aussi divers que variés, et dont l'objectif demeure la recherche de l'intérêt national.

Mais contrairement à toutes ces doctrines réalistes qui, il faut le relever, ont en commun la vision d'un monde essentiellement anarchique et belliqueux, le réalisme libéral rejette l'idée selon laquelle les Etats sont condamnés à vivre perpétuellement à l'ombre de la guerre. Si les partisans de ce courant ne rejettent pas totalement le paradigme hobbesien de l'état de nature, ils estiment néanmoins que la compétition, qui résulte de l'anarchie de la scène internationale, peut tout aussi bien conduire à la coopération.22(*) Cette idéologie demeure réaliste du fait de la prépondérance accordée à l'Etat, mais embrasse la théorie libérale en associant à l'action étatique d'autres réseaux de coopération, notamment les organisations internationales.23(*)

Cette approche doctrinale rejoint donc l'esprit de l'approche structuraliste, dans la mesure où elle préconise à la fois la coopération entre les différents acteurs des relations internationales, et l'utilisation rationnelle de ceux-ci par les Etats comme moyens et instruments de mise en oeuvre de leur politique internationale. Elle s'en démarque toutefois ^dans le sens où elle préconise une autonomie et une indépendance entre ces acteurs. Elle apporte une innovation sémantique aux notions de relations internationales, de diplomatie et de politique étrangère, qui deviennent un système d'interactions entre les différents maillons de la chaîne.

Au regard de tout ce qui précède, il nous semble que l'approche doctrinale qui marie le plus avec cette étude, c'est le réalisme classique. Car, comme on le verra plus loin, l'adhésion du Cameroun à l'Organisation des Nations-Unies, ainsi que sa politique générale au sein de l'Assemblée générale de ladite organisation, sont essentiellement fondées sur des préoccupations liées à la sécurité nationale, au rayonnement international, et, de façon plus globale, à la recherche de l'intérêt national. Il faudrait donc retenir, au final, que la politique étrangère est l'ensemble des moyens et stratégies mis en oeuvre par un Etat pour implémenter sa diplomatie.24(*), cette diplomatie elle-même étant comprise comme l'ensemble des moyens d'implémentation de la politique étrangère.25(*) Il apparaît donc, de ce fait, une relation de réciprocité entre les deux notions.

7. Définition des concepts opératoires

La définition des concepts opératoires renvoie à une explication sémantique simplifiée d'un mot. En d'autres termes, elle consiste à définir un mot du point de vue du vocabulaire français. Il ne s'agira donc pas, dans la présente partie, de refaire une revue sémantique de nos termes clés focalisée sur des approches doctrinales. Il sera simplement question de donner le sens des mots en se référant aux seules considérations de la lexicologie française.

De prime à bord, il faut relever, dans notre thématique, trois mots-clés qui nécessitent d'être compris pour bien cerner l'essence et le sens de cette étude : personnel, politique, et diplomatie.

On peut définir le personnel comme étant l'ensemble des membres d'un corps donné : le corps enseignant, le corps diplomatique, l'armée, la police, etc... On peut également définir le personnel comme étant l'ensemble des employés d'une administration bien précise, toutes catégories confondues : le personnel du Ministère des Relations Extérieures, de la Commune de Zoétele, ou encore de la Communauté Urbaine de Yaoundé.

Le personnel peut aussi être entendu comme étant l'ensemble des cadres et/ou employés d'une subdivision d'une administration : le personnel de la Direction des Nations-Unies et de la Coopération Décentralisée (Ministère des Relations Extérieures), le personnel de la Direction Générale des Impôts (Ministère des Finances), le personnel du Secrétariat Général de la Présidence de la République...

Enfin, le personnel peut aussi se comprendre comme étant l'ensemble des travailleurs appartenant à une organisation publique ou privée bien déterminée. Cette organisation peut être une entreprise, une administration, organisation internationale...

De toutes ces définitions, celle qui sied donc le mieux à cette étude, c'est la première. Car nous entendons, par personnel l'ensemble des membres des corps politique et diplomatique intervenant dans la définition et la mise en oeuvre de la politique étrangère du Cameroun à l'Assemblée générale des Nations-Unies.

De façon globale, la politique est définie comme la gestion des affaires publiques, à l'intérieur comme à l'extérieur. Cette approche lexicologique implique l'intervention de deux principales catégories d'acteurs : les acteurs du pouvoir exécutif et les acteurs du pouvoir législatif, le rôle des premiers étant d'élaborer et de mettre en oeuvre la politique générale de la Nation, et le rôle des derniers étant d'assurer le contrôle et le suivi de l'action gouvernementale.

La politique peut également être entendue comme étant l'ensemble des moyens et stratégies visant à conquérir le pouvoir et à manager les hommes. Ceci implique donc l'ensemble de toutes les forces politiques d'une nation, généralement réparties en deux grandes catégories : les acteurs du pouvoir et les acteurs de l'opposition.

Toutefois, dans le cadre bien précis de cette étude, on se limitera aux seuls acteurs du pouvoir exécutif, notamment le Président de la République, et le Ministre des Relations Extérieures.

Selon la lexicologie française, la diplomatie se définit comme étant « la connaissance des traditions qui règlent les rapports mutuels des Etats, et l'art de concilier leurs intérêts respectifs `'.26(*) Selon cette définition, la diplomatie apparaît donc à la fois comme la science et la pratique des relations internationales. On peut en dégager comme principaux acteurs les chefs d'Etat, les ministres en charge des affaires étrangères, et les chefs de missions diplomatiques.

Allant à peu près dans le même sens, Jean Salmon définit le diplomate comme « une personne qui fait partie du service diplomatique d'un Etat déterminé, qu'elle soit en poste auprès d'une Organisation internationale ou auprès d'un Etat étranger ou en service à l'administration centrale `'.27(*) Salmon conçoit donc la diplomatie comme l'ensemble des rapports qu'un Etat entretient avec l'ensemble des membres de la communauté internationale, ainsi que l'ensemble des moyens et acteurs internes et externes de ces rapports. Vue sous cet angle, la diplomatie se confond donc à la politique étrangère.

La diplomatie est aussi souvent aussi souvent définie comme un instrument de la politique étrangère. Dans ce sens, elle renvoie généralement au recours, par les Etats, à la négociation pour régler des conflits ou pour concilier leurs intérêts dans des domaines et des contextes bien déterminés.

Enfin, la diplomatie se confond souvent aux personnels diplomatiques d'un Etat et à l'ensemble de leurs activités C'est cette définition que nous retiendrons dans le cadre de notre travail, dans lequel nous nous intéresserons, entre autres, aux activités des représentants du Cameroun à l'ONU, notamment au sein de l'Assemblée générale.

8. Revue critique de littérature

Comme on l'avons souligné plus haut, la réalisation de ce travail nous a amené à recourir à de nombreuses sources écrites, au rang desquelles les ouvrages, les thèses et mémoires.

Adamou Ndam Njoya28(*) se propose de faire une étude panoramique de l'histoire du Cameroun dans les relations internationales, en s'attardant notamment sur l'évolution de son statut juridique, ainsi que sur ses incidences juridico-institutionnelles. Il nous a permis de nous faire une idée générale sur les différents acteurs du système diplomatique camerounais, en même temps qu'il nous a renseigné sur la diplomatie camerounaise face aux ingérences chinoises. Cependant, en se limitant à un esprit juridique, il ne permet pas de s'imprégner des profondes implications de certains faits et évènements de cet aspect de la diplomatie onusienne du Cameroun, en même temps qu'il ne renseigne pas sur les positions camerounaises sur les grandes questions internationales telles que la discrimination raciale (manifeste de Lusaka).

Narcisse Mouelle Kombi29(*) quant à lui étudie les fondements globaux et le déploiement de la politique étrangère du Cameroun d'abord en tant qu'entité spécifique, ensuite en tant que membre de la sphère géopolitique africaine, et enfin comme membre du système international onusien. Cet ouvrage très enrichissant nous a permis de comprendre les différents fondements et contours de la politique étrangère du Cameroun (fondements, acteurs et aléas). Il s'est également révélé enrichissant sur bien des aspects de la coopération Cameroun-ONU (politique, juridique, économique et financière) ; grâce à cet ouvrage, nous avons pu comprendre les stratégies et enjeux des positions camerounaises à l'Assemblée générale des Nations-Unies. Toutefois, il ne nous a pas renseigné sur les postes de responsabilité occupés par les ressortissants camerounais au sein dudit organe.

Pour sa part, Yves Alexandre Chouala30(*) s'attelle à faire une étude complète sur la politique étrangère du Cameroun, en mettant en exergue les aspects doctrinaux, actanciels, factoriels ainsi que leurs incidences régionales. Cet ouvrage, qui du reste s'avère être, à l'heure actuelle l'ouvrage le plus complet et le plus riche sur la diplomatie camerounaise, en plus de nous avoir donné des connaissances très larges de la politique extérieure du pays, nous a également édifié sur la diplomatie camerounaise relative aux questions de discrimination raciale (apartheid en Afrique du Sud). Cependant, force est de constater que la partie de cet ouvrage réservée à la diplomatie onusienne du Cameroun est très brève, très peu étoffée, et donc très peu édifiante.

Le président Paul Biya31(*), à travers un ouvrage qui en réalité tient lieu de projet de société, nous édifie abondamment sur l'idéologie de la politique du Renouveau. Cet ouvrage apparaît beaucoup plus édifiant dans le déroulement de la doctrine diplomatique.

Jean-Marie Atangana Mebara32(*) a récemment entrepris de lever un pan de voile sur la fonction et les pouvoirs dévolus par les textes et l'imagerie populaires, au Secrétaire général de la Présidence de la République du Cameroun. Cet opus nous a beaucoup édifié sur le rôle des politiques et diplomates camerounais dans la gestion du conflit de Bakassi. Malheureusement, l'auteur ne s'est pas attardé sur cette diplomatie dans les tribunes onusiennes, plus particulièrement à l'Assemblée générale.

Guillaume Devin et Marie-Claude Smouts33(*) procèdent à une étude générale des organisations internationales. Cette étude nous a permis de cerner et de comprendre l'esprit desdites organisations, en même temps qu'elle nous a enrichi sur les théories y relatives et les fondements de la diplomatie multilatérale des Etats. Mais la limite de cet ouvrage est qu'il se limite à une approche explicative et théorique, sans toutefois mettre en exergue l'action et la mouvance des Etats dans les organisations internationales. En outre, il faut relever que la place de l'Afrique n'y est pas suffisamment mise en exergue.

Jean-Baptiste Duroselle34(*) quant à lui a procédé à une analyse des relations internationales dans toute leur diversité, depuis le lendemain de la Seconde Guerre mondiale jusqu'à la fin des années 1980. Cet ouvrage, qui peut être présenté comme étant le plus riche et le plus complet sur l'histoire des relations internationales, nous a beaucoup enrichi dans bien des domaines, au rang desquels l'histoire des organisations internationales. Toutefois, on peut beaucoup déplorer le fait que la place et le rôle de l'Afrique (et donc du Cameroun) dans ces organisations, et en particulier aux Nations-Unies, n'y soient pas suffisamment mis en évidence.

Allant dans le même sens, Pascal Boniface35(*) a mené une étude sur l'histoire des relations internationales du lendemain de la Seconde Guerre mondiale au lendemain de la chute du mur de Berlin. Bien que quasiment complet comme l'ouvrage cité plus haut, il a exactement, comme ce dernier, le défaut de ne pas mettre le rôle de l'Afrique en évidence dans les organisations internationales en général, et dans le système onusien en particulier.

Le mémoire de maîtrise en Histoire de Georges Patrice Etoa Oyono36(*) s'est aussi révélé très édifiant. Ce travail, qui portait sur un acteur clé de la diplomatie camerounaise, nous a beaucoup enseigné sur l`action du Cameroun au sein de l'Assemblée générale des Nations-Unies, notamment sur les questions liées à l'impérialisme, à la discrimination raciale, et aux questions d'intérêt national. Cependant, il a paru peu édifiant sur les critères ayant conduit à la nomination de cet acteur à la fonction délicate de représentant du Cameroun auprès de l'Organisation des Nations-Unies.

Le mémoire de DEA du même auteur37(*) a été semblé tout aussi intéressant. Nous avons pu nous y imprégner des modes de recrutement des personnels diplomatiques camerounais dans les premiers temps, ainsi que de leur système de travail. Ceci nous a aidé à nous faire une idée générale sur les critères de recrutement et de nomination des chefs de mission permanente du Cameroun aux Nations-Unies. Toutefois, l'auteur ne s'est pas attardé sur le cas spécifique des personnels diplomatiques exerçant auprès desdites missions, ainsi que leurs activités. Dans le même ordre d'idée, on déplore également le fait qu'il ne se soit pas attardé sur l'action de ces personnels à l'Assemblée générale de cette organisation.

Rose Gisèle Ndo'o38(*) a entrepris une étude sur la coopération bilatérale entre le Cameroun et Israël. Cette étude nous a permis de mesurer l'importance que revêt cette coopération pour les dirigeants de Yaoundé, et par ricochet le comportement de ces derniers à l'Assemblée générale des Nations-Unies vis-à-vis des différents conflits israélo-arabes.

Willy Didier Foga Konefon39(*) quant à lui a entrepris une étude sur le processus migratoire des ressortissants nigérians au Cameroun, de 1916 à 2008. Cette étude, bien que nous ayant beaucoup édifié sur les fondements profonds de la crise de Bakassi, ne met pas en exergue l'action du Cameroun à l'Assemblée générale de l'ONU en vue de la résolution de cette crise.

Abordant le même champ de recherche, Rane Mkpouwoupieko Zoulica40(*) nous a beaucoup appris sur les ressources naturelles de la presqu'île de Bakassi, ainsi que sur le règlement diplomatique de ladite crise. Le premier point nous a particulièrement aidé à mieux en cerner les enjeux. Mais, comme le précédent auteur, celui-ci n'évoque pas non plus la thématique de notre travail.

Enfin, les travaux de Jeanne Pierrette Tiki41(*) nous ont renseigné saur la politique camerounaise de l'image, même si ils se sont beaucoup plus focalisés dans les domaines économiques et commerciaux, sans évoquer l'action des responsables camerounais à l'Assemblée générale des Nations-Unies.

9. Problématique

Le problème central de cette thématique est celui de l'efficacité de la politique étrangère du Cameroun à l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations-Unies. En d'autres termes, ce travail questionne la perspicacité de la stratégie diplomatique du Cameroun, ainsi que ses incidences dans la marche et les résolutions de ladite assemblée en particulier, et dans la politique de l'Organisation en général.

De plus, cette étude tend aussi à mettre en cause la capacité des leaders et diplomates camerounais à jauger des questions d'intérêt national, et de leur compatibilité avec leur prise de position et leurs convictions idéologiques.

Enfin, l'autre problème sous-jacent de notre thème est la nature et l'esprit qui guident les personnels politiques et diplomatiques camerounais dans leurs interventions et prises de position à l'Assemblée générale de l'ONU.

Le problème principal de notre thématique tel que déroulé plus haut, ainsi que les autres sous-problèmes qui en découlent, nous amènent donc à nous poser un certain nombre de questions. Premièrement, dans quelle mesure, ou mieux, jusqu'à quel niveau la participation des hommes politiques et des diplomates camerounais aux débats de l'Assemblée générale des Nations-Unies influence-t-elle la marche et l'adoption de résolutions au sein dudit organe ? Deuxièmement, jusqu'à quel point le souci d'intérêt national influence t-il le comportement de ces derniers au sein dudit organe ? Enfin, quels sont, de façon plus précise, les différents mobiles ayant guidé leur action au sein de l'Assemblée tout au long des cinquante-sept premières années de l'indépendance de leur pays ? Telles sont les questions auxquelles nous nous efforcerons d'apporter des éléments de réponse tout au long de cette analyse.

10. Hypothèses de recherche

Guy Roger Assie et Roland Raoul Kouassi définissent l'hypothèse comme « un énoncé affirmatif écrit au présent de l'indicatif, déclarant formellement les prévues entre deux variables ou plus `'.42(*) Il s'agit donc notamment d'une relation causale entre deux variables. Cette relation peut être de cause à effet (« ceci entraîne cela `', « ceci explique cela `'...), ou d'association (« ceci a un lien avec cela `', « ceci est en relation avec cela `'...).43(*)

Ce travail, qui en termes d'hypothèses s'inscrit essentiellement dans une logique explicative, convoque deux types d'hypothèses : une hypothèse générale et des hypothèses secondaires.

Ø Hypothèse générale

Le personnel politique et diplomatique camerounais, de par ses positions et interventions à l'Assemblée générale des Nations-Unies, influence le fonctionnement et le processus de décision dudit organe, et du système onusien en général.

Ø Hypothèses secondaires

v La coopération entre le Cameroun et le système des Nations-Unies n'est pas un fruit du hasard. Elle remonte certainement à une période antérieure à l'accession du pays à la souveraineté internationale.

v La politique étrangère du Cameroun à l'Assemblée générale des Nations-Unies repose sur des fondements à la fois historiques, idéologiques et stratégiques. Elle repose également sur des personnels minutieusement sélectionnés sur la base de leurs compétences et/ou leur expérience académique, politique, ou encore sur leur capital personnel.

v Les politiques et diplomates camerounais recherchent tout d'abord le triomphe des intérêts du Cameroun, notamment dans les domaines des conflits, de la diplomatie de l'image et du rayonnement.

v Si le Cameroun participe au fonctionnement et au processus de prise de décision à l'Assemblée générale des Nations-Unies, cela suppose donc qu'il prend activement part aux débats relatifs aux grandes problématiques internationales, ainsi qu'aux grands conflits et contentieux internationaux. Cela suppose aussi que son personnel est souvent mis à contribution à travers des postes de responsabilité tout au long de ces débats.

v Enfin, cette thématique suggère l'idée selon laquelle les succès et les échecs de la diplomatie camerounaise à l'Assemblée générale des Nations-Unies sont dus à certains atouts et faiblesses dont recèle cette diplomatie.

Telles sont donc les hypothèses que nous nous proposons de vérifier tout au long de ce travail.

11. Cadre théorique

De façon globale, une théorie peut être définie comme étant une grille d'analyse d'un phénomène donné. C'est donc une approche idéologico-philosophique qui se propose d'expliquer et de faire comprendre les différents aléas de tout domaine pouvant intéresser la science, ou mieux, des sciences, que ce soient les sciences exactes ou les sciences humaines. Pour autant que la science des relations internationales est concernée, on distingue deux grandes catégories de théories : les théories globales et les théories spécifiques. Dans le cadre de notre étude, nous nous intéresserons à trois théories globales (le réalisme, le libéralisme et l'idéalisme), et à deux théories spécifiques (l'idéalisme et l'inter gouvernementalisme).

De prime à bord, il faut comprendre par théories globales l'ensemble des théories qui expliquent le fait international dans toute sa diversité, sans tenir compte des spécificités de formes, de typologie, et des aires anthropologiques et culturelles. Concernant cette étude, cette approche convoque trois grands courants de pensée, à savoir le réalisme, le libéralisme, et l'idéalisme.

De façon globale, le réalisme peut se définir par les quatre paradigmes suivants : l'anarchie de la société internationale, qui entraîne l'état de guerre, un état de guerre incontrôlable par quelque organisation supranationale que ce soit ; la centralité des acteurs étatiques ; la recherche de l'intérêt national par la puissance ; l'équilibre de puissance comme solution idéale de la stabilité internationale.44(*)

S'inscrivant dans la logique hobbesienne sus-évoquée, le théologien et pessimiste Reinhold Niebuhr estime que l'homme, de par sa nature pécheresse, est égoïste et calculateur. Cette nature pécheresse l'amène à toujours vouloir usurper du pouvoir de Dieu, en tentant de s'assurer la mainmise sur les autres. Sa volonté de survie (will to live) n'a d'égale que sa volonté de puissance (will to power).45(*)

Ainsi, selon Niebuhr, la nature pécheresse de l'homme est à l'origine de son égoïsme. Cet égoïsme, qui est la caractéristique générale de l'être humain, s'élargit également aux Etats. Ceci implique donc un certain nombre de conséquences sur la politique internationale menée par ceux-ci, la première conséquence logique étant la recherche par chaque Etat de son intérêt individuel.

Comme deuxième implication de la nature pécheresse de l'Homme, on peut également évoquer le désir par chaque Etat d'acquérir la puissance internationale. C'est de cette implication qu'est sans doute née la doctrine impérialiste, qui prône la domination des Etats forts sur les Etats faibles. Ces velléités de domination (ayant généralement pour corollaire le désir d'exploitation), ont conduit à des tragédies historiques tel que la traite négrière et la colonisation qui, somme toutes, se sont avéré être une honte pour l'humanité.

Dans le même esprit, Edward H. Carr estime que « l'harmonie générale et fondamentale des intérêts est une utopie. Bien plus, toute diplomatie, bien qu'idéale, ne fait que traduire l'intérêt de l'Etat `'.46(*) Ainsi, selon Carr, l'idéologie diplomatique d'un Etat, même si elle revêt a priori une diplomatie de bonnes intentions, traduit, parfois inconsciemment, les intérêts particuliers de cet Etat. Il faut noter, au demeurant, que cette conception s'inscrit de prime à bord en faux contre l'idéalisme wilsonien.

En fin de compte, il faudrait retenir que, du point de vue réaliste, la politique étrangère, au même titre que la diplomatie, vise essentiellement le triomphe des intérêts nationaux, dans une société internationale essentiellement anarchique et belliqueuse. Cet intérêt national se traduit notamment par la conquête de la puissance internationale, laquelle renvoie beaucoup plus à des velléités hégémoniques.

Prenant absolument le contre-pied des réalistes, les libéraux donnent quant à eux la priorité à la liberté de l'Homme. Même si le libéralisme s'inspire dans ses grandes lignes des idéologies des pères de la démocratie grecque tel Platon et Aristote, il se démarque cependant de ces idéologies dans ce sens qu'il ne considère pas l'Homme comme un « animal politique `', mais comme un être libre de tout lien social et apolitique.47(*) Il prend également le contre-pied de Hobbes en détruisant l'essence de son mythe de l'état de nature. En effet, selon la doctrine libérale, avant l'avènement d'une communauté organisée, les hommes vivaient, non pas dans une société comparable à une jungle, mais dans un état de liberté, d'égalité et d'harmonie relative.48(*)

De plus, selon la théorie libérale, les relations internationales sont essentiellement pacifiques. Ce pacifisme de la scène internationale est justifié et stimulé par l'entretien, entre les Etats, de relations économiques et commerciales. D'où le paradigme de la « paix par le commerce `'.

Enfin, la théorie libérale privilégie la considération des acteurs secondaires tel que les firmes multinationales, les organisations internationales, les collectivités locales...

En gros, l'idéologie libérale des relations internationales se distingue de l'idéologie réaliste sur trois points majeurs : les facteurs, la nature de la scène internationale, et la nature des acteurs. Concernant les facteurs, les libéraux donnent la priorité aux facteurs socio-économiques, tandis que les réalistes accordent la primordialité au facteur politique. De même, le libéralisme réfute la nature belliqueuse de la société mondiale, estimant que celle-ci est essentiellement pacifique grâce aux facteurs économiques et commerciaux.

Enfin, la théorie libérale s'inscrit en faux contre l'approche stato-centrée du réalisme, préférant donner la priorité aux acteurs économiques et sociaux.

De tout ce qui précède, l'on peut donc retenir que, du point de vue libéral, la diplomatie et les relations internationales sont l'ensemble des rapports multiformes qu'entretiennent entre eux les différents membres de la société internationale. La politique étrangère devient donc un système reposant sur des instruments et acteurs divers, tel que la politique, la diplomatie, l'instrument militaire, les firmes multinationales, les personnalités charismatiques... On peut donc dire que le libéralisme est la théorie de la diversification des partenaires.

Comme paradigme parallèle à la théorie libérale, il y a la théorie idéaliste. Elle a pour principal pionnier l'ancien président américain, Thomas Woodrow Wilson. En effet, ce dernier, à travers ses célèbres Quatorze Points qui, en passant, ont conduit à l'avènement de la Société des Nations, prône un monde pas très différent de celui des libéraux. À ce propos, on retient de ces Quatorze Points le libre-échange (abolition des droits de douane, ouverture des marchés de capitaux et de marchandises), le libre accès à la mer, la démocratie, l'abolition de la diplomatie secrète, le désarmement, la restitution de la souveraineté sur les terres occupées, et le droit à l'auto-détermination des peuples.49(*) 

Les Quatorze Points du président Wilson apparaissent donc de ce fait comme un idéal moral, politique et économique de la vie internationale. Ils prônent un monde sans barrières économiques, sans barrières frontalières, un monde de liberté, d'égalité, et de respect de la personne humaine (notamment en tant qu'animal politique). Ainsi, l'idéalisme, tout comme le libéralisme, réfute les principales thèses réalistes à savoir la recherche de l'intérêt individuel par chaque Etat au détriment des autres, et l'anarchie de la scène internationale. Ainsi, l'idéalisme prône une politique étrangère axée sur la recherche de la paix, l'usage et l'exploitation maximale et presqu'exclusive de l'instrument diplomatique, et ayant, comme objectif ultime la recherche du bien-être collectif.

En définitive, les théories générales des relations internationales s'opposent globalement sur trois points : la nature et la qualité des acteurs, et l'esprit de la société internationale. Cependant, elles s'accordent sur l'adoption par chaque Etat, d'une idéologie diplomatique. Cependant, ladite idéologie peut être teintée d'une recherche subtile d''intérêts inavoués.

Comme on l'avait déjà relevé à l'entame de cette partie, la présente étude convoque aussi des théories spécifiques des relations internationales, en plus des théories générales sus-évoquées. Cette étude qui, faudrait-il le rappeler, est centrée sur la diplomatie multilatérale, convoque précisément les théories de la coopération et de l'intégration, dont deux particulièrement attireront notre intérêt ici : le fonctionnalisme et l'inter gouvernementalisme.

D'après les fonctionnalistes, la coopération vise, pour les Etats, la résolution avantageuse de conflits d'intérêts dans le cadre d'un jeu répété.50(*) Ainsi, d'après ce courant de pensée, l'adhésion des Etats à une organisation internationale est généralement stimulée par l'actualité d'un conflit. Les organisations internationales sont donc présentées comme le cadre idéal de résolution de ces conflits pour le bien-être et l'intérêt de tous.

Les fonctionnalistes présentent également les organisations internationales comme étant un cadre propice de coopération technique et de régulation dans différents domaines tel que les sciences, les technologies, les transports et la communication. Ces organisations internationales, qui soit dit en passant sont multiformes et multidimensionnelles, sont très souvent créées en fonction des besoins qui se posent au fil du temps, et au regard de l'évolution observée dans divers domaines.

Dans les deux cas, on peut citer un certain nombre d'illustrations : l'OTAN, créée dans le contexte de la Guerre Froide, et visant à la fois à contrer l'expansion soviétique en Europe et à assurer la sécurité collective dans ledit continent ; la Commission du Golfe du Golfe de Guinée, qui vise la régulation de la circulation et les activités économiques et commerciales dans ladite zone, en même temps qu'elle constitue la principale plateforme de coopération sécuritaire entre les Etats membres. Toujours dans le même sciage, nous pouvons enfin évoquer les cas d'organisations comme l'OACI, l'UIT, l'AIEA, et l'OMPI. On peut, bien évidemment, étendre ce champ d'illustrations à des organisations à étendue universelle tel que la SDN et les Nations-Unies.

Il faudrait donc retenir que, pour les fonctionnalistes, les organisations internationales ne sont qu'une plateforme de coopération ayant pour principaux objectifs la régulation, la préservation des intérêts de tous, et, de façon plus élargie, la recherche de la préservation de la paix internationale. On peut aussi voir en ces objectifs les déterminants fondamentaux de la diplomatie multilatérale des Etats.

Les inter gouvernementalistes quant à eux conçoivent la coopération multilatérale comme étant « un procédé rationnel destiné à optimiser l'emploi des moyens mis en commun par les Etats-membres `'.51(*) Cette doctrine, qui a pour pères fondateurs Stanley Hoffman et Robert Keohane est née dans les années 1960, suite à l'engagement des deux auteurs à étudier la construction européenne, et se rapproche de la doctrine fonctionnaliste en ce sens qu'elle considère les organisations internationales comme une plateforme de mutualisation et d'optimisation des intérêts des Etats. Toutefois, elle diffère de celle-ci par son esprit libéral, et même dans une certaine mesure, socialiste, car l'intérêt recherché ici n'est plus celui de la seule classe dirigeante, mais celui des populations.52(*)

Comme on le verra plus loin, la diplomatie onusienne du Cameroun en général, et à l'Assemblée générale en particulier, repose a priori sur des déterminants historiques, psychologiques, et même sentimentaux. Cette diplomatie se joue très souvent sur plusieurs fronts, impliquant plusieurs catégories d'acteurs, dont certains n'appartiennent pas forcément à la classe dirigeante. Toutefois, comme on s'évertuera à le démontrer tout au long de cette analyse, l'action des dirigeants et diplomates camerounais au sein de l'auguste instance onusienne, tout comme l'adhésion du Cameroun à ce système d'organisations, est essentiellement basé sur la recherche de l'intérêt national à travers notamment une « diplomatie de positions sur mesure », ainsi que les velléités de rayonnement, autrement dit, les velléités d'empowerment. Ainsi, même si toutes les théories évoquées et étudiées plus haut reflètent, chacune à sa manière, des réalités pertinentes des relations internationales en général et de la coopération multilatérale en particulier, il nous semble que la théorie réaliste est celle qui épouse le mieux l'esprit de la politique onusienne du Cameroun. Elle apparaît donc, ès qualité, comme la grille doctrinale la mieux appropriée pour cette étude.

12. Démarche méthodologique

Abdesselam Ouhaijou définit la méthode comme étant un ensemble de procédés raisonnés pour parvenir à un but, que ce soit une argumentation quelconque, une démonstration mathématique, une expérimentation scientifique, ou encore l'enseignement d'une discipline.53(*) En d'autres termes, la méthode est un ensemble d'outils utilisés dans la pratique d'un exercice ou d'une discipline scientifique bien précise. De ce fait, la méthodologie apparaît donc comme l'étude des mises en pratiques des différents mécanismes de recherche, d'étude et d'exploitation des outils dans un travail scientifique. Dans cette partie introductive de notre travail, nous comptons donc mettre en exergue nos différents outils de travail, notamment les approches de travail, les sources et l'école historique.

· Approches de travail

En sciences sociales, il existe plusieurs catégories d'approche : l'approche diachronique ou génétique (reconstitution de la genèse des situations étudiées, en découvrant les antécédents qui permettent d'étudier des situations) ; l'approche fonctionnaliste (explication des phénomènes sociaux par le rôle, la fonction qu'ils assument dans l'ensemble social auquel ils appartiennent) ; l'approche systémique (distinction dans la réalité de deux parties, le système et l'environnement, l'environnement étant constitué par l'ensemble des objets dont un changement affecte le système, et qui sont eux-mêmes affectés par les variations de celui-ci)...54(*)

Ce travail, de par son caractère historien, s'inscrit donc en droite ligne avec l'approche diachronique. Il s'inscrit également dans une approche qualitative, basée sur une analyse de faits et de phénomènes divers.

Il s'inscrit également dans une approche synchronique, au regard de sa subdivision thématique.

· Sources

Les informations et données dont nous nous sommes servis pour rédiger ce travail ont été tirées de quatre types de sources : les archives, les sources orales, les sources écrites, et les sources électroniques.

En ce qui concerne les sources d'archives, nous pouvons les classer en deux catégories : les archives physiques et les archives numériques. S'agissant des archives physiques, il s'agit, pour l'essentiel, de documents exploités au Ministère des Relations extérieures, notamment des notes confidentielles, des photos, des extraits de discours...

Dans le même ordre d'idée, nous avons également pu exploiter les archives privées du regretté Professeur Albert Pascal Temgoua, qui étaient essentiellement des documents datant de la période allemande. Il s'agissait d'accords entre grandes puissances coloniales (Allemagne et Royaume-Uni) sur la délimitation des frontières entre le protectorat allemand du Kamerun et la colonie britannique du Nigeria.

Les archives numériques quant à elles étaient des documents téléchargés et exploités dans les sites officiels de certaines institutions, notamment la Présidence de la République du Cameroun, l'Assemblée générale des Nations-Unies, la Cour Internationale de Justice, et la Mission Permanente du Cameroun aux Nations-Unies (New-York).

Ces sources nous ont permis de cerner et d'analyser les différents domaines et champs d'intervention des ressortissants camerounais à l'Assemblée générale des Nations-Unies. Elles nous ont également renseigné sur les fonctions occupées par certains d'entre eux au sein de ladite assemblée. Enfin, grâce à l'exploitation de ces archives, nous avons pu nous faire une idée sur certaines faiblesses de la diplomatie camerounaise.

Parlant des sources orales, nous avons consulté les experts de différents domaines et disciplines tel que la science politique, les relations internationales, les questions économiques et financières, en nous fondant sur leur notoriété dans lesdits domaines.

Dans le même esprit, ont également été consultés des acteurs de la diplomatie onusienne du Cameroun, notamment ceux exerçants au sein de la Direction des Nations-Unies et de la Coopération Décentralisée du Ministère des Relations Extérieures.

Ces deux catégories de sources orales nous ont renseigné sur des domaines variés tel que les origines de la coopération bilatérale Cameroun-ONU, les modes de recrutement des personnels, les fondements de la diplomatie onusienne du Cameroun, ses forces et ses faiblesses... Malheureusement, nous déplorons beaucoup le fait de n'avoir pas pu avoir accès à des acteurs ayant exercé dans le système, notamment des chefs de mission permanente exerçant ou ayant exercé comme tel.

Les sources écrites auxquelles nous avons eu accès étaient essentiellement des ouvrages, des thèses, des mémoires, ou encore des articles publiés dans des revues spécialisées. Ces écrits, que nous avons, pour certains consulté dans des centres de recherche comme la Fondation Paul Ango Ela ou encore à la bibliothèque du Ministère des Relations Extérieures (D10), et qui, pour d'autres, appartenaient à notre bibliothèque personnelle, portaient généralement sur des domaines comme l'histoire politique, la diplomatie et la politique étrangère du Cameroun, les relations internationales en général, la géopolitique internationale. Comme les sources orales, ces écrits, en plus des informations qu'ils nous ont apportées dans les domaines suscités, nous ont aussi renseigné sur d'autres domaines, comme la doctrine diplomatique du Cameroun.

Enfin, les sources électroniques, qui se résument beaucoup plus en sources audiovisuelles et numériques, nous ont renseigné, à travers des journaux radioffusés et télévisés, ainsi que de documentaires, notes biographiques et autres, sur l'actualité de la diplomatie camerounaise à l'Assemblée générale des Nations-Unies, l'histoire politique et diplomatique du Cameroun et de l'Afrique, la biographie de bon nombre d'acteurs politiques et diplomatiques camerounais qui font l'objet de la présente étude...

· École historique

Ce travail a eu pour principale référence doctrinale l'école historique de Dakar, incarnée notamment par le Professeur Cheik Anta Diop de regrettée mémoire. Cette école, qui se propose de réfuter les thèses européocentristes et afro-pessimistes qui font de l'Afrique un continent ahistorique, propose une réécriture de l'histoire de ce continent fondé sur son extraversion.55(*) Elle s'enracine également dans le souci de réaffirmer l'historicité des sociétés africaines, notamment à travers la démonstration de l'origine noire des anciens Egyptiens qui, faudrait-il le rappeler, demeurent la civilisation la plus brillante de toute l'histoire de l'humanité.

Dans le même esprit, nous entendons, à travers cette étude, nous évertuer à apporter un démenti à certaines thèses selon lesquelles l'Afrique ne serait pas encore entrée dans l'Histoire.56(*)

Enfin, cette étude s'inscrit dans la dynamique de la nouvelle histoire prônée par Fernand Braudel et autres, cette nouvelle histoire de l'interdisciplinarité, cette histoire de l'analyse multidimensionnelle des faits, qui sort du cadre exclusivement narratif d'antan. Car, comme on pourra le constater, nous sommes sorti de notre casquette historienne en faisant recours aux méthodes analytiques d'autres disciplines telles que la science politique et les sciences de la communication. 57(*)

13. Plan de travail

Dans l'optique d'apporter des éléments de réponse à la problématique soulevée plus haut, nous avons subdivisé notre travail en quatre parties :

- Le chapitre I, intitulé «LA COOPÉRATION CAMEROUN-ONU : ORIGINES ET GÉNÉRALITÉS», traite des origines de la coopération entre le Cameroun et l'Organisation des Nations-Unies, qui remonte à la période de la tutelle franco-britannique au Cameroun, sous l'égide de ladite organisation. Il traite également des généralités sur la coopération bilatérale entre les deux sujets. Ce chapitre est divisé en quatre grands axes, qui abordent respectivement les interventions des nationalistes camerounais à l'ONU, les fondements de la diplomatie onusienne du Cameroun, ainsi que la typologie, l'inventaire, et les critères de désignation des acteurs.

- Le chapitre II quant à lui est intitulé «LES ACTEURS POLITIQUES ET DIPLOMATIQUES CAMEROUNAIS DANS LA DÉFENSE DES INTÉRÊTS DU CAMEROUN». Il porte sur le déploiement des acteurs camerounais dans les dynamiques de défense des intérêts nationaux, et de mise en oeuvre de la diplomatie de l'image et du rayonnement de leur pays au sein de l'Assemblée générale des Nations-Unies. Il est divisé en deux parties qui épousent les deux axes susmentionnés.

- Le chapitre III, intitulé «LES GRANDES QUESTIONS INTERNATIONALES ET LES RESPONSABILITÉS CAMEROUNAISES A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES», est divisé en trois principaux axes, portant respectivement sur les interventions et positions du Cameroun sur les grandes problématiques internationales, les conflits et contentieux internationaux, ainsi que sur les postes de responsabilité occupés par ces derniers au sein de l'Assemblée.

- Enfin, le quatrième et dernier chapitre, qui porte sur «LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE DANS LES TRIBUNES ONUSIENNES : APPROCHE CRITIQUE ET PROSPECTIVE», se propose de faire une approche bilancielle et prospective sur la diplomatie camerounaise à l'Assemblée générale des Nations-Unies. Il comporte trois principales parties, traitant respectivement du bilan de la diplomatie camerounaise à l'Assemblée générale des Nations-Unies, des forces et faiblesses de cette diplomatie, et des perspectives d'avenir.

CHAPITRE I :

LA COOPÉRATION CAMEROUN-ONU : ORIGINES ET GÉNÉRALITÉS

Lorsqu'en 1472 les Portugais découvrent le territoire qui sera plus tard appelé « Cameroun `', 58(*) celui-ci n'était qu'une vaste mosaïque de nations. 59(*) Ces nations pouvaient être classifiées en quatre grandes catégories ethnico-culturelles : l'aire culturelle bantoue, l'aire culturelle sahélo-saharienne, l'aire culturelle sawa, et l'aire culturelle des Grassfields. Ainsi, on n'a pas encore affaire à une entité territoriale homogène et bien organisée du point de vue politico-institutionnel. Mais la situation va évoluer dès 1884 avec l'annexion du territoire par les Allemands. Cette annexion va se matérialiser par la signature, le 12 Juillet de cette année, du traité germano-duala.60(*) Le Cameroun devient donc un protectorat allemand. Cependant, ce statut va changer en 1914, et se préciser dès 1916 : avec l'éclatement de la Première guerre mondiale, les Allemands, vaincus par les Français et les Britanniques, seront contraints de s'exiler de ce territoire dès 1916.

D'abord condominium franco-britannique, ce territoire a ensuite été scindé en deux parties, administrées individuellement par chacune des deux puissances. A la faveur de la création de la Société des Nations en 1919, ce territoire va acquérir trois ans plus tard le statut de territoire sous mandat de ladite organisation61(*). Mais la Société des Nations, du fait de son incapacité notoire à remplir sa mission régalienne, à savoir la préservation de la paix et la sécurité internationales (puisqu'elle n'aura pas réussi à empêcher l'éclatement d'un deuxième conflit mondial), va s'effondrer au profit de l'Organisation des Nations-Unies, laquelle voit officiellement le jour le 26 Juin 1945. Cette mutation d'organisation mondiale a également entraîné un changement de régime d'administration internationale des territoires. C'est ainsi que l'on est passé du régime de mandat au régime de tutelle. Évidemment, le Cameroun ne déroge pas à cette nouvelle donne. L'ancien territoire sous mandat de la SDN devient donc un territoire sous tutelle onusienne. C'est cette période de l'histoire du Cameroun qui nous intéressera dans ce premier axe de notre analyse. Nous analyserons notamment les premières interventions des nationalistes camerounais dans les tribunes onusiennes, ainsi que leur impact et leur portée sur l'avenir du Cameroun.

Dans cette partie de notre travail, nous procèderons également à l'étude de certains aspects généraux de la coopération bilatérale Cameroun-ONU, notamment les fondements, la typologie et l'inventaire des acteurs, et leurs critères de désignation.

I. DES PREMIÈRES INTERVENTIONS CAMEROUNAISES À L'ONU : LE NATIONALISME CAMEROUNAIS DANS LES TRIBUNES ONUSIENNES

La période de tutelle marque une étape décisive dans l'histoire du nationalisme camerounais. Celui-ci s'était en effet beaucoup plus manifesté jusqu'ici par des résistances aux différentes puissances coloniales par des leaders tels que Duala Manga Bell, Adolphe Ngosso Din, Oba'a Beti, Nkal Mentsouga...62(*)

Il va aussi se manifester par la mise sur pieds d'associations à caractère ethnico-régional. On peut citer entre autres : l'Union bamiléké, la Solidarité Babimbi du Cameroun, l'Association Amicale de Maroua...63(*) On parle alors de « protonationalisme».64(*)

Mais la particularité du nationalisme camerounais dans la période sous tutelle est qu'il eut pour tremplin les partis politiques. Ceux-ci peuvent être classés en deux catégories : les «partis indépendants» et les «partis administratifs». Dans la première catégorie, le parti le plus remarquable est l'Union des Populations du Cameroun (UPC). Toutefois, il faut noter que les revendications, qui tournaient essentiellement autour des questions d'indépendance et de réunification, étaient très loin de faire l'unanimité idéologique entre les protagonistes des deux camps. D'abord limitées au cadre territorial camerounais, elles vont s'extrapoler vers d'autres cieux, notamment à l'Assemblée générale des Nations-Unies. C'est donc en considération de cette divergence idéologique que nous avons jugé bon de classer les premières interventions camerounaises en deux grandes catégories : les interventions des nationalistes upécistes et les interventions des partis administratifs.

1. Les interventions des nationalistes upécistes

La conférence franco-africaine de Brazzaville (30 Janvier au 8 Février 1944) marque un jalon décisif dans l'histoire du nationalisme africain en général, et du nationalisme camerounais en particulier. Prenant une certaine avance sur les Nations-Unies, la France adopte un certain nombre de mesures visant d'une part à accorder une certaine marge d'autonomie aux territoires sous domination française, et d'autre part à favoriser une plus grande participation des populations indigènes dans la gestion des affaires publiques. Mais il convient de souligner au préalable que tout ceci ne relève que d'une stratégie subtile. Car, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, le principal enjeu est la libération des territoires colonisés. Ainsi, la France, comme toutes les autres puissances coloniales d'ailleurs, n'avait pas d'autre choix que de s'arrimer au contexte de l'heure, ceci d'autant plus que cet arrimage contextuel devait également lui être utile pour accorder à ces territoires une «indépendance à la française»... On comprendra ce que cela veut dire.

Au rang des réformes qui découlèrent de cette conférence, il y eut notamment la suppression de l'indigénat prévue dès la fin effective des hostilités (en d'autres termes la fin de la guerre) ; «la création d'assemblées représentatives composées en partie d'Européens et en parties d'indigènes». Ces assemblées devaient être associées à l'Assemblée constituante métropolitaine et, au fil du temps, à la future Union française65(*).Au Cameroun, ce nouvel élan de la vie politique dans les territoires colonisés va se matérialiser par le décret du 25 Octobre 1946 instituant l'ARCAM (Assemblée représentative du Cameroun).66(*) Celle-ci était composée de deux sièges, dont un collège d'Européens et un collège d'autochtones.

Toutefois, les incidences les plus remarquables de cette nouvelle ère de l'histoire coloniale en Afrique francophone en général, et au Cameroun en particulier furent la naissance et l'action des syndicats, dont la plupart avaient été formés avant la fin de la guerre, et donc, par ricochet, avant l'avènement officiel de la tutelle onusienne.

L'Union des Syndicats Confédérés du Cameroun (USCC) fut l'un des syndicats les plus remarquables de cette époque. Fondée en décembre 1944 sous l'égide de Ruben Um Nyobe et de Charles Assalé, elle s'illustra en septembre 1945 lorsqu'elle demanda une augmentation de salaire pour les travailleurs camerounais. Il s'ensuivit alors une grève au cours de laquelle le secrétaire de la Chambre de Commerce trouva la mort.67(*) Cette organisation syndicale est le stade embryonnaire de l'Union des Populations du Cameroun, dont le «congrès constitutif » a un caractère assez singulier. Il a en effet lieu dans un café situé au quartier Ndog Bati à Douala, appartenant à un Espagnol nommé Sierra.68(*) C'était alors le 10 avril 1948.69(*) Ce mouvement politique, dont les statuts furent déposés auprès du haut-commissaire deux jours plus tard à 10 :50 minutes, 70(*) avait pour but de «grouper et d'unir les habitants de ce territoire afin de permettre l'évolution plus rapide des populations et l'élévation de leur standard de vie».71(*)

Par ailleurs, ce parti fit également de l'indépendance et de la réunification ses deux chevaux de bataille. Cependant, aussi bien l'idéologie que l'action de ce parti étaient très loin d'arranger le colonisateur français. Car, s'il est vrai que l'indépendance future du territoire camerounais apparaissait désormais comme un fait inéluctable, l'idée était cependant de maintenir encore le territoire sous domination aussi longtemps que possible. En effet, l'un des enjeux du régime de tutelle pour les puissances colonisatrices était de préparer les territoires concernés à acquérir l'indépendance, tout en les préparant aussi à se maintenir dans leur pré-carré...ce qui ne rimait pas vraiment avec la vision de l'UPC. Ainsi, l'administration coloniale française mit sur pieds nombre de moyens et stratégies pour réduire à néant l'action de ce parti.

Tout d'abord, les autorités françaises vont penser à mettre sur pieds une stratégie pour «casser» l'action du parti. Celle-ci avait consisté à en disperser les leaders principaux pour empêcher un travail dans l'unité, ce qui, selon eux, devait contribuer à réduire à néant l'expansion du parti. Erreur de calcul : cette stratégie produisit plutôt l'effet inverse de ce qui était initialement escompté. Au lieu de freiner l'empowerment du parti, la dispersion de ses leaders entraîna plutôt sa propagation sur l'étendue du territoire. À titre d'illustration, on assista à l'implantation de l'UPC au nord, à l'ouest, au centre, au littoral et à l'est. Les principaux acteurs de cette progression du parti étaient Félix Moumié, Singap Martin, Um Nyobe...72(*)

Étant donné que cette stratégie ne portait pas de fruits, l'administration réfléchit autrement : elle opta pour la stratégie de «diviser pour mieux régner». Elle consistait notamment en la création de partis politiques qui avaient pour principale mission de prendre le contre-pied de l'UPC. Mais, parce que la plupart de ces partis n'étaient rien d'autre qu'une mascarade et une manoeuvre de l'administration coloniale, nous nous joignons de fait au Professeur Daniel Abwa pour les taxer de «partis administratifs».73(*) Au rang de ceux-ci, on peut citer l'Évolution Sociale du Cameroun(ESOCAM), le Bloc Démocratique Camerounais(BDC), l'Union sociale camerounaise(USC)...74(*)

L'autre manoeuvre des autorités françaises pour faire obstruction à l'UPC fut de lui coller, à travers des partis comme l'ESOCAM, l'étiquette de parti communiste. En effet, l'article 2 des statuts de ce parti préconisait la lutte contre l'idée de l'indépendance et de la réunification qu'il (le parti ESOCAM) taxait d' «idée politique communiste».75(*)

De ce qui qui précède, deux éléments doivent attirer l'attention. Premièrement, l'instauration par les autorités de partis administratifs avait pour principal effet d'empêcher l'unanimité des Camerounais sur l'idéologie de l'UPC. D'ailleurs, en ce qui concerne l'ESOCAM, le fait qu'elle soit dirigée par Pierre Dimalla, originaire de l'ethnie bassa comme le secrétaire général de l'UPC ne peut paraître banal que pour les esprits naïfs. En effet, on peut y voir le désir des autorités coloniales de jeter le discrédit sur l'action du parti d'Um Nyobe dans sa propre ethnie. Or, l'expérience a prouvé qu'en Afrique en général et au Cameroun en particulier, l'on ne peut prétendre à une ascension, et même à une acceptation politique, si l'on n'a pas au préalable une assise solide au niveau ethnico-régional.

De plus, il faudrait qu'on se rappelle que le contexte était celui de la Guerre froide. Or le territoire camerounais était censé appartenir au camp libéral. Ainsi, taxer un parti de communiste aurait automatiquement pour effet de le discréditer, tant sur le plan interne qu'au plan international, notamment auprès des États-Unis, leader du monde libéral et première puissance mondiale.

Enfin, l'UPC a été privée, par des obstructions, fraudes et manigances diverses, de participer aux élections de 1952, élections qu'elle aurait remportées, ce qui aurait pu conduire, et dans les plus brefs délais, au triomphe de ses idéaux. 76(*)

Ainsi minée politiquement à l'intérieur, l'UPC se tourna alors vers les Nations-Unies, où elle poursuivit son combat.77(*)

S'agissant de l'indépendance du Cameroun, le «parti du crabe» l'envisageait en trois principales étapes, à savoir : la révision des accords de tutelle, la fixation d'un délai pour l'octroi de l'indépendance et l'organisation institutionnelle de la période pré-indépendance.78(*)

La première sortie du secrétaire général de l'UPC aux Nations-Unies remonte au 17 décembre 1952. Elle visait à défendre le deuxième point du programme du parti pour l'indépendance. À ce propos, laissons-lui la parole :

Ici, je serais (sic) particulièrement bref puisque l'Assemblée générale des Nations-Unies avait adopté une importante résolution à ce sujet, au cours de la sixième session, en invitant les autorités administrantes à proposer les délais après lesquels les territoires sous tutelle pourront accéder à leur autonomie ou à leur indépendance. Ce que nous pouvons demander à votre commission, c'est une recommandation invitant les gouvernements français et anglais à faire ces propositions lors même de l'élaboration des rapports annuels sur l'administration du Cameroun pour l'année 1952 et recommander expressément (...) que ce délai doit représenter un laps de temps le plus court possible(...)79(*).

Ici, il convient de constater deux choses : premièrement, l'auteur de cette pétition demande aux responsables de la Commission de Tutelle des Nations-Unies d'inviter les gouvernements des territoires sous tutelle à rendre annuellement compte de leurs activités. Ainsi, on peut déceler, à travers cette pétition, une stratégie subtile des upécistes pour anéantir l'action des partis administratifs. En effet, lorsqu'il demande à cette commission d'exiger aux autorités tutélaires d'adresser des rapports aux Nations-Unies, l'on peut aisément comprendre que ledit rapport est censé être fidèle et réel. Ceci suppose qu'il ne doit nullement être influencé par l'action instrumentalisée des partis administratifs.

Le deuxième constat souligne que les upécistes, par la voix de leur secrétaire général, en appellent à l'octroi de l'indépendance aux territoires sous tutelle (et en l'occurrence le Cameroun). Ceci peut être interprété comme une volonté manifeste de ce parti d'utiliser les instances onusiennes pour mettre la pression sur les puissances tutrices. Car, faudrait-il le rappeler, l'ONU est le mandant, ou mieux, l'acteur majeur du régime de tutelle et ès qualité, elle est mieux placée que tout autre type d'acteur pour faire instance sur les autorités tutrices. Il va de nouveau s'y rendre en 1953 et en 1954.

Toujours concernant l'indépendance, il va se poser, après l'adoption de la loi-cadre en 1956, un problème fondamental, à savoir celui de l'avenir politico-institutionnel du futur Etat. Deux thèses s'affrontaient à ce propos, à savoir : celle d'une indépendance précédée par un référendum populaire, et celle d'une indépendance sans consultation électorale préalable.

Les principaux tenants de la première thèse étaient les militants de l'UPC. Se présentant à la tribune onusienne dès le 28 octobre 1958, ils exposent la nécessité d'un référendum et celle de l'élection d'une nouvelle Assemblée législative ou constituante (l'ATCAM votée en 1956 paraissant déjà caduque dans un contexte de pré-indépendance).80(*)

De plus en plus se pose également la problématique de la réunification des deux Cameroun. Celle-ci devra-t-elle avoir lieu avant ou après l'accession du Cameroun français à l'indépendance ? Pour traiter de cette question, l'Union des Populations du Cameroun va dépêcher à l'assemblée générale des Nations-Unies (session d'octobre 1958) trois pétitionnaires, précisément Félix Roland Moumié, Abel Doo Kingué et Ndeh Ntumazah. 81(*)

Les pétitions des nationalistes upécistes aux Nations-Unies peuvent se comprendre et s'expliquer par deux principaux éléments, par ailleurs étroitement liés : le regard que les membres de ce parti avaient sur le gouvernement camerounais en place, et leur désir d'empêcher ce dernier d'accéder aux affaires dans un contexte de pré-indépendance.

Les militants de l'UPC considéraient le gouvernement de l'Etat sous tutelle du Cameroun comme une horde d'usurpateurs. En effet, comme il a déjà été démontré plus haut, les nationalistes upécistes avaient été les premiers à revendiquer aussi bien l'indépendance du Cameroun français que sa réunification avec le Cameroun sous tutelle britannique. Paradoxalement, ces concepts étaient progressivement en train d'être appropriés par les pseudo-nationalistes issus des partis administratifs... Fidèles à leur volonté de voir le Cameroun accéder à une réunification er à une indépendance immédiate, ils réclamaient également la mise sur pieds d'un gouvernement démocratique au Cameroun, ce qui, selon eux, ne serait possible qu'une fois Ahidjo et sa clique écartés des affaires.82(*)

Par ailleurs, ces derniers, en s'appuyant sur l'exemple nigérian, firent la suggestion à l'Assemblée générale des Nations-Unies de rendre effectif le transfert des pouvoirs en sa treizième session de septembre 1959, question de permettre à ladite assemblée de valider l'option du peuple camerounais pour le terme de la tutelle onusienne.83(*)

De plus, et dans le même ordre d'idée, les upécistes considéraient comme « fantoche `' ce gouvernement qui visiblement était aux ordres de Paris. Or dans leur esprit, il n'était nullement question pour le Cameroun d'embrasser l'indépendance sous le profil du néocolonialisme qui se dessinait alors en filigrane.

Enfin, il était désormais clair pour toute la classe politique camerounaise que si on laissait Ahidjo et ses affidés poursuivre leur bonhomme de chemin sans obstruction, ils seraient « auréolés d'une reconnaissance internationale'' (pour reprendre les termes de Philippe Gaillard) au lendemain de l'accession du Cameroun à l'indépendance. Des consultations électorales apparaissaient donc dans ce sens comme une recette idoine pour prendre le contre-pied d'une dynamique en marche. Car, si Ahidjo était assuré du soutien solide et inconditionnel de la France, ce n'était pas le cas lorsqu'on considère le point de vue des populations.

Face donc à tous ces défilés des pétitionnaires upécistes devant l'organisation internationale, l'administration coloniale et ses partenaires des partis administratifs ne sont pas restés les bras croisés. Ces derniers, évoluant toujours dans leur logique de prendre le contre-pied de l'UPC, se sont à leur tour présentés devant les différentes tribunes onusiennes.

2. Les interventions des nationalistes modérés

Les premiers contradicteurs du secrétaire général de l'UPC aux Nations-Unies furent Charles Guy René Okala, président de l'USC, et représentant du Cameroun au Sénat français, et le prince Douala Manga Bell en qualité de membre de la délégation française. Ces deux contre-pétitionnaires affirmaient qu' «il est prématuré de parler d'indépendance au Cameroun et que la France y mène à bien la mission à elle confiée par l'ONU».84(*)

D'autres allèrent même jusqu'à affirmer que les upécistes n'avaient pas qualité de revendiquer quoi que ce soit devant une quelconque tribune onusienne, car n'étant représentés dans aucune institution locale. Ainsi l'UPC paraît donc comme un parti illégitime et fantoche. Comme on peut le constater, à travers ce jeu de la contestation de la légitimité de l'UPC, tout comme par la présentation d'une France qui mène à bien la mission à elle confiée par l'ONU, on assiste à un renversement des rôles : le parti légitime devient le parti `'fantoche'', et le parti `'fantoche'' devient le parti `'légitime''.

L'autre stratégie des «nationalistes modérés »a également consisté à démontrer que le Cameroun n'est pas encore prêt pour l'indépendance. C'est ce qui ressort de ce discours d'Okala :

 En effet, l'indépendance suppose déjà la jouissance pleine et totale des facultés d'Etat libre avec sa cohorte d'avantages et d'inconvénients. Elle suppose déjà une majorité politique, des cadres assurés, une technique à toute épreuve, un équipement économique, industriel et agricole moderne, une constitution établie, une monnaie reconnue, une armée, etc. (...).85(*)

De ce discours, il ressort un élément phare : selon Charles Okala, le Cameroun n'était pas prêt pour l'indépendance, tant au point de vue politico-institutionnel qu'au point de vue économique, social et humain. Cette prise de position visait ainsi à démontrer à l'organisation mondiale l'absurdité de l'indépendance immédiate revendiquée par l'UPC.

Les nationalistes «administratifs» ont enfin attaqué les upécistes sur les modalités pratiques de l'accession à l'indépendance. À titre de rappel, deux thèses s'affrontèrent à ce sujet : celles de la tenue des élections avant l'indépendance, et celle de la tenue d'élections après l'indépendance. Les «nationalistes modérés» étaient naturellement partisans de la seconde thèse.

L'administration coloniale s'était auparavant évertuée à démontrer à la mission de visite des Nations-Unies au Cameroun que cette thèse était partagée par tous les politiciens camerounais. Elle avait usé de ruse en amenant ladite mission à mener une grande partie de ses enquêtes auprès de la classe politique pro-administration. Et la ruse porta des fruits : puisque les ressortissants de cette classe politique constituaient la seule élite politique légale (et donc, légitime), elle représentait la volonté populaire. Les upécistes jouissaient donc déjà d'un préjugé négatif auprès des instances onusiennes, lesquelles considéraient d'ores et déjà que, l'indépendance faisant déjà l'unanimité au sein de la classe politique, la tenue d'élections n`était plus nécessaire.86(*)

Cependant, il faudrait souligner que le nationalisme camerounais à l'ONU ne fut pas l'affaire des politiciens du seul Cameroun sous tutelle française. En effet, d'autres tendances se firent remarquer au Cameroun sous tutelle britannique. Le cheval de bataille de ces derniers fut la réunification. À ce propos, deux principales tendances se dégagèrent, à savoir celle prônant la réunification du Southerns Cameroons au Cameroun français d'une part, et celle soutenant la réunification du Cameroun britannique au Nigeria d'autre part.

3. Les nationalistes du Southerns Cameroons aux Nations-Unies

Comme on l'a déjà souligné plus haut, le principal point qui a attiré notre attention dans les premières interventions des Camerounais britanniques aux Nations-Unies est la réunification. Ainsi, notre analyse va beaucoup plus s'appesantir sur la session de février 1959.

John Ngu Foncha, leader de la première tendance, se présenta devant l'Assemblée comme leader du KNDP.87(*) Il signifia à l'auditoire le programme de son parti, qui, avait remporté les élections législatives au Cameroun britannique. Ce programme s'articulait autour des points suivants :

D'abord, la constitution du Southerns Cameroons en une entité séparée avant l'accession du Nigeria à l'indépendance. Ceci devrait permettre entre autres à ce dernier d'avoir la latitude pour l'option de la réunification avec le Cameroun français. Il faut noter qu'au cours de cette période, cette partie du Cameroun britannique devrait rester sous tutelle (provisoire) des Nations-Unies.

Ensuite, la réunification des deux Cameroun était bel et bien envisageable. Cependant, la condition sine qua none était la séparation préalable du Northens Cameroon de la fédération nigériane.

Enfin, le plébiscite devrait être la voie par laquelle les populations du Southerns Cameroons britannique devaient être consultées sur la question de la réunification.88(*)
De cette intervention de Foncha à la tribune onusienne, quatre points méritent d'attirer l'attention.

Premièrement, le fait de se présenter comme leader du KNDP, parti qui avait remporté les élections législatives au Cameroun sous tutelle britannique. En effet, en se présentant comme le leader de ce parti, il était en train de signifier à l'organisation mondiale que la volonté de réunification des deux Cameroun émane d'un désir populaire. Ceci constitue donc en quelque sorte à prendre le contre-pied de ses adversaires de l'autre tendance dans Southerns Cameroons.

De plus, à travers le deuxième point susmentionné de la pétition du Premier ministre du Cameroun britannique, on peut comprendre une invitation tacite de ce dernier à ses compatriotes du Nord-Cameroun anglophone à s'aligner derrière l'idée de réunification, nonobstant les différents jeux et manoeuvres auxquels s'adonnaient les autorités nigérianes et leurs compères de Londres pour empêcher la matérialisation de cette idée.89(*)

Enfin, presque tous les points de cette allocution traduisaient la volonté du numéro 1 du Southerns Cameroons britannique de ne pas forcer la main aux populations de ce territoire pour ce qui est de la réunification avec le futur Etat indépendant du Cameroun français. En d'autres termes, son souhait était que l'organisation mondiale pût laisser ces populations décider de leur avenir en toute âme et conscience.

À cette même session de l'Assemblée générale, un autre leader nationaliste du Southerns Cameroons, en la personne d'Emmanuel Endeley, se présenta devant le « parlement `' onusien. Il commença d'abord par faire une espèce de rappel implicite de ses réalisations passées pour le Cameroun britannique, exhortant ainsi son auditoire à prendre en considération, et sur cette base, son intervention. À travers cette doléance, Endeley voulait signifier aux uns et aux autres que, bien que n'étant pas une personnalité officielle dans la zone du Cameroun britannique, il y jouissait quand même d'une notoriété qui n'était pas à négliger. Il s'agissait en quelque sorte pour lui de «légitimer son intervention a priori illégitime».

Ensuite, il argua que le Cameroun britannique ne saurait accéder à l'indépendance autrement qu'en tant que partie intégrante du Nigeria, vu que ce n'était qu'avec lui qu'il avait des possibilités d'investissement.90(*)

Allant toujours dans le même esprit, il déclara que, s'il avait été un partisan de la réunification, sa position avait changé. Car non seulement en cette année 1959 cette question était hors contexte et ne faisait pas partie des accords se tutelle, mais ne faisait même pas l'unanimité au sein de l'opinion politique du Cameroun français.91(*)

Il poursuivit son argumentaire en soulignant que la réunification était basée sur de fausses idées sentimentales, car elle apporterait des frontières plus longues que celles qui existeraient entre le Cameroun et le Nigeria. Par contre, elle serait avantageuse uniquement dans le cadre d'une union sud-africaine incluant le Southerns Cameroons. 92(*)

Ainsi, Endeley procéda à un déconstruit des vertus de la réunification tel que ses partisans les présentaient. D'abord, il s'évertua à démontrer que le Southerns Cameroons économiquement ne pourrait s'en sortir en étant uni avec le Cameroun français qui, d'après lui, ne lui offrait pas de possibilité d'investissement, contrairement au Nigéria. Il serait donc de ce fait plus bénéfique pour les «Camerounais britanniques `' d'opter pour la réunification avec la fédération nigériane, s'ils voulaient un avenir certain.

De plus, en soulignant que la réunification ne faisait pas partie des accords de tutelle, le leader du KNC93(*) remettait en cause la légalité et même la légitimité de la réunification. Le jeu consistait en effet à démontrer à l'organisation mondiale que les partisans de cette doctrine étaient en train d'aller à l'encontre de ce qui avait été initialement prévu par elle et les puissances tutélaires. L'aspiration à la réunification apparaissait dès lors comme un défi lancé à l'organisation de New-York...

Enfin, en évoquant les questions culturelles et « sentimentales `', Endeley entendait prouver à tous qu'une réunification entre Camerounais francophones et anglophones serait culturellement incompatible, les fondements ethnologiques d'un tel avenir ne relevant que de la pure illusion. Car on avait affaire ici à deux peuples qui, du fait colonial, n'avaient rien en commun, des points de vue culturel (en l'occurrence linguistique) et politique. En revanche, ils avaient tout en commun avec les Nigérians, imprégnés comme eux de la culture anglo-saxonne...

En somme, les premières interventions camerounaises dans les tribunes onusiennes entre 1952 et 1959 furent centrées autour de deux principaux éléments, à savoir l'indépendance et la réunification. Ces deux thèses créèrent deux grands camps autant au Cameroun français qu'au Cameroun britannique : un camp radicalisé, et un camp modéré. Cependant, les deux idéologies posèrent des problématiques différentes dans les deux parties de ce qui constituera plus tard le territoire camerounais. Si au Cameroun français on parlait des délais de l'indépendance et de la réunification, au Cameroun britannique, on, ne s'entendait même pas sur la nécessité d'une quelconque réunification. Au Cameroun français, la thèse de l'indépendance immédiate finit tout de même par s'imposer, même si cela n'intervint que dans un contexte purement contraignant. Quant à la question de la réunification, elle fut remise à plus tard par l'organisation internationale.

Ainsi s'achève l'étude d'un pan essentiel de la période du Cameroun sous tutelle onusienne. L'histoire se voulant être la science qui étudie le passé pour mieux comprendre le présent et projeter le futur, il ne serait pas judicieux de boucler cette articulation sans passer cette période de l'histoire du Cameroun sous le crible de la critique.

4. Impact et portée des premières interventions camerounaises à l'ONU

De façon globale, les interventions des nationalistes camerounais aux Nations-Unies se soldèrent par un succès. En effet, le territoire sous tutelle française accéda à la souveraineté internationale. Cela traduisait donc la victoire des revendications des nationalistes camerounais dans les instances de l'organisation mondiale. Cependant, les divergences dont ces revendications furent l'objet entre les protagonistes, ainsi que les différentes manoeuvres qui en découlèrent, ont largement hypothéqué l'avenir du pays. L'impuissance de l'ONU à s'imposer aux puissances tutélaires a eu des incidences à long terme sur le nouvel Etat du Cameroun, surtout sur les plans politique et économique.

Sur le plan politique, l'incapacité de l'ONU à faire triompher les thèses nationalistes initiales et authentiques (celles de l'UPC) a entraîné l'arrivée au pouvoir d'hommes totalement acquis à la cause de la France. Ainsi, le Cameroun entre de pleins pieds dans l'ère du néocolonialisme, avec tous les effets pervers que cela comporte C'est ainsi qu'on se retrouva en train de déclencher et de faire aboutir un processus d'«unité nationale» qui a abouti, le 20 mai 1972, à l'avènement de l'Etat unitaire. En réalité (et ceci est un fait inédit), ce processus n'est que la suite chronologique de la découverte d'importants gisements d'hydrocarbures en zone anglophone, ce qui incita Paris à mettre la pression au pouvoir de Yaoundé dans ce sens.94(*) Les manoeuvres qui aboutirent à ce processus peuvent aisément aider les uns et les autres à comprendre le malaise qui sévit actuellement dans ces zones.95(*)

Sur le plan économique, les principaux aspects qui retiennent l'attention sont les aspects financier et monétaire. En effet, selon les accords de coopération franco-camerounais signés le 13 novembre 1960, la trésorerie camerounaise est totalement assujettie à la trésorerie française. Ainsi, tous les fonds issus des recettes domaniales et fiscales de l'Etat camerounais doivent impérativement transiter vers le trésor français.96(*) Ces accords font en sorte que, pour tout besoin de financement d'un projet quelconque, le gouvernement camerounais doive au préalable se référer à la France. Et très souvent, il ne reçoit pas toujours la somme nécessaire pour la réalisation du projet. Il arrive parfois qu'on se retrouve dans des situations inouïes, comme par exemple celle où l'Etat camerounais se retrouve débiteur de ses propres fonds...97(*) Avec de tels aléas, on peut aisément comprendre que le développement devient fortement hypothéqué.

Un autre aspect qui mérite d'attirer l'attention, c'est l'aspect éducatif. Selon les accords de coopération franco-camerounais susmentionnés, les programmes scolaires et universitaires (même dans les grandes écoles et académies militaires) sont proposés par Paris.98(*) Point n'est besoin de rappeler que bon nombre de ces programmes n'étaient nullement adaptés aux réalités locales. De ce fait, ils ne pouvaient en aucun cas contribuer à booster le développement du pays.

Enfin, ces accords de coopération stipulaient que tout produit acheté à l'étranger doit obligatoirement transiter par les ports français avant d'arriver en terre camerounaise. Cette subordination politique peut avoir pour conséquence l'interception et le remplacement de certains produits dans les ports parisiens lorsqu'ils sont jugés trop bons pour le Cameroun...99(*)

En somme, tous ces effets néfastes des traités franco-camerounais sont issus de l'arrivée au pouvoir d'hommes inféodés à la France, corollaire à l'impuissance des Nations-Unies à faire triompher le vrai nationalisme au Cameroun,100(*) alors sous tutelle onusienne.

Photo N° 1 : Ruben Um Nyobe de retour de l'ONU (New-York)

Source : www.jeuneafrique.com, consulté le 1er mars 2021.

Photo N° 2 : Le Premier Ministre Ahmadou Ahidjo devant le Conseil de tutelle des Nations-Unies en 1958

Source : www.jeuneafrique.com, consulté le 1er mars 2021

Photo N° 3: Arrivée du Premier Ministre du Cameroun britannique (Southern Cameroons), John Ngu Foncha à New-York, février 1959

Source : fr.wikipedia.com, consulé le 1er mars 2021.

II. LES FONDEMENTS DE LA DIPLOMATIE ONUSIENNE DU CAMEROUN

Devenu un Etat souverain le 1er janvier 1960, le Cameroun est admis à l'ONU le 13 septembre de la même année, par la résolution 1476 de l'Assemblée générale100(*). On a déjà eu à le dire plus tôt : le Cameroun est un Etat, et en tant que tel, il a une politique étrangère. Or la politique étrangère d'un Etat, surtout dans le cadre de ses relations avec les autres acteurs de la société internationale, doit être basée sur un certain nombre d'éléments justifiant son engagement dans ces relations. Ainsi, dans cette première partie du deuxième axe de notre étude, nous nous proposons d'examiner les facteurs ayant motivé le Cameroun à adhérer au système onusien en général, et les raisons de sa présence à l'Assemblée générale de ladite organisation en particulier. À ce propos, deux types de facteurs ont été retenus : le facteur historique et idéologique, et les facteurs stratégiques.

1. Les facteurs historique et idéologique

Du point de vue historique, le principal élément qui lie le Cameroun et l'organisation new-yorkaise, c'est la période pendant laquelle ce territoire fut sous la tutelle de ladite organisation. Comme nous nous sommes attelé à le démontrer plus haut, du fait de ce statut, l'organisation internationale a tant bien que mal suivi de près l'évolution politique et socio-économique de ce territoire. En témoignent ses nombreuses missions de visite à l'intérieur du territoire, ainsi que les différentes sessions spéciales qu'elle y consacra dans ses tribunes, notamment à l'Assemblée générale et à la Quatrième Commission du Conseil de tutelle.101(*)

De plus, en sa qualité de tuteur, l'ONU s'est donc, au fil du temps, érigé en une sorte de « mère protectrice `' pour le Cameroun. Vues sous cet angle, les relations entre le Cameroun, alors territoire sous tutelle, et l'ONU, organisation tutrice, ont largement débordé les cadres juridique et politique pour rejoindre les cadres de la psychologie à travers les sentiments.102(*) C'est ce qui ressort du discours du président Biya prononcé le 29 février 1998 à l'occasion de la visite d'un secrétaire général de l'organisation à Yaoundé :«L'Organisation des Nations-Unies (...) a permis à notre jeune nation d'exister Nous sommes tous particulièrement conscients du rôle de l'ONU dans le processus de décolonisation qui a conduit le Cameroun à son indépendance"103(*).

Au plan idéologique, l'adhésion du Cameroun au système onusien peut se comprendre, ou mieux, s'analyser sous deux prismes : le prisme idéologique national et le prisme idéologique onusien.

Parler du prisme idéologique renvoie à certains principes phares de la politique étrangère du Cameroun. Au lendemain de son accession à l'indépendance, le Cameroun se fixe pour principales lignes directrices de politique étrangère la défense de son indépendance et de sa souveraineté nationale et internationale, la coopération et la solidarité internationales, le non-alignement et l'unité africaine. Pour mieux comprendre les premier, deuxième et quatrième principes, il faudrait considérer le contexte de l'après-indépendance dans lequel ils sont énoncés. En effet, le Cameroun, comme l'Afrique en général, sort fraîchement de l'ère coloniale, et entre, vollens nollens, dans la toute nouvelle ère du néocolonialisme. 104(*) Ainsi, les autorités de Yaoundé entendent se joindre à leurs pairs africains pour porter haut ces revendications qui, du reste, sont les problèmes les mieux partagés par les Africains de cette époque.

Il faut ajouter à tout ceci que le continent noir n'est pas encore totalement sorti de l'ère coloniale, et ceci au sens le plus strict du terme. De plus, ledit continent est encore sujet à des maux vicieux tels que le racisme qui se vit notamment en Afrique du Sud et en Rhodésie du Sud (futur Zimbabwe). Toutes choses que le président camerounais d'alors, Ahmadou Ahidjo, considère comme l' `'injustice de ce siècle `'105(*) Ce dernier a donc foi en les tribunes internationales en général, et en les tribunes onusiennes en particulier pour faire résonner et triompher ces idéologies

Le Cameroun prône également le dialogue entre les civilisations (et peuples) du monde. Vu sous cet angle, l'Assemblée générale des Nations-Unies apparaît donc comme la plateforme par excellence pour l'atteinte de ces objectifs.106(*)

Avec l'accession à la magistrature suprême de Paul Biya le 6 novembre 1982, on va assister à une réorientation des principes diplomatiques du Cameroun. Ainsi,l'on projettera désormais de déborder les principes initiaux suscités au profit de trois nouveaux principes, qui s'érigeront aussi en objectifs, à savoir la présence active, la participation effective, et le rayonnement.107(*)

Intimement liés à ces facteurs idéologiques purement camerounais s'ajoutent également des principes onusiens tels la solidarité et la coopération internationale108(*), principes dont le Cameroun entend s'approprier et entend promouvoir au sein des tribunes de l'organisation mondiale.

Au-delà de ces éléments idéologiques qui sou tendent la politique onusienne du Cameroun, il y a également des facteurs stratégiques.

2. Les facteurs stratégiques

Comme il avait déjà été mentionné plus haut, la naissance en 1919 de la Société des Nations marque une toute nouvelle ère dans l'histoire des relations internationales contemporaines, à savoir l'avènement d'une société internationale organisée. Avec la naissance de l'Organisation des Nations-Unies (prolongement de la SDN) le 26 Juin 1945 et la fin de l'affrontement entre les deux blocs (Guerre froide) en 1989, on assiste à l'avènement d'une toute autre ère dans la géopolitique mondiale, laquelle n'est rien d'autre que la suite logique de la première : le multilatéralisme. Il ne faudrait pas oublier un autre élément qui n'est pas de moindre importance par rapport aux deux facteurs suscités : la naissance de nouveaux Etats dans les quatre coins du monde en général, et en Afrique en particulier à partir notamment des années 1960. Le défi des nouveaux Etats est dès lors de s'affirmer sur la scène internationale. Ceci va, entre autres, se matérialiser par l'adhésion de ces derniers à des organisations et mouvements internationaux divers. Outre les organisations à caractère universel comme les Nations-Unies, vont donc naître des organisations intergouvernementales tenant le plus compte des facteurs régionaux, ethnico-identitaires, économiques et stratégiques. On peut entre autres citer les organisations régionales et sous régionales africaines (OUA, UA, UDEAC, UEAC, CEMAC, CEEAC, CEDEAO, UEMOA, SADC...), la Ligue arabe, l'Organisation de la Conférence islamique, 109(*) la Francophonie, le Commonwealth, l'OPEP...110(*)

Toutefois, cette pléiade d'organisations internationales n'enlève pas à l'ONU sa place cardinale dans les relations internationales modernes. L'ONU demeure en effet le socle du multilatéralisme. Vue sous cet angle, l'adhésion audit système d'organisations et à son Assemblée répond donc à un certain nombre d'objectifs et d'enjeux. Avant donc d'entrer de pleins pieds dans les fondements stratégiques de la diplomatie onusienne du Cameroun, nous tenons à préciser que nous analyserons simultanément les fondements globaux de la politique onusienne du Cameroun, ainsi que les fondements spécifiques de ladite diplomatie au sein de l'Assemblée générale.

De prime abord, la diplomatie onusienne du Cameroun s'articule autour des objectifs suivants :

- Assurer la consolidation de l'image de marque du Cameroun sur la scène internationale ;

- Veiller à ce que les positions du Cameroun soient clairement énoncées sur les questions débattues et prises en compte dans les résolutions adoptées ;

- consolider l'amitié et la solidarité avec différents pays du monde.111(*)

Cette panoplie d'objectifs assignés par les politiques camerounais à la diplomatie du pays au sein de l'organisation mondiale dégage également un certain nombre d'intérêts du point de vue de ces dirigeants, à savoir :

- Le rayonnement et la promotion de l'image de marque du Cameroun ;

- De la sauvegarde de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de l'Etat ;

- De la participation du pays à certains organes de l'ONU ;

- de la présence des Camerounais dans les rouages de l'organisation...112(*)

Tels sont donc les objectifs et les intérêts de la diplomatie de l'Etat camerounais dans le système onusien, déroulés par des canaux officiels. Ils paraissent donc assez exhaustifs et explicites pour qu'on ne s'y attarde plus. Néanmoins, il serait utile et nécessaire de se pencher davantage sur quelques points.

Le premier élément qui attire l'attention ici est la question de l'image, dont le prolongement est le concept de l'image de marque. Jean Saucin définit l'image d'une organisation (organisation entendue ici comme Etat) comme «la représentation qu'a le public de l'organisation à travers les différents signes que celle-ci émet». Il poursuit en disant que « c'est l'élément le plus tangible et qui persiste le plus auprès du public `'113(*) Ainsi, le facteur de l'image peut justifier la diplomatie onusienne du Cameroun dans un sens double : la recherche de la reconnaissance auprès de ses pairs (les autres membres de l'Assemblée générale, et plus globalement, du système onusien), et la recherche du rayonnement, ces deux éléments étant intimement liés.

Il convient de rappeler d'emblée que le Cameroun est un jeune et nouvel Etat dans le système international.114(*) Ayant déjà obtenu la reconnaissance de l'ensemble de la communauté internationale, il a donc pour défi et enjeu majeurs de se faire remarquer par celle-ci comme entité distincte et spéciale de la géopolitique internationale. L'Assemblée générale des Nations-Unies, rassemblement de la quasi-totalité des Etats de la planète, apparaît de ce fait comme une plateforme idéale. Ceci sans oublier que, comme tout Etat dans le monde, le Cameroun peut connaître des moments de crise, lesquelles crises peuvent parfois aller jusqu'à altérer son image et sa réputation auprès de l'opinion publique internationale. Vue sous cet angle, l'Assemblée générale de l'ONU apparaît également comme un lieu par excellence d'éventuelles communications de crise, visant à protéger, à préserver et à restaurer en tant que de besoin l'image du pays.

Le deuxième élément sur lequel il serait judicieux de s'attarder ici est le deuxième objectif ci-haut déroulé, à savoir « veiller à ce que les positions du Cameroun soient clairement énoncées lors des questions débattues et prises en compte dans les résolutions adoptées `'. De cet objectif ainsi formulé, il ressort que le Cameroun entend, par son adhésion au système des Nations-Unies et par ricochet à son Assemblée générale, influencer le cours des relations internationales. L'Organisation de New-York devient donc de ce fait pour les autorités de Yaoundé un instrument de ce qu'on pourrait appeler à juste titre « la diplomatie de puissance `'.

Par ailleurs, l'Assemblée générale de l'ONU regroupe quasiment tous les Etats de la planète. Certains de ces Etats ont des particularités bien précises : d'aucuns sont des puissances économiques et technologiques (Japon, Allemagne, Corée du Sud...) ; d'autres sont à la fois des puissances économiques, technologiques, politiques et militaires (USA, Chine, Russie, France, Royaume Uni). Ainsi, la présence du Cameroun aux Nations-Unies lui offre donc non seulement l'occasion de faire d'utiles rencontres, mais également l'opportunité de nouer des partenariats stratégiques avec des puissances stratégiques, lesquelles puissances peuvent concourir non seulement à l'accompagner dans sa politique de développement, mais peuvent aussi lui être utiles pour d'éventuels lobbyings, en tant que de besoin. Tout ceci explique donc le désir de Yaoundé de «consolider l'amitié et la solidarité avec différents pays du monde».

De plus, cette idéologie s'impose d'autant plus que depuis son accession à l'indépendance, le Cameroun fait face à plusieurs contraintes intérieures : rébellion upéciste durant les onze premières années de son existence, récession économique depuis la fin des années 1980, et très récemment, des crises sécuritaires dans différents coins du pays.115(*) La présence du pays à New-York lui offre donc l'occasion d'accéder aux partenaires bilatéraux en matière économique et sécuritaire, aussi bien qu'elle lui ouvre l'accès à des partenaires économiques et financiers onusiens de choix tel que le Fonds Monétaire International et la Banque mondiale.

Nicolas Machiavel disait en son temps que le système international était essentiellement dominé par la loi du plus fort. Selon lui, «c'est chose vraiment tout à fait naturelle et ordinaire que de désirer d'acquérir (...)».116(*) Ainsi, selon le philosophe et conseiller politique florentin, le système international est essentiellement caractérisé par le désir constant des plus forts de dominer les plus faibles. Même si de nos jours cette dynamique n'a plus pour objet final la conquête par une grande puissance d'un territoire ou d'une portion de territoire appartenant à un Etat faible (du moins le principe n'est plus officiel et légitime), elle n'est pas moins ardente et continue de se manifester sous des formes tout aussi flagrantes tel que les ingérences et les interventions diverses dans les affaires internes de ces Etats. C'est conscient de cette dure réalité de la vie internationale que le Cameroun s'appuie sur les principes de sauvegarde de la souveraineté et de l'intégrité territoriale comme fondement de sa politique onusienne.

Dans le même ordre d'idée, le Cameroun est également conscient que ce fait n'est pas un apanage à lui tout seul. C'est pourquoi il se veut également porteur au sein de l'Assemblée générale onusienne, de la voix de l'Afrique opprimée et dominée. Écoutons à ce propos le président Paul Biya : «En définitive, la politique étrangère du Cameroun s'impose comme une exigence de contribution courageuse et généreuse de libération des peuples».117(*)

En ce sens, pour autant que la politique onusienne du pays est donc concernée, le chef de l'Etat camerounais entend donc faire de son pays « la voix des sans voix `'. Pour parler comme Yves Alexandre Chouala, l'Assemblée générale des Nations-Unies se présente pour le pays de Paul Biya comme « un creuset des nationalismes `' et `' un cadre idéal pour la libération et le progrès `'. 118(*)

Enfin, le dernier facteur stratégique qui peut justifier la présence camerounaise à l'ONU est la coercition. En effet, selon Guillaume Devin et Marie-Claude Smouts, « la coopération (multilatérale) peut être aiguillonnée par des dispositions de nature coercitive. Un acteur plus puissant et/ou un régime de sanctions contraignent d'autres acteurs à rallier un jeu coopératif qui n'était pas souhaité initialement ou à s'y maintenir malgré les velléités de défection `'.119(*) L'Organisation des Nations-Unies, point de rencontre entre les puissances du globe, apparait ainsi comme une garantie pour Yaoundé contre toute velléité préjudiciable d'une de ces puissances.

En grosso modo, les fondements de la diplomatie onusienne du Cameroun peuvent se résumer dans les quatre mots suivants : image, rayonnement, sécurité et développement Parler des généralités de la diplomatie onusienne du Cameroun sans en évoquer les bases fondamentales n'eût été qu'incongruité, tant cet aspect est crucial pour la compréhension des faits qui vont être évoqués et analysés dans la suite de cette étude. Toute aussi cruciale est la connaissance des différentes chaînes d'acteurs qui interviennent dans ladite diplomatie. Car, faudrait-il le rappeler, «il n'est de richesse que d'hommes».

III. TYPOLOGIE DES PERSONNELS

La diplomatie multilatérale d'un Etat suppose l'implication de diverses catégories d'acteurs ou d'intervenants : les acteurs étatiques, les acteurs diplomatiques, les élites intellectuelles, les personnels militaires... Comme énoncé par la thématique, pour autant que la diplomatie camerounaise à l'Assemblée générale des Nations-Unies est concernée, nous nous sommes intéressé à deux catégories particulières d'acteurs, à savoir les acteurs politiques et les acteurs diplomatiques. Ici, il s'agira de classifier ces différents types d'acteurs selon les différentes strates spécifiques auxquelles ils appartiennent dans les deux grands ensembles globaux suscités, tout en mettant l'accent sur le rôle joué par chacun d'entre eux.

1. Les acteurs politiques

Le mot «politique» dérive du grec ancien polis, qui veut dire «cité». Ainsi, la politique renvoie à «la gestion des affaires de la cité».120(*) En procédant à une transposition contextuelle par rapport à l'époque contemporaine, on pourrait définir la politique comme étant la gestion des affaires d'un Etat. Cette gestion implique l'intervention de deux principales catégories d'acteurs. D'une part, nous avons les acteurs de ce que Montesquieu appelle «les trois pouvoirs», et d'autre part, nous avons ceux de l'opposition.

Du côté des «trois pouvoirs», on distingue le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. Le pouvoir exécutif, dont les principaux maillons sont généralement le chef de l'Etat et le gouvernement, est chargé de la définition et de la mise en oeuvre de la politique générale de la Nation. Le pouvoir législatif, dont les acteurs majeurs sont les parlementaires, est chargé, entre autres, du vote des lois et du contrôle de l'action gouvernementale ; le pouvoir judiciaire, lui, est globalement chargé de l'administration de la justice et de la gestion des fonctionnaires dudit corps.

Comme son nom l'indique, l'opposition désigne l'ensemble des forces politiques opposées au régime gouvernant d'un pays. Cependant, il peut arriver (ce qui est d'ailleurs très récurrent) qu'il y'ait interaction entre les acteurs de l'une comme de l'autre catégorie. Par exemple, des opposants peuvent être soit membres du gouvernement, soit membres du parlement, le second cas étant le plus courant.

Toutes ces catégories d'acteurs politiques peuvent intervenir, à des degrés divers, dans le jeu diplomatique (multilatéral, plus précisément) d'un Etat. Toutefois, dans le cadre de cette analyse, nous nous limiterons aux seuls acteurs du pouvoir exécutif, en nous focalisant notamment sur le Président de la République et le Ministre des Relations extérieures.

Aux termes des dispositions pertinentes des articles 5 (al. 2), et 8 (al. 1, 4 et 9) de la Loi fondamentale du 18 janvier 1996, le Président de la République :

- Définit la politique de la Nation ;

- Représente l'Etat dans tous les actes de la vie publique ;

- Accrédite les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires auprès des puissances étrangères ;

- Crée et organise les services publics de l'Etat.

A ces textes de la Loi fondamentale suscitée, on pourrait ajouter l'article 10 alinéa 1 selon lequel « le Chef de l'Etat nomme le Premier ministre, et sur proposition de celui-ci, les autres membres du Gouvernement''.

De ces textes ainsi cités, l'on peut faire, ou mieux, tirer un certain nombre d'interprétations quant au rôle joué par le chef de l'Etat dans la diplomatie onusienne du Cameroun.

Premièrement, sa qualité de définisseur de la politique générale de la Nation stipule qu'il est, entre autres, l'ordonnateur de la politique étrangère du pays. Ceci signifie donc que les différentes lignes de la politique onusienne du Cameroun sont définies et arrêtées depuis la Présidence de la République. Le locataire des lieux dispose certes, d'un conseiller spécial en charge des affaires diplomatiques,121(*) tout comme il existe, dans l'architecture gouvernementale, un département en charge des relations extérieures.

De plus, le président de la République, chef de l'Etat, représente l'Etat dans tous les actes de la vie publique, c'est-à-dire aussi bien dans la vie publique intérieure que dans la vie publique internationale. En prenant aussi en compte le fait que le Président de la République, de par sa qualité d'élu de la nation toute entière, incarne en quelque sorte la nation camerounaise et l'Etat camerounais, on peut donc déduire que ce dernier est le représentant, le porte-parole naturel et légitime du Cameroun auprès des instances internationales, et par ricochet de l'instance suprême qui est l'Assemblée générale des Nations-Unies.

Les alinéas 1, 4 et 9 de l'article 8 édifient sur le fait que ce dernier est le seul compétent pour organiser les services centraux en charge de l'élaboration, de la mise en oeuvre et de la coordination des affaires étrangères de l'Etat. Il dispose également des mêmes pouvoirs pour ce qui est des services diplomatiques déconcentrés de l'Etat.

Au total, le Président de la République est l'ordonnateur, le coordonnateur, bref, le « chef suprême `' de la politique onusienne du Cameroun.

Tableau 1 : Les présidents de la République du Cameroun et leurs principales interventions aux sessions de l'Assemblée générale des Nations-Unies

Présidents

Année d'intervention

Idée(s) forte(s)

Ahmadou Ahidjo

1969

Présentation du manifeste de Lusaka condamnant les régimes racistes en Afrique du Sud et en Namibie

 

1971

Reconnaissance de la République Populaire de Chine

Paul Biya

1996

Revendication d'une réforme du système onusien

 

2000, 2010, 2017

Appel à la mise sur pieds d'un observatoire international d'éthique

 

2005

Appel à une réforme du Conseil de Sécurité et à l'adoption de mesures économiques et commerciales en faveur des pays africains

 

2008

Appel pour une synergie globale pour la lutte contre la crise alimentaire mondiale

 

2009

Réforme, rénovation et revitalisation du système onusien

Source : Tableau réalisé par l'auteur à base des Archives du Cabinet Civil de la Présidence de la République et de la Mission Permanente du Cameroun auprès des Nations-Unies

Le Ministère des Relations extérieures est quant à lui chargé d'assurer la mise en oeuvre de la politique des relations extérieures arrêtée par le Président de la République. À ce titre, il est chargé entre autres des relations avec les États étrangers, les organisations internationales et les autres sujets de la communauté internationale ; de la gestion des carrières des personnels diplomatiques.

En outre, il concourt à l'information des gouvernements étrangers, de leur opinion publique, ainsi que des organisations internationales en ce qui concerne le développement politique, économique, social et culturel du Cameroun (...).122(*)

De cet extrait de décret, on peut retenir trois à quatre principales fonctions du Ministère des Relations extérieures dans le système diplomatique camerounais en général, et dans la diplomatie onusienne du Cameroun en particulier.

Premièrement, c'est l'institution compétente en matière de coordination des relations bilatérales Cameroun-ONU. Autrement dit, le MINREX est l'organe du pouvoir central de Yaoundé qui assure, pour le compte de ce dernier, la liaison avec l'organisation de Brooklyn. C'est donc une espèce de courroie de transmission entre la Présidence de la République du Cameroun et les hautes instances des Nations-Unies.

Deuxièmement, ce texte révèle que le MINREX, organe compétent en matière de coordination des affaires étrangères de l'État camerounais, est également l'organe compétent en matière de gestion des ressources humaines du corps diplomatique dudit État. Ce dernier point suggère deux choses.

D'une part, on peut être tenté de croire que c'est ce département ministériel qui propose au chef de l'Etat, chef de la diplomatie camerounaise, les personnels à nommer aux fonctions de représentant permanent du Cameroun auprès des Nations-Unies. D'autre part, on considérer ledit département comme centre d'émanation des instructions du pouvoir central vers les diplomates camerounais en poste à New-York.

On pourrait même aller jusqu'à affirmer que le ministre en charge des relations extérieures a son mot à dire pour ce qui de l'opportunité de nommer lesdits diplomates... Mais ici, la réalité est toute autre.

De par l'extrait de décret ci-dessus, l'on apprend que le Ministère des Relations extérieures est chargé, entre autres, d'informer l'opinion publique internationale des questions relatives à l'évolution politique, économique, sociale et culturelle du pays. Lorsqu'on sait que cette évolution peut ne pas être toujours positive (et par conséquent peut impacter négativement l'image du Cameroun), on peut donc déduire que l'une de ses fonctions consiste également à protéger, à défendre et à préserver l'image du Cameroun à l'international, et par ricochet auprès des Nations-Unies.

Le MINREX peut aussi bénéficier de certaines délégations de la part du chef de l'Etat. Il s'agit notamment de la délégation de représentation, en cas d'empêchement de ce dernier. À titre d'exemple, les discours présidentiels de 1997 et de 2017, pour ne citer que ces deux exemples, ont été prononcés par des ministres des relations extérieures.

Enfin, le ministre des relations extérieures, tel que défini par le préambule de l'article 2 du présent décret, est chargé de l'élaboration et de la mise en oeuvre de la politique des relations extérieures arrêtée et définie par le président de la République. Il apparaît donc à la fois comme un stratège et un exécutant de ladite politique, et par ricochet, de la politique onusienne.

Tableau 2 : Les ministres des Relations extérieures du Cameroun depuis 1960

MINISTRES

DATE DE NOMINATION

FIN DE FONCTION

Charles Okala

16-05-1960

20-10-1961

Jean-François Bétayéné

20-10-1961

01-07-1964

Benoît Balla

01-07-1964

25-05-1965

Simon Nko'o Etoungou

25-05-1965

20-05-1967

Benoît Bindzi

20-05-1967

15-01-1968

Simon Nko'o Etoungou

15-01-1968

12-06-1970

Raymond Nthepe

12-06-1970

25-01-1971

Jean Keutcha

25-01-1971

03-07-1972

Victor Efon

03-07-1972

30-06-1975

Jean Keutcha

30-06-1975

17-07-1980

Paul Dontsop

17-07-1980

12-04-1983

Félix Tonye Mbog

12-04-1983

07-07-1984

William Etéki Mboumoua

07-07-1984

23-01-1987

Paul Mataga

23-01-1987

16-05-1988

Jacques Roger Booh Booh

16-05-1988

27-11-1992

Ferdinand Léopold Oyono

27-11-1992

09-04-1997

Augustin Kontchou Kuomegni

09-04-1997

27-04-2001

François Xavier Ngoubeyou

27-04-2001

07-12-2004

Laurent Esso

07-12-2004

07-09-2006

Jean-Marie Atangana Mebara

07-09-2006

07-09-2007

Henri Eyebe Ayissi

07-09-2007

09-12-2011

Pierre Moukonko Mbonjo

09-12-2011

02-10-2015

Lejeune Mbella Mbella

Depuis le 02-10-2015

 

Sources : Narcisse Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, Paris, L'Harmattan, 1996, p. 33 ; http://mobilecamerounweb.com; Poste National de la CRTV, Journal de 17 h, 02-10-2015.

2. Les acteurs diplomatiques

Claude Cheysson, ancien ministre français des Relations extérieures, justifiait ainsi le remplacement nominal du Ministère des Affaires étrangères intervenu dans son pays en 1981 : « Nous voulons simplement manifester notre volonté d'exprimer en politique étrangère nos préoccupations intérieures `'.123(*) Ainsi, pour l'ancien chef de la diplomatie française, la politique extérieure d'un État n'est rien d'autre que la continuation de sa politique intérieure. Autrement dit, la politique étrangère est au service de la politique intérieure. Ceci suppose donc la présence à l'extérieur d'hommes et de femmes qui sont en réalité la continuation des leaders du pouvoir central. Ceux-ci sont généralement appelés diplomates. Aucun État moderne n'échappe à cette configuration traditionnelle du système international contemporain. L'État du Cameroun dispose donc, au même titre que les autres pays membres de l'Organisation des Nations-Unies, d'un représentant permanent auprès de ladite organisation à New-York et auprès de l'Office des Nations-Unies à Genève. Représentant direct du gouvernement camerounais en général et du chef de l'État en particulier, c'est lui qui incarne l'État camerounais auprès de la haute hiérarchie du système onusien. A ce titre, il peut jouer plusieurs rôles.

Rôle de représentation dans les sommets du système onusien

Ici, trois principaux aspects peuvent être considérés : la délégation de prérogatives, la défense des intérêts nationaux, et l'aspect communicationnel.

La délégation de prérogatives sou tend à notre sens deux principaux cas : la représentation générale et la représentation fonctionnelle. Le premier cas est celui le plus classique. En effet, il peut arriver qu'en l'absence de représentants du pouvoir central (en l'occurrence le Président de la République ou le Ministre des Relations extérieures), le représentant permanent du Cameroun auprès des Nations-Unies ait à assister en leur lieu et place à des sommets d'organismes onusiens, notamment l'Assemblée générale et le Conseil de Sécurité.

Dans le même ordre d'idées, ce dernier peut également être amené à présider, au nom de son État accréditant, des sessions des hautes instances de ladite organisation. A ce propos, notons que la session du Conseil de sécurité de 2003 au cours de laquelle l'organisation mondiale devait se prononcer sur l'intervention américaine en Iraq fut présidée par un Camerounais, en la personne de l'ancien directeur du Cabinet civil de la Présidence de la République, Martin Belinga Eboutou.124(*)

Enfin, le représentant permanent du Cameroun à l'ONU peut être appelé à participer à des commissions spécifiques lors des sommets internationaux (voir chapitre suivant).

Pour ce qui est de la défense des intérêts nationaux, deux cas peuvent être considérés, à savoir les situations conflictuelles avec les autres États (cas du conflit de Bakassi), ainsi que la protection et la défense de l'image du pays devant les instances de l'Organisation. Le second cas est beaucoup plus valable lorsqu'il survient des événements ou des crises susceptibles d'écorner l'image du Cameroun sur la scène internationale. 125(*)

Étroitement lié à la défense des intérêts de l'État, l'aspect communicationnel fait du représentant camerounais auprès de l'ONU le porte-parole de son pays auprès de ladite organisation. En cette qualité, il est le principal dépositaire des pouvoirs des autorités de Yaoundé en matière de protection, de promotion, et de défense de l'image et des positions camerounaises devant les hautes instances onusiennes, en l'occurrence l'Assemblée générale.

Rôle fonctionnel

Outre les différentes fonctions représentatives citées ci-dessus, l'ambassadeur camerounais auprès des Nations-Unies peut également bénéficier de la recommandation du pouvoir central pour des postes à pourvoir dans le système de l'organisation pour des ressortissants du pays. Ainsi en fut-il pour Martin Belinga Eboutou (ancien président de l'Autorité Internationale des Fonds marins) et de Michel Tommo Monthé (ancien membre du Conseil des Nations-Unies pour les Droits de l'Homme).126(*) Vu sous cet angle, le poste de représentant permanent aux Nations-Unies apparaît donc comme un excellent tremplin pour l'État camerounais en matière d'insertion de ses ressortissants dans la fonction publique onusienne.

Tableau 3 : Les représentants du Cameroun à l'ONU depuis 1960

Représentants

Intervalle de fonction

Raymond Nthépé

1960-1962

Benoît Bindzi

1962-1966

Owono Nkoudou Joseph

1966-1967

Michel Njine

1967-1974

Ferdinand Oyono

1974-1982

Paul Bamela Engo

1984-1990

Pascal Biloa Tang

Martin Belinga Eboutou

Michel Tommo Monthé

1990-1995

1997-2007

Depuis 2008

Source : Narcisse Mouelle Kombi,La politique étrangère...p. 26 ; www.cameroon-info.net; http://www.wikipedia.org; Archives de la Direction des Nations-Unies et de la Coopération Décentralisée(Ministère des Relations Extérieures), `'Les représentants permanents du Cameroun aux Nations-Unies depuis 1960 jusqu'à nos jours'' (archives photographiques).

Au total, les acteurs politiques et diplomatiques jouent, dans la politique onusienne du Cameroun, des fonctions respectives d'ordonnateur, de coordonnateur et d'exécutants. Au regard donc de la complexité et de l'importance des enjeux y afférents, le choix desdits acteurs ne saurait relever du hasard. Il fait appel à un certain nombre de critères souvent variables, mais non négligeables.

IV. LES CRITERES DE DESIGNATION DES ACTEURS

Deux grandes catégories d'acteurs interviennent dans la diplomatie onusienne du Cameroun, à savoir les acteurs centraux (le Président de la République et le ministre en charge des Relations extérieures), et les acteurs « déconcentrés `' (les diplomates). Ceux-ci interviennent respectivement comme ordonnateurs, coordonnateurs et exécutants de la politique onusienne du pays. Au regard des enjeux qui sou tendent cette coopération, il est donc évident que le choix des intervenants, loin d'être une résultante du hasard ou de la fantaisie, réponde toujours à des critères bien définis. Ceux-ci sont généralement de trois natures : académique ou technique, politique et stratégique.127(*)

1. Les critères académiques ou techniques

Les critères académiques ou techniques pour être désigné aux fonctions de ministre des Relations extérieures ou de représentant permanent auprès du Système des Nations-Unies tiennent généralement compte de deux facteurs : le facteur intellectuel et le facteur du parcours professionnel des intéressés. Parlant des ministres des Relations extérieures, ces deux facteurs (surtout le premier) sont devenus très cruciaux sous le président Biya. Pour mieux le comprendre, il conviendrait de nous intéresser un peu plus en détail au curriculum vitae de quelques-uns d'entre eux.

De prime abord, il est clair que sous le magistère de Paul Biya, la plupart des ministres des Relations extérieures étaient soit des diplomates de carrière, soit des diplomates de par le parcours professionnel, soit des diplômés en droit, en sciences politiques ou en relations internationales. Dans les premier et deuxième cas, on a les exemples de William Etéki Mboumoua, ancien secrétaire général de l'OUA, et conseiller diplomatique du président Ahidjo, Ferdinand Léopold Oyono, qui aura été, entre autres, et ce, pendant plus de treize ans, représentant permanent du Cameroun auprès du système onusien ; il y a également les cas de François Xavier Ngoubeyou, ancien directeur en charge de la division Asie-Afrique au Ministère des Affaires étrangères, ancien adjoint au représentant permanent du Cameroun auprès des Nations-Unies, et ancien ambassadeur du Cameroun en Suisse, ainsi que celui de l'actuel ministre des Relations extérieures, Lejeune Mbella Mbella, qui fut, entre autres, ambassadeur du Cameroun en France, et ce pendant près de dix ans (2006-2015).128(*)

De façon générale, la désignation au poste de ministre des Relations extérieures commande au préalable pour l'intéressé d'avoir déjà flirté avec le monde diplomatique soit au niveau central, soit à l'extérieur.

Dans le même sciage, le parcours universitaire des intéressés apparaît également comme un facteur crucial. On peut en effet constater que sous l'ère Biya, la plupart des patrons de ce département ministériel sont titulaires d'un diplôme en droit, en sciences politiques, en relations internationales ou sont diplômés d'une grande académie de formation en sciences politiques, administratives et/ou diplomatique. À ce propos, on a les cas de Benoît Bindzi, Nko'o Etoungou et Raymond Nthépé (qui obtinrent le statut de diplomate après un stage effectué à l'ENA et au ministère français des Affaires étrangères129(*)) ; Jacques Roger Booh Booh (titulaire d'un Doctorat d'Etat en Droit et ancien ambassadeur),130(*) Ferdinand Oyono (titulaire d'un Diplôme d'études supérieures en Droit public et diplômé de la section diplomatique de l'ENA),131(*) Henri Eyebe Ayissi (titulaire d'un Doctorat en Droit public),132(*) Pierre Moukoko Mbonjo (titulaire d'un Doctorat d'Etat en Sciences politiques et diplômé de Sciences Po Paris en Relations internationales)133(*), et Lejeune Mbella Mbella, titulaire d'un doctorat en Sciences politiques et relations internationales.134(*)
De façon globale, les mêmes critères s'appliquent également aux membres du corps diplomatique. Toutefois, leur itinéraire fut assez particulier.

Dans les premières années de l'indépendance et même avant (à quelques rares exceptions près comme Ferdinand Oyono), bon nombre de diplomates camerounais furent recrutés sur la base des trois critères suivants : l'envoi en stage, les recrutements directs, et l'emprunt aux fonctionnaires d'autres corps.135(*) On va assister à une évolution de la donne avec la création, en 1971, de l'Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC) qui va devenir le centre de formation par excellence des diplomates camerounais. Ainsi, les représentants de Yaoundé à New-York n'échapperont pas, dans l'ensemble, à cette trajectoire qui fut celle de bon nombre de diplomates camerounais. Toutefois, on notera ici la prégnance des critères techniques, impliquant à la fois le volet académique et le cursus professionnel des intéressés. À titre d'illustration, on peut citer les cas de Ferdinand Oyono, Pascal Biloa Tang (diplômé en Droit public, en sciences politiques, et ayant occupé, entre autres, les fonctions de directeur au ministère des Affaires étrangères), Martin Belinga Eboutou (titulaire d'un doctorat en Droit, diplômé de la section diplomatique de l'ENA, ancien directeur du Protocole d'Etat à la Présidence de la République et chef du service des organisations internationales au ministère des Affaires étrangères)136(*), et Michel Tommo Monthé (titulaire d'un doctorat en relations internationales et ancien chargé de mission à la Présidence de la République).137(*)

Ces critères académiques et techniques peuvent parfois revêtir des caractères politiques et stratégiques.

2. Les critères politiques et stratégiques

Étroitement liés aux critères académiques et techniques évoqués plus haut, les critères politiques et stratégiques tiennent également compte d'un certain nombre de facteurs tant subjectifs qu'objectifs, de même que les aspects politiques et stratégiques dans la désignation des acteurs de la diplomatie onusienne du Cameroun se confondent parfois, pour ne pas dire très souvent, tant ils sont intimement liés.

De prime abord, on notera qu'à la veille comme aux toutes premières heures de l'accession du Cameroun à l'indépendance et à la souveraineté internationale, les critères de choix des acteurs de la diplomatie camerounaise en général et de la diplomatie onusienne du Cameroun en particulier furent essentiellement politiques, et donc, dans une certaine mesure, subjectifs. En effet, lorsqu'on examine minutieusement les profils des premiers diplomates camerounais, on se rend compte qu'ils furent, pour la plupart, et chacun à un certain degré, des proches, des amis du président camerounais d'alors, Ahmadou Ahidjo. Ainsi en est-il par exemple de Christian-Tobie Kuoh et Haman Dicko, Charles Okala et Jean François Bétayéné, futur ambassadeur pour le premier, et futurs ministres des Affaires étrangères pour les deux derniers. Il conviendrait de souligner que ces quatre personnalités furent d'une très grande aide et d'un très grand soutien dans l'ascension politique de l'ancien chef de l'Etat. Leur désignation apparaît donc ainsi comme une application de la règle selon laquelle « la politique est un jeu de donnant-donné `'. En d'autres termes, la désignation et la nomination de ces personnalités à des responsabilités politico-diplomatiques relève d'une récompense politique de la part du décideur. Néanmoins, il faudrait relever que certaines d'entre ces personnes avaient dans leur manche un certain nombre d'atouts, à l'instar d'Okala. Ancien sénateur à l'Union française, fervent défenseur des causes gouvernementales et coloniales à la tribune des Nations-Unies, il apparaît donc comme une personne assez rôdée pour défendre les intérêts du Cameroun et de son dirigeant sur la scène internationale, surtout dans ce contexte où une grande partie de la communauté internationale se montrait plutôt hostile au gouvernement camerounais en place.138(*)

De plus, en sa qualité d'ancien sénateur à l'Union française, Okala dispose également d'un autre atout : disposant potentiellement de nombreuses et solides relations nouées à Paris tout au long de son séjour au palais Bourbon, il se présente ainsi comme une courroie de transmission solide entre Paris et Yaoundé. Or, faudrait-il le rappeler, l'assistance française est très capitale au Cameroun en ce moment où le pays fait face à de très graves troubles internes et à une récession économique, conséquence de ces troubles.

Les bases de la diplomatie camerounaise ainsi jetées dès les premières heures de l'indépendance sont celles qui vont prévaloir à long terme, même si viendront s'ajouter par la suite les valeurs académiques et techniques mis en exergue plus haut. À l'analyse, parler de critères stratégiques dans le choix des acteurs à la fois de la politique étrangère et de la politique onusienne du Cameroun renvoie à trois éléments essentiels, certains rejoignant parfois ceux des premiers critères cités plus haut : l'expérience dans l'administration des affaires diplomatiques ou politiques, l'expérience dans la fonction publique internationale, et l'expérience académique.

Si la nomination à des fonctions de responsabilité dans les affaires diplomatiques commande, entre autres, un parcours atypique préalable pour les intéressés, cela implique la maîtrise et la connaissance par ces derniers, des rouages et des enjeux d'un domaine aussi crucial et délicat que la coopération entre le Cameroun et l'ONU. Ce facteur constitue également un tremplin pour l'accession à des hautes fonctions dans le système onusien. Dans le premier cas de figure, on peut citer, en guise d'illustration, les cas de Martin Belinga Eboutou et de Michel Tommo Monthé qui, fort de leur expérience aussi bien dans les services de la Présidence de la République qu'au Ministère des Affaires étrangères, se sont vu confier, respectivement la présidence du Conseil de sécurité et la vice-présidence de l'Assemblée générale. Le cas le plus illustrant est cependant celui de Martin Belinga Eboutou, car, faudrait-il le rappeler, la présidence du Conseil de sécurité lui a été confiée au moment où ladite instance devait se prononcer sur une question à la fois complexe et notoire, à savoir l'intervention américaine en Iraq.139(*) Ainsi, la considération par le décideur du facteur parcours entre également en droite ligne avec la politique et la stratégie camerounaise de placement des nationaux dans la fonction publique onusienne.

L'expérience dans la fonction publique internationale quant à elle, outre qu'elle implique également la maîtrise des rouages et des enjeux du monde diplomatique par les intéressés, les pare également d'un autre atout, à savoir celui de la reconnaissance internationale, laquelle implique à son tour la détention d'un « carnet d'adresses `' consistant pour les personnes concernées, facteur crucial pour d'éventuels jeux de lobbying. Ainsi en est-il de Ferdinand Oyono et de William Etéki Mboumoua. Le premier avait déjà commencé par établir sa notoriété sur le plan culturel, 140(*) avant de se rôder pendant plus de vingt années dans le système international, dont environ une quinzaine dans le système onusien. Cette notoriété internationale lui a valu d'occuper, entre autres, les fonctions de ministre des relations extérieures et d'être, jusqu'à sa mort, une éminence grise de la diplomatie camerounaise.141(*) Pour le second, sa qualité d'ancien secrétaire général de l'Organisation de l'Unité africaine n'aura certainement pas été étrangère à sa désignation, en 1984, au poste de ministre des Affaires étrangères.

Au même titre que le facteur du parcours, le facteur de l'expérience académique implique la connaissance par le « candidat `' au poste de ministre des Relations extérieures ou de représentant permanent du Cameroun à l'ONU la connaissance des enjeux et rouages du système diplomatique, lorsqu'on considère par ailleurs qu'une carrière universitaire peut aussi ouvrir la voie à une carrière de consultant dans diverses instances internationales. De ce qui précède, on pourrait donc déduire que c'est sans doute dans cet ordre d'idée que les Professeurs Moukoko Mbonjo et Augustin Kontchou Kuomegni, éminences grises des sciences politiques et des relations internationales, ont été nommés aux fonctions de ministre des relations extérieures, respectivement les 09 avril 1997 et 09 décembre 2011.

Enfin, à travers le cas de Ferdinand Oyono, on apprend également que la notoriété personnelle, indépendamment de l'expérience politico-diplomatique des postulants, peut également constituer un atout stratégique majeur dans le choix des acteurs de la diplomatie onusienne du Cameroun. En effet, il demeure certain que la notoriété acquise par Oyono grâce à ses trois oeuvres littéraires que nous avons déjà eu à citer, n'a pas échappé au président Ahidjo lorsqu'il décidait de faire de lui, à l'aube de l'indépendance, le représentant permanent du Cameroun aux Nations-Unies.

Le régime de tutelle, naquit à la suite de la dissolution de la SDN au profit de l'Organisation des Nations-Unies. Il revêtait un enjeu global (la libération des peuples dominés), et des enjeux spécifiques pour le Cameroun (maintien du futur Etat indépendant dans le giron des anciennes puissances coloniales, et l'avenir des politiciens autochtones dans le jeu politique dudit Etat). C'est fort de ce vent de liberté général et des aléas de la politique intérieure que les nationalistes camerounais exportèrent leurs velléités dans les tribunes onusiennes.

Toutefois, leurs revendications étaient loin d'être convergentes. Si les uns militaient pour une indépendance immédiate précédée par une réunification des deux Cameroun, les autres militaient en faveur d'une indépendance progressive, remettant la question de la réunification à plus tard. Les thèses des seconds l'emportèrent, conduisant de ce fait à l'accession de ces derniers à la tête du nouvel Etat.

Du fait que le nationalisme camerounais ait été confisqué par des «pseudo-nationalistes», cette indépendance fut taxée de «fantoche» par une bonne partie de l'opinion nationale et internationale. La fin de la période de tutelle ne mettra cependant pas fin aux relations Cameroun-ONU., et ceci pour bon nombre de raisons.

Au lendemain de son accession à l'indépendance, le Cameroun fait face à de graves troubles internes matérialisés par la guérilla upéciste, et à une récession économique subséquente. Bien que ces troubles aient pris fin à 1971 avec l'exécution d'Ernest Ouandié, dernier chef notoire de cette guérilla, et bien que le Cameroun ait connu, à partir de cette décennie 1970, une prospérité particulièrement remarquable, il ne demeurera cependant pas un ilot de paix, de sécurité et de prospérité. En effet, depuis la fin des années 1980, le pays fait face à de nombreuses difficultés : troubles internes avec ce qu'on a appelé «les années de braise»,142(*) récession économique, et depuis une période très récente attentats terroristes dans la partie septentrionale et anglophone du pays. Il ne faudrait pas perdre de vue que le pays appartient à l'ensemble appelé régulièrement «le Tiers-Monde », c'est-à-dire au groupe de ceux que Bertrand Badié appelle «les humiliés des relations internationales».

Tout cet ensemble de faits justifie la présence du Cameroun dans des instances internationales comme l'Assemblée générale des Nations-Unies, instance qui constitue une occasion d'utiles rencontres. Les acteurs les plus actifs dans ce volet de la diplomatie camerounaise sont, outre le Président de la République qui assure les fonctions d'élaborateur et d'ordonnateur, le ministre des Relations extérieures et le représentant camerounais à l'ONU, lesquels jouent les rôles respectifs de coordonnateur et de porte-étendard. Ces derniers sont généralement choisis en fonction de leurs compétences académiques et/ou de leur expérience professionnelle, parfois aussi en fonction de leur proximité avec le chef de l'Etat, chef suprême de la diplomatie camerounaise. Au rang de leurs nombreuses missions, on a la défense des intérêts et de l'image de leur pays

CHAPITRE II :

LES ACTEURS POLITIQUES ET DIPLOMATIQUES CAMEROUNAIS DANS LA DÉFENSE DES INTÉRÊTS DU CAMEROUN

Certains spécialistes des questions internationales définissent la politique étrangère comme étant «l'ensemble des moyens et stratégies mis sur pieds par un Etat pour implémenter sa diplomatie».143(*) Cette notion repose sur un certain nombre de principes et d'instruments, aussi bien qu'elle obéit à un certain nombre de déterminants tant structurels que conjoncturels.

Au rang des déterminants conjoncturels, il y a les déterminants historiques, la politique intérieure, la politique internationale, et l'intérêt national. Il faudrait cependant signaler que parmi ces déterminants, le dernier est on ne peut plus primordial dans la politique extérieure de tout Etat. Car on a coutume de le dire, et on ne le dira sans doute jamais assez : les relations internationales sont essentiellement basées sur la recherche par chaque Etat de son intérêt individuel. Ainsi, que l'on se situe dans l'Antiquité, au Moyen-Âge, aux temps modernes ou encore à l'époque contemporaine, aucun Etat n'a jamais dérogé à cette règle, qui apparaît donc comme une règle d'or dans le jeu diplomatique. Ainsi, tout acte posé par un Etat en matière de diplomatie vise essentiellement la recherche de l'intérêt national, même si les politiques ont très souvent tendance à habiller l'essence de ces actes par des discours à caractère philanthropique, voire humaniste...

Ce n'est donc pas le Cameroun, Etat appartenant à un ensemble géopolitique plutôt défavorisé, et, de surcroît, comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent, confronté à de nombreuses difficultés d'ordre économique et sécuritaire, qui fera une exception à la règle. En effet, tant dans le cadre de sa diplomatie bilatérale que multilatérale, la recherche de l'intérêt national a toujours constitué pour les autorités de Yaoundé un déterminant primordial. Ces différents éléments ainsi mis en exergue conduisent donc à une question : dans le cadre de l'Assemblée générale des Nations-Unies, comment les personnels politiques et diplomatiques camerounais se déploient-ils pour assurer la défense et la sauvegarde des intérêts de leur pays ? La réponse à cette problématique nous conduira à mettre un accent particulier sur les deux aspects suivants : la défense des intérêts du Cameroun et la diplomatie de l'image et du rayonnement.

I. LES POLITIQUES ET DIPLOMATES CAMEROUNAIS FACE AUX QUESTIONS D'INTÉRÊT NATIONAL

L'évocation des questions d'intérêt national renvoie ici à la défense de la cause du pays à chaque fois qu'il s'est retrouvé confronté à un litige ou à un conflit avec un Etat tiers. Dans cet ordre d'idée, trois principaux cas retiennent l'attention : le dossier de la réunification avec le Cameroun britannique, les ingérences chinoises et le conflit avec le Nigeria au sujet de la péninsule de Bakassi.

1. Le dossier de la réunification avec le Cameroun britannique

Le mouvement nationaliste au Cameroun, dont le 10 avril 1948 reste une date mémorable, tournait autour de deux grands axes : l'indépendance immédiate du Cameroun sous tutelle française, laquelle devait être précédée par la réunification avec le Cameroun sous tutelle britannique. D'abord combattue au début, cette idée fut acceptée progressivement par l'administration coloniale. Cependant, elle était loin de faire l'unanimité au sein de la classe politique camerounaise quant à la forme et aux modalités. Les principales problématiques qui se posèrent à ce propos furent les suivantes : la question à poser à l'électorat du Cameroun britannique, et l'attitude à adopter par les Nations-Unies. Déjà, il conviendrait de noter que, bien que l'idée de la réunification commençât à être admise au sein de la classe politique, elle ne continuait pas moins à faire des sceptiques. En effet, pour les « Camerounais français `' comme pour les « Camerounais anglais'', les différents territoires constituaient, pour les uns comme pour les autres, une terra incognita.144(*) D'une part, les Camerounais francophones, et notamment leur chef de file Ahmadou Ahidjo, considéraient la réunification avec le Cameroun britannique comme une potentielle entrave aussi bien à l'idéologie qu'au processus de construction nationale, si chers au président Ahidjo.

De leur côté, les ressortissants du Cameroun britannique, marginaux au sein de la fédération nigériane, craignent aussi de subir le même sort dans la République (fédérale) du Cameroun, parce qu'anglophones, et de fait numériquement minoritaires.145(*)

Néanmoins, un certain nombre de facteurs d'ordre surtout politique et stratégique vont inciter aussi bien les acteurs du pouvoir que ceux de l'opposition dans les deux Cameroun à militer en faveur de l'aboutissement du processus de réunification.

Du côté du pouvoir, le Premier ministre (et futur président) du Cameroun français, Ahmadou Ahidjo, voit en la réunification une occasion de revigoration politique, notamment à travers une éventuelle alliance peule constituée par les populations du Northen Cameroons. Par ailleurs, Ahmadou Ahidjo considère également la réunification comme un atout géopolitique, dans le sens où celle-ci pourrait être utile pour l'agrandissement du territoire national.

Les opposants pour leur part reprennent l'analyse d'Ahidjo, mais, évidemment, dans le sens inverse : ils voient en la réunification avec le Cameroun britannique l'occasion de se constituer une «alliance bantoue» avec les populations du Southerns Cameroons, ce qui, selon eux, devrait contribuer à affaiblir le Premier ministre.146(*) Ainsi, au Cameroun français, les leaders politiques sont partisans du rattachement à l'une ou à l'autre partie du Cameroun britannique, selon leurs convenances politiques.

Les politiciens du Cameroun britannique ne sont pas épargnés par ces considérations ethnico-politistes. John Ngu Fontcha, Premier ministre depuis 1959, considère la réunification comme une opportunité de ralliement avec «les cousins bamiléké et bamoun». De plus, il est conscient du fait que ce processus, une fois arrivé à terme, lui attirerait inéluctablement l'hostilité de Londres. Ainsi dépourvu du soutien d'un allié aussi stratégique, il aurait donc besoin du soutien à la fois des autorités de Yaoundé et des autorités... de Paris.147(*)

Toutes ces considérations ethnico-politiques et stratégiques amenèrent donc les acteurs internes et externes à se mettre résolument au travail pour l'aboutissement heureux du processus de réunification. Cependant, il se posait, comme nous l'avions déjà dit plus haut, deux principaux problèmes : la question à poser à l'électorat et l'attitude à adopter par l'ONU.

Concernant la question à poser à l'électorat, elle constituait notamment un point de divergence entre les deux principaux leaders du Cameroun britannique, John Ngu Foncha et Emmanuel Endeley. Le premier prône pour une indépendance préalable à toute consultation populaire, tandis que le second voudrait que soit clairement posée la question de savoir si les populations souhaitaient la réunification avec le Cameroun français ou avec le Nigeria.148(*)

Les Nations Unies, quant à elles se montrent perplexes quant à l'attitude à adopter. Même si sa quatrième mission de visite a conclu que l'indépendance et la réunification ne sauraient faire l'objet d'une consultation populaire parce que faisant l'unanimité, elle préfère que cette question soit décidée par voie de plébiscite le 7 novembre 1959. L'attitude de l'organisation de Brooklyn peut sans doute s'expliquer par le fait que la question de la réunification pose un important problème de conflit d'intérêt entre deux grandes puissances notoires, à savoir la France et la Grande Bretagne, face auxquelles elle s'avère, somme toute, impuissante, et préfère par conséquent adopter une politique de prudence. Le vote du 7 novembre se soldera, entre autres, par le vote du Cameroun septentrional contre l'intégration au Nigeria (62%). Mais la question de la réunification n'est pas réglée pour autant. Néanmoins, il est décidé, lors de la session de l'Assemblée générale du 12 décembre 1959, de l'organisation d'un plébiscite au Cameroun septentrional entre le 30 septembre 1960 et le 30 mars 1961 sur la base de deux questions :

Désirez-vous accéder à l'indépendance en vous unissant à la République camerounaise indépendante

Ou

Désirez-vous accéder à l'indépendance en vous unissant à la Fédération nigériane indépendante ?149(*)

Dans l'optique de faire triompher le point de vue du gouvernement camerounais, Ferdinand Léopold Oyono, alors représentant permanent du Cameroun à New-York, fut dépêché en «mission d'explication et de lobbying» auprès de certains chefs d'Etat influents du continent, notamment ceux du Ghana, du Mali et du Maroc, afin d'obtenir leur soutien lors d'un éventuel vote à l'Assemblée générale. Ainsi, le rôle d'Oyono (qui soit dit en passant, était accompagné pour l'occasion du député travailliste Bebey Eyidi), consista en un jeu qui se joua en grande partie hors de la tribune des Nations-Unies. Lorsqu'on considère l'aura dont étaient revêtus les dirigeants des quatre pays suscités (en l'occurrence Kwame Nkrumah du Ghana, Hasan II du Maroc et même, dans une certaine mesure Sékou Touré de la Guinée), on peut dire que le jeu était plutôt bien calculé, notamment de par l'influence que ceux-ci devraient exercer sur leurs pairs africains en particulier, et tiers-mondistes en général. Il convient à cet effet de souligner que l'Afrique dispose d'un bon capital numérique à l'Assemblée générale de l'ONU ( le tiers de la totalité des Etats membres).150(*)

Le résultat de tout cet ensemble de tractations fut globalement satisfaisant. En effet, le 11 février 1961, les populations du Cameroun méridional optèrent, à 70,49%, pour la réunification avec la République du Cameroun, tandis que celles du Cameroun septentrional votèrent pour le rattachement avec le Nigeria. Ainsi, grâce à l'action de Ferdinand Oyono, l'idéologie et le processus de réunification du gouvernement camerounais triomphèrent, même si la victoire ne fut que partielle. Toutefois, une autre affaire vint se greffer à ce processus de réunification inachevé : l'affaire Bakassi, laquelle nécessita une fois de plus, l'exhibition et le déploiement des talents diplomatiques des personnels camerounais devant les tribunes onusiennes.

2. Le conflit de Bakassi

Il est clair que la diplomatie camerounaise à l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations-Unies est sous-tendue par un certain nombre de facteurs, au rang desquels figure l'intérêt national. Ainsi, pour mieux comprendre le déploiement des politiques et diplomates camerounais à l'Assemblée générale des Nations-Unies en faveur de la rétrocession de la péninsule de Bakassi au Cameroun, il serait convenable, pour ne pas dire crucial, de procéder à une présentation de ladite péninsule. Ceci devrait permettre de mieux cerner d'une part les atouts et les enjeux dont elle recèle, et d'autre part l'intérêt qu'elle a suscité de la part des deux Etats belligérants (Cameroun et Nigeria).

La péninsule de Bakassi est située entre la Cross River près de la ville de Calabar (Nigeria) à l'ouest et le Rio del Rey à l'Est.151(*) Avec sa longueur estimée à 1600 km, elle est majoritairement occupée par des populations ibo, efik et ekoi, et quelques autres peuples semi-bantu. Cette péninsule revêt un nombre important d'atouts à la fois géopolitiques et géoéconomiques

Tout d'abord, elle regorge d'une importante richesse piscicole, ce qui représente un atout important pour la pratique d'activités lucratives, dont la pêche et le commerce du poisson, activités très prometteuses dans une zone où le poisson constitue un aliment de base. Cet atout faunique (par ailleurs très diversifié) que constitue la presqu'île de Bakassi justifie également le développement de plusieurs villages de pêcheurs dans la région. De ceci ressort également une autre qualité de la presqu'île, à savoir l'atout alimentaire pour les populations.

De plus, de par sa position stratégique dans le Golfe de Guinée, la presqu'île confère à l'Etat qui y exerce sa souveraineté un ajout géopolitique majeur sur ses pairs. En effet, elle commande la navigation de la baie du Biafra, s'érigeant de ce fait en base militaire potentielle. Point de surveillance majeure dans le Golfe de Guinée, elle facilite également l'accès à la zone de Calabar, laquelle s'est révélé d'une importance cruciale durant la guerre du Biafra.152(*)

Par ailleurs, Bakassi est devenu un enjeu géopolitique et géoéconomique d'autant plus crucial que, depuis environ deux décennies aujourd'hui, on assiste à un assèchement de plus en plus en croissant des eaux du lac Tchad, lequel constituait, jusqu'à une période très récente, un pôle aquatique de premier plan autant dans la géopolitique que dans le commerce régional.

Enfin, la péninsule de Bakassi renferme d'énormes réserves pétrolifères et gazifères, soit environ 10%des réserves mondiales, ainsi que des gisements de nodules polymétalliques153(*). Il faut noter que le premier facteur constitue le fondement et l'enjeu majeur du conflit frontalier qui opposa les deux Etats. Cependant, s'ajoutent aussi à ces différents facteurs, des éléments historiques et de politique intérieure.

Carte N° 1 : Carte de la péninsule de Bakassi

Source : fr.m.wikipedia.org

Le plan historique ramène ici à deux principales époques de l'histoire du Cameroun, à savoir l'époque du protectorat allemand et la fin de ladite époque. Concernant l'époque allemande, elle fut caractérisée par la signature de nombreux traités et accords frontaliers entre l'Allemagne, puissance dominante, et d'autres puissances exerçant l'autorité coloniale dans la région, notamment le Royaume-Uni. Les clauses des accords entre les deux puissances stipulaient clairement et sans équivoque que la zone de Bakassi appartenait au protectorat allemand du Kamerun. Mais l'ignorance de ces accords par les autorités britanniques et les résidents nigérians de la région ont conduit à une déformation totale des clauses, et à une appropriation du territoire par ces derniers.154(*)

En 1914 est déclenchée la Première guerre mondiale. Dans la zone de l'Afrique centrale, les principaux belligérants sont, entre autres, la France la Grande Bretagne, l'Allemagne et la Belgique. Vainqueurs de la guerre au Kamerun, la France et le Royaume-Uni se partagent le territoire en mars 1916, qui marque donc la fin de l'ère allemande au Cameroun. On assistera d'abord à une période dite de condominium (1916-1919), ensuite à une période de mandat (1919-1945), et enfin à la période de la tutelle onusienne (1945-1961).155(*) Tout au long de ces trois périodes, on a observé un très grand afflux d'immigrés nigérians dans la zone. C'est ce phénomène qui conduira plus tard à une « auto-autochtonisation `' de ces derniers dans la presqu'île, et qui ne sera pas tout à fait de nature à faciliter sa camerounisation.156(*)

Du point de vue de la politique intérieure, certains facteurs ont aussi contribué à favoriser le conflit. En effet, on note de prime abord des effectifs faibles, et très souvent inexistants de forces de défense et de sécurité dans bon nombre d'espaces frontaliers au Cameroun, ce qui favorise des migrations de personnes et d'activités de toutes natures.157(*)

De plus, il faut noter que les autorités camerounaises ont pendant très longtemps fait peu de cas du contrôle sur les habitants de la région et de leurs activités, notamment en ce qui concerne leur identification. Elles ont également manqué d'élaborer et de mettre en oeuvre une politique migratoire restrictive et circonspecte, ce qui aurait pu y empêcher la domination des populations nigérianes.

Dans la perspective des manifestations du conflit, il s'est essentiellement matérialisé par des incidents frontaliers, notamment entre forces armées camerounaises et pêcheurs nigérians, et aussi entre des pêcheurs des deux pays. L'incident le plus remarquable fut celui du 16 mai 1981, à l'issue duquel il y eut cinq morts et des blessés du côté nigérian. Cette escalade provoqua d'une part une grave crise diplomatique entre les autorités des deux Etats, et d'autre part de vives émotions de la part des populations nigérianes, qui appelèrent le gouvernement à «s'acheminer sur Yaoundé et piller le gouvernement de banane de là-bas».158(*)

Mais le paroxysme du conflit fut véritablement atteint le 21 décembre 1993 avec l'envoi par les autorités nigérianes d'unités armées dans la région. Le but officiel de cette mission armée était de protéger les ressortissants nigérians des exactions de la gendarmerie camerounaise.159(*) En 1994, le Cameroun introduisit, auprès de la Cour Internationale de Justice, une requête demandant la rétrocession à l'Etat du Cameroun de la péninsule, ainsi que la reconnaissance par ladite cour de sa souveraineté sur la presqu'île.

Dans le cadre de ce conflit, la principale intervention à l'Assemblée générale des Nations-Unies fut celle du président Paul Biya. Il réaffirma, devant ladite assemblée, en septembre 1995, la volonté de son pays de régler ce conflit par la voie juridique, appelant à «une coopération et au partenariat de la part des pays amis»160(*)

Parallèlement à l'intervention du président Paul Biya à l'Assemblée générale de l'ONU en 1995, d'autres actions furent engagées par le gouvernement camerounais en vue de tenter une résolution diplomatique du conflit d'une part, et d'autre part, mobiliser une grande partie de l'opinion internationale en sa faveur. C'est ainsi qu'après l'invasion de la péninsule de Bakassi en décembre 1993 par l'armée nigériane, Ferdinand Léopold Oyono, alors ministre des Relations extérieures, fut dépêché à Abuja par le président Paul Biya, auprès du chef de l'Etat nigérian, le Général Abacha Cette mission avait pour but de transmettre au président nigérian, de la part de son homologue camerounais, un message de paix et de conciliation, en vue d'un règlement pacifique du conflit.161(*)

Dans le même esprit, le ministre camerounais des Relations extérieures conduisit une délégation de huit membres à Addis-Abeba pour assister aux travaux de l'organe central du mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits de l'OUA. Cette délégation, conduite par le patron de la diplomatie camerounaise, avait pour mission principale de défendre la camerounité de la péninsule de Bakassi, et d'obtenir, de la part de l'organisation panafricaine, un retrait immédiat des troupes nigérianes de ladite péninsule.162(*) On peut relever ici une volonté des autorités de Yaoundé de s'attirer les faveurs de l'organisation panafricaine d'Addis-Abeba, dont les membres constituent, à titre de rappel, le tiers des membres de l'Assemblée générale des Nations-Unies.163(*)

D'autres actions furent entreprises dans ce sens par d'autres dirigeants africains, tel le Togolais Gnassingbé Eyadema, qui entreprit une médiation entre les présidents camerounais et nigérian. Cette médiation aboutit au processus de Kara, lequel suscita des visites de missions onusiennes à Yaoundé, à Abuja et à Bakassi en 1996.164(*)

Pour revenir à la position du chef de l'Etat camerounais à l'Assemblée générale des Nations-Unies à ce propos, elle peut s'analyser, à notre sens, sous deux prismes : le prisme idéologico-diplomatique, et le prisme réaliste.

Au plan idéologico-diplomatique, il convient de rappeler que la politique étrangère du Cameroun repose sur un principe phare, à savoir la résolution pacifique des conflits et litiges internationaux. Ainsi, en optant pour un règlement judiciaire de ce conflit frontalier, le gouvernement camerounais, par la voix de son leader suprême, opte également pour un arrangement pacifique du conflit. Car il va sans dire qu'une option militaire aurait incontestablement conduit à une situation de guerre entre les deux Etats belligérants. Toutefois, il faudrait souligner que cette prise de position du premier magistrat était également teinte de réalisme. Cette opinion peut être justifiée par trois facteurs : la politique intérieure, le facteur militaire, et le facteur stratégique.

Depuis la fin des années 1980, le régime politique en place au Cameroun faisait face à une vive contestation due à la désintégration économique que le pays subissait depuis le milieu de la décennie. Cette contestation ne manqua pas d'impacter sur la politique étrangère du Cameroun. En effet, on assista à des prises de position hostiles au gouvernement camerounais, de la part de certaines chancelleries occidentales, en l'occurrence Washington.165(*) Vu sous cet angle, on peut donc aisément déduire que le choix de l'instrument militaire par le pouvoir de Yaoundé ne pouvait que lui être défavorable, car cela aurait été pour ses «opposants de l'extérieur» (dont on connaît la puissance politique et diplomatique) de « connaître de son cas `'. Ensuite, sur le plan militaire, il n'aurait pas été très prudent pour le Cameroun d'engager ses forces armées dans une guerre contre le Nigéria, les forces nigérianes étant mieux nanties en hommes, en équipements et en moyens financiers.

Enfin, il faut relever que, bien que le Cameroun ait signé avec certaines puissances étrangères (en l'occurrence la France) des accords de défense stipulant, entre autres, qu'en cas de conflit armé elles interviendraient militairement (et de façon automatique) en faveur du Cameroun, l'attitude de ces puissances pendant le conflit fut plutôt ambiguë. En réalité, la France, comme d'autres grandes puissances, avait des intérêts plus importants au Nigéria qu'au Cameroun.

Tous ces faits montrent donc à suffisance, que le Cameroun, en choisissant la voie judiciaire comme moyen de règlement du litige de Bakassi, a opté pour une politique et une diplomatie réalistes, car tout autre instrument (notamment l'instrument militaire) lui aurait, à coup sûr, été désavantageux. Cette voie ne tardera d'ailleurs pas à porter ses fruits : en juillet 2002, la Cour Internationale de Justice se prononcera sur l'affaire en sa faveur, par un arrêt énonçant que `'la souveraineté sur la presqu'île de Bakassi est camerounaise''.166(*) Suite à ces accords, une commission mixte sera constituée, sou l'égide du Secrétaire général de l'ONU, Koffi Anan. Les négociations entre les deux parties (Cameroun-Nigeria), coordonnées par l'ONU, vont aboutir, le 12 juin 2006, à la signature de l'accord de Greentree, par lequel le Nigeria reconnaît officiellement la camerounité de la péninsule de Bakassi, et par lequel les deux parties s'engagent à mettre en oeuvre les recommandations de la Cour de la Haye.167(*) et la péninsule lui sera officiellement rétrocédée le 14 août 2008.168(*)

Photo N° 4: Le Président Paul Biya, le Secrétaire général de l'ONU, et le Président Obasanjo à la signature de l'accord de Greentree, 12 juin 2006

Source : Photo prise par l'auteur au Ministère des Relations Extérieures (Direction des Nations-Unies et de la Coopération Décentralisée)

Au regard de l'intense engagement des politiques et diplomates camerounais dans les dossiers de la réunification et du conflit de Bakassi, aussi bien à l'Assemblée générale que sur des fronts parallèles, le moins qu'on puisse dire, ou mieux, déduire, c'est que l'intégrité territoriale du pays est d'un enjeu et d'un intérêt cruciaux pour les autorités de Yaoundé. Mais tout aussi cruciaux sont les principes de l'indépendance et de la souveraineté nationales et internationales du pays, qui constituent d'ailleurs le socle moral et éthique de sa politique étrangère. Ceci permettra sans doute de mieux comprendre ses positions et sa politique face aux ingérences chinoises dans sa politique intérieure.

3. Les ingérences chinoises

Le 1er janvier 1960, le Cameroun accède à l'indépendance et à la souveraineté internationale dans un contexte plutôt difficile et ambigu. En effet, la lutte pour la conquête de l'indépendance au Cameroun s'est faite par deux camps antagonistes, à savoir le camp des nationalistes radicaux (UPC) d'une part, et le camp des nationalistes « modérés `' d'autre part. Les soutiens extérieurs aux deux camps étaient révélateurs de la configuration et de l'ambiance mondiale de l'époque, qui était celle de guerre froide. C'est ainsi que les radicaux bénéficièrent du soutien des pays socialistes et communistes (en particulier la Chine et l'URSS), tandis que leurs adversaires bénéficièrent de l'aide du bloc capitaliste (en l'occurrence la France).

La reconnaissance de l'Etat et du gouvernement camerounais au lendemain de la proclamation de son indépendance par une grande partie de la communauté internationale169(*), et l'affluence internationale qui s'ensuivit sur le sol camerounais, ne changèrent pas grand-chose à la position chinoise. Les autorités de Beijing choisirent en effet de ne pas suivre l'exemple de leurs homologues soviétiques, qui avaient reconnu le gouvernement de Yaoundé, et s'étaient même fait représenter à la cérémonie solennelle d'indépendance par Frol Kozlov, deuxième secrétaire du Parti communiste, et Nicolas Firyubine, ministre adjoint des Affaires étrangères.170(*) Bien au contraire, non seulement elles ne reconnaissaient toujours pas le gouvernement camerounais171(*), mais aussi elles continuaient d'apporter leur soutien aux rebelles upécistes en termes politiques, logistiques et financiers. Sur le plan politique, la capitale chinoise abrita de nombreux nationalistes upécistes, et sur le plan logistique, on assista à l'armement par Pékin de nombreux insurgés de l'UPC intérieure.

Cette ingérence chinoise dans la politique intérieure du Cameroun eut des incidences sur la politique extérieure du pays, et plus particulièrement dans sa diplomatie onusienne vis-à-vis de la Chine. En effet, outre le fait qu'il n'existait pas de relations diplomatiques formellement établies entre les deux pays (le Cameroun avait plutôt signé des accords de coopération diplomatique avec Taiwan en 1960), les autorités de Yaoundé ne reconnaissaient pas celles de Beijing comme gouvernement légitime de la République chinoise.172(*) En 1967, le président Ahidjo déclara devant l'Assemblée générale des Nations-Unies que la reconnaissance du gouvernement de Beijing serait conditionnée par la cessation par ce dernier des ingérences dans les affaires intérieures des autres Etats.

Cependant, la position camerounaise sur la problématique chinoise ne demeura pas statique. On assista en effet à une évolution notoire après l'exécution d'Ernest Ouandié, dernier chef historique de la rébellion upéciste, le 18 janvier 1971. Le 26 mars 1971, les deux pays s'engagèrent à coopérer dans le strict respect de leur souveraineté, de leur indépendance et de leur intégrité territoriale.173(*) Ceci fut l'une des clauses majeures de l'accord de coopération diplomatique alors signé entre les deux pays. Yaoundé reconnaîtra officiellement le gouvernement de Beijing en septembre de la même année, devant l'Assemblée générale des Nations-Unies. En 1972, sur hautes instructions du président Ahmadou Ahidjo, une mission de bonne volonté séjournera en Chine et en Corée du Nord pour renforcer les liens d'amitié nouvellement établis avec ces deux pays.174(*)

Si au regard de ces faits on peut logiquement et indéniablement déduire que les différentes positions camerounaises à l'Assemblée générale de l'ONU furent essentiellement tributaires des aléas de la politique intérieure du pays, il ne faut cependant pas perdre de vue un certain nombre de faits importants, qui auraient pu influencer la diplomatie du Cameroun vis-à-vis de la Chine. Au rang de ces faits, deux sont particulièrement dignes d'attention : l'évolution de la conjoncture internationale, et les perspectives d'avenir de la Chine.

Du point de vue de la conjoncture internationale, on avait assisté à une évolution relativement considérable des relations entre les deux blocs antagonistes (capitaliste et socialiste). Depuis 1953, les deux dirigeants américain et soviétique, Eisenhower et Khroutchev avaient opté pour la pratique d'une politique et d'une diplomatie de détente. Cette option des deux grands s'était alors concrétisée, entre autres faits, par la reconnaissance du gouvernement chinois en 1971 par le président américain Richard Nixon,175(*) reconnaissance qui avait entraîné une grande partie des membres de la société internationale, parmi lesquels le Cameroun.

S'agissant des perspectives, il apparaissait évident, aux yeux de tout observateur averti de la scène internationale, que la Chine était une grande puissance en devenir.176(*) Déjà qualifié de « géant aux pieds d'argile `' au IXème siècle, membre du club des cinq décideurs de la planète (G5), disposant d'une élite visionnaire et d'une population nombreuse, la Chine regorgeait en effet d'atouts suffisants pour être propulsée en avant de la scène mondiale. Cet état de choses a dû motiver et amener les dirigeants de Yaoundé à revoir leur position, tant au niveau bilatéral qu'au niveau multilatéral, et notamment aux Nations-Unies.

En somme, on peut retenir que la défense des intérêts du Cameroun devant l'Assemblée générale des Nations-Unies est sous-jacente à deux éléments cardinaux : l'idéologie diplomatique et les enjeux divers, qui peuvent être d'ordre géopolitique, géostratégique ou économique. La diplomatie de l'image et du rayonnement n'échappe pas à ces conditionnements.

II. LES RESSORTISSANTS CAMEROUNAIS DANS LA DIPLOMATIE DE L'IMAGE ET DU RAYONNEMENT DU CAMEROUN DANS LES TRIBUNES ONUSIENNES

De façon globale, la diplomatie camerounaise de l'image et du rayonnement aux Nations-Unies se résume en quatre points cardinaux : le Cameroun, bon élève des Nations-Unies, le Cameroun, mendiant de la paix et promoteur de la solidarité africaine, la participation aux instances de l'Organe, et la diplomatie de promotion de l'image de marque du Cameroun.

1. Le Cameroun, bon élève des Nations-Unies

Ce slogan consiste, pour les politiques et diplomates camerounais, à démontrer à l'opinion internationale, via l'Assemblée générale des Nations-Unies, la bonne mise en oeuvre par le Cameroun des politiques et programmes arrêtés par l'Organisation. Dans ce sens, deux points mériteraient qu'on y focalise l'attention, à savoir la problématique de l'environnement, et les objectifs de développement durable.

En ce qui concerne la problématique de l'environnement, la politique et la diplomatie de l'image du Cameroun sont menées dans ce sens sur deux principaux fronts, à savoir le front onusien et le front interne. Sur le front onusien, cette politique se mène sous deux angles, à savoir l'angle juridique et l'angle oratoire.

L'angle juridique consiste en la signature, par l'Etat du Cameroun, de conventions et traités internationaux relatifs à la protection et à la préservation de l'environnement. Aussi bien, le Cameroun est partie de la Convention des Nations-Unies sur les changements climatiques, signée à Rio de Janeiro (Brésil) à l'issue du sommet sur la terre qui s'y est tenu en 1992, ainsi de la Convention de Bonn (Allemagne) portant réduction des gaz à effet de serre, et du Protocole de Kyoto, ratifié en 2004 par les autorités de Yaoundé.177(*)

Le discours oratoire consiste quant à lui pour les dirigeants et diplomates camerounais à notifier les membres de l'auditoire de la mise en oeuvre par le pays de politiques adéquates de préservation de l'environnement. Écoutons à ce propos le président Paul Biya :

Par ailleurs, je voudrais rappeler que le Cameroun et les autres pays du Bassin du Congo qui est la deuxième réserve forestière mondiale, ont adopté des politiques de gestion qui préservent durablement l'environnement et l'écosystème. Nos pays sont heureux de contribuer ainsi à l'amélioration de la qualité de la vie sur notre planète (...)».178(*)

Photo N° 5: Le Président Paul Biya s'adressant à l'Assemblée générale des Nations-Unies lors de la 60ème session (2005)

Source : Photo prise par l'auteur au Ministère des Relations Extérieures

Concernant le front interne, les autorités camerounaises agissent sur deux lignes : la ligne institutionnelle et la ligne médiatique.

Au plan institutionnel, on note la création, le 9 décembre 2004, du Ministère de l'Environnement, de la Protection de la nature, et du Développement durable. On assiste de ce fait, à cette date à la scission du Ministère de l'Environnement et des Forêts, scission qui aboutira à la naissance de deux départements ministériels bien distincts, dont un se nommera dès lors le Ministère des Forêts et de la Faune.179(*) Cette modification de l'architecture gouvernementale par le chef de l'Etat relevait certainement de sa volonté à faire comprendre à l'opinion internationale que son pays avait pris connaissance des différents angles de la problématique de l'environnement, à savoir la préservation de la nature, la préservation des écosystèmes et la préservation des espèces animales dans leur globalité et leur diversité.

Dans le même esprit, on note la création, en 2006, d'un Observatoire Nationale de l'environnement.180(*)

Sur le volet médiatique, on note des actes en mondovision tendant à démontrer à l'opinion mondiale l'hostilité du gouvernement camerounais contre les phénomènes destructeurs de l'environnement, de la nature et de la faune, tels que le braconnage et le trafic de ressources animales. Ainsi en est-il de la destruction, le 12 mai 2016, devant une kyrielle d'organes de presse et de médias, d'une centaine de défenses d'éléphants, alors saisies dans le cadre d'un commerce illicite. Cette opération avait été menée à l'initiative du ministre des Forêts et de la Faune d'alors, Ngole Philip Ngwesse.181(*)

Parlant des Objectifs du Millénaire pour le Développement, il conviendrait de noter que le Cameroun fait une emphase concernant sa politique de lutte contre la pauvreté. Donnons encore la parole au numéro 1 camerounais :

(...) C'est ainsi qu'au Cameroun, nous avons, entre autres, procédé au renforcement des secteurs productifs et entrepris des actions visant à réduire les prix des denrées de première nécessité et à améliorer l'environnement des affaires (...)182(*)

La politique et la diplomatie de l'image se mènent donc ici sur deux fronts, à savoir le front onusien et la politique intérieure. Si dans leur globalité elles visent à démontrer à l'ensemble de la communauté internationale (réunie au sein de l'Assemblée générale de l'ONU) la bonne volonté du Cameroun dans la mise en oeuvre des politiques et principes onusiens, notamment en matière environnementale, il faut toutefois noter que cette politique et cette diplomatie visent d'abord et avant tout l'intérêt du Cameroun. En effet, d'abord du point de vue géographique, le Cameroun appartient à des ensembles on ne peut plus stratégiques dans le monde : le Bassin du Congo (deuxième réserve forestière dans le monde), et le Bassin du lac Tchad. Ensuite, le pays regorge de bon nombre de potentialités, du point de vue écologique : faune abondante et variée, immenses richesses forestières (plus précisément en bois) ...

Enfin, on assiste, depuis bon nombre d'années, à l'avènement d'un certain nombre de faits destructeurs, tant dans l'hinterland du Cameroun que dans l'ensemble des grands espaces géographiques et écologiques susmentionnés : désertification croissante dans les régions septentrionales du pays, disparition progressive de certaines espèces animales (à l'instar des pachydermes), assèchement du lac Tchad.

On peut donc, au regard de ces faits, conclure qu'au-delà de l'image, l'élaboration et la mise en oeuvre de ces différentes politiques et diplomaties environnementales par les autorités de Yaoundé revêtent un intérêt crucial pour le pays.

2. Le Cameroun, mendiant de la paix et promoteur de la solidarité africaine

Bien que le concept de « mendiant de la paix `' ait été énoncé officiellement et chronologiquement par le Chef de la Diplomatie camerounaise à l'occasion de la 72ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies en septembre 2017, les allocutions allant dans ce sens sont cependant bien antérieures à cette date.183(*) En effet, le premier magistrat camerounais avait d déjà, à maintes reprises, mis en exergue l'idéologie et les pratiques de son pays allant dans le sens de la promotion et du maintien de la paix. Ainsi en est-il, par exemple, de son discours lors de la 64ème session de ladite assemblée, il déclarait, à propos de l'issue du conflit de Bakassi :

 L'avancée historique enregistrée dans le règlement du différend concernant la presqu'île de Bakassi, constitue l'un des meilleurs exemples des résultats appréciables auxquels peut conduire une volonté de paix authentique et partagée des parties(...) .184(*)

Poursuivant son propos dans le même sens, il déclare que cette heureuse issue du conflit provient également de « l'attachement à la paix dont ont su faire preuve les dirigeants et les peuples des deux pays (Cameroun et Nigéria) `'.185(*)

Ainsi, le Président de la République du Cameroun présente à ses homologues, réunis dans l'enceinte abritant la tribune onusienne, un pays épris de paix, tant dans l'idéologie que dans les faits, à travers la résolution pacifique des conflits et contentieux internationaux, et la participation du pays dans différentes missions de maintien de la paix.

En tant que promoteur de la solidarité africaine, le Cameroun organisa, à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de son indépendance en 2010, une conférence internationale dénommée Africa 21, au cours de laquelle il s'est agi, pour les décideurs du continent, de revisiter le chemin parcouru par le continent en cinq décennies d'indépendance. Le président Biya ne manqua pas d'y faire allusion lors de son discours du 23 septembre 2010, à l'occasion de la tenue de la 65ème session de l'Assemblée générale des Nations. A travers cette allusion de son leader, le Cameroun se donnait le beau rôle de principal promoteur, au niveau africain, des principes de coopération et de solidarité internationale prônée par la Charte des Nations-Unies.

La convocation et la tenue d'une telle conférence sur leur territoire donnent également le sentiment que les autorités camerounaises ont bel et bien conscience des enjeux et des jeux du monde contemporain, dont la diplomatie de l'image de marque, qui s'avère être un instrument avec lequel il faut compter.

3. La diplomatie de promotion de l'image de marque du Cameroun

Le monde contemporain, on ne le dira jamais assez, est essentiellement fait d'enjeux, de jeux et d'instruments subséquents, au rang desquelles la diplomatie de l'image de marque, et plus globalement, la promotion de l'image du pays. Il convient de noter d'emblée que cette politique et cette diplomatie, bien que ne s'opérant pas forcément dans les enceintes onusiennes, ne manquent cependant pas d'incidences sur la diplomatie onusienne du pays, notamment en termes de considération auprès de ses pairs.

La promotion de l'image de marque du Cameroun repose sur trois principaux axes : les campagnes médiatiques, les publications dans de grandes revues internationales et le recrutement de grands cabinets de conseil en communication et en image.

Les grandes campagnes médiatiques se font à travers l'achat d'espacés dans de grands médias internationaux, à l'instar du magazine panafricain Jeune Afrique Economie et de son corolaire Jeune Afrique Intelligent, sans oublier le magazine Forbes. Ces magazines, qui jouissent d'un très grand nombre de lecteurs tant à l'échelle africaine qu'à l'international, présentent essentiellement les progrès sociaux ainsi que la vision globale du leadership au Cameroun.186(*)

Dans le même ordre d'idées, le Cameroun s'offre également des espaces dans des revues internationales de grande renommée, telle la revue Doing Business de la Banque mondiale, ceci afin d'améliorer son image internationale en termes de politique d'investissements, et par ricochet, la création d'un climat favorable aux affaires.187(*)

Le Cameroun s'attire aussi la sympathie de grands médias de renommée internationale, à l'instar de la télévision panafricaine Africa 24, qui a joué un grand rôle lors de l'élection présidentielle de 2011. Durant cette période, elle a organisé une semaine «Spécial Cameroun'' au cours de laquelle se sont tenues des conférences-débats portant sur des sujets aussi divers que variés tel que la démocratie, la liberté de la presse, la justice et la lutte contre le chômage. Cette conférence visait la mise en exergue de la diversité et des richesses de l'Afrique en général, et du Cameroun en particulier.188(*)

Dans le but d'améliorer et de protéger son image (et celle de son pays, par la même occasion), le Président camerounais s'offre les services d'experts reconnus en matière d'image et de communication, à l'instar des Français Stéphane Fouks et Patricia Balme.189(*) Si le premier lui a été très utile pendant les années dites «de braise `' et la campagne présidentielle de 1992, 190(*) le rôle de la seconde est beaucoup plus important. Très impliquée depuis plus de deux décennies dans le management de l'image et de la communication du président camerounais, elle a joué un rôle phare dans la mise sur pieds du Centre International de Recherche Chantal Biya, institution spécialisée dans la lutte contre le VIH/SIDA. Cette institution vit le jour grâce au lobbying de la communicante française qui avait conduit à l'arrivée au Cameroun, en 2002, des Professeurs Luc Montagnier et Robert Gallo, codécouvreurs du virus du Sida.

Elle joue également un grand rôle dans la gestion et la promotion de l'image électronique du chef de l'Etat camerounais, à travers la création d'une chaîne de télévision Internet en juin 2008 pour le compte de ce dernier.191(*)

Crs différentes actions contribuent à redorer le blason de l'image du Cameroun au sein de la communauté internationale, dont les membres sont également, dans leur immense majorité, membres du Système des Nations-Unies.

Enfin, relevons, pour conclure, que la diplomatie camerounaise du rayonnement se traduit également par la participation régulière de ses ressortissants à différentes instances de l'institution.192(*).

À l'entame de ce chapitre, nous nous sommes globalement interrogé sur la stratégie de déploiement des personnels politiques et diplomatiques camerounais dans la diplomatie de défense des intérêts de leur pays au sein de l'Assemblée générale des Nations-Unies. Il en est ressorti que les problématiques de défense de l'intégrité territoriale et de la souveraineté nationale, qui ont généralement débouché sur des situations conflictuelles ouvertes ou latentes avec d'autres membres de la société mondiale, reposaient essentiellement sur des enjeux géopolitiques, géoéconomiques et géostratégiques Les personnels politiques et diplomatiques camerounais ont mené la bataille sur deux fronts : le front onusien et le front de la négociation. C'est ce qu'enseigne, par exemple la gestion du dossier de la réunification avec le Cameroun anglophone, dont le principal acteur fut le représentant permanent du Cameroun à New-York, Ferdinand Oyono, et qui a abouti à la naissance de la République Fédérale du Cameroun, le 1er octobre 1961.

Il en est de même de la diplomatie de l'image de marque du pays, menée de mains de maître par le Président de la République, au travers notamment des campagnes médiatiques. Cette diplomatie a conduit à une forte mobilisation de personnalités politiques africaines en terre camerounaise le 20 mai 2010, à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance du pays. Il faut souligner que cet évènement et cette mobilisation ont fortement contribué à redorer le blason de l'image du pays. Et, après observation attentive de la scène politique intérieure et internationale, on peut être tenté d'affirmer que cette diplomatie des intérêts, de l'image et du rayonnement a un atout : celui d'être presque toujours en concordance avec les grandes questions internationales de l'heure. Mais seule la suite permettra de mieux juger.

CHAPITRE III :

LES GRANDES QUESTIONS INTERNATIONALES ET LES RESPONSABILITÉS DES CAMEROUNAIS A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES

Une petite rétrospective permet de tirer une conclusion : la scène internationale n'est pas statique, mais dynamique. En effet, force est de constater qu'entre autres, de l'Antiquité aux temps modernes en passant par le Moyen-Âge, le monde est passé de la nature de «jungle anarchique» (pour parler comme Machiavel) à celle d'un monde de droit avec le traité de Westphalie.

De même, on est peu à peu sortis du cadre de la diplomatie bilatérale, qui jadis était pratiquement la seule forme de coopération, à la diplomatie multilatérale, qui s'est progressivement imposé comme instrument par excellence des relations internationales contemporaines, et qui est devenu la tribune d'expression et d'affirmation de la plupart des Etats et groupes d'Etats du monde. Cette diplomatie multilatérale, dont les organisations intergouvernementales sont les acteurs majeurs, est également devenue le lieu par excellence des discussions et des débats sur les différents sujets qui animent la scène internationale.

Cet état de choses amène donc à se poser une question fondamentale, laquelle constitue d'ailleurs la problématique centrale de cette partie de notre travail : comment l'Etat du Cameroun, à travers les responsables de sa diplomatie onusienne, participe-t-il au sein de l'Assemblée générale des Nations-Unies, aux débats relatifs aux grandes questions qui minent la sphère internationale ? Plus précisément, quelles sont ses positions, ainsi que leurs motivations, leur impact et leur portée ? Lui arrive-t-il, dans un cadre non seulement oratoire, mais aussi organique ? Il sera donc question ici d'apporter des éléments de réponse à toutes ces interrogations en nous attardant sur trois aspects particuliers : les Camerounais face aux grandes problématiques internationales, les Camerounais face aux grands conflits et contentieux internationaux, et les postes attribués à ces derniers au sein de l'Assemblée générale des Nations-Unies.

I. LES CAMEROUNAIS FACE AUX GRANDES PROBLÉMATIQUES INTERNATIONALES

Il faut entendre par « problématiques internationales `' les grands sujets qui sont au centre des préoccupations de la communauté internationale. Au rang de ceux-ci, on a notamment l'impérialisme et la discrimination raciale, le désarmement, ainsi que l'épineuse problématique de la paix, de la sécurité et de l'éthique internationales.

1. L'impérialisme et la discrimination raciale

Il ne fait pas de doute que depuis 1960, le Cameroun est un acteur des relations internationales. Et lorsqu'on se penche sur l'histoire politique et sociale du continent africain en général pendant les trois à quatre premières décennies des indépendances et même au-delà, l'on se rend compte que cette histoire a été particulièrement mouvementée. Durant cette période, les pays africains firent face à plusieurs problèmes épineux, au rang desquels l'instabilité politique, l'impérialisme et la discrimination raciale. Bien évidemment, ces problèmes ne manquèrent pas d'attirer l'attention de la communauté internationale, réunie majoritairement à l'Assemblée générale des Nations-Unies. Ici, il convient de porter un regard sur trois cas particuliers : le cas congolais, le phénomène de l'apartheid en Afrique du Sud, et le problème namibien.

Le Congo Belge (ancien Zaïre et actuelle République Démocratique du Congo) , tout comme le Cameroun, accède à la souveraineté internationale dans un contexte particulièrement difficile et belliqueux. En effet, cette ancienne colonie belge a également connu, pendant la lutte d'indépendance, l'affrontement entre deux parties majeures, à savoir le camp des kasavubistes d'un côté, et le camp des lumumbistes de l'autre côté. Ce conflit, qui perdura jusqu'à l'indépendance, avait pour principaux fondements la question de tribalité et le contexte international de l'époque.193(*)

La question de la tribalité et du régionalisme se posa dès les années 1940, avec l'apparition de deux grandes tendances indépendantistes : celle des «gens d'en bas» (Bakongo et Bandundu), et celle des «gens d'en haut», parlant le lingala et venant de l'Equateur.194(*) Formée en 1949, la première catégorie, l'Alliance du Bakongo, fut dirigée par Joseph Kasa-Vubu dès 1954, avec pour ambition de rétablir l'ancien royaume du Kongo de l'époque des Portugais ; la deuxième tendance quant à elle, vit le jour en 1956 avec la publication, par le professeur belge Jef Van Bilsen, du «Plan de 30 ans pour l'émancipation de l'Afrique», qui ne manqua pas de séduire plus d'un nationaliste de ce côté du Congo, à l'instar de l'unitariste Patrice Emery Lumumba. L'idéologie de ce mouvement était la formation d'un grand Congo uni.195(*) Il serait important de noter, au demeurant, que la revendication ultime des deux tendances était l'indépendance du Congo, la première réclamant l'indépendance du Bakongo, et la seconde l'indépendance du Congo en tant qu'entité territoriale homogène. Cette divergence idéologique entre les deux parties fut donc le fondement ethnico-régional du conflit qui s'ensuivit et qui perdura jusqu'à l'indépendance.

Outre cet aléa de la politique intérieure, la crise congolaise était aussi étroitement liée à la configuration de la géopolitique internationale de l'époque, alors caractérisée par des tensions entre les blocs capitaliste et communiste. La première tendance reçut le soutien et l'aide du bloc capitaliste, tandis que la seconde fut appuyée par le bloc communiste

L'affaire est soumise le 28 Septembre 1960 à l'Assemblée générale des Nations Unies. Le représentant camerounais, Ferdinand Oyono, se fit particulièrement remarquer d'abord à travers ses prises de position contre l'URSS, ensuite contre l'Organisation des Nations Unies. Contre l'URSS, il a eu à fustiger sa politique d'ingérence qui tendait à favoriser le camp des lumumbistes. Il déclara notamment que : «L'Afrique ne saurait servir de terrain à la guerre froide»196(*)

De la même façon, il s'est opposé à l'intervention des Nations Unies sur le sol congolais, arguant que : «les Nations Unies ne devraient pas intervenir en terre africaine à chaque fois qu'un gouvernement africain fait face à une crise ».197(*)

À l'analyse, deux grandes attitudes caractérisent le diplomate camerounais, à savoir le respect de la diplomatie du non alignement et l'idéologie de l'indépendance et de la souveraineté des territoires africains, laquelle se traduit ici par la non-ingérence. Toutefois, on peut aussi y noter une diplomatie de prudence, et même de parti pris. Car le Cameroun, qui appartient au «pré carré» africain de la France (puissance du bloc occidental), a des tendances beaucoup plus capitalistes.

Durant ces quatre premières décennies des indépendances africaines, le Cameroun s'est également fait chantre de la lutte contre les fléaux tels que la discrimination raciale, particulièrement en Afrique.198(*) Ainsi en est-il de l'Afrique du Sud, pays dans lequel la ségrégation raciale avait été institutionnalisée depuis 1911 par le régime de l'apartheid. En 1969, le président Ahmadou Ahidjo, désigné par ses pairs, présente, devant l'Assemblée générale des Nations Unies le manifeste de Lusaka. En s'appuyant sur ce document, les chefs d'Etats africains ont exigé « que s'arrêtent toutes négociations entre les pays africains, les Nations Unies et le gouvernement de Pretoria, tant que celui-ci n'aura pas revu sa politique raciale».199(*) Le diplomate camerounais Ferdinand Oyono est même allé plus loin en 1975 lorsqu'il demanda et obtint la suspension dudit gouvernement du système des Nations Unies.200(*) 201(*). Le Cameroun était alors membre du Conseil de sécurité.

Un autre problème qui marqua l'histoire de l'Afrique en cette période des indépendances fut le problème namibien. Ce territoire, ancienne colonie allemande sous l'appellation de `'Sud-Ouest africain'', fut tour à tour un territoire sous mandat de la Société des Nations dès 1920, puis un territoire sous tutelle des Nations-Unies dès 1946. Il faut alors noter que le Royaume Uni, d'abord puissance mandataire puis tutélaire, délégua l'administration de ce territoire à l'Union sud-africaine. Le gouvernement de Pretoria décida de l'administrer comme une province intégrante de son territoire. Il y appliquait alors la politique de l'apartheid, exploitant à son compte ses ressources minières, et utilisant ses populations comme main-d'oeuvre migrante.202(*) En 1966, l'Assemblée générale de l'ONU déclara illégales l'occupation et l'administration de ce territoire par l'Afrique du Sud. Trois ans plus tard, le Conseil de sécurité adopta une résolution allant dans le même sens. Cette affaire fut même portée devant la Cour Internationale de Justice qui, au terme d'un long procès, décida, en 1971, de la création d'un Conseil des Nations-Unies chargé de l'administration du territoire. Dans la foulée, la SWAPO (South West Africa Peoples Organization) fut reconnue comme représentant légitime du peuple namibien.203(*)

Cependant, le gouvernement de Pretoria refusa de se soumettre aux résolutions des Nations-Unies, en n'accordant pas l'indépendance à la Namibie. Ceci aboutit à une lutte armée qui fut amplifiée par le soutien des gouvernements des pays dits de la `'ligne de front'' (Angola, Mozambique, et Botswana principalement). Avec la bénédiction des autorités de Pretoria, il fut mis sur pieds en Namibie, un gouvernement formé essentiellement par le Republican Party et le South West African National Party, lesquels formèrent alors l'Alliance démocratique de la Turnhalle, dirigée par Dick Mudge. Ce gouvernement `'aux ordres'' fut dénoncé par la SWAPO, les Etats de la ligne de front, l'OUA, et les Nations-Unies. La scène internationale fut dès lors divisée en deux camps à ce propos : d'une part, on avait la SWAPO, les Etats de la ligne de front, l'OUA et l'ONU, et d'autre part, l'Afrique du Sud, l'Alliance de la Tunrhalle et les Etats du `'Groupe de contact'' (Royaume Uni, France, RFA et Canada).204(*)

L'attitude du Cameroun à ce sujet fut assez ambigüe. En effet, dans un premier temps, le Cameroun (toujours représenté à l'ONU par Ferdinand Oyono) joignit sa voie à celles des Etats de la ligne de front et de l'OUA au sein de l'Assemblée générale des Nations-Unies, condamnant fermement l'occupation de la Namibie par l'Afrique du Sud. Ensuite, le gouvernement de Yaoundé se joignit au fameux `'Groupe de contact'', qui avait pour but de trouver un accord entre les parties en conflit.205(*)

A l'analyse, deux principales déductions peuvent être faites. Premièrement, le Cameroun, en joignant sa voie à celles de ses pairs de la ligne de front et de l'OUA en général, restait fidèle à ses principes d'indépendance et de souveraineté des territoires africains. Sa participation aux activités du `'Groupe de contact'' (groupe d'Etats en réalité favorables à la politique pratiquée par le gouvernement sud-africain en Namibie) quant à elle peut laisser entrevoir un certain embarras dans la politique étrangère de Yaoundé. Car s'il est vrai que cette participation s'inscrivait en droite ligne avec l'idéologie camerounaise de résolution pacifique des conflits, elle ne traduisait pas moins un certain revirement de position, lorsqu'on sait que la plupart des Etats de ce groupe étaient favorables au gouvernement sud-africain.

En somme, l'on peut conclure que la position camerounaise sur la question namibienne était teinte de realpolitik, lorsqu'on considère aussi certaines grandes puissances occidentales dont les intérêts étaient en jeu dans cette affaire, notamment les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France. Ces différentes positions vont par ailleurs conduire à la proclamation de l'indépendance de la Namibie en 1989, et des élections générales dont la SWAPO sortira vainqueur.206(*)

Enfin, il faut relever que le Cameroun, par la voix du président Ahmadou Ahidjo, a apporté son soutien devant l'Assemblée générale de l'ONU aux nationalistes de la Rhodésie du Sud, futur Zimbabwe.

2. Le désarmement

Parallèlement à l'impérialisme et la discrimination raciale, le problème du désarmement a aussi préoccupé les diplomates camerounais. Conscients du danger que représentent les armes stratégiques en général, et l'arme nucléaire en particulier, les dirigeants américains et soviétiques ont engagé des négociations qui ont abouti à la signature par les gouvernements des deux pays en 1973, des accords SALT (Strategic Arms Limitations Talk). Ces accords furent complétés lors des 44ème et 45ème Sessions, par les résolutions 44/116 et 45/74, portant respectivement sur les «Armes chimiques et bactériologiques `', et « le désarmement général et complet `'207(*). Face à ces résolutions, les représentants camerounais ont préféré émettre des réserves, en votant par abstention. Si l'on peut comprendre difficilement l'attitude des politiques et diplomates camerounais face à la première résolution, le Cameroun étant techniquement incapable de se procurer une arme nucléaire, il en va autrement des fondements stratégiques. En effet, voter pour l'arrêt des activités nucléaires dans le monde serait allé à l'encontre des intérêts des grandes puissances, principaux acteurs et bénéficiaires de cette politique. Il en est de même pour les deux dernières résolutions. Sont étroitement liées à la question du désarmement les épineuses problématiques de la paix, de l'éthique et de la sécurité internationales.

3. La paix, la sécurité, et l'éthique internationales

Il est clair que les autorités de Yaoundé sont particulièrement sensibles aux questions liées à la paix, à la sécurité et à la morale internationale, comme l'attestent les sessions de 2010, 2015 et 2017. Lors de ces sessions, le Président Biya n'a pas manqué de proposer la création d'un Comité International d'Éthique, proposition qui n'a toujours pas abouti. Lors de la dernière session, il a présenté son pays (et lui-même, par la même occasion), comme étant un «mendiant de la paix». Il a eu pour habitude de mentionner, le plus souvent, et du haut de cette tribune, la participation du Cameroun à différentes missions de maintien de la paix.

Il ne passa certainement pas inaperçu lors de son intervention à la 70ème session de l'Assemblée, le 26 septembre 2015. Déjà, au début de cette même année, il avait déclaré, devant le corps diplomatique accrédité à Yaoundé, et alors réuni à l'occasion de la présentation des voeux de nouvel an au Palais de l'Unité : «(...) À menace globale, réponse globale»..208(*) À travers cette formule, le premier diplomate camerounais préconisait déjà une mutualisation et une globalisation des efforts dans la lutte contre les phénomènes constituant un danger pour la paix et la sécurité internationales, en l'occurrence le terrorisme. Il réitéra ces soucis de globalisation et de mutualisation devant l'Assemblée générale des Nations-Unies : « On comprendra dès lors que mon pays ne puisse qu'approuver un engagement renouvelé des Nations-Unies en faveur de la paix, de la sécurité et des droits de l'homme ».209(*)

Photo N° 6: Le Président Paul Biya à la 70ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies

Source : Cameroun-Infonet.com, consulté le 27 février 2021.

Photo N° 7: Le Président Paul Biya à la 72ème session de l'Assemblée générale de l'ONU

Source : www.prc.com, consulté le 27 février 2021.

Si autrefois la sensibilité camerounaise à la paix, à la sécurité et à l'éthique internationales fut essentiellement teintée à la fois d'idéologie nationale et tiers-mondiste,210(*) elle est, en revanche, liée actuellement à la configuration de la politique intérieure. En effet, depuis 2013, le Cameroun fait face à de nombreuses crises sécuritaires, des assauts de la secte islamique Boko Haram à la crise socio-politique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, en passant par les attaques des rebelles centrafricains dans la région de l'Est, et le phénomène des preneurs d'otages dans la région de l'Adamaoua. C'est donc dire que les interventions camerounaises en vue de la mobilisation de la communauté internationale en faveur de la préservation de la paix et de la sécurité internationale ont pour mobile fondamental l'intérêt national.

En fin de compte, on peut donc retenir que les interventions camerounaises à l'Assemblée générale des Nations-Unies, et relatives à l'impérialisme, la discrimination raciale, le désarmement, la paix, la sécurité et l'éthique internationales, obéissent d'une part aux principes idéologiques, et d'autre part au principe de la défense et de la préservation de l'intérêt national. Sans doute en est-il également de ses positions vis-à-vis des conflits et contentieux internationaux.

II. LES ACTEURS CAMEROUNAIS FACE AUX CONFLITS ET CONTENTIEUX INTERNATIONAUX

Le système international est miné par bon nombre de fléaux. Au rang de ceux-ci, on a divers conflits et crises à l'international, lesquels n'ont pas manqué d'attirer l'attention de la haute institution onusienne. Ce second axe consistera à étudier le comportement des ressortissants camerounais vis-à-vis de trois cas particuliers : la crise israélo-palestinienne, l'intervention américaine au Nicaragua, et les crises ivoirienne et libyenne.

1. La crise israélo-palestinienne

Le 15 mai 1948, David Ben Gourion proclame la naissance de l'Etat d'Israël. La réaction des Etats arabes ne se fit pas attendre. Dès le lendemain, Palestiniens, Syriens et Égyptiens (entre autres Etats) envahirent le nouvel Etat : c'est le déclenchement de la première guerre israélo-arabe, et le début d'une longue série d'affrontements entre l'Etat hébreu et les Etats arabes.

À l'Assemblée générale des Nations-Unies, dans les discours comme dans les faits, à l'intérieur comme à l'extérieur, l'attitude des représentants camerounais a été fluctuante et évolutive. En effet, si le Cameroun, sous l'impulsion de son leader d'alors, le président Ahmadou Ahidjo, se joignit aux voix des « pays frères `' africains en décidant de rompre ses relations diplomatiques avec Tel-Aviv,211(*) ses positions dans ce sens ne furent plus tellement les mêmes à partir du milieu de la décennie 1980 et au début des années 1990. L'exemple de la 45ème session de l'ONU est à ce propos très illustratif.

Lors de la 45ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies, est émise une résolution (45/74-, portant « Rapport du Comité spécial d'enquêtes sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l'homme du peuple palestinien et autres Arabes en territoire occupé `'.212(*) Le Cameroun, une fois de plus, vota avec abstention.

Ce revirement d'attitude de la part des autorités et diplomates camerounais peut s'expliquer essentiellement par des aléas de la politique intérieure, lesquels ont fortement impacté sur les relations entre Yaoundé et Tel-Aviv. En effet, à la suite du coup d'Etat manqué du 6 avril 1984, le Cameroun a sollicité l'expertise israélienne pour le renforcement du dispositif de sécurité du Président de la République, Paul Biya. Au début limitée à la formation et à l'équipement de la toute nouvelle Garde présidentielle et de la garde rapprochée du chef de l'Etat, la coopération militaire et sécuritaire entre les deux Etats s'est beaucoup densifiée tout au long des trous dernières décennies. On assista, en 1994, à la création (avec l'assistance technique israélienne) d'un corps d'élite dans l'armée camerounaise, lequel n'a pas tardé à établir sa renommée au Cameroun, et même au-delà213(*). D'ailleurs, il fut commandé, pendant très longtemps, par un officier supérieur de l'armée israélienne, en la personne du colonel Abraham Avi Sivan, jusqu'à son décès suite à un crash d'avion en fin 2011.

Bien plus, il faut noter que le chef de l'Etat camerounais bénéficie de l'expertise d'autres officiers haut gradés de l'armée israélienne, à l'instar du général Mayer Hères, que la presse camerounaise a qualifié, à tort ou à raison, de «conseiller militaire de l'ombre du chef de l'Etat».214(*)

De tout ce qui précède, le moins qu'on puisse dire c'est que Tel-Aviv occupe une place de choix dans la politique de défense et de sécurité de Yaoundé. Au regard de l'importance cruciale de ces deux domaines dans la vie d'un Etat, on peut donc facilement comprendre l'attitude des ressortissants camerounais à l'Assemblée générale de l'ONU qui, somme toute, est une attitude de réserve et de prudence.

Toutefois, il n'en demeure pas moins que le Cameroun se soit souvent prononcé favorablement pour des résolutions allant à l'encontre des intérêts de l'Etat hébreu, comme le paragraphe B de la résolution 45/74 suscitée, condamnant Israël pour violation des droits de l'homme et du droit humanitaire dans les territoires occupés.215(*)

Pour des raisons à peu près similaires (mais différentes en bien des points), le Cameroun a adopté des positions semblables vis-à-vis d'autres conflits internationaux, à l'instar de l'ingérence américaine au Nicaragua

2. L'ingérence américaine au Nicaragua

Le Nicaragua est un pays d'Amérique centrale, limité au sud par le Costa Rica, au nord par le Honduras, et bordé à l'ouest par l'Océan Pacifique et à l'est par la mer des Caraïbes. D'abord colonisé au 16ème siècle par les Espagnols, il fut ensuite membre de la République fédérale d'Amérique centrale, alors proclamée le 22 novembre 1822, en tant qu'entité provinciale.216(*) Il devint ensuite, dès 1911, un protectorat américain avant de devenir une république totalement indépendante et souveraine.217(*) Il conviendrait de noter, au demeurant, que le régime de protectorat ainsi instauré est l'aboutissement de la politique du big stick (gros bâton), élaborée et mise en oeuvre par le président américain Theodore Roosevelt.218(*) Cette politique interventionniste ainsi augurée fut à l'origine de plusieurs interventions américaines sur le sol nicaraguayen, interventions qui aboutirent au traité Bryan-Chamorro en 1914. Ce traité consacre, entre autres, la création de la Garde Nationale (Guardia Nacional), formation à la fois militaire et policière dont la principale mission consistait à protéger les intérêts américains, et dont le commandement fut confié à un homme acquis à la cause de Washington, Anastasio Somoza Garcia.219(*) Cependant, les forces américaines vont être contraintes de quitter le pays dès 1933, notamment à cause de la guérilla menée par le général Augusto César Sandino, opposé aux clauses de l'accord de 1914.220(*) Après l'assassinat de ce dernier en 1934 par des officiers de l'armée, s'établit alors au Nicaragua une classe politique qui, bien qu'appartenant à la dynastie Somoza, s'identifie beaucoup plus, dans son idéologie et dans les faits, à la politique de Sandino, raison pour laquelle ils seront d'ailleurs taxés de `'Sandinistes'' . C'est donc dans l'optique de renverser cette dynastie, dont la politique allait manifestement à l'encontre de ses intérêts, que le gouvernement américain, sous l'administration Reagan, entreprit des activités militaires intenses en Amérique centrale (Panama et Nicaragua).221(*)

Lors des 77ème et 88ème séances plénières de l'Assemblée générale des Nations-Unies, qui se tinrent respectivement les 7 et 29 décembre 1989, il fut question, pour l'organe onusien, de de se prononcer sur des textes condamnant les États-Unis pour non-respect ou violation du droit international. Le texte en question était la résolution 44/43 demandant «que soit pleinement et immédiatement appliquée par les Américains, et conformément à la Charte, l'arrêt de la CIJ l'arrêt des activités militaires et paramilitaire au Nicaragua et contre celui-ci». 222(*)

Comme elle le fit avec les résolutions relatives à la crise israélo-palestinienne et les questions relatives au désarmement, la délégation camerounaise s'abstint de se prononcer sur cette résolution, optant même carrément, cette fois, pour la politique de la chaise vide.223(*) Comme pour les deux cas suscités, l'attitude camerounaise ici semble tout à fait compréhensible. En effet, même si l'axe Yaoundé-Washington n'est pas aussi étroit que l'axe Yaoundé-Tel-Aviv, les États-Unis ne demeurent pas moins la première puissance mondiale sur tous les plans : politique, diplomatique, économique et militaire. Et, de ce fait, il vaudrait mieux, surtout pour un pays dans la situation géopolitique et socio-économique du Cameroun, s'abstenir de tout acte, individuel ou collectif, pouvant lui attirer l'hostilité de la superpuissance.224(*) Ces considérations d'ordre géopolitique, géostratégique et diplomatique ont certainement influé sur la diplomatie camerounaise à New-York lors de crises internationales plus récentes, à l'instar des crises ivoirienne et libyenne des années 2010 et 2011.

3. Les crises ivoirienne et libyenne

Le 28 novembre 2010, à la suite d'une intense campagne électorale, est proclamé vainqueur à l'élection présidentielle ivoirienne, M. Alassane Dramane Ouattara. Cependant, son adversaire, le président sortant, M. Laurent Gbagbo, refuse de reconnaître sa victoire. C'est le début d'une longue crise qui dura environ sept mois, et se solda, le 28 avril 2011, par l'arrestation du président sortant par les forces républicaines ivoiriennes, avec le concours des forces françaises (forces Licorne).225(*)

Nous ne reviendrons pas sur tous les épisodes de ce tragique feuilleton. Cependant, il convient de considérer quelques éléments antérieurs à cette crise, lesquels permettront de comprendre d'une part les enjeux de la crise, et d'autre part l'attitude camerounaise à l'Assemblée générale des Nations-Unies.

Tout d'abord, il faut relever qu'avant l'accession du président Laurent Gbagbo à la magistrature suprême ivoirienne en 2000, le palais présidentiel ivoirien de Côte d'Ivoire était sous location, et ceci au profit des Français.226(*) Le président Gbagbo vint mettre un terme à ce système, estimant que «le bail payé aux Français durant les quarante années de l'indépendance de la Côte d'Ivoire avait largement compensé les dépenses occasionnées par la construction de ce palais».227(*)

Ensuite, il conviendrait également de dire un mot sur le cacao ivoirien, notamment sur la problématique du prix qui, tout comme celle de la location du palais, contribua considérablement à assombrir le ciel des relations Paris-Abidjan. En effet, le prix du cacao ivoirien (à l'international, plus précisément), était, pendant très longtemps, dicté par les autorités de Paris et leurs acolytes de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC). Une fois de plus, le président Gbagbo vint mettre ce système à mal, arguant que les Européens (et les Occidentaux en général), ne subissant aucun diktat (africain, plus précisément) sur les prix de leurs produits industriels, devraient appliquer la politique de la réciprocité à ce propos, en laissant aux Etats africains la latitude de déterminer eux-mêmes les prix de leurs produits.228(*)

Au regard de tous ces éléments, on peut donc facilement comprendre que la crise ivoirienne, comme tout conflit international, était fondamentalement un conflit d'intérêt, avec en avant-garde les intérêts français. D'où le soutien politique, diplomatique et militaire apporté par Paris au camp Ouattara tout au long de ladite crise.

Par la même occasion, on peut aussi comprendre la politique de la chaise vide adoptée par les ressortissants camerounais aussi bien à l'Assemblée générale des Nations-Unies qu'en dehors. Si l'on peut évoquer le principe de non-ingérence dans les affaires des autres Etats comme justificatif de cette attitude, il ne faudrait cependant pas perdre de vue qu'une politique allant à l'encontre des intérêts de la France aurait attiré à Yaoundé l'hostilité de cette dernière, avec qui elle entretient d'ailleurs des relations on ne peut plus privilégiées. De plus, faudrait-il le rappeler, la France s'impose, somme toute, sur la scène internationale, comme une puissance avec laquelle il faut compter.

Un examen minutieux de la crise libyenne, débutée en février 2011 et ayant abouti, le 20 octobre de la même année, à l'assassinat du guide libyen, Mouammar Kadhafi, conduit à des conclusions analogues. En effet, selon certaines sources, les véritables fondements de la guerre en Libye reposaient essentiellement sur trois facteurs : le facteur énergétique, le facteur économique et financier, et le facteur géopolitique.

La Libye, huitième réserve pétrolifère mondiale229(*) et deuxième producteur africain de pétrole après le Nigeria,230(*) envisageait déjà, sous l'égide de son illustre leader, de s'autonomiser quant à l'exploitation et à la transformation de son pétrole, ce que n'auraient pas apprécié certaines chancelleries occidentales, en l'occurrence la France, qui détenait une bonne partie des concessions pétrolières. Outre l'immense fortune du dirigeant libyen,231(*) les technologies acquises par ce dernier auprès de son ancien homologue irakien, Saddam Hussein,232(*) lui permettaient de mettre en oeuvre cette politique.

Allant dans le même sens, il existait clairement, dans l'esprit des dirigeants occidentaux, notamment les Français et leurs homologues américains, la crainte que le leader libyen, mû par ses convictions panafricanistes, ne divulguât ces technologies à ses pairs africains, ce qui aurait constitué pour leurs pays respectifs une catastrophe économique et financière.

Il faut noter, par ailleurs que, toujours sous l'effet de l'esprit panafricaniste qui l'animait, le guide libyen s'était également érigé en chaud partisan d'une monnaie africaine et d'une institution africaine de coopération économique et de développement. Cette idéologie devait se concrétiser par la création d'une Banque Centrale africaine et d'un Fonds monétaire africain. Une fois de plus, les intérêts occidentaux se trouvaient gravement menacés. Car non seulement l'emprise du FMI et de la Banque mondiale sur le continent allait être fortement diminuée, mais aussi les intérêts de la France se trouvaient ainsi en danger, du fait de l'effet que la mise en oeuvre de ces projets aurait eu sur les accords de coopération financière et monétaire signés avec les pays africains membres de la zone franc.

Enfin, il faut relever que Kadhafi envisageait également la création d'un satellite panafricain233(*), ce qui promettait d'avoir des conséquences à la fois géopolitiques et économiques. En effet, outre que les chancelleries occidentales allaient voir leur contrôle sur les dirigeants africains fortement annihilé, les firmes occidentales, qui détiennent quasiment le monopole en la matière sur le continent, auraient, à coup sûr, vu leur chiffre d'affaires fortement diminué sur le continent.

Une fois de plus, l'on comprend que la diplomatie camerounaise dans les tribunes onusiennes ait également été muette à ce sujet car, comme dans les cas précédents, les intérêts de grandes puissances se trouvaient en jeu.

Toutefois, il faut noter que les relations entre Yaoundé et Tripoli n'avaient jamais été particulièrement roses, surtout sous l'ère Biya. L'animosité naquit du fait de la décision du chef de l'Etat camerounais de renouer ses relations diplomatiques avec Israël.234(*) Cet acte a attiré au chef de l'Etat camerounais l'hostilité du guide libyen, qui l'a traité de «traitre» à la cause africaine.

Il s'ajoute également à ceci le soutien de Yaoundé à la cause tchadienne durant la crise frontalière d'Aozou qui opposait alors le Tchad à la Libye de Mouammar Kadhafi. Le Cameroun a, à cet effet, accordé des facilités logistiques à la France dans le cadre de son intervention militaire au Tchad et, dans une certaine mesure, aux États-Unis, par une visite officielle du président Biya à Washington en 1986. Cette visite intervenait à la suite de bombardements américains en Libye.235(*)

Cet état de choses a amené le dirigeant libyen à déclarer «le Cameroun de M. Biya ennemi numéro 1 de la Libye en Afrique noire».236(*) Les mutations géopolitiques et diplomatiques qui s'opérèrent en 1990 suite à la résolution du conflit tchado-libyen par la CIJ ne changèrent pas grand-chose aux relations plutôt houleuses entre Yaoundé et Tripoli.

Au regard des trois illustrations qui précèdent, on peut donc déduire que les positions camerounaises à l'Assemblée générale des Nations-Unies relatives aux conflits et contentieux internationaux prennent en compte deux principaux facteurs : le poids de l'acteur majeur du conflit, et l'importance de ses relations avec ledit acteur. Ces deux facteurs l'amènent très souvent à pratiquer une diplomatie de neutralité, à travers des votes abstentionnistes, et parfois, la politique de la chaise vide. Mais ces facteurs ne lui font cependant pas oublier sa diplomatie du rayonnement, qui l'amène très souvent à participer à diverses instances de l'Organe onusien.

III. QUELQUES GRANDS NOMS CAMEROUNAIS À L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES

Comme nous l'avions déjà relevé dans le chapitre précédent, l'axe majeur de la diplomatie camerounaise de rayonnement au sein de l'Assemblée générale des Nations-Unies consiste essentiellement en la participation du pays dans les instances de l'institution. A ce propos, trois représentants camerounais à New-York se sont particulièrement illustré, à savoir S.E. Ferdinand Léopold Oyono, S.E. Paul Bamela Engo, et S.E. Michel Tommo Monthé.

1. Ferdinand Léopold Oyono

Né en 1928 à Ngoulemakong dans le département de la Mvila (région du Sud-Cameroun), et originaire de l'arrondissement de Biwongbané dans le même département, Ferdinand Léopold Oyono, après avoir fait ses études primaires et une partie de ses études secondaires dans son pays, s'envole pour la France au milieu des années 1950. À l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne, il obtint une licence, puis un Diplôme d'études supérieures en Droit public, et un diplôme de la section diplomatique de l'ENA (Ecole nationale d'administration) de Paris.237(*)Après s'être illustré sur le plan culturel par la publication de trois oeuvres littéraires qui eurent un grand écho dans les milieux scolaires et politiques africains et internationaux238(*), il fut nommé, en 1960, représentant permanent du Cameroun aux Nations-Unies. C'était le début d'une longue carrière diplomatique qui le conduisit dans de nombreuses capitales africaines et mondiales (Monrovia, Paris, Moscou, Bruxelles entre autres).239(*)

À l'Assemblée générale des Nations-Unies, il se fit notamment remarquer par ses positions sur les questions d'impérialisme et de discrimination raciale, ainsi que dans la défense, au sein dudit organe, du dossier de la réunification du Cameroun.240(*) Président du Fonds de Solidarité de l'UNICEF en 1973241(*), président du Conseil de sécurité en 1975, il a également été vice-président de l'Assemblée générale des Nations-Unies en 1978.242(*)

Ferdinand Oyono a par ailleurs occupé plusieurs fonctions gouvernementales dans son pays, notamment celles de ministre des Relations Extérieures et de ministre de la Culture243(*). Nommé ambassadeur itinérant à la Présidence de la République en 2009, il y resta jusqu'à sa mort, qui aura lieu l'année suivante.

Photo N° 8: Ferdinand Léopold Oyono

Source : http://fr.m.wikipedia.org

2. Paul Bamela Engo

Né le 21 octobre 1931 et décédé le 28 avril 2010, ce magistrat international et triple sauteur244(*) fut le représentant permanent du Cameroun aux Nations-Unies de 1984 à 1990, après une longue carrière dans les services centraux du Ministère de la Justice et du Ministère des Affaires Étrangères (actuellement Ministère des Relations Extérieures). Pendant son séjour new-yorkais, il s'illustra par son accession à la vice-présidence de l'Assemblée générale des Nations-Unies, et à la présidence de la Première Commission de la troisième conférence des Nations-Unies sur le droit de la mer.245(*)

Il fut également l'une des figures emblématiques de la défense du Cameroun dans l'affaire Bakassi, tant à l'Assemblée générale qu'à la Cour Internationale de Justice.

Photo N° 9: Paul Bamela Engo

Source : http://fr.m.wikipedia.org

1. Michel Tommo Monthé

Né le 26 mars 1947 à Bana, à l'Ouest du pays, M. Tommo Monthé est un diplomate de carrière, titulaire d'un doctorat en Relations Internationales, obtenu à l'Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC). Il s'est rôdé à la chose diplomatique dans les hautes arcanes de l'administration centrale à Yaoundé. De cette longue et riche carrière administrative, on retient qu'il fut, entre autres, Chargé de mission à la Division des Affaires diplomatiques de la Présidence de la République, Conseiller technique au Ministère des Relations Extérieures, et Inspecteur Général au sein dudit département ministériel. Il fut ensuite Premier Conseiller à la Mission Permanente du Cameroun auprès des Nations-Unies à New-York.246(*)

Bien avant sa nomination comme Représentant Permanent du Cameroun aux Nations-Unies en 2008, il avait déjà occupé des postes importants au sein de l'auguste Assemblée onusienne : conseiller spécial du Président de la cinquante-neuvième session (2004-2005), et Vice-Président du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires des Nations-Unies (CCQAB) depuis 2006.247(*)

Il occupa, après sa nomination, les fonctions de Président de la Troisième Commission (Questions sociales, culturelles et humanitaires.248(*)

Photo N° 10: Michel Tommo Monthé

Source : http://fr.m.wikipedia.org

Les positions camerounaises à l'Assemblée générales des Nations-Unies relatives aux problématiques de l'impérialisme, de la discrimination raciale, du désarmement, de la paix, de la sécurité et de l'éthique internationales sont subordonnées aux considérations idéologiques et stratégiques. Les considérations idéologiques sont relatives aux principes camerounais de la solidarité africaine, de la paix et de la justice internationales, lesquels convoquent à leur tour les principes de l'égalité entre nations, et l'indépendance des peuples du monde en général, et des peuples africains en particulier. Les considérations stratégiques, quant à elles, renvoient à deux principaux facteurs, notamment en ce qui concerne les débats relatifs aux conflits et contentieux internationaux : le poids multidimensionnel de l'acteur majeur du conflit, et le degré d'étroitesse de ses relations avec lui. Reste donc maintenant à examiner la pertinence de ces considérations, notamment à travers leur impact et leur portée dans la politique onusienne du Cameroun.

CHAPITRE IV :

LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE DANS LES TRIBUNES ONUSIENNES : APPROCHE CRITIQUE ET PROSPECTIVES

L'Histoire, on ne le dira jamais assez, est la science qui permet de connaître le passé pour comprendre le présent et se projeter dans le futur. En d'autres termes, la tâche de l'historien en général, et celle de l'historien africain en particulier, consiste à revisiter les faits et évènements posés par les hommes dans les temps passés, ces temps passés qui peuvent parfois se rapprocher des époques très récentes de notre histoire. À travers ce retour aux sources, on peut mieux cerner le pourquoi et le comment de certains faits et réalités vécus dans les temps présents, et lancer des bases prospectives pour un avenir meilleur.

Tout au long de cette étude, nous avons essayé de procéder à une analyse historique de l'action du personnel politique et diplomatique camerounais à l'Assemblée générale des Nations-Unies. La réflexion a notamment porté sur l'efficacité, l'impact et la portée de cette action dans le fonctionnement et le processus de prise de décision au sein dudit Organe en particulier, et du Système onusien en général. Ainsi, cette quatrième et dernière partie de la présente analyse, se fonde sur les questions suivantes : quels ont été les succès et les échecs de la diplomatie camerounaise au sein de l'Assemblée générale des Nations-Unies, tout au long des cinquante-sept premières années de l'accession du pays à la souveraineté internationale ? Quels sont les atouts et les faiblesses que revêt la diplomatie onusienne du Cameroun, et qui ont pu justifier ces différents succès ou échecs ? Et quelles perspectives pour un plus grand triomphe du Cameroun dans le concert des nations, incarné ici par l'Assemblée générale des Nations-Unies ? Le souci d'apporter des réponses à ces différentes questions nous a conduit à scinder ce chapitre en trois parties, dont chacune épousera respectivement l'une desdites questions.

I. UNE APPROCHE D'ÉQUILIBRE MESURÉ DE LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES

Le bilan de l'action des personnels politiques et diplomatiques camerounais à l'Assemblée générale des Nations-Unies passe par l'examen de deux points cardinaux : les succès et les échecs.

1. Succès

Comme nous l'avons vu dans les parties antérieures, les interventions des dirigeants et diplomates camerounais dans les tribunes de l'Organisation de New-York sont axées sur des thématiques et centres d'intérêt aussi divers que variés. Au rang de ceux-ci, il nous semble que les autorités de Yaoundé et leurs auxiliaires de New-York aient enregistré des victoires dans quatre points en particulier, à savoir : les questions liées à l'impérialisme et à la discrimination raciale, la paix et la sécurité internationales, les questions d'intérêt national, et la diplomatie du rayonnement.

Pour ce qui concerne les questions d'impérialisme et de discrimination raciale, la victoire la plus remarquable enregistrée par les ressortissants camerounais est sans aucun doute le cas de l'apartheid en Afrique du Sud. En effet, comme on a pu l'observer plus haut, toutes les résolutions suggérées par les ressortissants camerounais à ce sujet ont été adoptées, notamment celle d'interrompre toute négociation avec le gouvernement raciste de Pretoria d'une part, et d'autre part, celle de suspendre le pays comme membre de l'ONU.249(*)

Par ailleurs, il faut relever que cette histoire connut plutôt une fin heureuse, d'abord avec l'abolition, au début des années 1990, des différentes lois ségrégationnistes dans le pays, et l'organisation, en 1994, d'élections multiraciales dans le pays, lesquelles ont conduit à l'accession au pouvoir, d'un Noir, en la personne de Nelson Mandela.250(*)

Il en fut de même pour le Zimbabwe et la Namibie, où les nationalistes ayant bénéficié du soutien de Yaoundé devant la haute instance onusienne se virent octroyer la souveraineté internationale, respectivement en 1980 et en 1990, et ceci au détriment des gouvernements racistes ayant à leur égard des dispositions hostiles.251(*)

Sur les questions relatives aussi bien à la paix et à la sécurité internationale qu'aux questions d'intérêt national, le mérite des ressortissants camerounais apparait sur deux principaux points : la victoire du Cameroun dans la crise de Bakassi252(*), et la globalisation sécuritaire de plus en plus croissante.

En juillet 2002 est prononcé, par la Cour Internationale de Justice (CIJ), l'arrêt reconnaissant la camerounité de la péninsule de Bakassi, jusqu'alors disputée avec le voisin nigérian.253(*) Le 14 août 2008, cette décision est concrétisée par la rétrocession officielle de ladite péninsule au Cameroun par les autorités nigérianes. L'aboutissement heureux de ce conflit ayant opposé Yaoundé et Abuja pendant plus de deux décennies est dû, d'une part, à l'idéologie pacifiste qui constitue une essence fondamentale de la diplomatie camerounaise, et d'autre part, à la volonté politique, au patriotisme254(*) et à la diplomatie réaliste dont a fait preuve le Président de la République, Paul Biya, durant la période de la crise.

La globalisation sécuritaire, prônée par le président Paul Biya, a beaucoup plus porté ses fruits en terre africaine. On assiste en effet, en 2013, à la création, au sein du Golfe de Guinée, d'une force maritime multinationale chargée de lutter contre la piraterie maritime dans la région.255(*) Ladite force aura d'ailleurs son siège à Douala, au Cameroun.

On note également, au cours de la période allant de 2013 à 2017, la création de plusieurs coalitions de cette nature dans le continent : La Force Multinationale Mixte (FOMMUC),256(*) la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations-Unies pour le Secours à la Centrafrique (MINUSCA)...257(*)

Par ailleurs, une force similaire a été créée au sein de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique centrale, faisant suite à un sommet extraordinaire de cette organisation tenu à Yaoundé, le 18 janvier 2015.258(*) Même si la majorité de ces forces mixes ont beaucoup de peine à être opérationnelles, leur mise sur pied augure néanmoins déjà de bons auspices dans la préservation de la paix et de la sécurité en Afrique. De ce fait, on peut donc déduire que les appels du président camerounais à l'Assemblée générale des Nations-Unies en vue de la mobilisation globale dans le maintien de la paix et de la sécurité internationale ont porté des fruits.

Enfin, on note un triomphe de la diplomatie de rayonnement par une participation régulière des personnels camerounais à diverses instances de l'Assemblée générale des Nations-Unies. Ceci entraîne le triomphe des trois idéaux fondamentaux de la diplomatie camerounaise, à savoir : la présence active, la présence effective, et le rayonnement.

Toutefois, cette kyrielle de lumières sur le tableau ne devrait en aucun cas gommer les ombres.

2. Échecs

Les échecs de la diplomatie camerounaise à l'Assemblée générale des Nations-Unies se situent, à l'analyse, à trois niveaux : l'impérialisme, les conflits africains, et l'éthique internationale.

Pour ce qui concerne l'impérialisme, le premier point qui devrait attirer l'attention, c'est l'ingérence étrangère, dont les principaux acteurs sont les grandes puissances. Force est en effet de constater que, durant les interventions américaines au Nicaragua et à Panama, on n'a guère entendu la voix du Cameroun. Même si des circonstances atténuantes d'ordre géopolitique et géostratégique peuvent lui être accordées dans ces deux cas, sa politique de la chaise vide demeure tout de même sujette à question, pour un pays qui, depuis son avènement sur la scène internationale, s'est fait le chantre des principes de la non-ingérence et de la souveraineté internationale, et qui était confronté lui-même à une situation à peu près similaire, avec la rébellion upéciste et les ingérences étrangères que l'on sait.

Il en est de même pour des conflits tels que la crise israélo-palestinienne, où le Cameroun a, une fois de plus, opté pour la diplomatie de la chaise vide. Comme dans les cas suscités, l'on peut justifier son attitude ici par des raisons stratégiques. Toutefois, cela fait problème quand on se souvient que le Cameroun est également très attaché aux principes d'intégrité territoriale des Etats et d'intangibilité des frontières, principes qui sont régulièrement foulés aux pieds par l'Etat hébreu.

De plus, on constate également que certaines suggestions émises par les représentants camerounais à propos de certains conflits sur le continent africain n'ont pas été prises en compte. Ainsi en est-il de la crise congolaise (RDC), dans laquelle une mission onusienne de maintien de la paix (MINUSCO) exerce depuis près de six décennies, et sans véritable succès, malgré les appels des responsables camerounais à la gestion des problèmes africains par les Africains. Il faut, au demeurant, noter que cette mission, qui oeuvre très peu pour le bien-être du peuple congolais, exerce régulièrement des abus sur les populations, s'évertuant à attiser les conflits, pour le plus grand bonheur des firmes multinationales installées sur place.

Par ailleurs, la voix du Cameroun ne s'est pas fait entendre lors des récentes crises ayant animé l'actualité africaine entre 2010 et 2017, notamment la crise ivoirienne et la crise libyenne. Lorsqu'on connaît la position stratégique du Cameroun en Afrique en général et dans le Golfe de Guinée en particulier, lorsqu'on connaît le statut presque patriarcal occupé par son dirigeant dans la sphère politique et diplomatique africaine (et même mondiale, dans une certaine mesure)259(*), cela apparaît incompréhensible et inexcusable, nonobstant les considérations sous-jacentes qui peuvent être décelées à ce propos.

Enfin, on observe que la création de l'Observatoire Mondial pour l'Éthique, si chère au président Biya, a beaucoup de mal à se concrétiser.

Une analyse méticuleuse de ces différents succès et échecs de l'action des ressortissants camerounais à l'Assemblée générale des Nations-Unies nous amène à croire que ces succès et ces échecs sont dus à un certain nombre d'atouts et de faiblesses de la diplomatie camerounaise.

2. FORCES ET FAIBLESSES DE LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES

1. Forces

Les atouts de la diplomatie onusienne du Cameroun en général, et de la diplomatie camerounaise à l'Assemblée générale en particulier, apparaissent à notre sens sous trois angles : l'angle géopolitique, l'angle idéologique, et l'angle humain.

La géopolitique renvoie ici à trois sens : la géopolitique africaine, la géopolitique internationale, et la politique étrangère.

Du point de vue de la géopolitique africaine, le Cameroun jouit tout d'abord d'un atout géographique, situé au centre de l'Afrique, au coeur du Golfe de Guinée, et principale porte d'entrée de l'Afrique centrale, notamment avec la péninsule de Bakassi dont les potentialités ont été évoquées plus haut.260(*)

De plus, le Cameroun a hérité de la colonisation franco-britannique un statut particulier, du fait notamment de sa dualité culturelle, et de son statut de territoire à régime particulier durant la période de tutelle. Cet héritage colonial lui a valu une considération particulière de la part de ses pairs. Cette considération est sans doute à l'origine de la désignation, par ces derniers, de l'ancien chef de l'Etat pour porter, devant l'Assemblée générale des Nations-Unies, le manifeste de Lusaka. C'est sans doute également à cette considération que les appels à la globalisation et à la mutualisation sécuritaire du président Paul Biya ont beaucoup plus d'effets en terre africaine.

La notoriété du Cameroun sur le continent africain a d'autant plus d'incidences sur sa diplomatie onusienne que la plupart des Etats membres de l'ONU, soit les 1/3, sont originaires dudit continent.261(*)

Dès les premières heures de son accession à la souveraineté internationale, le Cameroun a joui d'une forte notoriété et a été au centre des intérêts dans une bonne partie de la communauté internationale. En témoigne la grande affluence internationale observée lors des cérémonies d'indépendances.262(*) Cette notoriété s'est encore plus accentuée dans les années 1970 avec l'avènement de ce que l'on pourrait appeler «l'âge d'or''. En effet, au milieu de cette décennie, le Cameroun connait une croissance économique presque spectaculaire, avec notamment le lancement de l'exploitation du pétrole, l'explosion de certains produits agricoles sur le marché international, surtout le cacao et le café. En cette même période, le pays en arrive même à un niveau où il peut se permettre d'investir sans s'endetter ; il est alors cité par les institutions de Breton Woods comme un modèle africain.263(*)Cette notoriété internationale s'arrêta toutefois en 1986 avec l'éclatement de la crise économique, qui causera bien des ravages dans le pays.

Parlant de la politique étrangère du Cameroun à l'Assemblée générale des Nations-Unies, et notamment de ce qu'on pourrait appeler « la diplomatie des positions `', le modèle camerounais apparait très original. En effet, la prise de position par les ressortissants camerounais repose généralement sur les positions des autres membres de ladite Assemblée264(*). Ceci relève également d'une diplomatie de prudence.

L'idéologie pacifiste du Cameroun est une autre force majeure dont dispose le pays dans sa politique onusienne. Elle lui a permis à la fois de redorer son image et de rallier la majorité des membres de l'Assemblée à certaines de ses causes, comme ce fut le cas pour la crise de Bakassi l'ayant opposé au voisin nigérian.

Mais plus que tout, la diplomatie camerounaise à l'Assemblé générale de Nations-Unies doit ses succès à la qualité de son personnel, tant politique que diplomatique. Tout d'abord, la plupart des acteurs intervenants dans ce jeu diplomatique sont choisis sur des critères minutieux et rigoureux. Certains, de par leur parcours académique et professionnel, et d'autres de par l'aura dont ils disposent à cause de leur capital personnel.

Il faut cependant relever que les atouts majeurs dont a jusqu'ici bénéficié la diplomatie onusienne du Cameroun sont ses deux leaders, chefs de cette diplomatie. De par leur vision diplomatique, leur style pondéré et leur tact, ils auront, chacun à sa manière, contribué à faire respecter le Cameroun par leur père au sein de l'Organe onusienne.

Cependant il faut noter que certains des éléments suscités, au-delà de constituer des atouts, s'érigent également en faiblesses.

2. Faiblesses

Les faiblesses de la diplomatie onusienne se situent selon nous à deux niveaux majeurs : géopolitique et économique. La géopolitique, une fois de plus, peut être analysée sous deux angles : l'angle interne et l'angle international.

Au plan de la géopolitique internationale, le Cameroun appartient tout d'abord à un ensemble géopolitique défavorisé, à savoir le Tiers-Monde. Ce groupe d'Etats apparaît, à notre sens, comme un ensemble de victimes de l'Histoire, du fait d'avoir subi les deux phénomènes de domination les plus humiliants de toute l'histoire de l'humanité, à savoir la traite négrière et la colonisation. De ces deux tragédies historiques a découlé, entre les anciens « maîtres » et les anciens « serviteurs », une relation de dominant-dominé qui est devenue à la longue comme un phénomène naturel, transformant ainsi les seconds en ce que Paul Elvic Batchom a appelé `'les parias de la scène internationale `'. De cette configuration est sans doute né le schéma marxiste qui fait en sorte que la société internationale soit constituée de deux principales catégories d'acteurs : les acteurs du centre et les acteurs de la périphérie.

Dans le même ordre d'idée, on note également l'appartenance de notre pays à une autre sphère géographique et raciale tout aussi défavorisée : l'Afrique. En effet, point n'est besoin de rappeler les préjugés négatifs dont ce continent, en majorité peuplé de Noirs, a toujours été l'objet auprès des peuples des autres continents. Faut-il revenir sur les pensées hégéliennes selon lesquelles les peuples africains ne seraient que des singes et des animaux, dépourvus de toute capacité de penser ? Ou encore sur Lévy Brühl pour qui ces peuples ne seraient que des sauvages animés par les turpitudes du « ça » ? De ces conceptions idéologiques, il ressort donc que le fait racial constitue, pour l'Afrique en général, et pour le Cameroun en particulier, un gros handicap dans leur affirmation dans le concert des nations.

Bien plus, la situation politique et économique de bon nombre d'Etats africains depuis leur accession à la souveraineté internationale n'a pas vraiment été de nature à redorer cette image. Car, faudrait-il le rappeler, depuis cette époque, le continent noir a été le théâtre principal de bon nombre de drames, de difficultés, de malheurs et de tragédies, entre coups d'Etat, guerres civiles, sécheresses, famines, pauvreté, terrorisme... Cet ensemble de faits donne donc à ses ressortissants une position assez désavantageuse au sein de la communauté internationale, réunie dans sa grande majorité à l'Assemblée générale des Nations-Unies.

Au plan de la géopolitique intérieure, nous pensons que les principales difficultés résident à la fois dans le domaine idéologique, au plan institutionnel, et dans le difficile arrimage de la diplomatie camerounaise à la modernité. La vision diplomatique du Cameroun fait encore en effet très peu, ou assez peu de cas, des nouveaux aléas de la géopolitique et de la diplomatie contemporaine : la culture, le sport, et la communication, domaines dans lesquels le pays dispose pourtant d'énormes potentialités, et qui constituent le socle de la puissance dans le monde actuel.

Au plan institutionnel, on observe une très grande prééminence de la Présidence de la République dans le fonctionnement et la gestion des affaires de l'Etat. Cette prééminence, outre qu'elle entraîne une forte centralisation du système politique, constitue un gros handicap dans l'implémentation des différentes politiques étatiques, dont la diplomatie. En effet, cette centralisation de la vie étatique autour de l'institution présidentielle a souvent contribué à annihiler certaines actions entreprises par le Ministère des Relations Extérieures. Ainsi en est-il des projets de décret initiés par ce Département ministériel en 1995, et qui avaient pour but d'améliorer les conditions de vie des personnels diplomatiques dans un contexte de crise économique. Ces projets de décret, malgré leur pertinence, et surtout, leur extrême urgence, restèrent pourtant bloqués pendant très longtemps au Secrétariat général de la Présidence.265(*)

Dans le même ordre d'idée, on peut déplorer certaines incongruités dans le fonctionnement du système diplomatique camerounais. C'est ainsi que des responsables de la Division des affaires diplomatiques de la Présidence de la République ont eu à effectuer diverses missions en lieu et place des responsables du Ministère des Relations Extérieures.

Au total, le présidentialisme camerounais handicape lourdement la politique étrangère du pays dans le sens où il crée de l'incohérence dans l'action diplomatique de l'action diplomatique du pays, aussi bien qu'il y occasionne de l'incohérence et d'énormes lenteurs. Toutes choses qui ne contribuent pas à l'efficacité de cette diplomatie, surtout dans un domaine aussi crucial que la diplomatie onusienne.

La situation économique et financière du Cameroun, qui est tout aussi défavorable que la situation géopolitique, influence sa diplomatie onusienne du pays dans deux principaux aspects : l'aspect humain et l'aspect de l'implémentation.

Parlant de l'aspect humain, on note un difficile déploiement des personnels diplomatiques, notamment à New-York, ceci étant dû à l'insuffisance des moyens financiers.266(*) C'est ainsi qu'on observe un effectif d'à peine cinq personnels à la Mission Permanente du Cameroun auprès des Nations-Unies à New-York, tandis que, dans celles d'autres pays comme la Chine par exemple, on en voit souvent une centaine. Or, lorsque nous savons l'importance capitale de l'aspect humain dans l'implémentation de toute politique, on peut donc aisément comprendre à quel point la faiblesse économique du pays peut constituer un frein dans la mise en oeuvre de sa politique au sein de l'Assemblée générale des Nations-Unies.

Outre l'aspect humain sus-évoqué, le manque de moyens financiers entraîne aussi un taux de participation financière très faible au budget de l'Organisation, en même temps qu'elle entraîne souvent des irrégularités dans cette participation. Ceci, non seulement contribue à diminuer considérablement le pouvoir du pays dans le processus de décision, mais aussi à le priver de bien d'avantages au sein du système onusien.

Enfin, il faut également relever que la crise économique qui a sévi dans le pays au milieu des années 1980 a créé une forte situation de dépendance vis-à-vis des institutions de Breton Woods, notamment à travers les politiques d'ajustement structurel imposées par le FMI, et l'assistance financière très considérable dont le pays est l'objet depuis lors.

Par ailleurs, le pays a conclu avec l'institution, en juin 2017, un accord de facilitation élargie de crédit, accord qui vient renforcer la dépendance de Yaoundé vis-à-vis de ladite institution. Cette dépendance très étroite vis-à-vis des deux institutions financières onusiennes contribue donc à affaiblir davantage la position du pays au sein de l'Assemblée générale des Nations-Unies, s'érigeant par ce fait même en entrave à une portée significative de l'action de son personnel politique et diplomatique au sein de ladite Assemblée.

Face à toutes ces difficultés, et face à l'impératif d'un Etat de la trempe du Cameroun de se positionner valablement sur la scène internationale dont l'Assemblée générale des Nations-Unies constitue le socle fondamental, il devient dès lors nécessaire de cogiter sur des perspectives qui pourraient nous conduire vers un avenir meilleur.

3. LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE DANS LES TRIBUNES ONUSIENNES : PERSPECTIVES

L'orientation de la diplomatie onusienne du Cameroun passe, selon nous, par l'adoption et la mise en oeuvre de deux mesures majeures, à savoir la recherche de l'empowerment économique, et la redéfinition de la politique étrangère du pays.

1. La recherche de l'empowerment économique

Il faut entendre par « empowerment `' économique l'érection du Cameroun en une puissance économique à l'échelle continentale d'abord, et mondiale ensuite. Cela passe, d'après nous, par l'élaboration et la mise en oeuvre d'une vision de développement socio- économique homogène et rationnelle. En fait, une observation attentive des politiques de développement au Cameroun laisse croire que celles-ci n'obéissent pas à une logique cohérente, ordonnée et progressive. C'est ainsi qu'on a pu observer, en 2004, la mise sur pied par le chef de l'Etat, Paul Biya, d'une politique des « grandes ambitions `'. À côté de celle-ci s'élaborait également un « Document de stratégie pour la croissance et l'emploi `', lequel a été rendu public en 2010. Ensuite, alors que la plupart des projets relatifs aux grandes ambitions n'étaient pas encore arrivés à maturation, on annonçait, en début 2011, le lancement de la politique des« Grandes Réalisations `'. Dans la foulée, jusqu'en 2017, on assiste au lancement de plusieurs autres plans de développement parallèles les uns aux autres : plan d'urgence triennal 2015-2018, plan triennal Spécial Jeunes en 2016, plan d'urgence pour le Grand Nord...267(*)

Cette panoplie de plans de développement crée une certaine incohérence dans la politique économique du pays, rendant les projets difficilement réalisables, et freinant de ce fait son décollage économique. D'où la nécessité de définir et de mettre en oeuvre une politique de développement unique, claire, précise, rationnelle, avec des objectifs bien arrêtés à court, à moyen et à long terme.

Dans le même esprit, il faudrait aussi une meilleure prise en compte des personnes à associer à ce processus d'empowerment, et une rigueur sans faille dans le processus de mise en oeuvre des politiques susmentionnées.

2. La réorientation de la politique étrangère du Cameroun

Pour une diplomatie plus efficace au sein du système onusien, les dirigeants camerounais devraient opter pour une redéfinition de leur politique internationale, en tenant tout d'abord compte de l'évolution et des réalités du monde contemporain. Car s'il est vrai que, jusqu'à une date très récente, les éléments du hard power (puissance économique, puissance militaire, critères démographiques) ont longtemps compté comme indices fondamentaux de puissance, aujourd'hui, la donne a complètement changé. En effet, est considéré comme puissance tout Etat ayant la détention et la maîtrise des moyens du soft power que sont les nouvelles technologies de l'information et de la communication et les médias, la culture et le sport.268(*) À ce propos, les exemples des crises ivoirienne et libyenne de 2010-2011 apparaissent très illustratifs. Durant ces deux conflits, l'action de médias occidentaux tels Euro News et France 24 en faveur des rebelles des deux pays a fortement contribué à mettre l'opinion internationale dans sa grande majorité, du côté de l'Occident et de leurs alliés rebelles.

De la même façon, et toujours dans le même contexte, les puissances occidentales se sont servi de leur maîtrise des technologies satellitaires pour annihiler l'action de la télévision d'Etat ivoirienne RTI, qui était alors en faveur du président Gbagbo, maintenant ainsi l'opinion mondiale dans un état de désinformation totale, ce qui, du reste, leur convenait parfaitement.

Ainsi, le Cameroun devrait se doter de médias et autres organes de communication compétitifs, de forte audience et de grande envergure à l'international, ce qui, nous en sommes convaincu, lui permettra de mieux asseoir sa diplomatie de l'image, et par ricochet de se créer une place de choix au sein de l'organe onusien.

Toujours dans la même lancée, les autorités de Yaoundé devraient mettre un peu plus de moyens en vue de l'essor du cinéma et de l'artisanat camerounais. C'est en effet à travers la diffusion et la propagation de ces éléments clés de leur culture (surtout le premier) que beaucoup de pays se sont érigé en référence dans le monde : le Brésil, et le Mexique dans le secteur des télénovelas, ainsi que l'Inde, le Nigeria et les États-Unis dans toute la diversité du cinéma.

Le Cameroun devrait davantage renforcer sa diplomatie de présence active dans toutes les aires géopolitiques et diplomatiques dans lesquelles il participe, de la sous-région Afrique centrale à l'Assemblée générale des Nations-Unies, en passant par l'Union africaine, usant de tout son potentiel politique et diplomatique pour contribuer de façon remarquable et singulière, à la dynamique de la vie internationale.

Enfin, le Cameroun gagnerait beaucoup à engager de profondes réformes au niveau de son appareil politico-institutionnel. Ces réformes devraient aller dans le sens d'une plus grande déconcentration de l'activité étatique, ce qui devrait y engendrer une plus grande efficacité.

Le Cameroun, de par sa position géographique, son histoire coloniale assez singulière qui lui a conféré un statut particulier, sa vision idéologico-diplomatique et sa politique des positions singulière, constituent de grands atouts dans le cadre de l'action de son personnel politique et diplomatique à l'Assemblée générale des Nations-Unies. Cependant, son appartenance à la sphère géopolitique du Tiers-Monde en général, et africaine en particulier, son régime présidentialiste ainsi que sa situation économique constituent de très gros handicaps à cette action. Il devient dès lors impératif pour les autorités du pays, de prendre les mesures qui s'imposent. Ces mesures peuvent se mesurer dans la recherche de la puissance économique à travers la définition et la mise en oeuvre d'une politique économique cohérente et consistante, une profonde réforme du système politico-institutionnel, ainsi que la réorientation et la modernisation de sa politique internationale.

CONCLUSION GÉNÉRALE

Arrivé au terme de ce travail de recherche, il convient de tirer quelques conclusions. D'entrée de jeu, il faut noter que la coopération entre le Cameroun et l'ONU, qui remonte à la période de la tutelle franco-britannique, repose principalement sur des facteurs d'ordre historique, idéologique, géopolitique et géostratégique. Les interventions et positions camerounaises au sein dudit organe quant à elles, tiennent compte des intérêts nationaux, du poids politique et diplomatique des Etats mis en cause, notamment lors des débats relatifs aux conflits et contentieux internationaux, ainsi que du degré d'étroitesse des rapports existants entre le Cameroun et lesdits Etats.

Au rang des nombreux centres d'intérêt et thématiques évoqués, on peut relever le triomphe du Cameroun dans certains différends l'ayant opposé à d'autres membres de la communauté internationale, notamment le Nigeria, avec l'affaire Bakassi ; on note également des succès lors de ses prises de position sur certaines questions liées à l'impérialisme et à la discrimination raciale, notamment en Afrique. Enfin, il conviendrait aussi de relever que les appels incessants du Chef de la diplomatie camerounaise, le président Paul Biya, à une solidarité internationale en faveur de la préservation de la paix et de la sécurité internationales, commencent à porter de l'écho, en particulier sur le continent africain, à travers la mise sur pied de plusieurs forces et missions multinationales de maintien de la paix, même si bon nombre d'entre elles ont beaucoup de mal à être opérationnelles. Tout ceci va sans oublier le triomphe de la diplomatie camerounaise du rayonnement, à travers l'attribution d'importantes responsabilités à ses ressortissants au sein de la haute instance onusienne. Toutefois, la voix du Cameroun a eu moins d'écho dans la gestion de la crise congolaise, et les récents conflits ivoirien et libyen, où elle ne s'est même pas fait entendre.

Si les succès du Cameroun peuvent être attribués à son statut singulier hérité de la colonisation, à sa position géopolitique en Afrique et à la qualité de l'ensemble des acteurs intervenant dans le jeu diplomatique de l'Assemblée générale des Nations-Unies, ses échecs quant à eux peuvent être imputés d'abord à son appartenance à des sphères géopolitiques et anthropologiques plutôt défavorisées et marginalisées, le centralisme de son système politique, et à la faiblesse de sa puissance économique et financière.

Pour pallier à ces difficultés et se repositionner sur la scène internationale en général et dans le système onusien en particulier, le Cameroun gagnerait à s'ériger en puissance économique de premier plan, tant dans la sphère africaine que dans la sphère mondiale. Il gagnerait également à redéfinir et à mettre en oeuvre une stratégie diplomatique plus pragmatique, axée notamment sur l'exploitation des nouveaux instruments de politique étrangère que sont les technologies de l'information et de la communication, les médias dans toute leur diversité, et les éléments fondamentaux de sa culture que sont le cinéma, l'artisanat et l'art musical. Des réformes politiques allant dans le sens d'une plus grande déconcentration de l'activité étatique se posent également comme un impératif.

ANNEXES

Annexe 1: Intervention de son excellence Monsieur Paul Biya à la 70ème session de l'assemblée générale des Nations Unies

CAMEROUN

72EME SESSION DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES

Réunion de haut niveau sur l'adoption du programme de développement post 2015,

DÉCLARATION DE S.E.M. PAUL BIYA, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN

PRONONCE PAR

S.E.M PIERRE MOUKOKO MBONJO

MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES.

New York, le 26 septembre 2015

À vérifier au prononcé

MISSION PERMANENTE DU CAMEROUN PERMANENT MISSION OF CAMEROON AUPRES DES NATIONS UNIES TO THE UNITED NATIONS

22 EAST 73rd STREET NEW YORK, N.Y. 10021

Tel: (212) 794 2295 Fax: (212) 249 0533

E-mail: delecam@delecam.us / Cameroon.mission@ahoo.com

Website: www.delecam.us

Messieurs les co-Présidents,


· Excellences, Mesdames, Messieurs,

La présente session vient d'adopter le cadre de développement post-2015 qui fera suite aux Objectifs du Millénaire pour le Développement ou OMD.

Il y a un an, le Cameroun s'était clairement prononcé en faveur d'un programme « transformateur » se fixant comme priorités l'élimination de la pauvreté et de la faim ainsi que la croissance d'une économie soutenue et inclusive. On peut espérer que le nouveau programme adopté au cours des présentes assises s'inspire de ces priorités et tiendra toutes ses promesses.

Nous devons toutefois nous interroger sur les raisons qui ont fait que les résultats des actions menées dans le cadre précédent soient restés en deçà des Objectifs du Millénaire. Peut-être avonsnous été trop ambitieux ? Peut-être les circonstances ont-elles été adverses ? Ou peut-être a-t-on manqué de volonté politique ?

Quoi qu'il en soit, l'on doit reconnaître que les espoirs soulevés à l'origine par les OMD ont été en partie déçus. Cette constatation un peu amère ne doit pas nous conduire au découragement. Bien au contraire, elle doit nous inciter à rassembler nos énergies et à faire nôtre le slogan de l'Agenda 2030, à savoir « transformer le monde De toute évidence, c'est par le développement durable que cette noble cause pourra s'imposer. Il lui faudra pour cela être l'expression des besoins et des espoirs des populations concernées. C'est ce à quoi le Cameroun s'emploie sans cesse en appliquant une politique d'inclusion sociale qui se propose de ne laisser personne au bord de la route.

Après 70 années d'existence, au terme desquelles le sentiment général est que l'Organisation des Nations Unies a bien rempli sa mission, il est permis de se demander si le moment n'est pas venu pour elle d'ouvrir un nouveau chapitre de son action au service de la communauté internationale.

Si l'Agenda 2030 est, comme je le pense, l'occasion de prendre -- je cite -- un nouvel engagement pour la paix, la sécurité et les droits de l'homme -- fin de citation --, je ne doute pas un seul instant que ce nouvel engagement reçoive l'approbation de la quasi-unanimité des membres de notre Organisation.

Un rapide survol de la situation internationale montrerait en effet que les changements intervenus dans le monde au cours des dernières années, tant dans les rapports de force que s'agissant des grands défis de notre époque, nécessitent effectivement un « nouvel engagement » de la part de la communauté internationale. L'on peut certes se réjouir de l'accord entre les grandes puissances et l'Iran sur le nucléaire, de la détente intervenue entre les Etats-Unis et Cuba, de la prise de conscience des dangers du réchauffement climatique et d'une meilleure compréhension des exigences du développement durable. En revanche, il y a tout lieu de s'inquiéter de la progression du terrorisme, de l'incapacité de contrôler les flux migratoires et de l'instabilité de l'économie mondiale depuis la crise de 2007/2008.

Le Cameroun, pays qui a connu la stabilité et la paix pendant des décennies, est confronté, depuis quelques années sur sa frontière orientale, à une insécurité provoquée par le désordre régnant en RCA et, à l'extrême-nord, à des attaques et des attentats de la secte Boko Haram. Ces agressions ont eu pour conséquences de perturber la vie économique et sociale de la région concernée, d'y instaurer un climat d'insécurité et de provoquer un afflux de centaines de milliers de réfugiés.

On comprendra dès lors que mon pays ne puisse qu'approuver un engagement renouvelé des Nations Unies en faveur de la paix, de la sécurité et des droits de l'homme. Ils constituent fort heureusement l'ossature du nouveau programme pour un Développement Durable. Ce programme a le mérite d'affirmer que personne ne sera laissé pour compte.

Résumant ma pensée, je dirais que pour remplir de façon efficiente ce nouveau programme, l'ONU se doit de relever le défi des valeurs éthiques.

Je l'ai souligné ici même le 07 septembre 2000. Si la mondialisation ne s'accompagne pas d'un nouvel ordre moral, si elle manque de ce supplément d'âme que constitue la solidarité entre les nations et les peuples, elle risque de mettre en danger la paix si chère à notre temps Notre monde, Monsieur le Président, a besoin de l'éthique, cet ensemble valeurs morales indispensables à la communauté humaine dans son ensemble. Seule une telle éthique permettra de préserver la centralité de l'homme dans toutes nos politiques et actions.

Je renouvelle ici et maintenant la proposition du Cameroun de voir créée une instance internationale d'éthique, comité ou observatoire, chargée de promouvoir entre les nations et à l'intérieur de celles-ci les valeurs humaines fondamentales et universelles.

Je vous remercie de votre attention.

Source : Archives de la Mission Permanente du Cameroun aux Nations-Unies

Annexe 2 : Intervention de son excellence Monsieur Paul Biya à la 72ème session de l'assemblée générale des Nations Unies

CAMEROUN

72EME SESSION DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES

(New York, 12 septembre - 22 décembre 2017) Débat général

Thème : Priorité à l'être humain : paix et vie décente pour tous sur une planète préservée

DÉCLARATION DE S.E.M PAUL BIYA, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN

New York, le 22 septiembre 2017

À vérifier au prononcé

MISSION PERMANENTE DIJ CAMEROUN PERMANENT MISSION OF CAMEROON

AUPRÈS DES NATIONS UNIES '10 THE UNITED NATIONS

22 EAST 73rd STREET NEW YORK. N.Y. 10021 101: (212) 794 2295 Fax: (212) 249 0533

E-mail: delecam@delecam.us / Cameroon.mission@yahoo.com

Website: www.delecam.us

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Chefs d'Etat et de Gouvernement, Monsieur le Secrétaire Général de l'ONU, Mesdames et Messieurs les Chefs de délégations,

Je voudrais, Monsieur le Président, vous féliciter pour votre accession à la présidence de la présente session de l'Assemblée Générale de l'ONU. Votre grande expérience vous permettra, j'en suis sûr, de conduire avec plein succès nos délibérations. Soyez assuré de l'entière coopération de ma délégation.

A l'Ambassadeur Peter THOMPSON, votre prédécesseur et maître d'oeuvre de l'agenda 2030 du
·développement durable, je tiens à présenter mes félicitations pour sori bilan digne d'éloges.

Enfin, je voudrais renouveler mes chaleureuses félicitations à.M. Antonio GUTERRES, pour son élection unanime au poste de Secrétaire Général de notre Organisation. Vous pouvez, Monsieur. le Secrétaire Général, compter sur l'appui constant du Cameroun dans l'exercice de vos hautes et délicates fonctions.

Mesdames, Messieurs,

La présente session se tient dans un contexte international où de nombreux foyers de tension persistent dans le monde, où le terrorisme continue de faire des milliers de victimes, où l'activité humaine provoque des perturbations climatiques, où la pauvreté est loin de reculer. Mais c'est aussi une période où des efforts louables sont consacrés à la mise en oeuvre du Programme de Développement Durable qui vise à l'épanouissement de l'Etre Humain afin que nul ne soit laissé pour compte.

C'est dire toute la pertinence du thème soumis à notre réflexion, à savoir (je cite) « priorité à IEtÈe .humain : paix et vie décente pour tous sur

une planète préservée

Nos débats et surtout nos conclusions constitueront un test de notre fidélité à l'idéal des peuples des Nations Unies. Ceux-ci, nous dit le préambule de la Charte, se sont déclarés résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre, à favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie pour tous les peuples.


· Monsieur le Président

Pour le Cameroun, comme pour la plupart de nos Etats, la paix est la condition sine qua non de la survie de l'humanité et de tout développement durable. Cette paix demeure dangereusement menacée, notamment par le terrorisme, les conflits, la pauvreté et les dérèglements climatiques.

Aujourd'hui nous sommes tous, je dirais, « mendiants de la paix Et ces menaces persistantes nous interpellent tous au plus haut niveau.

Monsieur le Président,

Aucun continent, aucun pays n'est épargné aujourd'hui par le fléau du terrorisme dont le martyrologe rythme hélas le quotidien de nos vies. Quelques exemples .

août 2017, attentats de Barcelone et de Ouagadougou , juillet 2016, attentat de Bagdad : 292 morts ; octobre 2015, crash d'un Airbus russe dans le Sinaï : 224 morts , mars 2015, attaque des mosquées de Sana : 142 morts ; novembre 2015 attentats de Paris et Saint Denis : 130 morts...

Maïduguri, Kolofata, Fotokol... Que de morts sans nom, sans visage... Le nombre des victimes de la secte terroriste Boko-Haram dans le bassin du Lac Tchad est estimé à 2000. Le Cameroun et les pays voisins font face à cette secte qui, chaque jour, renouvèle ses méthodes et tactiques. Nous apprécions le soutien de nos partenaires dans le combat contre cette barbarie.

La lutte contre Boko-Haram, cette secte djihadiste, appelle à une mobilisation générale accrue si nous voulons réellement en finir avec ce danger. Il est mortel pour nos peuples, pour nos populations, pour notre indépendance et notre démocratie. Il est mortel pour la paix. Nous attendons beaucoup, à cet égard, de la venue, dans la région du Lac Tchad, de la mission de haut niveau prescrite par le Conseil de Sécurité au Secrétaire Général de l'ONU par sa résolution 2349,

Monsieur le Président,

Nous déplorons que les conflits perdurent en Afrique, en Asie, en Amérique latine et au Moyen-Orient. Ils engendrent douleurs et souffrances... Que de morts... Que de réfugiés et personnes déplacées... Que d'enfants errant sans toit et à l'avenir incertain, voire brisé...

Le Cameroun, qui a accueilli et accueille sur son sol des milliers de réfugiés centrafricains et nigérians, voit combien ils se sentent blessés, martyrisés et menacés dans leur existence.

Alors mobilisons-nous, redonnons, dans nos politiques, dans notre comportement et dans nos actions, priorité à l'Etre Humain.

Mesdames, Messieurs,

Menacée par le terrorisme et autres conflits, la paix l'est aussi par la persistance de la pauvreté. Le Conseil de Sécurité l'a fort opportunément rappelé, la pauvreté est une menace grave. Comment dès lors, comprendre que nous ayons peine à lui livrer un combat conséquent.

Les nombreuses déclarations et résolutions, les différentes décennies des

Nations Unies pour le développement ainsi que les plans d'action et autres agendas adoptés par l'ONU, ne sortent pas tous leurs effets. Le résultat est là : la pauvreté persiste ; l'écart entre pays riches et pauvres ne cesse de se creuser. Cette situation est aggravée par la baisse des prix des matières premières.

Mobilisons-nous, Monsieur le Président, dans un formidable élan de solidarité pour faire reculer la pauvreté. Accordons nos actes à nos paroles. Ce faisant, nous offrirons à nos populations des conditions d'une vie décente... Priorité à l'Etre Humain !

Monsieur le Président,

Nous devons, pour les générations actuelles et futures, préserver notre planète. Nous saluons, à cet égard, l'Accord de Paris sur le Climat que le Cameroun, je le rappelle, aura été parmi les premiers pays à signer et à ratifier. Nous pouvons nous féliciter des mesures actuellement prises pour sa mise en oeuvre effective.

C'est l'occasion pour nous de réitérer, avec force, le souhait légitime et unanime des pays en développement. Ces pays qui polluent peu, comme nous le savons tous, méritent de bénéficier de la part des pays riches, qui polluent beaucoup, de moyens multiformes pour promouvoir efficacement, à leur niveau, les objectifs de l'Accord de Paris.

Pour l'Afrique, deux urgences nous interpellent.

D'abord la dégradation continue des forêts en Afrique Centrale. Sauvons le Bassin du Congo, le deuxième poumon de la planète.

Il y a ensuite la désertification qui affecte le Lac Tchad en voie de disparition. Cet immense plan d'eau, indispensable à la vie des populations et à la biodiversité, a déjà perdu 90 % de sa surface initiale. Sauvons le Lac Tchad.

En agissant de la sorte, nous contribuons à la préservation de la planète pour le grand bien de l'Etre Humain.

Monsieur le Président,

La quête de la paix nous concerne tous. Tous les pays doivent oeuvrer pour son avènement.

Alors n'est-il pas temps que la voix des pays pauvres, singulièrement de l'Afrique, porte plus loin ?

N'est-il pas temps, et grand temps, que le message de l'Afrique au Monde soit mieux pris en compte ?

N'est-il pas grand temps qu'une nouvelle architecture de notre Organisation permette, justement, à l'Afrique de mieux se faire entendre au sein d'une Assemblée Générale revitalisée, d'un Conseil de Sécurité qui nous ouvre davantage et plus équitablement ses portes ?

Un monde plus solidaire est la condition sine qua non de la paix sur

ï Monsieur le Président,

Il me faut conclure.

Notre bien le plus précieux c'est la paix. Sans elle, nous ne pouvons rien entreprendre de durable, d'efficace au bénéfice de nos jeunes, de nos peuples.

Le thème en débat vient opportunément nous rappeler l'engagement des pères fondateurs de l'ONU, à savoir :

ï préserver les générations futures des affres de la guerre , assurer à tous, grâce à la coopération, une existence décente, à l'abri du besoin.

Le présent débat nous invite à renouveler notre foi agissante aux idéaux et objectifs de l'ONU.

Puissions-nous, ensemble, prendre, à bras le corps, la grande question de la paix et du développement dans le monde.

Le Cameroun, comme il l'a fait ici le 10 Septembre 2000, appelle à nouveau le Monde à s'unir dans une grande coalition en faveur de l'Être Humain replacé au centre de nos politiques. Garantissons-lui la paix et une vie décente dans une planète préservée.

Je vous remercie, Monsieur le Président. -

Source : Archives- de la Mission Permanente du Cameroun aux Nations-Unies

SOURCES ET RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

I. SOURCES PRIMAIRES

A. Archives

1. Archives de l'Assemblée générale des Nations-Unies

CV de M. Michel Tommo Monthé.

Document GA /1865, `'Résolutions sur les armes chimiques et bactériologiques et le désarmement général et complet'', 21 janvier 1991.

`'Intervention de S. E. M. Paul Biya à la 71ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies''.

2. Archives du Cabinet Civil de la Présidence de la République du Cameroun

`'Intervention de S. E. M. Paul Biya à la 60ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies''.

`'Intervention de S. E. M. Paul Biya à la 72ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies'', dossier de presse.

3. Archives de la Cour Internationale de Justice

`'Arrêt sur le conflit frontalier terrestre et maritime opposant la République du Cameroun à la République Fédérale du Nigeria''.

4. Archives du Ministère des Relations Extérieures

Dossier Cameroun-ONU

`'Apartheid'', No 4104.

`'Conseil des Nations-Unies pour la Namibie : rapport : projet de budget de la 38ème session : compte-rendu analytique de la 9ème séance'', No 678.

`'Déclaration du Président Ahidjo à la 24ème session de l'Assemblée générale de l'ONU'', No 2430.

`'Différend frontalier, activités militaires et paramilitaires au Nicaragua, continental shase between Mali and Libya'', No 4772.

`'Intervention de l'Ambassadeur Martin Beliga Eboutou au Conseil de Sécurité de l'ONU'', No 2424.

15ème session de l'Assemblée générale, 13 septembre 1960, No 2924.

Dossier Cameroun-OUA

`'Affaire Djiena Wembou : Note du Ministre des Relations Extérieures à la très haute attention du Président de la République'' (n. d. )

`'Notes, échanges et correspondances''.

5. Archives de la Mission Permanente du Cameroun aux Nations-Unies

`'72ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies : Débat général : `'Priorité à l'être humain : paix et vie décente pour tous sur une planète préservée''.

`'Intervention de S. E. M. Paul Biya à la 50ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies''.

6. Archives privées d'Albert Pascal Temgoua

`'Accord entre l'Allemagne et la Grande Bretagne au sujet de la délimitation territoriale entre le Kamerun et le Nigeria''

B. Sources orales

Noms et prénoms

Age

Statut social/fonction

Date et lieu de l'entretien

ADJOMO Thomas Thierry

La trentaine environ

Secrétaire des Affaires étrangères, cadre à la Direction des Nations-Unies et de la Coopération Décentralisée MINREX)

25 septembre 2019 à Yaoundé

BEKEN Jean Faustin

40 ans environ

Professeur de lycées (Histoire-Géo-ECM-

17 mai 2019 à Yaoundé

BISSI MPONDO Giles Paulin

33 ans environ

Secrétaire des Affaires étrangères, cadre à la Direction des Nations-Unies et de la Coopération Décentralisée (MINREX)

16 septembre 2019 à Yaoundé

MBALLA EYENGA Cécile

54 ans

Ministre plénipotentiaire, Directeur des Nations-Unies et de la Coopération Décentralisée (MINREX)

16 octobre 2019 à Yaoundé

MBOUA Pierre Célestin

46 ans

Universitaire, consultant auprès du système des Nations-Unies

05 mai 2019 à 22 :30 à Yaoundé

MOUNGUI MEDI Ambroise Lasconi

40 ans environ

Secr2taire des Affaires étrangères, Chef du Service en charge des relations avec les Organes à caractère politique et juridique, Direction des Nations-Unies et de la Coopération Décentralisée (MINREX)

1er novembre 2019 à Yaoundé

NGBWA OWONO Gabriel

1953-2016

Professeur de lycées, ancien Inspecteur national de pédagogie chargé des SVT (MINESEC)

 

ONANA NTSA Fabien

La trentaine environ

Professeur de lycées (Histoire-Géo-ECM, spécialiste de la politique africaine de la Chine

22 avril 2019 à Yaoundé

OWONO NGBWA Pierre Rodrigue

33 ans

Expert financier

23 septembre 2016 à Zoétele

TCHOFFO MONGUI Rodrigue

La trentaine environ

Secrétaire des Affaires étrangères, cadre à la Direction des Nations-Unies et de la Coopération Décentralisée (MINREX)

5 novembre 2019 à Yaoundé

BIBLIOGRAPHIE

A. Ouvrages

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6. Textes et lois

Décret No 2013/112 du 22 avril 2013 portant organisation du ministère des Relations extérieures.

Constitution de la République du Cameroun.

TABLE DE MATIÈRE

DÉDICACE i

SOMMAIRE ii

SIGLES ET ACRONYMES iv

LISTE DES ILLUSTRATIONS vi

RÉSUMÉ vii

ABSTRACT viii

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

1. Cadre général de l'étude 2

2. Raisons du choix du sujet 3

3. Objet de l'étude 5

4. Justification des bornes chronologiques 6

5. Intérêt de l'étude 7

6. Clarification conceptuelle 8

7. Définition des concepts opératoires 13

8. Revue critique de littérature 15

9. Problématique 18

10. Hypothèses de recherche 19

11. Cadre théorique 20

12. Démarche méthodologique 25

13. Plan de travail 28

CHAPITRE I : 30

LA COOPÉRATION CAMEROUN-ONU : ORIGINES ET GÉNÉRALITÉS 30

I. DES PREMIÈRES INTERVENTIONS CAMEROUNAISES À L'ONU : LE NATIONALISME CAMEROUNAIS DANS LES TRIBUNES ONUSIENNES 32

1. Les interventions des nationalistes upécistes 32

2. Les interventions des nationalistes modérés 38

3. Les nationalistes du Southerns Cameroons aux Nations-Unies 40

4. Impact et portée des premières interventions camerounaises à l'ONU 43

II. LES FONDEMENTS DE LA DIPLOMATIE ONUSIENNE DU CAMEROUN 46

1. Les facteurs historique et idéologique 47

2. Les facteurs stratégiques 48

III. TYPOLOGIE DES PERSONNELS 53

1. Les acteurs politiques 53

2. Les acteurs diplomatiques 59

IV. LES CRITERES DE DESIGNATION DES ACTEURS 62

1. Les critères académiques ou techniques 62

2. Les critères politiques et stratégiques 64

CHAPITRE II : 69

I. LES POLITIQUES ET DIPLOMATES CAMEROUNAIS FACE AUX QUESTIONS D'INTÉRÊT NATIONAL 71

1. Le dossier de la réunification avec le Cameroun britannique 71

2. Le conflit de Bakassi 74

3. Les ingérences chinoises 81

II. LES RESSORTISSANTS CAMEROUNAIS DANS LA DIPLOMATIE DE L'IMAGE ET DU RAYONNEMENT DU CAMEROUN DANS LES TRIBUNES ONUSIENNES 84

1. Le Cameroun, bon élève des Nations-Unies 84

2. Le Cameroun, mendiant de la paix et promoteur de la solidarité africaine 87

3. La diplomatie de promotion de l'image de marque du Cameroun 88

CHAPITRE III : 91

I. LES CAMEROUNAIS FACE AUX GRANDES PROBLÉMATIQUES INTERNATIONALES 92

1. L'impérialisme et la discrimination raciale 93

2. Le désarmement 97

3. La paix, la sécurité, et l'éthique internationales 97

II. LES ACTEURS CAMEROUNAIS FACE AUX CONFLITS ET CONTENTIEUX INTERNATIONAUX 100

1. La crise israélo-palestinienne 100

2. L'ingérence américaine au Nicaragua 102

3. Les crises ivoirienne et libyenne 103

III. QUELQUES GRANDS NOMS CAMEROUNAIS À L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES 107

1. Ferdinand Léopold Oyono 107

2. Paul Bamela Engo 108

1. Michel Tommo Monthé 109

CHAPITRE IV : 111

I. UNE APPROCHE D'ÉQUILIBRE MESURÉ DE LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES 112

1. Succès 112

2. Échecs 115

2. FORCES ET FAIBLESSES DE LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES 116

1. Forces 116

2. Faiblesses 118

3. LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE DANS LES TRIBUNES ONUSIENNES : PERSPECTIVES 121

1. La recherche de l'empowerment économique 121

2. La réorientation de la politique étrangère du Cameroun 122

CONCLUSION GÉNÉRALE 124

ANNEXES 126

SOURCES ET RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 135

I. SOURCES PRIMAIRES 135

4. BIBLIOGRAPHIE 137

5. Conférences et communications scientifiques 141

6. Sources électroniques 141

7. Textes et lois 143

TABLE DE MATIÈRE 144

* 1 A. Ndam Njoya, Le Cameroun dans les relations internationales, Paris, LGDJ, 1976, p. 7.

* 2 Il faut noter qu'avant la SDN, d'autres organisations internationales avait déjà vu le jour, notamment au courant du XIXème siècle : l'Union Postale Universelle, la Commission de navigation sur le Rhin, la Commission de navigation sur le Ruhr...

* 3 htpps // fr.m. wikipedia.org, «La Société des Nations'', consulté le 02 février 2020.

* 4 Cf. G. Devin et M.-C. Smouts, Les organisations internationales, Paris, Armand Colin, 2011, pp. 109-110.

* 5 La Deuxième Guerre du Golfe avait initialement pour principaux belligérants l'Iraq et le Koweït. Au regard des intérêts pétroliers très importants de Washington au Koweït, les Nations-Unies ont, sous l'impulsion de l'administration Bush (senior), décidé de l'envoi d'une coalition internationale sur les lieux. Cette coalition fut, au demeurant, dirigée par les Etats-Unis.

* 6 N. Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, Paris, L'Harmattan, 1996, pp. 57-58 et 178-179.

* 7 Lire G. P. Etoa Oyono : «Ferdinand Oyono : le diplomate», mémoire de maitrise en Histoire, Université de Yaoundé I, 2004 ; «Le personnel diplomatique camerounais», mémoire de DEA en Histoire, UYI, 2009, et sa thèse de Doctorat portant sur l'ambassade du Cameroun en France, soutenue en 2015 : lire C. Ngono Owono, «Joseph Owono Nkoudou, l'un des pionniers de la diplomatie camerounaise», mémoire de maîtrise en Histoire, Université de Yaoundé I, 2002.

* 8 Cf. le discours de l'ancien président français Nicolas Sarkozy à Dakar en 2009.

* 9 La date susmentionnée renvoie à l'ancien Cameroun français. En effet, la forme de l'Etat a évolué au fil des temps, notamment en 1961(1er octobre), avec la réunification avec l'ex-Cameroun britannique.

* 10 Cf. Chapitre III.

* 11 G. Tate, La Grèce antique, Paris, Hachette, 1990, p. 11.

* 12 Au Cameroun, cette loi a été récemment modifiée en décembre 2019 par l'adoption et la promulgation d'un nouveau Code général des Collectivités Territoriales Décentralisées.

* 13 J.-J. Roche, Théories des relations internationales, Paris, Montschrétiens, 2001, p.23.

* 14 Ibid.

* 15 N. Machiavel, Le Prince, Paris, Garnier-Flammarion, 1992, chap. XXI.

* 16 Marchstein, Introduction aux relations internationales... p.19.

* 17 mapageweb.unmontreal.ca, « Classification des théories des relations internationales `', consulté le 07 février 2020.

* 18 Roche, Théories des relations internationales... p.52.

* 19 Ibid., pp. 51-52.

* 2021 B. Buzan et al., The logic of anarchy. Neorealism to structural realism, New-York, Columbia University Press, 1993.

* 22 R. Little, «Structuralism and Neo-Realism», in International Relations, A Handbook of Current Theory, Light and Groom, Boulder, Lynne Rienner, p.75.

* 23 Ibid.

* 24 M.-C. Smouts et al., Dictionnaire des relations internationales, Paris, Dalloz, 2006, pp. 138-143.

* 25 Ibid.

* 26 Larousse, Dictionnaire électronique, 2003-2019.

* 27 J. Salmon, Dictionnaire de droit international public, Bruxelles, Bruylant, 2001, p. 407.

* 28Ndam Njoya, Le Cameroun dans les relations internationales...

* 29 N. Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, Paris, L'Harmattan, 1996.

* 30Y. A. Chouala, La politique extérieure du Cameroun. Doctrines, acteurs, processus et dynamiques régionales, Paris, Karthala, 2014.

* 31 P. Biya, Pour le libéralisme communautaire, Paris, Favre, 1987.

* 32 J. -M. Atangana Mebara, Le Secrétaire général de la Présidence de la République du Cameroun. Entre mythes, textes et réalités, Paris L'Harmattan, 2016.

* 33 Devin et Smouts, Les organisations internationales...

* 34 J.B Duroselle, Histoire diplomatique, tome 2, Paris, Dalloz, 1990.

* 35 P. Boniface, Manuel de relations internationales, Paris, Dunod, 1995.

* 36 G.P. Etoa Oyono, «Ferdinand Oyono : le diplomate», mémoire de Maîtrise en Histoire, Université de Yaoundé I, 2004.

* 37 G. P. Etoa Oyono, «Le personnel diplomatique camerounais», mémoire de DEA en Histoire, Université de Yaoundé I, 2009.

* 38 R. G. Ndo'o, La coopération israélo-camerounaise 1959-2008», thèse de Doctorat/Ph.D en Histoire, Université de Yaoundé I, 2016.

* 39 W. D. Foga Konefon, «Les migrations nigérianes au Cameroun : incidences et représentations sociales (1916-2008)», thèse de Doctorat/Ph.D en Histoire, Université de Yaoundé I, 2017.

* 40 R. Mpkpouwoupieko Zoulica, «Le processus de décision dans la politique étrangère du Cameroun : le cas du règlement judiciaire dans le conflit de Bakassi», mémoire de Master en Relations Internationales, IRIC, 2011.

* 41J. P. Tiki, «L'action gouvernementale en matière de promotion de l'image de marque du Cameroun», mémoire de Master en Relations Internationales, IRIC, 2012.

* 42 G. R. Assie et R. R. Kouassi, Cours d'initiation à la méthodologie de recherche, Ecole Pratique de la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Abidjan, p. 23. (Inédit).

* 43 Ibid., p.24.

* 44 Marchstein, Introduction aux relations internationales... p. 35.

* 45 Ibid.

* 46 E. H. Carr, The twenty years crisis. 1919-1939. An introduction to the Study of International relations, New York, Harper and Row, 1964, pp. 87-88.

* 47 mapageweb.unmontreal.ca...

* 48 Ibid.

* 49 Https//. Fr.wipedia.org, « Les Quatorze Points du Président Wilson `', consulté le 09 février 2020.

* 50 Devin et Smouts, Les organisations internationales... p. 14.

* 51 Roche, Théories des relations internationales... p.38.

* 52 Ibid., pp. 139-140.

* 53 A. Ouhaijou, Méthodes des sciences sociales, inédit.

* 54 Ouhaijou, Méthodes des sciences sociales...

* 55 A. Fogou, « Histoire, conscience historique et devenir de l'Afrique : revisiter l'historiographie africaine `', in Revue de la Fondation Maison des Sciences de l'homme, numéro 60, janvier 2014.

* 56 Cf. plus haut.

* 57 Cf. l'articulation portant sur la diplomatie de l'image et du rayonnement, Chapitre III. Notre formation (autodidacte) dans les domaines de l'image et de la communication (politique) nous a été dans ce sens très utile.

* 58 Les explorateurs portugais seront particulièrement émerveillés par la richesse en crevettes du fleuve Wouri, qu'ils baptiseront à cet effet Rio dos Camaroes(rivière des crevettes). Ce nom évoluera pour devenir tour à tour `' Cameroon `' avec les explorateurs anglais, `' Kamerun `' avec les colons allemands, puis `' Cameroun `' avec les Français.

* 59 Lorsque nous parlons de « nations `' ici, nous faisons référence aux groupes ethniques.

* 60 Pour les faits ayant conduit à cette annexion, lire A.OWONA, La naissance du Cameroun, Paris, L'Harmattan, 1996 ; E. Meng, Histoire du Cameroun, tome 2, Yaoundé, CEPER, 1985 ; V. J. Ngoh, Cameroun 1884-1985 Cent ans d'histoire, Yaoundé, CEPER, 1990, etc...

* 61 Le territoire a ce statut depuis 1919, mais il ne devient effectif qu'en 1922.

* 62 Il s'agit ici des résistances armées, dirigées contre l'ancien occupant allemand.

* 63 D. Mokam, «Les associations régionales et le nationalisme camerounais (1945-1960)», thèse de Doctorat/Ph. D en Histoire, Université de Yaoundé I, 2005, pp. 66-92.

* 64 D. Abwa, Cameroun histoire d'un nationalisme (1884-1961), Yaoundé, Editions CLE, 2010, Préface.

* 65 J. Ki-Zerbo, Histoire de l'Afrique noire d'hier à demain, Paris, Hatier, 1978, p. 500.

* 66 Gaiilard, Ahmadou Ahidjo..., p. 40.

* 67 Ngoh, Cameroun 1884-1985..., p.119.

* 68 Abwa, Cameroun, histoire d'un nationalisme..., p.210.

* 69 Abwa, Cameroun, histoire d'un nationalisme...

* 70 D. Abwa, Commissaires et haut-commissaires de la France au Cameroun (1916-1960)

Ces hommes qui ont façonné politiquement le Cameroun, Yaoundé, Presses Universitaires de Yaoundé et Presses de l'Université Catholique d'Afrique centrale, 1998, p. 339.

* 71 Extrait des statuts de l'UPC, cité par Y. Mintogue, «L'indigène comme acteur politique. Militantisme et formes de participation politiques dans l'Union des Populations du Cameroun (UPC). (1948-1955, mémoire de Master 2 en Sciences politiques, Université Paris I, 2011, p.24.

* 72 Abwa, Cameroun, histoire d'un nationalisme... p.211.

* 73 Abwa, Cameroun, histoire d'un nationalisme... p.211.

* 74 Ibid, pp. 212 et 216 ; Ngoh,Cameroun 1884-1985... pp.119-120.

* 75 Abwa, Cameroun, histoire d'un nationalisme... p.213

* 76 A propos de ces trucages électoraux et autres manigances administratives dont l'UPC fut victime, lire les deux ouvrages de D. Abwa mentionnés dans le texte, notamment Commissaires et haut-comissaires..., p. 352.

* 77 En réalité, les premières interventions camerounaises aux Nations-Unies datent de 1945, avec Louis Paul Aujoulat et Alexandre Douala Manga Bell. Ceux-ci s'étaient rendus devant l'Assemblée générale de ladite organisation pour défendre les accords de tutelle entre la France et le Cameroun. Cf. A. Eyinga, UPC, une révolution manquée, Paris, Editions Chaka, 1991, p. 49. Mais dans le cadre de notre analyse, nous avons décidé de nous intéresser aux interventions datant des années 1950.

* 78 Eyinga, L'UPC..., pp. 48, 52-53.

* 79 Ibid. p. 53.

* 80 Gaillard, Ahmadou Ahidjo... pp. 91-92.

* 81 Mokam, `'Les associations régionales et le nationalisme''...,  p.399.

* 82Ibid.

* 83 Mokam, «Les associations régionales et le nationalisme''...p.399.

* 84 Abwa, Cameroun, histoire d'un nationalisme... p.323.

* 85 Eyinga, L'UPC... p. 73.

* 86 Gaillard, Ahmadou Ahidjo... p. 92.

* 87 Kamerun National Democratic Party.

* 88 B. Chem Langhëë, «The Kamerun Plebiscites1951-1961: Perceptions and strategies», thèse de Doctorat/Ph.D en Histoire, University of California, Santa Barbara, 1976, p.141.

* 89 A ce propos, lire Gaillard, Ahmadou Ahidjo...

* 90 Chem Langhëë, «The Kamerun plebiscites...

* 91 Chem Langhee, `'The Kamerun plebiscites''...

* 92 Langhee, The Kamerun plebiscites...

* 93 Kamerun National Congress.

* 94 P. Ela, Dossiers noirs sur le Cameroun, Paris, Papyrus, 2002.

* 95 Pour en savoir plus sur ces manoeuvres, lire Gaillard, Ahmadou Ahidjo...

* 96 J. Essola Ngbwa, «L'évolution de l'administration du trésor au Cameroun et son fonctionnement depuis 1962», thèse de Doctorat/Ph. D. en Histoire, Université de Yaoundé I (en cours).

* 97 Entretien avec Pierre Rodrigue Owono Ngbwa, 36 ans, financier, le 26 décembre 2016 à Zoétele.

* 98 Afrique Media, Le Débat Panafricain, mai 2014.

* 99 Entretien avec Gabriel NGBWA OWONO (1953-2016), professeur de lycées. Nous avons eu plusieurs entretiens sur cette question durant les quatre à cinq dernières années qui précédèrent sa mort ; nous les eûmes notamment à Yaoundé et à Zoétele.

* 100 Archives du Ministère des Relations Extérieures, Dossier Cameroun-ONU, `'15ème session de l'Assemblée générale'', 13 septembre 1960,No 2924.

* 101 Voir plus haut, et lire les différents ouvrages qui y sont cités à ce propos.

* 102 Chouala, La politique extérieure du Cameroun...p.190

* 103 Toast au dîner offert en l'honneur du Secrétaire général de l'ONU, Javier Pérez, le 29 février 1998, cité par Chouala, La politique extérieure du Cameroun...

* 104 S. Bindzi, Communication à la conférence sur «La diplomatie camerounaise face aux défis contemporains `', Cercle d'Histoire-Géographie-Archéologie, Université de Yaoundé I, 22 avril 2019..

* 105 Gaillard, Ahmadou Ahidjo...p.174

* 106 Chouala, La politique extérieure du Cameroun... p.191

* 107 U. Ekotto, Communication à la conférence sur `'La diplomatie camerounaise face aux défis contemporains `', Cercle d'Histoire-Géographie-Archéologie, Université de Yaoundé I, 22 avril 2019.

* 108 Cf. Préambule de la Charte des Nations-Unies.

* 109 Aujourd'hui Organisation de la Coopération islamique.

* 110Il faut relever que certaines de ces organisations, au-delà de leur essence fondamentale, ont souvent des natures cachées. L'Organisation des Pays exportateurs de pétrole (OPEP) par exemple, fondamentalement une organisation de coopération économique et commerciale, peut également apparaître comme un puissant instrument de lobbying, premièrement dans le sens où elle vise à contrecarrer le diktat des puissances occidentales par rapport aux cours du pétrole, et deuxièmement quand on sait qu'elle sert souvent de moyen de pression aux Etats arabes (qui en sont les membres les plus nombreux et les plus influents) par rapport à certaines problématiques internationales. La crise du Yom Kippour et ses suites sont à ce propos très édifiantes.

* 111 Archives du Cabinet Civil de la Présidence de la République du Cameroun, « Intervention de S.E. M. Paul Biya à la 72ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies », dossier de presse, archives numériques consultées le 2 mai 2019.

* 112 Ibid.

* 113 J. Saucin, Cours sur La communication de crie, Institut des Hautes Études des Communications Sociales de Bruxelles, 2015, 1ère édition, p. 6

* 114 Nous parlons ici du Cameroun au lendemain de son accession à la souveraineté internationale.

* 115 Attaques de la secte terroriste Boko Haram dans l'Extrême-Nord ; crise sécessionniste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ; crise des réfugiés centrafricains à l'Est ; phénomène des preneurs d'otages dans l'Adamaoua...

* 116 Cité par Marchstein, Introduction aux relations internationale... p. 19.

* 117 Biya, Pour le libéralisme communautaire... p. 26.

* 118 Chouala, La politique extérieure du Cameroun...

* 119 Devin et Smouts, Les organisations internationales... p.15.

* 120 G. Tate, La Grèce antique...

* 121 Mouelle Kombi, La politique étrangère... pp. 23-24.

* 122 Décret No 2013/112 du 22 avril 2013 portant organisation du Ministère des Relations extérieures. C'est nous qui mettons en évidence.

* 123 Interview au Nouvel Observateur du 06 Juillet 1981, p. 30.

* 124 Http ://www.wikipedia.org `'Martin Belinga Eboutou'', biographie, consulté le 15-05-2019.

* 125 Nous venons de vivre cela lors de la dernière session du Conseil de sécurité. Le représentant permanent du Cameroun à l'ONU, M. Michel Tonmo Monthé, déclarait : `' Le Cameroun n'est pas un paradis, mais il n'est pas non plus l'enfer que certains dépeignent `'. Notons que cette déclaration intervenait à la suite de nombreuses accusations émant de part et d'autre de la communauté internationale, faisant état du viol des droits de l'homme par l'Etat camerounais, notamment dans la gestion de la crise anglophone et ce qu'il convient désormais d'appeler « l'affaire Kamto ».

* 126 Archives de l'Assemblée générale des Nations-Unies, `'CV de Michel Tommo Monthé'', consulté le 07-05-2019.

* 127 Entretien avec Pierre Célestin Mboua, 46 ans, universitaire et diplomate, consultant auprès du Système des Nations-Unies, le 05 mai 2019 à 22 :30.

* 128 http://www.wikipedia.org, consulté le 03 Octobre 2015 ; http://www.camerlex.com, consulté le 20 mai 2019.

* 129 Gaillard, Ahmzadou Ahidjo... p. 94.

* 130 Mouelle Kombi, La politique étrangère... p. 36.

* 131 Etoa Oyono, «Ferdinand Oyono'... mémoire de maîtrise en Histoire, Université de Yaoundé I, 2004.

* 132 http://www.wikipédia.org, consulté le 03 octobre 2015.

* 133 Ibid, consulté le 20 mai 2019.

* 134 Ibid.

* 135 Etoa Oyono, « Le personnel diplomatique camerounais....

* 136 http://www.wikipedia.org, consulté le 20 mai 2019.

* 137Ibid.

* 138 Il s'agit surtout de la frange acquise au bloc communiste, soit en très grande partie les pays de la communauté dite des `' non-alignés `'. Ceux-ci, non seulement apportaient ouvertement leur soutien politique, diplomatique et même logistique pour certains, mais n'hésitaient pas à parier sur la stabilité et la longévité du nouveau chef de l'Etat camerounais.

* 139 Archives u Ministère des Relations Extérieures, Dossier Cameroun-ONU : Intervention de l'Ambassadeur Martin Belinga Eboutou au Conseil de Sécurité des Nations-Unies, No 2424.

* 140 Ferdinand Oyono a publié trois oeuvres littéraires qui ont eu un très grand écho dans les milieux scolaires et littéraires africains et même internationaux, à savoir : Le vieux nègre et la médaille, Une vie de boy, et Chemin d'Europe.

* 141 Etoa Oyono, «Ferdinand Oyono''...

* 142 F. Pigeaud, Au Cameroun de Paul Biya, Paris, Karthala, 2011, p. 46.

* 143 Smouts et al., Dictionnaires des relations internationales....

* 144 Expression utilisée par Gaillard, Ahmadou Ahidjo...p. 98.

* 145 Ibid. Les autres analyses qui vont suivre sur la question découlent du même ouvrage.

* 146 Cette analyse est beaucoup plus valable pour des opposants comme Paul Soppo Priso, qui appartient à l'aire culturelle sawa, aire à laquelle appartiennent également les populations originaires de la région de Buea.

* 147 Abwa, Cameroun, histoire d'un nationalisme...

* 148 Gaillard, Ahmadou Ahidjo... p.100.

* 149 Etoa Oyono, «Ferdinand Oyono...« p.30.

* 150 Voir A. Lewin, « Les Africains à l'ONU `', in Cairn. Info, consulté le 31 mai 2019.

* 151 H. M., Yerima, R. Singh, «The Bakassi Dispute: People's Dynamics and the rise of Militancy `', in  IOSR Journal of Humanities of Social Science (IOSR/JHSS), volume 2, Issue I, 6 janvier 2017.

* 152 Mkpouwoupieko Zoulica, «Le processus décisionnel dans la politique étrangère du Cameroun...» p. 33.

* 153 Archives du Gouvernement de la République du Cameroun, `'Dossier sur le conflit frontalier de Bakassi'', consulté le 22 septembre 2020.

* 154 Archives privées d'Albert Pascal Temgoua, `'Accords entre l'Allemagne et la Grande Bretagne au sujet de la délimitation territoriale entre le Kamerun et le Nigeria'', consultées en décembre 2014. D'après cette source, c'est la mise à jour et la publication de ces accords qui ont permis de régler le conflit du point de vue historique, devant la Cour Internationale de Justice.

* 155 Par cette borne chronologique, nous nous référons plus au Cameroun britannique, étant donné que c'est lui qui fait l'objet de notre attention dans cette sous-partie de notre travail.

* 156 Pour mieux comprendre l'impact des immigrations nigériane dans le conflit de Bakassi, lire la thèse de Doctorat /Ph.D de W. D. Foga Konefon intitulée : «Les migrations nigérianes au Cameroun : incidences et représentations sociales (1916-2008)», Université de Yaoundé I, novembre 2017.

* 157 V. Wanyaka Bonguen, «La coopération militaire entre la France et le Cameroun : de l'assistance à la quête d'un partenariat technique'', thèse de Doctorat/Ph.D en Histoire, Université de Yaoundé I, 2008.

* 158 Ngoh, Cameroun 1884-1985..., p.241.

* 159 Mouelle Kombi, La politique étrangère..., p.105.

* 160 Archives de la Mission Permanente du Cameroun auprès des Nations-Unies, `'Intervention de S.E. M. Paul Biya à la 50ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies `', septembre 1995.

* 161 Etoa Oyono, `'Ferdinand Oyono''...p.111.

* 162 Archives du Ministère des Relations Extérieures, `'Dossier Cameroun-OUA : notes, échanges et correspondances''.

* 163 Lewin, `'Les Africains à l'ONU''...

* 164 Etoa Oyono, `'Ferdinand Oyono''..., p. 111.

* 165 D'après certaines sources orales que nous avons eu à consulter, le gouvernement américain aurait pris fait et cause pour la principale figure de l'opposition d'alors, Ni John Fru Ndi, candidat à la présidentielle de 1992. Il lui aurait plus précisément apporté son soutien technique (envoi d'experts américains pour l'assister et le conseiller) et financier.

* 166 Archives de la Cour Internationale de Justice, `'Arrêt sur le conflit frontalier terrestre et maritime opposant la République du Cameroun à la République Fédérale du Nigeria au sujet de la péninsule de Bakassi'', juillet 2002, consulté le 26 février 2021 ; Atangana Mebara, Le Secrétaire général de la Présidence..., p. 203.

* 167 Atangana Mebara, Le Secrétaire général de la Présidence..., p. 207.

* 168 CRTV, Journal télévisé de 20 :30, 14 août 2008.

* 169 Voir Gaillard, Ahmadou Ahidjo...

* 170 Ibid, p.104.

* 171 Du moins officiellement. Néanmoins, le Premier ministre Chou En Lai avait transmis un télégramme de félicitations à son homologue camerounais, Ahmadou Ahidjo, au lendemain de la proclamation de l'indépendance.

* 172 À cette époque, il existait, en Chine, deux gouvernements parallèles et antagonistes qui revendiquaient chacun la légitimité à l'international, à savoir le gouvernement de Pékin, dirigé par Mao Zedong, et le gouvernement taiwanais, dirigé par Tchang Kai Tchek. D'où la problématique de la reconnaissance internationale de la Chine qui se posait alors.

* 173 J. R. Booh Booh, « Cameroun : Dans les coulisses des relations avec la Chine il y a 40 ans `', https : //www.pairault.fr, consulté le 14 janvier 2020.

* 174 Ibid.

* 175 Ibid.

* 176 Entretien avec Fabrice Onana Ntsa, environ 36 ans, professeur de lycées, spécialiste de la politique africaine de la Chine, le 22 avril 2019 à Yaoundé.

* 177 E. Alontsi Dongmo, « Le Cameroun et les changements climatiques `', in « dongmo9.over-blog.com », consulté le 15 janvier 2020.

* 178 Archives du Cabinet Civil de la Présidence de la République, « Intervention de S. E. M. Paul Biya à la 60ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies », 16 septembre 2005.

* 179 Poste National de la CRTV, Journal du 20 :00, 09 décembre 2004.

* 180 F. Omgba Owono, «Le Cameroun et la problématique de l'environnement dans le monde : une diplomatie de bonnes intentions », communication à la conférence sur « Les défis de la diplomatie camerounaise face aux enjeux contemporains », Cercle d'Histoire-Géographie-Archéologie, Université de Yaoundé I, 22 avril 2019.

* 181 CRTV, journal télévisé de 20 :30, 12 mai 2016.

* 182 Archives du Cabinet Civil de la Présidence de la République, « Intervention de S. E. M. Paul Biya à la 64ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies, 25 septembre 2009.

* 183Cf. Archives de la Mission Permanente du Cameroun aux Nations-Unies (New-York, 12 septembre-24 décembre 2017) « 72ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies Débat général : « Priorité à l'être humain : paix et vie décente pour tous sur une planète préservée ». Déclaration de S. E. M. Paul Biya, Président de la République du Cameroun.

* 184Archives du Cabinet Civil de la Présidence de la République, « Intervention de S. E. M. Paul Biya à la 64ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies ».

* 185Ibid.

* 186 Tiki, «L'action gouvernementale en matière de promotion de l'image de marque du Cameroun..., pp 39-42.

* 187 Ibid.

* 188 Ibid.

* 189 Pigeaud, Au Cameroun de Paul Biya... ; https. // : www. Cameroun-info. Net, « Cameroun : les hommes de main du Président `', consulté le 15 janvier 2020.

* 190 Selon les informations recueillies du site web mentionné ci-dessus, Fouks serait à l'origine du célèbre sobriquet d «'homme-lion `' arboré par le Président de la République du Cameroun.

* 191 Https : //fr.m.wipedia.org, « Biographie de Patricia Balme''.

* 192 Voir chapitre suivant.

* 193 Https : //fr.wikipedia.org, «La République Démocratique du Congo, histoire'', consulté le 17 février 2020.

* 194 Ibid.

* 195 Https: //fr.wikipedia.org, `'La République Démocratique du Congo''...

* 196 Etoa Oyono, «Ferdinand Oyono...»

* 197 Ibid.

* 198 Ibid.

* 199 Archives du Ministère des Relations Extérieures, Dossier Cameroun-ONU, `'Déclaration du Président Ahidjo à la 24ème session de l'Assemblée générale de l'ONU'', No 2430.

* 200 Archives du Cabinet Civil de la Présidence de la République, `' Intervention de S.E. Paul BIYA à la 71ème Session Ordinaire de l'ONU New York 18-26 Septembre 2016 ; Archives du Ministère des Relations Extérieures, Dossier Cameroun-ONU, `'Apartheid'', No 4104. 

* 201 Entretien avec Beken Jean Faustin, environ la quarantaine, professeur de lycées, Yaoundé, 17 Mai 2019

* 202 A. A. Mazrui et C. Wondji, Hitoire générale de l'Afrique, tome VIII, L'Afrique depuis 1935, Paris, UNESCO, 1998, pp. 297-298.

* 203 Ibid.

* 204 Mazrui et Wondji, Histoire générale de l'Afrique... pp. 298-299.

* 205 Archives du Ministère des Relations Extérieures, Dossier Cameroun-ONU , `'Conseil des Nations-Unies pour la Namibie : rapport : projet de budget de la 38ème session : compte-rendu analytique de la 9ème séance'', No 678.

* 206 Mazrui et Wondji, Histoire générale de l'Afrique...

* 207Archives de l'Assemblée Générale des Nations Unies, Document GA/8165, `'Résolutions sur les Armes chimiques et bactériologiques et le désarmement général et complet'' du 21 Janvier 1991.

* 208 CRTV, Cérémonie de présentation des voeux au Président de la République, retransmission en direct, janvier 2015.

* 209 Archives de l'Assemblée générale des Nations-Unies, `'Intervention de S. E. M. Paul Biya à la 70ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies''...

* 210 M. Hypollyte, «La problématique des groupes aux Nations-Unies», RFSP, Volume XX, numéro 3, juin 1970, pp. 453-482.

* 211 Cette résolution intervient à la suite de la guerre du Yom Kippour, à l'issue de laquelle les pays africains dans leur ensemble avaient décidé de manifester leur solidarité au « frère » égyptien, à cause de l'occupation du Sinaï par l'armée israélienne.

* 212 Archives de l'Assemblée générale des Nations-Unies, `'Rapport du Comité spécial d'enquêtes affectant les droits de l'homme du peuple palestinien et autres Arabes en territoire occupé''.

* 213 R. G. Ndo'o, `'La coopération israélo-camerounaise (1959-2008)'', thèse de Doctorat/Ph.D en Histoire, Université de Yaoundé I, 2016.

* 214 www.cameroun-info.com, « Cameroun... `'

* 215 Mouelle Kombi, La politique étrangère..., p.172.

* 216 Https : //googleweblight.com, « Histoire du Nicaragua », consulté le 19 janvier 2020 à 17 :08.

* 217 Https:// fr.m.wikipedia.org, « L'occupation américaine au Nicaragua », consulté le 18 janvier 2020 à 17 :00.

* 218 https: // googlewebligtht.com...

* 219https: googleweblight.com...

* 220 Ibid.

* 221 «Panama et Nicaragua : la mainmise américaine sur l'Amérique centrale », in Lutte de classe, numéro 31, mars 1990.

* 222 Archives du Ministère des Relations Extérieures, Dossier Cameroun-ONU, `'-Différend frontalier, activités militaires et paramilitaires au Nicaragua, continental shel case between Mali and Libya'', No 4772..

* 223 Mouelle Kombi, La politique étrangère..., p. 173.

* 224 Entretien avec Tchoffo Mongui Rodrigue, environ 36 ans, cadre à la Direction des Nations-Unies et de la Coopération Décentralisée (Ministère des Relations Extérieures), 5 novembre 2019, Yaoundé.

* 225 France 24, «Arrestation du président ivoirien Laurent Gbagbo : édition spéciale », 11 avril 2011 à 15 :00.

* 226 Afrique Média Tv, «Documentaire sur la crise ivoirienne », 23 mai 2011.

* 227 Entretien avec Pierre Rodrigue Owono Ngbwa... Selon cette source, le bail de ce palais aurait été imposé par Paris aux dirigeants ivoiriens, pour rembourser au Trésor français les dépenses effectuées à cette occasion.

* 228 E. Zang Ngbwa, « Du cinéma à la Haye ou la politique de deux poids deux mesures », in Nkul du CHGA, numéro 1, janvier 2020.

* 229 Afrique Média Tv, 'Documentaire sur la vie de Mouammar Kadhafi, 23 octobre 2011.

* 230 J. Criaud, Géographie du Cameroun, 2ème édition, Yaoundé, Imprimerie Saint-Paul, 1987.

* 231 La fortune de l'ex-dirigeant libyen s'élevait à 84 milliards de dollars US.

* 232 Entretien avec Gabriel Ngbwa Owono...

* 233 Afrique Média TV...

* 234 Mouelle Kombi, La politique étrangère... p.119.

* 235 Mouelle Kombi, La politique étrangère, pp. 118-119.

* 236 M. Liniger-Gormaz, «Le Cameroun à l'heure du renouveau », in Le Journal de Genève, 4 avril 1987.

* 237 https : //fr.m.wikipedia.org, «Biographie de Ferdinand Oyono'', consulté le 19 janvier 2020.

* 238 Le vieux nègre et la médaille, Une vie de boy (1956), et Chemin d'Europe(1960).

* 239 Etoa Oyono, «Ferdinand Oyono''...

* 240 Cf. Chapitre II-1 ; voir aussi la première partie du présent chapitre (1).

* 241 Etoa Oyono, «Ferdinand Oyono''...

* 242 Ibid.

* 243 https : //fr.m.wikipedia.org, «Biographie de Ferdinand Oyono''...

* 244 Https:// fr.m.wikipedia.org, «Biography of Paul Bamela Engo », consulté le 19 janvier 2020.

* 245 Archives de la Cour Internationale de Justice...

* 246 Https : //fr.wikipedia.org, « Biographie de Michel Tommo Monthé `', consulté le 19 janvier 2020 à 19 :50.

* 247 www.un.org, « Michel Tommo Monthé, du Cameroun, Président de la Troisième Commission , Notice biographique », consulté le 19 janvier 2020 à 20 !00.

* 248 Ibid.

* 249 Entretien avec Beken Jean-Faustin...

* 250 Il conviendrait de relever au demeurant que depuis cette date, les présidents sud-africains ont tous été de couleur noire.

* 251 Entretien avec Ambroise Lasconi Moungui Medi, 40 ans environ, Chef du Service en charge des relations avec les Organes à caractère politique et juridique, Direction des Nations-Unies et de la Coopération Décentralisée, Ministère des Relations Extérieures, Yaoundé, 1er novembre 2019.

* 252 Entretien avec Pierre Célestin Mboua...

* 253 Archives de la Cour Internationale de Justice...

* 254 Maurice Kamto, Interview sur Canal 2 International, 2015.

* 255 CRTV, « Sommet de la Commission du Golfe de Guinée, portant sur la lutte contre la piraterie maritime dans la région », 25 et 26 juin 2013 à Yaoundé.

* 256 Créée en 2015, cette force est une coalition militaire d'Etats africains en vue de la lutte contre le phénomène terroriste Boko Haram, devenu alors une menace grave pour la sécurité de plusieurs de ces Etats.

* 257 CRTV, Journal de 20 :30. Il faut noter que cette mission était commandée par un officier camerounais, en la personne du général Martin Toumienta, de regrettée mémoire.

* 258 Africa 24, « Retransmission en direct du Sommet de la CEEAC sur la Paix et la Sécurité«, 18 janvier 2015.

* 259 Il faut noter que depuis le départ du pouvoir de l'ancien président israélien Shimon Pérès en 2014, et la déchéance de l'ancien président zimbabwéen Robert Mugabe, le Président Biya est le dirigeant élu le plus âgé du monde.

* 260 Cf. Chapitre II, I-2.

* 261 Lewin, « Les Africains à l'ONU `'...

* 262 Gaillard, Ahmadou Ahidjo... pp. 103-104.

* 263 Ibid., p. 183.

* 264 Ngoh, Cameroun 1884-1885...

* 265 Archives du Ministère des Relations Extérieures, Dossier Cameroun-OUA, `'Affaire Djiena Wembou : Note du Ministre des Relations Extérieures à la très haute attention du Président de la République'', (n. d. )

* 266 Entretien avec Cécile Mballa Eyenga, 54 ans, Directeur des Nations-Unies et de la Coopération Décentralisée, Ministère des Relations Extérieures, le 16 octobre 2019 à Yaoundé.

* 267CRTV, Journaux Officiels télévisés et radioffusés.

* 268 À propos des notions de hard et de soft power, lire : Hans Morgenthau, Politics amoung nations, the struggle for power and peace, PaNew-York, KNOPF, 1973, P. 2 ; Raymond Aron, Paix et guerres entre les nations, Paris, Commonlévy, 1984, p. 62.






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