WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse des impacts sanitaires liés à  l'inondation dans la plaine du logone:cas du village Arainaba


par Abdoul Moumouni
École Nationales Supérieure polytechnique de Maroua - Master 2 2020
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

REPUBLIQUE DUCAMEROUN Paix- Travail- Patrie

*************

REPUBLIC OF CAMEROON Peace- work- Fatherland

***********

UNIVERSITE DE MAROUA

THE UNIVERSITY OF MAROUA

************

***********

ECOLE NATIONALE SUPERIEURE POLYTECHNIQUE DE MAROUA

NATIONAL POLYTECHNIC SCHOOL OF MAROUA

*************

*************

DÉPARTEMENT DES SCIENCES ENVIRONNEMENTALES

DEPARTMENT OF ENVIRONMENTAL SCIENCES

BP/PO box : 46 Maroua

Site : http // www.uni-maroua.citi.cm

ANALYSE DES IMPACTS SANITAIRES LIES A
L'INONDATION DANS LA PLAINE DU LOGONE :
CAS DU VILLAGE ARAINABA

Mémoire présenté en vue de l'obtention du Diplôme d'Ingénieur de Conception en
Sciences Environnementales

Option : Désertification et Ressources Naturelles (DEREN)

ABDOUL MOUMOUNI ABBA

Ingénieur des Travaux de Génie de l'Environnement

Matricule : 14A161S

Encadreur professionnel M.ABOUKAR MAHAMAT Coordonnateur ACEEN

Encadreur académique
Dr. OBONO MBA Félicité
Chargée de Cours/ ENSPM/UMA

Année académique : 2020/2021

i

DÉDICACE

À

TOUTE MA FAMILLE

ii

REMERCIEMENTS

Ce travail n'aurait pu se réalisé sans le concours de plusieurs personnes. Ainsi, nos remerciements s'adressent :

· Au Dr. OBONO MBA Félicité, encadreur académique et par ailleurs Chef de Département des Sciences Environnementales, pour ses orientations avec ses multiples conseils et remarques apportées dans la rédaction de ce travail ;

· Au Dr. ANGUESSIN Benjamine pour tout l'effort consenti dans la réalisation de ce travail ;

· À mon encadreur professionnel, Monsieur ABOUKAR MAHAMAT, coordonnateur d'ACEEN pour sa grande disponibilité, ses remarques apportées dans la rédaction de ce travail et son soutien tout au long du stage. Je tiens à lui exprimer mes sincères remerciements pour son chaleureux accueil et son assistance financière ;

· À tous les enseignants du département des Sciences Environnementales qu'ils nous ont entretenu tout au long de notre formation tant sur le plan théorique que sur le plan pratique ;

· Aux personnels d'ACEEN pour leur accueil chaleureux et la facilitation de mon intégration au sein de la structure ;

· Au Dr. ILIASSA pour ses multiples remarques apportées dans la rédaction de ce travail ;

· Mon grand-père, Monsieur MAROUF MOUSSA pour son soutien tout au long de ma formation. Je tiens à lui exprimer mes sincères remerciements, pour ses multiples conseils, orientations, son assistance physique et financière ;

· Madame HIDJA épouse MAROUF MOUSSA pour toutes formes d'assistance ;

· Madame FALMATA MARIAM épouse MOUMOUNE, pour son soutien tout au long de mon stage;

· Mes frères et mes soeurs pour leur amour immense ;

· À Monsieur ALHADJI ATTI YOUSSOUF, pour sa grande disponibilité et son assistance physique, moral et financière ;

· À Monsieur ADAM YOUSSOUF, pour toutes formes d'assistance ;

· Mes amis et connaissances pour leur sympathie et leur profonde bonté qui ont participé d'une manière ou d'une autre à la réalisation de ce travail;

· À tous mes camarades de promotion pour leur collaboration durant notre stage et formation, période pendant laquelle nous avons beaucoup échangé.

iii

TABLE DES MATIERES

DÉDICACE I

REMERCIEMENTS II

TABLE DES MATIERES III

LISTE DES FIGURES VII

LISTE DES TABLEAUX VIII

SIGLES ET ABREVIATIONS IX

RÉSUMÉ X

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

1. Contexte generale de l'etude 1

2. Problematique 2

3. Question de la recherche 2

3.1. Question principale 2

3.2. Questions specifiques (QS) 3

4. Objectif de la recherche 3

4.1. Objectifs specifiques 3

5. Interet de l'etude 3

CHAPITRE I : REVUE DE LA LITTÉRATURE 5

I.1.Definition des concepts 5

I.1.1.Plaine d'inondation 5

I.1.2. Risque 5

I.1.3. Inondation 5

I.1.4. Aléa 8

I.1.5. Catastrophe 8

i.1.6. Vulnérabilité 8

I.2. Généralité sur l'inondation 8

I.2.1. Causes de l'inondation 9

I.2.2. Facteurs contribuant à la vulnérabilité due à l'inondation 11

I.2.3. Impacts des inondations à l'échelle mondiale 11

I.2.4. Impacts des inondations sur la santé des populations 12

I.2.4.1. Maladies diarrhéiques 13

I.2.4.2. Déshydratation 13

iv

I.2.4.3. Infections respiratoires 13

I.2.4.4. Maladies des moustiques 14

I.2.4.5. Morsures et piqûres 14

I.2.4.6. Blessures 14

I.2.4.7. Troubles gastro-intestinaux 15

I.2.4.8. Intoxications au monoxyde de carbone 15

I.2.4.9. Risques associés aux moisissures 15

I.3. Autres intoxications et menaces de nature chimique 16

I.3.1. Électrocution 16

I.3.2. Hypothermie 17

I.3.3. Troubles psychologiques et psychiatriques 17

I.3.4. Changement environnemental pouvant porter atteinte à la santé 17

I.4. Etudes sur l'inondation dans la plaine du logone 18
I.4.1. Aménagements hydro-agricoles et leurs conséquences sur l'inondation dans la plaine du

logone 19

I.4.2. Dégâts engendrés par les inondations 19

I.4.3. Ampleur des inondations dans le logone et chari 19

I.5. Valeurs de la plaine d'inondation 20

I.5.1. Reservoirs de diversite biologique 20

I.5.2. Foyer des cultures rares 21

I.5.3. Stockage et exportation des substances nutritives 21

I.5.4. Alimentation de la nappe phreatique 21

I.5.5. Protection contre les crues et regulation des ecoulements 22

I.5.6. Maitrise de l'erosion 22

I.5.7. Epuration de l'eau 22

I.6. Autres facettes des valeurs de la plaine 23

I.6.1. Faune sauvage generatrice de revenu et source d'alimentation 23

I.6.2. Paturages de qualite et en quantite tres convoites 23

I.6.3. Poissons abondants malgre la baisse sensible de sa qualite 24

I.6.4. Vastes terres fertiles arrosees par une eau abondante 25

CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES 26

II.1. Presentation de la zone d'etude 26

II.1.1. Localisation geographique 26

v

II.1.2. Milieu physique 27

II.1.3. Sols et vegetation dans la plaine du logone 30

II.1.3. Faune et biodiversite de la zone d'etude 31

II.1.4. Hydrologie de la zone 32

II.1.5. Milieu de vie 33

II.2. Principales activites economiques 34

II.2.1. Elevage dans la plaine du logone 34

II.2.2. Peche dans la plaine du logone 35

II.2.3. Agriculture 36

II.2.4. Autres activites economiques 37

II.3. Materiel 38

II.3.1. Materiels de terrain 38

II.3.2. Outils de collecte des donnees 38

II.3.3. Recherche documentaire 38

II.3.4. Methode par questionnaire (fiche d'enquete) 39

II.3.5. Observation 39

II.3.6. Echantillonnage 40

CHAPITRE III : RÉSULTATS ET DISCUSSION 41

III.1 Approche descriptive des différentes variables de la recherche 41

III.1.1. Caractéristiques socio-économiques 41

III.1.1.1. Genre des personnes enquêtées 41

III.1.1.2.Répartition des personnes enquêtées par tranche d'âges 42

III.1.1.3.Situation matrimoniale des personnes enquêtées 42

III.1.1.4.Ethnies des personnes enquêtées 43

III.1.1.5. Niveau d'instruction des personnes enquêtées 44

III.1.1.6. Activités principales des personnes enquêtées 45

III.2.Connaissances sur les inondations dans le terroir enquêté 45

III.2.1.Durées des personnes enquêtées dans le village 45

III.2.2.Année de la survenu de l'inondation dans les ménages enquêtés 46

III.2.3. Raison d'installation des personnes dans le village 47

III.2.4. Cause de l'inondation dans le terroir enquêté et ampleur de l'inondation dans le village

48

III.2.5. Période et conséquences d'inondations 50

vi

III.2.6. Perception des personnes enquetees sur la perte en vie lors d'inondation 51

III.2.7. Impacts positifs de l'inondation sur l'économie du village 53

III.3.Impacts sanitaires de l'inondation dans le terroir enquêté 54

III.3.1.Qualité de l'air dans la zone en période d'inondation 54

III.3.2.Gestion des ordures ménagères avant l'inondation (saison sèche) 55

III.3.3. Gestion des ordures ménagères en période d'inondation (saison pluvieuse) 56

III.3.4. Gestion des eaux usées en période sèche et pluvieuse 57

III.3.5. Synthèse des maladies à travers les données statistiques de centre de santé intégré de

lâchai 58

III.3.6. Impacts de l'inondation sur l'environnement de la zone d'étude 59

III.3.7. Maladies les plus fréquentes en période d'inondation 60

III.3.8. Lieu d'aisance et accès à l'eau potable en période d'inondation dans le terroir enquêté

62
III.4.Mesures prises par la population du terroir étudié pour prévenir et lutter contre

l'inondation 65

CONCLUSION GÉNÉRALE 66

RECOMMANDATIONS 67

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 70

ANNEXE 72

vii

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : carte de la localisation de la zone d'etude 26

Figure 2:Piège à poisson dans la plaine, filet à maille inferieur 40mm 36

Figure 3: Répartition des personnes enquêtées par sexe 41

Figure 4 : Tranche d'âge des personnes enquêtées 42

Figure 5 : Situation matrimoniale des personnes enquêtées 43

Figure 6: Répartition des groupes ethniques 43

Figure 7:Niveau d'instruction des personnes enquêtées 44

Figure 8: Période de la survenue de l'inondation dans les ménages enquêtés 46

Figure 9 : Raison d'installation dans la localité 47

Figure 10: Causes de l'inondation dans le village arainaba 48

Figure 11 : Projet d'amenagement hydro-agricole au coeur de la plaine 50

source : archive aceen, 2019 50

Figure 12 : Répartition des personnes par rapport aux décès dus à l'inondation 51

Figure 13:Habitat d'arainaba inondé 52

Figure 14 : Impacts positifs de l'inondation 53

Figure 15 : Gestion des ordures ménagères en saison sèche 55

Figure 16 : Gestion des ordures menageres en periode d'inondation 56

Figure 17 : Gestion des eaux usees en periode pluvieuse 57

Figure 18 : Gestion des eaux usées en période sèche 58

Figure 19 : Maladies fréquentes en période d'inondation 61

Figure 20 : Personne vulnérables 61

Figure 21: Forage inonde 63

Figure 22 : Strategies endogenes de lutte contre l'inondation 65

viii

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Critères d'identification des zones à risques d'inondation 7

Tableau 2: Différentes causes de l'inondation 10

Tableau 3:Aperçu de l'ampleur des inondations dans le logone et chari 20

Tableau 4 : Pluviometrie annuelle moyenne dans la plaine d'inondation de 1989 a 2018 28

Tableau 5: Activités principales des enquêtés 45

Tableau 6: Nombre d'années des enquêtés dans la localité 46

Tableau 7: Mois où les inondations sont plus élevées 51

Tableau 8: Perception des enquêtés sur la qualité de l'air dans le terroir en période

d'inondation 55

Tableau 9: Nombre des cas de maladies enregistrées au centre de santé de lâchai 59

Tableau 10 : Synthèse des impacts de l'inondation sur l'environnement dans le terroir 60

ix

SIGLES ET ABREVIATIONS

ACEEN : Alliance Citoyenne pour le développement et l'Education à l'Environnement

ARS : Agence Régionale de Santé

BCAH : Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires

CBLT : Commission du Bassin du Lac Tchad

CEPRI : Centre Européen de Prévention du Risque d'Inondation

COSVI-LC : Comité de Soutien aux Victimes des Inondations dans le Logone et Chari

CRED : Centre de Recherche sur l'Epidémiologie des Désastres

CSI : Centre de Santé Intégré

DFO : Dartmouth Flood Observatory

GIEC : Groupe d'Expert Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat

GPS: Global Positioning System

Ha: Hectare

MEDD : Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable

MINEPAT : Ministère de l'Economie de la Planification et de l'Aménagement du Territoire

MINEPDED : Ministère de l'Environnement de la Protection de la Nature et du

Développement Durable

MISE : Mission d'Inspection Spécialisée de l'Environnement

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONG : Organisme Non Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unies

PCD : Plan Communal de Développement

PIB : Produit Intérieur Brut

PNW : Parc National de Waza

PRODEBALT : Programme de Développement Durable du Bassin du Lac Tchad

PULCI : Projet d'Urgence de Lutte Contre les Inondations

PWL : Plaine de Waza Logone

SEMERY : Société d'Expansion et de Modernisation de la Riziculture de Yagoua

SIPC : Stratégie Internationale de Prévention des Catastrophes

UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature

RÉSUMÉ

La question d'inondation dans le monde continue d'alimenter les débats. En effet, les Etats concernés par le fléau ne cessent de développer des politiques qui permettront de réduire le phénomène. Au Cameroun la question d'inondation et ses conséquences se posent principalement dans la zone septentrionale et littorale du pays. L'arrondissement de ZINA qui abrite le village Arainaba est englouti par les eaux chaque année pendant la saison pluvieuse. Les autorités gouvernementales, locales et les populations tentent de juguler ce problème récurrent. Malgré tous les efforts, la question de l'inondation dans cette commune demeure préoccupante puisqu'elle engendre des conséquences sanitaires graves. L'objectif visé par cette étude estde contribuer à une meilleure connaissance des conséquences sanitaires liées à l'inondation dans la plaine du Logone en général et du village Arainaba en particulier ; identifier les causes de l'inondation dans la zone d'étude ensuite mettre en exergue les conséquences sanitaires, et enfin proposer des actions qui pourraient aider à prévenir et réduire les risques sanitaires. Ce travail a nécessité une méthodologie qui combine la recherche documentaire, des enquêtes et des entretiens. Les résultats de cette étude mettent en évidence la vulnérabilité du village à travers sa location dans la plaine, manque d'ouvrage d'adduction d'eau potable, des ouvrages d'assainissement, indiquent les risques sanitaires. Globalement, la plupart des stratégies adoptées n'ont pas d'impact significatif sur une gestion future des risques de dégâts d'inondation. Des recommandations sont formulées en vue de développer des nouvelles pistes de recherche sur les inondations dans le Yaéré.Ainsi, La mise en place de l'information préventive, la planification et la sensibilisation constituent des pistes de solution.

x

Mots clés : Plaine d'inondation, Cameroun, Arainaba, Santé, Vulnérabilité, Eau potable.

xi

ABSTRACT

The issue of flooding around the world continues to fuel the debates. Indeed, the states affected by the scourge are constantly developing policies that will reduce the phenomenon. In Cameroon, the issue of flooding and its consequences arise mainly in the northern and coastal area of the country. The district of ZINA, which is home to the village of Arainaba, is submerged by water every year during the rainy season. Government, local and local authorities are trying to curb this recurring problem. Despite all efforts, the issue of flooding in this town remains worrying as it has serious health consequences. The objective of this study is to contribute to a better understanding of the health consequences linked to the flooding in the plain of Logone in general and the village of Arainaba in particular; identify the causes of the flooding in the study area then highlight the health consequences, and finally propose actions that could help prevent and reduce health risks. This work required a methodology that combines documentary research, surveys and interviews. The results of this study highlight the vulnerability of the village through its location in the plain, lack of drinking water supply, sanitation facilities, and indicate the health risks. Overall, most of the strategies adopted do not have a significant impact on future flood damage risk management. Recommendations are made with a view to developing new avenues of research on floods in the Yaéré. Thus, the establishment of preventive information, planning and awareness-raising constitutes avenues of solution.

Keywords: Floodplain, Cameroon, Arainaba, Health, Vulnerability, Drinking water.

1

INTRODUCTION GÉNÉRALE

1. Contexte générale de l'étude

L'étude s'inscrit dans le cadre de la rédaction du mémoire de fin d'étude, qui est une période d'initiation à l'exercice de la profession d'ingénieur qui complète les connaissances acquises à l'école, par une expérience en milieu professionnel. C'est dans ce cadre que l'Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de l'Université de Maroua met ses étudiants de cinquième année en stage ingénieur dans les entreprises. C'est ainsi que, nous avons effectué ledit stage à l'ACEEN (Alliance Citoyenne pour le Développement et l'Education à l'Environnement) de Maroua du 1er mars au 1er juillet 2021. Au cours de cette période, nous avons réalisé une étude portant sur « l'analyse des impacts sanitaires liés à l'inondation dans la plaine du Logone : cas du village Arainaba ».

Les cours d'eau représentent, pour les riverains, à la fois une richesse et une menace (Bravard et Petit, 1997). Cette dualité a longtemps été considérée comme globalement bénéfique, mais aujourd'hui il semble que cet équilibre se soit rompu. D'après les informations de l'International Database, la base de données en matière de catastrophes internationales du Centre de Recherche sur l'Epidémiologie des Désastres (CRED), les risques de toute nature et les catastrophes qui en découlent sont de plus en plus au centre des préoccupations internationales et nationales, tant dans les cadres scientifiques, politiques qu'auprès du grand public (Défossez, 2009). Selon une étude menée par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH, 2009), chaque année des milliers de personnes à travers le monde se retrouvent victimes des catastrophes naturelles (inondations, cyclones, séismes etc.). Le même rapport indique qu'en Afrique de l'Ouest, 770 000 personnes ont été touchées par les inondations seulement en 2009.

Depuis quelques décennies, les populations des villes Ouest Africaines se voient confrontées à ce phénomène chaque année (Wallez, 2010). Cependant, les inondations sont au cours des deux dernières décennies au premier rang des catastrophes naturelles dans le monde, elles représentent 34% des catastrophes enregistrées à l'échelle mondiale entre 1990 et 2007 (CRED, 2007). Elles occupent une place primordiale parmi toutes les catastrophes naturelles à combattre, car elles constituent un élément déstabilisateur d'un environnement sain, une source de problèmes de santé et surtout de prolifération de nombreuses maladies mortelles pour les populations (OMS, 2004). En Afrique Centrale, les inondations ont provoqué au moins 377 décès et affecté près de 1,5 millions de personnes depuis le début de la saison des pluies en juin 2010 (ONU, 2010). De même au Cameroun, selon le ministre de

2

l'agriculture et de développement rurale (2012), le pays n'est pas épargné par cette situation qui fait des dégâts sur le plan mondial. Le Cameroun a enregistré plusieurs cas d'inondations dans diverses régions tant en zone urbaine qu'en zone rurale. Le présent travail s'intéresse à l'analyse des effets sanitaires liés aux problèmes d'inondations dans la plaine du Logone en général et dans le Village Arainaba en particulier.

2. Problématique

Les inondations sont au centre des préoccupations du monde. Elles n'ont pas cessé d'augmenter ces dernières décennies dans le monde entier. C'est dans cet ordre d'idée que Jean Noel Salamon, 1997 affirme que : « le nombre des personnes affectées par les inondations croit plus vite que le taux de la croissance démographique ». C'est ainsi que les scientifiques, les compagnies d'assurances et les pouvoirs publics prennent conscience des risques liés aux inondations. Cependant, le sahel, reconnu pour sa faible pluviométrie et caractérisé par une grande sécheresse dans les années 1970 et 1980 (Ozer et al., 2016) connait tout de même des inondations répétées sur ces deux dernières décennies où les précipitations sont plus fortes aux mois de juillet, août et septembre.

Les débordements des cours d'eau sont considérés comme des facteurs d'origine climatique des inondations mais, ces dernières peuvent être également le résultat des phénomènes d'origine non climatique telles que la rupture des barrages, les mouvements de terre dans les retenues d'eau entrainant un déplacement d'eau et le tsunami induit par les phénomènes géophysiques sous-marins (Léone et al, 2010). À cela, s'ajoutent les phénomènes anthropiques et les contraintes géomorphologiques qui modifient la vulnérabilité des populations face aux risques liés aux inondations. Ainsi, la population d'Arainaba dans la plaine du Logone, souffre des problèmes sanitaires due aux multiples inondations de la saison pluvieuse à travers le manque d'assainissement ou aux mauvaises hygiènes ; par conséquent la population cours des multiples risques des maladies.

3. Question de la recherche

3.1. Question principale

En quoi l'inondation peut-elle impacter la santé des populations dans la plaine du Logone : cas du village Arainaba ?

3

3.2. Questions spécifiques(QS)

QS1 : Quels sont les facteurs de causalité de l'inondation dans le village d'Arainaba ? QS3 : Quels sont les risques sanitaires liés à l'inondation dans le village d'Arainaba ?

QS3 : Quelles sont les conséquences sanitaires liés à l'inondation dans le village d'Arainaba ?

QS4 : Quelles sont les mesures prises pour atténuer ces risques sanitaires dans le village d'Arainaba ?

4. Objectif de la recherche

L'objectif général de notre travail est de contribuer à une meilleure connaissance des conséquences sanitaire liées à l'inondation dans la plaine du Logone : cas du village Arainaba.

4.1. Objectifs spécifiques

Plus spécifiquement il s'agira de :

OS1 : Identifier les causes des inondations dans le village d'Arainaba ;

OS2 : Caractériser les risques sanitaires liés aux inondations dans le village d Arainaba ;

OS3 : Evaluer les conséquences sanitaires de l'inondation dans le village d'Arainaba ;

OS4 : Proposer quelques solutions probables pour réduire ses risques sanitaires liées à l'inondation dans le village d'Arainaba.

5. Intérêt de l'étude

Ce travail va enrichir la documentation sur les conséquences sanitaires liées aux inondations dans la plaine du Logone en générale et dans le village Arainaba en particulier. Toutefois, cette étude mettra à la disposition des décideurs (pouvoir publics) et bailleurs de fonds, des informations fiables liées aux effets néfastes des inondations sur la santé de la population. Ce travail constitue également une base des données et une ouverture pour initier d'autres recherches scientifiques dans les Universités et les Instituts de recherche. En fin, il permettra aux étudiants qui aborderont ce thème de pouvoir s'y appuyer pour mener leurs investigations.

4

PLAN DU TRAVAIL

Le travail sera structuré autour de trois (03) parties : après l'introduction, suivra la première partie portant sur la revue de la littérature qui aborde les travaux antérieurs sur ce thème. La deuxième partie porte sur les matériels et méthodes utilisées pour réaliser notre travail. Elle décrit la zone d'étude et les méthodes d'analyse utilisées dans le présent travail. La troisième partie quant à elle présentera les analyses, résultats et discussions obtenus au terme de ce travail de recherche. Enfin, le travail s'achève par une conclusion et des recommandations.

CHAPITRE I : REVUE DE LA LITTÉRATURE

5

Une revue de littérature est d'autant plus importante qu'elle permet, à l'étudiant chercheur d'avoir de connaissances élargies sur son sujet de recherche. Il est donc important dans ce cas de recenser les écrits antérieurs par rapport aux champs d'étude actuelle afin de donner une bonne orientation au sujet à traiter.

I.1.Définition des concepts

Pour une bonne compréhension du contenu de ce travail, il semble évident et utile de définir et expliquer quelques notions très utilisées en termes de Gestion des Risques et des Catastrophes.

I.1.1.Plaine d'inondation

C'est généralement une zone plate ou légèrement en pente adjacente au chenal de la rivière qui est inondée au cours des crues. L'histoire des rivières inondables démontre un modèle récurrent de débordement dans la zone inondable (Damien, 2003).

I.1.2. Risque

C'est une Probabilité des conséquences dommageables, telles que des pertes de vies humaines ou dommages aux personnes ou aux biens, aux moyens de subsistance, à l'activité économique ou à l'environnement résultant d'interactions entre des risques naturels ou découlant d'activités humaines et des situations de vulnérabilité (SIPC, 2007). Le risque est souvent mis en équation de la façon suivante : risque = aléa x vulnérabilité/capacité d'intervention (Comité permanent inter organisations, 2007).

I.1.3. Inondation

Les définitions de l'inondation sont multiples. Mais on donne juste quelques-unes pour la compréhension du terme inondation. C'est une submersion, rapide ou lente, d'une zone habituellement hors d'eau (Cortes, 2006). Dans cette première définition, le risque d'inondation est la conséquence de deux composantes : l'eau qui peut sortir de son lit habituel d'écoulement et l'homme qui s'installe dans l'espace alluvial pour y implanter toutes sortes de constructions, d'équipements et d'activités. C'est aussi un débordement d'un cours d'eau, le

6

plus souvent en crue, qui submerge les terrains voisins, rapide ou lente, d'une zone habituellement hors d'eau, qui peut être provoquée de plusieurs façons, par des pluies importantes en durée et /ou en intensité, (Cortes, 2006).Par ailleurs, les dégâts occasionnés par une inondation dépendent de plusieurs facteurs à savoir : la hauteur de submersion, la durée de submersion, les vitesses d'écoulement, le volume de matière solide transporté, l'érosion des berges. Ces paramètres permettent d'évaluer l'aléa « inondation » et les critères d'identification des zones à risques (Tableau 1).

7

Tableau 1: Critères d'identification des zones à risques d'inondation

Aléa

Définition

Critères identification

Elevé

Zones où les vitesses de

l'écoulement et/ou les
hauteurs d'eau peuvent être

importantes lors des crues
exceptionnelles.

-Ces zones correspondent

principalement au lit mineur et à ses abords immédiats (Berges instables). -fonds des ravines

Zones où il est envisageable que le talweg principal puisse

changer de tracé et/ou
évoluer dans son tracé (méandres).

Le changement de tracé d'un cours d'eau peut se produire

lors de débordements
importants durant une crue exceptionnelle et/ou par suite

d'accumulation ponctuelle

importante d'embâcles et/ou
d'apports solides

Moyen

Dans ces zones, les vitesses et les hauteurs de submersion

pourront être faibles voire

moyennes, la durée de
submersion étant limitée.

-zones de débordement au

niveau du lit majeur lors des crues exceptionnelles

-zones de stagnation des eaux

pluviales avec hauteur de

submersion relativement
importante

Modéré

Zones ou les vitesses

d'écoulement seront faibles
voire nulles

-zones de stagnation des eaux pluviales

-zones inondées par remontée de nappe_

Faible à nul

Probabilité d'inondation

Faible à nulle

-zones hautes

-zones en dehors du lit mineur ou majeur d'un cours d'eau - zones éloignées de la bordure littorale

Source : Direction Générale De La Protection Civile, 2007

8

I.1.4. Aléa

C'est un événement ou phénomène physique ou activité humaine potentiellement dommageable qui peut causer des dommages aux personnes, y compris des pertes en vies humaines, et aux biens, et des perturbations de l'activité économique et sociale ou des dégradations de l'environnement (SIPC, 2007).

I.1.5. Catastrophe

C'est une Perturbation grave du fonctionnement d'une communauté ou d'une société causant des dommages généralisés à la vie humaine, aux biens, à l'économie ou à l'environnement auxquels la communauté ou société affectée n'est pas en mesure de faire face par ses propres moyens. Une catastrophe est fonction du processus de risque. Elle résulte de la combinaison d'aléas, de conditions de vulnérabilité et de capacités ou de mesures insuffisantes pour réduire les conséquences potentiellement néfastes des risques (SIPC, 2007).

I.1.6. Vulnérabilité

Un concept multidimensionnel et multidisciplinaire, qui est largement utilisé dans la littérature or sa définition varie selon les auteurs. Dans ce travail, nous retiendrons que la vulnérabilité est la propension ou la prédisposition à subir des effets néfastes (NachanBronford, 2016). Une personne est dite vulnérable quand son exposition à un aléa va entrainer un impact sur sa santé, ses biens, son inclusion sociale, ses finances, etc.

Le Groupe d'Expert Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC, 2007) donne une dimension climatique à la vulnérabilité, en le définissant comme le degré par lequel un système risque d'être affecté négativement par les effets des changements. La vulnérabilité varie en fonction de l'exposition à l'aléa, et de la fragilité de l'individu (Bani, 2016). Le GIEC (2012) définit en revanche, la vulnérabilité comme un niveau selon lequel un système est susceptible ou incapable de faire face au changement climatique. Autrement dit, elle est fonction de l'exposition et de la sensibilité des systèmes aux effets de l'aléa mais aussi à la capacité d'y faire face.

I.2. Généralité sur l'inondation

Il est déjà à remarquer que la moitié des catastrophes mondiales sont des inondations (Romain, 2016). Généralement, elles se caractérisent par une crue éclair : déversement accéléré, rupture de barrage, rupture d'embâcles de glaces. Ensuite l'inondation de rivières

9

qui se caractérise par une élévation lente du niveau, en général saisonnière dans les systèmes de rivières et l'inondation du littoral associée avec les cyclones tropicaux, les tsunamis ou vagues séismiques, les pointes de tempêtes. Les facteurs aggravant le niveau du danger sont : la hauteur de l'eau, la durée de l'inondation, la rapidité du courant, le rythme de l'élévation du niveau, la fréquence de l'occurrence (Romain, 2016).

I.2.1. Causes de l'inondation

Il est évident que les causes de l'inondation sont multiples, pour faciliter la tâche, il vaut mieux que nous les présentions dans un tableau 2 ci-dessous.

10

Tableau 2: Différentes Causes de l'inondation

La montée lente des eaux en région de plaine

Les inondations de plaine

La rivière sort de son lit mineur lentement et peut inonder la plaine pendant une période relativement longue. La rivière occupe son lit moyen et éventuellement son lit majeur.

Les inondations par remontée de nappe

Lorsque le sol est saturé d'eau, il arrive que la nappe affleure et qu'une

inondation spontanée se produise. Ce phénomène concerne
particulièrement les terrains bas ou mal drainés et peut perdurer.

La formation rapide de crues torrentielles consécutives à des averses violentes

Les crues des
rivières

torrentielles et des torrents

Lorsque des précipitations intenses tombent sur tout un bassin versant, les eaux ruissellent et se concentrent rapidement dans le cours d'eau, d'où des crues brutales et violentes dans les torrents et les rivières torrentielles. Le lit du cours d'eau est en général rapidement colmaté par le dépôt de sédiments et des bois morts pouvant former des barrages. Lorsqu'ils viennent à céder, ils libèrent une énorme vague, qui peut être mortelle.

Le ruissellement pluvial urbain

Les crues rapides
des bassins
périurbains

L'imperméabilisation du sol (bâtiments, voiries, parkings, etc.) limite l'infiltration des pluies et accentue le ruissellement, ce qui occasionne souvent la saturation et le refoulement du réseau d'assainissement des eaux pluviales. Il en résulte des écoulements plus ou moins importants et souvent rapides dans les rues.

Source :Prime net, Risques majeurs, 2009

En effet, il est aussi important de citer les facteurs aggravant et contribuant au risque et vulnérabilités liées à ce type d'aléa naturel.

11

I.2.2. Facteurs contribuant à la vulnérabilité due à l'inondation

Selon Randriana (2010), en zone inondable, les aménagements (activités, réseaux d'infrastructure) constituent l'un des principaux facteurs aggravant la vulnérabilité, par une modification des conditions d'écoulement (imperméabilisation et écoulement), tout en diminuant les champs d'expansion des crues. De plus, l'implantation de localités dans les plaines à inondations, la prise de conscience insuffisante quant aux menaces d'inondation, la réduction de la capacité d'absorption du sol (érosion, bétonnage), les bâtiments et fondations sans résistance, les éléments à hauts risques dans l'infrastructure tels que les stocks alimentaires, les récoltes sur pied, les bétails non protégés sont tous des facteurs qui accroissent la vulnérabilité d'une communauté.

I.2.3. Impacts des inondations à l'échelle mondiale

Au cours des deux dernières décennies, les inondations ont constitué les catastrophes les plus récurrentes. À l'échelle mondiale, elles représentent 34% des catastrophes naturelles enregistrées entre 1990 et 2007 (CRED, 2007). L'inondation peut être un risque majeur aux conséquences humaines et matérielles extrêmement préjudiciables. Selon l'étude annuelle du Centre de Recherche sur l'Epidémiologie des Désastres (CRED, 2007), le nombre de personnes touchées par les catastrophes a considérablement augmenté, atteignant près de 200 millions en 2007 contre 135 millions en 2006. Sur ce total, la grande majorité (164 millions) ont été victimes d'inondations. Selon le Dartmouth Flood Observatory (DFO, 2007), le bilan de l'année 1996 fait état de 6210 décès, 12,8 millions de personnes évacuées 4,7 millions d'hectares submergés et 12,2 milliards de dollars américains de dommages. Ainsi, la même source indique que, le bilan de l'année 2007 est beaucoup plus lourd : 12429 décès, 35,6 millions de personnes déplacées et 22 milliards de dollars de dommages. Ces chiffres montrent bien que les dommages occasionnés par les catastrophes naturelles, les inondations en particulier, deviennent de plus en plus importants aussi bien sur le plan sanitaire que matériel.

Les inondations brutales peuvent causer des dégâts considérables et des dommages sanitaires, parfois très difficiles à évaluer. Souvent, les catastrophes causées par l'eau font régresser le processus de développement pendant des dizaines d'années. En moyenne, pendant les années 90, les pertes économiques imputables à des phénomènes météorologiques extrêmes qui ont provoqué des catastrophes liées à l'eau ont été six fois supérieures à celles des années 60. Les pays en voie de développement sont touchés de façon disproportionnée,

12

leurs pertes par unité du Produit Intérieur Brut (PIB) étant environ cinq fois plus importantes que celles des pays riches et 13fois plus de victimes. Ces pertes sont parfois supérieures à une ou plusieurs années de développement économique durement gagné et désespérément nécessaire. Au Mozambique, par exemple, les inondations récentes survenues entre le 3 Janvier et le 10 Mars 2007 ont entraîné un recul de 23 % du PIB alors qu'au Honduras, les dommages occasionnés par l'ouragan Mitch de Novembre 1998 représentaient plus de 69% du PIB et près de 73% de la dette extérieure; la plupart des infrastructures (ponts et routes) étant sévèrement affectées et nécessitant plusieurs années pour être remplacées. Bien qu'aucune procédure standard n'existe pour évaluer les impacts économiques, sanitaires et environnementaux dont les estimations sont d'ailleurs entachées d'incertitudes, plusieurs institutions ont développé des méthodologies pour identifier puis quantifier ces pertes (CRED, 2008). En France, par exemple, la Mission d'Inspection Spécialisée de l'Environnement (MISE), a établi en 1999 une échelle de gravité des dommages liés aux risques naturels. Cette échelle, reprise par le Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable (MEDD, 2003) consiste à hiérarchiser les événements naturels en six classes depuis l'incident jusqu'à la catastrophe majeure.

Au Cameroun, les catastrophes naturelles à l'instar des inondations sont à l'origine de plusieurs dommages. Ainsi, entre 2005-2014, 96867 personnes ont été affectées par les risques naturels et 717 en ont perdu la vie. Mbevo (2016) souligne l'occurrence des inondations dramatiques urbaines dans la ville de Douala (notamment celles du 19 septembre

2009 avec six décès et cellesde juin2015 avec quatremorts et cinq disparus).
(Meva'aAbomoet al., 2010), gardant lamême préoccupation, ont observé une variation des niveaux d'exposition et de vulnérabilité des zones à risques hydrologiques dans la ville de Douala. MeV (2016) fait état des situations d'intense érosion côtière dans l'île de Manoka. Bref, l'ensemble du littoral camerounais a subi, entre 1998 et 2016, des catastrophes mineurs et majeurs (en fonction du site et des enjeux) liées au climat (Mena et al., 2017).

I.2.4. Impacts des inondations sur la santé des populations

Les catastrophes naturelles telles que les inondations ont des conséquences sanitaires importantes, même à long terme. Ce n'est pas seulement le danger immédiat de noyade, de blessures ou d'hypothermie qui est préoccupant. Les inondations augmentent le risque de diverses maladies qui, autrement, n'auraient peut-être pas été un problème de santé majeur dans une zone touchée. Bien qu'une inondation puisse ne pas être évitée, ces risques pour la

13

santé peuvent être minimisés et même totalement évités. Cependant, bien que chaque cas soit unique de par son contexte (gravité de l'événement, profil de la population et de la région touchée, etc.), la littérature scientifique souligne plusieurs similitudes au regard des répercussions potentielles sur la santé. Les inondations peuvent causer des effets directs (blessures et noyades) et indirects (maladies infectieuses et intoxications au monoxyde de carbone) sur la santé humaine. La littérature précise que les effets potentiels et les menaces à la santé dépendent notamment du type d'inondation (ruissellement à la fonte des neiges et crue éclair), la phase de l'événement considérée et de divers facteurs, par exemple, sociaux, démographiques, environnementaux (Alderman et collab, 2012 ; le Polain de Waroux, 2011).

I.2.4.1. Maladies diarrhéiques

Les maladies diarrhéiques sont l'un des principaux problèmes de santé lors d'une inondation. Divers agents pathogènes viraux, bactériens et protozoaires peuvent être responsables de ces maladies diarrhéiques. Le choléra, l'entamibiase, la giardiase, l'hépatite A, les infections à rotavirus et à norovirus ainsi qu'une foule d'autres causes infectieuses de diarrhée sont fréquemment observés lors de catastrophes naturelles. Il existe également un risque plus élevé de déshydratation dans ces situations, en grande partie en raison du manque d'eau potable et de soins médicaux (Jonkman et Kelman, 2005).

I.2.4.2. Déshydratation

La déshydratation survient avec un manque d'eau potable. Tenter de boire de l'eau courante ou stagnante disponible peut entraîner des maladies diarrhéiques. Les vomissements et la diarrhée qui en résultent augmentent à leur tour le risque et la gravité de la déshydratation. En outre, les personnes atteintes de maladies rénales existantes, de diabète et celles qui utilisent des diurétiques peuvent être plus à risque. Un refroidissement insuffisant dans des environnements chauds qui conduit à une transpiration excessive ainsi qu'à une fièvre due à des infections peut en outre contribuer à la déshydratation (Daley, 2001).

I.2.4.3. Infections respiratoires

Les infections respiratoires ont tendance à se propager rapidement lors des catastrophes naturelles comme les inondations. Des infections des voies respiratoires supérieures et inférieures dues à des virus et des bactéries peuvent survenir et même entraîner des épidémies. Du rhume aux virus grippaux et à la pneumonie, ces infections respiratoires peuvent être graves et même mortelles. Les personnes atteintes de maladies respiratoires

14

préexistantes comme l'asthme (emphysème ou bronchite chronique) courent un plus grand risque (Mendell et collab., 2011 ; Fisk et collab., 2010).

I.2.4.4. Maladies des moustiques

Les moustiques peuvent se multiplier rapidement en cas de crue, car l'eau stagnante peut persister pendant des jours, des semaines voire des mois. Dans les régions où les maladies transmises par les moustiques sont courantes ou endémiques, des flambées majeures soudaines de ces maladies peuvent survenir. Le paludisme, la dengue, le chikungunya et la maladie du Nil occidental font partie des maladies courantes transmises par les moustiques qui posent un problème lors d'une inondation (Schnitzler et collab, 2007).

I.2.4.5. Morsures et piqûres

Les inondations font souvent émerger des insectes en grand nombre et ces organismes peuvent se multiplier rapidement. Les morsures et les piqûres sont un problème courant. Même les insectes non venimeux, y compris les moustiques qui ne sont pas porteurs de maladies humaines, peuvent toujours poser un risque pour la santé si les piqûres sont importantes et les blessures peuvent être infectées. Les insectes venimeux et les reptiles comme les serpents présentent un plus grand risque. Cependant, les animaux sauvages et domestiques peuvent être responsables de morsures qui pourraient également être un problème de santé, en particulier lorsque le traitement médical disponible est limité (Jonkman et Kelman, 2005).

I.2.4.6. Blessures

Les blessures et les traumatismes corporels peuvent se produire pendant l'inondation et être causés par des débris de toutes sortes présents dans l'eau ou bien encore lors d'opérations d'évacuation et de sauvetage, ou de tentatives de récupération des biens personnels. Des blessures sont aussi fréquemment associées à la période qui suit les inondations, en particulier lors de la réintégration des lieux (résidence, travail) et des activités de nettoyage. Par exemple, à la suite des inondations survenues dans le Midwest américain en 1993, un système de surveillance épidémiologique a été mis en place pour identifier les impacts sanitaires (blessures et maladies) reliés à ces événements. Sur un total de 524 affections sanitaires rapportées, un total de 250 blessures a été dénombré (48 % du total). Les blessures rapportées le plus fréquemment au sein de la population sinistrée et des travailleurs sont des contusions,

15

des abrasions, des entorses, des foulures ainsi que des plaies ouvertes, comme des coupures et des lacérations (Du et collab., 2010 ; Ahern et collab., 2005).

I.2.4.7. Troubles gastro-intestinaux

Dans le contexte d'une inondation, il y a un risque accru de contamination microbiologique des eaux de crues, souillées par le refoulement des égouts, des installations septiques endommagées, etc. Les risques pour la santé des personnes qui réintègrent leur domicile sont surtout associés à la contamination des sources d'alimentation en eau potable (forages et puits privés) et des produits de consommation (aliments, médication). Les microorganismes pathogènes peuvent se transmettre par des voies multiples (contact direct avec l'eau, de personne à personne, etc.) et engendrer des troubles gastro-intestinaux chez les personnes exposées (Du et collab., 2010). Dans les pays à revenus élevés, les éclosions de cas associées aux troubles gastro-intestinaux sont plutôt rares (Alderman et collab., 2012). À titre d'exemple, les enquêtes épidémiologiques menées à la suite d'importantes inondations survenues dans le Midwest américain, en 1993.

I.2.4.8. Intoxications au monoxyde de carbone

Des intoxications accidentelles au monoxyde carbone représentent un risque important et commun pour la santé, pendant et surtout après les inondations, lors des activités de nettoyage (Iqbal et collab, 2012 ; Du et collab., 2010). Aux États-Unis, parmi les patients ayant consulté les urgences à la suite de l'inondation survenue au Dakota du Nord en 1997, 33 cas d'intoxications au monoxyde de carbone ont été recensés chez les personnes âgées de 7 à 67 ans. Près de la moitié des cas avaient impliqué les professionnels de nettoyage. Une seule source d'intoxication a été mise en cause : la laveuse à pression à essence utilisée pour nettoyer les sous-sols abîmés par l'inondation (Daley et collab., 2001). Les intoxications au monoxyde de carbone répertoriées dans la littérature ont aussi été associées à d'autres causes, notamment un dysfonctionnement ou une utilisation inadéquate (dans un espace mal ventilé) d'appareils à combustion (pompe, génératrice) et de chauffage d'appoint ou de cuisson (barbecue à gaz ou au charbon de bois) (Iqbal et collab., 2012 ; Du et collab,2010).

I.2.4.9. Risques associés aux moisissures

La présence d'eau disponible dans un environnement, causée, par exemple, à la suite d'une inondation, est l'élément qui détermine la prolifération de moisissures (Collab., 2002).

16

Une augmentation des problèmes de santé tels que l'irritation des yeux, du nez et de la gorge, la toux, la respiration sifflante, l'asthme et des réactions allergiques, et les infections respiratoires a été rapportée en lien avec la présence d'infiltration d'eau, d'humidité, de moiteur et de moisissures à l'intérieur des maisons (Mendel et collab., 2011 ; Fisk et collab., 2010).

I.3. Autres intoxications et menaces de nature chimique

Lors des inondations, la montée des eaux de crues peut contribuer au rejet ou à la propagation de substances chimiques dans l'environnement, et potentiellement menacer la santé humaine. En milieu résidentiel, des produits chimiques ménagers (produits nettoyants, peinture, solvants, huile de chauffage, essence, etc.) peuvent être déversés lors des inondations, et constituer un risque pour la santé et la sécurité des personnes qui y sont exposées, notamment lors de la réintégration de leur domicile et des activités de nettoyage (Alderman et collab., 2012 ; Young et collab., 2004).Ainsi, le rejet de substances chimiques déjà présentes dans l'environnement, comme les pesticides en milieu agricole, peuvent aussi contribuer à la propagation de substances chimiques dans l'environnement et, incidemment, à l'exposition de la population à des contaminants (Alderman et collab., 2012).

Pendant et après une inondation, la population pourrait être exposée de façon aiguë ou chronique à des substances dangereuses présentes dans l'air, dans l'eau ou dans les sols, émises lors d'un incendie ou libérées dans l'environnement (air, eau, sol) après l'altération ou le bris d'emballages, de réservoirs de stockage, de conteneurs et de conduites de gaz (Young et collab, 2004). Les effets potentiels sur la santé d'une exposition chimique pourraient être plus importants pour les populations vivant à proximité de secteurs agricoles ou industriels (Alderman et collab, 2012).

I.3.1. Électrocution

Les personnes peuvent mourir après avoir subi une décharge électrique (électrocution), notamment durant les opérations de sauvetage et les activités de nettoyage. Ce risque peut résulter de la présence de câbles et d'appareils électriques submergés dans l'eau stagnante ainsi que de systèmes électriques endommagés (Du et collab., 2010).

17

I.3.2. Hypothermie

Dans le contexte d'une inondation, l'hypothermie peut se produire lorsqu'une personne est exposée de façon prolongée à l'eau (avec ou sans immersion), ou qu'elle se trouve dans un environnement froid. Ce risque peut se produire en toutes saisons (Du et collab, 2010).

I.3.3. Troubles psychologiques et psychiatriques

Bien que les études sur les effets psychologiques des inondations soient encore peu nombreuses, on peut tout de même affirmer aujourd'hui que les inondations peuvent impacter profondément la population dans son bien-être psychique. Les pathologies observées sont un accroissement de stress, des états de stress post-traumatique, des troubles de sommeil, un mal-être, le développement de phobies, des angoisses et des dépressions. L'état dépressif peut faire surface plusieurs mois après l'événement. Des études menées en France (Ligier et collab., 2005), en Angleterre (Reacheretcollab., 2004 ; Paranjothy et collab., 2011) ainsi qu'aux États-Unis (Abramsonetcollab., 2008) ont mis en évidence que les inondations peuvent entraîner des répercussions à court, à moyen et à long terme sur l'état de santé psychologique chez les adultes et les enfants affectés par ces événements. Les manifestations psychologiques les plus fréquemment observées sont un risque accru de symptômes ou de troubles associés au stress post-traumatique, à l'anxiété et à la dépression (Du et collab, 2010).

I.3.4. Changement environnemental pouvant porter atteinte à la santé

Les inondations ont de nombreux impacts sur l'habitat et son environnement qui peuvent générer à leur tour un risque pour la santé. La dégradation de la qualité de l'eau potable peut générer un risque épidémique si les consignes appropriées de consommation ne sont pas suivies. Il arrive souvent que les eaux d'inondations soient souillées par les eaux usées provenant des réseaux d'assainissement qui refoulent. Dans ce cas, il y a un risque de maladie pour les personnes en contact avec cette eau et il faut prévoir une désinfection des locaux touchés avant d'envisager une réinstallation. De plus, les rejets bruts qui sont faits par les stations d'épuration saturées (ou hors service) lors des inondations peuvent propager les difficultés de traitement de l'eau pour la consommation humaine (Pierre Gosselin, 2012)

Enfin, lorsque les eaux de l'inondation atteignent des zones d'activité aquatique (baignade, conchyliculture, ostréiculture...), celles-ci doivent faire l'objet d'une surveillance

18

étroite par l'Agence Régionale de Santé (ARS) entre autres de façon à éviter les effets sur la santé publique. La gestion des déchets fait également partie des services pouvant être affectés par une inondation. Celle-ci génère un pic de production de déchets encombrants et mouillés, en plus du flux continu d'ordures ménagères. Un retard dans leur prise en charge représente un risque de développement rapide des moisissures. Enfin, l'atteinte des établissements de santé génère une dégradation des services de soin sur le territoire qui peut durer pendant plusieurs mois. Cela impacte fortement les populations sensibles, notamment les usagers chroniques ou ceux dépendant des services à domicile (Pierre Gosselin, 2012).

I.4. Etudes sur l'inondation dans la plaine du Logone

Cette partie de l'étude est réservée à la présentation des travaux traitant de divers aspects de l'inondation dans la plaine du Logone. D'aucuns se sont attelés à la recherche des causes de ce phénomène tandis que d'autres se sont attardé soit sur la description de ses manifestations ou encore ses conséquences. Quelques-uns ont également fait des propositions théoriques qui pourraient contribuer à réduire les effets de l'inondation.

Daniel SIGHOMNOU dans son article, Cameroun : « gestion intégrée des eaux de crues, cas de la plaine d'inondation du fleuve Logone », Daniel SIGHOMNOU traite de la question des inondations dans la plaine du Logone. Pour lui l'aménagement des bassins versants, et d'une manière générale la gestion durable des zones inondables, demeure une opération délicate. À travers son article, il analyse des effets des inondations annuelles dans la plaine du Logone et les impacts des aménagements hydro-agricoles réalisés sur les rives du fleuve par les pouvoirs publics à la fin des années 1970. L'étude s'appuie sur les travaux antérieurs de nombreuse recherche et sur un solide travail de terrain réalisé dans le cadre du projet Waza-Logone, une initiative de l'union internationale pour la conservation de la nature, du World Wild Funds (WWF), de la Coopération Néerlandaise et du Gouvernement Camerounais.

Une grande partie de la plaine est périodiquement inondée par des eaux issues essentiellement des débordements du fleuve Logone. Elle reçoit également des eaux issues des cours d'eau venant des monts Mandara. Encore appelée « Yaéré » (ou plaine périodiquement inondable en langue locale) ; cette partie de la plaine inclut un secteur du parc national de Waza, sanctuaire faunique exceptionnel classé aire protégée sur le plan mondial.

19

I.4.1. Aménagements hydro-agricoles et leurs conséquences sur l'inondation dans la plaine du Logone

Les données sur les aménagements réalisés sont tirées essentiellement des archives de la SEMRY de Yagoua et des Audits Techniques réalisés par SOGREAH en 1992. Ainsi, en vue de la protection des populations riveraines et des périmètres cultivés le long du Logone, des travaux d'endiguement avaient été entrepris depuis les années 1950 sur les deux rives du fleuve en aval de la localité de Bongor. Ces travaux se sont poursuivis jusqu'en 1979 où ils ont été parachevés, côté Camerounais, par la construction du barrage de retenue d'eau de Maga et des 20 derniers kilomètres de digue entre les localités de Pouss et Tékélé pour protéger le périmètre rizicole de la SEMRY contre les inondations (Aboukar, 2020).

La capacité du barrage de Maga est évaluée à 600 millions de m3à sa côte de remplissage, pour une superficie inondée évaluée à 39000 ha. Il est alimenté par les eaux du fleuve Logone, par celles des deux principaux cours d'eau des Monts Mandara (MayoTsanaga et Mayo Boula) et par les précipitations directes au-dessus de la retenue. L'ouvrage comporte un évacuateur de crue constitué d'un déversoir à paroi épaisse long de 750 m, qui permet d'évacuer le trop plein du lac vers le fleuve au niveau de la localité de Pouss. Il ressort de cette étude que la quantité d'eau excédentaire enregistrée dans le lac chaque année est importante (580 millions m3 en moyenne). Si cet excédent était évacué vers la plaine, il assurerait une submersion au moins partielle du secteur privé d'eau du fait de la présence du barrage (Rapport PIFL, 2012).

I.4.2. Dégâts engendrés par les inondations

Les inondations, depuis le changement du régime de la plaine en 2012, causent beaucoup de préjudices aux populations dans tous les domaines ainsi qu'à la nature. C'est ainsi que l'importance des dégâts est toujours directement corrélée avec les manifestations psychologiques répertoriées (Graham et al., 1997 ; Tapsell et al., 1998). Dans le cas de l'étude de Graham, c'est la valeur foncière et financière qui est étudiée. On observe que l'inondation a un impact important sur la valeur de propriétés sinistrées.

I.4.3. Ampleur des inondations dans le Logone et Chari

Le tableau 3 ci-dessous établi par le COSVI-LC sur la base des données et des informations obtenues des autorités locales et des services techniques donnent un aperçu de l'ampleur des dégâts des inondations dans le Logone et Chari. L'arrondissement de Zina est

durement affecté presque toutes les années depuis 2012. Il est la seule unité administrative entièrement couverte par la plaine et sa situation géographique l'expose aux impacts des aménagements effectués en amonts de la zone que ce soit du côté du Cameroun ou du Tchad.

Tableau 3:Aperçu de l'ampleur des inondations dans le Logone et Chari

Arrondissements

2012

2013

2014

2015

2016

2017

2018

2019

2020

Zina

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Waza

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Logone-Birni

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Kousseri

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Goulfey

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Blangoua

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Darak

 
 
 
 
 
 
 
 
 

HiléAlifa

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Makary

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Fotokol

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Elevé

 

Moyen

 

Très faible ou aucun

 
 
 
 
 
 
 
 
 

20

Source : Archive ACEEN, 2020

I.5. Valeurs de la plaine d'inondation

I.5.1. Réservoirs de diversité biologique

La Plaine d'inondation est l'unique écosystème humide dans la partie du Sahel au Cameroun qui se caractérise par la concentration de la quasi-totalité des 34 espèces animales à poils existantes dans toute la Région de l'Extrême-Nord et de la vingtaine d'espèces d'oiseaux d'eau internationalement reconnues présentes dans le bassin du Lac Tchad. Elle constitue le dernier refuge dont bénéficient les espèces animales rares comme les hyènes, les girafes et les lions du Parc national de Waza.Elle a l'exclusivité d'abriter la grue couronnée, Blericaregulorum, le symbole de la Télévision Nationale de la République du Tchad et le

21

Protoptère, Protopterusannectens, la seule espèce de poisson qui s'enterre dans la boue de Novembre à Juin de chaque année pour ne ressortir qu'avec les grandes pluies ou les premières eaux des inondations. La beauté de ses paysages résultant de ses quatre facettes (crue, hautes eaux, décrue et étiage) et ses espèces animales emblématiques notamment les lions, les éléphants et les girafes figurent parmi les raisons d'être de l'industrie touristique au Cameroun (Rapport PWL, 2019).

I.5.2. Foyer des cultures rares

La Plaine, en dépit de nombreux changements subit, continue à jouer un rôle d'une valeur inestimable dans la vie culturelle de ses habitants. Les preuves évidentes sont nombreuses mais malheureusement peu étudiées et documentées. La pratique de la pêche basée sur les divinités de l'eau et la considération des certains reptiles comme des totems chez les Kotoko et les cases obus des Mousgoum sont encore visibles. De nombreux témoignages oraux révèlent une diversité d'autres croyances liées à l'eau, aux animaux et aux poissons qui n'ont malheureusement pas toutes survenues aux effets conjugués de l'assèchement de la Plaine à la suite de la construction du barrage de Maga, des religions monothéistes et des diverses autres formes de ruptures des populations avec leurs traditions et leurs coutumes. Les croyances qui persistent encore ont pratiquement disparu dans la vie publique, mais subsistent toujours dans la vie privée surtout en cas de maladie, des difficultés et de la recherche du bien-être (Aboukar, 2017).

I.5.3. Stockage et exportation des substances nutritives

La Plaine compte parmi les bassins les plus productifs des zones humides tropicales du Sahel. Elle produit ainsi chaque année des substances nutritives et en retient une très grande partie par sa végétation aquatique, ses nombreuses dépressions et les bourrelets des berges de ses cours d'eau. Elle en libère une partie en période des hautes eaux à travers certains canaux de pêche vers les cours d'eau qui les transportent dans les zones humides en aval notamment le Lac Tchad et probablement les plaines de l'Etat de Bornou au Nigéria par le biais de l'El-beid (Niering ,1988).

I.5.4. Alimentation de la nappe phréatique

Les pluies qui tombent directement dans la Plaine de Juin à mi-octobre de chaque année et les eaux des crues annuelles, s'épandent, stagnent et s'écoulent lentement et alimentent en même temps la nappe phréatique par infiltration. Ce phénomène fait de la

22

Plaine, la seule grande portion de la Région de l'Extrême-Nord du Cameroun où l'eau est facilement accessible et à faible coût. Le niveau statique de l'eau dans des forages est compris entre 4 et 20 m au plus. Les ouvrages rudimentaires aménagés des mains d'hommes fournissent toujours de l'eau en quantité abondante (Junk ,1982).

I.5.5. Protection contre les crues et régulation des écoulements

La Plaine emmagasine les eaux des débordements de ses cours d'eau sur des vastes étendues pendant au moins 4 mois jusqu'à ce que leurs débits diminuent. Elle retarde de ce fait, la crue et les risques de catastrophes dues aux inondations en aval. Elle contribue ainsi à la sécurité des biens et des personnes dans les villes comme Kousseri et N'Djamena. Elle fait donc office d'une éponge naturelle. D'après Roggeri (1995), le rôle des zones humides comme la Plaine, ne se limite pas seulement à un simple décalage des crues d'aval dans le temps. Une grande partie de l'eau emmagasinée n'est pas restituée au système hydrologique (cours d'eau et lac Tchad) et que les pertes par évapotranspiration peuvent atteindre plus de 90% dans les Yéarés (Plaines) du Cameroun (Benech et Lévêque, 1987). Les grandes transformations physiques subies par la Plaine au cours de ces dernières années ont certainement accru le volume d'eau qu'elle restitue au cours d'eau et au Lac Tchad en période des inondations et de la décrue.

I.5.6. Maitrise de l'érosion

La densité des peuplements des végétaux en saison des pluies atténue les mouvements des eaux des crues et leurs racines stabilisent les sédiments. Benech et al. (1982) ont noté que chaque année, le Grand Yaéré (Plaine du Cameroun) reçoit en moyenne 870 000 tonnes de matériaux essentiellement argileux et n'en restitue que 27 000 tonnes, soit un taux de sédimentation de 97% qui compense partiellement les effets de l'érosion.

I.5.7. Epuration de l'eau

Les déchets liquides et solides générés par les ménages, les établissements hôteliers et les unités industrielles de la ville de Maroua et les résidus des produits chimiques utilisés pour les productions agricoles localement et dans les bassins versants sont associées à l'eau qui inonde chaque année la Plaine. Présentement aucune des études faites dans la Plaine n'ont porté sur la qualité de ses eaux de surface pour déterminer les différents polluants et leurs effets. Il est évident que sa végétation et ses micro-organismes prélèvent, emmagasinent et

23

transforment une grande partie des polluants. Par ailleurs, le phénomène de sa sédimentation a un effet d'épuration des eaux. La salade d'eau, connue comme l'une des plantes très efficaces en matière d'épuration de l'eau, couvre en période des inondations des grandes portions du lit des cours d'eau et vastes surfaces des mares naturelles et artificielles. La Plaine fournit ainsi et gratuitement des ressources en eau de surface ou souterraines en quantité et de qualité à ses plus de 750.000 habitants (Rapport GPIWL, 2017).

I.6. Autres facettes des valeurs de la Plaine

La Plaine, joue un rôle déterminant dans le cycle de vie de nombreuses espèces d'oiseaux d'eau migratrices. Elle leur offre chaque année, des aliments diversifiés et des abris pendant leur séjour. Elle sert de zone de frayère pour plusieurs espèces de poissons du Lac Tchad pendant la période des crues. Elle contribue à la préservation de l'intégrité des écosystèmes du Lac Tchad en les approvisionnant en substances nutritives et en eau épurée qu'elle restitue au fleuve Logone qui les alimente en partie.

I.6.1. Faune sauvage génératrice de revenu et source d'alimentation

Bien qu'elle soit strictement interdite d'exploitation, la faune du Parc National de Waza est l'objet d'un braconnage à grande échelle. La chasse sportive par contre, est autorisée dans le reste de la Plaine à condition d'avoir un permis payant délivré exclusivement au Ministère en charge de la faune à Yaoundé. Les revenus générés bien qu'ils ne sont pas connus, doivent être assez considérables (ACEEN, 2014). La chasse dite « traditionnelle » est très pratiquée dans la Plaine. Elle n'a pas encore fait l'objet d'une étude mais les témoignages oraux indiquent qu'elle est très ancienne. Elle était considérée comme une festivité culturelle et récréative. Elle est tolérée par l'Administration en charge de la faune au nom du droit d'usage. Sa cible est essentiellement constituée des reptiles (varan et tortue), des perdrix, des rats, les canards, etc. Elle constitue une source d'alimentation et parfois de revenu complémentaire à plusieurs milliers de ménages surtout en saison sèche ou pendant la période de soudure.

I.6.2. Pâturages de qualité et en quantité très convoités

Les éleveurs considèrent la Plaine, comme l'un des plus importants « paradis » de l'élevage transhumant et nomade dans le bassin du Lac Tchad voire de tout le Sahel. Beauvillain (1989), souligne que « c'est une chance exceptionnelle pour les nombreux et importants troupeaux de la région ». Marchand (1987) estimait la production fourragère

24

(matière sèche) de la Plaine à 1-2 UBT/ha et sa capacité de charge à moins de 0,2 UBT/ha. UICN (2002) a dénombré près de 400000 têtes de bétail toutes espèces confondues qui séjournaient dans la Plaine et a évalué à 3 milliards de F CFA la valeur économique de ses pâturages.

L'insécurité qui sévit dans le bassin du Lac Tchad, la dégradation des ressources naturelles et l'occupation croissante des espaces pastoraux par les agriculteurs dans une grande partie de la Région de l'Extrême-Nord, ont poussé de nombreux éleveurs camerounais et des pays voisins à fréquenter la Plaine augmentant ainsi le nombre de gros et de petits ruminants exploitant ses pâturages après le retrait de ses eaux d'inondation. Les données statistiques disponibles auprès des Communes de la Plaine et des Services Techniques en charge de l'élevage indiquent que depuis 2014, elle reçoit plus de 600 000 têtes de bovins et la valeur économique actuelle de ses pâturages serait de l'ordre de 6 milliards de F CFA. Les pâturages de la Plaine constituent une importante source de recettes (ACEEN, 2012). Leur exploitation est conditionnée par le paiement d'une taxe annuelle instituée par chacune de ses six communes : Bogo, Maga, Petté, Zina, Logone Birni et Waza. Le montant de cette taxe varie d'une commune à l'autre. La Commune de Zina par exemple perçoit la somme de 10.000 F CFA par troupeau de 50 têtes de boeufs. Le marché à bétail de Mazera dans l'Arrondissement de Zina et celui de Hounangaré dans l'Arrondissement de Logone-birni doivent leur existence aux pâturages de la Plaine. Les statistiques des Services de l'élevage des deux Communes indiquent que sur ces deux marchés plus de 10.000 têtes de boeufs et plus de 15.000 têtes de petits ruminants y sont vendues annuellement puis acheminées au marché à bétail de Bogo dans le Département du Diamaré ou directement au Nigéria (ACEEN, 2012).

I.6.3. Poissons abondants malgré la baisse sensible de sa qualité

La Plaine est décrite dans plusieurs documents scientifiques et historiques comme l'une des zones les plus poissonneuses du Sahel. Son poisson qu'il soit à l'état frais, fumé ou séché est toujours considéré comme de super qualité et est vendu sur l'étendue de la Région de l'Extrême-Nord, dans plusieurs autres localités à travers le Cameroun et exporté vers le Nigéria. Sa production annuelle était de 12. 000 tonnes et avait une valeur économique évaluée à près de deux (2) milliards F CFA (UICN, 1995). Elle a connu une augmentation très sensible ces dernières années en raison de l'usage des techniques qui n'épargnent aucune espèce de poisson quel que soit sa taille et la capacité de résilience de la Plaine. Elle est estimée à 15.000 tonnes de poissons frais (Ziébé, 2016). La pêche dans la Plaine est passée

25

d'une activité de subsistance à celle de création des richesses. Elle emploie plusieurs centaines de milliers de personnes dans tous les maillons de sa chaine de production. Le poisson génère des recettes sur tous les marchés où il est vendu.

I.6.4. Vastes terres fertiles arrosées par une eau abondante

Les substances nutritives et les sédiments que la Plaine accumule, ajoutés à la présence d'eau et à l'alternance des conditions sèches et des conditions humides font d'elle un grand bassin apte à toutes les cultures en système pluvial ou irrigué. Dans sa partie annuellement inondée, les paysans et les paysannes font la culture du riz sur plusieurs milliers d'hectare de terres humidifiées par les pluies et naturellement arrosées par les eaux des crues. Ils obtiennent des rendements de 4 t/ha sans engrais et avec peu de frais. Depuis 2013, la culture irriguée du riz en saison sèche s'est accrue de façon extraordinaire. Elle est pratiquée dans les dépressions asséchées de la Plaine sur une superficie totale estimée entre 1.500 et 2 000 ha Les paysans font usage des motopompes pour l'irrigation des parcelles en prélevant les eaux des fleuves ou les eaux souterraines à travers les forages agricoles réalisés par les ONG locales, le PRODEBALT et les concernés (Aboukar, 2012). Ils ont des rendements variant de 6 à 8 t/ha sans aucun produit chimique (engrais et pesticides). À la périphérie Nord, Ouest et Sud-ouest de la Plaine, les agriculteurs profitent de l'humidité du sol après le retrait des eaux des inondations ou de la fin de la saison des pluies pour cultiver le sorgho de contre saison sur des superficies à perte de vue. Ils obtiennent entre 3,5 à 6 t/ha de rendements sans engrais mais font usages presque tous des herbicides. De la localité de Zimado jusqu'au Nord de la ville de Logone-Birni, les paysans exploitent des vastes terres sur le long du fleuve Logone pour la culture irriguée des maraichers. Leurs produits sont vendus sur les marchés de Kousseri et exportés vers le Tchad et le Nigéria.

Au vu de ce qui précède, nous pouvons déduire que les questions de l'inondation demeurent difficiles à gérer et à maîtriser dans la plaine en général et dans le village Arainaba en particulier. Plusieurs auteurs ont essayé d'aborder ces différentes questions dans le contexte de leurs recherches afin de pouvoir y apporter leur contribution à mieux connaitre les risques sanitaires liés à l'inondation.

CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES

26

Il sera question dans ce chapitre de présenter la zone d'étude, la méthodologie de collecte et d'analyse des données.

II.1. Présentation de la zone d'étude

II.1.1.Localisation géographique

La plaine d'inondation du fleuve Logone est située dans la Région de l'Extrême-Nord du Cameroun. Elle est située entre le 10°50' et 12°10' de Latitude Nord. Cette plaine couvre une superficie d'environ 8000km2. Elle est périodiquement et naturellement inondée par des eaux provenant essentiellement des débordements du fleuve Logone. Elle reçoit également des eaux provenant des cours d'eau des monts Mandara. Encore appelée yaéré (ou plaine périodiquement inondable en langue locale). Cette plaine comprend le Parc National de Waza, le sanctuaire faunique exceptionnel classé « aire protégée » au Cameroun, la Réserve de la Biosphère sur le plan mondial (GEPIS, 2000 ; Loth, 2004 ; Mvondo et al., 2003).

Figure 1 : Carte de la localisation de la zone d'étude

27

II.1.2. Milieu physique

? Climat

La plaine du Logone fait partie du bassin du Lac Tchad. Elle est aux prises avec une sécheresse persistante (Mahe et al., 1991 ; L'Hôte et al., 2002). L'Extrême-Nord du Cameroun est soumis à un climat de type soudano-sahélien caractérisé par une saison sèche qui dure sept (07) mois (de Novembre à Mai), et une saison des pluies d'une durée de cinq (05) mois (de juin à octobre). Les mois de juillet et d'août cumulent à eux seuls les deux tiers du total pluviométrique annuel. Sighomnou (2003) a relevé que l'essentiel des eaux responsables de la submersion de la plaine est engendré par des précipitations plus importantes sur le bassin du Logone (Monts Mandara situés à 100 km et les montagnes de l'Adamaoua situées à 500 km), où la pluviométrie est comprise entre 1100 et 1700mm. La température moyenne annuelle se situe autour de 28°C, avec des moyennes mensuelles maximales de 36°C en Mai et minimum de 22°C en Décembre (Ledauphin, 2006). En saison sèche, l'amplitude quotidienne est très forte de 10° à 15°C, alors qu'elle est faible en saison des pluies (Ledauphin, 2006 ; Loth, 2004).

28

Tableau 4 : Pluviométrie annuelle moyenne dans la Plaine d'Inondation de 1989 à 2018

 

janvier

Février

Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Août

Septembre

Octobre

Novembre

Décembre

1989

0,01

0,00

0,01

6,93

52,73

107,18

146,22

226,06

106,74

59,56

0,18

0,00

1990

0,00

0,00

0,00

10,68

29,35

76,07

151,95

104,49

80,05

36,98

2,41

4,78

1991

0,00

0,00

0,15

23,69

113,77

103,07

145,57

256,66

60,10

22,33

0,00

0,00

1992

0,00

0,00

3,95

11,75

29,95

57,10

137,53

235,71

136,73

39,57

1,40

0,00

1993

0,00

0,00

0,06

19,10

96,26

45,36

146,61

159,41

85,01

16,50

0,11

0,00

1994

0,00

0,27

0,00

30,92

54,71

92,14

196,70

290,75

179,76

38,17

0,11

0,00

1995

0,11

0,00

2,06

27,41

27,72

88,80

173,24

204,84

124,63

52,60

0,51

0,00

1996

0,00

0,00

1,56

16,54

73,51

99,07

130,72

180,34

76,23

46,55

0,00

0,00

1997

0,00

0,00

0,00

110,40

30,75

55,46

147,57

160,01

72,90

44,13

10,54

0,00

1998

19,57

0,00

0,00

1,55

36,08

58,55

94,53

181,81

135,56

34,48

2,68

3,40

1999

0,00

1,29

0,00

60,46

36,88

68,12

240,48

225,37

114,74

57,12

1,62

0,00

2000

0,00

0,00

2,01

0,00

20,97

94,41

201,13

177,38

103,05

40,79

0,00

0,00

2001

0,00

0,00

0,87

0,90

32,55

95,55

154,68

209,10

242,05

15,17

0,00

0,00

2002

0,00

0,43

0,37

85,87

12,86

51,77

146,48

187,28

103,06

74,95

0,88

0,37

2003

0,00

0,00

0,11

16,22

83,47

90,46

166,41

222,33

83,54

42,14

0,63

0,00

2004

0,00

0,00

0,00

0,00

72,42

71,62

211,31

124,13

100,76

20,67

2,01

0,00

2005

0,00

0,00

1,35

7,93

70,22

110,81

149,85

206,88

110,58

32,22

0,00

0,00

2006

2,10

4,52

1,19

3,89

73,54

77,83

173,67

250,83

126,46

28,15

2,87

0,00

2007

0,00

0,00

0,00

9,03

31,49

90,51

171,68

180,11

132,84

42,78

11,05

0,00

2008

0,00

0,00

0,00

8,30

55,31

51,02

220,59

222,97

133,51

20,86

0,00

0,00

2009

0,00

0,00

0,02

34,06

24,23

65,57

149,75

201,94

61,78

46,72

0,00

0,00

29

2010

 

0,00

0,00

1,87

7,82

43,19

63,00

256,71

177,31

132,36

55,13

0,39

0,00

2011

0,00

0,00

0,00

14,18

16,67

120,67

129,15

283,80

153,71

20,47

0,00

0,00

2012

0,00

0,00

0,00

3,95

55,44

89,72

135,14

267,97

117,03

25,82

0,47

0,00

2013

0,00

0,00

1,82

2,32

37,51

43,34

116,08

243,97

111,03

29,74

0,00

1,11

2014

0,00

1,02

1,11

4,06

67,86

30,27

122,25

159,19

128,01

28,40

0,17

0,00

2015

0,00

0,00

13,66

1,97

16,14

151,63

221,88

127,05

172,77

33,16

1,42

0,00

2016

0,00

0,00

8,65

21,58

69,59

105,87

209,84

204,84

161,77

31,11

0,00

0,00

2017

0,00

0,00

0,00

16,97

35,58

93,66

144,98

186,28

100,15

31,59

9,95

0,00

2018

0,00

0,00

1,82

9,81

56,72

93,81

241,09

219,30

109,39

12,18

4,73

0,00

Source : Données de la station méteorologie de kousseri,2018

Ce tableau montre que la saison pluvieuse dans la plaine atteint son pic au mois d'Aout de1989 à 2018.

30

II.1.3. Sols et végétation dans la plaine du Logone

La région de l'Extrême-Nord Cameroun est caractérisée par deux zones phytogéographiques : soudanienne dans la partie sud et sahélienne dans la plaine du Logone (Seignobos et Lyébi-Mandjek, 2000). Une partie du vaste bassin de Lac Tchad est souvent remplie de sédiments apportés par les eaux d'inondations. Ces sédiments sont constitués des matériaux sableux et argileux dépendant des processus géologiques et du matériau parental à partir duquel ces sédiments ont dérivé. La présence des dépôts des dunes et de sables marque l'étendue du Lac. Les eaux d'inondations favorisent une accumulation et une bonne répartition des substances alluvionnaires (Mvondo et al., 2003). Les sols de la plaine d'inondation sont riches en argile et cette richesse leur confère des propriétés physiques et chimiques bénéfiques pour l'inondation périodique de la plaine (Mvondo et al., 2003).

La végétation rencontrée dans cette zone est une savane sèche avec une prédominance d'espèces annuelles et nourrit chaque année après le retrait des eaux plus de 300000 bovins et ovins venant essentiellement des pays membres de la commission du Bassin du Lac Tchad (ACEEN, 2007). Cette végétation très diversifiée ; la plaine du Logone procure de nombreuses utilisations notamment dans l'alimentation animale et humaine et dans la pharmacopée. De nombreuses études (Mvondo et al., 2003) réalisées dans la plaine révèlent la présence des formations végétales d'une rare variété. Les espèces annuelles sont largement influencées par la durée et la profondeur de l'inondation et les conditions de sol. Dans la portion de la plaine incluant le PNW, vetiverianigritana est l'herbe la plus dominante. S'agissant des espèces végétales pérennes, on peut citer entre autres : le calotropisprocera le palmier rônier, exploité pour la vannerie et le palmier doum. Les terres exondées et les cordons dunaires sont les domaines de la savane à Acacia, Balanite, ziziphus et Tamarindusla partie centrale. Le yaéré proprement dit est une prairie herbacée inondable, presque partout ailleurs, abonde la savane boisée ou herbacée à Acacia albida. Cette végétation a subi une forte modification avec une tendance à la prédominance des ligneux pérennes suite aux effets de divers facteurs notamment le changement climatique, la baisse des inondations et la pression humaine (Loth, 2004).

31

II.1.3. Faune et biodiversité de la zone d'étude

La plaine du Logone constitue un véritable réservoir de ressources fauniques halieutiques et pastorales. Grâce à la présence de deux parcs nationaux (Waza et Kalamaloué), la région abrite une flore et une faune très riches, et offre un cadre propice où les oiseaux d'eau d'Europe viennent séjourner pendant la période hivernale.

? Mammifères

La plaine de Waza-Logone abrite une trentaine d'espèces de grands mammifères parmi lesquels l'éléphant (Loxodontasp.), la girafe (Giraffacamelopardalis), le lion (pantheraleo), l'hyène zébrée (Hyaenahyaena, Crocutacrocuta) (Loth, 2004 ; Scholte, 2005). D'après Ledauphin (2006), la construction du barrage de Maga en 1979 aurait eu un effet sur la quantité et la diversité des mammifères de la zone. En effet, suite à la construction de ce barrage, il y a eu un remplacement progressif des graminées pérennes par des graminées annuelles qui déprécient rapidement après l'inondation et une tendance des espèces ligneuses à coloniser l'espace. Au niveau de la grande faune, les incidences de ces modifications ont été multiples : disparition d'espèces telles que le cobe défassa ( Kobusellipsiprymnus) et le guépard ( Acinonyxjubatus) , diminution spectaculaire des effectifs de certaines espèces dépendant de la plaine d'inondation pour leur alimentation dont de cobe de Buffon ( Kobus kob) , l'hippotragus ( Hippotragus equinus ) et le damalisque ( Damaliscuskorrigum ) , tandis que d'autres plus inféodées à la végétation arbustive et arborée voyaient leurs effectifs augmenter dont les gazelles à front roux ( Gazellarufifrons ) , les éléphants et les girafes . En plus, la migration saisonnière de la faune s'est accrue. Afin de rechercher de nouveaux pâturages, les animaux migrent hors du parc et s'exposent ainsi au braconnage. Cependant, il faut dire que la construction du barrage de Maga n'a pas été la seule cause de déclin de la grande faune de Waza. Ledauphin (2006), a mentionné également le déficit pluviométrique des années 70, la peste bovine et le braconnage intensif.

Selon Ledauphin (2006), les effectifs des hippotragus, des cobes de Buffon et des damalisques semblent, peu à peu, se reconstituer. La population d'éléphants est, depuis quelques années, en constante augmentation, ce qui cause des dégradations aux forêts d'Acacia seyal, en posant de problèmes aux populations riveraines, du fait des dégâts aux cultures commis lors de la migration des pachydermes vers le Nord et le parc National de Kalamaloué vers le Sud- Ouest (Loth, 2004). La population de lions semble, décliner depuis les années 60. En l'espace d'une quarantaine

32

d'années, ces félins seraient, ainsi, passés d'une centaine à une vingtaine d'individus. Pour autant, ils continuent d'exercer une prédation significative sur le bétail, tout spécialement, au Sud-ouest du PNW (Bauer, 2003).

? Oiseaux

La plaine d'inondation de Waza-Logone offre un cadre propice où les oiseaux viennent y séjourner et constitue un des sites les plus intéressants d'Afrique centrale en matière d'avifaune (Ledauphin, 2006). Au total, 379 espèces ont été identifiées dont 16 espèces migratrices concentrées pour l'essentiel dans le Parc National de Waza (Loth, 2004).

? Poissons

Concernant l'ichtyo faune, la plaine du Logone est quantitativement et qualitativement l'une des zones les plus riches du pays. Plus de 56 espèces y ont été ainsi pêchées parmi lesquelles Clariassp., Alestes sp. et Petrocephalusbovei.

II.1.4. Hydrologie de la zone

Le Logone et le Logomatya sont les seuls cours d'eau permanents de la plaine d'inondation. Le reste du réseau hydrographique est constitué de cours d'eau saisonniers et temporaires (ou mayo en dialecte locale) issus des Monts Mandara, dont les deux principaux sont le mayo Tsanaga et le mayo Boula. Ces mayo sont caractérisées par des crues violentes qui durent juste le temps d'un orage, avec un débit qui décroit rapidement de l'amont vers l'aval en raison des infiltrations dans des alluvions (Mvondo et al., 2003). Chaque année, de septembre à novembre, la plaine du Logone est inondée par les eaux de débordement du fleuve Logone et des crues des tributaires des Monts Mandara et du Lac de Maga (Mvondoet al., 2003). La baisse de pluviométrie, qui est passée de 700 mm avant les années 70 à environ 500 mm vers les années 80, suite au changement climatique global, a affecté l'étendue et la durée de l'inondation (Loth, 2004).

Afin de réduire la dépendance de l'agriculture vis-à-vis des précipitations et des inondations, les autorités camerounaises ont, dans le cadre du projet rizicole dénommé SEMRY (Société d'Expansion et de Modernisation de la Riziculture de Yagoua), construit en 1979 un barrage hydro-agricole sur les rives du fleuve Logone au niveau de la localité de Maga. À la suite de ces aménagements, le système hydrologique du yaéré a été profondément perturbé. Réalisés après la baisse du régime des précipitations dans la région, ces aménagements ont accentué la

33

diminution du volume des inondations (Sighomnou, 2003) et cela a sévèrement endommagé l'écosystème de la plaine (Loth, 2004). Selon Sighomnou et Naah (1997), avec la construction du barrage, la superficie totale inondée jadis a diminué de 60%.

En 1994, le régime hydrologique de la plaine a été amélioré grâce à un vaste programme de ré-inondation de la plaine de Waza-Logone entrepris par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Ce programme a consisté à l'ouverture de deux cours d'eau saisonniers connectant le fleuve Logone à la rivière Logomatya à partir de laquelle des flux d'eau significatifs inondent la plaine (Niasse et al., 2004). Cette opération a permis d'augmenter partiellement l'inondation de la plaine entrainant une amélioration rapide de l'état de l'environnement naturel et par une reprise spectaculaire des activités économiques liées à la crue (Mvondo et al., 2003).

II.1.5. Milieu de vie

La plaine d'inondation du Logone et sa zone d'impact sont depuis des siècles habitées par une multitude de communautés ethniques et culturelles dont chacun ayant ses propres intérêts par rapport à l'accès et à l'utilisation des ressources naturelles de la plaine (Loth, 2004). Elles sont composées essentiellement des Kotoko, des Mousgoum, des Arabes Choa, des Foulbé et des Bornouang (Mvondo et al., 2003).

Les Arabes Choa représentent 42% de la population du département du Logone et Chari (Mvondo et al., 2003). Ils étaient, à l'origine, des pasteurs nomades. Se déplaçant dans une région à cheval sur l'actuel Tchad et l'actuel Soudan, ils vinrent coloniser les abords du Lac Tchad vers la fin du 18ème siècle, se heurtant, alors aux populations Kotoko. Avant les peuls et les Arabes Choa constituèrent la première société de pasteurs nomades du Nord Cameroun. Ils devaient, peu à peu, se sédentariser. Alternant, dans un premier temps, culture pluviale de sorgho et transhumance, ils devaient, bientôt, devenir de véritables agropastoralismessédentaires (Mvondo et al., 2003). Eleveurs par excellence, les peuls, localement appelés Foulbé se subdivisent en jamare'en, woila'en, Alijama'en, Adamke'en et Anagamba'en. Ils sont arrivés dans la région vers la fin du 17ème siècle (Scholte, 2005). Ils y seraient arrivés par l'Ouest (le Mali). Les Foulbés sont, à l'heure actuelle, des pasteurs nomades, ou semi-nomades, ou agro-pastoralismes semi-sédentaires (Loth,2004). Ils sont particulièrement présents à l'intérieur et aux alentours de la

34

plaine inondée, au Sud du parc National de Waza. Ils pratiquent la transhumance à la recherche de bons pâturages pour leurs bovins.

À ces populations sédentaires qui vivent dans les secteurs exondés de la plaine, il faudrait ajouter les bergers nomades qui viennent des différents pays de la région pour faire paître leurs animaux en saison sèche de décembre à mai. La population directement concernée par l'écosystème du yaéré peut-être actuellement évaluée à plus de 200000 habitants (ACEEN, 2007 ; Loth, 2004).

II.2. Principales activités économiques

Selon Khari (2011), les principales activités économiques pratiquées dans la zone dépendent des ressources naturelles fournies par la plaine. Ces activités sont fortement influencées par les saisons, lesquelles sont en particulier caractérisées par l'absence ou la présence des pluies et d'inondation. Par conséquent, les habitants de la plaine ont plusieurs moyens d'existence, avec des degrés de spécialisation allant du pastoralisme à l'agriculture en passant par la pêche et d'autres activités économiques (Loth, 2004).

II.2.1. Elevage dans la plaine du Logone

L'élevage est une activité qui se pratique sur une très longue période, durant toute la saison sèche, soit pendant sept mois, d'octobre à mai (Loth, 2004).

La plaine d'inondation de Logone a toujours été la zone de pâturage par excellence pour des milliers d'éleveurs dans le bassin du Lac Tchad. En saison sèche, la plaine offre une végétation verdoyante. C'est pour cette raison qu'elle est le lieu d'attraction de milliers d'éleveurs (Loth, 2004).

La transhumance se caractérise par de déplacements d'amplitude variée fortement liée à la pluviométrie et à la recherche de pâturage et de points d'eau. Ces mouvements permettent aux pasteurs de s'adapter aux contraintes saisonnières de l'environnement sahélien et d'exploiter au mieux les ressources pastorales des zones traversées (GEPIS, 2000). En élevage transhumant, les animaux se déplacent selon un schéma devenu classique. L'élevage nomade est l'apanage des pasteurs Bororo et concerne surtout les petits ruminants. Les déplacements s'effectuent dans des directions imprévisibles avec pour seul souci la recherche des points d'eau et des pâturages. En élevage extensif sédentaire, les troupeaux effectuent des mouvements de très faible amplitude qui

35

consistent à paître aux environs du village dans la journée. Dans ce type d'élevage, les animaux sont le plus souvent confiés à un berger salarié (GEPIS, 2000).

Les bovins sont les principales espèces présentes chez la plupart des éleveurs de la plaine, quoique certains élèvent aussi d'autres espèces notamment les ovins, les chameaux et les ânes. Par le passé, les effectifs étaient constitués principalement de bovins des départements du Diamaré et du Logone et Chari. Avec la dégradation du climat dans l'ensemble du bassin du Lac Tchad, les bovins ont sensiblement augmenté. En plus des animaux appartenant aux éleveurs sédentaires que sont les Mousgoum, la plaine accueille chaque année, de décembre à mai, plus de 300000 têtes de bovins et ovins venant d'origines divers : Niger, Nigeria, Tchad et autres zones de la région de l'Extrême-Nord/Cameroun (ACEEN, 2007). Ces animaux exercent une forte pression sur les ressources pastorales de la plaine déjà fragilisée par la baisse d'inondation et le changement climatique. En plus des conflits qui arrivent occasionnellement entre les éleveurs et les agriculteurs, ou entre les éleveurs et les pêcheurs, les éleveurs font face à d'autres contraintes notamment les maladies liées à l'eau telle que la douve du foie et les parasites (digestifs, internes, et externes). La prédation des animaux par les carnivores du PNW affecte l'élevage autour de la zone périphérique du parc. Les pertes d'animaux dues à ces contraintes sont estimées à 6,7% de la taille totale des troupeaux (Loth, 2004). La plaine de Logone est une zone économiquement importante pour le pastoralisme où les échanges commerciaux du bétail et de lait ont lieu. Environs 300 têtes de boeufs sont vendues chaque semaine dans les marchés environnants (Zimado, Pouss et Mazera) pour alimenter d'autres grands réseaux de commercialisation de bétail (Loth, 2004).

II.2.2. Pêche dans la plaine du Logone

La plaine d'inondation de Waza-Logone est l'une des zones de pêche les plus productives d'Afrique. Le cycle de production des poissons commence avec la saison des pluies (Khari, 2011). La pêche est une activité importante dans la zone et notamment dans le Logone, les mares, les canaux de pêche et le Lac de Maga. Elle est le domaine de prédilection par excellence des Kotoko et des Mousgoum (Mvondo, 2003). Ils ont développé depuis plusieurs siècles, un système de gestion coutumière de la ressource halieutique et de certains espaces sur l'aspect communautaire (ACEEN, 2007). En plus des pêches locales (principalement Kotoko et Mousgoum), on distingue les pêcheurs allogènes professionnels venant pour la plupart des pays

36

voisins (Nigeria, Tchad, Mali) et les pêcheurs saisonniers de la zone de Yagoua qui passent environ deux mois dans la plaine (mi-octobre à décembre). Ceux venant des pays voisins sont vecteurs de nouvelles technique de pêche souvent dévastatrices de la ressource.

Figure 2:Piège à poisson dans la plaine, filet à maille inferieur 40mm Source : Cliché ACEEN, 2017

II.2.3. Agriculture

L'agriculture est la principale activité de production dans la plaine d'inondation de Logone et implique toutes les ethnies. Elle s'étale sur pratiquement toute l'année. Cette activité occupe des milliers de personnes dans la plaine de Waza-Logone (Mvondo et al., 2003). Un recensement réalisé par le projet Waza-Logone en 1996 a montré que sur les 200000 personnes vivant dans la région dont 140000 en milieu rural, 25% de cette population rurale pratique l'agriculture comme activité principale et 34% comme activité secondaire. Les principales cultures sont le sorgho et le riz. Les productions sont destinées principalement à la consommation familiale. La production annuelle par ménage varie entre 0,5 et 3,5 tonnes à l'hectare pour le sorgho, de 0,5 à 4 tonnes pour le riz paddy. Parmi les produits agricoles, le riz a la plus haute production et est vendu sur les marchés de la plaine d'inondation. Une enquête réalisée en 1996

37

par le projet Waza-Logone a montré que le revenu net annuel provenant de l'agriculture variait entre 20000 à 250000 FCFA par ménage (taille moyenne de 11 personnes) et l'investissement moyen par ménage agricole était estimé à 24000 FCFA (Loth,2004).Les rendements pourraient doubler si les cultures n'étaient pas affectées par les ennemis de culture tels que les oiseaux migrateurs, les insectes et pour les champs localisés dans les environs du Parc National de Waza, les animaux sauvages. Selon les années, les inondations excessives entrainent aussi des pertes de récolte. Les pertes totales causées par les facteurs ci- dessus sont estimées à 50 % de la production potentielle de l'ensemble de la région (kouokam, 2004).

II.2.4. Autres activités économiques

En plus des principales activités économiques telles que l'élevage, la pêche et l'agriculture, plusieurs personnes sont engagées dans d'autres activités génératrices de revenus notamment le tourisme, la vente du bois, la collecte de la gomme arabique et l'artisanat. Ces activités sont réalisées au moment où les principales activités deviennent importantes (Loth, 2004). La valeur touristique de la zone est surtout liée à la présence du PNW qui reçoit en moyenne 6000 touristes qui viennent surtout admirer les éléphants, les lions et les autruches. Les yaérésau moment de l'inondation constituent aussi d'autres attractions touristiques de la zone (Ledauphin, 2006 ; Mvondo et al., 2003). Ces dernières années, le nombre de visiteurs dans la zone a connu une baisse du fait de la résurgence de l'insécurité dans la zone et l'irrégularité des vols desservant la région. Cependant, il faut aussi relever que les retombées du tourisme pour les populations locales sont, par ailleurs relativement faibles, mais non négligeables (Ledauphin, 2006). Ce qui augmenterait l'attitude conflictuelle entre les populations riveraines et les autorités du parc (Loth, 2004). Cette attitude de la population se manifeste par es incursions fréquentes dans le parc. Ces incursions sont confirmées par les arrestations fréquentes faites par le service de la Conservation de PNW. Ainsi, selon le Conservateur du Parc, pendant les trois premiers trimestres de 2009, 17 bergers ont été appréhendés, 17 camps de braconniers ont été détruits ainsi que 12 fumoirs à poissons (Kembou, 2009).

Dans le présent chapitre, il a été question de faire une présentation de la plaine d'inondation du Logone dans sa globalité. Cette présentation a été faite sur différents axes qui ont permis de mieux cerner la zone. Pour ce faire, plusieurs volets ont été abordés notamment sur sa position géographique. Il ressort que c'est une zone qui est inondée de façon périodique, naturellement par

38

des eaux qui proviennent essentiellement des débordements du fleuve Logone. Une partie de ses eaux provient aussi des cours d'eau des monts Mandara. Son appellation traditionnelle yaéré signifie en langue locale plaine périodiquement inondable.

II.3. Matériel

II.3.1.Matériels de terrain

Le matériel suivant a été utilisé pour la réalisation de cette étude :

? Une fiche d'enquête adressée à la population pour la collecte des données ;

? Un équipement de protection individuel pour le terrain à l'instar d'une paire de bottes,

cache nez ;

? Une carte de la zone d'étude pour le repérage sur le terrain ;

? L'appareil GPS pour la prise des coordonnées géographiques de la zone d'étude ;

? L'appareil photo-numérique pour la prise des images.

II.3.2. Outils de collecte des données

La collecte des données est un élément crucial du processus de recherche scientifique. Elle permet au chercheur de rassembler le matériel empirique sur lequel il va fonder sa recherche. Elle est le processus qui permet d'obtenir l'information nécessaire pour chaque unité sélectionnée de l'enquête. Dans cette phase de collecte de données le chercheur choisis une approche en fonction de type de recherche qu'il voudrait mener. Ainsi, il a été élaboré un questionnaire administré aux personnes cibles pouvant fournir des informations.

II.3.3. Recherche documentaire

La recherche documentaire est l'un des outils de collecte des informations dans le cadre d'une étude scientifique. Elle permet de trouver des informations dans les écrits de divers auteurs qui ont traité de la question ayant trait à notre thème d'étude et celle-ci constitue une base solide servant au chercheur que nous sommes de développer une argumentation bien ficelée.

Dans le cadre de cette étude, nous avons consulté les articles, des rapports, dictionnaires et des ouvrages traitant plus ou moins sur la question des inondations. Pour déployer cet outil, le choix s'est porté sur la Bibliothèque de la délégation régionale du MINEPAT de Maroua, des mémoires et les rapports des activités menées par rapport à notre thème au sein de la bibliothèque de

39

l'ACEEN. Ainsi, les données de sources secondaires nous ont aussi permis d'approfondir nos recherches d'une part, et d'autre part d'élargir notre champ de recherche.

II.3.4. Méthode par questionnaire (fiche d'enquête)

Considéré comme l'un des outils les plus utilisés pour collecter les données, le questionnaire est rédigé avec des questions ouvertes et fermées, logiques, méthodiques et rigoureux pour mener une investigation administrée à une population cible dont le but essentiel est d'obtenir des données qualitatives et quantitatives facilement analysable.

II.3.5. Observation

L'observation est un instrument de collecte des données qui permet de recueillir des informations sans soumettre les sujets à un test particulier. Selon Karl WEICK, 1987, l'observation est la sélection, la provocation, l'enregistrement de l'ensemble des comportements et de l'environnement qui s'appliquent aux organismes in situ. La méthode par observation directe, qui est une méthode d'investigation empruntée aux sciences physiques et naturelles, elle est transposée aux sciences humaines et sociales pour son caractère manifeste et non interprétatif. Elle consiste en un contact direct, sans intermédiaire, avec une réalité sociale. Elle permet de saisir les phénomènes sur le vif et de ne pas dépendre des réponses des enquêtés. La finalité est de porter un diagnostic c'est-à-dire, rendre les faits scientifiquement intelligibles et de reconstruire les logiques liées aux comportements.

Au cours de nos descentes sur le terrain, l'accent a été mis sur le niveau de la vulnérabilité de la population face aux inondations et leurs répercussions sur la santé de la population dans le village Arainaba. Ainsi, dans le cadre de cette étude, l'enquête a été notre principale méthode d'investigation et a été menée pendant la période de juin. Elle a été opérationnalisée sur le terrain par trois principales techniques notamment l'observation directe de notre zone d'étude, les entretiens auprès des certaines autorités notamment le chef du village et l'enquête par questionnaire auprès de la population de la zone d'étude.

40

II.3.6. Echantillonnage

Pour ce fait, nous avons enquêtés 120 personnes dans le village Arainaba répartis comme suit : 18 femmes et 102 hommes. Pour notre étude, l'échantillonnage de type probabiliste ou aléatoire est mis en exergue. Car avec la méthode probabiliste ou aléatoire, chaque élément constitutif de l'échantillon a la même probabilité d'être tiré et surtout dispose les mêmes caractéristiques que la population mère. En claire il s'agit tout simplement de l'échantillonnage aléatoire simple, car les individus qui composent cette population n'ont fait l'objet d'aucun groupement avant le tirage.

CHAPITRE III : RÉSULTATS ET DISCUSSION

41

Dans ce chapitre, il est question de présenter l'impact des inondations notamment sur les dégâts causés, l'ampleur qu'à l'inondation dans la localité, les effets sur le mode de construction et sur l'état de santé de la population dans le village Arainaba.

III.1 Approche descriptive des différentes variables de la recherche

Le dépouillement des questionnaires issus de notre enquête nous a permis d'obtenir des données et de les présenter sous forme de diagrammes en bâton, circulaires, des tableaux statistiques avec des fréquences en pourcentage.

III.1.1. Caractéristiques socio-économiques

Cette partie présente quatre différents variables qui sont : Le sexe, l'âge, situation matrimoniale, ethnie, religion, niveau d'instruction et l'activité principale.

III.1.1.1. Genre des personnes enquêtées

Nos investigations sur le terrain nous ont permis de collecter les données sur le sexe des personnes enquêtées dans cette localité. Ces résultats sont représentés dans la figure 3 ci-dessous.

Genre

15%

85%

Homme Femme

Figure 3: Répartition des personnes enquêtées par sexe

42

Il ressort de la figure 3 que sur les 120 personnes enquêtées dans la zone d'étude, nous avons une répartition de 102 hommes soit un taux de 85 % et 18 femmes, soit un taux de 15 %. Le nombre élevé des hommes peut s'expliquer par leur forte implication dans la lutte contre les problèmes de l'inondation.

III.1.1.2.Répartition des personnes enquêtées par tranche d'âges

Les données collectées sur le terrain nous ont permis d'avoir les résultats sur la tranche d'âge de la population. Ces résultats sont illustrés dans la figure 4 ci-dessous.

Effectifs

50

 

45

45

 
 
 
 

40

 
 

37

35

 
 
 
 
 

30

 
 
 
 
 
 

25

 
 
 
 

25

 
 
 
 
 
 
 
 

20

 
 
 
 
 
 
 

15

 
 
 
 
 
 

13

10

 
 
 
 
 
 
 
 
 

5

 
 
 
 
 
 
 
 
 

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

20-29 30-39 40-49 50-plus

Tranche d'âge(ans)

Figure 4 : Tranche d'âge des personnes enquêtées

L'examen de cette figure 4 révèle que 89,66 % de la population d'Arainaba est âgée de moins de 50 ans. Cette tranche d'âge correspond à celle des jeunes. Il en est de même pour les personnes du troisième âge (60 ans et plus) qui représentent quant à eux 10,83 % de la population totale. Ainsi, L'étude comparative de cette tranche d'âge nous prouve le caractère plus jeune de cette population avec un taux de vieillissement assez faible.

III.1.1.3. Situation matrimoniale des personnes enquêtées

Après nos investigations sur le terrain, nous avons eu à collecter les données sur la situation matrimoniale des personnes enquêtées. Ces résultats sont représentés dans la figure 5 ci-dessous.

Statut matrimonial

Marié

81%

Celibataire

19%

Marié Celibataire

43

Figure 5 : Situation matrimoniale des personnes enquêtées

Au regard de cette figure 5, nous constatons que 81% des personnes enquêtées sont mariés et 19% seulement sont célibataire.

III.1.1.4. Ethnies des personnes enquêtées

Après nos investigations sur le terrain, nous avons eu à collecter les données sur l'ethnicité de la population. Ces résultats sont représentés dans la figure 6.

Ethnie

Kotoko Mousgoum Massa

Mas

2%

Mousgoum

97%

Kotoko sa

%

Figure 6 : Répartition des groupes ethniques

44

Il ressort dans cette figure 6 que les personnes enquêtées font partie des ethnies retrouvées dans la plaine d'inondation du Logone. Il s'agit notamment des Kotoko, Mousgoum, et les Massa. L'ethnie la plus représentée dans notre zone d'étude est celle des Mousgoum avec un taux de 97,50%. La particularité de cette ethnie se traduit par le fait qu'elle est majoritairement constituée des agriculteurs qui, depuis la nuit des temps cette activité s'est transmise de génération en génération. Puis elle pratique également la pêche pour pouvoir se nourrir au quotidien.

III.1.1.5. Niveau d'instruction des personnes enquêtées

Les données récoltées sur le terrain nous ont permis d'avoir les résultats sur le niveau d'instruction de la population. Ces résultats sont illustrés dans la figure 7.

Effectifs

90

85

80

 
 
 

70

 
 
 

60

 
 
 

50

 
 
 

40

 
 
 

30

 
 

26

20

 
 
 
 
 
 
 

8

 

10

 
 
 
 
 
 
 

1

 

0

 
 
 
 
 

Primaire Secondaire Universitaire Illétré

Niveau scolaire

Figure 7 : Niveau d'instruction des personnes enquêtées

La figure 7 nous ressort le niveau d'étude des personnes enquêtées. Parmi ces personnes, les statistiques sur le niveau d'étude nous ont ressortie les données suivantes. Sur un total de 120 personnes enquêtées nous dénombrons 26personnes, soit 21,66 % qui n'ont jamais étaient à l'école, 85 personnes ont fait le primaire soit 70,83%, 08 personnes ont fait le secondaire et 01personne seulement a eu la chance de franchir l'Université soit 0,83 % de l'effectif total. Cela

45

est dû au fait qu'il y a manqué d'établissements scolaires dans cette localité que ce soit primaires ou secondaires. Cette forte tendance du manque d'éducation dans cette localité s'explique par le fait que les parents n'accordent pas trop d'importance à l'école. Par conséquent celle-ci est ignorante des conséquences environnementaux et sanitaire que peut avoir l'inondation. Pour cela, des efforts de sensibilisation et des formations en matière d'hygiène et assainissement doivent être faites dans cette localité.

III.1.1.6. Activités principales des personnes enquêtées

Nos investigations sur le terrain nous ont permis de récolter les données sur les activités principales des populations d'Arainaba. Ces résultats sont représentés dans le tableau 5 ci-dessous. Ainsi, sur les 120 personnes enquêtées, nous avons 68,33% qui sont de agriculteurs, qui constituent plus de la moitié de la population enquêtée, 20 % sont des pêcheurs. Le taux élevé d'agriculteurs et pêcheurs s'explique par le fait que la population se trouve en zone rurale, et dont l'activité principale est l'agriculture et la pêche. Par contre le faible taux de pêcheurs peut s'expliquer par le fait que la zone, bien qu'elle soit qualifiée de zone inondable elle ne l'est que pendant trois (3 mois) durant l'année. Par conséquent l'absence d'eau sur une bonne partie de l'année explique le fait que peu de personnes s'intéressent à l'activité de pêche.

Tableau 5: Activités principales des enquêtés

Activités des enquêtés Effectifs Fréquence (%)

Agriculture 82 68,33

Pêche 24 20

Commerce 13 10,33

Agent de l'Etat 01 0,83

Total 120 100

III.2. Connaissances sur les inondations dans le terroir enquêté

III.2.1. Durées des personnes enquêtées dans le village

Nos investigations sur le terrain nous ont permis de collecter les données sur le nombre d'années que nos enquêtés ont eu à passer dans cette localité. Ces résultats sont représentés dans le tableau 6 ci-dessous. Ainsi, sur les 120 personnes enquêtées dans le terroir d'étude, 25

46

personnes ont une durée comprise entre 0 à 30 ans soit un taux de 20,82% et 95 personnes ont une durée comprise entre 31 à 60 ans, soit un taux de 79,16%.Cette tendance nous permet de déduire que la majorité des personnes ont duré dans le village par conséquent elle est constituée principalement d'autochtone.

Tableau 6: Nombre d'années des enquêtés dans la localité

Durée de dans le village Effectifs Fréquence(%)

0-10 ans 02 1,66

11-20 ans 20 16,66

21-30 ans 03 2,5

31-40 ans 45 37,5

41-50 ans 37 30,83

51 ans Plus 13 10,83

Total 120 100

III.2.2. Année de la survenu de l'inondation dans les ménages enquêtés

La figure 8 ci-dessous présente l'année de la survenu de l'inondation dans les ménages enquêtés dans le terroir enquêté.

100

90 86

80

70

30

20

10 0 0 0

0

2000-2002 2003-2005 2009-2011 2018-2020

Effectifs

60

50

40

Période (année)

Figure 8 : Période de la survenue de l'inondation dans les ménages enquêtés

47

Il ressort de la figure 8 que, sur les 120 personnes interrogées, 86 personnes, soit 71,66% affirment qu'ils étaient inondés en 2018 à 2020, 20 personnes, soit 16,66% disent qu'en 2015 à 2017 et 14 personnes, soit 11,66% disent qu'en 2012 à 2014.

En effet, le changement du régime de l'hydrologie de la plaine est aujourd'hui à l'origine des inondations dévastatrices, l'hydrologie de la Plaine du Logone, a toujours eu une dimension aléatoire comme dans les écosystèmes humides. C'est pourquoi, depuis 2012, les communautés de la Plaine du Logone à l'instar du village Arainaba sont affectées presque chaque année par les inondations qui sont pourtant à la base de son existence. Il est partout admis et prouvé que ce soit au Sahel ou dans les zones tropicales que « sans eaux pas de Plaine d'inondation et pas de plaine d'inondation sans eaux ». La vulnérabilité du village depuis 2012 est due à de l'augmentation de la durée des inondations, les aménagements qui se font dans la plaine, les endiguements de rives de cours d'eau et de la surface inondée observés dans son régime hydrologique. Ce constat a été également fait par Hangnon et al.(2015), qui ont montré que depuis de nombreuses années, les inondations sont plutôt liées à un développement mal maîtrisé et au type d'aménagements du sol.

III.2.3. Raison d'installation des personnes dans le village

La figure 9 ci-dessous nous donne la raison d'installations des personnes enquêtées dans le village Arainaba.

68,33%

Raisons d'installation

25%

6,66%

Agriculture Pêche Autochtone

Figure 9 : Raison d'installation dans la localité

Au regard de la figure 9, les statistiques sur la raison d'installation dans le village nous ont ressortie les données suivantes. Sur les 120 personnes interrogées, 6,66% personnes affirment que la principale raison de leurs installations dans le village est la pêche. 25% affirment que pour lutter contre l'autosuffisance alimentaire, ils sont obligés d'accroitre durablement leur productivité dans les systèmes d'exploitation agricole qui leur permettront de subvenir à leurs besoins élémentaires notamment se nourrir, 68,33% sont des autochtones. Les nombres élevés des autochtones peuvent s'expliquer par les faits qu'ils sont constitués en majorité des riverains de la plaine du Logone et par conséquent possèdent assez des terres pour l'agriculture favorisant ainsi leur développement. Tandis que le reste des peuples sont moins représentés parce qu'ils ne sont pas autochtones et ne possèdent pratiquement pas des terres pour permettre leur développement.

III.2.4. Causes de l'inondation dans le terroir enquêté et ampleur de l'inondation dans le village

Les données récoltées sur le terrain nous ont permis d'avoir les résultats les causes de l'inondation dans la zone d'étude. Ces résultats sont illustrés dans la figure 10 ci-dessous

9,16%

16,67%

14,17%

Endiguement de rives de cours d'eau Eaux des crues

Aménagements hydro-agricoles Installations dans les zones à risques

60%

48

Figure 10 : Causes de l'inondation dans le village Arainaba

49

La figure 10 présente les données recueillies suivant la répartition des causes de l'inondation dans le terroir enquêté. En effet, la majorité des personnes enquêtées affirment que les causes des inondations contrairement à ce qui pourrait penser, ne sont pas le fait de fortes pluies. La Pluie d'après les enquêtés n'est pas la raison de leur malheur. Les raisons sont tout autres, sur les 120 personnes interrogées, 72 personnes soit un taux de 60% affirment que la cause de l'inondation est due à l'endiguement de rives de cours d'eau, 14,17% affirment la cause est due aux eaux des crues, 16,67% affirment que la cause est plutôt due aux aménagements qui se font dans la plaine du Logone et enfin 9,16% des personnes affirment que certaines personnes se sont installées dans les zones à risques.

En effet, les données issues des questionnaires, tout comme celles issues des personnes ressources, jettent un doigt accusateur sur la construction et la gestion de la digue. Une partie des répondants affirment que depuis la construction de la digue côté Tchad, une montée des eaux s'observe de plus en plus dans les villages qui sont situés le long du fleuve Logone. D'après les personnes ressources de la plaine du Logone, la construction de la digue du côté de Tchad n'a pas pris en compte les villages qui se situent de l'autre côté de la digue (du côté Cameroun). Les résultats de l'étude descriptive d'Ashley (2008) ont mis en évidence l'activité humaine et les risques d'inondation, selon l'auteur, en zone inondable le développement économique constitue l'un des principaux facteurs aggravant la vulnérabilité. De plus, les aménagements à l'instar de l'aménagement agricole et la déforestation modifient les conditions d'écoulement, tout en diminuant les champs d'expansion des crues.

50

Figure 11 : Projet d'aménagement hydro-agricole au coeur de la Plaine
Source : Archive ACEEN, 2019

III.2.5. Période et conséquences d'inondations

À la suite de nos investigations sur le terrain, nous avons recueilli des données sur les mois où les inondations sont plus élevées. Sur les 120 enquêtées 98 personnes, soit 81,66% affirment que c'est le mois août, 13 personnes, soit 10,83% affirment que c'est le mois d'octobre. En effet, Ce tableau montre que la saison pluvieuse dans la plaine atteint son pic au mois d'Août.Dans le même ordre d'idée, l'étude de Achille Ibrahim ( 2012) ont montré que la region de l'Extrême-Nord Cameroun où les ressources en eau sont presque exclusivement tributaires des pluies qui assurent la recharge des nappes d'eau souterraine et le remplissage des lacs a été inondée pendant la période allant d'aout à septembre 2012.

51

Tableau 7 : Mois où les inondations sont plus élevées

Mois Effectifs Fréquence (%)

Août 98 81,66

Septembre 13 10,83

Octobre 09 7,5

Novembre 00 00

Total 120 100

.

III.2.6. Perception des personnes enquêtées sur la perte en vie lors d'inondation

La figure 12 ci-dessous présente les résultats de la perception des enquêtés sur la perte en vie humaine lors d'inondation.

Perception des enquêtées sur la perte en vie en periode
d'inondation

2-Morts 1-Mort 3-Morts 0-Morts

5%

15%

50%

30%

Figure 12 : Répartition des personnes par rapport aux décès dus à l'inondation

L'observation qui se dégage de la figure 12 est que 95% de la population affirme qu'il y'a effectivement eu perte en vie humaine dans leur famille lors d'une inondation. Ainsi, le nombre estimé des morts dû aux inondations tourne autour de dix (10) personnes. En effet, plusieurs personnes périssent dans les inondations, soit noyées par les décombres, soit sont victimes indirectement à l'instar de la femme décédée suite de morsure de serpent (chef du village Arainaba, 2021). Ainsi, une étude menée par l'OMS (2018) sur l'action de santé à visée humanitaire a montré que la noyade est la principale cause de décès en cas d'inondation. Dans la

52

majeure partie des cas se sont les personnes du troisième âge et les enfants qui sont les plus vulnérables aux effets dévastateurs des inondations.

Cependant, la totalité des personnes enquêtées dans les ménages affirme avoir perdu leurs habitats, soit un taux de 100%. En effet, la destruction des maisons d'habitation est due à la qualité des matériaux de construction précaires. La pauvreté dans cette zone étant très élevée, la population ne dispose pas des moyens de construction des habitations en dure, répondant aux normes exigées de l'habitat. Sylvie (2007) soutient l'idée des effets de l'inondation sur les habitations, selon l'auteur la permanence de l'eau en période d'inondation dans les maisons écourte leur durée de vie surtout qu'elles sont pour la plupart mal construites. Généralement, c'est la fondation qui cède car n'ayant pas fait l'objet d'une étude du sol. La destruction des maisons contribue donc à maintenir la population dans une position de pauvreté. En effet, celle-ci se retrouve chaque année à reconstruire les maisons, ce qui a un impact sur leur croissance économique.

Figure 13 : Habitat d'Arainaba inondé Source : Cliché ACEEN, 2020

53

III.2.7. Impacts positifs de l'inondation sur l'économie du village

La figure 14 ci-dessous nous résume quelques impacts positifs de l'inondation dans la zone d'étude.

Impacts positifs des inondations

Fertilité des sols

Abondance des poissons Abondance des pâturages

6,66%

26,66%

66,66%

Figure 14 : Impacts positifs de l'inondation

Au regard de digramme, il ressort que l'inondation a des impacts positifs dans la localité d'Arainaba. Ainsi, Parmi ces personnes, les statistiques sur les impacts de l'inondation nous ont ressortie les données suivantes. Sur un total de 120 personnes enquêtées nous dénombrons 80personnes, soit 66,66% qui affirment que l'inondation a un impact positif sur la fertilité des terres dans la plaine du Logone, 32 personnes, soit 26,66% affirment que l'inondation augmenterait la quantité des poissons et en fin 08 personnes, soit 6,66% affirment que l'inondation impact positivement sur la quantité des pâturages. En effet, les eaux qui inondent la plaine en général, proviennent de certaines localités de la ville de Maroua, transportant ainsi plusieurs matières organiques. Une fois que ces eaux arrivent dans la plaine qui est en forme de cuvette, elles n'arrivent plus à circuler normalement provoquant ainsi l'inondation. Les matières organiques transportées par l'eau se déposent au sol et se transforment ainsi en sédiment et alluvions qui constituent des éléments de fertilisation du sol. C'est ainsi que, la majorité des personnes enquêtées soit 66,66% affirment que l'inondation participe donc à la fertilisation du sol dans la plaine du Logone, cela est un atout pour la localité pour des activités agricoles tels que :

54

la pisciculture, la riziculture. Les travaux de Junk (1982) confirment également l'idée. Selon cet auteur,les inondations apportent une énorme quantité de matières organiques qui s'ajoute aux cendres des zones brulées et aux déjections du bétail qui la fréquente chaque année en se retirant, les eaux des crues permettent l'aération du sol et, par la suite, la rapide décomposition de la matière organique et la libération d'éléments minéraux et de composés organiques solubles qui fertilisent la zone humide. Ils expliquent que ce phénomène est accéléré par les invertébrés qui consomment les débris organiques et facilitent ainsi leur décomposition.

III.3. Impacts sanitaires de l'inondation dans le terroir enquêté

Il sera question pour nous dans cette partie de présenter les impacts de l'inondation sur la santé de la population et son environnement.

III.3.1. Qualité de l'air dans la zone en période d'inondation

Le tableau 8 décrit la qualité de l'air de la zone d'étude en période d'inondation. Ainsi, les données d'enquête sur la question de la qualité de l'air indiquent que sur les 120 personnes, 84 personnes, soit 70% affirment que l'air qu'ils respirent en période d'inondation est insupportable, 21 personnes, soit 17,5% affirment que l'air est plutôt naturel et 15 personnes, soit 12,5% quant à eux, la qualité de l'air en période d'inondation est polluée. En effet, les eaux usées dans le terroir étudié sont déversées soit dans la rue, soit dans la cour soit dans des trous creusés derrière les concessions.

Cependant, ces eaux usées proviennent des usages domestiques. Il en est de même pour les ordures qu'on retrouve dans la rue et derrière les maisons. Quand les inondations surviennent, elles emportent tous ces déchets et les eaux usées favorisant ainsi la pollution de l'air. L'atmosphère devient très nauséabonde et insupportable pour ceux qui se trouvent dans ces zones. Ce résultat vient corroborer ceux de Dede et al. (2017) qui révèlent que l'évacuation des eaux usées et des ordures au niveau des ménages à Dapoya et Paspanga se fait soit dans des eaux inondations, ce qui entraine la pollution des eaux stagnantes en dégageant une odeur nauséabonde.

55

Tableau 8: Perception des enquêtés sur la qualité de l'air dans le terroir en période d'inondation

Qualité de l'air Effectifs Fréquence (%)

Naturelle 21 17,5

Insupportable 84 70%

Polluées 15 12,5

Total 120 100

III.3.2. Gestion des ordures ménagères avant l'inondation (saison sèche)

Nos investigations sur le terrain nous ont permis de collecter les données sur la gestion des ordures ménagères avant l'inondation dans la localité enquêtée.

Effectifs

40

35

 

37

 

38

 
 
 

30

27

 
 
 
 

25

 
 
 
 
 
 
 

20

 
 

18

 
 
 
 

15

 
 
 
 
 
 
 
 
 

10

 
 
 
 
 
 
 
 
 

5

 
 
 
 
 
 
 
 
 

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Depotoir Cour de la maison Trou Derrière la maison

Gestion des ordures ménagers en saison sèche

Figure 15 : Gestion des ordures ménagères en saison sèche

L'analyse de la figure 15 ci-dessus réalisée sur la base des données récupérées sur le terrain révèle que 31,66% des personnes enquêtées déversent leurs ordures ménagères derrière leur maison, 30,83% les enterrent directement dans un trou creusé à cet effet à l'angle de la maison, 22,50% dégagent leurs ordures sur des dépotoirs et 15% préfèrent carrément laisser leurs ordures dans la cour de leurs maisons tout en ignorant les risques qu'ils encourent. Ainsi,

56

on y rencontre des tas d'ordures un peu partout ce qui amplifie d'avantage la contamination des eaux en période d'inondation. En plus, la municipalité n'y participe pas, Cela fait que les ordures sont mal gérées et on retrouve dans presque toutes les rues du village. Les ordures sont laissées à l'air libre et ce sont les eaux de ruissellement qui les emportent en drainant ainsi des maladies. Ces résultats sont en concordance avec ceux de Somé et al. (2014) qui ont montré que la mauvaise qualité de l'eau, l'hygiène défectueuse et l'insuffisance en matière d'assainissement sont à l'origine des maladies liées à l'eau.

II.3.3. Gestion des ordures ménagères en période d'inondation (saison pluvieuse)

Les données récoltées sur le terrain nous ont permis d'avoir les résultats de la gestion des ordures ménagères dans la zone d'étude. Ces résultats sont illustrés dans la figure 16 ci-dessous.

25%

8,33%

66,66%

Eaux de ruissellements Eaux stagnantes Cours de maisons

Figure 16 : Gestion des ordures ménagères en période d'inondation

Au regard de la figure 16, le mode de gestion des ordures change dans les ménages pendant l'inondation, selon les informations recueillies sur le terrain nous avons pu faire une étude comparative entre le mode de gestion de ces ordures en période sèche et en période pluvieuse. En ce qui concerne la gestion des ordures ménagères dans ce village. La différence est qu'il y a un nouveau mode de gestion qui s'ajoute pendant les inondations. Il s'agit du mode qui consiste à jeter directement les ordures dans l'eau de ruissellement, soit 66,66% des personnes

57

enquêtées, 25% jettent leurs ordures dans les eaux stagnantes et en fin, 8,33% abandonnent leurs ordures dans la cours de leurs maisons. En effet, certaines de ceux qui jetaient leurs ordures dans un trou ne le font pratiquement plus, cela peut être due au fait qu'en période d'inondation les trous disparaissent momentanément à cause de l'eau.

III.3.4. Gestion des eaux usées en période sèche et pluvieuse

À la suite de nos investigations sur le terrain, nous avons recueilli des données sur la gestion des eaux usées en période sèche et pluvieuse(Inondation) dans le terroir enquêté. Ces données sont représentées sur les deux figures 17 et 18 ci-dessous.

Au regard de figures 17, nous constatons que, pendant la période d'inondation le mode de gestion des eaux usées subit une modification dans les ménages et la plupart de ces eaux est directement déversée dans les eaux de ruissellement, soit 76,66% et 23,33 respectivement pour les eaux stagnées. L'analyse de ces deux figures montre que certaines populations préfèrent verser leurs eaux usées directement dans l'eau de ruissellement.

Période pluvieuse

23,33%

76,66%

Eaux de

ruissellement

Eaux stagnantes

Figure 17 : Gestion des eaux usées en période pluvieuse

Ce mode qui n'existe pas en période sèche (Figure 18) est largement pratiqué par 92 personnes dans les ménages enquêtés et cela s'explique par le fait qu'une partie de ceux qui versaient leurs eaux usées dans la rue (112 personnes dans les ménages soit 93,33 %) ne les font plus car toute la zone est inondée en saison pluvieuse. On en déduit de tout ce qui précède que l'inondation agit considérablement et de façon négative sur la gestion des eaux usées dans le terroir enquêté. Cette mauvaise gestion des eaux usées devient pire en période d'inondation car

58

l'eau emporte une grande partie de ces détritus faisant ainsi déplacer des microbes. Les résultats du site sont similaires à ceux de l'OMS (2015), qui ont montré qu'un système d'assainissement précaire peut entraîner la prévalence des maladies hydriques ainsi que des épidémies.

Période sèche

Rue ou Nature Trou

6,66%

93,33%

Figure 18 : Gestion des eaux usées en période sèche

III.3.5. Synthèse des maladies à travers les données statistiques de Centre de Santé Intégré de Lâchai

L'analyse de tableau 9 ci-dessous nous révèle que les maladies hydriques sont très fréquentes dans ce village. On constate que sur les 768 cas de maladies enregistrées en 2020 dans le Centre de Santé Intégré de Lâchai qui abrite notre zone d'étude. 668 soit 86,97% d'entre elles constituent des maladies hydriques. Ces résultats sont en concordance avec un aperçu des consultations en 2017 au niveau des formations sanitaires au Burkina Faso montre que sur les dix (10) maladies qui sont les principaux motifs de consultations dans les districts sanitaires, six (6) sont des maladies liées à l'eau (Ministère de la santé du Burkina Faso, 2018).

59

Tableau 9:Nombre des cas de maladies enregistrées au Centre de Santé de Lâchai

Maladies

Juin

Juillet

Août

Septembre

Octobre

Novembre

Totaux

Paludisme

40

70

85

72

24

13

304

Typhoïde

10

12

15

20

18

15

90

Maladies respiratoires

15

20

23

20

16

02

96

Diarrhée

30

35

41

40

27

05

178

Choléra

00

00

00

00

00

00

00

Mal nutrition

10

34

42

10

03

01

100

Totaux

105

171

206

162

88

36

768

Source : Archive CSI de Lâchai, juin 2020

III.3.6. Impacts de l'inondation sur l'environnement de la zone d'étude

Le tableau 10 nous résume les composantes de l'environnement et des informations recueillies sur le terrain qui nous permettent de faire la synthèse des effets de l'inondation sur l'environnement de notre zone d'étude.

60

Tableau 10 : Synthèse des impacts de l'inondation sur l'environnement dans le terroir

Dimensions

Aspects

Impacts

Qualité de l'impact

Physiques

Eau

Pollution des eaux de puits

Impact négatif

Problème

d'approvisionnement en eau potable

Impact négatif

Sol

Les impacts sur le sol

Impact positif

Air

Pollution atmosphérique

Impact négatif

Humaines

Socio-économiques

Destruction de l'habitat

Impact négatif

Impacts sanitaires

Impact négatif

Impacts sur les

déplacements des
populations

Impact négatif

Impacts sur la gestion des ordures ménagères

Impact négatif

Réduction des activités

Impact négatif

III.3.7. Maladies les plus fréquentes en période d'inondation

La figure 19 est un récapitulatif des maladies les plus fréquentes dans la zone en période d'inondation. Ainsi, sur les 120 personnes enquêtées, 77 soit un taux de 64,16% affirment que c'est le paludisme, 32,50% affirment que c'est la typhoïde et 3,33% des personnes interrogées affirment que c'est la maladie diarrhéique. En effet, ce sont des maladies causées par la cohabitation avec les eaux souillées et le manque d'hygiène. Les vecteurs des maladies hydriques se retrouvent souvent soit dans l'eau stagnée soit dans la consommation d'aliments malsains et d'eau non potable.

3,33% Maladies fréquentes

32,50%

64,16%

Paludisme Typhoîde

Maladie diarrhéîque

61

Figure 19 : Maladies fréquentes en période d'inondation

En effet, parmi les personnes enquêtées, les statistiques sur les personnes à risques aux maladies liées à l'inondation nous ont ressortie les données suivantes. Sur un total de 120 personnes enquêtées dans les ménages, nous dénombrons 81 personnes, soit 67,5% qui affirment que ce sont les nourrissons, 30 personnes, soit 25% affirment que ce sont les femmes, 06 personnes, soit 5% affirment que ce sont les jeunes et 03 personnes, soit 2,5% affirment que ce sont les hommes.

Personnes vulnérables

67,50%

25%

5% 2,50%

Femmes Nourrisson Jeunes Hommes

Figure 20 : Personne vulnérables

62

Les travaux de Schnitzler (2007) ont montré que lors d'inondations, ce sont les femmes qui sont les plus touchés de diarrhées par rapport aux hommes et les jeunes. L'auteur évoque une possible différence au regard de l'exposition ou du comportement pour expliquer cette différence entre les sexes. On peut déduire que les nourrissons ont un système immunitaire très faible et lorsqu'ils sont trop exposés à l'humidité les problèmes de santés surgissent.

En effet, les personnes âgées seraient plus à risque de décès lors d'inondations, cette vulnérabilité pourrait entre autres, refléter la difficulté ou l'incapacité de certaines personnes âgées, peu autonomes ou peu mobiles, à fuir la zone inondée. De la même façon, les enfants sont un autre groupe à risque élevé de décès lors d'inondations. À l'instar des personnes âgées, les enfants auraient de la difficulté ou le taux d'incidence de symptômes gastro-intestinaux chez les enfants de moins de 6 ans est plus élevé lorsqu'ils ont été directement en contact avec l'eau de la zone sinistrée.

III.3.8. Lieu d'aisance et accès à l'eau potable en période d'inondation dans le terroir enquêté

Sur les 120 personnes enquêtées, 118 personnes, soit 98,33% affirment qu'ils n'ont pas des latrines et 02 personnes, soit un taux de 1,66% des personnes affirment qu'ils ont une latrine. Le faible taux de latrines peut s'expliquer par le fait que la nappe phréatique est peu profonde d'une part et d'autre part en période d'inondation les latrines disparaissent carrément car, les eaux emportent tous sur leurs passages y compris les ouvrages d'assainissement et la nappe submerge les latrines. En effet, ces forts pourcentages de manquer des latrines s'expliquent par le fait que dans la plaine, la nappe phréatique située à faible profondeur dans le sol n'autorise pas l'installation de latrines avec des fosses assez profondes.

Ainsi, sur les 118 personnes enquêtées n'ayant pas de latrines, 91 personnes affirment qu'ils se mettent à l'aise dans les eaux stagnantes, soit 77,11% et 27 personnes, soit 22,88% se mettent à l'aise dans les eaux de ruissellement. Cependant, cette situation renforce la pollution des eaux stagnantes et du fleuve Logone qu'utilise la majorité des personnes de la plaine en général et du village Arainaba en particulier.

L'ensemble des personnes enquêtées dans les ménages par rapport aux mesures prises avant la consommation d'eau en période d'inondation, ont révélé qu'une seule personne, soit 0,83 qui traite son eau de boisson à l'aide d'eau de javel, 119 personnes, soit 99,16% qui ne traitent pas

63

leurs eaux de boisson. Les résultats de l'étude de Collab (2007) : « Accès à l'eau en zone inondable » ont révélé que le type de source d'eau de consommation serait un facteur important à considérer concernant les troubles gastro-intestinaux ; la prévalence de diarrhée est plus importante chez les personnes dont l'eau à boire provenait d'une source douteuse comparativement aux personnes dont l'eau venait d'une autre source. Cette observation pourrait expliquer le fait que, certaines eaux sont plus vulnérables à la contamination microbiologique. Par conséquent, ces tendances montrent que la population de cette zone est moins informée concernant les impacts négatifs de la consommation d'une eau d'origine douteuse. Alors, face à cette situation, un effort de sensibilisation et de formation doivent être fait afin qu'une prise de conscience de ces populations soit effective pour une meilleure prise en charge des mesures de traitements de l'eau dans le terroir.

Figure 21 : Forage inondé
Source : Cliché ACEEN, 2020

Dans le cadre de notre recherche, on dira qu'un ménage a accès à l'eau de bonne qualité en période d'inondation lorsqu'il utilise l'eau de forages et puits protégés et traités périodiquement. Ainsi, sur les 120 personnes, soit 100% n'ont pas accès à une eau potable en période d'inondation. En fait, Pendant la saison des pluies la nappe phréatique des quartiers

64

insalubres dans le terroir étudié est exposée à la contamination fécale et bactériologique. Plus de la moitié des nappes submerge les fosses d'après nos enquêtes du terrain et dans le cas d'inondation, les excrétas et les ordures submergent dans les maisons et dans les rues. La majorité des personnes que nous avons enquêté (120) qui utilisaient l'eau de forage ont difficilement accès pendant les saisons de pluie. Car, le seul forage du village observé pendant notre recherche se voit inonder en saison pluvieuse.

Cette situation renforce la pollution de ce forage qui se manifeste par l'infiltration des eaux stagnées qui sont déjà polluées par les ordures et les matières fécales, dans la nappe phréatique qui alimente ce forage. En matière d'approvisionnement en eau potable, la situation est déplorable. Pendant les inondations, il est très difficile aux populations de se déplacer pour s'approvisionner en eau potable. Elles consomment l'eau du fleuve Logone, les eaux de ruissellements qui sont une source potentielle de développement de vecteurs de maladies. Ce fort pourcentage de la fréquence de maladies pendant les inondations est dû au fait que cette période est celle propice à la multiplication des germes pathogènes. L'idée est également confirmée par Olivier (2020), sur l'étude menée par rapport aux inondations et santé publique en aval du Delta du fleuve Ouémé, il confirme la mauvaise qualité de l'eau potable, d'éventuelles contaminations de l'eau qui peuvent survenir car les populations consomment les eaux du fleuve. Ce sont les eaux à la surface libre qui sont à risque de contamination, elles sont consommées par les sinistrés. On déduit alors que l'inondation agit négativement sur la consommation d'eau potable ou non potable dans ce village.

65

III.4.Mesures prises par la population du terroir étudié pour prévenir et lutter contre l'inondation

Mesures prises contre les inondations

18,33%

17,50%

64,17%

Amenagements des diguettes autour des maisons et villages Elevation de la fondation des maisons

Migration temporaire dans les zones non inondée

Figure 22 : Stratégies endogènes de lutte contre l'inondation

Au regard de la figure 22, nous constatons que la gestion fait appels à plusieurs stratégies dans la lutte contre l'inondation. Au coeur de ces acteurs se trouve la population, en tant que victime de l'inondation, elle est l'actrice principale de la riposte contre le fléau. La population victime a le rôle d'acteur principal, c'est dans cette logique que la figure x résume les solutions endogènes qu'entreprennent les populations dans la lutte pour limiter les dégâts. Le constat qui se dégage est qu'il existe effectivement des solutions de lutte contre les dégâts des inondations dans la zone. Ainsi, sur les 120 personnes enquêtées, 99 personnes, soit 82,49% de la population l'affirme.

Parmi les mesures, 64,16% aménagent de diguettes autour des maisons, 18,33% construisent des maisons légèrement en altitude pour réduire l'entrée des eaux dans les maisons. En effet pour rendre plus durable les diguettes autour des maisons, la plantation des arbres pourrait être nécessaire, les arbres pour l'absorption des eaux comme l'eucalyptus. Les stratégies adoptées par la population font naitre une solidarité dans la localité, elles renforcent les liens entre habitants.

66

CONCLUSION GÉNÉRALE

En somme, cette étude portait sur « Analyse des impacts sanitaires liés à l'inondation dans la plaine du Logone : Cas du village Arainaba ». La question de départ qui nous a orientés sur le choix du sujet est celle de savoir « En quoi l'inondation peut-elle impacter la santé des populations dans la plaine du Logone ». La réponse à ces différentes interrogations passe par un ensemble des questions que nous avons formulé, la pertinence des résultats obtenus passe par une démarche méthodique qui a suivie deux principales étapes à savoir : L'analyse des données primaires (collecte et traitement), un questionnaire a été adressé aux personnes dans les ménages. L'échantillonnage s'est fait d'une manière aléatoire simple. Ainsi, le traitement des données a été possible grâce au tableur Excel, l'analyse et l'interprétation des données ont fourni les résultats selon les différentes questions émises.

Cette étude analyse les conséquences sanitaires d'inondation dans le village Arainaba. Elle présente ce village comme une zone très vulnérable du fait de sa localisation dans la plaine d'inondation, les endiguements, et les aménagements qui se font dans la plaine sans la participation des acteurs clés de la zone amplifient d'avantage ces phénomènes. Elle met également en évidence les conséquences sanitaires qui se résument dans le cadre de ce travail aux blessures physiques, morsures, maladies hydriques, et la destruction des maisons. Elle suggère aussi la nécessité de moyens de préventions adéquats afin de réduire les impacts directs et indirects sur les populations et les établissements humains. L'inondation influe négativement sur la santé de la population d'Arainaba. Cela est dû à des comportements très peu recommandables qu'ont les populations qui pour la plupart sont mal informées. Les pouvoirs publics et les autorités locales doivent mener de ce fait, une politique visant à corriger toutes les mauvaises pratiques d'hygiène et d'assainissement qui amplifient les maladies dans la plaine d'inondation en générale.

67

RECOMMANDATIONS

Pour mieux contrôler et gérer les problèmes de santé auxquels les populations font face pendant les inondations, des recommandations peuvent être formulées en tenant comptes des résultats obtenus. Ces recommandations vont à l'endroit des différentes parties prenantes. Il est très important et même très urgent de chercher de solution aux problèmes de l'inondation et leurs répercussions sur la santé de la population.

À la commune de Zina

· Promouvoir une stratégie de gestion des maladies liées aux inondations à travers des personnes ressources et morales par les masses médias et affiches publicitaires, la commune pourra sensibiliser par le biais des ONG, les populations à dormir sous moustiquaires imprégnées ;

· Que les autorités communales choisissent des journées de salubrité dans ce village, ce qui diminuera les tas d'ordure qui, par leur présence favorisent le développement de plusieurs germes microbiens en période d'inondation ;

· Sensibiliser les populations à travers des séances d'Information d'Education et de Communication des dangers qu'elles courent dans leurs zones inondables et en cohabitant avec les ordures ;

· Mettre un accent particulier sur les problèmes d'insalubrité dans les maisons, les écoles et les marchés, le rejet des eaux usées et Le déversement des ordures ménagères dans les rues, et sur les places publiques ;

· Le problème de l'approvisionnement en eau potable qui se trouve être un peu chère pour certains ménages. Pour alléger ces difficultés, il serait important de doter chaque quartier des points d'approvisionnement en eau potable afin d'améliorer les conditions de vie des habitants en période d'inondation ;

· La mise en oeuvre des travaux qui permettront de réduire les risques d'inondation et toutes les incidences qu'ils peuvent avoir sur la population ;

· Mettre sur pieds un système de communication avec les services météorologiques pour prévenir les débits de pluies ;

· Mettre sur pieds des comités locaux de gestion des inondations ;

·

68

Règlementer l'occupation des espaces afin d'éviter à la population de s'installer dans les zones de passage des eaux ;

· Mettre sur pieds un comité d'urgence d'accompagnement des victimes des inondations ;

· La municipalité doit doter le village de pirogue d'évacuation en cas de problème de santé.

À la population locale

· Suivre les directives de la municipalité, si l'eau des ouvrages d'adduction d'eau sont potable, la municipalité dira si l'eau est potable ou non.

· L'eau considérée comme non potable, si elle provient d'une source douteuse à l'instar des eaux de ruissellement, eau du fleuve Logone, eau des forages inondés. Ainsi, Il faut la faire bouillir à gros bouillons au moins une minute ou, si elle est trouble ou dégage une odeur, ne pas la consommée.

· Il y a des risques réels de contamination par le contact avec l'eau, qui a possiblement été souillée par les déchets humains et rejetés par les égouts. Elle peut contenir des microorganismes, tels que des bactéries, des virus et des parasites, pouvant occasionner des dermatites et des infections.

· Il risque d`y avoir des diarrhées, toutes les infections qu'on peut avoir si on se baigne dans des eaux contaminées. Cependant, les infections gastro-intestinales sont les maladies les plus courantes liées aux inondations, C'est pourquoi nous recommandons à la population d'éviter tout contact non nécessaire avec les eaux provenant de la crue.

· Ce n'est pas l'idéal d'aller se promener dans les zones inondées. Nous recommandons à la population de limiter l'exposition quand ce n'est pas absolument nécessaire.

· Les gens qui doivent y travailler devraient mettre des gants de caoutchouc dès qu'ils s'approchent de l'eau, notamment pour construire des murs de sable, ainsi que lorsqu'ils manipulent des objets souillés. Il faut également porter des vêtements de protection et des bottes. Lors du nettoyage, il faudrait utiliser un masque protecteur.

· Nous recommandons également à la population de se laver les mains fréquemment, de laver le linge souillé à part et de prendre une douche savonneuse après avoir terminé la corvée.

69

? Nous recommandons aux parents d'éloigner les enfants des zones contaminées, de ne pas les laisser jouer dans l'eau ni sur les terrains qui ont été inondés, et ce, jusqu'à ce que les sols soient asséchés.

À l'ACEEN

? Sensibiliser les populations à travers des séances d'Information d'Education et de Communication des dangers qu'elles courent dans leurs zones inondables et en cohabitant avec les ordures ;

? Vulgariser la technique de désinfection de l'eau avec un mélange d'eau et d'eau de Javel ;

? La diffusion des connaissances sur les problèmes de santé liés aux inondations et la proposition de solutions possibles.

70

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

ACEEN, 2006.Gestion de la plaine d'inondation Waka-Logone, d'une tragédie au décollage perspective. Document de capitalisation des projets de contribution à la gestion de la PIFL. Maroua, Cameroun 25 p.

ACEEN, 2009. Etude sommaire de l'état des mares artificielles dans la Plaine de Waka-Logone et des travaux de réaménagement 78 p.

ACEEN, 2020. Périmètre hydro-agricole de Zina, un investissement à « fort regret » pour les communautés et l'écosystème de la Plaine de Waka-Logone 55 p.

Ibrahim A ,2012. Région de l'Extrême-Nord Cameroun et ressources en eau, 35 p.

Ashley, 2008.Contribution à l'étude de l'aléa inondations : Genèse et prédictionCas de la vallée d'El-Abadia (AinDefla), mémoire master,Ecole Nationale Supérieure d'Hydraulique -Arbaoui Abdellah, 48, 78P.

Bravard JP. et Petit, 1997. Les cours d'eau. Dynamique du système fluvial Armand Colin, Paris, 213 p ;

CBLT, 2008. Inversion des tendances à la dégradation des terres et des eaux dans l'écosystème du Bassin du Lac Tchad, Programme d'action stratégique pour le Bassin du Lac Tchad, 47 p. CBLT, GIZ et ACEEN, 2014. Inventaire des principaux systèmes de production agricoles dans la Plaine de Waza-Logone (Arrondissements de Kousseri, Waza, Logone-Birni, Zina et Maga) 78 pages;

CEPRI, 2011.Secteur de la santé face au risque d'inondation, guide de sensibilisation, 97 P. Collab, 2007. Accès à l'eau en zone inondable, 34 p.

CRED, 2007.Bilan des catastrophes naturelles dans le monde de 1975 à 2004, The OFDA/CRED International DisasterDatabase, Université Catholique de Louvain, Bruxelles,Belgique, 35P. Dede , 2017. Eaux usées et ordures au niveau des ménagés à Dapoya, 54 p.

GIEC, 2007. Bilan 2007 des changements climatiques. Contribution des groupes de travail I, II et III au quatrième rapport d'évaluation du GIEC, Genève, 103p.

71

GIEC, 2012. Gestion des risques de catastrophes et de phénomènes extrêmes pour les besoins de l'adaptation au changement climatique, 32 p.

Hangnon , 2015. Les stratégies d'adaptation face au risque d'inondation dans les zones d'habitats spontanés d'Ouagadougou, Burkina Faso, 100 p.

IUCN, 2000. Rapport final phase III du projet Waza, Logone, 57 p.

MEDD, 2004. Risques naturels : les inondations. France, la Prévention des pollutions et des risques, sous-direction de la Prévention des risques majeurs, 20 p.

Mahamat A. et Moritz M., 2016. Auto-organisation et planification en réponse aux inondations dans la plaine du Logone (Cameroun), 319-329 p.

MINEPDED, 2014. Rapport Audit Environnemental Stratégique des inondations dans la zone d'influence de l'aménagement hydro-agricole de Maga, Région de l'extrême- Nord, 45 p.

Olivier, 2020. Inondations et Santé publique en aval du Delta du fleuve Ouémé, 24 p.

OMS, 2015.Système d'assainissement précaire en zones inondables d'Afrique centrale, 45 p. OMS, 2018.Action de santé à viser humanitaires et causes de décès en période des inondations dans les pays pauvres, 57 p.

Gosselin P., 2012.Perception du risque d'inondation dans un contexte de changements climatiques : recension systématique des articles scientifiques sur sa mesure (1990-2011), Direction de la santé environnementale et de la toxicologie, Québec, 13-22 P.

Salomon J-N, 1997 : « l'Homme face aux crues et inondations », Presses Universitaire de Bordeaux, 136 pages ;

Somé ,2017. Gestion de l'eau et assainissement en période des inondations au Niger, 34P ;

Eteka S., 2008. Impacts environnementaux de l'inondation àCotonou : cas du quartier Avotrou, mémoire master Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines,universite d'Abomey-Calavi, 25, 48 P.

Tchebebia, 2020.Stratégies endogènes de lutte contre les inondations et la préservation de l'écosystème dans la plaine du Logone : cas du village Koun-Kouma, mémoire master 2, Université de Maroua, Département de Sociologie, Anthropologie et Sciences Sociales pour le Développement, 43 p.

ANNEXE

Questionnaire

Le questionnaire ci-dessous est relatif au thème « analyse des impacts sanitaires liés à l'inondation dans la plaine du Logone : cas du village Arainaba » en vue de l'obtention du diplôme d'ingénieur de conception en sciences environnementales. Votre contribution par ce questionnaire aidera à l'obtention des résultats escomptés à la fin du travail.

Date : / / 2021 Quartier/Village
NB : Mettre une croix dans la case qui convient

I. Identification de l'enquêté

1. Sexe

a) Masculin b) féminin

2. Tanche d'âge

b) 20-29 ans b) 30-39 ans c) 40-49 ans d) plus de 50 ans

3. Situation matrimoniale : a) célibataire b) Marié

4. b) kotoko

b) Christianisme

6. Niveau d'instruction : a) primaire

Ethnie : a) Mousgoum

préciser

5. Religion :a) Islam

préciser

c) massa

c) Animiste b) secondaire

d) Sara e) autres, à

c) Universitaire d) autre, à

72

7. Activité principale : a) Commerce b) Agriculteur Agent de l'Etat d) Pêche

e) autre, à préciser

73

II. CONNAISSANCES SUR LES INONDATIONS DANS LE TERROIR ENQUÊTÉ

1. Depuis combien de temps habitez-vous ce village ?

a) 0-10 ans b) 11-20 ans c) 21-30 as d) 31-40 ans e) 41-50 ans f)

Autres

2. Quelles sont les raisons de votre installation dans ce village?

a) Agriculture b) Pêche c) Autochtones ) utres, à préciser

3. Souhaitez-vous-y vivre définitivement dans ce village ?

a) Oui b) Non

4. Pensez-vous quitter ce village un jour ?

a) Oui b) Non

5. Si oui, pourquoi ?

6. Pendant la saison des pluies, votre maison est-elle souvent inondée ?

a) Oui b) Non

7. si oui, pendant combien de temps dure-t-elle ?

a) Moins de 1 mois b) 1 mois c) 2 mois d) 3 mois ) 4 mois

8. En quelle année votre ménage a été affecté par l'inondation ?

a) 2000-2002 b) 2003-2005 c) 2006- 2008 d) 2009-2011 f) 2012-2014

g) 2015-2017 h) 2018-2020

9. Depuis combien d'années observez-vous des inondations dévastatrices ?

a) 2 ans b) 4 ans c) 6 ans d) 8 ans e ) 10 ans Autres, à

préciser

10. A quoi est-elle due ?

a) Eau des crues b) Eau de pluie c) Eau de ruissellement d) Aménagements

hydro-agricole e) Endiguement de rives de cours d'eau f) Abondance des pluies

dans la plaine g) Autres, à préciser

11. 74

Quel est l'ampleur des inondations dans le village ?

a) Faible b) Moyens c) Fort

12. Quelle est le mois où les inondations sont plus élevées ?

a) Juin b) juillet c) Août d) Septembre e) Octobre
13.y-a-t-il eu des pertes en vie humaines à chaque inondation ??

a) Oui b) Non

14. Si oui, combien des personnes ont-elles perdues la vie dans votre famille ?

a) 0-1 b) 2-3 c) 4-5

III. IMPACTS SANITAIRES DE L'INONDATION ET STRATEGIES ENDOGENES DE

LUTTE DANS LE TERROIR ENQUETE

1. Comment est l'air que vous respirez pendant la période d'inondation ?

a) Naturel b) Insupportable c) Pollué

2. Où jetez-vous les ordures ménagères avant l'inondation ?

a) Dépotoir b) Cour de la maison c) Trou d) Autres, à préciser

3. Où jetez-vous les ordures ménagères pendant l'inondation ?

a)dans le fleuve Logone b) Eaux de ruissellements c) Eaux stagnantes d)

Autres, à préciser

4. Où déversez-vous les eaux usées pendant la saison sèche ?

a) Rue ou Nature b) Trou c) Derrière la maison d) Autres, à préciser

5. Où déversez-vous les eaux usées pendant l'inondation ?

a) Dans la cour b) Dans les eaux du fleuve c) dans les eaux stagnantes d)

Autres, à préciser

6.

75

Quelles sont les maladies les plus fréquentes en période d'inondation ?

a) Paludisme b) Choléra c) Typhoïde d) diarrhée e) Autres, à

préciser

7. Qui sont les plus touchés ?

a) Hommes b) Femmes c) Nourrisson d) autres, à préciser

8. Lesquelles causent-ils plus de décès ?

a) Paludisme b) Typhoïde d) diarrhées e) Autres, à préciser

9. Quelle est la tranche d'âge la plus vulnérable aux risques sanitaires liés à l'inondation dans le village ?

a) 0-10 ans b) 11-20 ans c) 21-30 d) 31-40 ans ) 41-50 ans f) Autres, à

préciser

10. Disposez-vous des latrines ?

a) Oui b) Non

11. Sinon, où faites-vous vos besoins ?

a) Dans le fleuve Logone b) Eaux de ruissellements c) Autres, à préciser

12. Avez-vous accès à l'eau potable en période d'inondation ?

a) Oui b) Non

13. Sinon, quelle eau utilisez-vous en période d'inondation ?

a) Eau de pluies b) Eau du Logone ) Eau de ruissellements d) Autres, à

préciser

14. 76

Que faites-vous avant la consommation de ces eaux ?

a) Bouillir b) En javellisant c) Rien d) Autres, à préciser .

15. Où traitez-vous vos cas de maladies en période d'inondation ?

a) Hôpital b) Achat des médicaments chez un vendeur c) prière d) Autres, à

préciser .

16. Avez-vous reçu des formations sur les méthodes préventives de lutte contre les maladies hydriques liés à l'inondation ?

a) Oui b) Non

IV. Questions adressées au chef du village

Questions

Réponses

1. Quelles sont les délimitations du village

Nord : Sud Est Ouest

:

:

:

2. Quel est l'effectif total de la population

 
 
 

3.Existe-il un centre de santé dans votre village ?

 
 

4. Bénéficiez-vous des services de centre de santé en cas d'inondation ?

 
 

5. Comment gérez-vous les ordures ménagères dans le village ?

 
 
 

6.Selon vous, à quoi est dû le problème

d'inondation dans votre village ?

 
 

7. combien des foyers ont-il été saccagé ?

 
 

8. Combien d'hectares de champs ont été
dévasté ?

 
 

9. Quels types de culture vivrière ont-ils été détruits ?

 
 
 

77

Quel est le nombre de bétail péri lors des inondations dans cette localité ?

 

11. Combien des écoles ont été détruites au cours de ces inondations ?

 

12. Pensez-vous que l'inondation peut impacter la santé de la population ?

 
 
 

13. Si oui, comment ?

 

14. Quels sont actuellement vos besoins pour

faire face aux problèmes sanitaires liées à
l'inondation ?

 

15. En tant que jeune chercheur quels sont les conseils que vous me donnez pour la réussite de ma recherche ?

 
 

Grille d'observation

1. Généralité sur le village

2. Aspect hygiéniques du village

3. Pratiques d'hygiène

4. Matériaux de construction des maisons

5. Identification des dépotoirs d'ordures ménagères

6. Identification des ouvrages d'assainissement

7. Etat de lieu des points d'approvisionnement en eau potable

8. Identification des causes de l'inondation dans la plaine du Logone

9. Aspect de la plaine du Logone

 





Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe