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Crise écologique et mission de l’église évangélique du cameroun


par Clément Hervé KUATE DJILO KUATE DJILO
Université Protestante d'Afrique centrale  - master  2017
  

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II.2- Défis missionnaires sur le plan politico-économique.

La révolution industrielle, ressort du formidable développement économique de la fin du XIXème et du XXème siècle, a eu pour effet collatéral l'augmentation régulière de la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Le réchauffement climatique en cours est un sous-produit de la croissance passée.

Le défi missionnaire sur le plan économique requiert, aujourd'hui, une prise de position selon laquelle le développement économique ne doit pas passer par la destruction de la nature. Plus nous tarderons à prendre les décisions, plus violent et coûteux sera l'ajustement nécessaire.

Les missionnaires, dans leurs charges, doivent rencontrer les économistes et discuter avec eux. En effet, les économistes ont toute leur place dans la réflexion sur les stratégies de lutte contre le réchauffement climatique, qui n'est pas seulement l'affaire des climatologues, physiciens, météorologues ou encore chimistes. Les économistes peuvent apporter des instruments permettant de gérer le problème climatique de façon efficace.

Le défi missionnaire en rapport avec l'économie est double : les deux doivent, par leurs prévisions sur le moyen et long terme, les évolutions futures des émissions d'origine anthropiques, et définir les instruments économiques qui permettront d'atteindre les objectifs assignés au moindre coût.

Le premier apport relève essentiellement du travail de prévision qui fait partie du corpus scientifique traditionnel des économistes, avec tous les aléas et incertitudes attachés à la prospective, lesquels, sur longue période, sont renforcés par un environnement technologique qui n'est pas figé et qui peut donc affecter sensiblement les projections. Comme exemple ils doivent attirer l'attention des exploitants de bois sur le rythme avec lequel cette exploitation est faite. Gilles ROTILLON le fait remarquer quand il déclare : « si la culture sur brûlis et la production de bois de feu jouent un rôle dans cette déforestation, la principale cause en est aujourd'hui l'exploitation forestière, souvent illégale. »115(*)

Le second apport concerne le design des instruments de politique économique à mettre en oeuvre. Une question préalable est celle des objectifs assignés à la politique économique. Sur ce point, deux postures, plus complémentaires que concurrentes, sont adoptées par les économistes. La première, que l'on pourrait qualifier de normative, applique la méthode standard de maximisation du bien-être net pour aboutir à un niveau d'émissions optimal déterminé par l'égalité entre le bénéfice marginal et le dommage marginal. Toute la difficulté, on l'aura bien compris, est de définir la fonction de dommage. La seconde posture, plus modeste, prend acte des recommandations des scientifiques sur un plafond de concentration à ne pas dépasser et cherche à déterminer la politique permettant de respecter cet objectif.

L'exploitation des richesses naturelles qui découle de l'avarice et de la luxure, et non de besoins vitaux, crée un déséquilibre dans la nature qui n'arrive plus à se renouveler, comme en témoigne les problèmes de la surpêche, de surproduction agricole, de déforestation et de désertification. Une telle surexploitation des ressources naturelles reflète non seulement un manque d'intelligence, mais constitue également un grave problème éthique. Face à une telle attitude égoïste, l'église ne peut se taire et s'abstenir de rappeler les vérités éternelles et d'alerter les membres de la société des dangers qu'ils encourent.

L'environnement est la maison qui entoure l'espèce humaine ; elle constitue l'habitat humain. Pour cette raison, l'environnement ne peut être apprécié ou évalué seul, sans lien direct avec l'homme dont la vocation est d'être l'économe et le prêtre de la création. La préoccupation pour l'environnement implique en effet de se préoccuper des problèmes humains de pauvreté, de la soif et de la faim. Notre attitude et notre comportement vis-à-vis de la création ont un impact direct et reflètent l'attitude que nous adoptons envers autrui. L'écologie est formellement liée à la fois par son étymologie et par son sens à l'économie.  Or, notre économie globale dépasse tout simplement la capacité de notre planète à la supporter. Non seulement notre capacité à vivre de manière substantielle, mais aussi notre survie, sont elles-mêmes menacées.

Les scientifiques estiment que les plus touchés par le réchauffement climatique dans les années à venir seront les plus démunis. C'est pourquoi le problème écologique de la pollution est directement lié au problème social de la pauvreté. Toute activité écologique est en fin de compte mesurée et passée au crible de son impact et de son effet sur le pauvre. Notre préoccupation pour les questions écologiques est donc directement liée à aux questions de justice sociale, et plus particulièrement celle de la faim dans le monde. Une Église qui néglige de prier pour l'environnement naturel est une Église qui refuse d'offrir à boire et à manger à une humanité souffrante. De même, une société qui ignore son mandat de prendre soin de tous les hommes est une société qui maltraite la création de Dieu, y compris l'environnement naturel, ce qui équivaut à un blasphème.

C'est un fait qu'aucun système économique, aussi avancé technologiquement ou socialement soit-il, ne peut survivre à l'effondrement du système environnemental qui le supporte. Cette planète est véritablement notre maison, mais c'est aussi la maison de tous, puisqu'elle est la maison de chaque créature animale comme celle de toute forme de vie créée par Dieu. C'est un signe d'arrogance que de prétendre que seuls nous, les hommes, habitons ce monde. C'est aussi un signe d'arrogance que de s'imaginer que seule notre génération habite cette terre.

En tant que le plus important des problèmes éthiques, sociaux et politiques, la pauvreté est directement et profondément liée à la crise écologique. Pour BARTHOLOMÉE 1er116(*) un pauvre fermier en Asie, en Afrique ou même en Amérique du Nord sera confronté quotidiennement à la réalité de la pauvreté. Pour ces fermiers, un mauvais usage de la technologie ou l'éradication des forêts ne sont pas uniquement dangereux pour l'environnement ou destructifs pour la nature : ils affectent directement et profondément la survie même de leur famille. Les termes écologie,  déforestation, ou  surpêche  sont totalement absents de leurs conversations quotidiennes ou de leurs préoccupations. Le monde développé  ne peut exiger du pauvre en état de  développement  de comprendre intellectuellement la protection des quelques rares paradis terrestres qui demeurent, surtout si on prend en compte le fait que moins de 10% de la population terrestre s'accaparent plus de 90% des ressources naturelles consommées. Toutefois, avec une éducation appropriée, le monde en  développement  serait davantage consentant que le monde  développé à coopérer pour la protection de la création.

Nous voyons que, avec cette analyse de BARTHOLOMÉE 1er, la solution du problème écologique exige que l'activité économique respecte davantage l'environnement, en conciliant les exigences du développement économique avec celles de la protection environnementale. Toute activité économique qui se prévaut des ressources naturelles doit aussi se soucier de la sauvegarde de l'environnement et en prévoir les coûts, lesquels sont à considérer comme élément essentiel du coût de l'activité économique. C'est dans ce contexte que doivent être considérés les rapports entre l'activité humaine et les changements climatiques qui, étant donné leur extrême complexité, doivent être opportunément et constamment suivis aux niveaux scientifique, politique et juridique, national et international. Le climat est un bien qu'il faut protéger et il faut que, dans leurs comportements, les consommateurs et les agents d'activités industrielles développent un plus grand sens de responsabilité.

Une économie respectueuse de l'environnement ne poursuivra pas seulement l'objectif de la maximalisation du profit, car la protection de l'environnement ne peut pas être assurée uniquement en fonction du calcul financier des coûts et des bénéfices. L'environnement fait partie de ces biens que les mécanismes du marché ne sont pas en mesure de défendre ou de promouvoir de façon adéquate. Tous les pays, en particulier les pays développés, doivent percevoir combien est urgente l'obligation de reconsidérer les modalités d'utilisation des biens naturels.

* 115 Gilles ROTILLON, Economie des ressources naturelles, La Découverte, Paris, 2005, P.72.

* 116 http://www.lavie.fr/actualite/documents/religion-et-environnement consulté le 15/04/2017 à 11H30.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus