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Crise écologique et mission de l’église évangélique du cameroun


par Clément Hervé KUATE DJILO KUATE DJILO
Université Protestante d'Afrique centrale  - master  2017
  

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I.2- Les enjeux bibliques de la sauvegarde de la nature.

Pour le dictionnaire Encarta, un enjeu est ce que l'on risque de gagner ou de perdre dans un projet, une compétition, une entreprise.111(*) Il s'agira pour nous de voir les dangers contenus dans la bible et sur le pans humain et social de la non préservation de la nature.

Sur le plan biblique, l'homme est fait à l'image de Dieu (Gn1 : 26-27). Et il n'y a bien que l'homme à son image, d'où l'éminente dignité de celui-ci. Dieu dit aussi à l'homme de « dominer la création et de la soumettre », et encore « de se multiplier », en Genèse 1,28. Les atteintes à l'environnement, la surpopulation, la baisse de la biodiversité dans les écosystèmes agricoles et naturels etc., seraient la conséquence de cet état d'esprit qui imprègne notre société chrétienne et post-chrétienne et qui nous pousse à voir dans l'animal, les plantes ou la nature en général, des choses créées pour l'usage de l'homme et dont il peut se servir à sa guise. Le consommateur qui jette ses déchets sans se préoccuper de leur devenir ou des nuisances, l'éleveur qui élève des poules n'importe où et n'importe comment, l'industriel qui pollue la rivière, l'air, les terres, des déchets de l'usine, la déforestation, la désertification, l'érosion des terres, le pillage des mers, l'exploitation des ressources minières non renouvelables, le dégazage en mer des cargos, les marées noires, etc... seraient la conséquence de cette vision anthropocentrique chrétienne.

On peut admettre que beaucoup de ces problèmes sont la conséquence de la société industrielle moderne c'est-à-dire occidentale et sont dus, soit à l'ignorance, soit à la négligence plus ou moins grave et surtout au non-respect de la parole de Dieu.

Ce qui est vrai, c'est que le chrétien considère l'univers comme une création de Dieu, et non comme Dieu lui-même, à la différence de toutes les autres religions de l'Antiquité. Et c'est sans doute cette vision de l'univers qui, en le désacralisant, a permis à l'esprit occidental de s'affranchir des blocages et des pesanteurs dues aux philosophies païennes et de libérer l'esprit des hommes pour chercher les secrets et les mécanismes de la nature, animée et inanimée, celle-ci n'étant plus divine.

Il est intéressant aussi d'examiner plus précisément certaines de ces critiques « Remplissez la terre et soumettez la. Dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux. » Gn1 : 28. Dominer et soumettre. Que n'a-t-on pas dit et interprété là-dessus. Nous devons comprendre que l'homme n'est pas le maître absolu de la création. D'ailleurs avec la chaine alimentaire, il devrait comprendre qu'il n'est qu'un maillon de la chaine. S'il a le droit d'user des autres éléments de la nature, il n'a pas celui d'en abuser. Il doit en être l'intendant et le gestionnaire responsable. C'est une gérance qui lui est confiée afin qu'il la fasse fructifier et la rende habitable pour tous. L'enjeu étant alors la préservation de ce qu'il n'a pas créé.

Effectivement il faut prendre conscience que la signification de ces deux verbes a changée, s'est pervertie, en quelques générations... Dans l'idée de « dominer », qui vient de « domus », la maison, c'est bien d'organiser, de gérer les biens de la maison « nature », de l'habitat humain, qui est présente, et de les gérer en les protégeant (l'homme placé dans le jardin pour le cultiver et le garder.)112(*) Alors qu'aujourd'hui le mot  dominer a pris le sens de pouvoir plus ou moins arbitraire, absolu, exercé pour le bon plaisir d'un tyran.  La domination accordée par le Créateur à l'homme n'est pas un pouvoir absolu, et l'on ne peut parler de liberté d'user et d'abuser, ou de disposer des choses comme on l'entend. 

De même le verbe « soumettre » a pris un sens péjoratif aujourd'hui alors que l'idée du texte biblique est plutôt  mettre sous la protection, sous la juste gérance.113(*) Ce qui change tout ! La traduction de ces notions par ces deux verbes, il y a quelques générations était juste. Aujourd'hui, les mots ayant changé de sens, elle ne l'est plus.

Nous pensons qu'il faudrait donc aujourd'hui revoir la traduction de ces idées et chercher des mots ou des expressions fidèles à l'esprit du texte. On ne peut que faire fuir des lecteurs non avertis si on continue à employer ces mots, aujourd'hui faux, dans les traductions pour grand public.

Avec ce verset « Yahvé-Dieu prit l'homme et l'établit dans le jardin d'Eden pour le cultiver et le garder » tiré du second récit de la genèse (2,15), le plus ancien, Dieu modèle l'être humain à partir de la terre : Adam signifie effectivement « le terreux ». Dieu lui donne une mission : il le place dans un jardin et le lui confie. L'homme doit veiller sur ce jardin, au maintien de toute la composition de la biocénose, cultiver le jardin et en prendre soin. Le jardin c'est aussi la création. L'homme placé dans ce jardin peut user des fruits de la nature tout en l'entretenant et en la protégeant. C'est bien le premier rôle donné par Dieu à l'homme. D'ailleurs, Jean Samuel ZOE-OBIANGA le souligne fortement en écrivant que, « les créatures surtout terriennes ne sont pas appelées à l'existence pour fonctionner exclusivement en écosystèmes nourriciers de l'homme. Ravaler les autres créatures au rang de ce qui dessert exclusivement les besoins de bas de l'homme les aliène et les dévalue. »114(*) Par essence même le chrétien est donc porté au respect de la Création, oeuvre de Dieu et habitat de l'homme. Si des chrétiens n'ont pas respecté ou ne respectent pas cette donnée, ils sont en opposition avec cette mission première à eux confiée par Dieu.

Si on les regarde d'un peu plus près pourtant, de nombreux chrétiens sont directement ou indirectement engagés dans la protection de l'environnement. Les organisations de préservation de nature, nous alertent depuis des années sur la gravité des problèmes écologiques, à travers de nombreuses déclarations et textes, y compris dans des textes très officiels. Malheureusement ces textes ne sont pas ou très peu repris, du moins à ma connaissance, dans les communautés, ou les paroisses.

Pourrait-on suggérer de créer des Pastorales de la Création, dans certains paroisses en expliquant les enjeux d'une telle structure, Pastorales qui seraient chargées de réfléchir et de se préoccuper des problèmes écologiques, humains et physiques, dans une lumière chrétienne ? Car les enjeux bibliques impliquent ceux liés à la société.

* 111 Microsoft® Encarta® 2009. (c) 1993-2008 Microsoft Corporation.

* 112 Bernard GILLERON, Dictionnaire Biblique, Moulin, Renens, 1998, P. 26.

* 113Bernard GILLERON, Op. Cit., P. 214.

* 114Dorcas AKITUNDE et Al, Introduction à la théologie systématique : vol 2 -Ethique, CLE, Yaoundé, P.114.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore