WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'éducation progressive dans la pensée pédagogique de John Dewey: perspectives et enjeux professionnels africains.


par RONEL CHRISTIAN DONGMO KENFACK
Universite Catholique de l'Afrique Centrale - Licence en Philosophie 2019
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2. Une éducation africaine au bout du péril.

L'éducation africaine tire son origine des colons venus de l'occident. Cette éducation a vu le jour « dans la plupart des pays africains des nécessités coloniales. On peut même dire que sa venue a été dictée par des nécessités économiques même si les objectifs plus humanitaires ont souvent officiellement justifié son implantation. »64 Autrement dit l'école

63 Platon, La République : Livre VII,Paris, Flammarion, 1489p.

64 Siméon ESSAMA OWONO, Cours de l'histoire de l'éducation, Yaoundé, UCAC, 2018, Inédits.

24

occidentale, de par son implantation sur le sol africain, visait la formation des cadres auxiliaires de l'administration coloniale avec un grand souci d'assimilation de ces derniers. En effet, la plupart des systèmes éducatifs en Afrique sont modelés sur l'idéologie coloniale de telle manière que ces systèmes ne font que reproduire des administrateurs des bureaux, car d'aucuns pensent que la réussite à l'école se traduit par l'occupation d'un poste dans l'administration publique. Ce qui fait qu'aujourd'hui, il ne soit plus surprenant de voir bien des jeunes diplômés trainer avec des diplômes et qui chôment, parce qu'ils attendent l'intégration à la fonction publique ; ceci dû à une négligence de l'aspect professionnel dans le cursus éducationnel. D'ailleurs, tout parent qui finance les études de ses enfants s'attend toujours à ce que ces derniers deviennent « quelqu'un » ; et devenir « quelqu'un » c'est devenir fonctionnaire. A l'heure actuelle, l'on se rend à l'évidence que les systèmes éducatifs actuels ne permettent pas une véritable insertion sociale des jeunes après des longues études faites. Une telle situation quasi dramatique a poussé bien des penseurs à plaider pour une décolonisation, pour une réappropriation de l'éducation en prenant compte du contexte africain.

Jean Marc Ela, dans son analyse, a d'une manière repensée ce que John Dewey promouvait dans son école-laboratoire. A cet effet Jean Marc pense qu'il est temps de repenser les systèmes éducatifs y compris les manuels scolaires en considérant la réalité africaine. Parce que cette éducation ne tient pas compte de la réalité de l'Africain et le coupe de ses racines. Il faut une « reconversion radicale de l'enseignement »65 car « le but de l'enseignement n'est pas de former des salariés mais de rendre les Africains capables de devenir eux-mêmes des accélérateurs du développement d'ensemble de leur congénère. »66 C'est dans cette logique que le titre de son ouvrage La plume et la pioche se veut une invitation « à réaliser la synthèse du livre et de l'outil ; il (enseignement) devra donc apprendre à tenir à la fois la plume et la pioche en d'autres termes devra être théorique et pratique. Ou, si l'on préfère, il faut que la main et l'esprit collaborent étroitement au développement de l'Afrique nouvelle »67 puisqu'un « enseignement qui n'émane de la culture d'un peuple ne peut produire que des ratés, des complexés, des déchets, des épaves, c'est-à-dire en somme, des gens qui n'ont absolument pas de racines et qui ne s'abreuvent à aucune source véritable. »68 Il y a une urgence à agir parce que l'éducation telle qu'elle est aujourd'hui « serait à l'origine de tous les bouleversements sociaux profonds survenus en Afrique noire. Elle n'a pas seulement entamé et déstructuré le

65 Jean-Marc ELA, La plume et la pioche, Yaoundé, CLE, 2011, p.17.

66 Ibid., p. 19.

67 Ibid., pp.99-100.

68 Ibid., p.21.

25

paysage culturel africain en remettant en cause tout son système de valeurs morales et symboliques, mais plus profondément elle a défait le lien social. »69 C'est ainsi que vouloir parler de la formation intégrale de l'homme, c'est vouloir « investir dans une éducation au service du développement intégral de l'Afrique. L'éducation doit viser la formation intégrale de l'homme : le développement physique, la formation de la conscience morale, l'acquisition des valeurs auxquelles la société s'identifie et qui oriente son avenir. »70 Cette formation intégrale de l'homme veut donc prendre en compte les valeurs culturelles de l'Afrique tout en s'ouvrant aux autres cultures. Celles-ci peuvent également contribuer au progrès de la personne humaine. Il s'agit d'une « éducation au service du développement intégral de l'humain. »71 Par ailleurs, il nous faut nous libérer au plus vite des structures de notre aliénation, du syndrome du mimétisme ou du perroquet pour élaborer un système éducatif qui promeuve la formation à la créativité, à l'inventivité et à l'initiative. Au-delà de la capacité de mémorisation, qui est encore exaltée de la maternelle à l'université, il est urgent de chercher à mettre à contribution les forces d'analyse, de réflexion et de créativité des élèves72.

Prendre en compte les situations et problèmes endogènes de nos sociétés et faire preuve de créativité ne signifie pas que nous allons nous couper du monde pour nous enfermer dans une coquille à force de slogan et d'idéologie, loin de là. L'Afrique faire partie des sept milliards de voisins qui peuplent l'humanité. Il y a donc un lien historique, géopolitique, affectif avec les autres continents. Il s'agira donc pour nous de promouvoir un principe de créativité « au service d'un projet mondial de vie bâti à partir de l'émancipation de nos esprit (...) pour construire de nouveau modèles de connaissance irrigués par ce que l'évolution des connaissances partout dans le monde permet d'imaginer »73. L'école deviendra ainsi un lieu d'ouverture des africains à eux même et aux forces positives de l'espace mondial. Ce qui permettra à l'Afrique d'apporter une pierre originale à la construction de la civilisation ou encore à l'intelligence de l'universel.

L'éducation africaine peut être encore sauvée si elle prend en considération les aspects de chaque culture et également si une importance est accordée à l'aspect professionnelle ce qui limitera le taux de chômage et boostera l'économie Africaine pour son développement. Qu'en est-il du système éducatif Camerounais ?

69 Marcus NDONGMO, Education scolaire et lien social en Afrique noire. Perspectives éthiques et théologiques de la mise en place d'une nouvelle philosophie de l'éducation, Yaoundé, 2004, ICERH, p.8.

70 Hermann HABIB KIBANGOU, Paulin Poucouta, le serviteur de la parole de Dieu. Entretiens, Abidjan, Editions Paulines, 2016, pp.146-147.

71 Ibid., p.148.

72 Kä Mana, « Juguler la crise du système éducatif en Afrique : le problème et ses dimensions » in Michel FOA-LENG et Jean-Blaise KENMOGNE (dir)., L'école dans les sociétés africaines en mutation. Défis, enjeux et pers-pectives, Editions Terroirs, Yaoundé, 2009, p.23.

73 Ibid, p. 25.

26

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci