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Impacts des conflits liés à  la mobilité pastorale sur le développement et la gouvernance dans la province du Mayo-Kebbi ouest (Tchad)


par Souleymane ALI SALEH
Université de Dschang - Master en Science Politique, spécialité Gouvernance Locale, Décentralisation et Développement  2020
  

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A. Les crimes et cruautés sur les animaux

Le bétail est la principale source de revenu des éleveurs. Les pasteurs, lors des conflits se trouvent confrontés à de nombreux défis. Au premier rang desquels se trouve la protection de leurs moyens d'existence. Les blessures sur les animaux et les tueries d'animaux sont devenues les modes opératoires des agriculteurs pour se venger contre les dévastations des champs par les animaux lors des conflits.

Les animaux subissent des blessures de tout genre lors des conflits liés à la mobilité pastorale. Les acteurs de ces blessures sur les animaux sont les agriculteurs. Les blessures et les tueries d'animaux sont rares que les destructions des champs mais des cas très graves ont été enregistrés dans la province. Ces blessures conduisent même à la mort les animaux. Les agriculteurs qui surprennent les animaux dans leur champ, préfèrent se rendre eux-mêmes justice. Les actes sont souvent perpétrés après plusieurs avertissements ou des règlements à l'amiable. En effet, les bergers abandonnent souvent les animaux seuls en brousse. Lorsqu'ils entrent dans les champs des agriculteurs et que ces derniers les y trouvent, à défaut de les conduire chez le chef du village, ils les frappent avec le bâton mais le plus souvent avec des objets tranchants tels que la machette87. Ce qui engendre des blessures très graves sur les animaux. Qui pis est, des fois ces objets sont trempés dans les substances toxiques qui tuent les animaux au moindre contact. Les agriculteurs sont accusés de blesser les animaux, mais on ne sait jamais qui le fait. Dans ce cas, l'éleveur porte plainte contre inconnu. Les bergers alertent alors leurs « patrons » qui s'en vont se plaindre directement à la brigade la plus proche, comme le souligne le conseiller économique du gouverneur de la Province du Mayo-Kebbi Ouest. Il va loin en disant : « les jugements chez les commandants de brigade n'ont jamais satisfaits les agriculteurs, d'ailleurs ces derniers sont pour la plupart des propriétaires de bétail. » Ce choix exaspère d'autant plus les agriculteurs, lorsque leurs champs sont détruits, privilégient le règlement de proximité c'est-à-dire à l'amiable ou auprès du chef de village qui est souvent aussi agriculteur ou proche des agriculteurs.

Le bétail est un principal maillon de l'économie du Tchad d'une manière générale et de la province du Mayo-Kebbi Ouest particulièrement. Il constitue la seule source de revenu

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87 KOSSOUMNA LIBA'A (Natali), op cit. p. 48.

des pasteurs. Le gain des éleveurs se repose essentiellement sur la vente du bétail ou des produits dérivés du bétail (lait, peau, viande...). Les éleveurs ont délaissé le mode de vie assurant leur substance pour adopter un mode de vie fondé sur une économie monétaire. Ils ne disposent d'assez de moyens pour se faire un revenu si ce n'est la vente du bétail ou de ses produits. Les blessures sur les animaux et la tuerie de ces derniers mettent dans un désarroi total les propriétaires de bétail. Ce phénomène entraine directement la pauvreté. La situation de pauvreté ne semble pas s'améliorer dans la province du Mayo-Kebbi Ouest. Bien au contraire, la pauvreté réelle augmente, surtout en ce concerne la pauvreté monétaire. Vu sur cet angle, la pauvreté signifie un manque d'accès ou un accès limité aux ressources financières et matérielles ou surtout des services institutionnels offerts par l'Etat ou la communauté en général. Elle frappe même extrêmement la population tchadienne dans sa généralité croissante (4,2 millions d'habitants en 1975 ; 9,4 millions en 2004 et 11,2 millions en 2009). L'IDH s'est établi en 2010 à 0,295 et en 2011 à 0,328 plaçant le pays respectivement au 163ème sur 169 pays et 183ème rang mondial sur 187 pays étudiés88.

Les crimes et cruautés sur les animaux réduisent la reproduction chez les animaux dans la mesure où les animaux blessés ou tués meurent des fois avec leurs petits.

Les actes barbares sur les animaux influencent aussi très négativement sur la vente des produits dérivés de l'élevage. Les produits du bétail qui sont la seconde source de revenu pour les éleveurs sont principalement la viande et le lait. Ce sont généralement les éleveurs qui répondent au besoin de la population de la province en viande. Les boeufs des pasteurs sont moins chers que les boeufs des éleveurs sédentaires. C'est pourquoi les bouchers achètent plus les boeufs des pasteurs. Chaque jour, au moins dix (10) boeufs sont abattus à l'abattoir de Pala. Le lait des vaches est vendu dans toutes villes de la province par les filles et les femmes de ces éleveurs. Chaque famille vend en moyenne vingt (20) libres de lait par jour, quinze (15) libres en lait frais et cinq (5) libres en lait caillé. Cette vente du lait est très rentable. Chaque femme ou fille venue vendre le lait rentre au moins avec cinq mille francs.

Les conflits liés à la mobilité pastorale occasionnent la disparition de certaines espèces de bétail. Ces espèces uniques et irremplaçables et leur disparition, irréversible, peut avoir des conséquences importantes sur l'économie de la province. Tel est cas des boeufs de races soudaniennes dont les échantillons sont ramenés par les grands éleveurs pour reproduction de

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88 REMADJI NGATOUKOU (Etienne), op cit. p. 17.

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ces espèces dans la province. Actuellement avec la sensibilisation des différents services (Délégation des Droits de l'Homme de la Province)89 l'ampleur de ce phénomène commence à régresser. Toutefois, ces crimes et cruautés sur les animaux n'ont pas pris fin et détériorent les termes d'échange entre les agriculteurs et éleveurs.

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