PARAGRAPHE I : LE PLAN DE COMMUNICATION
Ce plan de communication aura pour objectif principal
d'instaurer une paix civile entre les agriculteurs et les éleveurs qui
sont des groupes antagonistes qui ne s'entendent jamais, des ennemis
jurés. Les Collectivités Autonomes doivent promouvoir et
restaurer la paix civile entre les agriculteurs et les éleveurs
(A) en faisant table rase du passé. Il ne suffit pas
seulement de faire table rase du passé mais il faut également
multiplier les initiatives pour encourager le vivre-ensemble qui permettra de
combattre les conflits à la racine (B).
A. Promouvoir et restaurer un climat de paix civile entre
agriculteurs et éleveurs
La restauration de la paix civile entre les agriculteurs et
les éleveurs s'impose comme préalable à toute
activité de développement, notamment dans les zones où les
manifestations de conflit ont largement dépassés les simples
querelles de dévastation de champs ou des blessures sur les animaux et
ont pris des tournures inquiétantes avec des morts d'homme, des actes de
vengeance et de clivage nord/sud ou musulman/chrétien. Les
phénomènes des attaques collectives des campements
d'éleveurs afin de s'emparer de leurs biens, puis le sentiment de
complicité des autorités locales, des familles notables, puis des
autres citoyens qu'on croyait indemnes de ce genre de phénomènes,
ont laissé des empreintes profondes, qu'il faut surmonter.
La meilleure manière pour parvenir à un climat
de paix sociale est celle de la multiplication des tournées ou des
ateliers locaux entre agriculteurs et éleveurs. En effet, l'historique
de l'encadrement des populations rurales montre bien que l'habitude courante
est celle d'aborder les deux groupes de manière séparée.
Ce clivage déjà, ne favorise pas une paix durable. Certaines
autorités militaires et administratives ne font jamais les choses dans
le sens d'un règlement des conflits mais alimentent ceux-ci
plutôt, ils préfèrent gérer le désordre car
c'est rentable. Les deux parties ne peuvent pas arriver par leurs propres
forces à organiser des tournées ou ateliers de pacification, il
faut impérativement l'appui d'une tierce instance pour faciliter les
réunions de concertation entre elles. Si la majorité de personnes
pensent qu'il faut l'intervention de l'Etat à travers les
Délégations des Droits de l'Homme, nous pensons plutôt
à des instances neutres, comme les ONG, les projets, puis d'autres
acteurs de la société civile. L'Etat peut se limiter à un
rôle de tutelle. Les ateliers et les tournés de pacification
devront porter sur le diagnostic des problèmes opposant les deux
parties, puis sur l'ébauche de solutions visant la conciliation et la
cohabitation pacifique.
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En cas de conflits violents, graves ou persistants, les
ateliers de concertation pourraient être précédés
par des initiatives de médiation des conflits. Cette approche, qui vise
la réconciliation entre les groupes concernés à partir
d'une démarche active de consultation et de négociation, exige
l'intervention des personnes expérimentées dans le domaine. Les
outils des « commissions de vérité et de
réconciliation»124, puis des « pardons collectifs
», expérimentés dans un certain nombre de pays en Afrique et
en Occident, pourraient servir d'une certaine inspiration. Au Tchad,
l'opportunité pour des interventions en termes de médiation de
conflits ne se présente que localement, jamais les médiations de
conflits ont fait l'objet des conférences ou des ateliers nationaux. En
marge de la Conférence Nationale Souveraine de 1993 et des deux Forums
Nationaux Inclusifs de 2018 et 2020, les conflits liés à la
mobilité pastorale et surtout les conflits agriculteurs et
éleveurs ont été abordés mais jamais ils n'ont
retenus l'attention de l'exécutif.
Cette approche nationale pourrait dans un deuxième
temps être complétée par la facilitation, toujours par
l'intermédiaire des institutions neutres, des tournées
ponctuelles au niveau local (Sous-Préfecture, Département,
Province,) en réunissant autour d'une table l'ensemble des acteurs
concernés au niveau rural (autorités politiques, administratives,
coutumières, tribunaux, gendarmerie, plates-formes villageoises,
techniciens, organisations socioprofessionnelles, etc.). Ces tournées
devraient permettre de faire table rase sur les malversations de part et
d'autre du passé et de discuter sur les principes d'une cohabitation
pacifique entre éleveurs et agriculteurs d'un côté, mais
aussi entre ces deux parties et les différents acteurs de l'Etat.
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